La chute des cheveux

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fiche conseil en cosmétologie 51 Actualités pharmaceutiques n° 517 Juin 2012 La chute des cheveux Série conseil en cosmétologie Les cosmétiques adaptés au nourrisson La chute des cheveux Les compléments à visée esthétique Une chute de cheveux excessive est ressentie par un grand nombre d’individus comme une atteinte de l’apparence physique. Sa prise en charge au comptoir de l’officine doit amener à identifier l’origine de la chute et à disposer d’un produit ayant un effet bénéfique pour la freiner. Mais force est de constater que peu de produits cosmétiques ont prouvé cliniquement leur efficacité pour ralentir la chute de cheveux. Cependant, le pharmacien se doit d’accompagner son client en lui conseillant un rituel de soin cosmétique adapté à l’origine de sa chute afin de préserver son capital capillaire. Pour cela, de nombreux compléments alimentaires et produits cosmétiques en application locale s’offrent à lui. À la naissance, chaque individu possède un capital de follicules pileux déterminé généti- quement. Ce capital ne fait que décroître avec le temps. Cette baisse physiologique répond à deux facteurs principaux : l’âge et l’influence des saisons. En effet, la perte de cheveux saisonnière s’explique par l’influence des hormones sur le cycle du follicule pileux. Or, la production d’hormones est influencée par l’expo- sition de chaque individu au soleil, expliquant deux pics saisonniers de chute des cheveux : au printemps et en automne. Quant à la chute de cheveux liée à l’âge, elle est inéluctable, sur toutes les régions du scalp, avec une perte plus marquée sur les zones fronto-temporales. Il en résulte une baisse de la densité capillaire et une diminution du diamètre du follicule pileux. La chute de cheveux est donc un phénomène physiologique, mais elle peut être accélérée dans certaines situations inhabi- tuelles ou pathologiques. Les étiologies non physiologi- ques sont nombreuses : choc psychoaffectif, grossesse et post-partum, intervention chirurgicale, régime alimen- taire strict, dysthyroïdie, prise de médicaments, chimio- thérapie, radiothérapie, intoxication, certaines maladies (pelade, teigne, maladie systémique aiguë…), soins capillaires agressifs et, la plus fréquente, l’influence hormonale, responsable de l’alopécie androgénique. Les utilisateurs Face à un client se plaignant d’une chute de cheveux, le pharmacien doit entamer un dialogue, afin de déter- miner les circonstances de son apparition (récente ou chronique, suite à un événement particulier ou non) et d’appréhender l’origine de la chute. Le questionnement vise essentiellement à distinguer s’il s’agit d’une chute de cheveux progressive ou réactionnelle. La chute de cheveux réactionnelle (environ 10 % des cas) peut être évoquée face à une perte de cheveux ponctuelle et secondaire, c’est-à-dire mise en rela- tion avec un ou plusieurs facteurs environnementaux. En effet, la chute des cheveux ponctuelle peut être secondaire à un choc émotionnel, un accouchement, une prise de médicament, une intervention chirurgicale ou, entre autres exemples, une chimiothérapie. L’identi- fication d’une telle étiologie doit être corrélée au fait que la chute réactionnelle apparaît environ trois mois après le début du facteur déclenchant, en raison de la physiologie de la pousse des cheveux. La chute des cheveux © Fotolia/Alex Bramwell

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Actualités pharmaceutiques n° 517 Juin 2012

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Série conseil en cosmétologie

Les cosmétiques adaptés

au nourrisson

La chute des cheveux

Les compléments à visée esthétique

Une chute de cheveux excessive

est ressentie par un grand nombre

d’individus comme une atteinte

de l’apparence physique. Sa prise en

charge au comptoir de l’officine doit

amener à identifier l’origine de la chute

et à disposer d’un produit ayant un effet

bénéfique pour la freiner. Mais force

est de constater que peu de produits

cosmétiques ont prouvé cliniquement

leur efficacité pour ralentir la chute

de cheveux. Cependant, le pharmacien

se doit d’accompagner son client en lui

conseillant un rituel de soin cosmétique

adapté à l’origine de sa chute afin

de préserver son capital capillaire.

Pour cela, de nombreux compléments

alimentaires et produits cosmétiques

en application locale s’offrent à lui.

À la naissance, chaque individu possède un capital de follicules pileux déterminé généti-quement. Ce capital ne fait que décroître avec

le temps. Cette baisse physiologique répond à deux facteurs principaux : l’âge et l’influence des saisons. En effet, la perte de cheveux saisonnière s’explique par l’influence des hormones sur le cycle du follicule pileux. Or, la production d’hormones est influencée par l’expo-sition de chaque individu au soleil, expliquant deux pics saison niers de chute des cheveux : au printemps et en automne. Quant à la chute de cheveux liée à l’âge, elle est inéluctable, sur toutes les régions du scalp, avec une perte plus marquée sur les zones fronto-temporales. Il en résulte une baisse de la densité capillaire et une diminution du diamètre du follicule pileux. La chute de cheveux est donc un phénomène physiologique, mais elle peut être accélérée dans certaines situations inhabi-tuelles ou pathologiques. Les étiologies non physiologi-ques sont nombreuses : choc psychoaffectif, grossesse et post-partum, intervention chirurgicale, régime alimen-taire strict, dysthyroïdie, prise de médicaments, chimio-thérapie, radiothérapie, intoxication, certaines maladies (pelade, teigne, maladie systémique aiguë…), soins capillaires agressifs et, la plus fréquente, l’influence hormonale, responsable de l’alopécie androgénique.

Les utilisateursFace à un client se plaignant d’une chute de cheveux, le pharmacien doit entamer un dialogue, afin de déter-miner les circonstances de son apparition (récente ou chronique, suite à un événement particulier ou non) et d’appréhender l’origine de la chute. Le questionnement vise essentiellement à distinguer s’il s’agit d’une chute de cheveux progressive ou réactionnelle. La chute de cheveux réactionnelle (environ 10 %

des cas) peut être évoquée face à une perte de cheveux ponctuelle et secondaire, c’est-à-dire mise en rela-tion avec un ou plusieurs facteurs environnementaux. En effet, la chute des cheveux ponctuelle peut être secondaire à un choc émotionnel, un accouchement, une prise de médicament, une intervention chirurgicale ou, entre autres exemples, une chimiothérapie. L’identi-fication d’une telle étiologie doit être corrélée au fait que la chute réactionnelle apparaît environ trois mois après le début du facteur déclenchant, en raison de la physiologie de la pousse des cheveux.

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heveux La chute de cheveux progressive (environ 90 % des

cas) peut être évoquée face à une perte de cheveux très progressive, diffuse et persistante, avec, notam-ment, une perte de masse de la chevelure dans le temps. Elle touche plus précocement les hommes : environ 30 % à 30 ans, 40 % à 40 ans et 50 % à 50 ans. Quant aux femmes, environ 25 % d’entre elles sont concernées à 35-45 ans et environ 35 à 45 % le sont à plus de 50 ans. Environ 90 % des chutes de cheveux progressives sont d’origine androgénétique. Une fois le type de chute déterminé, l’équipe offici-

nale peut proposer un rituel de soin composé de produits adaptés à son origine.

Les actifsUne action peut être envisagée face à une chute de cheveux, que celle-ci soit réactionnelle ou chronique accélérée par l’influence hormonale. Bien entendu, aucune solution ne peut être apportée sur les zones alo-péciées où les follicules pileux sont arrivés en fin de vie.

Dans le cas d’une chute de cheveux chronique liée à l’influence négative des hormones, les soins cosmétiques doivent, idéalement, avoir pour but de limiter l’impact de ces dernières sur le follicule pileux. Dans le cas d’une chute réactionnelle, le traitement de la cause reste la solution la plus efficace. Mais à défaut de pouvoir agir sur l’origine, les soins cosmétiques proposés ont pour objectif d’améliorer la physiologie du follicule pileux.

Les compléments alimentairesDifférentes molécules sont traditionnellement utilisées pour agir sur la chute des cheveux :– plusieurs vitamines, telles le dexpanthénol (ou provi-tamine B5), la biotine (ou vitamine H/B8) ou encore la

vitamine B6, sont proposées sous la forme de complé-ments alimentaires et dans des soins en application locale. Ces vitamines interviennent dans les différentes voies métaboliques du follicule pileux et sont proposées pour en améliorer la physiologie ;– les acides aminés soufrés – cystine, cystéine ou méthionine – sont également disponibles sous la forme de compléments alimentaires. La kératine doit

ses propriétés d’élasticité et de cohé-sion à la présence de ponts disul-

fures en rapport avec la présence des molécules de cystine ;– le zinc est impliqué dans de nombreux processus de kératini-

sation, d’où son utilisation dans les compléments alimentaires à visée

antichute.

Le cycle du cheveu

Chaque follicule pileux dispose d’environ 25 cycles

de développement, chacun comportant trois phases :

– la phase anagène, période de croissance, dure de deux

à six ans ;

– la phase catagène, caractérisée par l’arrêt de croissance

du cheveu et le début de son involution, se prolonge environ

3 semaines ;

– la phase télogène, correspondant au stade d’involution

du cheveu, dure d’environ 2 à 4 mois, avant que le cheveu

ne tombe.

La durée totale de ce cycle diffère entre l’homme et la

femme du fait de la variabilité de la durée de la phase

anagène. En effet, celle-ci est plus longue chez la femme,

environ quatre à six ans, alors qu’elle n’est que de deux

à quatre ans chez l’homme. Ceci tend à expliquer que

l’alopécie physiologique soit plus fréquente chez l’homme.

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La prise en charge d’une personne souffrant d’une

chute de cheveux doit débuter par un questionnement

visant à distinguer s’il s’agit d’une chute progressive ou

d’une chute réactionnelle : ceci va déterminer le choix

des soins traitant personnalisés. Dans tous les cas, il

doit être conseillé d’appliquer le rituel de soin une à

deux fois par semaine sur une durée de 3 mois. Ce rituel

peut, par exemple, comporter cinq étapes.

Le brossage

Il est important de débuter par un brossage des cheveux :

cela permet d’éliminer les cheveux morts, particulièrement

lorsque la chevelure est longue.

Le soin préparateur du cuir chevelu

Il peut être conseillé d’appliquer, avant le lavage, un soin

préparateur du cuir chevelu, tel que le Complexe 5

René Furterer® des laboratoires Pierre Fabre. Ce soin

s’applique sur le cuir chevelu non-mouillé, raie par raie,

application suivie d’un massage, et est laissé posé 5 minutes.

Utilisé une fois par semaine, il permet de tonifier le cuir

chevelu et d’activer sa microcirculation.

Le lavage

La chevelure et le cuir chevelu doivent être lavés à l’aide

d’un shampooing adapté au type de cuir chevelu. En effet,

un shampooing traitant se choisit en fonction de l’état du

cuir chevelu et non du type de cheveux. Il s’utilise deux fois

par semaine. Une première application doit être réalisée,

puis rincée. Elle est suivie d’une seconde application,

pour laquelle il faut respecter un temps de pose de 2 à

5 minutes, et d’un ultime rinçage. Pour une meilleure

efficacité, le client peut procéder à un automassage du

cuir chevelu lors de l’application. Si d’autres lavages

doivent être réalisés durant la même semaine, il est

conseillé d’alterner avec un shampooing à usage fréquent

ou un shampooing fortifiant tel que Forticéa shampooing

stimulant®.

Les soins complémentaires

Il est possible d’inclure dans le rituel de soin un

masque visant à répondre à une problématique particulière

liée à l’état des cheveux : nutritif pour cheveux secs,

révélateur d’éclat pour cheveux colorés ou, entre autres

exemples, lissant pour cheveux indisciplinés.

Enfin, étape finale avant le soin antichute, un vinaigre

de brillance, tel que le vinaigre Fioravanti®, peut être

utilisé dans le but de resserrer les écailles de kératine,

d’estomper les effets du chlore présent dans l’eau et, ainsi,

d’optimiser la brillance de la chevelure.

Le soin cosmétique antichute

Le soin cosmétique traitant est le soin central pour lutter

contre la chute des cheveux. Il doit toujours être appliqué en

dernier.

Face à une chute progressive des cheveux, il est

nécessaire de conseiller un soin cosmétique stimulant la

microcirculation (indispensable à la bonne nutrition du

bulbe), régulant l’hyperséborrhée et favorisant l’ancrage du

bulbe pileux. La formulation du soin Triphasic René Furterer®

respecte ces différentes actions. Ce produit s’utilise en

application directe sur le cuir chevelu, raie par raie, suivie

d’un massage du cuir chevelu, et ne rince pas. Ce soin doit

être conseillé au rythme de deux applications par semaine

pendant deux mois, puis une application hebdomadaire

pendant un mois.

En revanche, face à une chute de cheveux réactionnelle,

il est recommandé d’appliquer un soin cosmétique

agissant sur la nutrition du bulbe, afin de favoriser sa

croissance. Ainsi, le soin RF 80 René Furterer® apporte

un concentré d’éléments nutritifs visant à favoriser la

croissance des cheveux. L’application s’effectue également

directement sur le cuir chevelu, raie par raie, et doit être

suivie d’un massage du cuir chevelu. Ce soin ne se rince

pas. Il doit être conseillé au rythme d’une ampoule par

semaine pendant trois mois.

Ce rituel de soin, basé sur l’application locale de produits

cosmétiques, est particulièrement intéressant pour limiter

la chute des cheveux. Le conseil officinal peut toutefois

être complété par la prise d’un complément alimentaire

spécifiquement formulé pour lutter contre la chute des

cheveux. Enfin, l’équipe officinale doit inviter le client

à revenir faire un diagnostic au bout de trois mois, afin

d’envisager l’arrêt, la prolongation ou une adaptation

du traitement. �

Un rituel de soin en cinq étapes

Catherine Chauvin, directrice de l’institut René Furterer, à Paris, nous donne des conseils sur la prise en charge

des sujets souffrant de chute des cheveux.

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heveux Des traitements combinés

La gamme Kératine forte® du laboratoire Biocyte propo se, dans ses soins, un élément constitutif des cheveux : la kératine. Cette protéine est disponible sous la forme de compléments alimentaires. Kératine Express® est une cure d’attaque de 10 jours, associant kératine et différen-tes vitamines (A, B1, B2, B3, B6, B8, B9, B12, C, D3, E). Kératine Forte®, qui constitue la cure d’entre tien de trois mois, est une association de kératine, vitamines (B3, B5, B6, B8) et oligo éléments (cuivre et zinc). Le laboratoire Biocyte propose également des soins cosmétiques en application locale contenant de la kératine : Kératine Forte shampooing® et Kératine Forte baume® (baume sans rin-çage associant kératine et céramides végétaux).La gamme Quinafort® des laboratoires Klorane illustre également l’action globale voulue par les laboratoires cosmétologiques : stimuler la physiologie du follicule pileux en associant des soins cosmétiques en applica-tion locale à un complément alimentaire. Cette gamme est formulée à base d’extrait d’écorce de quinquina (Cinchona pubescens). Cet extrait végétal contient de la quinine, dont l’action vise à fortifier le follicule pileux et à stimuler la microcirculation du cuir chevelu. Deux soins cosmétiques traitants sont proposés par les laboratoires Klorane. Le premier, Quinafort cure de force antichute®, est un produit destiné à la chute de cheveux réactionnelle. Il associe la quinine à de la caféine et de la vitamine B5, afin de potentialiser l’effet stimu-lant du quinquina pour lutter contre les effets délétères des facteurs environnementaux. Il s’utilise deux à trois fois par semaine pendant trois mois, en pulvérisation sur le cuir chevelu, après le lavage, et ne se rince pas. Le second soin, Quinafort chute de cheveux chronique®, est un soin dévolu à la chute de cheveux progressive. Il associe plusieurs produits à l’extrait de quinquina :– l’alpha-pinène vise à favoriser la croissance cellulaire localement ;– l’acide bêta-glycyrrhétinique module l’action des enzy-mes favorisant la chute des cheveux ;– l’extrait de romarin assainit le cuir chevelu ;– l’extrait de cléome, riche en acides aminés soufrés, améliore la résistance des cheveux ;– les vitamines B8 et PP stimulent le métabolisme du follicule pileux.

Quinafort chute de cheveux chronique® s’utilise après le shampooing, en massage du cuir chevelu, trois fois par semaine pendant trois mois, et il ne se rince pas.Cette gamme est complétée par deux soins cosmétiques à usage régulier : – le shampooing et le baume à la quinine et aux vitami-nes B Quinafort® ; – un complément alimentaire, Quinoral antichute capil-laire®, associant quinquina, quinoa et roquette (riches en acides aminés soufrés) et vitamines (A, B1, B2, B3, B6, B8, E). �

Gérald Beylot

Pharmacien, Paris (75)

[email protected]

Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Pour en savoir plus

Matard B, Reygagne P. Traitements antichutes. Encycl Méd Chir.

Cosmétologie et Dermatologie esthétique, 50-190-E-10, 2002, 7 p.

Traitement médicamenteux de l’alopécieDeux molécules possèdent une autorisation de mise sur

le marché (AMM) dans le traitement de l’alopécie androgénétique.

Le minoxidil est disponible en application locale et sans

ordonnance. Il peut être conseillé chez l’homme et la femme.

Il agit en augmentant la durée de la phase anagène et en

faisant croître le diamètre et la durée des duvets. Il possède

notamment un effet mitogène sur les kératinocytes.

Le finastéride par voie orale, à la dose de 1 mg par jour,

s’utilise uniquement chez l’homme et n’est disponible que sur

ordonnance médicale. Il agit en inhibant la 5-alpharéductase,

bloquant ainsi la transformation de la testostérone en

dihydrotestostérone, hormone incriminée dans l’alopécie

androgénétique.