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LA CONTRIBUTION DES VILLES NOUVELLES AU POLYCENTRISME FRANCILIEN Rédactrices principales Sandrine Berroir, Nadine Cattan, Thérèse Saint-Julien Autres rédacteurs Myriam Baron, Guillaume Lesecq Avec la collaboration de Karine Hurel, Ludovic Vacher UMR Géographie-cités 13 rue du four, F- 75006 Paris Rapport de recherche pour le : Ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement Programme interministériel « Histoire et évaluation des villes nouvelles » Février 2005

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LA CONTRIBUTION DES VILLES NOUVELLES AU POLYCENTRISME FRANCILIEN

Rédactrices principales Sandrine Berroir, Nadine Cattan, Thérèse Saint-Julien

Autres rédacteurs

Myriam Baron, Guillaume Lesecq

Avec la collaboration de Karine Hurel, Ludovic Vacher

UMR Géographie-cités

13 rue du four, F- 75006 Paris

Rapport de recherche pour le : Ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement

Programme interministériel « Histoire et évaluation des villes nouvelles »

Février 2005

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Introduction générale Une des originalités du projet ayant présidé à la création des villes nouvelles tenait au défi de créer, dans une des très grandes régions urbaines parmi les plus monocentriques du monde, de vrais centres secondaires susceptibles de contrebalancer le poids tyrannique du centre principal. D’emblée l’idée d’aménagement de la centralité régionale apparaissait au cœur du projet. Il s’agissait bien de développer en région parisienne des centres capables d’attraction et de diffusion à l’échelon régional. L’objectif étant de rééquilibrer le système de la centralité francilienne en le décentralisant. Le projet des villes nouvelles s’inscrivait dans un modèle de développement multipolaire d’une région métropolitaine. La simple planification régionale d’une telle « révolution géographique » ne suffit pas à l’engendrer. La construction d’un petit nombre de pôles secondaires, véritables contrepoids à la croissance de la concentration démographique et surtout économique de Paris et de sa banlieue la plus dense, n’allait pas de soi. Il ne suffisait pas de penser les concentrations nouvelles. Il s’agissait de les construire de telle manière que leurs capacités d’attraction et de diffusion, c’est-à-dire leurs capacités de polarisation1, soient quantitativement et qualitativement à la hauteur du défi que représentait pour elles l’ombre portée de la concurrence du centre parisien. Pendant longtemps, le problème des villes nouvelles a été d’attirer et de retenir populations et entreprises, d’établir avec l’espace environnant des relations qui, compte tenu de l’ampleur des investissements consentis, engagent un processus d’accumulation qui leur soit favorable et partant, qui vienne rééquilibrer l’espace régional au bénéfice de la périphérie. La plupart des études menées sur les villes nouvelles se sont surtout fait l’écho des premières préoccupations (IAURIF-INSEE 2000, Behar et al. 2002, Fouchier 1998). En revanche, les bilans relatifs au pari de la centralité de ces villes, à leur rôle effectif en tant que pôles dans un système métropolitain multipolaire, ont été relativement peu nombreux si on excepte les tentatives de repérage des principaux flux de navetteurs (Berger 1997, Baccaïni 1996) ou encore certaines enquêtes relatives aux aires de chalandise (Guérois, Le Goix 2000). Cette recherche analyse le rôle que jouent aujourd’hui les villes nouvelles dans le fonctionnement polycentrique de la région francilienne. Elle se place dans une logique territoriale relationnelle dans laquelle le polycentrisme territorial est analysé par la capacité de polarisation des villes. L’objectif est de caractériser les positions relatives des villes nouvelles dans le dispositif des interdépendances qui donnent à la région métropolitaine sa cohérence.

1 L’expression de polarisation est prise ici dans une acception que souligne J.R. Boudeville (1972) dans l’ouvrage « Aménagement du territoire et polarisation ». L’auteur note (p. 65), « La notion d’espace polarisé a deux origines distinctes, l’une géographique et l’autre technique. La conception géographique est apparue la première. Elle trouve son origine empirique dans l’observation du rayonnement des villes, et dans l’existence d’une constellation d’agglomérations satellites qui se hiérarchisent du village à la métropole. Bref, la notion de région polarisée est liée à celle de système urbain. Simultanément, la notion d’espace polarisé trouvait son origine dans l’observation des systèmes de relations interindustrielles. »

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Pour cerner, d’une part, la manière dont les villes nouvelles s’inscrivent dans une dynamique polycentrique à l’échelon de l’aire urbaine francilienne et, d’autre part, la façon dont les schémas de polarisation ont évolué durant les dix dernières années, on tente de répondre à trois questions. – De quels potentiels de polarisation disposent les villes nouvelles ? – Quel est le degré de dépendance ou d’autonomie de ces dernières vis-à-vis de Paris ? – A quels échelons géographiques se construisent les polarisations engendrées par les villes nouvelles ? La contribution des villes nouvelles au polycentrisme francilien est d’abord étudiée au travers de la polarisation liée à l’emploi. Parce que l’offre d’emploi est un élément structurant des territoires urbains, parce que la dissociation entre les lieux de résidence et les lieux d’emploi croît inéluctablement, les déplacements domicile-travail ou navettes sont encore un des indicateurs incontournables des polarisations urbaines. Elle est ensuite abordée par les mobilités estudiantines. Dans la société de l’information et du savoir, l’accès à la connaissance est un facteur décisif de compétitivité territoriale. En conséquence, les universités, par l’attractivité qu’elles suscitent tant auprès des populations que des entreprises, par les réseaux qu’elles créent, par les images qu’elles véhiculent, deviennent désormais un enjeu prioritaire des stratégies de développement des villes et des régions métropolitaines. Ainsi, participant de plus en plus aux dynamiques d’aménagement des territoires, les universités constituent un vecteur incontournable de la centralité urbaine. Pour saisir pleinement les trajectoires complexes et contrastées des villes nouvelles dans les dynamiques polycentriques fonctionnelles qui se jouent à différents niveaux territoriaux, des approches comparatives et des mises en regard sont proposées. On s’attache d’une part à comparer les villes nouvelles entre elles afin de saisir la divergence-convergence de leurs trajectoires. On met en regard d’autre part, les villes nouvelles et un certain nombre de pôles considérés comme témoins d’une évolution non planifiée de la périphérie de l’agglomération parisienne (encadré 1). Dans ce dernier cas, on cherche à identifier, si tant est qu’elles existent, les spécificités des villes nouvelles.

Encadré 1 : Le choix et la délimitation des pôles de comparaison La sélection des pôles témoins s’est faite sur la base d’une combinaison de plusieurs critères. Les effets de contexte et de position relative ont été privilégiés. On a, d’une part, tenu compte des positions sur le gradient centre-périphérie et dans les secteurs régionaux. On a, d’autre part, pris en compte des pôles proches des villes nouvelles et donc potentiellement concurrentiels. Ainsi Roissy et La Défense sont apparus comme incontournables. Le choix de Meaux s’est essentiellement fait par rapport à Marne-La-Vallée, de même que celui de Versailles par rapport à Saint-Quentin dans la perspective d’une évaluation de la convergence/divergence des trajectoires de deux pôles en situation de proximité concurrentielle, l’un bénéficiant de soutien, l’autre pas. Saint-Denis, Créteil, Les Ulis, Sainte-Geneviève-des-Bois et Sarcelles ont enfin été choisis à la fois pour leur localisation relative vis-à-vis de certaines villes nouvelles et pour leur histoire urbaine spécifique2.

2 Le choix des pôles a été fait collectivement dans le cadre du groupe de travail « La ville dans son contexte local et régional », axe 3, du Programme Histoire et évaluation des villes nouvelles.

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SOMMAIRE Partie 1 - LA POLARISATION LIEE A L’EMPLOI 7 Introduction ____________________________________________________ 7

Chapitre 1 Offre d’emploi et capacités polarisantes des villes nouvelles __ 9 Introduction__________________________________________________________ 9

1.1. - La force de la taille_______________________________________________ 9 a) Des pôles d’emploi qui dépassent les périmètres des villes nouvelles _______________ 9 b) Les pôles d’emploi des villes nouvelles dans le système polycentrique régional ______ 13

1.2. - Des trajectoires souvent favorables________________________________ 16 a) Les évolutions des positions relatives des villes nouvelles dans l’offre régionale d’emploi___________________________________________________________________________ 16

b) L’intégration croissante des pôles multicommunaux articulés sur les villes nouvelles __ 17 c) Dynamiques, voisinages et concurrences à l’échelon régional _____________________ 19

1.3. - Les fonctions des villes nouvelles dans le polycentrisme régional _____ 20 a) Une faible spécialisation de l’activité économique _______________________________ 20 b) Des profils de qualification des emplois sensibles aux environnements régionaux_____ 22

1.4. - Emprise interne et rayonnement externe ___________________________ 24 a) Une relative diversité des potentiels de polarisation______________________________ 25 b) Des positions parfois extrêmes dans un système régional multipolaire ______________ 26

Conclusion _________________________________________________________ 30

Chapitre 2 Les villes nouvelles et Paris _____________________________ 31 Introduction_________________________________________________________ 31

2.1 – Une polarisation forte mais composite _____________________________ 31 a) Des villes nouvelles moins dépendantes de Paris que les pôles témoins ____________ 31 b) Des profils diversifiés de la dépendance _______________________________________ 32

2.2 – Les facteurs de la dépendance à Paris_____________________________ 34 a) Le rôle de la distance ______________________________________________________ 34 b) Le rôle des pôles dans le voisinage___________________________________________ 34

2.3 – Une attraction parisienne en déclin________________________________ 36

2.4 – L’attraction sélective des Parisiens________________________________ 38

2.5 La dissymétrie des échanges Paris - villes nouvelles__________________ 42

Conclusion _________________________________________________________ 45

Chapitre 3 Les villes nouvelles dans le système polycentrique périphérique_____________________________________________________________ 47 Introduction_________________________________________________________ 47

3.1 – Un fort effet structurant__________________________________________ 48

3.2 – Des pôles majeurs pour les périphéries franciliennes ________________ 51 a) Une assise locale bien établie _______________________________________________ 51 b) Des évolutions convergentes : vers un renforcement de l’emprise locale _____________ 58

3.3 – Des relais majeurs dans la consolidation du polycentrisme ___________ 61 a) Des attractions d’assez grande portée _________________________________________ 61 b) Le proche et le lointain dans l’approvisionnement des pôles d’emploi _______________ 65 c) Une participation active au système de relations de pôles à pôles __________________ 66

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3.4 – Les lieux de la concurrence ______________________________________ 69 a) L’orientation préférentielle des actifs navetteurs _________________________________ 69 b) Fronts et contacts entre aires d’attraction préférentielle ___________________________ 70 c) Les villes nouvelles dominées par d’autres pôles d’emploi _________________________ 71

Conclusion _________________________________________________________ 73

Conclusion de la première partie __________________________________ 74

Références ____________________________________________________ 75

Table des figures _______________________________________________ 78

Table des tableaux______________________________________________ 79

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Partie 1 - LA POLARISATION LIEE A L’EMPLOI Introduction La construction de grands pôles d’emploi périphériques était un des grands paris faits pour les villes nouvelles. Ces villes devaient se démarquer totalement des banlieues dortoirs, en répondant à plusieurs ambitions : donner accès à des biens et des services, dignes d’une offre métropolitaine, aux nouvelles populations résidentes de la grande couronne, et créer des pôles d’activité qui contribuent au renouvellement des bases du développement de l’ensemble de la région urbaine. Devenues grands pôles d’emploi, les villes nouvelles se voyaient ainsi décerner un rôle original dans les réorganisations du territoire régional. L’étude de la polarisation des villes nouvelles par l’offre d’emploi, liée en particulier aux mobilités des personnes actives, a pour objectif de dresser un état de ces réorganisations. Elle cherche à préciser le rôle de ces pôles dans un contexte régional fortement concurrentiel.

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Chapitre 1 Offre d’emploi et capacités polarisantes des villes nouvelles Introduction L’offre d’emploi et les capacités polarisantes des cinq villes nouvelles peuvent être étudiées dans l’absolu, chaque unité étant définie séparément et, tout au plus, comparée aux quatre autres. Se satisfaire de cette solution serait d’un grand appauvrissement. Le développement des villes nouvelles en tant que pôles structurants de l’espace francilien doit être évalué en tenant compte des pôles qui se sont effectivement construits avec elles mais sans être prisonniers des périmètres qui leur ont été initialement assignés. De plus, la position régionale de ces pôles structurants doit être définie en tenant compte des positions des autres pôles structurants de la région. En effet, cette fonction ne prend sens que par rapport au système des complémentarités et surtout, des concurrences inter pôles, qui sous tendent les dynamiques territoriales de l’aire métropolitaine francilienne. On rappelle que l’offre d’emploi des villes nouvelles est systématiquement comparée à celle de neuf de ces pôles, parmi les plus importants3. 1.1. - La force de la taille La force d’un pôle, les attractions qu’il suscite, les dépendances qu’il construit, sont en premier lieu liés à la puissance de son offre d’emploi et donc, au nombre de personnes actives qu’il concentre chaque jour. L’apparente banalité de cette mesure n’enlève rien à sa pertinence. Comprendre le rôle joué par les villes nouvelles dans une structuration polycentrique de l’espace francilien est utilement introduit par la prise en compte de cet indicateur de la puissance économique de chacune.

a) Des pôles d’emploi qui dépassent les périmètres des villes nouvelles En 1999, les villes nouvelles sont parmi les grands pôles d’emploi périphériques que compte l’Ile-de-France. Marne-la-Vallée arrive en tête avec plus de 127 000 emplois. De moindres tailles, Cergy-Pontoise et Saint-Quentin en Yvelines en rassemblent respectivement 83 000 et 81 500. Vient ensuite, Evry avec 55 000 et enfin, Sénart qui n’atteint pas tout à fait les 25 000 emplois. Les disparités des tailles de ces pôles sont proches de celles observées dans l’ensemble de référence. Ces quelques chiffres fixent des ordres de grandeur. On ne saurait pourtant totalement s’en satisfaire. En effet, la position des villes nouvelles en tant que pôles d’emploi doit être appréciée d’un double point de vue. Le premier est celui de leur position par rapport à l’ensemble des autres pôles d’emploi multicommunaux de la région métropolitaine, seul moyen de cerner la contribution de ces villes nouvelles au fonctionnement polycentrique de l’ensemble. Le second

3 Créteil, Massy-Les Ulis, Meaux, Paris-La-Défense, Roissy-en-France, Saint-Denis, Sainte-Geneviève-des-Bois, Sarcelles, et Versailles.

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renvoie à une interrogation sur les limites très « officielles » des villes nouvelles. Ces limites ne correspondent pas nécessairement à la manière dont se sont, sur le terrain, progressivement structurés ces pôles d’emploi régionaux. Ces derniers peuvent en effet ne pas englober toutes les communes incluses dans le périmètre de la ville nouvelle, tout en intégrant par ailleurs des communes limitrophes avec lesquelles ils ont en partage de fortes interdépendances au sein d’un même bassin d’emploi. La centralité des villes nouvelles a donc été évaluée suivant les mêmes principes que ceux qui ont présidé à la délimitation des 62 autres pôles multicommunaux de l’aire urbaine de Paris, et dont font partie les 10 pôles témoins pris comme référence dans cette étude. Outre les volumes et les densités d’emploi en jeu, on a tenu compte, pour l’ensemble de ces pôles, des interdépendances entre centres élémentaires communaux constitutifs de chacun, et du degré de partage des mêmes bassins de polarisation. (encadré 2, figure 1.1). La force de la centralité des villes nouvelles4 a ainsi été saisie dans sa réalisation concrète et ce, indépendamment de limites assignées a priori. Encadré 2 La construction de pôles multicommunaux dans l’aire urbaine de Paris (d’après Berroir S., Mathian H., Saint-Julien Th., Sanders L., 2004, Mobilités et polarisations : vers des métropoles polycentriques. Paris, PUCA) a) La définition de 149 pôles communaux On définit un ensemble de 149 pôles communaux d’après une approche multicritères comprenant cinq indicateurs complémentaires, chacun soulignant l’une ou l’autre des propriétés de concentration et de polarisation que l’on attend théoriquement d’un pôle. Les indicateurs de concentration et de polarisation définissant la fonction de communes pôles.

- le nombre d’emplois mesure la concentration brute de l’activité économique. En dessous d’une certaine masse critique nécessaire à l’expression d’une diversité et d’un certain rayonnement, une commune ne peut prétendre jouer un rôle de pôle. En revanche, il n’existe pas a priori de seuil fixe que l’on puisse déduire de la théorie urbaine. Dans un espace très hétérogène comme celui de l’Ile-de-France, un même nombre d’emplois prend un sens fonctionnel différent suivant le contexte local. - l‘existence d’un pic de densité. Ce deuxième critère mesure la concentration relative de

l’emploi dans une commune relativement à son environnement local. Une commune est ainsi considérée comme pôle si la densité de l’emploi y est très supérieure à celle des communes voisines. Le pôle est alors défini par l’existence d’un pic local dans un champ de densité de l’emploi. ,

- le nombre de communes polarisées est un premier critère de polarisation qui concerne la capacité brute de polarisation, obtenu en comptabilisant simplement le nombre de communes qui « envoient » un flux d’actifs supérieur à 10 dans la commune considérée. Il s’agit ici encore d’une logique de masse critique, mais portant sur le rayonnement, ou attractivité, qu’a le pôle sur son environnement local et régional. - le niveau de dépendance des communes environnantes relève d’une logique d'intensité de la polarisation. L’idée est que pour une commune donnée, si plus de k% de ses actifs vont travailler dans une même autre commune, on est face à une certaine communauté des pratiques de mobilité des actifs résidents, qui témoigne de la force d’attraction (de polarisation) que le pôle exerce sur cette commune. Une commune a donc un potentiel de pôle d'autant plus important qu'elle représente la destination des flux de navetteurs d'un nombre élevé de communes pour lesquelles le niveau de la dépendance à l'égard de ce pôle est élevé. Dans cette étude, le seuil de k=10% a été choisi, car il donne des résultats satisfaisants d’un point de vue empirique.

4 Dans la suite du texte, quand l’observation porte sur les pôles multicommunaux adossés aux villes nouvelles, ceux-ci sont désignés par les noms suivants : Trappes-Guyancourt pour Saint-Quentin en Y., Cergy pour Cergy -Pontoise, pôle d’Evry pour Evry, Noisy-le-Grand, Noisiel et Lagny, pour Marne-la-Vallée et enfin, Melun pour Sénart.

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- le premier flux est introduit avec une logique similaire : une commune a un potentiel de pôle si elle représente la première destination des navetteurs d'un nombre important de communes. Ce critère est utile dans des zones densément peuplées et aux flux multiples et entrecroisés : un flux peut être important en masse mais ne représenter qu’une faible part de la population active de la commune de départ. L’idée est qu’une commune qui exerce une attraction « privilégiée » sur plusieurs autres communes simultanément a un potentiel de pôle.

Ces critères correspondent donc à différentes logiques, des logiques de concentration (les deux premiers) et de polarisation (les trois suivants), des logiques de masse critique (1er et 3e critère) et de poids relatif (2e et 4e critère), ou de direction privilégiée (5e critère). La combinaison de ces critères a permis de repérer un ensemble de 149 communes présentant un potentiel de pôle dans l’espace francilien. b) La construction des pôles multicommunaux Sur la base de ces communes identifiées comme pôles communaux, on a ensuite constitué des pôles multicommunaux. Cette opération a suivi trois étapes, chacune consistant en une analyse systématique basée sur la logique d'identification des liens privilégiés: --entre les couples de pôles communaux contigus pour constituer des noyaux, - entre les couples de pôles communaux appartenant à de mêmes noyaux ou des noyaux proches, - entre les pôles d'un noyau et les communes voisines.

Figure 1.1 - Les étapes de la construction des pôles multicommunaux.

5 Les seuils associés aux critères 2 et 3 ont été définis relativement à la distribution des indicateurs sur l'ensemble de chacune des 2 régions. Pour le critère 3, 90% des flux représentent moins de 2% des actifs résidents dans la commune de départ.

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§ Première étape: Identification des noyaux La première étape a consisté en une sélection systématique des couples de pôles vérifiant simultanément les 3 critères 5:

Pôles contigus ou distants de moins de 7 km Aire de recouvrement d'au moins 30% de l'aire totale de polarisation Liens réciproques d'au moins 2% en terme de dépendance ou appartenant au moins aux 5 premiers flux émis.

Ainsi, sur la base de ce critère de forte interaction (les 3 conditions simultanées), on identifie dans cette première étape les liens forts entre pôles, définissant l'armature qui va servir de base à la formation des pôles multicommunaux. La figure 1.1a illustre ces liens entre les couples de la chaîne de pôles contigus que forment les communes dans l'ouest parisien: Maurepas, Élancourt, Plaisir, Trappes, Montigny, Guyancourt, Versailles, Le Chesnay et Vélizy. On voit ainsi très nettement se détacher 3 entités, qui sur la base de relations fortes définissent des sous-ensembles en forte interaction: Maurepas/Élancourt, Plaisir/Trappes/Montigny/Guyancourt et enfin, Versailles/Le Chesnay/Vélizy. A la fin de cette première étape, on dispose d'un graphe qui illustre l'ensemble des relations fortes permettant de définir des sous-systèmes de pôles. Ces sous systèmes sont ensuite analysés au cas par cas, en introduisant des critères plus faibles d'interaction entre les pôles, mais entre tous les couples de communes d'un même noyau. On identifie aussi un ensemble de pôles-communes qui, bien que contigus à d'autres communes pôles, ne présentent avec eux aucune interaction forte ni en termes d'échanges, ni en termes d'aires principales de polarisation. § Deuxième étape: analyse des relations à l'intérieur des noyaux Dans une 2e étape on étudie plus précisément les sous-systèmes identifiés à l'étape précédente. L'objectif est de compléter le schéma des interactions et de vérifier qu'il s'agit bien de sous systèmes de polarisation. En effet dans le cas de chaînes comme celle par exemple de Plaisir/Trappes/Montigny/Guyancourt, on peut aussi vérifier, ou confirmer, l'existence de liens significatifs d'un bout à l'autre de la chaîne, sans qu'il s'agisse pour autant d'une agrégation de proche en proche qui conduirait alors à des pôles multicommunaux sans cohérence globale. Dans cette étape on s'assure aussi que les liens mis en évidence, sont bien symétriques, et ne sont pas le fait de situations de dépendance entre des pôles de niveaux différents. Les interactions sont mesurées de la même manière que précédemment. On identifie tous les couples de pôles susceptibles d'être intégrés dans un même pôle multicommunal et qui vérifient l'un et/ou l'autre critère de forte interaction. La figure 1.1b illustre le schéma de ces interactions pour l'exemple du pôle de l'ouest parisien. Les pôles précédemment isolés de Maurepas et d'Elancourt sont conjointement liés aux pôles de Plaisir, Trappes, Montigny et Guyancourt, soit par de forts échanges et de forts recouvrements d'aires principales de recrutement, soit uniquement par de forts recouvrements d'aires de recrutement, ce qui a conduit à agréger les deux. L'exemple de ce pôle est assez typique de la complexité croissante des interactions lorsqu'on s'approche du centre de l'aire d'attraction des pôles parisiens et de ceux de la proche banlieue (figure 1.1b). Plus on s'approche de Paris et plus les intersections entre aires de polarisation sont grandes. D'une part, les aires principales de recrutement tendent de plus en plus à se ressembler et d'autre part, l'attractivité des pôles parisiens se faisant de plus en plus prégnante, les mesures des dépendances entre les pôles contigus atteignent des seuils de plus en plus faibles. § Troisième étape: Analyse des relations entre les noyaux et leurs voisinages La méthode utilisée précédemment associant plusieurs critères pour l'identification des pôles communaux a été essentiellement basée sur des indicateurs mesurant simultanément la densité locale des pôles et l'intensité des polarisations. On introduit ici une analyse systématique des voisinages des pôles multicommunaux définis au cours de la 2e étape afin d'identifier d'éventuelles relations de complémentarité avec des communes non individualisées comme commune-pôle. En effet jusque là, seules les interrelations entre pôles communaux ont été étudiées. Dans ce cas, seuls les échanges entre communes ont été pris en compte et l'analyse a porté sur leur intensité et leur réciprocité. Or certaines relations fortes peuvent exister aussi entre les noyaux et leurs voisinages. Dans le cas de l'exemple précédemment cité du pôle de Trappes-Guyancourt (figure 1.1c), l'analyse des relations entre le pôle et ses communes voisines a ainsi conduit à agréger à ce pôle la commune de Coignières qui entretient de fortes relations en majorité symétriques avec l'ensemble des 6 communes du noyau défini au cours de l'étape précédente. Ce cas de figure peut aussi être illustré par le pôle que constitue Roissy et dont la zone d'activité s'étend sur plusieurs communes. C'est aussi le cas du pôle multicommunal d'Evry-

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zone d'activité s'étend sur plusieurs communes. C'est aussi le cas du pôle multicommunal d'Evry-Corbeil-Bondoufle qui forme l'armature d'un pôle multicommunal, très soudée par de fortes interrelations, mais non continue. Une analyse systématique des interrelations en termes d'échanges de chacun des pôles communaux avec les communes voisines permet de rattacher à ce noyau les 3 communes localisées à l'intérieur du triangle formé par les 3 communes pôles, et qui n'avaient pas été identifiées comme telles : Ris-Orangis, Courcouronnes et Lisses. Toutes les interrelations entre ces 3 communes et les 3 pôles communes sont significatives; elles permettent de définir un pôle multicommunal composé de ces 6 communes fortement inter-reliées. L’analyse répétée systématiquement pour l'ensemble des noyaux a permis de définir un ensemble de pôles multicommunaux. Cette dernière étape a aussi permis de rattacher aux pôles périphériques, un certain nombre de communes qui n'avaient pas été retenus dans l'analyse multicritère parce que, globalement, leur force de polarisation n'était pas suffisante. Ces dernières ont cependant de forts liens symétriques avec certaines communes des noyaux centraux.

b) Les pôles d’emploi des villes nouvelles dans le système polycentrique régional Ainsi définies et directement comparables à celles des autres pôles, les centralités des villes nouvelles sont plus facilement discernables (figure 1.2, tableau 1.1). La démarche permet en premier lieu d’isoler Sénart qui, à l’échelon de la région, ne s’identifie pas comme pôle d’emploi multicommunal en tant que tel. Par les communes de Savigny-le-Temple et de Moissy-Cramayel, Sénart apparaît simplement intégrée au pôle multicommunal de Melun. Au-delà de cette imbrication dans le pôle structuré autour de Melun, ni par la masse de ses emplois, ni par l’intégration interne des centres, ni par leur attraction externe, Sénart ne peut figurer, en tant que telle, parmi les pôles régionaux multicommunaux. En revanche, le rôle de contrepoids périphérique des autres villes nouvelles apparaît plus clairement. En 10e position avec presque 100 000 emplois, le pôle de Trappes-Guyancourt devance de peu celui de Versailles. Il n’est lui-même dépassé que par les pôles parisiens, dont celui de Paris-La Défense qui est le 1er de tous avec près de 470 000 emplois, et par ceux de Roissy-en-France (plus de 150 000), Saint-Denis (près de 120 000) et enfin Boulogne-Billancourt (quelques 110 000 emplois). De forme relativement linéaire, la centralité de Saint-Quentin en Yvelines s’est progressivement construite sur 7 communes articulant fortement l’ouest de la ville nouvelle et son voisinage immédiat. L’axe Guyancourt-Montigny-Trappes-Elancourt, qui traverse d’est en ouest la ville nouvelle, se prolonge en direction de Maurepas, Plaisir et Coignières. L’émergence régionale se double donc d’une assez forte inscription locale. Au 14e rang avec 86 000 emplois, la centralité de Cergy-Pontoise se structure sur 6 communes. Ainsi, le pôle reste pour l’essentiel contenu à l’intérieur du périmètre de la ville nouvelle, puisque seule la commune de Conflans Sainte -Honorine s’y trouve rattachée. Au 17e rang pour ses 79 000 emplois, le pôle d’Evry s’appuie sur la concentration des emplois de 6 communes. Englobant Corbeil-Essonne à l’est, les contours de celui-ci débordent le périmètre de la ville nouvelle.

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Figure 1.2 - Les pôles d’emploi multicommunaux adossés aux villes nouvelles

Le cas de Marne-La-Vallée est original. A cet échelon des pôles multicommunaux, cette ville nouvelle apparaît comme clairement tri-polaire. Le pôle multicommunal de Noisy-le-Grand occupe à l’est, avec plus de 51 000 emplois, la 21e position sur l’échelle des pôles régionaux. Bien que centré sur la commune de Noisy-le-Grand, il est essentiellement structuré sur des communes extérieures à la ville nouvelle avec au nord, Neuilly-sur-Marne et Neuilly-Plaisance, et à l’ouest Chelles. Plus à l’est, cinq communes (Champs-sur-Marne, Noisiel, Torcy, Lognes et Croissy-Beaubourg), constituent un deuxième pôle de

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quelques 40 000 emplois (24e position dans l’aire urbaine). Enfin, un troisième pôle de quelques 20 000 emplois (en 28e position), réunit Lagny-sur-Marne, Saint-Thibault-des-Vignes, et Chessy.

Tableau 1.1 - La centralité des pôles d’emploi des villes nouvelles dans la région

Emplois en 1999 Pôles multicommunaux de l'aire urbaine de Paris

Nombre Rang

Paris-La Défense 479007 1 Paris Est 428331 2 Paris Nord 369696 3 Paris Ouest 342128 4 Paris Centre 252814 5 Paris 8e 163165 6 Roissy-en-france 153469 7 Saint-Denis 115793 8 Boulogne-Billancourt 106859 9 Versailles 96642 10 * Trappes-Guyancourt 96179 11 Massy-Les Ulis 93943 12 * Cergy-Pontoise 86121 13 Créteil 85762 14 Gennevilliers 80447 15 * Evry 79859 16 Ivry-Vitry 79035 17 Montreuil 65290 18 Orly 64018 19 Bobigny 62487 20 * Melun 53488 21 * Noisy-le-Grand 51495 22 Fontenay-Nogent 44106 23 * Noisiel 39214 24 .. … … Meaux 22235 29 Sarcelles 22233 30 … … … *Lagny-sur-Marne 19657 33 … … … Sainte-Geneviève-des-Bois 8703 45 … … …

* Pôles articulés sur une ville nouvelle Au total, Sénart exceptée, les villes nouvelles sont bien des contre-poids périphériques qui comptent dans la centralité de l’emploi régional. Elles se sont en général structurées en pôles d’emploi, en prenant certes appui sur une large base interne mais aussi en intégrant les points forts de leur voisinage immédiat. Cette intégration a été particulièrement large à Saint-Quentin en Yvelines et autour de Noisy-le-Grand. A Evry ou à Cergy-Pontoise, elle s’est construite en englobant une commune voisine (respectivement Corbeil-Essonne et Conflans-Sainte-Honorine), dont la centralité pour l’emploi était antérieure à celle de la ville

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nouvelle. Ces débordements sont, parmi d’autres, une des preuves de l’ancrage local des villes nouvelles et de leur force d’arrimage dans le voisinage. 1.2. - Des trajectoires souvent favorables Au cours de la dernière période intercensitaire, 1990-1999, la croissance de l’emploi, bien que différenciée, a relativement avantagé les villes nouvelles : celui-ci a cru en moyenne de 29%, contre seulement un peu plus de 7% dans les pôles témoins. Particulièrement rapide à Saint-Quentin en Yvelines (+42%), à Marne-La-Vallée (+41%) et à Sénart (+34%), cette croissance a été moins vive à Evry (+13%) et à Cergy-Pontoise (16%) bien que, Roissy excepté (+20%), elle y dépasse les taux les plus élevés observés dans les pôles témoins. Si ces taux renseignent sur les évolutions courtes de l’emploi des villes nouvelles entre 1990 et 1999, elles disent peu de choses sur les évolutions des positions relatives des villes nouvelles dans le polycentrisme régional de l’offre d’emploi. Pour mieux évaluer celles-ci, on considère d’une part une plus longue durée en partant de 1975, date à laquelle le processus d’émergence des villes nouvelles entrait en action. On tient compte d’autre part, non pas de la croissance de chaque ville nouvelle prise isolément, mais de l’évolution de sa contribution relative à l’ensemble de la croissance du système polycentrique régional. Une telle approche situe les villes nouvelles dans la dynamique de la centralité régionale. Elle permet d’évaluer les modifications apparues au cours du temps dans les positions de pôles pris dans un système concurrentiel de polarisations. On observe donc, à chaque date (1975, 1982, 1990 et 1999) et, pour chacune des villes nouvelles, pour chacun des pôles d’emploi multicommunaux développés en articulation avec elles et enfin, pour chacun des pôles témoins, le rapport entre l’emploi offert localement par le pôle et l’emploi de l’ensemble des pôles de l’unité urbaine. Un rapport constant observé à plusieurs dates signifie que, toutes choses égales quant à la tendance régionale de variation de l’emploi, le pôle maintient sa position relative dans le système régional. Un rapport en croissance témoigne d’un renforcement de la contribution relative de celui-ci au fonctionnement régional polycentrique. Un rapport décroissant révèle une érosion relative de cette contribution, l’emploi du pôle ayant cru moins vite ou décru plus vite que celui de l’ensemble régional. Les pentes des courbes représentées sur les figures 1.3 à 1.5 sont représentatives des trajectoires des pôles dans la structure régionale. Elles donnent une bonne image des spécificités des décrochements observés à la baisse ou à la hausse.

a) Les évolutions des positions relatives des villes nouvelles dans l’offre régionale d’emploi

Dans un premier temps, on compare entre elles les trajectoires des villes nouvelles. Ces trajectoires frappent en premier lieu par leur ressemblance (figure 1.3). Toutes révèlent une période de montée en puissance remarquable jusqu’en 1990. A partir de cette date, certaines divergences sont sensibles. Les contributions relatives à l’emploi régional de Cergy-Pontoise et d’Evry ont eu tendance à se stabiliser entre 1990 et 1999, ce qui n’a pas été le cas pour les trois autres villes nouvelles, comme en témoignent les formes beaucoup plus

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linéaires des courbes de Marne-La-Vallée, Saint-Quentin en Yvelines et Sénart, pour lesquelles la tendance à la hausse des taux de croissance se poursuit. Ces villes, ont donc continûment et assez régulièrement amélioré leur contribution relative à l’emploi de la région métropolitaine, même si on décèle un très léger fléchissement de cette amélioration entre 1990 et 1999.

Figure 1.3 - Evolutions comparées des positions des villes nouvelles

Marne-la-Vallée

Evry

Saint-Quentin

Cergy

Sénart

0,1

1

10

1975 1982 1990 1999

Années

Par

t d

e l'e

mp

loi

de

l'air

e u

rbai

ne

(%)

b) L’intégration croissante des pôles multicommunaux articulés sur les villes nouvelles On s’est alors interrogé sur de possibles découplages de la croissance dans le voisinage, entre les villes nouvelles et les pôles d’emploi multicommunaux articulés sur elles. La force d’attraction des villes nouvelles pour la localisation des emplois se serait-elle faite au détriment des voisinages immédiats, de ces centres d’emploi souvent plus anciens, rattrapés par la croissance de la ville nouvelle et désormais intégrés dans un unique pôle multicommunal ? On a donc comparé la croissance de la part régionale de l’emploi des différentes villes nouvelles à celles des pôles multicommunaux constitués en articulation avec elles (figure 1.4). Si jusqu’en 1990, l’amélioration des positions relatives des villes nouvelles dans l’ensemble régional est plus rapide que celle des pôles multicommunaux aujourd’hui articulés sur elles, le décalage tend souvent à disparaître par la suite. Le parallélisme des trajectoires est la règle. Ainsi en va t-il de Saint-Quentin en Yvelines et du pôle de Trappes-Elancourt, d’Evry et du pôle

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multicommunal construit en relation avec cette dernière ou encore, de Cergy-Pontoise et du pôle de Cergy-Pontoise. Marne-La-Vallée et Sénart se distinguent cependant. Dans le cas de Marne-La-Vallée, derrière la dynamique de rapide amélioration de la position relative de la ville nouvelle dans la région, se cachent les évolutions très contrastées des trois pôles multicommunaux. A la relative stagnation de Noisy-Le-Grand, qui ne fait que conserver sa position relative, correspondent la montée en puissance de Noisiel et surtout, le décollage de la position de Lagny. Ainsi, dans le cas de Marne la Vallée, c’est moins la force des interdépendances entre l’intérieur et la périphérie externe qui se manifeste ainsi, que l’effet d’une puissante diffusion ouest-est du développement de l’emploi. Cette dernière témoigne bien de la construction progressive mais encore inachevée d’un territoire continûment polarisé. Dans le cas de Sénart, une nette distorsion se produit entre l’amélioration de la position relative de la ville nouvelle et la relative stagnation de Melun son pôle multi-communal de référence. Ici le différentiel des poids est cependant trop grand et l’intégration probablement trop ténue pour que, par effets d’entraînement, une dynamique commune et positive se dessine. Figure 1.4 - Evolutions comparées des positions des villes nouvelles et des

pôles d'emploi multicommunaux correspondants

Marne-la-Vallée (vn)

Sénart (vn)

Evry (vn)

Saint-Quentin (vn)

Cergy (vn)

CergyEvry

Lagny-sur-Marne

MelunNoisy-le-

Grand

Trappes-Guyancourt

Noisiel

0,1

1

10

1975 1982 1990 1999

Années

Par

t d

e l

'em

plo

i d

e l'a

ire

urb

ain

e (%

)

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c) Dynamiques, voisinages et concurrences à l’échelon régional Les trajectoires des villes nouvelles revêtent-elles quelque originalité dans le contexte francilien ? En quoi reflètent-elles les jeux de concurrences entre les pôles d’emploi de la région? Pour répondre à ces questions on a comparé les trajectoires des pôles multicommunaux articulés sur les villes nouvelles, à celles des pôles témoins (figure 1.5).

Figure 1.5 – Evolutions comparées des positions des pôles d’emploi multicommunaux articulés sur chaque ville nouvelle et des pôles témoins

CréteilLes Ulis

Meaux

Paris-La Défense

Roissy-en-FranceSaint-Denis

Sainte-Geneviève-

des-Bois

Sarcelles

Versailles

Cergy

Evry

Lagny-sur-Marne

Melun Noisy-le-GrandTrappes-

Guyancourt

Noisiel0,1

1

10

100

1975 1982 1990 1999

Années

Par

t d

e l'e

mp

loi

de

l'air

e u

rbai

ne

(%)

Le constat est assez clair. La plupart des pôles articulés sur les villes nouvelles a relativement mieux défendu ses positions relatives et, le plus souvent par la suite, amélioré ces dernières, que ne l’ont fait les autres pôles témoins de la région, exceptés Roissy-en-France, Paris-La Défense ou encore Massy-Les Ulis. Les positions relatives des pôles de Versailles à l’ouest et de Créteil au sud sont stables depuis 1982 dans le système régional. Faut-il invoquer les effets du voisinage de Paris, et peut-être une trop grande proximité de la ville nouvelle dans le cas du premier ? Aux portes de Paris, Saint-Denis a vu se détériorer sa contribution relative à l’emploi de l’aire urbaine et ce, continûment depuis 1975. L’érosion est également sensible à Meaux et à Sarcelles depuis 1990. Or on voit bien que la distance à Paris ne suffit pas à expliquer les différences. Toutes choses égales quant à cette dernière, les pôles multicommunaux articulés sur

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quatre des villes nouvelles (Cergy, Evry, Trappes-Guyancourt, et pour Marne-La-Vallée : Lagny-sur-Marne, Noisy-le-Grand, Noisiel), auxquels s’adjoignent les grands pôles spécialisés tels, Roissy-en-France et Paris-La Défense, ont été durablement et sur le court terme de la dernière période intercensitaire, des attracteurs privilégiés de l’emploi régional, grands gagnants au jeu de la concurrence entre pôles. 1.3. - Les fonctions des villes nouvelles dans le polycentrisme régional Le rayonnement des pôles, leur position locale, régionale ou extra régionale, dépendent des fonctions qu’ils rassemblent. Ainsi par exemple, un pôle dont la spécialisation économique correspondrait avant tout à une surconcentration d’activités de desserte résidentielle aurait toutes chances en Ile-de-France de voir son rayonnement réduit à un environnement infra régional. Que le pôle soit spécialisé dans des activités financières, ou dans des activités de service aux entreprises ou encore, dans les activités de transport par exemple, alors la probabilité que ce rayonnement spécialisé s’étende plus loin, et suivant des modalités qui sacrifient moins à la continuité spatiale, est élevée. L. Davezies (2004) a défini les évolutions des fonctions des villes nouvelles depuis 20 ans. L’analyse que nous proposons rejoint certes les conclusions principales auxquelles parvient cet auteur. Elle a cependant un objectif un peu différent, celui de situer les fonctions des villes nouvelles dans le système polycentrique régional.

a) Une faible spécialisation de l’activité économique La diversité des profils d’activité des villes nouvelles est assez grande6, autant de villes nouvelles et presque autant de types de portefeuille d’activités. Le portefeuille de Saint-Quentin en Yvelines est plus proche, relativement, de celui de La Défense, qu’il ne l’est de ceux des autres villes nouvelles. Les secteurs de la construction automobile et des industries de biens d’équipement et surtout, des services aux entreprises, y sont relativement beaucoup plus concentrés qu’ailleurs. Une surreprésentation des emplois dans les secteurs des industries d’équipement et de l’administration contribue à la spécialisation de Sénart. Une dotation relativement favorable en emplois dans la construction, le commerce et les services aux particuliers rapproche Marne-La-Vallée de Sainte-Geneviève des Bois, Massy-Les Ulis et Saint-Denis. Enfin, une orientation de l’activité plus directement tournée vers les fonctions d’administration, d’éducation et de santé, rapproche Evry et Cergy-Pontoise, des pôles de Meaux et de Créteil, chacun incluant le chef-lieu d’un département. Ces formes de spécialisation sont à prendre en considération et ce, d’autant plus qu’il s’agit de pôles d’emploi de grande taille.

6 Classification ascendante hiérarchique effectuée sur un tableau décrivant pour chacun des quatorze pôles la part de l’emploi réparti dans 14 catégories d’activités : - Industries agricoles et alimentaires - Industrie des biens de consommation - Industrie automobile - Industries des biens d'équipement - Industries des biens intermédiaires – Energie – Construction – Commerce – Transports - Activités financières - Activités immobilières - Services aux entreprises - Services aux particuliers - Éducation, santé et action sociale - Administration

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Tableau 1.2 - Activité et offre d’emploi

Type* indice de

spécialisation** Catégories d'activité

surreprésentées Pôles d'emploi

1 14,6 Industries automobiles et des

biens d'équipement, Saint-Quentin en Yvelines ,

Versailles

2 29,8 Services aux entreprises,

énergie Paris-La Défense

3 12,5

Industries agricoles et alimentaires, commerce, services aux particuliers

Marne-La-Vallée, Sainte-Geneviève-des-Bois

4 22,1 Transports Roissy-en-France

5 4,2

Industries des biens de consommation et de biens

d'équipement

Sénart, Massy-Les Ulis, Saint-Denis

6 3,0

Industries des biens de consommation, éducation,

santé, action sociale, Administration

Evry, Cergy-Pontoise, Meaux, Sarcelles, Créteil

* D’après une classification ascendante hiérarchique effectuée sur un tableau décrivant pour chacun des quatorze pôles la part de l’emploi réparti dans 14 catégories d’activités **Distance euclidienne du profil d’emploi de la classe au profil moyen de l’ensemble des 14 pôles

Ces spécialisations de l’activité des villes nouvelles ne doivent cependant pas être surestimées. Replacées à l’échelon de l’ensemble des 67 pôles multicommunaux de la région, une lecture plus nuancée peut être faite. A cet échelon, les spécialisations de ces pôles multicommunaux centrés sur les villes nouvelles apparaissent faibles, ce qui est conforme à la règle générale selon laquelle la spécialisation diminue quand augmente la taille des pôles. Ainsi, les pôles articulés sur les villes nouvelles se rattachent aux types de pôles les moins spécialisés de l’aire urbaine. D’une part, Noisiel, Noisy-le-Grand et Trappes-Guyancourt, ainsi que Massy-Les Ulis et Saint-Denis, apparaissent parmi les 18 pôles de l’aire urbaine à profil très diversifié que distingue seulement une légère surreprésentation des emplois dans le commerce de gros et les services de santé et d’éducation. D’autre part, aux côtés de ceux de Sarcelles et de Versailles, les pôles de Cergy-Pontoise, Evry, Créteil, et Meaux, se rattachent à un ensemble de 25 pôles aux profils tout aussi diversifiés que les précédents, mais que distinguent cette fois de très légères surreprésentations des emplois dans les services d’éducation, de santé, et d’administration. Seul le pôle de Lagny-sur-Marne, qui comprend entre autres la commune de Chessy, site de Disneyland et qui est par ailleurs d’assez petite taille s’éloigne de l’ensemble, avec une surreprésentation exceptionnelle de l’emploi dans le secteur des services aux particuliers. A l’échelon de l’aire urbaine, et au-delà de quelques orientations spécifiques que nous avons identifiées, la relative diversification des portefeuilles d’activité des pôles d’emplois construits adossés aux villes nouvelles est un trait essentiel de ce polycentrisme régional. Chaque pôle, Lagny excepté, bénéficie de la présence de plusieurs activités qui, séparément ou combinées, ont vocation à un rayonnement très ouvert et de portée régionale. Sans qu’elle ait la capacité de tirer l’ensemble, l’une d’entre elles (ou un sous ensemble d’entre elles) peut toutefois donner par sa concentration relative une certaine identité économique à chaque ville. Ce trait reste modeste, au regard des spécialisations de deux autres grands pôles

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d’emploi, parmi les plus grands, Roissy autour de l’aéroport international et Paris-La Défense autour du centre d’affaires. En dépit de leur très grande taille, ils ont été construits à partir de projets au moins aussi volontariste que ceux des villes nouvelles, mais d’emblée spécialisés.

b) Des profils de qualification des emplois sensibles aux environnements régionaux

Toutes choses égales quant au nombre d’emplois offerts, la puissance des pôles et l’inscription territoriale de celle-ci, dépendent non seulement de la nature des fonctions que ces pôles exercent, mais aussi de celle des emplois qu’ils proposent, de la qualification de ces derniers. La réflexion proposée portant sur les capacités directes de l’offre d’emploi des villes nouvelles à structurer les mobilités régionales domicile-travail, on s’arrête plus particulièrement sur les qualifications mobilisées quotidiennement par chacune, les rapports du pôle au territoire en dépendant ici directement. D’une part, il existe, un lien entre les mobilités des populations actives, les distances de déplacement auxquelles ces dernières consentent, et les professions qu’elles exercent. Ainsi par exemple, les distances parcourues en moyenne par les cadres seront plus longues que celles effectuées par les ouvriers, ou les travailleurs indépendants. Des effets de contexte résidentiel mais aussi économique entrent d’autre part en ligne de compte. Plus grande est l’adéquation entre la qualité de l’offre d’emploi d’un pôle et les caractéristiques socio-résidentielles de son environnement, plus probables sont les ajustements de proximité. Enfin, les modes de structuration de l’espace engendrés par ces pôles dépendent aussi des liens entre cette qualification de l’emploi et les localisations de ces derniers. Relativement proches les uns des autres, et sollicitant le même type de main d’œuvre, ces pôles ont toutes chances de se trouver en situation de concurrence sur un même créneau de main d’œuvre et sur un même bassin d’emploi local. Plus éloignés, des partages seront naturellement appelés à s’opérer au gré des ajustements entre lieu de résidence et lieu de travail, qui jalonnent les trajectoires des personnes actives. On s’est donc intéressé à la dimension socio-professionnelle de l’offre d’emploi des villes nouvelles7. (tableau 1.3). On remarque, que les profils de qualification de l’emploi des villes nouvelles ont tendance à épouser les traits majeurs de l’emploi du secteur géographique dans lequel elles se trouvent localisées. Ceci signifie que, toutes choses égales quant aux activités présentes, les partages du travail suivent une logique territoriale qui s’inscrit dans le cadre de l’ensemble de l’espace métropolitain. Saint-Quentin en Yvelines a, de toutes les villes nouvelles, l’offre d’emploi la plus spécialisée, et aussi la plus qualifiée, se rapprochant ainsi des autres pôles d’emploi de l’ouest, Paris-La Défense, et aussi Massy-les Ulis et Versailles. Tous ces pôles ont en

7 Classification ascendante hiérarchique effectuée sur un tableau décrivant pour chacun des quatorze pôles la part de l’emploi réparti dans 15 PCS - Commerçants et assimilés, - Chefs d’entreprise >= 10 sal. - Professions libérales - Cadres fonction publique, professions intellectuelles et artistiques - Cadres d’entreprise - Professions Intermédiaires de l’enseignement de la santé et de la fonction publique. - Professions intermédiaires de l’administration et du commerce des entreprises. – Techniciens - Contremaîtres, agents de maîtrise - Employés de la fonction publique - Employés administratifs d’entreprise - Employés de commerce - Personnels services directs particuliers - Ouvriers qualifiés - Ouvriers non qualifiés

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partage des surreprésentations des emplois les plus qualifiés, cadres d’entreprise et techniciens pour les deux premiers, combinées aux cadres de la fonction publique pour les deux autres. Les autres villes nouvelles ont des niveaux de qualification de l’emploi plus faibles et plus proches de la moyenne régionale. Marne-La-Vallée, Cergy-Pontoise, et Evry ont l’offre d’emploi la plus diversifiée, avec de légères surreprésentations des professions intermédiaires et des employés de la fonction publique et des entreprises. A peine plus éloignée du profil moyen d’emploi de l’ensemble de l’aire urbaine, Sénart se rapproche de Roissy-en-France et de Saint-Denis, du fait d’un légère surconcentration des employés d’entreprise et surtout, des ouvriers.

Tableau 1.3 - La qualification de l’offre d’emploi

Type** indice de

spécialisation* catégories d'emploi surreprésentées Pôles d'emploi

1 72,6 artisans commerçants, chefs

d'entreprises et professions libérales, employés de com.

Meaux

2 12,0 employés de la fonction publique et

des services aux particuliers, ouvriers Créteil, Sarcelles

3 1,2 professions intermédiaires et

employés de la fonction publique et des entreprises

Cergy-Pontoise, Evry, Marne-La-Vallée

4 5,4 employés d'entreprises et ouvriers Roissy-en-France, Saint-Denis, Sénart

5 15,8 cadres et professions intermédiaires

d'entreprises, techniciens

La Défense, Saint-Quentin en Yvelines en Yvelines

6 8,8 cadres et professions intermédiaires d'entreprises, cadres de la fonction

publique, techniciens

Massy-Les Ulis, Versailles

* Classification ascendante hiérarchique effectuée sur un tableau décrivant pour chacun des quatorze pôles la part de l’emploi réparti dans 15 PCS **Distance euclidienne du profil d’emploi de la classe au profil moyen de l’aire urbaine

Au total, Evry et Cergy-Pontoise ont des profils d’emploi parmi les plus diversifiés que ces derniers soient saisis par la nature des activités présentes ou par celle de la qualification des emplois offerts. A l’opposé, les tendances à la spécialisation de l’activité de Saint-Quentin en Yvelines correspondent à une orientation des qualifications de l’offre d’emploi plus marquée qu’ailleurs en direction des niveaux élevés. A Marne-La-Vallée et à Sénart, les profils de qualification sont encore plus diversifiés que ne le sont les profils d’activité.

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1.4. - Emprise interne et rayonnement externe La force des villes nouvelles dans la structuration territoriale du polycentrisme de l’offre d’emploi, se manifeste aussi par leur capacité à fixer la population active résidente du pôle. Cette force se traduit par le rayonnement externe de ce dernier, c’est-à-dire par la capacité du pôle à attirer des actifs. Ces deux vecteurs de la capacité de polarisation des villes nouvelles se combinent différemment dans chacune des villes. L’exploration de ces dimensions du rayonnement des villes nouvelles a été réalisé en considérant quatre indicateurs : le taux d'emploi du pôle – le taux d’attraction interne - le taux d’attraction externe – le taux de rétention locale des actifs résidents - (tableau 1.4). Le premier, le taux d'emploi du pôle est en général utilisé comme mesure du potentiel d’emploi local. Il correspond au rapport entre le nombre d’emplois offerts et le nombre de personnes actives ayant un emploi qui résident dans le périmètre du pôle. - Le deuxième, le taux d’attraction interne, correspond quant à lui au rapport entre le nombre de personnes actives qui, à la fois, résident et travaillent dans le périmètre du pôle, et le nombre d’emplois offerts par ce dernier. Ce taux d’attraction interne exprime la contribution de la population résidente à l’occupation de l’emploi du pôle. Le troisième indicateur, le taux d’attraction externe, est une mesure de l’attraction exercée par le pôle sur l’extérieur; il se déduit directement du précédent dont il est le complémentaire. - Le quatrième, dit taux de rétention locale des actifs résidents, repose sur le rapport entre le nombre de personnes résidant et travaillant dans le pôle, et le nombre de personnes actives qui y résident. Lu du point de vue du pôle, il mesure la capacité effective de ce dernier à retenir sur place la population active résidente, sa force de rétention locale. Si on adopte non plus le point de vue de l’offre du pôle mais celui de la demande des résidents, il traduit le degré de dépendance de ces derniers à l’égard de l’offre locale d’emploi.

Tableau 1.4 - La force de polarisation des villes nouvelles en 1999

Villes nouvelles taux

d'emploi

taux d'attraction

interne

taux d'attraction

externe

taux de rétention des actifs résidents

Marne-La-Vallée 94 34 66 33 Sénart 68 43 57 29 Evry 145 27 73 39 Saint-Quentin en Yvelines 119 34 66 41 Cergy-Pontoise 105 45 45 48 Moyennes pour l'ensemble des 67 pôles d'emploi multicommunaux de l'aire urbaine de Paris

situés à >15km de Paris 104 35 65 35 situés à <15km de Paris 120 25 75 28 pôles parisiens 340 24 76 48

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a) Une relative diversité des potentiels de polarisation En dépit d’un volume élevé de l’offre d’emploi, Marne-la-Vallée affiche un taux d’emploi nettement inférieur à celui des autres villes nouvelles, Sénart exceptée. A ce taux correspondent à la fois des taux de rétention et des capacités d’attraction externe tout juste du niveau de ceux enregistrés en moyenne par les pôles d’emploi multicommunaux situés à plus de 15 km de Paris. En outre la force polarisante de cette ville nouvelle, relativement faible en 1999, n’est pas inscrite dans une dynamique très positive depuis 1990 (tableau 1.6, figure 1.6). A un taux d’emploi en diminution, correspond aussi une relative régression du taux d’attraction interne, bien que l’emprise du pôle sur la population locale des actifs résidents soit demeurée à peu près stable. Seul le taux d’attraction externe a augmenté entre 1990 et 1999. Toutes choses égales quant à leur taille pour l’emploi offert, deux des villes nouvelles, Sénart et Cergy-Pontoise, se satisfont davantage du travail de personnes actives résidant dans leur périmètre que ne le font, en moyenne, les pôles d’emploi multicommunaux situés à plus de 15 km de Paris (plus de 40% contre 35% en moyenne). Au-delà, les situations divergent. Cergy-Pontoise, dotée d’un taux d’emploi moyen, assortit cette orientation préférentielle vers les ressources locales de main d’œuvre d’une assez forte dépendance des personnes actives résidant dans le périmètre de la ville nouvelle (48% des actifs résidents ayant un emploi travaillent sur place). Relativement excentrée au nord, cette ville nouvelle conserve une emprise locale relativement forte ; la stabilité des indicateurs d’attraction entre 1990 et 1999 (tableau 1.5, figure 1.6) semble attester de la spécificité structurelle de ce pôle, désormais inscrite dans les faits. A l’inverse, la capacité de rétention de la population active résidente est relativement faible à Sénart, inférieure à ce qu’elle est pour l’ensemble des pôles d’emploi multicommunaux situés à plus 15km de Paris, mais elle est en augmentation. Même modeste, cette augmentation est d’autant plus remarquable que Sénart, dotée en 1999 du taux d’emploi le plus faible, est immergée dans un environnement où l’offre d’emploi est dense, diversifiée et portée par des pôles d’emploi nombreux et peu éloignés les uns des autres. Les capacités de polarisation d’Evry et de Saint-Quentin en Yvelines sont plus extraverties. Ces deux villes, qui ont les taux d’emploi les plus élevés en 1999, affichent des taux de rétention de leurs actifs résidents supérieurs à la moyenne des pôles de la grande couronne. Elles disposent cependant de capacités de polarisation externe, très élevée dans le cas d’Evry (taux d’attraction externe 77%) ou relativement élevée dans le cas de Saint-Quentin en Yvelines (66%). Il s’agit donc de pôles qui, tout en tenant relativement bien le marché local du travail, ont un rayonnement externe plus intense et donc, un rôle régional plus affirmé. Or on constate que, durant la décennie 90, ces deux pôles ont bien maintenu ce rayonnement tout en renforçant, de manière très significative dans le cas de Saint-Quentin en Yvelines, leur capacité de mobilisation des actifs résidant dans la ville nouvelle (tableau 1.5, figure 1.6).

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Tableau 1.5 - Evolution de la force de polarisation des villes nouvelles entre 1990 et 1999

Villes nouvelles taux

d'emploi 1999/1990

taux d'attraction

interne 1999/1990

taux d'attraction

externe 1999/1990

taux de rétention des

actifs résidents 1999/1990

Marne-La-Vallée 0,89 0,81 1,14 1,00 Sénart 1,17 1,01 0,99 1,18 Evry 1,14 0,94 1,02 1,07 Saint-Quentin en Yvelines 1,25 0,96 1,02 1,21 Cergy-Pontoise 1,01 0,98 1,02 0,99

Figure 1.6 - Croissance de l’emploi et croissance de la population

Marne-la-Vallée

Cergy-Pontoise

Saint-Quentin en YvelinesEvry

Sénart

Créteil

Paris-La Défense

Saint-Denis

Roissy-en-france

SarcellesVersailles

Ste-Geneviève-des-BoisMassy-Les Ulis

Meaux

-5

0

5

10

15

20

-5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

taux de variation de l'emploi de 1990 à 1999

tau

x d

e va

riat

ion

de

la p

op

ula

tio

n

de

1990

à 1

999

L'équation du modèle s'écrit : taux de variation de la population = -0,96+ 0,38*taux de variation de l'emploi Coefficients d'ajustement : R (coefficient de corrélation)=+0,82, R² (coefficient de détermination)= 0,68

b) Des positions parfois extrêmes dans un système régional multipolaire

Ces capacités de polarisation doivent être interprétées par rapport à celles de l’ensemble des 67 pôles multicommunaux de l’aire urbaine de Paris parmi lesquelles prennent sens les dynamiques des villes nouvelles. Quelques remarques d’ensemble s’imposent (tableau 1.6). On remarque d’une part, que les distributions de ces indicateurs ne sont pas indépendantes des positions géographiques des pôles sur le gradient centre-périphérie des densités de population. Ainsi, les taux d’emploi et les taux d’attraction externe ont tendance à diminuer du centre de l’aire urbaine vers la périphérie. Les taux de rétention des actifs résidents, qui sont plus élevés pour les pôles multicommunaux parisiens que pour ceux de la périphérie, passent par

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un minimum pour les pôles situés à moins de 15km de Paris (28% contre 48% pour les pôles parisiens et 35% pour les pôles situés à plus de 15km). En moyenne, les pôles de la grande périphérie, à laquelle appartiennent les pôles multicommunaux adossés aux villes nouvelles, retiennent donc mieux leurs résidents actifs que ceux de la petite couronne. On observe d’autre part, que ces indicateurs d’attraction ne sont pas indépendants les uns des autres (tableau 1.6). On note en premier lieu que le taux d’emploi est corrélé positivement avec le taux d’attraction externe et avec le taux de rétention des résidents actifs. On remarque ensuite que le taux d’attraction interne est des quatre indicateurs celui qui est le plus faiblement lié aux trois autres. On souligne enfin que la taille des pôles n’est susceptible de jouer positivement que sur deux des indicateurs, le taux d’emploi et surtout, le taux de rétention des actifs résidents.

Tableau 1.6 – Relation entre la taille des pôles multicommunaux et les indicateurs d'attraction

1 2 3 4 5

1 taux d'emploi 1 -0,52 0,52 0,38 0,32

2 taux d'attraction interne -0,52 1 -1,00 0,36

3 taux d'attraction externe 0,52 -1,00 1 -0,36

4 taux de rétention des résidents actifs 0,38 0,36 -0,36 1 0,41

5 nombre d'emplois 0,32 0,41 1

coefficients de corrélation de Pearson valeurs significatives (hors diagonale) au seuil alpha=0,050 (Test bilatéral)

Situés dans l’ensemble des pôles de l’aire urbaine, les pôles multicommunaux adossés aux villes nouvelles ont des positions pour l’attraction certes conformes au schéma d’ensemble, mais très convergentes au moins pour trois d’entre eux (figure 1.7). La figure 1.7 souligne en premier lieu la relation négative entre le taux de rétention des actifs résidents et le taux d’attraction externe (r=-0,36). Elle montre que deux des pôles articulés sur les villes nouvelles, Trappes-Guyancourt et Cergy-Pontoise, se situent parmi la quinzaine de pôles qui ont à la fois, des taux de rétention des populations locales résidentes nettement supérieurs à la moyenne de ceux situés à plus de 15 km de Paris, et des taux d’attraction externe inférieurs. Ceci tendrait à montrer l’assez bonne adéquation locale entre l’offre et la demande d’emplois, entre l’offre d’emplois et l’offre de logements. Sur la figure 1.7, on note la proximité du pôle de Melun et des deux précédents ; on a cependant rappelé la relative faiblesse des emplois de la ville nouvelle dans la constitution de ce pôle. Evry ne se détache légèrement de cet ensemble que par un taux d’attraction externe légèrement supérieur, ce qui traduit, toutes choses égales par ailleurs, une attractivité régionale plus grande. Les taux de rétention des différents pôles multicommunaux de Marne-la-Vallée révèlent leur faible emprise locale. Ainsi, venant confirmer les remarques faites précédemment à propos de l’ensemble de la ville nouvelle, Noisiel et Noisy-Le-Sec appartiennent au quart des pôles retenant le moins bien leurs actifs résidents locaux, et la position de Lagny est à peine meilleure. Pour expliquer cette situation, on pourrait arguer de la moindre distance à Paris. L’argument ne tient guère : ces taux sont inférieurs à ceux de pôles de leur voisinage pourtant plus

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proches de Paris tels par exemple, Montreuil, Bobigny ou encore Orly ou Ivry, et à peine supérieurs à celui par exemple du pôle voisin de Fontenay-Nogent. Il faut sans doute invoquer les distorsions entre la croissance de l’emploi et croissance de la population, qui place en situation globalement défavorable la ville nouvelle (figure 1.7). Reste enfin à vérifier que ne jouent pas à leur tour, plus que dans les autres villes nouvelles, des distorsions qualitatives entre l’offre locale d’emploi et l’offre locale de logement. Que le taux d’attraction externe isole Lagny et Noisiel des autres pôles de villes nouvelles viendrait renforcer cette hypothèse.

Figure 1.7 - Les villes nouvelles et la force de polarisation des pôles multicommunaux de l’aire urbaine

Cergy-Pontoise

EvryCréteil

Saint-Denis

Paris-La Défense

Lagny-sur-Marne

SarcellesTrappes-

Guyancourt

Ste-Geneviève-des-Bois

Roissy-en-franceVersailles

moy <15km

moy >15km

Meaux

Massy-Les Ulis

Melun

Noisy-le-Grand

Noisiel

50

55

60

65

70

75

80

85

90

95

100

10 20 30 40 50 60

taux de rétention des actifs résidents 1999

tau

x d

'att

ract

ion

ext

ern

e 19

99

. Pôles multicommunaux témoins (ex: Créteil).

Pôles multicommunaux adossés à une ville nouvelle (ex: Evry), Autres pôles multicommunaux

Ces réflexions ont conduit à dépasser cet échelon d’analyse en considérant pour les cinq villes nouvelles et les neuf pôles témoins, non plus seulement les taux synthétiques de rétention locale et d’attraction externe mais les taux relatifs à chacune des catégories d’emplois : artisans et commerçants, cadres, professions intermédiaires, employés et ouvriers. Une classification ascendante hiérarchique permet de repérer les filtres qualitatifs qui entrent en jeu dans la définition des caractéristiques de la polarisation. On note que les cinq villes nouvelles se répartissent dans trois des cinq classes identifiées. Ces types se différencient davantage pour leurs capacités globales

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soit de rétention des actifs résidents dans le périmètre du pôle ou d’attraction externe que du fait de procédures de filtrages qualitatifs, visant la rétention ou l’attraction plus sélective de certaines catégories d’emploi. Ainsi retrouve t-on Marne-La-Vallée et Sénart dans le sous-ensemble des pôles dont la force relative de polarisation apparaît aussi faible en interne qu’en externe. Ces deux villes nouvelles rejoignent plus précisément Créteil et Massy-Les Ulis, dans la même classe (type 2) avec lesquels elles partagent des taux de rétention toujours très inférieurs à la moyenne, quelle que soit la catégorie d’emploi, et des taux d’attraction externe eux mêmes très inférieurs, sauf pour les ouvriers qui proviennent pour 64% d’entre eux de l’extérieur du pôle, contre 63% en moyenne.

Tableau 1.7 - Les sélectivités des attractions

Filtres qualitatifs Type

Villes nouvelles ou pôles témoins

multicommunaux taux de rétention des

résidents taux d'attraction externe

Force relative de polarisation assez faible, attraction sélective

1 Sainte-Geneviève-des-

Bois, Sarcelles sous représentations pour

toutes les catégories d'emploi

sous représentations pour les artisans, les employés et les

ouvriers

2 Créteil, Marne-La-Vallée, Massy-Les

Ulis, Sénart

sous représentations pour toutes les catégories d'emploi

sous représentations pour toutes les catégories, celle des

ouvriers exceptée Bonne rétention de la population résidentielle locale et attraction externe sélective

3 Cergy-Pontoise,

Meaux, Saint-Quentin en Yvelines

sur représentations pour toutes les catégories d'emploi

sous représentations pour les cadres, les professions

intermédiaires et les employés

Une attraction externe forte et peu sélective

4 Evry, Roissy-en-

France, Saint-Denis valeurs moyennes pour toutes

les catégories d'emploi sur représentations pour toutes

les catégories d'emploi

5 Paris-La Défense,

Versailles

sur représentations pour toutes les catégories d'emploi, celle

des artisans exceptée

sur représentations pour toutes les catégories d'emploi, celle

des artisans exceptée

Avec une capacité de rétention locale des actifs résidents très supérieure à la moyenne et ce, quelle que soit la catégorie d’emploi, et une force d’attraction externe relativement faible pour les cadres, les professions intermédiaires et les employés, Cergy-Pontoise et Saint-Quentin en Yvelines constituent avec Meaux un deuxième sous-ensemble (type3). On peut supposer que le milieu résidentiel local de ces villes nouvelles est un pourvoyeur de personnes actives bien doté dans les catégories sous-représentées dans l’éventail social des attractions. Enfin Evry, relève d’un troisième sous ensemble de pôles qui, sans déficits particuliers sur le plan de la rétention locale des actifs résidents, manifestent une attractivité externe forte et peu sélective : les taux sont toujours supérieurs à la moyenne quelle que soit la catégorie d’emploi. La ville nouvelle rejoint plus précisément Roissy-en-France et Saint-Denis (type 4), du fait de taux de rétention locale des actifs résidents à peine moyens, quelle que soit la catégorie d’emploi, alors que pour les autres pôles (type 5 Paris-La Défense, Versailles) les sur représentations de ce taux sont manifestes pour toutes les catégories d'emploi, celle des artisans exceptée.

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Conclusion En 1999, les villes nouvelles sont parmi les grands pôles d’emploi périphériques que compte l’Ile-de-France (de 127 000 emplois à Marne-La-Vallée et 55 000 à Evry), si on excepte Sénart qui n’atteint pas tout a fait les 25 000 emplois. Replacés dans l’ensemble des 67 pôles d’emploi multicommunaux de l’aire urbaine de Paris, les pôles adossés aux villes nouvelles s’égrènent entre les 11e et 24e rangs. La force des villes nouvelles en tant que pôles d’emploi prend appui sur des profils fonctionnels qui, à l’échelon de l’ensemble des 67 pôles multicommunaux, apparaissent relativement diversifiés. C’est seulement dans la nuance que les profils d’emploi se ressentent un peu des effets de contexte géographique de leur localisation : relativement, un peu plus d’emplois de cadres et de professions intermédiaires d'entreprises, et de techniciens à Saint-Quentin en Yvelines prise dans la mouvance de la métropolisation des emplois du sud-ouest de la région, un peu plus de professions intermédiaires et d’employés ailleurs, en particulier à Cergy-Pontoise, Evry, Marne-La-Vallée et enfin, un peu plus d’employés d'entreprises et d’ouvriers à Sénart. D’une certaine manière, ces effets de sectorisation géographique impriment aussi leur marque aux forces de polarisation de ces villes nouvelles. Une opposition est-ouest a été à plusieurs reprises relevée avec d’un côté, Saint-Quentin en Yvelines et Evry qui affichent des taux de polarisation relativement favorables et de l'autre, Marne-La-Vallée et Sénart qui restent très en deçà des taux moyens enregistrés pour l'ensemble des villes nouvelles et des pôles témoins. Les emplois de l’ouest et du sud peuvent s’appuyer sur un plus fort ancrage local et un rayonnement externe relativement plus soutenu. Plus isolée au nord, Cergy-Pontoise mise davantage sur l’ancrage local. Les dynamiques de polarisation des villes nouvelles apparaissent tout aussi contrastées et elles sont elles-mêmes partiellement inscrites dans une dynamique sectorielle. La position de Cergy-Pontoise dans la structure polycentrique régionale paraît s’être stabilisée, ce que révèlent autant les indicateurs d’évolution du poids du pôle dans l’emploi régional, que ceux relatifs à son attractivité. Bien réels, les rattrapages de l’emploi à Marne-La-Vallée ne compensent pas la croissance particulièrement rapide de la population. Les gains d’emploi se traduisent aujourd’hui davantage dans un rééquilibrage interne au bénéfice de la partie orientale de la ville nouvelle, que dans une attractivité relative renforcée locale en particulier. Les pôles d’Evry et de Saint-Quentin en Yvelines semblent bénéficier des tendances d’évolution de leur environnement. Ce dernier continue de voir croître beaucoup plus vite les emplois, et parmi ceux-ci les plus qualifiés, que la population résidente ; De plus l’adéquation qualitative entre types d’emplois et population tend à s’améliorer avec une diffusion des catégories les plus aisées des Hauts-de-Seine et des Yvelines en direction de l’Essonne (François et al., 2004).

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Chapitre 2 Les villes nouvelles et Paris Introduction Il est inconcevable de penser les dynamiques de polarisation qui animent les villes nouvelles franciliennes sans interroger les relations que celles-ci entretiennent avec Paris, centre principal de la métropole. La domination historique de ce dernier est en effet aujourd’hui remise en question à la marge par les dynamiques de métropolisation : les hiérarchies sont bousculées, certains bassins d’emploi tendent à s’autonomiser au sein même des métropoles. Quel contre-poids représente aujourd’hui l’emploi des villes nouvelles face à l’attraction parisienne ? Sont-elles pour les Parisiens des pôles d’emploi qui comptent ?

2.1 – Une polarisation forte mais composite

a) Des villes nouvelles moins dépendantes de Paris que les pôles témoins En 1999, la métropole francilienne apparaît toujours fortement polarisée par la commune de Paris, qui attire notamment près de 60 000 navetteurs originaires des cinq villes nouvelles. Ces navetteurs représentent quelques 16% des actifs occupés résidant en ville nouvelle, et 4% des emplois parisiens. La part des actifs envoyés à Paris par les villes nouvelles est cependant moins forte en moyenne que observée pour les neuf pôles témoins (figure 2.1). En réalité, les taux enregistrés par les villes nouvelles se rapprochent de ceux des autres pôles de la grande couronne (< 25% des actifs résidents). Ce groupe présente cependant une dispersion importante : Marne-la-Vallée, contribue pour moitié au total des résidents des villes nouvelles qui travaillent à Paris. Elle dépend de Paris à un niveau qui la rapproche des pôles de la petite couronne. Ceci s’explique par l’historique de son urbanisation : les secteurs les plus proches de Paris ont été aménagés en premier ; il n’est donc pas impossible que la montée en charge du troisième secteur, le plus éloigné de Paris, favorise le rapprochement du taux de dépendance de Marne-la-Vallée de celui des autres villes nouvelles. A l’inverse, la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines se détache des autres pôles par sa faible dépendance à l’égard de Paris : moins de 10% de ses actifs résidents travaillent dans la capitale. Dans le groupe des pôles de la grande couronne, les villes nouvelles contribuent donc à accroître considérablement la dispersion des taux de dépendance à Paris.

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Figure 2.1 – La dépendance à l’égard du marché parisien des pôles secondaires en 1999

b) Des profils diversifiés de la dépendance La distribution socioprofessionnelle des actifs résidant dans les pôles et qui travaillent à Paris, reflète d’abord la structure sociale de l’ensemble des résidents. On constate une opposition entre les dépendances des cadres et celles des employés : un pôle qui envoie une part importante de cadres envoie une part faible d’employés et également d’ouvriers (figure 2.2).

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Figure 2.2 – Corrélations entre les taux de dépendances de chaque CSP par rapport à Paris

Figure 2.3 – Profils socio-professionnels des navetteurs travaillant à Paris en 1999

Villes nouvelles

Pôles témoins

(Les pôles sont triés par % de cadres décroissant dans la légende)

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Les villes nouvelles se positionnent globalement au niveau du profil moyen de dépendance de l’ensemble des pôles (figure 2.3), avec cependant une légère surreprésentation de la dépendance pour les professions intermédiaires. Les profils des autres pôles se divisent en deux groupes. Le premier rassemble Versailles et La Défense, qui ont en commun d’envoyer à Paris une forte part de cadres et une faible part d’employés et d’ouvriers. Le second avec Roissy, Meaux, Saint-Denis et Sarcelles, a un comportement diamétralement opposé. 2.2 – Les facteurs de la dépendance à Paris Après avoir identifié les grandes lignes du comportement des actifs résidents des villes nouvelles vis-à-vis du pôle d’emploi parisien, nous avons choisi de tester l’importance de deux facteurs susceptibles de les expliquer : la proximité géographique, et l’existence ou non de pôles d’emploi proches et influents, donc susceptibles de concurrencer Paris.

a) Le rôle de la distance La distance reste un facteur discriminant de la dépendance à l’égard des pôles secondaires à l’égard de Paris prenant en compte plus de la moitié de la variation des taux de dépendance observés pour les 14 pôles (figure 2.4). La distance kilométrique par la route est celle qui explique à première vue le mieux ces variations (65%), suivie de près par les temps de parcours (64 et 62%)8. On note cependant que pour Cergy, Evry et surtout Saint-Quentin, les taux de dépendance sont plutôt plus faibles que ceux que l’on aurait pu attendre compte tenu de leur distance à Paris. A l’inverse, le modèle sous estime les dépendances de Marne-la-Vallée et de Sénart.

b) Le rôle des pôles dans le voisinage Un deuxième facteur intervient. Il s’agit de la présence de pôles concurrents dans le voisinage susceptibles d’attirer des navetteurs en nombre conséquent et de limiter ainsi la part des départs vers Paris (principe des occasions interposées). Ainsi, la carte des trois premiers flux émis par chaque pôle (figure 2.5) fait apparaître l’existence d’une relation préférentielle de proximité entre St Quentin en Yvelines et Versailles, laquelle explique en partie la faible dépendance de la ville nouvelle vis-à-vis de Paris. De la même manière, même si La Défense ne se trouve pas dans l’environnement proche de Cergy, elle représente une très sérieuse concurrence pour Paris.

8 Quatre types de distance ont été utilisés : deux distances kilométriques à vol d’oiseau et par la route ,et deux

distances temps, par la route (Mappy et Via Michelin), et en transport en commun (estimation RATP). Il

conviendrait cependant d’approfondir cette analyse en faisant varier systématiquement les points de départ

et d’arrivée, dont le choix influence inévitablement les résultats : des pôles tout en longueur comme Marne-la-

Vallée et surtout Massy-Les Ulis sont loin d’être résumables à un point en ce qui concerne leur accessibilité à

Paris.

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Figure 2.4 – Dépendance et distance au pôle d’emploi parisien

Bien que dans une moindre mesure, les deux villes nouvelles du sud sont également impliquées dans des relations à des pôles secondaires qui peuvent ici représenter des concurrences pour Paris, avec Orly pour Evry, et avec Melun et Evry pour Sénart. En revanche, aucun pôle proche ne semble perturber la relation forte de Marne-la-Vallée avec la capitale ; les deuxième et troisième flux, beaucoup plus faibles que le flux vers Paris, se dirigent vers des pôles plus éloignés (La Défense et Roissy). Créteil, qui aurait notamment pu attirer des navetteurs de cette ville nouvelle du fait de son taille et de sa proximité, s’avère en fait très peu connectée à celle-ci.

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Figure 2.5 – L’orientation des navettes des résidents des pôles secondaires en 1999

2.3 – Une attraction parisienne en déclin La déconcentration relative de l’emploi régional entraîne mécaniquement une baisse des dépendances à l’égard de Paris. Or on constate que ces dernières ont baissé plus vite, en moyenne, pour les villes nouvelles que pour les autres pôles (figure 2.6), quatre d’entre eux seulement (Sarcelles, Sainte-Geneviève, Les Ulis et Roissy) s’alignant sur la décroissance moyenne des villes nouvelles. La baisse la plus spectaculaire est observée à Saint-Quentin en Yvelines. Sa position, déjà extrême en 1990, a été confortée. Cette baisse de la dépendance à l’égard de Paris n’est pas étrangère aux évolutions de l’offre d’emploi dans les villes nouvelles (voir Chapitre 1) : En considérant la co-variation de ces deux indicateurs (figure 2.7), Sénart, Saint-Quentin et Marne-la-Vallée sont marquées par une croissance du nombre d’emplois beaucoup plus forte et une baisse de la dépendance à Paris parmi les plus accentuées.

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Figure 2.6 – L’évolution de la dépendance à l’égard de Paris entre 1990 et 1999

Figure 2.7 – Marché local de l'emploi et dépendance à l’égard de Paris entre 1990 et 1999

Les positions d’Evry et de Cergy sont moyennes dans les deux cas. Par ailleurs, on observe que la baisse de la dépendance des villes nouvelles à l’égard de Paris est plus forte pour toutes les catégories socioprofessionnelles avec cependant une baisse plus faible pour les cadres (à Saint Quentin notamment et dans une moindre mesure à Marne-la-Vallée et Evry), et plus accentuée pour les ouvriers, Marne-la-Vallée exceptée. L’analyse de la dépendance à l’égard de Paris a permis d’identifier un certain nombre de caractéristiques des villes nouvelles qui affirment leur spécificité dans l’ensemble des pôles secondaires franciliens. Ainsi, ces villes envoient en moyenne relativement moins de navetteurs à Paris que les autres pôles, et cet

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écart tend à s’accentuer. Le contingent de leurs navetteurs travaillant à Paris reflète la surreprésentation des classes moyennes dans leur population résidente (professions intermédiaires notamment). Mais au-delà de ces caractéristiques communes, il faut souligner la variété – dans certains cas la divergence - des situations de chaque ville nouvelle. Marne-la-Vallée reste plus solidement arrimée à Paris en dépit de l’éloignement régulier de son centre de gravité. Saint-Quentin en Yvelines, en forte interaction avec Versailles, est relativement moins liée à Paris. 2.4 – L’attraction sélective des Parisiens Les relations entre les villes nouvelles et Paris ne sont pas à sens unique : un nombre croissant de Parisiens occupe en effet des emplois localisés dans les villes nouvelles, soit 15 000 en 1990 et plus de 18 000 en 1999, même si cela représente peu en comparaison du nombre total de navetteurs qui font le trajet dans l’autre sens (quelques 60 000 en 1990, et 54 000 en 1999). Ils témoignent d’un second aspect de l’originalité des liens entre Paris et les villes nouvelles. Relativement peu nombreux, les Parisiens qui migrent dans la villes nouvelles chaque jour appartiennent plutôt aux catégories les plus qualifiées. Nous constatons tout d’abord que les actifs parisiens contribuent relativement moins à l’emploi des villes nouvelles qu’à celui de plusieurs pôles témoins (figure 2.8) et ce, même si on écarte La Défense et Saint-Denis, qui tirent pourtant fortement la moyenne des pôles témoins vers le haut. Marne-la-Vallée et Saint-Quentin-en-Yvelines ont à cet égard une position moyenne proche de cinq des pôles témoins (Massy-Les-Ulis, Créteil, Versailles, Sarcelles et Roissy. Les autres villes nouvelles arrivent assez loin derrière ; Sénart est même, avec Meaux et derrière Sainte-Geneviève des Bois, l’un des pôles secondaires franciliens les moins attractifs pour les actifs parisiens.

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Figure 2.8 – L’attraction des pôles secondaires sur les actifs parisiens

L’éloignement des villes nouvelles (la distance à vol d’oiseau donne le meilleur ajustement, figure 2.9) joue bien entendu un rôle dans la faiblesse relative de cette attraction.

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Figure 2.9 – L’attraction de Parisiens en fonction de l’éloignement du pôle en 1999

Qui sont ces résidents parisiens qui travaillent dans les villes nouvelles ? Sénart exceptée, ces villes attirent une proportion de cadres supérieure à ce que représente la catégorie dans la population active parisienne et une proportion d’employés inférieure (figure 2.10). En ceci, ces villes nouvelles rejoignent La Défense, Versailles, Massy-Les Ulis et Meaux. Sénart s’éloigne de ce modèle dans la mesure où ce sont les ouvriers et les employés qui sont surreprésentés parmi les Parisiens entrants. Au total, 56% des Parisiens qui travaillent dans les villes nouvelles sont des cadres, alors que seulement 47% de ceux qui travaillent dans les pôles témoins appartiennent à cette catégorie.

Figure 2.10 – Spécificité socioprofessionnelle des navetteurs d'origine parisienne

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Entre 1990 et 1999, on constate qu’en moyenne, le dynamisme de l’emploi des villes nouvelles ne coïncide pas avec une hausse significative de la contribution de Parisiens à l’emploi local, alors que le lien est net dans les pôles témoins (tableau 2.1, figure 2.11) ; seule Evry rejoint ces derniers. Sénart, qui est, et de très loin, la moins parisienne des villes nouvelles a vu cette contribution diminuer encore relativement durant les années 90. Si on rapproche ce constat du profil atypique des Parisiens travaillant à Sénart, on peut supposer que cette ville nouvelle éprouve des difficultés à proposer les emplois hautement qualifiés qui semblent attirer les actifs résidant à Paris qui acceptent de travailler en périphérie. Tableau 2.1 – Evolution du poids des Parisiens dans les emplois des villes

nouvelles et des pôles témoins entre 1990 et 1999

Villes nouvelles* Pôles témoins*

Evolution du nombre total

d’emplois

+24% +2%

Evolution du nombre d’emplois

occupés par des Parisiens

+26% +12%

Evolution de la part des

Parisiens dans les emplois

-2% +10%

*moyenne des évolutions des pôles concernés

Figure 2.11 – La dynamique de l’attract ion des actifs parisiens par les pôles secondaires entre 1990 et 1999

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2.5 La dissymétrie des échanges Paris - villes nouvelles Les bilans des échanges entre Paris et les villes nouvelles sont en définitive un indicateur majeur de la position de ces villes dans le système régional. nous avons calculé un solde relatif, qui est exprimé par le nombre de navetteurs parisiens reçus par un pôle pour 100 actifs envoyés à Paris. Associées aux volumes de navetteurs échangés entre Paris et chaque pôle, ces taux offrent une vision des résistances des villes nouvelles face à la polarisation de Paris (figure 2.12) : Or on constate dans ce bilan général que, le pôle de La Défense excepté, tous reçoivent moins de Parisiens qu’ils n’envoient de navetteurs à Paris. Les relations les plus déséquilibrées concernent des pôles plus petits, parmi lesquels Sénart. Evry est le seul pôle de moins de 50 000 emplois à capter 50 Parisiens pour 100 actifs résidents envoyés à Paris. La présence sur son territoire d’une université et d’établissements industriels importants et/ou de haute technologie (SNECMA, Génopôle, etc…) contribuent sans doute à attirer des Parisiens. Saint-Quentin-en-Yvelines est le pôle le moins déficitaire, avec 74 Parisiens reçus pour 100 actifs envoyés à Paris et ce taux s’est amélioré depuis 1990.

Figure 2.12 – La dissymétrie des échanges de navettes avec Paris en 1999

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Figure 2.13 – La symétrisation des relations avec Paris entre 1990 et 1999

Pour saisir la nature qualitative de ces dissymétries, le même taux de solde a été calculé par catégorie socioprofessionnelle (figure 2.14). Les cadres se distinguent à la fois par le niveau élevé de leur mobilité - on a vu qu’ils constituaient pour beaucoup de pôles le premier contingent de navetteurs échangés - et par une relative symétrie de leurs déplacements avec Paris. Cette catégorie d’emplois est un important vecteur de la réciprocité des échanges. Le cas le plus frappant est certes celui de La Défense, qui fait figure d’« aspirateur de cadres parisiens » (57 000 attirés pour 27 000 envoyés). Mais Evry et Saint-Quentin ne sont pas en reste, attirant respectivement 178 et 154 cadres parisiens pour 100 envoyés à Paris. L’effet université ne peut ici que renforcer la tendance. Le profil spécifique de Sénart ressort une nouvelle fois puisque les cadres y contribuent moins qu’ailleurs à rééquilibrer les échanges avec Paris. On peut donc conclure que la condition pour qu’une ville nouvelle ait pu construire une relation relativement équilibrée avec Paris est qu’elle ait disposé à la fois d’un marché de l’emploi de taille critique et attractif pour les cadres. Or il apparaît clairement que les villes nouvelles ne sont pas toutes aussi bien armées dans cette compétition.

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Figure 2.14 – La dissymétrie de relations avec Paris selon les PCS en 1999

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Conclusion Les villes nouvelles ont globalement moins de relations avec Paris que les pôles témoins, tant du point de vue de leur dépendance vis-à-vis du pôle d’emploi parisien que de leur attractivité sur les résidents de la capitale. Leur dynamisme en tant que pôles d’emploi leur a notamment permis durant les dix dernières années de se distinguer des pôles témoins en réduisant davantage les départs de leurs actifs résidents vers le pôle central parisien. Pour autant, ce dynamisme n’a pas conduit les villes nouvelles à intégrer une plus forte proportion d’actifs parisiens dans leurs marchés de l’emploi (tableau 2.2). Au delà cette spécificité globale de leurs profils vis-à-vis des pôles témoins, les comportements des villes nouvelles demeurent différenciés et tendent même à s’individualiser : en témoigne le contraste entre Marne-la-Vallée, dont la main d’œuvre est plus orientée vers Paris du fait de sa proximité, et Saint-Quentin en Yvelines, qui par la construction d’une relation privilégiée avec sa voisine Versailles, a réussi à garder une plus grande autonomie par rapport de la capitale. Mais c’est la ville de Sénart qui montre le profil le plus divergent, quant à l’attraction des actifs parisiens de haut niveau notamment. Il est impossible de ne pas rapprocher ce décrochement de l’absence d’une université autonome, qui apporte aux autres villes nouvelles à la fois des emplois hautement qualifiés et une visibilité susceptible d’attirer des entreprises.

Tableau 2.2 – Le bilan des navettes des villes nouvelles avec Paris

Dépendance Attractivité Dissymétrie En 1999 Evolution

1990-99 En 1999 Evolution

1990-99 En 1999 Evolution

1990-99 St-Quentin

Très

faible

Baisse très

forte

moyenne Stagnation Faible Résorption

rapide

Marne-la-V.

Forte Baisse moyenne Stagnation moyenne Résorption

Evry

Faible Baisse Faible Hausse moyenne Résorption

Cergy

Faible Baisse Faible Stagnation Forte Résorption

lente

Sénart

Faible Baisse

forte

Très

faible

Baisse Très forte Résorption

lente

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Chapitre 3 Les villes nouvelles dans le système polycentrique périphérique Introduction L’objectif de cette dernière partie est de caractériser les positions relatives des villes nouvelles dans le système des interdépendances périphériques qui contribuent désormais à donner à la région métropolitaine sa cohérence. Nous avons dans le premier chapitre caractérisé les pôles. Nous avons ensuite analysé les échanges entre les villes nouvelles et Paris, échanges qui demeurent une dimension première des interrelations entre les pôles d’emploi de la région. La réflexion développée dans cette partie, cherche à mettre en évidence la manière dont les villes nouvelles s’insèrent dans les réseaux des navettes quotidiennes qui se déploient à l’échelle de la région francilienne, en dehors du champ de la centralité parisienne. Elle conduit également à montrer comment ces villes structurent leurs bassins d’emploi. La contribution des villes nouvelles au polycentrisme périphérique est alors cernée par la portée géographique des polarisations pour l’emploi qu’elles engendrent. Il s’agit de déterminer l’étendue de l’emprise spatiale exercée par l’offre d’emploi de ces pôles qui donne quelques indications sur l’adéquation entre la demande d’emploi émanant des actifs résidants dans l’environnement de ces villes et l’offre d’emploi proposé par ces dernières. Cette adéquation est un facteur de première importance pour toutes les actions visant à développer des pôles d’emploi secondaires dans la région métropolitaine. L’étendue des polarisations engendrées par les villes nouvelles donne également une image des concurrences et des complémentarités qui se dessinent entre les différents pôles périphériques de cette région métropolitaine très dense et très urbanisée. Au total, les réflexions menées dans cette partie ont pour objectif de préciser le rôle polarisant des villes nouvelles aux différents niveaux territoriaux infra-régionaux. Le chapitre précédent montre que dans le contexte d’une région métropolitaine façonnée sur le long terme par la domination de Paris, le poids et la position du pôle parisien dans le système des déplacements quotidiens pour l’emploi demeurent exceptionnels. Bien que la polarisation parisienne soit en diminution lente mais continue depuis près de quinze ans, elle demeure très forte et pesante. Afin de préciser le rôle des villes nouvelles dans le système des polarisations qui se dessine à l’échelle métropolitaine, il est en conséquent nécessaire d’exclure d’emblée les déplacements pour l’emploi en direction et au départ de Paris. Ce chapitre examine donc explicitement le rôle des villes dans le système des polarisations périphériques secondaires qui organise aujourd’hui la région.

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3.1 – Un fort effet structurant Les cinq villes nouvelles attirent ensemble près de 5% de la population active de l’ensemble de l’aire urbaine. En comparaison, La Défense en capte 5.5% et Roissy 1.5 tandis que Paris en totalise 18%. La part captée par les villes nouvelles a connu un des plus fort taux d’accroissement soit près de 50% sur les dix dernières années (entre 90 et 99), alors que vers Roissy, par exemple, l’accroissement relatif des navetteurs n’a été que de 35%. Cela inscrit d’emblée les villes nouvelles comme pôles particulièrement dynamiques dans le schéma général de la mobilité quotidienne régionale. L’image des principaux flux d’actifs navetteurs9, hors Paris, confirme le fait que les villes nouvelles sont des pôles d’emploi majeurs qui organisent les systèmes de polarisations de la région francilienne. Globalement, on peut donc dire que, une fois l’attractivité parisienne éliminée, l’aire métropolitaine est structurée par les cinq villes nouvelles auxquelles s’ajoutent six des pôles témoins – Roissy, Saint-Denis, La Défense, Versailles, Massy-Les Ulis et Créteil (Figure 3.1).

Figure 3.1 – Les principaux flux de navetteurs (Paris exclu)

La structuration des flux des actifs migrants se lit tout d’abord en termes de proximité, les villes nouvelles et ces pôles témoins drainent avant tout les actifs de leur environnement proche, ce qui dessine des aires d’influence en étoile. Elle se décline également dans la connexité, avec des liens transversaux entre certaines villes nouvelles voisines comme par exemple Sénart/Evry, Sénart/Marne-La-Vallée, entre des villes nouvelles et d’autres pôles comme entre

9 On rappelle ici que l’aire urbaine est constituée de pôles pluri-communaux (les villes nouvelles en font partie) et de communes isolées. En conséquent les navettes analysées sont celles qui s’effectuent entre deux pôles, un pôle et une commune et entre deux communes.

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Saint-Quentin/Versailles, Cergy-Pontoise/Roissy et, entre différents autres pôles, Roissy/Saint-Denis ou La Défense/Versailles par exemple. Il est intéressant de souligner qu’ici et là des structurations linéaires émergent. C’est le cas notamment des principales navettes dans le secteur ouest entre La Défense et Mantes-La-Jolie en passant par Poissy et Les Mureaux. Ces liens rappellent l’importance des réseaux de transport dans le façonnement des aires métropolitaines (Autoroute, RER A et réseau de train banlieue qui prend le relais par la suite). Il ne s’agit pas de surestimer l’effet structurant de ces infrastructures mais de souligner leur participation dans la fabrication de territorialités urbaines et dans la consolidation de certaines centralités. Compte tenu des différentiels de densité de population dans la région métropolitaine, un zoom permettant d’identifier explicitement les principaux flux à destination des villes nouvelles montre que ce sont les communes de la première couronne - communes les plus peuplées après le pôle parisien - qui envoient les volumes d’actifs les plus élevés vers les villes nouvelles (Figure 3.2). Le profil de ces actifs est fortement différencié par professions et catégories sociales. La comparaison des principaux flux de navetteurs cadres et ouvriers vers les villes nouvelles montre une très forte différenciation de l’origine spatiale des actifs selon leur profession et catégorie sociale. Pour les cadres, une forte dissymétrie des flux avantage Paris et sa première couronne. A l’inverse, pour les ouvriers, les principaux flux dessinent une auréole tout autour des villes nouvelles (Figure 3.3). Cela renvoie aux différences de positions résidentielles de ces deux catégories d’actifs : les cadres capables de privilégier des localisations résidentielles plus centrales ; les ouvriers plus dépendants d’une localisation périphérique de leur résidence. On retrouve là un fait bien connu en Ile-de-France – déjà évoqué dans la première partie – relatif notamment à un schéma radio-concentrique des résidences en fonction des professions et catégories socio-professionnelles.

Figure 3.2 – Les principaux flux de navetteurs vers les villes nouvelles

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Figure 3.3 – Les principaux flux de navetteurs cadres et ouvriers vers les villes nouvelles

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En mettant en évidence la diversité des échelles auxquelles se jouent les polarisations secondaires pour l’emploi dans la région capitale, les cartes des principaux flux de navetteurs, totaux et spécialisés, ont le mérite de montrer tout l’enjeu de l’interrogation qui guide ce travail. Il s’agit notamment d’apporter des éclairages sur la manière dont les navettes domicile-travail inscrivent, sur courte et plus longue distance, les villes nouvelles dans la dynamique polycentrique périphérique de l’aire urbaine francilienne. Il s’agit aussi de définir la façon dont les schémas de polarisation locaux et régionaux ont évolué durant les vingt dernières années. 3.2 – Des pôles majeurs pour les périphéries franciliennes

a) Une assise locale bien établie L’assise locale des villes nouvelles et celle des pôles témoins sont évaluées par les dépendances que ces centres suscitent dans leur environnement. Elles sont mesurées par la proportion que représente, dans le total des actifs résidants de chaque commune, les actifs qui occupent un emploi dans une ville nouvelle ou dans un pôle témoin. La figure 3.4 montre que, globalement, les villes nouvelles ont des emprises spatiales plus fortes sur leur environnement que celles affichées par les autres pôles, si l’on exclut les cas des deux pôles témoins que sont Roissy et La Défense. Cela signifie que la grande étendue des aires d’influence des villes nouvelles se double d’un fort effet de domination sur les communes polarisées, puisqu’une proportion élevée (>7.5%) des actifs de ces communes dépend de l’emploi offert par ces villes nouvelles. Ces emprises spatiales plus intenses sont, en premier lieu, à rapprocher des positions relatives des villes nouvelles dans la région francilienne. Ces dernières renvoient à l’incontournable facteur déterministe et organisationnel que représente la position, presque hégémonique dans la grande couronne, de pôles peu nombreux qui déploient leurs aires d’influence sans rencontrer de concurrence dans le voisinage. La situation de ces pôles est très différente de celle des pôles de la petite couronne, plus proches du centre parisien et plus nombreux, obligés de partager leurs emprises territoriales avec d’autres. C’est le cas notamment de trois des pôles témoins, Créteil, Massy-Les Ulis et Saint-Denis. Mais cette place hégémonique des villes nouvelles à l’égard des communes de la grande couronne qu’elles polarisent doit aussi beaucoup à la très grande accessibilité de ces villes bien desservies par le réseau autoroutier et de transport en commun. Les isochrones de moins 30 minutes couvrent en effet des territoires très étendus tout autour des villes nouvelles allant souvent jusqu’aux limites de l’aire urbaine voire au-delà de la région Ile-de-France (Fouchier, Michelon, 1999, Berger, Wenglinski 2003). Sans le déploiement de ces infrastructures, il n’est pas certain que les aires d’influence des villes nouvelles montreraient une telle étendue et des taux de dépendance aussi élevés. Globalement, si l’on exclut les effets de la polarisation de Paris, les plus fortes emprises spatiales pour l’emploi, mesurée par les taux de dépendance des communes de l’environnement, dessinent un espace francilien polycentrique articulé autour de quatre pôles majeurs : deux sont des villes nouvelles, Cergy-Pontoise et Saint-Quentin-en-Yvelines, et deux des pôles témoins, Roissy et La

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Défense. On note, comme exposé dans la première partie de ce rapport, que trois de ces pôles apparaissent plus ou moins fonctionnellement spécialisés à l’échelle de l’ensemble régional.

Figure 3.4 – Les dépendances communales vis-à-vis des pôles d’emploi (Paris exclu)

Il faut cependant noter que les fortes emprises spatiales des deux villes nouvelles de Cergy-Pontoise et de Saint-Quentin en Yvelines ne sont pas associées à un nombre d’actifs attirés très élevé, contrairement à celles des deux pôles de La Défense et de Roissy. Ce constat renvoie aux écarts considérables de l’offre d’emploi entre les pôles de La défense et de Roissy par rapport aux deux villes nouvelles. Il souligne aussi la position plus excentrée des villes nouvelles. Il n’en demeure pas moins que la mise en regard de ces deux mesures montre que malgré une offre d’emploi et une attractivité encore relativement inférieures à celles des deux pôles témoins, ces deux villes nouvelles apparaissent fortement structurantes pour leur environnement. Cette image correspond aux comportements d’un actif moyen, toutes classes d’âge, sexes, professions et catégories sociales confondus. Dans le détail, et bien que relevant globalement d’une logique similaire, les images des emprises spatiales spécialisées, c’est-à-dire différenciées selon les caractéristiques individuelles des populations qui navettent, sont contrastées selon les pôles. On considère, dans un premier temps, les dépendances communales telles que les restituent les comportements des actifs différenciés selon leur profession et catégorie sociale. Les différenciations les plus visibles sont relatives à l’étendue et l’intensité des dépendances communales vis-à-vis des villes nouvelles et des pôles témoins. Ainsi, les dépendances communales, mises en évidence par les

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proportions des actifs ouvriers navettant vers les villes nouvelles et les pôles témoins, définissent, sans grande surprise, des aires d‘influence restreintes comparativement à celles mises en évidence par les proportions des cadres navetteurs qui essaiment sur des espaces beaucoup plus vastes (Figure 3.5). Cet état de fait renvoie à une règle générale bien connue relative aux comportements différenciés des actifs selon les professions et catégories sociales. La plupart des travaux sur les déplacements domicile-travail en région métropolitaine montrent, en effet, que les actifs des professions « supérieures » ont tendance à effectuer des navettes plus longues que les autres actifs navetteurs. Comparativement aux dépendances communales mises en évidence par le comportement moyen de l’ensemble des actifs à l’égard de ces centres, la figure 3.5 montre que celles résultant des navettes des ouvriers dessinent des emprises spatiales relativement plus étendues autour de Marne-La-Vallée et de Roissy tandis que les emprises spatiales élargies autour de Versailles, Evry, La Défense, Marne-La-Vallée et Roissy résultent des navettes des employés. En outre, quelle que soit la profession considérée, les plus fortes dépendances communales vis-à-vis des villes nouvelles et des pôles se manifestent dans une relative continuité territoriale par rapport à ces centres. Seuls les emprises spatiales relatives aux comportements migratoires des cadres venant travailler à La Défense et à Roissy enfreignent cette « loi ». La différenciation des emprises spatiales observées pour les villes nouvelles et les pôles témoins selon le sexe des actifs montre de prime abord des situations relativement comparables (Figures 3.6a et b). Cependant, concernant les villes nouvelles, les dépendances communales résultant des déplacements masculins dessinent des aires plus étalées autour de Marne-La-Vallée, Sénart et Evry. A l’ouest, les emprises spatiales de Saint-Quentin et Cergy-Pontoise semblent beaucoup moins différenciées selon le genre ce qui est probablement à mettre en relation avec les types d’emplois offerts dans ces pôles. Concernant les pôles témoins, Massy-Les Ulis, La Défense, Saint-Denis et Roissy ont des aires d’influence très différenciées selon le genre, à l’inverse de ce qui peut être observé pour Meaux, Créteil et Versailles par exemple. Ces constats viennent conforter les conclusions d’un travail récent sur la mobilité genrée en région francilienne (Cattan 2005). Ce travail a montré que les différenciations spatiales des déplacements domicile-travail selon le genre révèlent encore aujourd’hui deux types de ségrégation qui continuent de défavoriser les femmes vis-à-vis de l’offre d’emploi : le premier type est relatif à la faiblesse des effectifs féminins dans certains secteurs de l’activité économique ; le second souligne la plus forte dépendance d’un grand nombre de femmes actives, et notamment dans la grande périphérie francilienne, vis-à-vis des transports publics.

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Figure 3.5 – Dépendances communales par professions et catégories sociales

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Figure 3.6.a – Dépendances communales selon le sexe, vers les villes nouvelles

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Figure 3.6.b – Dépendances communales selon le sexe, vers les pôles témoins

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Dans l’ensemble, quelles que soient les caractéristiques individuelles des personnes qui navettent, villes nouvelles et pôles témoins engendrent des aires de dépendance dissymétriques : leurs plus fortes extensions spatiales s’effectuent selon un cône ouvert orienté vers l’extérieur de l’aire urbaine. Cela est plus spectaculaire pour aires des villes nouvelles qui couvrent des territoires beaucoup plus étalés résultant de l’absence d’autres pôles concurrents sur leurs périphéries externes. En fait tout se passe comme si les villes nouvelles étaient dans une position d’interface, polarisant les communes des franges de l’espace francilien et envoyant leurs propres actifs travailler à Paris et dans la zone intermédiaire qui les sépare de ce centre (Figure 3.7). Les actifs résidents dans une ville nouvelle et dans un pôle témoin et qui travaillent à l’extérieur sont dépendants prioritairement de l’offre d’emploi parisienne puis de celle proposée par les communes ou les pôles qui se situent entre ces pôles et Paris.

Figure 3.7 – Les lieux d’emploi des actifs résidents dans 4 villes nouvelles

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b) Des évolutions convergentes : vers un renforcement de l’emprise locale Entre 1990 et 99, toutes les villes nouvelles voient s’étaler leur cône de dépendance et se renforcer leurs aires d’influence sur les courtes distances. On peut distinguer trois types d’évolution. En 1990 et en 1999, l’aire d’influence de Cergy-Pontoise est la plus étendue avec de fortes dépendances (plus de 15% d’actifs attirés) sur les communes qui dépassent au Nord les limites du département du Val d’Oise (Figure 3.8). Cependant, cet accroissement semble relativement contenu. Marne-La-Vallée et Saint-Quentin affichent une dynamique spectaculaire à la fois en intensité de dépendance et en étendue de celle-ci. Bien que particulière car liée au démarrage plus tardif de la ville, la dynamique de la polarisation autour de Sénart peut être comparée à la dynamique précédente. Evry est dans une position intermédiaire avec un accroissement relativement faible de l’étendue de son aire de dépendance et une augmentation moyenne de son emprise sur l’environnement immédiat. La part des actifs provenant des communes contiguës des villes nouvelles montre que ces liens de première proximité augmentent fortement. L’accroissement est très fort (supérieur à 35 points) à Marne-La-Vallée, Saint-Quentin et Sénart, moyen (12 points) à Evry et faible (7 points) à Cergy-Pontoise. Cette dynamique de proximité immédiate différencie fortement les villes nouvelles des autres pôles témoins. Exceptés Roissy et La Défense, où l’emprise spatiale est en très forte augmentation (respectivement près de 50 et 20 points), les parts des actifs ainsi attirés par les autres pôles témoins sont presque stables voire diminuent sur les dix dernières années, notamment à Meaux. (Tableau 3.1) Les villes nouvelles peuvent donc être considérées comme des pôles qui renforcent leur assise locale relativement plus que ne le font la plupart des autres pôles témoins, mais comme cela est le cas pour les plus dynamiques d’entre eux (Roissy et La Défense). Mais, cela ne signifie pas nécessairement que l’offre d’emploi des villes nouvelles est en plus grande « adéquation » avec la demande et la qualification des actifs résidents dans les communes mitoyennes comparativement aux situations présentes autour des pôles témoins.

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Figure 3.8 – Evolution des aires d'influence des villes nouvelles

Tableau 3.1 - Evolution des liens entre un pôle et ses communes mitoyennes

Proportion des actifs navettant de l'hinterland (%)en 1990 en 1999 Evolution

Villes nouvellesEvry 14,6 16,3 11,8Cergy-Pontoise 12,1 13,0 7,2Marne-La-Vallée 8,0 11,0 38,1Saint-Quentin en Yvelines 8,6 12,2 41,2Sénart 5,7 7,7 34,9

Pôles témoinsLa Défense 16,3 19,7 20,4Meaux 27,4 25,1 -8,1Roissy 7,7 11,7 51,7Massy-Saclay 12,7 12,7 0,6Saint-Denis 7,0 7,3 4,0

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Cette dynamique de proximité doit cependant être nuancée. Les liens des villes nouvelles et des pôles témoins avec les communes contiguës augmentent moins vite que les liens avec les communes les plus éloignées. Dans un contexte d’accroissement généralisé de l’attractivité des villes nouvelles et des pôles témoins, on considère que cette dynamique peut être interprétée comme une plus grande participation de ces entités aux systèmes de polarisation qui se mettent en place au niveau de l’ensemble de la région francilienne.

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3.3 – Des relais majeurs dans la consolidation du polycentrisme

a) Des attractions d’assez grande portée Le calcul de la longueur moyenne des trajets vient étayer et éclairer les constats précédents. Globalement, les distances moyennes parcourues par un actif allant travailler en ville nouvelle sont plus grandes que celles parcourues par un actif allant travailler dans un des pôles témoins (17km en moyenne pour les villes nouvelles contre 13km en moyenne pour l’ensemble des pôles témoins). Ce fait est certes à mettre en relation avec les positions relatives de chacun des centres dans la région francilienne. Mais, il faut, encore une fois, se garder de toute vision déterministe réductrice. Dans les faits, les choses sont plus complexes (figure 3.9). Prenons le cas de deux pôles témoins : Meaux et Roissy. Roissy apparaît, avec Cergy-Pontoise et Saint-Quentin, l’un des pôles les plus attractifs à grande distance. Avec une attractivité à grande distance plus élevée que celle de l’ensemble des autres pôles témoins, Meaux ne se situe cependant qu’en 6e position après quatre villes nouvelles et Roissy. Pourtant, si l’on considère l’attractivité de ces deux pôles témoins pour les cadres, par exemple, Meaux se distingue et devient, avec Roissy, le pôle vers lequel les trajets parcourus sont en moyenne les plus longs (plus de 20km). Pour le recrutement des cadres, Meaux fait donc partie des pôles qui développent et consolident des liens de longue portée participant à la dynamique polycentrique de l’ensemble de l’aire métropolitaine. Différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour expliquer ces relations à grande distance. Cela s’explique sans doute par le fait que l’environnement immédiat de ces deux pôles, celui de Meaux en particulier, concentre de faibles effectifs de résidents cadres, comme le montre Jean-Christophe François (2005) dans son étude sur l’espace scolaire en Ile-de-France. Les résidents ne suffisent donc pas à satisfaire le volume de l’offre d’emploi cadre de cette ville. Un autre cas intéressant peut être à examiné : celui de Sainte-Geneviève-des-Bois. Bien que situé à une distance de Paris quasi-équivalente à celle des villes nouvelles, les trajets quotidiens que les actifs parcourent pour venir y travailler sont beaucoup plus courts que ceux des actifs rejoignant les villes nouvelles. Ils sont d’ailleurs les plus courts de l’échantillon des pôles. Cet exemple renvoie ici non seulement à l’environnement et au positionnement du pôle, mais également aux types d’emplois offerts. Ces courtes distances rendent compte d’une bonne adéquation entre l’offre d’emploi du pôle (ouvriers et employés) et les potentiels de l’environnement immédiat. Quant aux villes nouvelles : quelles que soient les professions et catégories sociales, on note que toutes les villes nouvelles et, en particulier Cergy-Pontoise et Saint-Quentin en Yvelines, sont les pôles qui suscitent en moyenne les parcours les plus longs. Ces relations de plus large portée confirment le rôle de pôle régional joué par ces villes. Parmi les villes nouvelles, seule Evry fait cavalier seul avec des longueurs de trajets parcourus par les navetteurs souvent proches de la longueur des trajets moyens effectués par les navetteurs dans l’ensemble de l’aire urbaine. Lorsque l’on différencie les longueurs de trajets parcourus selon

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les professions et catégories sociales du navetteur, on relève que les trajets des cadres vers Saint-Quentin en Yvelines, bien que bien plus longs que ceux dirigés vers les pôles témoins, sont les plus courts comparativement à ceux orientés vers les autres villes nouvelles. Cette faible portée relative intègre les effets de co-localisation dans le même secteur de certains types d’emplois et de catégories de résidents qui leur correspond.

Figure 3.9 – Longueur des trajets domicile-travail

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Cette dynamique à grande portée de l’attractivité des villes nouvelles est confirmée par l’évolution relative du nombre d’actifs navetteurs attirés repartis en fonction de la longueur des trajets domicile-travail effectuée. Pour chaque ville nouvelle, on constate que les plus fortes augmentations de l’attractivité s’effectuent globalement sur moyennes voire grandes distances (Figure 3.10).

Figure 3.10 – Evolution de la portée de l’attractivité….

a. des villes nouvelles

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b. des pôles témoins

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Dans le détail, on remarque que Cergy-Pontoise se distingue avec une dynamique relativement faible quelle que soit la distance, ce que laissaient prévoir certaines observations précédentes. Marne-La-Vallée et Sénart affichent des profils assez semblables dans le sens où l’accroissement de leur attractivité s’effectue de manière progressive dès les moyennes distances (autour de 20-25kilomètres). A destination de Saint-Quentin et d’Evry, les plus fortes évolutions relatives du nombre de navettes sont plutôt observées pour des communes situées au-delà de 40kilomètres. Certes ces accroissements concernent des flux d’actifs relativement faibles et peuvent donc être interprétés comme un effet de rattrapage. Il n’en demeure pas moins que, comparativement aux pôles témoins, Sarcelles exceptée, les niveaux des accroissements sont exceptionnels et tendraient à prouver que les villes nouvelles assoient, quelle que soit la distance, leur rôle de centre d’emploi attractif.

b) Le proche et le lointain dans l’approvisionnement des pôles d’emploi La contribution des actifs navetteurs à l’emploi des pôles en fonction de la distance montre que globalement les villes nouvelles ont des profils assez comparables, ce que confirment les observations précédentes : près de trois quart de leur emploi est occupé par des actifs résidents à moins de 14km. Cette concentration sur de courtes distances varie cependant en fonction des catégories d’emploi. En effet, pour totaliser la même proportion des emplois cadres, il faut aller jusqu’au seuil de 19km autour de ces villes. Les situations des pôles témoins sont plus contrastées : si l’on exclut le cas de Roissy, 70 à 80% de l’emploi total offert par ces pôles est occupé par des actifs qui résident à moins de 11km des centres urbains. Les mêmes proportions de l’emploi cadre sont atteintes quant à elles au seuil de 14km environ (Figure 3.11). Du côté des pôles témoins, deux situations presque extrêmes sont à noter : Créteil se détache des autres pôles par une concentration extrême des actifs cadres attirés qui fait que, vers 12km de son centre, ce pôle trouve preneur à hauteur de 80% de ses emplois cadres. A l’inverse, et comme on l’a déjà noté, Meaux semble dans une position moins avantageuse, puisqu’il faut aller jusqu’au seuil de 28km pour couvrir 80% de ses emplois cadres.

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Figure 3.11 – Les contributions des actifs navetteurs, par classe de distance, à l’emploi des villes nouvelles et des pôles témoins

c) Une participation active au système de relations de pôles à pôles La consolidation de territorialités polycentriques franciliennes par les villes nouvelles apparaît de manière encore plus convaincante quand on distingue la provenance des actifs selon différentes catégories spatiales. Comme nous l’avons constamment souligné dans ce rapport, dans le contexte d’une aire urbaine façonnée sur le long terme par le poids écrasant de Paris, la structure des déplacements quotidiens pour l’emploi doit être interrogée, en premier lieu, par rapport à ce centre principal. On a donc distingué tout d’abord Paris comme origine et destination spécifiques des navettes. A côté de cette structure forte de l’espace francilien, l’émergence et le renforcement en périphérie de nouvelles polarités, conduisent à considérer les destinations des pôles d’emploi secondaires10 comme la deuxième composante de la mobilité quotidienne 10 Nous avons repris la sélection des pôles proposée par S. Berroir, H. Mathian, Th. Saint-Julien et L. Sanders (2003). Il est ici important de noter que dans un contexte urbain aussi dense que la région francilienne, ces pôles ne peuvent être réduits à une seule commune. Les auteures ont alors défini des entités multi-communales à partir de critères de contiguïté, d’interdépendance et

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francilienne. La troisième catégorie spatiale qui, dans cette logique, caractérise l’espace francilien correspond aux communes qui n’appartiennent pas à des pôles d’emploi. La quatrième enfin retient la catégorie des actifs qui résident et travaillent dans le même pôle. Deux des catégories spatiales retenues ont déjà fait l’objet d’analyses approfondies dans les parties précédentes : il s’agit des liens entre les villes nouvelles et Paris d’une part et des actifs résidant et travaillant à l’intérieur d’un même pôle d’autre part. On se focalise essentiellement ici sur les liens qui se nouent entre les pôles, Paris excepté, ce type de liens étant celui qui participe le plus à la construction de nouvelles territorialités polycentriques c’est-à-dire de territoires où les relations entre les pôles sont au moins aussi importantes que les relations entre les pôles et leurs hinterlands. La distinction selon la provenance spatiale des cadres qui navettent vers un pôle d’emploi montre que, pour les villes nouvelles, la proportion de l’emploi occupé par des actifs résidents dans un autre pôle, est supérieure à 20%. Ces proportions sont quasiment équivalentes à celles de pôles témoins comme Versailles et Saint-Denis qui, de par les densités des pôles qui sont dans leur environnement, sont pourtant dans un contexte beaucoup plus favorable à ce genre d’échanges (Tableau 3.2). Ces proportions sont également comparables à celle atteintes à Roissy et beaucoup plus élevées que celle de La Défense. Cela signifie que les villes nouvelles se placent dans un système d’échanges qui dépasse largement le cadre d’une aire d’influence continue de proximité immédiate et celui d’une emprise locale de proximité, et contribuent, de par les interdépendances inter-pôles qu’elles suscitent, à faire émerger des structurations polycentriques régionales à longue portée. On peut ici déjà conclure positivement que les villes nouvelles sont en situation de relever le défi qui était à l’origine de leur création à savoir devenir de véritables pôles attractifs qui viennent jouer le rôle de contrepoids dans la périphérie de Paris. Les analyses qui suivent permettent de montrer comment certaines d’entres elles ont mieux réussi que d’autres et comment leur dynamique les différencie de celle des pôles témoins.

de similarité des aires d’influence (Programme « Mobilités, formes urbaines et polarités sectorielles » du PUCA).

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Tableau 3.2- Provenance des actifs qui travaillent dans les pôles secondaires selon différentes catégories spatiales en région francilienne

Nombre de cadres reçus pour 100 emplois de cadre existant dans le pôle

Du même pôle De ParisD'un autre pôle

(hors Paris)

D'une autre commune (hors

pôle)

D'une commune de la petite couronne

D'une commune de la grande couronne

Marne-la-Vallée 28,7 17,3 24,6 29,4 27,4 26,6

Sénart 28,2 6,5 24,9 40,5 10,7 54,6

Evry 16,6 13,0 25,0 45,4 15,0 55,4

Saint-Quentin 20,1 12,9 28,7 38,3 19,4 47,7

Cergy 30,4 11,2 20,3 38,1 12,0 46,4

Moyenne Villes Nouv. 24,8 12,2 24,7 38,4 16,9 46,1

Meaux 31,8 8,8 15,6 43,8 11,3 48,1

Les Ulis 26,5 15,9 19,3 38,3 21,0 36,6

Ste-Geneviève 25,7 9,6 21,8 43,0 9,4 55,4

Versailles 20,0 13,8 27,8 38,4 25,8 40,4

Sarcelles 16,6 20,6 19,2 43,7 16,7 46,1

Roissy 14,4 21,0 26,7 37,8 28,7 35,9

St-Denis 10,2 30,4 27,6 31,8 30,4 29,0

La défense 19,8 28,9 21,0 30,4 21,5 29,8

Créteil 30,5 19,0 20,1 30,4 34,6 15,9

Nombre d'ouvriers reçus pour 100 emplois d'ouvriers existant dans le pôle

Du même pôle De Paris D'un autre pôle (hors Paris)

D'une autre commune (hors

pôle)

D'une commune de la petite couronne

D'une commune de la grande couronne

Marne-la-Vallée 42,6 3,2 25,2 29,0 22,1 32,1

Sénart 40,2 1,7 31,1 27,1 7,8 50,3

Evry 30,8 1,7 28,2 39,3 8,0 59,5

Saint-Quentin 47,3 2,7 22,4 27,7 12,1 37,9

Cergy 50,2 1,0 16,5 32,2 6,9 41,8

Moyenne Villes Nouv. 42,2 2,0 24,7 31,1 11,4 44,3

Meaux 54,6 1,0 9,7 34,6 3,4 40,9

Les Ulis 39,3 4,2 21,6 34,9 19,0 37,5

Ste-Geneviève 35,9 1,7 21,3 41,1 4,2 58,2

Versailles 26,8 4,2 31,3 37,8 21,2 47,8

Sarcelles 45,3 2,7 18,2 33,8 18,8 33,2

Roissy 34,4 3,9 22,4 39,3 28,6 33,1

St-Denis 32,3 8,6 29,1 30,0 35,2 24,0

La défense 32,3 10,0 28,3 29,3 29,2 28,5

Créteil 34,8 4,4 21,6 39,2 45,2 15,6

Source : INSEE, RP 1999

UMR Géographie-cités, 2005

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3.4 – Les lieux de la concurrence

a) L’orientation préférentielle des actifs navetteurs L’image des flux majeurs (encadré 3), une fois éliminé les flux en direction de Paris, donne l’orientation préférentielle du plus grand nombre d’actifs navetteurs qui sortant d’une commune se dirigent vers une autre commune de l’aire urbaine. Elle souligne le rôle de pôle régional occupé par les villes nouvelles (Figure 3.12). Globalement la moitié Nord de l’aire urbaine semble attirée par quatre pôles, Cergy-Pontoise, La Défense, Roissy et Marne-La-Vallée. Comparativement, des pôles comme, Meaux, Saint-Denis et Mantes-La-Jolie ont des aires d’attraction plus restreintes, le nombre de communes qui leur destinent leur premier flux est beaucoup plus faible. Dans la moitié sud de l’aire urbaine, seule Saint-Quentin-en-Yvelines présente une aire d’attraction dont l’extension est comparable à celle des quatre pôles principaux de la moitié Nord. Les aires d’attraction d’Evry, Sénart, Melun, Massy-Les Ulis, Etampes, Rambouillet et Versailles, par exemple, sont beaucoup moins étendues.

Encadré 3 : Méthode des flux majeurs La méthode des flux majeurs développée dans le cadre de la théorie des graphes a été définie par Nystuen et Dacey (1961). Elle permet de définir une centralité et une hiérarchie des lieux liées aux caractéristiques des flux échangés entre ces lieux. Ainsi, une ville est qualifiée de dominante, de tête de réseau, si son flux majeur, c’est-à-dire son flux émis le plus important, est orienté vers une ville plus petite (en terme de flux totaux reçus par cette ville). A l’inverse, une ville est dite dépendante si son flux majeur est dirigé vers une ville plus attractive (qui reçoit au total plus de flux). La mise en application de ces deux règles conduit à caractériser une organisation fonctionnelle des territoires et des structures spatiales qui s’interprètent en termes de domination et de dépendance.

Cette analyse des flux majeurs peut être approfondie. La figure 3.13 montre qu’après Paris, les cinq villes nouvelles et huit pôles témoins orientent, à eux treize, l’ensemble des directions préférentielles principales des flux d’actifs émis par les communes de l’aire urbaine francilienne. En effet, quand on superpose les deux figures, la couverture de la région est presque totale à l’exception des communes des marges sud, sud-est et ouest. Cela signifie que l’offre d’emploi offerte par ces treize pôles polarise d’une certaine manière la main d’œuvre de la région, ce qui place les villes nouvelles et les pôles témoins à un niveau de centralité venant directement après Paris.

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Figure 3.12 - Les premiers flux de navetteurs (Paris exclu)

b) Fronts et contacts entre aires d’attraction préférentielle Ces orientations préférentielles des flux montrent comment les effets des concurrences s’inscrivent directement ou indirectement entre les pôles dans une région très dense et comment ces pôles soumis à cet équilibre des forces peuvent voir, sur des durées relativement courtes, se modifier la donne. L’enchevêtrement et l’émiettement des aires d’attraction des pôles à proximité de Paris et la plus grande lisibilité de l’étendue des pôles de la grande couronne sont des données bien connues qui renvoient au contexte spatial de la région francilienne et sa structuration par un gradient des densités centre-périphérie (Berroir et al ; 2003). Au delà de ce contexte, les effets de la concurrence traduisent une assez grande diversité de logiques territoriales. On parlera de situation de concurrence frontale, lorsque les contacts qui apparaissent aux limites des zones d’attraction tendent à équilibrer les influences de deux pôles. Les autres contacts relèvent de situations beaucoup plus dissymétriques soit que l’influence d’un pôle vienne miter l’aire d’attraction d’un autre pôle en des lieux relativement éloignés de celui-ci, on parlera de concurrence de mitage ; soit que les forts déséquilibres des potentiels d’attraction de deux pôles conduisent à des situations où l’aire d’attraction d’un pôle est totalement inclue dans l’aire d’attraction d’un plus grand pôle, on parlera de concurrence d’encerclement. La concurrence frontale est très nettement visible, par exemple, entre Marne-La-Vallée et Meaux et entre Marne-La-Vallée et Roissy. Les formes de mitage jouent aux franges sud-est de la région et résulte d’une offre d’emploi qui met en concurrence Saint-Quentin et Versailles vis-à-vis d’actifs résidents aux limites sud-est de l’aire urbaine. L’aire d’attraction de Roissy est l’image emblématique d’une concurrence d’encerclement puisqu’elle englobe totalement l’aire

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d’attraction de Saint-Denis. L’aire de Roissy montre également une concurrence frontale puisque, dans son extension englobante, elle arrive aux portes de Marne-La-Vallée et vient lui disputer les limites de son bassin d’attraction. Ces trois formes de concurrence participent à la consolidation du partage inégal du territoire francilien par un nombre restreint de pôles.

c) Les villes nouvelles dominées par d’autres pôles d’emploi Ces figures mettent également en évidence les orientations préférentielles des relations des villes nouvelles et des pôles témoins. On constate que toutes les villes nouvelles, Sénart exceptée, envoient leur premier flux après Paris vers l’un des pôles témoins. Ainsi en va-t-il de Cergy-Pontoise et Marne-La-Vallée qui envoient leur plus grand nombre d’actifs travailler à La Défense. Il en est de même pour un grand nombre de pôles témoins tels que Créteil, Saint-Denis, et Massy-Les Ulis par exemple. Les directions préférentielles des flux des trois autres villes nouvelles se font comme suit : Evry dirige son flux majeur vers Massy-les Ulis, Saint-Quentin vers Versailles ; seule Sénart envoie son flux majeur vers une autre ville nouvelle : Evry. Eu égard de la forte densité des pôles d’emploi au sud, certaines dépendances principales des actifs vis-à-vis du marché de l’emploi s’inscrivent dans la proximité directe des pôles ; tandis qu’au nord la domination d’un nombre restreint de pôles fait que la logique de la dépendance se déploie plutôt dans la connexité. Ce résultat signifie également que les villes nouvelles n’apparaissent pas, pour la polarisation des autres pôles franciliens, au second niveau de centralité après Paris.

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Figure 3.13 – Les bassins de recrutement ….

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Conclusion Les principaux flux d’actifs navetteurs montrent que les villes nouvelles sont des pôles d’emploi majeurs qui organisent les systèmes de polarisation de la région francilienne. Une fois l’attractivité parisienne éliminée, l’aire métropolitaine est structurée par les cinq villes nouvelles auxquelles s’ajoutent six des pôles témoins – Roissy, Saint-Denis, La Défense, Versailles, Massy-Les Ulis et Créteil. L’étendue des aires drainées, fait que globalement la moitié Nord de l’aire urbaine semble attirée par quatre pôles, Cergy-Pontoise, La Défense, Roissy et Marne-La-Vallée. Dans la moitié sud de l’aire urbaine, seule Saint-Quentin-en-Yvelines présente une aire d’attraction dont l’extension est comparable à celle des quatre pôles principaux de la moitié Nord. Les aires d’attraction d’Evry, de Sénart, mais également de Massy-Les Ulis et Versailles, par exemple, sont beaucoup moins étendues. La structuration des aires d’attraction positionnent les villes nouvelles dans les dynamiques urbaines concurrentielles qui caractérisent la région métropole, comme, d’une part, des pôles locaux qui captent une part toujours croissante des actifs des communes de leur environnement proche et, d’autre part, des pôles régionaux qui renforcent leur attractivité sur les navetteurs des communes de plus en plus éloignées, en particulier quand les offres d’emploi sont plus spécialisées. Entre 1990 et 99, toutes les villes nouvelles voient se renforcer leurs aires d’influence sur les courtes distances et assoient leurs assises locales relativement plus que le font la plupart des pôles témoins, mais comme cela est le cas pour les plus dynamiques d’entre eux (Roissy et La Défense). Toutefois, de par les interdépendances de pôles à pôles qu’elles suscitent, et leurs plus fortes augmentations de l’attractivité sur moyennes et grandes distances, les villes nouvelles participent à la consolidation des structurations polycentriques régionales de longue portée. Ces dynamiques sont bien visibles à Saint-Quentin en Yvelines, Marne-la-Vallée et Evry ; elles le sont de manière plus nuancées à Cergy-Pontoise et Sénart.

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Conclusion de la première partie Si les profils des villes nouvelles pour la polarisation vis-à-vis de l’emploi sont encore à la fin du XXe siècle différenciés, les dynamiques des dix dernières années tendraient à montrer simultanément une certaine convergence de leurs trajectoires, et une plus grande spécificité comparativement aux autres pôles principaux de la région francilienne. On retient trois évolutions convergentes majeures. Les villes nouvelles accroissent leur offre d’emploi plus que ne le font les autres pôles principaux retenus comme pôles témoins. Leur dépendance vis-à-vis de Paris décroît de façon comparable à celle des autres pôles, mais leur attractivité vis-à-vis des personnes actives parisiennes augmente plus vite que celle des autres pôles de référence, d’autant plus qu’il s’agit d’actifs cadres. Enfin, le renforcement de leur emprise spatiale de proximité est combiné à un accroissement de la portée géographique de leurs polarisations, ce qui les différencie fortement des autres pôles d’emploi. Les villes nouvelles se positionnent donc de plus en plus comme des pôles à part entière dans le système des interdépendances pour l’emploi de la région francilienne et, par conséquent, contribuent grandement au renforcement d’une structure polycentrique de cet espace. On peut donc conclure très positivement que les villes nouvelles sont en situation de relever le défi qui était à l’origine de leur création à savoir devenir de véritables pôles attractifs qui viennent jouer le rôle de contrepoids dans la périphérie de Paris.

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Table des figures Figure 1.1 - Les étapes de la construction des pôles multicommunaux.......................................11 Figure 1.2 - Les pôles d’emploi multicommunaux adossés aux villes nouvelles ..........................14 Figure 1.3 - Evolutions comparées des positions des villes nouvelles ........................................17 Figure 1.4 - Evolutions comparées des positions des villes nouvelles et des pôles d'emploi multicommunaux correspondants ............................................................................................18 Figure 1.5 – Evolutions comparées des positions des pôles d’emploi multicommunaux articulés sur chaque ville nouvelle et des pôles témoins ..............................................................................19 Figure 1.6 - Croissance de l’emploi et croissance de la population.............................................26 Figure 1.7 - Les villes nouvelles et la force de polarisation des pôles multicommunaux de l’aire urbaine..................................................................................................................................28 Figure 2.1 – La dépendance à l’égard du marché parisien des pôles secondaires en 1999 .........32 Figure 2.2 – Corrélations entre les taux de dépendances de chaque CSP.................................33 par rapport à Paris..................................................................................................................33 Figure 2.3 – Profils socio-professionnels des navetteurs ...........................................................33 travaillant à Paris en 1999.......................................................................................................33 Figure 2.4 – Dépendance et distance au pôle d’emploi parisien.................................................35 Figure 2.5 – L’orientation des navettes des résidents des pôles secondaires en 1999.................36 Figure 2.6 – L’évolution de la dépendance à l’égard de Paris entre 1990 et 1999 .......................37 Figure 2.7 – Marché local de l'emploi et dépendance à l’égard de Paris entre 1990 et 1999........37 Figure 2.8 – L’attraction des pôles secondaires sur les actifs parisiens ......................................39 Figure 2.9 – L’attraction de Parisiens en fonction de l’éloignement du pôle en 1999....................40 Figure 2.10 – Spécificité socioprofessionnelle des navetteurs d'origine parisienne......................40 Figure 2.11 – La dynamique de l’attraction des actifs parisiens par les pôles secondaires entre 1990 et 1999..........................................................................................................................41 Figure 2.12 – La dissymétrie des échanges de navettes avec Paris en 1999..............................42 Figure 2.13 – La symétrisation des relations avec Paris entre 1990 et 1999 ...............................43 Figure 2.14 – La dissymétrie de relations avec Paris selon les PCS en 1999..............................44 Figure 3.1 – Les principaux flux de navetteurs (Paris exclu) ......................................................48 Figure 3.2 – Les principaux flux de navetteurs vers les villes nouvelles .....................................49 Figure 3.3 – Les principaux flux de navetteurs cadres et ouvriers vers les villes nouvelles..........50 Figure 3.4 – Les dépendances communales vis-à-vis des pôles d’emploi (Paris exclu) ..............52 Figure 3.5 – Dépendances communales par professions et catégories sociales .........................54 Figure 3.6.a – Dépendances communales selon le sexe, vers les villes nouvelles ......................55 Figure 3.6.b – Dépendances communales selon le sexe, vers les pôles témoins ........................56 Figure 3.7 – Les lieux d’emploi des actifs résidents dans 4 villes nouvelles ................................57 Figure 3.8 – Evolution des aires d'influence des villes nouvelles ...............................................59 Figure 3.9 – Longueur des trajets domicile-travail .....................................................................62 Figure 3.10 – Evolution de la portée de l’attractivité…...............................................................63 Figure 3.11 – Les contributions des actifs navetteurs, par classe de distance, à l’emploi des villes nouvelles et des pôles témoins................................................................................................66 Figure 3.12 - Les premiers flux de navetteurs (Paris exclu) .......................................................70 Figure 3.13 – Les bassins de recrutement …. .........................................................................72

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Table des tableaux Tableau 1.1 - La centralité des pôles d’emploi des villes nouvelles dans la région ......................15 Tableau 1.2 - Activité et offre d’emploi .....................................................................................21 Tableau 1.3 - La qualification de l’offre d’emploi ......................................................................23 Tableau 1.4 - La force de polarisation des villes nouvelles en 1999 ...........................................24 Tableau 1.5 - Evolution de la force de polarisation des villes nouvelles entre..............................26 Tableau 1.6 – Relation entre la taille des pôles multicommunaux et les indicateurs d'attraction ...27 Tableau 1.7 - Les sélectivités des attractions ...........................................................................29 Tableau 2.1 – Evolution du poids des Parisiens dans les emplois des villes nouvelles et des pôles témoins entre 1990 et 1999.....................................................................................................41 Tableau 2.2 – Le bilan des navettes des villes nouvelles avec Paris ..........................................45 Tableau 3.1 - Evolution des liens entre un pôle et ses communes mitoyennes ...........................59 Tableau 3.2- Provenance des actifs qui travaillent dans les pôles secondaires selon différentes catégories spatiales en région francilienne ...............................................................................68