LA CPES : UN JOYAU DE LA COMPAGNIE DES CLASSES PREPARATOIRES DU LYCEE MILITAIRE D’AUTUN

Créée le 1er septembre 2008, la Classe Préparatoire à l’Enseignement Supérieur (CPES – année préparatoire) accueille en ce moment les étudiants de sa IXe cohorte. Elle entre aussi dans sa Xe année. C’est certes peu au regard des 130 années du Lycée Militaire d’Autun, mais c’est aussi la preuve que ce dispositif tant décrié à sa création, qui s’insère entre la terminale et la première année de classes préparatoires aux Grandes écoles, a su s’imposer. À Autun, se sont succédé les classes Alpha, Bravo, Charlie, Delta, Easy, Fox, Golf, Hawk, Iéna, au sein de la seule CPES voie économique des six lycées de la Défense. Les enseignements sont articulés autour de toutes les matières que les étudiants retrouveront en première année de classes préparatoires, avec une progression, des conseils méthodologiques permettant à chacun de combler ses lacunes tout en apprenant à s’organiser dans son travail scolaire. La CPES – année préparatoire s’adresse à un public ciblé, celui des jeunes bacheliers, boursiers de l’enseignement supérieur, conscients des progrès qu’ils ont encore à accomplir avant de se confronter à leurs deux années de classes prépas. C’est leur histoire, celle de ces neuf cohortes, que ce reportage commenté relate, afin d’en découvrir le fonctionnement et les principales caractéristiques.

La classe CPES – Année préparatoire possède un passé riche en participations à des commémorations et cérémonies patriotiques. Les valeurs qui ont justifié sa création et qu’elle porte - rappelons que la CPES a été créée dans le cadre du plan ministériel Égalité

des chances - expliquent pourquoi, au sein de la Compagnie prépas, elle a été si souvent choisie pour représenter le Lycée Militaire d’Autun (LMA). L’année 2010 a été la plus intense, qui a vu les classes Bravo et Charlie se rendre à Paris, Lyon et Billom, dans le cadre des célébrations du centième anniversaire de l’association des Anciens Enfants de Troupes. La cérémonie de Lyon a laissé le souvenir le plus fort. Seule sur les rangs, la CPES a dû constituer à la hâte la garde au drapeau du LMA. Malgré l’absence d’entraînement et la découverte de l’exercice, les regards en disent long sur la ferme volonté de représenter au mieux leur Lycée. Masqué par son drapeau, l’étudiant Stevie, malgré le vent, malgré la pluie, le tient fermement. Deux ans plus tard, il sera reçu au Concours de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Stevie n’avait été retenu par aucune classe préparatoire. Seule la CPES du LMA lui a ouvert ses portes, donné sa chance.

Après Lyon, ce fut Paris et la remontée des Champs-Elysées. Si l’exercice est courant pour les collégiens du LMA, il est inédit pour une classe de la compagnie Prépas. Sous la conduite de son chef de section, l’adjudant-chef Pouzol, à qui ce dispositif doit tant, la CPES – année préparatoire Bravo, ferme le défilé des élèves d’Autun venus participer au ravivage de la flamme, sur la tombe du soldat inconnu, en présence du général d’armée Cuche.

À la classe Charlie de prendre le relai, dès son arrivée à Autun, en septembre 2010, pour former le défilé qui accompagnait l’inauguration de la rue des Anciens enfants de troupes, située le long du lycée militaire d’Autun. Pour eux, l’exercice est nouveau. Ils ne sont arrivés que depuis quelques jours et, pourtant, l’allure, le chant et le pas sont impeccables.

La fierté de faire partie de la Garde au drapeau du Lycée incite à se dépasser scolairement. En effet, sont choisis pour y figurer les trois meilleurs éléments des classes d’ECO1 et MPSI. Cette photo est rare car elle déroge à la règle le temps d’une cérémonie. Le président de l’association des étudiants des classes préparatoires, l’étudiant Augustin, devant prononcer le discours du baptême de promotion de cette cohorte, il a fallu le remplacer. Et ce sont donc quatre Éco1 qui se retrouvent dans la garde, tous issus de la classe de CPES – année préparatoire Bravo. Stevie a transmis le drapeau à Pierre. Nous retrouverons Emmanuelle quelques photos plus loin. Ils ont tous deux intégrés Saint-Cyr. Baudouin, admissible à deux reprises, n’y est pas parvenu, mais il sert maintenant son pays comme sous-officier dans les troupes aéroportées.

Décidément, les Anciens enfants de troupe et la CPES – Année préparatoire voient leur route se croiser régulièrement. À l’instigation du général Desroche, et afin de préparer les cérémonies de baptême de la future promotion Maquis de l’Ain, une délégation du LMA a participé aux dépôts de gerbes qui ont jalonné cette journée de juin. Au LMA, la mémoire des combats dans lesquels les élèves de l’EMP d’Autun se sont distingués, par leur courage et leur abnégation contre l’occupant nazi, reste intacte. C’est avec émotion qu’ils sont allés se recueillir sur la tombe de leur glorieux ancien, Bernard Gangloff, mort pour la France au cours d’un de ces engagements. Outre le bureau de l’association des étudiants des classes préparatoires, cette photo réunit la classe de CPES – Année préparatoire Delta et la garde au drapeau. L’étudiant Clément, porte-drapeau, est issu de la CPES précédente, les Charlie. Il est aujourd’hui Lieutenant dans l’armée de Terre. Outre le général Desroche, sont présents, parmi les autorités, le porte drapeau de la section locale des AET, ainsi que le général Baudel, actuel président national de l’Association des Anciens Enfants de Troupe. Quant au drapeau de la section d’Autun des AET, il est porté par l’étudiant Jérôme, lui aussi passé par la CPES. Il a poursuivi ses études dans une belle école de commerce, celle de Rennes.

Le regard est martial. C’est celui de l’étudiante Laurène, de la CPES – Année préparatoire Easy. Ancienne rugbywoman, elle a gardé de ses pratiques sportives un caractère affirmé. Mais c’est aussi et d’abord une excellente élève, ce qui lui a permis de se voir attribué, sur la base de ses résultats scolaires, le fanion de la Compagnie prépas, dont la flamme est cachée par les plumes du Casoar d’un Saint-Cyrien. Admissible à Saint-Cyr, Laurène poursuit de belles études en magistère ingénieur économiste à la Aix-Marseille school of economics, où elle a d’ailleurs retrouvé Marie-Cathy, une autre ancienne CPES, de la classe Fox.

Une belle photo de famille, celle de la CPES – Année préparatoire Hawk, commandée par l'ADC Ménissier, devant le château de Sully, où se déroule traditionnellement la cérémonie de baptême de promotion des 2e année et de remise des bérets pour les 1re année et les CPES. C’est bien le signe que la classe est pleinement intégrée à la Compagnie Prépas. Au moment de la créer, en 2008, il a fallu réfléchir à lui trouver une place. Bacheliers, les CPES ne sont plus des lycéens. Ils risquaient de se retrouver dans un espace interlope. Le Chef de corps et le proviseur de l’époque, le colonel Duchon et Frédéric Battlle, ont décidé d’associer pleinement la classe à la Compagnie Prépas. L’intégration aurait pu être compliquée, en perturbant des pratiques anciennes. Mais c’est en toute harmonie que la CPES a trouvé sa place et il semble impossible, au terme de ces dix années, d’imaginer la Compagnie Prépas d’Autun sans sa CPES. Nous verrons d’ailleurs que, sur bien des aspects, elle en constitue la colonne vertébrale.

Le contraste avec le document précédent n’est que météorologique. L’esprit est le même. La première CPES n’a pas laissé beaucoup de traces dans les albums photos. C’est dommage, car il ne suffisait pas de décider que la CPES devait appartenir pleinement à la Compagnie Prépas pour que le greffe prenne. Chanteur remarquable, l’étudiant Quentin, alors président de l’association des étudiants des classes prépas, ne donne pas le la, enfin, pas cette fois, où plutôt si, mais sous forme de métaphore. Il prononce le discours de remise des bérets. Deux années plus tôt, il fut un des fondateurs de la CPES, ayant été un membre actif de la classe Alpha. Il fallait bien du caractère, voire de la témérité, pour confier ses études à cette classe nouvelle, au contenu et aux objectifs inconnus. Quentin fut de cette trempe. À lui, à ses camarades de classe, la CPES d’aujourd’hui doit beaucoup, voire presque tout, notamment sa reconnaissance et sa considération. Quentin a été admissible à l’ESM. Il a poursuivi de belles études en École de commerce, à la SKEMA, et s’est particulièrement impliqué, comme d’autres anciens CPES, dans l’ONG Nuevo destino. Tout au fond, un béret vert, un légionnaire, le Lieutenant-Colonel Boyer, ancien Second du LMA qui s’est pris de sympathie et d’affection pour cette classe originale, au point de l’accompagner dans ses sorties, jusqu’à Paris. Celle-ci, en retour, a fait partie de ses auditeurs les plus fidèles lors de ses conférences à Autun. À ses côtés, parmi les autorités, le général Le Blavec représente les Anciens enfants de troupe d’Autun. Quelques années plus tard, son petit-fils, Guillaume, actuellement en master pour pouvoir intégrer l’ESM sur titre, a rejoint la CPES Easy. Népotisme ? Non, des valeurs communes qui traversent les générations.

Grand-père AET, petit-fils CPES. Mais aussi, signe de confiance, malgré les balbutiements initiaux et quelques crises de croissance, des fratries, plusieurs fratries. L’étudiant Tennessee Stephan vient de devenir, au terme d’une cérémonie du 11 novembre, le porte drapeau du LMA. Il est issu de la CPES Easy ; sa sœur, Caroline, a fait partie de la classe Hawk. Tennessee est désormais sous-officier dans l’Armée de terre.

Aux côtés de Tennessee, l’étudiante Mégane, actuellement élève officier au 2e Bataillon de France, à Coëtquidan. Mégane est aussi passée par la CPES Easy, qu’elle a intégré avec retard, après avoir abandonné, au bout de quelques semaines, ses études. Elle a d’abord tenté d’intégrer plusieurs prépas 1re année. Elle dut se rendre à l’évidence et seule notre classe CPES l’accueillit. Elle sut se souvenir de cette confiance quelques mois plus tard. Mégane a toujours fait preuve d’une loyauté sans borne envers le dispositif CPES et le LMA. Mais nous parlons de la garde montante. Dans la garde descendante, l’étudiante Diane est sur le point d’abandonner le drapeau qu’elle a porté pendant un an. Diane est issue de la CPES Delta. Elle est à notre connaissance la première étudiante à avoir porté le drapeau du LMA.

Parmi les promoteurs du dispositif CPES – Année préparatoire, le Commandant Lefèvre mérite de figurer en bonne place. L’étudiant François-Xavier suit comme porte fanion. Il est alors en CPES Delta. Admissible à Saint-Cyr, il a poursuivi ses études à l’école de commerce de Rennes. Il est aujourd’hui acheteur dans une entreprise et est régulièrement en contact avec des industriels qu’il a découvert lors de ses années autunoises : ceux du Creusot. Aucune classe préparatoire n’avait voulu donné sa chance à François-Xavier, seule la CPES d’Autun lui ouvrit ses portes. Revenons au commandant Lefèvre. Il fut lui aussi un ardent défenseur de cette classe. D’ailleurs, arpentant les salons de l’étudiant pour présenter nos classes préparatoires, il sut, à celui de Dijon, retenir l’attention d’Éléonore… présente sur la photo suivante.

Depuis ses origines, le port du fanion de la Compagnie prépas est venu récompenser un CPES pour ses mérites scolaires. L’étudiante Eléonore, meilleur élément de la CPES Hawk, ouvre la voie à la Compagnie Prépas, sous la conduite de l’étudiant Clément. Eléonore poursuit ses études en 1re année prépa Économique et commerciale avec brio, Clément de même, mais en 2e année. Il connaît le lycée mieux que quiconque, puisqu’il y est scolarisé depuis la 6e ! Il est d’ailleurs le seul non CPES cité dans ce reportage.

Lui aussi issu de la CPES Hawk, l’étudiant Paul semble allier bonne humeur et nonchalance. Il est pourtant sur le point de s’exprimer devant plusieurs centaines de personnes pour présenter la cérémonie de fin d’année, en juin 2016. Le sourire ne doit pas cacher une ambition, celle d’intégrer l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Après une année passée en CPES à consolider ses connaissances, à combler ses lacunes, et à, tout simplement, apprendre à travailler, Paul est désormais et nettement le premier de la classe ECO1 de la Prépa du Lycée Militaire d’Autun. Ces quelques photos pourraient laisser supposer que la vie de la CPES – Année préparatoire n’est qu’une suite de cérémonies et de prises d’armes. Bien évidemment, s’il s’agit de moments forts dans la vie de ces étudiants, l’essentiel est ailleurs, notamment par l’intérêt porté à leurs cours, à la place des études dans leur semaine, mais aussi avec la participation à un programme culturel et pédagogique d’une ambition inédite. Découvrons-le…

… après un crochet par le Stade de France. Les cours, les études se prolongent chaque semaine par un devoir surveillé de 4 heures, dans les mêmes conditions que les autres classes de la Compagnie Prépas. S’ajoutent aussi et souvent des interrogations orales après les cours et, en plus des deux langues vivantes, une LV3 Arabe en option. Les cours, les devoirs, les études, les interrogations orales passent avant tout le reste dans la vie d’un CPES. Mais il faut parfois savoir relâcher la pression. C’est pourquoi, à côté des deux meilleurs élèves de chaque classe, tous les étudiants de la Delta, en raison de leur sérieux et de leur comportement exemplaire, ont été choisis pour assister, par un froid polaire, à un match du tournoi des Six nations entre la France et l’Italie. Mais ce n’est pas une température de – 12° qui allait les figer au moment d’encourager les Bleus. Profitons de ce commentaire pour adresser un salut amical à l’étudiant Hugo, membre de cette classe Delta, remarquable vecteur des valeurs de notre établissement de la 6e à la 2e année des classes prépas… en passant par la CPES Delta bien sûr.

La ville d’Autun, en elle-même, constitue déjà un promontoire remarquable pour étudier l’histoire et offrir à nos étudiants de CPES un programme riche en découvertes, en conférences et en spectacles. Mais l’environnement immédiat est aussi propice à quelques escapades. À côté d’Autun, au Creusot, battait et bat encore le cœur de la France industrielle. Chaque année, et même plusieurs fois par an, les CPES en prennent le chemin pour faire de l’histoire appliquée, de l’économie appliquée, en profitant des liens multiples qui unissent leur professeur d’histoire à cette ville. Sur cette photo, la classe Fox pose devant le Château de la verrerie, ancienne manufacture royale érigée sous Louis XVI, avant d’être transformée en résidence des gérants des usines du Creusot, la fameuse dynastie des Schneider. La classe vient de participer à un colloque international consacré à la désindustrialisation, organisé par l’Académie Bourdon et l’Université d’Aix-Marseille. Elle a pu écouter les plus grands spécialistes européens de la question, notamment les historiens Michel Hau et Philippe Mioche. Quelques années plus tôt, leurs prédécesseurs participaient à un colloque consacré à la relation entre Banques et industries, avec deux moments cocasses. La classe a d’abord croisé Nicolas Stoskopf, professeur des universités, un des plus grands spécialistes de l’histoire du financement de l’économie…, passé par le LMA comme scientifique du contingent avant d’écouter son propre professeur d’histoire intervenir sur le rôle de la haute banque parisienne dans le financement de l’industrie bourguignonne. En d’autres occasions, la CPES a pu participer aux conférences proposées par de grands historiens, comme Benjamin Stora ou Jean Tulard. Pas plus tard que le vendredi 3 février 2017, elle a eu la chance de pouvoir échanger seule pendant plus d’une heure avec Marcel

Dorigny, Professeur des universités, un des grands spécialistes mondiaux de la colonisation et de l’esclavage, après avoir visionné le film « Naissance d’une nation ». Il y a quelques années, elle a croisé, à Autun, le chemin de Robert Badinter et même, à Paris, celui du Président Chirac.

C’est aussi une épopée industrielle qui se conjugue au présent que les étudiants de la CPES – Année préparatoire découvrent au Creusot, en participant à la semaine de l’industrie. Au fil des ans, ils ont pu visiter les sites d’Arcelor-Mittal, Safran, et, avec la promotion Golf associée à une classe de Cadets saoudiens, les usines de Creusot-forge, du groupe Areva. Avec l’aciérie du Breuil et la tôlerie du Creusot, il s’agit sans doute d’un des sites les plus impressionnants parmi la myriade de grandes entreprises implantées au Creusot. C’est là que sont forgés et usinés d’énormes lingots d’acier pour fabriquer des pièces métalliques sans soudure, destinées aux industries nucléaires et pétrolières.

La classe Golf a d’ailleurs profité de sa visite aux usines du Creusot pour apprendre qu’une grande partie des tôles du fameux char FT17 Renault, si décisif lors de la Première Guerre mondiale, en provenait. Elle est allée le vérifier à la Fondation Berliet, qui en conserve un exemplaire assemblé à Vénissieux. Elle est ici devant un des plus gros camions construits par les usines Berliet.

La Bourgogne, terre de vignes, d’usines, mais aussi de mines. Quoi de mieux pour découvrir l’évolution des structures productives en France aux XIXe et XXe siècles que d’aller au charbon. En fonction des années, les CPES – Année préparatoire visitent les galeries et les cités ouvrières des villes d’Épinac, de Montceau et, dans le cas présent, de La Machine, dans la Nièvre. La photo les surprend alors qu’équipés de casques et de lampes, ils sont sur le point d’entrer dans une fendue, galerie en plan incliné, sous l’œil attentif de leur Assistante d’éducation, Anne-Laure Jolivot, qui les conseille chaque jour avec bienveillance. Signe des racines profondes de cette classe, Amandine, qui figure sur une autre photo, vient des corons du Nord. Elle est issue d’une famille qui a, pendant des générations et jusqu’à la fin de la mine, abattu du charbon.

De l’histoire économique appliquée donc, mais parfois dans des conditions particulières, voire extrêmes. Parmi les visites à Autun, outre les musées et les principaux monuments de cette cité gallo-romaine, figure la friche industrielle des Télots. Par son environnement particulier, sujette à des inondations à la moindre pluie, la sortie prend souvent une tournure originale. Cet accoutrement est très rarement utilisé dans nos sorties, mais il faut parfois tenir compte des éléments et protéger Tenues de cérémonies et vêtements de travail. La Cpes - année préparatoire Charlie est impatiente de partir à l’assaut des Télots, car la visite, notamment la montée au sommet des terrils, se mérite et implique une parfaite condition physique. Pourquoi cette visite ? L’histoire et l’économie des énergies sont au cœur des enseignements de la CPES. Il s’agit ici de schistes bitumineux, destinés à la production d’une huile servant de carburant de remplacement, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. M. Tamisier, actuel proviseur du LMA, doit d’ailleurs, cette année, venir le vérifier. La classe est d’autant plus attentive que son professeur d’histoire est, avec M. Chabard, conservateur du muséum d’Autun, le concepteur du parcours patrimonial « Les routes de l’énergie ». C’est sans doute un bon connaisseur du sujet puisqu’il est en train d’achever son mémoire de recherches inédit en vue de soutenir dans les prochains mois son Habilitation à diriger des recherches (HDR). Sur cette photo, Badis a rencontré quelques difficultés à se faire une place. Et pourtant, il a été un des acteurs (et chanteurs) majeurs des Charlie. Badis a depuis été reçu à l’École de l’air, en obtenant la seule place proposée au concours L3 pour intégrer le prestigieux Corps des Officiers de l’Air. Aucune classe prépa n’avait voulu de Badis. Seule notre CPES lui a ouvert ses portes.

Depuis plusieurs années, le Lycée Militaire d’Autun bénéficie de la présence ponctuelle d’aspirants issus de la prestigieuse Ecole polytechnique. Récemment admis, ils viennent faire un stage et sont immergés dans la compagnie des classes prépas. Du matin au soir, et parfois même au-delà, ils ont, année après année, soutenus, aidés, encouragés nos étudiants. Certains se sont particulièrement attachés à la CPES et l’ont accompagnée dans ses multiples sorties. Comme la classe Charlie à laquelle ils se sont joints, les Aspirants Pierre et Alice semblent attendre avec un enthousiasme non dissimulé de découvrir les traces de la filière schistière.

Autun, ce sont aussi deux prestigieux musées, celui d’art et d’histoire (le musée Rolin) et le muséum d’histoire naturelle. La CPES Golf est sur le point de visiter celui-ci, accompagnée de l’ADC Dalmasso. Elle aura la chance de pouvoir découvrir les réserves qui échappent habituellement au regard des visiteurs. Elle se renseignera notamment sur l’épopée de l’autunite, un des minéraux radioactifs qui ont permis à Marie Curie d’isoler le polonium puis le radium en 1898.

« J’y suis, j’y reste », une citation fameuse prononcée en 1855 par le futur Maréchal Mac Mahon, après avoir pris la Tour Malakoff, position clé de la forteresse de Sébastopol. C’est devant le tableau qui relate ce fait d’armes d’un personnage qui a suivi sa scolarité dans les mêmes murs que la CPES, ici les Hawk, que celle-ci achève sa découverte du musée Rolin. Ceux de la classe Iéna, commandée par l’Adj Barthélémy, ont suivi les mêmes traces il y a plusieurs mois, mais ils auront la joie d’y retourner dans quelques semaines, car Eve, qui s’était éclipsée au moment de leur visite, tentée sans doute par le démon de Paris, reviendra du Louvre très bientôt. Les élèves pourront alors admirer, restauré, nettoyé, ce chef d’oeuvre de l’art roman bourguignon. À plusieurs reprises, ils ont aussi pu découvrir des expositions temporaires remarquables, par exemple sur le peintre local Rochette, sur Goya, souvent avec l’appui du commentaire avisé de M. Roccuzzo, leur professeur d’espagnol, un des fidèles du dispositif, qu’il a souvent accompagné lors des sorties autunoises. « J’y suis, j’y reste », c’est aussi ce que pensent les CPES, au terme de dix années passées au sein de la compagnie des Classes prépas d’Autun.

Voici la classe actuelle de la CPES, les Iéna, sur la colline de Fourvière. Pendant l’ascension, le groupe est resté uni jusqu’au bout avant de découvrir le musée gallo-romain et la basilique de Fourvière. Les pentes qui se dressent devant les CPES, celle-ci, celle des terrils, celle des galeries, des difficultés scolaires bien sûr, sont souvent raides, mais toujours affrontées avec cohésion. Malgré les années et les kilos, le professeur principal est même parvenu à suivre le rythme. C’est lui qui tient l’appareil.

Les mêmes Iéna sont parvenus au sommet de l’ascension sans une trace de transpiration qui laisserait supposer que l’exercice a été douloureux. Souhaitons-leur la même réussite juste d’avant d’affronter des enjeux plus cruciaux, un examen blanc en l’occurrence, qu’ils préparent en ce moment même avec ardeur.

Retrouvons la CPES – Année préparatoire dans son lieu familier, sa salle de classe, au centre de laquelle trône l’imposant pilier des lamentations, du nom d’une coutume précoce. Elle voit les étudiants, ici ceux de la classe Hawk, y coller leurs notes les plus catastrophiques, afin de se souvenir que cette année est d’abord un moment d’efforts, de travail et d’abnégation. Nous retrouvons une figure déjà rencontrée au début de ce reportage. Entre-temps, l’étudiante est devenue le lieutenant Emmanuelle. Sous le regard attendri de ses anciens professeurs, de passage au LMA pour une conférence sur les ONG, elle est venue encourager nos jeunes étudiants de la classe Hawk, en rappelant tout ce que le dispositif CPES lui avait permis et lui permet d’entreprendre. Quelques semaines plus tôt, au même endroit, le général d’Armée Elrick Irastorza, ancien Autunois, ancien chef d’Etat-Major de l’armée de Terre, faisait de même, énième preuve des valeurs profondes, la fidélité notamment, communes aux anciens Enfants de troupe et à la CPES.

La CPES a la chance de pouvoir s’appuyer, au cours de cette année si particulière, sur des enseignants particulièrement investis dans leur mission. Ainsi, saison après saison depuis sa création, leur professeur de Français, M. Brun, mitonne un programme particulièrement alléchant, associant concerts et théâtres. Chaque année, la sortie culturelle à Paris est l’occasion, entre Versailles, le Louvre et le musée d’Orsay, d’assister à une représentation à la Comédie française. C’est visiblement avec enthousiasme que les étudiants de la CPES Fox, Marie-Cathy, Guillaume, Amandine, Ingrid, Zaccharie AKA « Zac » et Thibaut attendent que le rideau se lève. Au sein de ce groupe, Zac présente la particularité de parfaitement illustrer le rôle de la CPES dans le tuilage qui s’opère, au sein du LMA, entre le Lycée et les prépas. Un peu trublion en 2nde, il s’est depuis assagi, au point de devenir, depuis son passage en CPES, un étudiant écouté et respecté par ses camarades. La CPES forge souvent les caractères, les polit parfois, les bonifie toujours.

Après leurs examens blancs et les vacances d’hiver, les étudiants de la classe CPES Iéna retrouveront pour la 3e et dernière fois l’auditorium de Dijon, afin d’assister à une représentation d’un opéra de Mozart. Ils sont, sur cette photo, à quelques minutes d’écouter un concert symphonique, accompagnés d’étudiants de la classe d’Eco 1 et de lycéens, sous la conduite du Chef d’escadron Loreille.

« La CPES ne sert à rien ». À sa création, cette phrase a été répétée, assénée comme une vérité. Elle ne l’est plus que rarement, par ceux qui la côtoient sans la connaître ou sans la comprendre. Au moment de conclure ce reportage photographique présentant la singularité de ce dispositif et quelques-uns des moments forts qui ont jalonné son existence, souhaitons avoir suscité la curiosité, l’intérêt, et peut-être aussi l’envie de participer à cette aventure, en en écrivant les pages à venir. Le dispositif CPES est accessible par une inscription via le siteAdmission post-bac (APB), où il apparaît sous la rubrique Année préparatoire. Espérons que tous soient rassurés quant à ses objectifs. Au terme de ses petites dix années d’existence, la CPES a déjà de belles réussites à son actif. Le dispositif présente aussi une grande capacité d’adaptation quand l’usure et la routine commencent à faire leur œuvre. Le crédit en revient d’abord à ses étudiants. Ils font preuve de maturité au moment d’y entrer, tant elle semble peu lisible et peu visible au sein de l’enseignement supérieur français. La CPES – année préparatoire s’est construite autour d’une ambition forte, celle de donner à des jeunes bacheliers, très majoritairement boursiers, souvent issus de milieux populaires, la possibilité d’entreprendre, après cette année de CPES, de belles études. Casser Bourdieu, rompre avec l’idée que les classes préparatoires, les grandes écoles, sont réservées à une élite économique et sociale, tel était le but du Plan ministériel Égalité des chances. Car pour ceux qui ont dû se contenter des programmes scolaires du secondaire, le fossé entre la Terminale et les classes préparatoires est devenu, au cours de ces vingt dernières années, un gouffre. En CPES, ce sont des jeunes issus de tous les milieux, de toutes les conditions qui se rencontrés, se sont appréciés, pour former des amitiés indéfectibles. Certains sont allés en direction des classes préparatoires ECE, mais aussi AL et BL voire ailleurs, dans des IUT, des BTS, à l’Université. D’autres n’ayant pas réussi à intégrer Saint-Cyr ont poursuivi dans l’armée. Certains nous reviennent déjà, jeunes officiers, sortis de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA) ou du 4e bataillon. En fait, c’est une multitude de possibilités qui s’offre au terme de cette Année préparatoire. Bien sûr, ce reportage photographique pourrait être trompeur, en ne présentant que des réussites, mais de nombreux clichés, portraits, ont dû être repoussées faute de place et afin que chacune des neufs cohortes et des dix années puisse être représentée, avec toujours à l’esprit la même idée, démontrer que la CPES – année préparatoire est bien un joyau de notre compagnie des classes prépas. Elle profite à ceux qui ont du mérite et la compétence, des valeurs si hautement républicaines, toujours récompensées dans les armées de France. Jean-Philippe PASSAQUI Agrégé d’histoire – docteur en histoire contemporaine Professeur principal de la classe de CPES depuis sa création Chercheur affilié à l’Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine UMR 8066 – Paris 1 Panthéon-Sorbonne - École Normale Supérieure d’Ulm - CNRS