La Conscience - Cours Terminale

16
 L  A CONSCIENCE La conscience consiste dans la faculté qui me permet de prendre connaissance de mes a particulier de l'activité de mon esprit. Elle se dénirait donc comme une forme de connai C'est ce que sembleconrmer l'étymologie : "cum sciens" signie "avec connaissance, accompagné de savoir". e m!me, les epressions "perdre conscience" ou "perdre conna que l'on emploie indi#éremment, témoignent d'une proimité entre conscience et connai  $ outefois, dans qu elle mesure la conscience de soi est%elle une connaissa nce de soi& La p d'une telle connaissance supposerait une stabilité, une permanence de mon !tre. r, (e f l'epérience d'un c)angement continuel en moi%m!me. * c)aque instant, ('ai a#aire + un di#érente. La conscience est aussi bien le moyen d'éprouver que (e ne demeure pas abs m!me. *utrement dit, il y a une altérité au cur m!me du su(et: "-e est un autre" Rimb Cette altérité, cette altération n'est%elle pas de nature + compr omettre la connaissance q peu avoir de moi%m!me& 0ue signie "moi%m!me"& Est%on (amais soi%m!me& Cela supp une co1ncidence + soi qui n'est peut%!tre (amais donnée. u seul fait que ('ai conscience m!me, est%ce que ce "moi%m!me" ne s'en trouve pas modié& 2s lors, puis%(e me conna 4uis%(e ce que ('ai conscience d'!tre& I.  L ’exp érience de la conscience 1.   Le vrai moi est int érieur 0ue suis%(e& 0u'est%ce qui fait mon identité& n pourra !tr e tenté de répondr e que c'est apparence p)ysique, en particulier mon visage. Cela est personnel. 4eulement, mes traits c)angent avec le temps, au point qu'un ami perdu de vue aura du mal + me reconna3tr e longue absence. "Celui qui aime quelqu'un + cause de sa beauté, l'aime%t%il& 5on, car la vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus" Pascal, 6e 9r./. La "personne" ne se réduit donc pas + l'apparence p)ysique. 4i l'on m'aime pour ma on ne m'aime pas, moi. 0u'est%ce donc que ce moi& on code génétique& Les scientiqu disent qu'il est unique. 6our tant, deu fr2res (umeau poss2dent une identité qui interdit confondre. ;l consisterait plut<t en quelque c)ose d'intérieur % ce qu'on appelle la person

Transcript of La Conscience - Cours Terminale

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 1/16

 

L A CONSCIENCE

La conscience consiste dans la faculté qui me permet de prendre connaissance de mes a

particulier de l'activité de mon esprit. Elle se dénirait donc comme une forme de connai

C'est ce que sembleconrmerl'étymologie: "cum sciens"signie"avec connaissance,

accompagné de savoir". e m!me, les epressions "perdre conscience" ou "perdre conna

que l'on emploie indi#éremment, témoignent d'une proimité entre conscience et connai

 $outefois, dans quelle mesure la conscience de soi est%elle une connaissance de soi& La p

d'une telle connaissance supposerait une stabilité, une permanence de mon !tre. r, (e f 

l'epérience d'un c)angement continuel en moi%m!me. * c)aque instant, ('ai a#aire + un

di#érente. La conscience est aussi bien le moyen d'éprouver que (e ne demeure pas abs

m!me. *utrement dit, il y a une altérité au cur m!me du su(et: "-e est un autre" Rimb

Cette altérité, cette altération n'est%elle pas de nature + compromettre la connaissance q

peu avoir de moi%m!me& 0ue signie "moi%m!me"& Est%on (amais soi%m!me& Cela supp

une co1ncidence + soi qui n'est peut%!tre (amais donnée. u seul fait que ('ai conscience

m!me, est%ce que ce "moi%m!me" ne s'en trouve pas modié& 2s lors, puis%(e me conna

4uis%(e ce que ('ai conscience d'!tre&

I. 

L’expérience de la conscience

1. 

 Le vrai moi est intérieur

0ue suis%(e& 0u'est%ce qui fait mon identité& n pourra !tre tenté de répondre que c'est

apparencep)ysique,en particuliermon visage.Cela est personnel.4eulement,mes traits

c)angent avec le temps, au point qu'un ami perdu de vue aura du mal + me reconna3tre

longue absence. "Celui qui aime quelqu'un + cause de sa beauté, l'aime%t%il& 5on, car la

vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus" Pascal, 6e

9r./. La "personne" ne se réduit donc pas + l'apparence p)ysique. 4i l'on m'aime pour ma

on ne m'aime pas, moi. 0u'est%ce donc que ce moi& on code génétique& Les scientiqu

disent qu'il est unique. 6ourtant, deu fr2res (umeau poss2dent une identité qui interdit

confondre. ;l consisterait plut<t en quelque c)ose d'intérieur % ce qu'on appelle la person

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 2/16

 

Certes, mon caract2re peut c)anger lui aussi. ais on pourrait supposer l'eistence d'un

stable, que l'on pourra appeler le moi. 4i ('ai conscience d'une identité, il faut donc en c)

l'origine dans la conscience plut<t que dans le corps. 6lut<t dans ce "(e", su(et de pensée

d'action, qui commande au corps.

oi seul peu donc savoir qui (e suis. En e#et, ce que (e donne + voir + mon entourage, c

vraiment moi & Est%ce que ce ne sont pas seulement des apparences trompeuses & ;l se p

porte un masque. 9al=ac a parlé de la "comédie )umaine". >n empereur romain avait eu

dernier mot: "comedia nita est". n trouvera c)e= Sartre cette idée que c)acun, en soc

un r<le qu'il prend plus ou moins au sérieu,auquel il s'identie plus ou moins bien. 6ar

conséquent, ma véritable personnalité, pourra%t%on penser, s'identie avec la partie la pl

la plus cac)ée de moi%m!me, celle que moi seul peu conna3tre: l'intériorité de ma conscvrai moi est cac)é.Le domainede la conscienceest celui de l'intériorité,une intériorité

inaccessible et impénétrable pour l'autre. a sub(ectivité est comme une forteresse o? (

me réfugier et trouver la pai si l'on m'agresse. 6ersonne ne peut venir y troubler la pai

décide d'y faire régner. 6ressé de questions, si (e décide de garder le silence, personne n

violer cette intimité. L'intériorité de la conscience est un refuge. n peut bien m'obliger +

que (e réprouve, on ne peut pas contraindre mes pensées. L'esclave peut ainsi r!ver qu'il

La contrepartie, c'est que "mon (ardin secret est une prison" Gaston Berger, u proc)a

semblable: esquisse d'une p)énoménologie de la solitude/. En e#et, ma sub(ectivité m'is

fa@on irrémédiable. Elle est + l'origine d'une solitude essentielle, c'est%+%dire non pas due

)asard des circonstances, et + laquelle des circonstances plus favorables pourront mettre

terme, mais une solitude irréductible parce qu'elle tient + la nature m!me de l')omme. $

)omme est nécessairement un étranger pour les autres. Lévinas, dans $otalité et inni,

attribue la cause + cette "absence de patrie commune qui fait de l'autre l'Etranger". 5ous

pas de "patrie commune", précisément parce que nous sommes deu consciences de soi.

fait, c)acun est intérieur + lui%m!me. Entre deu intériorités, il n'y a pas de lieu commun,

d'espace commun. Entre autrui et moi, il y a une distance. Cette distance est absolue car

distance qui sépare deu su(ets. Entre deu ob(ets, la séparation n'est que relative, la dis

seulement spatiale, mesurable. !me entre deu ob(ets aussi éloignés qu'on voudra, la

est relative. Entre la $erre et une galaie lointaine, la distance est considérable mais nie

Entre autrui et moi, la distance est innie, absolue, incommensurable % impossible + mes

relation entre les )ommes est donc + penser d'abord sur le mode de la séparation. $oute

communion ne faire qu'un/ est impossible.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 3/16

 

La communication elle%m!me et la connaissance mutuelle sont compromises. C)acun est

ses propres pensées. ;l est impossible d'!tre le su(et des pensées de l'autre, de penser +

Le domaine de la sub(ectivité est ce qu'il y a de plus cac)é, de plus intime. *utrui en est

m!me, il est impossible d'éprouver ce que l'autre éprouve, de son propre point de vue, ade co1ncider avec ses émotions. 4'il donne les signes de la sou#rance, on peut deviner c

éprouve, mais il est impossible de ressentir ce qu'il ressent. 4i c'est un ami qui sou#re, ('

éprouverai de la pitié, il me fera de la peine, mais ce n'est pas l+ ce que lui ressent. ;l m'

impossible de sou#rir sa douleur. 4'il m'est c)er, (e sou#rirai peut%!tre autant que lui, ma

de la m!me fa@on. ans ce genre de situation, ne sac)ant pas quoi dire, on lAc)e parfois

maladroit "(e comprends" qui constitue nécessairement un mensonge. 4eul dans la sou#r

le suis aussi dans le plaisir. ans >ne vie, de Maupassant, -eanne découvre avec inquiéson mari lui semble un étranger: "Elle sentait entre elle et lui comme un voile, un obstacl

s'apercevant pour la premi2re fois que deu personnes ne se pén2trent (amais (usqu'au f 

l'Ame, (usqu'au fond des pensées, qu'elles marc)ent c<te + c<te, enlacées parfois mais n

m!lées, et que l'!tre moral de c)acun de nous reste éternellement seul par la vie". ;l n'y

bien que le su(et pour se conna3tre lui%m!me.

 2. 

 La «connaissance intérieure »a)

 

 L’expérience de la conscience comme intuition

C'est Descartes qui invente la notion moderne de conscience. *pr2s avoir mis en doute

connaissances, il aBrme l'évidence de sa propre eistence, dont témoigne la conscience

lui. "Cette proposition: (e suis, ('eiste, est vraie c)aque fois que (e la prononce ou que (e

en mon esprit" éditations métap)ysiques, ;;/. Cette découverte n'est pas la conclusion

raisonnement, mais le fruit d'une epérience intérieure, faite sur soi%m!me. ans le isc

mét)ode, Descartes avait d'abord employé la formule, cél2bre mais ambigu : "-e pens

suis". Cette formule, que Descartes a abandonnée dans ses ouvrages postérieurs, peut

suggérer l'idée fausse que le "(e pense" est la conclusion d'un raisonnement, plus précisé

d'un syllogisme dont une prémisse est implicite. 4i l'on rétablit la prémisse manquante, o

 $out ce qui pense eiste

r (e pense

onc ('eiste

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 4/16

 

ais un tel raisonnement soul2ve une ob(ection. 4i la science dans sa totalité est suspect

escartes a décidé de le penser, pourquoi accorder du crédit + un tel raisonnement& 6ou

privil2ge & C'est qu'il ne s'agit pas d'un raisonnement. 5ul besoin de logique: il suBt d'ép

de sentir, de prendre conscience que (e pense, pour m'assurer, ipso facto, de mon eiste

s'agit pas d'un raisonnement, mais d'une intuition. L'intuition est, selon l'étymologie, une

vision, une vision immédiate de l'esprit. ;mmédiate, c'est%+%dire sans étapes, directe, inst

6ar l'intuition,la vérité se dévoilecommeen un éclair. L'intuitionest + distinguerdu

raisonnement, qui est discursif, qui proc2de par étapes, selon un enc)a3nement, une suc

et non immédiatement. escartes parle iscours de la mét)ode, ;;/ des "longues c)a3ne

raisons" qui constituent les démonstrations mat)ématiques. ais cette opération intellec

laquelle consiste le cogito n'est pas discursive. Est discursif ce qui se déploie dans un dis

prend donc du temps pour !tre e#ectué. $out raisonnement est discursif puisqu'il consist

série de propositions. Le mot de "discours", sous la plume de Montaigne, a encore le se

raisonnement. Le cogito n'est pas discursif mais intuitif, c'est pourquoi il est permis de pa

su(et non seulement de certitude, mais d'évidence, car il est d'usage de réserver ce dern

pour désigner une certitude de nature intuitive.

r l'intuition est une connaissance absolue, non relative ou partielle. 9ergson distingue d

sortes de connaissances. L'une qui s'e#ectue du de)ors. Elle est nécessairement relative

de vue que (e poss2de sur l'ob(et. L'idéal serait de pouvoir co1ncider avec l'ob(et, de le co

de l'intérieur. 6ar eemple, l'observation de p)otos d'une ville, aussi nombreuses soient%e

n'égalera (amais l'intuition que ('aurai de l'atmosp)2re de cette ville si (e me prom2ne da

rues. e m!me,s'il s'agit de décrireun personnage, (e pourrai multiplierles remarques

psyc)ologiquessur son caract2re.;l faudraitles multiplier+ l'inni pour atteindreune

connaissance équivalente + celle que ('aurais si (e pouvais co1ncider, sympat)iser avec lu

un ob(et que (e peu conna3tre de l'intérieur : c'est le moi.

b) 

Conscience ou pensée

Descartes établit l'équivalence de la conscience avec la pensée: les actes intellectuels "

!tre sans pensée, ou perception, ou conscience et connaissance" éditations, deui2me

au troisi2mes ob(ections/. 0u'est%ce que escartes entend par "penser"& Les actes intell

dit%il, ne peuvent s'e#ectuer sans pensée. Les actes intellectuels, c'est tout ce qui se pas

l'esprit, toutes les opérations des facultés de l'Ame, + savoir: raisonner, comprendre, voul

imaginer r!ver/, mais aussi sentir, c'est%+%dire entendre, voir, etc.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 5/16

 

Ce que désigne la pensée, c)e= escartes, c'est l'ensemble de ces actes. C)acun d'eu e

pensée. escartes nous dit que tout acte intellectuel, donc toute pensée, est nécessaire

accompagné de conscience. $oute pensée est nécessairement consciente d'elle%m!me. ;l

de pensées inconscientes.

0ue signie donc la pensée pour escartes& Elle est synonyme d'acte intellectuel. La pe

désigne toute activité de l'esprit. r, la pensée, en ce sens, implique la conscience: elle

tou(ours accompagnée de conscience. "6ar le nom de pensée, (e comprends tout ce qui e

nous de sorte que nous en sommes immédiatement conscients" éditations, 82me répo

dénition ;, p. 8DF cf. aussi 6rincipes de la p)ilosop)ie, ;, G/. La pensée se dénit par la

conscience. La pensée et la conscience s'impliquent si bien l'une l'autre qu'elles s'identi

"6ensée", c)e= Descartes, est synonyme de conscience. 0uand il écrit H (e pense que (e

prom2ne I, cela signie H ('ai conscience de me promener I. $out acte intellectuel envelo

consciencede cet acte, toute pensée est consciented'elle%m!me,toute pensée est

nécessairement pensée. 6our escartes, une pensée inconsciente, c'est impensableJ

En e#et, la conscience est l'essence de l'Ame. L'Ame se dénit par la pensée. La pensée,

les propriétés de l'Ame, est celle qu'on ne peut lui <ter. La mise en uvre du doute l'a m

peu bien m'imaginer sans corps, sans perception du monde etérieur, mais pas sans pe

II. Dificultés de l’introspection

KrAce + la conscience, l')omme dispose d'une faculté qui lui permet d'avoir connaissanc

son activité intellectuelle. ;l s'agit, selon escartes, d'une sorte de connaissance, qui con

vie psyc)ologique du su(et lui%m!me. ien ne semble devoir lui éc)apper, puisque son d

co1ncide avec celui de l'esprit. L'Ame, selon escartes, est transparente + elle%m!me, puitoute activité psyc)ique est consciente. *insi, il ne devrait demeurer aucune =one d'omb

conséquent, le su(et doit pouvoir se conna3tre lui%m!me. escartes va m!me (usqu'+ dire

l'Ame est facile + conna3tre. 4i la conscience est bien une sorte de "connaissance intérieu

la traduction des éditeurs de escartes, il doit !tre possible de se livrer + une psyc)ologi

premi2re personne, ou + ce qu'on appelle introspection, + savoir: la connaissance de soi

l'eploration de "l'espace du dedans" M. ic)au/. ais s'agit%il d'une véritable connaiss

C)acun fait l'epérience de la diBculté de se conna3tre soi%m!me.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 6/16

 

n observe souvent que les autres se trompent sur leur propre compte : un individu a un

mauvaise image de lui%m!me alors que ses qualités devraient lui donner conance, un a

l'inverse s'estime plus que ses capacités ne devraient l'y autoriser. Ce que (e suis et ce q

!tre d'apr2s les informations livrées par ma conscience co1ncident%ils forcément&

Trois critiques:

N/ l'introspection va limiter ma connaissance + ce qui est conscient s'il y a un inco

restera nécessairement inconnu/.

8/ L'introspection est une mét)ode sub(ective, que l'on peut soup@onner de n'!tre

sinc2re:le probl2me,c'est que l'observateurn'est pas neutre,car il est aussi l'ob(et de

l'observation.

7/ En outre, l'identité de l'observateur et de l'observé est en fait problématique: du

fait que (e m'observe, cela ne va%t%il pas modier ce que (e suis&

1. 

 Les perceptions inconscientes

6our que mon !tre réel et mon !tre tel qu'il m'appara3t co1ncident eactement, il faudrait

que (e n'ignore rien de ce que (e suis. La conscience que ('ai de moi%m!me doit !tre com

qu'aucune partie de mon esprit ne soit inconsciente. 6our escartes, on l'a vu, tout ce qu

intellectuel est conscient. 6armi les opérations de nature intellectuelle, l'auteur du isco

mét)ode comprend les actes sensoriels: sentir, c'est%+%dire voir, entendre, etc. r, on pe

bien sentir sans y penser, sans en avoir conscience. 6ar eemple, on sursaute lorsque le

l')orloge, bruit familier que l'on croyait ne plus entendre tant on y est )abitué, s'arr!te so

C'est donc qu'on l'entendait bienF mais sans en !tre conscient.

Leibniz désigne ce genre de p)énom2ne sous le nom de Hpetites perceptionsI ou Hperc

insensiblesI, c'est%+%dire inconscientes. La perception désigne aussi bien la perception se

que la représentation d'une idée. 6enser, voir et entendre sont des formes de perception.

distingue la perception de l'aperception de HapercevoirI/. L'aperception, c'est la conscie

l'on a d'une perception. Oormulée en termes leibni=iens, la t)2se de escartes devient: t

perception implique aperceptionF toute perception est ipso facto aperception, ou toute pe

est aper@ue. Leibni= rompt avec escartes et aBrme l'eistence de perceptions insensibl

+%dire de perceptions inaper@ues.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 7/16

 

Leibni= propose cet eemple 5ouveau essais sur l'entendement )umain/ : lorsque ('ent

vague s'écraser contre un roc)er, ce dont ('ai conscience est un bruit unique, un bruit so

grondement.

r, ce bruit est en réalité composé de la multitude des petits bruits provoqués par l'innigouttes d'eau qui composent la vague. Ces petits bruits, (e les entends, car si (e ne les e

pas, leur somme ne pourrait pas produire ce grondement qui est celui de la vague une i

petits riens ne peut faire un bruit/. -e les entends donc, mais sans pouvoir les distinguer,

avoir conscience, sans m'en apercevoir. ;l y a donc des perceptions qui ne sont pas consc

Leibni= sépare ce qui était identié par escartes. $oute perception n'est pas aper@ue.

eu tort d'assimiler les actes sensoriels au actes intellectuels, dénis comme nécessaire

conscients. Ce que Leibni= rév2le au su(et de la perception ne peut%il !tre étendu + d'autr

>n cartésien dira que l'on ne peut parler sans en avoir conscience. 6ourtant, ne peut%on

sans penser + ce que l'on dit & ;l est des situations o? la parole tient plut<t du réPee soci

"bon(our, @a va&"/. Et les structures du langage, elles, sont inconscientes Oreud, C)oms

4elon Freud, les r!ves, les lapsus, apparemment insigniants, ont pourtant un sens qui

cac)é. Et le symbolisme qui appara3t dans le r!ve est lui%m!me inconscient. "Le psyc)iqu

ne co1ncide pas avec ce dont tu es conscientF ce sont deu c)oses di#érentes, que quelqse passe dans ton Ame, et que tu en sois par ailleurs informé" Oreud, l';nquiétante étran

C'est peut%!tre m!me la plus grande partie du moi qui est cac)ée. 6arfois, un souvenir q

croyait e#acé de la mémoire resurgit. 5e serait%ce pas le signe que le moi conscient n'es

partie émergée du moi& Comment, dans ces conditions, aBrmer qu'il est possible de se c

soi%m!me de fa@on compl2te et ac)evée&

>n autre obstacle + cette entreprise de connaissance de soi par soi tient + la nature de la

conscience elle%m!me. Leibni= met en lumi2re une limite etérieure + la conscience, il dé

l'eistence d'un domaine o? la conscience ne peut pénétrer. ais il se pourrait que le su(

impuissant + conna3tre m!me ce qui pourtant est donné + sa conscience, et que m!me c

conscient soit dénaturé par la conscience, altéré donc méconnu.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 8/16

 

 2. 

Sincérité et mauvaise foi

>ne diBculté supplémentaire, c'est que l'introspection, pour !tre une connaissance, doit

vérité. 6ar conséquent, elle doit !tre sinc2re. r, celui qui s'observe peut avoir intér!t + c

une partie de ce qu'il découvre,de fa@on plus ou moins consciente.En réalité,m!mesil'introspectionse présentecommeune conduitede sincérité,son but réel n'est pas la

connaissancede soi. C'est ce que rév2lel'analysedes récits autobiograp)iques. $oute une

littérature est dominée par le souci de l'introspection et de la sincérité. Cette tradition na

ontaigne. *u début des Essais, l'avis au lecteur prévient d2s les premiers mots : HCeci

de bonne foiI. 6lus loin, l'auteur eprime sa volonté de Hse peindre .../ tout nuI, sans m

Elle est continuée par ousseau qui déclare dans les Confessions : H-e veu montrer + m

semblables un )omme dans toute la vérité de la nature. I. ans l'eercice littéraire de laconnaissance de soi par soi s'annonce un souci de sincérité. ais ce qui est visé n'est pa

connaissance de soi. Ce qui eplique l'éc)ec constaté par Rousseau, plus tard, dans les

6arfois ('ai cac)é le c<té di#orme en me peignant de prol I R2me promenade/. En réalit

est tout autre. Ce genre littéraire, qui prétend avoir pour but la connaissance de soi, ne p

réalité son sens que si on le met en relation avec un certain type de conduite religieuse.

eercice ne fait que répéter un comportement religieu: celui de la confession. * cet éga

du livre de ousseau en dit plus qu'il ne voudrait. Le but de la confession ou de l'aveu n'e

connaissance de soi, mais la libération + l'égard du mal que l'on a commis, la délivrance

remords, une sorte d'eorcisme. ;l est clair que c'est l+ le véritable en(eu des Confessions

Rousseau: se persuader qu'il n'est pas méc)ant. ;l y a une fonction cat)artique de la co

illustrée par Crime et c)Atiment de osto1eSsQy. HCat)arsisI, en grec, désigne la purica

but de la confession, c'est de purier l'Ame, de la laver. KrAce + la confession s'op2re un

distance par rapport + soi. n se lib2re de ce que l'on était pour ne plus l'!tre. La confess

littéraire fait (ouer + l'art le r<le rédempteur de la confession religieuse.

ans un tel eercice, se conna3tre n'est qu'un prétete. 5on seulement la confession a un

but que la sinc2re connaissance de soi%m!me, mais toute prétention + la sincérité est sus

6rétendre !tre sinc2re, prétendre décrire ce que l'on est, selon 4artre le comble de la ma

l'Etre et le néant, ;, ;;/. >ne telle accusation est paradoale. Cette mauvaise foi consiste

que prétendre dire ce que (e suis, c'est vouloir ignorer en quoi consistent la conscience e

l'eistence )umaine.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 9/16

 

3. 

 La distance à soi

Ttre conscient de ce que l'on est, c'est aussit<t ne plus l'!tre, !tre dé(+ au%del+, c'est avoi

recul. 6rendre conscience de soi, suppose une sorte de dédoublement Hune sorte deI: (e

entre moi comme ob(et et moi comme su(et. n ne peut prendre conscience que de quelc)ose de di#érent de soi, on ne peut observer quelque c)ose que si l'on s'en distingue, q

l'observant de l'etérieur, en le surplombant. -e ne peu contempler le panorama que si (

de la )auteur. e la m!me fa@on, si ('ad)2re + moi%m!me, si (e co1ncide avec ce que (e s

conscience de moi%m!me est impossible. La conscience de soi est impossible si ne s'intro

en moi une distance, une séparation ou un dédoublement de m!me que si ('ai les yeu c

l'ob(et, il m'est impossible de le voirF il faut un recul/. La conscience d'ob(et est négation

4i cet ob(et est soi%m!me, de la m!me fa@on, la conscience doit produire un recul, une midistance. La conscience est la capacité d'un recul par rapport + soi. *voir conscience d'!t

cela, c'est dé(+ ne l'!tre plus tout + fait, ou ne l'!tre plus de la m!me fa@on. *utrement di

mani2re de tout instrument d'observation, la conscience risque de dénaturer, d'altérer so

!emple "# prendre conscience que l'on est amoureu, c'est dé(+ ne plus l'!tre de la m!

on cesse de se contenter de vivre son amour/.

!$ %# avoir conscience d'!tre )eureu produit une modication de ce sentiment, suscep

mettre en danger. -e cesse en e#et de vivre mon bon)eur pour le penser. 4i (e cesse de l

suis%(e encore& n se gAc)e facilement un plaisir quand on per@oit froidement sa situatio

de la vivre, d'y !tre pleinement engagé e.: dans une f!te/.

!$ & : avoir conscience que l'on a commis une faute, c'est dé(+ !tre en voie de la dépas

dé(+ s'en repentir. L'avouer, c'est une fa@on de s'en libérer. La faute dont ('ai conscience

son poids car elle n'est plus vécue, elle devient un ob(et de conscience, voire un ob(et deconnaissance,d'analyse.La consciencefait de la faute un ob(et, quelquec)osequi eiste

désormais comme séparé, détac)é de moi, que (e peu analyser froidement.

!$ ' # cf. Montaigne, Essais, ;, 8U p. N8/: le danger est tou(ours plus e#rayant vu de l

méditation sur le danger est angoissanteF une fois dans l'action, on s'aper@oit qu'il n'était

terrible. Le danger comme ob(et de conscience et le danger vécu, auquel on n'a pas le te

penser parce que l'on est davantage concentré sur les gestes + accomplir, ne sont pas le

La conscience grossit le danger. L'appré)ension est tou(ours pour beaucoup dans la doul

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 10/16

 

Ttre conscient de soi, c'est donc ne pas !tre, implique demeurer, mais eister, !tre en de

!tre tou(ours dé(+ autre que soi. * c)aque instant, (e ne suis dé(+ plus ce que ('ai conscie

puisque la conscience suBt + modier ce qui est + conna3tre, + la mani2re dont un instru

d'optique modie et déforme l'ob(et + observer. 4'attribuer telle ou telle qualité, tel prédi

prétendre co1ncider avec ce prédicat. r l')omme n'est pas ce qu'il est.

Cette qualité, du fait m!me que ('en prends conscience, du fait que (e la reconnais comm

 (e ne la poss2de plus telle quelle. La sincérité consiste + vouloir se dénir, alors qu'un )o

tou(ours au%del+ de toute dénition. C'est une tentative pour se faire !tre, pour se décrir

mode des c)oses, se présenter comme doué de déterminations closes sur elles%m!mes,

et inc)angeables. >ne tentative pour s'identier + des qualités : H (e suis président I, H (

modeste I. ;l ne s'agit pourtant pas de qualités stables, acquises une fois pour toutes. npas dire H (e suis président I, comme on dit: H le mur est blanc I. L')omme et la c)ose n

de la m!me fa@on. Le mur n'a pas + assumer sa blanc)eur, il n'en est pas responsable. E

revanc)e, ('ai + continuer de mériter mon titre, + m'en montrer digne. La sincérité cac)e

une tentative pour nier sa propre liberté. Le but de cette conduite, c'est de se masquer +

m!me que l'on est libre et responsable ces deu notions vont ensemble: on ne peut !tre

responsable que de ce que l'on a fait librement/. 4'attribuer un mérite comme s'il s'agiss

qualité constitutive de mon !tre, c'est rassurant, cela donne + penser qu'il est inséparab

que ce qui est acquis l'est une fois pour toutes. e m!me, se représenter ses propres déf 

comme des qualités qui ad)2rent + sa personne peut fournir une sorte d'alibi. 6ar eempl

une fa@on de reconna3tre que l'on est malc)anceu qui vise + ecuser ses propres éc)ecs

attribuant + un tempérament auquel on ne peut rien. 4'avouer paresseu, cela peut servi

permettre d'ecuser sa conduite tout en niant sa propre responsabilité.

La conscience, semble%t%il, modie, alt2re son ob(et. *insi, vivre en ayant conscience deplus la m!me c)ose que vivre simplement. Vivre, avec en plus la conscience de vivre, c'e

les p)ilosop)es eistentialistes appellent, + partir de WierQegaard, eistence. Le terme d'

auparavant, est un synonyme d'!tre Descartes ne les distingue pas: H(e suis, ('eisteIF

troisi2me éditation: "e ieuF qu'il eiste"/. L'eistentialisme les distingue parce qu'il d

sens précis et in)abituel au verbe HeisterI. L'eistence n'est distinguée de l'!tre qu'+ pa

moment o? l'on analyse la conscience comme pouvoir de mise + distance de soi. La cons

trouble, modie son ob(et + la fa@on dont parfois, g!né par le regard d'autrui, on modie

comportement/. Eister, c'est autre c)ose que se contenter d'!tre ou de vivre.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 11/16

 

La réPeion trouble l'action. Le geste e#ectué de fa@on réPee, automatique, n'est pas ac

de la m!me mani2re si l'on pense + ce que l'on fait. n est plus maladroit quand un auto

n'est pas encore acquis. La Ken2se, dans la 9ible, peut !tre interprétée comme l'allégori

symbolique de l'accession de l')omme + la conscience de soi, du passage pour l')omme

simplement biologique, animale, + une eistence )umaine. Elle décrit sous forme d'imag

passage de l'animalité + l')umanité. La vie d'*dam au (ardin d'Eden décrit une belle )arm

la nature. H6aradeisosI, en grec, désigne un (ardin d'animau. *dam est un animal parmi

autres. ;l m2ne une vie naturelle, innocente l'innocence est + la fois ignorance et béatitu

il goXte le fruit de l'arbre de la connaissance: c'est le passage + la conscience qui rompt

)armonie originelle. *ppara3t alors la )onte Hils virent qu'ils étaient nusI/. La )onte ou l

pudeur/ suppose la conscience de soi, la faculté de se représenter soi%m!me, et la consci

regard d'autrui. Elle est accompagnée de la conscience d'une discordance entre mon !tr

para3tre. es conduites telles que la )onte n'apparaissent pas c)e= l'animal, dont on peu

supposer qu'il est dépourvu de conscience de soi. L')omme, lui, n'est pas HcolléI + sa vi

capable d'en prendre conscience, de la mettre + distance. ;l se détac)e de la vie, il ne fai

avec elle. *insi, il s'él2ve au%dessus d'elle. ais aussi, il acquiert la conscience de la mort

La conscience de la vie est indissociablement conscience de la mort. L')omme est capabl

la vie, il est capable de concevoir le contraire de la vie. ;l vivra désormais dans l'inquiétu

mort. 'o? toute conscience, selon une epression de Megel, est Hconscience mal)eureus

est conscience de la mort, rupture avec le paradis originel de l'innocence, de l'absence d

rapport + soi de l'animal immergé dans le cycle vital, en )armonie, en fusion avec la natu

besoins et leur satisfaction. e m!me, l'enfant est d'abord innocent et insouciant. ;l n'a p

sous le regard d'autrui. 6uis se développe la conscience de soi. *ppara3t alors l'inquiétud

de)ors : la découverte que l'on a un de)ors et le souci de savoir ce qu'autrui en pense. C'

pourquoi l'enfance est souvent présentée, par eemple dans l'uvre de Proust, comme

perdu.

La conscience de soi introduit donc une rupture, une séparation, une distance d'avec soi%

qui rend possible par eemple l'ironie sur soi%m!me: rire de soi suppose la capacité de p

recul, de se distinguer de soiF en ce sens, rire est bien le propre de l')omme/. La conscie

implique une division + l'intérieur de soi%m!me, une séparation entre soi comme su(et et

comme ob(et de conscience. Elle implique une modication. * mesure que (e prends cons

de ce que (e suis, (e ne le suis dé(+ plus, précisément parce que ('en prends conscience.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 12/16

 

La conscience suscite donc une altération incessante. L')omme est donc tou(ours en de

L')omme est + distance de soi%m!me, en avant de soi%m!me, l+%bas, dans l'avenir voir l'

qui marc)e, de Kiacometti: penc)é en avant, dans un perpétuel déséquilibre/. L')omme

tou(ours en route, en c)emin vers soi, tou(ours inac)evé. n ne peut pas réduire l')ommqu'il est actuellement, en un instant donné. La conscience op2re une modication, une m

distance, une transformation progressive et incessante. C'est parce qu'un )omme est co

qu'il devient au lieu d'!tre. L')omme n'est pas: il devient, ou il eiste. ;l eiste, dit Meideg

Eister, selon l'étymologie, c'est sortir de. La conscience est la puissance de nier et de m

distance le réel, l'!tre, de le dépasser pour s'en libérer. Le pour%soi est capable de nier ce

de le re(eter dans le passé pour ne l'!tre plus. La conscience est un perpétuel dépassem

Elle se dépasse vers des ns. Ttre en pro(et, c'est refuser comme provisoires et partielles

dénitions que les autres pourraient !tre tentés de m'attribuer. En derni2re analyse, aucu

dénition ne convient (amais + un )omme. L')omme éc)appe + toute dénition. ;l n'est p

+ conture sur lequel on peut coller des étiquettes. ;l doit eister d'abord pour pouvoir en

!tre qualié. ;l n'y a aucune dénition qui pourrait lui !tre attribuée a priori, avant sa nais

impossible de le dénir d'avance par l')érédité, par eemple/. $out (ugement de la form

ceci...Iest tou(oursper@u commeréducteur.L'individuest tou(oursdé(+ au%del+d'un tel

 (ugement. $oute dénition que l'on prétendra m'attribuer peut !tre inrmée par la suite d

actes. 2s lors que ('en prends conscience, (e la dépasse. u coup, la notion de "personn

l'on entend par l+ un ensemble de qualités constantes, appara3t problématique. e m!m

l'idée d'un "vrai moi" qui serait cac)é. Y aurait%il un vrai et un fau moi& Et pourquoi l'un

donc plus "vrai" quel'autre&L')ommeest en devenir perpétuel dufait m!mequ'il prend

conscience de lui%m!me. Comment alors pourrait%il espérer se conna3tre&

III. L’identité personnelle

La possibilité d'une connaissance de soi semble compromise, pour les raisons qui préc2d

c)ange sans cesse. Cependant, (e ne suis pas rien. ;l est vrai que (e fais l'epérience en

c)angement continu. ais c)acun a aussi bien le sentiment d'une identité personnelle. C

conscience, malgré ce c)angement, de rester cependant le m!me d'un bout + l'autre de

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 13/16

 

Cet enfant que ('étais, certes, (e ne le suis plus, mais c'était bien moi. 0ue faut%il donc en

par ce mot : moi & 0u'est%ce que le moi & Comment epliquer ce sentiment del'identité

personnelle & 6our epliquer la conscience de cette identité, on pourra supposer que quel

c)ose, de l'Ame, reste identique. 0uelque c)ose, en moi, dans mon esprit, ne c)ange pas

stable de ma personnalité, c'est ce que l'on pourra appeler le moi. ;l serait ce qui n'est pa

par les c)angements. ;l resterait tou(ours comme un noyau stable, qui assurerait une cer

permanence + ma personnalité. 0ue penser d'une telle )ypot)2se &

1. 

Critique de l’idée de moi

0uand (e pén2tre au plus intime de ce que ('appelle moi%m!me, c'est tou(ours pour tomb

une perception particuli2re ou sur une autre : une perception de c)aud ou de froid, de lu

d'obscurité, d'amour ou de )aine, de peine ou de plaisir.

 -e ne peu (amais me saisir moi%m!me sans une perception, et (e ne peu rien observer

que la perception.

0uandmes perceptionsse trouventinterrompues,commepar un profondsommeil,aussi

longtemps que cet état dure, (e n'ai pas le sentiment de moi%m!me, et l'on peut vraimen

 (e n'eiste pas F et si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort, si (e ne pou

ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni)a1r, apr2s la dissolution de mon corps, (e serais

enti2rement anni)ilé, et (e ne con@ois pas ce qu'on demande de plus pour faire de moi u

parfaite non%entité.

H 4i quelqu'un,réPéc)issant+ cela sérieusementet sans pré(ugé,penseavoir une notion

di#érente de lui%m!me, ('avoue qu'il m'est impossible de raisonner plus longtemps avec l

6eut%!tre per@oit%il quelque c)ose de simple et de continuellement eistant qu'il appelle l

m!me, quoique (e sois certain qu'il n'y a pas en moi un tel principe. I David ()M, $rait

nature )umaine, ;, ;V, [.

L')ypot)2se de l'identité, pour Mume, n'est qu'une illusion. Le moi n'est qu'une c)im2re i

par les métap)ysiciens, dont rien ne permet de conrmer la réalité. En e#et, quand (e pr

l'introspection + la mani2re de escartes, qu'est%ce que (e trouve en moi & -e fais l'epéri

ensemble d'états psyc)ologiques, d'actes intellectuels, un Pu de contenus de conscienc

série de perceptions. $ou(ours une perception particuli2re, bien déterminée : la perceptioou de cela, la conscience de quelque c)ose, mais (amais la conscience elle%m!me.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 14/16

 

 -'éprouve une continuité de pensées, de sentiments qui se succ2dent. Ce que ('éprouve l

une pure multiplicité. L'introspection ne me permet pas de dire ce que (e suis, ne me per

de découvrir un élément stable qui serait moi. *u contraire, sous le regard de l'introspect

"moi" se dissout en une multiplicité. " u dedans, l')omme n'est rien : il coule comme u

fromage"Sartre/.L'introspectionse perd nécessairementdans l'indéterminé,l'indéni,

l'inac)evé. Eemple : le -ournal d'*miel. -our apr2s (our, *miel note tout, absolument tout

peut observer en lui%m!me. Ce pro(et impossible restera inac)evé apr2s 8U ou 7U volum

*miel ne décrit pas seulement c)aque événement etérieur, mais le rapporte avec l'éc)

rencontrédans sa conscience(e pense, (e pense que (e pense etc./. >n tel pro(et est

nécessairementinac)evable.Laissée+ elle%m!me,la "vie intérieure"est une prolifération

indénie. La question est : d'o? vient alors l'unité &

Comment ces états sont%ils liés ensemble, qu'est%ce qui autorise + dire qu'ils constituent

personnalité & 'o? vient l'unité qui fait mon identité personnelle, qui fait que (e peu dir

Mypot)2se : quelque c)ose, en moi, reste identique. 4ous cette multiplicité se cac)e un

stable. Le moi serait le support de toutes les modications de la conscience. Ce moi serai

substance. La substance : ce qui subsiste, ce qui reste identique malgré les c)angements

constate Mume, l'introspection ne me permet en aucun cas de découvrir une telle réalité.

impossible de faire l'epérience du moi. ;l en conclut, + la n, que le moi n'eiste pas. ;l s'

)ypot)2se. Le moi, par dénition, serait cac)é sous ce qui appara3t.

Lui%m!me n'appara3t pas. ;l est e#ectivement impossible d'en faire l'epérience. Et il faut

reconna3tre que ce moi a quelque c)ose de mystérieu. C'est une )ypot)2se métap)ysiq

rien ne permet de démontrer.

Le moi, ou ce que escartes appelle l'Ame, est censé assurer la continuité de mon identittraversle temps.4i (e reste le m!me en des momentsdi#érents,c'est que malgréles

c)angements qui m'ont a#ecté, ('ai conservé le m!me moi. Ce moi reste inc)angé penda

sommeil, de sorte que (e conserve mon identité + mon réveil. ;l pourrait m!me escarte

l'aBrme pas, mais il pense que c'est possible/ que ce moi survive + la mort du corps. Mu

consid2re tout cela comme de la pure imagination. -e ne suis rien de plus qu'un ensembl

perceptions, ou de pensées, puisque (e ne peu rien découvrir de plus en moi%m!me. 6ar

conséquent, lorsque (e cesse de penser ou de percevoir, (e ne suis plus rien. Et lorsque (ede percevoir de fa@on dénitive, rien ne survivra, puisque (e me réduisais + ces sensation

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 15/16

 

6our Mume, (e ne suis rien de plus qu'une somme de perceptions. -e suis cette multiplicit

L'identité et l'unité sont un myt)e. Le moi est un mot vide.

 2. 

 La construction de soi

 $out de m!me, Mume pousse tr2s loin son raisonnement. ;l a sans doute raison de ne pas

se contenter d'une )ypot)2se purement abstraite et qu'aucune epérience ne vient con

Cependant, peut%on nier absolument l'identité de la personne& L'ob(ection que l'on ne pe

manquer d'adresser + Mume, c'est que, tout de m!me, ma vie présente + mes yeu une

 ('ai conscience d'une certaine unité de mon passé + mon présent. Certes, on doit renonc

d'identité si, par ce mot, on entend une absence de c)angement. L'identité: deu sens. L

c'est le contraire du c)angement. C'est un sens mat)ématique, l'idée d'une égalité. Cert

c)ange. ais cela n'eclut pas que (e poss2de une identité. *voir une identité, c'est !tre

rester forcémentidentique.L'identitéen ce sens n'eclutpas le c)angement.n pourrait

comparer l'identité personnelle au style d'un artiste: il évolue, cela est sou)aitableF mais

cette évolution, il reste reconnaissable pour qui le conna3t bien. En quoi consiste donc ce

identité& Elle résulte de l'e#ort par lequel, progressivement, (e la construis.

4i nous étions ainsi que le dit Mume, qu'est%ce que cela donnerait & 5ous ne pourrions vi

série de sensations sans unité. liver 4acQs, dans l'Momme qui prenait sa femme pour un

cite un cas asse= e#royable d'amnésie, qui donne une idée de ce nous serions si Mume a

raison. >n de ses patients est atteint du syndrome de WorsaQov, qui se traduit par une a

rétrograde. ans l'amnésie telle qu'on la conna3t )abituellement, le su(et a oublié ce qui

antérieur + une certaine date, tandis qu'il se souvient de ce qui est arrivé depuis. ans le

par 4acQs, le malade se souvient du passé d'avant le déclenc)ement de sa maladie, mais

tout le présent au fur et + mesure qu'il le vit. ;l se croit encore en NGR. Et son médecin,

visite, doit + nouveau se présenter. 4on eistence n'est plus qu'une succession décousue

sans unité. 9eaucoup de maladies mentales se caractérisent par une "dislocation" du mo

ainsi qu'on a d'abord déni la sc)i=op)rénie sc)i=ein, en grec: fendre, scinder/. Les form

maladies mentales les plus graves, les psyc)oses, sont communément dénies par des t

l'identité, ou par l'e#ondrement de la personnalité. La normalité, entendons par l+ la sant

suppose une unité. *ccordons + Mume qu'il faut sans doute renoncer + l'idée d'un "moi" q

dé(+ constitué d2s la naissance. -e n'ai pas une identité d'emblée.

7/25/2019 La Conscience - Cours Terminale

http://slidepdf.com/reader/full/la-conscience-cours-terminale 16/16

 

L'enfant n'apprend pas + dire -e immédiatement. La conqu!te de sa propre identité supp

travail de synt)2se par lequel on reprend + son compte et l'on int2gre les diverses donné

eistence. on identité, (e l'élabore progressivement, par une sorte de discours sur moi%

une )istoire co)érente de moi dans laquelle ('essaie d'intégrer mes actes, mon passé, ce

pu éprouver.

6arfois, (e me surprends moi%m!me, ('agis d'une fa@on qui ne correspond pas + l'idée que

m'étais faite de moi. ;l y alors discordance et il me faut la dissiper. C'est vital, car en l'abs

d'unité, ce qui guette, c'est la folie. Cette élaboration de mon identité est parfois laborieu

traverse parfois des crises d'identité. 6our parvenir + un récit sur soi co)érent, il est m!m

nécessaire d'oublier une partie de son passé. Les conduites de mauvaise foi pourraient ai

s'epliquer par la nécessité qu'il y a + se fabriquer une identité.

IV. 

Conclusion

La conscience de soi n'est pas une connaissance. En e#et, ce n'est pas parce que ('ai co

moi%m!me que, pour autant, (e me connais. Ce n'est pas parce que ('ai conscience de me

que (e suis capable de les dénir. En outre, l'idée d'un "moi" qui resterait identique malgr

c)angements semble devoir !tre abandonnée, faute de fondement dans l'epérience.

La conscience de soi n'est pas une connaissance: elle est plut<t le moyen par lequel (e m

 (e me construis une identité. En tant que connaissance, elle ne peut donc !tre qu'en reta

décalage perpétuel par rapport + mon e#ort sans cesse repris pour donner un sens co)ér

mon eistence. e plus, pour que l'image que (e me forme de moi%m!me soit co)érente,

parfois nécessaire que (e refoule certains aspects de mon passé qui seraient en désaccor

cette image que ('ai de moi%m!me.