LA DOUZIÈME PLANÈTE

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LA DOUZIME PLANTELa surprenante et vritable Premire Chronique de la Terre ! de Zecharia Sitchin, Louise Courteau Editrice, 1988 traduction franaise par Franois Fargue et Patricia Mar revue par l'auteur

Cette extraordinaire histoire, la ntre depuis 500.000 ans, n'est pas de la science-fiction ! Aujourd'hui, elle rvle que des astronautes bien plus sophistiqus que les ntres sont venus et revenus sur Terre et ont fait chaque fois brusquement voluer l'humanit. Une vision de Nostradamus du pass ? Non, Zecharia Sitchin est l'un des rares spcialistes capables de lire et de comprendre l'criture cuniforme et, en se basant sur les archives sumriennes d'il y a 6.000 ans, il dclare en 1976 : Il y a une plante de plus dans notre systme solaire ! . En 1982, le satellite IRAS signale la course vers la Terre d'un large astre inconnu jusqu'alors ... En 1988, les ordinateurs de la NASA calculent que son orbite passe entre Mars et Jupiter, exactement comme l'auteur l'avait dduit des documents astronomiques les plus anciens de notre plante. Qui taient ces dieux d'antan qui dans leurs vaisseaux sillonnaient le Ciel et la Terre ? Ils firent l'Eden et Adam, furent amoureux des filles des hommes, protgrent No, interdirent l'achvement de la Tour de Babel, et enrichirent l'humanit de leurs mathmatiques, de leur agriculture, de leurs lois, de leur organisation sociale et religieuse, et de l'histoire de leur vaisseau spatial principal : LA DOUZIME PLANTE .

Remerciements | Note de l'auteur | Prologue : Gense | Liste des sources 1 - L'ternel recommencement 2 - La soudaine civilisation 3 - Dieux de la Terre et du Ciel 4 - Sumer : Terre des Dieux 5 - Les Nfilim : Le peuple des fuses de feu 6 - La douzime plante 7 - L'pope de la cration 8 - La royaut du Ciel 9 - L'atterrissage sur la plante Terre 10 - Les cits des Dieux 11 - La mutinerie des Anounnaki 12 - La cration de l'Homme 13 - La fin de toute chair 14 - Quand les dieux s'enfuirent de la Terre 15 - La royaut sur Terre

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RemerciementsL'auteur tient exprimer sa reconnaissance aux nombreux rudits qui, pendant plus d'un sicle, ont dcouvert, dchiffr, traduit et interprt ce qu'il reste des crits et de l'art de l'ancien Proche-Orient, et galement aux divers tablissements et leur personnel pour l'aimable et prcieuse mise disposition des textes et documents iconographiques partir desquels ce livre a pu tre ralis. L'auteur voudrait particulirement remercier la New York Public Library et son Dpartement du Moyen-Orient; la Research Library (salle de lecture et salle des tudes orientales) du British Museum Londres; la Research Library of the Jewish Theological Seminary New York; et pour l'assistance graphique, les administrateurs du British Museum et le conservateur de Assyrian and Egyptian Antiquities; le directeur du Vorderasiatisches Museum, Staatliche Museen Berlin-Est; l'University Museum Philadelphie; la runion des muses nationaux de France (Muse du Louvre); le responsable du Museum of Antiquities Aleppo; et enfin la National Aeronautics and Space Administration (NASA) des tats-Unis.

Note de l'auteurL'Ancien Testament a t la source principale des versets bibliques cits dans La Douzime Plante. Il ne faut pas perdre de vue que toutes les traductions consultes dont il est fait une liste essentielle la fin du livre ne restent que des traductions ou des interprtations. En fin d'analyse, ce qui compte est ce que dit l'hbreu d'origine. Pour la version finale cite dans La Douzime Plante, j'ai tout d'abord compar les traductions disponibles entre elles, puis avec l'hbreu d'origine, et enfin avec les textes et les contes sumriens et akkadiens parallles, pour tablir ce que je crois tre la version la plus exacte et prcise. L'interprtation des textes sumriens, assyriens, babyloniens et hittites ont occup, pendant plus d'un sicle, une lgion de savants. L'criture et la langue furent tout d'abord dchiffres, puis translittres et enfin traduites. Dans bien des cas, il ne fut possible de choisir entre telle ou telle traduction ou interprtation divergente qu'en vrifiant les transcriptions et translittrations plus anciennes. Dans d'autres cas, seule l'inspiration de dernire heure du savant contemporain que je suis, me permit de rinterprter une traduction prcdente. A la fin de l'ouvrage, se trouvent une bibliographie complmentaire, classant les sources bibliques et celles du Proche-Orient des plus anciennes aux plus rcentes , suivie d'une liste des publications savantes, qui permirent une meilleure comprhension des textes essentiels.

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Prologue : GenseQui sommes-nous ? Que sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous sur cette plante, la Terre ? D'o vint ce monde qui est le ntre ? Comment tout cela commena-t-il ? Y a-t-il d'autres vies ailleurs ? Sommes-nous un cas unique ? Sommes-nous seuls ? Voil des questions qui ont toujours exist. Pour un astronaute posant le pied sur la lune, pour Jules Verne qui, lui, y alla de toute son imagination, pour les astronomes de la NASA analysant les donnes fournies par les sondes spatiales enfin arrives au voisinage des plantes les plus lointaines, pour Copernic fouillant les cieux, pour Hamlet face un crne humain, pour les philosophes grecs dissertant sur l'eau, le feu, la terre et l'air, pour Nostradamus prdisant le futur de l'humanit, pour les prophtes hbreux annonant la parole de Dieu, pour les pharaons d'gypte la poursuite de la vie ternelle, pour une mre au premier cri de son enfant, pour vous, et aussi pour moi dans ces longues nuits o ces rflexions me tinrent en veil... Chaque jour apporte une nouvelle rponse des savants; en apparence tout au moins, car ces rponses ne font que relancer plus avant les questions. Nous avons appris, par les recherches sur le code gntique propre tous les hommes, que l'humanit toute entire descend d'une seule femme qui vivait il y a 300.000 ans; mais qui tait-elle ? Les plus rcentes tudes confirment que toutes les langues sont drives d'une source unique; mais qu'elle est-elle ? Nous lisons que toutes les formes de vie sur notre plante ont volu partir du mme germe gntique; mais quand ce germe fit-il son apparition sur Terre ? Et maintenant, pourquoi toutes ces dcouvertes nous semblent-elles si familires ? N'avons-nous pas dj lu cela ? Assurment,... dans la Bible. D'une incroyable manire, plus s'accrot notre savoir sur la Terre et tout ce qui y vit, plus la science moderne corrobore ce que le livre de la Gense nous a toujours cont... Il y a peine plus de cent annes que furent mises au jour, en Msopotamie, des tablettes d'argile couvertes d'criture. Datant de plusieurs millnaires, elles branlrent les convictions scientifiques, culturelles et religieuses du XIXe sicle : en effet, elles montraient, sans l'ombre d'un doute, que les histoires bibliques concernant la cration de la Terre et de la vie, la cration de l'Homme, le Jardin d'den, le Dluge, la Tour de Babel... taient en fait des rcits crits pour la premire fois par des Sumriens, il y a 6.000 ans, en Msopotamie. Il y a un sicle, les archologues prouvrent que les informations bibliques concernant les rois, les cits, les voies d'changes commerciaux, les coutumes patriarcales, taient toutes vridiques et parfaitement dcrites. De nos jours, les recherches des biologistes assurent le bien-fond de la description sumrienne de la cration d'Adam : un bb-prouvette ! Quant aux astronomes, ils ont encore rattraper la connaissance cleste des mmes Sumriens. Les vaisseaux de la NASA ont apport la preuve qu'une plante peut avoir

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plusieurs lunes, et non une seule comme la Terre. Il y a 6.000 ans, les Sumriens le savaient dj ! Ils ont aussi montr l'vidence que l'eau, indispensable au dveloppement de la vie, existe sur toutes les plantes, mme les plus lointaines, et que certaines d'entre-elles produisent leur propre chaleur. Cela aussi, les Sumriens l'avaient crit ! Les dernires nouvelles nous annoncent qu'ils ont calcul l'existence d'une plante de plus dans notre systme solaire, bien au-del de Pluton, un astre dsign par Plante X. Encore un fait bien connu des Sumriens; ils fixrent mme l'orbite de cette plante, la nommrent et laissrent les instructions qui permettaient de la retrouver... La raison de l'existence de ce livre est la redcouverte non pas en dgageant des cits enfouies, mais partir des archives dj mises au jour de l'tonnante masse d'informations archives sur les antiques tablettes d'argile et transmises par les critures. Il n'y a rien dans ce livre qui soit de la science-fiction. Rien qui soit issu de la fertile imagination de l'auteur. Tout tait disponible l'rudit depuis un sicle. Cependant, parce que ces tablettes d'argile rvlaient un niveau de connaissance que, de l'avis des spcialistes, les peuples du pass ne pouvaient avoir atteint, ces informations furent qualifies de fantaisistes, sinon rfutes en les classant comme mythes . Nanmoins, acceptons un instant qu'il s'agissait de faits alors bien connus, de faits que, certainement, ils ne pouvaient pas avoir dcouvert par eux-mmes, c'est--dire de faits qui auraient t introduits et enseigns par des visiteurs venus,... pourquoi pas ?, de la Plante X... Il ne s'agit pas d'accompagner Jules Verne, mais bien de vivre avec nos anctres en une terre ancienne, et de concevoir, dans nos penses, un voyage qui nous conduirait sur une autre plante en compagnie de ceux qui l'habitent : les dieux qui vinrent sur Terre. Tout cela rclame bien peu : il faut simplement cesser de considrer ces textes comme des mythes ; ainsi nous pourrons, par nous-mmes, vrifier si l'histoire qu'ils nous content demeure vraiment incroyable. L'Ancien Testament fait partie de ma vie depuis mon enfance. Lorsque l'ide d'crire ce livre germa dans mon esprit, il y a presque cinquante ans, j'ignorais tout des dbats brlants qui opposaient la Bible la thorie de l'volution. Mais un jour, alors que je n'tais qu'un tout jeune colier apprenant la Gense dans son hbreu d'origine, j'ai dclanch, malgr moi, la polmique. Nous lisions, dans le chapitre VI, que lorsque Dieu se rsolut dtruire l'humanit par le Dluge, les "fils des divinits" vivaient sur Terre. En hbreu d'origine, ils portent le nom de Nfilim. Notre professeur dclara que ce mot signifiait "gants". Je protestai : cela ne voulait-il pas dire, littralement, "Ceux-qui-furent-projets-vers-le-bas", c'est--dire qui taient descendus sur Terre ? Pour toute rponse, il me punit et m'ordonna d'accepter la version traditionnelle. Au fil des annes, mme aprs avoir appris tout aussi bien les langues que l'histoire et l'archologie de l'ancien Proche-Orient, les Nfilim demeurrent pour moi une proccupation toujours plus obsdante. Les dcouvertes archologiques et le dchiffrement du sumrien, du babylonien, de l'assyrien, du hittite, du cananen, des textes et des popes anciennes, confirmaient chaque jour l'exactitude des rfrences de la Bible aux royaumes, aux cits, aux

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dirigeants, aux lieux, aux temples, aux routes de commerce, aux artefacts, aux outils et murs de l'Antiquit. N'tait-il pas temps d'accepter pleinement les documents anciens qui prsentent les Nfilim comme des tres venus des Cieux en visite sur Terre ? L'Ancien Testament affirme maintes reprises : "Le trne de Yahv est au Ciel", "C'est du Ciel que le Seigneur contempla la Terre". Le Nouveau Testament parle de "Notre Pre qui est au Ciel". Certes, la crdibilit de la Bible fut branle par l'irruption, puis l'acceptation gnrale, de la thorie de l'volution. En effet, si l'homme tait le produit d'une volution, alors, bien videmment, il ne pouvait pas avoir t cr en une seule fois par un Dieu qui aurait suggr : "Crons Adam notre image et en tout semblable nous-mmes." Nanmoins, tous les anciens peuples croyaient en des dieux descendus des Cieux sur Terre et capables, volont, de parcourir le ciel. Ces rcits, qualifis de mythes par les savants, ne furent jamais pris au srieux. Les crits de l'ancien Proche-Orient, qui comptent un grand nombre de textes astronomiques, parlent clairement de la plante d'o vinrent ces astronautes ou "dieux". Cependant, quand les rudits dchiffrrent et traduisirent, il y a 150 ans, les anciennes listes de corps clestes, les astronomes ne connaissaient pas encore la plante Pluton (trouve en 1930). Comment esprer qu'ils aient pu accepter l'existence d'un autre membre du systme solaire ? Mais, maintenant que, comme les anciens, nous connaisssons les plantes au-del de Saturne, pourquoi ne pas accepter l'existence de la Douzime Plante ? Au moment o nous nous aventurons dans l'espace, il serait vraiment temps de reconsidrer et d'accepter les crits anciens. Depuis que des astronautes se sont poss sur la Lune et que des sondes spatiales ont explor d'autres plantes, il n'est plus impossible de croire qu'une civilisation d'une autre plante plus avance que la ntre ait russi, un moment donn du pass, poser ses astronautes sur Terre. En fait, un certain nombre d'auteurs clbres ont mis l'hypothse que les anciens artefacts, telles les pyramides et les sculptures gantes de pierre, ne pouvaient avoir t raliss que par des visiteurs volus venus d'une autre plante car, bien entendu, l'homme primitif n'avait pas eu sa disposition la technologie indispensable pour les raliser. A titre d'autre exemple, comment se fait-il que la civilisation de Sumer se soit panouie, il y a presque 6.000 ans, si soudainement ? Comme, en rgle gnrale, ces crivains ne russissent pas dmontrer quand, comment, et surtout d'o viennent ces anciens astronautes, leurs fascinantes questions ne restent que spculations sans rponses. Pendant trente ans, j'ai conduit d'innombrables recherches, je suis retourn aux sources anciennes, je les ai acceptes littralement afin de recrer, dans mon esprit, un scnario cohrent et plausible des vnements prhistoriques. La Douzime Plante cherche donc fournir au lecteur un rcit qui le renseigne sur les Quand, comment, pourquoi et d'o . Les preuves sur lesquelles je m'appuie sont essentiellement des textes et des documents iconographiques anciens. Dans La Douzime Plante, j'ai tent de dchiffrer une cosmogomie trs labore qui explique, aussi bien que les thories scientifiques actuelles, comment le systme solaire actuel a pu tre form par une plante trangre qui s'introduisit dans le systme solaire antrieur pour y crer la Terre et d'autres corps plantaires. J'ai inclus, comme preuves, des cartes du ciel se rapportant au vol spatial entre cette Plante, la douzime, et la Terre.

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Puis, dans l'ordre chronologique, j'ai retrac, l'installation spectaculaire des premires colonies des Nfilim sur Terre : leurs chefs, qui furent nomms ces postes, leurs relations parfois conflictuelles, leurs amours, semblables aux ntres, tout aussi bien que leurs jalousies, leurs russites et leurs batailles, nous sont dvoils. Ensuite, j'ai expliqu la nature de leur immortalit . Par-dessus tout, La Douzime Plante vise retracer les vnements fondamentaux qui eurent pour conclusion la Cration de l'Homme, et prsenter les mthodes volues grce auxquelles cela put tre accompli. Ce livre voque aussi l'enchevtrement des relations qui s'instaurrent entre l'Homme et ses seigneurs, et jette un jour nouveau sur le sens des vnements du Jardin d'Eden, de la Tour de Babel et du Dluge. Les hommes, parfaitement dots biologiquement et matriellement par leurs crateurs, finirent, parce que de plus en plus nombreux sur Terre, par en chasser leurs dieux. Ce livre suggre que nous ne sommes pas seuls dans ce systme solaire. Clairement, cette situation devrait aviver plutt que diminuer notre foi en un tre Universel tout-puissant car, si les Nfilim crrent l'Homme sur Terre, il est probable qu'ils n'aient ralis qu'une partie d'un projet primordial bien plus grande chelle.

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Liste des sourcesI. Liste des sources principales concernant les textes bibliques. A) La Gense dans le Deutronome : The Five Books of Moses, nouvelle dition, revue par Dr M. Stern, Star Hebrew Book Company, non dat. B) Pour les traductions et les interprtations anciennes fondes sur les dcouvertes sumriennes et akkadiennes : "Genesis", de The Anchor Bible, traduit par E.A. Speiser, Garden City, N.Y.: Doubleday & Co., 1964. C) Pour une touche "archaque" : The Holy Bible, King James Version, Cleveland et New York : The World Publishing Co., non dat. D) Pour la vrification des interprtations rcentes des versets de la Bible : The Torah, nouvelle traduction des saintes critures concernant le texte massortique, New York : Jewish Publication Society of America, 1962; The New American Bible, traduction faite par les membres de la Catholic Biblical Association of America, New York : P. J. Kennedy & Sons, 1970; et The New English Bible, tablie et dirige par l'glise anglicane. Oxford : Oxford University Press; Cambridge University Press. 1970. E) Pour permettre la comparaison entre les diffrentes traductions : Veteris Testaments Concordantiae Hebraicae Atque Chaldaicae par Solomon Mandelkern, Jerusalem : Schocken Books, Inc., 1962; Encyclopedic Dictionary of the Bible, traduction et adaptation de A. van der Born, par la Catholic Biblical Association of America, New York : McGraw-Hill Book Co., Inc., 1963; et Millon-Hatanach (en hbreu), Hebreu-Aramen par Jushua Steinberg, Tel Aviv : Izreel Publishing House Ltd., 1961. II. Bibliographie complmentaire des textes du Proche-Orient. Berton, George A. The Royal Inscriptions of Sumer and Akkad. 1929. Borger, Riekele. Babylonisch-Assyrisch Lesestcke. 1963. Budge, E. A. Wallis. The Gods of the Egyptians. 1904. Budge, E. A. W., and King, L. W. Annals of the Kings of Assyrie. 1902. Chiera, Edward. Sumerian Religions Texts. 1924. Ebeling, E.; Meissner, B.; and Weidner, E. (eds.). Reallexikon der Assyrologie und Vorderasiatischen Archology. 1932-1957. Ebeling, Erich. Enuma Elish : die Siebente Tafel des Akkadischen Weltschpfungsliedes. 1939. . Tod und Leben nach den Vorstellungen der Babylonier. 1931 Falkenstein, Adam, and W. von Soden. Sumerische und Akkadische Humnen und Gebete. 1953. Falkenstein, Adam. Sumerische Goetterlieder. 1959. Fossey, Charles. La Magie Syrienne. 1902. Frankfort, Henri. Kingship and the Gods. 1948. Gray, John. The Cananites. 1964. Gordon, Cyrus H. "Canaanite Mythology" in Mythologies of the Ancient World. 1961. Grossman, Hugo. The Development of the Idea of God in the Old Testament. 1926. . Altorientalische Texte und Bilder zum alten Testaments. 1909. Gterbock, Hans G. "Hittite Mythology" in Mythologies of the Ancient World. 1961. Heidel, Alexander. The Babylonian Genesis. 1969. Hilprecht, Herman V. (cd.). Reports of the Babylonian Expedition : Cuneiform Texts. 18931914.

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Jacobsen, Thorkild. "Mesopotamia" in The Intellectuel Adventure of the Ancien Man. 1946. Jastrow, Morris. Die Religion Babyloniens und Assyriens. 1905-1912. Jean, Charles-F. La religion sumrienne. 1931. Jensen, P. Texte zur asyrisch-babylonischen Religion. 1915. . Die Kosmologie der Babylonier. 1890. Jeremias, Alfred. The Old Testament in the Light of the Ancient Near East. 1911. . Das Alter der babylonischen Astronomie. 1908. . Handbuch der Altorientalische Geistkultur. Jeremias, Alfred, and Winckler, Hugo. Im Kampfe um den alten Orient. King, Leonard W. Babylonian Magic and Sorcery, being "The Prayers of the Lifting of the Hand". 1896. - . The Assyrien Language. 1901. - . The Seven Tablets of Creation. 1902. - . Babylonian Religion and Mythology. 1899. Kramer, Samuel N. The Sumerians. 1963. - . (ed.) : Mythologies of the Ancient World. 1961. - . History Begins at Sumer. 1959. - . Enmerkar and the Lord of Aratta. 1952. - . From the Tablets of Sumer. 1956. - . Sumerian Mythology. 1961. Kugler, Franz Xaver. Sternkunde und Sterndienst in Babylon. 1907-1913. Lambert, W. G., and Millard, A. R. Atra-Hasis, the Babylonian Story of the Flood. 1970. Langdon, Stephen. Sumerian and Babylonian Psalms. 1909. - . Tammuz and Ishtar. 1914. - . (ed.) : Oxford ditions of Cuneiform Texts. 1923. - . "Semitic Mythology" in The Mythology of All Races. 1964. - . Enuma Elish : The Babylonian Epic of Creation. 1923. - . Babylonian Penitential Psalms. 1927. - . Die Neu-Babylonischen Knigsinschriften. 1912. Luckenbill, David D. Ancient Records of Assyrie and Babylonie. 1926-1927. Neugebauer, O. Astronomical Cuneiform Texts. 1955. Pinches, Theophilus G. "Some Mathematical Tablets in the British Museum" in Hillprecht Anniversary Volume. 1909. Pritchard, James B. (ed.). Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament. 1969. Rawlinson, Henry C. The Cuneiform Inscriptions of Western Asie. 1861-1884. Sayce, A. H. The Religion of the Babyloniens. 1888. Smith, George. The Chaldean Account of Genesis. 1876. Thomas, D. Winton (ed.). Documents from Old Testament Times. 1961. Thompson, R. Campbell. The Reports of the Magiciens and Astrologers of Nineveh and Babylon. 1900. Thureau-Dangin, Franois. Les Inscriptions de Sumer et Akkad. 1905. - . Die sumerischen und akkadische Knigsinschriften. 1907. - . Ritueles accadiens. 1921. Virolleaud, Charles. L'Astronomie Chaldenne. 1903-1908. Weidner, Ernst F. Alter und Bedeutng der Babylonischer Astronomie und Astrallehre. 1914. . Handbuch der Babylonischen Astronomie. 1915. Witzel, P. Maurus. Tammuz-Liturgien und Verwandtes. 1935. III. tudes et articles consults dans les priodiques suivants :

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Der Alte Orient (Leipzig) American Journal of Archaeology (Concord, Mass.) American Journal of Semitic Languages and Literatures (Chicago) Annual of the American Schools of Oriental Research (New Haven) Archiv fr Keilschriftforschung (Berlin) Archiv fr Orientforschung (Berlin) Archiv Orientalni (Prague) Assyrologische Bibliothek (Leipzig) Assyrological Studies (Chicago) Das Ausland (Berlin) Babyloniaca (Paris) Beitrge zur Assyrologie und semitischen Sprachwissenschaft (Leipzig) Berliner Beitrge zur Keilschriftforschung (Berlin) Bibliotheca Orientales (Leiden) Bulletin of the American Schools of Oriental Research (Jerusalem and Baghdad) Deutscher Morgenlndische Gesellschaft, Abhandlungen (Leipzig) Harvard Semitic Series (Cambridge, Mass.) Hebrew Union College Annual (Cincinnati) Journal Asiatique (Paris) Journal of the American Oriental Society (New Haven) Journal of Biblical Literature and Exegesis (Middletown) Journal of Cuneiform Studies (New Haven) Journal of Near Eastern Studies (Chicago) Journal of the Royal Asiatic Society (London) Journal of the Society of Oriental Research (Chicago) Journal of Semitic Studies (Manchester) Keilinschriftliche Bibliothek (Berlin) Knigliche Museen zu Berlin : Mitteilungen eus der Orientalischen Sammlungen (Berlin) Leipziger semitische Studien (Leipzig) Mitteilungen der altorientalischen Gesellschaft (Leipzig) Mitteilungen des Instituts fr Orientforschung (Berlin) Orientalia (Rome) Orientalische Literaturzeitung (Berlin) Proceedings of the American Philosophical Society (Philadelphie) Proceedings of the Society of Biblical Archaeology (London) Revue d'Assyrologie et d'archologie orientale (Paris) Revue biblique (Paris) Sacra Scriptura Antiquitatibus Orientalibus Illustrata (Vatican) Studio Orientalia (Helsinki) Transactions of the Society of Biblical Archaeology (London) Untersuchungen zur Assyrologie und vorderasiatischen Archologie (Berlin) Vorderasiatische Bibliothek (Leipzig) Die Welt des Orients (Gttingen) Wissenschaftliche Vrffentlichungen der deutschen Orient-Gesellschaft (Berlin) Zeitschrift fr Assyrologie und verwandte Gebiete (Leipzig) Zeitschrift fr die alttestamentliche Wissenschaft (Berlin, Gissen) Zeitschrift der deutschen morgenlndischen Gesellschaft (Leipzig) Zeitschrift fr Keilschriftforschung (Leipzig)

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1 - L'ternel recommencementParmi toutes les preuves que nous avons rassembles pour tayer notre thorie, l'homme luimme est la plus explicite. A bien des gards, l'homme moderne (l'homo sapiens) est un tranger sur Terre. Depuis le jour o Charles Darwin scandalisa tous les savants et les thologiens de sa gnration en publiant la thorie de l'volution, on fait remonter le dbut de la vie sur Terre des milliards d'annes, en passant par l'Homme, les primates, les mammifres, les vertbrs jusqu'aux formes de vie les plus primaires. Aprs tre all jusqu' ces lointaines origines et avoir commenc envisager les possibilits de vie ailleurs que dans notre systme solaire, et au-del mme, les savants connurent leurs premiers doutes quant l'origine de la vie sur Terre : d'une certaine manire, cette vie semble venir d'ailleurs. En effet, si elle est issue d'une srie de ractions chimiques spontanes, pourquoi n'a-t-elle qu'une seule source et non pas une multitude de sources accidentelles ? Pourquoi tout ce qui vit contient-il si peu d'lments chimiques en abondance sur notre plante et beaucoup trop de ceux qui y sont rares ? Alors, la vie aurait-elle t importe sur Terre ? La position de l'homme dans la chane de l'volution ne fait que compliquer l'nigme. Forts de la dcouverte, ici et l, d'un crne bris ou d'une mchoire, les savants crurent tout d'abord que l'homme venait d'Asie, il y a quelque 500.000 ans. Mais, au fur et mesure de la dcouverte de fossiles de plus en plus anciens, ils durent se rendre l'vidence que les lois de l'volution constituaient un enchanement bien plus lent. On fait remonter les "singes", anctres de l'homme, une poque considrablement plus lointaine : soit 25.000.000 d'annes. Des dcouvertes effectues dans l'Afrique de l'Est nous rvlent qu'il y eut une transition d'hominisation des singes une crature plus proche de l'homme, il y a 14.000.000 d'annes. Ce n'est que 11.000.000 d'annes plus tard qu'apparut le premier homme singe digne de la classification d'"homo". Le premier tre que l'on considre comme se rapprochant le plus de l'homme l'australopithque avanc existait dans les mmes rgions d'Afrique, il y a quelque 2.000.000 d'annes. Or il faut encore attendre 1.000.000 d'annes avant l'apparition de l'homo erectus, et 900.000 ans avant celle du premier homme primitif. On nomme ce dernier l'homme de Nandertal, en raison du site o furent dcouverts ses premiers restes. Quoique 2.000.000 d'annes se soient coules entre l'australopithque et l'homme de Nandertal, les outils de ces deux groupes des pierres coupantes taient pour ainsi dire semblables. Ces deux groupes, tels qu'on les imagine, restaient indissociables.

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Pierres coupantes Puis, soudain, il y a 35.000 ans, une nouvelle race d'homme l'homo sapiens ("l'homme pensant") apparut comme venue de nulle part et elle balaya l'homme de Nandertal de la surface du globe. Ces hommes modernes que l'on nomme "hommes de Cro-Magnon" nous ressemblent tellement que, habills comme nous, ils passeraient totalement inaperus dans n'importe quelle grande ville europenne ou amricaine. On a tout d'abord appel ces hommes, les "hommes des cavernes", en raison des magnifiques crations artistiques qu'ils y ont laisses. Ils se dplacaient facilement sur Terre car ils savaient construire, partout o ils allaient, des maisons et des abris faits de pierres et de peaux de bte. Pendant des millions d'annes, l'homme n'avait utilis que la pierre pour la fabrication de ses outils. Cependant, l'homme de Cro-Magnon marque le dbut de la fabrication d'outils spcialiss et d'armes en os et en bois. Avec lui, on voit apparatre les premiers vtements de peau; il n'tait plus un "singe nu". Il vivait dans une socit organise en clans, et rgie par un systme d'hgmonie patriarcale. Ses oeuvres peintes sur les murs des cavernes dnotent d'une sensibilit artistique profonde; ses dessins, ainsi que ses sculptures, nous rvlent une forme de "religion" centre autour du culte d'une "Desse Mre", parfois reprsente par le croissant de Lune. Il enterrait ses morts, ce qui nous laisse supposer qu'il devait avoir une certaine philosophie (concernant la vie, la mort et, peut-tre mme, la vie aprs la mort). L'apparition aussi mystrieuse qu'inexplique de l'homme de Cro-Magnon ne fut qu'une partie de l'nigme. Car, au fur et mesure que furent dcouverts de plus amples vestiges humains (tels qu' Swanscombe, Steinheim et Montmaria), tout semblait indiquer que l'homme de CroMagnon descendt d'un type d'homo sapiens antrieur, vivant en Asie occidentale et en Afrique du Nord, il y a quelque 250.000 ans.

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L'apparition de l'homme moderne, seulement 700.000 ans aprs lhomo erectus et 200.000 ans avant l'homme de Nandertal, demeure tout fait invraisemblable. De plus, il est clair que lhomo sapiens reprsente une anomalie, elle aussi illogique, dans le lent processus de l'volution, car beaucoup de nos traits en particulier le langage ne peuvent se rapporter en aucune faon aux premiers primates. Theodosius Dobzhansky ("Mankind Evolving"), l'minent professeur, spcialiste du sujet, a t particulirement intrigu par le fait que ce dveloppement eut lieu une poque o la Terre traversait une re glaciaire, c'est--dire une poque particulirement peu propice toute volution. Il fait remarquer que certaines caractristiques font entirement dfaut lhomo sapiens qui, en revanche, en possde d'autres totalement inconnues jusqu'alors. Il en conclut que "l'homme moderne a beaucoup d'ascendant, fossiles collatraux mais aucun progniteur; ainsi, l'nigme de l'origine de lhomo sapiens reste entire". Comment se fait-il que les anctres de l'homme moderne soient apparus il y a quelque 300.000 ans au lieu de 2.000.000 ou 3.000.000 d'annes plus tard comme l'aurait voulu le cours normal de l'volution ? Fmes-nous imports d'ailleurs sur Terre ? Ou bien alors crs par les dieux comme le prtendent l'Ancien Testament et d'autres sources anciennes ? Nous savons, prsent, en quel lieu la civilisation a commenc et comment, partir de l, elle se dveloppa. On peut se demander tout simplement pourquoi il y eut civilisation ? Les savants, frustrs dans leurs efforts, sont bien obligs de reconnatre que, selon toutes les donnes, nous devrions encore rester sans aucune trace de civilisation. En effet, il n'existe aucune raison apparente pour que nous soyons plus civiliss que les tribus primitives des jungles amazoniennes ou celles des rgions inaccessibles de la Nouvelle-Guine. Mais, nous dit-on, ces tribus vivent encore l'ge de la pierre parce qu'elles sont isoles. Isoles de quoi ? Puisqu'elles vivent sur la mme Terre que nous, pourquoi n'ont-elles pas acquis, par elles-mmes, les connaissances scientifiques et technologiques comme nous sommes censs l'avoir fait ? Toutefois, le problme n'est pas tant le retard des hommes de la brousse, mais bien plus notre propre avance sur eux, car, de toute vidence, si l'on suit le cours normal de l'volution, l'homme contemporain devrait encore en tre au stade de l'homme de la brousse et non pas au ntre. Pensons qu'il a fallu l'homme plus de 2.000.000 d'annes pour comprendre qu'il tait de son intrt de tailler et de faonner la pierre qu'il utilisait brute, auparavant. Pourquoi pas alors encore 2.000.000 d'annes pour apprendre l'usage d'autres matriaux et encore 10.000.000 d'annes pour matriser les mathmatiques, l'ingnierie et l'astronomie? Or voici que, moins de 50.000 ans aprs l'homme de Nandertal, nous en sommes dj envoyer des astronautes sur la Lune. Une question s'impose : est-ce nous et nos anctres mditerranens qui avons, seuls, rellement acquis cette civilisation volue ? Il ne fait aucun doute que la civilisation de l'homme de Cro-Magnon fut une civilisation soudaine et rvolutionnaire mme s'il n'a pas construit de gratte-ciel et utilis de mtaux. Il se dplaait facilement, construisait des abris, prouvait le besoin de se vtir, faonnait des outils, excutait des oeuvres artistiques. Il participait en fait l'essor soudain d'une haute forme de civilisation s'efforant de tirer un trait dfinitif sur l'ternel recommencement de la culture humaine qui, depuis des millions d'annes, avanait pniblement.

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Quoique nos savants ne puissent pas plus expliquer l'apparition de l'homo sapiens que la civilisation de l'homme de Cro-Magnon, le lieu d'origine de cette dernire ne fait aujourd'hui aucun doute : il s'agit du Proche-Orient. Les hautes terres et les chanes de montagnes qui forment un demi-cercle avec les montagnes de Zagros l'Est (o se trouve aujourd'hui la frontire commune de l'Irak et de l'Iran), les chanes du Taurus et de l'Ararat au nord, et, en descendant vers l'ouest et le sud, les collines de la Syrie, du Liban et d'Isral, reclent de nombreuses cavernes o l'on retrouve tous les indices bien prservs d'un homme moderne aux temps dits prhistoriques.

Proche-Orient L'une d'elles, Shanidar, se situe dans la partie nord-est de ce demi-cercle de terres habites. De nos jours, les fires tribus kurdes viennent, durant les mois rigoureux d'hiver, s'abriter avec leurs troupeaux dans les grottes de cette rgion. Il en fut ainsi, une nuit d'hiver, il y a 44 000 ans, quand une famille de sept personnes (dont un bb) trouva refuge dans la grotte de Shanidar. En 1957, Ralph Solecki, venu dans la rgion en qute de traces de l'homme primitif, dcouvrit avec stupeur les restes de cette famille dont il est vident qu'elle avait pri sous un boulement (Ndla). Il venait de trouver bien plus qu'il n'tait venu chercher. En effet, au fur et mesure que l'on dblayait la grotte, couche aprs couche, elle offrait un historique prcis de l'habitat humain dans cette rgion d'environ 100.000 11.000 ans av. J.-C.

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A sa surprise, tout indiquait que la culture humaine tait alle non pas en progressant mais en rgressant. Son niveau de civilisation allait s'appauvrissant de gnration en gnration et, partir de l'an 27.000 jusqu' l'an 11.000 av. J.-C., la population, en perptuelle diminution et en net recul, finit par y devenir presque inexistante. Enfin, pour des raisons que l'on attribue au climat, l'homme dserta presque totalement cette rgion pendant 16.000 ans. Puis, aux environs de l'an 11.000 av. J.-C., "l'homme pensant" rapparut de plus belle, possdant un niveau culturel mystrieusement suprieur. Exactement comme si un entraneur invisible, tmoin de la dfaillance du jeu humain, avait envoy sur le terrain une nouvelle quipe plus dispose et mieux entrane pour relever celle qui tait puise. Pendant les millions d'annes que se perptua cet ternel recommencement, l'homme fut le fils de la nature. Il se nourrissait des produits sauvages, il chassait, pchait et attrapait des oiseaux. Mais, alors que le nombre de ses installations diminuait, qu'il abandonnait ses habitations, que ses ralisations matrielles et artistiques se dgradaient, ce moment-l mme, sans raison apparente et sans qu'il y ait le moindre indice d'une graduelle priode prparatoire, l'homme devint fermier. R.J. Braidwood et B. Howe ("Prehistoric investigations in Iraqi Kurdistan") ont rsum l'uvre d'un grand nombre d'minents spcialistes. Les tudes gntiques venant confirmer les rsultats des dcouvertes archologiques, ils conclurent qu'il n'y avait aucun doute sur le fait que l'agriculture vnt de l'endroit mme d'o merga "l'homme pensant" et sa civilisation un peu rustre. C'est--dire du Proche-Orient. Il est prsent certain que l'agriculture se propagea travers le monde entier partir de cet arc de montagnes et de plateaux du ProcheOrient. Par les mthodes modernes d'analyse au radiocarbone et par la gntique des plantes, les savants de diverses branches scientifiques s'accordent tous conclure que l'homme fit ses premiers pas dans le domaine de l'agriculture avec le bl et l'orge, qui constituaient probablement le produit de la domestication d'une varit sauvage d'emmer. En admettant que l'homme apprt petit petit lui-mme domestiquer et cultiver les plantes sauvages, les savants restent confondus devant la profusion d'autres plantes et crales essentielles la survie et au progrs, qui sont toutes originaires du Proche-Orient. On trouve, trs rapidement cultivs dans cet ordre, le millet, le seigle, et l'peautre pour la consommation, le lin pour ses fibres et son huile comestible, ainsi qu'une grande varit d'arbres et d'arbustes fruitiers. Dans tous les cas, ces plantes furent domestiques au Proche-Orient, des millnaires avant leur arrive en Europe. Le Proche-Orient aurait t, en quelque sorte, un laboratoire de botanique et de gntique gnrales dirig par une main invisible d'o sortait, de temps autre, une nouvelle espce de plante domestique. Les experts qui se sont penchs sur les origines de la vigne ont conclu que l'on commena la cultiver dans les montagnes aux alentours de la Msopotamie du Nord ainsi qu'en Syrie et en Palestine. Rien pour nous surprendre, car il est dit, dans l'Ancien Testament, que No planta une vigne (et mme qu'il s'enivra) pendant que baissaient les eaux du dluge prs de son arche choue sur le mont Ararat. La Bible, l'instar des savants, situe donc les premires plantations de vigne dans les montagnes de Msopotamie du Nord.

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Les pommes, les poires, les olives, les figues, les amandes, les pistaches, les noix proviennent toutes du Proche-Orient. C'est partir de l qu'elles furent importes vers l'Europe et les autres parties du monde. L'Ancien Testament les avaient dj situes au mme endroit que nous, mais avec une avance de plusieurs millnaires : "Et Dieu le Seigneur planta un verger en den, l'est... Et Dieu le Seigneur fit sortir de la Terre tous les arbres qui nous sont agrables regarder et qui portent des fruits manger." Il est certain que les gnrations bibliques savaient o se trouvait l'den. C'tait "l'Est", l'est de la Terre d'Isral, dans une rgion irrigue par quatre grands fleuves, dont le Tigre et l'Euphrate. Sans aucun doute, le livre de la Gense situa le premier verger dans les rgions montagneuses o ces rivires prenaient source, au nord-est de la Msopotamie. La Bible et la science sont ici en parfait accord. En fait, le livre de la Gense est lu dans son hbreu d'origine, non pas comme texte thologique, mais en tant que texte scientifique; on y dcouvre qu'il prsente avec prcision le processus de la domestication des plantes. La science nous informe que la culture des crales s'est faite partir d'herbes et de crales sauvages pour s'tendre ensuite aux arbres et aux arbustes fruitiers. Ce processus est dcrit dans le premier chapitre du livre de la Gense. Ainsi parla le Seigneur : Que de la Terre poussent des herbes; des crales qui par leurs graines produisent des graines; des arbres fruitiers qui portent des fruits par espces diffrentes, qui portent en eux la la graine. Il en fut ainsi : De la Terre poussa l'herbe; Des crales qui, de leurs graines, produisaient des graines de chaque espce; et des arbres fruitiers qui portaient en eux la graine de chaque espce. Plus loin dans le livre de la Gense, il est cont que l'homme, banni du jardin d'den, a d travailler dur pour faire pousser de quoi constituer sa propre nourriture. "A la sueur de ton front, tu devras manger ton pain", dit le seigneur Adam. C'est la suite de cela, que "Abel devint gardien de troupeau et Can laboureur." La Bible nous prcise que l'homme devint berger peu de temps aprs qu'il fut fermier. Les savants sont en parfait accord avec la succession de ces vnements bibliques. Analysant les diverses thories concernant la domestication des animaux, F. E. Zeuner ("Domestication of Animals") souligne bien que "l'homme n'a pas pu concevoir le besoin de garder des animaux en captivit ou de les domestiquer avant d'avoir tabli des lieux de vie d'une certaine importance". Ces petites communauts taient un pralable indispensable la domestication des animaux. Le premier animal domestique fut le chien, pas en tant que meilleur ami de l'homme mais aussi pour sa viande. Nous sommes alors aux alentours de 9.500 av. J.-C. Les premiers ossements de chien ont t retrouvs en Iran, en Irak et en Isral. Environ la mme priode, le mouton fut, son tour, domestiqu. La grotte de Shanidar contenait des restes de moutons datant de 9.000 av. J.-C. Ces restes tmoignent que, chaque anne, une partie des agneaux taient abattus pour leur viande et leur peaux. Les chvres, qui donnaient aussi du lait, les suivirent de prs; et enfin les cochons, les btes cornes, ou sans cornes.

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Dans tous les cas, la domestication a commenc dans le Proche-Orient. Le changement radical qui se produisit dans le cours de l'humanit vers 11.000 av. J.-C. au Proche-Orient (et quelque 2.000 annes plus tard en Europe) a fait dire aux savants que cette priode marquait clairement la fin du premier ge de pierre (le palolithique) et le commencement d'une nouvelle re culturelle, l'ge de pierre moyen (le msolithique). Cette appellation est adquate car la matire principale de l'homme continuait tre la pierre. Ses habitations dans les rgions de montagnes furent construites en pierre, ses villages protgs par des murs de pierres, son premier outil agricole la faucille fait de pierre. Il honorait et protgeait ses morts en couvrant et dcorant leurs tombes de pierres. Il sculptait galement dans la pierre les images des tres suprmes ou des dieux dont il attendait de divines interventions. On a retrouv en Isral du Nord une de ces sculptures datant du IXe millnaire av. J.-C. C'est une tte d'un dieu protg par un casque stri et affubl de "grosses lunettes".

Tte d'un dieu protg par un casque stri et affubl de "grosses lunettes". Cependant, d'un point de vue gnral, il serait plus appropri d'appeler cette priode qui commena aux alentours de 11.000 av. J.-C., non pas l'ge de pierre moyen, mais l'ge de la domestication. En un espace de temps aussi court que 3.600 ans une broutille, en quelque sorte , l'homme se fit fermier et apprit domestiquer les animaux mais aussi tirer parti des plantes sauvages des fins domestiques. Alors, une nouvelle re s'ensuivit. Nos savants

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l'appellent nouvel ge de pierre, le nolithique; mais ce terme est, lui aussi, totalement inadquat puisque le principal changement qui se produisit vers 7.500 av. J.-C. fut l'apparition de la poterie. Pour des raisons qui continuent leur chapper mais qui s'clairciront au fur et mesure du rcit que nous allons faire des vnements prhistoriques l'acheminement de l'homme vers la civilisation se limita, pendant les premiers millnaires aprs 11.000 av. J.-C., aux plateaux du Proche-Orient. L'homme dcouvrit les diffrentes utilisations de l'argile lorsqu'il abandonna la montagne pour les basses valles sdimentaires. A partir du VIIe millnaire av. J.-C., la civilisation du Proche-Orient regorgeait de peuples qui se servaient de l'argile et de la poterie pour fabriquer un grand nombre d'ustensiles, d'ornements et de statuettes. En 5.000 av. J.-C., le Proche-Orient produisait des objets en terre sche ou cuite de trs grande qualit et de style extraordinaire. Mais, une fois de plus, le progrs se ralentit, et, en 4.500 av. J.-C., les archologues constatent que cette rgression se faisait sentir partout. La poterie se simplifia. Il y eut un retour l'ge de pierre avec l'utilisation gnrale des ustensiles de pierre. Quelques sites, haut lieux de l'industrie de la poterie, commenrent tre abandonns jusqu' l'entire disparition de la fabrication des objets en terre. Selon James Melaart ("Earliest Civilisations of the Near East"), "il y eut un appauvrissement gnral de la culture; quelques sites tmoignent clairement de cette nouvelle phase de pauvret". L'Homme et sa culture se montraient en net dclin. C'est alors que, soudain, d'une manire imprvisible et sans explications, le Proche-Orient fut tmoin de l'essor de la plus grande civilisation imaginable, celle o les racines de la ntre sont fermement ancres. Une main mystrieuse avait, une fois de plus, sorti l'homme de sa dchance pour le porter un niveau bien suprieur de culture, de connaissances, et de civilisation.

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2 - La soudaine civilisationLongtemps, le monde occidental crut qu'il devait sa civilisation un don de Rome et de la Grce. Pourtant, les philosophes grecs signalrent maintes reprises qu'ils s'inspiraient de sources plus anciennes. Plus tard, lors de leur retour en Europe, les voyageurs rapportrent l'existence en gypte de pyramides imposantes, de cits, de temples demi ensevelis dans les sables gards par d'tranges bestiaires de pierre, appels sphinx. Quand, en 1799, Napolon arriva en gypte, il tait accompagn de savants venus pour tudier et expliquer ces monuments anciens. Un des officiers trouva prs de Rosette une plaque de pierre grave d'une proclamation datant de 196 av. J.-C. et rdige dans l'ancienne criture pictographique (hiroglyphe) ainsi que dans deux autres langues. Grce au dchiffrage de cette ancienne criture gyptienne et de ces langages, ainsi qu'aux efforts archologiques qui s'ensuivirent, on sait qu'une civilisation suprieure avait exist en gypte bien avant l'avnement de la civilisation grecque. Les annales gyptiennes mentionnent l'existence de dynasties royales ds 3.100 av. J.-C., deux millnaires avant le commencement de la civilisation hellnique. La Grce son apoge aux IVe et IIIe sicles av. J.-C. tait en retard plutt que d'avant-garde. Est-ce donc en gypte qu'il faut chercher l'origine de notre civilisation ? Pour aussi logique que cette conclusion puisse nous paratre, les faits tendent prouver le contraire. Les savants grecs ont certes bien dcrit des voyages en gypte, mais c'est ailleurs que furent dcouvertes les sources du savoir auxquels ils faisaient allusion. Les cultures prhellniques de la mer ge la civilisation minoenne sur l'le de Crte et la civilisation mycenne dans le Ploponnse ont mis en vidence que la culture adopte fut celle du Proche-Orient et non celle de l'gypte. Ce n'est pas par l'gypte mais par la Syrie et l'Anatolie qu'une civilisation plus ancienne devint accessible aux Grecs. Les savants, remarquant que l'invasion dorique de la Grce et l'invasion isralite de Canaan, la suite de l'Exode de l'gypte datent peu prs de la mme poque (vers le XIIIe sicle av. J.-C.), dcouvrirent avec surprise un nombre croissant de similitudes entre les civilisations smitiques et hellniques. Le professeur Cyrus H. Gordon ("Forgotten Scripts; Evidence for the Minoan Language") ouvrit la voie en dmontrant qu'un ancien script minoen, le linaire A, correspondait une langue smi-tique. Il en conclut: "L'organisation (distincte du contenu) des civilisations hbreuses et minoennes est dans son ensemble semblable." Il fit remarquer que le nom de l'le de Crte, Ke-re-ta en minoen, tait identique au mot hbreu Ke-re-et ("ville fortifie") que l'on retrouve dans le conte smitique du roi de Keret. Mme l'alphabet hellnique, dont sont drivs l'alphabet latin et le ntre, venait du ProcheOrient. Les historiens de la Grce antique ont eux-mmes crit qu'un Phnicien du nom de Kadmus ("l'ancien") leur amena cet alphabet dont les lettres taient du mme nombre et places dans le mme ordre que celui de l'hbreu; c'tait, l'poque de la guerre de Troie, l'unique alphabet grec. Au Ve sicle av. J.-C., le pote Simnids de Cos, fit passer le nombre de lettres vingt-six. On peut facilement dmontrer que les critures grecque et latine en fait les bases de notre culture occidentale sont venues du Proche-Orient, en comparant l'ordre, les noms, les

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signes et mme les valeurs numriques de l'alphabet original du Proche-Orient avec l'alphabet grec ancien et l'alphabet latin, encore plus rcent.

Correspondance des alphabets : Hbreu, Canen/Phnicien, Grec primitif, Grec ancien, Latin. (1) "H", habituellement transcrit par simplicit comme un "H", se prononce en sumrien et dans les langues smitiques, comme le "CH" de l'cossais ou de l'allemand "loch".

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(2) "S", habituellement transcrit par simplicit comme un "S", se prononce en sumrien et dans les langues smitiques comme "TS". Les savants avaient connaissance des contacts grecs avec le Proche-Orient pendant le Ier millnaire av. J.-C. culminant dans la dfaite des Perses par Alexandre, le Macdonien, en 331 av. J.-C. Les Grecs taient trs documents sur les Perses et leurs territoires (qui correspondent approximativement l'Iran d'aujourd'hui). Les noms de leurs rois Cyrus, Darius, Xerxs et les noms de leurs dieux semblent appartenir une branche linguistique indo-europenne. Les savants en ont conclu qu'ils faisaient partie du peuple aryen ("noble") qui apparut quelque part prs de la mer Caspienne vers la fin du IIe millnaire av. J.-C. et qui se rpandit l'ouest vers l'Asie mineure, l'est vers l'Inde et au sud vers ce que l'Ancien Testament appelle "les terres des Mdes et des Parsis". Tout ne fut pourtant pas aussi simple. Malgr la prtendue origine trangre de ces envahisseurs, l'Ancien Testament les associe directement aux vnements de la Bible. Cyrus, par exemple, fut considr comme "l'lu de Yahv" c'est une relation trs inhabituelle entre le Dieu hbreu et un non hbreu. Selon le livre d'Esdras de la Bible, Cyrus reconnut que sa mission tait de reconstruire le Temple Jrusalem, et il dclara qu'il obissait des ordres donns par Yahv, qu'il appelait "Dieu des Cieux". Cyrus et les autres rois de sa dynastie se dsignaient comme tant Achmnides titre adopt par le fondateur de cette dynastie, Hacham-Anish. Ce n'tait pas un titre aryen, mais un titre parfaitement smitique signifiant "sages". En rgle gnrale, les savants ont nglig l'examen des nombreux indices qui tmoignent de similitudes entre le Dieu hbreu Yahv et le dieu que les Achmnides nommaient "Sage Seigneur" et reprsentaient planant dans les cieux dans une Sphre Aile, par exemple sur le cachet royal de Darius.

"Sage Seigneur" est reprsent planant dans les cieux dans une sphre Aile sur le cachet royal de Darius.

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Il est aujourd'hui parfaitement tabli que les racines historiques, religieuses et culturelles de ces anciens Perses datent de l'poque des premiers empires de Babylone et de l'Assyrie, dont l'Ancien Testament relate la grandeur et la dcadence. On interprta tout d'abord les symboles qui constituent l'criture visible des cachets et des monuments achmnides comme des dcorations. Engelbert Kampfer, en 1686, visita Perspolis, l'ancienne capitale de la Perse, les dcrivit comme des impressions "cuniques", c'est--dire en forme de coins. Cette criture est, depuis lors, connue sous le nom de cuniforme. En commenant dchiffrer les inscriptions achmnides, on s'aperoit qu'elles taient de la mme criture que celle trouve sur les artefacts et les tablettes en Msopotamie, dans les plaines et les plateaux qui s'tendent entre les fleuves Tigre et Euphrate. Intrigu par ces diverses dcouvertes, Paul-mile Botta rsolut, en 1843, d'entreprendre la premire grande fouille, faite dans un but prcis. Il choisit un site, appel aujourd'hui Khorsabad, en Msopotamie du Nord, prs de Mosul. D'aprs les inscriptions cuniformes, Botta put trs vite tablir que ce site s'appelait Dour Sharrou Kin. Il s'agissait d'inscriptions smitiques dans une langue soeur de l'hbreu, et ce nom signifiait "la cit fortifie de notre juste roi". Nos manuels nomment ce roi Sargon II. Au centre de la capitale de ce roi assyrien, se trouvait un magnifique palais royal dont les murs taient orns de bas-reliefs sculpts qui, mis bout bout, s'tendraient sur plus de deux kilomtres. Une pyramide tages, un ziggourat, dominait la cit et le complexe royal; elle servait aux dieux d'"escalier vers le ciel".

La cit "Dour Sharrou Kin" du roi Sargon II. L'urbanisme de la cit et les sculptures font penser qu'on y menait un grand train de vie. Les palais, les temples, les maisons, les tables, les entrepts, les murs, les portes, les colonnes, les dcorations, les statues, les oeuvres d'art, les tours, les remparts, les terrasses, les jardins tout fut achev en peine cinq annes. Selon Georges Contenais (La vie quotidienne Babylone et en Assyrie), "on reste abasourdi devant la force potentielle d'un empire qui put accomplir tant de choses en si peu de temps", et cela il y a quelque 3.000 ans. 21

Pour ne pas tre dpasss par les Franais, les Anglais vinrent sur place, en la personne de Sir Austen Henry Layard, qui choisit un site que les autochtones appelaient Kuyunjik, quelque 16 km de Khorsabad, le long du fleuve Tigre. Ce site se rvla tre la capitale assyrienne de Ninive. Les noms et les vnements bibliques commencrent prendre vie. Ninive fut la capitale royale de l'Assyrie sous le rgne de ses trois derniers grands souverains : Sennachrib, Esarhaddon, et Ashourbanipal. "C'est prsent dans la quatorzime anne de son rgne de zkias, que Sennachrib, roi d'Assyrie, tenta l'assaut des villes forteresses de Jude", nous raconte l'Ancien Testament (II Rois, 18, 13) et, lorsque l'Ange de Dieu frappa son arme, "Sennachrib s'en fut et alla vivre Ninive". Les fouilles des monticules o Sennachrib et Ashourbanipal firent construire Ninive rvlrent des palais, des temples et des uvres d'art qui surpassaient en beaut ceux de Sargon. On ne peut pas fouiller l'endroit o sont censs se trouver les vestiges des palais d'sarhaddon, car une mosque musulmane a t rige sur la spulture suppose du prophte Jonas, celui qui fut aval par une baleine alors qu'il refusait d'apporter Ninive le message de Yahv. Layard avait lu, dans les archives de la Grce antique, qu'un officier de l'arme d'Alexandre vit "quelque part des pyramides et des restes d'une cit ancienne" une cit qui, dj, tait ensevelie l'poque d'Alexandre ! Layard la fit mettre au jour : c'tait Nimroud, le centre militaire de l'Assyrie. C'est l que Shalmaneser II rigea un oblisque pour enregistrer ses conqutes et ses expditions militaires. Cet oblisque, aujourd'hui expos au British Museum, cite, parmi la liste des rois qui devaient lui payer tribut, "Jehu, fils d'Omri, roi d'Isral". Ici encore, les inscriptions msopotamiennes et les textes bibliques concordent totalement ! Stupfaits par les dcouvertes archologiques qui vinrent si souvent corroborer les rcits de la Bible, les assyriologues, comme on les appela, se penchrent sur le chapitre dix du livre de la Gense. C'est l que Nemrod "un puissant chasseur par la grce de Yahv" fut dcrit comme tant le fondateur de tous les royaumes de la Msopotamie. Et au commencement de son royaume : Babel et rek et Akkad, toutes sur la terre de Shinar. De cette terre surgit Assour o Ninive fut construite, une ville aux larges voies; et Kalah et Ressen la grande ville qui se trouve entre Ninive et Kalah. En effet, il y avait, situs entre Ninive et Nimroud, des monticules au lieu que les autochtones nommaient Calah. Lors des fouilles, diriges par E.W. Andrae entre 1903 et 1914, les ruines d'Assour furent mises jour; c'tait le centre religieux de l'Assyrie et sa plus ancienne capitale. De toutes les villes assyriennes cites dans la Bible, il ne reste plus qu' trouver Rsn. Son nom signifie "la bride du cheval"; peut-tre est-ce l qu'taient situes les curies royales d'Assyrie. Environ l'poque des fouilles d'Assour, les quipes diriges par R. Koldewey finissaient de dgager Babylone, le Babel biblique un vaste complexe de palais, de temples, de jardins suspendus, et de l'invitable ziggourat. Peu de temps aprs, les artefacts et les inscriptions levrent le voile sur l'histoire des deux empires rivaux de la Msopotamie : la Babylonie et l'Assyrie, l'un situ au sud et l'autre au nord.

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Prospres ou dchus, se livrant bataille ou vivant ensemble, ils constiturent pendant plus de 1.500 annes un sommet de civilisation, et ils connurent ce mme essor aux alentours de 1.900 av. J.-C. En 641 et 612 av. J.-C., Assour et Ninive tombrent aux mains des Babyloniens qui les dtruisirent. Comme les prophtes de la Bible l'avaient prdit, Babylone elle-mme eut une triste fin lorsque Cyrus l'Achmnide la conquit en 539 av. J.-C. Quoiqu'elles fussent rivales tout au long de leur histoire, il n'est pas ais de trouver de relles diffrences culturelles et mme matrielles entre l'Assyrie et la Babylonie. A la diffrence prs que les Assyriens nommaient Assour ("Celui qui voit tout") leur principale divinit et que les Babyloniens honoraient Mardouk ("fils du pur monticule"), leurs panthons taient quasi semblables. La plupart des muses du monde comptent parmi leurs chefs-d'uvre les plus priss des portes crmoniales, des taureaux ails, des bas-reliefs, des chariots, des outils, des ustensiles, des bijoux, des statues et autres objets raliss en tous les matriaux imaginables que l'on retrouva lors des fouilles des monticules de l'Assyrie et de la Babylonie. Mais les vrais trsors de ces royaumes sont leurs archives crites : des milliers d'inscriptions cuniformes, des popes cosmologiques, des pomes piques, l'histoire des rois, les registres des temples, des contrats de mariage et de divorce, des contrats commerciaux, des tables astronomiques, des prvisions astrologiques, des formules mathmatiques, des listes gographiques, des manuels scolaires de vocabulaire et de grammaire, et, non des moindres, des textes traitant des noms, gnalogies, pithtes, exploits, pouvoirs et devoirs des dieux. La langue commune de l'Assyrie et de la Babylonie, qui tablit leurs liens historiques, culturels et religieux, tait l'akkadien. C'est la premire langue smitique connue, proche de l'hbreu, de l'aramen, du phnicien, et du cananen, bien qu'elle leur soit antrieure. Cependant, les Assyriens et les Babyloniens ne revendiquaient pas l'invention de cette langue ou de son criture. En fait, la plupart de leurs tablettes portaient une note indiquant qu'elles avaient t recopies d'originaux plus anciens. Qui, alors, inventa l'criture cuniforme, et dveloppa la langue, sa grammaire et son riche vocabulaire ? Qui crivit "les premiers originaux" ? Et pourquoi les Assyriens et les Babyloniens l'appelrent-ils akkadien ? On revient encore une fois au livre de la Gense. "Et au commencement de son royaume : Babel et rek et Akkad". Akkad, une telle capitale a-t-elle pu exister avant Babylone et Ninive ? Les ruines de la Msopotamie nous ont fourni les preuves qu'il existait, en fait, un royaume du nom d'Akkad tabli, une date beaucoup plus ancienne, par un souverain qui se faisait appeler Sharrukin ("juste souverain"). Dans ses inscriptions, il dclare que son empire s'tendait par la grce de son dieu Enlil, de la mer Infrieure (le golfe Persique) la mer Suprieure (que l'on croit tre la Mditerrane). Il proclamait "qu'aux quais d'Akkad, il amarrait les bateaux" en provenance de nombreux pays lointains. Les savants furent impressionns : ils venaient de dcouvrir un empire msopotamien du IIIe millnaire av. J.-C. ! Un grand saut dans le pass de quelque 2.000 annes sparait le Sargon assyrien de Dur Sharrukin du Sargon d'Akkad. Qui plus est, les monticules o l'on entreprit les fouilles rvlrent une littrature, des arts, une science et une politique, un commerce et un systme de communication, une civilisation en pleine maturit bien avant l'apparition de la

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Babylonie et de l'Assyrie. De plus, cette civilisation tait manifestement antrieure, mais aussi source de celles de l'Assyrie et de la Babylonie qui n'taient que des branches de la ligne akkadienne. Cependant, le mystre d'une civilisation msopotamienne si ancienne s'approfondit encore plus lorsque furent retrouves les inscriptions relatant les exploits et la gnalogie du Sargon d'Akkad. Son titre entier tait "Roi d'Akkad, Roi de Kish". Il tait expliqu qu'avant de prendre possession du trne, il avait t conseiller des "souverains de Kish". Une question se posait aux savants : y avait-il alors un royaume encore plus ancien, celui de Kish, ayant prcd Akkad ? Une fois encore, le sens des versets de la Bible se prcise : Et Kush engendra Nimrod; Il fut le premier tre hros de cette Terre... Et au commencement de son royaume : Babel et rek et Akkad. La plupart des savants avaient dduit de leurs recherches que le Sargon d'Akkad tait le Nemrod de la Bible. Cependant, si, dans les vers bibliques mentionns ci-dessus, on lit "Kish" pour "Koush", il semblerait, en effet, que Kish prcda Nemrod, comme le proclamait Sargon. Alors, seulement, les savants commencrent accepter littralement le reste de ces inscriptions : "il vainquit Ourouk et dtruisit ses murs... Il sortit vainqueur de la bataille contre les habitants d'Our... Il conquit tout le territoire de Lagash jusqu' la mer." L'rek de la Bible tait-elle identique l'Ourouk des inscriptions de Sargon ? Cela se trouva confirm une fois mis au jour le site nomm de nos jours Warka. Our auquel se rfre Sargon n'est autre que le Our de la Bible, le lieu de naissance d'Abraham en Msopotamie. Les dcouvertes archologiques corroboraient non seulement les rfrences bibliques, mais il apparaissait comme certain qu'il dt exister, mme avant le IIIe millnaire av. J.-C., d'autres royaumes, d'autres villes et d'autres civilisations en Msopotamie. La seule question qui se posait tait: jusqu'o devait-on remonter pour trouver le premier royaume civilis ? La cl de cette nigme fut, une fois de plus, une autre langue. Les savants s'aperurent rapidement que les noms avaient une signification, non seulement en hbreu et dans l'Ancien Testament, mais aussi travers tout le Proche-Orient. Tous les noms de personnes et de lieux, qu'ils soient akkadiens, babyloniens ou assyriens, avaient une signification. Seuls les noms des souverains qui prcdaient Sargon d'Akkad taient incomprhensibles : le roi la cour duquel Sargon tait conseiller s'appelait Ourzabada; le roi qui rgna sur rek se nommait Lugalzagesi. Et ainsi de suite... Dans son expos devant la Socit asiatique royale en 1853, Sir Henry Rawlinson fit remarquer que ces noms n'taient ni smitiques, ni indo-europens; "ils ne semblaient appartenir aucun groupe de langues ou de peuples connus jusqu' prsent." Mais, si ces noms avaient une signification, dans quelle langue mystrieuse avaient-ils un sens ? Les savants se penchrent une fois de plus sur ces inscriptions akkadiennes. Fondamentalement, l'criture akkadienne cuniforme tait syllabique : chaque signe

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reprsentait une syllabe entire (ab,ba,bat, etc). Cependant, cette criture faisait un frquent usage de signes qui n'taient pas des syllabes phontiques mais exprimaient "Dieu", "ville", "pays" ou encore "vie", exalt", etc. La seule explication satisfaisante pour ce phnomne est que ces signes faisaient partie d'une mthode d'criture plus ancienne qui se servait de pictographes. L'akkadien avait d alors tre prcd d'une autre langue utilisant une mthode d'criture proche des hiroglyphes gyptiens. Trs vite, l'vidence impliqua qu'il s'agissait d'une langue et non d'une forme d'criture plus ancienne. Les savants s'aperurent que les textes et les inscriptions akkadiens contenaient beaucoup de mots d'emprunts des mots pris tels quels une autre langue (de la mme manire qu'un Franais de nos jours emprunte l'anglais le mot "week-end"). Cela se rvla particulirement vrai pour les termes scientifiques ou techniques, ainsi que pour des faits concernant les dieux ou les cieux. Une des plus grandes dcouvertes de textes akkadiens eut lieu dans les ruines d'une bibliothque construite Ninive par Ashourbanipal. Laylard et ses collgues emportrent du site quelque 25.000 tablettes, dont la plupart qualifies par leurs scribes de "copies de textes anciens". Un ensemble de vingt-trois tablettes s'achve par la phrase : "23e tablette : langue de Shumer inchange". Un autre texte porte une dclaration nigmatique d'Ashourbanipal luimme : Le dieu des scribes me fit le don de la connaissance de son art. J'ai t initi aux secrets de l'criture. Je peux mme lire les tablettes compliques en Shumrien; Je comprends les mots nigmatiques gravs dans la pierre des temps avant le Dluge. Le fait qu'Ashourbanipal prtendait pouvoir lire et comprendre les mots en "Shumrien" sur les tablettes complexes "des temps avant le Dluge" ne fit qu'augmenter le mystre. En janvier 1869, Jules Oppert proposa la Socit franaise de numismatique et d'archologie que l'on fit reconnatre l'existence de la langue et du peuple pr-akkadien. Il souligna le fait que les premiers souverains de la Msopotamie proclamaient leur lgitimit en adoptant le titre de "Roi de Sumer et Akkad"; il proposa que le peuple ft appel "Sumrien", et leur terre "Sumer". Mis part la mauvaise prononciation du nom on aurait d dire Shumer, et non Sumer Oppert avait raison. Sumer n'tait pas un mystre, ni une terre loigne, elle n'tait autre qu'un nom plus ancien pour la Msopotamie du Sud, comme l'affirme clairement le livre de la Gense : les villes royales de Babylone, d'Akkad, et d'rek, se trouvent dans "la terre de Shinar" (Shinar n'est autre que le nom biblique de Sumer). L'acceptation de ces conclusions par les savants dclencha une avalanche. Les rfrences akkadiennes aux "textes anciens" prirent tout leur sens et les rudits s'aperurent rapidement que les tablettes portant de longues colonnes de mots taient, en fait, des lexiques et des dictionnaires akkadien-sumrien, conus en Assyrie et en Babylonie pour leur permettre d'tudier eux-mmes la premire langue crite : le sumrien. Sans l'aide de ces anciens dictionnaires, nous ne serions pas mme de lire aujourd'hui le sumrien. Grce eux, un vaste trsor culturel et littraire fut mis au jour. A l'origine, l'criture sumrienne, taille dans la pierre en colonnes verticales, tait apparemment

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pictographique; puis elle fut tourne de manire horizontale et, par la suite, stylise en criture forme de coins sur des tablettes d'argile tendre pour devenir l'criture cuniforme qui fut celle adopte par les Akkadiens, les Babyloniens, les Assyriens et d'autres nations de l'ancien Proche-Orient.

Ecriture sumrienne cuniforme.

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Aprs avoir dchiffr la langue sumrienne et son criture, on s'aperut que les Sumriens et leur culture constituaient la source primordiale des russites remarquables des AkkadiensBabyloniens-Assyriens. Conclusion qui provoqua de nouvelles fouilles archologiques dans la Msopotamie du Sud. Tout indiquait que, l, se trouvait l'origine de tout. Les premires fouilles importantes d'un site sumrien furent commences en 1877 par des archologues franais, et les dcouvertes sur ce seul site furent d'une telle ampleur que d'autres continurent creuser jusqu'en 1933 sans jamais en voir la fin. Appel Telloh ("monticule") par les autochtones, il fut tabli que ce site avait t une ancienne ville sumrienne : Lagash, que Sargon d'Akkad s'tait vant d'avoir conquis. C'tait, en effet, une ville royale dont les souverains portaient le titre que Sargon avait adopt, si ce n'est qu'il tait en langue sumrienne : EN.SI ("juste souverain"). Leur dynastie commmena vers 2.900 av. J.-C. et elle dura presque 650 ans. Pendant cette priode, quarante-trois ensis rgnrent sans interruption Lagash : leur nom, leur gnalogie, la dure de leur rgne furent soigneusement enregistrs. On tira de ces inscriptions de nombreuses informations. L'invocation aux dieux "de faire germer les graines afin qu'elles poussent pour la rcolte... de faire que les plantes bien arroses produisent la graine" tmoigne de l'existence d'une agriculture et d'une irrigation. Une tasse en l'honneur d'une desse portant l'inscription "du contrematre des greniers" nous indique bien que l'on en faisait le commerce.

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Inscriptions cuniformes. Une inscription laisse sur une brique d'argile par un ensi appel Eannatum prcise clairement que les rois sumriens ne pouvaient rgner qu'avec l'accord des dieux. Il avait aussi enregistr la conqute d'une autre ville, nous rvlant ainsi l'existence en Sumer d'autres villes-tats au commencement du troisime millnaire av. J.-C.

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Entemana, le successeur d'Eannatum, crivit qu'il construisit un temple orn d'or et d'argent; il y planta des jardins et largit des puits de briques. Il se vanta d'avoir construit une forteresse avec des tours de guet et des facilits pour amarrer les bateaux. Parmi tous les rois de Lagash, Guda fut un des plus connus. Il fit faire un grand nombre de statuettes le reprsentant priant les dieux dans une position votive. Cette posture n'tait pas affecte : en effet, Guda s'tait vou l'adoration de Ningirsou, sa divinit principale, et la construction et la reconstruction des temples. Comme le montrent ses nombreuses inscriptions, dans sa recherche de matriaux exquis, il se procura de l'or en Anatolie et en Afrique, de l'argent des montagnes de Taurus, des cdres du Liban et d'autres bois rares de l'Ararat, du cuivre des chanes de montagne de Zagros, de la diorite d'gypte, du carnelian d'thiopie, et d'autres matriaux venant de terres qui restent encore inconnues. Lorsque Mose construisit dans le dsert une "Rsidence" pour Dieu, le Seigneur, il suivit des instructions trs dtailles qui lui furent donnes par le Seigneur. Lorsque le roi Salomon construisit le premier temple Jrusalem, il le fit aprs que le Seigneur "lui donna la sagesse". "Une personne ayant l'apparence du bronze et tenant dans sa main une corde de lin et un instrument de mesure dans une vision divine" fit part au prophte zchiel de plans trs dtaills pour le second temple. Our-Nammou, souverain d'Our, dpeignit, dans un millnaire Plus recul, comment son dieu, lui donnant l'ordre de construire un temple et des instructions cet gard, lui remit pour ce travail une rgle mesurer et une corde enroule.

Our-Nammou, souverain d'Our, dpeignit, dans un millnaire Plus recul, comment son dieu, lui donnant l'ordre de construire un temple et des instructions cet gard, lui remit pour ce travail une rgle mesurer et une corde enroule.

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Mille deux cents ans avant Mose, Guda affirma la mme chose. Il enregistra dans une trs longue inscription des instructions qui lui furent transmises dans une vision. "Un homme qui brillait comme les cieux", ct duquel se trouvait "un oiseau divin", "m'ordonna de construire son temple". Cet "homme", qui " en juger par la couronne qu'il portait tait sans aucun doute un dieu", fut, plus tard, identifi comme tant le dieu Ningirsou. Il y avait avec lui une desse; elle "tenait la tablette de sa bienveillante toile des cieux" et, de l'autre main, "tenait un stylet divin", avec lequel elle indiqua Guda "la plante favorable". Un troisime homme, galement un dieu, tenait dans sa main une tablette de pierre prcieuse, "elle contenait le plan du temple". Une des statues de Guda le montre assis avec cette tablette sur les genoux; on peut facilement discerner sur cette tablette le dessin divin.

Une des statues de Guda le montre assis avec cette tablette sur les genoux ; on peut facilement discerner sur cette tablette le dessin divin. Malgr sa sagesse, Guda fut dconcert par ces instructions architecturales, et il demanda avis une desse qui pouvait interprter les messages divins. Elle lui expliqua le sens de ces instructions, les mesures du plan, la taille et la forme des briques utiliser. Guda fit alors appel un homme "devin et preneur de dcisions" et une femme "sondeuse de secrets" pour localiser le site aux approches de la ville, l o le dieu dsirait que l'on construist son temple. Alors il recruta 216.000 personnes pour raliser ce chantier de construction. On comprend aisment la perplexit de Guda car le "plan", simple d'apparence, lui procurait l'information ncessaire pour construire un ziggourat complexe, s'levant sur sept tages. A. Billerbeck, crivant pour Der Alte Orient, en 1900, fut capable de dchiffrer une partie de ces divines instructions architecturales. L'ancien dessin, mme sur la statue endommage, est accompagn de groupes de lignes verticales dont le nombre diminue au fur et mesure

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qu'augmente l'espace qui les spare. Les architectes divins taient, semble-t-il, capables de fournir toutes les instructions ncessaires la construction d'un haut temple de sept tages, chacun de taille diffrente, en se servant d'un simple plan accompagn de sept chelles diffrentes.

Les architectes divins taient, semble-t-il, capables de fournir toutes les instructions ncessaires la construction d'un haut temple de sept tages, chacun de taille diffrente, en se servant d'un simple plan accompagn de sept chelles diffrentes. Il est dit que la guerre stimule les dcouvertes matrielles et scientifiques de l'homme. Dans l'ancien Sumer, c'est apparemment la construction des temples qui conduisit le peuple et ses souverains de plus grandes ralisations technologiques, commerciales, architecturales, ainsi qu'au dveloppement d'un systme de transport et d'une meilleure organisation. Il est clair qu'un peuple capable d'excuter d'importants travaux de constructions selon des plans prtablis, capable d'organiser et de nourrir une norme main-d'uvre, d'aplanir le sol et de crer des monticules, de mouler des briques et de transporter des pierres, d'aller chercher trs loin des mtaux prcieux et d'autres matriaux, de fondre du mtal et de faonner des ustensiles et des ornements, avait atteint un haut degr de civilisation en plein essor au IIIe millnaire av. J.-C.

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Aussi parfaits que fussent les temples sumriens les plus anciens, ils ne sont reprsentatifs que d'une infime partie de l'tendue et de la richesse de la premire grande civilisation connue de l'Homme. Outre l'invention et le dveloppement de l'criture, sans laquelle une civilisation suprieure n'aurait pu exister, on doit galement attribuer aux Sumriens l'invention de l'imprimerie. Des millnaires avant que Gutenberg ne l'"invente" en utilisant des caractres mobiles, les scribes utilisaient des caractres d'imprimerie faits de divers signes pictographiques. Ils les utilisaient comme nos tampons en caoutchouc pour imprimer dans l'argile la suite de signes dsirs. Ils inventrent aussi le prcurseur de nos presses rotatives : le sceau en rouleau. Il s'agissait d'un petit rouleau en pierre extrmement dure la surface duquel le message ou le dessin tait grav l'envers. Ainsi, quand on le faisait rouler sur l'argile frache, il y laissait une impression en "positif". Ce sceau permettait de vrifier l'authenticit des documents ; on pouvait, en effet, obtenir aussitt une nouvelle impression et la comparer celle sur le document.

Sceau en rouleau : Il s'agissait d'un petit rouleau en pierre extrmement dure la surface duquel le message ou le dessin tait grav l'envers. Ainsi, quand on le faisait rouler sur l'argile frache, il y laissait une impression en "positif". La plupart des crits sumriens ou msopotamiens ne traitaient pas ncessairement du divin ou du spirituel, mais des tches journalires telles que le compte rendu des rcoltes, la mesure des champs, le calcul des prix. En effet, une civilisation suprieure n'et pas t possible sans un systme mathmatique galement avanc.

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Le systme sumrien, appel sexagsimal, combinait le 10 mondain avec un 6 "cleste" pour obtenir le chiffre de base 60. Ce systme est, quelques gards, suprieur au ntre; il est, en tout cas, indiscutablement suprieur aux systmes grecs et romains qui vinrent plus tard. Il permettait aux Sumriens de diviser en fractions et de multiplier en millions, de calculer les racines ou d'lever les nombres plusieurs puissances. Il ne fut pas seulement le premier systme mathmatique connu, mais aussi celui qui nous a donn le concept de "place". Tout comme dans le systme dcimal, 2 peut tre 2 ou 20 ou 200 selon la place du numral, de mme, un 2 sumrien pouvait signifier 2 ou 120 (2 x 60) etc. selon sa "place".

Le systme sumrien, appel sexagsimal, combinait le 10 mondain avec un 6 "cleste" pour obtenir le chiffre de base 60. Les 360 degrs du cercle, le pied et ses douze pouces, et la douzaine prise comme unit, ne sont que peu d'exemples des vestiges des mathmatiques sumriennes encore en vigueur dans notre vie quotidienne. Leurs russites parallles en astronomie, la mise au point d'un calendrier et d'autres exploits mathmatiques semblables seront tudis plus en dtail dans les prochains chapitres. Tout comme notre systme conomique et social, nos livres, nos archives juridiques et fiscales, nos contrats commerciaux, nos certificats de mariage, etc., dpendent du papier, la vie en Sumrie ou en Msopotamie dpendait de l'argile. Les temples, les tribunaux, les maisons de commerce avaient leur disposition des scribes qui inscrivaient sur des tablettes

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d'argile frache les dcisions, les accords, les lettres, et calculaient les prix, les salaires, l'aire d'un champ, le nombre de briques ncessaires une construction. L'argile tait aussi un matriau de base crucial la manufacture d'ustensiles usage quotidien et de conteneurs pour entreposer ou transporter la marchandise. Les briques encore une invention sumrienne taient aussi faites en argile. On put ainsi construire des maisons pour le peuple, des palais pour les rois, des temples imposants pour les dieux. On attribue aux Sumriens deux dcouvertes technologiques essentielles qui permettaient de combiner la lgret et la rsistance la flexion pour tous les produits en argile : l'armage et la cuisson. Les architectes ont dcouvert comment faire du bton arm, un matriau de construction extrmement solide, en versant du ciment dans des moules contenant des barres de fer. Il y a longtemps, les Sumriens renforaient leurs briques en mlangeant l'argile frache avec des morceaux de paille et de roseau. Il savaient aussi qu'on pouvait donner solidit et durabilit aux produits d'argile en les cuisant dans un four. Les premires grandes tours et arcs de triomphe du monde, ainsi que les objets en cramique durable ne furent possibles que grce ces deux dcouvertes technologiques. Avec l'invention du four un four qui pouvait atteindre des tempratures intenses mais contrlables sans le risque de souiller les produits avec la cendre et la poussire , on accda un niveau technologique encore plus lev : l'ge des mtaux. On imagine que l'homme, environ 6.000 ans av. J.-C., dcouvrit qu' l'aide d'un marteau, il pouvait faonner des fins utiles ou esthtiques des "pierres tendres", c'est--dire des ppites d'or et des composs d'argent et de cuivre. Les premiers artefacts en mtal travaills au marteau furent retrouvs dans les plateaux des montagnes de Zagros et de Taurus. Cependant, comme le fit remarquer R. J. Forbes ("The Birthplace of Old World Metallurgy") "dans l'ancien Proche-Orient, la rserve de cuivre natif s'puisa trs vite et les mineurs durent recourir aux minerais". Cela exigeait le savoir et la capacit de trouver et d'extraire les minerais, de les piler, puis de les faire fondre et de les raffiner, c'est--dire des procds impossibles excuter sans l'aide du four et d'une technologie en tous points volue. Bientt, l'art de la mtallurgie s'largit la technique de l'alliage du cuivre et d'autres mtaux, dont rsulta le mtal mallable et capable d'tre coul, qu'on appelle le bronze. L'ge du bronze, le premier ge de la mtallurgie, est une contribution msopotamienne de plus la civilisation moderne. La plupart du commerce d'alors se consacrait au march des mtaux. Il est aussi la base du dveloppement du systme bancaire msopotamien et de la premire monnaie le shekel en argent (lingot pes). Les nombreuses varits de mtaux et d'alliages dont on a retrouv les noms en sumrien et en akkadien, ainsi que la riche terminologie technologique tmoignent du niveau lev de la mtallurgie en Msopotamie ancienne. Ce qui intrigua un temps les savants fut que Sumer ft dpourvue de sources locales de minerais mtalliques. Nanmoins, il est certain que l commena la mtallurgie. L'nergie est la rponse cette question. La fonte, la raffinerie et le coulage taient impossibles sans de grandes quantits de combustibles pour chauffer les fours, les creusets, et les fourneaux. La Msopotamie, si elle manquait de minerais, possdait en revanche des combustibles en abondance. Ainsi les minerais taient-ils amens aux combustibles, ce qui

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explique les nombreuses inscriptions dcrivant le transport de minerais de mtal venus de rgions lointaines. Les carburants, grce auxquels Sumer fut la pointe de la technologie, furent les bitumes et les asphaltes, produits ptroliers souvent trouvs en surface en Msopotamie. R. J. Forbes ("Bitumen and Petroleum in Antiquity") montre que les dpts de surface en Msopotamie furent la premire source de combustible du monde antique partir des temps les plus reculs jusqu' l're romaine. Il conclut que l'utilisation technologique de ces produits ptroliers commena en Sumer aux alentours de 3.500 ans av. J.-C. En effet, il dmontre que la connaissance et l'utilisation des combustibles et de leurs proprits taient plus importantes l'poque sumrienne que dans d'autres civilisations postrieures. Les Sumriens faisaient une si grande utilisation des produits ptroliers, non seulement comme combustibles, mais aussi pour construire des routes, isoler, calfater, peindre, cimenter et mouler, tant et si bien que, quand les archologues entreprirent de rechercher l'ancien Our, ils le trouvrent enfoui dans un monticule nomm par les habitants arabes "Le Mont de Bitume". Forbes montre que la langue sumrienne possdait un terme pour chaque genre ou variante de substances bitumineuses trouves en Msopotamie. En effet, les noms des matriaux bitumineux et ptroliers dans d'autres langues telles l'akkadien, l'hbreu, l'gyptien, le copte, le latin, le grec, le sanskrit sont clairement d'origine sumrienne. Par exemple, le mot le plus courant pour ptrole, naphta, drive de napatu ("pierres qui s'enflamment"). L'utilisation en Sumer des produits ptroliers fut aussi la base d'une chimie avance. On peut juger du niveau lev des connaissances sumriennes, non seulement par la grande varit de peintures et de pigments, de techniques telles que le vernissage, mais aussi par la remarquable production de pierres semi-prcieuses artificielles, dont une imitation du lapis-lazuli. En Sumrie, on utilisait aussi les bitumes en mdecine, autre domaine avoir atteint un niveau d'excellence impressionnant. Dans les centaines de textes akkadiens que nous avons retrouvs, il est employ un grand nombre de termes et d'expressions mdicales sumriennes. Ainsi se confirme l'origine sumrienne de toute la mdecine msopotamienne. La librairie d'Ashourbanipal Ninive possdait une section mdicale. Les textes taient diviss en trois groupes : bultitu (thrapie), shipir bel inti (chirurgie) et urti mashmash she (ordres et incantations). Les premiers codes juridiques comprenaient des sections ayant trait aux honoraires payables aux chirurgiens dans le cas d'une opration russie et aux sanctions en cas d'chec. Un chirurgien qui incisait au bistouri la tempe de son patient devait payer de la perte de sa main s'il dtruisait accidentellement l'il du patient. Des squelettes trouvs dans des tombes en Msopotamie conservent des traces indiscutables d'interventions chirurgicales au cerveau. Un texte mdical, en partie bris, parle du retrait chirurgical d'"une ombre couvrant l'il d'un homme" probablement une cataracte. Un autre texte mentionne l'utilisation d'un instrument coupant en prcisant que, "si le mal avait atteint l'intrieur de l'os, il fallait gratter et enlever". Les malades, l'poque sumrienne, avaient le choix entre un A.ZU "docteur de l'eau" et un IA.ZU "docteur de l'huile". Une tablette dterre en Our, datant de prs de 5000 ans, fait

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mention d'un mdecin : "Lulu, le docteur". Il y avait aussi des vtrinaires, connus sous le nom de "docteurs des boeufs" ou "docteurs des nes". Sur un sceau en rouleau trouv Lagash est dessine une paire de pinces chirurgicales appartenant "Urlugaledina, le docteur". Le sceau montre aussi un serpent sur un arbre, symbole de la mdecine jusqu' nos jours. Un instrument utilis par les sages-femmes pour couper le cordon ombilical tait aussi frquemment reprsent.

Sur un sceau en rouleau trouv Lagash est dessine une paire de pinces chirurgicales appartenant "Urlugaledina, le docteur". Le sceau montre aussi un serpent sur un arbre, symbole de la mdecine jusqu' nos jours. Un instrument utilis par les sages-femmes pour couper le cordon ombilical tait aussi frquemment reprsent. Les textes mdicaux sumriens traitent de diagnostics et d'ordonnances. Ils dissipent l'ide que les mdecins sumriens avaient recours la magie ou la sorcellerie. Ils recommandaient de se nettoyer et de se laver, de prendre des bains d'eau chaude et de solvants minraux, des cataplasmes de drivs vgtaux et des frictions avec des composs de ptrole. Les remdes taient base de composs vgtaux ou minraux que l'on mlangeait des liquides ou solvants appropris la mthode d'application. Prises par voie orale, les poudres taient mlanges du vin, de la bire ou du miel ; "verses par le rectum" et administres par une poire, on les mlangeait des huiles vgtales ou des plantes. L'alcool qui joue un rle si important pour la dsinfection chirurgicale et comme base de tant de remdes, est arriv dans nos langues en passant par l'arabe "kohl", de l'akkadien kullu. Des moulages de foie indiquent que la mdecine tait enseigne dans les coles l'aide de moulages d'argile des organes humains. L'anatomie devait tre une science volue, car les

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rituels des temples exigeaient des dissections labores d'animaux sacrificiaux, ce qui se rapproche le plus d'une connaissance compare de l'anatomie humaine. Sur plusieurs sceaux rouleau ou gravs sur tablettes d'argile, sont reprsentes des personnes allonges sur une sorte de table chirurgicale, entoures d'quipes de dieux ou d'hommes. Nous savons, par les popes et par d'autres textes hroques, que les Sumriens et leurs successeurs en Msopotamie s'intressaient aux questions de la vie, de la maladie et de la mort. Ainsi, Gilgamesh, un des rois d'rek, chercha l'Arbre de Vie ou quelque minral ("une pierre") qui donnait la jeunesse ternelle. Il est aussi fait rfrence des tentatives de rsurrection des morts, surtout des dieux : Sur le corps, pendu au pieu, ils dirigrent le Pouls et le Rayonnement; ils versrent sur lui, Soixante fois l'Eau de la Vie, Soixante fois la Nourriture de la Vie; Et Inanna se leva. Des mthodes ultramodernes, que nous devons nous contenter d'imaginer, taient-elles connues et utilises dans de telles entreprises de rsurrection ? La connaissance et l'utilisation des matriaux radioactifs sont en revanche nettement suggres dans une scne de traitement mdical reprsent sur un sceau rouleau qui date du tout dbut de la civilisation sumrienne. Elle montre sans quivoque un homme allong sur un lit particulier. Son visage est protg par un masque et il est soumis une sorte de radiation.

La connaissance et l'utilisation des matriaux radioactifs sont en revanche nettement suggres dans une scne de traitement mdical reprsent sur un sceau rouleau qui date du tout dbut de la civilisation sumrienne. Elle montre sans quivoque un homme allong sur un lit particulier. Son visage est protg par un masque et il est soumis une sorte de radiation. Le dveloppement de l'industrie du textile et du vtement fut l'une des premires russites industrielles de Sumer. Notre propre rvolution industrielle aurait commenc avec l'arrive en Angleterre des mtiers tisser et filer dans les annes 1760. Depuis, la plupart des nations en cours de dveloppement aspirent dvelopper une industrie du textile, premier pas pour accder l'industrialisation. Ce choix, familier depuis le XVIIIe sicle, a t, de toute vidence, le 37

processus habituel depuis la premire grande civilisation humaine. L'homme n'aurait pas pu fabriquer des textiles avant l'arrive de l'agriculture, donc du lin, et la domestication des animaux qui donna la laine. Grace M. Crowfoot ("Textile, Basketry and Mats in Antiquity") dclara, la suite du consensus gnral des savants, que l'art du tissage tait apparu en premier en Msopotamie environ en 3.800 av. J.-C. De plus, Sumer tait, ces poques recules, renomm, non seulement pour ses tissus, mais aussi pour ses vtements. Le livre de Josu (7, 21) raconte que, pendant la prise de Jricho, un homme ne put rsister la tentation de garder "une belle cape de Shinar" qu'il avait trouv dans la ville, quoiqu'il encourt la peine de mort. Les vtements de Shinar taient priss au point que les gens risquaient leur vie pour les avoir. Il existait, l'poque de Sumer, une riche terminologie pour dcrire la fois les vtements et leurs crateurs. Le vtement de base s'appelait TUG, sans nul doute le prcurseur, tant par le style que par le nom de la toge romaine. Il s'agissait de TUG. TU.SHE, ce qui, en sumrien, signifiait "vtement dont on s'enveloppe".

Le vtement de base s'appelait TUG, sans nul doute le prcurseur, tant par le style que par le nom de la toge romaine. Il s'agissait de TUG. TU.SHE, ce qui, en sumrien, signifiait "vtement dont on s'enveloppe".

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Les inscriptions anciennes rvlent, non seulement une varit surprenante et une opulence en matire d'habillement, mais aussi un sens de l'lgance o dominaient le bon got et le souci d'assortir les vtements, les coiffures, les coiffes et les bijoux entre eux. Les inscriptions anciennes rvlent, non seulement une varit surprenante et une opulence en matire d'habillement, mais aussi un sens de l'lgance o dominaient le bon got et le souci d'assortir les vtements, les coiffures, les coiffes et les bijoux entre eux.

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Les inscriptions anciennes rvlent, non seulement une varit surprenante et une opulence en matire d'habillement, mais aussi un sens de l'lgance o dominaient le bon got et le souci d'assortir les vtements, les coiffures, les coiffes et les bijoux entre eux. L'autre accomplissement majeur des Sumriens fut leur agriculture. Dans une terre qui ne connaissait que des pluies saisonnires, on se servit des rivires pour irriguer, pendant toute l'anne, les cultures par un grand systme de canaux d'irrigation. La Msopotamie la Terre-Entre-les-Rivires tait le grenier des temps anciens. L'abricotier, dont le nom espagnol est damasco ("arbre de Damas") porte le nom latin armeniaca, un mot emprunt l'akkadien armanu. La cerise Kerasos, Kirsche en allemand provient de l'akkadien karshu. Tous ces indices nous montrent que ces fruits, et d'autres encore, ainsi que les lgumes, sont venus en Europe de la Msopotamie. Il en est de mme pour beaucoup de graines spciales et d'pices : notre mot safran provient de l'akkadien azupiranu, crocus de kurkanu (en passant par krokos en grec), cumin de kumanu, hysope de zupu, myrrhe de murru. La liste est longue