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ENQUÊTE L aboratoires pharma N°73 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 2013 36 Désireux de se consacrer davantage à la recherche et au développement de nouveaux médicaments, tout en gardant la maîtrise de leur Supply Chain pour atteindre le zéro défaut et une meilleure efficacité commerciale, les laboratoires nouent des relations plus étroites avec leurs partenaires logistiques et de production en leur confiant plus de missions. LABORATOIRES PHARMA Jusqu’où sous-traiter ? ©GEODIS SANTÉ

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N°73 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - AVRIL 201336

Désireux de se consacrer davantage à la recherche et au développement de nouveaux médicaments, tout en gardant la maîtrise de leur Supply Chain pouratteindre le zéro défaut et une meilleure efficacité commerciale, les laboratoiresnouent des relations plus étroites avec leurs partenaires logistiques et de production en leur confiant plus de missions.

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Bayer Pharma a signé récem-ment un nouveau contratd’une durée de plus de sept ans avec Geodis, luiconfiant toute sa logistique :

réception de commande, contrôlequalité, stockage, préparation de com-mande à l’unité, vignettage, condi-tionnement et préparation des expé-ditions vers les officines et les hôpi-taux en France. Le prestataire, qui aracheté le dépositaire Pharmalog en2011, voit depuis quelques années sonvolume d’activité augmenter sur cemarché très règlementé, soumis aux « Bonnes Pratiques de Distribution »européennes. Pour autant, sa branchesanté ne pèse que 100 M€ de C.A. horstransport (et 300 M€ avec) car les plusgros laboratoires, les « Big Pharma »comme on les appelle, n’ont pas tousfranchi le pas de l’externalisation. « Lemonde de la santé est très différent decelui du retail, souligne Laurent Parat,Directeur Général Adjoint de Geodis.C’est un univers de spécialistes etd’experts, une approche plus globalede l’externalisation n’est pas encoredans les gènes des grands labos. »

De nombreux bouleversementsPourtant, dans un contexte de concur-rence accrue, les laboratoires font faceà un marché en pleine mutation avecla montée en puissance des génériqueset la diminution des blockbusters(médicaments générant plus d'1 Md$de C.A. par an, tombés dans le domainepublic). De plus, compte tenu d’une

règlementation plus contraignante,beaucoup cherchent à se recentrer surleur cœur de métier (la recherche et ledéveloppement – R&D – de nouvellesmolécules) et confient davantage demissions à des spécialistes logistiques.Du coup, ces derniers développent denouveaux services à valeur ajoutée. « L’évolution du secteur est triple,constate Bertrand Bourgogne, Direc-teur Commercial de Movianto, dépo-sitaire présent dans 11 pays. En France,sous la pression liée au déficit de lasécurité sociale, les flux s’orientent versles génériques et la distribution directeaux pharmaciens. Les volumes sontimportants et les niveaux de prix, bas.Il faut être compétitif. Certains labora-toires orientent par ailleurs leur R&Dsur des spécialités à forte valeur ajoutéequi ne seront jamais « génériquées ». Aucentre, le marché est plutôt stable.Mais l’âge d’or des laboratoires estrévolu. Ils subissent une pression surles coûts et cherchent à mutualiser cer-taines prestations. Si les « Big Pharma» n’ont pas tous franchi le pas de l’ex-ternalisation, c’est plutôt pour des rai-sons de politique sociale. » Autrefoistabou, le sujet de l’efficacité écono-mique est ainsi devenu une préoccupa-tion majeure pour ces grands acteursde la santé. « Auparavant, cette indus-trie qui était riche ne se préoccupaitpas trop de la performance, constateStéphane Lescure, Responsable du pôleSanté & Bien-être chez Proconseil.Mais elle est confrontée à de nombreuxbouleversements. Le paysage se recon-figure avec les génériqueurs et lesfaçonniers qui augmentent leurs capa-cités de production. Les centres de pro-ductions se déplacent. Il y a denouveaux besoins de rationalisationdans le stockage et le transport. Leslaboratoires refondent leurs outils deproduction et doivent réajuster tousleurs canaux. A cela s’ajoute l’arrivéed’une réglementation européenne plussévère avec des audits plus sérieux surtoute la chaîne d’approvisionnement,notamment lorsque les matières pre-mières viennent des pays émergents. »

Une complexité accrueL’enjeu pour les laboratoires est doncd’améliorer leur compétitivité sur unmarché ou la grande disparité des pro-

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duits (des dédiés aux services hospita-liers aux parapharmaceutiques trèsproches des produits de grande consom-mation) fait naître plusieurs modèles deSupply Chain et conduit à une largediversification des canaux de distribu-tion, ainsi que des services logistiquesassociés. « La filière de distribution dumédicament en France repose large-ment sur un réseau d’intermédiairesrendu nécessaire par le nombre de réfé-rences et de points de livraison »,constate Stéphane Ghioldi, DirecteurOpérations Excellence CapgeminiConsulting. Près de 22.700 pharma-cies, les hôpitaux, les maisons deretraite et parfois même, certainspatients, sont ainsi livrés quasimenttous les jours en produits très diversavec un impératif de zéro défaut cardes vies humaines en dépendent. La question de la sécurité sanitaire, au cœur des préoccupations, poussechaque acteur à prendre ses responsa-bilités sur la traçabilité dans toute lachaîne du médicament. « A l’origine,notre métier était purement celui d’un logisticien qui reçoit un produitpharmaceutique, le stocke et envoieles commandes aux hôpitaux ou aux officines, explique Jean Paul Pihen,Directeur Général de CSP (Centre Spé-cialités Pharmaceutiques). Mais il asuivi les évolutions de l’industrie qui aintroduit de nouvelles formes galéniques[ndlr : comprimés, gélules, sachets,solutions buvables, suspensions injec-tables, etc.], des produits congelés, desproduits plus sensibles aux tempéra-tures et plus ciblés qui imposent desprocédures strictes de préparation, destockage et de transport. »

Une collaboration renforcéeCette complexité accrue conduit lesacteurs pharmaceutiques à renforcerleur collaboration avec leurs parte-naires sur tous les maillons de lachaîne. « En priorité, les labos cher-chent à établir un contact direct avecleurs clients et à garder ainsi un fluxsignificatif en prise avec la demandeclient – passage de commande, livrai-son, facturation – en liaison avec lesforces commerciales. Le niveau desous-traitance de la logistique de dis-tribution des laboratoires est aujour-d’hui déjà élevé avec les grossistes

répartiteurs et les dépositaires. Laquestion qui se pose est plutôt de faireévoluer la nature des relations et descontrats avec les acteurs de la chaîneque sont les prestataires et ainsi appor-ter des services à valeur ajoutée sou-vent déployés dans le retail et lesproduits grande consommation. Commeune préparation des commandes faci-litant le rangement en pharmacie, uneoffre de livraison garantissant deslivraisons J+ 1 sur toute la France, unsystème de réapprovisionnement auto-matique, des flux différenciés suivantles caractéristiques de rotation desproduits pour limiter les stocks sur lachaîne, une traçabilité étendue »,ajoute Stéphane Ghioldi.

Des prestations étendues…« Nos clients nous demandent de tra-vailler avec leurs services études surl’optimisation de leur chaîne en amontet sur l’optimisation de leur distribu-tion physique, parfois de faire du suiviet du support pour les appels d’offreshospitaliers, de la facturation et durecouvrement. Le terme de dépositairen’est plus tout à fait approprié,constate Jean-François, Fusco, Direc-teur Général Europe d’Aexxdis (groupeFM Logistic) et Président de LogSanté,syndicat qui regroupe les dépositairesà valeur ajoutée. Initialement, c’estnotre métier mais il a évolué vers unstatut de « compliant ». Le dépositairepeut être exploitant et fabricant. Cetournant ne date pas d’hier mais nousallons de plus en plus loin. » Au fil dutemps Aexxdis est ainsi devenu « unapporteur de services de Supply Chainpour la santé et le bien être ». Il a dûorganiser ses processus et son systèmed’information en conséquence. Pour répondre aux exigences de BayerPharma, qui gérait auparavant sesactivités logistiques en interne ens’appuyant en partie sur des réparti-teurs pharmaceutiques, Geodis a deson côté investi dans un nouvel outilinformatique et développe actuelle-ment un portail web pour permettreaux officines de suivre leurs colis. Il lui reste à mettre en place descontrôles de températures de bout enbout de la chaîne et à gérer les sur-conditionnements des retours. Mais legroupe est déjà considéré comme un

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centre de profit pour le laboratoire quipeut désormais se recentrer sur laR&D et sur la vente.

… et enrichiesCSP, qui se positionne comme un par-tenaire de l’industrie pharmaceutiqueet travaille pour plus de 130 labora-toires, ne cesse aussi d’enrichir ses prestations. « Dernièrement, nous avonsrépondu aux besoins de Novartis pourses produits congelés. Chaque labora-toire a ses propres exigences. Nous nousappuyons sur un bureau d’étude intégréet sommes en veille permanente », pré-cise Jean-Paul Pihen. Sur les questionsessentielles de la traçabilité, le déposi-taire a été parmi les précurseurs. Dèsson entrée dans l’entrepôt, le médica-ment est enregistré et contrôlé, iden-tifié dans le système d’information(numéro de lot, date de péremption,ensemble des informations de mani-pulation du produit, emplacement destockage, …) et toutes ces informa-tions sont accessibles directement par

les différents opérateurs de CSP grâceaux technologies de lecture optique(Datamatrix, codes-barres) et à l’uti-lisation de la radiofréquence. Auniveau des chaînes et des ateliers depréparation, des pesées systématiquessont effectuées et un algorithme infor-matique vérifie la conformité du colispar rapport à son poids attendu. Toutenon-conformité détectée redirige lecolis vers un poste d’audit spécifiquepour contrôle. « Nous nous appuyonssur un département qui centralisetoutes les réclamations et une base dedonnées qui donne des informationssur la qualité des emballages aux labos », ajoute Jean- Paul Pihen. Cer-tains laboratoires lui demandent derépondre aux appels d’offres des hôpi-taux, de réaliser les audits de leur usineet vont jusqu’à solliciter ses conseils enmatière d’immobilier logistique et deconception d’entrepôts ! ■

PASCALE JANVIER©

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DHL Global ForwardingDes médicaments dans les airs

sous bonne températureL’art et la manière de maintenir les médicaments dans des plages acceptables de températures lors dutransport aérien.

L’import et l’export de médica-ments nécessitent de porter uneattention particulière aux pro-

blématiques de températures, en par-ticulier lorsqu’il s’agit de fret aérien.C’est vrai bien évidemment pour lesmédicaments biologiques, qui doiventêtre transportés dans une plage detempératures bien précises, mais aussipour les médicaments chimiques « classiques », dont la majorité peu-vent se contenter d’un transport à « température ambiante ». Car la tem-pérature ambiante d’un pays à climattempéré n’a rien à voir avec les 40°Cd’un tarmac surchauffé à Dubaï ouNew Delhi sur lequel le conteneur demédicaments peut séjourner plusd’une heure en attente d’être chargédans la soute d’un autre avion lorsd’une escale. Pour répondre à ce pro-blème, les logisticiens ont plusieurscordes à leur arc. DHL Global Forwar-ding France, qui exploite à Roissy unezone de transit dédiée à la pharma de2.000 m2 divisée en trois cellules(1.400 m2 pour 15/25°C, 400 m2 pour2/8° C et 10 m2 pour -20°C), proposeainsi deux types de packaging, selonles contraintes liées aux médicamentstransportés et aux conditions du vol.Il y a d’une part l’équipement actif,qui est un conteneur aérien (Enviro-tainer) dont le contrôle de la tempé-rature est assuré par un système debatteries accumulatrices ou par l’utili-sation de carboglace.

Combinaisons de gel packsD’autre part, il existe également desemballages dits passifs, du plusbasique au plus sophistiqué. La cou-verture isotherme (thermal blanket)peut protéger la palette avion desvariations brusques de température,mais si le temps de vol est importantavec escales, il est préférable derecourir à ce que DHL Global Forwar-ding appelle le Pallet Shipper. C’est un

emballage rigide qui protège la paletteou les colis, avec sur son pourtour desinterstices faisant office de fourreauxdans lesquels peuvent être insérés des« gel packs » à différentes tempéra-tures. A l’image de celles utiliséesdans des glacières de pique-nique, ces

cartouches d’eau ou de glace absor-bent les chocs de températures et peu-vent par exemple maintenir la tem-pérature entre 2 et 8°C pendant 120 heures. Le nombre, la températureet la répartition de ces gel packs surle Pallet Shipper ne s’improvisent pas : ils ont fait l’objet d’études enamont du laboratoire pharmaceutiqueà partir des données techniques et destests établis par le fournisseur de l’em-ballage (Emball’iso). La préparation duPallet Shipper, effectuée par DHL Glo-bal Forwarding, peut ainsi inclure unecombinaison de gel packs à -20°C et à+2/+8°C, qui varie selon le temps detransport, la saison (profil été ouhiver) ou encore la durée des escales.

Traçabilité porte à porteEn théorie, lors de longues escales oude retards, le fret est stocké en tempé-rature contrôlée dans un entrepôt dela compagnie aérienne ou du com-missionnaire de transport. « De plusen plus de laboratoires ont des exi-gences très strictes en matière de tem-pérature lors du transport et certainspays importateurs comme l’ArabieSaoudite, Taiwan, le Brésil, ou encoreles Etats-Unis demandent des preuvesde températures lors du trajet entrel’expéditeur et l’aéroport final avantd’accepter les médicaments sur leursol », explique Cédric Porte, en chargedu développement pour DHL GlobalForwarding France de l’industrie phar -maceutique pour l’aérien et le mari-time. C’est pour cette raison que lelogisticien vient de lancer l’offre Thermonet, qui combine la solution « smart sensor » (enregistrement de latempérature pendant toute la durée dutransport) avec le service LifeConEx(suivi fin des expéditions, étape parétape avec alertes proactives), en s’ap-puyant sur son réseau de hubs pharmaqui compte une quarantaine de sitesdans le monde. ■ JEAN-LUC ROGNON

Cédric Porte, en charge du

développementpour

DHL Global Forwarding

France de l’industrie

pharmaceutiquepour l’aérien et le maritime

Différentes tailles de Pallet Shipper dans lesquels viennent s’insérer des gels packs.

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Des situations contrastéesSi la tendance à sous-traiter s’accroît chez les laboratoires pharmaceutiques, les réticences ne man-quent pas non plus, comme en témoignent les exemples suivants, et la confiance se gagne de hautelutte et dans la durée…

Le Laboratoire Aguettant garde le contrôle

Entreprise familiale, pionnière sur lemarché de l’injectable, le LaboratoireAguettant doit respecter un niveau dequalité extrêmement élevé pour desproduits qui vont directement dans lesveines des patients. Certains sont des-tinés aux blocs urgence des hôpitauxet à la réanimation, d’autres sont des cocktails d’oligo-éléments, desproduits de niche ou encore des auto-injectables. Avec deux usines enFrance, le Laboratoire sous-traiteenviron un tiers de sa production àdes entreprises européennes pour desraisons de technologie ou de capacité.Depuis quelques années, la logistiquegérée en interne a été centralisée enFrance sur une seule plate-forme de11.000 m2 à Lyon qui a remplacé cinqou six plates-formes régionales. De là partent les livraisons pour les 3.000 clients cliniques et hôpitaux etpour quelques autres laboratoires.Trois filiales en Asie alimentent parailleurs d’autres pays. Si la questionde l’externalisation s’est déjà posée,elle a vite été balayée d’un revers de lamain. « J’ai mené une étude qui adémontré que l’enjeu économique nejustifiait pas de transfert. Nous avonsun outil qui fonctionne bien », expliqueRégis O’Mahony Directeur SupplyChain. L’entreprise a dû néanmoinss’organiser pour respecter toutes lesprocédures imposées par les autoritésde la santé qui contrôlent tous lesdeux ans l’établissement, d’autant

qu’il gère désormais « l’échantillo-thèque », le stockage d’échantillonspendant toute la durée de vie des pro-duits, auparavant confié aux usines.L’ensemble des collaborateurs qui pré-parent plusieurs milliers de lignes decommandes chaque semaine ont étéformés aux Bonnes Pratiques de Dis-tribution en Gros (BPDG). Le labora-toire s’est vu décerner en 2011 unTrophée de la Logistique Durable,récompensant son système de caden-cement des livraisons aux hôpitaux.

Expanscience fait confiance aux spécialistes

Positionné sur la santé et le mieuxêtre, avec des produits qui vont de laprise en charge de l’arthrose à celledes maladies parodontales, en passantpar le soin de la peau, le LaboratoireExpanscience a choisi il y a 15 ans desous-traiter sa logistique de distribu-tion : entreposage, préparation et ges-tion des retours. « L’enjeu est surtoutde laisser ce métier à des spécialistesqui maîtrisent la technologie de pré-paration détail, le management d'unentrepôt avec des équipes spécialisées,s’appuient sur un système d'informa-tion et suivent les règlementations »,raconte Christophe Sarafian, Directeurde Projet en Turquie (ex-Responsabledes services logistiques). Le transport,quant à lui, a toujours été sous traitécar « c'est le plus efficace compte tenude la volumétrie moyenne des com-mandes ». L’entreprise s’interroge régu-lièrement sur l’opportunité de revoir

ces décisions de sous-traitance enanalysant les coûts et la création de valeur liés à ces choix. « A cettequestion, nous avons invariablementrépondu non. Nos prestations sontencadrées par des contrats et descahiers de charges qui définissent trèsprécisément les rôles et responsabilitésde chacun. C'est selon moi un pré-requis pour une relation de qualité ».

Fresenius Kabi centralise sa logistique

Entreprise internationale, FreseniusKabi a grossi par croissance externe.Elle développe, produit et commercia-lise aussi bien des médicaments géné-riques injectables, solutés, produits denutrition clinique que les dispositifsmédicaux nécessaires à l'administra-tion de ces produits. Implantée enFrance sur plusieurs sites, l’entreprisea décidé d’intégrer et de centraliser salogistique en 2011 en implantant sonentrepôt en Normandie, non loin deson unité de production de Louviers. « La plupart des activités logistiquesdes entreprises que nous avons rache-tées étaient externalisées. Internalisera été un choix à la fois social et desauvegarde d’un savoir-faire appréciéde nos clients », raconte Hervé Ley-gnac, Directeur Supply Chain. C’estd’un entrepôt construit sur mesure, res-pectant les dernières normes régle-mentaires, notamment les températures15-25°C, d’où sont livrés les hôpitaux,grossistes, pharmacies, maisons deretraite et domiciles des patients. Letransport quant à lui est désormaisassuré par un transporteur unique etspécialisé, Eurotranspharma.

Ethypharm reste propriétaire de ses stocks

Laboratoire dédié au développementde formes galéniques sophistiquées,Ethypharm développe et fabrique desproduits à forte valeur ajoutée (gra-nules enrobés à libération modifiée,comprimés orodispersibles, formessublinguales…) dans deux unités de

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Directeur Supply Chain,LaboratoireAguettant

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production et mise fortement surl‘innovation. L’entreprise a toujoursconservé le stock qui lui appartenaitpour garder sa flexibilité et gagner enréactivité. Elle est même sur le pointd’augmenter la capacité de ses maga-sins de 15 à 20 %. « Nous livronsdirectement nos clients qui font lespackagings ou des dépositaires quieffectuent ensuite la répartition entreles différents sites de livraison, préciseJean-Pascal Hardy, Directeur SupplyChain. Le marché est de plus en plusrigoureux, les délais de livraisons deplus en plus courts et le fait de s’ap-puyer sur un magasinage au plus prèsde nos sites de production nous aide àne pas perdre de temps. »

Galderma cherche les bons transporteurs

Filiale de l'Oréal et Nestlé, Galderma estune société pharmaceutique spécialiséeen dermatologie. L’entreprise, qui inves-tit plus de 16 % de son chiffre d’affairesen R&D, a acquis au fil du temps plu-sieurs usines pour élargir ses gammes de

Distribution pharmaceutique : qui fait quoi ?

■ Les dépositaires élargissent leur champ d’activitéRégis par le Code de la Santé Publique, les dépositaires(comme Alloga, Aexxdis, CSP, Eurodep, Geodis, Movianto…)sont des distributeurs pour le compte d’entreprises de santéqui leur confient leurs produits par contrat de gré à gré. Ilsapprovisionnent chaque jour les établissements de santé,publics et privés, les agences de répartition et les pharmaciesd’officine. Leurs réseaux et leurs infrastructures peuvent pren-dre en charge le médicament dès sa sortie de production etson acheminement dans les meilleures conditions et en toutetraçabilité auprès des points de répartition et de dispensation.Etablissement à vocation régionale, nationale ou européenne,le dépositaire gère un stock avancé de médicaments pour faireface à toute demande et représente une réelle sécurité pourla Santé Publique. Ce professionnel n’est pas propriétaire dustock et agit en qualité de mandataire commissionné par leslaboratoires pour un secteur géographique et des prestationsde services contractuellement définis. L’évolution du secteur dela santé conduit certains dépositaires à devenir des établisse-ments pharmaceutiques de fabrication limitée au conditionne-ment extérieur, certains sont importateurs, libérateurs.D’autres ont un statut pharmaceutique d’exploitant. Leurchamp d’activité matériel ne cesse de s’élargir avec les dispo-sitifs médicaux, produits de diététique spécialisée pour la nutri-tion clinique, la dermo-cosmétique. ■

■ Les grossistes répartiteurs livrent les officines au fil de leurs besoinsChargés d’une mission de service public confiée par l’Étatdepuis 1962, les grossistes-répartiteurs doivent assurer lebon approvisionnement quotidien des près de 22.700 phar-macies françaises Ils sont moins d’une dizaine en France(groupe OCP, Alliance Healthcare France, réseau Cerp,Phoenix Pharma…. ) et gèrent près de 30.000 référencesen s’appuyant sur 180 établissements pour garantir auxpharmaciens un service de proximité, avec un stockage àmoindre coût et la livraison des médicaments au fil de leursbesoins. En plus de cette optimisation des stocks en amontet en aval, ils déchargent le pharmacien de la gestion directede plus de 600 fournisseurs. Outre la traçabilité – renforcéedepuis janvier 2011 – pour se prémunir des contrefaçons etrespecter la chaîne du froid des produits thermosensibles, lerépartiteur assure, dans un délai très court, le retrait deslots de médicaments que l’ANSM (Agence Nationale deSécurité du Médicament) décide d’interdire. Ils doivent res-pecter trois obligations de service public : référencer aumoins les 9/10ième des présentations des médicamentsexploitées en France auxquelles s’ajoutent les accessoiresmédicaux; avoir un stock d’au moins deux semaines deconsommation et livrer tout médicament en stock dans les24 heures suivant la réception de la commande. ■

produits. Néanmoins, environ 40 % desa production est sous-traitée, notam-ment pour certaines formes sèches. Lalogistique, quant à elle, l’est entièrementdepuis plusieurs années. En 2003, aprèsavoir confié l’élaboration d’un cahierdes charges au cabinet Proconseil, lelaboratoire qui refuse de se reposerentièrement sur son prestataire logis-tique pour continuer à piloter les per-formances, a choisi CSP commeprestataire. Du côté des transporteurs,

des appels d’offres sont régulièrementlancés. « Notre problématique principaleest liée aux questions de températuresdirigées et au respect des bonnes pra-tiques de distribution car certains de nosproduits ne doivent pas être transportésavec d’autres. Peu de sociétés de trans-port proposent des solutions bi-tempé-ratures en 2-8 °C ou 15- 25°C »,explique Karine Bon, Chef de projetamélioration logistique et Responsabledu transport. ■ PJ

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Eurotranspharma : un transporteur dédié 100 % à la santé

Né en 2011 du rachat des sociétés de transportTranslab, Labo Marc Lainé et Transport Dufour,Eurotranspharma est l’un des rares prestataires às’être spécialisé dans le transport uniquement deproduits pharmaceutiques. « Nous avions viteconstaté que le marché était en train de changeravec des besoins de spécialisations sur les canauxpharmacies, grossistes et hôpitaux », raconte Stéphane Baudry, PDG. Les nouvelles « BonnesPratiques de Distribution européenne », l’arrivéede Centres de Distribution Européens (EDC), quidélivrent les produits dans plusieurs pays, condui-sent à une massification des transports par canauxde distribution. « Sur ces plates-formes, des produits

arrivent de France, d’Allemagne ou d’Espagne etsont distribués dans les hôpitaux. Il faut des trans-porteurs capables d’assurer des livraisons à J+1 deproduits en températures dirigées 2-8 °C, en bi-tem-pératures, tout en garantissant une excellente tra-çabilité ». L’entreprise présente en France avec 14 agences est membre fondateur de EALTH(European Association for Logistic and Transportin Healthcare), réunissant les principaux opéra-teurs du marché européen, dont l’objectif est depromouvoir l'expertise des professionnels de laSupply Chain pharmaceutique auprès des autoritéseuropéennes et des acteurs privés/publics du sec-teur de la santé. ■ PJ

Stéphane Baudry, PDG d’Eurotranspharma

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La vente de médicament sur Internet

va-t-elle changer la donne ?Les pharmaciens d'officine peuvent désormais vendre sur le Net desmédicaments OTC (délivrés sans ordonnance et non remboursés). Ilsdevront néanmoins respecter un code de bonne conduite, en cours depréparation. Ce nouveau mode de distribution ne devrait pas dans l’im-médiat bouleverser le marché comme l’estime Stéphane Ghioldi, Direc-teur Opérations Excellence Capgemini Consulting : « Le développementde ce canal reste encore limité dans l’Hexagone. Au-delà du réglementaire,la plus grosse crainte de l’ensemble des acteurs reste la contrefaçon (éva-luée à 50% des produits disponibles sur Internet par l’OMS) A court terme,ce canal restera anecdotique en France, mais il est certain qu’à l’avenirles acteurs de la logistique du dernier kilomètre pourraient jouer un rôledans cette distribution que les flux soient BtoC ou BtoBtoC. Le développe-ment de solutions digitales du type QR code ou puce intelligentes pourraità terme répondre au sujet de la contrefaçon ». ■ PJ

Le façonnier Macors devient un planificateur

En 10 ans, le façonnage pharmaceutique a vu son C.A. quintupler grâce à la montée en puissancedes génériques et aux besoins des grands labos d’externaliser leurs capacités de production. Cedéveloppement devrait se poursuivre, favorisé par les stratégies de restructurations et de mégafusions entre « Big Pharma », qui se traduisent par des désengagements de la production de grandsgroupes. L’exemple de Macors. Basé à Auxerre avec un site en région parisienne, Macors est un façonnier, sous-traitant de l’industrie phar-maceutique, spécialisé depuis 1992 dans la production de formes sèches orales (comprimés, dragées,gélules). L’entreprise fournit les « Big Pharma » et les « génériqueurs » mais son cœur de métier est de tra-vailler pour des laboratoires « Mid Pharma » tels que Pierre Fabre ou Norgine. L’entreprise réceptionne lesmatières premières et les transforme pour en faire des produit finis, propres à la consommation du grandpublic. Maîtrisant l’information en amont et en aval, l’entreprise devient « un planificateur », comme la défi-

nit Philippe Benoit, son Directeur Général : « Cette maîtrisede l’information, comme par exemple, les dates de péremption denuméros de lots, est très importante dans la chaîne ». Intervenantde plus en plus sur les achats de ses clients, Macors calculeleurs besoins et soumet des ordres d’approvisionnementsen matières premières. L’entreprise a développé en interneson propre logiciel de planification qui lui permet de maîtri-ser l’ensemble de ses flux internes à trois mois, d’optimiserson cycle de production, d’améliorer sa gestion de stock etlui procure un service « on time and full » à plus de 90 % etune flexibilité de l’appareil de production sur un mois, en casd’évolution des commandes. « Généralement, nous savons audernier moment ce que nous devons fabriquer. Il faut être flexibleet réactif pour ne pas provoquer de rupture sur un marché. A cause de cette volatilité, de ces besoins de flexibilité et de maî-trise de l’information, nos partenariats avec les nos clients se res-serrent ». L’entreprise s’apprête à mettre place une politiquede dédouanement sur l’eau avant débarquement, pourgagner du temps et optimiser le transport multimodal, et àproposer l’externalisation d’un service de transport (global)pour les clients qui en font la demande. ■ PJ

Stéphane Ghioldi, Directeur Opérations ExcellenceCapgemini Consulting

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