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k La disparition de Baby Rock

Les Enquêtes du Commissaire Leduc

Michel Chabretout

9.84 627969

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 112 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 9.84 ----------------------------------------------------------------------------

La disparition de Baby Rock

Michel Chabretout

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Il est environ 20h en février 1963, c’est lundi, la

nuit est déjà tombée depuis longtemps, le Commissaire Georges Leduc se trouve dans son bureau situé à Ivry sur Seine, il vient de clôturer un dossier résultant d’un meurtre avec préméditation, pour lequel il a travaillé de nombreux mois avant de pouvoir acquérir tous les éléments permettant d’arrêter le coupable et le condamner, il est fatigué, il écrase sa gitane maïs dans le cendrier, pose la main sur son front, se gratte le cuir chevelu, saisit le téléphone, et annonce à sa femme qu’il sera d’ici une demi-heure rendu auprès d’elle et de ses enfants, le Commissariat est vide, il n’y a plus que le gardien de nuit et un inspecteur de permanence, son subordonné, l’Officier de Police Roger Montlouis est déjà parti depuis plus d’une heure ; il se dirige vers le porte-manteau, met son imperméable et son chapeau, il a toujours un nœud papillon, il est de corpulence assez trapue, il n’est pas très grand, et porte une petite moustache ; ensuite il descend l’escalier, une fois dehors il salue le planton en soulevant son chapeau,

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traverse la rue, porte la main à sa poche, saisit les clefs de sa 203 qui est juste devant lui, il ouvre la porte, met le contact, démarre et prend la direction des bords de Seine, la radio émet un titre de Gilbert Bécaud qu’il adore, il ne pense plus du tout à sa journée, il a hâte de rentrer à son domicile, et savourer une blanquette de veau que lui a préparé son épouse. La circulation est fluide, il y a quelques taxis qui se dirigent sur la capitale, plusieurs piétons sont sur le trottoir cols remontés mains dans les poches, d’autres promènent leurs chiens, des clochards sont sous des abris de bus, leur litre de Préfontaines à la main, sur la Seine, les péniches sont à quai ; il est maintenant sur la Nationale sept pour rejoindre sa maison de Savigny sur Orge.

Georges Leduc a appris son métier sur le tas, tout jeune, il s’est engagé dans la Marine Nationale, en la quittant il est entré dans la Police comme Gardien de la Paix, et ensuite il a passé tous les concours possibles afin de gravir les échelons, pour aujourd’hui être Commissaire de Police, il a étudié des nuits entières les livres de droit pénal, il a participé à de nombreuses arrestations qui lui ont donné sa réputation actuelle ; c’est surtout un homme de terrain, et son grand plaisir est de mettre au point de nombreuses filatures. Il a deux enfants, un garçon de 12 ans, et une fille de sept ans.

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En cours de route, il s’arrête dans un café-tabac près de l’aéroport d’Orly pour y acheter des cigarettes, dans le bar on entend la voix de Trini Lopez qui sort d’un Juke-box, des clients consomment au bar, deux jeunes hommes et une jeune fille sont devant la boîte à musique afin de choisir les nouveaux titres à venir ; tout d’un coup un autre jeune entre en courant dans le bar, se dirige vers les autres, et se met à crier « Baby Rock a disparu, ils viennent de le diffuser sur les journaux », les autres clients n’ont pas l’air d’avoir compris, ni le Commissaire Leduc qui est préoccupé par autre chose, ni le patron du café qui secoue la tête pensant que ce jeune raconte n’importe quoi, ils n’ont pas l’air bien méchants, ils fument pour se donner un genre, et boivent du café, d’autres jouent au baby foot et au flipper, l’ambiance est sympathique, les employés de l’aéroport s’arrêtent avant et après leur service.

Georges en profite pour consommer un Pernod, et reprend la route, il arrive bientôt chez lui, sa femme lui a ouvert le portail, il rentre son véhicule, le chien remue la queue et tourne autour du véhicule en jappant, ce qui se traduit par un bonjour ; il fait froid, il apprécie de rentrer au chaud, la bonne odeur de la blanquette parfume la cuisine, ses enfants lui sautent au cou et sa femme lui sert un Dubonnet. Malgré ce bon moment de détente, il se rend compte que ses enfants sont un peu tristes, il leur dit « alors, qu’est ce qui se passe, vous n’êtes pas content de me voir, j’ai été

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très occupé ces derniers temps, mais je vous promets que je pose un jeudi pour vous emmener au cinéma voir ensemble le dernier film avec Louis De Funès », son fils lui répond « papa c’est grave, Baby Rock a disparu », Georges sursaute en s’exclamant :

– Mais qu’est-ce que c’est cette histoire, je viens d’entendre cela, il n’y a pas un quart d’heure ! qui c’est cette fille ?

– Baby Rock, c’est la chanteuse yéyé, qui vient de faire une nouvelle chanson, ils ont dit à la télévision qu’elle devait chanter dans une émission à la radio, et n’elle n’est pas venue, tout le monde la cherche.

– Ha bon ! je ne connais pas, mais cela ne doit pas être bien grave, car des fois les chanteurs sont comme nous, ils ne font pas toujours ce qu’ils veulent, allez regarder la télévision un peu, et après au lit pour être en forme à l’école demain.

Georges passe à table, son épouse s’assoit en face de lui, et il dit calmement tout en dégustant son potage :

– Je ne comprends pas, je traite sans arrêt des affaires criminelles, et j’ai quand même du mal à admettre que l’on puisse attacher de l’intérêt à des affaires aussi banales.

– Je sais Georges, mais ce sont des gamins, c’est l’époque des yéyés, c’est tout nouveau pour eux, ils n’arrêtent pas depuis hier de parler d’elle, et pendant ce temps là ils ne font pas de bêtises.

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– Oui, tu as peut être raison, mais à mon avis, c’est juste un coup de publicité.

Après le repas, pendant que sa femme range la cuisine, Georges fait deux ou trois figures sur la maquette de bateau qu’il a entrepris ; pour lui, c’est une façon de se détendre, ensuite sa femme vient le rejoindre dans la salle à manger, elle tricote, et tous les deux discutent pendant prés d’une heure, pour les grandes vacances, ils ont envisagé de descendre sur la côte Basque, après avoir fait une étape chez la tante de Georges qui réside en Charente Maritime, tous les ans, ils vont lui rendre visite, elle détient une très grande maison avec beaucoup de dépendances, elle possède également un étang au fond du jardin, c’était le plaisir de son défunt mari qui était un grand pêcheur, tout le produit de sa pêche était reversé dans son étang, et pas question d’y toucher. Le soir il se promenait autour, et leur donnait du pain, il y avait aussi une mare aux grenouilles, un très grand potager, et un poulailler ; pendant les vacances, les enfants s’amusaient dans toute cette grande propriété, où ils pouvaient jouer à cache-cache en passant beaucoup de temps avant de se retrouver ; dans une des dépendances, il y avait une vielle Citroën Trèfle qui appartenait à leur oncle, les enfants s’enfermaient pendant des heures entières dans cette voiture, et s’imaginaient traverser la France entière ; leur tante ne voulait pas la vendre, et la gardait en souvenir de son mari, de plus c’était un modèle très spécial retenant

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une carrosserie peu commune ; Madame Leduc adorait cette automobile car lors de son mariage, les époux avaient utilisé ce véhicule pour se rendre à la Mairie et à l’église, leur oncle avait aussi, une Traction pour partir en voyage, et la Trèfle lui servait à se rendre à son lieu de pêche, il possédait une petite cabane au bord d’un étang, pas très loin du Marais Poitevin, et y restait plusieurs jours quand il ne travaillait pas. Il était ingénieur aux ponts et chaussées, et avait tracé beaucoup de routes aux environs. Quand la famille Leduc venait, les enfants allaient directement à la ferme d’à côté rejoindre leurs copains, et leur joie était de monter sur les tracteurs, allez dans les champs, soigner les bêtes, ils étaient plus heureux qu’à la ville où ils habitaient, ils allaient cueillir des mûres dans le chemin d’en face, de temps en temps les parents les emmenaient à la plage, Georges faisait de bonnes parties de pêche, et quand il pleuvait il ramassait les escargots.

A Savigny sur Orge, il a neigé une partie de la nuit, et la nappe blanche rajeunit le paysage. Georges est levé, il se rase, et les enfants déjeunent avant de prendre le chemin de l’école, leurs parents leur demandent de faire très attention pour ne pas glisser, car l’organisation d’une bataille de boules de neige doit naviguer dans leurs cerveaux ; Georges rencontre des difficultés pour sortir de sa cour qui est dans une forte montée, alors il descend à la cave pour récupérer les cendres de la chaudière, afin de les étaler sur le

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trottoir, puis notre Commissaire prend la direction du commissariat d’Ivry sur Seine, la route est un peu difficile mais il redouble d’attention, il fait en sorte de placer ses roues dans les endroits, où d’autres véhicules sont déjà passés.

Une fois rendu sur son lieu de travail, il dit bonjour aux gardiens de la paix qui sont affairés à diverses tâches, prend l’escalier, et entre dans son bureau, son adjoint Roger Montlouis est déjà au travail, le téléphone à l’oreille et la cigarette au bout des lèvres. Georges dépose son chapeau, et il a encore sur imperméable sur le dos, qu’un gardien de la paix frappe à la porte et entre, il s’adresse à Georges, et l’informe :

– Bonjour Monsieur le Commissaire, Baby Rock a disparu !

– Oui je sais, je n’entends que ça, mais vous commencez à me courir sur le haricot, tous avec cette nouvelle plus ou moins fantaisiste.

– Mais vous savez, c’est Martine Ducros, la fille du brigadier Ducros, il est du Commissariat voisin, elle n’est pas rentrée chez elle depuis deux jours, c’est la nouvelle idole des jeunes !

L’inspecteur Montlouis, répond en s’adressant à Leduc :

– Ha oui, j’ai entendu parler de ça, elle est bien la petite, elle a de l’avenir.

– Mais bon sang, qu’est ce que vous voulez que je fasse, ce n’est pas de notre ressort.

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Le gardien de la paix regarde Georges en lui disant :

– Le brigadier Ducros souhaiterait que vous vous occupiez personnellement de cette affaire, et je lui ai dit que vous alliez le faire.

Gorges furieux, le regarde : – Ha bon, car c’est vous qui établissez mon

planning maintenant ? – Non, mais comme le brigadier Ducros est mon

ancien chef, je n’ai pas osé lui refuser, et il est dans le couloir, il attend.

– Bon allez me le chercher, et pendant que vous y êtes préparez moi mon emploi du temps de la journée (lui dit-il sur un ton ironique).

Ducros entre, et Georges le fait s’asseoir. – Alors brigadier racontez moi un peu, cette

histoire de disparition. – Ma fille est devenue une idole, et elle a déjà fait

plusieurs enregistrements dont des tubes, elle a déjà plus de vingt chansons à son répertoire, c’est une vedette, quoi.

– Oui ça, je le sais, mais ensuite ? – Bien figurez vous qu’elle rentre tous les soirs à

la maison, et depuis samedi, elle n’est pas rentrée, ma femme et moi sommes retournés.

– D’accord, mais ce n’est pas de notre ressort, il faut contacter la section de recherches dans l’intérêt

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des familles, et si vous pensez à un enlèvement, il faut déposer une plainte.

– Mais, j’ai porté plainte. – Bon, vous n’avez aucune idée de l’endroit où

elle peut-être, chez des copains, ou peut-être partie avec un petit ami, elle a quel âge votre fille ?

– Dix-neuf ans, je la connais ma fille, elle nous aurait prévenu, ce n’est pas son habitude de ne rien dire.

– Elle est partie comment ? – En voiture ! – Avec la vôtre ? – Non avec la sienne, moi j’ai un vélo. – Attendez, est-ce que vous avez des éléments précis

qui vous permettent de penser à un enlèvement ? – Ben non ! – Bah pourquoi vous avez déposé une plainte, je

ne comprends pas. – C’est Monsieur Berjac qui me l’a conseillé. – Qui c’est ? – C’est le patron de ma fille, son manager quoi,

vous savez depuis qu’elle est devenue idole, je n’ai plus mon mot à dire à la maison.

– Je vais lui téléphoner à ce Berjac, je ne sais pas de quoi il se mêle, où peut-on le joindre ?

Ducros lui donne l’adresse, et le numéro de téléphone, Georges se lève, se dirige vers le téléphone mural, compose le numéro, et pense en lui-même que ce pauvre brigadier est complètement dépassé, qu’il se