La déontologie du formateur

Outil réalisé par l'équipe de formation ICC

Mars 2006

Outil pédagogique "La Déontologie du Formateur" Page 2

Table des matières

La déontologie du formateur __________________________________________________ 1

Table des matières __________________________________________________________ 2

Pourquoi parler de déontologie du formateur ? ___________________________________ 3

La déontologie, qu'est-ce que c'est ? ____________________________________________ 4

1) La déontologie, c'est d'abord un concept ________________________________________ 4

2) La déontologie peut aussi être un code __________________________________________ 4

3) La déontologie est l’affaire du formateur________________________________________ 5

4) L’organisme de formation, lieu de valeurs et de choix _____________________________ 5 a) L'organisme de formation défend des valeurs et fait des choix _______________________________ 5

b) Le formateur : un acteur au cœur des relations normatives et cognitives _______________________ 6

� Le formateur, un être d’influence ___________________________________________________ 6

� Le formateur s’appuie sur des modèles pédagogiques ___________________________________ 7

� Le formateur exerce un pouvoir ____________________________________________________ 8

� Le formateur confronté à la norme __________________________________________________ 9

� Le formateur fait des choix éducatifs _______________________________________________ 10

� Le formateur favorise l’autonomie de l’apprenant _____________________________________ 11

� Le formateur génère des désaccords et le conflit socio-cognitif ___________________________ 12

� Le formateur cherche l’équilibre entre déstabilisation et sécurité __________________________ 12

c) Le formateur : un acteur au cœur des relations affectives __________________________________ 13

� Le formateur se situe affectivement par rapport à l’apprenant ____________________________ 13

� Le formateur se situe affectivement par rapport au contenu de formation ___________________ 14

5) La déontologie est l’affaire des contenus et des méthodes _________________________ 15 a) Les contenus, des discours idéologiques _______________________________________________ 15

6) Les actions pédagogiques, miroirs des options de la société ________________________ 16 a) La formation des formateurs touche au moins trois domaines ______________________________ 16

b) L'établissement d'un programme de formation s'inscrit dans un projet de société _______________ 16

c) L'évaluation traduit les options et les valeurs de la société _________________________________ 17

Un outil pour se questionner et clarifier ses pratiques de formation en matière de

déontologie _______________________________________________________________ 18

Des pistes de réflexion pour LE FORMATEUR _____________________________________ 18

• Par rapport aux formés… ___________________________________________________ 20

• Par rapport aux contenus et méthodes… _______________________________________ 23

• Par rapport aux collègues formateurs (de la même organisation, ou d'une autre)… ___ 25

• Par rapport au Mouvement dont je fais partie… ________________________________ 27

• Par rapport à la loi… _______________________________________________________ 29

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Pourquoi parler de déontologie du formateur ?

L’être humain se distingue des machines ou des robots pensants car il ressent un devoir de responsabilité et de respect des autres, une nécessité de s’imposer des règles de vie et de pensée. Mais en plus de cet aspect qui touche à l’intimité de l’être, on peut affirmer qu’aucun groupe humain, aucune société ne fonctionnerait longtemps sans règles minimales de comportement entre ses membres. De plus, la société nous oblige quotidiennement à prendre des décisions, à faire des choix, des arbitrages dont les formes ne se limitent pas à un aspect technique, mais font aussi appel à la dimension humaine. Enfin, par son objet – la formation, l’animation – et par le public auquel elle est destinée – des personnes qui agiront à leur tour sur d’autres personnes – notre action de formateur demande une certaine exemplarité :

∗ décisions à prendre dans des situations complexes ∗ responsabilités du coordinateur de formation.

La formation est une activité qui intervient fondamentalement sur des personnes à travers des liens interpersonnels, des choix institutionnels et pédagogiques, des outils et des méthodes ; elle appelle donc un positionnement individuel (éthique individuelle) et collectif (déontologie) des formateurs et des organisateurs de formation.

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La déontologie, qu'est-ce que c'est ?

1) La déontologie, c'est d'abord un concept

La définition usuelle de la « déontologie » comme théorie des devoirs en morale est l’ensemble des règles de conduite et des devoirs que respectent des professionnels (Le Robert). Ces règles sont sociales, pratiques, appuyées par une discipline collective, et propres à la formation. En effet, il s’agit de fournir des garanties aux participants et d’établir des critères pour évaluer et protéger l’acte de former en repérant l’ambiguïté ou l’illégitimité de certaines pratiques. La déontologie se réfère à la morale, celle-ci étant l’ensemble des conventions, des obligations collectives admises à une époque donnée par un groupe donné disant ce qui est « normal 1 », « bon » ou de « qualité ».pour une société donnée. C’est dans ce cadre moral que se définit la déontologie spécifique aux diverses professions et activités. Il est à noter que la déontologie des formateurs ne doit pas se confondre avec l’éthique personnelle des individus que nous définirons comme les valeurs défendues librement par l’individu dans une situation donnée au regard des règles générales (juridiques, morales, déontologiques)2. La déontologie est l’ensemble d’obligations et d’interdits qui régissent l’activité et qui sont reconnus implicitement ou explicitement par tous les acteurs concernés en formation.

2) La déontologie peut aussi être un code

Certaines professions (telles les médecins, avocats, psychologues, …) ont aussi recours à un code de déontologie. Toutes les règles sont consignées dans un écrit et sont (supposées) connues de tous. Un code de déontologie existe également pour certaines associations.. Dans ce cas, il ne vise pas une profession particulière mais des membres qui peuvent être des personnes physiques ou morales. A notre connaissance, il n’existe pas de code de déontologie du formateur. Dans les organisations de jeunesse, des déclarations d’intention plus ou moins explicites ou des chartes visant la qualité, existent ; mais pas de code écrit qui donne corps à la « morale collective » des formateurs.

1 délimité par les normes sociales

2 L’éthique s’entend, d’une part, comme les valeurs et les conceptions qui fondent la morale (les valeurs

induisent les normes) et, d’autre part, comme la faculté individuelle ou de groupe de questionner ces normes (les

valeurs se positionnent par rapport aux normes).

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3) La déontologie est l’affaire du formateur

Le formateur est confronté à plusieurs composantes : le projet pédagogique, les pressions de l’extérieur, les demandes des participants, son désir individuel, etc. Il place principalement son action au cœur de la relation pédagogique qui le lie à l'apprenant et aux savoirs. Il s’agit là des attentes pédagogiques sociales et institutionnelles. Une telle définition réduit l’action éducative et l’apprentissage à des relations. Or, cette action passe aussi par l’ensemble des structures institutionnelles dans lesquelles l’apprenant et le formateur se situent. La définition purement relationnelle du lien entre formateurs et participants pourrait engendrer des dérives : D’une part des formateurs qui se sentent à l’aise dans un univers de relation et aimeraient éviter l’impersonnalité de la rigidité des structures. D’autre part tous ceux qui, sciemment ou non, préfèrent que les formateurs se limitent à un rôle relationnel, sans s’impliquer dans les politiques de formation des institutions.

4) L’organisme de formation, lieu de valeurs et de choix

a) L'organisme de formation défend des valeurs et fait des choix

Dans toute action, il est nécessaire de se donner des axes et des objectifs de travail. Se donner un objectif, c’est préciser les buts poursuivis et se donner les moyens et les outils nécessaires pour atteindre ces objectifs. Il est nécessaire de les énoncer de manière opérationnelle, claire et mesurable. Ce qui permettra de définir une stratégie opérationnelle avec un but général et un grand nombre d’objectifs secondaires contribuants à sa réalisation. Les objectifs généraux sont exprimés dans le projet pédagogique de l’institution, y apparaissent aussi les valeurs vers lesquelles tend cette institution.

Relisez votre projet pédagogique.

� Dégager les valeurs qui le justifient ?

� Analysez-les et discutez-en en groupe.

� Y a-t-il des valeurs moins implicites sur lesquelles se fonderait également ce projet pédagogique ?

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b) Le formateur : un acteur au cœur des relations normatives et cognitives

� Le formateur, un être d’influence

Il est impossible de former sans influencer les participants. Un « bon pédagogue » est un individu capable de conduire les apprenants vers un certain nombre d’objectifs, qu’il s’est lui-même assignés, ou qui lui ont été dictés par le programme ou des instances supérieures. Il est donc exact de dire que tout formateur est un « manipulateur », sans donner aucune connotation péjorative à ce terme. Le formateur est un être humain ayant des projets et des désirs. Lors d’une formation, il n’est pas indifférent aux pratiques des participants et a le « désir » d’influencer, de professer pour faire entrer les participants dans son désir. D’où la question : « Quelle attitude avoir devant une autre opinion, une autre pratique ? » On perçoit ici que la limite éthique qu’il est intéressant de valoriser, correspond à la possibilité pour l’autre de répondre « non ».

Laissez courir quelques instants votre imagination :

� Que désireriez-vous imposer aux participants ?

� Que vous permettez-vous de leur imposer ?

� Y a-t-il d’autres opinions ? Si oui, tentez de les justifier.

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� Le formateur s’appuie sur des modèles pédagogiques

Rappelons que former, enseigner des techniques, des méthodes, des savoirs, est avant tout un acte de transmission des acquis à des générations futures. Même si l’on veut un avenir différent du passé et même si l’on veut faire évoluer les idées et les pratiques, les systèmes de formation les plus révolutionnaires reproduisent partiellement les sociétés qui les ont produits. Le formateur acteur de changement ? Oui, possible. Mais par son action éducative, il est aussi un transmetteur des règles sociales héritées de l’histoire d’une société et de ses groupes.

Les programmes de formation (anciens et nouveaux) de votre OJ :

� Observez-les.

� Faites-en l’historique :

� Quels ont été les changements, les maintiens ?

� Pourquoi certains contenus se sont-ils un jour retrouvés dans le programme ? Pourquoi d’autres ont-ils disparus ?

� Quelles sont les modifications organisationnelles qui ont eu lieu ? Pourquoi ?

� Quelles sont les modifications au niveau des méthodes pédagogiques ? Pourquoi ? …

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� Le formateur exerce un pouvoir

Dans une relation éducative, on peut prétendre que le pouvoir qu’on exerce en tant que formateur est avant tout un pouvoir reçu. Le formateur n’est autoritaire qu’à condition d’être par là en accord avec les instances légitimantes. Mais c’est au risque de refuser de dire “je” : “ce n’est pas moi qui autorise ou interdis, mais c’est la règle venue de plus haut.” Pourtant, à certains moments, il est impossible de ne pas dire “je” : on assume toujours une part de responsabilité quand on se risque à imposer des normes, ne fut-ce que par la responsabilité de ne pas se révolter contre l’institution qui les exige. Au formateur alors de se positionner par rapport à son pouvoir, tant obtenu par la fonction qu'il occupe, que par la maîtrise des savoirs qu'il est amené à partager avec les participants.

La charte des participants :

� Relever les interdits implicites ou explicites se trouvant dans la charte des participants ou de l’équipe des formateurs.

� Quels sont les acteurs de la formation ou de l’O.J. qui ont décidé ces règles ?

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� Le formateur confronté à la norme

Le dilemme est courant : que privilégier ? Le “laisser-faire” ou “l’autoritarisme légitimé par la morale, la raison ou la science” ? Certains formateurs estiment “pouvoir” donner des ordres parce que la société leur attribue cette mission ; d’autres le font au nom de la morale ou de la maîtrise d’une certaine science. Rares apparemment sont les formateurs partisans du “laisser faire”. Mais toutes les règles ne peuvent être légitimées par la morale, la raison ou la science. En osant s’affirmer comme adhérant à la norme, le formateur met l’apprenant face à une personne et non face à un abstrait absolu. Il place alors l’autre face à ses responsabilités et l’oblige à les assumer. En opposition avec une norme légitimée par la raison ou la morale, l’apprenant devient “déraisonnable” ou “immoral”. Par contre, s’il est en désaccord avec une norme énoncée et assumée par le formateur, il sait qu’il est en conflit avec son formateur, qu’il se distingue tout en faisant un pas vers plus d’autonomie. Il peut apprendre alors que des positions « valables » ne sont pas seulement celles légitimées par la raison, les sciences ou la morale.

Une demande de participant que vous refusez :

Exple : une sortie du domaine pendant un temps libre de la formation, un bain de minuit dans la piscine du lieu de formation, …

� Faites jouer la scène par des volontaires et observez :

� Comment cautionne-t-il son refus ?

� Par la morale ? � Par la raison ? � Par sa position personnelle ? � ...

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� Le formateur fait des choix éducatifs

Dans les situations d’apprentissage, le formateur peut être amené à tellement « faire avec » qu’il tombe dans la dérive de faire « à la place de ». Ce n’est acceptable que s’il met en place un dispositif pédagogique qui permette à l’apprenant de travailler progressivement sans aide. Attitude difficile, comme en témoigne Jacques Ardoino : « Il y a sans doute, en dépit de tous les efforts moraux contraires, un déchirement et une résistance de notre nature à devoir, au moins symboliquement, mourir pour permettre à autrui d’exister plus pleinement en prenant ce que nous estimons être notre place. En fait, l’éducateur n’aura jamais été aussi utile que quand il aura réussi à se rendre inutile puisque ce sera le signe de sa double victoire, sur lui-même comme à l’égard de celui qu’il formait ».

Au sein de l’équipe de formateurs :

� Cernez les conceptions que chacun peut avoir de l’autonomie et de la responsabilité.

� Quelles conceptions pédagogiques en découlent :

� « fais comme tu veux », � « fais comme je veux », � « je fais à la place », � « je fais faire »… ? � …

� Et dans la pratique, qu’en est-il le plus souvent ?

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� Le formateur favorise l’autonomie de l’apprenant

Les Organisations de jeunesse favorisent la formation de C.R.A.C.S. (citoyens responsables actifs, critiques et solidaires), C’est à dire des hommes et des femmes capables d’être autonomes dans leur vie et leurs engagements. Dans ce cas aussi, il se positionne et définit les options éducatives qu’il défend tout en respectant celles de son association. Dans cette démarche le formateur accompagne les apprentissages, ce qui signifie qu’il « se joint à quelqu’un pour aller là où il va en même temps que lui » (Le Robert). Le formateur est perçu comme celui qui accompagne les personnes dans un processus de changement. Dans toute formation, l’apprenant bénéficie de l’accompagnement d’un professionnel qui joue le rôle de médiateur entre l’environnement et lui, afin que le processus de formation puisse se poursuivre au-delà des obstacles rencontrés. Si l’accompagnement pédagogique vise à terme l’autonomie de l’apprenant, le dispositif d’apprentissage doit fournir des appuis suffisants pour franchir les étapes : imposer une responsabilité à quelqu’un sans que celui-ci possède les moyens de l’assumer est une supercherie. Mais à l’inverse, le formateur ne peut pas se substituer à l’apprenant. Certains préfèrent avoir comme objectif l’exécution d’une copie conforme à un modèle. Vouloir l’autonomie de l’apprenant, ce n’est cependant pas du tout cesser de recourir à un certain nombre de procédures plus ou moins directionnelles. Mais, c’est vouloir que celui-ci, à un moment donné, donne son opinion, fasse entendre ses idées, bien qu’elles ne soient pas nécessairement identiques à celles du formateur.

L’autonomie :

� Réfléchissez à cette affirmation : « L’autonomie ne se donne pas, elle se prend ».

� Qu’est-ce qui est mis en œuvre dans votre formation pour assurer aux apprenants des possibilités d’autonomie (partielle ou totale) ?

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� Le formateur génère des désaccords et le conflit socio-cognitif

Que ce soit par les savoirs qu’il transmet ou par les valeurs qu’il véhicule, le formateur interpelle les apprenants. La formation sans rupture ni conflit est un leurre ou une gigantesque manipulation ! Le formateur vient avec ses idées, avec sa vision de la société, de la science, avec un contenu, une démarche, … Face à lui, l’apprenant a peut-être d’autres vues. Former, c’est déstabiliser le système de connaissances de l’apprenant, ou son système de valeurs pour le mettre face à une autre représentation, ou une autre valeur. Dans toute formation, il est capital de poser les bases d’une confiance réelle, permettant de surmonter les « crises » inévitables et les conflits sociocognitifs Il est, en effet, pratiquement impossible d’arriver à une certaine autonomie sans engendrer un certain nombre de conflits, et il est par ailleurs difficile d’arriver à l’autonomie sans se sentir en confiance.

Le contenu et les participants :

� En formation que choisissez-vous :

� les attentes supposées et exprimées des participants ? � les objectifs assignés ?

� Comment vous assurez-vous que les intérêts des participants rejoignent ceux de la formation ?

� Le formateur cherche l’équilibre entre déstabilisation et sécurité

Si on crée le conflit, ne crée-t-on pas l’insécurité ? Les formateurs cherchent à trouver un compromis entre l’obligation à vivre les conflits et la sécurité nécessaire à l’épanouissement et à l’apprentissage. Pour apprendre à un enfant à marcher, il faut oser le pousser à se mettre debout et à mettre un pied devant l’autre. Cela déstabilise l’enfant par rapport à cet équilibre antérieur qu’était la très sûre marche à quatre pattes. Il en va de même pour la formation. Former, c’est toujours amener l’apprenant à se confronter à des situations beaucoup moins stables que celles qu’il avait envisagées auparavant. Cela peut être menaçant. Par ailleurs, si on protège sans cesse l’apprenant des conflits possibles, il n’apprendra jamais. Il faudra donc trouver un juste milieu entre une difficulté produisant un découragement, et la facilité de l’habitude. Le formateur doit amener à ce nouvel équilibre en alternant les moments de conflits et les moments de soutien.

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c) Le formateur : un acteur au cœur des relations affectives

� Le formateur se situe affectivement par rapport à l’apprenant

La dimension affective de la formation apparaît dans des expressions comme «aimer un contenu de formation », « aimer un formateur », « aimer le groupe des participants ». Même si on tend à séparer affectivité et technicité, une telle séparation reste toujours artificielle. La dimension affective est sans cesse présente et pose des questions d’éthique. Le formateur n’est pas une sorte de surhomme (ou de surfemme) qui sait tout et participe à un ordre moral abstrait. Il apparaît comme quelqu’un qui veut former, qui vise l’autonomie de l’apprenant, qui se situe comme il peut dans la société, qui a des sentiments, une vie personnelle, des points qu’il estime forts ou faibles, qui appartient à un genre, qui fait des erreurs et qui réalise des projets. Il est impossible de participer à la formation d’un être humain en le réduisant en tranches séparées. L’affectif fait toujours partie de la formation. Il est lié au formateur comme aux apprenants. La morale exige de la maturité et du sens éthique dans ces relations affectives. S’il est normal que le formateur se sente flatté (ou irrité) quand on l’apprécie, et bien que ce soit normal qu’il éprouve spontanément des réactions d’attraction (ou de répulsion) à l’égard de certains apprenants ; il est essentiel qu’il maintienne des rapports de justice et d’équité à l’égard de tous les participants.

Le contenu et les participants :

� Imaginez cette situation : Un formateur accueille dans le groupe des formés un participant qu’il connaît bien (un membre de sa famille, un ami, un animateur avec qui il a déjà encadré des enfants…)

� Quelles seraient, d’après vous, les caractéristiques (limites, permission, …) de leur relation au sein de la formation ?

� Imaginez le discours que vous tiendriez à un formateur qui vise la suprématie de l’affectif ou qui use allégrement de la séduction dans ses relations avec les participants en sachant qu’il a, devant lui, des adolescents en recherche d’un modèle, d’un « miroir » .

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� Le formateur se situe affectivement par rapport au contenu de formation

La relation triangulaire - apprenant, formateur et contenu – suppose que des liens étroits se construisent entre eux. Le contenu de formation est un tiers objet auquel le formateur et l’apprenant ont accès, chacun à sa manière, mais que nul ne possède. Par rapport à ce contenu, le formateur a cependant une réelle antériorité puisqu’il en possède une certaine connaissance. L’apprenant approchera le contenu dans son apprentissage de sorte qu’il puisse le connaître, mais de façon personnelle. Dans toute relation triangulaire, le formateur et l’apprenant exercent un certain partenariat : ils ont quelque chose à faire ensemble en vue d’un objectif commun : l’apprentissage.

Même si une éthique de l’éducation peut présenter la relation triangulaire comme un idéal, une certaine identification du formateur au contenu de formation est fréquent. Le tout est qu’elle ne soit pas enfermante et qu'un équilibre soit trouvé dans la relation triangulaire.

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5) La déontologie est l’affaire des contenus et des méthodes

a) Les contenus, des discours idéologiques

Toutes les unités de formation véhiculent des valeurs et des idéologies. En être conscient permet d’éviter de faire passer inconsciemment des valeurs qu’on préférerait ne pas promouvoir. Selon les domaines cependant, les contenus idéologiques peuvent être plus ou moins explicites. Le discours idéologique véhicule une image de la société, son rôle est de légitimer certaines pratiques, de mobiliser les gens et de les motiver. Il est évident que des modules de formation touchant aux choix et orientations pédagogiques, à la gestion de groupe et de conflit, à l’évaluation ou à la déontologie du formateur sont profondément idéologiques. Cependant des modules plus « techniques » véhiculent également des valeurs et des discours idéologiques. Dans ce genre de modules, les apprenants sont parfois plus disposés à croire aveuglement ce qui leur est enseigné, et donc à manifester moins d’esprit critique. En effet dans ces modules plus techniques ou plus scientifiques, les apprenants sont centrés uniquement sur les contenus ; ce qui empêche la prise de conscience de l'existence de contenus implicites, de démarches de formation. Or c’est, le plus souvent, dans l’implicite que l’idéologie passe.

Une unité de formation

� Prener des notes sur l'unité de formation :

� Détailler la technique

� Déceler les aspects explicites et surtout implicites contenu au niveau :

� théorique, � morale, � du contrôle, � de gestion du groupe, � des démarche pédagogique, � …

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6) Les actions pédagogiques, miroirs des options de la société

a) La formation des formateurs touche au moins trois domaines

Un formateur compétent maîtrisera au moins trois domaines : ∗ les contenus de formation ∗ les processus d’apprentissage dans un environnement de formation ∗ les outils d’analyse pour pouvoir construire et évaluer la formation dans

une cadre donné. Nombre de formateurs sont conviés à entrer dans l’équipe de formation sur base de leur maîtrise d’un domaine ou d’un autre. Mais maîtriser un contenu n’est pas le gage d’un bon enseignement de ce contenu dans le cadre d’une formation. Certes, la connaissance disciplinaire est incontournable. Mais elle n’est pas la seule. Les formateurs ont aussi besoin de connaissances suffisantes en psychologie et pédagogie. Les apprenants qui seront face aux formateurs sont des êtres en développement. Les formateurs doivent respecter certains processus d’apprentissage. Certaines dynamiques de groupe forment un groupe qui est bien plus que la somme des individus. La formation n’est pas un projet neutre, elle s’inscrit dans un projet plus large : celui de la vision de la société qu'a l'organisme de formation.

La formation des formateurs demande un bagage approprié aux différentes disciplines abordées, une base en psychopédagogie, et l’appropriation de certains outils d’analyse de la société pour mieux comprendre pour quoi, pour qui, et pourquoi ils se forment.

b) L'établissement d'un programme de formation s'inscrit dans un projet de société

Un programme de formation ne s’organise pas uniquement autour des contenus de formation, mais aussi autour d’un projet de société : que veut-on apprendre aux apprenants, aujourd’hui, dans le contexte qui est le nôtre ? Déterminer un programme de formation est une action politique dans le sens où il s’agit de définir des actions, des normes, des règles du projet de société fixé. Etablir un programme de formation, c’est créer la cohérence entre la volonté, les actions et les réalités de terrain, des caractéristiques des personnes formées (participants et formateurs).

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c) L'évaluation traduit les options et les valeurs de la société

L’évaluation dans la formation est une comparaison entre l’attendu et l’observé. On tire des informations sur les performances ou les compétences d’un individu par rapport à certains critères fixés. Evaluer des compétences, ce n’est pas évaluer des individus, c’ est donner une information à quelqu’un sur ce qu’il est capable de faire. L’objectivité de cette évaluation se fonde sur des critères connus des apprenants et des formateurs. S’il s’agit d’évaluer si c’est un « bon » apprenant la question est différente, elle est subjective, sinon arbitraire car elle se base sur des critères socialement reconnus. Il importe par conséquent de préciser les critères utilisés dans l’évaluation. De plus, on évaluera différemment le progrès lié à une compétence et la valeur absolue de cette compétence. Il est donc important de ne pas mêler différents types de critères, au risque de ne plus s’y retrouver. Il n’existe pas de critère neutre dans l’évaluation. Dans la pratique, les formateurs le savent très bien. Là aussi l’éthique entre en jeu. Car, toute objective que l’évaluation voudra être, elle demeurera cependant en partie subjective. Evaluer, c’est donner de la valeur à quelque chose ou à quelqu’un. Et, même si les critères sont fiables, le lien entre la compétence et le critère est toujours sujet à la subjectivité de celui qui fait ce lien.

Les valeurs de société :

Les critères d’évaluation dans la formation ressortiront du projet de société. Analyser cette société pour connaître ces valeurs, c’est se permettre d’adopter un regard critique sur les critères qui justifient l’évaluation.

� Votre équipe est-elle claire par rapport aux valeurs qu’elle véhicule ?

� Sur quoi portent les critères ?

� Qu’évalue-t-on au bout du compte ?

� A quoi sert l’évaluation que vous pratiquez ?

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Un outil pour se questionner et clarifier ses pratiques de formation en matière de déontologie

Pour garantir la qualité morale, la déontologie du formateur définit le cadre des comportements et des relations directes ou indirectes dans toutes les composantes de la formation. A savoir, toute personne ou tout élément immatériel entrant en jeu dans la formation, tels : - les personnes formées - les formateurs présents à la formation - les autres formateurs qui ne sont pas présents à la formation - le contenu et la méthodologie de la formation - le lieu de la formation - le moment de la formation - les règlements internes aux organisations, tant des formateurs que des formés - les organisations gravitant de façon proche ou éloignée autour de la formation - la société et ses lois Durant une formation, les relations existantes entre chaque composant peuvent se schématiser.

Des pistes de réflexion pour LE FORMATEUR

Pour vous permettre une démarche réflexive, nous vous proposons un panel de questions établies sur des faits rencontrés en formation. Vous pouvez l'enrichir de vos propres expériences. A cet effet, des bandelettes "vides" sont à votre disposition.

Les questions sont réparties en 5 thèmes. Ils sont déterminés en fonction des destinataires. Par souci de lisibilité, chaque thème est présenté dans une couleur différente :

� les formés fiches jaunes

� les contenus et les méthodes fiches bleues

� les collègues formateurs fiches vertes

� les mouvements dont je fais partie fiches oranges

� la loi fiches roses

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• Par rapport aux formés…

� des attitudes physiques, des postures, des gestes qui sont à proscrire en formation ?

� Durant une formation, une participante me ‘colle’ fortement. Elle ne

rate pas une occasion de s’asseoir à mes côtés, de me manger du regard… Que dois-je faire ? Comment réagir ?

� du langage que je vais adopter en formation

� Je suis jeune. J’utilise des « mots de jeunes » : « c’est cool »,

« ouais », « balèze », … Les participants sont beaucoup plus âgés que moi. Ces mots ont-ils une place dans la formation ?

� des croyances, de la culture, des valeurs

� En arrivant à la formation, je fais part aux participants de mon

étonnement. « Pour venir ici, je suis passé par des rues remplies de maisons de passe. Il était neuf heures et, déjà, des clients y entraient. C’est quand même fou, non ? ». Plusieurs participants se disent choqués par mes propos déplacés sur la condition de la femme, de la prostituée, en particulier…

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� du comportements à adopter quand le formateur participe avec le formé à des activités dont la nature est étrangère à la formation ?

� Durant cette formation en résidentiel, le courant passe très bien

avec le groupe, je l’ai tout de suite senti. Comme une des participantes fête son anniversaire la semaine d’après, tout le groupe y est convié. J’y vais. Chouette soirée où la bière et l’ambiance ne manquent pas.

� des comportements à adopter quand le formé appartient à la parentèle du formateur, d'un collègue, d'un supérieur hiérarchique ?

� Françoise, ma chère sœur… Elle participe à une formation au terme

de laquelle lui sera remis un brevet. J’y suis un des formateurs…

� Les confidences entre le formateur et le formé durant ou après la formation ? Du secret professionnel ? De ce que le formateur peut savoir d’un formé ?

� Un jour, pendant la pause, un participant m’a confié qu’il avait de

gros problèmes avec la drogue. Il s’occupe d’enfants… Et il me dit ça, à moi…

� de l’humour ?

� Il m’arrive de lancer des petites blagues ou des bons mots durant

une formation. C’est comme ça, c’est dans ma nature… Or, une fois, après une gentille blague sur les blondes, une des participantes s’est levée, a ramassé ses affaires et est sortie en claquant la porte…

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� de l’autorité ?

� Une fois, j’ai dû m’énerver. Un groupe de participants refusait de

participer à une activité que je proposais sous prétexte qu’ils étaient « crevés ». J’ai eu l’impression d’avoir affaire à des gosses…

�

�

�

�

�

�

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• Par rapport aux contenus et méthodes…

� du nombre de personnes à former ?

� Gros succès pour cette formation. Trop gros, même. Un formateur

pour quarante participants. Comment cela va-t-il tourner ?

� De l'adéquation avec les objectifs à atteindre ?

� Les objectifs de formation sont clairs, précis, irréfutables. Pourtant,

lors de la première journée, un, puis deux, puis cinq, puis dix participants réagissent, sortent du cadre, débordent largement des objectifs initialement prévus. Et certainement pas pour raconter du vent, mais pour faire part, raconter, faire partager. Ils ont clairement des attentes très différentes de ce que la formation peut leur proposer. Tout cela a beaucoup d'importance, et pour eux et pour moi. Comment vais-je faire ? Puis-je me permettre de sortir complètement du champ ?

� De l'adéquation avec la culture du groupe, son niveau socioculturel ?

� J'ai en face de moi des personnes provenant essentiellement de

milieux socio-culturellement défavorisés. Comment vais-je penser ma formation ? Quel langage adopter ? Dois-je privilégier un vocabulaire plus simple et risquer de peut-être les vexer ou ne pas adapter mon vocabulaire et me faire passer pour un "savant", et par là même de les vexer tout autant ?

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� De la méthodologie ?

� Un formateur a-t-il le choix de la méthodologie à adopter ? Doit-il

privilégier la méthodologie ou les personnes à former ? Y a-t-il des méthodologies à proscrire absolument ?

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• Par rapport aux collègues formateurs (de la même organisation, ou d'une autre)…

� De ce que je peux ou dois savoir de mes collègues ?

� S'il existe bien une frontière entre la vie privée et la vie

professionnelle, où se situe-t-elle ? Certains collègues deviennent des amis… Certaines collègues peuvent même devenir des épouses. Où vais-je décider, moi, formateur au sein d'une équipe, de placer la limite ? Où commence la liberté de l'autre ?

� De ce que je peux ou dois dire d'eux ?

� Yasmine et moi-même avons donné une première étape de

formation ensemble. Lors de la deuxième étape, elle est absente car malade. Gravement malade. Des participants me demandent de ses nouvelles, me font part de leurs remarques à son sujet. Comment dois-je réagir ?

� De doutes fondés ou non sur les capacités d'un collègue ?

� X. est bien brave, mais dans son boulot, pardon… Il est loin de

casser la baraque ! Travailler avec lui est une chose bien difficile. Il est tellement incompétent qu'il est quasiment incapable de prendre en charge un groupe tout seul… Faut-il en parler à mon supérieur hiérarchique, sous peine de ne plus pouvoir me regarder dans une glace ? Mais sinon, qu'adviendra-t-il du travail ? Ne met-il pas quelque part notre organisation en danger ? Ne nous fait-il pas une 'mauvaise pub' ?

Outil pédagogique "La Déontologie du Formateur" Page 26

� Emprunt, plagiat de documents, propriété intellectuelle ?

� Lors de la préparation d'une formation, j'ai trouvé un document

absolument extraordinaire. Je la tenais, mon activité en béton qui allait émouvoir les foules. Le seul petit hic, c'est qu'elle provient d'un autre organisme de formation, et que je n'ai absolument pas envie que les futurs formés s'en rendent compte. Tout cela ne ferait pas très bon effet… Alors, dois-je quand même me résoudre à citer la source, ou vais-je purement et simplement m'approprier le document ?

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• Par rapport au Mouvement dont je fais partie…

� De l'image à véhiculer du mouvement (en tant que "vitrine")

� En tant que formateur faisant partie d'un Mouvement, il est

important que je donne une image positive de celui-ci, que je sois en quelque sorte sa "vitrine", tant au niveau de ma présentation physique que de la qualité de la formation que je donne. Il y a sans doute des comportements qui sont à proscrire puisqu'ils terniraient le Mouvement. Lesquels ?

� De l'adhésion à la philosophie, aux valeurs, aux croyances du Mouvement ?

� Chaque Mouvement est empreint d'un esprit, de valeurs qu'il

souhaite véhiculer. Est-ce que moi, formateur de ce Mouvement, j'adhère totalement à ses valeurs ? Suis-je vraiment obligé d'y adhérer à 100 % ? Où placer la limite de mon adhésion, de mon engagement ? Les formations que je donne doivent-elles être elles aussi marquées de cette empreinte ?

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• Par rapport à la loi…

� Du respect de la loi dans le cadre d'une formation ?

� En formation résidentielle, des participants fument des joints. Quelle

doit être ma position ?

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