Journée du « CReAAH » Archéologie Archéosciences … · pondérante dans la détermination des...

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Rennes 2 avril 2011 Campus de Beaulieu Amphithéatre L. Antoine Journée du « CReAAH » Archéologie Archéosciences Histoire

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Rennes2 avril 2011

Campus de BeaulieuAmphithéatre L. Antoine

Journéedu « CReAAH »

Archéologie Archéosciences

Histoire

S o m m a i r e

Résultats préliminaires de l’analyse fonctionnelle du gisement paléolithique final de la Fosse (Villiers-Charlemagne, Mayenne) Jérémie Jacquier P. 1

Contacts et échanges au cours des 9e-8e millénaires avant notre ère dans l’ouest de la France : enquête sur l’organisation chrono-culturelleSylvène Michel P. 3

L’art pariétal et mobilier des « grottes de Saulges » : résultats de la campagne 2010Romain Pigeaud, Hervé Paitier, Jean-Pierre Betton, Pascal Bonic P. 4

Du nouveau sur la Lande de Cojoux à Saint-Just (Ille-et-Vilaine)André Corre P. 7

Variabilité des dépôts mortuaires dans les fossés des enceintes néolithiques du Centre-Ouest de la France Patricia Semelier P. 11

De la fin de la période ourartéenne à l’empire Perse achéménide : synthèse des travaux de la mission archéologique franco-arménienneStéphane Deschamps P. 12

Récipients à ornementation figurative découverts en Haute Birmanie Anne-Sophie Coupey, Jean-Pierre Pautreau P. 15

Le mégalithisme Sénégambien – Projet WANAR, Nouveaux développements, nouveaux acquis Luc Laporte, H. Bocoum, J.-P. Cros, A. Delvoye, V. Dartois, M. Diallo, M. Lejay, M. Diop, F. Bertin, L. Quesnel P. 19

La céramique de type Brittle-Ware à Europos-Doura (Syrie)Marie Tuffreau-Libre P. 21

Fours et production de céramique dans un contexte « d’entre deux » Grecs et non Grecs à l’Incoronata au VIIIe et VIIe siècle avant J.-C.Mario Denti P. 23

Existait-il une route de la variscite au Néolithique entre la péninsule Ibérique et le Morbihan ? Guirec Querré, Serge Cassen, Thomas Calligaro P. 27

Nouvelle découverte de l’âge du Bronze en Vendée : le dépôt de haches de Mouilleron-en-Pareds du Bronze moyen 2 (Vendée)Muriel Mélin, Yann Lejeune, Cécile Le Carlier P. 28

Le tripode en bronze à protomés d’animaux présumé celtique de Nantes : De l’âge du Fer… au Moyen Âge ! José Gomez de Soto, Guy De Mulder P. 30

Un site d’acquisition et de transformation de la dolérite du Néolithique dans le nord-ouest de la Mayenne Gwenolé Kerdivel, A. Torrado Alonso, E. Mens et le GRAM P. 33

Photo de couverture : Mario DentiIncoronata, Secteur 1C. Au milieu, le plan de l’aire de combustion du four (des fours ?) US 130 ; au fond, les éléments de la phase

de la deuxième moitié du VIIe siècle (la strate US 82 et l’alignement des pierres, US 147) ; en premier plan, les deux trous de poteau

S o m m a i r e

Les crabes : des marqueurs des paléoenvironnements et des activités humaines mésolithiquesCatherine Dupont, Yves Gruet P. 36

Étude pluridisciplinaire de Murol : résultats de la campagne de 2010 et propositions d’analyses (Puy de Dôme)Dominique Allios P. 38

Histoire de la végétation sur le massif de Paimpont au cours des 12 500 dernières années Jean-Charles Oillic P. 40

Une mine de plomb datée de l’Age du Fer en Bretagne (France)Cécile Le Carlier, Vincent Bernard, Alexandre Mahé P. 42

La métallurgie du fer en Centre Ouest Bretagne à l’Age du fer : Problématique de la thèse et premiers résultats de la campagne de prospection de 2010-2011 Nadège Jouanet-Aldous P. 43

POSTERS

Les ateliers de potiers antiques de la péninsule armoricaine Isabelle Brunie P. 46

L’analyse des objets à base cuivre protohistorique de l’Ouest de la France L’importance de la représentativité des analyses à l’échelle régionale Cécile Le Carlier, Jean Christophe Le Bannier, Cyril Marcigny, Muriel Fily, Muriel Mélin P. 48

Les résidences fortifiées médiévales : quelques exemples de sites fossoyés du MorbihanLucie Jeanneret P. 49

Acquisition et gestion des ressources animales sur un atelier de bouilleur de sel au IIIe - IIe siècle av. J.-C. : Le site de Dossen-Rouz (Locquémeau-Trédez ; Côte d’Armor) Caroline Mougne, Catherine Dupont, Anna Baudry, Marie-Yvane Daire P. 51

L’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) Le projetAlexandre Poudret-Barré P. 53

L’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) Les partenairesAlexandre Poudret-Barré P. 54

L’Atlas archéologique des biens culturels maritimes de l’Arc atlantiqueAlexandre Poudret-Barré P. 56

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Le gisement de la Fosse se situe à une trentaine de kilomètres au sud-est de Laval. Il s’agit d’un site de plein air en fond de vallée, à proximité d’un des plus grands méandres de la rivière Mayenne. Ce site, découvert en pros-pection par B. Bodinier au début des années 2000, fait l’objet d’une fouille programmée depuis 2007 (Naudinot et Jacquier, 2010). Les vestiges mis au jour, essentiellement lithiques, permettent de rattacher l’occupation à l’extrême fin du Tardiglaciaire, à la transition Pléistocène/Holocène (Nau-dinot, 2010). La surface investie par la fouille s’élève aujourd’hui à 85 m2. La concentration principale presque entièrement dégagée se présente sous la forme d’une nappe circulaire de 5 m de diamètre, organisée autour d’une probable aire de combustion non aménagée. Le débitage, effectué à la pierre tendre sur des matériaux exo-gènes, est orienté vers la production de supports lamino-lamellaires régu-liers et rectilignes (ibid.). L’outillage retouché, principalement façonné sur ce type de support, est dominé par les grattoirs (113) et les troncatures (111),

les burins étant également bien repré-sentés (67). Les éléments d’armatures très bien représentés dans l’assem-blage ont livré des informations par-ticulièrement intéressantes concernant la diffusion de concepts ahrensbour-giens et l’apparition de projectiles à tranchants transversaux dès le Paléoli-thique final (ibid.). La cohérence spa-tiale de l’occupation en fait un gise-ment clef pour la compréhension des groupes de la fin du Tardiglaciaire.L’étude tracéologique de ce site vise à définir les activités pratiquées par ces groupes et s’insère dans une pro-blématique plus générale développée dans le cadre d’une thèse de doctorat à l’université de Rennes 1. Celle-ci a pour objectif de définir les modalités d’utilisation de la production lithique au Tardiglaciaire dans l’Ouest de la France et leur évolution par rapport aux changements environnementaux. La méthode employée, développée par L. H. Keeley, utilise les observa-tions à faible et fort grossissements et donne aux micropolis une place pré-pondérante dans la détermination des matériaux travaillés (Keeley, 1980).

L’ensemble de l’assemblage est af-fecté par un lustré de sol qui se tra-duit par une forte luisance mais qui n’altère que peu ou localement les micro-reliefs du silex. Ce type d’al-tération très commun sur les assem-blages archéologiques nuit à la lecture des traces d’utilisation les plus ténues et peut oblitérer totalement les polis, notamment de viande qui ne modifient pas eux-mêmes la micro-topographie du silex. Des dégradations de surface plus importantes sont également pré-sentes mais de façon très localisées et ne posent généralement pas de pro-blèmes d’interprétation. Les résul-tats présentés ici proviennent en très grande majorité de l’observation des vestiges de l’unité 1.L’analyse met en évidence une prédo-minance flagrante du travail des ma-tières animales et particulièrement de la peau. Les traces relatives au travail de ce matériau, dont les états de frai-cheur n’ont pour l’instant pas encore été clairement définis, sont présentes sur de nombreux outils et supports bruts. Les actions transversales sont majoritairement observées sur les

Résultats préliminaires de l’analyse fonctionnelle du gisement paléolithique final de la Fosse (Villiers-Charlemagne, Mayenne) Jérémie Jacquier

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fronts des grattoirs. Les traces de dé-coupe quant à elles sont présentes sur de nombreux bords réguliers de sup-ports variés, pièces tronquées, bords latéraux des grattoirs, supports des burins, lames brutes.Le travail des matières osseuses a été exclusivement repéré sur les arêtes des pans de burins. Les stigmates observés se rapprochent plus de l’os que du bois de cervidé. La cinématique unique correspond à un raclage (fig.1). Ce type d’outil est très fréquemment uti-lisé avant l’extraction de la chute dans des travaux liés à la peau, principale-ment en découpe.Les traces de travail sur du minéral sont visibles sur une dizaine de pro-duits bruts et sur une pièce retouchée. Le geste le plus fréquemment rencon-tré correspond à de la percussion lan-cée. La morphologie des zones actives et les supports employés renvoient aux interprétations d’entretien de per-cuteurs de pierre tendre proposées par J. P. Fagnart et H. Plisson pour les pièces mâchurées des sites d’atelier belloisiens de la vallée de la Somme (Fagnart et Plisson, 1997). Trois sup-ports portent des traces attribuables à un geste de raclage.Même si le corpus étudié à ce jour n’est pas représentatif, ces résultats donnent un aperçu des activités pra-tiquées par les préhistoriques de la Fosse qui, outre la taille attestée par la présence de nombreux nucleus et pièces techniques et la fonction pro-bable des pièces mâchurées, sont do-minées par l’acquisition et la trans-formation des matériaux animaux. Le travail des matières végétales n’a pour l’instant été observé que sur une seule lamelle brute. La poursuite de l’ana-lyse permettra de préciser la place de cette ressource dans l’économie des occupants de la Fosse. Les éléments d’armatures de projectiles, répartis principalement à proximité immédiate de l’aire de combustion, n’ont pas été étudiés. Les observations macrosco-piques effectuées par N. Naudinot mettent en évidence un taux d’apex et de pièces impactées très réduit et une proportion importante d’ébauches et de cassures simples. Ces informations témoignent de la présence d’activités

de fabrication et de réfection d’armes de chasse autour du foyer (Naudinot, 2010). L’abondance et la diversité des traces relatives à la peausserie attes-tent de l’importance de cette activité sur le site. La difficulté de lecture des polis d’utilisation et l’absence de ré-férentiel précis rendent la caractérisa-tion de l’état de fraicheur des peaux malaisée. Il n’est donc pour l’instant pas possible d’affirmer la présence des phases de dépeçage sur le site. Les phases intermédiaires de prépa-ration sont par contre très bien re-présentées par les actions de raclage repérées principalement sur les fronts des grattoirs et attribuables au travail d’amincissement des peaux. L’abon-dance des traces relatives aux actions de découpe (englobant peut-être les phases de dépeçage) suggèrent égale-ment la présence d’étapes terminales de la chaine opératoire. Le travail de l’os exclusivement en raclage reste à vérifier en poursuivant l’étude de cette unité et en étendant l’échantillonnage dans d’autres secteurs du gisement. Ces résultats préliminaires montrent l’importance de cette méthode pour la restitution des activités passées, particulièrement dans des contextes comme celui-ci où les vestiges orga-niques font cruellement défaut.

Jérémie JacquierDoctorant, université Rennes 1

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes

BibliographieFAGNART J. P., PLISSON H., 1997 – Fonc-tion des pièces mâchurées du Paléolithique final du Bassin de la Somme : caractères tracéolo-giques et données contextuelles, in : Fagnart J. P., Thévenin A. (dir), Le Tardiglaciaire en Europe du Nord-Ouest, actes du 119e congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Amiens 1994), p. 95-106.

KEELEY L. H., 1980 - Experimental determi-nation of stone tool uses : a microwear analysis, Chicago : University of Chicago Press : 212 p.

NAUDINOT N., 2010 – Dynamiques techno-économiques et de peuplement au Tardigla-ciaire dans l’Ouest de la France, Thèse de doc-torat de l’université de Rennes 1, 731 p.

NAUDINOT N., JACQUIER J., 2010 – La Fosse (Villiers-Charlemagne, Mayenne), rap-port de fouille intermédiaire de l’opération plu-riannuelle 2009/2011, 82 p.

Fig.1 : Burin dièdre réunissant trois zones actives. Zones 1 et 2 : raclage d’os, zone 3 : raclage d’une matière indéterminée. Photo prise de chant en a, grossissement 500x, micropoli osseux sur la nervure pan/face dorsale.

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Grâce à un récent travail de thèse consacré aux industries lithiques des premiers groupes mésolithiques de l’Ouest de la France (groupes à triangles isocèles du Centre Ouest, groupe finistérien de Bertheaume), l’appréciation de la géographie cultu-relle et de l’organisation chronolo-gique des entités techniques en jeu a pu être renouvelée.

Pour les groupes à triangles isocèles les armatures ne permettent pas d’at-tribuer le Centre-Ouest à un des trois techno-complexes définis en Europe de l’Ouest pour le 9e millénaire avant notre ère (Mésolithique du Nord-Ouest européen/Beuronien/Sauve-terrien). Certes, les choix stylistiques sont éloignés de ceux qui définissent le Mésolithique du Nord-Ouest euro-péen, mais les carquois de la France atlantique associent en revanche des traits considérés comme typiquement sauveterriens et d’autres considérés comme typiquement beuroniens. Il faut également préciser que certains choix stylistiques n’apparaissent pas dans la définition des complexes jusqu’alors établis, et semblent bien plus spécifiques à la zone d’étude. Cette étude montre donc, comme l’ont déjà évoqué d’autres travaux français, que l’organisation cultu-relle est plus complexe qu’un Méso-lithique ouest-européen tripartite. Le «melting-pot» stylistique que révèle le fonds microlithique dans l’Ouest de la France est certainement dû à des contacts et à de vastes réseaux d’in-teractions croisées, réseaux qui s’ex-priment également au travers d’une part de partages d’outils à plus large

échelle (dont les couteaux à encoches basilaires) et d’autre part de choix techniques communs aux groupes ouest européens.

Les dernières données lithiques et radiométriques concernant le groupe de Bertheaume n’alimentent pas les théories diffusionnistes qui ont fréquemment été évoquées depuis les années 1970 dans l’Ouest de la France et qui décrivent une propa-gation graduelle du Montclusien jusqu’en Bretagne. En l’état actuel des données, il faudrait même peut-être envisager l’antériorité du déve-loppement du groupe de Bertheaume sur celui de l’entité montclusienne. Le groupe breton émergerait donc avec de nouveaux choix techniques et stylistiques à la transition 9e-8e millénaires avant notre ère, soit à une période encore caractérisée dans le sud de la France par des traits an-ciens (même s’ils ont déjà évolué par rapport à la fin du 10e-début du 9e millénaires avant notre ère).

Les processus alimentant la dyna-mique culturelle au 9e-8e millénaires avant notre ère dans l’Ouest euro-péen restent à caractériser, mais on voit d’ores et déjà que l’organisation chrono culturelle des groupes mésoli-thiques occupant l’ouest de la France jusqu’au début du 8e millénaire n’est pas réduite à une succession linéaire d’entités techniques cloisonnées. Tout porte à croire en un système de dynamique culturelle plus complexe, avec des changements non syn-chrones, et définie par un ensemble d’interdépendances.

Sylvène MichelDoctorante, Université Rennes1

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Inrap Grand-Ouest

[email protected]

Contacts et échanges au cours des 9e-8e millénaires avant notre ère dans l’ouest de la France : enquête sur l’organisation chrono-culturelle Sylvène Michel

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Grâce au concours de l’UMR 6566 « CReAAH », dans le cadre du pro-gramme « Occupations paléolithiques de la vallée de l’Erve (Mayenne) », coordonné par Jean-aurent Mon-

nier, avec l’aide du Conseil Général de la Mayenne et du Ministère de la Culture, nous étudions les grottes or-nées Mayenne-Sciences et Margot de-puis 1999 et 2002.

La grotte Margot comporte désormais 165 unités graphiques qui se répartis-sent comme suit : 118 représentations figuratives ou abstraites, dont 9 che-vaux, 8 rhinocéros laineux, 5 oiseaux, 2 aurochs, 3 mégacéros, 1 poisson, 1 phoque, 7 figures féminines schéma-tiques, 2 anthropomorphes, 2 masques, 4 pubis, 2 signes triangulaires ovalisés, 9 tracés digitaux, 28 traces noires, 10 traces rouges.

Les principales découvertes de cette année, exceptionnelle en raison de la sécheresse, qui a permis de déchiffrer des parois habituellement recouvertes d’un film humide réfléchissant, sont 6

nouvelles représentations féminines schématiques, de type Gönnersorf-Lalinde, ainsi qu’un poisson et un phoque. Ce dernier animal, dont la représentation était attendue (n’a-t-on pas retrouvé une canine de phoque perforée dans la vallée de l’Erve à la fin du XIXe siècle ?) est également présent sur les plaquettes gravées de Gönnersdorf, comme le corvidé, dé-couvert aussi sur les parois de Margot. Ainsi se renforce, année après année, notre conviction qu’un lien existe entre les deux sites, pour ce qui est de la période récente de Margot, attribuée au Magdalénien récent. Autre lien possible : avec la grotte de Gouy, et surtout d’Orival, en Seine-maritime. Dans cette cavité, comme dans Mar-got, les figurations féminines schéma-tiques sont enchevêtrées et associées à une représentation vulvaire.

L’art pariétal et mobilier des « grottes de Saulges » : résultats de la campagne 2010 Romain Pigeaud...

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Mais la bonne nouvelle est aussi la dé-couverte de deux signes triangulaires ovalisés, connus en six exemplaires dans la grotte Mayenne-Sciences. Ainsi, pour la première fois, un lien est établi entre ces deux cavités. Au Gravettien, vers 25 000 ans, Margot et Mayenne-Sciences ont donc été or-nées par le même groupe culturel.

Nos progrès dans la connaissance de la cavité et de ses parois nous permettent également de confirmer la présence de peintures polychromes, brunes, noires et rouges. Si elles n’avaient pas subi une forte érosion, elles auraient pu rivaliser avec celles de Font-de-Gaume ! Hélas ! Le destin en a décidé autrement…

Le décor se précise. Nous arrivons à présent à mieux cerner les secteurs de transition et leur décor afférent. Les liens s’affinent entre les différentes ca-vités voisines. La découverte de deux masques humains renforce également la subtilité de ces décors, qu’une fu-ture reconstitution, en présentant les peintures et les gravures à l’état neuf,

évoquera la splendeur qui devait être autrefois celle de la grotte Margot.

Notre objectif pour 2011 est de par-venir enfin à une perspective com-plète de la paroi gauche de la galerie du Chêne pétrifié, qui est le centre du sanctuaire, ainsi que du Passage des Rhinocéros (secteur X), dont le décor s’avère à présent riche et complexe. La topographie va progresser dans les secteurs les plus difficiles d’accès. Nous allons travailler en particulier sur la DAO et le rendu des tracés, pré-alable indispensable à la réalisation d’un modèle numérique de terrain, dans un futur que l’on espère proche.

Nous poursuivons également le relevé des plaquettes gravées découvertes par Stéphan Hinguant (UMR 6566 CReAAH / Inrap) et son équipe dans le sol solutréen des grottes Roche-fort et de la Chèvre. Rappelons que la grotte Rochefort constitue pour le moment le seul site français d’art mo-bilier d’époque solutréenne récemment fouillé, bien contextualisé et daté, au contraire de Laugerie (Dordogne) et

du Roc de Sers (Charente). Il a produit une quantité d’objets gravés qui per-mettront, une fois l’étude achevée, des analyses statistiques significatives, qui pourront être comparées à celles effec-tuées au Parpallo (Espagne), seul site de plaquettes gravées avec un niveau solutréen équivalent en importance.

Les plaquettes gravées sont pour l’es-sentiel sur trois types de supports : plaques de schistes, petits blocs de grès et de calcaire (étude géologique en cours). Ce sont des objets qui ont vécu. Le matériau a été récolté sur le sol, puis fut abandonné une fois tra-vaillé et peut-être ramassé à nouveau et retravaillé. D’où de nombreux tracés parasites, qui gênent la lec-ture mais qu’il faut pourtant relever. Cette année, nous avons également sollicité les étudiants de l’équipe de Margot, qui se sont exercés sur les plaquettes. Parmi les pièces remar-quables, sur lesquelles des éléments graphiques ont pu être identifiés, si-gnalons : une figure féminine sché-matique, une tête de cheval, une patte avant de bovidé.

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La grotte de Lascaux est à présent vieillie et plutôt attribuée au Solu-tréen, ce qui entraîne les cavités qui en étaient rapprochées par le style. Avec le reclassement de Lascaux, l’art solutréen augmente donc en densité. D’où l’importance de l’art mobilier de la grotte Rochefort. Nous sommes donc en train de créer un précédent. Cet art sur plaquette, que nous met-tons au jour, est le premier. Il servira de référence et peut-être à caler chro-nologiquement certains sites ornés. Par exemple, nous savons à présent, par comparaison avec ces plaquettes, qu’une partie du décor de la grotte Margot est bien solutréen.

Plus les recherches se poursuivent, plus l’isolement apparent de la val-lée de l’Erve diminue d’intensité. Les hommes préhistoriques des « grottes de Saulges » étaient bien en contact avec les grandes vagues culturelles de leur temps. Reste à déterminer leur degré d’implication.

Romain PigeaudUSM 103, UMR 7194 du CNRS

Département de Préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris

[email protected]é Paitier

Photographe, InrapJean-Pierre BettonProspecteur bénévole

Association du Patrimoine d’AsnièresPascal Bonic

Spéléologue, Équipe spéléologique de l’Ouest

BibliographieHINGUANT, S., BIARD, M., MOULLE, P.-E., PIGEAUD R. (à paraître). « La Vallée de l’Erve (Mayenne) : présence solutréenne au nord de la Loire ». In Actes du colloque international « Le Solutréen… 40 ans après Smith’66 », coord. M. Almeida, T. Aubry & B. Walter, SERAP Vallée de la Claise, Preuilly-sur-Loire, 28 oct-31 nov. 2007.

PIGEAUD, R. (à paraître). « L’Ouest : carrefour ou périphérie ? Observations sur l’art pariétal et mobilier du Paléolithique supérieur ancien des ‘grottes de Saulges’ ». In P. Bodu, L. Chehmana, G. Dumarcay, L. Klaric, L. Mevel, C. Peschaux, S. Soriano, N. Teyssandier coord., Le Paléolithique supérieur ancien de l’Europe du Nord-Ouest, Actes de la séance de la Société Préhistorique Française, Musée de Sens (Yonne), 15-18 Avril 2009.

PIGEAUD, R., HINGUANT, S., RODET, J., BETTON, J.-P., BONIC, P. 2010. « A l’Ouest, du nouveau : la grotte habitat Rochefort et la grotte ornée Margot (Mayenne) ». International Newsletter On Rock Art, n°56, p. 1-12.

PIGEAUD, R., HINGUANT, S., RODET, J., DEVIESE, T., DUFAYET, C., HEIMLICH, G., MELARD, N., BETTON, J.-P., BONIC, P. 2010. « The Margot Cave (Mayenne) : a new Palaeolithic sanctuary in West France. » In Kevin Sharpe et Jean Clottes (éd.), European Cave Art, in Luiz Oosterbeek (éd)., Actes du XVème Congrès de l’Union Internat. Des Sc. Pré- et Protohistoriques (UISPP), Lisbonne, 4-9 Septembre 2006, session C85, vol. 35, BAR International Series 2108, p. 81-92.

VALOIS, R., BERMEJO, I., GUERIN, R., PIGEAUD, R., RODET, J., KARSTIC, J. 2010. « Morphologies Identified with Geophysics around Saulges Caves (Mayenne, France) ». Archaeological Prospection, 17, p. 151–160.

3 A

Fig. 1 : Grotte Margot. Poisson et phoque associés. Relevé Damien Pellerin.

Fig. 2 : Grotte Margot. Représentations féminines schématiques. Relevé Sophie Birman.

Fig. 3 & 3A : Grotte Rochefort. Plaquette avec figure féminine schématique. Photo Hervé Paitier. Relevé Adélaïde Hersant.

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Suite à l’incendie du 1er septembre 2009 sur la Lande de Cojoux à Saint-Just, de nombreux indices ont suggéré la présence de monuments inédits ou oubliés sur cet ensemble mégalithique de première importance en Ille-et- Vilaine. En amont des travaux de restauration du site par le service des espaces na-turels sensibles du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine, et sur proposition du service régional de l’archéologie, le CERAPAR (Centre de Recherches Archéologiques du Pays de Rennes) a effectué une campagne de prospec-tions et de relevés. Afin de compléter les données, plu-sieurs sites ont également été étudiés en dehors de la zone incendiée, no-tamment le tertre du Tribunal et la sépulture à entrée latérale du Four Sarrazin. La formation géologique est paléo-zoïque, elle surmonte un bassin occu-pé par des sédiments briovériens plus anciens. Les roches locales ont été lar-gement utilisées pour la construction des mégalithes à savoir le schiste de Pont-Réan et le poudingue de Mont-fort ainsi que le quartz et le poudingue de Gourin.

HistoriqueDès 1830, nous devons à Bachelot de la Pylaie, les premières descriptions précises des mégalithes de Saint-Just. De plus, il dessinera les monuments sur 81 planches, malheureusement au-jourd’hui disparues.En 1846, l’abbé Brune dessine dans l’Atlas les principales structures mé-

galithiques et en 1850, il en dresse la liste dans l’ouvrage « l’Association Bretonne ». C’est dans la même pu-blication que Danjou de la Garenne signale ces mêmes monuments.Alfred Ramé décrit le champ funé-raire de Cojoux dans la revue archéo-logique de 1864. Il y joint un croquis du tertre surmonté de blocs de quartz dit du « Tribunal ».Un érudit local, Joseph Desmars, éta-blit un plan de la Lande de Cojoux en 1865 avec l’emplacement des diffé-rents monuments. C’est aujourd’hui un document primordial pour appré-cier l’évolution du site. Il en va de même pour la célèbre vue panora-mique de Pitre de Lisle réalisée en 1879 montrant le site dépourvu de toute végétation. Un archéologue de Guernesey, William Collings Lukis, accompagné d’un artiste peintre Henry Dryden vi-sitent le site vers 1868. Ils établiront 12 aquarelles conservées aujourd’hui au musée de Guernesey.Un document incontournable, encore très utilisé aujourd’hui, est réalisé en 1883 par Paul Bézier : il s’agit de l’inventaire des mégalithes d’Ille-et-Vilaine. Il signalait déjà l’exploitation des pierres des monuments mégali-thiques comme matériaux d’une car-rière toujours ouverte. Dès cette période des fouilles mala-droitement effectuées ont provoqué la chute de monuments voire l’anéantis-sement d’un certain nombre d’autres. Enfin, les cultures s’étendant d’année en année étaient une menace supplé-mentaire à la conservation du site.Paul Banéat reprend dans son ouvrage de 1927, « Le département d’Ille-et-

Vilaine Histoire- Archéologie-Monu-ments », l’inventaire de Paul Bézier.En 1928 et 1929, Paul Colin, géolo-gue, donne des précisions sur les mo-numents et signale les destructions qui ont eu lieu depuis l’inventaire de Paul Bézier.Il faudra attendre 1953 pour qu’une fouille soit effectuée par Pierre-Ro-land Giot sur le tertre tumulaire de la Croix Saint-Pierre. Puis les destructions liées au remem-brement des années 1960 -1962 pro-voquent l’émoi dans la communauté scientifique et la conservation des mo-numents encore visibles devient une priorité.A la suite des grands incendies de 1976 et 1989, des fouilles sont réali-sées par Charles-Tanguy Leroux sur l’alignement du Moulin entre 1978 et 1981 et par Jacques Briard sur les en-sembles funéraires de la Croix Saint-Pierre et le Château Bû entre 1990 et 1992.Après l’incendie de 1989 les sites de la Lande de Cojoux, des Landes de Grémel et de Tréal sont acquis par le département afin d’en assurer la pro-tection.En 2004, un nouvel inventaire des mé-galithes d’Ille-et-Vilaine a été réalisé sous la direction de Jacques Briard, Loïc Langouët et Yvan Onnée et pu-blié par l’Institut Culturel de Bretagne.

Méthodologie et résultatsAprès l’incendie, plusieurs visites sur le terrain ont été effectuées afin de lo-

Du nouveau sur la Lande de Cojoux à Saint-Just (Ille-et-Vilaine) André Corre

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caliser les zones donnant des indices de présence de monuments mégali-thiques. Ces zones ont fait l’objet d’un débroussaillage manuel. Après un net-toyage minutieux des monuments re-pérés, les relevés indispensables ont été réalisés en plan et en élévation. Une topographie fine a été faite pour chaque site. Des prospections de surface complé-mentaires ont été effectuées afin de re-chercher du mobilier archéologique. Un morceau de lame retouché et quelques éclats de silex ont été découverts.

Description résumée des sites étudiés

- Tertres de la Croix Madame : ce site est le premier que l’on découvre en face du terrain de sport en venant du bourg de Saint-Just. Composé de deux tertres tumulaires, il figure dès 1865 sur un plan établi par Joseph Desmars. Depuis, il a fait l’objet de différentes études. Après l’incendie il convenait d’effectuer de nouveaux relevés afin d’enrichir les précédents et de réali-ser une topographie complète. A cette occasion 17 nouveaux blocs sont ve-nus compléter le relevé existant sur le tertre principal. De plus, la topo-graphie a mis en lumière un troisième tertre non répertorié à ce jour. - Double alignement mutilé de la Croix Madame : cet ensemble de pierres renversées et en partie brisées se trouve à environ 150 m au nord-ouest du site des tertres de la Croix Madame, sur une crête. Il représente, d’après Paul Bézier, les vestiges d’un double alignement ou d’une enceinte allongée de 25 à 30 m de grand dia-mètre sur 4 à 5 m de petit. Il est dif-ficile de reconnaître aujourd’hui une quelconque organisation tant le site est perturbé. - Les petites Roches Piquées : cet ali-gnement sur tertre allongé , décrit par Bachelot de la Pylaie lors de sa visite de 1830, est dessiné par Joseph Des-mars en 1865. Malgré de nombreuses détériorations, il est partiellement conservé de nos jours. Les 310 blocs dénombrés sont présents sur 220 m en-

viron sur une ligne située entre l’avant-dernier bloc de quartz de l’alignement ouest du Moulin à l’est et le gros bloc de quartz de l’enceinte ruinée à l’ouest. Sa partie située à l’est, bien que boule-versée, est conservée sur une cinquan-taine de mètres. Sur un tertre allongé, apparaissent deux pierres fichées et de nombreux blocs couchés de belles di-mensions, en poudingue de Montfort et en schiste. - Enceinte ruinée : cet ensemble, ap-paru après l’incendie, est le reste très perturbé d’une enceinte semi circu-laire, actuellement ouverte vers l’est. Située sur le versant sud-ouest de la crête du moulin, elle est composée de cinq blocs de quartz.- Menhirs couchés : à l’ouest de l’enceinte ruinée, un menhir couché en poudingue de Montfort corres-pond probablement à celui décrit par Paul Bézier en 1883. Plus au sud, un possible menhir couché en schiste de 3,20 m de longueur et plusieurs blocs épars pourraient constituer avec le précédent, un ancien alignement dé-gradé comme le propose ce dernier.- Enceinte du Tribunal : bien que perturbée et amputée de six blocs de poudingue de Gourin, cette belle en-ceinte a fait l’objet de relevés complé-mentaires- Tertre du Tribunal : ce tertre, im-planté à l’ouest de l’enceinte du Tri-bunal, a été bouleversé par les cultures et la création d’un chemin de desserte lors du remembrement de 1962. Il est composé de quatorze blocs de poudin-gue de Gourin auxquels il faut rajouter trois dalles de schiste dont une fichée. (Fig. 1 et 2)- Sépulture à entrée latérale du Four Sarrazin : elle a fait l’objet d’un rele-vé en plan et en élévation (Fig. 3 et 4)

ainsi qu’un relevé topographique pré-cis. L’hypothèse de l’installation de ce monument sur un tertre tumulaire antérieur n’est pas à exclure.- Structure mégalithique : cette struc-ture, située en bordure immédiate du sentier de randonnée, est composée de dix blocs de schiste et poudingue de Montfort et de deux blocs de quartz. D’abord considérée comme coffre funéraire, cette structure pourrait être une partie d’un monument plus im-portant. De l’autre côté du sentier de randonnée, à 12,50 m au sud-ouest de la structure, un rocher à cupules a été découvert. - Menhir du Marais : ce bloc dressé, en poudingue de Montfort, se trouve en contrebas de la Lande de Cojoux, à une altitude de 30 m NGF, non loin de la queue de l’étang du Val. Il est entouré de nombreux blocs, possibles restes d’un alignement de fond de val-lon.

Le service des espaces naturels sen-sibles du département d’Ille-et-Vi-laine étudie actuellement, en concer-tation avec les différents partenaires, un nouvel aménagement du sentier dé-couverte sur la Lande de Cojoux avec une mise en valeur des monuments afin de rendre encore plus attractif cet ensemble exceptionnel.

André Corre CERAPAR (Centre de Recherches

Archéologiques du Pays de Rennes)

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Bibliographie

BANEAT (P.). – Le Département d’Ille-et-Vilaine, Histoire – archéologie - monuments. Tome III, 1929, J. Larcher, Rennes, 1929, réédition éditions régionales de l’ouest, Mayenne, 1994. BEZIER (P.). – Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes 1883-1886.

BRIARD (J.), LANGOUËT (L.), ONNEE (Y.). – Les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine, Institut Culturel de Bretagne, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 2004.

BRIARD (J.), GAUTIER (M.), LEROUX (G.). – Les mégalithes et les tumulus de Saint-Just (Ille-et-Vilaine), Editions du comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1995.

BRIARD (J.), GAUTIER (M.), LEROUX (G.). – Les mégalithes de Saint-Just, Editions Gisserot, 1993

BRUNE (Abbé). – Monuments celtiques du département d’Ille-et-Vilaine, Bulletin archéologique de l’association bretonne, p.162-163, 1850.

CHAIGNEAU (C.). – Des mégalithes et des hommes aujourd’hui en pays de Redon. Nature et mégalithes – CPIE Val de Vilaine, 2007.

COLLIN (L.). – Quelques monuments mégalithiques du sud-ouest de l’Ille-et-Vilaine, Bulletin et mémoires de la société archéologique d’Ille-et-Vilaine, LV, p. 149-179, 1928-1929.

de LAIGUE (R.). – Promenade en pays de Redon, Bulletin archéologique de l’association bretonne, 43e congrès à Redon p. 250-260, 1902.

DESMARS (J.) – Redon & ses environs, guide du voyageur, L. Guihaire éditeur, 1869.

GIOT (P.-R.), L’HELGOUACH (J.). – Le tertre tumulaire de la Croix-Saint-Pierre en Saint-Just - Fouilles 1953-54, Annales de Bretagne, LXII, 282-292, 1955.

LEROUX (C.-T.), LECERF (Y.), GAUTIER (M.). – Les mégalithes de Saint-Just (Ille-et-Vilaine) et la fouille des alignements du Moulin de Cojou, Revue Archéologique de l’Ouest, 6, p. 5-29, 1989.

L’HELGOUACH (J.). – Les sépultures mégalithiques en Armorique (dolmens à couloir et allées couvertes), Travaux du Laboratoire d’Anthropologie Préhistorique de la Faculté des Sciences, Rennes, 1965.

RAME (A.). – Le Champ funéraire de Cojou, Revue archéologique, 9, p. 81 - 93, 1864.

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A ce jour, plus d’une vingtaine d’en-ceintes néolithiques du Centre-ouest de la France ont livré des restes hu-mains. Leur densité est extrêmement variable selon les sites. Il peut aussi bien s’agir de squelettes complets que d’os isolés. Leur interprétation a don-né lieu à de nombreuses hypothèses.Une étude anthropologique de six de ces gisements a été réalisée dans le cadre d’une thèse et a eu pour objectif de discuter du caractère sépulcral de ces ossements à partir des méthodes de l’anthropologie funéraire. Afin de faciliter les comparaisons entre sites, l’ensemble des vestiges osseux a été réparti en trois catégories à savoir, les squelettes, les ensembles anatomiques et les os isolés. Une même méthode d’analyse a été appliquée à chaque sé-rie. Elle a reposé sur l’étude de cinq points : le dénombrement, le recrute-ment, la représentation différentielle, les anomalies de surface osseuse et la répartition spatiale des ossements.Les résultats apportent un certain nombre d’informations complémen-taires à la compréhension de ces dé-pôts. Ils font notamment état d’une variabilité dans le traitement des corps et des ossements (dépôts individuels, multiples ou collectifs, traces de dé-carnisation, exposition à l’air libre, prélèvements, etc.). Bien souvent, ils soulignent leur caractère intentionnel et funéraire et soulèvent parfois la question de pratiques cultuelles.

Patricia SemelierLaboratoire d’Anthropologie

Université Bordeaux 1

Variabilité des dépôts mortuaires dans les fossés des enceintes néolithiques du Centre-Ouest de la France Patricia Semelier

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La mission archéologique franco- arménienne s’est constituée en 1997 autour d’un programme de recherches portant sur la période achéménide en Arménie (Vème-IVème siècles av. J.-C.). Les travaux ont été engagés sur le terrain dès 1998 et se sont poursui-vis jusqu’en 2011, dernière année de notre programme quadriennal.

Le thème principal de recherche porte sur la phase de transition entre deux grandes périodes de l’histoire du Proche Orient au premier millénaire avant notre ère, la période ourar-téenne et l’empire Perse achéménide. Le royaume d’Ourartou, qui se consti-tue originellement autour du lac de Van (actuelle Turquie), connaît une expansion rapide à partir du IXème siècle av. J.-C., dans un contexte de conflits permanents avec l’Assyrie, et s’étend à partir du VIIIème siècle av. J.-C. jusqu’aux rives du lac Sevan, sur le territoire de l’actuelle Arménie. Si les fouilles entreprises en Turquie, en Iran et en Arménie, en particulier à partir des années 1950-60, permettent de mieux comprendre l’organisation des forteresses, force est de constater que l’on ne connait que peu de choses de la chronologie et des circonstances qui marquèrent la fin du royaume d’Ourartou. En Arménie, cette phase de transition est délimitée par deux bornes chronologiques. La première est livrée par les dernières inscrip-tions royales ourartéennes, vers 640 av. J.-C. La seconde nous est donnée par l’inscription de Behistoun (Iran), contemporaine de l’accession au trône du roi achéménide Darius Ier v. 520-519 av. J.-C., qui nous livre une liste

De la fin de la période ourartéenne à l’empire Perse achéménide : synthèse des travaux de la mission archéologique franco-arménienne Stéphane Deschamps

Erebuni. Fouille de l’espace de circulation bordant au sud le temple de Khaldi (VIIIème-VIIème siècles av. J.-C.).

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des royaumes révoltés lors de son ac-cession au trône, parmi lesquels est mentionnée l’Arménie. Une nouvelle lecture d’une chronique Babylon-nienne, dite « Chronique de Nabonide » (chronique 7) effectuée en 2000 nous livre une nouvelle interprétation de ce texte lacunaire et nous indique que l’Arménie (Urastu = Ourartou, dans le texte) fut très vraisemblablement soumise par le roi de Perse Cyrus (II), en 547 av. J.-C. Si cette nouvelle lec-ture permet de proposer une intégra-tion de l’Arménie à l’empire perse achéménide dès le milieu du VIème

siècle av. J.-C, il subsiste un hiatus de près d’un siècle entre les dernières inscriptions royales et cette conquête. C’est précisément cette période de transition complexe qui fait l’objet de notre programme de recherches.

Schématiquement, deux grandes phases de fouilles se sont succédées, portant sur deux sites différents et tra-duisant également une évolution de notre programme. La première phase

a concerné le site de Beniamin, situé à une dizaine de kilomètre au sud de la ville de Gümri, deuxième ville du pays. A la fin de la période soviétique, en décembre 1988, cette ville – qui se dénommait alors Léninakan – subit un très important séisme qui détruisit une partie importante de la ville et néces-sita la réalisation de programmes de reconstruction. C’est à cette occasion que furent mis au jour les vestiges d’une agglomération de la période hellénistique comportant un ensemble monumental (basilique...) des quar-tiers d’habitat et une nécropole. Sur

une des collines bordant le site furent également mis au jour les vestiges d’un palais dont les éléments archi-tecturaux permettaient d’attribuer la construction à la période achéménide. Les quatre premières campagnes de fouilles (1999-2002) se sont donc na-turellement portées sur ce palais dont la fouille avait été réalisée à plus de 90% dans les années qui suivirent le séisme. Le relevé, l’analyse du bâti et des témoins stratigraphiques

conservés ont permis de confirmer l’attribution de ce palais à la période achéménide, avec plusieurs phases de restructuration entre le Vème et le Ier siècle. Il s’agit, à ce jour, d’un des rares palais de la période achéménide étudié en dehors d’Iran.A l’issue de ce premier programme, il est apparu nécessaire de poursuivre la fouille dans un secteur d’habitat susceptible d’offrir un potentiel stra-tigraphique bien préservé et de per-mettre une étude des assemblages céramiques en vue de la constitution d’un référentiel typochronologique

qui fait actuellement cruellement dé-faut en Arménie. Deux grandes salles d’un complexe d’habitat remarquable-ment conservé ont ainsi été fouillées de 2004 à 2007. Construites au début du Vème siècle av. J.-C, ces maisons semi-excavées sont d’abord vouées à une activité métallurgique (activités de post-réduction et de forge) avant d’évoluer vers des maisons-mixtes as-sociant des fonctions domestiques et liées à l’élevage. Au titre des princi-

Beniamin, vue générale de la salle B de l’habitat achéménide (Vème siècle av. J.-C.) en cours de fouille.

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paux résultats, on notera la mise en évi-dence et la caractérisation d’un mode de construction particulier utilisant un système de coupole de bois supportant une couverture en terre évoquant une forme architecturale encore en usage, sous une forme plus élaborée, à la fin du XIXème siècle dans l’architecture traditionnelle arménienne (le Hazara-chen). Cet élément apporte un éclai-rage particulier sur un passage du récit de l’historien grec Xénophon (Ana-base, Livre IV, chap. V,25) qui nous livre une description d’une maison du plateau arménien à la fin du Vème siècle av. J.-C dont la description est étonnamment proche des habitats de la période achéménide mis au jour à Beniamin.

Depuis 2008, un nouveau programme a été engagé, portant plus spécifique-ment sur la phase de transition de la fin de la période ouartéenne. Ce pro-gramme porte sur la forteresse royale d’Erebuni, située sur la colline d’Arin Berd, à la périphérie immédiate de la ville d’Erevan. Cette forteresse, fondée par le roi d’Ourartou Argishti Ier en 782 av. J.-C, fut découverte au début des années 1950 et a fait l’ob-jet d’importants travaux de fouilles durant la période soviétique, dont la principale finalité était de mettre au jour rapidement les différents en-sembles monumentaux avant leur restauration et leur présentation au public, à partir de la fin des années 1960. Heureusement, la partie sud du site fut épargnée par ces travaux et permet aujourd’hui d’engager une analyse stratigraphique dont les pre-miers résultats remettent en cause à la fois la chronologie du site et son orga-nisation. Sur un plan chronologique, les travaux en cours nous permettent d’identifier une importante phase de réorganisation du site contemporaine, au plus tôt, de la fin de la période ou-rartéenne (seconde moitié du VIIème siècle av. J.-C). Ainsi, d’importantes constructions comme l’apadana, grande salle de trente colonnes sen-sée représenter un prototype ourartéen des salles hypostyles de la période achéménide, doivent désormais être attribuées à une période plus récente

(période mède ou achéménide ?). Pour l’essentiel, les travaux engagés au cours de ce premier quadriennal ont porté sur le temple de Khaldi (princi-pale divinité du panthéon ourartéen) et ses abords immédiats. Ils ont permis la mise au jour de deux axes de circu-lation périphériques du temple, d’une probable porte d’accès à la forteresse et d’un petit sanctuaire aménagé pos-térieurement à la restructuration du temple de Khaldi. Au final, à l’issue de ce premier programme quadrien-nal, nous devrions être en mesure de proposer une nouvelle chronologie du temple de Khaldi et de ses abords, ainsi que de la grande salle à colonnes. Conjointement, le travail engagé lors du précédent programme sur les as-semblages céramiques se poursuit afin de compléter notre référentiel pour la période antérieure à la fin du VIème siècle av. J.-C.

Les collaborations mises en œuvre dans le cadre de ces deux programmes (Beniamin et Erebuni) sont nom-breuses. Initié en 1998 par le ministère de la culture et de la communication, cette recherche se poursuit depuis 2008 dans le cadre des programmes du ministère des affaires étrangères et s’inscrit dans le cadre des programmes internationaux de l’UMR 6566 CReAAH. Pour la partie arménienne, ce programme implique l’Institut d’archéologie et d’ethnographique de l’Académie des Sciences, l’université d’Etat d’Erevan, le musée régional du Chirak (pour le site de Beniamin), le musée d’Erebuni et le ministère de la culture arménien. Les recherches en cours sur le site d’Erebuni bénéficient également d’une collaboration avec le Pr. David Stronach (Université de Berkeley). Depuis la fin de l’année 2010, nos travaux participent également à un Laboratoire International Associé (LIA HEMMA), placé sous la direc-tion de M. P. Avetisyan (directeur de l’Institut d’archéologie) et de P. Lombard (UMR 5133 Archéorient). L’objet de ce LIA est de contribuer à une meilleure connaissance de l’évolution du contexte environne-mental de l’Arménie entre les 10ème

et 1er millénaires BC et des interac-tions entre les occupations humaines et leur environnement. Pour la partie arménienne, ce programme implique l’Institut d’archéologie, de géolo-gie, de botanique, l’université d’Etat d’Erevan et le Musée du Chirak. Pour les équipes françaises, il associe les UMR 5133 (Archéorient, Lyon), 5138 (Archéométrie et Archéologie, Lyon), 6566 (CReAAH, Rennes, D. Margue-rie, Ch. Leroyer et S. Deschamps), 5059 (Centre de Bio-Archéologie et d’Ecologie, Montpellier 2). L’année 2011 marquera également la fin du programme quadriennal sur le site d’Erebuni et devrait se conclure par une nouvelle demande de programme quadriennal sur ce même site.

Stéphane DeschampsSRA, Ministère de la Culture

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes

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Cette étude de récipients en bronze et en terre cuite, ornés de figurations zoomorphes et anthropomorphes, a été effectuée dans le cadre de la prépara-tion aux travaux de terrain conduits en 2011 dans la vallée de la Samon (Haute Birmanie) par la Mission Archéologique Française au Myanmar (1).Deux objets en alliage cui-vreux observés dans la col-lection Tin Win à Rangoon et provenant des environs de Pyaw Bwe sont constitués d’un manche circulaire et d’une partie globulaire creuse et ou-verte à la base du manche. Le manche est terminé pour le plus grand (lon-gueur : 30 cm) par un personnage probable-ment masculin. Il a les mains sur les hanches et semble porter un large collier sur la poitrine. Cette figuration est absolument simi-laire à celle qui termine la poignée de plusieurs poignards dongsoniens. Un anneau (de suspension ?) est au- dessus de la tête. Un ustensile du même type a été figuré par E. Moore et B. Hudson (Moore 2007, 111 et Hudson 2004, 96). L’autre élément (longueur : 23 cm) voit son manche s’achever par la représen-tation d’un couple de personnages (un homme et une femme ?) dont l’un est assis, la main posée sur l’épaule de son voisin. L’autre personnage est proba-blement lui aussi en position assise. Cette double figuration est également connue dans l’âge du Fer du Yunnan et du delta du Fleuve Rouge.

Ces objets sont identiques aux puisettes utilisées encore de nos jours dans le Sud- Est asiatique pour prélever

l’eau des jarres

et constituées d’un réceptacle en noix de coco et d’un manche en bois mais il existe également de nos jours dans les mêmes régions des instruments de musiques à cordes possédant une mor-phologie semblable et associant noix de coco et tige en bois.Deux bols en métal cuivreux de la collection Tin Win appartiennent à un type original comportant un fond cupulaire muni d’une bélière. Tous les exemplaires connus à ce jour ont un diamètre et une hauteur avoisinant 10 cm et portent systématiquement un décor incisé. L’un de ceux présentés ici est orné par deux oiseaux au long

plumage qu’il est tentant d’assimiler à des paons ou à des phénix. Le pre-mier oiseau mesure 9,3 cm (déroulé) et l’autre, disposé sur la face opposée, 7 cm (déroulé). L’autre récipient est également orné par deux oiseaux inci-

sés et de tailles différentes. Il pour-rait s’agir d’un mâle et d’une

femelle. Un autre vase du même type, de la col-lection Terrence Tan,

comporte les gravures schématiques de têtes hu-

maines (Moore 2007, 111).Nous avons pu également étu-

dier dans la même collection une série de couvercles

de vases en céramique découverts dans la di-vision de Sagaing. Ils mesurent de 10 à 12 cm de diamètre et sont tous ornés de mo-delages zoomorphes.

Ils semblent en tous points similaires et compor-

tent une figuration centrale plus importante (animal sur pied) entourée de représentations de têtes animales ou d’animaux plus petits. Ces couvercles possèdent des perforations disposées par paires et correspondant certaine-ment au passage de liens de fixation. La disposition des figurations est très proche de celle observée sur les cou-vercles en bronze de certaines boites à cauris trouvées dans des sépultures de la culture de Dian.Les probables puisettes et les cou-vercles décrits ici se rattachent in-discutablement à l’ensemble culturel Diane/Dongson et soulignent bien l’influence, connue par ailleurs, des

Récipients à ornementation figurative découverts en Haute Birmanie Anne-Sophie Coupey...

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cultures du sud de la Chine actuelle sur la région de Haute Birmanie aux âges des métaux. Les figurations de paons sont également fréquentes dans la culture yunnanaise des 2 siècles précédant notre ère.

Anne-Sophie CoupeyMission archéologique française

au Myanmar Jean-Pierre Pautreau

Directeur de recherche CNRSUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

BibliographieHIGHAM C.F.W. 1996 – The Bronze Age of Southeast Asia, Cambridge University Press, 381 p.

HIGHAM C.F.W., 2002. Early cultures of main-land Southeast Asia, Bangkok, River Book, 376 p.

HUDSON B., 2004. The Origins of Bagan, PhD Thesis, University of Sydney.

MOORE E., 2007. Early Landscapes of Myan-mar, River Books, 271 p.

PAUTREAU J.-P., COUPEY A.-S., AUNG AUNG KYAW dir. avec C. DUPONT, B. GRATUZE, J. LANKTON, J.-Ch. LE BAN-NIER, Ch. MAITAY, F. MÉDARD, E. RAM-BAULT, Excavations in the Samon valley. Iron Age burials in Myanmar, Mission Archéolo-gique Française au Myanmar, Chiang Mai, 2010, Siam Ratana, 447 p.

(1)- Les travaux menés dans le cadre de la Mission archéologique française au Myanmar n’auraient pas été possibles sans l’aide de la Commission consultative des fouilles archéologiques à l’étranger et de M. J.-F. Jarrige, Membre de l’Institut, son secrétaire général, puis sans l’appui de la Sous-Direction des Sciences Sociales et Humaines du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes.

Fig. 1 : Ensemble de deux puisettes en bronze provenant des environs de Pyaw Bwe, collection Tin Win, Yangon (Photos A.-S. Coupey, MAFM).

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Fig. 2 : Bol en bronze à décor ornithomorphe, collection Tin Win, Yangon (photos et montage A.-S. Coupey, MAFM)

Fig. 3 : Restitution graphique des deux représentations ornithomorphes du bol figure 2 (dessins A.-S. Coupey, MAFM).

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Fig. 4 : Exemple de couvercle en terre cuite à figurations zoomorphes provenant de la division de Sagaing, collection Tin Win, Yangon (photo A.-S. Coupey, MAFM).

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Le site de Wanar est l’un des quatre sites mégalithiques de l’aire Sénégam-bienne à avoir été classé par l’Unesco, en 2006, au titre du Patrimoine Mon-dial de l’Humanité, avec celui de Sine Ngayen également situé au Sénégal ou les sites de Kerbach et de Wassu en Gambie. Cette manifestation ori-ginale du mégalithisme en Afrique compte près de 17 000 monuments sur une superficie de 30 000 km². Elle se caractérise par des cercles de pierres dressées, disposant sur leur façade orientale d’une ou plusieurs pierres dites frontales. Certaines de ces der-nières, ou pierres-lyres, sont bifides. Le site de Wanar se singularise notam-ment par l’abondance de ces pierres-lyres, emblématiques du mégalithisme sénégambien ; il n’avait pourtant ja-mais fait l’objet d’aucune investiga-tion archéologique avant nos propres travaux. Il s’agit d’un programme sur quatre ans (2008-2011) renouvelable, de coopération entre la France et le Sénégal. Notre partenaire au Sénégal est H. Bocoum, co-directeur du projet, actuel Directeur du Patrimoine Cultu-rel au sein du Ministère de la Culture du Sénégal et directeur de l’IFAN, à Dakar. Les nouveaux acquis de ce programme illustrent ce que les mé-thodes les plus classiques de notre discipline, lorsqu’elles sont mises en œuvre de façon appropriée, peuvent encore largement bouleversé un état des connaissances. L’un des principaux acquis des an-nées précédentes tenait dans la dé-monstration que ces cercles de pierres dressées correspondent à la façade de monuments cylindriques, initialement

plein mais désormais ruinés : de tels monuments avaient été initialement classés au titre du Patrimoine Mon-dial sur la base de « comparaisons » implicites avec Stonehenge… Plus récemment, nous avons notamment pu identifier la présence de creusements (fosses de taille et de formes diverses contenant les restes humains, souvent désarticulés) lorsque la terre est suf-fisamment humide, en fin de saison des pluies (fig. 1). C’est un fait un peu exceptionnel tant il était communé-ment admis que la pédogenèse, ici, ou les effets de la déflation, plus au nord dans la bande sahélienne, avait géné-ralement effacé toute possibilité de lecture de la stratigraphie. Or, toutes les fouilles, précédemment réalisées sur ce type de monument, avaient été effectuées pendant la saison sèche, of-frant des conditions plus propices à la prospection. Trois séquences doivent désormais être prises en compte, qui concernent la fosse sépulcrale et toute la complexité des gestes funéraires afférents, le dispositif mégalithique depuis sa construction jusqu’à la ruine de certaines de ses composantes, la mise en place de pierres frontales et divers dépôts notamment céramiques, sans doute liés à quelques pratiques rituelles ou commémoratives. Le dis-positif construit en élévation retrouve alors la place qui lui revient dans toute la diversité de ces plates-formes et tumulus pierriers, si fréquents dans l’Afrique de l’ouest et probablement à différentes époques. Appareillages en pierres sèches, monolithes dressés et peut-être constructions en bois, ap-paraissent alors comme des solutions alternatives pour décliner toute la va-

riabilité architecturale de structures funéraires probablement construites un peu à l’image d’une maison des morts : c’est du moins ce que sug-gère la découverte de ce qui pourrait être une faîtière en céramique (fig. 2). Le comblement tumulaire de larges fosses sépulcrales sous-jacentes, ren-voi en revanche à celles si nombreuses qui occupent tout le centre du Sénégal jusqu’à ses rivages atlantiques.

Luc LaporteChargé de recherche CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes H. Bocoum

(dir.) IFAN, Dakar, SénégalJ.-P. Cros

Associé UMR 7041, Nanterre, FranceA. Delvoye

Étudiant en Master2, Université de Paris I, France

V. DartoisService Archéologique Départemental

de l’EureM. Diallo

Étudiant en Master de l’Université Cheik Anta Diop (Dakar, Senegal)

M. LejayÉtudiant en Master de l’Université

de Rennes 2, FranceM. Diop

Étudiant en Master de l’Université Cheik Anta Diop (Dakar, Senegal)

F. BertinUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

L. QuesnelUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

Le mégalithisme Sénégambien Projet WANARNouveaux développements, nouveaux acquis Luc Laporte...

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Fig. 1 : Wanar 2010, Monument I – fosses sépulcrales (Cl. L. Laporte)

Fig. 2 : Terre cuite architecturale – élément de faîtière ? (Restauration Arch’Antique, Cl. J.-G.Aubert)

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Plusieurs campagnes d’étude réalisées ces dernières années sur la céramique romaine trouvée dans les fouilles récentes effectuées par la mission franco-syrienne ont porté sur des ensembles datés de la dernière occupation du site. Issus de plusieurs maisons (la Maison Sud, la Maison Romaine et la maison C11), ce matériel très abondant se répartit entre plusieurs catégories de céramiques : des céramiques fines, comme la céramique glaçurée, et surtout des céramiques communes, majoritairement à pâte beige et rose. Parmi ces céramiques communes, apparaît une céramique culinaire bien connue en Syrie : La Brittle Ware. Cette céramique répertoriée au Moyen-Orient est produite entre l’époque hellénistique au IIIe siècle av. J-C. et l’époque mamelouke (13e siècle ap. J.-C.). Elle présente une pâte caractéristique, rouge brique, sableuse, dure et très cuite, et des parois relativement minces. A l’époque romaine, un service de cuisine se diffuse dans toute la province antique de Syrie. Les vases et tessons portent fréquemment des traces de suie, ce qui atteste leur fonction. Ce sont des céramiques à feu, destinées à cuisiner tous les plats bouillis, ou chauffés, dans les cendres ou sur feu doux. Les formes se réfèrent à des modèles extérieurs, d’origine romaine, répandus, avec quelques variantes, dans de nombreuses provinces de l’Empire romain. Ainsi le répertoire de l’Aegean cooking ware ou celui de l’Africaine de cuisine (Africa cooking Ware). A Europos-Doura, son introduction semble directement

lié à l’arrivée de l’armée romaine, et aux habitudes culinaires des soldats.

Le répertoire des formes est relativement réduit et se rapporte à la cuisine. On note des marmites à panse rainurée de type Dyson 429-433 , espèce de pot à cuire qui devait servir aux liquides et aux bouillies, des casseroles à paroi carénée, pourvues de deux anses s’attachant sur le rebord (type Dyson 426-427), destinées aux plats mijotés, quelques formes de pichet et de cruches. Ces formes sont bien connues à Doura dès le IIe siècle ap. J.-C. Elles sont signalées dans les restes du camp romain au milieu du IIIe siècle. La Brittle Ware n’atteint que quelques pourcentages (3 à 5% en moyenne) du mobilier céramique des maisons. Dans la maison C11 : 5, 7% du NR dans la pièce 3, 1, 3% dans la pièce 11, 3, 5% dans la pièce 2.

On a trouvé des exemplaires de vaisselles en Brittle Ware sur de nombreux sites en Syrie. Cependant les ateliers restent en grande partie méconnus. La matière première employée pour la fabrication est une argile non calcaire et riche en fer. Cinq catégories de pâtes ont été distinguées par des études de laboratoire. Un seul site de production en contexte d’atelier est actuellement connu, celui de Palmyre, où un complexe de fours datés du IIe siècle ap. J.-C. a été découvert. Cet atelier produisait tout le catalogue de formes : marmites à deux anses, casseroles, bols, pichets, cruches, couvercles. Les analyses faites sur les tessons ont montré que la vaisselle produite dans cet atelier

utilisait plusieurs sources locales d’argile non calcaire. Une étude récente a montré qu’il existait plusieurs zones de production, et que l’origine des matières premières était localisé dans le nord ouest de la Syrie, à proximité de l’Euphrate et dans le sud-ouest de la Syrie. Ces centres diffusent largement un répertoire propre à la province de Syrie. Il s’agit apparemment d’une industrie prospère, faisant l’objet d’une production de masse, diffusée à l’échelle d’une province et provenant de grands centres de production spécialisés, comme on l’observe pour d’autres productions de céramiques culinaires dans les autres provinces de l’Empire.

Marie Tuffreau-Libre Directrice de recherche CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes [email protected]

La céramique de type Brittle-Ware à Europos-Doura (Syrie) Marie Tuffreau-Libre

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BibliographieAMODIO M., La classe di ceramica da cucina Brittle Ware rinvenuta a tell Barri (Siria), Topoi, supplément 8, p. 231-248.

DYSON S., The Excavations at Doura-Europos, final report IV, part I, fascicle 3 : The Commonware Pottery. The Brittle Ware, New Haven , 1968.

VOKAER A., La Brittle Ware byzantine et omeyyade en Syrie du Nord, LRCW2 : Late Roman Coarses Wares, Cooking Wares and

Amphorae in the Mediterranean. Archaeology and Archaeometry, éd. M. Bonifay, J.-C. Treglia, BAR International Series 1662, Oxford 2007, p. 701-713.

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La huitième campagne de fouille de la mission archéologique de l’Université de Rennes 2 à l’Incoronata (direction : Mario Denti ; concession : Soprinten-denza per i Beni Archeologici della Basilicata ; aide financière : UMR 6566 ; laboratoire LAHM ; Univer-sité de Rennes 1, que nous souhaitons vivement remercier) s’est déroulée en juillet et en septembre 2010. L’explo-ration archéologique a été portée en-tièrement sur la zone nord-occidentale de la colline, où le « Secteur 1 » (fig. 1), situé tout au long de ses marges méridionales, a été agrandi dans l’ob-

jectif d’approfondir la compréhension de deux évidences principales : a) le grand pavement qui s’étend en sens est-ouest sur une vingtaine de mètres (US 38, fig. 1), s’appuyant sur une strate de consolidation datable de la deuxième moitié du VIIIe siècle avant J.C. (US 45) ; b) la présence d’une sé-rie d’éléments appartenant à un espace artisanal (carrière d’argile ; de très nombreuses parties de fours ; des re-jets de cuisson), qui a dû vraisembla-blement fonctionner pendant la pre-mière moitié du VIIe siècle avant J.C.Nous nous concentrerons sur ce deu-

xième volet de la fouille. L’exten-sion en direction nord-est a permis de mettre au jour une grande strate de terre argileuse et très compacte (US 82, fig.1), caractérisée par la pré-sence de nombreuses pierres, dont une bonne partie retrouvée à plat. Dans le côté oriental du sondage, il a été pos-sible de reconnaître un alignement de pierres formant un angle, qui pourrait représenter une éventuelle structure (US 147, fig. 1 et 2, sur le fond). La présence de quatre grands conteneurs a impasto, dont les fragments appa-raissaient constamment concentrés,

Fours et production de céramique dans un contexte « d’entre deux »Grecs et non Grecs à l’Incoronata au VIIIe et VIIe siècle avant J.-C. Mario Denti

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se joignant parfaitement entre eux et gisant à plat, nous indique une pos-sible disposition in situ de ces vases. Il s’agit de deux ou trois situles et d’une cythra, cette dernière en bon état de conservation, avec de nombreuses traces d’exposition au feu sur la sur-face. L’association des conteneurs a impasto avec de la céramique figuline grecque de production locale confirme la datation de cette strate – et de cette (éventuelle) structure – aux phases les plus récentes de l’occupation de ce côté de la colline (VIIe siècle avancé).Des nouveaux et importants niveaux appartenant à une phase précédente ont été mis au jour au sud de cette si-tuation. Ils comptent en premier lieu un plan de terre argileuse de couleur rouge vif, dont la surface a été exposée pendant longtemps à l’action directe du feu : elle présente dans plusieurs endroits des traces de cuisson en am-biance tellement dépourvue d’oxy-gène, que la surface a viré au noir tendant au bleu (US 130, fig. 1 et 2).

Cette aire de combustion, dont l’épais-seur de la partie rubéfiée n’est pas plus haute que 1-2 cm, se caractérise par

un profil circulaire tout au long de sa partie méridionale (celle au nord n’a pas encore été mise à jour), qui per-mettrait d’en imaginer un diamètre ap-proximatif de m3. Elle peut aisément se qualifier comme le fond d’un (ou de plusieurs ?) four destiné à la pro-duction de céramique, puisque la do-cumentation archéologique associée ne nous laisse aucun doute à ce pro- pos : des restes de la sole du four, d’im-portants rejets de cuisson appartenant à des vases œnôtres monochromes et à de la céramique achrome gisaient sur ce plan. Une concentration particuliè-rement importante de tessons, parfois mal cuits, parfois collés à des portions de four (US 145, fig. 3) a été décou-verte tout au long de l’un des (pro-bables) bords encore conservés de la structure, réalisé en argile. Vers le nord-ouest, ce plan est égale-ment entouré, et partiellement recou-vert, par des différentes strates informes d’argile rubéfiée et charbonneuse (US 136 et 142, fig. 1 et 2), dont la destina-

tion est difficile à interpréter : des élé-ments d’une structure qui se sont effon-drés ? Des lambeaux d’argile prêts à

être employés ? Seulement une exten-sion ultérieure de la zone de fouille, prévue pour la prochaine campagne, permettra de mieux comprendre leur signification. Il semble intéressant de noter que, juste à côté de la limite sud-occidentale de l’aire de chauffe, deux grands trous de poteau ont été instal-lés, tandis qu’un troisième se trouve sur le pavement US 38 (fig. 1 et 2). Malheureusement, nous ne connais-sons pas, à l’heure actuelle, leur rela-tion stratigraphique et fonctionnelle avec les structures environnantes. Dans l’ensemble, nous nous trouvons face à une structure qui donne finale-ment raison à la découverte (2006), à quelque mètres de distance, juste au sud du pavement US 38, de très nom-breuses parties de four (parois, sole) mélangées, dans une épaisse strate de cendre, à des rejets de cuisson (US 37, fig. 1) : les unes et les autres ont révélé un état de conservation et un horizon typologique identiques à la documentation associée au plan du

four mis au jour cette année. Il semble donc assez probable que, au moment de l’abandon de l’espace artisanal,

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les aires de cuisson se trouvant au nord du pavement ont été littérale- ment « balayées », en rejetant les restes dans la zone creuse au sud du pavement, tandis que quelques tes-sons et quelques rejets de cuisson se sont conservés encore sur la surface du four, en restant concentrés, pas au hasard, contre ses parois. La seule dif-férence que l’on peut enregistrer entre les deux horizons archéologiques réside dans le fait que la céramique grecque (de production locale et d’im-portation, même si en faible pourcen-tage) qui caractérisait la strate de re-jet au sud du pavement, est à l’heure actuelle encore absente sur le plan du

four ; nous y avons en effet trouvé ex-clusivement de la céramique peinte monochrome du Géométrique Tardif, diffusée dans le territoire du Bradano et dans le Salento (fig. 3), laquelle per-met d’ailleurs de confirmer notre da-tation de la zone artisanale entre la fin du VIIIe siècle et la première moitié du VIIe. Cette importante découverte nous a permis de progresser dans le proces-

sus de la compréhension du fonction-nement de l’espace artisanal qui a ca-ractérisé l’occupation de l’Incoronata dans une phase actuellement datable grosso modo dans la première moi-tié du VIIe siècle avant J.C. De ce complexe, nous connaissions déjà : la grande carrière d’argile excavée à quelque mètres vers l’ouest (dans la-quelle nous avons réalisé en 2003 un grand sondage, fig. 1) ; des nombreux bassins de forme circulaire pour la dé-cantation de l’argile et de forme qua-drangulaire pour sa transformation et/ou le stockage ; des restes des fours retrouvés rejetés dans les susdits bas-sins, aussi bien qu’au sud du pavement

US 38 ; des nombreux rejets de cuis-son et des scories. Toutefois, un four conservé encore in situ n’avait pas encore été découvert : son identifica-tion permet maintenant de commencer à reconnaître avec plus de précision l’emplacement topographique des dif-férentes composantes fonctionnelles de cet espace artisanal, lequel semble – à l’état actuel de nos connaissances, et sur la base de la typologie des rejets

de cuisson jusqu’à maintenant décou-verts – avoir été destiné à la produc-tion de céramique œnôtre. Il ne faut pas en tout cas oublier qu’un certain nombre de vases grecs de produc-tion locale, présents dans les grands dépôts datables de la dernière phase d’occupation de ce côté de la colline, en raison de la forte déformation de leurs parois, peuvent être interprétés comme des ratés de cuisson.La progressive découverte des diffé-rentes composantes de ce complexe artisanal, que nous pouvons désor-mais légitimement identifier comme le kerameikos de l’Incoronata, permet d’ouvrir de nouvelles perspectives

de recherche dans l’étude du fonc-tionnement des lieux de production de céramique datables d’une phase chronologique si haute, à cheval entre expériences technologiques grecques et indigènes (une recherche doctorale sur cette thématique est actuellement en cours par Mathilde Villette). L’as-sociation, dans un même contexte, de céramique œnôtre et de céramique grecque (produite sur place et d’im-

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portation) suggère une qualification mixte de cette activité artisanale, où des céramistes grecs et des céramistes indigènes auraient pu travailler côte à côte. Il s’agit d’un phénomène attes-té dans plusieurs sites « mixtes » du même horizon chronologique, comme par exemple dans le sanctuaire de Francavilla Marittima, auprès de Sy-baris, où Grecs et non Grecs fabri-quaient ensemble des vases à destina-tion rituelle.

Mario DentiProfesseur d’Archéologie et Histoire

de l’Art antiqueUniversité de Haute-Bretagne, Rennes 2

Laboratoire LAHM - UMR 6566

BibliographieM. DENTI, « Un espace artisanal gréco-œnôtre du VIIe siècle avant J.-C. à l’Incoronata », dans A. Esposito, G. Sanisas (sous la direction de), La concentration spatiale des activités et la question des quartiers spécialisés, Sympo-sium international, Lille, décembre 2009 (sous presse).

M. DENTI « Nouveaux témoignages du kera-meikos de l’Incoronata depuis la huitième cam-pagne de fouille », dans MEFRA 2011 (sous presse).

G. BRON, « Les amphores du dépôt du Secteur 4 de l’Incoronata. Essai typo-chronologique et contextuel d’une classe céramique du VIIe siècle av. J.-C. », dans MEFRA 2011 (sous presse).

M. DENTI, « Pratiche rituali all’Incoronata nel VII secolo a.C. I grandi depositi di ceramica orientalizzante », dans H. Di Giuseppe, M. Ser-lorenzi (sous la direction de), I riti del costruire nelle acque violate, Atti del convegno interna-zionale, Roma, giugno 2008, Rome 2010, pp. 389-406.

M. DENTI, « La septième campagne de fouille à l’Incoronata : confirmations et nouveautés », dans MEFRA 122-1, 2010, pp. 310-320.

Fig. 1 : Incoronata, détail de la planimétrie du Secteur 1 (DAO F. Meadeb).

Fig. 2 : Incoronata, Secteur 1C. Au milieu, le plan de l’aire de combustion du four (des fours ?) US 130 ; au fond, les éléments de la phase de la deuxième moitié du VIIe siècle (la strate US 82 et l’alignement des pierres, US 147) ; en premier plan, les deux trous de poteau (cliché M. Denti).

Fig. 3 : Incoronata, Secteur 1C. Les rejets de cuissons et un fragment de la sole, as-sociés au plan du fond du four (cliché M. Denti).

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La présence de grands tumulus datant de la période Néolithique est l’une des caractéristiques du Morbihan. Ces impressionnantes architectures funé-raires comportent des inhumations de figures importantes des groupes humains vivants dans la péninsule Armoricaine à cette époque. En effet, non seulement les tombes sont monu-mentales mais les objets et parures dé-posés auprès des défunts sont excep-tionnels tant par leur qualité que par leur quantité. Ces dépôts comportent en particulier de remarquables perles et pendeloques en variscite, minéral très proche de la turquoise par sa cou-leur et sa composition.Nous avons procédé à la caractérisa-tion chimique des éléments de parure en variscite afin de déterminer leur origine géographique.L’analyse des objets archéologiques a été effectuée par la méthode PIXE en faisceau extrait à l’aide de l’accélé-rateur de particules AGLAE du Palais du Louvre. Plus de 700 analyses faites sur les objets archéologiques ont per-mis de mettre en évidence l’existence de plusieurs groupes de composition correspondant au moins, à autant d’exploitations.La comparaison avec la banque de données géochimiques que nous avons constituée à partir des gisements ouest européens a confirmé l’origine ibérique des objets ou tout au moins des pierres précieuses. Cette étude montre éga-lement l’exploitation de sources ibé-riques multiples de variscite dont les productions arrivent en Bretagne ; ceci présuppose que la route de la varis-cite d’Ibérie à l’Armorique n’est pas unique durant le Néolithique et que le

réseau d’approvisionnement a évolué entre le milieu du Vème millénaire et le début du IIème millénaire.

Guirec QuerréIgénieur de recherche

Ministère de la CultureUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

Serge CassenChargé de recherche CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Thomas Calligaro

LC2RMF, UMR 171 Ministère de la Culture, CNRS, Palais du Louvre

75001 Paris

Existait-il une route de la variscite au Néolithique entre la péninsule ibérique et le Morbihan ? Guirec Querré...

MOTS-CLÉS : variscite, Néolithique, analyse chimique, exploitation, circulation, péninsule Ibérique, péninsule armoricaine.

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La découverte récente d’un ensemble métallique de haches de l’âge du Bronze a été l’occasion d’une étude complète : suite à sa fouille (Y. Le-jeune), le dépôt a fait l’objet d’une étude typologique et tracéologique (M. Mélin), ainsi que d’analyses de composition du métal (C. Le Carlier).

Ce dépôt daté du Bronze moyen 2 (XVe – XIVe s. av J.-C. environ) a récemment été mis au jour en Vendée sur la commune de Mouilleron-en-Pareds. Cet ensemble compre-nait une cinquantaine de haches, contenues dans une céramique. Si la partie haute du dépôt a été quelque peu bouleversée par les labours, la partie inférieure est restée en place dans le fond du pot : la fouille a permis de mettre en évidence que les haches avaient été déposées de manière organisée, placées verticalement, tranchant vers le haut.

Cinquante-et-une hache au total ont été récupérées. La majeure partie est de type à rebords, plus exactement de type vendéen. Le reste comprend des haches à talon de types variés, communs pour cette période : breton, Centre-Ouest, normand... Toutes ces haches ont été déposées entières, conformément à la majorité des dépôts de cette période connus pour la région. Cette nouvelle découverte s’intègre donc parfaite-ment à ce que l’on connaît pour cette période, dans la région.La bonne conservation globale des objets a permis la réalisation d’une

étude des techniques de mise en forme et des traces résultant de leur utilisa-tion. Les observations faites dans ce sens montrent que la grande majorité de ces haches ont été mises en forme jusqu’au bout, qu’elles ont été rendues fonctionnelles. Plusieurs indices mon-trent d’autre part que certaines haches ont été utilisées.Diverses traces issues de la mise en forme ont pu être enregistrées : stries résultant d’abrasions et enfoncements

de formes diverses issus de per-cussions. La morphologie et la dimension de ces déformations sont le reflet des outils utili-sés. Des mesures effectuées sur certains impacts et la prise en compte de leur forme en sur-face (quadrangulaires, oblongs, ...), mais aussi en profondeur (mousse, entaillant, ...) peuvent permettre une restitution de l’ex-trémité fonctionnelle des outils employés pour ces travaux et ainsi aider à leur identification. Ces observations mettent éga-lement en évidence la diversité de ces outils. Sur certaines pièces en particulier, les stig-mates observés peuvent se chevaucher. Une lecture rela-tive de ces traces permet alors

une restitution de l’ordre possible des gestes réalisés.

Les analyses de composition du métal de ces haches montrent d’autre part une grande homogénéité du bronze les constituant : l’alliage employé est le même aussi bien pour les haches à rebords que pour les différents types à talon. Les éléments traces sem-

blent par ailleurs indiquer une même origine du métal pour les différentes haches constituant ce dépôt.

Muriel MélinDoctorante, université Rennes 1

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Yann Lejeune

SRA Pays-de-la-LoireUMR 8591

Cécile Le CarlierIgénieur d’étude CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes

Nouvelle découverte de l’âge du Bronze en Vendée : le dépôt de haches de Mouilleron-en-Pareds du Bronze moyen 2 (Vendée) Muriel Mélin...

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Exemple de travaux de mise en forme et de finitions sur une hache à rebords du dépôt de Mouilleron-en-Pareds (Vendée). (photo M. Mélin)

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Le musée Dobrée à Nantes conserve un curieux tripode à protomés d’ani-maux, découvert dans la ville avant 1878 dans des conditions inconnues (Parenteau, 1878). Contrairement à ceux des musées d’Evreux et de Va-lenciennes, mais comme celui du mu-sée de Corseul, il est longtemps resté ignorée des protohistoriens (Santrot, 1999). L’exemplaire découvert en Flandre belge à Geraardsbergen au XIXe siècle, le premier à avoir fait l’objet d’une étude détaillée (van de Weerd, De Laet, 1943), a été proposé comme éponyme pour les objets de ce type. Bien que régulièrement attribués à la période laténienne, leur datation exacte est de fait discutée. Après les interrogations émises par S. J. De Laet (1982, p. 715-717), ils firent l’ob-jet d’une mise au point (Beeckmans, De Mulder, 1995), qui échappa à beaucoup d’auteurs, en particulier en France comme l’attestent les notices de plusieurs expositions récentes à Nantes, Dijon/Lattes/Saint-Germain-en-Laye et Rouen. Aussi, une nou-velle mise au point, complétée d’in-formations nouvelles, nous a-t-elle parue utile.

Inventaire des tripodes du type de Geraardsbergen

De ces tripodes, de facture très homo-gène, on connaît au moins onze exem-plaires : - trois dans les Flandres belges : celui

de Geraardsbergen ; deux fragments, à Dikkelvenne et Oudenburg ; - cinq en France : outre celui de Nantes, deux à Valenciennes, Nord ; un dans l’Eure fallacieusement présenté comme venant du sanctuaire gallo- romain de Vieil-Évreux ; un conservé au musée de Corseul ; - deux sans provenance connue conservés aux Pays-Bas, au musée Boymans-van Beuningen à Rotterdam et dans une collection privée à Breda ;- un en Hongrie, venant peut-être des environs de Komaron, conservé au Naturhistoriche Museum de Vienne en Autriche. A ces exemplaires en alliage cuivreux s’en ajoute un en étain d’un modèle apparenté, d’Haagsittard dans le Lim-bourg néerlandais (Horbach, 2005). Les quatre pièces qui nous sont parve-nues complètes, une de Valenciennes, celles conservées à Rotterdam et Bre-da et celle apparentée d’Haagsittard, prouvent que ces tripodes sont des bases de chandeliers.

La datation traditionnelle des tripodesH. van de Weerd et S.J. De Laet (1943) proposent une date de La Tène III pour celui de Geraardsbergen, que G. Faider-Feytmans (1979, p. 132) considère comme « pouvant remonter au tout début de la romanisation ». R. Félix (1965, p. 92) attribue à La Tène II ceux de Valenciennes. S. J. De Laet (1973) et G. Faider-Feytmans (op. cit.) étayent leur propos en confrontant les

protomés ornant ces tripodes à ceux des chenets de la fin de La Tène et du début de la période romaine. Mais les similitudes sont pour le moins ap-proximatives, compte-tenu tant de la variété autrement plus large que sur les chenets des animaux figurés sur les tripodes – animaux d’ailleurs pas toujours clairement identifiables - que de la stylistique : les curieuses spirales terminant les cornes (ou les oreilles ?) d’un des protomés du tripode de Ge-raardsbergen et de celui du fragment de Dikkelvenne ne sont guère assimi-lables aux cornes réalistes des béliers des chenets, encore moins aux boules terminales des cornes des bovinés la-téniens. Le style des représentations des tripodes ne s’apparente d’ailleurs que de fort loin à celui des œuvres bien datées des périodes de La Tène II et III, maintenant connues en nombre appréciable. Après les réserves émises par S.J. De Laet (1982, p. 715-717), Y. Holle-voet (1992), admet, compte-tenu des conditions de découverte du fragment d’Oudenburg, la possibilité d’une da-tation encore plus récente que le temps de la romanisation pour ces objets. Les auteurs français ont régulièrement repris jusqu’à nos jours les conclu-sions de l’étude par S. et J.-P. Boucher (1988, p. 14 et 28-29) du tripode du musée d’Évreux. Ne se reportant pas à la documentation princeps (Rever, 1827, p. 170) pour vérifier la fiabilité de l’indication de provenance donnée par le musée d’Evreux (heureusement corrigée depuis peu), mais en utilisant une bibliographie de seconde main qui plus est mal comprise, ces auteurs

Le tripode en bronze à protomés d’animaux présumé celtique de NantesDe l’âge du Fer… au Moyen Âge ! José Gomez de Soto...

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attribuaient l’objet, dans un texte as-sez ambigu, soit au Hallstatt, soit à La Tène II. Dans la même étude, sans plus de contrôle de l’avis de R. Félix (1965), était aussi affirmé que les tri-podes de Valenciennes, pourtant sans contexte connu, venaient d’un milieu de La Tène II ! Or, si le premier fouilleur du site de Vieil-Evreux, l’abbé Rever, dans son « Mémoire sur les ruines du Vieil-Evreux », figure cet objet, c’est uni-quement à l’appui de sa longue digres-sion sur les luminaires antiques : il précise sans équivoque « [il] ne vient pas du Vieil-Evreux : mais il a été trouvé dans le département (a) » et la note infrapaginale (a) indique : « J’en suis redevable aux soins obligeants de M. Buhot, contrôleur des contrib. dir. à Pont-Audemer » (Rever 1827, p. 170 et pl. X, n° 3), indication possible quant à sa provenance. Ainsi, tout l’échafaudage fondé avec une grande légèreté dans l’utilisation des sources sur les tripodes des mu-sées d’Evreux et de Valenciennes s’ef-fondre-t-il comme château de cartes !

La véritable datation des tripodes Seuls deux tripodes ont été trouvés dans des conditions connues : le frag-ment de Dikkelvenne, dans un niveau du bas Moyen Âge sur le site d’une abbaye disparue ; le tripode d’Ou-denburg, hors contexte, mais sur un site occupé aux IIe - IIIe siècles de notre ère puis par une ferme du XIIe. Les deux pièces conservées aux Pays-Bas avaient été datées du XIIIe siècle sur des bases stylistiques : leur icono-graphie animalière, comme d’ailleurs celle des autres chandeliers, dérive des bestiaria, recueils de fables sur les animaux, qui trouvent leur inspiration dans l’art de l’Orient (Beeckmans, De Mulder 1995, p. 323). L’exemplaire apparenté en étain de Haagsittard, du XIIe siècle, est par-ticulièrement remarquable : ses trois protomés sont ceux de chevaux, que montent des chevaliers en broigne coiffés du casque conique classique

de la période romane ; le long du fût central, un décor complémentaire as-socie images d’oiseaux et d’hommes d’armes. Cette pièce d’exception vient, avec éclat, confirmer la leçon du fragment de Dikkelvenne ! Un indice indirect est encore donné par la base de chandelier zoomorphe d’Olhaïby, près de Mauléon, Pyrénées-Atlan-tiques, citée par S.J. De Laet (1982), qui vient très probablement du même atelier que le tripode de Geraardsber-gen, et fut trouvée sur le site d’une motte féodale nivelée.Ces tripodes appartiennent, comme le cerf en bronze d’Angers (Gomez de Soto, 2010), à la production des fondeurs des Flandres, voire des pro-vinces occidentales du Saint-Empire, qui ont fourni de très nombreux chan-deliers portés par une base tripode ornée de figures animales ou hu-maines réalistes ou schématisées, ou de monstres (v. Falke, Meyer 1935 ; Bangs, 1995). Les chandeliers du type de Geraardsbergen ne représentent donc qu’un modèle parmi d’autres, au sein d’une large production médiévale d’objets domestiques en alliage cui-vreux.

ConclusionOn ne peut plus voir dans les bases de chandeliers tripodes à protomés d’animaux du type de Geraardsber-gen une production laténienne ou des temps proches de la Conquête. Une prise en compte plus rigoureuse, pour les exemplaires de Valenciennes et du musée d’Evreux, de la documentation ancienne pourtant aisément accessible eût évité de tels errements, et leurs fâcheuses conséquences pour la re-cherche.

José Gomez de SotoDirecteur de recherche CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Guy De Mulder

Département d’Archéologie, Université de Gand

Sint-Pietersnieuwstraat 35, 9000 Gand.

Remerciements

Nous remercions nos collègues Véronique Hurt, conservatrice du Musée des Celtes de Libramont et Greta Anthoons, qui nous ont procuré et traduit pour l’un de nous les articles de D. Callebaut et al. et de Y. Hol-levoet, et signalé le chandelier de Haagsit-tard ; Dominique Cliquet, conservateur au service régional de l’Archéologie de Nor-mandie, et Nathalia Denninger, respon-sable de l’information sur les collections du musée de l’Ancien Evêché d’Evreux, qui nous ont apporté de précieuses infor-mations quant à la bibliographie ancienne du site de Vieil-Evreux ; Loïc Langouet et Antoine Gauttier, pour leurs information sur le tripode du musée de Corseul ; Peter Ramsl, de l’Österreichische Akademie der Wissenschaften, pour ses information sur le tripode dit de Komaron ; Dany Barraud, conservateur régional de l’Archéologie d’Aquitaine et Olivier Ferullo, du Service régional de l’Archéologie d’Aquitaine pour leurs informations au sujet du bronze des environs de Mauléon.

Bibliographie

Pour la bibliographie détaillée des chandeliers, voir : Gomez de Soto J. et De Mulder G., 2010. Les tripodes de bronze à protomés zoomorphes du type Geraardsbergen sont-ils véritablement celtiques ou antiques ?, Lunula. Archaeologia protohistorica, XVIII.

BANGS C. (1995) - The Lear Collection. A Study of Copper-Alloy Socket Candelsticks A.D. 200 – 1700, Londres, Bangs.

BEECKMANS L., DE MULDER G. (1995) - Bronzen driepoten met diermotieven in een middeleeuws perspectief, Handelingen van het Zottegems Genootschap voor Geschiedenis en Oudheidkunde, 7, p. 317-329.

BOUCHER S., BOUCHER J.-P. (1988) - Musée d’Evreux. Collections archéologiques. Bronzes antiques – I. - Statuaire et inscriptions. Evreux.

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FAIDER-FEYTMANS G. (1979) - Les bronzes romains de Belgique. Mainz..

VON FALKE O., MEYER E. (1935.) - Roma-

32Journée UMR

avril 2011

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FÉLIX R. (1965/1968) - Répertoire bibliographique des découvertes préhistoriques de département du Nord, Mémoires de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai, 5e série, II, pp. 3-106.

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chéologie, Archéosciences, Histoire, Rennes, 20 mars 2010, p. 41-44.

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1 : Le tripode de Geraardsbergen (d’après Les Celtes en France du Nord, 1990).2 : La base de chandelier des environs de Mauléon, Pyrénées-Atlantiques (photo. Dominique Ebrard, SRA d’Aquitaine. Photo de l’opération Prospection inventaire archéologique du Pays de Soule et des Arbailles, 1992).3 : Le chandelier complet de Valenciennes, actuellement disparu (d’après Richez, 1893).4 : Le chandelier du musée Boymans-van Beuningen à Rotterdam (photo © Musée Boymans-van Beuningen).5 : La base de chandelier tripode de Nantes (photo Musée Dobrée). 6 : Le chandelier en étain d’Haagsittard, Limburg, Pays-Bas (d’après Horbach 2005).

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Depuis 2006, un programme de prospection thématique est mené en Mayenne afin de mettre en évidence des sites d’acquisition et de transfor-mation de la dolérite au Néolithique (Kerdivel, 2009 et soumis). Ces tra-vaux concernent cinq communes du nord-ouest de la Mayenne : Saint-Germain-le-Guillaume, La Bigottière, Alexain, Saint-Germain-d’Anxure et Andouillé. Parmi les 78 indices de site recensés, seule une poignée présente du mobilier en dolérite façonnée. L’un d’eux, à Beulin, sur la commune de Saint-Germain-le-Guillaume, a fait l’objet d’un sondage à l’automne 2010, compte-tenu de son potentiel.

Dans cette zone géographique, la do-lérite se présente sous forme de filons-dykes. Dans le paysage, ils émergent sous forme de petits dômes dans des parcelles en bois ou en herbage. Sur le sondage, le filon rocheux a une lar-geur variant entre 13 et 14 mètres et se présente sous des formes variées : blocs massifs affleurants de dolérite, boules d’érosion de tailles variées et sable doléritique rouge ferrique. L’une des coupes a montré une strati-graphie complexe, où se succèdent des niveaux denses d’éclats et des niveaux limoneux stériles. Plusieurs charbons de bois, provenant d’une des couches inférieures, ont fait l’objet d’un datage radiocarbone. Par ailleurs, un énorme percuteur en grès bleu reposait à la conjonction de plusieurs couches stra-tigraphiques.

Un bloc quadrangulaire massif de do-lérite s’est révélé en position secon-daire. Reposant sur un niveau d’alté-

rite doléritique remaniée, il remonte sur l’affleurement immédiatement proche duquel il a été simplement ren-versé à plat, après avoir été apparem-ment dégagé au profit des diaclases naturelles. La mise à profit de celles-ci est un fait classique de l’extraction préhistorique (Mens 2002).La transformation de la matière pre-mière se signale aussi par l’abondance d’éléments fractionnés en dolérite : éclats ou cassons. Il faut noter que les ébauches de haches sont rares. L’une d’entre elles a toutefois été découverte en prospection; une autre en fouille (Kerdivel, soumis). Comme pour la carrière de Sélédin à Plussulien (Côtes d’Armor), les percuteurs en dolérite sont difficiles à identifier (Le Roux 1999). Deux autres percuteurs ont été découverts au cours de la campagne 2010. L’un d’eux est un galet en grès bleu (Fig. 2). Fragmenté, il pèse 3,5 kg, mais il faut lui envisager au moins un tiers de masse supplémentaire avant fragmentation. Six charbons de bois ont été décou-verts au cours de la fouille. Quatre d’entre eux ont été déterminés par D. Marguerie. Il s’agit de deux Pomoï-dés sp. et deux branchettes de Chêne. L’un des deux premiers, provenant de la coupe commentée plus haut, a fait l’objet d’un datage radiocarbone. Le résultat est 4760 ± 40 BP (Beta-287649), centré sur le milieu du 4ème millénaire, en date calibrée.

Ces résultats attestent donc d’une ex-ploitation de la dolérite au cours du Néolithique dans la partie orientale du Massif armoricain, où les gisements de Plussulien et du Pinacle (Jersey)

étaient encore récemment les seuls attestés.

Gwenolé KerdivelCollaborateur

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, RennesA. Torrado Alonso

E. Mens et le GRAM

Bibliographie

KERDIVEL G. (2009) – Occupation de l’es-pace et gestion des ressources à l’interface entre massifs primaires et bassins secondaires et ter-tiaires : l’exemple du Massif armoricain et de ses marges au Néolithique, Thèse de l’Université de Rennes 1, Vol. 1 : 501 p., Vol. 2 : 23 pl.

KERDIVEL G. (soumis en 2010) – Rôle des roches tenaces dans la distribution spatiale des gisements du Néolithique moyen au Néolithique récent et final à l’interface Massif armoricain/Bassins parisien et aquitain, in : Roches et So-ciétés en Préhistoire entre massifs cristallins et bassins sédimentaires, Rennes Avril 2010.

LE ROUX C.-T. (1999) – L’outillage de pierre polie en métadolérite du type A. Les ateliers de Plussulien (Côtes-d’Armor) : production et dif-fusion au Néolithique dans la France de l’ouest et au-delà, Rennes, Association des Travaux du Laboratoire d’Anthropologie, (Travaux du La-boratoire, 43), 244 p.

MENS E. (2002) – L’affleurement partagé, ges-tion du matériau mégalithique et chronologie de ses représentations gravées dans le Néo-lithique moyen armoricain. Thèse de doctorat en Archéologie de l’Université de Nantes, 3 volumes, 795 p.

Un site d’acquisition et de transformation de la dolérite du Néolithique dans le nord-ouest de la Mayenne Gwenolé Kerdivel...

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Fig.

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Fig. 2 : Percuteur en grès bleu provenant de la coupe sud carré A13 (Photo et DAO : A. Torrado Alonso)

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Les dépotoirs coquilliers mésoli-thiques connus le long de la façade atlantique de l’Europe sont nombreux. Plus de 330 y sont recensés. La pré-sence de tests calcaires coquilliers au sein de ces dépotoirs a permis une conservation à la fois des restes osseux humains et animaux (poissons, mam-mifères terrestres et marins, batraciens et reptiles), mais aussi de fragments de tests ou de piquants d’oursins et de carapace ou de doigts de pinces de crabes. Cette diversité nous donne un accès indirect à la fois aux régimes ali-mentaires de ces chasseurs-cueilleurs, mais aussi à l’environnement de leur territoire de collecte voire à leur mode de résidence. La masse d’informations archéologiques reflétées par ces ac-cumulations de déchets anthropiques est encore largement sous-exploitée du fait, d’une part de l’absence d’un échantillonnage adapté et d’autre part de la rareté des développements mé-thodologiques appliqués à certains des taxons identifiés.

Nous nous proposons de faire un bilan quantitatif des données connues sur les crustacés décapodes de ces amas mésolithiques et de présenter les dé-veloppements méthodologiques pos-sibles sur ces invertébrés marins, ainsi que leurs retombées archéologiques. Les crabes sont rarement notés comme présents sur les amas coquilliers mé-solithiques (20 %) connus le long du littoral atlantique européen. Cette don-née est difficile à interpréter en termes de fréquence de consommation des crabes puisque la qualité des détails de la publication s’ajoute aux biais de conservation. Il est souvent diffi-

cile de savoir si l’absence de crabe est réelle ou si les archéologues ne les ont pas identifiés. Leur identification est d’ailleurs fortement dépendante des techniques de fouille et d’échantillon-nage (tamisage fin / 2 mm) appliquées dès la phase de terrain. L’identifica-tion spécifique n’est pas systématique sur les amas coquilliers mésolithiques. Ce fait semble en partie lié à la mé-connaissance des informations appor-tées par ces invertébrés marins bien souvent représentés par les seuls frag-ments des extrémités de pinces.Une collection de référentiels de crabes actuels nous permet de déter-miner les espèces représentées dans ces accumulations. Elle est actuelle-ment en cours de développement au CReAAH et comprend pour chaque espèce une cinquantaine d’individus mâles et femelles des plus petits au plus grands. Les déterminations des crabes archéologiques permettent de confronter les distributions biogéo-graphiques des espèces dans les as-semblages archéologiques par rapport à celles des individus modernes. Les différences obtenues pourront témoi-gner de variations climatiques. Ces déterminations donnent également accès aux biotopes des crabes identi-fiés et donc aussi indirectement aux environnements marins exploités par les hommes mésolithiques. La quanti-fication et la latéralisation des pinces permettent d’obtenir des nombres de restes (NR) et des nombres minimum d’individus (NMI) des différentes es-pèces identifiées. Les développements biométriques sont recherchés pour reconstituer la dimension d’origine des ces ressources marines. Toutes

ces mesures sont fondamentales, car elles permettent au sein d’un dépotoir de savoir si les crabes ont volontai-rement été exploités par l’homme ou s’ils représentent des faunes associées à d’autre matériel (sable de la laisse de haute mer ou rochers par exemple).

Ainsi, les données obtenues sur les restes de crustacés viendront affiner celles qui ont été accumulées ces der-nières années sur d’autres invertébrés marins, les mollusques.

Catherine DupontChargée de Recherche CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes [email protected]

Yves GruetUniversité de Nantes

58 rue Stendhal, 44300 Nantes France [email protected]

Les crabes : des marqueurs des paléoenvironnements et des activités humaines mésolithiques Catherine Dupont...

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Dépotoirs coquilliers mésolithiques dans lesquels des restes de crabes ont été identifiés.

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Au cours de l’été 2010, notre équipe a poursuivi l’étude du patrimoine ar-tistique, historique et archéologique de la commune de Murol dans le Puy-de-Dôme.Sur son territoire, seuls 4 sites archéo-logiques étaient inventoriés, mais de-puis perdus comme le fanum romain de Rajat, fouillé dans les années 50 et le site de Jassat fouillé par l’abbé Boudal. Leur redécouverte et celle de

la collection archéologique de l’ar-chéologue Verdier constitue un fond documentaire inédit touchant l’Anti-quité et les périodes médiévales de la région.Les prospections ont livrées des résul-tats qui ont dépassé nos hypothèses, plus de 20 sites ont été découverts, du néolithique à l’époque moderne. L’approche pluri-disciplinaire (his-toire, géologie, pédologie, archéolo-gie, anthropologie et histoire de l’art) permet d’appréhender les différentes

formes d’anthropisation et d’exploi-tation des ressources biologiques et minérales du territoire, dont la genèse géologique est une des plus jeune de France en raison d’un volcanisme du quaternaire (-10 000, -8000 BP). Ces données raccommodent l’histoire trop décousue de la région et le châ-teau de Murol n’apparaît plus comme un accroc isolée, mais solide-

Étude pluridisciplinaire de Murol : résultats de la campagne de 2010 et propositions d’analyses(Puy de Dôme) Dominique Allios

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ment inséré dans un tissu de peuple-ment à la forte trame antique.Dans le château de Murol, les phases de construction ont pu être précisées, le faisant remonter à la période ca-rolingienne. Les analyses des équi-pements stratégiques et militaires croisées à celle des aménagements palatiaux et au patrimoine artistique ont contribuées à une lecture plus nuancée de l’édifice et de la pluralité de ses fonctions. Elles rejoignent ainsi les études d’archéologie monumen-tale, qui, associées à la caractérisation des matériaux et des techniques de constructions, permettent d’interpré-ter avec une plus grande précision des campagnes successives de construc-tion et les diverses configurations du site, à la fois village, forteresse et pa-lais.Le rapport entre le château et le pay-sage relève aussi d’une approche qui tente de définir les interactions dy-namiques : les aménagements péri-phériques du château, parcs, villages, chasses, cheminement d’accès, points de vue, correspondent à une volonté de monumentalisation et d’ostenta-tion mise en place dès le Moyen Âge. Cette esthétique évoluant au cours de la Renaissance puis de la période Romantique. En pendant à cette dé-marche, l’étude environnementale se trouve ainsi confrontée à la notion (sous-estimée pour les périodes mé-diévales) d’aménagement choisi, plus que de soumission aux éléments natu-rels, particulièrement sévères dans ce secteur de montagne.L’équipe scientifique est composée d’enseignant et d’étudiants chercheurs archéologues, historiens de l’art, de géologues, d’informaticiens, associant les universités de Rennes, Toulouse, Clermont-Ferrand, l’Institut Français de Mécanique Avancée de Clermont-Ferrand, l’Institut National de Re-cherches en Archéologie Préventive.

Dominique AlliosMaître de conférences en archéologie

médiévale Université Rennes 2

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes

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Quatre séquences polliniques issues de tourbières situées sur la commune de Paimpont ont été étudiées. Etayées par 14 datations radiocarbone, elles permettent de retracer de façon quasi continue l’histoire de la végétation en centre Bretagne pendant les 13 der-niers millénaires. Le Dryas récent apparaît comme une période au paysage très ouvert, do-miné par une steppe à graminées et ar-moises. Quelques rares saules, pins et bouleaux s’égrènent dans le paysage. De rares occurrences de Juniperus et d’Ephedra distachya témoignent de conditions climatiques froides et arides.Le Préboréal a été enregistré de façon très dilatée sur le site du « Pas de la Chèvre » (1 m de sédiment, fig. 1). A son commencement, le paysage se boise. Le bouleau connaît une très forte expansion. Il est d’abord accom-pagné du saule qui est petit à petit remplacé par le pin. Les prairies très présentes dans un premier temps s’es-tompent lorsque les premiers ligneux mésophiles s’installent durablement en fin de période. Entre 8000 et 9000 uncal. B.P., la végétation se transforme lentement. Dans les bosquets, le chêne se déve-loppe et remplace le pin. Le bouleau reste l’espèce majoritaire de ces forêts encore très claires.A l’Atlantique, on observe un très net recul du bouleau et du chêne. Le noi-setier connaît une phase d’expansion rapide et devient l’espèce majoritaire. Une corylaie remplace la boulaie-chênaie. D’abord rare, l’orme se dé-veloppe rapidement dans ces forêts claires. Puis la forêt se fait plus dense.

Le chêne se multiplie alors que le noi-setier décline progressivement. Une chênaie mixte s’installe. Le tilleul s’y établit abondamment pendant que l’orme s’efface. C’est à la fin de cette période que les premiers indices d’anthropisation se font évidents avec l’apparition des premières céréales.Le Subboréal correspond à la phase d’extension maximale de l’aulne. Son premier tiers ne semble pas avoir été enregistré dans les séquences étudiées. Pour le reste de la période, le paysage est plus ouvert. La chênaie domine toujours, mais le tilleul y recule net-tement. Le hêtre apparaît ponctuel-lement. Dans les clairières devenant plus fréquentes et plus grandes, l’éle-vage et la culture des céréales se déve-loppent. Les premières cultures de blé noir apparaissent à l’Âge du Bronze.Enfin, le Subatlantique commence aux alentours de 2500 uncal. B.P. Il se caractérise par le développement du hêtre et du charme. L’anthropisa-tion du milieu y est de plus en plus importante. La forêt recule au profit de l’agriculture et de l’élevage. Avec l’installation romaine, la fructiculture est observée par l’apparition du noyer et du châtaignier. L’augmentation constante de la pression anthropique sur le milieu entraîne un développe-ment des landes. D’abord discrètes, elles connaissent une véritable ex-plosion au cours de la période mo-derne. Puis elles disparaissent des dia-grammes aussi soudainement qu’elles y étaient apparues tandis que le pin connaît un très fort développement. Cette dynamique reflète la mise en va-leur des terres acides à landes par la culture des résineux.

Jean-Charles Oillic Doctorant, université Rennes1

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes [email protected]

Histoire de la végétation sur le massif de Paimpont au cours des 12 500 dernières années Jean-Charles Oillic

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Fig. 1 : Diagramme pollinique simplifié du site du « Carrefour du Pas de la Chèvre » (Paimpont, Ille-et-Vilaine). Les dates sont exprimées années BP non calibrées.

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avril 2011

Le massif Armoricain est bien connu comme présentant de très nombreuses minéralisations en galène dont un certain nombre a été intensivement exploité durant les derniers siècles. Ces mines imposantes ont conduit bien souvent à la disparition des tra-vaux miniers précédents, dont cer-tains pourraient remonter à l’Age du Bronze. En effet, sur l’ensemble de ce territoire, des dépôts d’objets à base de cuivre contenant du plomb, parfois en fortes proportions, ont été découverts datant du Bronze final et du Premier Age du Fer. La présence du plomb dans ces proportions est une particula-rité du quart Nord Ouest de la France. On peut ainsi se poser la question de l’origine locale de ce métal. Un secteur minier n’a pas été ré-exploité aux époques modernes et contemporaines et a donc conservé presque intact les traces des anciens travaux. Il s’agit du secteur de Plélauff situé au centre de la Bretagne. Un son-dage d’exploration du BRGM (Bureau de Recherche Géologique et Minière) dans les années 1960 a rencontré des galeries souterraines boisées à trois ni-veaux : -30, -40 et -70 m. La minéra-lisation étant extrêmement friable car très altérée, les mineurs ont dû boiser intégralement les galeries. Pour se faire, des cadres en bois ont été joints les uns contre les autres. Au cours de l’exploration du BRGM, le bois trouvé a été remonté mais la presque totalité a été détruite à l’époque. Reste un cadre complet et quelques fragments. Il est impossible de dire de quel niveau ces bois proviennent, mais les personnes qui les ont remontés nous ont certifié que tous les bois se ressemblaient par

leur assemblage, quel que soit le ni-veau souterrain. L’assemblage de ces bois se fait par tenons et mortaises. La dendrochronologie confirme la contemporanéité des bois avec deux dates à -150 et -165 ans. L’exploration des environs a montré la présence de trois zones de concentration de scories de réduction de la galène, laissant ain-si penser que les ateliers de production de plomb se situaient immédiatement à proximité de l’exploitation minière. Actuellement, il n’y a pas de traces de litharge prouvant la production d’argent. C’est pourtant durant ces périodes que les pièces en argent sont apparues. Si à La Tène moyenne, les travaux mi-niers ont pris une telle ampleur, il est possible d’imaginer que les premiers travaux de surface puissent avoir com-mencé au début du second Age du Fer, voire au Premier Age du Fer. Ainsi, les milliers de hâches à douille de type armoricain pourraient avoir été produites avec du plomb provenant de cette mine. Afin de mettre en évidence la possible origine du plomb dans les haches à douille de type armoricain, une pros-pection géochimique sur les sites d’ateliers présumés sera réalisée. Ceci nous permettra de récolter le nombre suffisant de scories afin de réaliser les analyses isotopiques du plomb et ob-tenir une signature fiable du gisement. De mêmes analyses seront réalisées sur des haches à douille contenant beaucoup de plomb.

Cécile Le Carlier Ingénieur d’étude CNRSUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes [email protected]

Vincent Bernard Chargé de recherche CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Alexandre MahéInrap Grand Ouest.

Une mine de plomb datée de l’Age du Fer en Bretagne (France) Cécile Le Carlier...

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La métallurgie du fer en Centre Ouest Bretagne à l’âge du Fer : Problématique de la thèse et premiers résultats de la campagne de prospection de 2010-2011 Nadège Jouanet-Aldous

Depuis une vingtaine d’années, les prospections thématiques et les fouilles d’ateliers de réduction ont permis le développement de la re-cherche sidérurgique bretonne. Deux zones sont principalement concer-nées par les découvertes : d’un côté la Haute Bretagne (Paimpont avec Guy Larcher et Jean-Bernard Vivet, la Val-lée de la Rance avec Philippe Lanos, le CeRAA et Jean-Bernard Vivet, et l’est de l’Ille-et-Vilaine avec Jean-Claude Meuret), de l’autre, le Finis-tère et notamment la région du Porzay avec Vincent Le Quellec.

La thèse s’inscrit dans la conti-nuité de ces travaux en s’inté-ressant à une zone vierge de découverte sidérurgique : la région Centre Ouest Bretagne. Cette région est d’autant plus intéres-sante qu’elle présente des terrains riches en fer et qui ont vu l’implanta-tion de hauts-fourneaux, à partir du XVIe siècle.Ce travail consiste à étudier la production de fer protohistorique en Centre Ouest Bretagne. Il s’agit d’améliorer la cartographie des sites de production de fer dans la région centre Bretagne, d’étudier les procé-dés technologiques mis en œuvre et leurs évolutions et enfin, d’obtenir la signature chimique des différents districts miniers à l’Age du Fer. Ces dernières données pourront peut-être permettre de faire le lien chimique entre les secteurs de production du fer et les secteurs de consommation des objets manufacturés, et ainsi mettre en

lumière les relations d’échanges entre les différentes zones géographiques concernées.

La méthodologie employée est pluri-disciplinaire. Une prospection théma-tique est organisée sur les communes situées entre Morlaix-Guingamp-Scaër-Pontivy. Cette approche de ter-rain a pour objectif de recenser et de caractériser les sites de production au travers de la typologie du mobilier et de les positionner dans leur contexte archéologique. Les sites découverts

permettront d’enrichir la base de données paléométallurgiques.L’approche archéométrique est consti-tuée, d’une part, de l’observation minutieuse des objets sidérurgiques collectés sur les sites afin de préci-ser la typologie et les caractéristiques morphologiques attribuables à un caractère local; et d’autre part, l’ana-lyse chimique par ICP réalisée sur des échantillons représentatifs de scories ou de minerais pourrait permettre de cerner les signatures chimiques en relation avec la nature différente des minerais de localisation variée.

Des datations radiocarbones sont en-visagées afin de dater les charbons emprisonnés dans la matrice de la sco-rie.

Les premières données de prospection confirment l’absence d’activité des prospecteurs dans cette région. En effet, de nombreux sites ont été découverts. Les sites à scories écoulées représen-tent une grande majorité des sites dé-couverts. Leur répartition semble dis-persé sur l’ensemble du territoire. Les ateliers de réduction sont relativement nombreux sur les terrains riches en fer, mais on note la présence de quelques sites à scories écoulées sur des mas-

sifs granitiques, pauvres en fer.La prospection a également

permis de mettre en évi-dence 2 districts sidé-rurgiques, pouvant être attribué à l’Age du Fer.

Le premier se situe dans la région de Tourch (sud

Finistère). La découverte de nombreuses scories piégées

en forme de « galettes » indique la présence de bas-fourneaux d’envi-ron 90 à 100 cm de diamètre interne et de 15 à 20 cm de hauteur de cuve, pour un poids avoisinant 200 à 250 kg. Les scories du site du Restou sont datés de La Tène ancienne et moyenne. La calibration de la data-tion 14C par OxCal propose une data-tion comprise entre 385 et 342 CalBC (24 % de probalité) ou 316 à 208 CalBC (72 % de probalité). Certains sites contenaient plusieurs centaines de kilogrammes de scories, suggérant la présence de plusieurs bas-four-neaux au sein de l’atelier.

44Journée UMR

avril 2011

Le second district sidérurgique se si-tue au sud de Morlaix. Plusieurs frag-ments volumineux de scories piégées ont été découverts. Ces vestiges sont de forme circulaire de 100 à 110 cm de diamètre, de 30 à 40 cm de hauteur et peuvent peser jusqu’à 600 kg.

La particularité de cette zone géogra-phique est de présenter des gisements de fer d’origines géologiques variées, impliquant ainsi une différence de composition chimique entre les mine-rais. L’un des objectifs de ce travail est d’isoler la signature chimique des différents districts miniers et de les comparer avec la signature chimique d’inclusions de scories des objets en fer provenant de sites gaulois impor-tants.Un premier travail (réalisé au cours du Master 2) avait permis d’effectuer des analyses chimiques de quelques

échantillons de scories, d’origines géographiques variées. Les signa-tures chimiques des sites de Penme-nez (Huelgoat), de Coat Huellan et du Tachen (Bourbriac) ont pu être isolées grâce à un élément chimique, le Man-ganèse, tandis que la recherche des signatures des trois autres sites (Saint-Gildas, Berrien et Le Haut-Corlay) est plus difficile. Le rapport Sr/Ti permet néanmoins de distinguer légèrement les tendances chimiques des diffé-rents sites. D’autre part, l’absence de certains éléments chimiques a réduit la capacité à comparer les résultats géochimiques des sites bretons. L’ob-jectif de ce travail est donc d’évaluer la possibilité de différencier les signa-tures chimiques des districts miniers et aborder les limites de la méthodo-logie.

Nadège Jouanet-AldousDoctorante, université Rennes1

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes

BibliographieJOUANET N., 2010 – Prospection paléométal-lurgique autour des lingots bipyramidaux de fer de Saint-Connan (Côtes d’Armor), Mémoire de Master 2, Université de Rennes 1, 22p. + 15p. d’annexes

JOUANET-ALDOUS N., 2010 - Prospection paléométallurgique en Centre Ouest Bretagne. Campagne de 2010 Secteur de Huelgoat, Rap-port de prospection thématique 2010, SRA Bre-tagne, Rennes, 84p.

Scorie piégée du Restou (Tourch, 29)

Scorie piégée de Run ar Wrac’h (Pleyber-Christ, 29)

POSTERSPOSTERS

46Journée UMR

avril 2011

L’étude des lieux de productions de la céramique livre des informations pri-mordiales sur le degré de technicité de cette industrie à une époque donnée, l’organisation du travail, la connais-sance des fours sur le plan technolo-gique, le répertoire et la diffusion des productions. La fouille rigoureuse des ateliers de potiers revête un intérêt d’autant plus grand qu’elle renseigne sur le rôle que pouvait jouer la produc-tion céramique dans la vie sociale et économique d’un territoire. Pourtant, cette recherche est presque inexistante en Bretagne : les données disponibles sont extrêmement lacunaires, et la découverte des sites de production comme leurs fouilles restent rares. L’inventaire le plus récent des ateliers de potiers, réalisé et publié par Marie-Noëlle Faulon, date de 1995. Dans son article, elle recensait 22 sites pour l’ensemble de la Bretagne dont 10 ont fait l’objet de fouilles. Depuis, seuls six nouveaux sites sont venus s’ajou-ter à cette liste.Les différentes opérations archéolo-giques menées en Bretagne sur des ateliers de potiers, en raison de leur caractère partiel ou limité, n’appor-tent que des informations très incom-plètes sur leur organisation. Les fours souvent les seules structures dégagées sont relativement bien documentés. Ils présentent un plan récurent : une chambre de chauffe circulaire d’un diamètre qui varie entre 1 et 2 mètres. Cette forme est majoritaire en Gaule durant toute la période romaine sauf au IVe siècle (Le Ny 1993, p.141). L’opération archéologique, menée de 1986 à 1989 sur le site de Tressé (35) par Françoise le Ny, a permis d’obte-

nir une vision d’ensemble d’un atelier. Les différents types de structure, de la recherche des matières premières à la fabrication de l’objet, ont pu être mis en évidence. Sur le plan chronolo-gique, les ateliers de potiers reconnus datent du Haut-Empire, et principale-ment de la fin du Ier siècle. L’atelier de Liscorno à Surzur (56) constitue pour l’instant le seul exemple de pro-duction de céramiques aux IIIe et IVe siècles.Les productions sont connues grâce au mobilier issu du comblement des fours et des dépotoirs (fosses, fos-sés…). Dans un premier temps, le répertoire morphologique est défini sur la base d’observations techniques simples (à l’œil nu ou à la loupe bino-culaire) : le type de cuisson (oxydante ou réductrice), l’importance et la taille des inclusions, le façonnage des vases, les divers traitements de surface et les techniques décoratives. Ce corpus, en cours d’élaboration, devra ensuite être confronté avec les données dispo-nibles au niveau des sites de consom-mation, afin de déterminer la diffusion des produits de ces différents centres de production. Des études pétrogra-phiques des pâtes des ratés de cuisson et de l’argile utilisée pour la construc-tion des fours permettront de caracté-riser les différentes productions.

Isabelle BrunieDoctorante, Université Rennes 2

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes [email protected]

BibliographieFAULON M.-N., 1995 : Inventaire des ateliers de potiers gallo-romains de l’ouest de la France, Les Dossiers du Ce.R.A.A., 23, p. 45-54.

LE NY F., 1993 : Un atelier gallo-romain de production céramique (matériaux de construc-tion et céramiques communes) au Bas Rouault en Tressé (Ille-et-Vilaine). Synthèse de quatre années de recherche (1986-1989), Saint-Malo, Dossier CeRAA, suppl. P, 130p

Les ateliers de potiers antiques de la péninsule armoricaine

47Journée UMR

avril 2011

Photo du four gallo-romain de la ZAC de Lobréont à Surzur: vue de la chambre de chauffe circulaire. (cliché A. Triste - 11/2006)

48Journée UMR

avril 2011

Un programme d’analyses d’objets à base cuivre a débuté récemment sur le Grand Ouest de la France. Il est ciblé sur trois horizons métalliques : l’ho-rizon des dépôts de haches à talon at-tribué au Bronze moyen II ; l’horizon de l’épée en langue de carpe attribué au Bronze final IIIb ; l’horizon des haches à douille de type armoricain. Ces derniers objets ont été ancienne-ment attribués au Bronze final, mais les découvertes récentes tendent à les rattacher au Premier Age du Fer. L’approche régionale est privilégiée. Le programme a débuté par des dépôts situés dans la Manche (Normandie). Deux dépôts concernent les dépôts de l’Age du Fer (Trelly, Agneaux) un dépôt concerne le Bronze final (Sur-tainville) et deux dépôts concernent le Bronze moyen II (Gatteville et Anne-ville-en-saire). Pour comparaison in-terrégionale, deux dépôts de l’Age du Fer finistérien (Kergariou, Huelgoat) ont été pris en compte, ainsi que deux dépôts du Bronze final (Menez Tosta et Gouesnac’h) et un dépôt du Bronze moyen II (Saint Thois). Enfin, un dé-pôt du Bronze moyen II de Vendée a été analysé (Mouilleron-en-Pareds). Tout d’abord, l’homogénéité du métal au sein des objets a été testée afin de voir si les variations observées peu-vent être de l’ordre de variation entre les différents objets. Ce travail de vé-rification n’est pas possible sur les ob-jets des dépôts de l’horizon de l’épée en langue de carpe du fait de leur forte fragmentation. Les haches à talon du Bronze moyen II sont parfaitement homogènes. Pour les haches à douille de type armoricain, les résultats mon-trent une très forte variation des te-

neurs en Cu et Pb (jusqu’à 23%) et une variation modérée pour Sn (jusqu’à 1%). Les variations concernant les éléments en trace moindre au sein des objets que d’un objet à l’autre. En tes-tant l’homogénéité du métal, on peut ainsi clairement identifier des objets exotiques ou se rendre compte d’un recyclage plus ou moins important du métal. Il faut néanmoins modérer le propos car, tant que l’on ne connaî-tra pas la variation de composition du métal issu directement de l’étape de la réduction (représenté typiquement par les lingots plano-convexes en cuivre), on ne saura pas exactement si les va-riations observées sont liées à des mé-langes (ou recyclage) de métaux ou si elles sont dues à la variation de la source même. La grande quantité d’objets analysés par dépôt, et le fait d’analyser plu-sieurs dépôts de chaque horizon dans une même zone géographique, per-mettent de se rendre compte de l’ho-mogénéité ou de l’hétérogénéité des dépôts, et de là, de tenter de trouver une signature chimique. En plaçant les points représentatifs des analyses dans des diagrammes ternaires, on se rend compte que la variation observée au sein des dépôts est localisée dans plusieurs zones des triangles. Ainsi pour la Manche, les dépôts de Trelly et d’Agneaux (Age du Fer) se surimposent quasiment. Le dépôt de Surtainville (Bronze final IIIb) présente un décalage. Enfin, les dépôts d’Anneveille-en-Saire et Gat-teville (Bronze moyen II) se surim-posent également entre eux et se re-trouvent dans une troisième zone des graphiques.

Ainsi, ces premiers résultats tendent à montrer que l’on peut sans doute dé-gager des signatures de dépôts d’ob-jets métalliques, en fonction des ré-gions et en fonction des horizons mé-talliques, à condition que le nombre d’objets analysés par dépôt soit suf-fisant et que l’homogénéité du métal soit vérifiée. Le fait que ces signatures différentes d’un horizon métallique à un autre tend à laisser penser que le recyclage des objets métalliques peut être en fin de compte un phénomène assez mineur, et qu’une majorité des objets fabriqués provient de l’utilisa-tion de métaux neufs.

Cécile Le Carlier Igénieur d’étude CNRS

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Jean Christophe Le Bannier

TechnicienUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

Cyril Marcigny Inrap

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Muriel Fily

Docteur de l’UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes Muriel Mélin

Doctorante, Université Rennes1UMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

L’analyse des objets à base cuivre protohistorique de l’Ouest de la France L’importance de la représentativité des analyses à l’échelle régionale

49Journée UMR

avril 2011

Les travaux entrepris depuis près de quarante ans sur le thème des fortifi-cations de terre médiévales ont permis d’établir des inventaires assez précis de ces sites appartenant à la petite et moyenne aristocratie médiévale. Concernant le Morbihan, plusieurs disparités apparaissent dans la répar-tition de ces résidences. Très concen-

trées dans le Nord-Ouest du départe-ment, le Sud-Est paraît au contraire très dépourvu de ces sites fortifiés et fossoyés caractéristiques des XIe-XIIIe siècles et de l’extension d’une catégorie de nouveaux nobles issus de la chevalerie.Un inventaire mené en 2010 sur cette zone apparemment très pauvre en sites

a permis de confronter divers types de sources. La bibliographie ancienne, les documents manuscrits médiévaux et modernes (conservés à Vannes et à Nantes) ou encore la cartographie ancienne (cadastre « napoléonien », carte de Cassini) et actuelle. Enfin les prospections menées au cours de cette année ont permis de préciser l’état de

Les résidences fortifiées médiévales : quelques exemples de sites fossoyés du Morbihan

Cartographie des sites attestés.

50Journée UMR

avril 2011

conservation des sites recensés, ainsi que leur morphologie. Sur une zone de soixante communes étudiées, 32 sites ont été identifiés, dont 13 seulement sont encore en élé-vation, 13 sont attestés mais détruits (ou ne conservent plus de vestiges antérieurs au XIIIe siècle) et 6 sont hypothétiques. Leur état de conser-vation est très variable : certains sites sont profondément défigurés par les aménagements modernes (routes no-tamment), c’est le cas par exemple du site de La Motte à Arzal ; tandis que d’autres sont restés étonnamment préservés, comme par exemple le site de Cadillac à Noyal-Muzillac. Face à la fragilité de ces sites une campagne de relevés topographiques des sites en élévation a été entreprise durant l’hiver 2010-2011. Elle a fourni pour chaque site relevé (8 au total), des mesures précises permettant d’en tirer des plans et des vues en 3 dimensions. Ce travail réalisé avec le concours des étudiants de Rennes 2 et de l’univer-sité d’Amiens apporte donc de nou-velles données à une future étude mor-phologique des sites à l’échelle dépar-tementale. Si les typologies de mottes établies en fonction des formes, des dimensions, des positions topogra-phiques, n’ont pas toujours été très probantes, la morphologie de ces sites reste indispensable afin d’aborder le sujet dans le cadre d’une étude portant sur une vaste étendue.Les premières observations permet-tent d’appuyer ici sur une très forte diversité des plans, des dimensions et des localisations de ces sites. Si le schéma traditionnel de la résidence aristocratique médiévale est celui de la motte circulaire à laquelle est accolée une basse-cour, ou plus tar-divement à une maison-forte ou un manoir semi-fortifié, il est apparu ici que plusieurs types d’occupation aristocratiques ont pu coexister ou se succéder rapidement dans cette zone géographique pourtant restreinte. Le modèle de la motte tronconique y est certes présent (site de Luhan à Saint-Nolff) que ce soit avec ou sans basse-cour associée. Mais on retrouve également des tertres quadrangu-laires, parfois aménagés comme des

mottes « classiques » ou alors beau-coup moins élevés et surmontés eux-mêmes d’une enceinte (site du Vieux-Moulin à Saint-Nolff). Ce système d’enceinte surmontant une motte est encore utilisé pour le site du Pont-Roz à Theix, qui se présente comme une motte circulaire (mais défigurée aujourd’hui). Le site de Coët-Bihan, à Questembert, montre encore une autre forme de fortification : il s’agit là d’une vaste plateforme quadrangu-laire, de 50 mètres sur 55, entourée partiellement de fossés, et surmontée de talus protégeant semble-t-il une ancienne construction de type manoir assez massive (les murs atteignant 3 mètres au niveau des fondations). Son occupation, attestée assez tardi-vement (XIIIe siècle), expliquerait cette morphologie particulière, moins défensive, et très nettement associée à un petit bourg se développant au sud. Pour le moment ces différentes formes ne peuvent être mises en relation avec un type d’occupation particulier. La documentation écrite ne nous permet pas ici de dater leur construction ni d’identifier leurs détenteurs avant la fin du Moyen Age. Seule la fouille pourrait permettre de préciser les périodes d’utilisation de ces sites et d’avancer dans cette étude sur la mor-phologie des sites fortifiés et fossoyés médiévaux. Ce travail d’inventaire a également permis d’aborder des questions rela-tives à la répartition géographique de ces sites, et plusieurs constatations peuvent être faites. Tout d’abord, la faible concentration de sites peut s’ex-pliquer en partie par la présence de pouvoirs forts ou ayant la mainmise sur des territoires restreints et donc facilement contrôlables. Ainsi, les sites aristocratiques sont quasiment absents dans les paroisses appartenant au régaire de l’évêque de Vannes. Ils sont également peu nombreux autour des grands centres de pouvoirs que sont Rieux, Rochefort-en-Terre, La Roche-Bernard, Lanvaux, Muzillac, Elven (seigneurie de Largoët) et évi-demment Vannes, résidence ducale. Enfin, les possessions importantes de l’abbaye de Redon à l’Est du départe-

ment bien avant le XIe siècle ont sans doute également limité l’implantation de sites fortifiés. Cette première approche est à complé-ter par une étude de l’environnement politique et physique de ces sites. Des comparaisons à plus large échelle permettront également d’affiner cette première étude micro-régionale.

Lucie JeanneretDoctorante, Université Rennes 2

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, Rennes

51Journée UMR

avril 2011

Certains sites archéologiques localisés sur le littoral français sont en danger de disparition, du fait de la montée du niveau marin et des érosions na-turelles. Le projet ALERT «Archéo-logie, Littoral Et Réchauffement Ter-restre» mis en place en 2007 a pour objectif de répertorier ces sites en péril et de dresser leur état de conser-vation, tout en proposant d’en assurer l’enregistrement, voire la sauvegarde (Lopez-Romero et Daire, 2008). Ce fût le cas du site de Dossen-Rouz, situé à Locquémeau-Trédrez dans le département des Côtes d’Armor, dont une partie de l’activité était dé-diée à la production du sel durant le second âge du Fer (IIIe- IIe siècle av J.-C). L’économie alimentaire car-née des populations installées à l’âge du Fer dans l’Ouest de la France est encore peu étudiée. Si l’exploitation des ressources terrestres reste mieux connue (Baudry, 2005 et 2006), celle des ressources marines n’a donné lieu jusqu’à ici, qu’à de rares études (Du-pont, 2006 et 2009). L’objectif de tra-vail est de définir le mode de subsis-tance des occupants de Dossen-Rouz ainsi que de cerner leurs activités liées à l’exploitation des milieux marins (la pêche et la collecte des coquillages, des échinodermes et des crustacés) et terrestres (élevage et chasse). Tous ces résultats découlent des sédiments prélevés à la fouille et tamisés à une maille de 2 millimètres, permettant de récupérer des espèces fragiles ou de petites tailles voire celles aux pièces squelettiques réduites. L’étude malacologique présente un développement méthodologique en lien avec la position du site archéolo-

gique sur l’estran, pouvant mettre en avant des problèmes de taphonomies et d’accumulations naturelles (Mougne et al., soumis). Les résultats ont mon-tré que sur 34 espèces de coquillages identifiées, seules 4 (la patelle : Patella sp. ; le bigorneau : Littorina littorea ; l’ormeau : Haliotis tuberculata tuber-culata et la moule : Mytilus edulis) ont sans doute été consommées à l’époque gauloise sur le site de Dossen-Rouz. L’exploitation des ressources marines est caractérisée principalement par la patelle, coquillage le plus présent sur ce site. Ses habitants exploitaient ex-clusivement le milieu rocheux. Les invertébrés marins, dont le biotope est strictement localisé dans la partie dé-couverte à marée basse, comme la pa-telle, ont été largement collectés sans doute en raison de leur accessibilité quotidienne. A l’inverse, les taxons inféodés uniquement au bas niveau de l’estran, comme l’ormeau ou l’our-sin, accessible à pied sec de manière exceptionnelle, ne semblent occuper qu’une faible part de l’alimentation. La sélection des invertébrés marins s’est portée sur des individus moyens à grands. Cette collecte pouvait être réalisée sur plusieurs saisons et une présence quotidienne des habitants sur Dossen-Rouz n’est pas à exclure. De plus, ils consommaient des animaux domestiqués composés de la triade bœuf/ porc/ capriné, associant ainsi grand et petit bétail. Il est donc pos-sible d’envisager un élevage de ces animaux à proximité du site. Enfin, la présence d’industrie osseuse sur bois de cerf à Dossen-Rouz marque le seul lien des hommes avec l’espace fores-tier. D’après les restes fauniques trou-

vés, l’approvisionnement alimentaire était tourné majoritairement vers l’ex-ploitation du littoral. Le développement des ateliers de bouilleurs de sel, produit essentiel et source d’échanges avec d’autres groupes humains a pu encourager les installations côtières à l’époque gauloise. Les ressources marines ont probablement participé à cet essor, particulièrement dans l’économie de subsistance. Une vaste étude malaco-logique allant des côtes de la Manche à la façade atlantique pourra permettre de mieux comprendre l’importance des ressources marines dans l’alimen-tation et ainsi d’acquérir une meilleure connaissance des espèces des côtes françaises et des milieux exploités. Ces données sont primordiales pour caractériser les modalités d’utilisation, d’échanges et de transport de ce type de denrées et essayer d’établir le mode de résidence des gaulois qui ont fréquenté le littoral.

Caroline MougneDoctorante, Université Rennes1

UMR 6566 « CReAAH » Centre de Recherche en Archéologie

Archéosciences Histoire, RennesCatherine Dupont

Chargée de recherche CNRSUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

Anna BaudryINRAP GSO, base archéologique

de PoitiersMarie-Yvane Daire

Chargée de recherche CNRSUMR 6566 « CReAAH »

Centre de Recherche en Archéologie Archéosciences Histoire, Rennes

Acquisition et gestion des ressources animales sur un atelier de bouilleur de sel au IIIe - IIe siècle av. J.-C. : Le site de Dossen-Rouz (Locquémeau-Trédrez ; Côtes d’Armor)

52Journée UMR

avril 2011

1 : Patella vulgata (L=38mm), 2 : Patella intermedia (L=34mm), 3 : Littorina saxatilis (L=14mm), 4 : Littorina littorea (L=18mm), 5 : Littorina obtusata (L=12mm), 6 : Lacuna pallidula (L=9mm), 7 : Osilinus lineatus (L=19mm), 8 : Gibbula cineraria (L=11mm), 9 : Gibbula pennanti (L=13mm), 10 : Gibbula umbilicalis

(L=11mm), 11 : Gibbula magus (L=21mm), 12 : Jujubinus exasperatus (L=8mm), 13 : Calliostoma zyzyphinum (L=21mm), 14 : Nassarius reticulatus (L=21mm), 15 : Nassarius incrassatus (L=11mm), 16 : Mangelia coarctata (L=11mm), 17 : Bittium reticulatum (L=5mm), 18 : Tricolia pullus pullus (L=8mm), 19: Cingula

trifasciata (L=3mm), 20 : Rissoa parva (L=3mm), 21 : Trivia monacha (L=5mm), 22 : Nucella lapillus (L=19mm), 23 : Ocenebra erinaceus (L=33mm), 24 : Haliotis tuberculata tuberculata (L=90mm), 25 : Anomia ephippium (L=10mm), 26 : Pecten maximus (L=61mm), 27 : Ostrea edulis (L=58mm), 28 : Ruditapes decussatus

(L=35mm) 29 : Venerupis aurea (L=27mm), 30 : Cerastoderma edule (L=23mm), 31 : Glycymeris sp. (L=37mm), 32: : Dosinia sp. (L=29mm), 33 : Venus verrucosa (L=31mm), 34 : Mytilus edulis (L=49mm), 35 : Balanus sp. (L=21mm), 36 : Cancer pagurus (L=7mm)

Fig. 1 : Invertébrés marins identifiés à Dossen-Rouz (DAO. C. Mougne ; C. Dupont et L. Quesnel)

BibliographieBAUDRY, A. (2005) – Approvisionnement et alimentation carnée sur les sites de l’Age du Fer en Bretagne et en Normandie, première approche. Exemple du site de « La Campagne » à Basly (Calvados), Revue Archéologique de l’Ouest, 22, pp.165-180.

BAUDRY, A. (2006) – Etude archéozoologique : les mammifères, In : Carpentier V., Ghesquière E., Marcigny C. (dir.), Grains de sel. Sel et salines du littoral bas-normand (Préhistoire – XIXe siècle). Entre Archéologie et Histoire. CeRAA / Amarai, suppl. aux Dossiers du CeRAA, n°AC, pp.108-111.

DUPONT C. (2006) – Etude archéozoologique :

la faune marine, coquillages et crustacés de la phase 3. In : Carpentier V., Ghesquière E., Marcigny C. (dir.), Grains de sel. Sel et salines du littoral bas-normand (Préhistoire – XIXe siècle), Entre Archéologie et Histoire, CeRAA / AMARAI, suppl. aux Dossiers du CeRAA, n°AC, pp.111-116.

DUPONT C. (2009) – La consommation des coquillages marins, In : MAGUER P., LANDREAU G., DUPONT C., MARTIN H., BARDOT X., POUPONNOT G., BRIAND D., DUVAL A., L’habitat littoral des Ormeaux à Angoulins (Charente-Maritime) : activités vivrières et salicoles entre marais et océan, In : BERTRAND I., DUVAL A., GOMEZ DE SOTO J., MAGUER P. (dir.), Les Gaulois entre Loire et Gironde, Actes du XXXIe Colloque international de l’Association Française pour l’Étude de l’Age du Fer, 17 – 20 mai 2007,

Chauvigny, Vienne, France, Tome I, éd. Association des Publications Chauvinoises : Chauvigny, Mémoire XXXIV, pp.89-98.

LOPEZ-ROMERO E. et DAIRE M.Y. (2008) – Des sites archéologiques en danger sur le littoral et les îles de Bretagne : chronique 2007-2008, Bulletin de l’A.M.A.R.A.I., 21, pp.91-104.

MOUGNE C., DUPONT C., BAUDRY A., QUESNEL L., DAIRE M.-Y. (soumis) - Acquisition and management of the marine invertebrates resources on a pre-roman coastal settlement : the site of Dossen-Rouz (Locquémeau-Trédrez, Brittany, France), In : Dimitrivic V., Dupont C., Gastelum L.G., Gulyas S., Serrand N., Szabo K. (eds). Proceedings of the archaeomalacology session, 11th ICAZ conferences, Paris 2010, BAR International volume.

53Journée UMR

avril 2011

Ce projet de quatre ans a pour objec-tif majeur de réaliser une cartographie des sites archéologiques sous-marins répartis sur un territoire maritime par-tagé entre la France, l’Angleterre et la Belgique et de réunir la documenta-tion afférente.Reliés par un espace maritime trans-frontalier, la Manche et la partie sud de la Mer du Nord, ces trois pays par-tagent un riche patrimoine associé à une histoire maritime commune.

L’Europe s’est construite au fil des échanges commerciaux, des guerres et des alliances. Tandis que les naufrages témoignent souvent de l’instabilité des allégeances, les paysages archéolo-giques sous-marins eux, illustrent une histoire vieille de plusieurs milliers d’années. L’aire géographique concer-née constitue dès lors un véritable trait d’union entre les différentes nations du nord de l’Europe en s’appuyant sur un patrimoine culturel commun.

Malgré cet héritage commun, le traite-ment des données documentaires et ar-chéologiques ne fait à ce jour que l’ob-jet d’études nationales, voire locales et c’est de ce déficit d’échanges qu’est né le projet A2S. Son objectif est de regrouper l’ensemble des connais-sances et des informations relatives à l’archéologie sous-marine dans les zones maritimes communes. Il per-mettra à chaque pays d’accéder ainsi à son histoire de manière globale, au delà des simples indices observables à l’échelle de son territoire.Il est par exemple très souvent regret-table de ne pouvoir prolonger dans les archives britanniques l’étude d’un ba-

teau anglais dont l’épave gît dans les eaux territoriales françaises ou belges. C’est précisément à ce manque que ce projet international souhaiterait pal-lier. Peu à peu une nouvelle approche dans la compréhension de notre histoire maritime commune émerge. Elle re-pose désormais sur l’association des compétences d’archéologues français, anglais et belges.

Ces trois partenaires sont : pour la France, l’ADRAMAR (Association pour le Développement de la Re-cherche en Archéologie Maritime), chef de file du projet, et le DRASSM (Département des Recherches Archéo-logiques Subaquatiques et Sous-Ma-rines), le HWTMA (Hampshire and Wight Trust for Maritime Archaeo-logy) pour l’Angleterre, et le VIOE (Institut flamand du patrimoine - dé-partement du patrimoine maritime) pour la Belgique.Depuis plusieurs années, ces trois pays cartographient et enregistrent de nombreuses données relatives aux sites archéologiques appartenant à leurs territoires respectifs. L’une des premières étapes du projet A2S consiste à regrouper les infor-mations scientifiques afin d’élaborer une vision d’ensemble du paysage archéologique sous-marin intégrant le repérage géographique des sites archéologiques connus et notamment des épaves. Conçu pour s’étoffer au fil des années, cet inventaire aboutira à la mise en ligne d’un géoportail destinée aux chercheurs, aux étudiants ainsi qu’au grand public. Il sera également voué à alimenter les outils des diffé-

rents organismes gestionnaires du pa-trimoine des pays partenaires. En complément de ce projet, les équipes d’archéologues des trois pays partenaires se déploient en alternance sur les différentes zones côtières pour des campagnes de prospections géo-physiques et archéologiques. Parmi les naufrages à l’étude, certains parti-cipent à un héritage maritime commun entre les différents partenaires. C’est le cas par exemple du SS Meknès, na-vire français qui, ramenant ses troupes au pays en juillet 1940 peu après l’ar-mistice franco-allemand, fut malgré tout coulé par une vedette lance-tor-pille allemande et repose à présent dans les eaux anglaises.D’ici à la fin du projet, l’inventaire, mis en œuvre par cette équipe inter-nationale, offrira un large panorama de sujets de recherches ayant trait à l’architecture navale, l’évolution de l’armement, l’étude des voies com-merciales ou des objets témoins de la vie quotidienne des marins.

Alexandre Poudret-BarréResponsable des projets

ADRAMAR

L’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) Le projet

54Journée UMR

avril 2011

L’ADRAMAR, créée en 1993 par des archéologues professionnels afin de promouvoir la recherche archéo-logique maritime en France comme à l’étranger, a participé à de presti-gieuses campagnes de fouilles : les épaves de la Hougue (Saint-Vaast la Hougue, 1692), les épaves de la Na-tière (St-Malo, XVIIIe s.), la jonque de Brunei (Île de Bornéo, XVe-XVIe s.), l’expédition Lapérouse (Îles Salo-mon, 1788),...L’ADRAMAR collabore avec le DRASSM, service à compétence natio-nale du Ministère de la Culture et de la Communication chargé de gérer, proté-ger et étudier les biens culturels sur l’en-semble du territoire maritime français.Depuis 2005, l’association mène le projet Atlas archéologique des biens culturels maritimes de l’Arc atlantique grâce aux soutiens financiers de par-tenaires publics. Ce projet œuvre à la valorisation des sites archéologiques immergés au large des côtes ponan-taises et a très largement inspiré le programme A2S dont l’ADRAMAR est chef de file.

Les mandats de l’association se décli-nent comme suit :• étude, protection et mise en valeur des sites archéologiques ;• aide et formation aux fouilles ar-chéologiques sous-marines ;• organisation de réunions scienti-fiques, de conférences et d’exposi-tions ;• publication de monographies et de guides archéologiques ;• Concertation avec les instances pu-bliques, les collectivités et les associa-tions ;

• information et sensibilisation du pu-blic.

Le HWTMA a été fondé dans le but de susciter l’intérêt, de promouvoir la re-cherche et de développer les connais-sances dans le domaine de l’archéo-logie sous-marine et du patrimoine du Royaume-Uni. Son programme comprend la recherche archéologique et l’enseignement à l’échelle locale, nationale et internationale.Les principaux objectifs du HWTMA incluent :

• la recherche et l’étude en archéologie maritime ;• la préservation et la gestion des sites archéologiques ;• la sensibilisation et la contribution du public ;• promouvoir chez les plongeurs : in-térêt et compétences archéologiques ;• le développement d’une base de don-nées des sites régionaux ;• les études et les publications des ré-sultats de fouilles et de recherches ;• la relation entre les organisations lo-cales, régionales et nationales.

Afin d’atteindre ces objectifs, le HWTMA mène un programme de re-cherches faisant intervenir des archéo-logues professionnels, des bénévoles et des étudiants.L’étude des naufrages, des territoires submergés et des zones de l’estran est rapportée aux écoles et aux ensei-gnants par l’intermédiaire d’initiatives éducatives tels que des conférences, des publications et autres manifesta-tions visant à promouvoir l’archéolo-gie sous-marine.

Les objectifs du HWTMA répondent aux actions du projet A2S en facilitant une coopération d’envergure euro-péenne dans la recherche des épaves et des sites submergés internationale-ment significatifs.Le HWTMA est convaincu que des liens transnationaux sont vitaux pour pouvoir pleinement analyser et diffu-ser notre héritage commun.

L’Institut flamand du Patrimoine est un centre de recherche du gouverne-ment Flamand. Il est chargé d’étudier le patrimoine, d’en faire l’inventaire et d’en promouvoir les aspects scien-tifiques.Ce patrimoine peut être architectural, archéologique, rural ou maritime.

• La première mission du VIOE est la recherche. Elle fournie l’information nécessaire à la politique du gouverne-ment Flamand dans la résolution des questions ou des problèmes concrets liés à son patrimoine. Le VIOE exé-cute des fouilles archéologiques et analyse des artefacts, aussi bien hu-mains qu’issus de la faune et de la flore. Il recherche et étudie des nau-frages, des jardins et des plantes culti-vées, des paysages à partir de cartes anciennes et étudie des bâtiments his-toriques ;• Le VIOE gère de grands inventaires tels que les patrimoines architectu-raux, archéologiques et paysagers ain-si qu’une base de données nationale du patrimoine archéologique maritime : www.archeologie-maritime.be ;• Les résultats des recherches sont pu-bliés dans des revues nationales et in-ternationales (comme Relicta, la revue

L’Atlas archéologique des 2 Mers (A2S) Les partenaires

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du VIOE). Le public est également informé par des expositions, des jour-nées d’étude et autres manifestations éducatives ;• Pour ces tâches, le VIOE collabore avec les universités et d’autres parte-naires des services du patrimoine telle que la province de Flandre occiden-tale.

La cellule maritime du VIOE est le partenaire le plus jeune dans le pro-jet A2S. À travers ce projet, le VIOE souhaite se développer en tant qu’ac-teur majeur dans le domaine de la recherche du patrimoine maritime. Il vise à apporter ses connaissances et son expertise dans la collecte des in-formations par l’utilisation des tech-niques de prospections et d’enregis-trements appliquées à une sélection de sites choisis par l’A2S, tout en colla-borant étroitement avec les partenaires du projet.

Alexandre Poudret-BarréResponsable des projets

ADRAMAR

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Le programme Atlas archéologique des biens culturels maritimes de l’Arc atlantique est soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communica-tion, la Région Bretagne, les départe-ments de l’Ille-et-Vilaine et du Mor-bihan. Il vise à réaliser l’inventaire méthodique et critique du patrimoine archéologique sous-marin (toutes pé-riodes chronologiques comprises) des côtes ouest et nord-ouest de la France. L’Association pour le Développement de la Recherche en Archéologie Mari-time (Adramar) en assure la maîtrise d’œuvre depuis 2005 et travaille en étroite collaboration avec le Départe-ment des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (Drassm), service centralisé du Mi-nistère de la Culture responsable de la gestion, de l’étude et de la mise en valeur des Biens Culturels Maritimes de l’ensemble des eaux territoriales françaises.

Le point de départNé d’une réflexion engagée en France dès le début des années 1980, le projet Atlas est le fruit d’une longue collabo-ration entre le monde de la recherche archéologique sous-marine et celui de la pêche et de la plongée. Le dévelop-pement de la plongée autonome a fa-vorisé depuis les années 1950 la mul-tiplication des découvertes d’épaves historiques. Corollaire de cette évo-lution, de nombreuses associations se sont structurées regroupant des plon-geurs passionnés de recherches histo-riques et archéologiques. L’ensemble de ces intervenants a joué, ce faisant,

un rôle majeur dans la collecte d’in-formations de terrain.

Un traitement de la documentation conséquentConfrontée à la somme d’informa-tions ainsi récolées (plus de 10 000 naufrages sont recensés sur les côtes ponantaises), la nécessité de centrali-ser et de hiérarchiser l’ensemble des données scientifiques s’est naturelle-ment très vite imposée, mais ce sont essentiellement les progrès de l’outil informatique qui ont permis de trou-ver à cette exigence des solutions ef-ficaces.Pour donner aux informations re-cueillies et diffusées la valeur d’un vé-ritable label, le programme Atlas s’est fixé pour règle impérative de veiller à la pertinence et à la fiabilité des don-nées collectées. Ainsi, au fil de l’en-quête, des vérifications scrupuleuses des sources comme des contenus ont été opérées.C’est ainsi que progressivement, des dossiers d’épaves (regroupant des milliers de documents d’archives, de cartes postales de navires, de pein-tures, de cartes anciennes, d’objets ar-chéologiques issus d’épaves, de pho-tographies sous-marines, d’imageries géophysiques, etc.) ont été constitués afin d’être recensés dans un système informatique de traitement destiné à être consulté par tous les publics : grand public, étudiants, chercheurs, historiens et archéologues.

L’outil cartographiqueL’outil cartographique présente une carte satellite qui provient de serveur WMS (Web Map Service). Ces ser-veurs mettent à disposition des cartes géo-référencées. En plus des cartes WMS, des cartes raster sont offertes à la consultation. Il s’agit de cartes anciennes qui ont été géo-référencées par l’équipe Atlas et dont l’affichage permet notamment des études toponymiques.

Différents modes de recherchesLors de la consultation de la base At-las, une recherche rapide est proposée. De plus, une recherche avancée est également disponible. Cette dernière permet d’appliquer des filtres sur une ou plusieurs tables de requête. On a donc la possibilité d’une recherche croisée à travers la documentation dis-ponible. La recherche peut également être ef-fectuée via l’interface cartographique. Il s’agit alors d’une recherche géogra-phique. Une couche géographique est alors créée et expose le résultat de la recherche. Un retour aux fiches est ensuite possible pour une consulta-tion des caractéristiques des navires concernés.

La synthèse des données présentée dans la base Atlas devrait ainsi mener à la définition de nouveaux programmes

L’Atlas archéologique des biens culturels maritimes de l’Arc atlantique

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de recherches dans des domaines aussi diversifiés que l’inventaire et l’exper-tise de cibles archéologiques encore non explorées ou la programmation de nouvelles investigations en archives.

Au regard de ses objectifs, le pro-gramme s’inscrit nécessairement dans une stratégie de long terme mais nul ne doute que l’Atlas s’imposera comme un outil indispensable à la protection et à la mise en valeur du patrimoine sous-marin du Grand Ouest français.

Alexandre Poudret-BarréResponsable des projets

ADRAMAR