La Celebration de l'Amour Chez Ronsard - PARTEA I

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Argumentation Pierre Ronsard, nomme "Le prince des potes, le pote des princes" nait dans une famille aristocratique. Elev dans le culte des arts et des lettres devient l'un des pages les plus sduisants de la cour de France. La Pliade cre par lui et Joachim du Bellay avait comme but d enrichir le franais, son vocabulaire et son style et de composer des uvres inspires des auteurs grecs et latins. A lage de vingt ans , il rencontre une jeune fille de treize ans, Cassandre Salviati. "inaccessible" et muse de Ronsard lui inspira une grande partie des Amours. A la jeune et austre Cassandre, se sont succdes Marie et Hlne , une jeune paysanne et une des filles de la Cour de Catherine de Mdicis. Aux trois, caractres de ses muses et dans des styles diffrents Ronsard a ecrit des sonnets. Les deux courants qui dominant la poesie de Ronsard, cellui mythologique et cellui petrarchique, sont distinguees parmi la majorite des analyses de son oeuvre. Les poetes de la Pleiade ont utilise souvent ces elements dans leurs creations. La mythologie grecque en est presente. Petrarque a son tour influence les compositions de Ronsard avec ses divinites payennes. Dans ses Odes, ou dans Les Amours, il a t de tente detre un homologue franais aux odes de l'ancien pote romain Horace, ou du Canzoniere italien, avec la palette des compliments ses bien-aims, prires et lamentations traditionnelles cette forme potique. Sensible aussi au style du pote grec Anacron. Son repertoire des symboles clbre les phnomnes naturels, les ides abstraites comme la mort ou la justice, ou les dieux de l'antiquit quil conjure venir laider dans ses amours. Complainte contre Fortune vue en symboles comme Feu, Ambrose, Cendres, Os, Cur, le fait appelles aux elements plus profonds de la phylosophye judaique et hermetique, comme Salamandre, Phoenix, etc.

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Ses collections dmontre son pouvoir de revivifier les motifs styliss de la posie l'amour courtois. Influence par lepoque il ne peut pas omettre le style chevaleresque et courtois de ses temps, de lideal montre par Roland envers sa bien aimee, ou des elements poetiques de Francois Villon. L'angoisse du malade incurable de lAmour, des nuits passes seul dans la douleur de sa souffrance eternelle comme la nomme lui meme, chante lenvie de dormir, de regarder le lever du jour, et en priant pour la mort comme la seule sperance de revenir a vie et de vivre continuellement pour voir sa bien aimee. Ronsard a perfectionn la 12-syllabe, ou alexandrin, la ligne du vers franais, et il a tabli que le milieu classique pour la satire cinglante, la tendresse lgiaque, et la passion tragique. Pour le lecteur moderne Ronsard est peut-tre la plus attrayante lors de la clbration de ses amours non partags

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LA RENAISSANCE. RONSARD La Renaissance apparat en France avec un retard important par rapport l'Italie.Comme en Italie, ses traits caractristiques sont la soif de vivre, la confiance en l'homme, l'apptit du savoir, l'esprit de libre examen. Ce mouvement remet en cause les mentalits du Moyen ge et recherche de nouvelles formes de vie et de civilisation. En effet, les possibilits de diffusion de l'information par l'imprimerie, et la dcouverte d'un nouveau monde au-del de l'Atlantique, modifient profondment la vision du monde des hommes de cette poque. Renaissance franaise En bref, la Renaissance couvrira la quasi-totalit du XVI e sicle. Langue et littrature Le roi Franois Ier s'installe ensuite Fontainebleau, o il transfre la bibliothque royale. Franois Ier uvre beaucoup pour la langue franaise: Certains des crivains les plus clbres de la Renaissance franaise sont Franois Rabelais, Marguerite de Navarre, Clment Marot, Maurice Scve, Louise Labb, Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay, tienne de La Botie et Michel de Montaigne. La littrature franaise du XVIe sicle est marque par ltablissement de la langue franaise comme une grande langue littraire et par dimportants crateurs qui fondent les principaux genres de la littrature moderne en France avec Franois Rabelais pour la prose narrative, Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay pour la posie, Michel de Montaigne pour la littrature d'ides. Elle sinscrit dans un sicle de transformations multiples et fondamentales, dans tous les domaines (croyances religieuses, dmarches intellectuelles, sciences et techniques, dcouvertes gographiques, transformations politiques) qu'expriment les termes de Renaissance , ' Humanisme et de Temps modernes . Contexte Regard gnral sur la littrature du XVIe sicle

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La notion de littrature ne prendra son sens moderne qu la fin du XVIIe sicle. Au Moyen ge le savoir et la cration vise esthtique reprsentent un tout et cest au XVIe sicle que commence la dissociation lente entre les lettres et les sciences, quapparaissent (dans leur tat de naissance) lhistoire et la critique littraires et que les genres et les modles esthtiques se codifient. La production littraire au cours du XVIe sicle est trs varie dans ses formes comme dans ses approches thmatiques, avec l'laboration d'une langue franaise expressive et enrichie et un enthousiasme que tempre les troubles de la fin du sicle.

Loriginalit et lexpression personnelle comptent toujours moins que la tradition et limitation : linfluence de Virgile ou dHomre reste forte. Ce qui unit les auteurs de ce sicle, soient-ils rudits, professeurs, nobles, bourgeois, clercs, jongleurs ou troubadours, cest la permanence du thme du bonheur et de la beaut. Dans les uvres, le bonheur peut tre rfugi dans un lieu imaginaire, accompli grce la bienfaisance de la nature, retrouv laide dune ducation en accord avec la nature humaine Souvent on distingue schmatiquement trois grandes tapes dans le sicle : cest tout dabord un enthousiasme pour le savoir et un optimisme qu'illustre Rabelais et qui permet de rompre avec les contraintes du Moyen ge. La deuxime priode privilgie lart et l'imitation des auteurs italiens, romains et grecs. Le raffinement simpose sans liminer le lyrisme avec des potes comme du Bellay et Ronsard. Le dernier tiers du sicle voit un questionnement marqu par le scepticisme (Montaigne) et le tragique du temps des guerres de Religion).

La littrature du XVIe sicle est divise en trois courants principaux : la littrature humaniste, la littrature courtoise et la littrature engage. Prince des potes et pote des princes , Pierre de Ronsard, adepte de lpicurisme est une figure majeure de la littrature potique de la Renaissance. Auteur dune uvre vaste qui, en plus de trente ans, a touch aussi bien la posie engage et officielle dans le contexte des guerres de religions avec les Hymnes et les Discours (1555-1564), que lpope avec La Franciade (1572) ou la posie lyrique avec les recueils Les Odes (15501552) et des Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 ; Les Amours de Marie, 1555 ; Sonnets pour Hlne, 1578). 4

Imitant les auteurs antiques, Ronsard emploie d'abord les formes de l'ode (Mignonne, allons voir si la rose) et de l'hymne, considres comme des formes majeures3, mais il utilisera de plus en plus le sonnet transplant en France par Marot en 1536 en employant le dcasyllabe (Mon dieu, mon dieu, que ma maistresse est belle! , Les Amours, ou Je vous envoye un bouquet..., Continuation des Amours) comme le mtre moderne de l'alexandrin (Comme on voit sur la branche... Second livre des Amours, ou Quand vous serez bien vieille, Sonnets pour Hlne). Les Odes et dbut de la gloire En 1552, le cinquime livre des Odes fut publi en mme temps que Les Amours de Cassandre. Ces recueils dclenchrent une vritable polmique dans le monde littraire. Une histoire illustre les rivalits et critiques qui existaient alors : on dit que Mellin de Saint-Gelais, chef de file de lcole marotique, lisait des pomes de Ronsard de faon burlesque devant le roi afin de le dvaloriser. Cependant, Marguerite de France, la sur du roi (plus tard duchesse de Savoie), prit un moment le recueil des mains de Mellin et se mit le lire, rendant aux pomes toute leur splendeur : la fin de la lecture, la salle tait sous le charme et applaudit chaleureusement. Mignonne, allons voir si la rose, fait partie des Odes. Ronsard tait accept comme pote. Les deux potes se rconcilirent, comme lindique le sonnet de M. de S. G. En faveur de P. de Ronsard. Sa gloire fut subite et hors mesure. Sa popularit ne faillit jamais. En 1555-1556, il publia ses Hymnes. Il termina ses Amours en 1556 puis il donna une dition collective de ses uvres, selon la lgende la demande de Marie Stuart, pouse du roi Franois II en 1560. En 1565, ce sont lgies, mascarades et bergeries qui parurent en mme temps que son intressant Abrg de lart potique franais. En 1563, pote engag, il publie une Remontrance au peuple de France, puis une Rponse aux injures et calomnies de je ne sais quels prdicants et ministres de Genve, qui l'avaient attaqu pour sa dfense du catholicisme. LAcadmie des Jeux floraux de Toulouse le rcompense, en 1580, pour une pice dans laquelle il chantait son aeul Banul Mrcine, accouru des bords du Danube pour porter 5

secours France, mre des arts, des armes et des lois. Le peuple de Toulouse, estimant l'glantine, prix des Jeux floraux, trop modeste pour honorer le pote franais , lui envoya une Minerve dargent massif de grand prix. Ronsard remercia le cardinal de Chastillon, archevque de Toulouse, qui lavait toujours admir, en lui adressant l Hymme de lHercule chrestien . Le changement rapide de souverains naltra pas les traitements auxquels a droit Ronsard. Aprs Henri et Franois, cest Charles IX qui tomba sous son charme. Il lui mit mme des pices disposition dans le palais. Ce parrainage royal a eu quelques effets ngatifs et luvre demande par Charles IX, La Franciade, ngale pas le reste de luvre de Ronsard, le choix fait par le roi (le dcasyllabe plutt que lalexandrin) tant regrettable. La mort de Charles IX ne sembla pas avoir chang les faveurs auxquelles il avait droit la cour royale. Mais Ronsard, ses infirmits augmentant, choisit de passer ses dernires annes loin de la cour, alternant ses sjours dans une maison lui appartenant Vendme, dans une abbaye Croix-Val non loin de l ou encore Paris o il tait linvit de Jean Galland, intellectuel du Collge de Boncourt. Il avait peut-tre aussi une maison en propre au Faubourg Saint-Marcel. Il voyagea en Andalousie pendant trois mois, Cordoue, o il trouva linspiration pour son pome Ode lAntiquit. Regards sur l'uvre Ces pomes lyriques qui dveloppent les thmes de la nature et de lamour, associs aux rfrences de lAntiquit grco-latine et la forme du sonnet, constituent la partie vivante de luvre de lanimateur du renouveau potique que fut Pierre de Ronsard avec ses compagnons de la Pliade et son ami Joachim du Bellay. Soutenu par Henri II puis Charles IX, Pierre de Ronsard a t clbr par ses contemporains mais dprci par Franois de Malherbe et les Classiques puis oubli avant dtre redcouvert dans la premire moiti du XIXe sicle par Sainte-Beuve et par les Romantiques. Les Amours de Cassandre

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Les Amours de Cassandre est un recueil de pomes en dcasyllabes de Pierre de Ronsard de 1552. Il porte sur Cassandre Salviati (1530-1607), fille de Bernardo Salviati, un des banquiers de Franois Ier. Cassandre est une jeune fille italienne rencontre par le pote le 21 avril 1545 Blois un bal de la cour. Ronsard ne pouvait pouser la jeune fille, car il tait clerc tonsur. Cassandre pousa Jehan Peign, seigneur de Pray. Second livre et Sur la mort de Marie Marie est la cadette des trois filles dtienne Guyet de la Sourdire et habitait le manoir de Port-Guyet prs de Bourgueil comme le signale Rmi Belleau dans ses uvres. Le style est enjou et Ronsard le qualifie de beau style bas. Malgr le ton grave de la mort, c'est la joie d'aimer et l'allgresse qui l'emporte. Sonnets pour Hlne Sonnets pour Hlne est un recueil de pomes de Pierre de Ronsard paru en 1578. Contrairement aux prcdents amours, Ronsard a choisi Hlne "par lection". LIDEAL CHEVALERESQUE L'idal chevaleresque est un peu dsuet, juge en ces temps mais Pierre de Ronsarrd vivait dans une telle epoque. Ainsi il est absolument normale de trouver dans ses uvres des echos. Dfense : Un chevalier se doit de dfendre son seigneur et ceux qui dpendent de lui. Il doit toujours dfendre sa nation, sa famille et ceux en qui il croit fermement et loyalement. Loyaut : Le chevalier devait toujours tre loyal envers ses compagnons d'armes. Que se soit pour la chasse ou pour traquer un ennemi, le chevalier doit tre prsent au combat jusqu' la fin avec ses compagnons, prt les aider en tout temps avec vaillance. H ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche De t'avoir laisse, matresse,

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Pour aller suivre le Roi, Foi : Un noble chevalier doit avoir foi en ses croyances et ses origines afin de garder l'espoir. Franchise : Le chevalier devait parler le plus sincrement possible Courtoisie : . Lorsqu'il se rendait la cour, il devait faire preuve de courtoisie. Il s'efforait de se faire aimer par sa dame en talant devant elle toutes ses prouesses. Il devait aussi la servir fidlement. La noblesse purifiait en quelque sorte l'me du chevalier. Ce nouveau concept devint finalement une vertu essentielle du code chevaleresque, souvent en opposition avec la loyaut envers le suzerain et difficilement conciliable avec la courtoisie au sens de galanterie, et mme avec la vaillance que le chevalier devait continuer entretenir. Apparemment, la vision de lamour courtois simposa progressivement dans les curs et permit de laisser une place lamour dans la vie quotidienne. Lamour courtois prime en effet sur le mariage : une femme marie peut ainsi laisser parler son cur si elle est courtise selon les rgles prcises de lamour courtois. Lamour courtois Lamour courtois a t defini plus tard en 1883 par Gaston Paris Lexpression mdivale est finamor et dsigne lattitude tenir en prsence dune femme de la bonne socit, La tradition de finamor a t florissante dans l'Europe mdivale, notamment en Nord de la France partir du XIIe sicle L'amour finamor trouverait, en croire certains, ses origines au Levant et dans la littrature arabo-andalouse (Abbassa, 2008). En effet, un des prcurseurs de l'amour courtois des troubadours est Guillaume IX, duc d'Aquitaine (1071-1127) et grand-pre d'Alinor d'Aquitaine. Il existe diffrentes coles quant linterprtation de lamour courtois. Il dsigne lamour profond et vritable que lon retrouve entre un prtendant et sa dame. Au Moyen ge, on lui attribuait certaines particularits courantes : l'homme doit tre au service de sa dame, l'afft de ses dsirs et lui rester inbranlable de fidlit. C'est un amour hors mariage, prude sinon chaste et totalement dsintress, mais non platonique et

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ancr dans les sens et le corps autant que l'esprit et l'me. Lamoureux, dvou sa Dame tait, normalement, dun rang social infrieur, il tait un noble de premire gnration en passe de conqurir ses titres de chevalerie. Le sentiment de l'amant est cens s'amplifier, son dsir grandir et rester pourtant en partie inassouvi. Il sadresse souvent une femme inaccessible, lointaine ou dun niveau social diffrent de celui du chevalier4. Elle peut feindre l'indiffrence. On nommait ce tourment, la fois plaisant et douloureux jo ( ne pas confondre avec "joie"). Cette codification du jeu amoureux est troitement li la codification de la chevalerie. Au XIIe sicle, l'idal chevaleresque est peru par les contemporains comme dclinant. La priode prcdente est idalise, comme ses hros qui sont transforms pour incarner des modles de chevalerie. Un grand nombre de romans lis la lgende arthurienne sont crits cette priode dans cette optique, et incarne alors un fantasme de chevalerie et d'amour courtois tels que l'imaginent les auteurs du XIIe sicle. Paralllement, de grands ordres de chevalerie sont crs, et codifient les attitudes de ses membres, "pour faire revivre l'idal chevaleresque de l'ancien temps". Le mariage ne doit pas empcher d'aimer. Qui n'est pas jaloux ne peut aimer L'amour augmente ou diminue, il se renouvelle sans cesse. L'amant ne peut rien obtenir sans l'accord de sa dame. L'homme ne peut aimer qu'aprs la pubert A la mort de son amant(e), un dlai de deux ans est ncessaire avant de s'adonner un nouvel amour . Personne ne doit tre priv de l'tre aim sans la meilleure des raisons. On ne peut aimer sans y tre incit par l'amour.

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Amoureux n'est pas avare L'amant doit aimer une femme de condition suprieure la sienne. Le parfait amant ne dsire d'autres treintes que celles de son amante . L'amour doit rester secret s'il veut durer La conqute amoureuse doit tre difficile : c'est ce qui donne son prix l'amour. Le parfait amant plit en prsence de sa dame. Quand un amant aperoit l'objet de son amour, son coeur tressaille. Un nouvel amour chasse l'ancien Lorsque l'amour diminue, puis disparat, il est rare qu'il reprenne vigueur L'amoureux vt dans la crainte. La jalousie fait crotre l'amour Lorsqu'un amant souponne son amante, la jalousie et la passion augmentent Tourment par l'amour, l'amant dort peu et mange moins L'amant doit agir en pensant sa dame L'amant ne saurait rien refuser celle que son coeur a lue L'amant n'est jamais rassasi des plaisirs que lui apporte sa dame. Le plus petit soupon incite l'amant souponner le pire chez sa bien-aime Le vritable amant est obsd sans relche par l'image de celle qu'il aime. Rien n'empche une femme d'tre aim par deux hommes et un homme d'tre aim par deux femmes Un point de controverse propos de l'amour courtois est quel point il tait d'ordre sexuel. Tout l'amour courtois tait rotique dans une certaine mesure, et non purement platoniquesles troubadours parler de la beaut physique de leurs dames et les sentiments et les dsirs des dames suscitent en eux. Toutefois, il n'est pas clair ce qu'est un pote doit faire: vivre une vie de canaliser le dsir perptuel de ses nergies la hausse des extrmits, ou physiquement consomm. Les chercheurs ont vu dans les deux sens. Denis de Rougemont a dit que les troubadours ont t influencs par les doctrines cathares qui a rejet les plaisirs de la chair et qu'ils ont t mtaphoriquement aborder l'esprit et l'me de leurs dames. Rougemont a galement dit que l'amour courtois souscrit au code de la chevalerie, et donc la fidlit d'un chevalier tait toujours son roi devant sa matresse. De nombreux chercheurs d'identifier l'amour courtois comme l 'amour pur dcrit en 1184 par Andr Le Chapelain Tres De amore libri:

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Il est l'amour pur qui unit les curs des deux amants avec tous les sentiments de joie. Ce genre consiste dans la contemplation de l'esprit et l'affection du cur, il va aussi loin que le baiser et l'treinte et le contact avec l'amant modeste nue, en omettant la consolation finale, pour qui n'est pas autorise pour ceux qui souhaitent l'amour purement .... C'est ce qu'on appelle l'amour mixte qui obtient son effet partir de tous les plaisirs de la chair et culmine dans l'acte final de Vnus Dans le corpus de pomes de troubadours il ya un large ventail d'attitudes, mme travers les uvres des potes individuels. Certains pomes sont physiquement sensuelle, mme bawdily imaginer treintes nues, tandis que d'autres sont hautement spirituelle et la frontire sur le platonique. tapes de l'amour courtois Attraction pour la dame, gnralement par l'intermdiaire des yeux ou coup d'oeil Culte de la dame de loin Dclaration de la dvotion passionne Le rejet par la dame vertueuse Renouvel courtiser par des serments de fidlit ternelle et la vertu Gmissements de la mort qui approche de dsir insatisfait (et d'autres manifestations physiques de chagrin d'amour) Actes hroques de bravoure qui gagnent le cur de la dame La plnitude de l'amour secret D'innombrables aventures et chapper la dtection des subterfuges Elements de la poetique du Ronsard

1 Cassandre

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Le premier amour de Ronsard est Cassandre. Elle reste comme un perpetuum motif dans ses poemes, nimporte quil parle de mort, de vieillesse ou des fleurs. Cassandre devient le symbole meme de lAmour. Comme on sait, dans la mythologie grecque, Cassandre est sur de Pris, et la fille de Priam. Elle reut d'Apollon le don de prdire l'avenir, mais elle le refusa , et cest ainsi que le dieu dcrta allors que personne ne croirait ses prdictions. Car elle predit lavenir, le temps fuit et la sort est ephemere, le role attribue par ronsard a Cassandre, est celui denvisager la sort des aimants, et davoir pitie deux. Ainsi sur la theme de l Amour il evoque toutes les divinites du pantheon greque, tous les elements de la nature et tous les symboles possibles et impossibles.

La Mythologie Grecque Element cle de la creation de son epoque, et modele , Ronsard a popule ses sonnets avec la Mythologie. Cest absolument concrete que sans ces symboles, on ne pouvait pas sexpliquer l Amour, mais, la phylosophie contenue dans le pantheon des divinites grecques, inspiree comme aussi la Bible, de la vie terrestre humaine, tente de nous decyphrer le secret des souffrances et du phenomene des sentiments qui nuissent tant lhumanite. Pour Amour on meurt, on tue, on souffre, on trahit, on change histoire et sort des nations et des peuples, des gens et des destins, on monte et on descend sur lechelle de la vie. Tmoin en est Hlne, qui suivit D'un franc vouloir Pris, qui la ravit.

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ces rubis qu'un Zphyre Le Monde sans pareil Ne porte qu'un Soleil, Qu'une Mer, qu'une Terre, Qu'une eau, qu'un Ciel ardent : Foudroye moy de grace ainsi que Capane O pere Jupiter, et de ton feu cruel Esteins moy l'autre feu Apollon et son filZ deux grans maistres ensemble, Ne me sauroient guerir, leur mestier m'a tromp Je voudrais tre Ixion et Tantale, Dessus la roue et dans les eaux l-bas, Un de ces Dieux qui mangent l'Ambrosie Le boyteus mari de Vnus Aveques ses Cyclopes nus R'alumoir un jour les flammeches De sa forge, fin d'echaufer Une grande masse de fer Pour en faire l'Amour des fleches. Venus les trampoit dans du miel, Amour les trampoit dans du fiel, Chant des Chants et Ecclesiaste Linfluence aussi est du Chant des Chants de Solomon quand il depeint sa bien aimee : ma gentille matresse

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ma gentille brunette Ange divin l'idole de ma Dame Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie. Bonjour mon oeil, bonjour ma chre amie, H ! bonjour ma toute belle, Ma mignardise, bonjour, Mes dlices, mon amour, Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle, Bonjour, ma douce rebelle. Ce beau corail, ce marbre qui soupire, Et cet bne ornement du sourcil, Et cet albtre en vote raccourci, Et ces saphirs, ce jaspe et ce porphyre, Ces diamants, ces rubis qu'un Zphyre Tient anims d'un soupir adouci, Et ces oeillets, et ces roses aussi, Et ce fin or, o l'or mme se mire, Me sont au coeur en si profond moi, Qu'un autre objet ne se prsente moi, Sinon, le beau de leur beau que j'adore, Ces liens d'or, cette bouche vermeille, Pleine de lis, de roses et d'oeillets, Et ces coraux chastement vermeillets, Et cette joue l'Aurore pareille ; Ces mains, ce col, ce front, et cette oreille, Et de ce sein les boutons verdelets, Et de ces yeux les astres jumelets, Qui font trembler les mes de merveille, plus blanche que le lis

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Les elements de lEcclesiaste : Le jour pousse la nuit, Et la nuit sombre Pousse le jour qui luit Mais la fivre d'amours Qui me tourmente, Demeure en moy tousjours, L'Hiver n'est pas l'Et : J'ai autrefois t, Tu seras de mon ge. Souvent, les petits mets Font durer une Table je veux mourir et vivre La phylosophye grecque Arhimede Les nombres dArchimede on trouve aussi dans ses poemes Le nombre plus parfait Du premier un se fait, Qui par soi se compose ; La trs simple unit, Loin de la pluralit Conserve toute chose. Le Monde sans pareil Ne porte qu'un Soleil, Qu'une Mer, qu'une Terre, Qu'une eau, qu'un Ciel ardent : Le nombre discordant Est cause de la guerre.

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Ciel, air et vents, plains et monts dcouverts, Tertres vineux et forts verdoyantes, Rivages torts et sources ondoyantes, Taillis rass et vous bocages verts,

LA MAGIE La magie amoureuse tait lapanage de jeunes hommes dsireux de contracter une union, qui leur aurait t refuse sans le recours la magie et le bouleversement des normes sociaux.

Je t'invoque, toi, auteur de toute cration, toi qui dploies tes ailes sur l'univers entier, toi l'inaccessible, l'incommensurable et qui souffles en toute psych le raisonnement fcondant, toi qui as harmonis toutes les choses ta propre puissance, premier-n, fondateur de tout, toi aux ailes d'or, toi lumire noire, toi enfouisseur des sages raisonnements et qui exhales une sombre folie, toi le clandestin, qui en secret habites toutes les psychai Tu engendres un feu invisible, comme tu emportes tout tre anim sans te lasser de le torturer, mais plutt te rjouis par un plaisir douloureux, depuis le moment o tout jt engendr. Tu apportes la peine, toi qui es parfois sage et parfois irrationnel, toi cause de qui les humains osent plus que ce qui convient, se rfgiant vers ta clart noire. Toi le plus jeune, contraire aux lois, implacable,inexorable, invisible, incorporel, gnrateur de folie, archer, porteur de torche, toi qui de toutes les sensations vivantes et de toutes choses clandestines es le matre, dispensateur d'oubli, pre du silence, toi par qui et vers qui avance la lumire, toi pareil l'enfant quand dans un coeur tu as t engendr, mais le plus venerable quand tu as triomph. (...) Tourne la psych d'Une telle vers moi, Un tel, 16

afin qu'elle m'aime, afin qu'elle me,dsire, afin qu'elle me donne ce qui est entre ses mains. Qu'elle me dise ce qu'elle a dans sa psych, car je t'invoque par ton grand nom.

Prescription thbaine du Ne s., PGMIV 1716-1870. Papyrus conserv la bibliothque nationale de Paris, P. Anastasi, Inv. lO73.

Il est clair que les hommes avaient plus frquemment recours la magie que les femmes si nous nous raportons a Faust. Les differences socials, les differences dage, les differences saspect, ou tout simplement les differences de choix, ont fait les homes reccourir a la magie. Ronsard aussi recourt aux pouvoirs magiques, quoiquil sagit de lalchimie. Il utilize aussi comme symbole le feu comme preuve reprsentant pour lui la rincarnation en phnix et qui travers du temps parcouru rester en permanence a cote de sa bien aimee. Dans l'activit cratrice se forge la continuit et l'unit de temps. L'alchimiste agit seul ou avec deux excutants, Apollon et son filZ deux grans maistres ensemble, Ne me sauroient guerir, leur mestier m'a tromp moments dans lesquels Ronsard conjure Eros, Dyonyssos, Apollo, et dautres divinites et parfois avec la prsence d'un tre aidant luvre par la force de sa pense comme nous en avons identifie Cassandre.La prsence prs de l'alchimiste de la femme, principe fminin , est essentielle. Cette prsence peut tre soit relle, soit ralise sous la forme de mariage mystique de l'alchimiste avec une desse ou une lue. Pour l'alchimiste, le bien et le mal, la perfection et l'imperfection, doivent tre unis dans la matire en Un , car Un est tout , par Lui est tout , pour Lui est tout, en Lui est tout . 17

Le refuge dans lalchimie ou en magie represente le refus de reconnatre que les hommes aient pu tre bouleverss par la passion. En revanche, les mythes et les pratiques religieuses, lorsquils permettent linterprtation de phnomnes magiques, doivent trouver leur place au sein dune tude fonde sur une dfinition sociale des sciences occultes. En effet, la vertu magique accorde certains actes ou objets peut tre justifie par un mythe qui, en lui-mme, ne relevait pas de la magie, comme cest le mythe de Cassandre. Des phnomnes, qui furent un temps religieux, peuvent avoir t, antrieurement ou prcdemment, considrs comme relevant de la magie. La dfinition de la notion de magie amoureuse est assez aise lorsque le concept de magie a t tabli. Celle qui a t retenue pour cette tude est assez large. Elle recouvre lensemble des charmes evoquant les relations amoureuses, sentimentales et sexuelles ; quil sagisse des sortilges vous attiser les sentiments dun aim ddaigneux ou destins nuire des rivaux ou tout autre trouble susceptible de nuire une relation amoureuse. Ainsi, comme certaines magiciennes mythiques, lexemple de Circe ou Mde, ou comme trahis qui se vengent et qui consentent mettre leur art et de la magie au service des desseins de certains hommes, pour satisfaire leurs propres dsirs ou leur courroux personnel, Ronsard se voit Hephaistos trahi par Aphrodite, Aphrodite trahie par Ares, et quoiquil subit le venin de ses actions, il se voit fabriquant des fleches empoisonnees avec miel et venin, et faire mal a soi meme et aux personnes aimees. Le boyteus mari de Vnus Aveques ses Cyclopes nus R'alumoir un jour les flammeches De sa forge, fin d'echaufer Une grande masse de fer Pour en faire l'Amour des fleches.

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Venus les trampoit dans du miel, Amour les trampoit dans du fiel, Limage qui resulte est celle dun homme aux pieds de sa bien aimee, theorie a laquelle il na pas pu depasser, apartenant a son poque. Lorsque la Circ de Ronsard nest pas acquise, elle ne lui dvoile pas lart et la manire dobtenir les conseils de Cassandre et il reste a errer entre tous pour obtenir sa grace et le pouvoir dune seconde pour savoir son futur. Quoiquil pronounce les paroles cle Demeure, Songe, arrte encore un peu ! Ca ne se pass car on sait que la plupart des sorcires dont la matrise des sciences occultes est incontestable, agissent toutes dans lunique dessein de contenter leurs propres dsirs.

La ROSE

La rose, trs vieux symbole alchimique, reprsente la connaissance des mystres du Grand OEuvre, la connaissance intgrale, l'illumination. Elle possde 5, ou 8, ou 15 ptales, lis aux correspondances sacres de Pythagore.Elle est le symbole de la perfection acheve.

La rose blanche signifie le sacrifice, la rose rouge le devoir. Elle conduit au symbole de la roue, utilis aussi bien en alchimie qu'en kabbale, qui, son tour, conduit aux rosaces des glises. En kabbale, la roue est le rouha, c'est--dire le souffle. Dans les glises il y a toujours trois rosaces. L'abside fait face au sud-est, et le transept est orient du nord-est au sud-ouest. Il en rsulte que :

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La rosace septentrionale est toujours prive des rayons du soleil (en alchimie c'est luvre au Noir). La rosace sud-est est claire par le soleil de midi (c'est luvre au Blanc). La grande rosace principale flamboie au soleil couchant, (c'est la rubification). Limage de la rose On dfinit gnralement lallgorie en la comparant au symbole, dont elle est le dveloppement logique, systmatique et dtaill. Ainsi, dans la posie lyrique, limage de la rose apparat souvent comme le symbole de la beaut, de la puret ou de lamour ; Guillaume de Lorris dans le Roman de la Rose en a fait une allgorie en racontant les aventures dun jeune homme pris dun bouton de rose. Il est vident quentre le symbole et lallgorie, la faveur du public moderne va plutt au premier, qui semble plus riche et plus profond. Mais cette prfrence tient parfois une conception trop troite et trop superficielle de lallgorie, conception dont les grammairiens du Moyen ge sont tout autant responsables que les critiques contemporains.

Les Roses Remarquable par sa beaut, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employe en Occident. Elle correspond dans l'ensemble ce qu'est le lotus, en Asie, l'un et l'autre tant trs proches du symbole de la roue. L'aspect le plus gnral de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'lve et s'panouit. Cet aspect n'est d'ailleurs pas tranger l'Inde, o la rose cosmique Triparasundar sert de rfrence la beaut de la Mre divine. Elle dsigne une perfection acheve, un accomplissement sans dfaut. Comme on le verra, elle symbolise la coupe de vie, l'me, le cur, I'amour.

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La rose est, dans l'iconographie Chrtienne, soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies Christ. Un symbole rosicrucien figure cinq roses, une au centre et une sur chacun le bras de la Croix. Ces images voquent soit le Graal, soit la rose cleste de la Rdemption. Et puisque nous citons les Rose-croix, remarquons que leur emblme place la rose au centre de la Croix, c'est--dire l'emplacement du cur du Christ, du Sacr-Cur. Ce symbole est le mme que la Rosa candida de la Divine Comdie, laquelle ne peut manquer d'voquer la Rose mystique des litanies chrtiennes, symbole de la Vierge ; le mme peut-tre aussi que celui du Roman de la Rose. Angelus Silesius fait de la rose limage de l'me, celle aussi du Christ, dont l'me reoit l'empreinte. La rose d'or, autrefois bnie par le Pape le quatrime dimanche de Carme, tait un symbole de puissance et d'instruction spirituelles Mais aussi sans doute un symbole de rsurrection et d'immortalit. La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose celui de la roue. Il faut enfin noter le cas particulier, en mystique musulmane, d'un Saadi de Chiraz, pour qui le Jardin des Roses est celui de la contemplation : J'irai cueillir les roses du jardin, mais le parfum du rosier ma enivr. Langage que la mystique chrtienne ne refuserait en aucune manire, en commentaire du Cantique des Cantiques sur la rose de Saron. La rose, par son rapport avec le sang rpandu, parat souvent tre le symbole dune renaissance mystique : sur le champ de bataille o sont tombs de nombreux hros, poussent des rosiers et des glantiers... Des roses et des anmones sont sorties du sang d'adonis tandis que ce jeune dieu agonisait... Il faut, dit Mircea Eliade, que la vie humaine se consume compltement pour puiser toutes les possibilits de cration ou de manifestation ; vient-elle tre interrompue brusquement, par une mari violente, elle tente de se prolonger sous une autre forme : plante, fleur, fruit. Les cicatrices sont compares des roses par Abd Ul Kadir Gilani, qui attribue ces roses un sens mystique. F. Portal admet que la rose et la couleur rose constitueraient un symbole de rgnration du fait de la parent smantique du latin rosa avec ros, la pluie, la rose. La rose et sa couleur, dit-il, taient les symboles du premier degr de rgnration et d'initiation aux mystres.

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L'ne d'Apule recouvre la forme humaine, en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui prsente le grand prtre d'Isis. Le rosier, ajoute cet auteur, est l'image du rgnr, comme la rose est le symbole de la rgnration. Et la rose, dans les textes sacrs, accompagne bien souvent le vert, ce qui confirme cette interprtation. Ainsi dans l'ecclsiaste, il est dit : J'ai grandi comme les plants de roses de Jricho, comme un olivier magnifique dans la plaine . L'olivier tait consacr Athna et les roses suggrent les mystres de l'initiation. En outre, les rosiers taient consacrs Aphrodite en mme temps qu' Athna. La rose tait chez les Grecs une fleur blanche, mais lorsque Adonis protg d'Aphrodite fut bless mort, la Desse courut vers lui, se piqua une pine et le sang colora les roses qui lui taient consacres. C'est ce symbolisme de rgnration qui fait que, depuis l'Antiquit, on dpose des roses sur les tombes : les anciens nommaient cette crmonie rosalia et tous les ans, au mois de mai, offraient aux mnes des dfunts des mets de roses. Hcate, desse des Enfers, tait parfois reprsente la tte ceinte dune guirlande de roses cinq feuilles. On sait que le nombre cinq succdant au quatre, nombre d'accomplissement, marque le dpart d'un nouveau cycle. Au septime sicle, selon Bde, le tombeau de Jsus-Christ tait peint dune couleur mlange de blanc et de rouge. L'on retrouve ces deux lments composants de la couleur rose, le rouge et le blanc, avec leur valeur symbolique traditionnelle, sur tous les plans, du profane au sacr, dans la diffrence accorde aux offrandes de roses blanches et de roses rouges, ainsi que dans la diffrence entre les notions de passion et de puret et celles d'amour transcendant et de sagesse divine. Aux armes des religieuses, dit le Palais de l'honneur, on place une couronne compose de branches de rosier blanc avec ses feuilles, ses roses et ses pines qui dnotent la chastet quelles ont conserve parmi les pines et les mortifications de la vie. La rose est devenue un symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur. La rose comme fleur d'amour remplace le lotus gyptien et le narcisse grec. Les roses celtiques, vivaces et fires, non dpourvues d'pines et lourdes d'un doux symbolisme. Notons celle du Roman de la Rose, dont Guillaume de Lorris el Jean de Meung font le

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mystrieux tabernacle du Jardin d'Amour de la Chevalerie, celle de rosa mystica des litanies de la Vierge, les roses d'or que les Papes donneront aux princesses mritantes, enfin l'immense fleur symbolique que Batrice montre Dante sincre et fidle parvenu au dernier cercle du Paradis, rose et rosace la fois. Batrice qui apparaissait si proche, dans la Vita Nuova, vtue de rouge ou de blanc, apparat aloors comme celle qui sen est retourne vers une autre blancheur, vers la splendeur de la Rose cleste, pour disparatre dans la rgion illumine. L'Amour paradisiaque sera compar par Dante dans sa Divine Comdie au centre de la rose : au centre d'or de la rose ternelle, qui se dilate et va de degr en degr, et qui exhale un parfum de louange au soleil toujours printanier. LEmpyre est semblable un grand amphithtre, appel Rose blanche ou Rose cleste. LEmpyre est le lieu o se dploie limmensit resplendissante de la Rose cleste, sjour ternel de la batitude et de lamour divin. Batrice est au Paradis plus belle, plus lumineuse et plus rayonnante que jamais parce quelle sen est retourne vers une autre blancheur, vers la splendeur de la Rose cleste pour disparatre dans la rgion illumine. Blanche ou rouge, la rose est une des fleurs prfres des alchimistes dont les traits s'intitulent souvent rosiers des philosophes. La rose blanche, comme le lys fut lie, la pierre au blanc tandis que la rose rouge fut associe la pierre au rouge. La plupart de ces roses ont sept ptales dont chacun voque un mtal ou une opration de l'uvre. Une rose bleue serait le symbole de l'impossible. Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait dclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu cette vpre Les plis de sa robe pourpre, Et son teint au vtre pareil. Las ! voyez comme en peu despace, Mignonne, elle a dessus la place,

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Las ! las ! ses beauts laisses choir! vraiment martre Nature, Puisquune telle fleur ne dure, Que du matin jusquau soir ! Donc, si vous me croyez mignonne, Tandis que votre ge fleuronne En sa plus verte nouveaut, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme cette fleure la vieillesse Fera ternir votre beaut.

LA CENDRE Pernety : Les Sectateurs de la science Hermtique appellent souvent cendre la matire, de la pierre putrfie dans l'aludel, parce que la chaleur extrieure agissant sur le mixte du vaisseau, en spare l'humide qui en liait les parties, et aprs l'avoir dessech, laisse le mixte comme une poudre, ou cendre, et la matire dans cet tat est en putrfaction ou corruption; car l'un et l'autre terme se prennent indiffremment pour signifier la mme chose. Les Philosophes Hermtiques disent qu'il ne faut pas mpriser la cendre, et Morien dit qu'elle est le diadme du Roi. Il faut entendre ces termes de la matire aprs qu'elle a t en putrfaction; parce qu'alors elle semble de la cendre, et que de cette cendre doit sortir le soufre philosophique, qui est le diadme du Roi. CENDRE DE TARTRE . Soufre des Philosophes parfait au rouge. Tout ce qui touche la cendre ressortit de la chaux, qu'il s'agisse de celle des mtaux ou de celle des minraux. Je n'ay plus que les os, un Schelette je semble, Decharn, denerv, demuscl, depoulp,

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Que le trait de la mort sans pardon a frapp, Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

reduit en cendre

Les Portiques du Feu Foudroye moy de grace ainsi que Capane O pere Jupiter, et de ton feu cruel Esteins moy l'autre feu

Ainois plus tost pour se nourir en feu i En lieu de luy j'ay une Salamandre

m'alume au cur La Salamandre Ainois plus tost pour se nourir en feu i En lieu de luy j'ay une Salamandre

La salamandre, qui fait l'objet du chapitre de Fulcanelli, a t abondamment commente dans ces pages ; cf. par exemple Fontenay. Le mot salamandre, dsignant l'image de l'animal dont la lgende rapporte qu'il vit dans le feu, voil qui voque immdiatement la voie sche. En effet, la salamandre voile le nom du SEL secret qui reste infusible jusqu'au

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4me degr de feu. Mais il faut ici bien faire la diffrence entre les sels issus des mtaux morts, c'est--dire coups et ouverts, et qui ne sont plus que des cendres, et le sel qui renat prcisment, de ses cendres, et que Michel Maier, suivi en cela par nombre d'Adeptes, a nomm le phnix. 4. Nous allons tudier les photos du manoir dans l'ordre o elles nous sont prsentes par de Formeville. Le premier tage du manoir est examin par Fulcanelli, p. 267 au IV. Il signale notre attention : [...] un homme d'aspect primitif soulve et parat vouloir emporter un cot d'assez forte dimension. [DM, I] Cet cot reprsente pour l'Adepte le plus important des arcanes secondaires. Qu'est-ce qu'un cot ? Le Larousse rpond qu'il s'agit d'un tronc d'arbre mal lagu, c'est--dire d'un tronc d'arbre grossirement branch. Au pluriel, les cots ou escots sont de petits blocs d'ardoise. L'image est donc celle d'un arbre qui a t sci et fendu, sur lequel nous nous sommes attards dans la section des Principes ; car l'objet que manipule cet homme primitif , c'est--dire fou dans le sens de pas duqu ou mal quarri , n'est autre que la Sapience, l'arbre sec et le sceptre de la Mre folle ou Vierge folle. Fulcanelli nous parle de cet arbre sec selon qu'il se dvitalise, ou au contraire, qu'il se revivifie : ...L'animation de l'or, vitalisation symbolique de l'arbre sec, ou rsurrection du mort, nous est enseigne allgoriquement par un texte d'auteur arabe...cet auteur [Kessaeus] narre en ces termes les circonstances de l'accouchement de Marie : ...elle sortit au milieu de la nuit...elle vit un palmier dessch ; et lorsque Marie se fut assise au pied de cet arbre, aussitt il refleurit et se couvrit de feuilles et de verdure...Et dieu fit surgir ct une source d'eau vive... [DM, II, p. 273] Cet arbre sec a tout voir avec la salamandre : en effet, mme dans le dnuement le plus complet, mme lorsqu'il est ainsi attaqu dans ses frondaisons et dans son socle [l'arbre sec est dcapit], il n'en perd pas, pour autant, sa forme primitive, l'image de l'animal qui vit dans le feu. A l'inverse, l'cot parat ressortir d'un souvenir de Palestine puisque l'arbre plant tous prs d'Hbron, qui depuis le commencement du monde tait verd et feuillu

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perdit son feuillage le jour que le Christ mourut en la croix, et qu'alors, cet arbre scha. L'image est claire et s'impose d'elle-mme : c'est l'illustration de la mise au tombeau du corps mort, aprs qu'il ait subi la Passion, puis l'histoire de sa rsurrection o il est pratiquement crit que : la putrfaction est la solution de la conjonction . En mme temps, cet homme primitif reprsente l'Artiste, avant qu'il ait reu, son tour, l'illumination. Possesseur de la matire des Sages, il ne peut s'en servir s'il n'a reu le don de Dieu ; Limojon de saint-Didier s'est exprim l-dessus avec les accents d'une vrit poignante [cf. Lettre et Triomphe hermtique]. C'est l, croyons-nous, l'objet principal de ce manoir de la salamandre, de sa signifiance hermtique : donner les indications qui permettront l'tudiant d'tre mis sur le bon sentier pour suivre dame Nature la trace [stibeuw] ; faon de dire, par cabale, qu'il devra apprendre se servir du stibium de Tollius, autre nom donn l'antimoine saturnin d'Artephius. C'est le contrat [cot : sumblh, c'est-dire le signe de reconnaissance ou le contrat, la quote-part] en somme qu'il passe afin que Dieu misricordieux lui montre le Miroir du Monde. D'ailleurs, cette aide ou assistance [sumblhsiV] doit faire comprendre l'Artiste comment il peut rapprocher les principes de l'oeuvre [sumblhsiV] et ce, de faon toute allgorique [sumbolikwV]. N'oublions pas que, primitivement, le sumbolon est un objet coup en deux - blanc sur une face, noire sur l'autre et violet dans sa cassure, comme n'aurait pas manqu de le dire Fulcanelli - , dont deux htes conservaient chacun une moiti qu'ils transmettaient leurs enfants ; ces deux parties rapproches [sumballw] servaient faire reconnatre les porteurs et prouver les relations d'hospitalit contractes antrieurement. Eh bien ! Tout cela peut tre expliqu par cabale : le sumbolon reprsente la prima materia dans sa forme brute, qu'il faut quarrir, objet de la sparation initiale. Cette sparation, c'est--dire cette ouverture, correspond la phase de dissolution o les cendres des mtaux morts sont sublims dans le Mercure. Chaque moiti constitue le soufre ou la partie mercurielle. Les porteurs ou christophores sont les intermdiaires qui prsident aux changes, situs aux carrefours [ ou U]. L'un de ces carrefours est le lieu de la dissolution ; l'autre, le lieu de la runion. Tout cela a t expos dans d'autres sections. Cette prima materia est constitue, donc, par les mtaux l'tat natif qu'il faut - nous dit Fulcanelli - s'vertuer redonner la vie latente, cache sous leur masse solide et cristalline.

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LE PHOENIX cette section rappelle le nom de l'oiseau phnix, qui renat constamment de ses cendres et se survit lui-mme. Le phnix se trouve au centre de la coction hermtique et manifeste la supriorit tardive du fixe sur le volatil, force que l'alchimiste cuise et dcuise sa matire, selon la formule Solve et Coagula, qui rsume entirement l'alchimie. Le nom phnix (grec joinix) est la fois un nom commun et un nom propre. Comme nom commun il peut dsigner un arbre, le palmier-phnix [cf. blasons alchimiques], varit ornementale qui peut tre cultive dans le midi de la France ; ce palmier passait pour l'arbre phnicien. Il peut dsigner aussi une couleur : le pourpre, fabriqu en Phnicie, (grec joinix), qui serait l'origine du nom des Phniciens, inventeurs de cette teinture ; le nom serait alors driv de joinoV : rouge pourpre, qui semble se rattacher une racine indo-europenne bhen : frapper mort, par l'ide de sang. Comme nom propre il dsigne le prcepteur d'Achille : Phnix (Phnix est aussi le nom d'un roi ponyme des Phniciens, pre ou frre d' Europ). En Egypte le phnix est associ au dieu : R ou Osiris, dieu du soleil. Le phnix gyptien, appel bnou, est un hron cendr avec deux grandes plumes sur la tte comme l'atteste la reprsentation du Louvre. je veux mourir et vivre

Cela vous soit un exemple certain Que vos beauts, bien qu'elles soient fleuries, En peu de tems cherront toutes fltries, Et comme fleurs, periront tout soudain.

qu'Amour continuel Toujours d'une flame obstine

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Chapitre 2 LOeuf symbole central des Amours de Ronsard

On considere des tous ses symbols, l Oeuf, le plus important et celui qui engendre et origine la Vie, lAmour, et aussi lUniverse Sa symbolistique comme en est decrite dans ce site ouvre quelques nouveaux perspectives.

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On peut discuter le Feu substitut du Phoenix, eternelle renaissance du soi, en comparation avec lOeuf origine et element esentiel de la vie. L'oeuf, considr comme contenant le germe partir duquel se dveloppera la manifestation, est un symbole universel et qui s'explique de lui-mme. l'oeuf, symbole de la naissance du monde La naissance du monde partir d'un oeuf est une ide commune aux Celtes, aux Grecs, aux gyptiens, aux Phniciens, aux Cananens, aux Tibtains, aux Hindous, aux Vietnamiens, aux Chinois, aux Japonais, aux populations sibriennes et indonsiennes, bien d'autres encore. Le processus de manifestation revt toutefois plusieurs aspects; l'oeuf de serpent celtique, figure par l'oursin* fossile, l'oeuf crache par le Kneph gyptien, voire par le dragon chinois, reprsentent la production de la manifestation par le Verbe. Hindouisme D'autres fois, l'homme primordial nait d'un oeuf c'est le cas de Prajpati, de P'an-kou. D'autres hros chinois sont ns ultrieurement d'oeufs fcondes par le soleil, ou de l'ingestion d'oeufs d'oiseau par leur mre. Plus frquemment encore, l'oeuf cosmique, n des eaux primordiales, couve leur surface (par l'oie Hamsa, dit-on en Inde, qui est l'Esprit, le Souffle divin), se spare en deux moitis pour donner naissance au Ciel et la Terre : c'est la polarisation de l'Androgyne*.

Ainsi le Brahmnda hindou se spare en deux demi-sphres d'or et d'argent ; l'oeuf de Lda donne naissance aux deux Dioscures, portant chacun une coiffure hmisphrique; le yinyang chinois, polarisation de l'Unit premire, prsente un symbole identique en ses deux moitis noire et blanche. Shint L'oeuf primordial du Shint se spare de mme en une moiti lgre (le Ciel) et une moiti dense (la Terre). Ibn al-Wald figure de faon assez voisine la Terre, dense comme le jaune

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de l'oeuf coagul, le Ciel, plus lger comme le blanc qui l'entoure. Ce symbolisme gnral, liant l'oeuf la gense du monde et sa diffrenciation progressive, mrite d'tre prcis. L'oeuf une ralit primordiale, qui contient en germe la multiplicit des tres. Egypte Pour les gyptiens, sous l'action d'un dmiurge, mergera du Noun, personnification de l'ocan primordial, eau absolue contenant des germes de cration en attente, une butte, sur laquelle un oeuf clora. De cet oeuf, - le mot est fminin en gyptien - un dieu jaillira, qui organisera le chaos, en donnant naissance aux tres diffrencis. Le dieu Khnoum issu de cet ocan et de l'oeuf primordial fabriquera son tour, la faon d'un potier, les oeufs ou embryons, ou germes de vie. Il est le modeleur des chairs. Mais l'gypte ancienne connaissait diverses cosmogonies. Selon celle d'Hermopolis, l'oeuf primordial n'tait autre que la Qerehet, patronne des forces vitales de l'espce humaine. Le grand lotus initial, dont le calice s'illumine en s'ouvrant le matin la surface des fanges du delta, jouait le mme rle dans d'autres traditions. Le soleil lui-mme serait n du germe mystrieux que l'oeufMre entourait (SOUN, 22-62). Cananens Selon les traditions cananennes, Mochus met l'origine du monde l'ther et l'air d'o nait Oulmos (L'Infini). Oulmos engendre l'oeuf cosmique et Chansr (le dieu artisan). Chansr ouvre l'oeuf cosmique en deux ef forme le ciel et la terre de chacune de ses deux moitis (SOUN, 183). Inde Dans l'Inde, selon la Chndogya Upanishad (3, 19), l'oeuf est n du Non-tre et il a engendr les lments : Au commencement, il n'y avait que le Non-tre. Il ft l'tre. Il grandit et se changea en oeuf. Il reposa toute une anne, puis il se fendit. Deux fragments de coquille apparurent: l'un d'argent, l'autre d'or. Celui d'argent, voil la terre ; celui d'or, voil le ciel. Ce qui tait la membrane externe, voil les montagnes; ce qui

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mit la membrane interne, voil les nuages et les brumes; ce qui tait les veines, voil les rivires; ce qui tait l'eau de la vessie, voil l'ocan (dans SOUN, 354). Tibet Selon des doctrines tibtaines, pour n'tre pas primordial, l'oeuf est cependant l'origine d'une longue gnalogie d'hommes : De l'essence des cinq lments primordiaux, un grand oeuf est sorti.

Et de l'oeuf sont sortis un lac blanc, les tres des dix catgories, d'autres oeufs, d'o sortirent les membres, les cinq sens, des hommes, des femmes... soit une longue gnalogie d'anctres. Chine Dans les traditions chinoises, avant toute distinction du ciel et de la terre, le chaos luimme avait l'apparence d'un oeuf de poule. Au bout de 18000 ans (nombre- symbole d'une priode indfinie), l'oeuf- chaos s'ouvrit : les lments lourds formrent la terre (Yin) ; les lments lgers et purs le ciel (Yang). L'espace qui les sparait grandissait chaque jour. Au bout de 18000 ans, P'an Kou mesura la distance entre le ciel et la terre. La thorie Houen-t'ien, de son ct, conoit le monde comme un oeuf immense, dress la verticale sur son plus long diamtre. Le ciel et les astres sont la partie intrieure et suprieure de la coquille ; la terre est le jaune flottant au milieu de l'ocan primordial qui remplit le fond de l'oeuf. Les saisons procdent des agitations priodiques de cet Ocan. Incas Le Grand Temple Inca de Coricancha, a Cuzco, avait pour principal ornement une plaque d'or de forme ovale, flanque des effigies de la lune et du soleil. Lehman Nitsche y voit la reprsentation de la divinit suprme des Incas, Huiracocha, sous la forme de l'oeuf cosmique. Il cite l'appui de sa thse plusieurs mythes cosmologiques recueillis au Prou par les premiers chroniqueurs espagnols, dont celui-ci : le hros crateur demande son

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pre, le Soleil, de crer les hommes pour peupler le monde. Celui-ci envoie sur terre trois oeufs. Du premier - oeuf d'or - sortiront les nobles; du second - oeuf d'argent - sortent leurs femmes; du troisime enfin oeuf de cuivre est issu le peuple.

Dans une variante, ces trois mmes oeufs tombent du ciel aprs le dluge. Le nom de Huiracocha serait l'abrviation de Kon-Tiksi-Huira-Kocha, qui signifie Dieu de la mer de lave, ou du fluide ign de l'intrieur de la terre. Huiracocha tait en effet le matre des volcans. Mali Dogons Le mythe de l'oeuf cosmique se retrouve chez les Dogons et les Bambaras du Mali. Le glyphe (ici, dessin de bonhomme stylis) vie du monde des Dogons le reprsente, au sommet suprieur de la croix des des directions cardinales, en opposition un autre oeuf, ouvert vers le bas, et qui est la matrice terrestre, la jarre femelle (GRIS). L'oeuf cosmique, pour les Bambaras, est Esprit. Il est l'Esprit premier, produit, au centre de la vibration sonore, par le tournoiement de celle-ci. Ainsi cet oeuf se forme, se concentre, et peu peu se spare de la vibration, gonfle, bruit, se maintient seul dans l'espace, s'lve et clate, laissant retomber les vingt-deux lments fondamentaux forms en son sein, qui prsideront l'ordonnancement de la cration en vingt-deux catgories (DIEB). Congo L'oeuf est une image du monde et de la perfection, pour les Likouba et Likouala du Congo, selon ce que rapporte de leur pense cosmogonique J.-P. Lebeuf. Le jaune reprsente l'humidit fminine, le blanc le sperme masculin. Sa coquille, dont l'intrieur est isol par une membrane, reprsente le soleil, issu de la coquille de l'oeuf cosmique qui aurait brl la terre, si le crateur n 'avait transform la membrane en atmosphre humide.

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Aussi les Likouba et les Likouala disent-ils que l'homme doit s'efforcer de ressembler un oeuf. Finlande Dans le Kalevala (Finlande), avant la naissance du temps, la Vierge, desse des eaux, laisse apparatre son genou la surface des eaux primordiales. Le canard (matre de l'air) y dpose 7 oeufs, dont 6 d'or et 1 de fer. La vierge plonge, les oeufs se brisent dans les eaux primordiales : Tous les morceaux se transformrent en choses bonnes et utiles : le bas de la coque de l'oeuf forma le firmament sublime, le dessus de la partie jaune devint le soleil rayonnant, le dessus de la partie blanche fut au ciel la lune luisante : tout dbris tach de la coque fut une toile au firmament, tout morceau fonc de la coque devint un nuage de l'air le temps avana dsormais... (trad. J.-L. Perret, Le Kalevala, Paris). Ainsi l'oeuf est souvent une reprsentation de la puissance cratrice de la lumire. Dans le domaine celtique, on n'a aucun tmoignage direct sur le symbolisme de l'oeuf. Celui-ci est inclus dans celui de l'oursin*, fossile, ovum anguinum ou oeuf cosmique qui contient en germe toutes les possibilits. Virtualit Magma Dans la structure de toutes ces cosmogonies, l'oeuf joue le rle d'une image- clich de la totalit (Mircea Eliade, dans SOUN, 480). Mais il succde en gnral au chaos, comme un premier principe d'organisation. La totalit des diffrences procde de lui, non le magma indiffrenci des origines.

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Si 1'Oeuf n'est jamais absolument premier, il symbolise toutefois le germe des premires diffrenciations. L'oeuf cosmique et primordial est un, mais il renferme la fois ciel et terre, les eaux infrieures et les eaux suprieures ; dans sa totalit unique, il comporte toutes les multiples virtualit. Cycle biologique Rnovation priodique L'oeuf apparat galement comme un des symboles de la rnovation priodique de la nature : tradition de l'oeuf de pques, des oeufs colors, dans de nombreux pays. Il illustre le mythe de la cration priodique. Mircea Eliade s'lve contre une interprtation empiricorationaliste de l'oeuf considr comme germe,... le symbole que l'oeuf incarne (d'aprs les ensembles mystico- rituels de maintes religions) ne se rapporte pas tant la naissance qu' une renaissance, rpte suivant le modle cosmogonique... L'oeuf confirme et promeut la rsurrection qui... n'est pas une naissance, mais un retour, une rptition (ELIT, 347- 348). Il nous semble que les deux interprtations ne sont point incompatibles, comme parait le croire Mircea Eliade. Il est bien clair que l'oeuf symbolise la renaissance et la rptition; il ne l'est pas moins que, d'aprs les textes les plus anciens, l'oeuf est, aux origines, un germe ou une ralit primordiale. Sa fonction cyclique est conscutive son rle premier. S'il y a construction rationaliste, nous la voyons plutt dans une conception inspire d'un modle cosmogonique, qui se rpterait. Ce qui n'empche que l'oeuf symbolise aussi un cycle biologique. Sude Botie Des oeufs d'argile dcouverts dans des spultures de Russie et de Sude, par exemple, ont t interprts comme des emblmes de l'immortalit et des symboles de rsurrection. Les multiples valeurs de symbole qu'assume une mme image ne sont point surprenantes. 35

Dans des tombeaux de Botie, on a galement dcouvert des statues de Dionysos portant un oeuf dans la main, promesse et signe de retour la vie. On conoit ds lors que les doctrines qui condamnent le dsir d'un retour priodique l'existence, pour recommander la sortie du cycle des rincarnations infinies, proscrivent l'usage des oeufs. Les rgles orphiques, par exemple, interdisaient d'en manger. Mais la perspective orphique est bien diffrente de celle des asctes bouddhistes. Ceux-ci veulent rompre tous les liens qui les rattachent au monde et visent l'extinction du dsir ; les orphiques tendent au contraire intensifier, mais orienter le dsir vers une transfiguration spirituelle ; cette fin, il leur appartient d'viter avant tout le contact avec les choses qui symbolisent religieusement... quelque rapport avec le monde de la caducit et de la mort. Or les oeufs sont, selon les coutumes qu'ils rejettent, offerts aux morts en nourriture, comme gage de renaissance. Les rgles orphiques ayant pour but d'affranchir l'me de tout ce qui l'attache la terre, de faon que, purifie, elle retourne au Dieu dont elle procde, se doivent de condamner ce symbole des renaissances terrestres. L'oeuf la lierait au cycle des renaissances, dont elle veut s'chapper. Cette consquence d'une prohibition confirme d'ailleurs la croyance en la valeur quasi magique de l'oeuf, en sa signification fondamentale d'origine de la vie d'icibas. Symbolisme L'oeuf participe galement du symbolisme des valeurs de repos, comme la maison, le nid, la coquille, le sein de la mre (BACE, 51-130). Mais au sein de la coquille, comme en celui, symbolique, de la mre*, joue la dialectique de l'tre libre et de l'tre enchan. De cette douce scurit, le vivant aspire sortir le poussin brise sa coque douillette et tide. L'oeuf, comme la mre, deviendra le symbole des conflits intrieurs entre le bourgeois avide de confort et l'aventurier pris de dfi, qui sommeillent en l'homme, ainsi qu'entre les tendances l'extraversion et celles de l'introversion.

Comme dans les cosmogonies, l'oeuf psychique renferme le ciel et la terre, tous les germes du bien et du mal, ainsi que la loi des renaissances et de l'closion des personnalits.

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L'tudiant se sent enclos dans son univers (universit) ; il aspire en sortir, en brisant sa coquille. Il dfie pour vivre. Alchimie Germe spirituel C'est galement l'ide de germe, mais de germe d'une vie spirituelle, que se rfre la tradition alchimiste de l'oeuf philosophique. Foyer de l'univers, il renferme dons sa coquille les lments vitaux comme le vase hermtiquement clos contient le compost de l'oeuvre. Le vase, qu'il soit matras, aludel, cucurbite ou cornue, devait comme l'oeuf tre couv pour que son compost pt se transformer. La chaleur de 10 couvaison tait entretenue dans un athanor* ou fourneau alchimique... Le compost pouvait tre distill pour servir 10 composition de l'lixir ou encore subir la transmutation en or ou en argent... "Des produits du compost... doit natre l'enfant de 10 philosophie, c'est--dire l'or, c'est--dire la sagesse" (VANA, 19). Athanor L'oeuf philosophique Un manuscrit hermtique anonyme, cit par E. Monod-Herzen (MONA, 63-64), parle de l'oeuf philosophique en ces termes : Voici ce que les anciens disent sur l'oeuf les uns l'appellent 10 pierre de cuivre, la pierre d'Armnie, d'autres 10 pierre encphale, d'autres la pierre qui n'est pas une pierre, d'autres la pierre gyptienne, d'autres l'image du monde. L'athanor*, fourneau des alchimistes, tait traditionnellement compar l'oeuf cosmique. L'oeuf symbolise le sige, le lieu et le sujet de toutes les transmutations. Ovodes Pierres

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Scarabe Le symbolisme de l'oeuf s'exprime aussi par des images moins directes comme les pierres* ovodes (ainsi celle de Cyble*), la boule du scarabe* bousier, la partie hmisphrique du stpa*, effectivement nomme anda (oeuf). Cette boule, ce stpa contiennent un germe, une semence de vie. L'oeuf peut en ce sens tre rapproch d'autres symboles comme la conque, la caverne, le coeur, 1'ombilic, centres du monde, origines de dveloppements spatiaux, temporels, biologiques. Scolastiques La ponte et la couvaison de l'oeuf comportent elles-mmes divers aspects symboliques qui valent d'tre nots. La poule qui couve est considre, dans les sectes de mditation bouddhiques, comme le symbole de la concentration de l'esprit et de son pouvoir spirituellement fcondant.

L'enseignement thorique, purement extrieur, est compar par Tchouang-tseu, aux oeufs infconds, dpourvus de germe. Les scolastiques se sont interrogs sur l'antriorit relative de la poule et de l'oeuf : l'oeuf est dans la poule, la poule dons l'oeuf, rpond Silsius. La dualit est contenue potentiellement dans l'unit; la dualit se rsout en l'unit. Prosprit Plus prosaquement, mais sans nous loigner des notions prcdentes, notons que l'oeuf est parfois pris comme symbole de prosprit : si les A-kha du Nord-Laos rvent qu'une poule pond plusieurs oeufs, ils interprtent le songe comme une promesse de richesse prochaine. (http://hypermedia.univ-paris8.fr/ovosite/oeuf/oeuf.htm ) Je vous donne des oeufs. L'oeuf en sa forme ronde Semble au Ciel, qui peut tout en ses bras enfermer, Le feu, l'air et la terre, et l'humeur de la mer, Et sans estre comprins comprend tout en ce monde.

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La taye semble l'air, et la glre fconde Semble la mer qui fait toutes choses germer : L'aubin ressemble au feu qui peut tout animer, La coque en pesanteur comme la terre abonde, Et le ciel et les oeufs de blancheur sont couvers. Je vous donne (en donnant un oeuf) tout l'Univers : Divin est le prsent, s'il vous est agrable. Mais bien qu'il soit parfait, il ne peut galer Vostre perfection qui n'a point de semblable, Dont les Dieux seulement sont dignes de parler.

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Webliographie consultee : http://hypermedia.univ-paris8.fr/ovosite/oeuf/oeuf.htm fr.wikipedia.org/wiki/Amour_courtois www.comlive.net/L-ideal-chevaleresque fr.wikipedia.org/wiki/Renaissance_franaise fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Ronsard http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/pierre_de_ronsard/index.html http://herve.delboy.perso.sfr.fr/poeme_phenix.html http://herve.delboy.perso.sfr.fr/salamandre_lisieux.html#I.%20Le%20texte%20sur%20la %20notice%20de%20la%20maison%20de%20Lisieux.

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