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Science & Motricité n° 59 — 2006/3 La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures et relations avec la performance Fabrice Buton (1) , Paul Fontayne (1) et Jean-Philippe Heuzé (2) RÉSUMÉ L’objectif de cet article est de présenter une recension des travaux publiés ces dernières années, dans de nombreux domaines, sur l’un des concepts les plus utilisés dans les études portant sur les groupes : la cohésion. Des premières approches de Festinger, Schachter et Back (1950) jusqu’au modèle théorique proposé par Carron, Widmeyer et Brawley (1985), la cohésion est passée d’un construit uni- dimensionnel sans réelle réflexion conceptuelle, à un construit multidimensionnel, étayé par la littérature sur la dynamique de groupe et opérationnalisé au travers d’outils de mesure utilisables en situations naturelles (e.g., situations sportives). Il apparaît que le catalyseur de toutes ces recherches est la relation implicite, existant entre le niveau de cohésion et la performance, adoptée dans la quasi-totalité des études. Dans ces tra- vaux, l’idée sous-jacente est qu’un haut niveau de cohésion conduit à des performances élevées. Cependant, il semble que cette relation cohésion-performance soit beaucoup plus circulaire que linéaire, et qu’elle fasse intervenir de nombreuses autres variables appartenant à la dyna- mique de groupe, dont seule la compréhension en un tout organisé permettra d’envisager une intervention pratique visant l’amélioration de la performance. Mots-clés : cohésion, sport, efficacité collective, effort, expectations, attributions. (1) Centre de Recherches en Sciences du Sport – Université de Paris-Sud Orsay, France. (2) Laboratoire de Psychologie Appliquée – Université de Reims Champagne-Ardenne, France. [email protected]

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Science & Motricité n° 59 — 2006/3

La cohésion des groupes sportifs :évolutions conceptuelles, mesureset relations avec la performance

Fabrice Buton (1), Paul Fontayne (1) et Jean-Philippe Heuzé (2)

RÉSUMÉ

L’objectif de cet article est de présenter une recension des travaux publiés ces dernièresannées, dans de nombreux domaines, sur l’un des concepts les plus utilisés dans les étudesportant sur les groupes : la cohésion.

Des premières approches de Festinger, Schachter et Back (1950) jusqu’au modèle théoriqueproposé par Carron, Widmeyer et Brawley (1985), la cohésion est passée d’un construit uni-dimensionnel sans réelle réflexion conceptuelle, à un construit multidimensionnel, étayé parla littérature sur la dynamique de groupe et opérationnalisé au travers d’outils de mesureutilisables en situations naturelles (e.g., situations sportives).

Il apparaît que le catalyseur de toutes ces recherches est la relation implicite, existant entre leniveau de cohésion et la performance, adoptée dans la quasi-totalité des études. Dans ces tra-vaux, l’idée sous-jacente est qu’un haut niveau de cohésion conduit à des performances élevées.

Cependant, il semble que cette relation cohésion-performance soit beaucoup plus circulaireque linéaire, et qu’elle fasse intervenir de nombreuses autres variables appartenant à la dyna-mique de groupe, dont seule la compréhension en un tout organisé permettra d’envisager uneintervention pratique visant l’amélioration de la performance.

Mots-clés : cohésion, sport, efficacité collective, effort, expectations, attributions.

(1) Centre de Recherches en Sciences du Sport – Université de Paris-Sud Orsay, France.(2) Laboratoire de Psychologie Appliquée – Université de Reims Champagne-Ardenne,France. [email protected]

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The cohesion of the sports groups : Conceptual evolutions, measurements and relationships to the performance

ABSTRACT

The main purpose of this article is to present a review of works that were published these lastyears, in numerous domains, on one of concepts the most often used in studies concerningsports team, namely : cohesion. From the seminal works of Festinger, Schachter, and Back(1950) to the theoretical model proposed by Carron, Widmeyer, and Brawley (1985), cohe-sion evolved from a unidimensional construct without real conceptual thought to a multidi-mensional conception, supported by the literature on group dynamics and became efficientthrough useful measuring tools of in natural situations (e.g., sport context).

It seems that the catalyst of all this research is the implicit relation that exists between thelevel of cohesion and performance. In these works, the underlying assumption is that a highlevel of cohesion leads to high performances.

However, it seems that the “cohesion – performance” relationship is more circular than lin-ear, and that it includes numerous other variables belonging to the group dynamics. Onlythe inclusion of all these variables in an organized whole will allow to envisage a practicalintervention aiming at the improvement of the performance.

Key words: cohesion, sport, collective efficacy, work output, expectations, attributions.

IntroductionÀ la fin des années 1920, des recherches sur le travail en équipe ontapporté des conclusions étonnantes selon lesquelles le rendement n’estpas lié à la modification de facteurs objectifs de productivité (e.g., duréeou fréquence des pauses), mais plutôt à l’émergence d’un « sentimentd’appartenance au groupe » et à l’adhésion de l’ensemble des travailleursaux buts de productivité. Ces premiers travaux, qui portaient sur l’impor-tance des relations humaines dans les équipes de travail, orientèrent lesétudes menées par la suite. Cependant, il a été montré que le partage d’uneactivité commune n’entraîne pas forcément l’apparition d’un « esprit degroupe ». Aussi, devenait-il primordial de comprendre ce qu’était cet« esprit de groupe », comment il naissait, se développait et disparaissait.

Deux approches du groupe se sont alors opposées. D’un côté, desconceptions « individualistes » des phénomènes de groupe, dont la socio-métrie de Moreno (1934) est un exemple. Pour celles-ci, il existe une pri-mauté de l’individu sur le groupe ; le groupe ne prend sens qu’à travers

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l’ensemble de ses membres. D’un autre coté, des conceptions basées surune complémentarité du social et du psychologique, à l’image de cellede McDougall (1921), concevant le groupe comme possédant, tout en lesdépassant, des propriétés et des qualités uniques issues des relationsentre ses membres. La cohésion, mot dérivé du latin cohaesus qui signifie« rester ensemble », est alors rapidement identifiée comme la plus impor-tante propriété des groupes car elle est nécessaire au maintien de l’exis-tence du groupe et est un élément essentiel de la vie de celui-ci. Dès lors,elle sera étudiée par de nombreuses disciplines qui enrichissent et sou-tiennent la recherche sur ce concept.

L’objectif principal de ce travail sera donc de proposer un recense-ment critèrié (3) des travaux traitant de la cohésion permettant de synthé-tiser (cf. Tableau 1) les connaissances à notre disposition sur ce conceptincontournable pour la compréhension de la dynamique des groupes engénéral, et des groupes sportifs en particulier.

Pour cela, nous observerons le développement du concept de cohé-sion au travers de travaux où la cohésion est un construit psychologiqueunidimensionnel jusqu’aux travaux supportant les conceptions actuel-les d’une cohésion multidimensionnelle. Nous tenterons de montrerque les études sur la cohésion traduisent des préoccupations concep-tuelles et méthodologiques présentes dans la littérature de la psycholo-gie sociale (e.g., théorie de l’autocatégorisation, Turner, Hogg, Oakes,Reicher, & Wetherell, 1987).

Nous aborderons ensuite les relations entre la cohésion et unevariable clé expliquant, pour partie, l’intérêt porté à la cohésion : la per-formance.

Enfin, nous verrons que la relation cohésion-performance a ouvertla voie à de nombreuses recherches examinant les relations entre la cohé-sion et un nombre important de variables appartenant à la dynamique degroupe.

(3) Trois processus de recherche : informatiques, manuelles et à partir des revues. Lesrecherches informatiques concernent les bases de données PsycInfo (1978-2003), Sport Dis-cus et Heracles en utilisant les mots clés : « cohésion », « sport », « performance », « efficacitécollective », « attribution » et « expectation ». Les recherches manuelles correspondent auxétudes proposées dans les bibliographies des revues de littératures et méta-analyses. Lesrecherches, à partir des revues, portaient sur des revues identifiées comme spécialisées desquestions traitant de la cohésion, du sport, de la performance : Canadian Journal of AppliedSport Science, Journal of Sport & Exercise Psychology, Journal of Sport Behavior, Journal ofSport Sciences, Small Group Research et The Sport Psychologist.

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Le concept de cohésion

En première observation, il apparaît que l’étude de la cohésion est forte-ment liée à la compréhension du fonctionnement des groupes. Pour cer-tains, tout fait de groupe s’explique par référence aux individus lecomposant. Ce sont les choix individuels qui vont expliquer les orienta-tions du groupe. Cette approche se retrouve dans les travaux sur la so-ciométrie de Moreno (1934), qui s’appuie sur les relations affectives etd’influences existant dans le groupe. À cette fin, on demande aux mem-bres du groupe de choisir parmi leurs pairs, ceux qu’ils apprécient et ceuxqu’ils n’apprécient pas. On obtient ainsi une classification des membresdu groupe en fonction de leur statut dans le groupe et, selon Parlebas(1992), une estimation d’une cohésion « socio – affective » correspondantaux affinités liant les participants. Cependant, dès 1965 Maisonneuve sou-lignait que : « l’importance attribuée par maints chercheurs à la fréquencedes choix mutuels au sein du groupe les a conduits indûment à confondrela cohésion, phénomène collectif, avec le degré d’associations interper-sonnelles » (p. 265). Cette conception, proche du concept « d’attractioninterpersonnelle » a été critiquée pour son manque de clarté théorique etla faiblesse des outils de mesure qui lui sont associés (Michinov, 2001).D’autre part, Carron (1990a) souligne que dans une équipe sportive les re-lations ne se limitent pas aux relations interpersonnelles mais qu’il existeégalement des relations entre sous-groupes, voire des relations entre in-dividus et sous groupes. Il semble donc, que l’approche sociométrique nesoit pas satisfaisante pour évaluer la cohésion de manière globale. De cepoint de vue, il semble indispensable de signaler les travaux de Jean-PierreRey (1992, 1993a, b, 1994, 1998, 2000) qui, en France, demeurent une excep-tion concernant l’étude de la cohésion, des relations interpersonnelles etintergroupes au sein des équipes de sports collectifs.

Pour d’autres approches, « le groupe est plus que la somme desindividus, et a sa propre vie » (McDougall, 1921, p. 101). Kurt Lewinreprendra cette idée dans ces travaux sur « la dynamique de groupe » danslesquels il précise que l’essence d’un groupe ne réside pas dans la ressem-blance existant entre ses membres mais dans leur interdépendance, et quele groupe est « un tout dynamique » dans lequel tout changement d’unepartie provoque le changement de toutes les autres (pour revue, Lewin,1959). Cette théorisation constituera la base des travaux modernes sur lacohésion.

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18 La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures...

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

Les prémisses du construit de cohésion : d’une conception unidimensionnelle à une conception bidimensionnelle

Au début des années 1940, Lewin jette les bases du concept de cohésion.Pour lui, la cohésion – le consentement de rester ensemble – est une pro-priété essentielle du groupe sans laquelle il ne peut exister. En s’inspirantde la théorie des champs, il définit ce « consentement » comme l’ensembledes forces gardant les membres unis, incluant des forces positives d’attrac-tion et des forces négatives de répulsion. Les premiers travaux abordant lesproblèmes liés à la cohésion considèreront cette dernière comme un cons-truit unidimensionnel, ou un construit mesurable par une seule dimen-sion égale à la résultante de toutes les autres (e.g., Back, 1951 ; Festinger,Schachter, & Back, 1950 ; Lott & Lott, 1965 ; Schachter, 1951 ; Schachter,Ellertson, McBride, & Gregory, 1951).

La notion de « champs » servira de base aux travaux de Festinger etses collaborateurs à partir des années 1950. En reprenant la métaphorede l’atome, Festinger et al. (1950) définissent la structure d’un groupecomme un ensemble de connexions (les relations d’amitiés) entre ses dif-férentes parties (les individus). La cohésion est alors définie comme « lechamp total des forces agissant sur les membres pour rester dans legroupe » (4) (Festinger et al., 1950, p. 164).

Ces forces sont de trois types : (a) l’attraction individuelle pour lesautres membres du groupe, reposant sur le besoin d’affiliation (b) lesforces opératoires, renvoyant aux caractéristiques liées à l’activité dugroupe, (c) le prestige du groupe, référant à la fierté des membres,d’appartenir à ce groupe.

L’incapacité de Schachter (1951) et de Back (1951) à montrer l’exis-tence d’une différence significative entre les différentes forces censéesconstituer la cohésion, amènera les chercheurs à considérer que ces com-posantes sont équivalentes dans leurs effets. La définition originelle du« champ de force » a donc subtilement évolué du « total des forces » vers« la force résultante » agissant sur les membres pour rester dans legroupe.

Ainsi, en dépit de cette compréhension multidimensionnelle de lacohésion (voir figure 1), en raison des difficultés à contrôler expérimen-talement le poids relatif des différentes forces, les recherches utiliseront

(4) Les définitions proposées seront traduites en français. Il sera cependant possible, pour lelecteur intéressé, de se reporter aux définitions originelles via les références précises citées.

Fabrice Buton, Paul Fontayne et Jean-Philippe Heuzé 19

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

des définitions unidimensionnelles se référant tantôt à l’attraction indi-viduelle, tantôt aux forces opératoires en délaissant le statut du groupe.

Dans leurs travaux, certains chercheurs ont ainsi privilégié la dimen-sion sociale (Lott & Lott, 1965 ; Schachter et al., 1951) ; d’autres ont consi-déré la dimension opératoire comme première (Back, 1951 ; Van Bergen& Koelebakker, 1959). Toutefois, même si l’approche multidimensionnellesemblait répondre à un certain nombre de questions, l’impossibilité des’accorder sur une définition de la cohésion sociale ou opératoire, n’a faitque déplacer la complexité du concept de cohésion, au lieu de la réduire.D’après Cota, Evans, Dion, Kilik et Longman (1995), ce type d’approchea entravé la comparaison et l’intégration des résultats obtenus dans lalittérature. Chaque modèle proposé pouvait en effet rendre compte d’unaspect particulier de la cohésion, voire caractériser cette dernière dansdes groupes de nature différente. Selon ces auteurs, ces carences ont étéatténuées par de nouvelles voies de recherches proposant des modèlesconceptuels multidimensionnels de la cohésion.

FIGURE 1Modèle bidimensionnel de la cohésion : cohésion sociale et cohésion opératoire

20 La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures...

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

Les modèles multidimensionnels du concept de cohésion

Selon Dion (2000), depuis les années 1980, les modèles multidimensionnelsde la cohésion prédominent. Le débat n’est plus de savoir si la cohésion estun construit multidimensionnel mais plutôt de définir les différentes di-mensions permettant de la caractériser au mieux.

Ainsi, dans différents domaines, de nombreux auteurs se sont atta-chés à proposer des modèles conceptuels multidimensionnels de la cohé-sion (e.g., Bollen & Hoyle, 1990 ; Carron, Widmeyer, & Brawley, 1985 ;Cota et al., 1995 ; Hogg & Hardie, 1991).

Hogg et Hardie (1991) suggèrent de distinguer au sein de la cohé-sion deux types d’attraction comprises comme des attitudes ou des sen-timents (positifs ou négatifs) ressentis par une personne vis-à-vis d’uneautre et estimés à partir de choix sociométriques effectués par les mem-bres de l’équipe : (a) une attraction interpersonnelle nommée « attrac-tion personnelle », et (b) une attraction au niveau du groupe dite« attraction sociale » (1991, p. 176). Bliese et Halverson (1996) proposentune autre conceptualisation bidimensionnelle de la cohésion. Ils la définis-sent grâce à l’estimation de deux contruits différents : (a) « la cohésion ver-ticale qui correspond aux perceptions des subordonnés, de la prévenanceet des compétences de leur leader », et (b) « la cohésion horizontale qui estune mesure du degré d’attachement existant à l’intérieur d’un groupe »(1996, p. 1174), comparable à l’attraction interpersonnelle. De même,Bollen et Hoyle (1990, p. 482) selon qui la cohésion est « un sens individueld’appartenance à un groupe particulier et une sensation de bien-être indi-viduel liée au fait d’appartenir à ce groupe », proposent une conceptuali-sation bidimensionnelle différenciant une approche « objective » et uneapproche « subjective » du construit de cohésion. Cette conceptualisationrenvoie à une auto-évaluation par un membre de sa relation avec ungroupe spécifique comportant des informations cognitives (fondées surles expériences vécues avec le groupe et ses membres) et des informa-tions affectives (fondées sur les affects liés à ces expériences vécues).

Bien qu’issues de champs d’applications différents (e.g., militairepour Bliese et Halverson et psycho-sociale pour Hogg et Hardie), cespropositions se rejoignent pour concevoir la cohésion comme un cons-truit multidimensionnel. Cette position sera également adoptée dans unautre domaine : la psychologie du sport.

Se basant sur les travaux antérieurs qui soulignent la nécessité de dis-tinguer ce qui appartient au groupe de ce qui touche à l’individu (Hargs-trom & Selvin, 1965 ; Van Bergen & Koekbakker, 1959 ; Zander, 1971), mais

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Science & Motricité n° 59 — 2006/3

également d’incorporer une dimension sociale et une dimension opéra-toire (Festinger et al., 1950 ; Hersey & Blanchard, 1969 ; Mikalachki, 1969),Carron et al. (1985) vont développer leur propre modèle de la cohésion.Selon ces auteurs, la cohésion étant comprise comme une propriété dugroupe, toute définition du concept de cohésion suppose, en préalable, dedéfinir clairement ce qu’est un groupe. Ainsi, Carron et Hausenblas (1998,p. 13-14) définissent le groupe sportif comme « un rassemblement de deuxou plusieurs individus qui possèdent une identité commune, ont des butset des objectifs communs, partagent un destin commun, présentent despatrons structurés d’interactions et de communications, possèdent desperceptions communes de la structure du groupe, sont personnellement etinstrumentalement interdépendants, manifestent une attirance interper-sonnelle réciproque et se considèrent eux-mêmes comme un groupe ».

Pour Carron et ses collègues (Carron et al., 1985), la cohésion corres-pond au construit utilisé pour représenter la cohérence de ce type degroupe. Ils la définissent comme « un processus dynamique reflété parla tendance du groupe à rester lié et à rester uni dans la poursuite deses objectifs instrumentaux et/ou pour la satisfaction des besoins affec-tifs des membres » (Carron, Brawley, & Widmeyer, 1998, p. 213). Ilsproposent de la mesurer par la double distinction groupe/individu etsocial/opératoire (Carron et al., 1985).

Carron et ses collègues (Carron et al., 1985, p. 248) définissent lesdeux dimensions suivantes : (a) l’intégration du groupe (« Group Inte-gration » : GI) : « la perception individuelle de la proximité, de la simi-larité des liens à l’intérieur du groupe et la perception du degré d’unitédu champ d’action du groupe », et (b) l’attraction individuelle vers legroupe (« Individual Attraction To the Group » : ATG) : « l’ensembledes sentiments individuels des sujets à l’égard du groupe, le désir d’êtreaccepté et les sentiments à l’égard des autres membres du groupe ».

Chacune de ces dimensions peut s’exprimer selon deux orientations,l’une sociale, « orientation ou motivation globale tournée vers le dévelop-pement et le maintien du groupe » (Widmeyer, Brawley & Carron, 1985,p. 17), l’autre opératoire, « orientation ou motivation globale tournéevers la réalisation des buts et des objectifs du groupe » (Widmeyer et al.,1985, p. 17).

Ainsi, la cohésion est mesurée par quatre facteurs : (a) l’intégrationopératoire du groupe (« Group Integration-Task » : GI-T) qui renvoieaux sentiments individuels d’un équipier relatifs à la similitude, à laproximité et aux relations à l’intérieur de l’équipe (celle-ci étant comprisecomme une totalité orientée vers la tâche) ; (b) l’intégration sociale du

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Science & Motricité n° 59 — 2006/3

groupe (« Group Integration-Social » : GI-S) qui désigne les mêmes senti-ments individuels d’un membre de l’équipe, mais pour le collectif perçucomme une unité sociale ; (c) les attractions individuelles opératoirespour le groupe (« Individual Attractions To the Group-Task » : ATG-T)qui spécifient les sentiments individuels d’un équipier à propos de sa par-ticipation personnelle à la tâche, à la productivité, aux buts et aux objectifsdu groupe ; et (d) les attractions individuelles sociales pour le groupe(« Individual Attractions To the Group-Social » : ATG-S) qui précisent lessentiments individuels d’un équipier à propos de sa participation person-nelle, de son acceptation et de son intégration sociale avec le groupe (5).

FIGURE 2Les dimensions attraction/intégration et sociale/opératoire de la cohésion (6)

(5) Les termes des définitions des 4 facteurs (i.e. : GI-T, GI-S, ATG-T et ATG-S) proposés icisont empruntés à Heuzé (2003).(6) Tirée de Carron, A. V., Hausenblas, H. A., & Estabrooks, P. A. (2003). The psychology ofphysical activity. New York: McGraw-Hill, p.97 et reproduite avec la permission de TheMcGraw-Hill Companies.

Fabrice Buton, Paul Fontayne et Jean-Philippe Heuzé 23

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

Les facteurs GI-T et ATG-T définissent la cohésion opératoire, GI-Set ATG-S la cohésion sociale. Les facteurs GI-T et GI-S définissent l’inté-gration du groupe, ATG-T et ATG-S l’attraction individuelle. Pour lesauteurs, les dimensions intégration/attraction et sociale/opératoiresont d’importance égale. Il s’agit de deux dimensions de grandeur voi-sine qui s’interpénètrent pour définir la cohésion (voir figure 2).

Enfin, Carron et Brawley (2000) soulignent que la cohésion n’est pasun trait caractéristique d’un groupe. Ils indiquent qu’elle peut, et qu’elledoit changer au cours du temps, en nature et amplitude durant les pro-cessus de formation, développement, maintien et dissolution du grou-pe. Cependant, ils soulignent également que la cohésion n’est pas un étattransitoire spécifique d’une situation. Autrement dit, elle n’est pas un phé-nomène « volatile » ; au contraire, les changements se feraient progressive-ment au cours du temps.

Indépendamment des travaux de Carron et ses collègues, Zaccaroet ses collaborateurs (Zaccaro & Lowe, 1988 ; Zaccaro & McCoy, 1988)ont également proposé une conception de la cohésion basée sur la dis-tinction cohésion interpersonnelle - cohésion opératoire. Dans leurs étu-des, ils montrent que la distinction de ces deux formes de cohésions’avère pertinente pour prédire la performance groupale. Ainsi, la cohé-sion opératoire est plus fortement liée à la performance du groupe lorsd’une tâche additive (7) (i.e., performance du groupe = somme des per-formances individuelles) que la cohésion interpersonnelle (Zaccaro& Lowe, 1988). Mais lorsque la tâche requiert des interactions entre lesmembres, les deux formes de cohésion sont positivement liées à la per-formance groupale (Zaccaro & McCoy, 1988).

D’autres auteurs s’attachent à d’autres dimensions pour saisir lacohésion. Estimant que le modèle de Carron et al. (1985) demeure troprestreint pour rendre compte de la cohésion en dehors du contexte spor-tif, Cota et al. (1995) avancent une nouvelle conception de la cohésion, enproposant une approche multidimensionnelle du construit qui distin-gue des dimensions « premières » et « secondaires ». Les dimensionspremières permettent de caractériser la cohésion dans tous les groupes.Les dimensions secondaires renvoient à des formes de cohésion qui nesont présentes que dans certains types de groupes et complètent lesdimensions premières. Les auteurs retiennent quatre dimensions pre-mières : la distinction groupe/individu, la distinction sociale/opéra-toire, la vision normative des membres du groupe et la résistance du

(7) cf. Steiner (1972) pour une typologie des tâches en groupe

24 La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures...

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

groupe à l’éclatement. Comme possibles dimensions secondaires, Cotaet al. proposent : la prise de risque, la cohésion verticale, la valeur desrôles. Ces dimensions secondaires peuvent être pertinentes pour rendrecompte de la cohésion dans des contextes spécifiques. Ainsi, la cohésionverticale serait appropriée dans les équipes sportives professionnelles,mais peu pertinente dans des équipes sportives de niveau amateur.

Plus récemment, Dion (2000), pour qui la cohésion définit et déli-mite la capacité du groupe à influencer les comportements et les attitu-des de ses membres aussi bien que le maintien et le renforcement desstandards du groupe, propose de faire évoluer le modèle de Cota et al.(1995) en le réduisant à trois dimensions principales. Dion (2000) consi-dère comme premières : les dimensions sociale, opératoire et verticaleainsi que le sentiment d’appartenance. Si l’auteur rejoint Cota et al.(1995) sur l’importance des dimensions sociale et opératoire, il justifie laprise en compte de la cohésion verticale comme dimension première,par l’existence d’un processus de leadership dans une majorité de grou-pes. Dion (2000) partage l’opinion de Bollen et Hoyle (1990) sur l’impor-tance du sentiment d’appartenance dans la cohésion. Cependant, il voitla résistance du groupe à l’éclatement comme une conséquence de lacohésion et non commme une dimension première.

Une autre conception théorique multidimensionnelle, conteste lavalidité des approches précédentes lorsqu’elles conçoivent la cohésionau travers de l’attraction envers le groupe. Turner, Hogg et leurs collè-gues (Hogg, 1995 ; Hogg & Hardie, 1991 ; Turner et al., 1987) constatentque les définitions traditionnelles décrivent la cohésion comme un attri-but structurel d’un groupe émergeant des relations entre les membres.Selon ces auteurs, cette variable ne peut donc pas être opérationnelle-ment élaborée par un principe d’agrégation d’individus. Ces chercheursproposent d’abandonner le niveau explicatif interpersonnel (Doise,1982), pour adopter une approche intergroupes en s’appuyant sur lesthéories de l’identité sociale (Hogg & Abrams, 1988 ; Tajfel, 1978) et del’autocatégorisation (Turner et al., 1987). Ces théories différencient les com-portements de groupe des comportements interpersonnels et postulentque les individus peuvent s’autocatégoriser à différents niveaux d’abstrac-tion, en particulier au niveau du groupe ou au niveau individuel.

La catégorisation au niveau du groupe favorise une dépersonnali-sation qui conduit une personne à se décrire et à percevoir les autresmembres non pas comme des individus uniques, mais comme présentantplus ou moins de caractéristiques du prototype de l’intragroupe. Le pro-cessus de catégorisation génère deux formes d’attraction : (a) l’attraction

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Science & Motricité n° 59 — 2006/3

sociale qui correspond à une désirabilité dépersonnalisée, car basée sur laprototypicalité des membres du groupe ; (b) l’attraction personnelle fon-dée sur des relations interpersonnelles spécifiques issues de perceptionspersonnalisées des membres appréhendés en tant qu’entités uniques.Ces deux formes d’attraction apparaissent donc fondamentalement diffé-rentes et toute conceptualisation de la cohésion qui se limiterait à l’attrac-tion interpersonnelle (qu’elle soit sociale et/ou opératoire) deviendrait,selon cette approche, réductrice. Il faut tenir compte d’une autre dimen-sion : le sentiment d’intégration au groupe (i.e., le niveau de catégorisa-tion selon la terminologie de la théorie de l’autocatégorisation). La figure3 présente une proposition de modèle multidimensionnel de la cohésionselon cette approche. Ainsi, comme dans l’approche de Carron et al.(1985), nous retrouvons les éléments essentiels de la cohésion : les senti-ments d’attraction et d’intégration, les dimensions sociale et opératoire,et les différentes combinaisons possibles entre ces différents compo-sants. Toutefois, il n’existe pas, à notre connaissance, de travaux empiri-ques portant sur la question des relations entre les deux modèles.

FIGURE 3Proposition de Modèle multidimensionnel de la cohésion selon l’approche de l’autocatégorisation

(inspirée de Hogg, 1995 ; Hogg & Hardie, 1991 ; voir également Michinov, 2001 p. 20)

26 La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures...

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

La diversité des conceptions théoriques présentées ci-dessus souli-gne les difficultés actuelles rencontrées dans les travaux sur la cohésion.Si, dans une perspective d’intégration, la proposition de Cota et al. (1995)d’envisager des dimensions communes ou spécifiques à des groupes cons-titue une avancée intéressante (Dion, 2000), la littérature ne suggère pas deconsensus sur les dimensions premières et secondaires. De plus, la concep-tion de Cota et al. (1995) ne décrit que le contenu d’un construit, sanspréciser comment les dimensions sont liées et se développent au coursde la vie du groupe. Enfin, les dimensions avancées ne semblent pas tou-jours être au cœur de la cohésion. Certaines paraissent être des variablesfortement corrélées au construit mais extérieures à celui-ci (e.g., prise derisque).

Néanmoins, un consensus autour des dimensions du modèle deCarron et al. (1985) semble se dégager dans le domaine sportif. La majo-rité des travaux adopte cette conceptualisation pour étudier la cohésionde groupes sportifs. Toutefois, Widmeyer et al. (1985) ne prétendent pasque le modèle de Carron et collaborateurs rend compte de la cohésiondans son ensemble. Ils estiment qu’une assez grande proportion de lavariabilité de la cohésion des équipes sportives est associée aux quatrefacteurs de leur modèle mais n’écartent pas la possibilité que d’autresdimensions puissent également être pertinentes pour rendre compte dela cohésion dans le domaine sportif.

Par ailleurs, Carron et ses collègues soulignent que la cohésion est unconstruit dynamique multidimensionnel estimé à partir des sentimentsdes membres de l’équipe et dont l’influence sur les comportements paraîtessentielle pour le groupe et l’individu. Cette conception multidimension-nelle permet d’envisager les effets combinés et simultanés des dimensionsattraction/intégration et sociale/opératoire, et ainsi, de dépasser certainsrésultats contradictoires pointés dans des méta-analyses traitant de la rela-tion cohésion-performance (voir Carron, Colman, Wheeler, & Stevens,2002 ; Mullen & Copper, 1994).

Enfin, cette conception multidimensionnelle implique égalementque plusieurs dimensions peuvent être responsables du fait que les mem-bres du groupe restent unis dans la poursuite de leurs objectifs et quel’importance de chacune des dimensions peut changer en fonction de lanature ou du moment de la vie du groupe. Aussi, afin d’identifier le rôledes différentes dimensions de la cohésion, les chercheurs ont tenté d’opé-rationnaliser leur modèle conceptuel en proposant des outils permettantune estimation plus juste de la cohésion.

Fabrice Buton, Paul Fontayne et Jean-Philippe Heuzé 27

Science & Motricité n° 59 — 2006/3

La mesure de la cohésion

Les outils de mesure

De nombreuses critiques ont été formulées dans la littérature à l’encon-tre des outils mesurant la cohésion (e.g., Carron et al., 1998 ; Brawleyet al., 1987), soulignant l’incohérence entre le cadre théorique adopté etla mesure utilisée.

Elles questionnent également la validité d’un outil lorsque celui-ciest construit à partir d’une compilation d’items issus d’instrumentsantérieurs et que les échelles sont déterminées a posteriori à partir d’uneanalyse factorielle. Cette approche, « guidée » par les données statisti-ques, associe généralement dans un même questionnaire des items quiapprécient des variables à l’origine ou résultant de la cohésion (e.g.,satisfaction, clarté des rôles), mais pas la cohésion elle-même. Ainsi, dif-férents concepts sont confondus au sein d’un même outil.

Les critiques se fondent aussi sur la multitude des outils de mesureréférés à des définitions différentes d’un même construit (i.e., la cohé-sion). Ces divergences rendent impossible la comparaison des résultatsobtenus, voire génèrent des résultats équivoques. De plus, les propriétéspsychométriques de ces instruments ne sont souvent pas établies.

Plusieurs outils n’échappent pas à ces critiques : (a) le Sport Cohesive-ness Questionnaire (SCQ) de Martens, Landers et Loy (1972) (sept itemsmesurant travail de groupe, intimité, valeur d’adhésion, sentimentd’appartenance, plaisir, amitié et emprise) ; (b) le Sport-modified BassOrientation Inventory (SBOI) de Ball et Carron (1976) (trois items mesuranttâche, association et motivation sociale) ; (c) le Multidimensional SportCohesion Instrument (MSCI) de Yukelson, Weinberg et Jackson (1984)(22 items évaluant attraction pour le groupe, unité des buts, qualité du tra-vail d’équipe, et rôles valorisés).

Or, selon Brawley et al. (1987), sans un instrument de mesurevalide, il n’est pas envisageable de répondre aux deux questions primor-diales suivantes : quelles relations existent entre la cohésion et d’autresvariables, et pourquoi ces relations existent ? Aussi, de nombreuses étu-des ont entrepris de valider un outil de mesure (Bollen & Hoyle, 1990 ;Brawley et al., 1987 ; Carron et al., 1985 ; Grand & Carron, 1982 ; Widmeyeret al., 1985).

28 La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures...

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Grand et Carron (1982) ont développé le Team Climate Question-naire (TCQ). Ce questionnaire de 50 items, aux propriétés psychométri-ques attestées, estime la cohésion au travers de cinq échelles : cohésionopératoire, cohésion sociale, clareté des rôles, acceptation des rôles etrôle perçu dans la performance. De même, Bollen et Hoyle (1990) ontconstruit le Perceived Cohesion Scale (PCS), une échelle en six items,dont la validité semble assez satisfaisante. Leur questionnaire est com-posé de deux groupes d’items, l’un estimant le sentiment d’apparte-nance, l’autre les affects liés au fait d’appartenir à ce groupe. Ce dernierquestionnaire présente l’intérêt d’être utilisable avec un large éventailde groupes, qu’il s’agisse d’unités militaires, d’équipes sportives, etc.,dont tous les membres se connaissent, ou qu’il s’agisse d’entreprises, decommunautés, de nations, etc., dans lesquelles le sujet ne connaît qu’unou quelques membres. Toutefois, si ces deux questionnaires marquentune avancée dans l’élaboration de mesures valides de la cohésion, ilsassocient encore des antécédents et des conséquences de cette propriétégroupale.

S’appuyant sur cette dernière critique, Carron et ses collègues (Carronet al., 1985) ont proposé un nouvel instrument de mesure, dédié aux grou-pes sportifs. Jusqu’alors, les recherches antérieures s’intéressant aux mesu-res de la cohésion, observaient les comportements de groupe commemoyen d’estimer ce phénomène. Au contraire, Carron et al. (1985, 1998),ont choisi d’évaluer la cohésion au travers des cognitions sociales in-dividuelles (e.g., perceptions, croyances) des membres d’un mêmegroupe.

Partant des quatre facteurs de leur modèle conceptuel, ces auteurs ontdonc développé un instrument de mesure en 18 items nommé : « GroupEnvironment Questionnaire » (GEQ ; Carron et al., 1985 ; Widmeyer et al.,1985). Les neuf premiers items, cinq pour l’aspect social (ATG-S) et quatrepour l’aspect opératoire (ATG-T), concernent les croyances individuellesassociées à la manière dont le groupe satisfait les objectifs et les besoinspersonnels ; ils reflètent les motivations individuelles pour rester dansle groupe aussi bien que les sentiments personnels à propos du groupe(Attraction To the Group : ATG). Les neuf derniers items, cinq pourl’aspect opératoire (GI-T) et quatre pour l’aspect social (GI-S), reflètentles perceptions individuelles de la proximité, de la similarité des mem-bres et du degré d’unification du groupe (Group Integration : GI). Lesréponses à chacun de ces items sont portées sur une échelle de typeLikert en neuf points dont les extrémités sont codées de « Strongly disa-gree » (1) à « Strongly agree » (9). De nombreuses études, dont l’objectif

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était de vérifier les propriétés psychométriques du GEQ, ou d’examinerles relations entre la cohésion et différentes autres variables, confirmentla validité du modèle de Carron et de ses collègues, ainsi que de leur outilde mesure (e.g., Eys, Hardy, Carron, & Beauchamp, 2003 ; Estabrooks,Brawley, Paskevich, & Carron, 1999 ; Kozub & Button, 2000 ; Kozub& McDonnell, 2000 ; Li & Harmer,1996 ; Sullivan & Feltz, 2001) (8). Toute-fois, ces propriétés sont démontrées pour des équipes sportives de diffé-rents niveaux (i.e., municipal, universitaire, olympique) constituées decanadiens anglophones âgés de 18 à 30 ans. Aussi, l’utilisation du GEQavec d’autres populations nécessite une adaptation. Ainsi, sur la base duGEQ, différentes études ont proposé des outils plus adéquats pour despublics spécifiques (e.g., Courneya, 1995 ; Estabrooks & Carron, 1997,1999a, 2000a ; Heuzé & Fontayne, 2002).

Ces études ont quasiment respecté les quatre étapes nécessaires àl’adaptation du GEQ proposées par Carron et Brawley (2000) : (a) utili-ser les items originaux du GEQ adaptés à la population cible, (b) s’assu-rer que les termes utilisés, même s’ils sont compréhensibles, soient lesplus appropriés pour le groupe visé, (c) supprimer les items non perti-nents lors d’une passation sur un échantillon témoin, (d) ajouter desitems plus appropriés et vérifier les propriétés psychométriques del’outil. Par exemple, Estabrooks et Carron, (1997, 1999b, 2000a) rappor-tent que l’utilisation du GEQ avec un public senior pratiquant réguliè-rement une activité physique de groupe pose des problèmes (e.g., chutede consistance interne de certaines échelles sous le seuil de .70). Pourexpliquer ces difficultés, l’hypothèse avancée par les auteurs et confir-mée par les analyses des entretiens réalisés auprès des participants deces études, souligne le caractère inapproprié de certains items du GEQ,voire leur invalidité pour ce public pour deux raisons principales : (a) lesitems négatifs sont difficiles à comprendre, (b) les items renvoyant auxbuts collectifs (GIT) sont tout simplement inappropriés. Sur la base deces observations, Estabrooks et Carron (2000a) proposent et valident unnouvel outil adapté à un public senior pratiquant une activité régulièredans des cours d’exercice physique : The Physical Activity Group Envi-ronment Questionnaire (PAGEQ).

De même, les qualités du GEQ ont également encouragé les cher-cheurs à adapter cet outil pour une population francophone. Ainsi, leQuestionnaire sur l’Ambiance du Groupe (QAG) proposé par Heuzé et

(8) Pour une présentation plus générale des études ayant utilisées le GEQ voir Carron et al.(1998) et Carron et Hausenblas (1998).

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Fontayne (2002) à partir du modèle conceptuel de Carron et de ses col-lègues, est un outil d’estimation de la cohésion valide pour la culturefrançaise. Ce questionnaire comprend 18 items repartis sur quatre sous-échelles : l’Attraction Opératoire pour le Groupe (AOG ; quatre items),l’Attraction Sociale pour le Groupe (ASG ; cinq items), l’IntégrationOpératoire du Groupe (IOG ; cinq items) et l’Intégration Sociale duGroupe (ISG ; quatre items). Les dimensions IOG et AOG définissent lacohésion opératoire, les dimensions ISG et ASG définissent la cohésionsociale.

Ainsi, de tous les questionnaires précités, le GEQ apparaît commel’outil ayant les bases théoriques et les propriétés psychométriques lesplus solides (Hanrahan & Gallois, 1993). Pourtant, quelques étudesremettent en cause sa validité (e.g., Blanchard, Poon, Rodgers, Pinel,& Bruce, 2000 ; Carless & De Paola, 2000 ; Dyce & Cornell, 1996 ; Schutz,Eom, Smoll, & Smith, 1994 ; Sullivan, Short, & Cramer, 2002) et condui-sent Dion (2000) à suggérer que de nouvelles études sont encore néces-saires pour définir le type de groupe et les conditions dans lesquelles leGEQ est utilisable. Carron et Brawley (2000) soulignent que les résultatsde ces études ne remettent pas nécessairement en cause les propriétéspsychométriques du GEQ, mais qu’elles soulèvent la question de la vali-dité du modèle hors du domaine sportif ; autrement dit, « une concep-tion de la cohésion spécifique à la situation est-elle plus appropriée ? »(Carron & Brawley, 2000, p. 92). À cette question, Carron et ses collèguesrépondent que les études critiquant le GEQ ne fournissent pas encoreassez de preuves car leurs auteurs n’ont pas suffisamment pris de pré-cautions sur deux aspects : la nature du groupe et le niveau d’analyse.Ces considérations, en particulier celles touchant au niveau d’analyse,doivent être prises en compte, puisqu’elles dépendent de la définitionde la cohésion adoptée et qu’elles influencent le choix du traitement sta-tistique utilisé ainsi que l’analyse qui en découle.

La prise en compte du niveau d’analyse

Plusieurs études (e.g., Carless, 2000 ; Carron & Brawley, 2000 ; Carron,Bray, & Eys, 2002 ; Carron et al., 2003 ; Gully, Devine, & Whitney, 1995)abordent le problème du niveau d’analyse, définit comme l’unité (l’indi-vidu, le groupe, etc.) à laquelle les résultats sont assignés pour tester leshypothèses dans les analyses statistiques (Rousseau, 1985). Selon Klein,Dansereau et Hall (1994), cités par Carless (2000), le niveau de la théoriedétermine l’opérationnalisation du construit étudié. Autrement dit, le

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niveau de mesure, puis, le niveau d’analyse sont déterminés par la défi-nition même de la cohésion.

Hoyle et Crawford (1994) estiment plus appropriée une conceptua-lisation de la cohésion à un niveau individuel (i.e., dans laquelle lesmembres du groupe sont indépendants de l’influence du groupe). Àl’inverse, Hogg (1992 ; Hogg & Hains, 1998) défend une conceptualisa-tion au niveau du groupe (i.e., dans laquelle les membres du groupesont caractérisés par des attributs définissant le prototype du groupe).Une position intermédiaire, avancée par Carron et ses collègues (Brawleyet al., 1987 ; Carron & Brawley, 2000 ; Carron, Bray, et Eys, 2002) réfère lacohésion aux deux niveaux que sont le groupe et l’individu. Gully et al.(1995), précisent, quant à eux, que le niveau d’analyse peut différer duniveau théorique d’intérêt du construit étudié. Cependant, selon Kleinet al. (1994), des résultats pour un niveau d’analyse donné, ne peuventpas être étendus à un niveau théorique plus général ou plus spécifique,sans avoir pris des précautions, notamment sur le plan statistique, souspeine d’arriver à des conclusions erronées.

Plusieurs méthodes statistiques ont été proposées ces dernières an-nées pour définir le niveau d’analyse le plus approprié, ou tenir comptesimultanément des niveaux individuel et groupal (pour une revue,Castro, 2002). Kenny et La Voie (1985) ont suggéré de calculer des coef-ficients de corrélations intra-classe (ICC) pour vérifier si les réponses dedeux individus d’un même groupe présentent davantage de similitudesque celles d’individus de groupes différents. James, Demaree et Wolf(1984) ont développé un indice d’accord (RWG) qui renseigne sur le de-gré de consensus entre les réponses des membres d’un même groupe.Certains auteurs, comme Moritz et Watson (1998) conseillent de s’ap-puyer sur ces deux indices statistiques pour déterminer à quel niveaules données doivent être analysées. Selon eux, l’analyse à un niveaugroupal requiert de démontrer à la fois que les groupes étudiés diffèrententre eux et qu’au sein de ceux-ci les croyances des membres sont simi-laires.

D’autres analyses considèrent simultanément les niveaux indivi-duel et groupal telles que les « Within and Between Analysis » (WABA ;Dansereau, Alutto, & Yammarino, 1984) qui autorisent une analyse desrelations entre les variables à l’un ou l’autre des niveaux, ou le « Hierar-chical Linear Modeling » (HLM ; Raudenbush & Bryk, 2002) qui permetd’examiner les relations dans un niveau hiérarchique particulier, maiségalement les interactions entre ces niveaux. Selon Kenny (1996), cette

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méthode peut devenir une procédure d’analyse commode dans lesrecherches sur la cohésion. L’utilisation de ces outils ou méthodes statis-tiques a ainsi permis à certaines études de démontrer que la cohésion estune croyance partagée (Carron, Bray, et Eys, 2002 ; Carron et al., 2003 ;Paskevich, Estabrooks, Brawley, & Carron, 2001). L’agrégation de scoresindividuels des membres d’une équipe pour produire une mesure uni-que de cohésion, semble être une méthode acceptable lorsque les indicesstatistiques supportent l’existence du construit à un niveau groupal.

Carron, Bray et Eys (2002), soulignent que si dans le passé, la naturede leurs questions de recherche et de leurs variables requérait une ana-lyse de groupe, les recherches futures devront combiner les niveauxindividuel et groupal pour explorer pleinement les relations entre lacohésion et ses corrélats (e.g., la relation cohésion-performance). De leurcôté, Chang et Bordia (2001) plaident pour un niveau d’analyse dugroupe en argumentant : (a) si la distinction sociale-opératoire est con-firmée par de nombreuses études, il n’en va pas de même pour la dis-tinction groupe-individu (i.e., niveau de catégorisation sur un continumdifficile à dichotomiser, voir figure 3) ; (b) adopter le niveau du groupepour les cohésions sociale et opératoire place ces variables au mêmeniveau que la performance de groupe.

Pour finir, Carron et al. (1998) proposent trois critères permettantde décider à quel niveau analyser les données obtenues sur des groupes.Le premier renvoie à la nature de la question posée dans l’étude. Parexemple, si la recherche porte sur les relations possibles entre la cohé-sion et une ou des variables individuelles (e.g., anxiété, abandon, satis-faction), les analyses doivent être conduites au niveau individuel. Ledeuxième critère s’appuie sur la nature de la théorie testée. Si cette der-nière n’envisage que des relations entre des variables de niveau groupal,les analyses doivent être réalisées à ce niveau. Le troisième critère estempirique. S’il est aussi pertinent d’étudier des relations entre des varia-bles aux niveaux individuel et groupal, il convient d’adopter la méthodestatistique qui permettra de répondre au mieux à la question poséeaprès avoir démontré, éventuellement, que l’organisation des donnéessupporte l’existence de ces deux niveaux (e.g., ICCs significatifs maismodérés) (9).

(9) Voir Kenny et La Voie (1985) pour l’utilisation des méthodes statistiques permettant destandardiser les scores individuels par rapport au groupe du sujet ou Kashy et Kenny (2002)pour les groupes randomisés de même taille.

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Donc, la cohésion est un processus psychologique complexe ayantsuscité de nombreuses recherches et prises de positions parfois contra-dictoires. Cependant, si les concepts adoptés diffèrent, si les conclusionss’opposent, un présupposé à ce riche corpus semble exister : les cher-cheurs pensent qu’il y a une forte relation entre la cohésion et la perfor-mance parce qu’en sport, le succès apparaît comme le but ultime dugroupe.

La relation cohésion-performance

Selon Carron, Bray et Eys (2002), la définition même de la cohésion pro-posée par Carron et al. (1998), laisse intuitivement penser que plus lacohésion augmente plus l’équipe sera victorieuse. D’ailleurs, de nom-breuses recherches montrent une relation positive entre cohésion et per-formance (Carron & Garvie, 1978 ; Granito & Rainey, 1988 ; Kozub& McDonnell, 2000 ; Slater & Sewell, 1994 ; Westre & Weiss, 1991 ; Wid-meyer & Martens, 1971 ; Williams & Hacker, 1982 ; Williams & Widmeyer,1991). Cependant, d’autres recherches utilisant différents sports tels quele tir sur cible (Lenk, 1969) ou le bowling (Landers & Leuschen, 1974)décrivent une relation négative entre cohésion et performance. De soncôté, Fox (1984), cité par Boone, Beitel, et Kuhlman (1997) ne détecteaucune relation significative entre la cohésion et le succès. Cela le con-duira à penser qu’il est possible de trouver soit une relation positive, soitune relation négative et que par conséquent, la cohésion peut ou nonaugmenter les succès de l’équipe. Sans plus de réussite, plusieursauteurs ont alors tenté, par le biais de méta-analyses, d’apporter desconclusions moins équivoques.

Pour certaines de ces méta-analyses, la cohésion et la performancecorrèlent négativement (Steiner, 1972 ; Tiffin & McCormick, 1958), pourd’autres, (Carron, Colman et al., 2002 ; Worchel, Cooper, & Goethals,1991), elles corrèlent positivement. De leur côté, Mullen et Copper (1994,p. 222) démontrent une faible relation positive entre cohésion et perfor-mance, ce qui les conduit à suggérer que : « les futures revues de littéra-ture ne devront plus faire référence à un effet « controversé », « ambigu »ou « non corroboré » mais commencer à faire référence à un petit effet,mais significatif ». Ils précisent que les groupes réels (i.e., groupes danslesquels les membres possèdent une histoire commune et interragissentà de multiples occasions) montrent une relation cohésion-performanceplus forte que les groupes artificiels (i.e., groupes constitués en labora-toire avec des individus ne se connaissant pas) et qu’elle est également

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plus forte chez les équipes sportives que chez les groupes réels non-sportifs. Pour Mullen et Copper, cette différence entre les équipes spor-tives et les autres tient au fait que les équipes sportives possèdent desstandards d’excellence particulièrement clairs et bien acceptés et où lavictoire et la défaite sont deux situations bien distinctes fréquemmentrencontrées dans la vie de l’équipe.

Néanmoins, selon Carron, Bray et Eys (2002), si la méta-analyse deMullen et Copper (1994) présente quelques résultats intéressants, elle nefournit aucune réponse définitive sur la relation cohésion-performance.En effet, la plupart des études présentées dans leur méta-analyse, utilisele SCQ (Martens et al., 1972), qui, selon Carron et al. (1998), a été déve-loppé sans fondement théorique fort et pour lequel on ne connaît pas pré-cisément ses propriétés psychométriques. Par ailleurs, Carron, Colmanet al. (2002) soulignent que les études sur lesquelles s’appuie la méta-ana-lyse de Mullen et Copper (1994), appartiennent à des domaines diffé-rents et donc étudient des groupes de nature différente.

Dans une autre méta-analyse, Gully et al. (1995) concluent à une rela-tion positive entre cohésion et performance. Cependant, contrairementaux conclusions avancées par d’autres auteurs (cf. Mullen & Copper,1994 ; Carron, Colman et al., 2002), Gully et al. (1995) semblent indiquerque le niveau d’interdépendance de la tâche (inter-active vs. co-active)est une variable médiatrice de la relation cohésion-performance. Seloneux, lorsque la tâche nécessite une communication importante entre lesmembres, un niveau élevé de coordination et la réalisation d’une perfor-mance mutuelle, alors, la force de la relation cohésion-performance aug-mente. Ce résultat est conforme à des propositions plus anciennes deCarron et Chelladurai (1981). Selon Carron, Colman et al., (2002), l’hypo-thèse sous-jacente à cette relation est que la cohésion servirait de catalyseuraméliorant la coordination dans les sports où l’interaction des membres estessentielle au succès (i.e., sports interactifs tels que : le handball ou le base-ball), l’absence de cohésion favorisant la compétition intragroupe (et laperformance) dans les sports où l’interaction n’est pas nécessaire (i.e.,sports co-actifs tels que l’athlétisme ou le karaté).

Cependant, même si les travaux évoqués précédemment nous per-mettent d’avancer dans la compréhension générale de la relation cohé-sion-performance, ils abordent peu l’aspect multidimensionnel de lacohésion. Néanmoins, la plupart des travaux laisse apparaître une rela-tion positive entre la dimension opératoire et la performance (Bergeles& Hatziharistos, 2003 ; Carron, Bray, & Eys, 2002 ; Eisler & Spink, 1998 ;

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Martens & Peterson, 1971 ; Mullen & Copper, 1994 ; Williams & Widmeyer,1991 ; Zaccaro & Lowe, 1986). Pour Mullen et Copper (1994), la dimensionopératoire reste la plus pertinente pour traduire la relation entre cohésionet performance. Carron, Bray et Eys (2002) démontrent que les dimensionsGI-T et ATG-T sont toutes deux fortement associées aux succès d’équipe.Bergeles et Hatziharistos (2003) avancent, qu’en volley-ball, la dimensionopératoire des perceptions d’attractions interpersonnelles est positivementcorrélée au classement final, c’est-à-dire à la performance.

Pourtant, cette prédominance de la dimension opératoire s’opposeaux conclusions d’une étude de la thèse de doctorat de Widmeyer (1977– citée dans Mullen & Copper, 1994) pour qui la dimension la plus for-tement correlée à la performance est la dimension sociale. En réalité, peud’études corroborent les résultats de Widmeyer (1977). Au contraire,Boone et al. (1997) signalent que la cohésion sociale pourrait avoir deseffets négatifs sur la performance. Selon eux, elle pourrait réduire lacompétition intragroupe, conduisant à une sorte de distraction des indi-vidus vis-à-vis de la tâche, pouvant même diminuer la cohésion opéra-toire. D’autres recherches concluent à un effet conjoint de la cohésionsociale et opératoire qui devraient toutes deux être élevées pour influen-cer positivement la performance (e.g., Zaccaro & McCoy, 1988 ; Carron,Colman et al., 2002).

Martens et Peterson (1971, p. 58), cités dans Turman (2003), suggé-rent l’existence « d’une relation circulaire entre satisfaction, cohésion etsuccès. Les équipes les plus cohésives étant les équipes les plus victorieu-ses et les équipes les plus victorieuses ayant une plus grande satisfactionvis-à-vis de leur participation que les équipes les moins victorieuses ».Dans cette citation apparaît une autre préoccupation encore en suspendaujourd’hui dans : la cohésion est-elle un déterminant ou une consé-quence de la performance ? De nombreux travaux traitent cette question(Boone et al., 1997 ; Carron, Colman, et al., 2002 ; Chang & Bordia, 2001 ;Davids & Nutter, 1988 ; Grieve, Whelan, & Meyers, 2000 ; Mullen& Copper, 1994 ; Turner, 1981 ; Zaccaro & McCoy, 1988). Pour Mullen etCopper (1994), l’effet le plus important est celui de la performance sur lacohésion. Leurs résultats suggèrent que les changements de cohésionengendrés par la performance sont plus forts que les changements de per-formance engendrés par la cohésion. Les recherches examinant le sens dela relation cohésion-performance ont alors affiné l’analyse en observant lerôle des différentes dimensions présentes dans l’approche multidimen-sionnelle de la cohésion proposée par Caron et al. (1985). Boone et al.(1997) montrent ainsi que l’échec affecte le plus la cohésion, notamment

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les dimensions : ATG-T, GI-T et GI-S, le succès, ne permettant que demaintenir le niveau de cohésion initial. Plus récemment, Kozub et Button(2000) montrent que la performance a une influence significative sur ladimension GI-T, et que le type de sport étudié fait office de variablemédiatrice. Pour d’autres auteurs, l’impact de la cohésion sur la perfor-mance est plus fort que celui de la performance sur la cohésion. Contrai-rement à leurs attentes, Chang et Bordias (2001) montrent que la cohésionest uniquement un antécédent de la performance ; un niveau de cohésionélevé devant alors produire une performance élevée. Cependant, cesauteurs reconnaissent que leurs résultats doivent être vérifiés en raisonde la faiblesse de leur échantillon et de la faible puissance statistique deleurs analyses. Enfin, la méta-analyse de Carron, Colman et al. (2002) pro-pose encore une autre voie de compréhension de la relation cohésion-per-formance en montrant qu’il n’existe pas de différence significative entrela relation cohésion-performance et la relation performance-cohésion.

En résumé, si l’on synthétise les travaux sur la relation cohésion-performance, il semble indéniable que ces deux variables sont liées l’uneà l’autre. En revanche, il paraît encore difficile de déterminer l’implica-tion de chacune des dimensions de la cohésion ou le sens de la relationexistant entre la cohésion et la performance. Ces conclusions insatisfai-santes, ont amené les chercheurs à postuler qu’il était nécessaire de cla-rifier l’action (potentiellement médiatrice) de plusieurs variables sur larelation cohésion-performance (Pargman & De Jesus, 1987). La clartédes buts (Kjormo & Halvari, 2002), la similitude des expectations de suc-cès (Kim, 1995), l’effort (Prapavessis & Carron, 1997a) ou l’efficacité col-lective (Paskevitch, 1995) sont des exemples de ces variables en relationavec la cohésion.

L’efficacité collective et la relation cohésion-performance

Le concept d’efficacité collective initialement proposé par Bandura (pourrevue, Bandura, 1997) se définit comme : « un sens de la compétence col-lective mis en commun entre des membres quand ils allouent, coordon-nent, et intégrent leurs ressources dans une réponse concertée, efficaceet spécifique de la demande situationnelle » (Zaccaro, Blair, Peterson,& Zazanis, 1995, p. 309). Ces derniers auteurs suggèrent que les qualitésdu groupe contribuent au développement du sens de l’efficacité, et ilsidentifient le leadership et la cohésion comme sources potentielles d’effi-cacité collective. De fait, la littérature laisse apparaître un certain nombrede travaux abordant les relations existant entre la cohésion et l’efficacité

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collective (Estabrooks & Carron, 2000a, 2000b ; Kozub & McDonnell,2000 ; Paskevich, 1995 ; Paskevich, Brawley, Dorsch, & Widmeyer, 1999 ;Spink, 1990a,b ; Zaccaro, Blair, Peterson, & Gilbert, 1992 ; Zaccaro et al.,1995). Pour Spink (1990a), la cohésion est un facteur ayant potentielle-ment une forte influence sur l’efficacité collective. Estabrooks et Carron(2000a), confirment également que de hauts niveaux de cohésion opéra-toire conduisent à de hauts niveaux d’efficacité personnelle.

De même, Kozub et McDonnell (2000), font l’hypothèse d’une rela-tion positive entre la cohésion et l’efficacité collective et que cette relationest plus forte avec la cohésion opératoire qu’avec la cohésion sociale. Seloneux, si le facteur ATG-T est un bon prédicteur de l’efficacité collective, lefacteur GI-T en est le meilleur. Cependant, certaines études aboutissentà d’autres conclusions. Zaccaro et al. (1995), Paskevich et al. (1999) suggè-rent que la cohésion peut être à la fois un antécédent et une conséquencede l’efficacité collective, c’est-à-dire, qu’il existerait une relation récipro-que entre l’efficacité collective et la cohésion.

La majorité des études portant sur l’efficacité collective est centréesur la relation entre l’efficacité collective et la performance. Par exemple,Spink (1990b), Hodges et Carron (1992), Silver et Bufanio (1996) mettenten évidence une relation positive entre efficacité collective et perfor-mance. D’autres travaux ont donc proposé d’étudier les relations entrela cohésion, l’efficacité collective et la performance. Zaccaro et al. (1992- cités dans Zaccaro et al.,1995) ou Paskevich (1995 - cité dans Carron,Colman et al., 2002) suggèrent que l’efficacité collective peut être unmédiateur de la relation cohésion-performance. Selon Paskevich, uneplus grande cohésion contribue à une plus grande efficacité collectivequi contribue en retour à améliorer la performance de l’équipe.

Ainsi, s’il semble s’avèrer que la cohésion, l’efficacité collective et laperformance entretiennent des relations de causes à effets, la complexitéde ces relations qu’augmente la nature multidimensionnelle de ces cons-truits incite à la plus grande prudence vis-à-vis de l’interprétation de cesrésultats. Kozub et McDonnell (2000) insistent sur la nécessité de menerde nouvelles études pour parvenir à une meilleure compréhension deces relations et espérer définir le sens de la relation : cohésion - efficacitécollective - performance.

Suite à l’absence de conclusion définitive sur l’impact de la cohésionsur la performance d’autres chercheurs ont proposé l’effort consenticomme variable capable de médiatiser la relation cohésion-performance.

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L’effort et la relation cohésion-performance

De nombreux entraîneurs, reconnaissant intuitivement l’importance del’unité de l’équipe, indiquent que la performance collective ne peut être at-teinte qu’au travers des efforts combinés des membres de l’équipe. Cepoint de vue empirique laisse apparaître deux idées marquantes : (a) l’im-portance de la performance individuelle, (b) l’effet de la notion d’effortconsenti. Davantage sous le contrôle des membres, moins sujette à des fac-teurs externes tels que la force des adversaires ou la blessure d’un joueurmajeur, la somme des performances individuelles est avancée par certainsauteurs comme pouvant être une bonne opérationnalisation de la per-formance collective. Elle pourrait, pour peu qu’elle soit mise en regarddes perceptions d’effort jouant le rôle de médiateur de la relation cohé-sion-performance, être une mesure objective plus réaliste, permettant demieux cerner cette relation. Des études se sont penchées sur les relationsdes trois variables que sont la cohésion, l’effort et la performance (e.g.,Bray & Whaley, 2001 ; Prapavessis & Carron, 1997a).

Bray et Whaley (2001), s’inspirant de Prapavessis et Carron (1997a),selon lesquels, les perceptions de cohésion sont positivement associéesà l’effort, concluent que la cohésion permet de prédire la performance(en particulier la performance objective individuelle) et que l’effort peutêtre considéré comme médiateur de la relation cohésion-performance.

Cependant, contrairement aux hypothèses portant sur la relationcirculaire entre la cohésion et la performance, les conceptions théoriquessupportant le rôle de variable médiatrice de l’effort consenti semblentfaire l’hypothèse quasi exclusive d’un effet de la cohésion sur la perfor-mance plus que de la performance sur la cohésion.

L’attribution causale et la relation cohésion-performance

Une question fondamentale pointée par Turner dès 1982 est de savoircomment certains groupes parviennent, en dépit d’échecs, à maintenirde bons niveaux de cohésion et alternativement, comment la cohésionpeut se détériorer alors que l’équipe rencontre des succès ? Un autreparadigme théorique explicatif pour tenter de mieux comprendre le lienentre cohésion et performance, pourrait être alors, celui des attributionscausales (10) émises par les membres du groupe suite à un succès ou un

(10) Pour une présentation générale des travaux traitant des relations entre cohésion et attri-bution, voir la thèse de doctorat de Rémy Lacrampe (1997).

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échec. Différentes études ont donc été menées pour examiner les rela-tions existant entre la cohésion et les attributions causales formulées à lasuite d’un résultat (Bird, Foster, & Maruyama, 1980 ; Schlenker & Miller,1977 ; Taylor, Doria & Tyler, 1983 ; Taylor & Tyler, 1986 ; Turner, Hogg,Turner, & Smith, 1984 ; Zaccaro & Lowe, 1988).

Les théories de l’attribution causale (pour une revue, Försterling,2001) avancent l’idée que dans l’objectif de négocier des situations ris-quées du point de vue de l’estime de soi, l’individu est amené à utiliserdifférentes stratégies. L’une de ces stratégies, le biais d’auto-complaisance,fait référence à la propension des individus à s’octroyer une responsabilitépersonnelle chaque fois qu’ils obtiennent un succès (stratégie de valorisa-tion du soi) et à rejeter toute responsabilité personnelle en cas d’échec(stratégie d’auto protection du soi). Selon certains auteurs (e.g., Weary& Bradley, 1978 ; Lau & Russel,1980), dans le groupe, le biais d’auto-complaisance s’affaiblit voire disparaît. L’explication est que, sur le ter-rain, les attributions causales de la réussite comme de l’échec du groupesont plus centrées sur l’équipe que sur l’individu (Bird & Brame, 1978 ;Ross & Sicoly, 1979). Cette stratégie, nommée biais de complaisance degroupe (Gill, 1980) définit l’équipe comme point de référence des attri-butions. Pour Taylor et al. (1983), le biais de complaisance de groupe estla tendance à attribuer la réussite et l’échec au groupe entier permettantainsi de diminuer la responsabilité des sous-groupes et des individusavec pour finalité de cimenter l’esprit de groupe par le partage des res-ponsabilités en cas d’échec et la répartition des gratifications en cas desuccès.

La littérature sur cette relation entre cohésion et attributions pro-pose différents avis. Certaines études soulignent l’impact des attribu-tions sur la cohésion. Taylor et Tyler (1986) montrent que les individusayant un biais de complaisance de groupe sont perçus comme contri-buant davantage à la cohésion du groupe. D’autres études, au contraire,insistent sur l’effet de la cohésion sur les attributions. Ainsi, Bird et al.(1980) montrent que la cohésion peut influencer les attributions et ce,quel que soit le résultat (i.e.,victoire vs défaite). Pour Schlenker et Miller(1977), dans les groupes cohésifs, le résultat est partagé entre tous lesmembres et les attributions d’auto-complaisance sont peu fréquentes.Ceci plaide en faveur d’une diminution du biais d’auto-complaisance ausein des groupes cohésifs. De même, selon Turner et al. (1984), le senti-ment d’appartenance à un groupe effectuant une tâche nécessitant uneforte coopération, suffirait à diminuer, voire à inverser la tendance àrecourir à l’utilisation d’attributions causales égocentrées, les sujets

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attribuant le succès à leurs partenaires et l’échec à eux-mêmes. Les mem-bres de groupes non-cohésifs adopteraient, une structure d’attributiondifférente, cherchant à se préserver d’une implication personnelle dansla défaite et ne partageant pas avec les autres membres du groupe lebénéfice de la victoire.

Par ailleurs, il semble que les attributions causales dépendent égale-ment du type de cohésion. Selon Brawley et al. (1987), les sujets présentantun degré élevé de cohésion opératoire ne modifient pas leurs attributionsen fonction du résultat, ce dernier étant fortement lié aux normes opératoi-res du groupe. Le biais d’auto-complaisance est donc peu fréquent, maisdeviendra plus systématique dans le cas où la cohésion opératoire sera fai-ble (Bird et al., 1980 ; Rejeski & Brawley, 1983). Par contre, selon Zaccaro(Zaccaro, 1991 ; Zaccaro & Lowe, 1988) les attributions émises ne sem-blent pas dépendre du degré de cohésion sociale. Pour ces auteurs, lacohésion opératoire aurait plus de poids que la cohésion sociale vis-à-visdes attributions de performance des sportifs.

Enfin, d’autres études mettent en avant le possible rôle médiateurdes attributions dans la relation cohésion-performance. C’est ainsi queTaylor et al. (1983) soulignent le rôle médiateur que les attributions peu-vent jouer entre la cohésion et la performance, dans le cas d’échecs répé-tés, et que Turner et al. (1984) concluent, que les succès d’une équipeaugmentent la cohésion parce que les membres font des attributionsimpliquant leur responsabilité pour expliquer les performances positives.Une fois de plus, même s’il apparaît difficile de parvenir à une conclusiondéfinitive, la cohésion, les attributions et la performance, semblent effec-tivement posséder des liens.

ConclusionLa présente revue de questions ne constitue pas une recension exhaus-tive des études abordant les problèmes de cohésion au sein des groupes.

Notre intention était de présenter une sélection de travaux permet-tant d’entrevoir les préoccupations des chercheurs au fil du temps et demieux comprendre la cohésion et ses effets sur le groupe sportif afind’envisager de nouvelles recherches.

Il est apparu que l’une des premières préoccupations des chercheursa été de proposer une définition opérationnelle de la cohésion. Ce cons-truit a évolué d’une conception unidimensionnelle vers des conceptionsmultidimensionnelles étayées par la dynamique de groupe et opération-nalisées via des outils de mesure utilisables en situations naturelles.

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La relation implicite existant entre le niveau de cohésion et la per-formance qui suppose qu’un haut niveau de cohésion conduit à des per-formances élevées, apparaît comme le catalyseur de la quasi totalité desétudes. Pourtant, assez paradoxalement, des études expérimentales etdes méta-analyses semblent indiquer que cette relation cohésion-perfor-mance est beaucoup plus complexe que celle attendue. La relation cohé-sion-performance fait intervenir un nombre important de variablesissues de la dynamique de groupe. L’efficacité collective, l’effort consentiet les attributions causales ont ainsi été examinés. Ces variables peuvent(a) influer sur le niveau de cohésion, (b) être influencées par la cohésion,(c) jouer un rôle de médiateur dans la relation cohésion-performance.

Malgré l’avancée des connaissances relatives à la cohésion, certai-nes perspectives reste encore à explorer. En effet, alors que la distinctionsociale/opératoire de la cohésion a reçu de nombreux supports théori-ques et empiriques (e.g., Carless & De Paola, 2000 ; Cota et al., 1995 ;Dion & Evans, 1992 ; Dyce & Cornell, 1996 ; Widmeyer et al., 1985,1990),laissant supposer que ces deux aspects (social et opératoire) sont desdéterminants importants et interdépendants de la performance, la pres-que totalité des études n’envisage que la prédominance de la dimensionopératoire dans la relation cohésion-performance.

Par ailleurs, Carless et De Paola (2000) soulignent l’existence d’uneconfusion dans la littérature quant à la définition de la cohésion sociale.Certains auteurs pensent que l’aide dans l’équipe (soit le support social)et la coopération entre membres sont des éléments constituants de lacohésion sociale (Langfred, 1998 ; Welch, Mossholder, Steel, & Bennett,1998), pour d’autres (Carron, 1988 ; Lott & Lott, 1965) elles sont des anté-cédents de celle-ci.

Concernant la relation cohésion-performance, Chang et Bordia (2001)notent que la mesure de la performance souffre d’un manque de concep-tualisation. Pour eux, les désaccords observés dans la littérature sur larelation cohésion-performance proviennent de ce déficit. Ils proposentdonc de tester et éventuellement d’adapter le modèle de la performanceproposé par Hackman (1990, p. 6-7) pour qui la performance est un con-cept multidimensionnel composé de trois construits (la productivité, laviabilité et le développement personnel). En fait, le modèle de Hackmanpropose une trame de compréhension de la performance dans laquellela performance du groupe ne correspond pas seulement à l’augmenta-tion de l’efficacité de l’organisation (productivité) mais également aufait d’être capable de soutenir sa propre existence (viabilité) et d’assisterle développement personnel de ses membres.

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D’autre part, Stevenson et Durand-Bush (1999), ou Carron et Brawley(2000) suggèrent que la structure de la cohésion est susceptible d’évoluerdans le temps suivant les phases de développement du groupe. Ils souli-gnent que la force des corrélations entre les différentes facettes de la cohé-sion peut varier avec l’évolution du groupe, ou même que la cohésionpourrait être plus ou moins importante selon les phases de son dévelop-pement. Toutefois, s’il est consensuel d’affirmer que les groupes sont desentités dynamiques se développant et changeant dans le temps, en rai-son des difficultés et du coût que cela suppose, peu d’études ont cherchéà appréhender l’évolution temporelle de la cohésion (Carless, 2000).

En fin de compte, il nous semble que les recherches futures devrontdonc : (a) revenir sur le caractère multidimensionnel de la cohésion et dela performance ainsi que sur les outils associés à la mesure de ces con-cepts, (b) examiner la possibilité de relations dynamiques et complexesentre leurs différentes composantes, ce qui suppose d’adopter des pro-tocoles longitudinaux et enfin, (c) prendre en considération différentesvariables relevées par la littérature comme étant de possibles média-teurs de la relation cohésion-performance, dont la compréhension desrelations complexes, permettra aux praticiens d’envisager une interven-tion pratique plus efficace.

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(11) La bibliographie complète est disponible sur demande auprès du 2nd auteur de cet article.

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