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1 1 C ette discrétion s’obtient grâce à quelques notions élémentaires dont il est bon de se souvenir. Pour simplifier la question, on sait que la signature sonore d’une arme à feu est à deux niveaux : - bruit de l’explosion des gaz de la cartouche propulsant le projectile lors de leur détente brutale en sortie de canon (auquel il faut aussi ajou- ter celui de la déflagration de l’amorce), - bruits du mécanisme de l’arme en fonctionnement, dans une moindre mesure. Le second aspect est difficile, voire impossible à éliminer complète- ment, sauf à la rigueur, avec une arme à percussion électrique, dans laquelle le nombre de pièces en mouvement est réduit au minimum, mais par contre il est possible de remédier aux effets sonores du pre- mier par divers procédés: 1. le plus connu est la fixation, par vissage ou encliquetage, en extrémi- té de canon, d’un modérateur de son. Cet élément tubulaire, de dimensions relativement impor- tantes, contient un certain nombre de chicanes, de forme variable, communiquant avec l’âme du canon par plusieurs évents destinées à dévier la majeure partie des gaz selon un circuit plus ou moins tor- tueux, ce qui va leur donner le temps de se détendre, tout en lais- sant le projectile suivre son chemi- nement normal. Cahier de la cartouche ●●Piston captif L’usage d’armes à feu silencieuses, un vieux rêve poursuivi depuis des lustres dans de multiples pays, a donné naissance à une foule de brevets, de valeur aussi variable que leur concrétisation. Mis à part quelques emplois civils plus ou moins répréhensibles, comme le braconnage (!), il faut comprendre que l’arme silencieuse fait partie de l’équi- pement de base des services spéciaux en tous genres, et s’utilise aussi dans les forces spéciales, lorsque la discrétion est de mise lors d’une opération ponctuelle. MUNITIONS SILENCIEUSES À PISTON CAPTIF

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Cette discrétion s’obtientgrâce à quelques notionsélémentaires dont il est bon

de se souvenir. Pour simplifier laquestion, on sait que la signaturesonore d’une arme à feu est à deuxniveaux :- bruit de l’explosion des gaz de lacartouche propulsant le projectilelors de leur détente brutale en sortiede canon (auquel il faut aussi ajou-ter celui de la déflagration del’amorce),- bruits du mécanisme de l’arme en

fonctionnement, dans une moindremesure.Le second aspect est difficile, voireimpossible à éliminer complète-ment, sauf à la rigueur, avec unearme à percussion électrique, danslaquelle le nombre de pièces enmouvement est réduit au minimum,mais par contre il est possible deremédier aux effets sonores du pre-mier par divers procédés:1. le plus connu est la fixation, parvissage ou encliquetage, en extrémi-

té de canon, d’un modérateur deson. Cet élément tubulaire, dedimensions relativement impor-tantes, contient un certain nombrede chicanes, de forme variable,communiquant avec l’âme ducanon par plusieurs évents destinéesà dévier la majeure partie des gazselon un circuit plus ou moins tor-tueux, ce qui va leur donner letemps de se détendre, tout en lais-sant le projectile suivre son chemi-nement normal.

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

L’usage d’armes à feu silencieuses, un vieux rêve poursuivi depuis des lustresdans de multiples pays, a donné naissance à une foule de brevets, de valeuraussi variable que leur concrétisation. Mis à part quelques emplois civils plus ou moins répréhensibles, comme lebraconnage (!), il faut comprendre que l’arme silencieuse fait partie de l’équi-pement de base des services spéciaux en tous genres, et s’utilise aussi dansles forces spéciales, lorsque la discrétion est de mise lors d’une opérationponctuelle.

MUNITIONS SILENCIEUSES À PISTON CAPTIF

Outre l’encombrement de l’acces-soire, l’effet corrosif des gaz etimbrûlés sur les chicanes (en métal,caoutchouc, plastique voire paillemétallique)les détériore, ce quinécessite leur remplacement aubout d’un nombre de coups relative-ment restreint.

De plus, s’il est possible d’utiliserles munitions d’origine, lorsqu’ellessont subsoniques, il est le plus sou-vent nécessaire d’employer desmunitions spéciales, à charge mino-rée et projectile plus lourd par rap-port à la balle normale, de manièreà ne pas dépasser la vitesse initialelimite de 330 m/s, soit la vitesse duson. Et même sous cette configura-tion, la signature sonore, même trèsatténuée, reste le plus souventaudible. Parmi les réalisations lesplus typiques, on peut citer

- le revolver russe M.1895 (Nagant),affligé d’un énorme «tuyau depoële» par les spécialistes de feu leNKVD, mais tirant la cartouchestandard, subsonique,- le Mauser 98k allemand montantun silencieux à chicanes et utilisantune cartouche de 7,92 mm sous-chargée dite «Nahpatrone», - le montage d’un dispositif similai-re sur le pistolet P.38, avec ici aussiune «Nahpatrone» en 9 mm Para,- le fusil semi-automatique russeSVT-40 et sa cartouche de 7,62 mm

US-40 dite «Partisan»,- mais surtout les fusils d’assautrusses AK 47, AKM et AK 74, mon-tant respectivement les silencieuxPBS-1 et PGS-4, et tirant des muni-tions spéciales «US», rebaptiséesactuellement 57N231U, en serviceaujourd’hui en Russie notammentchez les Spetznaz.

2. la conception de munitions ditesà piston captif, est une solution bienplus séduisante. Il s’agit de la réali-sation de cartouches tout à fait inno-vantes, possédant des paroisépaisses, un amorçage renforcé ettrès étanche, et un piston internecreux, dans lequel vont se détendreen vase clos, les gaz qui ne peuvents’en échapper, car ledit piston varester prisonnier de l’étui après le tir,son rôle unique étant de propulser leprojectile hors du canon.

Ce système, très efficace donne desarmes totalement silencieuses,puisque les gaz se détendant en vaseclos, le bruit de l’explosion ne peutse diffuser au dehors…

Toutefois, la conception même deces cartouches, assez complexe, amis du temps à s’affirmer et a pourconséquence un emploi limité à desarmes dont la portée pratique nedépasse que rarement la vingtainede mètres, en raison de la faiblevitesse initiale des projectiles. Ellesseront donc tout à fait adaptées auclose-combat et aux opérationsponctuelles en tous genres, avec enplus l’avantage de ne nécessiterqu’un canon lisse, qui ne laisseraaucune trace identifiable sur le pro-jectile tiré.

Comme indiqué plus haut, de nom-breux scientifiques se sont penchéssur la question, dans divers pays, etsans vouloir les citer tous, on peutnéanmoins rappeler que :- en URSS, les frères MITIN qui, en1929, essaient leur système «BRA-MIT» (=Brat.Mitin)à l’aide d’un fusilNagant M.1893/30 et d’un revolverNagant M.1895, sans succès réel,- en 1935, on teste avec un canonde 45 mm antichars, une munition àsabot.- en 1942, c’est la cartouche GOU-REVITCH, douille de chasse métal-lique à collet fortement rétreint à 5,6

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

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●●► Moderateur de son, ici sur LIBERATOR

●●► Moderateur de sonsur MAKAROV, en 9 mm

●●► Moderateur de son surNAGANT du NKVD, en 7,62 mm

●●► Moderateur de son PSBpour armes en 7,62 mm M43, et cartouches type US

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mm, renfermant 2 balles de plombsphérique séparées par… unecouche d’eau (!), l’étanchéité del’ensemble étant obtenue par undouble disque de fermeture métal +caoutchouc…- les Américains, lors de la guerre duViêt Nam, vont essayer pour lescombats des Tunnel Rats dans àCai-Chi, où les rebelles ont creuséde véritables réseaux de taupinières,des revolvers S&W Modèle 29,modifiés par la SEMMERING Corp.en tant que Quiet Special PurposeRevolver, pour tirer une cartouchede .410» à piston captif 53R QSPR,chargée de 6 chevrotines, mise aupoint par A.A.I., ainsi que des fusilsde chasse tirant la munition 12 Ga.TELECARTRIDGE, du même genre,mais l’affaire n’ira pas plus loin.- plus récemment, des recherchesont été menées en Slovaquie sur desmunitions semblables, mais nousn’en avons vu que quelques raresphotos…

Finalement, c’est la Russie qui vaêtre l’acteur des réalisations les plussérieuses en la matière, aboutissantà plusieurs armes toujours en servi-ce depuis la chute du régime sovié-tique, dans l’Armée, les ForcesSpéciales et certaines unités duMinistère de l’Intérieur (MVD).

LA CARTOUCHE DE 9 mm SP-1

Au début, inaugurant la série des«SP« ou Spetsialnyi Patronnyi, cettecartouche est étudiée à la demandedu KGB par Igor Ya. STECHKIN aucommencement des années 50. Onne dispose sur elle que de maigrerenseignement, si ce n’est qu’elleavait été partir d’un étui de 9x18Makarov modifié, montant un pro-jectile à base creuse se tirant dansun canon conique où une rondellemétallique venait se bloquer aprèsle départ du projectile, emprison-nant en théorie, les gaz en expan-sion. On n’en était pas encore aupiston captif réel… et loin de donnerles résultats escomptés, elle seratrès vite abandonnée.

LA CARTOUCHE DE 7,8 x 35 ou SP-2

Datant des années 60, dessinée tou-jours à la demande du KGB et duGRU par une «ingénieure» du NII-61 (futur TsNIITOCHMASH) dunom d’Iraida GUBEL, elle est desti-née à un pistolet spécial à 3 canonsdestinés aux divers «services-action» de l’époque, arme dessinée

également par Igor Ya. STECHKIN,et ayant l’aspect d’un étui à ciga-rettes plat, le TKB-506, amélioréplus tard en TKB-506A.

L’étui de la SP-2 est dérivé de celuid’une 7,62x39 M.43, recoupé à34,80 mm, avec abaissement de lahauteur de l’épaulement, alors queles parois et le profil du culotconservent la même épaisseur queceux de la munition originale etc’est là qu’il faut sans doute voir laraison de son de son échec, quoiqueStechkin en ait déposé le brevetsous le n°84015. L’originalité principale de cette car-touche est la morphologie de sonprojectile, à ogive cylindro-sphé-rique et à deux diamètres, obtenus

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

●●► Cartouche de 4x47 Slovaque a piston captif

●●► Cartouches SP 2 et SP 2 perforante(balle noircie) a gauche, etui tire au centre, projectile a droite (photo Y.B).

●●► Le S-110T-faux-paquet decigarettes dessine parI.Ya.Stechkin, utilise par le KGB

●●► Le TKB-505A, porte ciga-rettes truque,dessine parI.Ya.Stechkin pour la munitionSP-2

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

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à partir d’une chemise de balle de7,62mm Tokarev. Longue de 7,5mm, sa portion antérieure quicontient un petit noyau de plomb estprérayée et elle se poursuit par unequeue sous-calibrée, lisse, en dura-lumin.Elle reçoit avant bouteillage du col-let, une charge de poudre sphériqueécrasée, suivie par l’introductiond’une coupelle d’alliage léger qui lacoiffe, et forme piston. Après avoirfourni l’impulsion nécessaire au pro-jectile, ledit piston va se bloquer sousle rétreint de collet, qu’il «efface» etréduit à quelques millimètres de haut.Néanmoins, ici encore, malgré lelancement d’une très petite série, lesuccès ne sera pas au rendez-vous,car les parois de l’étui et le culot nesont pas assez robustes pour résisterà la pression des gaz.Longue de 47 mm, avec un projec-tile faisant lui-même 42 mm autotal, elle était donnée pour une Vode 175 m/s et livrée en boites de 12avec séparation par un ruban depapier.

CARTOUCHE DE 7,62 x 35 SP-3

Son aspect est celui d’une 7,62x39M.43, dont l’étui aurait été raccour-ci de 4 mm, mais la ressemblances’arrête là. Dessinée en 1965 parl’ingénieur ROZANOV au NII-61,puis reprise par PETROV auTsNIITOCHMASH, elle est destinéeau pistolet MSP, après l’échec de laSP-2. Cette arme est à 2 canons bas-culants superposés, alimentés parun clip en acier bronzé de 2 car-touches.Son étui d’acier cuivré est munid’un appareil d’amorçage renforcé,plat, en laiton, à 2 évents, vissé àdans un culot épais, et maintenugrâce à 4 crans de sertissage jointifsformant listel, avec vernis rouge.L’étui lui-même présente à l’inté-rieur du collet, un épaulement surlequel va venir se bloquer le pistontélescopique en 2 parties, destiné àpropulser un projectile de 7,62 mmM.43 normal. On remarquera queces deux éléments ont, durant leurmouvement, un comportement dif-férent, car : - le premier, creux avec un épaule-ment interne, propulse le projectilevers l’avant, puis va se bloquer surl’épaulement interne, préparantainsi l’étanchéité aux gaz à ceniveau,

- le second poursuit son mouvementen exerçant une poussée complé-mentaire sur la base de la balleavant de se coincer sur l’épaulementinterne du premier piston, y empri-sonnant complètement les gaz.

Cette organisation complexe étaitsupposée majorer de 20% la Vo,mais il semble qu’à la suite d’erreursde calcul, ce gain ne fut que de 6m/s, PETROV dessinant alors (etfaisant breveter) un nouveaumodèle de piston, cette fois mono-

bloc, moins coûteux, mais qui fina-lement ne sera pas choisi. On note-ra que, mis à part le culot, l’étuiM.43 n’avait pas été remanié, cequi, entraînant encore ici des fis-sures et des ruptures du métal, menaà l’abandon de l’arme, qui avaitpourtant connu un début deconstruction en série, sera rempla-cée avantageusement par le PSS deLEVCHENKO,

La SP-3 existe avec plusieurs types declips, de forme différente. Elle mesure52 mm pour un poids de 15 g. Sa Vode 145 m/s lui permet une portée pra-tique de 15 m dans le MSP.

CARTOUCHE DE 7,62x42 ou SP-4

●●► Cartouche de 7,62 mm PZAM

●●► Cartouche SP-4, trace de J.Barlerin

●●► Cartouche subsoniquechinoise de 7,62 mm Type 64,derivee de la 7,62 mm Tokarev.

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C’est la munition à piston captifrusse qui a eu le plus de succès etelle est toujours utilisée aujourd’hui.Etudiée au TsNIITOCHCHMASHpar PETROV au début des années70, elle présente un étui en aciercuivré à parois épaisses, cylindriqueà faible conicité, avec un épaule-ment de longueur réduite à 1,50mm, ce qui correspond à l’étrangle-ment interne où le piston viendra sebloquer. Ce piston, très court, enalliage léger et en forme de clocheprésente une gorge périphérique etun téton axial, ce qui créée à sabase une cavité cylindro-coniquepour la charge.

Le projectile reposant sur le pistonest très particulier, car entièrementcontenu dans l’étui Il est cylin-drique, en acier, avec à son extrémi-té supérieure une ceinture de guida-ge en cuivre, et à sa base, une cavi-té correspondant au téton du piston.L’amorce est de type Berdan en lai-ton plat, à 2 évents, maintenu par unfort listel avec joint d’étanchéitérouge et la charge propulsive estconstituée de 1,70-1,80 g de nitro-cellulose sphérique SF040 ou VUFL.Lors de la mise à feu, le piston mupar l’expansion des gaz repousseviolemment vers l’avant le projecti-le, avant de se bloquer sur l’arrêtoir.Le téton sert à maintenir le corps duprojectile bien centré, malgré salongueur et son diamètre inférieur àcelui de l’étui, ce qui en son absen-ce risquerait de l’y faire «flotter» lorsde son mouvement vers l’avant.

Les SP-4 sont produites à Toula et en2000, un concours est organisé pouren poursuivre la fabrication dansl’industrie privée chez KSPZ àKlimovsk, sous deux variantes sup-plémentaires, l’une à étui et projec-tile en laiton, l’autre avec un projec-tile télescopique de profil conique.Ces projets n’eurent pas de suite,mais l’intérêt principal de la SP-4 estson emploi dans des armes très dif-férentes :1. le pistolet PSS, conçu en 1983par l’ingénieur Viktor LEVCHENKOà la demande du KGB pour l’équi-pement des Spetsnaz, arme depetites dimensions et à chargeur,avec signature sonore quasi-nulle,fonctionnant en double action pourle premier tir, puis devant être réar-mée manuellement en raison de lafaible puissance de sa munition,

2. les poignards combinés NRS,NRS-M et NRS-2 qui comportentdans leur poignée un court canonlisse et un système de détente, avecun logement pour une seconde car-touche en réserve. Ces engins sontprésentés comme «armes de survie»(à notre humble avis, pas pour boy-scouts…).

3. le revolver de police Ots-38arme très sophistiquée mise aupoint par Igor Ya.STECHKIN peuavant sa disparition, au TSKIBS-00(un département pour armes desport-sic!-du KBP de Toula). Avec unbarillet de 5 cartouches, il est tota-lement silencieux et intègre un dis-positif de visée laser au-dessus ducanon. Les SP-4 à gorge, doiventêtre insérées sur un clip en tôled’acier à 5 alvéoles, avant leur intro-duction dans le barillet.

4. le lance-grenades silencieux BS-1développé par le KBP (Toula), utili-sant la VOG-25 de 40 mm, dans untromblon monté sous l’avant du fusild’assaut en 7,62x39 ou 5,45x39(respectivement dénommés Tishinaet Kanareyka). La SP-4 fait fonctionde propulsive pour sa grenade, uneVOG-25, rebaptisée VOG-T modi-fiée par l’ajout d’une queue adapta-trice, renfermant cette SP-4, et se

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

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●●► Pistolet PSS (6P28)

●●► Cartouche SP-4 vue d'en hauta gauche, non-tiree, a droite, tiree, avec le teton decentrage du piston captif

●●► Cartouches SP-4 sur clipde 5 pour revolver OTs-38

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

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verrouillant sur le tromblon. (le sys-tème, non encore adopté parl’Armée, a été breveté en 2003 parses inventeurs, S.I. KOPOMIAITS etV.N.KRISANOV).

La SP-4 est utilisable jusqu’à 50 m(théorique), en fait plutôt 25 m (pra-tique), de part sa Vo de 185-200 m/s.Mesurant 39,48 mm pour un poidsde 24 g avec un projectile de 9,90-10g, elle est présentée en boitescloisonnées de 12 pièces, en cartongris, sans aucune indication.

CARTOUCHE DE 7,62x63 PZAM

Cette munition, surnommée PZAM(soit Serpent), a fait son apparition àla fin des années 80 en Amériquecentrale, découverte par la Policesalvadorienne dans une cache d’in-surgés, avec l’arme correspondante,un pistolet à deux canons lissesbaptisé S-4M. Cette arme rustiqueest à ouverture à bascule, et repré-sente bien ce que l’on décrit sou-

vent comme une «arme d’assassi-nat« typique. L’engin semble avoirété également employé dans plu-sieurs unités de Spetsnaz pendantl’intervention russe en Afghanistanet il n’est pratiquement utilisablequ’à très faible distance, voire àbout touchant, dans la foule, letireur s’éclipsant vite, après avoiréventuellement doublé, dans lacohue, sans être repéré vu l’absencetotale de signature sonore.Le S4-M (ou Modernizovany), uneamélioration du S4 original, a étéconçu à la demande du KGB dansles années 60, et est parfois dénom-mé Groza (orage). Il fonctionne endouble action, la bascule des deuxcanons superposés permettant unchargement rapide de deux car-touches sur clip spécial, et la ferme-ture armant les percuteurs. Un levierde sécurité se trouve sur le flancgauche. La cartouche actuelle est en fait latroisième variante du type originalPZ, devenu ultérieurement PZA puisPZAM (ou PZA-M).

Son étui cylindrique en acier laquéverdâtre, aux parois épaisses, estlégèrement bouteillé (pour amélio-rer le blocage du piston en fin decourse), alors que celui des PZ etPZA, en acier laitonné, ne l’étaientpas. Du collet émerge l’ogive duprojectile, simple balle de 7,62x39M.43, bloquée à force au niveau ducollet. La base de l’étui possède unegorge d’extraction de profil rectan-gulaire pour maintenir les deux car-touches en bonne position sur leurclip. L’amorce interne, assez sem-blable à un amorçage pour propulsi-ve de mortier, est percutée par unetige-rallonge en saillie au fond de lacuvette ménagée dans le culot, cequi permet une étanchéité maxi-mum à ce niveau. La balle repose sur un piston téles-copique en aluminium, qui sebloque à la fin de sa translation surun rétreint interne du collet. Il estdonc totalement en saillie sur unétui tiré. Sa base est creusée d’unecavité hémisphérique ménageantun logement pour la charge consti-tuée de 0,15 g de poudre tubulairemonoperforée de couleur vert vif.

Les cartouches PZAM sont embal-lées dans une boite de carton plat,sans aucune inscription, renfermant6 cartouches montées 2 par 2 surleur clip, le tout étant placé dans unsachet plastique thermosoudé.La munition chargée mesure 77,49mm de long pour un poids de 49,15g. Sa Vo est estimée à environ 150m/s, et la portée pratique ne dépas-se pas 4 à 5 m, ce qui suffit ample-ment pour ce qu’on lui demande.

●●► Fusil d'assaut AKS-74-UBN avec lance-grenadessilencieux BS-1 Tishina

Cahier de la cartouche ●●► Piston captif

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Notes :% KBP = Bureau de Construction de Klimovsk, organisme créé au début des années 30 en URSS, permettant d’harmoniser etde planifier les fabrications. Dispose maintenant de facilités importantes dans le domaine de la Recherche.% SPETSNAZ = Spetsialnogo Naznacheniya, littéralement «Forces d’Emploi spécifique » de l’Armée russe, équivalent de nos« Forces Spéciales et Commandos».% TSNiiTOCHMASH = Institut Central de Recherches en Mécanique de Précision, créé à Klimovsk le 17 mai 1944, respon-sable du développement de la plupart des armes de l’Armée et des Services, ainsi que de leurs munitions, ainsi que desrecherches du domaine civil, successeur des NII-61 (Institut de Recherches Scientifiques en Armement et NII-44 (son homo-logue pour les Recherches en Munitions). Le TSNiiTOCHMASH mène non seulement les recherches indigènes, mais étudieaussi tout se qui se fait à l’étranger, d’où sa forte implication avec les services spéciaux, tels le KGB (ex-NKVD, actuellementFSB) ou le GRU (Service de Renseignement de l’Armée), et le MVD (Ministère de l’Intérieur), etc.

CARTOUCHE DE 9,1x92 PFAM /PMAM

Peu connue, c’est la plus imposantedes cartouches russes à piston cap-tif. Elle est employée dans une armecombinée pour interventions spé-ciales, dénommée D ou DM(modernisée), ou FALANGA. A répé-tition manuelle, avec crosserepliable, culasse à verrou, tirant surun bipied, selon la technique «fireand forget», elle ne semble pas avoirfait l’unanimité de ses utilisateurs.Son intérêt principal vient de la pos-sibilité de mettre en œuvre soit unemunition à balle, soit une propulsivepour grenade à charge creuse, grâceà un compensateur tromblonné enbout de canon, muni de 3 découpeshélicoïdales à 120°, ce qui permet lamise en rotation de la grenade (cettedernière est également munie d’unetige faisant stabilisateur dynamiquesur sa trajectoire).

1. La cartouche à balle PFAM pos-sède un étui en acier laqué, à paroisépaisses, serti sur autour de la por-tion émergente de l’ogive de sonprojectile, d’aspect gris mat.Celui-ci, long de 60 mm, est deforme oblongue, avec un téton decentrage, une ceinture rapportéepré-rayée en cuivre, et un long cônede queue sous-calibré. Il repose surla face supérieure du piston, élé-ment dont la partie arrière est enforme bague de diamètre croissant,ce qui le bloquera dans l’étui aprèsle tir.Sa longueur totale est de 102 mmpour un poids de 117 g (sans lacharge, les spécimens examinésayant été vidés).2. La cartouche propulsive PMAMest semblable à la précédente, maisdépourvue de projectile et foréed’un canal axial correspondant à latige stabilisatrice de la grenade, qui

repose sur la face supérieure du pis-ton cylindrique.On notera encore que les Spetsnazont récemment mis en œuvre unlance-grenade silencieux, le GG-19,opérant sur un principe comparable,monté comme accessoire sous lecanon de l’AKSU-74. Ce GG-19comporte une poignée-pistolet avecsa propre détente, distincte de cellede l’arme automatique et une culas-se à verrou. Son magasin reçoit 5propulsives de 5,45x39 M.74 fer-mées en rosette courte, introduitesdirectement dans une chambre pré-cédent un modérateur de son inté-gré. C’est ce silencieux qui est utili-se le principe du piston captif,lequel s’applique cette fois directe-ment dans la dite chambre et nondans l’étui d’une cartouche…

●●► Cartouche de 9,2 mm PFAM tireeet son propjectile(photo YB)

●●► Cartouchede 9,2 mm PFAMcomparee a une7,62 mm M.43

●●► Cartouche de9,2 mm propulsivePMAM tiree et sonpiston (photo YB)

Philippe REGENSTREIF

Crédit photos : P. Regenstreif