La bienveillance scolaire

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PUBLICATIONS DE L’OBSERVATOIRE DÉONTOLOGIQUE DE L’ENSEIGNEMENT [email protected] Bien-être des écoliers, des collégiens et des lycéens Pour une bienveillance scolaire Cahier spécial N° 23 novembre 2012 Coordination Gilles D’Autan Diffusion par voie numérique hors abonnement

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Publication de l'observatoire déontologique de l'enseignement

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PUBLICATIONS DE L’OBSERVATOIRE DÉONTOLOGIQUE DE L’ENSEIGNEMENT

[email protected]

Bien-être des écoliers, des collégiens et des lycéens

Pour une bienveillance scolaire

Cahier spécial N° 23 novembre 2012

Coordination Gilles D’Autan Diffusion par voie numérique hors abonnement

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L’ENTROPIE INTRINSÈQUE DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

Étienne Delorme chercheur à l’Observatoire déontologique de l’enseignement

Dans le texte ci-dessous, l’auteur appelle entropie le degré de désordre, le niveau d’incertitude, l’état de dégradation de l’organisation d’un établissement, par rapport à son état attendu (annoncé)...

Claude Lévi-Strauss suggérait parfois d’écrire : entropologie ; au lieu de :

anthropologie. Ce néologisme provient du substantif entropiei qui en thermodynamique désigne une grandeur caractérisant le désordre d'un système. Dans l’esprit de Lévi-Strauss, il s’agit d’étudier les sociétés à l’aune des processus de désintégration qui leur sont inhérents. En définissant un établissement scolaire comme une microsociété, on peut considérer que le niveau d’entropie est un état de dysfonctionnement par rapport à une intention initiale, une mission déclarée, un projet affiché, un objectif annoncé… En définitive, il s’agit d’une somme de ses difficultés, troubles et tensions ; ou plus modestement de l’écart entre le discours et la réalité, entre les mots et les actes.

Dans le même ordre d’idée, Jacques Painii s’intéresse à une maltraitance scolaire structurelle en notant que les établissements ignorent la parole des élèves tout en développant une vie interne déficitaire en relation et en humanité. Cette incurie faite d’agissements aussi bien que de refus d’agir et de négligences se manifeste de deux manières. D’une part, sous une forme extrêmisée avec des atteintes physiques et verbales couvertes par l’indifférence, l’incompétence ou le fatalisme des adultes ; d’autre part, sous une forme insidieuse avec des pratiques inconséquentes et délétères au niveau de l’accueil, de l’écoute des élèves, de la pédagogie et plus généralement de la prise en compte des problèmes de la vie collective.

D’après les travaux que Gilbert Longhiiii à pu conduire, on peut repérer dans la plupart

des établissements des avatars de la maltraitance institutionnelle insidieuse. Elle n’est ni une violence actée, ni une brusquerie factuelle, mais un dérèglement institutionnel dont on trouvera quelques exemples potentiels ci-dessous …

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Données structurelles objectives

d’un établissement scolaire (école, collège, lycée)

Potentiel de maltraitance institutionnelle insidieuse

correspondant

Espace Architectonique, locaux, matériel, matériels…

-Localisation de l’établissement dans des zones défavorisées & mal desservies -Inconfort des locaux. Manque d’hygiène. Défaut d’entretien et de maintenance. Absence d’équipements efficaces

Institution Établissement, personne morale école, collège, lycée; réputation, image ; culture maison, identité ; usages

et traditions…

-Mauvaise réputation de certaines filières -Phénomènes de ghettoïsation -Pas ou peu de passé, absence d’histoire, passif péjoratif ou inexistence de tradition

Ambiance Atmosphère, vie scolaire, vivre ensemble,

modes relationnels

-Neutralisation et entraves à l’expression des élèves -Transformation délégués en chef de classe -Formalisation et dévitalisation des relations enseignants/enseignés

Enseignement Contenus, qualité didactique des cours,

actualisation scientifique des connaissances de professeurs

-Transmission de savoirs & aptitudes obsolètes -Utilisation de cours empruntés, photocopillage -Bachotage -Niveau cognitif des enseignants insuffisant

Rapports&relations

Méthodes & pédagogie, transmission, évaluation, traitement des difficultés scolaires

Communication membres des personnel élèves ; relations professeurs & élèves

-Hypertrophie de la parole des adultes -Consécration d’une infaillibilité professorale -Toute puissance des décisions de l’enseignant -Fonctionnement des adultes en caste contre les élèves

Éthique

Valeurs de référence, mise en œuvre de l’esprit des lois, respect de la démocratie,

développement de la citoyenneté Conscience professionnelle des adultes

-Disproportion entre les droits accordés aux élèves et ceux aux des personnels -Installation d’autorité discrétionnaire des adultes -Ignorance de toute déontologie (voir encadré sur la neutralité en fin de publication)

Ce tableau permet d’éclairer à contre-jour ce que pourrait être la bienveillance

scolaire. À partir de la colonne de droite, tout établissement peut envisager une neutralisation des multiples manifestations de son inconséquence institutionnelle. En l’occurrence, certains chercheurs décrivent cette perspective comme l’aspiration à une bien-traitanceiv scolaire. Quel que soit le terme retenu ; il s’agit d’approcher un phénomène qui conduit des établissements à confronter leurs propres élèves à un faisceau d’inadvertances, d’indifférences, de désobligeances, de brimades ; voire (plus rarement) à une cruauté sophistiquée ou à une violence.

°°°

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L’hostilité aux élèves

Gilles D’Autan journaliste

L’appareil éducatif français obéit à une culture du sprint alors que d’autres systèmes,

en supprimant les notations jusqu'à l'âge de douze ans et en réduisant le nombre d'heures de cours, caracolent en tête des performances tout en abaissant de 40% le taux de suicide chez les enfants et les adolescentsv. Par ailleurs, l’OCDEvi a pu constater que 38,4% des élèves se sentaient mieux à l’extérieur de l’école qu’en classe à cause du stress lié aux contrôles, aux questions posées par les professeurs, au passage au tableau...Dans le même sens, une enquête de l’AFEVvii montre que le déficit de vivre ensemble scolaire est abyssal. En général, un élève cantonne son cercle relationnel en classe à seulement 10% du nombre des ses pairs ; ce qui correspond à trois ou quatre par année scolaire.

En janvier 2012, l’association française de promotion de la santé scolaire et universitaireviii , intitulait son séminaire : Mieux vivre l’école de la maternelle à l’université (apprendre à être heureux à l’école). Une partie des travaux ont mis en exergue les remarques d’un panel de collégiens sur le thème : L’école de mes rêves…

Précisément, énumérons ces rêves… Pouvoir se confier ; moins de discrimination ; sortir avant 17h30 ; autoriser le portable à la récréation ; davantage de sport ; plus de pauses ; une cantine plus propre ; moins de sanctions ; des profs qui prennent le temps d’expliquer ; des casiers pour les affaires ; des cartables moins chargés ; des ordinateurs en classe ; moins d’absences de professeurs ; des surveillants stables ; ne pas toujours se faire engueuler ; un CDI accessible, ouvert ; des activités chorale, théâtre… ; des toilettes propres, qui ferment, avec du papier de l’eau et du savon ; pouvoir boire de l’eau quand on veut ; ne pas choisir l’orientation si tôt…

En lisant entre les lignes, on a l’impression que l’élève est le point de cristallisation d’une entropie intense : rythmes aberrants, mauvaise hygiène, sous-équipement, désagréments, insuffisances socioéducatives, absentéisme ou turn-over des personnels, défaillances relationnelles, injustices, arbitraire, agressivité des adultes à l’encontre des élèves…

Le caractère rébarbatif des établissements scolaires est en général justifié par deux

sortes d’arguties. La première développe l’irréductibilité des défauts inhérents à toute institution ; avec l’excuse particulière d’appartenir à l'Éducation Nationale, l'organisation la plus importante au monde après l'armée chinoise et le chemin de fer indienix. La seconde argutie défend l’idée d’une mission régalienne de l’école qui se doit d’encadrer fermement la jeunesse pour son bien, en développant au besoin une ambiance spartiate. Dans ce contexte, l’absence de bienveillance poursuit trois objectifs : d’abord, accroître l’autorité des enseignants et se faisant garantir l’efficacité de l’instruction ; ensuite, au-delà de l’école, renforcer l’image de tous les adultes à commencer par celle des parents ; enfin, accroire la force des valeurs et la place du respect dans la société toute entière en commençant par l’école.

À périodes régulières, de grands esprits dénoncent le rejet des valeurs par les nouvelles

générations. Déjà quatre cents ans avant notre ère, si l’on en croit Platon : les pères laissaient faire les enfants, les fils ne tenaient pas compte de leurs paroles, les maîtres tremblaient

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devant leurs élèves et préféraient les flatter, finalement les jeunes méprisaient les lois parce qu'ils ne reconnaissaient plus au-dessus d'eux l'autorité de rien ni de personnex.

Deux millénaires après Jésus-Christ, peu ou prou, Finkielkrautxi reprend le même crédo en promouvant son républicanisme intraitable : Il y avait l’autorité du prêtre, il y avait l’autorité du maître, il y avait l’autorité de l’auteur, tous ces sur-moi sont engloutis… tandis qu’avec la complicité de tous, l’école intronise l’enfant roi, en proposant un enseignement conçu non pas pour véhiculer des connaissances, mais pour s’ajuster aux désidératas de l’élèvexii.

Dans ce sombre concert de récriminations bimillénaires un rayon de lumière est sorti en 1882 du cabinet noir où l’on a enfermé Jeanne au pain sec, quand Victor Hugo a développé non sans humour le principe d’une bienveillance en éducationxiii…

… on s'est récrié : - Cette enfant vous connaît ; Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche. Elle vous voit toujours rire quand on se fâche. Pas de gouvernement possible. À chaque instant L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ; Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête. Vous démolissez tout. - Et j'ai baissé la tête, Et j'ai dit : - Je n'ai rien à répondre à cela, J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte. Qu'on me mette au pain sec. - Vous le méritez, certes, On vous y mettra…

En France, toute hypothèse de prévenance à l’endroit des élèves semble contrarier une

tradition rigoriste ancrée dans un idéal scolaire hérité du versant martial de la Troisième République. Ce penchant, bien que déprécié par la psychologie scientifique, exerce encore une emprise dans les mentalités. Dés lors, toute bienveillance en direction des élèves peut passer pour une erreur éducative, voire pour une dénaturation des fondamentaux de l’instruction de masse. En conséquence, il n’est pas rare que l’école comme organisation et ses personnels comme organisateurs élaborent de bonne foi une déconsidération systémique de l’enfant et de l’adolescent en étant persuadés d’accomplir leur devoir envers l’élève.

Le zèle n’est pas exclu. Quelques enseignants peuvent même exceller dans le mépris. Alain Dupré, inspecteur de l’éducation nationalexiv, note avec mille euphémismes qu’il existe des situations où l'on perçoit des connotations affectivement chargées du sentiment que ressent le maître à l'égard d'un enfant. Ce sont les très brèves expressions qui blessent, exclamations ou soupirs qui assassinent, mimiques qui achèvent. Voici cinq exemples…

-Alfred apporte son exercice au maître qui l'accueille par : Enfin, tu as terminé !… L'ayant rapidement observé, il s'exclame : Et bien, tu n'as pas forcé…

-Le maître rend les copies corrigées d'une dictée en commentant les résultats : Michel, c'est toujours aussi nul… 12 fautes ! Henri, attention tu as oublié deux accents, mais je n'ai compté qu'un demi-point, ce sont de petites fautes…

-Le psychologue vient chercher Emily en classe. Le maître interpelle la fillette en train d'effectuer un travail : Emily, tu peux t'arrêter,

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voilà M. X. Cela n'a pas beaucoup d'importance, vu ce que tu es arrivée à faire … Et se tournant vers M. X : Je vous la confie, elle ne perdra absolument rien à manquer la classe.

- Les enseignants discutent entre eux et à voix haute pendant la récréation : Éric m'a encore complètement raté son contrôle de maths. Sa collègue : Oh ! Tu sais, sa sœur, ce n'est pas mieux, elle n'a pas su compter une seule opération… Cette famille, il n'y a rien à en tirer.

-Durant la recherche individuelle du problème de mathématiques, le maître circule dans les rangs pour observer l'avancement du travail et éventuellement apporter quelques conseils : Louis, attention au signe de tes opérations, place-le bien à gauche et pas dans les colonnes de chiffres, … Gérard, mon pauvre garçon, attends donc la correction, tu n'y comprends rien, … Sylvie !… (Soupir découragé) … Regard de la fillette vers le maître… Moue désabusée de celui-ci…

Alain Dupré précise pour conclure que les autres enfants, témoins non visés par cette maltraitance, prennent cependant conscience de manière subliminale du danger potentiel qui les menace en entrevoyant qu’ils pourraient eux aussi se trouver à la place de tel ou tel enfant honni de l’enseignant. Par ailleurs, l'élève directement touché par des remarques acerbes ou des attitudes blessantes sera parfois également la cible des autres élèves et deviendra la victime de leur défoulement. À cet égard, le groupe de ses harceleurs croit en une sorte d’impunité lorsqu’il s’en prend à un pair habituellement déprécié par l’enseignant.

Le déficit de considération au détriment des élèves résulte souvent d’une kyrielle

d’usages ne paraissant pas prêter à conséquence. Voici trois exemples extraits des travaux de l’Observatoire déontologique de l’enseignementxv.

Lycée Emile Flamand …Les demi-pensionnaires patientent pour entrer au réfectoire tandis que les profs empruntent un raccourci qui les dispense de la longue file d’attente dans le froid, le vent et la pluie. Parfois lorsqu’un des enseignants passe devant tous les élèves quelques une goguenards manifestent leur désapprobation. A la queue, à la queue ! Aujourd’hui un lycéen de seconde s'est fait épinglé : un professeur indigné l’a prié de décliner son matricule afin de le coller. Et le professeur explique que l’on doit accepter que les enseignants passent devant tout le monde parce qu’il y des raisons à cela ... L’élève confus approuve. La colle est supprimée.

École maternelle du Faubourg Saint-Jean… Par grand beau temps, les huit platanes de la cour de récré font une ombre centenaire réservée aux voitures des dames de service et des enseignantes… Les élèves passent leur récréation entre les véhicules avec ordre de ne pas circuler en patinettes ou même de courir car ils risqueraient de rayer les carrosseries…

Collège Antoine de Saint-Exupéry… Emma a trouvé une astuce pour utiliser des toilettes toujours impeccables ; elle va au premier dans des WC réservés au personnel. Le nettoyage est fait deux fois par jour et ça sent le propre alors que les toilettes des élèves sont puantes, bouchées, sans papier hygiénique et avec des portes qui ne ferment pas. Il faut demander à une copine de faire la garde.

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Emma, soulève un lièvre. En 2003, la Fédération des conseils de parents d'élèves de Paris, a montré que sept enfants sur dix se plaignaient des toilettes de leur école dont l’état déplorable imposait une rétention à 25% enfants de la sorte exposés à des problèmes de santé. En 2004, un rapport des délégués départementaux de l'éducation nationale de l'Hérault, conclut que les toilettes des écoles ne permettent pas un isolement décent, sont malodorantes et manquent de papier, de serviettes ainsi que de savon... Fin 2005, le député UMP du Gard, Jean-Marc Roubaud, dans une question au gouvernement, soulignait que le service d'urologie pédiatrique de Montpellier recevait cinq cent enfants par an pour des troubles de santé résultants de l’impossibilité d’utiliser les toilettes à l’école en raison de leur malpropreté dissuasive. En 2006, L'observatoire national de la sécurité des établissementsxvi dressait un constat cinglant : saleté, vétusté, difficulté d’accès, absence d'intimité … Les élèves doivent parfois aller chercher le papier dans le bureau de la directrice… Beaucoup préfèrent se retenir. Cela peut entraîner une situation humiliante au moment où l'enfant ne parvient plus à se contrôlerxvii .

Le dolorisme est tellement chevillé au cœur de l’appareil scolaire, que certaines

questions semblent sciemment destinées à une irrésolution absolue. Ainsi va la lourdeur des cartables… Le 26 octobre 1995 une note au Bulletin officiel de l’éducation nationale, indique le poids que peut atteindre un cartablexviii ... Douze années et sept ministres plus tard, dans un discours d’octobre 2007, Xavier Darcos revient pour la énième fois sur le sujetxix parce qu’il s’agit d’une question de santé publique pour nos enfantsxx... En effet, on peut prouver une relation entre le mal de dos. Mais, à partir d’un certain âge, un cartable trop léger ne fait pas bonne impression… on suppute que le bagage intellectuel de l’élève n’est pas bien épaisxxi.

Dans la série des incongruités dont tout élève pâtit, il y a le grand classique de la cantinexxii qui se décompose en deux sous-ensembles, d’une part la malbouffe ; d’autre part le cortège des bousculades, la saturation des locaux et les pointes de bruit à 120 décibelsxxiii . Six millions d'enfants consomment un milliard de repas par an. En 2007, une étude de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments montre que six ans après sa publication, la circulaire du 25 juin 2001 sur la composition des repas est ignorée par 49% des établissements secondairesxxiv . En conséquence, un décret au Journal officielxxv le 2 octobre 2011 fixe un objectif impératif d'équilibre nutritionnel, une diversité des plats, une codification des portions ainsi que la manière de mettre à disposition l'eau, le pain, le sel et les sauces.

À quelques exceptions prèsxxvi l’établissement scolaire est un univers pédophobexxvii . Peu

d’éléments, dans sa marche quotidienne (horaires, aménagement de l’espace…) y sont pensés à l’aune de l’enfance ou de l’adolescence, considérées comme des périodes spécifiques du développent de l’être humain. Cette rudesse nourrit un débat incommensurable depuis 1968. D’une part, les tenants du respect de l’enfant dénoncent les aspects les plus incohérents du modus vivendi des établissements ; d’autre part, les adversaires de l’enfant roi recommandent une contention sécuritaire doublée d’un ménagement des personnels, au risque d’induire un inconfort pour les élèves.

Cette tendance est d’ailleurs très souvent revendiquée comme une formation normale de la jeunesse. Pourtant, une scolarisation qui malmène les élèves par conviction revêt deux inconvénients. Du côté des professionnels, elle nourrit de piètres tendances confinant parfois au sadisme. Du côté des élèves, d’une part elle complique l’approche des connaissances ; d’autre part, elle transforme la période des études en parcours du combattant, à telle enseigne que les jeunes français sont les champions du désamour de l’école.

Lors de l'enquête menée par l'Organisation mondiale de la santé au printemps 2004, dans une quarantaine de pays, les enfants de onze à quinze ans, pouvaient choisir entre deux

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items : J'aime beaucoup l'école et Je n'aime pas du tout l'école. En France, 87% des garçons et 79% des filles, âgés de treize à quinze ans, n'aiment pas l'écolexxviii .

Voies et moyens de la brutalité de l’école

Jules Talma doctorant en psychopédagogie

Il arrive que l’animosité ambiante à l’encontre des élèves dépasse les limites d’une maltraitance institutionnelle insidieuse courante pour se transformer en violence extrémiséexxix dûment incarnée. Les faits concernés ne font pas l’objet de publications statistiques de la part du ministère. En conséquence, les données exploitables sont éparses et parfois incertaines. Par exemple, pour l’année 2009xxx on pourrait analyser le motif des 1000 plaintes de parents d’élèves, déposées dans le cadre de procédures pénales mettant en cause des enseignants.

Un autre type d’informations provient d’enquêtes conjoncturelles et locales. Ainsi, en 2007, une étude menée dans une trentaine d’écoles du Nordxxxi dévoile que 13% des enseignants du premier degré se disent auteurs de violences sur leurs élèves… Deux élèves se

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bagarrant sont brutalement séparés par leur professeur… un autre perturbant un jeu est poussé sans ménagement dans un coin de la cour... Les enseignants reconnaissant de tels faits évoquent une réaction spontanée, un état d’exaspération, un moment de saturation… En général, ils expliquent qu'il ne s’agit pas d’une violence, mais d’une force de l’ordre afin de réinstaurer un état de civilisation face à la sauvagerie des enfants. Au-delà de cette justification l’argument de la légitime défense prévaut. Deux tiers des enseignants auteurs de gestes physiques excessifs affirment avoir été menacés par leurs écoliers.

Ce point précis ne ressort pas, en novembre 2003, du rapport d’activité de la

Défenseure des Enfants, qui signale être couramment saisie pour de mauvais traitements physiques et psychologiques émanant d’enseignants… autant de situations d’un autre âge : violences physiques et verbales ; culbutes brutales, cris, paroles blessantesxxxii ; agissements agressifs et humiliants ; claques, coups de règle, fessées déculottées, privation de récréation, dénigrementxxxiii… À la suite de ce rapport, en 2004, l’Inspection générale a publié les résultats d’une enquête sur Les brutalités et le harcèlement exercé sur des enfants par les personnels des établissements scolairesxxxiv .

Académie de Bordeaux « Une institutrice, dans une école

maternelle, a bâillonné la bouche d’une élève de petite section avec une bande de ruban adhésif, suite à des vomissements, « par ailleurs réguliers le matin, lors de l’accueil »… Académie de Grenoble « Trois enfants (deux fillettes et un garçon de 4 ans) : un enfant repoussé fortement contre les portemanteaux de la classe est blessé, le même enfant est bâillonné par un ruban adhésif pendant le temps scolaire, la fillette a les yeux bandés pendant la sieste et est obligée de s’allonger par terre en classe pendant un temps de repos, elle est également fortement secouée par l’enseignante, l’autre fillette est repoussée à coup de pied par l’enseignante »… Académie de Caen « Un garçon en cours moyen se voit priver totalement de récréation (seul dans sa classe), a des lignes, des devoirs supplémentaires à faire, se retrouve dans le couloir ou est privé de cross, est humilié. »… Académie de Clermont-Ferrand « Onze garçons de dix ans ont subi des propos et gestes violents. »…

Depuis 1834xxxv , les textes officiels stipulent que les élèves ne doivent jamais être frappés, néanmoins la mise à genoux et l'obligation de porter un écriteau désignant la nature de la faute… sont autorisées. En ce domaine, la désobéissance des enseignants est si prégnante que le ministère doit régulièrement réitérer les consignes contre la pratique des corrections physiques en 1838, en 1855 et 1887 ; puis, plus d’un siècle après, la circulaire n° 91-124 du 6 juin 1991xxxvi devra rappeler que tout châtiment corporel est strictement interdit et qu’un élève ne peut pas être privé de la totalité de la récréation…. En outre, l’enseignant et les membres de la communauté éducative doivent s’interdire tout comportement, geste ou parole

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qui traduirait indifférence ou mépris à l'égard de l'élève ou qui serait susceptible de blesser sa sensibilitéxxxvii .

Pourtant, dans l’opinion, certaines corrections ont bonne presse. Le lundi 8 avril, avril 2002, un candidat à la présidence de la Républiquexxxviii , donne une claque à un jeune de onze ans qui lui faisait les poches lors d’un bain de foule. Dans la période qui suit, les intentions de vote le concernant passent de 3% à 6,5% car l’électorat approuve la gifle … Le candidat a justifié son geste de père de famille par une forme de pureté ; en expliquant que la France était profondément troublée par la disparition de l'autorité paternelle et qu’elle avait besoin que les adultes jouent leur rôle et sachent dire ça suffit quand il le fautxxxix .

Cette position est si ancrée dans les mentalité qu’elle peut nourrir quelques hiatus entre ce qui est légal et ce qui paraît légitime en termes de corrections… Ainsi le 24 août 2010, le maire de Cousolre surprend un adolescent de seize ans, à la recherche d’un ballon perdu, en train d’escalader un grillage que la commune vient de réparer moyennant 10 000 euros. Trop énervé d’être confondu, le jeune insulte le maire : « Fils de p…, je vais n… ta mère, attends, si t’es un homme, je vais te tuer ! ». Le maire gifle le garçon qui furieux, rentre chez lui et revient à la charge muni de deux couteaux. Ses amis le désarment. L’affaire est jugée le vendredi 17 février 2012 et à l’étonnement général, le procureur s’en prend au maire… « À 62 ans, vous êtes d’autant moins pardonnable de vous être laissé aller à un emportement contre un jeune de 16 ans, ces jeunes auxquels notre génération laisse si peu d’espoir. La jeunesse est turbulente, mais ce n’est pas un délit qu’il faut réprimerxl »… Sidérés, les représentants de l’Association des Maires Ruraux de Francexli (AMRF) ont exprimé leur incompréhension face à la condamnation pénale prise in fine à l’encontre du maire. Pourtant il a expliqué au tribunal qu’il avait agi spontanément en réponse à des actes répétés de provocations et d’incivilités. Selon l’AMRF, par cette condamnation la justice ôte aux élus une part de leur autorité et accentue leur difficulté grandissante devant les évolutions de la société…

L’histoire montre que les adulte sont bien capables de dire ça suffit à tort et à travers… Ainsi, durant des décennies, les instituteurs ont transformé les gauchers en droitiersxlii . Cette pratique fait aujourd’hui figure de barbarie… Pourtant, en 1964, même Célestin Freinet, pionnier en pédagogie moderne, a pu considérer que l’enfant, s’il recevait quelques coups de règle lorsqu’il se servait de la main gauche, n’en prenait pas pour autant un complexe susceptible de troubler son comportementxliii. À l’opposée, depuis 2002, les textes officiels stipulent que le choix de la main dominante doit être laissé à l’enfant sans aucune normalisationxliv. Écoutons trois témoignage de gauchers à qui un enseignant à dit un jour ça suffit sans s’imposer un principe de précaution ou une once de bienveillance…

Isabelle, née en 1960. Pour ma part je suis une gauchère contrariée à l'âge de 6 ans. J'écrivais comme beaucoup en miroir, et l'instit du CP (en 66) ne le supportait pas. J'ai donc appris à utiliser ma main droite pour " écrire" et je ne l'ai fait que pour cela. Tout le reste je le

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fais avec la main gauche. Je n'ai pas eu conscience d'avoir vécu un quelconque traumatisme; j'étais plutôt le petit "singe savant" que l'on montrait en famille, car je mettais un stylo dans chaque main et j'écrivais des deux mains en même temps, l'une à l'endroit, l'autre toujours en miroir...Je retournais tout la tête en bas pour les travaux manuels etc.xlv.

Chloé, née en 1985. Je suis gauchère. Mon instituteur au CP en 1991 a dit à ma mère que j'aurais des difficultés tout au long de ma scolarité, que j'arriverais difficilement au bac car j'écrivais de la "mauvaise" main. Il me répétait sans cesse que j'écrivais mal, que j'écrivais trop lentement, que mon travail n'était pas propre. Je n'ai jamais eu de bonnes notes en écriture et en soin durant le CPxlvi.

Arthur né en 2001. À la rentrée au CP, Arthur qui utilisait les deux mains sans savoir quelle il préférait dût obéir à sa maîtresse quand elle décida sans appel qu'il serait droitier. Quelques mois après, l’enfant écrivait souvent le haut des lettres à la place du bas. Bilan, un orthophoniste a dû entraîner Arthur (le gaucher) à écrire le mieux possible de la main droite, car l’inverser de nouveau aurait créé une catastrophexlvii…

Dans l’histoire de l’école, l’hostilité aux élèves, n’a pas consisté seulement à contrarier

les gauchers. Elle servi aussi des phénomènes d’acculturation de masse. Les bons maîtres de la Troisième et de la Quatrième République, ont instruit les campagnes en faisant ravaler leurs langues maternelles aux Bretons bretonnantsxlviii et aux Occitans patoisantsxlix. Par ailleurs, concernant l’Outremer, l’acculturation des peuples colonisés ne donnait pas d’états d’âme et on n’ironisait pas jadis sur les ancêtres Gaulois des indigènes Sénégalais, Berbères ou Annamitesl. La scolarisation n’étant pas une science exacte, l’éradication des idiomes ne fut jamais complète et les cultures autochtones ont pu resurgir aussi bien dans les ex-colonies qu’en métropoleli.

Le patois est le pire ennemi de l'enseignement du français dans nos écoles primaires… La ténacité avec laquelle les enfants parlent le patois entre eux dès qu'ils sont libres, fait le désespoir de bien des maîtres qui cherchent à combattre cette fâcheuse habitude. Parmi les moyens, il en est un que j'ai vu employer avec succès dans une école rurale de haute Provence... Le matin, en entrant en classe, le maître remet au premier élève de la division supérieure un sou marqué d'une croix faite au couteau...Ce sou s'appelle : le signe. Il s'agit pour le possesseur de ce signe de se débarrasser du sou en le donnant à un autre élève qu'il aura surpris prononçant un mot de patois… Sur dix enfants surpris à parler patois dans la journée, seul le dernier est punilii.

Un panneau était apposé dans les écoles de Bretagne… « Défense de cracher par terre et de parler breton ! ». C'était l’époque ou l’instituteur accrochait un symbole honteux, qu'on appelait la « vache », au cou des enfants qui s'exprimaient en breton … La vache est … symbolisée par … un galet de mer, un morceau de bois ou d'ardoise, un sabot cassé, un os d'animal, un boulon… que le coupable doit porter … autour du cou, au bout d'une ficelle ; que le maître d'école remet au premier petit bretonnant... Le détenteur de la vache n'a de cesse qu'il n'ait surpris un de ses camarades en train de parler breton pour lui refiler l'objet. Le second

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vachard, à son tour, se démène de son mieux pour se débarrasser du gage entre les mains d'un troisième et ainsi de suite jusqu'au soir, le dernier détenteur écopant de la punitionliii.

En 2011 … Si « nos ancêtres les Gaulois » ont disparu, leurs avatars sont toujours vivants liv … Par son manteau, ses mitaines et son écharpe, une petite souris blanche de feutrine indique encore à de nombreux élèves de maternelle … que l’hiver commence … alors que la température augmente de jour en jour pour atteindre les 30-35 degrés … La révision profonde des contenus de l’enseignement a peu avancé…. À La Réunion … le créole fait partie de la culture … il est indispensable qu’il soit enseigné en classe … d’autant plus que la politique d’éradication commence à peine à prendre fin … Naguère, par exemple, un inspecteur de l’éducation nationale pouvait ordonner : « Il faut fusiller le créole ! »… La mise à l’écart du créole dans le secteur de l’enseignement participe à l’échec, à l’exclusion, à la marginalisation. Le drame de l’illettrisme en est la plus triste illustration … sont taux est … environ le double du taux hexagonal alors que le système scolaire … est en tout point semblable, depuis 1946. Outre la difficulté … d’assimiler le principe de l’alphabet, nombre de petits Réunionnais doivent le faire dans une langue non maîtrisée, le français... Et cela avec le support d’écrits dont le contenu culturel est sans grand rapport avec leur propre vécu… Notamment pour ceux nés de parents créolophones … dont l’univers culturel, contrairement à celui des manuels scolaires, ne comprend pas de dinde aux marrons, de printemps et d’automne... Chacun sait qu’il n’y a que deux saisons à La Réunion : la sèche et l’humide ; mais pas le ministère de l’éducation ...

La rareté d’une bienveillance dans les établissements scolaires contemporains

confirme une forme de maltraitance institutionnelle extrêmisée. Pour expliciter davantage cette notion il faut se reporter aux travaux de Sarah Jamelv lorsqu’elle autopsie une exclusion d’élève par conseil de discipline ; décision qui en elle-même n’est pas une incurie institutionnelle. En revanche, la maltraitance intervient lorsque l’exclusion ne prévoit pas un suivi de l’élève exclu dans le but de sa réintégration dans le même établissement après une exclusion temporaire, ou bien dans un établissement différent en cas d’exclusion définitive.

En l’espèce, la malveillance repose d’une part sur une factualité bureaucratique, sur une désinvolture d’appareil ; d’autre part, sur l’hubrislvi des professionnels qui en raison de leur position de force ostracisent un élève et jouent de sa vulnérabilité statutaire sans se préoccuper de son avenir. Cette manière d’insouciance est si enracinée dans les coutumes scolaires qu’elle n’a même pas à justifier son absurdité intrinsèque consistant par exemple à déscolariser un élève au nom de l’école...

Même si elle suscite les réserves de quelques chercheurs, la dureté de l’école passe pour un rite initiatique consensuel parmi les professionnels tout-venant du monde scolaire. Dans cet ordre d’idée, Alice Miller en élaborant la théorie de la pédagogie noire constate que sous couvert d’éducation il s’agit le plus souvent de faire violence à l’enfantlvii ; en recherchant l’obéissance absolue ; en effaçant toute velléité et en créant une soumission constante glorifiée par les adultes comme la seule voie de la réussitelviii. D’ailleurs nombres d’élèves obtempèrent. Ne sont-ils pas pris dans un syndrome de Stockholm ? Jean-Marc Epsteinlix constate que l’on observe des captifs ravis parmi des enfants

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soumis une forte autorité, notamment lorsqu’ils sont réduits à un mimétisme méticuleux visant à faire ce que les adultes attendent d’eux. L’addition de la pédagogie noire et de la pédagogie des captifs ravis semble identifier l’univers scolaire.

Parfois une fusion idyllique s’instaure entre la rigueur de l’école et des élèves. Qui sont ces jeunes d’exception ? Ils s’opposent à l’apparition de toute bienveillance dans les méthodes d’enseignement et dans l’organisation de l’établissement ; leur conduite est impeccable et ils trouvent leur compte dans une sur-adaptation qui leur vaut l’estime de tous. Certains observateurs sarcastiques ont pu dire que ces bons élèves qui supportaient si aisément l’école étaient sans doute de futurs enseignantslx.

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La déconsidération des élèves

Marie-Ange Galant-Maurain Professeure de psycholinguistique

Afin de mettre en évidence une absence de considération au détriment des élèves, nous avons décortiqué des publications officielles émanant de collèges et de lycées. Pour un même établissent les termes du projet d’établissement (posant des principes éducatifs de grande ampleurlxi) ont été comparés à ceux du règlement intérieur (fixant la vie prosaïque). Ces deux documents sont les textes fondamentaux de tous les établissements de l’enseignement secondaire puisque le projet autant que le règlement sont approuvées par le conseil d’administration des établissements publics locaux (EPLE) que sont les collèges et lycées publics.

Nous émettons l’hypothèse suivante : pour un collège ou un lycée donné, la distance entre les intentions du projet et les dispositions du règlement ouvre une béance qui rend possible toutes sortes d’incuries. La mise en relief des discordances entre les deux types de textes laisse en quelques apparaître la vérité d’un établissement concernant la considération accordée aux élèves. L’hypothèse a ses limites pour deux raisons. D’une part, certains projets ne sont pas le reflet d’un établissement car ils procèdent de la simple adaptation d’une matrice académique imposée. D’autre part, quelques règlements intérieurs ne sont pas appliqués à la lettre si bien que leur teneur ne correspond pas à la réalité.

Ces deux réserves étant posées, nous avons procédé à un travail de lecture des textes fondateurs d’un panel de 30 collèges, 20 lycées et 15 lycées professionnels en respectant des critères permettant une représentation de 20 académies métropolitaines dans au moins une catégorie d’établissement et en panachant 85% d’établissements publics, 15% d’établissements privés sous contrat (en totalité catholiques). L’étude s’est déroulée en trois phases. D’abord, la réalisation d’un pointage des différences entre le projet et le règlement. Ensuite, le classement des divergences entre le règlement et le projet, en six thèmes : relation à l’élève ; assiduité, motivation, décrochage ; orientation ; évaluation, notation ; parents d’élèves ; et lycéens majeurs. Enfin, la présentation des grandes tendances en les illustrant du cas d’un établissement.

Relation à l’élève

Collège Louis XIII Projet -Connaître précisément chacun des élèves… -Veiller à ce que chaque élève trouve sa juste place dans le groupe… -Aller vers les élèves plutôt que d'attendre qu'ils fassent les premiers pas… Règlement Chaque élève doit décliner son identité et prouver son inscription dans l'Établissement à tout moment et à tout membre de la communauté scolaire, grâce à sa carte de lycéen dont il doit toujours être porteur.

Assiduité Motivation Décrochage

Collège du Val d’Arize Projet -Traiter chaque élève avec bienveillance quelles que soient ses difficultés, ses résultats et ses comportements. -Reconnaître le droit à l’erreur. - Contribuer à lutte contre le décrochage. -Manifester des gestes d'attention, de soutien et d'encouragement permettant de rendre ou d'entretenir la confiance en soi Règlement La non-participation aux activités scolaires sous forme de présence passive en classe ou d’absence effective est considérée comme un refus de scolarisation passible du Conseil de Discipline.

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Orientation Lycée M. Debré

Projet -Faire en sorte que chaque élève soit partie prenante de sa formation (de ses études, de ses apprentissages). -Inciter chaque élève à donner le meilleur de lui-même et à exprimer sa part d’excellence. - Rechercher une perception globale du jeune dans toutes ses dimensions ne se limitant pas aux seules aptitudes scolaires Règlement En fin d’année scolaire, les conseils de classe peuvent s’opposer aux vœux d’orientation formulés par les élèves et leurs familles. En fin de Seconde, c’est la décision de l’établissement qui prime. Après un BEP, ou Bac (général, technologique, professionnel) même avec mention, la poursuite d’études au sein de l’établissement n’est pas automatique. Elle est consécutive d’une procédure de sélection faite par le chef d’établissement

Notation Lycée Sully

Projet -Accroître la confiance réciproque entre les adultes et le élèves. -Permettre aux jeunes d’exercer leur sens critique. -Développer le dialogue, la concertation entre les élèves et les adultes. Règlement Dans chaque discipline, des contrôles réguliers, annoncés ou imprévus, permettent l'évaluation du travail des élèves. Elle utilise la notation chiffrée de 0 à 20 et relève de la responsabilité de chaque enseignant pour sa matière et ne peut être contestée. En cas d’absence justifiée pour un contrôle, un devoir de rattrapage sera imposé. Si l’absence est injustifiée, la moyenne sera calculée sur l'ensemble des contrôles organisés et non sur le nombre de note obtenues par l’élève.

Parents Lycée Jules Renard

Projet Faire participer les parents aux activités et rencontres qui leur sont proposées et leur permettre d’entretenir une relation franche avec les responsables de l’établissement. Règlement À l'occasion de toute correspondance adressée au lycée, veuillez indiquer clairement le service auquel vous vous adressez. N'oubliez pas de noter, en haut et à gauche de chaque lettre : le nom, le prénom et la classe de votre enfant. Joignez une enveloppe timbrée pour la réponse. Les professeurs convoquent les familles lorsque la situation l’exige.

Élèves majeurs

Lycée A. Artaud Projet -Respecter chaque élève à travers les paroles, les gestes, la tenue et l'attitude propres à l’adulte. -Développer la responsabilisation de l'élève et à sa motivation. -Considérer chaque élève comme un être en devenir, en construction. -Développer l’autonomie Règlement Le règlement est le même pour tous, sans considération de l'état de mineur ou de majeur de l'élève. Les parents de majeurs continueront à couvrir les frais liés à la scolarité. Dans le cas où l'élève majeur ne serait plus à leur charge, il lui sera demandé l'engagement écrit de régler tous les frais liés à sa scolarité ; l'élève devra alors apporter la preuve que ses revenus (ou à défaut, une personne solvable se portera caution pour lui).

Pour circonscrire le déficit de bienveillance au détriment des élèves, le repérage des

divergences entre les règlements et les projets ne suffit pas. Au-delà d’une simple juxtaposition comparative, il faut procéder à une lecture entre les ligneslxii… Il s’agit de démasquer le non-dit et les connotations, en décryptant dans des textes (dont chaque mot a été pesé au niveau d’un établissement) les sous-entendus. Dès lors, lire entre les lignes c’est appeler un chat un chat. Le sens caché, qu'une lecture entre les lignes veut exhumer, est biaisé par la conscience critique de l’exégète. Au nom de quel privilège s’arroge-t-il la possibilité de trouver ce qui est dissimulé dans le discours publié par un établissement ? Le risque est celui d’une projection. Cette objection est de petite taille, car même une lecture classique est inévitablement une lecture entre les lignes qui s’ignore.

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D’abord nous avons retenu dans un règlement intérieur, un passage très explicite imposant une consigne aux élèves. Ensuite, nous avons essayé de déduire la signification sous-entendue par les rédacteurs. Enfin, nous avons décrypté la part d’idéal et d’utopie contenu dans les exigences imposées aux élèves par les adultes ayant conçu la règle.

Ce qui est écrit in extenso dans le règlement

Collège Louise Michel

Avant l'heure d'ouverture les élèves ne doivent pas encombrer l’entrée de l’établissement. Les élèves ne doivent pas rester dans le hall d'accueil. Il est formellement interdit pour les élèves d’emprunter l’allée du lycée côté EST. Il est interdit de se trouver aux abords des portes. La traversée du terrain de sport est rigoureusement interdite en dehors des cours d’EPS

Le sous-entendu

L’élève est encombrant

La part d’utopie dans la règle fixée

Dématérialisation des effectifs. Effacement de la corporalité des élèves

Ce qui est écrit Dans le règlement

Collège des Nivelles

Les élèves ne doivent pas courir et sauter dans les escaliers et les coursives, Il est interdit mâcher du chewing-gum dans les bâtiments, les coursives, etc. On ne doit pas cracher dans l’établissement. Pour toutes les démarches administratives (achat de tickets repas, documents à remettre) l'élève se rendra à l'accueil aux récréations en contournant le bâtiment et entrera par l'entrée principale de l'accueil. Tout passage dans le hall de la direction doit être exceptionnel et se faire dans le calme. Aux intercours, s’il y a changement de salle, les déplacements se font sans bousculade et dans le calme. S’il n’y a pas de changement de salle, les élèves restent dans la classe et attendent paisiblement le professeur suivant. À la sonnerie marquant le début des cours, les élèves se rangeront sur les emplacements réservés à la salle.

Le sous-entendu

L’élève est agité

La part d’utopie dans la règle fixée

Annihilation de la vitalité infanto-juvénile Structuration d’une pédophobie

Ce qui est écrit Dans le règlement

Collège Jean Rostand

Les élèves s’abstiendront d’attitudes amoureuses. Chaque élève doit avoir une tenue vestimentaire et une attitude correctes, favorisant son travail et celui de ses camarades. Dans le cas contraire, l'élève revêtira un T-shirt fourni par l'établissement et les parents seront avertis. Sont interdits : les brassières, les jupes trop courtes, les tenues extravagantes, les maquillages outranciers, les cheveux décolorés, les boucles d’oreille pour les garçons… Filles et garçons n’utiliseront que les toilettes qui leur sont appropriées.

Le sous-entendu

L’élève est sexué voire lubrique

La part d’utopie dans la règle fixée

Néantisation de l’éros

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Ce qui est écrit Dans le règlement

Lycée Emmanuel Kant

La porte d’entrée et sortie des élèves est programmée pour se déverrouiller automatiquement aux heures réglementaires. Les élèves veilleront donc à ne pas forcer sur la porte. Tout élève quittant l’établissement en passant au-dessus de la clôture de la cour sera convoqué devant le conseil de discipline. Concernant les toilettes, chacun veillera à maintenir la propreté des lieux, à respecter le matériel, à éteindre les lumières et à fermer les robinets. Les élèves peuvent être sanctionnés soit pour leur attitude, soit pour un manque de travail, soit pour un manque d’assiduité et pour tout manquement au respect du Règlement Intérieur. Lors d’un devoir surveillé, toute fraude en ou tentative de fraude entraîne un zéro. En aucun cas une absence à un devoir surveillé de la part d'un élève volontairement absentéiste ne pourra le faire bénéficier d'une moyenne qui l’avantagerait.

Le sous-entendu

L’élève est fautif a priori

La part d’utopie dans la règle fixée

Sophistication d’une contention totalitaire

Ce qui est écrit Dans le règlement

Lycée Raymond Poincaré

Les élèves ne doivent pas fumer aux abords de l’établissement, les abords étant tout ce que le chef d’établissement voit depuis les portes d’entrée. Les élèves motorisés doivent respecter le sens unique de l'avenue qui mène à l’établissement. Les élèves à pieds, ne sont pas autorisés à suivre la voie du Tram. Le stationnement des cycles à proximité immédiate de l’établissement est interdit. Il est interdit aux élèves d’attendre, seul ou en groupe, à proximité des portes d’entrée, à l’extérieur de l’établissement. L’inscription à la demi-pension (cantine) est annuelle. L’élève doit déjeuner tous les jours quel que soit l’emploi du temps de sa classe ou les modifications du calendrier des cours. Les absences au repas seront sanctionnées. La dispense d’un cours n’est pas une autorisation d’absence. Les élèves doivent assister aux cours d'éducation physique et sportive, même en cas d'inaptitude de longue durée. Les élèves dispensés doivent être présents même si le cours d'éducation physique constitue le premier ou le dernier cours de la journée. Tout élève utilisant un téléphone mobile se verra confisquer son appareil durant trois semaines consécutives (vacances comprises) ou jusqu’à la fin de l’année scolaire en cas de récidive. La carte SIM ne sera pas rendue.

Le sous-entendu

L’élève est la propriété de l’établissement

La part d’utopie dans la règle fixée

Élaboration d’un césarisme extensif

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Ce qui est écrit Dans le règlement

Collège Armand Le Mestre

Il est interdit d’utiliser les ordinateurs et Internet pour des raisons personnelles. Tout le matériel mis à disposition est uniquement destiné aux travaux scolaires. Il est interdit de consulter ses e-mails, d’utiliser MSN ou autre logiciel de messagerie instantanée, d’aller sur un blog…

Le sous-entendu

L’élève n’est pas un sujet à part entière

La part d’utopie dans la règle fixée

Construction d’un déni de la sphère privée de l’élève

Ce qui est écrit Dans le règlement

Collège Mme de Sévigné

Les toilettes du personnel sont strictement interdites aux élèves. L'accès aux salles du bâtiment B se fait par l’escalier latéral, l'escalier central étant réservé aux Professeurs. Pour sortir les élèves ne doivent en aucun cas utiliser la sonnette réservée aux adultes pour que le concierge ouvre la porte. En informatique, l’élève ne doit pas modifier la configuration du système, le répertoire des signets, les fichiers ; enregistrer des fichiers sur le disque dur ; utiliser de clés USB ou de CD ; télécharger.

Le sous-entendu

L’élève n’est pas un humain comme les autres

La part d’utopie dans la règle fixée

Aspiration à une ségrégation radicale

Fréquemment, le déficit structurel de bienveillance se concrétise par la déconsidération de la parole des élèves. Souvent l’école considère que les élèves parlent à tort et à travers (bavardages) ou échangent des moqueries, invectives à l’encontre des professeurslxiii… Leur conduite normale consiste à écouter en silence. Aux origines de l’enseignement obligatoire, la pédagogie Jules Ferry estimait qu’aucun élève ne devait parler sauf s’il était sollicité par l’instituteur pour réciter par cœur ou répéter en chœur. Quand bien même, s’il répond aux questions du maître l’élève modèle n’est pas toujours bien-reçu, car s’il intervient trop souvent il faut le faire taire afin de répartir équitablement la parole entre tous les élèves. Ainsi, même la censure prend-elle la dimension d’une éducation à l’égalitélxiv.

À l’institutionnalisation de l’aphasie des élèves, répond la sacralisation de la parole des enseignants ; seule capable de transmettre des connaissances authentiques, parce que précisément exempte de toute immixtion juvénile. Ainsi, durant les années cinquante, en pleine émergence de l’éducation nouvelle et des méthodes actives, Paul Ricœur prônait imperturbablement la glorification du cours magistral : Qu'est-ce que je fais quand j'enseigne? Je parle… La parole est mon travail, la parole est mon royaumelxv. Cette pédagogie est toujours adulée aujourd’hui par Alain Finkielkrautlxvi : Aujourd'hui que dit-on au prof ? Tais-toi. Fais parler les élèves ou fais-les pianoter devant un écran. Accueille les intervenants extérieurs bien plus marrants que toi (…) Bref, mets fin au règne de la parole professorale.

La déconsidération des élèves n’est pas nécessairement un acte délibérément hostile. En l’occurrence, le cas des locaux scolairelxvii est probant. La salle de classe est centrée sur la parole du maître. Sa conception est marquée par révolution industrielle reste standardisée,

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normalisée et centrée sur des relations pyramidales d’autorité. Les architectes ne prennent pas en compte les avancées de la recherche en éducation quand ils abordent la construction d’école, de collèges ou de lycées. De leur côté, les enseignants se satisfont de la salle de classe à l’ancienne où ils continuent d'enseigner comme autrefois, en face à face frontal. Rares sont ceux qui adaptent l'espace pour introduite des méthodes nouvelles. L'architectonique scolaire la plus actuelle voire futuriste ne conçoit pas des espaces d'apprentissage mais plutôt des salles panoptiques pour conférences. Toutes les parties prenantes se satisfont de ces stéréotypes. Les salles de classe et plus globalement les établissements sont pour la plupart obsolètes puisque les attentes des élèves actuels vis-à-vis de l’acquisition des savoirs et des compétences sont allées plus vite que l’innovation architecturale. Néanmoins, la nécessité d’offrir des conditions ergonomiques en adéquation avec les processus d’apprentissage fait théoriquement consensus entre les différents concepteurs et utilisateurs de l'espace scolaire. Il apparaît toutefois que les architectes, les décideurs politiques (financeurs) et les autorités académiques chargées des constructions se contentent de bâtir ou de rénover pour le futur avec des conceptions de jadis.

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Espèces et sous-espèces d’élèves

Rachida Meckha universitaire entomologiste

Prenons une phrase dans un règlement intérieur : Les élèves sont tenus de respecter les

horaireslxviii … La consigne s’adresse aussi bien à l’élève Théo qui est toujours ponctuel, qu’à l’élève Jordi qui est souvent en retard. Si ce n’est pas pour Théo que l’on précise la règle ; est-ce vraiment pour Jordi ? Certainement pas, puisque lorsque la consigne en question fut rédigée dans ce collège précis, Jordi n’était même pas né. Alors, la consigne est conçue pour qui ? Pour la sous-espèce des retardataires qui est un embranchement, de la grande espèce des élèves, passés, présents et avenir.

Tout établissement peint une fresque tératologique de ses élèves. À quelle engeance appartiennent-ils donc pour concentrer à ce point à peu prés tous les défauts répertoriables. En définitive : qu’est ce qu’un élève ? Selon Freud, il s’agit pour le moins d’un être énigmatique. C’est ce qu’il donne à penser dans le discours prononcé pour le cinquantième anniversaire du lycée où il avait fait ses études. Il se remémora alors les rapports que ses camarades et lui-même entretenaient avec les professeurs lxix … Nous briguions leurs faveurs ou nous détournions d’eux, imaginions chez eux des sympathies ou des antipathies, qui vraisemblablement n’existaient pas, nous étudiions leurs caractères et formions ou déformions les nôtres au contact des leurs. Ils suscitaient nos plus vives révoltes et nous contraignaient à la soumission totale. Nous étions à l’affut de leurs petites faiblesses et fiers de leurs grands mérites, de leur savoir et de leur équité. Au fond nous les aimions beaucoup dès qu’ils nous en fournissaient quelque prétexte ; je ne sais si nos maîtres l’ont remarqué. Mais, on ne saurait le nier, notre position vis-à-vis d’eux était d’un genre tout à fait particulier, d’un genre qui pour les intéressés pouvait avoir bien des incommodités. D’emblée nous étions également portés à l’amour comme à la haine, à la critique comme à la vénération…

Dans une école, un collège, un lycée, comme en symétrie, on peut observer les mêmes

antinomies, de la part des adultes, au sujet des élèves. Les textes fondamentaux des établissements formalisent explicitement d’une part une défiance voire d’une répulsion à l’encontre des élèves ; d’autre part, une confiance voire une empathie. Cette ambivalence conduit les rédacteurs à décrire les élèves comme une entité tantôt indocile, presque dangereuse ; tantôt ; subtile, presque doucereuse. Cette indécision conduit à l’esquisse d’une espèce générique dont par touches successives on décrit les caractéristiques hésitantes. A contrario, le projet d’établissement évoque un élève théorique. Mais, dans les deux cas, l’individu élève n’existe pas en lui-même, il n’est qu’un moment donné d’un établissement qui le transcende.

Le moteur de recherche de l’éducation nationale, Spinoolxx donne le mot élève dans trois cent mille documents sur neuf cent mille. Il désigne à la fois, la masse des élèves physiques ; l’archétype de l’écolier, du collégien, du lycéen ; une espèce parmi les jeunes ; enfin un concept …

Les élèves corporels sont environ douze millionslxxi . Il s’agit d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes ; âgés de trois à vingt ans (environ) ; fréquentant les établissements préélémentaires, élémentaires et secondaires.

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L’archétype de l’élève et une représentation. Les publications des établissements s’en servent d’étalon, c’est-à-dire d’élève idéallxxii défini par sa capacité à se conformer à tout ce l'école attend de lui.

L’espèce désigne une catégorie d’individus ayant en commun le fait d’accomplir des études dans un établissement scolaire. La population concernée étant très hétéroclite, on parle les plus souvent au pluriel des espèces d’élèveslxxiii.

Enfin, le concept élève marque un double déficit, d’une part, un déficit d’enfance ; d’autre part, un déficit de sujet. En conséquence, le concept en question ne satisfait pas toujours les milieux non-scolaires qui proposent parfois de dépasser le concept d’élève pour aller vers celui d’enfantlxxivou d’opposer au concept d'élève celui de sujetlxxv…

Au fil des articles d’un règlement intérieur, les auteurs scindent l’espèce des élèves en d’innombrables sous-espèces et d’autres familles porteuses de spécificités transgressives… Par exemple, parmi les élèves on peut extraire la sous espèce des demi-pensionnaires qui se subdivisent en deux branches distinctes celle des demis qui ne sont pas autorisés à sortir de l'école durant la pause repaslxxvi et celle des demis qui ont le droit de sortir après avoir pris leur repas à la cantine… En créant ces deux sous-espèces on en génère une troisième : celles des demis pensionnaires autorisés ou non à sortir mais qui n’auront pas pris leur repas à la cantine…

L’Éducation Physique et Sportive de son côté est un univers kafkaïen générant trois sous-espèces d’élèves : celle des élèves qui ne sont pas dispensés et celle des élèves dispensés. Ces derniers sont tenus d’être présents durant les cours même s’ils ne pratiquent aucune activité physique ou sportivelxxvii. D’ailleurs, s’ils ne viennent pas, ils entrent dans une troisième catégorie ; celle des élèves absentéistes signalés à l'inspection académiquelxxviii.

En marge de la classification commune, le discours pléthorique sur l’école laisse apparaître des cas d’espèces à l’infini, comme l’élève à problèmeslxxix… l'élève indisciplinélxxx … l’élève qui refuse de travaillerlxxxi … L’élève indésirablelxxxii… les élèves porteurs de plusieurs piercingslxxxiii… les élèves ayant fraudés à un devoir surveillélxxxiv… et même un groupe que l’on espère en voie de disparition : les élèves porteurs d'armeslxxxv … En définitive, l’appartenance à la grande espèce générique élève paraît subsidiaire au regard de l’identification par la sous-espèce : un élève de terminale professionnel a peu de points en commun avec un élève de terminale S et un bachelier élève de prépa est assez éloigné d’un bachelier élève de BTS… D’ailleurs, l’admission dans une sous-espèce huppée perdure dans l’Au-delà si l’on en croit une gazette d’amicale… Julien Gracq aurait cent ans le 27 juillet 2010. Le Lycée Henri-IV rend hommage à son ancien élèvelxxxvi.

Pour parler de l’espèce des élèves, les commentateurs utilisent soit des tournures au

pluriel … Accompagner les élèves vers l’autonomielxxxvii…soit au singulier : accompagner l’élève vers l’autonomielxxxviii ... Mais, dans les deux cas il n’est pas question d’un individu particulier, ni d’une somme d’êtres individuéslxxxix . Un élève… L’élève… Les élèves… La nuance, procède des mentalités. Les milieux scolaires inventent un élève présomptif, quintessence d’élève, pour qui le système déploie des savoirs disciplinaires, des notions psychosociologiques et des pédagogies. Cet élève hypéronyme n’a souvent pas de commune mesure avec les élèves tangibles qui peuplent les classes, néanmoins il est une référence : Un élève se doit d'être à jour dans son travailxc… L’élève est un futur citoyenxci…

Le singulier semble générer une définition absolue et stable qui permet de comprendre sans difficulté les phrases suivantes : la maternelle c’est le passage de l’enfant à l’élèvexcii... L'élève est-il porteur des singularités de son adolescencexciii ?... L'enfant n'est pas seulement un élèvexciv…L'élève est une personnexcv… Le singulier sied mieux aux assertions lénifiantes de

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grande envergure… L’élève a le droit de développer sa propre personnalité et son identité au sein de la communauté scolairexcvi... Il décrit plus qu’il n’édicte et expose plus une situation de fait qu’une prescription ; il est fréquent dans les considérations didactiques, pédagogiques, psychosociologiques, idéologiques, politiques… L’élève face à la lecturexcvii … L’élève acteur, responsable et auteur de son apprentissagexcviii

Dans un même règlement intérieurxcix , le pluriel apparaît plus aisément dans des contextes explicitement prescriptifs et comminatoires. Il semble servir l’expression d’une nécessité, d’un ordre… Les élèves attendent la permission de l’enseignant pour ranger leurs affaires ou se leverc… Les élèves doivent avoir l’autorisation de la direction s’ils veulent organiser une réunionci… Le contexte ou la connotation permet de différencier le pluriel désignant l’espèce … Motiver les élèves est un des grands défis de l’enseignement actuelcii… du pluriel désignant un ensemble d’individus physiques : Les élèves font des exercices en petits groupesciii… Les élèves passent cinq semaines en entrepriseciv…

Notons au passage que le mot élève s’il donne à réfléchir selon l’utilisation au

singulier ou au pluriel ; il est incommode quant au genre. En effet, le féminin et le masculin s’écrivent pareil. Certes un déterminant fait parfois son œuvre (une élève, un élève ; cette élève, cet élève) ; mais, la limite est vite atteinte ; alors le genre doit se déduire du contexte ou bien être précisé … Dans les classes, les élèves garçons sont perçus comme des individualités et les élèves filles comme un groupe indifférenciécv.

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POUR UNE BIENVEILLANCE SCOLAIRE

Étienne Delorme directeur de recherche à l’observatoire déontologique de l’enseignement

Nombreux sont les observateurs qui décrivent l’entropiecvi de l’école à partir des grands sujets comme la réussite aux examens, le contenu des programmes, la formation des enseignants, la politique éducative de la nation … Mais, peu de chercheurs s’intéressent aux pratiques qui instituent l’intolérance d’un établissement à ses propres élèves. L’absence de bienveillance n’est pourtant pas occasionnelle, elle est structurelle voire consubstantielle. Se pose alors la question des ajustements que les établissements devraient opérer afin de résorber leur propre allergie aux élèves.

Tout écolier, collégien, lycéen, devrait pouvoir bénéficier d’une estime globale sans jamais être l’objet d’une négligence systémique (systématique). Il n’est pas question de céder platement aux désidératas des jeunes mais seulement de donner droit de cité à leur personne. Au fond, la bienveillance scolaire n’est qu’un simple choix de qualité concernant la vie collective. Elle n’a pas besoin de références doctrinaires même si elle a nécessairement une teneur insufflant de nouvelles pratiques scolaires dont la différence réside en la disparition de l’indifférence.

Une frange d’enseignants, dans l’éducation nationale, expérimente déjà des pédagogies pouvant atteindre un tel objectif. Leurs actions ont été répertoriées par le ministère de l’éducation au sein du Conseil national de l’innovation et de la réussite scolairecvii. Les pistes pédagogiques ouvertes sont pour la plupart développées par les écoles, collèges et lycées membres de la fédération des établissements scolaires publics innovants FESPIcviii. Les établissements concernés activent des leviers qui s’ils étaient utilisés dans les établissements lambdas, permettraient de généraliser une persévérance scolaire durable. Voici quelques perspectives déjà effectives… Adapter l’obligation d’assiduité. Les cursus conventionnels exigent une assiduité collective. Une nouvelle forme de temporalité scolaire peut prévoir des phases singularisées à temps partiel ou complet, selon les aléas familiaux, les convenances personnelles ou la nécessité de coupler les études et un emploi ou une passion (sport, art ...). Il s’agit d’alléger la pression chronologique pour ne pas acculer à un décrochage par saturation calendaire. Divers procédés peuvent se conjuguer : organisation d’un suivi à distance ; phases conçues sans évaluation (type auditeur libre) etc. Instituer un moratoire. Le passé scolaire d’un élève lui est souvent opposé comme passif. À période régulière, sa situation pourrait être amnistiée concernant le niveau, l’orientation et le comportement. Ainsi, des rajustements d’orientation deviendraient possibles pour éviter que l’affectation forcée dans une voie (une option) ne se transforme en fiasco. Dans une telle configuration les redoublementscix seraient remplacés par des modules de consolidation favorisant le passage en classe supérieure. Assimiler l’autodidactisme. La vie en dehors de l’école n’est pas un néant cognitif. Les élèves devraient pouvoir à faire évaluer, par leurs professeurs, des compétences acquises dans un cadre extrascolaire. L’école sait déjà noter des aptitudes qu’elle n’a pas transmises. Elle le fait déjà, par exemple, pour le Bac L spécialité musique, dont les élèves font valider des capacités acquises à l’extérieur (conservatoires, familles, cours particuliers…). Pourquoi ne

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pas étendre cet usage à tout type de domaines (humanitaire, animation socio-éducative, culture, protection civile, écologie…) ? Neutraliser les archaïsmes de la notation. Selon les travaux d’André Antibi, les enseignants se sentent obligés inconsciemment de mettre un certain pourcentage de mauvaises notescx. Il faut éradiquer cette constante macabre. Par ailleurs, les conseils de classes peuvent cesser d’être des instances rituelles ou des psychodrames pour devenir des bilans de progrès assignant des objectifs réalistes propres à chaque élève. (Voir encadré annexé en fin de publication). Majorer le rêve sans créer d’illusion. Un élève qui est en difficulté intériorise une dépréciation qui contracte son avenir. Habituellement le système d’orientation en profite pour lui faire-faire profil bas. Ainsi, les collégiens peu brillants intègrent-ils l’idée qu’ils seront orientés contre leur gré le cas échéant dans des filières sans renom. Or, une action éducative digne de ce nom devrait faire l’inverse en élargissant les projets et donnant la possibilité d’amplifier les rêves des adolescents notamment les moins enclins à nourrir une ambition. Réduire l’obnubilation entrepreneuriale. Lorsqu’un élève est en difficulté, on lui propose la voie professionnellecxi. Il s’agit souvent d’un pis-aller. Or il est possible d’utiliser les avantages de l’alternance sans le risque d’imposer un métier non choisi. Il suffit de mettre en place un va-et-vient ne reposant plus sur une professionnalisation mais sur des activités de création et d’ouverture à autrui : musique, sport, humanitaire, théâtre, action sociale... Modérer l’ethnicisation. La carte scolaire se calque sur le domicile des élèves. Dans certains quartiers, elle induit donc une ghettoïsation des établissements. Compte tenu de la composition des catégories défavorisées, ce phénomène se double parfois d’une ethnicisationcxii. Alors que le poids de genres dans l’orientation fait l’objet d’une vigilance, l’ethnicisation reste un tabou. Or, elle génère une forme d’inappétence scolaire spécifique liée à l’impression qu’ont certains adolescents d’être victimes d’une racialisation institutionnelle établissant une corrélation entre leurs origines et des filières ou des établissements dépréciés. Créer un statut de décrocheur. Lorsque l’abandon des études a été effectif, le raccrochage doit offrir des choix valorisant. Sur le mode d’une VAE adaptée pour des adolescents, il faudrait concevoir un droit opposable pour retour réaliste et positif dans un cursus. L’aversion aux élèves n’est pas sans conséquences sur le moral d’une minorité de professeurscxiii qui en sont témoins sans en être acteur. Ils sont tourmentés par leur propre résignation face à une absence de bienveillance généralisée et revendiquée dont ils se sentent les alliés objectifs voire les vecteurs passifs. Discrètement, quelques uns se donnent bonne conscience en accordant des assouplissements et passe-droits à leurs propres élèves afin de ne pas cautionner l’incongruité, l’absurdité ou l’indignité de certains usages. Pour d’autres, moins autonomes, l’impuissance face aux aspects kafkaïens d’un établissement se transforme en un syndrome compassionnel. À cet égard, à trop s’affecter de l’aspect nosocomial du désarroi, de l’échec, de la souffrancecxiv… de certains élèves, quelques professeurs frôlent le burn-out. S’agit-il d’une overdose de conscience professionnelle ? En 2009, une enquête de Georges Fotinos et José Mario Horenstein montre que 17% des enseignants sont au seuil du burn-out tandis que 31% ont envie de quitter le métiercxv. Nous ne faisons aucun angélisme, les professeurs en difficulté ne déplorent pas que l’institution soit intrinsèquement hostile aux écoliers, aux collégiens et aux lycéens. Au contraire, le plus souvent ils mettent en cause d’une part l’incivilité de leurs élèves ; d’autre part, la bienveillance excessive voire l’impunité dont ils jouissent généralement du fait d’un laxisme de la direction locale ou de principes édictés par l’administration (notamment pour les exclusions)…

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Aucune étude sérieuse n’a été accomplie sur la responsabilité de l’entropie d’un établissement dans l’incivilité des élèves. Les formes d’organisations de la vie scolaire, le type de relation entre les adultes et les élèves, le système d’évaluation, la nature des décisions, les propos tenus sur les élèves… engendrent-ils une exaspération chez certains adolescents ? Cette exaspération ne crée-t-elle pas un burn-out propre aux élèves ? En cas de réponse partiellement positive il faudrait retourner une vieille problématique qui a la vie dure ; car ce ne serait pas les élèves imparfaits qui seraient la cause première de la souffrance de certains professeurs. En la circonstance, le élèves insupportables seraient alors les victimes d’une organisation institutionnelle contre laquelle ils réagissent au point de ne plus tenir en place, ne plus avoir leur place dans l’établissement...

Faute de travaux sur le burn-out des écoliers, des collégiens et des lycéens, nous avons opté pour une facétie. En conclusion de leur enquête Georges Fotinos et José Mario Horenstein préconisent vingt-trois propositions pour donner aux enseignants une meilleure qualité de vie dans leur établissement. L’idée est donc tentante de les détourner et d’en suggérer une application à tous les élèves. Voici que ce type d’adaptation iconoclaste pourrait donner en direction de collégiens et de lycéens…

- Inclure dans tout projet d’établissement un axe fixant des objectifs

sur la qualité de vie des élèves. -Permettre aux élèves d’évaluer le niveau d’entropie de leur propre

établissement et les marges de progrès que les adultes de l’établissement comptent combler pour un accroissement de la bienveillance scolaire. Donner aux délégués des élèves le pouvoir de critiquer et de contrôler l’état matériel des équipements et de locaux et notamment de vérifier que les adultes n’améliorent pas leurs conditions de travail plus vite que de celles des élèves.

-Attribuer aux élèves la possibilité d’intervenir dans la communication interne ou externe de l’établissement évoquant leur propre situation, leur vie dans l’établissement, leur image…

-Développer des projets partagés pou que les élèves ne soient pas isolés dans des rivalités, des compétitions et des concurrences interpersonnelles.

-Aménager des espaces de repos, des lieux de travail personnel, des espaces de détente et de loisirs.

Créer un sentiment d’appartenance à l’établissement en donnant une place importante aux anciens élèves.

-Interdire les journées de plus de six heures de cours (ou de trous). Ne jamais faire venir les élèves dans l’établissement pour une seule heure de travail ;( minimum 2h30).

-Construire des emplois du temps qui laissent le temps de se déplacer entre deux salles, qui ne rognent pas les récréations et qui ménagent une pause repas d’au moins une heure (temps d’attente au self déduit).

-Permettre aux élèves qui le souhaitent sur le mode d’une VAE de changer d’orientation, de filière, de voie et d’option, sans restriction, sans répression, sans redoublement, dans l’intérêt exclusif du demandeur même s’il est mineur.

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-Former les élèves pour un dépassement de leur stress scolaire. Faciliter l’assurance des élèves, développer leurs compétences personnelles, affirmer l’estime de soi et la confiance ; épanouir leurs capacités psychosociales et relationnelles.

-Apporter tout type d’aide et d’accompagnement aux élèves qui en ont besoin ; dans leur établissement avec un maintien dans leur classe, sans tentative de réorientation ou de réaffectation ailleurs.

-Élargir l’évaluation (classement) des lycées en introduisant un quatrième indicateur intégrant la notion de qualité de vie des élèves dans l’établissement. Appliquer cet indicateur aux collèges. Instaurer grâce des procédures de contrôles des établissements accusant un déficit de bienveillance. Formaliser les protections dues aux élèves en cas de défaillances d’un établissement en ce domaine.

-Créer dans chaque établissement un comité de la qualité de vie des élèves composés de 16 membres pour 50% d’élèves tirés au sort parmi les délégués de classes, et pour l’autre moitié de parents, de personnel, d’élus locaux membres du conseil d’administration..

-Prévoir au niveau académique la formation des personnels de toutes catégories à l’amélioration prioritaire des conditions de vie des élèves.

-Lancer un programme de recherche méthodique sur la nature et l’état de l’absence de bienveillance scolaire dans les écoles, les collèges et les lycées.

-S’interdire la création de tout observatoire ou instance d’administration, de conceptualisation et de gestion de la bienveillance scolaire pour qu’elle puisse demeurer une pratique indépendante propre à chaque établissement.

La bienveillance scolaire n’est pas une posture, une forme de protocole d’accueil mécanique, une sorte de sourire commercial institué. Elle est bien plus un état d’esprit des adultes et doit être plus soucieuse de sa substance que de son apparence. C’est pour cette raison qu’elle doit moins rechercher des pistes déontologiques et modifier le regard que les professionnels du monde scolaire portent sur les élèves. À ce sujet voici ce que pourraient être de telles pistes … -Accorder une considération égale aux élèves quelque soit leur sexe, leur âge, leur origine, leur milieu ainsi que leurs comportements et leurs performances. -Faire évoluer chaque élève jusqu'à l'apogée de ses capacités ; si besoin, en changeant de méthodes et d’organisation. -Résorber les effets des dysfonctionnements en modifiant la marche de l’établissement plutôt que d’accroître la coercition auprès des élèves. -Favoriser pour chaque élève l’activité, l’expérimentation, les essais et le tâtonnement. -Éviter de prendre les désirs des adultes pour la réalité des élèves ; majorer le statut de la parole des élèves. -S’imposer un principe de précaution dans l’interprétation des conduites d’un élève. S'abstenir de porter un jugement définitif. Mettre en exergue ses aptitudes. Éviter de stigmatiser ses lacunes. -Accepter toutes ses questions et s’empêcher de neutraliser la curiosité des élèves en usant de discours réducteurs ou d’expédients.

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-Différencier les actions répondant aux besoins des élèves de celles relevant de commandes institutionnelles. -Utiliser des pédagogies constituant un avantage pour les élèves. Éviter de perpétuer une tradition instituée sans s’assurer de son intérêt pour les élèves.

-Générer dans l’établissement une quiétude parmi les élèves quant à leur vie actuelle et à leur avenir.

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De la neutralité des enseignants Roger-Pol Droit http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/societe/education/221148133/neutralite-enseignants

Au lycée Gustave-Flaubert de Rouen, une enseignante a été suspendue, en mars, pour avoir proposé une minute de silence à la mémoire de Mohammed Merah. A Montréal, le 4 juin, un professeur du

secondaire, licencié depuis, a fait visionner à ses élèves la vidéo du tueur Luka Magnotta, décapitant et dépeçant sa victime. Le 8 juin, à l'université Paris-VII, un professeur, bientôt désavoué par sa direction, a donné pour sujet d'examen une curieuse étude de cas : 22 enfants morts arrivant à l'hôpital de Gaza pendant l'opération militaire israélienne Plomb durci, les candidats devaient

décider s'il s'agissait d'un crime de guerre, d'un crime contre l'humanité ou d'un génocide - sans mention d'autres possibilités !

A première vue, ces affaires récentes n'ont presque rien en commun

Si dissemblables qu'ils soient, ces dérapages possèdent toutefois un dénominateur commun : l'abus de pouvoir de l'enseignant, usant de son autorité pour prendre en otage ses élèves ou étudiants, les instrumentaliser en leur imposant convictions, images ou propagande, sans échappatoire possible. Une fois encore, il ne s'agit que d'exceptions, cas isolés et dysfonctionnements rares. Mais ils conduisent à réfléchir à cette neutralité que la loi exige des enseignants.

Contrairement à ce qu'on croit, elle n'est pas simple à respecter. Pour une raison évidente : une neutralité véritablement intégrale, absolue, parfaite... ne saurait exister. Totale, elle constituerait même une contradiction dans les termes, car il n'est pas d'enseignement, d'éducation, ni de culture sans options et préférences. Personne n'est neutre dans les choix entre laïcité et religion, démocratie et totalitarisme, droits de l'homme et servitude. Défendre des valeurs républicaines et humanistes, c'est déjà quitter une neutralité absolue et irréelle pour la réalisation concrète, et souvent problématique, d'une neutralité relative.

Par nécessité, celle-ci est à géométrie variable. Si elle repose sur la neutralité de l'Etat et l'égalité des usagers, elle change de visage selon l'âge des élèves, les matières étudiées, les contextes historiques ou politiques. Il est facile de vérifier qu'un enseignant de l'école publique n'arbore aucune marque distinctive d'appartenance religieuse ou philosophique. Mais il sera toujours difficile de désigner l'instant exact où ses propos peuvent devenir tendancieux, le moment où ils franchissent éventuellement les limites du tolérable. Ce qui ne veut pas dire qu'on soit sans repère aucun.

En l'occurrence, deux frontières principales sont continûment à tracer. L'une sépare vérités et opinions, les données dont on peut être certain et celles qui relèvent de jugements opposés. En mathématiques ou en chimie, les divergences idéologiques n'existent pas. Il faut donc clairement distinguer, comme le fit Kant en son temps, ce qui appartient au savoir - objectif et vérifiable -et ce qui relève de la foi - respectable mais incertaine. La moindre des exigences est alors de résister fermement aux offensives multiples qui tentent de confondre ces registres. Le créationnisme, par exemple, est affaire de croyance et non de science. Le négationnisme, qui voudrait s'inviter dans les débats des historiens, n'est qu'une tentative abjecte de réhabilitation des nazis, en aucun cas une question objective à discuter.

Une autre frontière traverse le domaine des opinions. On peut faire sauter le tabou hypocrite de la fausse neutralité. Car il est impossible, en pratique, d'exiger d'un enseignant - ni de quiconque ! -de mettre entre parenthèses toutes ses convictions, croyances, choix intellectuels, éthiques et politiques. A une condition toutefois : si l'on affiche son parti pris, on ne peut jamais prétendre l'imposer. Et l'on se doit d'exposer, sans biaiser, les autres points de vue et leurs arguments. En indiquant la place où l'on se trouve, on ne peut jamais fermer le jeu, ni omettre de décrire exactement l'ensemble du paysage. C'est la seule façon d'agir qui soit honnête.

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L’AEF Dépêche n°168428 Paris, jeudi 21 juin 2012

Évaluation par contrat de confiance : Colloque de la constante macabre

Mouvement contre la constante macabre, André Antibi, président, [email protected], mclcm.free.fr

« Nous avons mis en place le système d'évaluation par contrat de confiance dans le premier degré en début de l'année scolaire 2010-2011 dans l'académie de Créteil. Et plus particulièrement dans les départements de Seine et Marne et du Val de Marne. Plus d'une dizaine d'enseignants sont engagés dans la démarche. 80 % des retours des élèves et des parents sont très positifs », relate Philippe Roederer, inspecteur de l'Éducation nationale. Il s'exprime à l'occasion d'une table ronde sur l'évaluation par contrat de confiance, à un colloque organisé par le mouvement contre la constante macabre, à Paris le 21 juin 2012. Dans le cadre de cette évaluation, « une semaine avant le contrôle, le professeur donne une liste d'exercices traités et corrigés en classe. Pour seize points sur vingt, le contrôle porte exactement sur ces exercices », explique André Antibi, président du MCLCM. Pour le mouvement, « en raison de conceptions ancrées sur le classement des individus, les pratiques d'évaluation apparaissent souvent comme un couperet destiné à sélectionner. Elles sont assujetties généralement à la règle des trois tiers : un tiers de 'mauvais', un tiers de 'moyens' et un tiers de 'bons', y compris quand les objectifs ont été globalement atteints par la grande majorité des élèves ».

ÉVITER LE BACHOTAGE « Lorsque l'enseignant annonce un contrôle de façon classique, les bons élèves savent

ce qu'ils ont à faire, les plus fragiles non. Dans le cadre de l'EPCC, le cheminement est explicite », explique Philippe Roederer. « Ce mode d'évaluation par contrat de confiance, c'est une chance et un bouleversement total pour moi. J'ai adopté ce fonctionnement de façon irréversible en 2005 », ajoute Corinne Croc, professeur de lycée. « J'ai toujours été proche de mes élèves mais quand je me suis rendu compte qu'inconsciemment, je les mettais en échec, c'était terrible », poursuit-elle. « Maintenant, j'ai évacué ce rôle horrible de sélectionneur », rajoute-t-elle. Ce qui permet aux élèves de se présenter « moins stressés au contrôle. Ils se font davantage confiance. Et les résultats de certains ont augmenté de deux ou trois points », rapporte l'enseignante.

« Le schéma classique serait de dire à mes élèves ingénieurs, tout est au programme et vous verrez bien sur quels sujets vous serez interrogés », témoigne Gérard Lauton, enseignant de mathématiques à l'université Paris-Est Créteil. « Tandis que dans le cadre du système d'évaluation par contrat de confiance, je prépare une liste d'exercices, traités en classe et qui recouvrent l'essentiel de ce qu'ils doivent savoir », poursuit l'enseignant. « Les trois quarts des points de l'épreuve seront constitués d'exercices sélectionnés dans cette liste. Ce qui permet aux élèves d'éviter deux écueils répandus : le bachotage et les impasses dans les révisions. Ils travaillent tout l'éventail des compétences. »

De même, l'enseignant utilise cette méthode auprès d'un public de jeunes adultes qui préparent le diplôme d'accès aux études universitaires. « Il s'agit de chômeurs ou de jeunes actifs qui viennent en cours à 19 heures après des journées de travail très lourdes », indique Gérard Lauton. « Pour eux, l'enjeu d'un ciblage de la révision est essentiel. Pour ceux qui s'accrochent et jouent le jeu, c'est une possibilité de réussir après un parcours cabossé sur le plan social et scolaire », dit-il.

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NOTES cxvi i Lévi-Strauss, Tristes tropiques [1955], Paris, Presses Pocket, coll. « Terre Humaine/Poche », 1984, p. 496). ii Jacques Pain professeur de Sciences de l’éducation. Octobre 2002. http://probo.free.fr/textes_amis/violence_institutionnelle_j_pain.pdf. Jacques Pain est professeur émérite de Sciences de l'Éducation à l'université de Paris Ouest la défense, Nanterre. Spécialisé en pédagogie et intervention institutionnelles, violences à l'école et dans les institutions. iii Gilbert Longhi est chercheur en sciences de l’éducation, il dirige l’institut In vivo In situ et préside l’Observatoire déontologique de l’enseignent. De 1997 à 2007, Gilbert Longhi a été proviseur du Lycée Jean Lurçat à Paris où chaque année étaient scolarisés parmi un millier d’autres élèves 250 décrocheurs bénéficiant d’une nouvelle scolarisation bienveillante (Lycée du temps choisi, La ville pour école, Chorus, Lycée intégral, Lycée de la solidarité internationale, Envol, Le lien...). iv http://www.afpssu.com/ressources/128_prev_violence_bien_traitance_desquemack__59.pdf v Boris Cyrulnik face au suicide des enfants Le Point- Publié le 29/09/2011 à 16:57 Entretien. Dans "Quand un enfant se donne 'la mort'" (Odile Jacob), Boris Cyrulnik tente de comprendre l'inexplicable. http://www.lepoint.fr/societe/boris-cyrulnik-face-au-suicide-des-enfants-29-09-2011-1378795_23.php vi 23 janvier 2010. Tous les trois ans, l’OCDE dans le cadre de la célèbre enquête PISA questionne les élèves sur leurs motivations ou leur bien‐être. http://lecoleestfinie.blog.lemonde.fr/2010/01/23/des-eleves-en-mal-etre/ vii Année 2010 Enquête réalisée auprès de 760 enfants, primaire et collège, suivis par un étudiant de l’AFEV. Afev : www.afev.org. Association de la Fondation Etudiante pour la Ville 26 bis, rue Château Landon 75010 Paris – France Tél.: 01 40 36 01 01. [email protected]://www.curiosphere.tv/SITHE/SITHE24036_DYN/pdf/Trajectoires_AFEV_Barometre_2010_VF.pdf Baromètre annuel du rapport à l’école des enfants de quartiers populaires. Enquête Trajectoires – Groupe Reflex. viii Http://www.afpssu.com/ Page 179 de la plaquette de la journée scientifique 27 janvier 2012 ix http://education.blog.lemonde.fr/2011/03/02/ Blog Luc Cédelle x Cf. Colloque Vers un renouveau du collège unique ? Laurent Lafforgue, Pierre Perrier, Paris Sorbonne, 28 novembre 2009. La source exacte de cette citation attribuée à Socrate (rapportée par Platon) n’est pas indiquée par les utilisateurs. La phrase circule cependant sous des formes variables soulignant les méfaits d’une dilution de l’autorité des adultes et de l'excès de liberté accordé aux enfants. Cette citation paraît extraite de La République, plus précisément du dialogue entre Socrate et Adimante sur les origines de la tyrannie (Estienne éditeur VIII, 562b-563e). La traduction que propose Bernard Suzanne http://plato-dialogues.org/fr/suzanne.htm est la suivante : le père s'habitue à devoir traiter son fils d'égal à égal et à craindre ses enfants, le fils s'égale à son père, n'a plus honte de rien et ne craint plus ses parents, parce qu'il veut être libre ; le métèque s'égale au citoyen et le citoyen au métèque, et la même chose pour l'étranger. À tout cela, dis-je, s'ajoutent encore ces petits inconvénients : le professeur, dans un tel cas, craint ses élèves et les flatte, les élèves n'ont cure de leurs professeurs, pas plus que de tous ceux qui s'occupent d'eux ; et, pour tout dire, les jeunes imitent les anciens et s'opposent violemment à eux en paroles et en actes, tandis que les anciens, s'abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffonneries et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître désagréables et despotiques. xi http://www.paperblog.fr/3357049/du-football-et-d-alain-finkielkraut-premiere-note-de-eb/ xii Interview au Nouvel Observateur, le 4 octobre 2007. xiii Victor HUGO (1802-1885) Recueil : L'art d'être grand-père xiv Alain Dupré Inspecteur de l’éducation nationale (IEN) dans l’Ain. http://instits.org/index.php?page=violence xv http://deontoenseignement.blogspot.com/ & observe.enseignement @gmx.fr L’ODE est un cercle d’études regroupant des chercheurs en psychopédagogie et des cadres du système éducatif prônant un déontologie de l’enseignement par analogie au code de déontologie de la médecine. xvi http://ons.education.gouv.fr/ xvii Pour ce sujet CF. Benoît Floc'h Le Monde de l'éducation - Novembre 2006 & http://ecolesdifferentes.free.fr/CACABOUDIN.html xviii BOEN 26 octobre 1995, page 3058. NOTE DU 17-10-1995. PROTECTION DU MILIEU SCOLAIRE. Poids des cartables. NOR: MENL9502222X xix Xavier Darcos http://www.education.gouv.fr/cid5704/poids-du-cartable.html xx Circulaire Poids des cartables C. n° 2008-002 du 11-1-2008 NOR : MENE0701925C RLR : 505-7 DGESCO B3-1 Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie, directrices et directeurs des services départementaux de l’éducation nationale ; aux chefs d’établissement xxi Pour le passage voir http://www.demauroy.net/le_cartable.htm Piera Lusenti (médecin) Jean Noël Voutey (kinésithérapeute) Patrick Faouen (ergonome) xxii http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/2007/86_Cantine.aspx xxiii Le bruit, fléau des écoles maternelles LeFigaro.fr - Santé sante.lefigaro.fr/redirect/.../18c44998-e00e-11dd-8b90-e19a94377aa... xxiv http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/2011/126_3.aspx xxv Décret n° 2011-1227 du 30 septembre 2011 relatif à la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire 2011 page 16572 texte n° 29 xxvi Dans des maternelles notamment, est dans ce qu’il est convenu d’appeler les écoles différentes ou expérimentales… xxvii Pour cette notion Cf. Stefano Molina è dirigente di ricerca presso la Fondazione Giovanni Agnelli di Torino, dove lavora dal 1988. Stefano Molina, utilise le terme dans le domaine démographique… malgré les apparences, l'Italie a une société pédophobe : rien, dans son tissu urbain ou ses services publics, n'y est pensé en fonction des enfants, considérés comme bien mignons, mais relevant de la sphère privée… http://www.fga.it/fileadmin/storico/1024-1/CN2877.htm .... http://www.telerama.fr/monde/au-revoir-les-enfants,76359.php http://www.neodemos.it/index.php?file=autore&id=104. xxviii http://blogs.mediapart.fr/blog/etoile66/090908/les-enfants-francais-n-aiment-pas-l-ecole-pourquoi... En France, 7.154 élèves de 11 à 15 ans ont répondu à un questionnaire anonyme. Enquête : Health Behaviour in school-aged children xxix Cf. Les notions définies dans les travaux de Jacques Pain xxx ww.france-info.com/chroniques-le-chemin-de-l-ecole-2009-09-10. xxxi http://www.bladi.net/forum/90118-violence-enseignants/ Étude menée par une équipe de chercheurs de l'IUFM du Nord-Pas-de-Calais, le laboratoire Profeor de l'université Lille III et le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CNRS/ministère de la Justice), sous la responsabilité de la sociologue Cécile Carra. xxxii http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapportspublics//034000674/0000.pdf xxxiii Rapport présenté par Nicole Baldet Inspectrice de l’académie de Paris Chargée de mission d’inspection générale Octobre 2004 http://www.defenseurdesenfants.fr/pdf/RapportBaldet.pdf xxxiv Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC. 5 avril 2005. http://www.sniupp.fr/article.php3?id-article xxxv Cf. le Statut du 25 avril 1834 sur les écoles primaires. Pour les données contenues dans ce passage. http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3472 xxxvi Modifiée en 1992 et en 1994 xxxvii REGLEMENT TYPE DEPARTEMENTAL DES ECOLES MATERNELLES ET ELEMENTAIRES http://www.ac-lille.fr/ia59/administratif/docs/ReglementEcole.pdf xxxviii François Bayrou xxxix http://www.hebdo.ch/une_petite_claque_aux_mauvais_sondages_13354_.html Jocelyn Rochat L'Hebdo; 2002-04-18 Mis en ligne le 18.04.2002 à 00:00 xl http://www.valeursactuelles.com/actualit%C3%A9s/soci%C3%A9t%C3%A9/condamn%C3%A9-pour-une-gifle20120222.html xli http://www.amr25.fr/index.php/2012/02/21/soutien-a-maurice-boisart/ xlii Cf. enfant gaucher contrarié par ses enseignants. www.lesgauchers.com/m5_liste.php?aforum=2 (12 juillet 2006). xliii En 1964. Bibliothèque de l’école moderne n°26. xliv www.education.gouv.fr/presse/2002/ecritureedp.htm Le dossier de presse su 23 janvier 2002 précise qu’il convient d’offrir à l’enfant de maternelle de réelles alternatives pour lui faire faire conscience des résultats qu’il obtient en fonction de la main qu’il mobilise (15 janvier 2006). xlv http://www.lesgauchers.com/gauchers-recherche_34_319.html Témoignages sélectionnés entre 2004 et 2005 xlvi http://www.lesgauchers.com/gauchers-recherche_34_319.html Témoignages sélectionnés entre 2004 et 2005 xlvii http://www.vivelesrondes.com/forum/viewtopic_57657.htm xlviii Union des enseignants de Breton. www.ugbrezhoneg.com/keleier/28052003.htm (4 janvier 2006). xlix www.marraire.com/Oc/Alienation.php Térras occitanas (9 avril 2006). l Le Nouvel Observateur. www.nouvelobs.com/articles/p2141/a287033.html 17 novembre 2005 n°2141. li BOEN n°9 du 27 février 1969. À partir des années soixante, l’enseignement des langues et des cultures régionales, locales et natives a été progressivement implanté dans les établissements. lii In Occitan, Istòria d'un descreis. Correspondance générale de l'Inspection primaire, 1893. Léon Bérard, Ministre de l'Instruction publique, décembre 1921 http://www.ostaldoccitania.net/articles.php?pg=375&lng=fr liii http://www.breizh.net/identity/galleg/bretagne_tabou.htm Communication prononcée au forum Le Monde – Le Mans le 25 octobre 2003 « Bretagne et tabou », in Weill, Nicolas (collectif), Que reste-t-il de nos tabous ?, actes du 15e forum Le Monde Le Mans, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, pp. 153-166. liv Le Monde diplomatique Juin 2011. Sondage Ipsos réalisé en décembre 2008-janvier 2009, à la demande de l’Office de la langue créole de La Réunion. Axel Gauvin Poète et romancier réunionnais, écrivant autant en créole de La Réunion qu’en français. Auteur, entre autres, du Train fou, Seuil, Paris, 2000. lv http://www.derpad.com/download/jame.pdf JAME Sarah Université Pierre et Marie Curie Paris Diplôme Universitaire lvi Dans l’antiquité grecque, l’hybris est le mouvement fautif de dépassement de la limite, de l’abus et de la démesure, notamment dans l’exercice d’une charge dans la Cité. lvii http://www.alice-miller.com/interviews_fr.php?page=1 lviii C'est pour ton bien Editions Aubier 1985 http://www.alice-miller.com/livres_fr.php?page=2 lix Les enfants dans leur famille - Analyse (extrait de "L'étude des syndromes"), de J-Marc Epstein http://www.nikibar.com/publications/index.html lx http://www.maif.fr/content/pdf/enseignants/votre-metier-en-pratique/etre-enseignant/maif-enseignants-1er-2nd-degr.pdf 2005 56% des professeurs des écoles déclarent avoir été de bons élèves et 14% de très bons élèves ; 53% et 22% pour les professeurs de collèges et lycées. & http://www.educpros.fr/dossiers/faire-une-conference/h/e9bf70d32f/d/349/a/prendre-du-champ-avec-les-pratiques-des-collegues.html

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lxi Et parfois très au-delà, des principes éthiques ou déontologiques… lxiiPourcepassageCf.http://admi.net/graticiels/dons/cg9697.html"Faut‐illireaussientreleslignes?"parVincentDOLISI1996lxiii www.francparler.org/forum/viewtopic.php?t=1691 (14 juillet 2007). lxiv http://wheb.ac-reims.fr/ia51chalons2/article.php3?id_article=467 (12 juillet 2007). lxv http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=18321&folder=0 Février 1955 lxvi Propos recueillis par Claude Askolovitch et Brice Couturier L'Evénement du jeudi, du 18 au 24 novembre 1999. lxvii Mai 2012 ; par Marie Musset, chargée d'étude et de recherche au service veille et analyses de l'Ifé. Institut français de l’éducation http://ife.ens-lyon.fr/ife L’AEF Dépêche n° 167500 Paris, mardi 12 juin 2012, 18:46:27 lxviii http://www.sainte-marie-bailleul.fr/spip.php?article3 lxix Freud S. (1914 f), Sur la psychologie du lycéen, Résultats, Idées, Problèmes, I, trad. fr. P. Cotet, Paris, PUF, 1984 ; OCF.P, XII, 2005 ; GW, X. Conférence prononcée en 1914 lors du 50e anniversaire du lycée de Vienne où Freud fut élève de 1865 à 1873. Extraits. lxx http://recherche.cndp.fr/spinoo/resultatGen.asp?sWeb=www.spinoo.fr&INTITULE=&URLSITE=&SPECIF=&texte=%E9l%E8ve&serveurs=&acad=&x=21&y=23 lxxi http://www.metrofrance.com/info/12-millions-d-eleves-font-leur-rentree/mkie!HT0FZSc1Dbeao/ lxxii http://www.pedagopsy.eu/decalage_eleve.htm. Stéphanie LELOUP thèse soutenue le 21 Mars 2003 une thèse de Doctorat à l'Université de Reims sous la direction de Gilles BAILLAT Professeur de sciences de l'éducation à L'I.U.F.M. de Reims. lxxiii www.aix-mrs.iufm.fr/formations/filieres/mat/data/.../expose_6.doc Les espèces d’élèves existant à un moment donné (notamment lors de la constitution de la classe, à la rentrée)… IUFM d’Aix-Marseille PCL2 de mathématiques 2005-2006 Nathalie Aubert lxxiv Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation actives http://www.cemea.asso.fr/IMG/pdf/rencontres_aurillac_2010.pdf lxxv http://psyligne.com/pages/dolto.php Pour la psychanalyse à l'opposé du concept d'élève, un sujet se déploie dans l'accomplissement de sa propre parole… Discussion sur la dénomination des apprentis psychanalystes… lxxvi http://www.providence-strasbourg.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=66&Itemid=82 lxxvii http://www.clg-peguy-lechesnay.ac-versailles.fr/spip.php?article6 lxxviii www.cndp.fr/entrepot/ville.../fiche-action.html lxxix http://www.versailles.snes.edu/spip.php?article2464 lxxx http://www.collegeelysee.com/index.php?option=com_content&view=article&id=566&Itemid=60 lxxxi http://www.neoprofs.org/t19343-eleve-qui-refuse-de-travailler-pendant-le-cours lxxxii L'école et les parents : la grande explication Philippe MEIRIEU http://b105.chez.com/lectures/meirieu2.htm lxxxiii http://saintjoseph-gravelines.com/MENU/StJoInfo/St_Jo_Info.pdf lxxxiv http://www.adusolier-nontron.fr/articles.php?lng=fr&pg=622 collège Alcide Dusolier lxxxv http://www.lepoint.fr/archives/article.php/345672 Lepoint.fr - Publié le 21/05/2009 à Modifié le 21/05/2009 Le ministre de l'Éducation nationale Xavier Darcos Darcos propose une "force mobile d'agents spécialisés" dans son discours d'ouverture du 90e congrès de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP lxxxvi lyc-henri4.scola.ac-paris.fr/lelycee/actu/.../201003-Julien-Gracq.html lxxxvii http://webradio.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique4 lxxxviii http://www.ac-caen.fr/academie_272_projet-academique.html lxxxix Cf. le travail de Claire Beyssade consacré statut sémantique des espèces à travers l’emploi du défini générique singulier ou du défini générique pluriel. Les définis génériques en français : noms d'espèces ou sommes maximales Claire Beyssade lumiere.ens.fr/~amari/def-gen-22-08.rtf xc http://lyceejdarc.org/lycee/index.php?id=93 xci www.ipet.be/documents/Projet_pedagogique xcii http://education-creative.com/blog/?p=4197 xciii Pierre Therme Université d'Aix-Marseille http://www.inrp.fr/zep2/partheme/textes/eps/therme.pdf xciv www.laligue.org/assets/Uploads/PDF/14.FCPE.3.pdf xcv www.charmeux.fr/elevepersonne.html xcvi http://www.lcd.lu/lycee/codedevie/index.php xcvii http://www.pedagonet.com/other/profil1.htm xcviii http://www.ndj.edu.lb/node/149 xcix « Code de vie » du Lycée classique Diekirch, établissement scolaire public http://www.lcd.lu/lycee/codedevie/index.php c http://www.lcd.lu/lycee/codedevie/index.php ci http://www.lcd.lu/lycee/codedevie/index.php cii http://membres.multimania.fr/sebastientracol/Cliquez%20ici/La_motivation_des_eleves.htm ciii http://www.media-awareness.ca/francais/ressources/educatif/outils_de_reflexion/qlq_strategies.cfm civ http://admissible.enpc.org/index.php?module=visiteurs&action=presentation&PHPSESSID=db0573427002528e54be336398898015 cv http://1libertaire.free.fr/EcoleFillesRolesSociaux.html cvi Lévi-Strauss, Tristes tropiques [1955], Paris, Presses Pocket, coll. « Terre Humaine/Poche », 1984, p. 496). cvii Conseil National de l’Innovation pour la Réussite Scolaire, fondé par l’Arrêté du 17 octobre 2000. Claude Thélot en a fait partie jusqu’à la disparition du conseil en 2002. cviii http://www.fespi.fr/ cix Les difficultés scolaires précoces, qui se manifestent par des redoublements à l'école primaire, apparaissent comme un facteur particulièrement déterminant de la sortie sans diplôme du système scolaire. L’AEF Dépêche n°158954 Paris, jeudi 1 décembre 2011. Insee (Article « Être sans diplôme aujourd'hui en France : quelles caractéristiques, quel parcours et quel destin ? » Revue « Économie et statistique », publiée le 1er décembre 2011. Insee, Valérie Tondo, service de presse, 01 41 17 57 57 [email protected] cx Cf. les travaux d’André Antibi, Professeur à l’université Paul-Sabatier de Toulouse, où il dirige le laboratoire de didactique. André Antibi est l’auteur de « La constante macabre » paru en 2003 (Math’adore-Nathan). Déjà 30 000 professeurs mettraient en pratique le système d’évaluation par contrat de confiance préconisé dans son ouvrage. cxi On note un contraste important entre les élèves effectuant leur scolarité au lycée général à ceux qui connaissent une orientation en filière professionnelle, avec des fins d'études très rapides ou des études courtes de type CAP ou BEP ». Les différentes trajectoires scolaires sont déterminées par les profils socioéconomiques. En l’occurrence, les élèves ayant des caractéristiques sociales favorables aux études accomplissent une scolarité conventionnelle. Même si les filières professionnelles, semblent avoir un effet protecteur, ce sont les jeunes qui ont suivi les trajectoires scolaires les plus classiques qui ont le taux de chômage le plus faible et les trajectoires professionnelles les plus stables… L’AEF Dépêche n°158954 Paris, jeudi 1 décembre 2011. Insee (Article « Être sans diplôme aujourd'hui en France : quelles caractéristiques, quel parcours et quel destin ? » Revue « Économie et statistique », publiée le 1er décembre 2011. cxii Concentration dans une filière d’élèves ayant les mêmes origines raciales. cxiii Et d’autres membres du personnel non enseignant : CPE, surveillants, documentalistes, équipe médicosociale… cxiv L’existence d’un syndrome du même type (dit vicariant) a été clairement repérer chez les proviseurs. http://www.lexpress.fr/actualite/societe/education/un-virus-dans-l-enseignement_491743.html Idem http://www.fondation-maif.fr/fondation/ressources/pdf/mgen-III_rf.pdf Le traumatisme vicariant : Étude sur une population de chefs d’établissement Dr J.-Mario Horenstein, Dr Marie-Christine Voyron-Lemaire, Mme Françoise Lelievre, Mme Nicole Kremer, Mme Jany Faucheux. Convention de recherche entre la Fondation de la Mutuelle Assurance des Instituteurs de France et la Mutuelle générale de l’Éducation nationale Septembre 2002 Enquête par sondage concernant 423 chef d’établissements. cxv Cf. Café pédagogique et liens http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/11/28112011_Fotinos.aspx

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