La déformation des continents vue par la géodésie...
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La déformation des continents vueLa déformation des continents vuepar la géodésie spatialepar la géodésie spatiale
Jean-Mathieu NocquetJean-Mathieu Nocquet
CNRS - UMR Géosciences AzurCNRS - UMR Géosciences AzurSophia Antipolis Sophia Antipolis - France- France
LE COMPORTEMENT NON-RIGIDE DES DOMAINES CONTINETAUX
• 15% de la surface du globe ne se comporte pas de manière rigide
• Parmi ces 15%, les domaines continentaux constituent la majorité
• Dans ces domaines la déformation pénètre le domaine intracontinental de plusieurs
milliers de kilomètres
LE COMPORTEMENT NON-RIGIDE DES DOMAINES CONTINETAUX
• La distribution de la sismicité le
long de la frontière de plaque
AFRC/EURA & ARAB/EURA, la
déformation devient de plus en
plus diffuse à mesure que des
domaines continentaux sont mis en
jeu
• Ce résultat est vrai à la fois
pour les zone en raccourcissement
(Iran), extension (Rift Est
Africain), décrochement (Anatolie)
POURQUOI ?
• Continents
- Croûte mince (10-20 km) avec une épaisseur sismogène de ~15 km
- Manteau lithosphérique (80-100 km) qui se déforme par fluage
- l’échelle des structures topographiques majeurs (chaînes de montagne, plateau,
basins) de 10-100 km suggère que la déformation est lithosphérique et donc dominé par
le fluage de la partie inférieure de la lithosphère
- Contrainte déviatorique max : 100 MPa
- faible densité; fort contraste d’épaisseur crustale => forces > résistance
• Océan
- Croûte très mince < 10 km
- Séismes jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres
- Contrainte déviatorique : >> 100 MPa sur une grande profondeur
- forces < résistance lithosphérique
• Description de la déformation• micro-plaque ? (Tapponnier, IPG Paris)
• fluide ? (England, Oxford)
• intermédiaire (Thatcher, USGS)
RESISTANCE DES LITHOSPHERES OCEANIQUES ET CONTINENTALES
Résistance de la lithosphèreen fonction de la profondeur
Résistance moyenne (intégrée surune colonne) de la lithosphère
Océan
Continent
LES MECANISMES DE LA DEFORMATION CONTINENTALE : UN DEBAT EN COURS…
Description de la déformation• déformation localisée , failles lithosphériques : IPG Paris (P. Tapponnier)
• Bloc rigide, propagation de fracture, blocs élastiques
• déformation fluide, faille crustale : Univ. Oxford (P. England)
• fluide visqueux
• bloc avec déformation interne : USGS (W. Thatcher)
La géodésie contribue très activement à ce débat
APPORT DE LA GEODESIE A LA COMPREHENSION DE LA DEFORMATION DESCONTINENTS
La géodésie fournit :
•les conditions cinématiques aux limites des systèmes de déformation étudiés
•Un moyen de tester l’hypothèse de bloc rigide
•Une estimation de la vitesse des failles et donc un outil pour comprendre leur
rôle dans la déformation régionale
•Une estimation du champ de déformation, que l’on peut comparer à la
sismologie, le relier aux forces responsables de la déformation
LE CHAMP DE VITESSE EXPRIME DANS LE REFERENTIEL GLOBALE ITRF2000
• Au premier ordre, le champ
de vitesse indique le
mouvement de la plaque
Eurasie dans un référentiel
global
•En Europe, il est de l’ordre
de 23 mm/an vers le nord-est
•Pour en faire une
interprétation tectonique, il
faut exprimer les vitesses
dans un référentiel pertinent
: l’intérieur stable de la plaque
Eurasie
LA DEFINITION DU REFERENTIEL EURASIE STABLE
1.
Recherche d’un sous-ensemble rigide(carrés rouges)=> (0.3 mm/an)2.
Test de cohérenceavec le sous-ensemblerigide (carrés blanc)=> (0.4 mm/an)
Des vitesses résiduellessignificatives sont trouvées :
-En Scandinavie-Dans le domaine méditerranéen
DEFORMATION EN SCANDINAVIE : LE REBOND POST-GLACIAIRE
• Le poids de ces glaciers génère un écoulement visqueux
dans le manteau et une déflexion de la surface terrestre
• En Europe, depuis 22 000 ans, les glaciers permanents
fondent
• En conséquence, la Scandinavie remonte lentement (rebond
post-glaciaire)
• Temps de relaxation =
viscosité / module de cisaillement élastique
1021/1010 s ~ 104 ans
• Depuis plus 1 Ma, le climat de la
Terre est soumis à une alternance
d’épisodes de
glaciation/déglaciation
• Pendant les périodes glaciaires,
les parties nord des continents de
l’hémisphères nord sont recouverts
de glaciers immenses
• surrection en Scandinavie ~ 1 cm/an
• Le nord de l’Europe continentale (sud de la Scandinavie) est en subsidence
• La vitesse de subsidence maximale est de ~1.5 mm/an aux latitudes 50.5-53°N
• La subsidence n’est plus détectée à partir de ~45°N
RESULTATS DU RESEAU GPS EUROPEEN : VERTICAL
• Au sud de la Scandinavie, l’axe principal compressif est systématiquement dirigé vers le centre du
golf de Botnie
• Au sud de la latitude 52°N, on ne détecte plus de déformation significative (à la précision des
observations)
• On peut donc définir l’intérieur stable de la plaque Eurasie en Europe à partir des sites géodésiques au
sud de cette latitude
VITESSES HORIZONTALES : COMPARAISON GPS/MODELE
Prédiction du modèle Milne et al., 2001Vitesse et tenseur de déformation GPS
MAIS … LA MICRO-PLAQUE SUD-EGEENNE SE DEFORME
Armijo et al., 1992
Faille de Sparte, Péloponnèse, Grèce
Faille de Gérolimenas,Sud Péloponnèse,Grèce
• Idée :
• cette extension est liée à la fin de la subduction
de la lithosphère océanique africaine
•La lithosphère continentale – plus difficile à
subducter – provoque un écrasement du domaine sud
égéen et donc de l’extension parallèle à l’arc
LA PROPAGATION DE LA FAILLE NORD ANATOLIENNE
Décalage de 85 km sur 6 Ma Propagation de la faille nord anatolienne
Armijo et al., 1999
• Idées :
• La géodynamique de la Méditerranée orientale est contrôlée par la propagation de la faille nord
anatolienne + subduction hellénique
•Pendant des millions d’années, l’Anatolie à été comprimée et une fracture s’est alors propagée qui
libère l’énergie élastique emmagasinée
•La lithosphère continentale reste élastique sur des dizaines de millions d’années
MODELE ELASTO-PLASTIQUE DE LA MEDITERRANEE ORIENTALE
• La déformation est modélisée par l’extrusion du bloc anatolien
• La subduction est un bord libre (faible résistance)
• La force motrice est le mouvement de l’Arabie qui agit comme un poinçon
• On étudie la propagation des fractures
UNE AUTRE TECHNIQUE GEODESIQUE : L’INTERFEREROMETRIE RADAR (InSAR)
Par interférométrie, on calculla différence de phase Dfentre les deux trajets
700
à 80
0 km
z(y) = f (h, B, a, q, Df )
Connaissant très précisémentles orbites, on obtient h, B, a, q
Altitude moyennée sur un pixelde ~20 m de diamètre au solpour ERS (résolution spatiale),avec une précision de quelquesmètres
Si on veut retrouver le déplacement du sol, il faut connaître a priori la topographie(sinon ce que l’on mesure c’est une topographie « faussée » par le déplacement du sol).Connaissant a priori z(y), on peut calculer le Df que l’on devrait avoir en l’absence dedéplacement du sol. L’écart de déphasage par rapport à Df est une mesure dudéplacement du sol selon la direction sol-satellite.
L’INTERFEROGRAMME
Entre les deux passages, lesvariations de position relativedes points à l’intérieur d’unpixel doivent être inférieures àla longueur d’onde radar, sinonla cohérence est perdue pour cepixel
Si un déplacement régional seproduit en surface, avec ungradient suffisamment faible, lacohérence peut être maintenue àl’intérieur des pixels. On peutalors obtenir le déplacement dusol dans la direction sol-satelliteavec une précisioncorrespondant à une fraction delongueur d’onde (qq mm)
LE MODELE DU REBOND ELASTIQUE
• La déformation co-sismique peut-être bien modélisée par un modèle de dislocation dans un
demi-espace élastique
• Cette déformation correspond au déficit de glissement sur le plan de faille accumulée
pendant la période inter-sismique
LE MODELE DU REBOND ELASTIQUE
• La déformation co-sismique peut-être bien modélisée par un modèle de dislocation dans un
demi-espace élastique
• Cette déformation correspond au déficit de glissement sur le plan de faille accumulée
pendant la période inter-sismique
• Les déformations mesurées par GPS sont donc contaminées par la contribution élastique
(et donc non-long terme) des failles bloquées
•Il faut donc prendre en compte cette information dans la modélisation du champ de
vitesse GPS
• Pôle d’Euler estimé à partir :
• des vecteurs glissements des séismes
• des données géodésiques
LA CINEMATIQUE DE LA MICRO-PLAQUE ADRIATIQUE
Calais et al., 2002
DYNAMIQUE DES ALPES OCCIDENTALES
Jean
-Mat
hieu
Noc
quet
- F
ebru
ary
5, 2
002
Delacou et al. (2003)
DYNAMIQUE DES ALPES OCCIDENTALES : MODELISATION SIMPLE
Quelle est la contribution relative
au champ de déformation des
forces tangentielles et des forces
de volume dans un contexte de très
faible convergence ?
Modèle : plaque mince, rhéologie
visqueuse non-linéaire pour la
lithosphère
Jean
-Mat
hieu
Noc
quet
- F
ebru
ary
5, 2
002
EXEMPLE DE DEFORMATION POST-SISMIQUE
• Séisme de Sanriku-Haruka-Oki, Japon 1994, Mw=7.5
• La déformation post-sismique représente 25-40% du signal cosismique
APPORT DU GPS A LA COMPREHENSION DU CYCLE SISMIQUE
• le GPS permanent
• grâce à sa résolution temporelle et à sa précision
• permet de suivre l’accumulation de déformation au cours du cycle sismique
• Complémentaire d’autres techniques :
• L’étude de la rupture est généralement réalisée à partir des données sismologiques et
de la trace de rupture du séisme en surface (si elle existe)
• Mais les mesures GPS sont discrètes
• l’InSAR apportent une information continue de la déformation
• Les observations continues remettent aujourd’hui en cause le modèle élastique simple du
cycle sismique
• Elaboration d’un modèle du cycle sismique prenant en compte les déformations asismiques
Le GPS
CONCLUSIONS
• permet d’obtenir une image instantanée des mouvements à la surface de la Terre
• a permis de découvrir de nouveaux modes de déformation
Il repose sur des services scientifiques
• IGS (orbites, stations mondiales)
• IERS (rotation de la Terre, système de référence terrestre)
• collaboration astronomes, géodésiens, géophysiciens