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  • ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE,

    DE LURBANISME, DE LHABITAT ET DE LENVIRONNEMENT AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET URBANISME

    SECRETARIAT GENERAL DIRECTION DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    CHARTE NATIONALE DAMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET

    DU DEVELOPPEMENT DURABLE

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    SOMMAIRE PRESENTATION .................................................................................. 5 PREMIERE PARTIE: LE TERRITOIRE NATIONAL ET LES

    IMPERATIFS DE L'AMENAGEMENT................................................................. 8 I/ FORCES ET FAIBLESSES DU TERRITOIRE MAROCAIN........ 9

    I.1 Les lignes de force du territoire national.................................... 9 I.2 Les points de faiblesse dans lutilisation et lamnagement du

    territoire national ........................................................................................... 11 II/ LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT ET DE

    LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE .......................................................... 17 II.1 Le dfi du dveloppement rural ............................................... 18 II.2 Renverser les tendances ngatives du march de lemploi...... 19 II.3 La matrise de la croissance urbaine....................................... 19 II.4 La sauvegarde des ressources hydriques................................. 20 II.5 Les dfis cologiques : la lutte contre la dgradation desmilieux

    naturels ........................................................................................................... 21 II.6 Le dfi de louverture et de linsertion dans le processus de la

    mondialisation ................................................................................................ 23 DEUXIEME PARTIE : PRINCIPES DE BASE ET ORIENTATIONS DE

    L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ............................................................... 25 I. PRINCIPES DIRECTEURS DE LAMENAGEMENT DU

    TERRITOIRE..................................................................................................... 26 I.1 La consolidation de lunit nationale ....................................... 26 I.2 Un dveloppement centr sur lhomme..................................... 27 I.3 Efficience conomique et cohsion sociale ............................... 27 I.4 Lharmonie entre lhomme et son environnement .................... 28 I.5 La solidarit entre les composantes du territoire national....... 29 I.6 Dmocratie et participation ...................................................... 29

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    II. LES GRANDES ORIENTATIONS DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE..................................................................................................... 30

    II.1 Laccroissement de lefficience globale de lconomie nationale ......................................................................................................... 30

    II.2 Le dveloppement du monde rural........................................... 33 II.3 Gestion des ressources et conservation du patrimoine ........... 34 II.4 La politique urbaine ................................................................ 41 II.5 Rsoudre la problmatique du foncier..................................... 44 II.6 La qualification des ressources humaines ............................... 46

    III. LES ORIENTATIONS SPATIALES .......................................... 47

    III.1 Les provinces du Nord : la dimension euro-mditerranenne et la qualification des espaces frontaliers .......................................................... 48

    III.2 Les zones montagneuses : conservation des ressources et solidarit spatiale ........................................................................................... 50

    III.3 La mer et le Littoral : Ouverture et Gestion des Ressources . 52 III.4 Les rgions sahariennes et subsahariennes : Intgration

    rgionale et gestion des espaces fragiles ....................................................... 54 III.5 Les primtres irrigus : enjeux de la scurit alimentaire et

    dfis de louverture ......................................................................................... 56 III.6 Le dveloppement des zones bour : efficience conomique et

    quilibres spatiaux.......................................................................................... 58 III.7 Hirarchie urbaine et amnagement du territoire ................ 59

    TROISIEMME PARTIE : CADRE INSTITUTIONNEL-ORGANISATION

    DES ACTEURS ET DE LEURS ROLES ............................................................ 65 I. CADRE JURIDIQUE DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE ......................................................... 66 I.1 la charte nationale damnagement du territoire et du

    dveloppement durable................................................................................... 66 I.2 la loi sur lamnagement du territoire et le dveloppement

    durable............................................................................................................ 66 I.3 les lgislations sectorielles et les lgislations dimension

    spatiale............................................................................................................ 67

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    II. LES STRUCTURES DAMENAGEMENT DU TERRITOIRE .. 70 II.1 le Conseil Suprieur dAmnagement du Territoire et du

    Dveloppement Durable ................................................................................. 70 II.2 la Commission Nationale Permanente dAmnagement du

    Territoire et du Dveloppement Durable ....................................................... 70 II.3 la Commission Rgionale dAmnagement du Territoire et du

    Dveloppement Durable ................................................................................. 71 III. LES INSTRUMENTS DE LAMENAGEMENT DU

    TERRITOIRE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE ................................. 73 III.1 Les documents dorientation de lamnagement du territoire et

    du dveloppement durable.............................................................................. 73 III.2 Promotion de la recherche scientifique pour le

    dveloppement ................................................................................................ 76 IV. MODES DACTION ET OUTILS DE MISE EN UVRE...... 79

    IV.1 Les modes dintervention dans lapproche globale de lamnagement du territoire ........................................................................... 79

    IV.2 Rforme du systme de gestion publique et redfinition des rles des acteurs ............................................................................................. 82

    IV.3 Adaptation des moyens de financement aux exigences du dveloppement et de lamnagement du territoire ......................................... 89

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    PRESENTATION

    Le territoire national constitue lespace de vie de la nation marocaine, le support physique de son enracinement historique et le point dancrage de ses activits. Les citoyens y puisent les richesses naturelles quils mettent en valeur par leur savoir-faire et leur gnie, en vue de satisfaire leurs besoins et de garantir le bien-tre et la prosprit leur descendance.

    Lhistoire des civilisations montre, au Maroc comme ailleurs, que trs

    souvent le comportement spontan des populations porte prjudice aux ressources et hypothque au mme titre les intrts des gnrations actuelles et futures.

    Aussi, a -t- on trs tt pris conscience du caractre urgent que revt

    llaboration de politiques publiques pour encadrer la rpartition des activits et des hommes dans lespace, dans la perspective de raliser les conditions dun dveloppement durable, respectueux des quilibres de lenvironnement et de la cohsion sociale.

    Dans le contexte international actuel, marqu par la cration de groupes

    conomiques rgionaux, la libralisation largie des changes, lexacerbation de la concurrence internationale, la rapidit de linnovation technologique et la rvolution soutenue de la communication, lamnagement des territoires lchelle locale, rgionale, nationale et des unions conomiques se rvle le support de toutes les rponses possibles aux dfis de la mondialisation.

    Aussi, chaque collectivit territoriale est dsormais appele sorganiser

    et inventer ses propres solutions pour faire face aux changements, et agir aide par lEtat- en vue daccrotre la comptitivit de son territoire et de produire les conditions de son dveloppement durable. Une telle orientation implique, non seulement la mise contribution de lensemble du potentiel de dveloppement de chaque collectivit, mais aussi lintgration des opportunits quoffre la mobilit des produits, des hommes, des capitaux et des savoirs inhrente la mondialisation.

    Cependant, le renforcement de la comptitivit de chaque espace et

    lefficience des actions de dveloppement devraient aller de paire avec lobjectif du dveloppement quitable. Celui-ci requiert la dynamisation des diffrentes formes de solidarits entre les territoires et lintrieur de ceux-ci, et la

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    coordination des efforts dploys cet effet dans une vision aussi globale et prospective que rpondant aux finalits de dveloppement conomique et humain durable. Et dans la mesure o lamnagement du territoire sinscrit dans la continuit historique de laction humaine et de ses effets multiples sur les territoires, les choix le sous-tendant devraient dcouler dune large concertation mme de reflter la volont de matrise collective de lavenir et de runir les conditions de mobilisation que requiert leur mise en uvre.

    Par ailleurs, en faisant le choix de souvrir sur lconomie mondiale, le

    Maroc se doit de se prparer pour faire face la concurrence internationale, travers laccroissement de lefficience du tissu conomique du pays et du savoir-faire de ses ressources humaines, la mise niveau de lappareil administratif et lamlioration du niveau des quipements et infrastructures de base, ainsi que de la qualit du cadre urbain.

    Il sagit l de dfis dterminant pour lavenir, et quil ne sera possible de

    relever que par lobservance du maximum de rationalit, de rigueur et desprit danticipation dans la gestion de lespace national. Si ces dfis interpellent lensemble des composantes de la nation, cest lEtat quincombe la responsabilit de dfinir sa politique dans le domaine de lamnagement du territoire, pourvu que les orientations et choix adopts en la matire dcoulent d'une large concertation et dun dbat franc et constructif entre tous les acteurs, autour des voies et moyens suivre pour une gestion solidaire des dfis de lavenir. De l, dcoule le besoin pour notre pays dune charte nationale de lamnagement du territoire et du dveloppement durable.

    Le propre de cette charte est dtre le fruit dun dbat national transparent,

    engag depuis le 26 Janvier 2001 avec la haute bndiction de Sa Majest Le Roi, et auquel ont contribu, outre les diffrents ministres et services de lEtat, les partis politiques, les centrales syndicales, les lus des deux chambres du parlement, les autorits territoriales, les Rgions, les collectivits locales, les organisations de la socit civile et une large sphre de chercheurs et duniversitaires.

    La base de conduite tait que son contenu reflte les attentes, les visions

    et les propositions exprimes lors des diffrentes tapes du dbat et autour desquelles a pu se raliser un consensus, et quil prenne en considration les stratgies sectorielles ayant trait aux grandes questions damnagement du territoire dans notre pays.

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    Dans la mesure o lamnagement du territoire traverse les diffrentes

    politiques sectorielles, la charte qui le fonde ne peut constituer un programme daction. De mme, ladministration en charge de ce projet nentend pas se substituer aux autres dpartements ministriels et organismes publics dans la dfinition des choix sectoriels les concernant. Par contre, la charte nationale de lamnagement du territoire et du dveloppement durable constitue un cadre de rfrence permettant la mise en cohrence des diffrentes politiques sectorielles et laccroissement de leurs synergies.

    En revanche, la dmarche qui a prsid son laboration, fonde sur la

    concertation, confre ce document la force dun contrat collectif qui engage lensemble des composantes nationales agir dans le cadre des principes, objectifs et orientations gnrales qui constituent les fondements de cette charte. Cest ainsi seulement que notre pays sera en mesure de relever les dfis actuels et venir de la mondialisation et de gagner le pari du dveloppement territorial.

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    PREMIERE PARTIE

    LE TERRITOIRE NATIONAL

    ET LES IMPERATIFS DE LAMENAGEMENT

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    I/ FORCES ET FAIBLESSES DU TERRITOIRE MAROCAIN

    Le Maroc est un grand pays, non seulement par ltendue de son territoire et leffectif de sa population, mais aussi et surtout du fait de la dimension de sa prsence dans lhistoire du Maghreb, de lAndalousie et de lAfrique de lOuest. Il fait partie du groupe restreint des pays qui ont connu une continuit de lEtat organis sur un territoire stable depuis plus de dix sicles. De cette histoire millnaire, notre pays a hrit dun patrimoine architectural et urbanistique aussi riche que vari, de traditions agricoles, pastorales et dans le domaine de la gestion des eaux refltant le gnie des communauts qui les ont labores, ainsi que dun patrimoine culturel traduisant la diversit des milieux gographiques au sein desquels il sest constitu.

    Si cet hritage constitue une ligne de force pouvant servir de rfrant

    toute politique de dveloppement et damnagement du territoire, les mutations que le Maroc a connues depuis le dbut du XXme sicle laissent trahir des faiblesses, dont le traitement devrait constituer lobjectif des actions publiques.

    I.1 Les lignes de force du territoire national

    La force de la structuration du territoire national tient aux avantages inhrents la localisation gographique de notre pays, la diversit des vocations de ses milieux naturels et la spcificit de lHistoire dont il a t le thtre :

    Le Maroc se situe au croisement de deux grands axes particulirement

    importants au plan des relations internationales : laxe Europe-Afrique, dans le sens Nord-Sud, et laxe Sud mditerranen qui, de lOuest lEst, relie les pays du Maghreb ceux du Machrek arabe.

    Il se distingue aussi par sa double ouverture maritime, sur la Mditerrane

    et lOcan Atlantique, qui constituent deux dimensions dont la valorisation serait mme de soutenir le dveloppement dans le cadre de louverture pour laquelle notre pays a opt.

    En outre, la diversit des milieux gographiques, en contribuant la

    diversification des ressources, des genres de vie et des patrimoines locaux, constitue une richesse de grande importance, quil conviendrait de valoriser, non seulement travers la dynamisation des mcanismes de complmentarit et de solidarit entre les espaces, mais galement en

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    prenant appui sur cette diversit pour accrotre lattractivit de notre territoire national vis vis des investisseurs et des touristes.

    Par ailleurs, le Maroc a connu une croissance urbaine exceptionnelle qui

    continue de marquer avec force lorganisation de lespace national. Si cette urbanisation a souvent t approche la lumire des problmes quelle pose au niveau de la planification et de la gestion des villes, il nen demeure pas moins que le Maroc est lun des rares pays du Sud disposer dun rseau urbain relativement quilibr, et dont les units, bien rparties dans lespace, peuvent servir de point dancrage la diffusion spatiale du dveloppement et linstauration de lquilibre entre les diffrentes rgions.

    Le Maroc est aussi riche par limportance et la diversit de son patrimoine.

    Quil sagisse des villes traditionnelles, et tout ce quelles reclent comme monuments, savoir-faire, traditions artisanales et patrimoine culturel, social et artistique, ou que lon considre le patrimoine berbre et rural en gnral, aux riches traditions sociales, culturelles, artistiques et celles ayant trait aux genres de vie et aux techniques de production, tout cela fonde la force du territoire national dans la nouvelle conception damnagement du territoire. Il sagit, toutefois, moins de conserver ce patrimoine des fins musographiques et des usages touristiques, que de le mettre contribution en tant que facteur de dveloppement et composante vivante de la prennit de lidentit nationale dans un monde qui volue vers lunification des modles et le nivellement des spcificits culturelles.

    Cependant, dans un monde o les particularits sont devenues une

    source dinstabilit et un blocage au dveloppement, le plus important des avantages dont jouit notre pays rside dans lunit de la confession et de la symbolique religieuse. Ainsi au Maroc, lIslam de rite malkite est la religion de lEtat qui garantit, tous, le libre exercice des cultes. La monarchie constitutionnelle dmocratique et sociale constitue le rgime politique du pays, et Sa Majest Le Roi, en sa qualit de commandeur des croyants, symbolise la lgitimit religieuse et lunit nationale. Grce ce systme, notre pays se distingue par : la capacit de valoriser les particularits, la souplesse requise pour oprer les rformes quimposent les mutations de lenvironnement, et la stabilit sans laquelle il ne pourrait y avoir une politique quelconque damnagement du territoire et de possibilits de sa concrtisation.

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    I.2 Les points de faiblesse dans lutilisation et lamnagement du territoire national

    La valorisation des forces du territoire national est tributaire de la rsorption des dsquilibres existant et de la leve des diffrents facteurs qui, dans notre pays, freinent la dynamique de dveloppement. Dans cette perspective, la politique damnagement du territoire vise relever un ensemble de dfis, dont les plus importants rsident dans : la faiblesse du rythme de la croissance conomique, laccumulation des retards de dveloppement dans le monde rural, la crise des milieux urbains, laccentuation de la pression sur les ressources naturelles, et les faibles performances de la gestion publique.

    a) La faiblesse du rythme de la croissance conomique

    Les tendances globales de lconomie marocaine, apprhendes travers lvolution du Produit Intrieur Brut, rvlent un ralentissement de la croissance depuis que notre pays a commenc mettre en uvre le Programme dAjustement Structurel. Ce programme, ayant impos une forte rduction des ressources publiques affectes linvestissement, devait stabiliser la moyenne annuel de la croissance en de de 4% au cours de la dcennie 80. Cette tendance sest aggrave tout au long des annes 90 sous le poids des effets handicapants lis la rcurrence de la scheresse et linstabilit de lconomie internationale. De ce fait, le taux de croissance conomique a baiss pour se situer en de de 3% par an.

    A la lenteur de la croissance conomique, sajoute son ingale diffusion

    dans lespace et parmi les diffrentes catgories sociales. Cest ainsi que du fait de la focalisation des efforts de lEtat -et dans son sillage le secteur priv- sur les zones runissant les conditions propices linvestissement lucratif (Axe atlantique entre Knitra et Jorf Lasfar, primtres dirrigation moderne et certains lots le long des zones littorales), lessentiel du territoire national est rest -quoi qu des degrs ingaux- lcart de cette dynamique.

    Paralllement, se sont rompus les quilibres du march de lemploi,

    entranant une aggravation du chmage qui, dsormais, affecte de plus en plus les femmes et les jeunes diplms, ainsi que laccentuation du sous-emploi et le gonflement des activits relevant du secteur informel. Dans le sillage de ces volutions, on assista llargissement de la sphre des catgories sociales

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    affectes par la pauvret dans les villes comme en milieu rural et lapprofondissement des ingalits entre les diffrentes catgories sociales et dont limpact sur le vcu des catgories sociales vulnrable est dautant plus dur que les normes daccessibilit ne sont pas prises en compte. Tous ces facteurs ont acclr fortement les processus dexclusion et de distanciation socio-spatiale dans les villes et les flux dexode des campagnes vers les villes.

    b) Laccumulation des retards dans le monde rural

    Le monde rural se situe au cur des grandes questions que soulve lamnagement du territoire dans notre pays. De fait, leffectif de la population rurale est actuellement le double de ce quil tait au dbut du XXme sicle, et il est appel crotre au cours des prochaines dcennies. Dans ces conditions, lagriculture ne pourra pas, elle seule, procurer lemploi et les ressources de vie pour lensemble des ruraux, et ce, quel que soit lvolution quelle pourrait subir. Aussi, lavenir de nos campagnes restera tributaire de lamlioration des conditions de vie de la population et de la ralisation de lenvironnement propice limpulsion de linvestissement, que ce soit dans lagriculture ou dans les diffrentes activits non-agricoles.

    Dans cette perspective, il conviendrait dorienter les efforts vers le

    rattrapage des retards accumuls dans cinq domaines dcisifs :

    La grande extension de lanalphabtisme, qui affecte en moyenne 75% des personnes ges de 10 annes et plus, et atteint 90% dans la fraction fminine, essentiellement du fait du faible niveau de scolarisation des filles en milieu rural ;

    Le faible niveau de couverture mdicale (1 mdecin pour 26.749 habitant), lingale rpartition des quipements dans le territoire et les problmes daccessibilit poss aux usagers ;

    Les mauvaises conditions de logement dont ptit la grande majorit des mnages, quil sagisse de la prcarit du logement, des problmes dapprovisionnement en eau potable, ou du non raccordement aux rseaux dclairage et dassainissement ;

    Le problme de lenclavement dont souffre environ 60% des collectivits rurales ;

    La faible rentabilit de lactivit conomique et la dgradation du niveau de vie des travailleurs ruraux.

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    c) La crise urbaine

    Le mouvement durbanisation que le Maroc a connu depuis le dbut du XXme sicle na pas t le produit dune volution technique, conomique, sociale et culturelle, similaire ce qui sest pass dans les pays dvelopps, mais il a dcoul des dsquilibres induits par la colonisation et louverture force du pays au capitalisme international. De ce fait, il a revtu laspect dune crise aux manifestations et dimensions multiples :

    Une crise de lemploi, lie au fait que la croissance urbaine ne sest

    pas accompagne dun dveloppement des bases conomiques des villes. La consquence en tait, lmergence de dsquilibres au niveau du march de lemploi qui ont contribu laggravation du chmage et du sous-emploi, lexpansion de lconomie informelle et lextension de la sphre de la pauvret en milieu urbain ;

    La perte par les pouvoirs publics du contrle sur la croissance spatiale des villes du fait, dune part, de linadquation des outils durbanisme au rythme de la croissance urbaine et au contexte social et, dautre part, cause de lincapacit du mode de gestion urbaine en vigueur rpondre la demande croissante en matire de logements, dquipements usage collectif et de terrains quips. Do lexacerbation de la spculation qui alimente les mcanismes de dveloppement de lhabitat non rglementaire ;

    Lincapacit trouver des solutions efficaces pour des problmes touchant au vcu quotidien des citadins, tels que le transport, leau potable, et la collecte et le traitement des dchets solides et liquides ;

    Lclatement de lunit urbaine, suite laggravation des phnomnes dexclusion sociale et de distanciation socio-spatiale, et de la parcellisation de lespace urbain sous leffet du dcoupage administratif.

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    d) Croissance dmographique et accentuation de la pression sur les ressources naturelles

    Au dbut du XXme sicle, la population marocaine ne dpassait gure 5 millions dhabitants. En un sicle, cet effectif a quintupl atteignant 29 millions (2000), dont plus de la moiti vivent dans les villes. Cette dynamique dmographique devait saccompagner dune forte pression sur les ressources et les milieux naturels, dont lacuit ira srement en grandissant au cours des deux prochaines dcennies, sachant bien que leffectif projet de la population marocaine est de 33,5 millions dhabitants, pour 2010, et de 40 millions dhabitants, pour 2020.

    Ces perspectives, autant elles constituent une source dinquitude pour la

    qualit de la vie et la durabilit du dveloppement dans notre pays, autant elles appellent agir au plus vite pour arrter les processus de dilapidation des ressources hydriques, de destruction du patrimoine forestier et de dgradation des littoraux et des milieux naturels quilibre fragile.

    De fait, le Maroc, en raison de sa localisation au voisinage des climats

    dsertiques, est rgulirement expos linstabilit du climat et la rcurrence de la scheresse, et est en mme temps appel faire face laccroissement de la demande en eau induite par la croissance dmographique et les besoins de lconomie.

    Il va sans dire que la rationalisation de la gestion des ressources en eau

    passe, entre autres, par la protection du patrimoine forestier. Ne couvrant que 8% du territoire national, la protection et le dveloppement de la fort deviennent des actions vitales. En effet, dune part, la fort prserve la bio-diversit, rgule lcoulement des eaux et protge les sols contre les risques drosion, de ravinement, de dgradation et de dsertification et, dautre part, procure le pturage, le bois de chauffage et le bois duvre, ainsi que le travail et les sources de revenu pour un grand nombre de ruraux vivant lintrieur de la fort ou sa proximit.

    Mais en dpit de tout cela, la fort ne bnficie pas dans notre pays dune

    protection la mesure de ses fonctions cologiques, conomiques et sociales. En effet, le couvert forestier continue de reculer sous leffet du dboisement, des incendies et des surpturages, de plus de 31.000 hectares par an. Ce recul est responsable de lexacerbation de lrosion et de lenvasement des retenues de

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    barrages, entranant la diminution de leur potentiel dirrigation de plus de 5000 hectares par an.

    En outre, la dynamique de lespace marocain depuis le dbut du XXme

    sicle est domine par une forte concentration de la population et des activits conomiques dans les zones littorales. Cette volution a fini par donner ces espaces, ainsi que les eaux territoriales correspondant une importance ingale au niveau du dveloppement et de lamnagement du territoire.

    Notre pays dispose de 3500 km de ctes qui nous ont permis, depuis

    lextension des eaux territoriales 200 miles en 1981, dintgrer la souverainet nationale plus de 1 million de km2 dtendues maritimes, riches en poissons et en potentiel minier et nergtique.

    En lui mme, le cordon littoral revt une importance particulire, en abritant

    61% de la population des grandes villes, 80% des salaris de lindustrie et 53% des capacits dhbergement du secteur touristique.

    De mme, malgr la richesse de sa faune et de sa flore, et bien que

    disposant de sites naturels de grande valeur, ce cordon ne suscite toujours pas lattention quil mrite aux plans de lamnagement et de la protection.

    Cest ainsi que larsenal juridique marocain demeure aussi incomplet

    quinadapt aux nouvelles exigences damnagement et de valorisation des eaux territoriales et des zones littorales, et de leur protection contre la pollution et les diffrentes formes de dgradation et de surexploitation.

    Par ailleurs, le Maroc na pas ratifi certaines conventions internationales

    ayant trait la question de la mer, et les pouvoirs publics tardent promulguer des textes nationaux pour mettre en application les dispositions de celles dont notre pays est partie prenante.

    Ainsi, en labsence dun cadre rglementaire mme de leur garantir une

    protection efficace, et dune stratgie globale pour en optimiser la valorisation des ressources, les zones littorales ont t livres aux diffrentes formes dagression et de dgradation qui risquent dempirer et de crer des situations irrparables, du fait de la poursuite de la littoralisation dmographique et des activits conomiques qui marque actuellement lorganisation de lespace marocain.

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    e) Les insuffisances de la gestion publique

    Les problmes de dveloppement quaffronte notre pays lpoque actuelle, ainsi que les diffrents dsquilibres qui caractrisent lespace national, sont en partie dus aux insuffisances de la gestion publique, quil sagisse des options de dveloppement retenues, des structures dintervention ou des mthodes de travail.

    Ainsi, les choix en vigueur tout au long des quatre dernires dcennies ont

    t largement dtermins par lapproche sectorielle et la logique de la rentabilit conomique, entranant lancrage des tendances spontanes de structuration de lespace national, dont particulirement : le renforcement de la centralit de laxe atlantique moyen et la polarisation de la dynamique de dveloppement lextrieur de cet axe sur les primtres irrigus, les grandes villes et les centres destivage littoraux. De mme, les secteurs sociaux et culturels ont accus beaucoup de retard, et de grands prjudices ont t ports aux ressources naturelles et aux quilibres de lenvironnement.

    Par ailleurs, la gestion centralise du dveloppement et labsence de

    coordination des interventions des diffrents secteurs devaient entraner un gaspillage excessif des ressources publiques affectes linvestissement, et une rduction de la rentabilit conomique et sociale des programmes raliss.

    Cest ce constat qui, depuis le dbut des annes soixante dix, amena les

    pouvoirs publics sorienter vers une approche plaant la question du dveloppement dans le cadre global de lamnagement du territoire, et adopter la rgionalisation en tant que mthode de mise en uvre des choix de dveloppement.

    Cependant, cette premire exprience de rgionalisation na pas t

    probante, et ce, essentiellement pour les raisons suivantes :

    La rduction de la rgionalisation la rpartition entre les rgions conomiques des programmes prvus dans le cadre des plans de dveloppement et leur gestion de faon centralise ;

    Lincapacit des Assembles Rgionales dassurer le rle de structure danimation du dveloppement sur leur territoire, du fait de leur caractre consultatif et parce quelles manquaient de ressources financires et de cadres et structures stables ;

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    La fragilit de linstitution de lamnagement du territoire, induite par lhsitation qui, tout au long de trois dcennies, marqua la politique publique dans ce domaine et du coup gnr linstabilit du statut juridique de ladministration en charge du secteur ;

    Actuellement, si lamnagement du territoire constitue un dpartement

    ministriel, il naura deffet sur la ralit que si des mesures sont prises pour lever les blocages qui freinent laction du ministre principalement deux niveaux :

    linsuffisance des ressources financires et humaines, dont dpend la

    reprsentation du ministre au niveau rgional et sa capacit prendre en charge efficacement les questions de lamnagement du territoire ;

    labsence de mcanismes institutionnels et rglementaires mme dassurer la coordination entre les diffrents intervenants et de donner laction du ministre lefficacit requise par le dveloppement, dans le contexte actuel, aux niveaux interne et externe.

    Aujourdhui, le Maroc inscrit de nouveau sa politique de dveloppement dans

    le cadre global de lamnagement du territoire, dans un contexte marqu au niveau national, particulirement, par llargissement de lespace dexercice des liberts dmocratiques, laccomplissement de ldification des institutions constitutionnelles, la promotion de la rgion au rang de collectivit locale dcentralise, la ralisation de lalternance politique et lorientation vers linstauration de la dconcentration de ladministration. Notre pays est engag avec dtermination dans cette voie, seule mme de nous permettre de faire face aux contraintes de la mondialisation et de relever les dfis du dveloppement et de lamnagement du territoire.

    II/ LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT ET DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    La phase historique que nous vivons aujourdhui ne permet quune faible marge pour relever les diffrents dfis poss par lamnagement de notre territoire national. Cest ainsi que nous navons pas plus de 10 ans pour effectuer la mise niveau de notre tissu conomique et inverser les tendances ngatives du march de lemploi. Nous sommes, de mme, appels agir pour matriser la croissance spatiale de nos villes, rationaliser lexploitation de nos ressources naturelles et trouver une solution efficiente la rupture des quilibres dans nos campagnes entre les populations et les ressources.

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    II.1 Le dfi du dveloppement rural

    Le dveloppement rural, avec tout ce quil implique comme rattrapage des retards accumuls dans les domaines des infrastructures de base, sociales et sanitaires et des conditions de vie, comme dveloppement des comptences des ressources humaines, amlioration des performances du secteur agricole et diversification des bases de lconomie rurale et protection des ressources et de lquilibre des milieux naturels, constitue une priorit du dveloppement national, et ce, pour les raisons suivantes :

    Malgr la poursuite prvisible des flux de migration des populations des

    campagnes vers les villes au cours des prochaines dcennies et la diminution du poids de la population rurale par rapport la population totale du pays, leffectif absolu des ruraux en 2020 atteindra ou mme dpassera son niveau actuel. En consquence, le dveloppement national ne pourra nullement se raliser si un tel effectif de concitoyens demeurerait exclu du bnfice du processus daccumulation et de participation la croissance du march intrieur ;

    Faute dun dveloppement du secteur agricole, en particulier, et de lconomie rurale, en gnrale, lconomie nationale serait prive de lun de ses piliers majeurs, lexode rural sacclrerait et viendrait accentuer les dsquilibres urbains ;

    De mme, le risque est grand dassister par le maintien de ce retard du monde rural lacclration des processus de dgradation des ressources naturelles, ce qui hypothquerait le dveloppement national dans sa globalit.

    De l, Lampleur des dfis poss par le dveloppement du monde rural, et

    qui rsident essentiellement dans :

    La mise en place de mcanismes de financement des dficits dont ptit la majorit des zones rurales dans les domaines des infrastructures de base et des quipements sociaux et culturels, sachant bien quun tel projet ncessite lurgence dans laction et lengagement de beaucoup de crdits, dans un contexte marqu par la rarfaction des ressources publiques et laccentuation de la concurrence pour son partage entre des espaces et des secteurs ayant objectivement le mme degr de priorit ;

    La rupture de la situation dinertie dont ptit le monde rural, et qui ne peut tre atteinte sans la modernisation des statuts fonciers et la prise de mesures spcifiques pour viter le morcellement des exploitations ;

    La conciliation entre les exigences du dveloppement et les intrts de la population, dune part, et les contraintes inhrentes la ncessit de

  • 19

    sauvegarder les ressources naturelles, qui deviennent dautant plus aigus quand il est question de leau et des milieux cologiques fragiles, dautre part.

    II.2 Renverser les tendances ngatives du march de lemploi

    Le dfi que notre pays est appel relever au cours des deux dcennies

    venir dans le domaine de lemploi, est tributaire de la capacit de la socit marocaine faire face larrive massive des jeunes sur le march de lemploi.

    Si le mouvement de recentrage des fonctions de lEtat, la amen se

    dessaisir de son rle de pourvoyeur principal en emplois, la rsolution de cette contrainte nest envisageable quau moyen dune relance de lconomie nationale, et par lincitation du secteur priv assumer pleinement ses responsabilits dans ce domaine. Il sagit prcisment de promouvoir la culture dentreprise et lesprit dinnovation, de crativit et dinitiative.

    La ralisation de rsultats rapides dans le domaine de lemploi requiert une

    action trois niveaux :

    la valorisation de notre hritage culturel, en gnral, et de lartisanat plus particulirement. En effet, nos villes et nos campagnes sont riches en mtiers et savoir-faire traditionnels qui, outre quils procurent notre conomie des avantages comparatifs sur les marchs internationaux, constituent un vritable rservoir dopportunits demploi mobilisable aux moindres cots ;

    le dveloppement dactivits de proximit au service des mnages et des

    activits conomiques, en milieux urbain et rural ;

    lintgration des activits du secteur informel dans la stratgie de dveloppement conomique, et en faire bnficier les segments conomiquement viables de lappui et de lencadrement ncessaires pour assurer leur transition au niveau de petites et moyennes entreprises.

    II.3 La matrise de la croissance urbaine

    La population urbaine marocaine saccrot au rythme de 3,6%, ce qui

    reprsente un apport dmographique additionnel de 450.000 personnes par an. Cette croissance gnre des besoins considrables en matire demploi, de logement et dquipements et de services usage collectif.

  • 20

    Dans la mesure o le processus durbanisation est appel se poursuivre

    au cours des prochaines dcennies, dans un contexte peu favorable la matrise de ses effets (dsengagement de lEtat de ses rles traditionnels, rarfaction des ressources publiques et concurrence autour delles entre les diffrentes formes dutilisation), la politique damnagement du territoire et de dveloppement durable est tributaire de la capacit du pays relever les dfis poss par la question urbaine, et dont les plus urgents :

    la rsorption du dficit existant et la couverture des besoins induits par la

    croissance urbaine aux plans de lemploi, du logement et des services fonction conomique et usage collectif ;

    llaboration de solutions techniquement viables, conomiquement rentables et moindre cot socialement pour des problmes pineux, tels que le transport, ladduction deau potable et la collecte et le traitement des dchets solides et liquides ;

    concevoir une planification urbaine permettant le meilleur arbitrage possible entre les besoins induits par la croissance urbaine en terrains constructibles et ressources en eau mettre la disposition des mnages et des activits conomiques, sans que cela ne se fasse au dtriment du secteur agricole et du monde rural ;

    rflchir sur un nouveau projet de ville pour le Maroc du XXIme sicle mme de rpondre aux ambitions et aux conditions conomiques de lensemble des composantes de la socit.

    II.4 La sauvegarde des ressources hydriques

    Le monde entier est dsormais bien conscient du caractre vital des ressources en eau et du fait que le dveloppement sera dans les dcennies venir tributaire du degr de leur disponibilit et des modes de leur gestion. Et dans un pays comme le Maroc, dont une partie du territoire est dsertique et lautre situe au voisinage de climats secs, et qui est rgulirement expos linstabilit des conditions climatiques, la question de leau est place au centre de la politique conomique et influence le vcu quotidien de la population.

    Dans les rgions du pays o le problme de leau sest pos depuis

    longtemps, les communauts traditionnelles sont parvenues sy adapter, en mettant au point des techniques de mobilisation et des modes de gestion fonds sur la rigueur de lutilisation et lquit de la rpartition. Cependant, lessentiel de ce savoir-faire sest perdu dans le sillage des mutations qua connu notre pays. Actuellement, lenjeu attach cette question rside dans la reconstruction dune culture de leau intgrant les donnes du contexte contemporain. Cela est

  • 21

    possible, car tous les acteurs sont conscients des dfis lis la question de leau.

    Mais si la question de leau interpelle toutes les composantes de la

    collectivit nationale, il appartient lEtat, en premier, de dfinir sa politique dans ce domaine et de la mettre en uvre sans retard et avec dtermination.

    Parmi les questions sur lesquelles les pouvoirs publics devraient se

    prononcer dans le cadre de cette politique :

    larbitrage entre les diffrents usages de leau, par linstauration dune hirarchie des priorits mme de garantir la rationalisation de lutilisation des ressources disponibles, superficielles ou souterraines soient-elles. Il sagit prcisment de dterminer la part de lagriculture dans les eaux mobilises, de juger de lopportunit de poursuivre la pratique des cultures forte consommation deau et, enfin, de fixer les conditions devant rgir lexploitation des eaux souterraines ;

    la stratgie nationale dconomie de leau, dont llaboration soulve la problmatique de la tarification de cette denre, des techniques en vigueur dans le domaine de lirrigation et de la gestion des rseaux, ainsi que la question des ressources alternatives ;

    les mesures institutionnelles, rglementaires et financires que requirent : la gestion intgre de leau dans le cadre des bassins hydrographiques ; la garantie de lgalit en matire daccs leau mobilise entre les villes et les campagnes et les diffrentes rgions du pays ;

    la stratgie promouvoir dans le domaine de la lutte contre la pollution des eaux superficielles et souterraines, et son articulation, dune part, la planification urbaine et la gestion de lirrigation en zones rurales et, dautre part, aux mesures de sauvegarde des quilibres des milieux naturels.

    II.5 Les dfis cologiques : la lutte contre la dgradation des milieux

    naturels

    Du fait de la croissance dmographique, de lurbanisation et des pratiques qui prsident lexploitation des ressources, les milieux naturels sont soumis dans notre pays une forte pression, qui alimente les processus de dgradation de ces milieux dont la fragilit a t accentue par linstabilit des conditions climatiques.

  • 22

    En effet, notre patrimoine pdologique est pour lessentiel constitu de formations fossiles, non renouvelables et exposes lrosion et la disparition, et particulirement celles couvrant les versants en pente forte ;

    De mme, le couvert vgtal -forestier et steppique- recule sous leffet de

    lexploitation anarchique et du surpturage. La poursuite de ces processus comporte le risque de porter un grand prjudice au rle de chteaux deau quassurent les massifs montagneux dans notre pays ;

    Par ailleurs, lespace maritime et les zones littorales sont confronts

    diverses formes dagression et de dgradation : surexploitation des richesses halieutiques ; pollution des eaux marines par les rejets urbains et industriels et ceux provenant de la navigation internationale ; rosion des dunes littorales ; extension des aires dhabitat non rglementaire Il est certain que la tendance la littoralisation dmo-conomique contribuera acclrer les processus de dgradation en cours dans ces milieux ;

    Enfin, le Maroc dispose de bon nombre de milieux naturels de grande

    valeur cologique. En principe, si certains de ces milieux, tels que les rserves naturelles et les parcs nationaux, bnficient dune protection lgale, nombreux sont ceux qui en demeurent privs. Mais dans les deux cas, les milieux naturels sont soumis, des degrs ingaux, des processus de dgradation lis la pression de lactivit humaine, et pourraient mme disparatre dfinitivement si lon nentreprend pas, au plus vite, une action didentification et de classement, en vue de les faire bnficier de la protection lgale ncessaire.

    De l, lurgence de laction contre la dgradation des milieux naturels, que

    dicte le besoin vital de prserver la diversit biologique, les sols, les ressources et lquilibre des milieux naturels, en vue dassurer les conditions dun dveloppement durable. Dans cette perspective, il est ncessaire de faire face trois dfis majeurs :

    Un dfi juridique, dcoulant de lmiettement du dispositif lgal en vigueur

    et de son incapacit assurer la protection requise du patrimoine naturel.

    Un dfi conomique se rapportant la ncessit dexploiter les milieux naturels des finalits de dveloppement sans les exposer la dgradation. Pour ce faire, il conviendrait den assurer une connaissance aussi prcise que possible, en vue didentifier les potentialits quils

  • 23

    reclent et de les valoriser dans le cadre dun plan de dveloppement cologique;

    Un dfi social, inhrent aux contradictions que soulvent les objectifs de

    sauvegarde des milieux naturels des fins de dveloppement durable et les intrts des collectivits humaines qui exploitent ces milieux. Lenjeu rside ici dans la capacit laborer des stratgies permettant la conciliation entre les objectifs de la politique publique et les intrts des populations, en vue dassurer ladhsion de ces dernires et leur mobilisation pour la mise en uvre de cette politique ;

    Un dfi pdagogique, qui consiste laborer une stratgie dducation

    visant mobiliser lcole marocaine pour lutter contre toutes les formes de pollution, et amener les lves et leurs enseignants simprgner des principes de lducation cologique, dont les finalits sont : la prservation des ressources naturelles, lamlioration des conditions matrielles et sanitaires des citoyens.

    II.6 Le dfi de louverture et de linsertion dans le processus de la

    mondialisation

    Depuis son indpendance, le Maroc a fond sa politique conomique sur la base du principe de la libert dentreprise et de lconomie de march. Il tait donc logique que, dans le contexte du nouvel ordre international et de la mondialisation de lconomie, lvolution dans notre pays dbouche sur loption de la libralisation de lconomie nationale et son ouverture sur les marchs extrieurs.

    Ce choix procde de la conviction que louverture est une ncessit et la

    mondialisation un phnomne irrversible. Mais autant cette mondialisation impose des contraintes et est source de risques, autant elle offre des opportunits relles en tirant parti de la dynamique de lconomie mondiale, de la mobilit des personnes et des capitaux, et en bnficiant du transfert des technologies.

    Cependant, linsertion positive dans le processus de la mondialisation est

    conditionne par la mise niveau du tissu conomique national, en vue de le doter de limmunit ncessaire pour faire face aux contraintes de louverture. A ce niveau, le grand dfi pos a trait la disposition des acteurs oprer les changements requis par la mise niveau, en moins dune dcennie, comme il rside dans la capacit de lconomie marocaine assurer une offre comptitive sur les marchs trangers, et rsister la concurrence laquelle elle sera confronte sur le march interne du fait de louverture. Cest ce qui conforte le

  • 24

    renoncement du Maroc aux mthodes scuritaires et son option pour des mthodes privilgiant les approches dveloppementalistes.

    Mais en raison des interdpendances fonctionnelles entre les

    composantes conomiques, sociales et territoriales du systme spatial marocain, la mise niveau ne devrait pas se limiter au champs conomique, sa russite tant tributaire de lintgration de toutes ces composantes dans le processus du changement quimpliquent les dfis de louverture.

  • 25

    DEUXIEME PARTIE

    PRINCIPES DE BASE ET ORIENTATIONS

    DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

  • 26

    I/ PRINCIPES DIRECTEURS DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    Lamnagement du territoire prend appui dans notre pays sur six principes directeurs, qui constituent un rfrentiel pour la conception des politiques publiques dans ce domaine, et un cadre dorientation pour les interventions des services de lEtat, des organismes publics et des collectivits locales.

    I.1 La consolidation de lunit nationale

    La politique nationale damnagement du territoire et de dveloppement durable vise, en premier lieu, consolider les fondements de lunit nationale, et ce, travers :

    * Le parachvement de lunit nationale

    Les choix sur lesquels repose cette politique comportent des mesures et

    des actions destines faciliter lintgration des parties spolies de notre pays, aprs leur rcupration, lensemble du territoire national;

    * Assurer lquilibre entre les territoires et lquit entre les citoyens

    Cet objectif implique quil revient lEtat de veiller ce que soit assure la

    couverture de lensemble du territoire national en infrastructures de base et quipements publics que requiert lactivit conomique et ncessite lamlioration des conditions de vie de la population;

    * Le dveloppement de la comptitivit des territoires

    Il implique lorientation des efforts dans le domaine du dveloppement vers

    lidentification et la valorisation des potentialits qui fondent la comptitivit des territoires aux niveaux rgional et local. Ce rle incombe essentiellement aux collectivits locales qui doivent -sparment ou dans le cadre de groupements homognes- laborer la conception optimale de leur dveloppement et, aides par lEtat, raliser les actions destines renforcer la comptitivit de leurs territoires ;

    * Lintgration de lespace national

    En mme temps quil vise la mise en valeur des vocations des diffrents

    territoires, lamnagement du territoire cherche mettre en place les conditions de leur intgration, et ce, travers la valorisation des complmentarits et des interdpendances fonctionnelles qui les lient. Cette vision devrait prendre appui sur la dynamisation des modes de partenariat et de coopration disponibles entre les diffrents niveaux de la hirarchie territoriale.

  • 27

    I.2 Un dveloppement centr sur lhomme

    Le dveloppement nest viable que dans la mesure o le citoyen est la fois sa finalit et son outil de ralisation. Aussi, conviendrait-il de se baser sur lidentification des besoins de la population dans les domaines de lducation, de la formation, de lemploi, de la sant, du logement et des loisirs, et de les classer en fonction de leurs niveaux de priorit et de sy rfrer pour arrter les objectifs du dveloppement recherch.

    Le dveloppement implique, outre lamlioration des conditions de vie des

    citoyens, leur accs aux connaissances et savoir-faire leur permettant de contribuer activement au dveloppement gnral du pays. Pour ce faire, il est ncessaire que soient leves les obstacles qui empchent les citoyens de se raliser et dassurer la pleine exploitation de leur potentiel. Dans cette perspective, la formation des citoyens revt un caractre vital, en raison de son rle dans la transformation des mentalits et des pratiques responsables du gaspillage des potentialits, du blocage des initiatives et du dveloppement de lesprit de citoyennet active.

    Enfin, le dveloppement implique la mise en place des conditions propres

    garantir le respect des droits de lhomme tels que reconnus lchelle internationale et stipuls dans la constitution du royaume.

    I.3 Efficience conomique et cohsion sociale

    Si lefficience conomique implique lacclration de la dynamique de croissance et lamlioration des performances de lconomie nationale, la cohsion sociale renvoie la redistribution des fruits de la croissance travers une multiplicit de canaux qui permettent la correction des dsquilibres sociaux susceptibles de dcouler de la croissance elle mme.

    Bien que les deux objectifs semblent antinomiques dun point de vue

    strictement conomique, leur conciliation est ncessaire dans le contexte de laggravation du chmage et de llargissement de la sphre des catgories sociales affectes par la pauvret. Elle est mme possible, condition quelle sinscrive dans le cadre dune stratgie globale du changement qui aurait pour finalit lancrage de la cohsion sociale dans la politique de dveloppement.

    Une telle stratgie requiert la mise en place de mesures caractre public

    de traitement des dfis conomiques et sociaux mme dassurer la conciliation entre les choix individuels des acteurs (commands par la logique de la rentabilit et de laccumulation) et les choix collectifs de la nation (visant la sauvegarde de la cohsion sociale). Pour ce faire, il conviendrait dorienter laction dans trois directions :

  • 28

    La rforme du systme fiscal, de sorte en faire un instrument efficace de redistribution des fruits de la croissance, sans pour autant porter prjudice lefficience de lconomie ;

    Donner la priorit dans laffectation des ressources publiques aux franges sociales dmunies, aux catgories vulnrables, aux rgions pauvres et aux actions et programmes destins la promotion de lintgration travers les canaux conomiques et la formation ;

    Lamlioration des relations professionnelles, en les plaant dans le cadre dune contractualisation sociale, mme dunifier lensemble des composantes de lappareil productif et du systme social et politique du pays autour de la gestion solidaire des dfis du dveloppement.

    I.4 Lharmonie entre lhomme et son environnement

    La gestion des ressources naturelles sinscrit au cur de la question du dveloppement, et se pose en deux termes :

    le dveloppement ne peut se raliser que par la mobilisation des

    ressources disponibles, visibles ou potentielles ; en revanche, la durabilit du dveloppement implique la prise de

    mesures pour viter que lexploitation de ces ressources nentrane leur dgradation ou leur puisement.

    Aussi, linstauration de lharmonie entre lhomme et son environnement

    ncessite la conduite des actions de dveloppement travers le critre de protection des ressources et la prise en charge des cots qui en dcoulent, comme elle implique des changements profonds dans les reprsentations, les pratiques et les comportements des citoyens lgard des composantes de leur milieu naturel. Une telle mission exige une action continue et mene diffrents niveaux (la famille, lcole, les mass-mdia) pour promouvoir la conscience des enjeux lis lenvironnement, et dvelopper le sens de la responsabilit individuelle et collective dans ce domaine.

    Mais, en gnral, linitiation aux pratiques de protection des ressources

    naturelles devrait commencer dabord au sein des services de lEtat et des collectivits locales, en tant que propritaires dune partie importante de ces ressources et dpositaires de leur scurit et de leur durabilit. Elle ncessite, de mme, la mise en place de structures et rglements propres garantir la protection du patrimoine naturel national, et la conduite de leur application avec la continuit et la rigueur requises.

  • 29

    I.5 La solidarit entre les composantes du territoire national

    Vu lacuit des ingalits spatiales et sociales de dveloppement et les risques quelles comportent pour le prsent comme pour lavenir ;

    Dans la mesure o le maintien des mcanismes gnrateurs de ces

    dsquilibres gne le processus de dveloppement lui mme ;

    Et compte tenu des ingalits des ressources de dveloppement entre les diffrentes zones et rgions du pays ;

    Il est ncessaire, pour garantir la mise en uvre des principes et

    orientations de la politique nationale damnagement du territoire et de dveloppement durable , et la diffusion de ses effet dans lensemble des rgions du pays et parmi les diffrentes catgories sociales :

    de reconsidrer la logique qui prside laffectation des ressources

    publiques, de lapproche fondatrice de la politique de dveloppement, des mthodes de travail et des mcanismes de prise de dcision ;

    recourir aux mcanismes de solidarits, accessibles ou susceptibles dtre mis en place, dont particulirement : la mobilisation des ressources du budget gnral de lEtat pour la rduction des retards accumuls par les rgions pauvres ; llaboration de programmes nationaux cet effet et leur financement partir de ce budget ou dans le cadre des possibilits offertes par la coopration internationale ; la dynamisation des solidarits spatiales dans le cadre des bassins hydrographiques, travers la mise en place de mcanismes rgionaux de redistribution des ressources entre les collectivits de lamont et celles de laval ; la transfert des ressources en eau des rgions excdentaires vers les rgions dficitaires.

    I.6 Dmocratie et participation

    La politique damnagement du territoire et du dveloppement durable

    constitue dans notre pays un projet collectif et consensuel, dont les orientations et choix ont t labors avec la participation des diffrentes composantes de la nation marocaine.

    La mise en uvre de cette politique requiert la conscration du dialogue

    en tant que pratique dmocratique, permettant aux citoyens de participer la dfinition et la mise en uvre des choix impliquant leur avenir collectif. Ainsi, seront garantis, leur regroupement autour des objectifs arrts dans le cadre de la politique damnagement du territoire et de dveloppement durable et leur mobilisation pour la mise en uvre de tels objectifs.

  • 30

    La participation peut soprer travers la consultation largie de la population, lors quil est question de projets et actions ayant un impact certain ou probable sur leur vcu quotidien, comme elle peut donner lieu leur mobilisation pour contribuer de faon effective la ralisation de projets denvergure locale. La participation se fait aussi travers les reprsentants des citoyens dans les conseils lus, les chambres et associations professionnelles, les syndicats et les organisations de la socit civile.

    La participation implique au pralable la dmocratisation de lutilisation de

    lespace, travers le respect de lgalit des chances et la garantie des accessibilits toutes les catgories sociales, y compris les personnes ges, les personnes handicapes, les enfants et lensemble des catgories vulnrables.

    Enfin, pour que cette participation puisse tre efficiente, il est ncessaire

    quelle soit accompagne par lapprofondissement de la dcentralisation et llargissement de la dconcentration de ladministration, et quelle se base sur les principes de la bonne gouvernance.

    II. LES GRANDES ORIENTATIONS DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE Le succs de la politique nationale de lamnagement du territoire est

    tributaire, en tant que cadre ncessaire la ralisation du dveloppement conomique et la prservation des quilibres sociaux et environnementaux, des mesures qui seront prises et des actions qui seront ralises afin daugmenter lefficience de lconomie nationale, dvelopper le monde rural, rationaliser la gestion des espaces urbains et promouvoir les ressources humaines. Outre ces objectifs, ces mesures visent aussi relever les dfis de la comptitivit.

    II.1 Laccroissement de lefficience globale de lconomie nationale

    Laugmentation des performances globales de lconomie nationale constitue un passage oblig pour affronter la concurrence sur les marchs intrieurs et extrieurs et rpondre aux besoins croissants de la population. Sa ralisation implique la ncessit de faire face aux facteurs qui continuent de bloquer toute initiative, la recherche de nouvelles bases de dveloppement et la promotion de la comptitivit territoriale.

  • 31

    a) Lamlioration du cadre de linvestissement

    Dans une conjoncture marque par la lenteur du rythme de dveloppement conomique, laccentuation des dsquilibres au niveau du march de travail, le dsengagement de lEtat en tant quintervenant direct dans le domaine conomique et laccroissement de la concurrence extrieure allant de pair avec la libralisation de lconomie, la promotion de lconomie nationale restera tributaire de la ralisation des conditions propices au renforcement de lattractivit de lespace national en matire dinvestissements tant internes quexternes.

    Lamlioration du cadre de linvestissement incite laction dans trois

    directions : 1. Consentir un effort particulier pour promouvoir et qualifier le tissu

    national en infrastructures de base notamment le transport maritime et arien, les transports routier et ferroviaire, les nouvelles technologies informatiques et de communication, en zones industrielles et zones dactivit. Dans cette perspective, il convient dagir sur la base des principes suivants :

    Donner la priorit la mise en place dune complmentarit fonctionnelle

    entre diffrents moyens et axes de communication, dans la mesure o ltablissement de connexions efficaces et rapides entre le transport routier et ferroviaire et celui accompli par bateaux et avions est plus important que llargissement de laire de couverture assure par chacun de ces moyens pris isolment.

    Adopter comme principe la concertation entre les diffrentes Administrations Publiques et les Conseils Rgionaux en vue de dterminer des orientations long terme en matire de dveloppement, damnagement du territoire et de financement des moyens de communication jugs prioritaires.

    A lheure de la nouvelle conomie et de linformation numrique, les impratifs du dveloppement interpellent les pouvoirs publics sur la ncessit de couvrir lensemble du territoire national de moyens de communication nouveaux susceptibles de remdier aux disparits que lintervention du secteur priv introduit ce niveau entre les espaces, et de former les comptences ncessaires lexploitation de ces moyens.

    2. Amliorer le cadre administratif et juridique de linvestissement en

    adaptant lappareil juridique aux exigences de la concurrence et en modernisant ladministration nationale de faon faire delle une institution requrant les conditions de comptence, de flexibilit et

  • 32

    de crdibilit qui la hissent au rang de locomotive du dveloppement et lui donnent la capacit de consolider lefficience de lconomie nationale et la matrise des retombes ventuelles de louverture.

    3. Raliser les conditions susceptibles dinciter les acteurs

    sapproprier le savoirfaire, matriser la technologie et promouvoir la recherche scientifique des fins de dveloppement, et ce comme pralable et impratif la consolidation de la comptitivit de lconomie nationale tant au niveau de la concurrence interne qu celui de lusage de la crativit comme moyen dinsertion dans le march international.

    b) La recherche de nouvelles bases de dveloppement

    Face la faiblesse du dveloppement dans le monde rural, lexacerbation des problmes demploi en milieu urbain et lintensification de la concurrence externe, il importe dorienter les efforts de redynamisation de lconomie dans trois directions :

    1. La diversification des activits conomiques en milieu rural : Cette

    diversification a pour support le secteur agricole, comme elle peut se baser sur la mobilisation de lensemble des potentialits que requiert le milieu. Elle se traduit par le dveloppement dactivits non agricoles adaptes au milieu naturel et lenvironnement socio culturel des habitants.

    Le dveloppement de ces activits non agricoles, qui chappent ainsi

    lala climatique, vise attnuer les problmes demploi en milieu rural, diversifier les sources de revenu des populations rurales et limiter lampleur de lexode vers les villes.

    Les secteurs dactivit les plus appropris sont : lartisanat, le tourisme, la

    pche maritime, le commerce, les services et les petites et moyennes industries lies lagriculture et aux mines.

    2. Dans les villes, la relance de lconomie ncessite le dploiement

    defforts visant la mise niveau du tissu industriel national et la ralisation des conditions de son redploiement en direction des secteurs prometteurs et ceux pour lesquels notre pays bnficie des avantages comparatifs. Nanmoins, lobtention de rsultats immdiats dans le domaine de lemploi et la diminution de la pauvret supposent lintgration de lartisanat et des segments viables du

  • 33

    secteur informel dans la stratgie du dveloppement conomique, en se basant sur des mesures juridiques, organisationnelles et financires mme dapporter le soutien et lencadrement ncessaires garantissant leur passage au stade de lconomie structure et, partant, bnficiant des mesures de soutien institues par la Charte Nationale des P.M.E.

    3. La promotion des technologies de pointe et la stimulation de la Nouvelle Economie : Paralllement aux dispositions visant la diversification de lconomie rurale et la promotion, en milieu urbain, de lconomie sociale, le Maroc a besoin dassurer les conditions dappropriation de la technologie informatique, de linformation et de la communication ainsi que la participation sa production et son dveloppement. Il nous appartient galement de construire la comptitivit de lconomie nationale du XXIme sicle sur la base du dveloppement du secteur des activits modernes de service sachant que lconomie du sicle en cours va sappuyer de plus en plus sur le secteur tertiaire.

    II.2 Le dveloppement du monde rural

    La politique nationale damnagement du territoire et de dveloppement durable du monde rural sarticule autours de la mise en uvre des orientations et options de la stratgie 2020 du dveloppement rural.

    Les principaux objectifs viss dans le cadre de cette stratgie sont :

    Laugmentation de la performance du secteur agricole afin dassurer la

    scurit alimentaire du pays, de multiplier les opportunits demploi en milieu rural, damliorer le niveau des revenus des ruraux et de faire de lagriculture le levier de lconomie rurale et, travers elle, de lconomie nationale.

    La diversification des sources de revenus des ruraux par le biais de la

    promotion des activits parallles lagriculture et des activits non agricoles. Cela implique ladoption dune politique de dveloppement des petits centres susceptibles de rduire les clivages entre les villes et les campagnes.

    La mise niveau du systme ducatif et de la formation professionnelle en

    vue de doter les ruraux hommes et femmes de connaissances et de savoir aspects ncessaires leur mancipation et lacquisition des

  • 34

    capacits dadaptation au progrs technique et aux systmes de gestion modernes.

    La rationalisation de lexploitation et de la gestion des ressources

    naturelles afin de prserver celles ci de la dgradation et du dprissement.

    La mise en uvre de la stratgie de dveloppement rural ncessite en

    particulier :

    La poursuite dune politique macro conomique favorable au dveloppement agricole et la promotion des zones rurales et qui conforte la priorit donne ces zones dans le domaine de linvestissement public.

    La cration de secteurs pouvant faire figure "dtablissement ayant

    mission" qui constitueront un cadre de concrtisation et dapplication des programmes de dveloppement rural et assureront, au niveau local, un encadrement efficace des acteurs conomiques et sociaux.

    Llaboration doutils institutionnels et juridiques mme de lever les

    obstacles lis la complexit des statuts fonciers et dassurer la meilleure gestion possible de la question foncire.

    La mobilisation, de faon synchrone, des diverses sources de financement

    disponibles tant nationales quinternationales tout en crant les instruments nouveaux que ncessite le dveloppement rural et qui sadaptent la spcificit des besoins exprims dans ce domaine aux plans local et rgional.

    La reconsidration du modle qui prvaut au niveau des relations villes /

    campagnes de faon rduire la disparit des conditions de vie entre les deux milieux. Cette opration renforcera les opportunits de complmentarit et de solidarit entre la ville et la campagne. Cet objectif ne peut, nanmoins, tre atteint que si lon opte pour une politique urbaine approprie.

    II.3 Gestion des ressources et conservation du patrimoine

    Face laugmentation de la pression sur les ressources naturelles sous

    leffet de la croissance dmographique, des besoins de la socit et des exigences du dveloppement conomique ;

  • 35

    Et en labsence dune jurisprudence qui a pouvoir de coercition, ou cause de sa faiblesse, ou du refus des acteurs sy soumettre, et lexposition des ressources naturelles lexploitation abusive et anarchique qui porte prjudice lquilibre des diffrents milieux naturels dj fragiliss par la rcurrence des priodes de scheresse ;

    Et compte tenu du fait que le dveloppement durable au Maroc reste

    tributaire des mesures qui seront prises afin de rationaliser lutilisation des ressources biologiques tel leau, le couvert vgtal, les sols , de la rigueur que montreront les diffrents partenaires dans leur engagement respecter toutes ces mesures et veiller leur application ;

    Compte tenu de tout ce qui prcde, il nest plus possible ni tolrable de

    continuer dutiliser les ressources du milieu naturel de faon abusive et avec la tolrance des dcennies prcdentes.

    Aussi est-il urgent de mobiliser ces ressources dans le cadre dune

    stratgie globale ayant pour objectifs :

    Lapprofondissement de la connaissance de ces ressources afin de dterminer leurs aptitudes, leurs faiblesses et les dynamiques qui les animent. Des mesures concrtes doivent tre prises, sur la base de ces connaissances, en vue dassurer leur conservation et didentifier les possibilits offertes leur mobilisation des fins de dveloppement ;

    Llaboration dun cadre rglementaire devant rgir la gestion des ressources naturelles et servir de base de rfrence la recherche dun compromis entre la dimension cologique et la fonction conomique et sociale de ces ressources et qui permettra de jeter les jalons dun Plan National de Dveloppement cologique ;

    Prendre en considration les contraintes du dveloppement cologique dans lexploitation des ressources naturelles. Cela implique lintgration de la dimension environnementale dans les programmes de dveloppement et, au besoin, soumettre pralablement certains de ces programmes ltude de limpact.

    uvrer, dans la mesure du possible, en vue de concilier les objectifs de la politique publique avec les intrts des populations afin dinciter ces dernires adhrer cette politique et se mobiliser pour sa mise en uvre.

    Prendre en considration le Schma Directeur des Rserves Naturelles initi par le Ministre charg des Eaux et Forts dans tous les plans et les programmes damnagement de lespace, et instituer le

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    cadre juridique qui organise lexploitation des rserves naturelles des fins touristiques.

    Intgrer le facteur ducatif dans ses dimensions de formation, de sensibilisation, dencadrement et de communication dans une stratgie de protection des ressources naturelles et de lutte contre la pollution, en vue de promouvoir lducation pour lenvironnement et dvelopper lesprit de responsabilit et de citoyennet quant la relation des populations avec les ressources hydrauliques, le sol et le patrimoine forestier. La mise en uvre de ce programme commencera dans les tablissements scolaires o des clubs cologiques seront anims et o lenseignement de certaines matires souvrira sur les proccupations du dveloppement durable.

    a) La rationalisation de la gestion des ressources en eau

    Les ressources en eau constituent un enjeu majeur ; et la manire dont sera traite la question hydraulique dterminera lavenir du dveloppement dans notre pays. Et si la problmatique de leau, telle quelle est pose avec acuit aujourdhui, interpelle toutes les composantes de la communaut, cest bien lEtat que revient la responsabilit de dfinir la politique hydraulique du pays et de veiller sur son application dans le cadre de la concertation et du partenariat avec le reste des acteurs.

    Cest dans cette perspective que la stratgie nationale en matire deau

    implique la ncessit de :

    1. Garantir le droit de tous les citoyens et de tous les espaces leau. Pour ce faire, lEtat doit mettre en place une planification long terme qui comporte la mobilisation des ressources en eau disponibles avec la possibilit de transfrer le trop plein des zones relativement excdentaires vers les zones dficitaires, de fournir leau potable aux populations et de prospecter pour la recherche de ressources alternatives ;

    2. Instaurer une hirarchie des priorits dans laffectation des eaux

    mobilises et mettre en place des mcanismes darbitrage qui organisent la consommation et prservent le droit des utilisateurs ;

    3. Lconomie dans la consommation de leau et la rationalisation de sa

    gestion exigent la prise de mesures concrtes de dveloppement des techniques et mthodes de mobilisation, de transport et de stockage, la reconsidration des techniques dirrigation gaspilleuses deau et des cultures les plus consommatrices ainsi que la rationalisation des

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    utilisations non agricoles de leau. Il faut, en outre, initier une politique de surveillance drastique de lexploitation des eaux souterraines et instaurer un systme de tarification qui permette damortir le cot des investissements consentis et de pousser les usagers viter le gaspillage ;

    4. Fonder la gestion des ressources en eau sur la base dun partenariat

    entre lEtat, les collectivits locales, les associations des utilisateurs de leau agricole et non agricole et les entreprises. Ce partenariat sera fond sur le compromis rechercher concernant le choix, la hirarchie des priorits et la fixation des critres de mobilisation, de distribution, de consommation et de prservation de la ressource ;

    5. Traiter la question de leau selon une approche intgre, et ce dans le

    cadre des bassins hydrauliques. Cette politique aura pour objectifs de :

    Doter lensemble du territoire national dAgences de bassins pourvues de moyens matriels et de ressources humaines ncessaires afin quelles sacquittent efficacement de leurs missions.

    Instaurer laction de ces institutions sur la base des orientations du Conseil National de lEau et du Climat, notamment en ce qui concerne la gestion des eaux superficielles et souterraines, la lutte contre la pollution et toutes les formes de dgradation et les mesures de prservation de lquilibre des milieux naturels.

    Considrer le Plan National dAmnagement des Bassins hydrauliques comme une stratgie nationale de conservation des eaux et des sols tout en octroyant la priorit absolue la mise en place de mcanismes dintgration des interventions des diffrents acteurs.

    b) La protection du patrimoine forestier

    Compte tenu du rle des forts dans la conservation des systmes

    biologiques et de leur influence sur la durabilit du dveloppement ; Compte tenu de la diversit cologique de la fort marocaine et de ce

    quoffrent les diverses formations vgtales et une faune varie comme opportunits aux fonctions conomique, sociale, culturelle et cologique ;

    Considrant que le secteur forestier participe dans une proportion

    indniable lconomie nationale, soutient la production agricole, prserve la biodiversit, leau et les sols ;

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    Etant donn que la fort marocaine ne bnficie pas de la protection quimpliquent ses fonctions, du fait que sa superficie nest pas encore dlimite dans sa totalit et en raison de la faiblesse de la lgislation forestire, de son obsolescence et du fait de son exposition diffrentes formes dagression et dabus ;

    Considrant que cette Charte a pris en compte les lments du Plan

    National de dveloppement du patrimoine forestier initi par le Ministre de tutelle ;

    Compte tenu de toutes ces considrations, la mise en uvre dune stratgie nationale damnagement et de dveloppement du patrimoine forestier simpose, qui aura pour base une approche intgre visant le maintien de lquilibre entre la conservation des ressources forestires et la ncessit de leur exploitation au profit du dveloppement.

    Pour atteindre ces objectifs, les choix stratgiques adopter dans ce

    domaine sont :

    1. Raliser les conditions dune conservation intgre du patrimoine forestier visant le mettre labri de toutes sortes de spoliation et initier de nouvelles rgles dutilisation des ressources forestires garantissant sa durabilit, et ceci travers les mesures suivantes :

    Lachvement de lopration de dlimitation du patrimoine forestier

    relevant du domaine public et des forts communales, y compris les superficies alfatires ;

    La mise jour des lois relatives la protection et au contrle de la fort

    tout en lucidant les droits de jouissance et la rglementation relative lexploitation du bois de chauffage et en instaurant des mcanismes efficaces de contrle de lexcution des oprations lies lexploitation du patrimoine forestier ;

    La reconsidration du rle des collectivits locales et des responsabilits

    assumer pour un dveloppement durable de la fort, notamment en ce qui concerne leur participation aux travaux dentretien du patrimoine forestier et sa surveillance

    Llaboration dune plateforme juridique adquate en vue dinciter les

    investissements privs dans le secteur forestier garantissant, par la mme, les conditions dune simplification des procdures, le maximum de

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    transparence dans les transactions et la rigueur du contrle quant lexcution des oprations.

    2. Considrer la fort comme un enjeu stratgique lchelle du pays ;

    cela suppose :

    La mobilisation de moyens ncessaires la mise en uvre du Programme National Forestier et du Schma Directeur de Reboisement tout en promouvant des politiques parallles dans les domaines ayant un impact sur le dveloppement durable du patrimoine forestier, notamment les politiques de lnergie, de dveloppement des espaces pastoraux et de conservation des ressources en eau.

    La transformation des zones de biodiversit et les milieux cologiques

    menacs de disparition en rserves naturelles tout en assignant un revenu alternatif au profit de ceux qui en tiraient profit ;

    Lintgration des populations vivant dans ou riveraines de la fort dans la

    stratgie intgre du dveloppement forestier en substituant des sources de revenus non forestires lexploitation anarchique de la fort et en incitant les populations adhrer la conservation de ce patrimoine.

    Lattribution aux forts jouxtant les villes dune protection efficace et

    permanente travers leur dotation dun statut de rserve naturelle, la limitation des programmes de construction lintrieur des espaces verts et la cration de ceintures vertes autour des villes.

    La diversification de la production et lamlioration de sa qualit,

    lencouragement des systmes de partenariat et de contrat, le dveloppement de lentreprise forestire novatrice et comptitive, la promotion des industries de transformation susceptibles dindustrialiser les ressources locales et den accrotre la valeur conomique.

    3. Intgrer la recherche formation en tant que composante vitale dans la politique forestire en vue dapprofondir la connaissance de ce patrimoine national, de le dvelopper et de le prserver. Cette stratgie contribuera galement renforcer la prise de conscience des populations de limportance de la richesse forestire en tant que patrimoine national et leviers conomique indniable.

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    c) Patrimoine, dveloppement et amnagement du territoire

    Le patrimoine comprend, dans son acception la plus large, le patrimoine naturel et le patrimoine culturel dans ses dimensions sociale, intellectuelle, artistique, historique et architecturale, ses aspects matriel et immatriel et ses formes fixe et mobile. La spcificit et lauthenticit du patrimoine culturel marocain rsident en particulier dans lenracinement historique, sa vitalit et son ouverture, sa diversit et sa richesse.

    Et si la protection du patrimoine est une ncessit dicte par le souci de la

    prservation de la personnalit nationale, le renforcement du rayonnement de la civilisation marocaine et la consolidation des bases de la richesse nationale, son utilisation, par contre, des fins de dveloppement, ne se fera efficacement qu travers la ralisation des conditions de dveloppement et de mobilisation de lensemble de ses composantes.

    Dans cette perspective, il importe de dterminer les orientations gnrales

    dune politique nationale et rgionale du patrimoine et den laborer des plans de dveloppement et de conservation intgrs la stratgie de dveloppement et damnagement du territoire. Et afin de garantir la viabilit de ces plans, il est ncessaire de les asseoir sur les bases suivantes :

    Adopter une approche de conservation intgre du patrimoine base sur

    un systme harmonieux de mesures et dactions visant assurer sa prennit dans un environnement naturel et humain favorable tout en le valorisant au plan conomique au profit des gnrations prsentes et futures ;

    Prendre conscience de lintrt du patrimoine rural ainsi que de la

    ncessit de souvrir sur la culture Amazigh en tant que composante essentielle de la stratgie nationale de mobilisation du patrimoine des fins de dveloppement, ce qui implique son insertion dans les programmes denseignement ;

    Inventorier le patrimoine national et le protger en adoptant une srie de

    mesures techniques, juridiques et organisationnelle quil faut, au pralable, dfinir en tenant compte du fait que le patrimoine fait partie intgrante du systme conomique, social et environnemental ;

    Promulguer une loi pour la protection du patrimoine qui actualise et

    complte les lois en vigueur et qui servira comme rfrence pour, dune part, la classification des diffrentes composantes patrimoniales en vue de

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    les prserver et dautre part, llaboration de plans de rhabilitation des tissus urbains traditionnels des villes, Qasbahs et Ksours dans la mesure o ces tissus constituent des systmes de vestiges architecturaux, de connaissances et de savoirfaire hrits de modes dorganisation, de traditions et darts dont notre socit est dpositaire.

    La mise en uvre de cette loi ncessite la dlimitation du champ des

    prrogatives des diffrents acteurs, la qualification du systme de financement et ladoption de mesures intgrant les spcificits de la question patrimoniale en fonction de son contexte socio spatial.

    II.4 La politique urbaine

    Compte tenu des dfis majeurs quaffronte la ville marocaine actuellement et considrant que la majorit des habitants du Royaume rsidera en milieu urbain compter de la prochaine dcennie, lavenir du dveloppement dans notre pays sera, en partie, dtermin dans et par la ville. Cette volution implique, dune part, la ncessit de placer la question urbaine dans le cadre global de lamnagement du territoire et, dautre part, de traiter les questions quelle pose dans une optique spcifique : celle de la politique de la ville.

    Au Maroc, cette politique doit se focaliser sur quatre principes essentiels :

    a) Traiter les contradictions urbaines en se basant sur le

    dveloppement des bases conomiques des villes, savoir :

    Consolider la comptitivit des espaces urbains par la mise en place dquipements usage collectif et des infrastructures daccueil des activits conomiques ;

    Continuer de soutenir le secteur conomique moderne en vue daccrotre

    son efficience et sa comptitivit ;

    Rhabiliter lartisanat et les segments conomiquement viables du secteur informel eu gard limportance de leur rle dans lemploi, la production de la richesse et la lutte contre la pauvret. Les interventions dans ce domaine sinscriront dans le cadre des orientations de la Charte Nationale des PME.

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    b) Faire du dveloppement social lobjectif et loutil du dveloppement urbain :

    Les efforts vont se concentrer, dans ce cas, sur loctroi aux catgories

    pauvres de moyens leur permettant de sintgrer dans la socit urbaine, notamment par le biais de lalphabtisation et lappui la formation professionnelle, paralllement lamlioration du cadre de vie au niveau du logement et des services sociaux, sanitaires et rcratifs.

    Afin de garantir lefficacit des interventions dans ce domaine, il est

    ncessaire de la concevoir en terme dapproche de genre social qui accorde la priorit aux besoins des catgories sociales fragiles, et en particulier les personnes ges, les handicaps, les femmes, les enfants et les jeunes en situation de chmage.

    Il importe, propos, de promulguer et de mettre en application la loi des

    accessibilits qui servira ainsi comme cadre dune gestion dmocratique de lespace et permettra de rsoudre, ce niveau, le problme de lexclusion sociale.

    c) Traiter globalement la problmatique de lhabitat insalubre :

    Afin de raliser cet objectif, les mesures et actions visant traiter la question de ce type dhabitat seront insres dans un programme national de lhabitat populaire qui prendra en considration les leons tires des quatre dcennies passes de politique publique dans le domaine de lhabitat, de la planification et de la gestion des espaces urbains.

    La mise en uvre de ce programme a pour support les choix et mesures

    suivants :

    La supervision par lEtat des oprations allant de ltude de faisabilit loctroi du terrain btir, voire au logement fini ;

    La mobilisation des terrains publics ou considrs comme tel, conformment

    aux procdures juridiques en vigueur, afin daccueillir les programmes dhabitat et de simplifier les procdures inhrentes ces oprations, en ayant recours autant que possible au systme de partenariat avec les ayant droit fonciers ;

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    Ladoption dune stratgie de financement aux sources diversifies et offrant les conditions de ralisme, de faisabilit et de durabilit. Cette stratgie comprend :

    - des engagements financiers de lEtat travers son budget, - la participations des bnficiaires, - des ressources provenant du partenariat avec les collectivits

    locales, le secteur priv, et les organisations de la socit civile, ainsi que les apports de la coopration internationale dans ce domaine.

    Le soutien ce programme par le recours aux fonds de la Solidarit Nationale dans le cadre de lAction Royale de Solidarit pour la lutte contre la pauvret.

    d) Orienter la planification urbaine au profit des objectifs de la

    politique de la ville.

    Le traitement des dysfonctionnements dont ptit la ville marocaine contemporaine et lamnagement de celle ci en vue den faire le moteur du dveloppement et une base de renforcement de la comptitivit de lconomie nationale ncessitent ladoption dune srie de mesures dont les plus importantes sont de trois ordres :

    1. Promulguer au plus vite la loi sur la qualification urbaine et les textes

    dapplication affrents et ce dans le but dinsuffler une nouvelle dynamique au secteur de lhabitat et de lurbanisme, dans la mesure o cette loi constitue un fondement ncessaire la sauvegarde des tissus traditionnels, lintgration de lhabitat insalubre et lamlioration de la qualit du cadre urbanistique de la ville marocaine dans la perspective daugmenter lattractivit de celleci vis--vis de linvestissement ;

    2. Elaborer un plan national pour les villes nouvelles, qui servira comme outil

    ncessaire lallgement du poids qui pse sur les grandes villes et la conception de la ville marocaine du XXIme sicle mme de rpondre aux aspirations des habitants et de relever les dfis de la comptitivit ;

    3. Etablir les documents de la planification urbaine sur la base doptions qui

    entravent les mcanismes de morcellement urbain, et ce travers :

    - La prise en considration des besoins des catgories sociales faible revenu et des couches sociales vulnrables ainsi que les exigences de lconomie populaire (secteur informel) ;

    - La simplification et lacclration des procdures dapprobation des documents durbanisme par la cration de mcanismes

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    institutionnels permettant de surmonter les obstacles engendrs par la multiplicit des intervenants, et par consquent, lenchevtrement possible de leurs prrogatives ;

    - Ladoption dune stratgie foncire faisant du sol urbain un outil de mise en uvre du dveloppement et non un facteur gnrateur de dysfonctionnements, de sgrgation et dexclusion.

    II.5 Rsoudre la problmatique du foncier

    Le foncier e