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    LaCommuneLaCommune

    B U L L E T I N D E LAS S O C I A T I O N D E S AM I S D E L A C O M M U N E D E PA R I S -1871

    2006printemps-T

    NUMERO

    28

    20 mai 2006 au mur des fdrsRENDEZ-VOUS 14 HEURES30,

    CIMETIRE DU PRE-LACHAISE,

    ENTRE RUE DES RONDEAUX, 75020 PARISMTROGAMBETTA

    COUVERTURE N 28 5/05/06 14:49 Page 2

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    Pour que vive votre bulletin...

    Dans notre dernier bulletin, vous avezpu dcouvrir les diffrentes phases de

    sa fabrication.

    Mais, avant den arriver l, il faut bien videm-

    ment de la matire premire, savoir des arti-

    cles qui en composeront chaque numro.

    Amis adhrents, ce bulletin est le vtre !

    La vitrine de votre Association vous est gran-

    de ouverte ! Provinciaux, Parisiens, Banlieu-sards, prenez la plume, exprimez-vous avec vos

    convictions, votre cur. Vous avez tous

    quelque chose dire, raconter, et ce quelleque soit votre rgion de rsidence : anecdotes,

    faits historiques, expositions, pamphlets, etc.

    Vous dtenez peut-tre des gravures anciennes,photos, images, illustrations. Des membres de

    votre famille, des proches ont peut-tre partici-

    p de prs ou de loin aux vnements du Prin-temps 1871... Il y a tant de sujets dvelopper

    se rapportant la Commune de Paris et celles

    de Province...

    Amis de Province, membres de nos Comits ou

    non, vous qui reprsentez prs de la moiti de

    nos effectifs, cest vous plus particulire-ment que sadresse cet appel. Pour beaucoup

    dentre vous, le bulletin est le seul vecteur decommunication, le seul lien avec le cur de

    lAssociation. Faites-nous part de vos sugges-

    tions, critiques, etc. Nous en tiendrons compte,dans la mesure du possible et du raisonnable. A

    cet gard, votre bulletin pourrait senrichir du-

    ne nouvelle rubrique Echos de nos Provinces.

    Ce sont vos articles qui lui permettront de voirle jour...

    ll ne sagit pas de faire du journalisme, et par-tant de dvelopper quelque complexe de plu-

    me. Tout nous intresse, tout vous intresse...

    Rien ne doit tre occult, oubli, effac.Chacun dentre nous, chacun dentre vous se

    doit, pour que la mmoire subsiste, dapporter

    sa pierre, si modeste soit-elle, ldifice.

    Cest ainsi que, pour les gnrations futures,

    perdureront les idaux de la Commune.

    Plus que jamais, vous avez la parole !

    Pour le Comit de RdactionJacqueline Hog-Jean-Marc Lefbure

    EDITORIAL

    ADHREZ OU

    RADHREZCOTISATIONS 2006CARTE DADHSION

    A partir de 33 euros -Soutien partir de 50 euros

    A partir 5 eurospour les faibles ressources

    A partir de 150 eurospour les collectivits

    2

    20

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    LES AMIS

    DE LA

    COMMUNE

    DE PARIS-1871

    ArthurRimbaud. 185

    4-189

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    Le dormeur du val

    ... Il a deux trous rouges au ct droit.

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    H istoire - La Commune et les trangers

    La Commune de Paris lue le 26 mars 1871 nesimpose pas en assemble nationale. Elle est unconseil municipal pour la capitale, mme si cer-taines de ses orientations et dcisions ont une

    porte qui dpasse le cadre parisien et ressemblent celles de lAssemble parlementaire.La Commune est une assemble reprsentative dont chacun des mem-bres est dlgu depouvoirs de ses lec-

    teurs. Dans la perspec-tive de la Constitutionde 1793, la Communeengendre une vritabledmocratie au nom dela souverainet populai-re : Les membres delassemble municipa-le, sans cesse contr-ls, surveills, discutspar lopinion, sont rvo-cables, comptables etresponsables.Au XIXe sicle, de nom-breux trangers, rfu-gis politiques ou co-nomiques se fixent enFrance. En 1866, Pariscompte entre 150 000

    et 200 000 trangers qui sassimilent la population.Dautre part, en 1864, la Premire Internationale pro-voque la rencontre des ouvriers de diffrentes nations,lors des congrs et manifestations de lorganisation.Ce brassage des peuples est favorable la reconnais-sance de lautre et la Commune trouve, l, un terrainfavorable lapplication de sa politique lgard destrangers, leur assimilation sa cause.La Commune manifeste constamment son internatio-nalisme en nommant des trangers dont elle apprcie

    les mrites des postes dirigeants. C'est une poli-tique nouvelle, un fait unique dans lhistoire mondia-le.Un Hongrois, Lo Frnkel, sige au conseil gnralde la Commune. La Commission des lections, le 30mars 1871, valide ainsi son lection : Considrantque le drapeau de la Commune est celui de la Rpu-blique universelle ; considrant que toute cit a le droit

    de donner le titre de ci-toyen aux trangers quila servent, la commis-

    sion est davis que lestrangers peuvent treadmis et vous proposeladmission du citoyenFrnkel . Lo Frnkel,promu, fait fonction deministre du Travail et in-spire luvre sociale dela Commune. Des gn-raux polonais, Dom-browski et Wroblewskireoivent le commande-ment des deux principa-les armes. ElizabethDmitrieff, jeune femmedorigine russe, est por-te la direction delunion des femmes et nombreux sont, en-

    core, les trangers qui participent la Commune.Limpact de la Rvolution du 18 mars 1871 est im-mense sur les travailleurs du monde entier. Jusquaubout et encore aujourdhui, elle est entoure de la soli-darit du mouvement ouvrier international.

    Patrick Cavan

    La Commune source dinspiration...

    LA COMMUNE

    MANIFESTE CONSTAMMENT

    SON INTERNATIONALISME

    EN NOMMANT

    DES TRANGERS DONT

    ELLE APPRCIE LES MRITES

    DES POSTES DIRIGEANTS.

    C'EST UNE POLITIQUE

    NOUVELLE, UN FAIT UNIQUE

    DANS LHISTOIRE MONDIALE.

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    Le dmarrage significatif de la socit in-dustrielle se situe approximativementdans le deuxime tiers du XIXe sicle.Cest la mise en application des tech-

    niques et technologies nouvelles, de la nouvelle divi-sion du travail qui en dcoule, de la concentration de lamain-duvre et du grossissement de lunit de pro-duction. En France, la rvolution industrielle tarde sedvelopper. Le noyau proltarien nest encore que defaible importance, les arti-

    sans dominent.Sous le Second Empire, silon ne peut encore parlerdune complte rvolutionindustrielle, lentreprise vavoluer avec les nouvellestechniques et technolo-gies, avec le besoin deconcentration pour rduireles cots face la concur-

    rence. Dans ces condi-tions, le nombre douvrierspar employeur augmente,la division du travail et lagestion de la main-duvresont plus pousses, leschangements technolo-giques altrent le statutdes ouvriers. Lentrepriseva passer du stade du tra-

    vail domicile latelier, de la petite et moyenne entre-prise puis lentreprise-usine qui est la forme sup-rieure de lorganisation du travail, de lemploi demachines plus complexes meilleure productivit. Lesentreprises-usines noccupent que 50 ouvriers aumaximum, quelques-unes comptent quelques milliersdouvriers. Cependant, la plupart du tissu industrielfranais reste compose de micro-entreprises, dta-blissement proches de lartisanat ou de latelier. Lco-nomie du Second Empire est un mlange de phnom-

    nes nouveaux et de pratiques anciennes qui restent

    encore trs dominantes. A lre des marchands et desngociants succde celle des techniciens et des ing-nieurs, lorsquau XIXe sicle le progrs technique ga-gne tous les secteurs de lindustrie. Le patronat trouveses racines dans la bourgeoisie. Le rseau familial as-sure la runion des capitaux indispensables au dmar-rage dune entreprise. Bien que les attitudes conserva-trices dominent, apparaissent lentement les cadres,les contrematres, les employs : les improductifs.

    Pour assurer le dveloppe-

    ment de lindustrie, la Fran-ce entreprend une rvolu-tion dans les domainesdes banques, du crdit.Les lignes ferroviaires, ltat de tronons souventnon raccords, peu utilisa-bles, passent de 3248 kmen 1851, 16 645 km en1869 ; le nombre de voya-

    geurs/km est multipli parquatre ; le rail est un mo-teur du dveloppementconomique. Il en est demme dans les transportsmaritimes. Le besoin demain-duvre provoque unexode rural vers les villes,sous le Second Empire,Paris passe de 1 400 000

    1 850 000 habitants avec de lordre de 10 % d-trangers, le nombre dtrangers rsidant en Francedouble et passe 740 000 soit 2 % de lensemble dela population. Ce brassage des peuples est favorable la reconnaissance de lautre. La Commune va donctrouver un terrain favorable lapplication de sa poli-tique lgard des trangers.Lindustriel admet difficilement que lamlioration de laproductivit rsultant de lapplication des technologieset moyens nouveaux, qui lui permettent de rsister la

    concurrence tout en maintenant le bnfice, profite

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    H

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    A LRE DES MARCHANDS

    ET DES NGOCIANTS

    SUCCDE CELLE

    DES TECHNICIENS

    ET DES INGNIEURS,

    LORSQUAU XIXE SICLE

    LE PROGRS TECHNIQUE

    GAGNE TOUS LES SECTEURS

    DE LINDUSTRIE.

    Le monde ouvrier et les trangers la fin du Second Empire

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    aussi louvrier ; do de violentes ractions ouvrires.Il est important de noter que les revendications met-tent en avance des exigences dun niveau qualificatifnouveau. Si la demande dune augmentation de salaireest prsente, sy ajoutent dautres revendications fon-damentales et nouvelles comme la rduction du tempsde travail journalier, la rvision des rglements dentre-prise, la gestion ouvrire des fonds sociaux. Il faut no-ter que ces impulsions nouvelles sont la base de lac-tion et des revendications.

    La priode du Second Em-pire est cruciale pour la so-cit franaise, cest le mo-ment o merge unenouvelle bourgeoisie den-treprises, diffrente de labourgeoisie traditionnelle,un monde entirement nou-veau des classes moyen-nes urbaines, ainsi quun

    monde ouvrier en voie detransformation. Le mouve-ment ouvrier et rpublicain,dstabilis aprs la Rvolu-tion de 1848, se recons-truit.A loccasion de lExpositionuniverselle de Londres en1862, Napolon III, par pu-re dmagogie et pour obte-

    nir le soutien des classes laborieuses, dcide den-voyer Londres une dlgation ouvrire parisienne.Pour djouer la manuvre de lEmpereur, le ciseleurTolain reoit lassurance que la dlgation ne sera paschoisie par le pouvoir et que des lections auront lieudans chaque profession pour dsigner les dlgus.Cent quatre-vingt-trois ouvriers sont lus et partentpour Londres le 19 juillet 1862. Ils sont reus frater-nellement par les travailleurs anglais. Ils constatentque louvrier anglais vit mieux que louvrier franais. Le

    dveloppement considrable de lindustrie anglaise

    sest accompagne de la naissance dune puissanteorganisation syndicale (les trade-unions) qui dfend lacondition ouvrire.A leur retour en France, les dlgus rclament lacration de chambres syndicales et la reconnaissancedu droit de grve. En fvrier 1864, lors dune lectionpartielle, soixante ouvriers publient un manifeste rdi-g par le ciseleur Tolain. Ils se plaignent que les ou-vriers ne soient jamais lus : Nous ne sommes pas re-

    prsents, car dans une

    sance rcente du Corpslgislatif aucune voix nesleva pour formulercomme nous les enten-dons nos aspirations, nosdsirs et nos droits, nousne sommes pas reprsen-ts, nous qui refusons decroire que la misre soitdinstitution divine [...]

    Cette volution de cons-cience de classe qui ren-force les revendicationsouvrires nest pas sanseffet sur la politique gou-vernementale : le droit decoalition (action commu-ne) est reconnu par la loidu 25 mai 1864. Lidede fonder une association

    internationale des travailleurs est dans lair. Lors dunmeeting tenu Londres le 28 septembre 1864, la Pre-mire Internationale est constitue. Ladresse inaugu-rale a t rdige par Karl Marx qui a tenu compte despropositions formules par les reprsentants ouvriersfranais. Cest un texte fondamental dans lhistoire dumouvement ouvrier, seize ans aprs le Manifeste duParti Communiste.1867. Grve des bronziers parisiens, la solidarit joue plein : Ouvriers, nous sommes tous attaqus, le-

    vons-nous tous unanimement ! Dix-huit dlgus des

    EN FVRIER 1864, LORS

    DUNE LECTION PARTIELLE,

    SOIXANTE OUVRIERS

    PUBLIENT UN MANIFESTE

    RDIG PAR LE CISELEUR

    TOLAIN. ILS SE PLAIGNENT

    QUE LES OUVRIERS

    NE SOIENT JAMAIS LUS.

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    corporations ont lanc cet appel. LInternationaleorganise la collecte des fonds en province et aussi ltranger (les trade-unions se montrent particulire-ment gnreux). Grce cette solidarit internationa-le, les ouvriers bronziers ont pu rsister et obtenirsatisfaction leurs revendications.Les rencontres entre travailleurs de diffrentes natio-nalits vont se multiplier. Dans la priode de tensionprcdant la guerre franco-allemande, les dclarationsde solidarit entre les deux peuples se font pressan-

    tes. Le 12 juillet 1870, les sections parisiennes de lIn-ternationale publient un appel contre la guerre : Fr-res dAllemagne, au nom de la paix, ncoutez pas lesvoix stipendies ou serviles qui cherchent vous trom-per sur le vritable esprit de la France. Restez sourds des provocations insenses, car la guerre entrenous serait une guerre fratricide. Les travailleurs deBerlin rpondent : Nous aussi, nous voulons la paix, letravail et la libert. Nous savons que des deux ctsdu Rhin vivent des frres avec lesquels nous sommes

    prts mourir pour la Rpublique universelle.Ces belles paroles, hlas, furent touffes par les cla-meurs de haine et de chauvinisme des va-t-en guerrevirulents, et le 19 juillet 1870, la guerre est dclare.Les premires dfaites de larme franaise sont sui-

    vies de la chute du Second Empire.Les sections franaises de lInternationale et les soci-ts ouvrires adressent un manifeste au peuple alle-mand et la dmocratie socialiste de la nation alle-mande :[] Sur les deux rives du fleuve disput,Allemagne et France, tendons-nous la main, oublionsles crimes militaires que les despotes nous ont faitcommettre, les uns contre les autres. Proclamons : lalibert, lgalit, la fraternit des peuples. Par notrealliance, fondons les Etats-Unis dEurope. Vive la Rpu-

    blique universelle !Le 22 juillet 1870, la premire adresse du Conseil g-nral de lInternationale est un message despoir :Tandis que la France et lAllemagne se prcipitentdans une lutte fratricide, les ouvriers de France et dAl-lemagne changent des messages de paix et damiti.Ce fait unique, sans parallle dans lhistoire du pass,ouvre la voie un avenir plus lumineux.Cest la Commune de Paris qui recueillera le bilan delensemble des transformations sociales, cono-

    miques, dmographiques, urbaines, mises en placesous Napolon III.

    Marcel Cerf et Bernard Eslinger

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    Le monde ouvrier et les trangers la fin du Second Empire (suite)

    UNE NOUVELLE BROCHURE POUR UN VIEUX COMBAT :

    La commune de Paris et les trangers

    En l'an 2006, l'agglomration parisienne n'a pas l'exclusivit d'une immigration provoque par

    ceux qui fuient la misre au cul verdtre ou l'oppression des tats totalitaires. A la fin du XIXe

    sicle, Paris identifiait environ 10 % de sa population parmi des Polonais, des Belges, des Italiensainsi que bien d'autres Europens ou Amricains recherchant la protection de la RpubliqueFranaise et son essor conomique. La Commune de Paris fut sans doute la premire favoriserce mtissage ncessaire une humanit plus gnreuse que nombrilique et le mrite de notrebrochure est d'analyser comment. Pour quelques euros, commandez tout de suite ce documentessentiel une bonne comprhension du phnomne. Et il va vous expliquer combien la Rvolu-tion de 1871 doit la coopration de ces Etrangers dont certains sont, peut-tre, vos arriresgrands-pres.

    Claude Chanaud

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    Giuseppe Garibaldi est n Nice en 1807 alorsque cette ville mditerranenne est rattache la France pour la premire fois. Mais sil trouveune place dans ce bulletin plac sous le signe

    des trangers, cest que, malgr le hasard de sa nais-sance, il est de nationalit italienne. Et aujourdhui,cest un de ces ressortissants de ce pays les plusconnus au monde linstar de Leonard de Vinci ouDante Aligheri.Ces deux derniers vo-

    quent toujours la pein-ture, la posie, la litt-rature, lart en gnralet le gnie crateurtandis que lui incarnedepuis le XIXe sicle lehros de la Libert etde la justice sociale.Dans ce cadre, il d-passa souvent des in-

    trts purement natio-naux puisquil estdevenu au fil du tempsune sorte de citoyendu monde, ou plutt unprcurseur de cette citoyennet sans frontire qui len-gagea sur bien des fronts et notamment en Francepour lutter nos cts contre les Prussiens en 1870.Larme franaise a quelquefois combattu Garibaldisous le Second Empire mais la Rpublique la trs sou-

    vent soutenu au point que la France devint sa deuxi-me patrie. Cependant, dautres pays peuvent prten-dre aussi ce rle. En effet, porteur de la rvolutionen Amrique du Sud o, engag dans le combat de lalibration des peuples europens, cet Italien est da-bord un rebelle prtant la main aux mancipations dutemps, un anticlrical ncessaire de vritables choixpersonnels et un symbole romantique que son chemi-nement gnreux et sa chemise rouge vont lever pro-gressivement au niveau dun mythe international.

    Dou dun caractre fort, dune prsence sympathique

    et dun physique vigoureux, Giuseppe Garibaldi a da-bord lopportunit dapprendre mais il a aussi legot de se perfectionner. Enfant, il est sans doute plussduit par lide de laventure que par lcole mais,adolescent, il possde dj les rudiments des tech-niques qui vont faire de lui un bon marin. Elev en lan-gue franaise, il apprend lItalien et lAnglais. De plus, ilexplore dautres disciplines grce son got de la lec-

    ture qui va le meneraussi bien vers les po-

    tes que vers les histo-riens ou les scienti-fiques.Bon professionnel de lamarine, il devient capi-taine de seconde clas-se vingt-cinq ans et,lorsquil met pied ter-re aprs une mission, ilapparat comme un gai

    compagnon de fratrie.On dirait de nos joursquil russit la mani-re dun autodidactesurdou. Il aurait sans

    doute pu spanouir et prosprer dans cette carrirede cabotage et de commerce qui le mne tout jeunede Nice Constantinople et de la mer Ege auxles Canaries.Cependant, son destin est ailleurs et cest toujours la

    lecture quil doit de raliser de successives prises deconscience, lesquelles le propulsent dune jeunesseactive dans les transports maritimes lengagementpolitique. Aux lectures clairantes sajoutent gale-ment des rencontres qui le mettent en danger, daborden France o, impliqu dans une premire insurrec-tion, il est condamn mort par un tribunal militaire.Alors, il prend la fuite sur un brigantin allant de Rio ose trouve une colonie italienne.En 1836, cet homme dexception, aussi bien corsaire

    opportun que penseur, sduit par les ides saint-simo-

    Rhapsodie pour Garibaldi

    LARME FRANAISEA QUELQUEFOIS COMBATTU

    GARIBALDI SOUS LE SECOND

    EMPIRE MAIS LA RPUBLIQUE

    LA TRS SOUVENT SOUTENU

    AU POINT QUE LA FRANCEDEVINT SA DEUXIME PATRIE.

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    niennes, rve de libert et dgalit, devient franc-ma-on au Brsil et travaille aussi la future insurrectionitalienne. Mais en attendant un ventuel retour aupays, il se rode un destin de combats de lUruguayau Brsil et lArgentine. Courageux comme dArta-gnan et rus comme Ulysse, il dcouvre en combat-tant l-bas que Lhomme qui devient cosmopolite, quiadopte lhumanit pour patrie et va offrir son pe etson sang chaque peuple luttant contre la tyrannie,est plus quun soldat : cest un hros.

    Il cre une associationsous lgide de Mazzi-ni, le fondateur de laJeune Italie, puis ilrencontre Anita, lacompagne de son des-tin sud-amricain quiva lui donner des en-fants et le suivre fidle-ment dans ses engage-

    ments. Elle va mmelaccompagner Niceen 1848 lorsquil y re-vient, quatorze ansaprs son dpart. Sesexploits ont ce mo-ment-l un retentisse-ment international. Ilfait partie dune autre loge maonnique dpendant duGrand Orient de France et, en mme temps quil arbo-

    re la tunique de laine rouge des travailleurs des abat-toirs de Buenos-Aires, son uniforme privilgi, il mritses projets dunit pour son pays. Et bien sr, il esttoujours agit par le dsir de rformer.Lors de son retour, soixante-trois amis de la Lgion ita-lienne traversent aussi locan pour laccompagnerdans ses combats et progressivement des volontairescosmopolites les rejoignent. Les rencontres de diversdmocrates allant des modrs aux rvolutionnairesfont le reste. Malgr la mfiance rcurrente des gou-

    vernements, il lutte sur tous les fronts possibles. Il

    tient les Autrichiens en chec en Lombardie et partici-pe mme une assemble dclarant la Papaut d-chue de son pouvoir temporel. Il combat galementles troupes de Louis-Napolon puis participe la luttecontre une coalition europenne.Ensuite, il traverse une priode noire pendant laquelleAnita, dsormais associe la conqute de lunit ita-lienne, meurt. En 1849, il reprend le chemin de lexil etpart New-York. Il passe ensuite Panama puis au P-rou o les migrs de son pays lui apportent toujours

    de laide. En 1853, ilest en Angleterre.Enfin il revient Nicepuis au Pimontaprs avoir rsidsuccessivement auroyaume de Sardai-gne et au Maroc, lo il se met lcritu-re. En 1855, cet

    homme dengage-ment et dactionsuspend pour untemps ses activitspolitiques et achteune terre dans lle deCaprera, tout prs dela Sardaigne. Il y in-

    stalle un domaine agricole en faisant montre dintui-tions extraordinaires concernant ce genre dactivits.

    Il est dou aussi pour cela. Il a quarante-huit ans et lamaison de son troisime ge est en construction. Ce-pendant son aventure est loin dtre termine. Para-doxalement, il sengage avec les Chemises rouges encoopration avec la monarchie de Victor-Emmanueljusqu lArmistice de Villafranca. Puis devenu provisoi-rement chef des armes, il se lance dans des tentati-ves plus ou moins heureuses et de manire concomi-tante il connat des amours phmres. Enfin, auterme de cette priode il attaque la Sicile, encore une

    fois au nom du Roi, avec pour objectif final lunit du

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    Rhapsodie pour Garibaldi (suite)

    IL FAIT PARTIE DUNE AUTRE

    LOGE MAONNIQUE

    DPENDANT DU GRAND ORIENT

    DE FRANCE ET, EN MME TEMPS

    QUIL ARBORE LA TUNIQUE

    DE LAINE ROUGE

    DES TRAVAILLEURS

    DES ABATTOIRS DE BUENOS-AIRES.

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    pays. Et il russit vaincre les Bourbons qui se sontretranchs Naples.1861. L o il y avait une simple expression gogra-phique, il y a maintenant une nation, lItalie, laquelle ilmanque encore Venise et Rome. Et l o il y avait unpatriote audacieux de notorit, il y a un hros en in-stance de lgende que lEurope salue et honore.Ensuite, Garibaldi quitte provisoirement la scne pu-blique mais ses exploits demeurent dans toutes les t-tes. Il continue sintresser aux ides de progrs et

    reste en liaison avecles dmocrates denombreux pays aupoint que les Etats-Unis lui offrent en1861 la responsabilitde son arme pour lut-ter contre le Sud es-clavagiste. Il ne donnepas suite. Ultrieure-

    ment, Venise ayant re-joint le Pimont, ilprend la tte dun aut-re mouvement insur-rectionnel qui veut li-brer Rome, toujoursau profit de lunit ita-lienne. Hlas! Il perdce combat. Ses hommes finissent par se rendre auxmilitaires franais qui dfendent la cit papale et ses

    dernires prises de position politiques loignent laGauche italienne de son hros rcurrent.Fatigu, voire marginalis, il rside maintenant avecbeaucoup de difficults dans son domaine o, de plus,il est sous le contrle de la marine militaire. Malgrcette surveillance, il schappe de son le et se mobili-se pour aider la toute nouvelle Rpublique franaisedans son combat contre les Prussiens et leurs allis.Cette campagne des Vosges est lultime combat armde ce chef de guerre pas comme les autres qui pen-

    se dj aux Etas-Unis dEurope. Il rentre ensuite

    Caprera. Cependant, il a laiss son fils Riciotti en Fran-ce avec la consigne de sunir aux Communards si laguerre reprend avec les Allemands mais il prcise saposition : Si cela est une question entre Franais, neten mle pas. Quand linsurrection parisienne lui offrede prendre sa tte, il refuse car, sil est toujours prt participer un combat pour lindpendance dun pays,il ne veut jamais tre impliqu dans une guerre civile.De plus, cet authentique rsistant aux monarchies, auxprtres et aux privilges a des rticences sur les tho-

    ries de Karl Marx, no-tamment sur la luttedes classes. Plusprs des ides de Ba-kounine concernant larvolution sociale, ilprend cependant posi-tion pour la Communede Paris-1871 au nomde la justice et de la

    dignit humaine, maisil ny participe pas di-rectement.Sans salaire ni pen-sion, il passe ses der-nires annes Ca-prera entour dunenouvelle famille et, l,

    il se remet lcriture. Emus par sa situation prcaire,ses amis le pressent daccepter des subsides ample-

    ment mrits jusquau jour o, enfin, il va accepter unepension du gouvernement italien. Il meurt le 2 juin1882. Victor Hugo crit : Ce nest pas lItalie qui esten deuil, ce nest pas la France, cest lhumanit.Ainsi vcu Garibaldi, hros obstin dune Italie en voiedunification, qui, au-del de ses engagements gn-reux devenus lgendaires, demeure un symbole mon-dialement reconnu de lesprit de rsistance et des prin-cipes rpublicains de Libert, dEgalit et deFraternit.

    Claude Chanaud

    QUAND LINSURRECTION

    PARISIENNE LUI OFFRE DE PRENDRE

    SA TTE, IL REFUSE CAR, SIL EST

    TOUJOURS PRT PARTICIPER

    UN COMBAT POUR LINDPEN-

    DANCE DUN PAYS, IL NE VEUT

    JAMAIS TRE IMPLIQU

    DANS UNE GUERRE CIVILE.

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    Il y a cent ans, le 26 octobre 1906, parais-saient au Journal Officiel deux dcrets.Lun portait cration dun ministre du Tra-

    vail et de la Prvoyance sociale constitu partir de services rattachs jusque l aux ministresdu Commerce, de lIntrieur et des Travaux publics.Lautre nommait son titulaire, un jeune avocat socialis-te indpendant , Ren Viviani.Le ministre tait ainsi crnon par une loi, mais par undcret prcd dun rapportrdig par Georges Clemen-ceau - devenu prsident duConseil conservant le minis-tre de lIntrieur - qui se r-frait luvre de LouisBlanc et de Victor Consid-rant, aux propositions desparlementaires et aux inter-ventions des universitairesqui avaient contribu cettecration. Mais alors quilavait directement vcu lesvnements de 1871, il segardait bien de mentionnerla Commission du Travail etde lEchange dont Lissaga-ray avait soulign quen lacrant la rvolution du 18mars aura plus fait pour les travailleurs que jusqualorstoutes les assembles bourgeoises de la France de-puis le 5 mai 1789, et son animateur le rvolutionnai-re hongrois Lo Frnkel que dans une heureuse formu-le un historien qualifiera de Premier ministre duTravail dun gouvernement ouvrier.Lide dun ministre du Travail (ou du Progrs) taitinscrite, dj, sur les banderoles des manifestants dela Place de lHtel de Ville, trois jours aprs le dcretdu 25 fvrier 1848 rdig par Louis Blanc par lequel legouvernement provisoire de la Rpublique franaisereconnaissait le droit au travail. On crait les Ateliers

    nationaux, on encourageait la formation dassocia-tions ouvrires de production, mais au lieu du minist-re rclam, on devait se contenter dune Commissiondu gouvernement pour les travailleurs.Il faudra attendre trente-cinq ans aprs la Commune,dans un cheminement marqu par quatre principauxlments : lessor du mouvement syndical (1884 reconnaissan-

    ce du droit syndical - 1886cration de la Fdration na-tionale des syndicats -1892cration de la Fdration desBourses du travail -1895cration de la CGT - 1906congrs dAmiens) ; la publication dune srie

    de lois sociales, dont le mi-nistre sera prcismentcharg dassurer la ges-tion, concernant le travaildes femmes et des enfants(1874), les enfants maltrai-ts et abandonns (1889),lassistance mdicale gra-tuite (1893), la suppressiondu Livret ouvrier, les acci-dents du travail (1898),les enfants assists(1904), lassistance aux

    vieillards, malades, infirmes incurables (1905), la cra-tion dorganismes et institutions tels que leConseil suprieur du travail (1891), lInspection du tra-vail (1892), la poursuite au-del de la cration du mi-nistre de lois concernant le rgime dassurances so-ciales pour les mineurs, marins, employs de cheminsde fer (1909), la publication en dcembre 1910du Livre I du Code du travail suivi dun Livre II lannesuivante ; une succession de propositions de lois pour la cra-

    tion du ministre et de dbats parlementaires osillustrrent, avec constance, entre 1886 et 1906,

    h istoire - La Commune et les trangers

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    LE RVOLUTIONNAIREHONGROIS LO FRNKEL

    QUE DANS UNE HEUREUSE

    FORMULE UN HISTORIEN

    QUALIFIERA

    DE PREMIER MINISTREDU TRAVAIL

    DUN GOUVERNEMENT

    OUVRIER.

    La Commune de Paris dans la gense du ministre du Travail

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    les dputs Camille Raspail, Gustave Mesureur, ab-b Lemire, Edouard Vaillant qui fut le responsable de la Commission de lEnseignement de la Com-mune de Paris ;

    une campagne mene par des universitaires et despubliciste,s tel Benot Malon galement ancien Com-munard, des articles et tudes publis par La Revuesocialiste, la Socit des droits de lHomme, ten-dant vaincre les rsistances des conservateurs etdu patronat, mais aussi les rserves des syndicats.

    Victor Griffuelhes, secrtaire de la CGT, ne dclarait-il pas : Ce que nos gouvernants veulent surtout,cest enrayer le mouvement rvolutionnaire en cana-lisant nos grves et en nous dsorganisant.

    Ces dcrets de 1906 survenaient, en effet, dans unepriode de grande tension sociale. Une loi sur le reposhebdomadaire ou semaine anglaise venait dtrevote aprs bien des difficults, alors que la questionde la dure du travail tait au centre de lactualit. Auxdirigeants de la CGT qui voulaient faire du 1er mai un

    jour de grve pour les huit heures, Clemenceau au-rait dclar : Vous tes derrire une barricade, moidevant. Il faisait arrter Griffuelhes et mritait, en plusdu titre de premier flic de France quil sattribuait

    lui-mme, celui dont on laffublera plus tard, de bri-seur de grves. Dans les premires annes de lexis-tence du ministre du Travail, le gouvernement seraconfront la rvolte des vignerons du Languedoc, la mutinerie du 17e de ligne, aux grandes grves despostiers et des cheminots, un mouvement social degrande ampleur (1).Aujourdhui, alors que les matres du pouvoir sem-ploient dtruire le Code du Travail, il faut se souvenirplus que jamais des leons de lhistoire.

    Ren Bidouze

    (1) Ren Bidouze

    La Troisime Rpublique (1871-1945) in : Histoire de

    la fonction publique en France, Tome 3 p. 215-342,Nouvelle Librairie de France, 1993.

    Lissagaray la plume et lpe,Editions de lAtelier, 1991.

    72 jours qui changrent la cit, La Commune de Paris

    dans lhistoire des services publics,Le temps des cerises, 2001.

    La Commune de Paris telle quen elle-mme, Unervolution sociale aux avant-postes de la Rpublique,

    Le temps des cerises, 2004.

    PERMANENCES AU SIGE DE LASSOCIATION :

    le Jeudi et le samedi de 15 19 heures

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    Le 26 mai 1885, lors des obsques dA-mouroux, secrtaire de la Commune de1871, le 117e de ligne, avec son drapeautricolore, lui rend les honneurs militaires

    la maison mortuaire, 37 cours de Vincennes. Dans lecortge qui va jusquau Pre-Lachaise, on remarqueune trentaine de dputs ceints de leur charpe trico-lore.

    Au cimetire, qunize discours plutt modrs sontprononcs dans le calme. Crmonie tonnante car

    lavant-veille, lenterrement du Communard Cournet,de trs graves incidents ont oppos la police et lesmanifestants anarchistes. Violences qui fontlobjetdune interpellation la Chambre.Lexplication de cette srnit dunjour rside coup sr dans lapersonnalit dAmouroux, rpu-blicain, patriote et Commu-nard.

    RPUBLICAIN ET COMMUNARD

    Charles Amouroux, n danslAude en 1843, ouvrier cha-pelier mont Paris en 1863,est lu membre de la Commu-ne en 1871. Ce militant de lIn-ternationale, syndicaliste etfranc-maon, est trs connu du mi-lieu populaire parisien pour son enga-gement contre lEmpire : 10 condamna-

    tions pour ses interventions muscles dans lesrunions publiques. Il crit alors dans Le Rveil etLa Marseillaise. La police le signale comme Ardentrpublicain. Orateur assidu des runions publiques []libre-penseu , et note surtout ceci : Excitait les ou-vriers contre les patrons . Ce grand exalt se seraitalors fait une position dans le parti rvolutionnaire ex-trme. On le dit mme en communaut dide avecle parti Blanqui-Tridon.Revenu Paris en Septembre 1870 aprs un exil en

    Belgique, il prend part au mouvement dopposition au

    Gouvernement de la Dfense nationale, participe lin-surrection patriotique du 31 octobre et la trs rpu-blicaine Ligue de dfense outrance. Il est aussi undes membres fondateurs de lAssociation des Dfen-seurs de la Rpublique, pour le IVe arrondissement.Par ailleurs, Amouroux fait partie de la loge maon-nique Les amis de la tolrance. Candidat aux lec-tions lgislatives du 8 fvrier 1871, il obtient 26777voix.Ses convictions dordre national expliquent le fait quil

    cherche comme dlgu du Comit central de la Gar-de nationale, soulever les villes de province aprslinsurrection parisienne du 18 mars. Il dira

    sans faiblir au Prsident du deuximeConseil de guerre que Dans lesprit

    des membres du Comit central,la consquence de ce mouve-ment (le soulvement de la pro-vince, NDR) tait le remplace-ment de Versailles par une

    Constituante qui [] dcrte-rait la continuation de la guer-re.Le 26 mars 1871, Amourouxest lu par le IVe arrondisse-

    ment par 7 950 voix sur13 910 votants. Dsign secr-

    taire de la Commune, il rdige lescomptes-rendus pour le Journal offi-

    ciel de la Commune. Comme membre de

    la Commune, il vote, selon Le Figaro, les me-sures les plus violentes. On laccusera davoir pouss lexcution des otages et aux incendies. Il est lun deceux qui favorisent en avril le ralliement la Communedes francs-maons et qui se prononcent en mai pour leComit de Salut public. Ajoutons quil fait partie dsavril de la Commission des relations extrieures. Faitprisonnier dans le XVIe arrondissement sous un fauxnom lors de lentre des troupes de Versailles dans lacapitale le 21 mai. Il est identifi lors dune tentative

    dvasion et condamn en 1872 par le troisime

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    Amouroux, un Communard tricolore

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    conseil de guerre aux travaux forcs perptuit.Il faut souligner que devant ses juges, Amouroux a d-fini la guerre civile de 1871 comme une regrettablecatastrophe provoque par la politique impriale. Ilpense alors la revanche qui, lombre des institu-tions rpublicaines, permettrait de rcuprer nosdeux chres provinces, savoir lAlsace et une partiede la Lorraine qui sont tombes dans le giron prussien.UN DPORT COOPRANTDport en Nouvelle-Caldonie, Amouroux va connat-

    re trois annes de souffrance lIle Nou avant de reve-nir sur la Grand-Terre. A Canala, sous les ordres dulieutenant Servan, il est employ aux Ponts et Chaus-ses, un poste o il est apprci, bien not, laissantla rputation dun des plus infatigables travailleursqui aient jamais paru sur les chantiers de la transporta-tion, mais il va plus loin et lon dnoncera la conduiteplus que soumise de ce dernier : Pendant les heuresde repos - a crit Maxime Lisbonne - il semployait couvrir de paille les gourbis des surveillants. Il faisait

    le jardin des surveillants militaires Nouma et lesservait table, a dit un autre.Lorsque linsurrection canaque clate en 1878, Amou-roux se range du ct de la civilisation franaise contre les tribus rvoltes. Avec une compagnie fran-che forme de trente Communards de Paris et deNarbonne, sous les ordres du commandant Rivire, ilmarche en avant-garde pour la protection de la raceblanche contre lennemi.Cet engagement va tre diversement apprci, gau-

    che notamment. Il est vrai que le Gouvernement, pourtmoigner sa reconnaissance, va commuer sa peineen dix ans de bannissement en juin 1879 avant de legrcier en 1880. Selon diverses sources, Amourouxet ses hommes auraient contribu grandement la pa-cification de lIle par leur comportement humanitairevis--vis des insurgs. On commentera souvent lactionde ce dtachement de communards qui, pendanttoute la campagne, en faisant un maximum de prison-niers, a rendu plus de services quaucune troupe r-

    gulire .

    Cette dfense des colons menacs et cette poli-tique de conciliation dAmouroux lui vaudront la recon-naissance, non seulement de son chef, le lieutenantServan, qui restera son ami, mais aussi des milieuxconservateurs, admiratifs, malgr les divergencespolitiques qui len sparaient. Ils estimaient quAmou-roux tait dabord un bon Franais. Il va sans direque du ct de certains socialistes rvolutionnaires,qui pensaient que la rvolte des canaques spolis taitjuste, et quil tait aberrant que des insurgs de 1871

    aient particip une rpression dont ils avaient teux-mmes victimes, les dnonciations allaient se fairejour avec vigueur.RADICAL ET SOCIALDe retour en France par La Creuse dbut 1880, Amou-roux rejoint Paris pour reprendre du service Belle-ville. Mais on le remarque ds Avril dans les couloirs duPalais Bourbon et nous le voyons bientt candidat auxlections sur une base archi-rpublicaine et toujourspatriotique. Il sen prend aux manuvres du socialis-

    me csarien et on le dit adversaire de lanarchie etde la collectivit. En effet, sil se veut toujours rvolu-tionnaire et partisan de l affranchissement du tra-vailleur, il slve contre ceux qui prconisent la r-volution violente, ceux qui tout moment parlent deprendre un fusil. Infatigable militant ouvrier, il veut op-poser droite comme gauche lesprit de solidarit,dsirant par ailleurs le triomphe de la Rpublique parle bulletin de vote. Aouroux est alors lun des anima-teurs principaux de LAlliance socialiste-rpublicaine,

    qui milite pour un programme minimum ralisable tantsur le terrain politique que sur le terrain conomique.Il repousse ainsi toute tentative violente, toute guerrecivile, estimant que lanarchie est la source dudespotisme, la doctrine la plus antisociale et la plusantirpublicaine, mais aussi que le socialisme autori-taire nest pas la solution. Ajoutons toutefois que ce-lui-ci, et notamment en tant que franc-maon on lesignale comme membre de la loge La Ruche libre appelle lunion de tous les rpublicains socialistes

    pour combattre lopportunisme de Gambetta et des

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    siens. Sa candidature aux municipales ayant t adop-te dans les runions publiques, il doit faire face unesrie dattaques de la part des socialistes rvolution-naires, en particulier Rouillon, concernant son compor-tement en Nouvelle-Caldonie vis--vis de linsurrectiondes Canaques, des gens qui dfendaient leurs droitset leur libert. Amouroux est accus davoir fait for-ce courbettes pour obtenir sa grce, mais il faut bienreconnatre quil assume avec virilit ses convictions -Je veux toutes les rformes et la prosprit de la R-

    publique - et quil nhsite pas faire appel lofficierde marine Servan pour laver son honneur. Ce dernierlui dlivre un certificat de courage. Face ses d-tracteurs, il se montre dtermin et dclare haine tous ceux qui fouillent dans les serviettes et font parlerles cadavre .Amouroux, qui se veut toujours, commeson ami Malon, un dfenseur naturel du proltariat,dclare ici et l quil nest pas partisan de la rvolutionviolente, ce qui ne lempche pas de se prsenter auxlgislatives sous le drapeau du socialisme ouvrie

    avec, il est vrai, le programme minimum pour devi-se. Amouroux, qui affirme encore et encore soutenirla classe du travailleur, se dfinit communaliste etpartisan de lautonomie de la Commune, persuadque cest le seul moyen de mettre la Rpublique labri des coups dEtat et des dictatures.Battu Saint-Etienne en aot 1881, Amouroux fait en-suite campagne aux municipales dans le quartier deCharonne Paris, o il est lu fin Octobre. Au cours desa mandature, il se fait remarquer par certaines prises

    de bec citons celle qui loppose au blanquiste Le-vraud en 1882 mais aussi par ses prises de positiondans Le Radical contre le Parti Ouvrier. Il estime quelunion si ncessaire laffranchissement des sala-ris est prfrable aux rivalits dcole ou de person-nes. Il ira jusqu estimer que les thories sur laquestion des classes ne dbouchent que sur la divi-sion. Ses votes au conseil municipal seront mis encause car il sest lev en 1883 contre une propositionde Joffrin visant mettre sur pied une milice charge

    de la garde de la cit, et contre une proposition de

    Chabert en 1884 pour quune indemnit soit accordeaux survivants de la Commune.Amouroux, qui critique le programme du Parti Ou-vrier, car il est, daprs lui rempli de mots ronflants,affirme que le sien na pas chang depuis 1863, et jaifait neuf ans de bagne pour lavoir soutenu en 1871 :Vous vous dites communistes - poursuit-il - moi je nele suis pas ; vous voulez former une classe part etsupprimer la bourgeoisie ; moi je veux lunion ; vousvoulez supprimer le bourgeois, moi je veux, par mes

    efforts, arriver lever le proltaire au rang de la bour-geoisie au lieu de faire descendre le bourgeois au rangdes proltaires, et je trouve que cest prfrable.Vous voulez crer un quatrime Etat, cest--dire unEtat dans lEtat, mais ce serait la dcadence de laFrance et la destruction de la Rpublique. Cest pourtoutes ces raisons que je vous ai toujours combattu etque je vous combattrai toujour .Sa priorit est donc la dfense de la Rpublique. Lors-quon lui demande sous quel drapeau il se rangerait si

    elle tait menace, il rpond : Si la Rpublique taitmenace par les monarchistes et que le drapeau trico-lore soit l pour la dfendre, je me rangerais sous sesplis, mais si, comme en 1871, elle tait menace parce mme drapeau, je me rangerais sous le drapeaurouge. En mai 1884, celui que lon dsigne avec m-chancet comme un ouvrier chapelier pour la formeen ralit politicien de profession, un socialisteindfini, un publiciste, est rlu au premier tour Charonne. Sil est ce moment question de lui pour la

    prsidence du Conseil municipal de Paris, Amourouxreste surtout lun des animateurs du groupe autono-miste qui rclame en dcembre 1884, au nom de lasouverainet absolue du suffrage universel, la miseen uvre dun vaste programme de rformes rpubli-caines o figurent la suppression du Snat, la rformede limpt, la sparation de lEglise et de lEtat, llec-tion de la magistrature.Nanmoins, il reste soucieux de la crise qui atteint laclasse ouvrire et se montre toujours attach au sou-

    venir de la Commune. La Bataille du 16 dcembre

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    Amouroux, un Communard tr icolore (suite)

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    1884 signale quil tait prsent la runion prparatoi-re pour lever un monument Delescluze et aux Fd-rs. Quelque temps aprs, dans Le Cri du Peuple, ilsignera lappel aux Anciens combattants de 1871 pourles obsques de Valls.En Mars 1885, Amouroux, qui souffre dj dune terri-ble maladie, est de nouveau sollicit pour se prsen-ter comme candidat aux lections lgislatives : Jirai Saint-Etienne crit-il pour continuer la lutte

    que nous avons meneensemble en 1881pour laffirmation de laRpublique dmocra-tique et social . Cest ce moment que rebon-dit laffaire de la rpres-sion contre les Ca-naques, sur fond delutte politique entre les

    rvolutionnaires etles rformistes. DjMaxime Lisbonne, dansLAmi du Peuple du 27novembre 1884, avaitrveill le souvenir decet pisode problma-tique : Linsurrectioncanaque clata et lelieutenant Servan

    confia au citoyen-foratAmouroux le commandement de vingt forats pour al-ler la combattre. Amouroux ne se souvenait pas quilavait t membre de la Commune et quil combattaitdes hommes qui voulaient conqurir leur libert, leursdroits, absolument comme lui en 1871En cette anne 1885, Allemane y revient sans piti etse propose denvoyer aux lecteurs de cette circons-cription la biographie dAmouroux dans laquelle il feraressortir la conduite plus que soumise de ce dernier

    en Nouvelle-Caldonie ; Le Proltariat du 21 mars

    1885 signale quAmouroux laisse, Joseph politique,son pardessus dans sa circonscription, et va en cale-on Saint-Etienne tenter de dcrocher sa timbalelectorale. Nous devions nos amis toute la vrit surcet ancien terrible chapelier de la Commune, devenusimple Tolain au conseil municipal de Paris, o il votaitcontre les propositions de Joffrin et de Chabert, main-tenant en marche pour un Nadaud opportuniste.

    Sa conduite est clairemaintenant comme de

    leau de roche. Il nenest pas moins utile depublier sa biographie.Ces opinions socialis-tes peuvent paratre s-vres, dans la mesureo Amouroux se pr-sente avec succs le5 avril contre un candi-dat opportuniste

    Saint-Etienne. Selon lIn-transigeant, la foulelacclame [] avec en-thousiasme et chante lamarseillaise. Certes, ilsigera au Palais Bour-bon aux sommets delextrme gauche, ilnen reste pasmoinsquil a t lu avec lti-

    quette radical social.Dans son texte de remerciements aux lecteurs dansLe Radical du 13 avril 1885, il nest pas question dela Commune de 1871 mais de la Rvolution franai-se antimonarchiste et antiopportuniste. Une perle depresse, sous forme dun fcheux point dinterroga-tion conclut son article : Vive la Rpublique dmocra-tique et sociale ?. On sait quAmouroux nest jamaisdevenu patron, mais certains rvolutionnaires voirLe Proltariat du 9 mai 1885 le rappellent lordre

    sur le chapitre social car pour eux il sagit non daider

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    DANS SON TEXTEDE REMERCIEMENTS

    AUX LECTEURS DANS

    LE RADICAL DU 13 AVRIL 1885,

    IL NEST PAS QUESTION

    DE LA COMMUNE DE 1871MAIS DE LA

    RVOLUTION FRANAISE

    ANTIMONARCHISTE

    ET ANTI-OPPORTUNISTE.

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    llection des bourgeois, mais de prconiser des can-didatures ouvrires. Signalons ici qu lpoque, cegenre de combinaisons lectorales, y compris entreChefs blanquistes et Chefs du Parti Radical existeaussi. Bien entendu, Amouroux le savait do cette re-marque dans ses remerciements aux lecteurs : Jene suis pas de ceux qui se laissent aveugler par lespritde parti.Obsques en tricoloreFin Mai 1885, la maladie dAmouroux on parle de

    phtisie laquelle sajouterait une fivre typhode sag-grave dun coup et il meurt le 23. Une disparition sa-lue ainsi par un jour-nal conservateur :Quoique de profon-des divergences poli-tiques nous sparas-sent de lui, nousavions conu une telleestime pour son ca-

    ractre, et nousavions exprim avectant de sincrit lad-miration que nousavait inspir son rleen Nouvelle-Caldoniependant la rvolte des canaques, que des relationscordiales existaient entre lui et plus dun rdacteur dece journal. [] Le dput intransigeant qui meurt au-jourdhui, laissant une jeune veuve inconsolable, tait

    en mme temps un bon Franais ; nous ne saurionsloublier, et nous tenons exprimer aux siens tous nosregrets. Lenterrement de Monsieur Amouroux d-put de la Loire (dixit le commissaire Clment) se d-roule du dbut la fin dans le plus grand ordre. Onne signale aucun incident lorsque la troupe rend leshonneurs militaires au dput dfunt, malgr la pr-sence de 6 7 000 personnes. Lorsque le convoi quit-te la maison mortuaire suivi par une trentaine de dpu-ts avec leurs insignes, un grand nombre de

    conseillers municipaux, cinq corporations avec leurs

    bannires, plusieurs loges maonniques dont celle desDroits de lhomme, des reprsentants des comitsradicaux, de LAlliance socialiste rpublicaine, de LaLibre pense, et une foule de manifestants value 3 500 ou 4 000 personnes, une brigade de gardiensde la paix laccompagne sur le ct droit sans que celapose problme. On remarque aussi de nombreux re-prsentants de la presse dans ces obsques mdia-tiques qui attirent jusqu 10 000 curieux.Si lon note le dploiement de trois drapeaux rouges

    dans le cimetire, il nen reste pas moins que la cr-monie avec les lus et son caractre corporatif estrespectable. Un rap-port de police prciseque peu de socialis-tes ont suivi leconvoi ; contraire-ment aux journesprcdentes lesanarchistes ne se sont

    pas montrs affirmeun autre, bien quun in-dicateur en repre unevingtaine. Ceux-ci sefont discrets. Il est ce-pendant probable que

    ce sont eux qui ont cri Vive la Commune ! au mo-ment de lapparition des drapeaux rouges, la foule res-tant indiffrente. Pour sa part le commissaire Clmentna rien entendu puisquil rapporte quaucun cri sdi-

    tieux na t pouss ni lentre ni la sortie de la n-cropole. Une seule exception remarque : ce cri ano-nyme de Vive la Commune ! pendant le discoursdEudes qui parle au nom des Anciens combattants de1871 devant le caveau provisoire. Un informateurconclut ainsi ses observations : Il ny avait pas degroupes rvolutionnaires proprement dit mais seule-ment quelques socialistes isols!. A la fin de la cr-monie, ils ne sontquune dizaine dindividus, des anarchistes, se ren-

    dre sur la tombe des fdrs tandis que la foule se

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    Amouroux, un Communard tr icolore (suite)

    SI LON NOTE LE DPLOIEMENT

    DE TROIS DRAPEAUX ROUGES DANS

    LE CIMETIRE, IL NEN RESTE PAS

    MOINS QUE LA CRMONIE AVEC

    LES LUS ET SON CARACTRE

    CORPORATIF EST RESPECTABLE.

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    A COMMUNEDE PARIS-1871

    Rgis Michel, lors de lexposition au Muse duLouvre, ralis sous le titre Possder et dtrui-re, tudie dans le catalogue le Bain truc dIngres

    en se rfrant lanalyse littraire de Jean-Paul Sartresur Gustave Flaubert dans LIdiot de la famille. Le ta-bleau dIngres sinspire de lOrient, lve fantasmatique-ment les interdits sans abolir lide de proprit etdenfermement ; hassant les bourgeois, mprisant lepeuple aprs 1848, le matre provoque le voyeurismeet le ftichisme du spectateur pour cultiver le saphis-

    me (fantasme masculin de lhomosexualit fminine).Rgis Michel conclut : ractionnaire, doctrinaire, sec-taire, et misogyne voire misanthrope Ingres estpour longtemps le muet du Srail.Gustave Courbet va effacer le formalisme nvrotiquede lart pur avec le ralisme social et sexu de LOri-gine du Monde en montrant la nudit pulpeuse, pileu-se, lascive du sexe de la femme mue et convulsive

    pour linvitation au voyage.Cette uvre et celle dIngres furent commandes parun collectionneur passionn qui sappelait Khalil Beyalors que les partisans de lordre moral (le bien ou lemal) ne comprirent strictement rien luvre respecti-ve des deux matres pour se complaire dans une admi-ration bate de celle des artistes dits Pompiers d-fenseurs dune culture dallgeance officielle au chef.Ingres, dune part, et Courbet, dautre part, lun sauto-censurant, lautre en sengageant activement dans la

    Commune, ouvrirent en fait par leur nu scandaleuxet fascinant les portes de la modernit.

    Philippe Lpaulard

    A lire les catalogues respectifs des expositions Muse du

    Louvre Muse dOrsay et louvrage rfrentiel de MichelThvoz Lacadmisme et ses fantasmes, Edition de Minuit

    Du violon dIngres la muse de Courbet

    Un de nos adhrents de lArige nous a communi-qu un article du Pays Cathare Magazine intitul

    Victor Pilhes le rouge. Cet article a vivement rete-nu notre attention sur cet Arigeois, ennemi implaca-ble du despotisme et dfenseur rsolu de la Rpu-blique dmocratique et sociale. Pilhes Victor,Apollinaire, Ferdinand est n le 11 septembre 1817 Tarascon-sur-Arige. Aprs des tudes secondaires Mireperse, il entre la facult de mdecine de Toulou-se. Dj ardent rpublicain, il est arrt le 14 avril1835 lors dune manifestation contre la monarchie deJuillet ; puis il poursuit ses tudes Paris o lambian-ce rvolutionnaire lui semble plus favorable. Il aban-donne bientt la mdecine pour se faire commis-voya-geur pour une maison de tissus en 1842.Il frquente les socits secrtes, fait la connaissancede Barbs et de Proudhon dont il deviendra lami. Il estmembre de la socit rpublicaine centrale fondepar Blanqui. Le 25 fvrier 1848, le rgime de Louis-Philippe doit cder la place un gouvernement provi-

    soire qui proclame la Rpublique. Victor Pilhes sou-tient la politique des hommes du journal La Rforme,porte-parole de laile radicale du Parti rpublicain. Il estnomm commissaire du gouvernement provisoiredans lArige. Il exercera ses fonctions du 22 mars au7 juin. Il se prsente, sans succs, aux lections lAs-semble Constituante du 23 avril 1848.Les lections du 10 dcembre 1848 amnent au pou-voir le prince Louis-Napolon Bonaparte. Victor Pilhesest lu reprsentant de lArige aux lections lgislati-ves du 13 mai 1849. Les troupes franaises attaquentla Rpublique romaine et rtablissent le pouvoir tem-porel du pape. Cette intervention soulve de violentesractions au sein de la Montagne (lextrme gauchede lassemble). Le 11 juin 1849, Ledru-Rollin interpel-le le gouvernement qui a viol larticle 5 de la Constitu-tion dclarant que la Rpublique franaise nemploie ja-mais la force contre la libert dun peuple. Un dfilpacifique de protestation est prvu pour le 13 juin1849. Victor Pilhes est un des organisateurs de cette

    Victor Pilhes, le Bayard de la dmocratie1

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    manifestation. Les ouvriers parisiens, durement mar-qus par leffondrement dans le sang de la rvolutionen juin 1848, ne rpondent pas lappel de Ledru-Rol-lin et la manifestation est un vritable fiasco.Pilhes est arrt et condamn par la Haute Cour deVersailles la dportation. Sa peine sera commue endtention. Il est enferm Doullens prs de Belle-Ile.En 1853, grce lintervention de Proudhon, il esttransfr la prison de Sainte-Plagie et il bnficiedune mesure de grce le 25 fvrier 1854.Son opposition au Second Empire est toujours aussivivace ; en Janvier 1856, la police signale quil fait durecrutement pour La Marianne*, et puis scoule unelongue priode o lon ignore son action dans la clan-destinit. En 1868, il collabore au journal rpublicainLa Dmocratie o Flix Pyat envoie souvent des arti-cles. Le 23 janvier 1869, dans ce journal, il recom-mande labstention au plbiscite qui aura lieu le 8 mai1870 et qui est destin faire approuver par le peupleles rformes apportes dans la Constitution par lEm-pereur depuis 1860. On retrouve la mme volont de

    sopposer aux manuvres dmagogiques de Napo-lon III dans le Manifeste antiplbiscitaire des sectionsparisiennes fdres de lInternationale de la chambrefdrale des socits ouvrires. En janvier 1870, Pil-hes appartient avec Lefranais, Rosselli-Mollet pre,Brunereau, Briosme et quelques autres dmocrates la commission denqute sur les prtendues accoin-tances de Vermorel avec le gouvernement. Ils refusentde juger cet crivain dvou la Rpublique. Le 14aot 1870, il participe avec les Blanquistes lattaque

    de la caserne des pompiers de la Villette oprationhasardeuse et dconseille par Blanqui. Elle ne pou-vait se solder que par un chec. Le 3 septembre1870, Victor Pilhes se trouve parmi les manifestantsqui, lannonce du dsastre de Sedan, se pressentaux grilles de lAssemble en clamant leur colre.Cest le prlude la proclamation de la Rpublique le 4septembre 1870. Blanqui va crer un journal, La Pa-trie en danger. Pilhes sera un de ses collaborateurs.Patriote, il sengage dans la Garde Nationale et sera

    lu commandant du XII

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    bataillon. La cinquantaine pas-se, il a encore une belle prestance et fire allurequand il entrane ses hommes la bataille. Surnommle Bayard de la dmocratie, il combat avec un grandcourage les Prussiens Champigny et Choisy-le-Roi.Le 18 mars 1871 va-t-il marquer lavnement de la R-publique dmocratique et sociale quil a tant attendue ?Il manque un guide chevronn pour clairer la route se-me dobstacles : Blanqui Dans les premiers joursde Mars 1871, Blanqui malade et dprim par la dfai-te de la France est all se reposer chez son ami ledocteur Lacambre Louli, prs de Bretenoux, dansle Lot. Le 19 mars, Victor Pilhes et Granger, un fidlede Blanqui, dcident daller chercher le vieux danssa retraite et de le ramener Paris o sa prsence estindispensable pour matriser la situation. Quand ils arri-vent Louli, ils apprennent que Blanqui a t arrt le17 mars pour sa participation la journe rvolution-naire du 31 octobre 1870. Il est emprisonn Cahorset aucune visite nest autorise. La dception estcruelle. Pilhes rentre chez lui dsempar. Il est recher-

    ch par la police et se cache dans la montagne ari-geoise. Il se rfugie un temps en Espagne. Aprs le r-gne de lordre moral de Mac-Mahon et sous laprsidence de Jules Grvy, il obtient un poste de rgis-seur au palais de lElyse, une fonction relativementtranquille aprs une vie si mouvemente. A la suitedune hmorragie crbrale, il est hospitalis et cevaillant combattant de la libert meurt le 2 novembre1880 (le 2 novembre 1879 selon le dictionnaire deJean Maitron).

    Marcel Cerf*La Marianne : socit secrte rpublicaine des

    dpartements de lOuest. Son but tait de renverser legouvernement issu du coup dEtat du 2 dcembre 1851 et

    de proclamer la Rpublique.Daprs le Constitutionnel du17 dcembre 1851, Marianne serait le mot de passe des

    socits secrtes rpublicaines qui devait tre utilis pourune insurrection gnrale prvue en 1852 (mais qui na pas

    eu lieu). En ralit, il y eut des Marianne avant 1851

    puisque des paysans de lAllier groups dans la socitsecrte La Marianne des champs, manifestrent le 14 juin

    1849 aprs lchauffoure parisienne du 13 juin.

    istoire

    HVictor Pilhes, le Bayard de la dmocratie (suite)

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    A COMMUNEDE PARIS-1871h ctualit

    Notre socit traverse une crise grave. Il serait pr-somptueux de vouloir chercher lensemble descauses et de les analyser : le dficit de dmocra-tie dont lorigine majeure est issue de la Constitu-

    tion de la Cinquime Rpublique ; les importants pro-blmes conomiques et sociaux provenant dunsystme dont lobjectif essentiel est le profil courtterme. Un rappel partiel de luvre de la Communepeut permettre, aprs actualisation, de dgager desvoies de sortie de crise.

    LA

    CONSTITUTION DE LA

    CINQUIME

    RPUBLIQUE

    Linstabilit des multiples gouvernements de la Qua-trime Rpublique a contribu llaboration dunenouvelle Constitution, celle de la Cinquime Rpu-blique, dont les caractristiques essentielles sont : Le pouvoir excutif : le chef de lEtat, le Prsident dela Rpublique (souvent qualifi de dtenteur du pou-voir suprme) personnifie et reprsente lEtat. Avec lepouvoir excutif, il se rserve les domaines de la diplo-matie et de la dfense nationale. Le Prsident de la

    Rpublique rduit le Gouvernement la fonction dunagent subalterne, par voie dordonnance ou de dcret,le pouvoir excutif est autoris prendre les dcisionsqui nagure lui taient interdites ; Le pouvoir lgislatif : le Parlement, lAssemble na-tionale voit sa comptence se rtrcir, on lui retire unelarge part de son domaine en enlevant aux reprsen-tants du peuple leur droit dintervenir dans la rvisionconstitutionnelle ; on invente le vote bloqu qui interdittout amendement. Les dcisions importantes sont du

    ressort des dcrets. Le mode de scrutin conduit unspectre de reprsentation politique qui nest pas le re-flet de celui des bulletins issus des urnes. Le pouvoir judiciaire : thoriquement indpendant.La Cinquime Rpublique ne nglige rien pour surpren-dre et domestiquer la vigilance des juges, le choix desjuridictions ne la isse pas de doute. En ralit le pou-voir excutif, libr de tout contrle, tient dsormais lamagistrature sous sa coupe, voire les obstacles etdessaisissements aux instructions et les non-lieux pro-

    noncs en faveur du parti politique au pouvoir.

    Llection du Prsident de la Rpublique au suffrageuniversel parachve la dnaturation des institutionspolitiques qui rgissent la France au profit de la prsi-dence. La prennit de la dmocratie nest plus assu-re. Que reste-t-il aux citoyens pour transmettre leursdolances, les faire examiner et transformer en loi parles reprsentants du peuple ? Ce rgime de monarchielective, est-ce la Rpublique ? Une fracture de plus enplus large, isole les politiques des citoyensLes gouvernements de la Cinquime Rpublique sont

    passs ct des grandes ides du sicle. Ils demeu-rent tranger aux vritables mutations techniques, auxnouvelles rpartitions du travail et nont pas su prvoirleurs impacts sociaux dont dpend lavenir des hom-mes. La Constitution, assurant la stabilit, na pas em-pch, part quelques domaines de pointe, lrosiondu secteur secondaire, lindustrie, qui est le secteurprivilgi du progrs et le moteur dynamisant de lco-nomie. Une socit sans espoir : les rcents dsordres ur-

    bains sont rvlateurs dune socit en crise aigu,dune socit sans espoir. Rtablir lordre, cest unencessit, mais pas uniquement par des mthodesrpressives muscles. Cest aux pourquoi de refusquil faut sattaquer et proposer des solutions. Les jeu-nes issus de limmigration se rvoltent parce quils ontintgr le modle rpublicain et sentent quil ne fonc-tionne pas pour eux-mmes. Le Gouvernement na paspris des mesures efficaces pour lutter contre les dan-gers du communautarisme et les affronts de la discri-

    mination au logement et lembauche. Face une po-pulation, abandonne par lEtat, sans emploi, nosdirigeans prconisent de travailler plus en supprimantles 35 heures. Trois lections et un rfrendum sanc-tionnent le pouvoir, le Gouvernement fait fi des aspira-tions populaires.La lacit, garante de lunit des valeurs rpublicainesfondamentales de libert, dgalit, de fraternit, estremise en cause. La lacit est un lment essentiel dela dmocratie de notre pays. La misre, la vie chre, le

    chmage, la globalisation qui pse de plus en plus sur

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    Hctualit

    lemploi et les salaires, la hausse des prlvements fis-caux et sociaux, une fiscalit favorable aux classes ai-ses creusent la fracture. Le militarisme, la xnopho-bie et le racisme ne peuvent que samplifier. Larforme de lEducation nationale livre par lapprentissa-ge des jeunes travaillant quasi-gratuitement pour lespatrons. Alors que lvolution des mtiers exige un so-cle de connaissances de plus en plus vaste et appro-fondi, on propose davancer lge de lapprentissage 14 ans ! Il a fallu Mai 1968 pour imposer la dmocrati-

    sation de lEnseignement et ouvrir laccs au savoirdun plus grand nombre denfants, mais le spectre deleurs origines sociales peu volu.Depuis 2000, lvolution du capitalisme se traduit parla baisse du commerce mondial, mettant en dfaut lesaffirmations de nombreux conomistes sur le dvelop-pement que devait engendrer la mondialisation. Cettebaisse est un symptme incontournable, fondamentalde la crise du capitalisme qui, sous sa forme financi-re, ne cre plus de valeur ajoute, ne gnre plus

    demplois. Luvre de la Commune : elle est dune richesse foi-sonnante. Au nom de la souverainet du peuple etdans la filiation de la Constitution de 1793, la Commu-ne engendre une vraie dmocratie directe reposantsur une citoyennet active ; elle remet en cause la d-lgation de pouvoir et la bureaucratie. Le mandat deslus est impratif, contrl, comptable et rvocable.LEglise est spare de lEtat.La dmocratie stend lentreprise par les initiatives

    des Commissions, en particulier de celle responsabledu Travail, de lIndustrie, de lEchange, des chamb-res syndicales, des propositions de lInternationale, delUnion des femmes. Une lutte contre le chmage estentreprise par une esquisse des Bourses du Travail etla rduction du temps de travail. Cest dans une per-spective dorganisation rvolutionnaire du travail, delconomie, que le dcret du 16 avril 1871 jette lesprmices dun transfert aux mains des travailleurs dela gestion des entreprises.

    La Commune, avec le soutien des Chambres syndica-

    les, veut instaurer lEnseignement primaire laque, gra-tuit et obligatoire : Lenseignement est une prioritabsolue. Le but fix par la dlgation de lEnseigne-ment, ctait lenseignement intgral, cest--dire culti-ver la fois dans le mme individu lesprit qui conoitet la main qui excute. Toute conception philoso-phique doit subir lexamen de la raison et de la scien-ce. Lcole soriente vers lapplication des dcouver-tes de la science et la mthode exprimentale. LaCommune jette les bases dune construction scolaire

    que la Troisime Rpublique ralisera.La Commune entend donner le titre de citoyen auxtrangers qui la servent ; elle rejette les xnophobesqui exigent leur expulsion. En mettant deux officierspolonais, Dombrowski et Wroblewski, la tte de sesarmes ; en plaant les Associations de travailleusessous lautorit dune Russe, Elisabeth Dmitrieff ; en fai-sant dun Juif hongrois, Frnkel, son Ministre du Tra-vail, la Commune affirme son internationalisme et savolont dintgration. En retour, la Commune sera en-

    toure de la solidarit agissante du mouvement ou-vrier international durant les combats et aprs la dfai-te. Face la domination du pouvoir excutif qui, avecle grand capital, propagent la russite individuelle etune idologie de rgressions, la Commune na-t-ellepas valeur de contre-exemple ? La grandeur de laCommune, cest davoir pos les problmes dune so-cit viscralement dmocratique. Tout fut loin dtreralis, mais que dmancipation ! Il y a lieu dinciter lesintervenants des entreprises construire une socit

    ayant dautres finalits que le profit et la spculation fi-nancire. Lusage largi de la dmocratie directe, laparticipation massive et constructive des travailleursne se dcrtent pas. Elles se prparent en vue dta-blir un rapport de force favorable qui ne peut se rali-ser que par une lutte obstine contre une socit capi-taliste bout de souffle et avec une nouvelleRpublique et une nouvelle Constitution se substituantaux actuelles institutions dune monarchie lective.

    Bernard Eslinger

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    Le peintre Boris Taslitzky, membre de notre Asso-ciation depuis longtemps, est dcd lge de94 ans le 9 dcembre dernier. Accompagn aucimetire du Montparnasse par de trs nomb-

    reux amis. Lexposition Face lhistoire en 1966 Beaubourg, lui rendit un hommage officiel bien tardif..Face lhistoire est effectivement la position qui peutle dfinir en tant quartiste libre deses apprciations. Pour cela il sap-puyait sur une longue tradition des

    grands peintres quil frquentait auLouvre. Jeune encore il avait peint chelle rduite la grande srie deRubens consacre Marie de Mdi-cis accroche en frise au plus hautdes murs de son atelier. Puis lespeintres franais, Poussin, Gri-cault, Delacroix et Courbet dont ilchoisit de copier la pensive et dis-crte figure de Baudelaire parmi les

    amis qui frquentent lAtelier du peintre communard.Comme Courbet qui peignit pour la premire fois desouvriers, Les Casseurs de pierre, il rend hommageau Sidrurgiste ou aux Fondeurs (collection Villede Gennevilliers). Il peint Les Dlgus (collectionVille de La Courneuve). A la dclaration de guerre en1939, Boris Taslitzky est mobilis, fait prisonnieraprs lhumiliant armistice de Juin 40, il svade et re-joint la zone libre. Il retrouve son ami Jean Lurat, pein-tre et cartonnier de tapisserie, entre en rsistance et

    participe au journal clandestin Le Travailleur de laCreuse. En Novembre 41, il est arrt et commencealors un long calvaire de 43 mois qui dbute la pri-son de Clermont-Ferrand, puis la mme anne la Mai-son Centrale de Rion, celle de Mauzac en Dordogne,enfin le camp de Saint-Sulpice-Le-Pointe dans le Tarnjusquau 31 juillet 1944, date laquelle il est dporten Allemagne Buchenwald.Il dessine et surtout il peint de vastes compositionssur les planches de bois de la chapelle du camp. Ces

    uvres sont aujourdhui dtruites mais Aragon en a

    fait mention dans lhebdomadaire Regards et cespeintures ont acquis Boris Taslitzky le privilge dtredsign comme le matre de Saint-Sulpice la ma-nire des peintres du Moyen-Age, auteurs de retablesdune grande beaut. Dans ses dessins, eux, conser-vs, on voit la vie quotidienne, les gamelles de soupe,lintrieur des baraques, les portraits de dtenus, le

    balayeur, la promenade. Quand lar-tiste est dport Buchenwald sa r-putation le suit. Avec dautres peint-

    res, Paul Goyard et Andr Foirer, ilcontinue de rsister pour lart. Desmains amies volent des circulairesadministratives, des cartons et descrayons aux SS pour leur permettrede dessiner les dimanches aprs-mi-di. Le savon, des morceaux de rouilleou de charbon donneront quelque-fois leur couleur passe, en guise depinceaux, laide de ftus de paille et

    dherbe. Plus dune centaine de dessins seront rali-ss par Boris Taslitzky sur le coup, les chantiers etdadmirables portraits, cachs dans des barreaux dechaise ou la bibliothque du camp y compris dansMein Kampf. Buchenwald sera libr par les dpor-ts eux-mmes organiss clandestinement. Vingt ansplus tard, lartiste peint de mmoire LInsurrection deBuchenwald (collection Ville de Saint-Ouen). Dans laFrance daprs-guerre, pas de rpit entre luttes socia-

    les et guerres coloniales. En janvier 1952, la deman-de du Partii communiste, Boris Taslitzky est envoy

    avec Mireille Miailhe, elle aussi peintre, en Algrie,

    Boris Taslitzky, le ralisme et la libert

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    pour y raliser une sorte de reportage dessin. Com-me Delacroix un sicle plus tt, il remplira plusieurscarnets de dessin. Tout dit la dignit du peuple, lat-tente, le besoin de ce qui rsoudra en guerre de lib-ration quelques annes plus tard. A la fin de sa longuevie de travail, les uvres du peintre deviennent plus in-timistes, se concentrant sur son atelier, quelques por-traits et surtout des natures mortes de fruits, grappesde raisin, pommes. On pense aux pommes tombespeintes par Courbet en exil ou celles de Czanne,peintes dans son refuge provenal.Cette vocation de quelques-unes unes de ses uvresdonne un aperu de ses proccupations mais nestpas suffisante pour dfinir la position esthtique dupeintre qui se dsignait lui-mme comme un adepte duralisme socialiste. Qui sesouvient encore des luttesfroces qui agitaient le mi-lieu de lart jusque dans lesannes 60 ? Tout avait com-menc en 1855 avec le pa-villon du Ralisme construitpar Courbet lentre delExposition Universelle dontle jury avait refus ses plus grandes toiles, aujourdhuifleurons du Muse dOrsay. Le peintre avait alors eulaudace inoue, avec laide dun collectionneur priv,de contester les choix esthtiques de lEtat napolo-nien. A laide dun texte distribu aux nombreux visi-teurs, il expliquait la ncessit de sappuyer sur la r-alit du peuple et non pas sur lidal acadmique de labourgeoisie qui sestimait seule porteuse de la culture.Quelques rvolutions plus tard, et plus loin, lUnion desRpubliques Socialistes Sovitiques adoptera le ralis-me rebaptis socialiste et lopposera, hlas ! Pendantla priode stalinienne, aux recherches davant-gardedes futuristes et des suprmatistes. Le dbat va pour-rir le monde artistique franais et ds 1946, Roger Ga-raudy et Aragon vont saffronter pour dterminer sildoit ou non exister une doctrine officielle au parti com-muniste. Les artistes les plus engags en souffriront

    beaucoup et certains, ports aux nues par leur parti,se retrouveront peine dix ans plus tard, isols, reje-ts, dabord par le milieu artistique puis par leurs amispolitiques eux-mmes. Il y a loin entre un art officieldEtat et une prise de position dun parti politique. Bo-ris Taslitzky sappuyait sur une tradition franaise quiva des Clouet Courbet en passant par les frres leNain. Il na jamais eu rougir de ce qui est sorti de sonatelier. Lhistorienne dart Sarah Wilson la fort biencompris grce laquelle la Tate Modern de Londresmontre plus de ses tableaux que le centre Pompidou Paris (article de Harry Bellet, Le Monde du 13 d-cembre 2005). Le peintre a su garder sa libert lui quinhsitait pas crire avec lhumour triste qui le carac-trisait : Jai vcu une vie splendide. Une vie de luxe.

    Le luxe cest dtre l o pleu-vent les coups lorsque la di-gnit humaine est en jeu.Son autobiographie Tu par-les et Tambour battant, re-cueil de nouvelles rditespar lHarmattan, en tmoi-gnent.En revendiquant son apparte-

    nance au courant du ralisme socialiste, Boris Taslitz-ky reprenait son compte toute laction artistique quilavait mene depuis les annes 30 et dont le but taitla culture populaire. Le mouvement des Maisons de laCulture cr en 1934 (repris par le ministre Malrauxaprs la guerre) regroupait 70 000 adhrents en 1938au Front Populaire, artistes et intellectuels antifascis-tes runis. Boris Taslitzky participe aux runions de larue de Navarin et devient secrtaire de lAssociationdes Peintres et Sculpteurs du mouvement. Il organiseune exposition dune centaine dartistes lAlhambraaid par Edouard Pignon. Il assure la sortie du bulletinronotyp jusquen 1939 entres autres, les signaturesde Gromaire, Grber, Lhote, Lipchitz, Lger et Picas-so.Dans lditorial du premier numro, on peut lire fire-ment Aujourdhui la parole est aux artistes crateurs

    Boris Taslitzky (suite)

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    et dfenseurs de la Culture. La dfense de la Culture,il lassurera dans une note de lecture en racontant lamanire dont des miliciens pour la plupart illettrs quipour beaucoup trouvrent la mort ont assur le trans-fert des uvres du Prado menac de bouleversement Valence, dernier refuge de la Rpublique espagnole.Le tout dans une ambiance de haine qui ntait passans rappeler celle contre les Communards quiavaient assur la protection du Louvre.Pour Boris Taslitzky, lart est donc insparable du mou-

    vement historique. A la Libration, il participe lexpo-sition Art et Rsistance au muse dArt Moderne et ex-pose rgulirement au Salon des Indpendants. En1951, la police dcroche sept toiles au Salon dAutom-ne dont deux de lui, Riposte qui montre des CRS l-chant des chiens sur des dockers en grve et JulienSorel, en ralit, portrait dHenri Martin.Aprs 68, les tudiants de lEcole Nationale des ArtsDcoratifs obtiennent sa nomination comme profes-seur de dessin et, pendant une dizaine danne,s il for-

    mera de nombreux lves comme Franois Miche,

    graphiste et co-secrtaire rgional du syndicat des Ar-tistes Plasticiens-CGT, Mustapha Boutadjine, peintre etmaquettiste LHumanit et Anne-Franoise Couloni,artiste peintre. Un autre de ses lves, Denys Perrus,artiste peintre lui aussi, voque son enseignement pr-cis et raffin qui sappuyait sur la vie, lhomme et lapeinture, les trois points dancrage de lhistoire delart. Cest donc sous cet angle-l que nous aurons leconsidrer maintenant.

    Eugnie Dubreuil

    Illustrations :Etude pour Insurrection Buchenwald, 1963,

    photo Isabelle Rollin-Royer.Nature morte, Deux Pommes, 1999,

    photo Isabelle Rollin-Royer.

    Boris Taslilitzky, membre fidle des Amis de la Commune

    jusqu son dcs. Il a expos lAssemble nationale en2001 sur le thme La Commune a 130 ans - 20 peintres

    daujourdhui. Son tableau, Le mur des Fdrs a fait la

    couverture de notre bulletin numro 16.Le Comit de Rdaction

    Le 17 dcembre 2005, un hommage tait rendu, lamairie du XXe arrondissement, Raoul Dubois, vice-prsident des Amis de la Commune, dcd un anplus tt. Ses amis nombreux ont entendu avec mo-tion : Claude Willard , prsident de notre association,le maire Michel Charzat, Francis Vernhs, prsident

    des Francamarades, Patrick Merran reprsentant lesEditions de lAtelier, Franoise Berger, prsidente de lasocit mmoire vivante du XXe , le reprsentant duPCF, chacun et chacune rappelant les multiples facet-tes des activits de notre ami.Le film ralis lors de la commmoration au Mur desFdrs en 2001 ainsi quune mission tl, nous per-mettaient de revoir et de rentendre Raoul.Sa femme Jacqueline Dubois, retenue en province, na-vait pu faire le dplacement, nous lui renouvelons tou-

    tes nos amitis.

    A la tribune le reprsentant du Parti communiste annonce quela cellule du quartier portera le nom de Raoul Dubois. Au pre-

    mier plan Claude Willard, prsident des Amis de la Commune

    aux cots du maire Michel Charzat (photo Guy Ladeveze).

    Claudine Rey

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    h ie de lassociationLE GROUPE DE TRAVAIL SOUSCRIPTION 2006

    Depuis le dbut de la Souscription, pourlachat et lamnagement de notre nou-veau local qui savre tre un outil in-

    dispensable pour le travail de lassociation, nousavons reu la somme de 22 091 Euros (soit 144 a916Francs) et ceci grce 266 personnes.

    Aussi, nous remercions tous ceux qui ont particip

    faire de cette Souscription une bonne russite. Nouscontinuons toujours notre Souscription jusqu fin Juin.Pour plus de renseignements, voir avec nous lAsso-ciation

    Pascal Bonnefemne

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    LAMAISON DES FEMMES A GENNEVILLIERS

    Elles ouvrent la porte a inaugur le 7 mars 2006 18 heures une exposition consacre Louise Michel,dans le cadre de la Journe Internationale des Droitsde la Femme.En 2005, a t clbr partout le centenaire de samort et nous avons pens que cette date devait inau-gurer, pour nous, un travail, non seulement de mmoi-re, mais tre un lan pour faire vivre ses ides, pour-suivre et dvelopper les thmes de rflexion desFemmes dans la Commune.

    Cest cet lan vital qui caractrise Louise Michel. Ellefut de tous les dbats dides, de tous les combats,avec une nergie farouche. Etrangement, ce nest pasde ces qualits-l dont elle voulait quon la caractrise.Dans la lutte, elle ne pensait qu demain, mais pourson aujourdhui, elle voulait tre crivain.Claudine Rey, des Amis de la Commune de Paris 1871, nous a fait un superbe expos propos desactions des Femmes de la Commune, longtempsconsidres comme des moins que rien. Elles se

    sont engages ds le premier jour, ouvrires et intel-lectuelles, femmes de condition modeste, et ont parlcrches, ducation, murs, famille, mancipation des

    femmes, trangers citoyens part entire, lacit, for-

    mation professionnelle, sant, coopratives, syndica-lisme, dmocratie, moyens dinformation (elles crentle journal La Sociale) et exigent lgalit des salai-res. Membres des Comits de Vigilance pour dfendreParis, elles ont aussi soign les blesss.Claudine Rey nous a fait dcouvrir outre Louise Michel,Elisabeth Dimtrieff, Marie Ferr, Nathalie Le Mel, An-dr Lo, Paule Minck. Il y avait aussi Adle, Agla, Ali-ne, Blanche, Elie, Eulalie, Hortense, Josphine, Ladoj-ka, Lontine, Marceline, Marguerite, Marie-Verdure,

    Thrse, Victorine et des milliers dautres !Lors de la soire, Mireille Montfort, membre de laLigue des Droits de lHomme, nous a parl de ladportation et de la relgation en Nouvelle-caldonie,quil sagisse des Communards et Communardesou des Kabyles qui avaient particip la rvoltedAl-Mokrani de mars 1871.Victor Hugo, en hommage Louise Michel, crivait Etla foule coutait cette femme altire saccuser.Auditorium de la Bibliothque Franois Rabelais,

    Mairie de Gennevilliers177, avenue Gabriel Pri (entre par le mail).

    REMERCIEMENTSJeannine Goupil et ses enfants ont t trs touchs dutmoignage de sympathie dont ont fait preuve lesAmis de la Commune lors de lhommage du 18 marsdernier la mairie du XIe arrondissement. Cette cr-

    monie tait trs mouvante et nous avons bien sentique beaucoup damis de Robert essayaient de sur-monter leur chagrin en relisant ses derniers textes.Soyez-en tous remercis.

    Jeannine Goupil

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    A COMMUNEDE PARIS-1871

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    LE GUIDE DES SOURCES DARCHIVES VA BIENTT PARATRELlaboration du projet de Guide des sources darchi-ves de la Commune de Paris et du mouvement com-munaliste (1864-1880) engage depuis plusieurs an-nes par notre quipe scientifique est pratiquementacheve. Ldition du volume consacr aux fonds dar-chives centrales et celles des dpartements et com-munes de la rgion Ile-de-France est inscrite au pro-gramme 2006 de la direction des Archives de Franceet de la Documentation franaise. Cette publicationdun document de recherche indit et dune qualit re-

    marquable saccompagnera de la mise en ligne sur lesite internet de lassociation de bases de donnes pr-sentant les noms et rfrences de 50.000 personnespoursuivies pour des faits de participation aux vne-ments de la priode.Ainsi est en train daboutir une initiative qui tiendra une

    place minente dans la ligne des efforts mens pour

    la connaissance de ces vnements marquants de no-tre histoire nationale et de celle du mouvement ouvrierfranais et international.Aprs cette bonne nouvelle, nous aurons des occa-sions de revenir sur les modalits de la promotion duguide en partenariat avec la direction des Archives deFrance et la Ville de Paris.

    Ren Bidouze

    Nous avons appris avec tristesse le dcs de notre amie

    Jacqueline Duvaudier, qui fut longtemps secrtaire delAssociation Arthur Rimbaud, et une des pionniresde notre quipe scientifique aux travaux de laquelle elle

    participa trs activement jusqu sa maladie.

    Nous avons adress sa famille, ses procheset ses amis, nos sincres condolances.

    CT LIVRESLa collection de livres appartenant lAssociation des

    Amis de la Commune de Paris 1871 se trouve danslannexe de nos locaux, 46 rue des Cinq-Diamants, Pa-ris XIIIe. Cette collection, appelons-l notre biblio-thque, comprend environ 500 titres dont les sujetssont lis avec la Commune de Paris 1871.Bien sr, on y trouve en premier lieu les ouvrages his-toriques concernant directement la priode entremars et mai 1871, mais galement lhistoire de laguerre franco-prusienne 1870-1871, du Second Empi-re, du mouvement ouvrier, de la priode aprs la Com-

    mune : procs, dportations, amnistie. Il faut souligner

    que dans cette partie de la collection nous possdonsdes livres dits chaud - 1871, 1872, 1873. Le

    fonds Marcel Cerf est de premire importance.Dautre part, la bibliothque dispose de dictionnaires,ouvrages encyclopdiques, biographies, romans, tex-tes littraires, iconographies. La collection est cons-tamment enrichie par les publications rcentes.Tous ces ouvrages sont accessibles le lundi de 14 18 heures. Quelques documents sonores, K7, CD etaudiovisuels peuvent tre emprunts. Un fichier classpar auteur est la disposition des usagers.

    Thrse Gourmaud

    MANIFESTATIONS ANTI C.P.E.LES 18 MARS, 28 MARS ET 4AVRIL 200618 mars 1871 : premier jour de la Commune -28 mars 1871 : proclamation de la Commune4 avril 1871 : les citoyens dbattent de lamliorationdes conditions de vie des classes laborieuses.En ces dates anniversaires, 135 ans aprs linsurrec-tion, les Amis de la Commune de Paris sont dans la

    rue, solidaires avec les jeunes. Un groupe de camara-des sest investi dans une exposition improvise dansun abri-dautobus. Cette initiative nous a permis de fai-re notre travail d'adhrents car avoir des contactsavec les jeunes est malheureusement trop rare. Notreprsence de soutien a t un succs. En esprantdautres relations avec notre jeunesse dans des cir-constances meilleures et de victoire. Patrick Maciuk

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    h ie de lassociation

    LES

    AMIS DE LA

    COMMUNE ET LE

    C.P.E.Les Amis de la Commune de Pari-1871ont apport leur soutien aux salaris etaux jeunes qui manifestaient contre le

    Contrat Premire Embauche dont lapplication aggra-verait la prcarit contre laquelle luttaient dj lesCommunards en 1871.Ce soutien nous a amens annuler le parcours com-munard du 18 mars dans le XIIe arrondissement de Pa-ris et proposer un lieu de rendez-vous pour la mani-

    festation du 28 mars. Lurgence de ces dcisions nenous a pas permis dinformer tous nos adhrents.Mais nous avons pu envoyer des messages ceuxdont nous avons ladresse lectronique.Cela nous amne demander tous nos adhrentsqui ont une adresse lectronique de nous la communi-quer pour que nous puissions, lavenir, les informerds que nous serons amens prendre une dcision communiquer en urgence.

    Yves Lenoir

    COMMUNICATION : RENCONTRES FRUCTUEUSESAVEC NOS ORGANISATIONS PARTENAIRES

    Au cours du 1er trimestre 2006, La commission de laCommunication a rencontr plusieurs organisationspartenaires afin de mieux faire connatre lhistoire,luvre et les idaux plus que jamais actuels de laCommune.Le 18 janvier, nous avons reu Gilles Manceron, vice-prsident de la Ligue des Droits de lHomme. Unchange de propos a permis de constater de nomb-reux points de convergences entre nos organi