LA 2 Les Caprices de Marianne -...

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LA - Les Caprices de Marianne : acte I, scène 2 De Entre Cœlio à la fin Question : quel est l’intérêt dramatique de cette scène ? Introduction : - Quelques mots sur Musset - Présentation rapide des Caprices de Marianne - Situation du passage : Coelio est un jeune Napolitain amoureux de la belle Marianne, épouse du juge Claudio. Paralysé à l’idée de lui déclarer ouvertement son amour, il utilise un entremetteuse, Ciuta, comme intermédiaire, puis sollicite l’aide de son ami Octave dans ce même but. La scène 2 de l’acte I se passe chez Cœlio où sa mère, Hermia l’attend. Après un dialogue vif avec Malvolio, l’intendant, Hermia se trouve seule avec Cœlio. - Reprise de la question : Cette scène n’apporte aucun rebondissement à l’action et on peut alors se demander quel en est l’intérêt dramatique. - Annonce du plan : On verra que ce passage met en évidence les relations ambiguës du jeune héros avec sa mère et que le récit de Hermia met en abîme l’intrigue de toute la pièce. Lecture Explication I – Les relations fils-mère a) une mère aimante - nostalgie de l’enfance de Cœlio : tirade d’Hermia « Quand vous aviez… partager » L. à .

Dans ce passage, est mis en évidence la relation quasi fusionnelle qu’entretenait Hermia avec son jeune fils de « dix ou douze ans » L. . Les verbes employés indiquent la relation de dépendance entre le fils et la mère : « se rattachaient » L. , dépendait » L. , « tenait par un fil bien délié » L. . L’enfant semble lui appartenir. Les phrases sont ainsi construites qu’elles mettent en étroite correspondance la mère et l’enfant : «toutes vos peines, tous vos petits chagrins » L. // « moi » L. ; « regard sévère ou indulgent » L. d’Hermia / « tristesse et joie » L. de Cœlio enfant. La mère semble être le seul univers des sentiments de l’enfant comme le souligne l’hyperbole « toutes vos peines, tous vos petits chagrins » L. . Les métonymies « votre petite tête blonde » L. et « cœur de votre mère » L. reliées par la métaphore « tenait par un fil bien délié » L. accentuent encore ce lien fusionnel. - mais le temps employé, l’imparfait de l’indicatif, montre qu’il s’agit d’une époque révolue. Il y a opposition entre ce passé et le présent comme le marquent l’adverbe « Maintenant » L. et le passage au présent de l’indicatif L. . La négation « je ne suis plus » L. et l’adjectif qualificatif « incapable » L. indiquent la régression de ce lien qui existait auparavant. - le besoin d’être actrice de la vie de son fils : cette nostalgie d’une époque heureuse est sans doute douloureuse pour Hermia. Aussi n’hésite-t-elle pas à tenter d’intervenir dans sa vie actuelle. Le début de la scène montrait sa volonté d’offrir à son fils une soirée agréable (fleurs, musiciens, invités importants, tableau offert), il soulignait aussi à quel point l’amour qu’elle porte à son fils peut sembler trop intense : par la liberté qu’elle lui laisse ou par son propre comportement comme ironise Malvolio « Ne dirait-on pas que notre maîtresse a dix-huit ans et qu’elle attend son Sigisbée ? » L. . Ici, les expressions par lesquelles elle s’adresse à Cœlio montrent qu’elle continue à le considérer comme un enfant : « mon cher enfant » L. , « mon enfant » L. et son insistance est grande de connaître les secrets de son fils : elle y revient deux fois : « Ayez des secrets pour moi, mon enfant, mais non de ceux qui vous rongent le cœur » L. et « je ne suis plus que votre vieille sœur, incapable peut-être de soulager vos ennuis, mais non de les partager. » L. . Cette dernière remarque appelle deux observations : premièrement, cette façon de désigner son rôle actuel « vieille sœur » L. ne trahirait-il pas un refus de la vieillesse ? deuxièmement, le terme « ennuis » L. remplace celui de « secrets » L. utilisés plus haut et souligne que l’attitude de Cœlio inquiète probablement sa mère. b) un fils attentionné et admiratif - les premières répliques de Cœlio montrent son attention envers sa mère : ses plaisirs seront les siens, il ne demande rien d’autre ; plus loin, lorsqu’il souhaite qu’elle lui raconte son passé, il précède sa demande de précaution : il ne veut pas lui faire peine « Si votre cœur peut en supporter la tristesse, si ce n’est pas vous demander des larmes.. » L. - son admiration est manifeste dans la réplique « Et vous aussi… pour vous » L. à . Les termes sont laudatifs : « belle » L. , « votre noble front » L. , « le port majestueux d’une reine » L. , « les

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formes gracieuses d’une Diane chasseresse » L. et soulignent la beauté de cette femme ; le rappel du passé insiste sur l’admiration qu’elle a suscitée « vous avez inspiré l’amour » L. et évoque une jeunesse joyeuse. La ponctuation (deux phrases exclamatives L. ) et le vocatif lyrique « Ô ma mère ! » L. renforcent l’expression de cette admiration. - cependant si l’expression « Diane chasseresse » L. souligne la beauté de sa mère et son port altier, il suggère aussi une certaine froideur : la belle Diane se refusait à l’amour et se livrait aux plaisirs de la chasse. Enfin, le passage « Ô ma mère ! » à « vous n’avez point aimé » L. à reprend cette image : Hermia a été aimé mais n’a point aimé en retour. D’autre part, ce passage renvoie tout autant au passé de la mère qu’au présent du fils où Marianne jouerait le même rôle qu’Hermia autrefois : elle aussi inspire l’amour, elle aussi est l’objet de sérénades, elle aussi semble orgueilleuse et n’aime pas. ➜ Ainsi, cette scène prend-elle un intérêt particulier puisque le passé peut se comparer au présent et le récit d’Hermia le confirme II – un récit, mise en abîme de la pièce

a) le récit d’un drame : un récit clair et précis : pas de pathétique, Hermia raconte cet épisode de sa vie sans insister sur ses aspects dramatiques ; elle paraît être peu affectée ; le récit est structuré : demande d’Orsini, mariage, suicide ; la syntaxe est précise : pas de marques d’émotion, les phrases sont, pour la plupart, déclaratives ➜ sobriété du ton Pourtant un récit qui relate une passion amoureuse

- des procédés de roman sentimental: les « assiduités » d’Orsini, son évanouissement, son éloignement, la coïncidence : le retour d’Orsini juste après le mariage, la méprise et le contretemps fatal.

- Univers de la passion : coup de foudre, « privé de connaissance », « le mariage fut décidé le jour-même », suicide.

- Personnage d’Orsini : exaltation, amour passionné, violence de son suicide

b) similitudes avec l’action et les personnages de la pièce : Hermia / Marianne : toutes deux belles, de bonne famille, courtisées mais indifférentes. le père / Octave : l’un et l’autre se font les intermédiaires de leur ami auprès d’une jeune femme et en seront aimés Orsini / Cœlio : les amants malheureux au destin fatal c) une mise en abîme : le récit d’Hermia comporte en miroir l’action de la pièce telle qu’on la

connaît à ce moment-là. Il a un rôle prémonitoire : le pressentiment de Cœlio quant à une trahison possible d’Octave s’en trouve renforcé et sera à la fin de la pièce la cause de la mort de Cœlio.

➜ comment interpréter le silence de Cœlio à la fin du récit ? volonté de dramatisation de l’auteur ? le lecteur/spectateur ne peut que s’interroger sur le destin de Cœlio. Effroi de Cœlio qui réalise que cette histoire pourrait être la sienne ? Conclusion : Même si la scène paraît une pause dans l’action, elle n’en est pas moins essentielle. Elle complète le portrait de Cœlio. Elle est révélatrice de sa personnalité :

- sa relation avec sa mère peut expliquer son incapacité à prendre en charge les sentiments qu’il éprouve pour Marianne : fils trop attaché à sa mère, il ne peut devenir adulte ;

- c’est lui qui est l’instigateur d’un récit qu’il semble déjà connaître comme s’il était fatalement attiré par le destin funeste d’Orsini ;

- ce qu’il dit de sa mère pourrait tout aussi bien s’appliquer à Marianne, comme s’il désirait vivre le même destin qu’Orsini, comme s’il ne pouvait aimer chez les autres femmes que l’image de sa mère.

➜ Cœlio semble le jouet d’une fatalité qu’il recherche cependant.