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Cinémathèque Robert-Lynen l a n t e r n e s m a g i q u e s

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Cinémathèque Robert-Lynen

l a n t e r n e s m a g i q u e s

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PETITE HISTOIRE DES LANTERNES MAGIQUES

L'invention de la lanterne magique remonte au milieu du XVIIe

siècle, il y a plus de trois cent cinquante ans. Le premier à

mentionner cette machine est le jésuite*

allemand Athanase Kircher, un homme de

sciences comme il en existait alors, qui a

étudié et écrit des livres sur la lumière, le

son, les hiéroglyphes... Mais, telle qu'il la

dessine, sa lanterne ne peut marcher et on

doute qu'il en ait jamais vu !

Allons allons, qu'est-ce qui ne va pas dans

cette façon de représenter une projection de

lanterne magique ? 9

8 Christian Huygens, un astronome hollandais, est

sans doute le vrai inventeur de la lanterne magique. Lui

seul a pu la doter d'un système optique* perfectionné,

comme il savait les fabriquer, pour explorer les étoiles

et les planètes à l'aide de sa longue-vue.

Très vite, la lanterne magique connaît un

grand succès. D’abord réservée à la

cour des rois, elle devient de plus

en plus populaire. Des colporteurs 9

souvent des Savoyards, vont dans les

villes et les villages montrer les images des lanternes et

faire leur boniment*.

7 Au XIXe siècle, les projections se font plutôt dans les

écoles ou bien chez soi. La lanterne magique sert à montrer

toutes sortes d’images, pour rire, pour avoir peur ou pour

apprendre. . .

Christian Huygens, un astronome hollandais, est

3

4

La source de lumière (d'abord une bougie, puis au XIXe siècle une

lampe à huile, enfin depuis le XXe siècle une ampoule électrique)

(1) est dirigée vers le système optique grâce au miroir (2) placé

derrière elle. Là elle se ''condense'' (elle devient plus forte et précise)

grâce à une première lentille qu'on appelle le condensateur (3).

Elle traverse ensuite une plaque de verre (4) où se trouve l'image

à projeter (la plaque a été auparavant glissée dans le passe-vue).

La lumière transporte ensuite cette image vers l'objectif (5) qui

contient d'autres lentilles (l'un d'elles sert à faire le point*, l'autre à

agrandir l'image) et la projette sur un grand écran. La cheminée (6)

sert à laisser s'échapper la fumée de la source de lumière.

UNE LANTERNE, COMMENT CA MARCHE ?

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6

4

1

3

2

La lanterne magique est une machine de précinéma qui sert à

projeter des images sur un écran. Dans la lanterne on trouve :

1 - une source de lumière

2 - un miroir creux

3 - un condensateur*

4 - un passe-vue*

5 - un objectif* fait de plusieurs lentilles*

6 - une cheminée

5

Les lanternes magiques ne sont pas toutes les mêmes : il y en

de très grandes pour les projections devant un large public et

de plus petites, aux formes parfois très drôles, pour projeter

dans sa chambre… Elles sont en général en tôle, mais

peuvent être faites aussi de bois, principalement d'acajou.

Les plaques de lanterne magique des XVIIe et XVIIIe siècles sont

peintes à la main, elles seront au XIXe et XXe siècles imprimées

par des procédés mécaniques. Il arrive aussi que ce soient des

plaques photographiques, en noir et blanc ou en couleur. De

nombreuses plaques sont animées grâce à des rouages à

manivelle, des tirettes, des caches. . . On peut faire bou-

ger des personnages, des objets, les faire apparaître ou

disparaître (dès que le chat pointe son nez, les souris

déguerpissent !), faire tomber la pluie, faire tourner les

planètes... On peut aussi créer des

effets lumineux, passer du jour à la

nuit à l'aide d'un fondu enchaîné*

entre deux plaques, ou faire glis-

ser les images sur le passe-vue.

Tous ces effets se retrouveront

plus tard dans le cinéma.

nombreuses plaques sont animées grâce à des rouages à

DES LANTERNES ET DES PLAQUES À FOISON

6

DES IMAGES POUR FAIRE PEUR : LES FANTASMAGORIES

À la fin du XVIIIe siècle, Étienne-Gaspard Robertson réalise des

spectacles de lanterne magique à en faire pâlir plus d'un : il

projette des images de fantômes, de monstres ou de squelettes sur

un écran derrière lequel il cache sa lanterne. Fixée sur un chariot

qui roule sur des rails, elle recule ou s'approche de l'écran, ce qui

fait que l'image grandit ou rapetisse.

De l'autre côté de l'écran, les spectateurs ont l'impression que le fantôme s'avance dangereusement, ou que les morts s'en vont à tout jamais.

7

DES IMAGES POUR S'AMUSER

Plus tard, les lanternes-jouet ont servi aux enfants pour se

raconter des histoires. On trouve de nombreux contes illustrés de

différentes façons, c'est amusant de les comparer, comme ces trois

versions du Petit Chaperon rouge :

DES IMAGES POUR S'AMUSER

8

Ou bien encore ce Chat botté, en petites plaques carrées 7

DES IMAGES POUR DÉCOUVRIR LE MONDE

Ce ne sont pas uniquement les bonimenteurs

ou les enfants qui projettent les images

des lanternes magiques : il y a aussi

des savants qui font part de leurs

découvertes, des explorateurs qui

racontent leurs voyages à l'autre

bout de la terre, des professeurs qui

trouvent là un moyen plus amusant

d'enseigner l'histoire, la géographie,

l'astronomie, le catéchisme ou les

sciences naturelles. . .

Et ici, en longues plaques, pour faire des panoramiques*.

On peut montrer d'abord les lapins, puis la ficelle... puis le chat ! 7

8 Quelle merveille que de pouvoir faire tour-

ner les planètes pour expliquer le système

solaire !

Ou de montrer sur un

écran, agrandies mille

et mille fois, de drôles

de petites bêtes ! Ce

sont parfois de vrais

insectes qui sont glissés

entre deux plaques de

verre. 9

Et de faire voyager, avec ces magnifiques images peintes de pays

alors si inconnus, et si lointains ! 7

9

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* BONIMENT : tout ce qui est raconté par une personne, le bonimen-

teur, au cours d'un spectacle, afin de le rendre plus vivant. Le bonimen-

teur donne un rythme, interpelle le public, s'extasie, raconte des his-

toires drôles, donne le frisson aussi parfois. . .

* CONDENSATEUR : c'est l'ensemble de lentilles (deux ou trois) où

sont concentrés, juste avant de passer par l'objectif, les rayons de la

source de lumière. Grâce au condensateur, la lumière est plus forte et

l'image paraît plus lumineuse.

* FONDU ENCHAÎNÉ : c'est l'enchaînement de

deux images de manière douce, progressive. Si

l’on dispose de deux lanternes, on diminue

l'intensité lumineuse qui passe à travers une

plaque de lanterne magique (1) en même temps

qu'on augmente celle d'une autre (2), projetée au

même endroit. On peut ainsi, par exemple, faire

de très beaux fondus enchaînés entre le jour et la

nuit, ou l’été et l’hiver 9

* JÉSUITE : c'est une personne qui appartient à

un ordre religieux catholique, la Compagnie de

Jésus. Les jésuites étaient très instruits, aussi se

sont-ils spécialisés dans l'enseignement. Ils ont

parcouru le monde entier, souvent avec des lan-

ternes magiques, pour enseigner leur religion et

leurs connaissances.

* LENTILLES : petits disques de verre poli.

* OBJECTIF : c'est l'ensemble de lentilles qui

permet de rendre l'image nette : en tournant l'ob-

jectif on éloigne plus ou moins les lentilles qui le

composent. On dit qu'on fait la « mise au point ».

LEXIQUE

1 + 2

2

1

* PANORAMIQUE : on dit qu'une image est panoramique quand elle

est très longue, comme un serpent. Faire un panoramique avec une

plaque de lanterne magique veut dire la faire glisser lentement dans le

passe-vue pour faire apparaître peu à peu ce qu'elle contient.

* PASSE-VUE : c'est là où

l'on glisse la plaque de verre

(attention, toujours à l'envers !)

pour la projeter. 9

* PRÉCINÉMA : le cinéma

n'est pas né en un jour, ni

même en une année, ni même

en un siècle ! Il y a eu, avant

sa naissance officielle (1895),

beaucoup d'inventions, de

machines, de dispositifs et de jouets d'optique qui ont permis sa création.

C’est cette période de recherches et de découvertes que l’on appelle pré-

cinéma.

* SYSTÈME OPTIQUE : c'est l'ensemble objectif + condensateur. Sans

un système optique, on ne peut pas projeter des images : si l'on met juste

une source de lumière derrière une plaque, même dans la lanterne, on ne

voit qu'une trace de lumière colorée, toute diffuse.

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8 Un jésuite enseigne l'astronomie à ses élèves grâce à une lanterne magique.

LANTERNES MAGIQUES Toute l'histoire des lanternes magiques racontée pour les

5-7 ans, dans ce livre rempli d'illustrations et de drôles

d'histoires. Un petit livre incontournable et plein de ma-

gie !

Actes Sud / Cinémathèque française, 2009, 48 p.

LANTERNE MAGIQUE ET FILM PEINT - 400 ans de cinéma Pour les plus grands, le catalogue de l'exposition

qui s'est tenue en 2009 à la Cinémathèque fran-

çaise permet d'approfondir sérieusement la ques-

tion. Illustré par 500 documents (plaques de verre,

lanternes, films peints, affiches) ce très beau livre

retrace toute l'histoire des lanternes magiques à

travers les thématiques de la vie quotidienne, des voyages, des contes et

légendes, de la religion, des sciences et des fantômes. . . Cinémathèque

française / La Martinière, 2009, 336 p.

… ET SUR INTERNET :

9 voir la très belle collection de plaques de lanternes magiques de la Ciné-

mathèque française sur le site laterlaternamagica.fr

travers les thématiques de la vie quotidienne, des voyages, des contes et

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE :

Dossier réalisé en 2012 © Cinémathèque Robert-Lynen