Kiskidi Juin 2014 Mini Bon

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    Juin 2014

    Chers Adhrents,

    1 - Edito

    SOMMAIRE1 - Les actualits du GPOG

    2 - Les actualits Life+ CapDOM

    3 - La vie associative

    4 - Autres infos enviro et ornitho

    5 - Le coin des obs.

    Lanne 2014 est dj bien entame. Nous laissons derrire nous une anne 2013 riche en animations, sorties et dcouvertes autour des 20 ans du GPOG pour laisser place une anne 2014 toute aussi remplie comme peut en tmoi-gner le document que vous lisez prsent.

    Un nouveau conseil dadministration a t lu et traduit une certaine continuit pour mener bien nos actions. Nous sommes la fin dun cycle engag autour du Life+ Cap DOM et ds prsent nous prparons ensemble le suivant. De grandes runions de concertation sorganisent afin de prparer lavenir de notre association. De la sorte, nous travaillons pour que le GPOG puisse, sans cueil, passer sans encombre les 5 10 prochaines annes. Je vous invite vous ma-nifester pour participer cette rflexion qui doit servir lassociation, ses membres et la Guyane. Je rappelle encore une fois que sans la force vive que reprsente les membres dune association, celle-ci reste une coquille vide. Aussi, quelques soient vos comptences, vos centres intrts, vos savoir-faire, je vous invite venir les par-tager avec nous car mme les contributions les plus modestes sont toujours importantes.

    Benoit Hurpeau, Prsident du GPOG

    L Assemble gnrale du GPOG au camp Maripas / GPOG

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    Sommaire

    1 / Les actualits du GPOG

    - La reprise du suivi Hoazin P.4 - NOUVEAUTE au niveau de la boutique P.5 -LavancedelinventaireZNIEFF-Mer P.6

    -EtductdelaRNdelleduGrandConntable P.6 *ProspectionsurlesBaturesdeMalmanoury P.8

    -LeslimicolesductdeMana *Enqute:lachasseauxlimicolesdanslesriziresdeMana P.10 *Lamigrationpr-nuptiale2014danslesriziresdeMana P.13

    -GPOG:Quelsprojetspourlavenir? P.17 -NotrefdrationG.N.E.facedesdifficults P.17

    2/LesactualitsLife+CapDOM

    -Infossavanes... * Savanes:biodiversitetdiversitculturellepourdespaysagesanthropiquesP.18 *Savanes:unplandevalorisationpourSinnamaryetIracoubo P.18

    -UnsminairetechniquesurlesoiseauxenGuyane P.20

    -LcoledeRouraladcouverteduHronagami(suite) P.20

    -LeParcamazoniensengagedansleSTOC-EPS P.21

    -FauneGuyane:nouvelledonne! P.23 *LobservatoireMortalitroutire P.25

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    3 / La vie associative

    -Tmoignagesdadhrents *SortienocturneWayabo P.25 *Brvehistoirevcue... P.26 *24hbordduMorpho P.26

    -DesnouvellesdeSophie P.28 -Aupetitdtourdunmail... P.29 -Chouette,leschauves-souris! P.31

    4 / Autres infos enviro et ornitho

    -SingularitsornithologiquesduSud-OuestdelaGuyane P.32 -Heureuxguyanais P.36

    -Mondialisation:lesoiseauxaussi! P.40

    -Minutepotique P.42

    5 / Le coin des obs. P.43

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    1 - Les actualits du GPOG

    En 2010, le GPOG ralisait une cartographie de la distribution de lHoazin hupp (Opisthocomus hoazin) en Guyane franaise. Cette tude a permis de mettre en vidence limportance de la zone du bas Approuague et de la Kou-rouae (affluent de lApprouague) pour la conservation cette espce emblma-tique et protge.

    Depuis 2011, le GPOG ralise un suivi des groupes familiaux dHoazins hup-ps (environ 50 groupes) de 2 20 individus sur cette zone pendant la saison des pluies.

    La reprise du suivi Hoazin

    Cette anne la premire mission a dmarre de faon inattendue avec la pan-ne du moteur de lassociation ! Un grand moment ! Et un retour vers Rgina au ralenti au clair de lune dans la bonne humeur. Hoazin hupp / M. Luglia

    Harpie froce / M. Chrtien

    Mis part ce premier imprvu, les missions se sont bien droules avec de belles observations au rendez-vous : Hoazin hupp, Harpie froce, Toucan toco, Caurale soleil, Cassique cul-jaune (500 individus environ en vol group), Sterne gros bec, Amazone aourou, Caque queue courte, Aigrette blanche et bleue, Ibis rouge, Anhinga dAmrique, Hron cocoi, anacondas, tatous !

    Anhinga dAmrique / Loc Epelboin

    Caque queue courte / M. Giraud Audine

    annaconda / A. Ricardou

    Caurale soleil/ B. BarriozCaurale soleil/ B. Barrioz

    Toucan toco/ JP. Policard

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    Sans oublier les beaux paysages et belles ambiances que lon retrouve sur cette petite partie du fleuve

    Un grand merci aux nombreux bnvoles qui ont ram pendant ces missions par beau temps ou encore sous la pluie !

    Kourouae / N. de Pracontal Bas de lApprouague / N. de Pracontal

    Alize Ricardou, charge de mission environnement

    NOUVEAUTE auniveaudelaboutique

    De nouveaux T-shirts et dbardeurs ont rejoint les T-shirts peint main de Carmen laccueil du GPOG!(En effet, pour ceux qui ne le savent pas encore, nous proposions dj de raliser sur demande des T-shirts peints avec le dessin de votre choix).

    Dsormais, nous vous proposons galement des T-shirts et dbardeurs blancs ou colors, modles femme ou homme avec des dessins plutt styliss raliss par Anna Stier, une de nos charge de mission Life+ CAP DOM.

    3 dessins au choix: Hoazin hupp, ara, colibri

    Prix: 20 euros

    Nhsitezpasveniryjeterunpetitcoupdoeillaccueil du GPOG!

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    La Rserve naturelle de lle du Grand Conntable sest dote en 2007 de 4 boues afin de signaliser son espace maritime. Cet espace est dlimit par un cercle dun rayon de 5 km autour des 2 les (le Grand et le Petit Conntable).

    Lintrt de dlimiter une zone de pche interdite est de prserver le milieu rocheux et ainsi dassurer la tranquillit de la faune marine qui y vit. Celle-ci pourra alors se reproduire, salimenter ou se cacher des prdateurs sans aucun drangement de type anthropique.RN de lle du Grand Conntable

    Linventaire des ZNIEFF-Mer a dbut en janvier dernier et se poursuivra jusquen 2015. Il est coor-donn par un secrtariat scientifique et a pour objectif didentifier les zones remarquables du patrimoine naturel guyanais. Pour rpondre cela, une premire tape comprenant un bilan des connaissances et une prise de contact avec les acteurs concerns par le milieu marin a t mene puis sest poursuivie par ltablissement de listes despces dterminantes et remarquables pour chaque groupe taxonomi-que : oiseaux littoraux et marins, tortues, mammifres marins et poissons. Dans ce cadre, des discussions regroupant des experts de plusieurs structures (Kwata, WWF, Ifremer, CNRS) se sont tenues pour va-luer chacune des espces en fonction de critres (niveau de raret, sensibilit, menaces sur lespce en Guyane) dfinis par la mthodologie nationale du Musum national dhistoire naturelle. En parallle, la compilation de donnes existantes et leur reprsentation cartographique est en cours de ralisation. Le projet est donc bien avanc malgr quelques limites lies au manque de connaissances sur le mi-lieu marin en Guyane, notamment de la biodiversit du large. lissue du programme, nous devrons

    Lavance de linventaire ZNIEFF-Mer

    Amandine Bordin,charge de mission milieu marin

    Et du ct de la RN de lle du Grand Conntable...

    Linstallation de ces boues est effectue par le bateau des phares et balises de la DDE.

    Balise / RN de lle du Grand Conntable

    RN de lle du Grand Conntable

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    La nuit, chaque boue scintille grce une lampe, ce qui permet de montrer sa position. Pour ne pas driver, elles sont relies par une chane un socle en bton immerg par 20 mtres de fond.Lors de la vrification de son tat de fixation et de rouille, la rserve sest rendu compte que certaines boues drivaient de leur position initiale. Ce problme est d aux filets de pche qui se prennent dans les mailles de la chane. Cela empche la boue de tourner sur elle-mme et provoque une tension sur le socle en bton. La boue, rue par la houle, soulve alors le socle qui drive.Les missions dentretien se rsument surtout au retrait des filets de pche et des algues pris sur les boues.

    Cette anne, la rserve a profit de cette intervention pour faire des prlvements de mollusques, coquillages, crevettes et crabes. Ainsi, une espce de crabe, jamais vue jusqualors la RNC, a t identifie et la prsence dune nouvelle algue a t constate sur ces boues.

    Les prlvements ont t spars pour chaque boue. En effet, les 2 boues nord et est sont positionnes sur des fonds trs peu vaseux mais avec un fort courant marin. Les boues ouest et sud sont, quant elles, sur des fonds trs vaseux, cause de leur proximit la cte.

    Mollusques sur la boue / RN de lle du Grand Conntable

    Algues sur la boue / RN de lle du Grand Conntable

    Filet de pche pris dans la chaine de la boue / RN de lle du Grand Conntable

    Tri des mollusques / RN de lle du Grand Conntable

    Prlvements sur la boue / RN de lle du Grand Conntable

    Alain Alcide,garde technicien la Rserve naturelle de lle du Grand Conntable

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    Prospection sur les Battures de Malmanoury

    Vendredi 16 Mai, 06h30 du matin, la remorque du bateau de la Rserve naturelle de lle du Grand Conntable est accroche au 4x4 et sapprte prendre la route, direction le port de Pariacabo Kourou. Mais que fait lquipe de la rserve aussi loin de ses bases ?

    Avant datteindre les battures de Malmanoury, nous prospecterons plusieurs roches qui se succdent le long du littoral et qui servent la fois de reposoirs et de zones de nourrissage pour certains limicoles. Aprs quelques minutes de navigation les premires roches apparaissent : les lets Koroni, nous commenons les comptages, les effectifs sont impressionnants : 570 Mouettes atricilles (Leucophaeus atricilla), 78 Sternes pierregarins (Sterna hirundo), 392 Sternes de Cayen-ne (Thalasseus sandvicensis eurygnatha), 46 Sternes royales (Thalasseus maximus), 180 Bec-en-ciseaux noirs (Rhyncops niger). On passe aux limicoles, B-casseaux sanderlings (Calidris alba), Tournepierres collier (Arenaria interpres), Pluviers argents (Pluvialis squatarola) sont prsents, mais surtout nous obser-vons 120 Bcasseaux maubches (Calidris canutus) !

    Pour cette premire sortie, lquipe du Conntable est accompagne dAlexandre Vinot, Mathilde Segers et surtout dOlivier Tostain qui suit ce secteur depuis de nombreuses annes et qui est le plus fin connaisseur de cette portion de littoral entre Kourou et Sinnamary.

    08h00, cest parti, mise leau ! Alain pilote le bateau qui file dans le chenal sous une pluie battante. quelques encablures de la pointe des Roches, Olivier nous signale que nous pouvons changer de cap pour longer le littoral et atteindre les premires roches. Heureusement ce mo-ment-l, la pluie cesse et laisse place un grand soleil qui nous accompagnera toute cette journe de prospection.

    Pour la premire anne, la rserve a souhait apporter son soutien la connaissance globale des oiseaux ma-rins nicheurs en Guyane. En effet, cest souvent mconnu mais lle du Grand Conntable ne constitue pas lunique site de reproduction doiseaux marins du dpartement. Un chapelet dlots accueille galement quelques cou-ples nicheurs : les battures de Malmanoury (carte ci-aprs). Les effectifs y sont gnralement modestes com-pars aux colonies de la rserve.

    Sterne royale / K. Pineau

    Alexandre vinot et Olivier Tostain en plein comptage pendant quAlain stabilise le bateau / RN de lle du Grand Conntable

    Rassemblement de larids et de limicoles sur les roches / RN de lle du Grand Conntable

    Sterne fuligineuse / K. Pineau

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    Aprs une heure de navigation, nous arrivons aux battu-res de Malmanoury, objectif de cette mission de prospec-tion. Nous prospecterons les premires les pied. Les premiers indices de reproduction sont dtects, un uf de Mouette atricille et quelques autres nids en construc-tion, puis nous apercevons des Sternes fuligineuses (Onychoprion fuscatus), au moins 5 couples nicheurs.

    Un autre lot hberge une petite colonie de Sternes royales amasse autour dune petite langue herba-ce. Nous resterons distance des autres les pour ne pas causer trop de drangement, nous compte-rons prs de 1 800 Sternes de Cayenne et 500 Ster-nes royales dont certains individus sont en train de nicher autour dun tronc dpos au sommet de llet par les grosses houles. Certains individus ont mme pondu sur les points les plus bas, soumis au mar-nage, une nidification qui nira pas son terme !

    Au bout de plusieurs heures de prospections et de comptages, nous quitterons les battures de Malma-noury. Le bilan est positif avec des effectifs importants observs, une mission plus tard dans la saison sera ncessaire pour affiner les estimations deffectifs ni-cheurs. Le site des battures de Malmanoury est assu-rment trs attractif pour les oiseaux marins, malheu-reusement les secteurs favorables qui prsentent un substrat adquat et une hauteur suffisante pour prot-ger les pontes de la houle sont trs rduits et limitent le nombre de couples nicheurs et le succs reproducteur.

    Le spectacle est magnifique, plusieurs maubches sont en plumage nuptial et salimentent sur les roches battues par les vagues. La Guyane reprsente une tape essentielle pour ces oiseaux qui remontent vers leurs sites de nidification arctique. On enchaine rapidement sur les ro-ches Canutes, les bien nommes, et l encore une cinquantaine de Bcasseaux maubches

    Quelques rochers seront encore prospects, puis ce sera lheure du retour vers Kourou, encore une heure de navigation pour le retour, puis nous ramnerons le bateau Cayenne prs pour un nouveau comptage au Conntable ds la semaine suivante

    Kvin Pineau,conservateur de la Rserve naturelle de lle du Grand Conntable

    Bcasseaux maubches et Tournepierres collier/ K. Pineau Bcasseau maubche / K. Pineau

    Battures de Malmanoury / K. Pineau

    Battures de Malmanoury / K. Pineau

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    Les limicoles du ct de Mana...

    ENQUTE : la chasse aux limicoles dans les rizires de Mana Depuis plusieurs annes le GPOG a lanc une dynamique de suivis et dtudes des limicoles petits chassiers hivernant ou passant sur les ctes guyanaises. Cest dans ce cadre que le programme INTEREG a vu le jour en collaboration avec lONCFS. Ce programme avait comme but principal le dnombrement des populations prsentes sur lensemble du littoral en hivernage et lors des migrations. De nombreux compta-ges ont eu lieu par voie arienne ou terrestre tout le long du littoral.

    Paralllement ces comptages, des oprations de marqua-ge ont aussi t ralises, principalement dans les rizires de Mana. Enfin une tude minutieuse a t mene pour tudier lcologie alimentaire de ces migrateurs. Ce programme sest termin en 2012, un rapport trs dtaill est disponible sur le site du GPOG.

    Paralllement ces actions, des tudes ont t menes par des sp-cialistes amricains, dont une concernait plus spcifiquement les populations hivernantes du Bcasseau semipalm au Surinam et sur nos ctes. Dautres ornithologues amricains ou canadiens se sont dplacs jusquen Guyane pour observer les effectifs du Bcasseau maubche et tenter de lire les bagues flags (ou drapeaux) afin de dfinir lorigine de ces oiseaux et de les dnombrer. Pourquoi un tel engouement de la part de nos homologues dAmrique du Nord et quelle est la problmatique sur ces petits oiseaux du littoral ?

    Pour mieux comprendre et apprhender la problmatique qui concer-ne ces oiseaux, il faut considrer les grands traits de leur biologie. La plupart des petites espces (bcasseaux, pluviers) sont des oiseaux nichant dans les toundras, zones vgtation rase, du nord du conti-nent (Alaska, nord du Canada). Les plus grands (chevaliers, bcassins) frquentent plutt les zones de tagas (forts humides). Il sagit donc doiseaux se reproduisant au-dessus du cercle Arctique. Lt arctique tant extrmement court, celui-ci ne leur laisse que peu de temps pour se reproduire. Aprs cette nidification les oiseaux sont contraints de quitter ces contres qui deviennent rapidement hostiles pour eux dun point de vue alimentaire et climatique. Leurs trajets de migration les poussent jusquen Amrique du Sud pour gagner leurs zones dhi-vernage, soit du ct du Pacifique, soit de lAtlantique.

    Vol de Bcasseaux semipalms et filets / S. Uriot

    Baguage dun Bcasseau semipalm / S. Uriot

    Bcasseau maubche bagu / A. Vinot

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM

    Pour rejoindre ces zones dhivernage qui peuvent se situer jusquau sud de lArgentine, ils sont pour la plupart obligs de faire des tapes intermdiaires. Ces haltes migratoires sont plus ou moins longues et doivent leur permettre de se reposer et de salimenter pour reprendre des forces afin datteindre leurs destinations finales, leurs quartiers dhiver. Une fois lhivernage termin, ils entament une remonte plus rapide vers les sites arctiques pour de nouveau se reproduire. Malgr leur petite taille et leur faible masse, ce sont donc de trs grands migrateurs parcourant chaque anne des milliers de kilomtres.

    Les ornithologues amricains et canadiens suivent de prs et depuis de trs nombreuses annes leurs populations nicheuses et les gros rassemblements de migrateurs plus au sud de leur pays. Ils ont consta-t depuis une vingtaine dannes de fortes chutes deffectifs. Ce dclin gnral peut atteindre pour cer-taines espces des taux extrmement inquitants, de moins 50 % jusqu moins 80 %, notamment pour le Bcasseau semipalm et le Bcasseau maubche. Malgr des efforts de protection de leurs biotopes de reproduction ou des zones de haltes migratoires. Ils ont bien sr dfini un certain nombre dl-ments pouvant expliquer une partie de ce phnomne (rchauffement climatique, prdations, pollu-tion...), mais ces constatations ne suffisent pas expliquer cette chute vertigineuse des populations de limicoles. Ils se tournent maintenant vers dautres hypothses concernant plus particulirement le bon droulement des migrations et de lhivernage en Amrique du Sud.

    La Guyane est reconnue depuis longtemps comme zone majeure pour ces oiseaux, que ce soit comme zone dhivernage ou halte migratoire. Sa situation gographique lui confre galement un rle primor-dial dans le droulement de la migration postnuptiale. En effet, de nombreux groupes constitus de plusieurs milliers de limicoles partent du Canada et arrivent sur nos ctes par un vol direct sans tape. La Guyane accueille donc chaque anne des milliers de ces petits chassiers.

    Notre dpartement joue un rle essentiel dans la biologie et la sauvegarde de ces petites espces. Il est donc tout fait logique que nos homologues dAmrique du Nord aient un intrt grandissant pour le littoral guyanais. Cest dans ce cadre quau dbut de cette anne le GPOG a accueilli et accompagn une spcialiste amricaine et un Canadien pour tudier une premire problmatique pouvant expli-quer une partie de la chute deffectifs de ces oiseaux : la chasse.

    Vol de limicoles / S. Uriot

    Groupe de limicoles/ S. Uriot

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM Bcasseau maubche bagu / A. Vinot

    leur grand tonnement, et bien que la Guyane soit un dpartement franais, aucune espce de limi-coles na de statut de protection et aucune lgislation nencadre la chasse. Lide tait donc de lancer une enqute chasse, localise sur le site le plus important pour laccueil de limicoles : les rizires de Mana. Munis dun questionnaire, nous avons bloqu les diffrentes entres de ces rizires afin din-terroger amicalement les personnes frquentant ce lieu. Grce ce premier volet de lenqute, nous avons dj obtenu un certain nombre dinformations intressantes.

    Les rizires cette priode de lanne sont plutt frquentes par des pcheurs ou bien des chasseurs de canards. La chasse aux limicoles se droulerait plutt lors de la migration postnuptiale en septem-bre-octobre. Les effectifs y sont nettement plus im-portants et laccessibilit des rizires est plus aise. Nous avons aussi obtenu des dtails sur les mtho-des de chasse. Il en existe deux grands types : la version ball-trap et les tirs directement au sol. Dans tous les cas un seul coup de fusil peut tuer entre 200 et 400 oiseaux au minimum, sans compter les innombrables estropis. Certaines personnes locales les consomment alors que dautres semblent juste faire du tir aux pigeons et ne ramassent que les plus gros ou rien du tout. Toutefois ce type de chasse ne semble tre exerc que par un petit nombre de Guyanais. Nous avons aussi plac des affiches dans la ville de Mana afin de demander ces chasseurs de nous retransmettre les informations concernant les nombreux oiseaux bagus quils rcuprent.

    titre d'exemple et pour illustrer cet impact, un des chasseurs interrogs nous a confi qu'il rem-plissait deux sacs de riz par jour en un ou deux coups de fusil. Cela reprsente environ 800 oiseaux par jour. D'aprs lui, il ne pratique cette chasse que 4 5 jours par an, cela reprsente tout de mme de 3 000 4 000 limicoles tus. C'est un bien long voyage pour finir dans un sac de riz ! Ces chif-fres sont extrmement importants, surtout si on les extrapole une dizaine de chasseurs potentiel-lement prsents sur la zone. Cela reprsenterait un impact de plus de 30 000 oiseaux abattus en quelques jours et probablement des milliers d'estropis. Si la pression cyngtique s'avre de cet ordre, nous pouvons considrer que nous sommes face un impact majeur. Il est donc important de reconduire cette enqute lors de la priode optimale de cette pratique afin d'affiner ces chiffres.

    Tout ceci dmontre bien que notre dpartement a une large responsabilit pour le deve-nir de ces oiseaux migrateurs. La collaboration avec nos collgues d'Amrique du Nord ne peut que nous aider trouver des solutions pouvant rsoudre localement ce problme.

    Sylvain Uriot,vice-prsident du GPOG

    Bcasseau chasses bless / S. Uriot

    Chasseur dans les rizires / S. Uriot

    Bcasseaux sanderlings en vol / G. Jacotot

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM Bcasseau maubche bagu / A. Vinot

    Lamigrationprnuptiale2014deslimicolesdans les rizires de Mana

    Paralllement cette enqute chasse, nous avons suivi et compt les limicoles dans les rizires. Cinq sessions ont eu lieu de fin fvrier dbut mai. Nous avons principalement opr sur deux sites de comptages en front de mer : lun au centre des rizires (le casier 12), lautre plus lest (le casier 19). Ces deux zones permettent une bonne vision des mouvements et des quantits de limicoles prsents cette saison. Nous avions galement comme objectif la lecture de bagues (flags) et la recherche des groupes de Bcasseaux maubches. Ces observations devaient nous permettre dobtenir une meilleure vision et comprhension du droulement de cette migration prnuptiale. Bien sr ces comptages ne peuvent tre exhaustifs car les rizires ne sont pas accessibles dans leur ensemble. Ces rsultats sont donc largement sous-estims mais ils indiquent tout de mme des tendances sur les afflux et les d-parts !

    Voici les rsultats globaux :

    Fin fvrier, un total de 59 829 limicoles pour 13 espces. Dbut mars, un total de 38 560 limicoles pour 17 espces. Mi-mars, un total de 60 668 limicoles pour 17 espces. Dbut avril, un total de 11 050 limicoles pour 16 espces. Dbut mai, un total de 11 760 limicoles pour 18 espces.

    Lensemble de ces comptages avoisine les 182 000 individus, mais attention, pour toutes ces espces il sagit probablement dans certain cas dobservations rptes des mmes groupes doiseaux.

    Il apparat que le gros du passage se droule de fvrier mi-mars. Toutefois il faut prendre en compte quil sagit majoritairement de Bcasseaux semipalms et que ces effectifs concernent probablement la population hivernante en Guyane. La chute brutale du nombre de ces migrateurs dbut avril indique sans conteste un dpart massif fin mars.

    Pluviers semipalms et Bcasseaux semipalms / S. Uriot

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM Bcasseau maubche bagu / A. Vinot

    Le total des comptages avoisine les 127 000 indi-vidus Il est trs nettement le plus abondant des limicoles avec des effectifs avoisinant 50 000 individus ou plus. Une grande partie des effectifs prsents en fvrier correspond probablement des oiseaux hivernant en Guya-ne. Comme pour les rsultats globaux, le dpart vers le nord du continent semble bien se produire fin mars. En lespace de 15 jours plus de 40 000 oiseaux ne sont plus prsents dans les rizires. noter que de nombreux comportements nuptiaux et ter-ritoriaux sont visibles en mars et semblent indiquer que ces oiseaux commencent dj leur parade sur les quartiers dhi-vernage.

    Le Pluvier semiplam en tenue nuptiale / S. Uriot

    Ces oiseaux commencent dj leurs nidifications parade / S. Uriot

    Rsultats par espce :

    Le Bcasseau semipalm Calidris pusilla

    Le total des comptages avoisine les 25 000 individus. Il est la deuxime espce la plus reprsente avec toutefois des effectifs moindres. Il est probable que les oiseaux de fvrier correspondent aussi des hivernants. Les pics visibles en mars correspondent probablement larrive de groupes en migration active, augmentant ainsi les effectifs dj prsents. La priode de dpart massif est identique celle du Bcasseau semipalm, environ 5 000 8 000 oiseaux sont partis fin mars.

    Le Pluvier semipalm Charadrius semipalmatus

    Le total des comptages avoisine les 6 500 individus. Comme pour les autres, il semblerait que le gros des passages seffectue de fvrier mars. Toutefois leurs mouvements apparaissent plus alatoires et surtout plus rapides que lors de la migration postnuptiale. Ce limicole semble peu stationner sur les rizires cette priode. Il sagit plus probablement de migrations en continu. noter que la plupart des oiseaux prsents dbut mai arboraient le plumage nuptial contrai-rement ceux prsents de mi-mars dbut avril.

    Le Bcassin roux Limnodromus griseus

    Bcassin roux / A. Baglan

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM Bcasseau maubche bagu / A. Vinot

    Le total des comptages avoisine les 1 300 individus. Cette espce semble avoir sensiblement le mme comportement migratoire que le Bcassin roux. Les mouvements semblent bien tals dans le temps avec tout de mme un rush deffectifs entre fin fvrier et la mi-mars et une chute deffectifs assez importante de 300 400 oiseaux en moins partir de fin mars.

    Petit chevalier / S. Uriot

    Grand chevalier/ S. Uriot

    Le Grand Chevalier Tringa melanoleuca

    Le Petit Chevalier Tringaflavipes

    Le Bcasseau maubche Calidris canutus

    Bcasseau maubche / S. Uriot

    Le total des comptages avoisine les 1 200 individus.

    Le total des comptages avoisine les 1 100 individus. Les rsultats dmontrent que le passage a lieu plus tard en saison, linverse des autres limicoles. Les groupes importants sont prsents partir de dbut avril jusquen mai o une partie des individus est en plumage nuptial. Cette espce se trouve principalement sur les bords de mer et est souvent associe au Tournepierre collier et au Bcasseau sanderling, nous avons peu de donnes dans les casiers. Dans lavenir, il serait trs important de poursuivre les comptages jusqu fin mai afin de mieux apprhender sa stratgie de migration.

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM Bcasseau maubche bagu / A. Vinot

    Le total des comptages avoisine les 1 800 indivi-dus. Malgr un pic en fvrier assez important, le passage semble continu et tal dans le temps. Il en va de mme que pour le Bcasseau maubche, des suivis aprs dbut mai semblent ncessaires.

    Sylvain Uriot,vice-prsident du GPOG

    Tournepierre collier / S. Uriot

    Grand chevalier/ S. Uriot

    Le Tournepierre collier Arenaria interpres

    Le Bcasseau chasses Calidris himantopus

    Bcasseau chasses / S. Uriot

    Le total des comptages avoisine les 660 individus. Pour le Bcasseau chasses, la migration printanire est nettement marque par un passage consquent la mi-mars. Toutefois des migrateurs sont prsents en faibles effectifs de fin fvrier dbut mai.

    Pour les autres espces, les chiffres ne permettent pas danalyses ! Il est bien vident que les autres petits bcasseaux, du type Bcasseau minuscule ou dAlaska, sont totalement noys dans la masse que reprsente les importants groupes de Bcasseaux semipalms. Il est donc impossible de comptabiliser ces espces. Il faut ga-lement rappeler que ces comptages montrent limportance de cette migration prnuptiale et que la migration postnuptiale, ou migration dautomne, est largement plus importante en ce qui concerne la quantit dindividus prsents en Guyane.

    Les enjeux et nos responsabilits sont donc de taille par rapport la sauvegarde plantaire de ces oiseaux migrateurs.

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    3 - Les actualits Life+ Cap DOM

    GPOG : Quels projets pour lavenir?

    Le GPOG lance une rflexion sur la stratgie du secteur tude et conservation de lassociation pour les 10 prochaines annes. Pour ce faire, des ateliers participatifs mensuels seront organiss. Ceux-ci permet-tront didentifier les projets que le GPOG pourrait raliser pour rpondre aux enjeux environnementaux des prochaines annes en Guyane.

    Alize Ricardou,charge de mission environnement

    NotrefdrationGuyaneNatureEnvironnementfacedesdifficults

    Cre il y a 4 ans pour rpondre au besoin de fdrer et dvelopper les actions en faveur de la protection de la nature, GNE sest rapidement installe comme un acteur incontournable du dbat public environnemental. Travaillant simultanment sur de nombreux fronts, la fdration a connu de faon cyclique mais rpte des difficults financires mettant rgulirement en pril la viabilit de la structure. Face cette situation, il a t dcid de baisser la masse salariale et de revenir un niveau de dpenses matrisables . Cette dcision a abouti, dun commun accord, proposer Christian Roudg, le coordinateur de la fdration, la mise en place dune rupture conventionnelle. Christian, linitiative de cette fdration, a donc quitt ses fonctions fin mai.

    La fdration se recentre autour de Jessica Oder, notre juriste, et poursuivra son ambition au service de la protection de la nature.

    Le GPOG remercie Christian pour son engagement et le travail ralis pendant ces quatre annes et lui souhaite dautres beaux projets.

    Nyls de Pracontal,directeur du GPOG

  • 18

    2 - Les actualits Life+ Cap DOM

    Savanes : biodiversit et diversit culturelle pour des paysages anthropiques

    Le1erarticleestpublidanslecadreduprojetLIFE+savane

    Un des articles publis est le fruit du travail de lanthropologue Marianne Palisse qui uvre depuis 2012 avec le GPOG sur des questions concernant les savanes de Guyane :

    Marianne Palisse, 2014. Savanes de Guyane franaise : la biodiversit bouscule par la diversit culturelle . ethnographiques.org, numro 27 - Biodiversit(S) [en ligne].

    Vous trouverez son article en consultation libre ici :http://www.ethnographiques.org/2013/Palisse

    Ds lors que lon admet que les savanes du littoral de la Guyane sont le rsultat dun quilibre entre de nombreux facteurs parmi lesquels les pratiques humaines et que ces dernires sont en train de changer, se pose le problme de savoir comment les diffrents acteurs humains envisagent dsormais leur avenir au contact de ces milieux. Bonne lecture tous !

    Infos savanes...

    La revue ethnographiques.org , revue en ligne de scien-ces humaines et sociales, galement lieu de descriptions et dchanges autour des innombrables manifestations de la vie sociale, vient de mettre en ligne son 27e numro intitul : Biodiversit(S). Conserver, grer, tudier la biodiversit : quels apports de lethnologie ? .

    AnnaStier,chargedemissionLIFE+CapDOM

    Chemin traversant la savane grand macoua dIracoubo / A. Stier, 2013

    Savanes:unplandevalorisationpourSinnamaryetIracoubo

    Desateliersparticipatifslaborentetmettentenplacedesoutilspourasseoirlaplacedessavanesdans le patrimoine guyanais.

    Depuis mars 2014 ont lieu des ateliers la Maison de la nature de Sinnamary, runissant des struc-tures dhorizons divers ainsi que des habitants de Sinnamary et dIracoubo. Cest ainsi que se re-trouvent tous les deux mois des agents de mairie, de lOffice national des forts, du Conser-vatoire du littoral, du Parc naturel rgional de Guyane, une anthropologue, des reprsentants dassociations de protection de la nature et de la Maison de la nature de Sinnamary ainsi que les habi-tants intresss des deux communes, pour trois heures dchanges et de travail encadrs par le GPOG.

  • 19

    Lobjectif ? Partant du constat : - que les savanes sont un lment-clef du patrimoine naturel, historique et culturel du territoire de Sinnamary-Iracoubo ; - quelles contribuent marquer son originalit au sein du paysage guyanais ; - mais quelles ne bnficient lheure actuelle daucune forme de valorisation ;

    le GPOG et les participants se sont fix comme tapes importantes:

    1) la rdaction dun plan de valorisation dici fin 2014 et 2) la mise en place dun certain nombre doutils identifis dici fin 2015, date marquant galement larrt du programme LIFE+ Cap DOM lorigine de cette dmarche.

    Jusqu prsent, le groupe sest pench sur les patrimoines lis aux savanes ainsi que sur les objectifs auxquels devra rpondre le plan de valorisation. Les outils les plus pertinents ont t slectionns, les opportunits et contraintes recenses. In fine devrait paratre un ensemble de fiches techniques rsu-mant toutes ces propositions. Celles-ci seront prsentes aux communes et permettront de choisir des objectifs quil sera possible de raliser courant 2015 dans le cadre du programme LIFE+, les autres tant suggrs pour dautres moyens de mise en uvre parallles ou ultrieurs. bientt au dtour dune savane,

    AnnaStier,chargedemissionLIFE+CapDOM

  • 20

    Dans le cadre du programme LIFE+ Cap DOM, le GPOG organise les 27, 28 et 29 octobre prochain un sminaire sur les outils disponibles dvaluation de ltat de conservation de lavifaune dans les DOM.Il sagit dune restitution des mthodes, nouveaux outils tests et processus dvelopps dans tout au long de ce programme europen.

    Lobjectif principal est de mutualiser, optimiser et favoriser la reproductibilit des outils de suivi de ltat de conservation de lavifaune expriments dans le cadre du projet, en bnficiant des acquis dautres expriences menes dans les rgions ultra-priphriques de lUnion europenne et en milieu tropical insulaire et continental.

    Trois journes dont une journe de terrain seront organises par le GPOG qui accueillera pour cette occasion nos collgues des autres DOM, des partenaires de mtropole et des pays voisins.Ce sminaire est organis en partenariat avec la Rgion et la DEAL.

    Nyls de Pracontal, directeur du GPOG

    UnsminairetechniquesurlesoiseauxenGuyane

    Lcole de Roura la dcouverte du Hron agami (suite)Ds janvier, les trois classes du cycle 2 de l'cole Augustine-Duchange de Roura sont reparties sur les traces du Hron agami pour dcouvrir plus amplement ses habitudes et ses milieux de vie.

    l'issue de ce bain dans l'environnement des Hrons agamis, les lves ont t amens choisir de participer quatre ateliers de restitution de leurs connaissances :

    - laboration de jeux de socit,- cration d'une BD,- criture et mise en scne de sayntes,- fabrication de maquettes de la mare aux hrons.

    C'est avec un vif intrt qu' l'occasion de deux interven-tions d'Anna Stier dans chacune des trois classes les lves ont pu apprhender les questions lies la chane trophi-que du Hron agami et l'adaptation des animaux de cette chane leur milieu. Les dcouvertes proposes par Anna ont suscit tonnements, clats de rire et questionnements. lves comme enseignants ont t impressionns par la richesse et la qualit des informations apportes par Anna.

    Par la suite, les trois classes ont aussi pu dcouvrir les diffrents milieux de vie du hron par des sorties sur site animes par les associations KWATA et SPANGUY et par le PNRG. Le marais, la mangrove, le pripri, la crique forestire sont maintenant des espaces bien identifis par les lves.

    Qui mange qui? / M. Adam

    Les diffrentes chanes trophiques de la mare reconstitues par les lves / M. Adam

  • 21

    Anna vient rgulirement nous donner ses conseils ou rpondre nos questions pour que nos ralisations collent au plus prs de la ralit. Et des questions et problmes techniques, il y en a !Nous esprons pouvoir prsenter nos uvres en juin

    Muriel Adam,enseignanteCP/CE1lcoleAugustine-DuchangedeRoura

    http://www.lifecapdom.org/

    Il faut sinitier aux codes de la BD avant de se lancer dans la cration de celle du hron agami! /M. Adam

    Se dplacer comme un hron agami... ce nest pas si facile! /M. Adam

    Pour notre maquette, tous les lments sont rduits par 10. Ici un arbre de la mare / M. Adam

    Le Parc amazonien sengage dans le STOC-EPS Le programme STOC-EPS en Guyane entre dans sa deuxime anne, et le rseau des sites et celui des participants stoffent peu peu. Comme prvu, les structures gestionnaires despaces protgs sengagent leur tour dans ce programme de suivi long terme de lavifaune commune, outil privilgi pour valuer en routine les effets dune gestion mise en place ou ceux de modifications insidieuses de notre environnement. LONF stait impliqu ds la fin de 2012 avec la ralisation de relevs dans la Rserve naturelle de la Trinit et au dbut de 2013 avec la formation des agents de la Rserve naturelle des Nouragues. La Rserve naturelle de lAmana a suivi en 2013, ainsi que la Rserve naturelle du Mont Grand Matoury (ONF) au dbut de cette anne. La Rserve naturelle Trsor, gre par la fondation du mme nom, et les marais de Yiyi, co-grs par la SPANGUY et la mairie de Sinnamary, sont sur le point de leur emboter le pas.

    Une convention a t signe en 2013 avec le Parc amazonien de Guyane pour la mise en place de parcours STOC-EPS sur le territoire du Parc et la formation de ses agents dans les trois dlgations territoriales : est (Camopi), ouest (Maripasoula), centre (Sal). Les deux premires missions se sont droules Maripasoula du 10 au 14 mars et Camopi du 31 mars au 5 avril 2014. Ce sera le tour de Sal en juin.

    Ces deux premires missions ont permis de rencontrer les agents locaux du PAG, Amrindiens ou Businenge pour la plupart, encadrs de Guillaume Longin Maripasoula et dArnould Eber et Thierry Girardot Camopi. Si nous tions inquiets quant leur intrt pour ce projet et leur engagement sur le long terme, cette pre-mire session de formation a lev nos doutes et a mme dpass tous nos espoirs. Ainsi, sur les 6 agents rencontrs Maripasoula, au moins 4 devraient poursuivre leur formation, et lun dentre eux, originaire dAntecume Pata, a mme fait preuve dun niveau de comptence stupfiant ! Camopi, ce sont encore deux Amrindiens venus de Trois Sauts, village loign sil en est, qui ont dmontr leur grande connaissance de lavifaune et leur intrt, passant lessentiel de leur temps libre plongs dans les guides de terrain ! Nul doute que le STOC-EPS sera trs bientt implant sur le haut Maroni et sur le haut Oyapock avec des parcours Antecume Pata et Trois Sauts.

  • 22http://www.lifecapdom.org/

    Concernant la formation, comme pour les gardes-techniciens de la Rserve des Nouragues, les matines taient rserves aux sorties sur le terrain : reconnaissance visuelle et auditive des espces, mise en place de parcours STOC-EPS, description des habitats, ralisation des relevs. Les aprs-midi taient consacres des formations et prsentations en salle : rvisions, quizz, prsentations thoriques. En dernire sance, une prsentation de faune-guyane leur a t faite pour encourager ces nouveaux observateurs saisir leurs observa-tions et contribuer ainsi lenrichissement de la base de donnes.

    Sur le plan des relevs, deux parcours ont t dfinis Maripasoula, leurs habitats dcrits, et les premiers relevs effectus sur lun den-tre eux. Camopi, un seul parcours a t dfini et les relevs raliss, un second devrait voir le jour loccasion de la prochaine session.

    Ces missions dans lintrieur sont aussi loccasion de visiter des rgions o lon ne va pas souvent et den ra-mener des donnes ornithologiques prcieuses. Quelques belles observations ont ainsi pu tre effectues au cours des sorties de formation ou de relevs STOC-EPS. Maripasoula, la grosse surprise est venue du ciel : quelques Martinets menton blanc (sous rserve dhomologation par le CHG) tournaient un matin au-dessus du village ! Se reproduisant derrire des chutes deau, lespce nest connue en Guyane que par deux ou trois observations de migrateurs apparemment, concentres entre juin et aot. Do venaient-ils, cette priode de lanne ? Auraient-ils dormi sur le chteau deau ? En attendant ma prochaine visite, les observateurs qui se rendent Maripasoula sont invits prter une attention particulire aux martinets !

    STOC-EPS : les agents du PAG sentranent la description des habitats (Camopi, avril 2014) / A. Eber

    Pas de surprise de cet ordre Camopi, mais tout de mme quelques oiseaux hors du commun, commencer par la sp-cialit locale, le Bruant chingolo qui se promne sur les pe-louses et dans les rues du village comme un vulgaire moineau. Et puis un chant que nous connaissons bien pour lentendre tous les jours Cayenne, lentre des maisons, dans les sta-tions-services et les piceries Pas de doute, cest bien un Sporophile curio, mais celui-l nest pas en cage ! La tradition des pikolt nexiste pas Camopi, et voil lespce commune dans les abattis. Quel contraste avec sa quasi-disparition sur la cte !Les agents du PAG en formation STOC-EPS Camopi (avril 2014) / O. Claessens.

    Pour le reste, les observations concernent surtout des espces communes, ce qui est par-fait puisqu'elles sont la cible privilgie du programme STOC-EPS. Et d'autres un peu moins communes comme l'Aigle noir-et-blanc, la Moucherolle d'Euler et l'Alapi sourcils blancs Camopi, la Moucherolle longs brins et le Microtyran queue courte construisant son nid Ma-ripasoula. En tout 111 espces ont t observes ou entendues Camopi, et 108 Maripasoula.

    Un an et demi aprs le dbut des formations, le STOC-EPS en Guyane est un tournant puisque plusieurs participants ont fait ou feront cette anne leurs premiers relevs personnels. D'autres devront progresser encore un peu avant de se lancer. Mais ces premiers succs sont trs encourageants et vont permettre de redployer l'effort vers de nouveaux candidats. En juin, Diane Gonzalez, chercheuse au CRBPO, nous rendra visite pour valider dfinitivement le protocole mis en place ou l'ajuster si besoin suite l'analy-se des donnes recueillies jusque-l. Ce sera alors le vritable dpart pour le STOC-EPS en Guyane.

    Olivier Claessens, coordonnateur STOC-EPS [email protected]

  • 23

    Depuis novembre 2011, le site faune-guyane.fr permet la saisie de vos observations doiseaux. Fin avril, 6 groupes faunistiques sont venus complter lornithologie. La plateforme vit, senrichit de nouveaux observateurs, le collectif des contributeurs gagne en substance, illustrons ceci par quelques chiffres :

    - 146 829 ? Cest le nombre dobservations consultables sur FG au 3 juin 2014 !

    - 292. ? Le nombre dinscrits ! Certes, tous ne contribue pas la mme chelle cependant prs de 19% de ces personnes ont saisis plus de 100 observations.

    - 4 158 ? Le nombre de photos du collectif des contributeurs, visibles dans la galerie de Faune Guyane.

    Faune Guyane : nouvelle donne !

    1. Petits Noctilions - Noctilio albiventris. J. Chevalier. Observation du 7 fvrier 2014 la maison de la RNN de lAmana / Awala-Yalimapo, transmise par S. Uriot.2. Mneserate cupraea M. Cobigo. Observation du 14 dcembre 2012 aux Monts Belvdre / Maripasoula.3. Paresseux trois doigts/A Bradypus tridactylus R. Jantot. Observation du 30 avril 2014 au CSG / Kourou.4. Rainette orne - Hypsiboas ornatissimus. B. Villette. Observation du 8 mai 2014 aux Chutes Voltaires / St Laurent du Maroni.5. Boa meraude - Corallus caninus. V. Alt. Observation du 28 fvrier 2011 la RNN des Nouragues / Rgina.6. Lamatin - Trichechus m. manatus F. Bacuez. Observation du 3 mars 2014 la Pointe de Montravel / Rmire-Montjoly.7. Ermites rousstres - Phaethornis ruber M. Giraud-Audine. Observation du 2 juin 2014 la Crique Sable dor / Kourou.

  • 24

    Faune Guyane est donc un projet de science participative qui se porte bien et se dveloppe. Comme cit plus haut, une grande tape dans la vie du projet vient dtre franchie. En effet, le champ des possibles sest largi : mammifres terrestres, mammifres marins, chiroptres, reptiles, amphibiens et odonates sont venus sajouter la liste des espces dont on peut partager les rencontres ! Ainsi tout chacun peut enregis-trer lobservation dune des 1696 espces/groupe despce en ligne.

    Pour grer toutes ces nouvelles observations, la famille Faune Guyane sest agrandit. A ce jour, se sont constitu en Comit de pilotage rgional, Kwata, le Groupe Chiroptres de Guyane, la dlgation Guya-ne de la Socit Herptologique de France et bien entendu le GPOG. En mai, 1er mois de mis en li-gne des 6 groupes faunistiques supplmentaires, 1047 observations de ces espces ont t saisies.

    Les Odonates font lobjet dun traitement part entire puisque la saisie des libellules nest possible que pour les utilisateurs qui en font la demande (contact : [email protected]). De plus, toutes les obs doi-vent tre accompagnes de photo tant la dtermination des espces de ce groupe est ardue et encore relati-vement imprcise. Les enjeux en termes de connaissance de ce groupe taxonomique sont considrables, nous esprons que Faune Guyane jouera son rle pour ce groupe taxonomique et contribuera combler ces lacunes ! Outre le fait que saisir des obs dodonates permet de dcouvrir un peu mieux ces insectes (qui prsentent lavantage dtre facilement observables), mais est aussi trs utile pour en apprendre plus sur les populations de Guyane.

  • 25http://www.faune-guyane.fr

    LObservatoireMortalitRoutire

    Une nouvelle application de Faune Guyane a vu le jour ce mois-ci, lObservatoire Mortalit Routire a t lanc en partenariat avec lassociation Kwata. Durant 2 ans, Kwata va mene une tude prcise de limpact de la mortalit par collision sur la faune en Guyane. Cette analyse fine rpond un besoin ex-prim par la DEAL dobtenir des prconisations dans la perspectives de nouveaux amnagements routiers. Au-del des 2 ans dtude, lOMR a vocation a perdurer. La rcolte dinformation de ce type sur le long terme offrira une vision sur une chelle de temps relativement importante de lvolution du ph-nomne : secteurs les plus concerns, types de routes les plus impactantes, effets des amna-gements prventifs, densification du rseau et tendance des taux de mortalit par collision etc.

    Contribuez une meilleure prise en compte des dplacements de la faune et saisissezvosobservationsdecadavresdanimauxsurfaune-guyane.fr!

    http://www.lifecapdom.org/

    Louise Btremieux, coordinatrice du projet Faune guyane etgarde technicienne la Rserve naturelle de lle du Grand Conntable

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    3 - La vie associative

    LasortienocturneWayabo

    Cest par curiosit que je me suis inscrite la sortie sans avoir dide prcise sur ce qui mattendait. Le fait que lon puisse observer des oiseaux la nuit ma interpelle. Je navais jamais fait a de ma vie et en mme temps je me demandais comment ctait possible.

    Aprs avoir rejoint le groupe compos de personnes trs sympathiques, cest en voiture que nous avons poursuivi notre qute.

    Une sortie digne dune expdition. Trois voitures qui se suivent, sarrtent pour observer, de ci de l, des oiseaux reprs par les uns ou par les autres ; des questions qui fusent, des explications riches et varies partages avec simplicit, puis on repart... Quand la nuit se fait noire, cest la torche que lon cherche, par-fois en vain, ce petit clat de lumire qui trahit la prsence dun oiseau mais aussi dun mammifre ou dun reptile...

    Quand la nuit se fait noire, cest la danse des lucioles qui vous envote. Au milieu de nulle part, le temps semble stre arrt.Quand la nuit se fait noire, la sortie prend tout son sens. La nuit est habite, je ne suis plus observatrice, je suis observe ! Drle de sensation.

    Florence Bacou,adhrente du GPOG

    Tmoignage dadhrents

    Prs de trois heures de dambulation et quelques nocturnes avec et sans plumes notre actif : lIbijau gris sur son po-teau et des Engoulevents minimes poss sur une branche. Bien plus tard, la Chouette lunettes et le Hibou stri, plus discrets, chantaient sans se faire voir. Enfin, un Boa ama-zonien (ou Boa de Cook) et un Grage petits-carreaux bien dcid ne pas quitter la route quil barrait avec fiert !

    Ctait magique !

    Ibijau gris / P. Studer

  • 27

    Brve histoire vcue...

    Du ct des Maringouins (Cayenne), 2005, en pleine saison des pluies, dialogue entre colocataires : le mtro naf questionne le baroudeur.

    - Toi qui as frquent le fleuve et bourlingu sur la Mana, pourrais-tu me dire quel est cet oiseau : avant le lever du jour, il se perche au fond du jardin en bordure du marcage, tout en haut du grand arbre; dcoup en silhouette sur le ciel de nuit, il me semble assez gros et sombre, et il fait kolo-kolo-kolo... , puis il senvole et disparat dans lobscurit. Ce matin encore, mme jeu, avant laube : kolo-kolo-kolo... . Quest-ce que a peut bien tre ?

    - Eh bien, cest tout simplement un Kolokolo ! *(* Ibis vert Mesembrinibis cayennensis plusieurs noms vernaculaires sont des onomatopes de son cri caractristique : Kolokolo, Kolokot, Korokoro, Makolokolo... voir Portraits doiseaux guyanais, GPOG).

    Pierre Deleporte,adhrentactifduGPOG

    24hbordduMorpho

    Bonjour, je suis un jeune ornithologue passionn par les oiseaux. Avec les sorties du GPOG, jai pu amlio-rer mes connaissances et mes observations, surtout grce au programme danimations organis par lasso-ciation, dont une animation sur un week-end dans les marais de Kaw, qui tait agrable et formidable.

    Samedi 29 mars 2014 14h, avec le groupe, nous nous sommes retrouvs Roura pour faire un premier point. Ensuite direction le dgrad de Kaw, pour un dpart 15h30. On entendait dj le chant des Tangaras bec dargent nous souhaiter la bienvenue.

    Martin-pcheur vert / J. Amirat

    Dans les marais de Kaw, nous entamons un voyage de 24h, avec plusieurs arrts dont le premier pour observer de Grandes Aigrettes et un Hron cocoi en plumage nuptial.Un peu plus loin, un troupeau de zbus traverse la crique pour rentrer chez eux, il ny a qu Kaw quon voit des zbus nager.

    Dans un dcor magnifique, on continue notre aventure pour observer des oiseaux du marais comme lAnhinga dAm-rique, le Martin-pcheur vert, le Martin-pcheur ventre roux, le Donacobe miroir, le Jacana noir et lHoazin hupp.

    Anhinga dAmrique / J. Amirat

    Zbus traversant le marais / A. Poupron

  • 28

    Pause baignade, cano / A. Poupron

    Hoazin hupp / J. Amirat

    Suivent deux arrts trs importants pour nous reposer de cette dure journe : lun pour nous baigner et lautre pour prendre un petit apro sur le toit du Morpho et mieux apprcier le coucher du soleil.

    La nuit tombe assez rapidement. Notre sortie camans permettra lobservation dun Caman lunettes et dun Caman noir.

    Vers 23h30-24h le bateau se transforme en dortoir et l commence une belle et douce nuit dans les marais de Kaw.

    5 ou 6 heures plus tard, je suis rveill par un Hoazin hupp qui se pose sur le massif de moucou-moucou o nous avons attach le bateau. Cest reparti pour une nouvelle journe, nous profitons un peu plus de Kaw au petit matin. Encore dautres observations magnifiques comme le Cormoran vigua, un Hoazin hupp, Jacanas noirs, Grandes Aigrettes et un Caman noir, tout a avec une vue magnifique sur le marais.

    Ensuite pour bien nous rveiller, nous prenons un petit-djeuner agrable sur le bateau avant de prendre un bon petit bain afin dtre prts pour la suite.

    Cest reparti, direction le village de Kaw. Mais sur le che-min un radeau dherbe flottant sest dtach de la rive pour nous barrer la route. Avec notre bateau, nous restons blo-qus quinze minutes dans de bonnes conditions.

    Sur le chemin on fait encore dautres rencontres comme 3 Buses tte blanche, un Hron stri, une Buse urubu, des Urubus, un Pic de Malherbe.

    Dernire ligne droite au village de Kaw et une fois de plus nous sommes agrablement surpris du merveilleux repas servi dans le village. Enfin une petite visite du village de Kaw avant de rentrer la maison avec beaucoup de beaux souvenirs.

    Je tiens remercier le GPOG pour cette superbe sortie.

    Jonathan Amirat,adhrent du GPOG

    Hron stri / J. Amirat

  • 29

    Chers(res) amis(es) Gpoguiens(nes)!

    Jai eu le plaisir de recevoir un mail du GPOG me sollicitant pour crire un petit article pour vous donner de nos nouvelles.

    Suite notre dpart de Guyane en septembre 2012, et notre voyage en Amrique du Sud, nous avons atterri en France mtropolitaine pour les ftes de fin danne. Le retour a t un peu bouleversant, un peu limpression de dbarquer sur une autre plante. Heureusement, nous avons retrouv avec plaisir Hlne Bruniquel (ex-SPANGUY) et Stphane Maillard (ex-GRAINE), ainsi que leurs enfants, Lili-Rose et Aim, rentrs eux aussi quelques mois plus tt, pour nous rconforter et retrouver un peu de Guyane. Pour ceux parmi vous qui les connaissent voici le mail quils vous communiquent : [email protected].

    Aprs les retrouvailles avec la famille, les amis, et nos montagnes et garrigues respectives, nous nous sommes mis en qute dun travail (pas facile en ces temps de crise). Nous avons mis ces mois de chmage profit pour nous former, reprendre contact avec la nature mtropolitaine, bien entaille par lhumain, mais il reste encore quelques coins fantastiques et encore un peu sauvages .

    Nous avons aussi rendu visite notre regrett ami Alexandre Renaudier et nous avons pass de bons mo-ments ensemble au bord du lac Lman, bien que ce ne ft pas facile. Nous pensons toujours trs fort lui et sa famille guyanaise. Jen profite pour leur envoyer toute notre amiti. Clment est all pcher au lac Lman durant une partie de lt 2013, puis ma rejointe en Aragon (Pyrnes espagnoles) o jai tra-vaill la Fondation pour la Conservation du Gypate barbu. Si vous avez loccasion lors de vacances en mtropole de traverser la frontire, je vous invite vivement dcouvrir ce versant des Pyrnes. Cest un rgal, un joyau de biodiversit entre faune et flore de montagne affinit mditerranenne. Je ne vous parle pas des paysages grandioses (justement encore sauvages car lAragon est peu peupl), notamment avec le caon dAnisclo et le mont Perdu ! Et puis bien sr, avis aux amateurs de rapaces, cest le domaine des Gypates barbus, Aigles botts, Circates Jean-le-blanc et Percnoptres dgypte. Ces derniers c-toient selon la saison autres Gupiers dEurope, pies-griches, Hirondelles rousselines jen passe et des meilleurs ! Le tout sous le chant des cigales arros de soleil a tope !.

    Anisclo (Aragon) / S. Maillard

    Des nouvelles de Sophie

    Puis nous nous sommes installs dans ma valle natale, dans les Pyrnes ct franais ce coup-ci. Nous avons essuy quelques mois de chmage pour moi, petits bou-lots pour Clment. Nous avons eu le plaisir de retrouver Antoine (RNN Grand Conntable, ex-GPOG), Aurore et Timothe, rentrs eux aussi. Alors on commence for-mer une petite tribu dex-Guyanais qui se retrouve de temps en temps. Cest super sympa.

    Valles Aure Louron / B. Maill

  • 30

    Maintenant, on est install pour quelques mois prs du lac de Puydarrieux (gros spot de halte migratoire et dhivernage pour les Grues cendres) o je travaille 4 mois en tant quducatrice environnement auprs de scolaires, pour lassociation de la Maison de la Nature et de lEnvironnement 65. On y est bien et on se rgale observer lanion blanc (qui progresse), Faucon hobereau, Huppe fascie, Loriot dEurope ou Rossignol philo-mle, mais quelle tristesse de constater que les busards (notamment le Saint-Martin) manquent cruellement (avant notre dpart en Guyane, quand nous vivions dans ce secteur, on en voyait encore), mais aussi de voir des habitats favorables aux Pies-griches corcheurs vides de leur prsence. Une fois de plus, nous consta-tons les impacts anthropiques exacerbs en mtropole, surtout dans ces rgions fortement agricoles. Mais ne soyons pas pessimistes car de nombreuses initiatives existent ou se dveloppent, alors allons de lavant !

    Voil, fin aot on devrait encore bouger, quelque part en France. Vous laurez compris, depuis notre retour nous ne faisons que migrer. Mais je reste toujours proche du GPOG, je suis toujours des vtres en tant quad-hrente. Je continue davoir une petite veille sur les activits, notamment sur les limicoles.

    bientt !

    Sophie Maill,ex-chargedevieassociativeduGPOG

    Lesfleurs

    Les fleurs du jardin dden fleurissent une fois prtes.Chacune son parfum, sa couleur, quelle botte secrte !Inodore ? Lorchide tranche par son port de tte !

    Les fleurs du jardin dden fleurissent une fois prtes.Viennent alors les abeilles gourmandes pour faire la fteColibri solitaire jaillit telle une comte.

    Les fleurs du jardin dden fleurissent une fois prtes.En milieu dit inhospitalier elles en jettent.Chanon indispensable, survie, de notre plante

    Les fleurs du jardin dden fleurissent une fois prtes.Ce monde vgtal aux corolles combien parfaitesProtgeons-le. De loin, jentends la voix cleste.

    Rene Fulgence,membre du GPOG Le 5/04/2014

    Nb: ce pome a t expos la mairie de Cayenne dans le cadre dune exposition initie par lassociation Femmes Solidaires.

    Au dtour dun mail...Petitpomeduneadhrente

  • 31

    La soire GPOG de fvrier, place sous le signe de la nuit, fut un peu spciale. En effet, cette oc-casion et dans le cadre de leur Vendredi nocturnes le Muse Dpartemental Franconie nous a ouvert ses portes.

    Durant cette soire, pas moins de 87 personnes ont pu partir la dcouverte des rapaces nocturnes et des chauves-souris!

    Chouette,leschauves-souris!

    Ds 18h, Vincent Rufray, prsident du Groupe Chirop-tres de Guyane et administrateur du GPOG, tait prsent pour commenter lexposition consacre aux chauves-souris installe loccasion.

    Aprs avoir rpondu aux interrogations des visiteurs sur cet animal mystrieux et souvent mal connu, ces derniers ont pu couter en direct les ultrasons mis par ces mammifres volants grce la bat-box.

    Ensuite, la place fut donne aux rapaces nocturnes, avec Sylvain Uriot, vice-prsident du GPOG et avant tout ornithologue passionn. Lors dune confrence interactive celui-ci a pu prsenter la biologie, les caractristiques et les adaptations de ces oiseaux de nuit.

    Cette soire a galement permis aux gens de dcouvrir ou re-dcouvrir gratuitement ce muse qui tait en accs libre jusqu 21h.

    NB : Face au succs remport par cette soire, le Muse Franconie nous a sollicit pour r-diter Chouette, les chauves-souris ! lors de la Nuit des Muses le samedi 17 mai.

    Seulement quelques mois aprs la 1re soire, prs de 40 personnes ont pu profiter de lexposition Chauves-souris commente par Vincent et couter ces petits mammifres volants dans le jardin du Muse. Aprs ce temps dcoute, la soire sest poursuivie dune prsentation sur les rapaces nocturnes, anime cette fois-ci par Vincent. De nouveau un beau succs.

    EncoreungrandmercilaccueilchaleureuxquenousarservleMuseFranconie,Vincent,Sylvain et aux visiteurs venus nombreux.

    Aurore Poupron,chargedevieassociative

    Vincent commentant lexposition Chauves-souris / Muse dpartemental Franconie

    Confrence intractive sur les rapaces nocturnes / Muse dpartemental Franconie

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    Singularitesornithologiques du Sud-Ouest de la Guyane

    Observationspeucourantes,raresetexceptionnellesfaitessur le Haut-Maroni et le Tampock Afin dassurer un suivi mdical rgulier et prenne des populations les plus isoles au sud-ouest du dpartement, le long du fleuve Maroni, ont t institues les missions fluviales mdicales de proxi-mit partir de Maripasoula selon un rythme mensuel. Je les ralise assidment depuis plus de 15 ans. Elles mont permis dobserver et apprcier la Nature dont lavifaune et la vie du fleuve dans tou-te leur diversit et leur beaut. Je vous invite les partager par ces chroniques maripasouliennes.

    4 - Autres infos enviro et ornitho

    Le dpart matinal au dgrad de lancien fromager tutlaire1 , symbole ancestral dvor il y a peu par les termites, est souvent prcipit en raison des nombreuses et incontournables consultations pdiatriques tt ce lundi matin au centre de sant de Maripasoula. Lquipe installe tout le matriel mdical et les vi-vres pour 4 jours. Les piroguiers bougonnent mais comprennent le retard tout en prenant soin de ne pas oublier leurs picolettes2 ftiches, achetes en amont lors dune mission antrieure, afin de les arer !

    Pendant les longs trajets en pirogue (2 5h), les jumelles toujours oprationnelles et lappareil photo dans la touque tanche, la contemplation de ce bel ensemble forestier amazonien est parfois distraite par la rare survenue dun vnement original comme la traverse du fleuve Lawa3 par un Grand Four-milier ou, pour son malheur, un Cariacou aussitt chass par un des takaristes4 , toujours lafft dun iguane ou dun toucan, de moins en moins observs !

    1. Abritant les esprits des anctres pour les populations du fleuve.2. Le plus souvent il sagit dun Sporophile curio captur et lev pour son clbre chant mlodieux lorigine de bourses aux oiseaux et de concours trs priss rarfiant lespce de manire alarmante. Ici, un vque bleu-noir.3. Qui ne sappellera Maroni qu la confluence avec le Tapanahoni provenant du Surinam, en aval de Grand-Santi.4. Piroguier tenant la takari, longue perche en bois pour sonder le fleuve et aider aux manuvres dans les rapides et les sauts.

    Evque bleu-noir/ R. Pignoux

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    Les amazones, touis ou autres conures familires traversent bruyamment le fleuve, les martins-p-cheurs fuient devant nous, les urubus tournoient dans le ciel, les Barbacous croupion blanc et les Faucons des chauves-souris ou, plus rarement, un Faucon orang (Falco deiroleucus) jouent les vigies tandis quun couple de Caracaras noirs (Daptrius ater) survole le nuage rose des fleurs dun Mahot cigare.

    En plein milieu du saut Simaya soula, lhabituel Balbuzard pcheur surveille ses proies du sommet dun grand Cecropia5 en lisire de berge tandis quun plus discret Hron coiff (Pilherodius pileatus) senvole devant nous.

    La vellitaire installation dun barrage harpiesque6 sur le Tampock entre les village dElah et Kayod devant contrler les flux des pirogues dorpailleurs clandestins aura au moins permis le retour specta-culaire (2009) des Cabiais que lon ne voyait plus depuis prs de 10 ans mais aussi leur disparition trs rapide ds la leve des barrages ! Un vol de 3 Anhingas dAmrique (Anhinga anhinga) et dun Tantale dAmrique (Mycteria americana) est aussi une vraie belle surprise, bientt suivi dun ballet de 20 l-gants Milans queue fourchue cohabitant avec 3 Vautours papes. Superbe !

    Repartant de Kayod, et aprs le fameux barrage, nous prenons une chicane qui contourne la grande le de la confluence avec la Litani7 et nous surprenons un Ibis vert au cri rauque caractristique puis un groupe rare drismatures routoutous (Nomonyx dominicus) qui senvolent heureusement avant un coup de 12 !

    5. Bois-canon.6. Opration Harpie associant gendarmerie et arme pour lutter contre lorpaillage clandestin et permettant aussi linstallation de barrages flottants sur lInini (lev en 2012) et le Tampock (install 2 fois entre 2007 et 2009 et lev en 2011).7. Qui sappellera Lawa aprs cette confluence avec le Tampock.

    Hron coiff / R. Pignoux Pirogue-Piscine / R. Pignoux Tukusipan/ R. Pignoux

    Martin-Pcheur bicolore/ R. Pignoux Barbacou croupion blanc/ R. Pignoux

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  • 3410

    La saison sche rvle ds juillet les sauts dans toute leur majest et les rochers sexposent comme autant duvres des rosions hydro-hlio-oliennes qui fleurissent mauve grce aux salades coumarou (Mourera fluviatilis) et sur lesquelles les Grandes Aigrettes simmobilisent avant de promptement transfixier un yaya. Les accidents et les chouages y sont aussi malheureusement nombreux.

    Arrivs Talwen nous sommes trs attendus et ds la reprise des consultations lunique Ermite auguste (Phaethornis augusti) se montre curieux jusqu se mettre en stationnaire pendant quelques secondes devant lun ou lautre dentre nous. Il sagit l de la premire obs documente de la Guyane (avril 2013) et loiseau est depuis un hte permanent du poste de sant, magnifiquement peint par linfirmier Franois G.8

    8. Dont la presse rgionale et le Canard enchan relataient en 2012 son courageux combat pour la sant des lieux et le respect des populations. 34

  • 3510

    Au deuxime jour, un groupe de 3 Aras bleus (Ara ararauna) survole le chemin par lequel je me rends en visite domicile au hamac dun patient, 10 du PS. Cest une nouvelle urgence ncessitant son vasan9 par hlico. La nuit, Franois sera piqu par un scorpion (Tityus) !

    Nous dormons sous le tukusipan10 de Twenk et, 7h ce matin, juste avant le dbut des consultations, un couple dAras verts (Ara severus) retient mon attention car il niche dans un abattis proche du terrain de foot. Je pourrai ainsi les observer durant prs dun trimestre chacune de mes deux missions suivantes. Un rismature routoutou (Nomonyx dominicus) se baigne dans le marais voisin inond en ce mois de mars et frquent par 5 Hrons stris, des Chevaliers grivels, un couple de Martin-pcheur vert, des Petits Piayes, etc. Mon attention lui est fatale. Je sursaute au coup de fusil qui rjouit son auteur ! Un peu plus tt il en fut

    Juste avant de partir on me signale une pirogue amarre un dgrad avec un triste butin : un jeune Ocelot tu par un chasseur professionnel qui nest pas identifi . Pour qui, pour quoi ? Lenqute ne le d-terminera point ! Nous croisons aussi une des barges dorpailleurs bien amarre sur la berge surinamaise. Le retour se fera en partie sous les averses rfrigrantes ! suivre

    9. EVAcuation SANitaire vers un hpital10. Case communautaire circulaire en pays Wayana accueillant les manifestations locales ou abritant les htes de passage

    Rmy Pignoux,adhrent du GPOG (crdit photos: R. Pignoux) 35

  • 3610

    Vous ne savez pas quelle chance vous avez dtre rveills six heures du matin par dinsupportables quiqui-vis criards. Sachez apprcier les colibris venus butiner vos lantanas ou hibiscus. Aimez les bleuets ou les becs dargent pillant les bananes ou mangues de votre jardin.Il est des pays sans presque plus doiseaux.Jhabite une le du Pacifique (que je ne nommerai pas pour ne pas jeter le discrdit sur ce point indcelable dans la marge des planisphres) qui ne compte que deux douzaines despces doiseaux.

    Heureux Guyanais !

    Un mythe mit

    Comme le rappelle TYRBERG1, dans un numro du mensuel La Recherche de 2000, lOcanie a t traditionnellement dpeinte par les Occidentaux comme un paradis, inviol jusqu leur arrive. Mais depuis les premires recherches archologiques srieuses des annes 70, le mythe dune nature ocanienne paradisiaque, indem-ne de toute perturbation humaine, ne tient plus. Les fouilles dOL-SON2 Hawaii ou les nombreuses recherches de STEADMAN3 dans toute lOcanie ont ainsi dmontr, y compris pour de grandes les comme la Papouasie-Nouvelle-Guine4, que, ds leurs premires installations douest en est (il y a 35 000 ans pour larchipel papou, 1 400 ans pour les les Hawaii, 800 ans pour la Nouvelle-Zlande et Rapa Nui), les humains causrent une crise majeure dextinction de la biodiversit. En introduisant le Rat polynsien Rattus exulans, le chien, le cochon, en chassant ou collectant les ufs, en rasant la fo-rt pour laisser place aux cultures vivrires, les premiers Ocaniens provoqurent, directement ou indirectement, la disparition des es-pces non-volantes (principalement des Rallids), terrestres, fores-tires, spcialises, doiseaux marins (qui nichent au sol ou dans un terrier), de pigeons, etc.

    partir des XVIIe et XVIIIe s., les Europens apportrent le Rat noir Rattus rattus, le Surmulot Rattus norvegicus, la chvre, le chat, les armes feu, lagriculture intensive, llevage bovin ou ovin, la technologie industrielle et parachevrent les extinctions doiseaux catastrophiques et gnralises 5 que leurs prdces-seurs autochtones avaient inities. Ainsi, selon ROBERTSON6, la Nouvelle-Zlande compte encore 284 espces, sans les 41 espces introduites, mais autour de 32 autres disparurent entre larrive des Maoris et celle des Europens, et 9 supplmentaires steignirent au cours des deux sicles suivants, dont probablement 5 depuis 1900.

    Combiendevictimes?

    En 1995, STEADMAN3 crit : Il se peut que, dans le Pacifique tropical, la perte de lavifaune excde 2 000 espces, dont la majorit tait des rles non-volants . Puis, quelques pages plus loin, il avance : En combinant les oiseaux marins et terrestres, jestime au bas mot quune moyenne de 10 espces ou popu-lations ont t perdues sur chacune des quelque 800 principales les dOcanie, donnant un total de 8 000 espces ou populations.

    Prs de la moiti de la fort de Fidji a t perdue pour cder la place lagriculture et en raison de feux rpts, et de larges parts de la fort restante ont t lourdement dgrades. 17 Ici, louest de Viti Levu, lle principale (10 388 km) de larchipel.

    Les oiseaux marins, qui nichent au sol ou dans un ter-rier comme ce Puffin fouquet Puffinus pacificus, paient un lourd tribut lintroduction de prdateurs terrestres (rats, chats, chiens, cochons, mangoustes, Mustlids, etc.). Ici, en dcembre 2011 sur Heron Island, Australie (QLD).

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  • 3710

    Dans une publication de 2013, DUNCAN5 et ses collaborateurs, non sans reconnatre la difficult pour valuer ces extinctions fondes sur des donnes fossiles et sujettes une incerti-tude considrable et largement non-quantifie , calculent que la colonisation humaine des les loignes de lest du Pa-cifique, les dernires rgions de la plante avoir t coloni-ses, a caus lextinction globale de prs de 1 000 espces des seuls oiseaux terrestres non-passereaux. Ils prcisent : Entre larrive des premiers humains et le contact europen, deux tiers des populations des 41 les tudies steignirent. Des auteurs5 plus optimistes ou moins informs valuent cet-te extinction 800 espces tandis que dautres en comptent 2 000. Pour la seule Nouvelle-Zlande, ROBERTSON6 compte 41 espces teintes, depuis linstallation humaine au XIIIe si-cle jusqu nos jours, mais, cinq ans plus tard, TENNYSON7 en dnombre 58.

    Et la Guyane alors ?

    Pourquoi un texte sur lextinction de lavifaune de fra-giles biotopes ocaniens dans notre Kiskidi guyanais ?

    Le mme mythe dune nature intacte, paradis sensuel en Ocanie ou enfer vert en Guyane, a nourri limaginaire des Europens. Ce mythe romanesque et romantique est toujours vivace chez le grand public et altre mme parfois une appro-che scientifique et rationnelle de ces rgions. De nombreux auteurs confondent encore fort vierge et fort primai-re et oublient que la nature sauvage est souvent entre-tenue par ses gardiens indignes8. Mais, dautre part, lortho-doxie dveloppement-durabiliste qui rpte que les peuples premiers (version moderne du bon sauvage du sicle des Lumires) vivent en harmonie avec la nature constitue un autre avatar du mythe de la fort vierge. Larchologie oca-nienne nous apprend pourtant que Homo sapiens nest pas toujours aussi sage ni aussi raisonnable que la fragilit de son habitat lexige. Tout le monde connat leffondrement colo-gique et culturel spectaculaire de Rapa Nui (lle de Pques). Alors que nous vivons (et causons) la sixime grande crise dextinction9, quelles leons cette le de 166 km habite de-puis seulement 800 ans, lune des dernires terres avoir t colonise par lHomme, peut-elle donner lhumanit sur les rorganisations sociales, culturelles et cologiques conscuti-ves une telle catastrophe ? Nous vivons tous dsormais sur une plante en voie dledepquisation.

    Cette cape et ce couvre-chef en plumes, conservs au muse Te Papa Tongarewa de Wellington, furent don-ns au capitaine Cook, en 1779, par des dignitaires hawaens. Les plumes jaunes furent arraches des oiseaux vivants relchs ensuite (Moho nobilis et Drepanis pacifica, tous deux aujourdhui teints) ; Vestiaria coccinea fournit, mort, les plumes rouges. Pas moins de 20 000 oiseaux ont t ncessaires pour fabriquer la cape.

    Des leons ocaniennes en Amazonie

    La gigantesque fort amazonienne (7 000 000 km) est incontestablement plus rsiliente aux impacts humains que des les de quelques hectares perdues au milieu de locan. Mais les extinctions massives desp-ces ou de populations ocaniennes, nullement suspectes jusquau milieu du XXe s. et rvles par larcho-logie rcente, doivent nous inciter plus de prudence sur la faune des priodes prcolombienne et coloniale dAmazonie o les sols acides effacent rapidement tout vestige organique. La connaissance de ces extinctions nous oblige aussi rviser ce que nous croyons savoir de la dispersion, des aires de rpartition et de lcologie des oiseaux dOcanie. 1 Cette remarque de TYRBERG simpose pour toutes les rgions du monde.

    Barge rousse Limosa lapponica nicheuse dans lArtique, bague sur la pninsule dHokkaido (Japon), photographie Wallis (Pacifique sud), lors dune tape migratoire vers quelque part en Australasie.

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  • 3810

    On ne sait rien de limpact cologique des premiers habi-tants du plateau des Guyanes lors de leur installation sur ces nouvelles terres. titre indicatif, pour lAmrique du Nord10, sur les 19 genres teints ou extirps que recensent STEADMAN et MARTIN11, ces auteurs estiment que la perte de beaucoup des genres doiseaux, si ce nest de tous, disparus au Plistocne suprieur peut tre attribue leurs dpendances cologiques envers les grands mammifres. Cinq pages plus loin, ils prcisent : Parmi lavifaune du Plistocne suprieur, il se peut que limpact humain ait t la cause directe dextinction dans seulement le cas du fla-mant et dun Anatid, Chendytes.

    La Guyane a encore aujourdhui le privilge de possder une fort tropicale primaire en bon tat, malgr lorpailla-ge, mais lanthropisation acclre de la cte nest pas sans consquence sur la faune. La disparition locale despces, gibiers ou non, est dailleurs assez bien documente. Ce-pendant, une plus large chelle temporelle et gographi-que, la colonisation humaine, la destruction des habitats naturels et lurbanisation gigantesque et tentaculaire de la cte est de lAmrique du Nord ne peut pas ne pas avoir eu, par exemple, dincidences lourdes sur les espces mi-gratrices en Guyane depuis au moins deux sicles. Le suivi des limicoles depuis une quinzaine dannes12, 13 sur les c-tes guyanaises nous informe sans doute des tendances des migrateurs contemporains mais ne saurait nous offrir une photographie des populations, des espces ou des flux du XIXe ni mme du dbut du XXe sicle. Quel matriel archo-logique, quelle archive nous permettra alors de connatre lavifaune guyanaise du pass ?

    Etsileparadistaitundsertvert?

    Locan Pacifique recouvre le tiers du globe terres-tre mais les quelque 10 000 les de lOcanie, continent invisible 14 de 9 000 000 km, ne reprsentent que moins de 2 % des terres merges. Sur la plupart de ces les, il ne reste plus, dans le meilleur des cas, que de minuscules lambeaux de fort primaire. On nous dit quAdam et ve taient inconscients de leur nudit au paradis ; beaucoup de ces les paradisiaques , et trs touristiques, sont aujourdhui inconscientes de leur dnuement cologique

    Un sjour dans ces territoires appauvris fait comprendre combien la Guyane doit mieux apprcier sa chance de ne pas avoir perdu la majorit de sa biodiversit avec linstallation humaine ou encore de ne pas tre couverte de cocoteraies, palmeraies huile, mines ou cultures dagrocarburants. Dans mon jardin oca-nien, les lantanas et hibiscus sont en deuil ornithologique et je nentends gure que les plaintes mtalliques du Martin triste Acridotheres tristis qui figure sur la liste de lUICN des 100 espces parmi les plus envahissantes au monde 15, the most problematic invasive bird ajoute Stuart BUTCHART16.

    Bcasseaux semipalms Calidris pusilla photographis le 31 mars 2010 sur la pointe de ltat-major, Kourou, lors dune tape migra-toire pr-nuptiale.

    Bcasseaux semipalms Calidris pusilla photographis le 7 novembre 2010 sur la pointe de ltat-major, Kourou, lors dune tape migra-toire post-nuptiale.

    Draperie de Merremia peltata, plante rampante, touffante et envahissante commune sur les les du Pacifique.

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    Heureux Guyanais, apprciez leur juste valeur les quelque 700 espces doiseaux de vos forts, ma-rais et jardins, noubliez pas que votre richesse ornithologique a dj probablement perdu quelques plumes et protgez le trsor naturel qui vous reste. Quand le Martin triste aura chass les quiquivis, les bleuets et les becs dargent de la place des Palmistes, il sera trop tard pour agir. Il faudra alors se demander comment les Polynsiens se sont adapts au dsastre cologique de Rapa Nui.

    Soane-Petelo Polikalepo,adhrentactifduGPOG Merci, pour leur relecture, Alexandre VINOT, Damien DAVY, Martijn VAN DEN BEL, Miren PUJO, Nyls de PRACONTAL et Olivier CLAESSENS.

    Rfrences (Nous avons nous-mmes traduit les citations des auteurs anglophones.)

    1. Tommy TYRBERG (2000), Les oiseaux perdus dOcanie , La Recherche (n 333).

    2. Storrs L. OLSON (1982), Prodromus of the fossil avifauna of the Hawaiian Islands, Smithsonian Contributions to Zoology (n 365).

    3. David W. STEADMAN (1995), Prehistoric extinctions of Pacific island birds: biodiversity meets zooarchaeology , Science (vol. 267).

    4. David W. STEADMAN, J. Peter WHITE, Jim ALLEN (1999), Prehistoric birds from New Ireland, Papua New Guinea: Extinctions on a large Melanesian island , PNAS (vol. 96).

    5. Richard P. DUNCAN, Alison G. BOYER, Tim M. BLACKBURN (2013), Magnitude and variation of prehistoric bird extinctions in the Pacific , PNAS (vol. 116).

    6. Hugh A. ROBERTSON, Barrie D. HEATHER, Derek J. ONLEY (2001), The Hand Guide to the Birds of New Zealand, Oxford University Press.

    7. Alan TENNYSON, Paul MARTINSON (2006), Extinct Birds of New Zealand, Te Papa Press.

    8. Joanna EEDE (2012) Nature sauvage, imagination humaine et peuples indignes , Les Nouvelles de Survival, Survival Internatio-nal France (vol. 82-83).

    9. Renan AUFRAY, Manuelle ROVILL (pages consultes le 15 dcembre 2013), .

    10. Nous navons pas trouv darticles sur larchozoologie amazonienne quivalents ceux, trs nombreux, portant sur lAmrique du Nord ou lOcanie.

    11. David S. STEADMAN, Paul S. MARTIN (1984), Extinction of Birds in the Late Pleistocene of North America in Paul S. MARTIN, Richard G. KLEIN (dir.), Quaternary extinctions. A prehistoric revolution, University of Arizona Press.

    12. ric HANSEN, Alain Le DREFF, Bertrand GOGUILLON (1997), Importance du littoral guyanais pour lhivernage et la migration des limicoles nord-amricains et la conservation de lIbis rouge, LPO / BirdLife.

    13. Maria P. LAGUNA LACUEVA & alii (2012), Suivi des populations de limicoles migrateurs en Guadeloupe et Guyane, mise en relation avec le dispositif de suivi rgional Pan American Shorebird Program , ONCFS / GPOG.

    14. Jean-Marie G. LE CLZIO (2006), Raga. Approche du continent invisible, Seuil.

    15. Yohann SOUBEYRAN, Sarah CACERES, Nadine CHEVASSUS (coord.) (2011), Les Vertbrs terrestres introduits en outre-mer et leurs impacts. Guide illustr des principales espces envahissantes, Comit franais de lUICN.

    16. Stuart BUTCHART & alii (2010), Foreword on conservation of the worlds birds , in Josep del HOYO, Andrew ELLIOTT, David A. CHRISTIE (dir.), Handbook of the Birds of the World, Lynx Edicions, (vol. 15).

    17. Vilikesa T. MASIBALAVU, Guy DUTSON (2006), Important Birds Areas in Fiji: conserving Fijis natural heritage, BirdLife Internatio-nal.

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    Mondialisation:lesoiseauxaussi!

    Une Gpoguienne qui observe les oiseaux dans le 94 ? Si si a existe ! Cest ainsi quen fvrier dernier je rvisais mes classiques sur les bords du lac de Crteil : Pies, bavardes, Corneilles noires, Merles noirs, Msanges bleues et charbonnires, Canards colverts, Bernaches du Canada, Cygnes tuberculs et les Grbes hupps particulirement nombreux sur ce site.

    La Perruche collier casse la graine. / L. Brunet

    Quand tout coup mon attention est attire par un jacassement de pies, apparemment pas contentes du tout Je lve les yeux et je les vois en effet trois ou quatre au sommet dun arbre, protestant bruyamment.

    Et au sommet de larbre voisin, quel est donc cet oiseau tout vert, qui semble lobjet de leur mcontentement ? Il ne semble pas du tout impressionne par les protestations de ses voisines et casse tranquil-lement la graine au sens strict, la graine drable en loccurrence.

    Cest une Perruche collier. Cette espce, originaire dAfrique et dAsie, est arrive en le-de-France au milieu des annes 70 mais est en forte expansion, surtout partir des annes 2000, dans la rgion parisienne.

    Les pies continuent sagiter bruyamment, mais sans oser attaquer, probablement dissuades par la taille de loiseau vert, peu prs gale la leur et par lallure massive de son bec et la Perruche collier continue tranquillement son repas

    Quelques jours plus tard, cest au Parc floral de Vincennes que je retrouve ces grosses perruches vertes : elles semblent vouloir nicher dans le creux dun tronc de platane.

    Couple de Perruche collier ayant investi un platane. / L. Brunet

    Un platane, cest finalement aussi bien quun palmier ! L. Brunet

    Et si on se faisait ici un petit nid damour ? ! L. Brunet

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    Il y a un an, de passage Saragosse dans le nord de lEspagne, cest un autre Psittacid, originaire dAmrique du Sud, que javais eu loccasion dobserver : des Conures veuves dans le parc de la ville, o elles avaient lu domicile dans les palmiers du parc on ne se refait pas !

    Elles y construisaient des nids collectifs si bruyants quils incom-modaient, parat-il, les riverains du parc.

    Lucie Brunet,adhrente du GPOG

    Conure veuve de Saragosse / L. Brunet

    Espces naturalises, espces invasives, biodiversit menace

    Perruche collier et Conure veuve sont ce quon appelle des espces naturalises. On dsigne sous ce nom des espces trangres qui, aprs stre chappes des parcs, des jardins ou des cages o elles avaient t introduites, se sont acclimates et se reproduisent dans leur nouveau territoire.

    En ce qui concerne les oiseaux, transports en avion, ils schappent souvent lors des transferts de volires, cest pourquoi ils sont particulirement nombreux autour de Roissy et dOrly. Mais ils peuvent aussi tre relchs des volires, intentionnellement ou accidentellement, sur nimporte quel point du territoire. Sans parler de pratiques plus surprenantes. On lit dans lexcellent livre du CORIF Les oiseaux dIle-de-France, paru en 2013 et qui fait figure douvrage de rfrence, en page 425 : Dans les annes 1980, les soigneurs de la mnagerie du Jardin des Plantes, Paris, avaient pris lhabitude de librer au matin une colonie [de Conures veuves] maintenues en volire qui se dplaait alors en troupe bruyante au-dessus des toits jusqu la place des Gobelins au moins, avant de rentrer au bercail en fin de soire mais il semble que certaines ont prfr prendre la poudre descampette !!!

    Ces espces naturalises, si plaisantes quelles soient regarder, puisquelles ont justement t importes et leves en captivit pour le charme de leur aspect, ne vont pas sans poser de problmes.

    La premire question quelles soulvent est de savoir partir de combien dannes ou de combien dobser-vations ces espces, au dpart trangres, devront tre considres comme autochtones. On lit la rponse en page 424 de louvrage prcit : Lorsque leffectif nicheur dune espce devient si important que sa population se maintient sans nouvel apport dorigine humaine, elle entre alors dans lavifaune rgionale la rponse est toute simple, mais son application doit donner quelques migraines ceux qui sont chargs dhomologuer les espces

    Mais le problme majeur que posent ces espces importes est quelles entrent souvent en comptition pour des niches occupes primitivement par les espces autochtones, ce qui peut aboutir la rarfaction voire la disparition de ces espces indignes. Nombreuses sont les espces appeles de ce fait espces invasives qui par leur tendance lhgmonie menacent gravement la biodiversit de la plante. On peut citer pour ne parler que du rgne animal : la Bernache du Canada, la Tortue de Floride, lcureuil gris nord-amricain, le Poisson-lion des Carabes... et le Canard colvert en Nouvelle-Zlande ou lIbis sacr dans louest de la France. Les exemples sont tout aussi nombreux et tout aussi dramatiques dans le rgne vgtal.

    Apparemment, les pies du lac de Crteil ne sy taient pas tromp en considrant le bel oiseau vert comme un dangereux intrus

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  • 4210

    Minutepotique

    Le Cotinga ouette est fier. Dress sur ses petites pattes,

    Bien quil ne soit pas en colre, Le cramoisi du mle pate.

    De sa couleur naturelle, fier, Il ne cache la silhouette Sauf lorsquil fait caca, ouette.

    Soane-Petelo Polikalepo,adhrentactifduGPOG

    Cotinga ouette / J. Tascon

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    Accipiter bicolor Epervier bicolore - 1 vu le 28/02/14, Habitation Bess / Rgina. Thomas Luglia et Nyls de Pracontal.*

    Anas bahamensis Canard des Bahamas - 30 vus le 16/02,115 vus le 26/02, 69 vus le 11/03, 3 vus le 07/04 et 2 le 06/05/14, Pointe Isre / Awala-Yalimapo. Nyls de Pracontal, Olivier Claessens, Sylvain Uriot et Gil Jacotot.- 2 vus le 15/03, 4 le 08/04 et 2 le 09/04/14, RNN de lAmana / Awala-Yalimapo. Sylvain Uriot et Clara Morey-Rubio.

    Anas discors Sarcelle ailes bleues - 3 vus le 08, 4 vus le 22 et 1 vus le 31/01/14, grandes ptures de Guatmala / Kourou. Michel Giraud-Audine.- 4 vus le 23/01/14, Route de Guatemala / Kourou. Catherine Amat.- 8 vus le 24 et 40 le 26/02, 38 vus le 11/03/14, Pointe Isre / Awala-Yalimapo. Olivier Claessens et Sylvain Uriot- 3 vus le 13/03 et 2 vus le 07/04/14, rizires de Mana / Mana. Sylvain Uriot et Clara Morey-Rubio.- 100 vus le 09/03 et 2 vus le 08/04/14, RNN de lAmana / Awala-Yalimapo. Sylvain Uriot et Clara Morey-Rubio.

    Sarcelle ailes bleues, le 23.01.14 Guatemala PK 3.5 Kourou / C. Amat

    Le coin des obs est une nouvelle fois synthtis depuis la platefor-me faune-guyane.fr. En effet, avec 121 645 contributions et 236 inscrits au 8 janvier 2014, le site est une source dinformation trs riche.

    Nhsitez pas exploiter cet outil en consultant par vous-mme les contributions via la consultation multicritres . Celle-ci permet davoir accs des filtres nombreux et des plus utiles : recherche par lieu-dit, par statut de raret, par espce, par indices de nidification etc.

    Le format du rsultat de la requte est lui aussi paramtrable, au menu : liste despces, cartes, histogrammes temporels des obser-vations, ou du nombre doiseaux, exports Excel de vos observations personnelles etc.

    Pour toute information complmentaire la coordinatrice du projet, Louise Btremieux, se tient votre disposition par mail ([email protected]) ou par tlphone au 05.94.29.46.96.

    Le coin des obs est issu dune requte sur les observations saisies despces rares et trs rares entre le 1er janvier et le 4 juin 2014. Seules les espces les moins courantes parmi celles-ci ont t ensuite slectionnes.

    Le classement des espces apparait par ordre alphabtique des noms latins

    Noddi brun./ V. Rufray

    6- Le coin des obs...

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    Chlidoniasnigersurinamensis-Guifettenoire- 2 vus le 02/03/14, Piste de Couachinana - D8 / Mana. Sylvain Uriot.- 1 vu le 02/03 et 2 vus le 08/03/14, rizires de Mana. Sylvain Uriot, Nyls de Pracontal et Alexandre Vinot.- 2 vus le 14/03/14, RNN de lAmana / Mana. Sylvain Uriot.- 1 vu le 16/05/14, Roches Blanches / Sinnamary. Alexandre Vinot et Olivier Claessens.

    Cypseloidescryptus-Martinetmentonblanc- 6 vus le 13/03/14, chteau deau / Maripasoula. Olivier Claessens.

    EgrettagarzettaAigrettegarzette- 1 vu le 13/12/13 et le 23/02/14, pont de Roura / Roura. Sylvain