fiche de Mme RÉALINI – professeur de lettres au lycée Descartes – 78180

la DESCRIPTION dans un texte La description (pour un objet) ou le PORTRAIT (pour un personnage) est un mode d'énonciation qui cherche à représenter l'objet ou la personne par l'énumération de ses propriétés, de ses caractéristiques. Le texte descriptif est reconnaissable à un certains nombre de traits. Il intervient souvent à l'intérieur du texte narratif, pour l'étayer, ou l'expliquer. Il donne à voir un objet (ou un personnage) soit à un moment précis, soit dans son aspect immuable.

1. les caractéristiques de la description : Ces caractéristiques communes ne sont pas obligatoirement toutes présentes, mais dans une description, on en trouvera néanmoins plusieurs : - arrêt ou ralentissement du récit : la succession des faits s'interrompt pour porter un regard approfondi sur un objet / un personnage. - emploi de verbe d'état plutôt que de verbes d'actions - emploi du présent "duratif" (= de description) ou d'imparfait - présence d'expansion du nom, sous forme de :

adjectifs qualificatifs groupes nominaux en fonction COD, ou attribut, ou complément de détermination propositions subordonnées relatives (qui fonctionnent comme un adjectif) ou circonstancielles (de cause, manière, comparaison… ) - présence de figures de style d'analogie, telles que la comparaison, la métaphore…

2. les "signaux" de la description : Dans un récit, certains "signes" peuvent laisser à penser qu'une description va suivre : - la thématique de la première rencontre, de la découverte - la thématique du regard, ou les verbes de perception - la thématique du voyage, du déplacement - l'emploi de connecteurs spatio-temporels → à droite, à gauche, devant, derrière… → or, pendant ce temps-là (qui annonce une pause)

3. la structure de la description : Il est toujours intéressant de mettre en évidence, et de commenter la composition, la logique, l'ordre que suit la description (ex : de haut en bas ; ou de dote à gauche ; ou du premier plan à l'horizon ; ou autre…) parce que c'est souvent révélateur d'une intention. Voir aussi (et commenter, naturellement !) par quel détail l'auteur commence ; celui par lequel il finit ; celui sur lequel il insiste, qu'il met en valeur. On peut aussi remarquer, s'il y a lieu, ce qu'il évite de dire, passe sous silence, si cela a un intérêt.

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Enfin, toutes les images employées, notamment les métaphores et comparaisons, sont souvent intéressantes à analyser et à commenter.

4. l'aspect évaluatif de la description A côté du caractère énumératif, la description présente aussi un aspect évaluatif → elle renseigne sur ce que pense celui qui décrit. Il faut être attentif au(x) :

- modalisateurs divers [ pour savoir ce que c'est consultez la fiche 53 sur l'énonciation ]

- champ lexical mélioratif ou péjoratif

- images (comparaisons, métaphores...) [ consultez la fiche 52 sur les figures de style ]

- registre employé, notamment ironique [ consultez la fin de la fiche 55 sur les procédés

de l'argumentation ], qui présente par exemple sous une apparence favorable ce que le

locuteur veut en réalité déprécier, critiquer… (ex : le chapitre 1 de Candide de Voltaire)

On peut distinguer : - l'évaluation sociale, qui cherche à sonner une idée de la place, du rang, dans la société - l'évaluation morale ou éthique, qui porte un jugement de valeur sur le bien ou le mal - l'évaluation psychologique, qui cherche à donner une idée du caractère d'un personnage, ou de son histoire, de sa formation, de son évolution… Elle peut parfois s'organiser comme un récit, avec retour en arrière dans le passé du personnage, explication de son comportement… ou donner lieu à une analyse, avec des commentaires du descripteur. - l'évaluation esthétique, qui porte sur le beau ou le laid - l'évaluation de plaisir ou de déplaisir (dite euphorique ou dysphorique) qui cherche à faire partager au lecteur le sentiment de celui qui le décrit / contemple l'objet ou le personnage décrit. La technique dite du "paysage-état-d'âme" est devenue courante

depuis les Romantiques… le paysage est censé refléter ce que ressent le héros.)

5. les enjeux / fonctions de la description La description peut occuper des fonctions diverses au sein d'un ensemble narratif : - une fonction ornementale ou pittoresque : elle se présente comme un "tableau", et a essentiellement un intérêt esthétique… ou amusant, anecdotique (ex : la célèbres description de "monocles", chez Proust dans Du Côté de chez Swann) - une fonction documentaire et/ou explicative : elle informe le lecteur sur un milieu, une époque, dont il n'est pas familier. A ce titre, on la retrouve aussi bien dans le roman historique (chez Alexandre Dumas…) que le roman réaliste ou naturaliste (chez Zola, qui enquêtait de façon très précise sur les métier et les milieux de ses personnages…) - une fonction psychologique, pour faire comprendre le caractère du personnage, par la description de son habitat, de sa tenue… (on trouve souvent cette fonction chez Balzac, qui aime décrire longuement le cadre de vie de ses personnages… Penser aussi à la description de Julien Sorel sur son rocher, dans Le Rouge et le Noir de Stendhal…)

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- une fonction métaphorique ou symbolique : au-delà de l'objet ou du paysage décrit, elle veut évoquer autre chose (ex : dans Le Lys dans la vallée, de Balzac, la description du château, au début, est en fait une métaphore de l'amour…).

6. le PORTRAIT C'est un cas particulier de la description, car un être humain, fictif ou réel, est beaucoup plus complexe que les choses, les objets : plus varié dans ses aspects, plus mobile dans le temps, plus engagé dans ses actions… On peut distinguer : - le portrait fixe (en 1 seule fois, avec arrêt de l'action) - le portrait fragmenté (étalé dans le temps, par reprises successives) - le portrait en action (qui insiste surtout sur paroles et actions du personnage).

Il n'est pas seulement physique, mais aussi et surtout psychologique, moral et social. Il est généralement : - "cadré" ( étudier dans quel décor, quel milieu apparaît le personnage),

- "orienté" ( étudier les mouvement et éclairages), - souvent "découpé" (étudier l'ordre des divers éléments décrits).

Il se compose de références à des formes, à des couleurs, met en valeur des harmonies ou des ruptures qu'il faudra dégager et commenter.

Inévitablement successif, voire "impressionniste" (comme en peinture) il procède par petites touches qui s'accumulent, et il est construit de façon à amener le lecteur vers une conclusion naturelle, ou au contraire une surprise, une "chute".

Il est très souvent évaluatif, voire subjectif → il importe donc de bien déterminer qui regarde = par quel personnage est fait le portrait, car ce dernier révèle autant de choses sur celui qui regarde que sur celui qui est décrit (ex : le portrait de Mme Arnoux par Frédéric dans L'Éducation sentimentale de Flaubert…)

Un cas particulier : les portraits symboliques que fait La Bruyère dans ses Caractères. Chaque portrait est représentatif d'un type, d'un défaut, d'un travers que l'auteur veut décrire et critiquer, et non pas d'une personne ou d'un individu.