Journal septembre 2010

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EDITO + AGENDA pp.2-3 HOMMAGE A FRANCISCO pp.4-5 ELECCIONS AU PÉROU pp.6-7 JU ste 1 MOT p.8 INDIENS MAPUCHES p.9 L’ART DE VIVRE EN VOLANT p.10-11 E E S S P P E E R R A A N N Z Z A A T.M. T.M. 3

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Voici donc en ligne notre journal automnal 2010.

Transcript of Journal septembre 2010

EDITO + AGENDA pp.2-3

HOMMAGE A FRANCISCO pp.4-5

ELECCIONS AU PÉROU pp.6-7

JUste 1 MOT p.8

INDIENS MAPUCHES p.9

L’ART DE VIVRE EN VOLANT p.10-11

EESSPPEERRAANNZZAA T.M.T.M.

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EDITOEDITO

L es bonnes nouvelles côtoient décidément sans cesse les moins bonnes. Certains prétendent que j'ai une fâcheuse tendance à me répéter, je n'en crois rien, je demande à voir pour croire, je ne m'appelle pas

Thomas pour rien, après tout...

En réalité ce n'est pas vrai ! Il y a plein de choses auxquelles je crois sans les avoir vues, ou en tout cas pas au sens visible – oculaire - photographiable du terme. Comme quoi ? Et bien comme le fait que les gens restent vivants après leur mort. Comme la conviction que l'énergie vitale de certaines personnes est loin de s'éteindre avec la mise au tombeau. Au fond c'est cela, à mes yeux, le sens profond de la résurrection. Il ne s'agit pas de prétendre que les cellules reprennent subitement vie, que le sang se remet magiquement à couler dans des veines bleutées, que l'on retrouve tout à coup un teint moins pâle que peu avant. L'idée c'est que la vie que l'on diffuse (et non celle que l'on subit), celle que l'on crée et partage a bel et bien un brin d'immortalité. Je me dis d'ailleurs souvent, un brin égocentrique, qu'il doit être moins dur de faire face à la mort une fois que l'on a des enfants. Après tout, cela nous permet, en quelque sorte, de continuer à exister (y compris biologiquement parlant) à travers notre progéniture.

Il y a peu un grand homme est mort. Un grand homme sans enfants ou en tout cas pas d'un point de vue reproductif. Un grand homme que je n'ai que très peu connu mais qui continue certainement à vivre aujourd'hui et encore pour un bon bout de temps. Ce genre d'homme que tous les "bouffeurs de curé" auraient gagné à rencontrer. Les amalgames et les généralisations n'ont rien de bon en matière de valorisation des êtres humains. Certes, certains ecclésiastiques mériteraient presque un bon point dans la gueule (pour autant que l'on puisse légitimer un acte aussi impulsif). Certes certaines positions de la hiérarchie catholique me fond bondir, voire vomir. Mais il y a de ces hommes d'Eglise (et femmes bien sûr) que j'ai peu ou beaucoup connu qui m'inspirent un tel respect que jamais je ne pourrai les mettre tous dans le même sac.

Il en va de même pour toutes les catégories que notre esprit, que notre société, que notre histoire, que nos chers médias construisent. A l'heure de "juger" l'humain, à condition de le rencontrer yeux à yeux, de faire connaissance cœur à cœur, les cloisons s'effritent, les parois se diluent, les cases s'envolent. Il en va ainsi des cathos comme des roms, des femmes comme des noirs, des homos comme des arabes et même des gens de droite.

Il y a peu, un de mes amis me raconte à quel point il a pris du plaisir à revoir un des ses meilleurs amis, résidant, de longue date, dans le pays africain hôte de la dernière exagération quadriennale footballistique (à laquelle je succombe bien volontiers). Je lui pose donc quelques questions sur cette personne qui connait bien un pays qui, comme tant d'autres, me fascine. Mon ami m'apprend la profonde culture raciste dans laquelle ce sud-africain d'adoption a baigné et baigne encore sans sourciller. Et bien j'ai trouvé cela beau ! Beau, non pas de nourrir un certain mépris condescendant envers les noirs, mais beau de pouvoir se dire qu'une telle personne vaut la peine d'être, non seulement, connue mais appréciée.

En ce début d'été indien je vous souhaite l'envie furieuse de rester critique et désobéissant, de ne surtout pas croire tout ce qu’on vous dit mais de faire confiance au premier venu (certains prétendent que j'ai une fâcheuse tendance à...).

Thomas

AGENDA ESPERANZIENAGENDA ESPERANZIEN

T rois grandes dates vont bercer votre début d’automne. Faire un 3 sur 3 serait bienvenu, un 2 sur 3 est acceptable, assister à 1 de ces évènements avec deux

bonnes excuses est acceptable aux yeux de certains mais louper les 3 activités à venir serait de l’inconscience.

1 . FES’TOIAUSSI

samedi 25 septembre dès 14h salle paroissiale de La Sarte (plaine de La Sarte - Huy)

Le grand lancement du projet TOIAUSSI qui constitue un espace de rencontre destiné à créer du lien entre les actions citoyennes. Toi Aussi favorise le contact entre les personnes soucieuses d’équité et de solidarité. Il se veut un tremplin à une mobilisation créative.

Le concept...une aprem familiale (avec du troc, du cirque, des contes et des expos) suivie d'une soirée festive (avec tout ce qu’il faut pour le ventre, le gosier et les oreilles!).

Infos → www.toiaussi.be / Thomas de Roubaix ([email protected] 0497.301728)

2. SOUPER PÉROU samedi 9 octobre dès 19h Cercle Saint-Hubert (place de Belle-Maison - Marchin)

Le désormais traditionnel Souper Pérou de l’association "C’est pas le Pérou" (de longue date partenaire d’Esperanza. Le but est de soutenir le projet de maison d’accueil "La Casa del Chibolito" à Cajamarca, au Pérou…

Ce sera aussi l’occasion de découvrir l’Alpaga, la nouvelle bière spéciale de l’association, vos pupilles gustatives en seront toute agitées…

Infos → réservations : Virginie Protin (0496/99.28.93)

3. "LE MASQUE DU DRAGON"

mardi 19 octobre à 19h45 Les Chiroux (place des Carmes 8 - Liège)

« Deux superbes actrices africaines, des rythmes, des voix, des maquillages, des chants… Le Masque du Dragon embarque les cœurs pour un voyage citoyen résolument engagé, mais néanmoins ludique et poétique »

A l’issue du spectacle, vous aurez l’occasion de vous entretenir avec les comédiennes et de boire un verre en leur compagnie.

Une organisation d’ESPERANZA et de CAP MIGRANTS. Prix des places : 10 € (9 € pour les — de 18 ans) et 12 € le jour même.

Infos → André Lebrun ([email protected]) / Chiroux (04.2231960)

A Embourg, le jeudi 22 juillet à 14h30, sa fa-mille et de nombreux amis étaient réunis

pour célébrer ensemble une eucharistie de funérail-les pour Francis. Son plus proche ami, Max Schiller, lui aussi petit frère de Charles de Foucauld, venu tout exprès de Bolivie, a pu parler de sa vie, en gran-

de partie vécue dans ce pays. Voici le texte de son allocution :

"Francis est né à Sclessin le 18 juillet 1936. Il a deux sœurs Annie et Marguerite (cette dernière fait aujourd’hui activement partie d’Esperanza avec quelques autres habitants de Beaufays).Le scoutisme a été un point fort dans sa vie. Il a été louveteau, scout, routier et chef de troupe. Ce fut un bel apprentissage de vie et de service. Il fit son service militaire à Arlon en 1957-58, avec une partie en Allemagne : à Spich et à Siegen. Il gardait quelques images d’enfance de la seconde guerre mondiale et des angoisses de l’occupation allemande. Il ne s’imaginait pas alors qu’il passe-rait plus tard une grande partie de son existence aux côtés d’un autre allemand dans une fraterni-té en Bolivie s’insérant tous deux ensemble dans la culture indigène du peuple aymara et quechua de ce pays.

Il voulut entrer dans la fraternité des Petits Frè-res de Jésus, mais ses parents voulurent qu’il termine tout d’abord ses études de sciences commerciales à Liège. Il les réussit brillamment. Peut- être est-ce là qu’il développa ses qualités de rigueur et d’exactitude. Tout ce qu’il entreprit par la suite se caractérisa toujours par l’excellen-ce de la finition des détails, ce qui ne manqua pas de lui occasionner quelques tensions avec la culture locale très informelle. C’est à l’âge de 24 ans qu’il s’engagea dans la fraternité faisant son postulat à Saint-Rémy, près de Montbard (France), son noviciat à Farlete (Espagne), à Ma-drid, à Malaga (où il déchargeait des bateaux) puis au Sambuc en Camargue (où il travaillait comme ouvrier agricole).

Ensuite, trois années d’études à Toulouse qu’il ef-fectua comme membre des Fraternité des Petits Frè-res de l’Evangile, une congrégation qui venait d’être créée par René Voillaume, qui en 1933 avait fondé celle des Petits Frères de Jésus, elle aussi dans l’exac-te ligne du message spirituel de l’ermite du Hoggar, Charles de Foucauld, mort lui sans disciple.

Francis était quelqu’un de fidèle à ses engage-ments et cohérent avec lui-même; il fit ses vœux per-pétuels le 12 septembre 1967 au Sambuc, à 31 ans. Il fit des études à Fribourg (Suisse) où il fut ordonné prêtre le 19 septembre 1970. Là-bas, il s’occupait de l’accompagnement des frères étudiants. C’est à 35 ans qu’il partit pour l’Amérique latine en commen-çant par quelques temps en Argentine, puis un enga-gement auprès des peuples indigènes au Venezuela dans la vallée de l’Orénoque en intégrant la fraternité de Jiwitiña. Il rejoignit ce poste par voie de terre et de rivières.

Ensuite, avec le frère Enrique Bouseret, un randon-neur invétéré bien connu de beaucoup de gens dans ces régions andines, il visita des régions de Bolivie, Pérou, Equateur et Colombie en vue d’implanter une nouvelle fraternité. Il fut profondément marqué par l’extrême pauvreté des communautés quechuas et aymaras. Avec Max Schiller (qui signe le présent tex-te) et David Raterman, le curé de la paroisse il fonda en 1974 la fraternité de Titikachi en Bolivie.

Après cinq années passées là en Bolivie, il fut élu, en 1979, prieur général et dut vivre au siège bruxel-lois des fraternités, voyageant pour les visiter alors dans le monde entier (Afrique, Inde, Japon, USA et bien des pays européens). Il dut notamment lutter pour les frères disparus sous le régime de la dictature militaire argentine, un pays où il se rendit à plusieurs reprises en pleine "guerre sale", affrontant les para-militaires et rédigeant à cette occasion un petit livre : "La fraternité dans la tempête" qui relate cette pério-de difficile.

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Le 8 juillet dernier, est décédé un grand ami irlan-dais de Francis, Patricio Rice, un rescapé des tortures d’Argentine qui continuait de se battre inlassablement pour faire la lumière sur les cas de torture et de dispa-rition. Francis eut encore juste le temps d’apprendre sa mort, le mois dernier, en me disant : "Ça c’est in-croyable !" et, comme je lui disais : "Tu vois, l’autre rive est en train de se peupler de plus en plus", il me serra fort la main pour me signaler que nous nous étions bien compris !

En 1986, ayant terminé son mandat de prieur, il put revenir à Titikachi, où il s’occupa plus particulièrement de l’éducation des jeunes adultes de la paroisse et de l’étude de la flore , la faune et l’histoire du monde andin et du peuple quechua, dont il devint un vérita-ble spécialiste, contribuant à rendre à ces jeunes, leur fierté d’héritiers des cultures Tiahuanaco, Inca et Mol-lo. Il put s’occuper particulièrement d’un groupe de jeunes femmes, désireuses d’un engagement dans une vie religieuse, celles-ci prirent le nom de "missionnaires aymaras". Elles l’aidèrent en pastorale des enfants et préparation à la 1ère communion. Le groupe croissait, les jeunes venaient de bien loin pour s’y engager, considérant vraiment Francis comme leur père spirituel. Celui-ci entrevoyait déjà la possibilité de fonder différentes fraternités en divers lieux. Mal-heureusement, d’autres personnes envieuses virent aussi que de telles possibilités pouvaient être détour-nées au profit de leurs propres activités. La "perte" de ses chères "missionnaires" l’affecta beaucoup.

Francis garda toujours ses qualités prophétiques et son courage de dénonciateur de situations d’injustice, par exemple, la corruption de l’administration ce qui ne lui rapportait bien sûr pas que des amis !

Étant toujours au côté du peuple le plus défavorisé, il était de tous ses combats et ces dernières années, il appuya donc ouvertement les luttes syndicales et paysannes qui amenèrent au pouvoir le MAS et Evo Morales qui fut une source de grand enthousiasme depuis 2000. Il s’établit à El Alto, zone pauvre aux en-virons de l’aéroport qui domine La Paz, pour raison de santé (il avait plus de 70 ans, et vivait à 4100m d’alti-tude). A El Alto, il célébrait et animait une petite cha-pelle du bidonville et essayait d’y accueillir et réorga-niser un peu ses "anciennes" jeunes missionnaires en plus de l’animation des diacres et séminaristes du dio-cèse.

Lorsque les médecins boliviens diagnostiquèrent une leucémie, cela en plus de ses problèmes oculaires graves, il rentra en Belgique le 11 janvier 2010 à la Fraternité de Bruxelles. Avec l’espoir qu’il pourrait encore se soigner et retourner en Bolivie, Francis se soumit avec courage aux pénibles séances de chimio-thérapie. Malheureusement, ces séances ont été tota-lement inefficaces. Hospitalisé depuis le 7 juin à l’hôpi-tal St Luc, sa santé n’a fait que se détériorer.

Francis désirait rentrer à la Fraternité. Tout était prêt pour le recevoir, mais les médecins ont jugé qu’il était intransportable en ambulance. Depuis le 13 juil-let, il était dans le service "soins palliatifs" pour nous quitter finalement le samedi 17 juillet à 13 h. Il avait pu revoir sa famille, bien des amis, même de Suisse et de Bolivie. Il repose au cimetière d’Embourg auprès de ses parents. »

Eibelstadt, le 26 juillet 2010,

P arler d'élections et comprendre de quoi il re-tourne est loin d'être une chose aisée, ce n'est

pas les belges qui me contrediront. Le Pérou ne fait certainement pas figure d'exception, d'autant que, à la différence de notre complexe pays, les outsiders venus de nulle part à quelques mois de l'échéance et

pouvant retourner la situation ne sont pas un phénomène exceptionnel. Souvenez-vous de monsieur Alberto Fujimori qui, étant plus ou moins inconnu à quelques mois des élections de 1990, se hissa pourtant à la présidence du pays avec les dégâts que l'on connaît. Parmi ces dégâts il est important de signaler la criminali-sation de la contestation sociale et un effondre-ment du système de partis (certains parlent même de "décennie antipolitique" pour évoquer les dix années de régime fujimoriste). L'héritage principal des années 90 est donc une fragilité de l'ensemble des acteurs sociaux et politiques ainsi que de l'ordre institutionnel, fragilité dont les traces sont encore profondes aujourd'hui.

Il y a encore dix ans, briguer un second mandat était une chose inimaginable pour Alán García. En effet, l'ex plus jeune président du Pérou avait laissé, à l'issue de son 1er mandat, en 1990, un pays au bord de la ruine et une situa-tion sociale désastreuse: hyperinflation, pénu-ries, corruption généralisée, violence politique incontrôlée, crimes d'État... Et pourtant c'est bien lui qui terminera ses 5 ans à la tête du pays en juillet 2011.

Il est difficile de faire des projections sur celui qui prendra la succession d'Alán d'autant qu'on ne connaitra qu'en novembre le candidat de son parti l'Apra. Parmi les présidentiables on retrouve en tête des sondages le maire sortant de Lima, Luis Castañe-da, et son parti Solidaridad Nacional. Il est suivi ni plus ni moins que par la fille d'Alberto Fujimori, Keiko, dont le parti Fuerza 2011 (nom qui en dit long sur la profondeur d'un mouvement qui a parmi ses objectifs "libérer papa" 1) reste très populaire malgré les exac-tions paternelles. Suivent ensuite deux vieilles connaissances Alejandro Toledo, l'ancien président (entre 2001 et 2006) qui regagne en popularité et Ol-lanta Humala, candidat battu au second tour des der-nières élections, qui incarne l'aile plus nationaliste, populiste et indigéniste.

En parlant d'indigénisme le leader du mouvement des indiens violemment réprimés à Bagua, Ernesto Pizango, vient d'annoncer qu'il se présentait lui aussi via un nouveau parti, l'Alliance pour l'alternative de l'humanité (APHU), un acronyme jouant sur le terme apu, qui désigne les chefs coutumiers en langue que-chua.

1A ne pas confondre avec notre cher Michel D. (bourgmestre

d'Ans). 2

Ce titre implique un rôle de médiation ou de protection du

citoyen (voir www.ombudsman.be).

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Mais ce n'est pas tout, entre fin 2010 et les pre-miers mois de 2011, toutes les charges de représen-tation politique seront renouvelées. En effet, avant les élections présidentielles d'avril 2011 il y aura des élections municipales et régionales en octobre 2010. Passer en revue toutes les parties en présence n'est non seulement pas dans mes capacités mais serait probablement un peu compliqué, voire ennuyeux.

En ce qui concerne l'échéance de cette fin d'année je tiens à vous dire un mot de la candidature de Susa-na Villarán, du mouvement Fuerza Social, à la mairie de Lima. Age : 61 ans – Profession : Éducatrice – Pos-tes : Membre du Comité des Droits de l'Enfant aux Nations Unies. Ministre de la Femme et du Dévelop-pement. Ombusdman2 de la Police.

Mais ces données un peu froides ne disent pas tout. Susana Villarán fait depuis longtemps partie de la mouvance chrétienne de gauche ce qui a valu à plusieurs membres d'Esperanza de faire sa connais-sance et d'apprendre à l'apprécier. Parmi ses nom-breuses luttes sociales, il convient de mentionner la création en 1979 d'un programme de solidarité desti-né aux femmes des bidonvilles devenu ensuite le Va-so de Leche (Verre de Lait). Après la fuite du lamenta-ble Fujimori, elle prit part à ce que beaucoup considè-rent comme le meilleur, bien que trop éphémère (puisque de transition), gouvernement démocratique de l'histoire péruvienne, celui de Valentín Paniagua (nov. 2000 – juill. 2001)3. Quelques années plus tard elle se présenta elle-même comme candidate aux élections présidentielles de 2006 avec un résultat en-dessous des espérances (inférieur à 1%).

Aujourd'hui sa candidature au poste de bourgmes-tre de la capitale a bien plus fière allure. Bien que disposant de moyens financiers assez limités elle est en train de monter dans les enquêtes de façon aussi spectaculaire qu'enthousiasmante (en quelques mois son score est passé de quelques % à plus de 20%).

Malheureusement la vague Villarán s'accompagne d'une guerra sucia (guerre sale) faite d'accusations caricaturales. Une certaine presse se plait à la traiter tour à tour de "communiste" (pour sa tendance trop gauchiste), "terroriste" (pour les présumés liens de certains de ses alliés avec le Sentier Lumineux) ou "gauche caviar" (lui reprochant son appartenance à un milieu social favorisé). Seul avantage de ces ca-lomnies, son nom apparait quotidiennement dans les journaux du pays. On croise donc les doigts pour qu'elle parvienne à battre la candidate du parti de droite Partido Popular Cristiano Lourdes Flores et s'attaquer ainsi aux nombreux projets de transforma-tion dont Lima a bien besoin.

Thomas de Roubaix

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Ce gouvernement a du assumer par consensus national la direc-

tion du pays lors de la fuite de Fujimori.

(à droite: Villarán / à gauche: Flores.

"Je n'ai pas d'argent pour mettre des affiches comme les tiennes,

mais ceci est en train de m'aider beaucoup..")

N ous avons tous été enfants. Nous avons tous fait l’objet de réprimandes et de sermons après avoir ré-veillé le courroux de nos très chers parents. Beaucoup ont aussi un jour provoqué la fureur d’un pro-

fesseur tandis que nous usions le fond de nos culottes sur les bancs d’une salle de classe aux odeurs lourdes et moites. Tel un leitmotiv répété en chœur par un monde adulte conspirateur, comme pour brider nos énergies juvéniles innocentes, nous devions impérativement “écouter”. Non pas avoir l’ouïe fine et développer des fa-cultés auditives exceptionnelles mais “obéir”, adopter servilement une attitude de soumission et se conformer aux ordres d’une hiérarchie socialement établie et respectée. De toute manière, nous allions « comprendre plus tard » quand nous serions « grands », un jour renvoyé comme ça aux calendes grecques. Non pas que je veuille remettre en cause l’autorité parentale et les règles nécessaires à la vie en collectivité car ils ont bien fait, nos pa-rents et précepteurs, de nous enseigner la politesse, le partage de nos jouets, une bouche close quand elle est bien remplie de nourriture ou le réflexe scolaire de lever le doigt pour solliciter le cabinet. Mais à certains égards, l’humain est comme l’âne : à force de souffrir de la cravache, il offre sa croupe pour mieux la recevoir. Car obéir sans en demander la raison ni la recevoir, accepter des règles sans saisir leur utilité, se soumettre en acceptant la fatalité des rapports de force sont autant d’attitudes qui empêchent l’émergence du raisonnement et de l’esprit critique. Alors survient le citoyen préféré des gouvernants : l’animal social docile bête à manger du foin.

En ce premier week-end de septembre, quelques jeunes membres d’Esperanza se sont rendus à Charleroi, bastion historique de la sidérurgie wallonne recyclé depuis dans les scénarii d’intrigues politiques. Pas que nous étions friands d’un tourisme à suspense sur les traces des célèbres VanCau et Despi ni motivés par une visite commémorative du Bois du Cazier : nous y allions pour recevoir une formation en “désobéissance civile”.

Le terme fleure bon le paradoxe et l’oxymore. Attribuée à Henry David Thoreau qui en fonda les principes contestataires, appliquée de manière célèbre par Gandhi et Martin Luther King, la désobéissance civile vise la mobilisation de citoyens au travers d’actions directes non-violentes, mais néanmoins illégales, en vue d’entraîner un changement immédiat auprès des décideurs. À l’opposé des méthodes classiques – pétition, manifestation, grève – associées à une sorte de “pensée magique” qui les font considérer comme des moyens suffisants, la désobéissance civile franchi le seuil de l’illégalité au travers d’actes construits collectivement pour alerter l’opi-nion publique sur la nécessité de défendre le bien commun. C’est la démarche des « Faucheurs Volontaires » d’OGM, des travailleurs occupant les entreprises, des démonteurs de panneaux publicitaires, des dégonfleurs de 4X4 ou des activistes antinucléaires. Nous sommes loin de la caricature décrivant des extrémistes irréfléchis et impulsifs dans la prise d’assaut d’une cible définie à la hâte. L’acte désobéissant vient souvent en ultime recours après avoir épuisé les voies classiques de la protestation, lorsque l’adversaire ne laisse plus d’autre choix qu’une action directe pour le pousser dans les retranchements d’une négociation certaine. Alors l’opération se construit minutieusement en définissant un plan, des stratégies, des rôles, des moyens, des alliés pour une action réflé-chie en vue de mettre en évidence les problèmes tout en envisageant des solutions. Par l’usage fait des médias, l’image doit être travaillée, cohérente et séduisante pour attirer à soi un public étranger à la cause. D’où le re-cours à la non-violence comme principe fondamental. Parce qu’il s’agit bien sûr de respecter autrui et de se dis-tinguer des pratiques mortifères du néo-libéralisme. Mais aussi parce que la désobéissance civile veut gagner les cœurs et intensifier sa lutte pour un monde meilleur. Alors durant l’action, il s’agit de cultiver le dialogue, prati-quer l’empathie et rester maître de soi. Car on a beau être désobéissant, on s’engage dans un rapport humain qui doit être mené à terme avec succès.

La désobéissance civile est le contre-pied d’un capitalisme néo-libéral. S’ils peuvent avoir l’excès en com-mun, l’un se fonde sur la solidarité, l’équité, la démocratie, la justice et le respect face à l’individu et à la collecti-vité tandis que l’autre maximise le profit au détriment du plus grand nombre, créant des injustices profondes et des désastres irréversibles. Devant l’ampleur des enjeux, nous devrions réfléchir plus souvent à l’héritage que nous laisserons à nos descendants et envisager les moyens de contrecarrer la lente destruction dont nous som-mes les acteurs. Nos petits-enfants parleront-ils alors de leurs aïeux en les présentant comme “désobéissants” ?

* Pour plus d’informations, www.desobeir.net Julien Lefèvre

JUJUste ste 1 MOT1 MOT… … SURSUR LALA DÉSOBÉISSANCEDÉSOBÉISSANCE CIVILECIVILE !!

Aaah les médias.., aujourd'hui, avec les journaux, la radio, la télé, internet, la mondialisation, on pourrait se dire qu'on est ultra informé. Il est vrai que les moyens actuels sont incomparables et pourtant... Si je vous dis "actualité Chili" vous pensez à quoi ? Au hasard: cette folle histoire de mineurs coincés dans leur mine ? Si je vous dis "grève de la faim", "prisonniers politiques", "indiens mapuches " je parie que ça vous parle moins !

L a grève de la faim entamée par un groupe de 32 prisonniers politiques mapuche dans différen-tes prisons chiliennes est à son 58èmejour. Les autorités chiliennes n’ont pas encore donné une

réponse à l’ensemble des revendications des grévistes et des organisations du peuple mapuche.

Les revendications justes et légitimes sont les suivantes :

1. Pour le droit à un procès équitable sans les montages politico-judiciaires actuels et l’u-

sage de la violence institutionnelle, y compris la torture ;

2. Abrogation de la loi antiterroriste, promulguée durant la dictature de Pinochet, et

dont l’application permet toutes sortes d’exactions illégales condamnées par les Nations-

Unies. L’application de cette loi est facilitée par la criminalisation des luttes légitimes du

peuple mapuche ;

3. Abrogation de la justice militaire, qui défend l’impunité des crimes d’Etat depuis la

dictature et qui aujourd’hui accentue sa guerre contre le peuple mapuche. Abrogation

des jugements civils et militaires pour un même délit à un même prisonnier ;

4. Libération de tous les prisonniers politiques mapuche emprisonnés ;

5. Démilitarisation de la région mapuche où les communautés revendiquent leurs droits

politiques et territoriaux.

Cette loi antiterroriste prévoit la détention préventive pendant deux ans d’un suspect. En outre, elle empêche les avocats de la défense d’accéder au dossier ou d’interroger les témoins dont l’identité est maintenue secrète. Au lieu de traiter le conflit mapuche de façon institu-tionnelle et démocratique, l’Etat chilien en a fait une affaire strictement judiciaire, dont les conséquences directes ont été la stigmatisation des Mapuche, considérés comme un peuple violent.

Pour sa part, la presse écrite et audiovisuelle a ignoré cette grève de la faim, en se limitant

au drame des 33 mineurs ensevelis depuis plus de 3 semaines dans la mine de San José, au Nord du pays.

A part quelques rares médias, silence et indifférence se sont imposés sur cette autre tragédie qui accable le Chili. Selon les dernières informations recueillies auprès des familles des grévistes, la santé de la plupart d’entre eux s’est aggravée depuis qu’ils ne s’alimentent plus, il y a de cela deux mois. Face à la lutte persévérante des Ma-puche pour obtenir leurs droits, le mutisme du gouver-nement rend encore plus illégitime l’application de la loi antiterroriste (qui a été condamnée par les Nations-Unies et par les organisations internationales des droits humains).

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S oledad Ortiz de Zevallos, trapéziste, a passé une gran-de partie de ses 22 ans à étudier le cirque, aussi bien

au Pérou qu’en Belgique. Aujourd’hui, elle met à profit son expérience dans Landó, le spectacle de La Tarumba.

par Melissa García El Comercio (dimanche 08 août 2010)

Qu’est-ce que le cirque pour quelqu’un qui, comme toi, a passé presque toute sa vie sous un chapiteau ?

C’est mon rêve. C’est la manière par laquelle je gagne, et j’espère gagner, ma vie. Cela a commencé comme une pas-sion, non comme un hobby, parce que depuis le début j’ai su que cela était ce que je désirais faire.

Vouloir vivre du cirque ne doit pas être facile ?

Bon ce problème est apparu plus tard, quand tu es enfant tu ne penses pas à ça. Ensuite, j’ai grandi et je me suis ren-du compte que cela allait être sérieux. J’ai commencé à y réfléchir mais c’était trop tard, j’étais déjà dedans.

Crois-tu qu’au Pérou il est possible de vivre du cirque ?

Oui il y a un million de manières d’en vivre mais c’est difficile. Les personnes avec lesquelles je tra-vaille ici doivent trouver d’autres choses à faire en parallèle, comme enseigner le cirque ou réaliser des évènements. C’est compliqué surtout parce que l’Etat ne reconnaît pas le travail d’artiste.

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Pour une fois un Rincón de las Cosas Buenas un peu différent et un petit clin d’œil à celle qui a sou-

vent alimenté cette rubrique du journal de ses connaissances de la culture latino-américaine. Une

fille de haut vol qui a été interviewée récemment dans un des plus grands journaux péruviens.

Tu as étudié le cirque durant trois ans en Belgique. La situation est-elle différente là-bas ?

Oui c’est assez différent. Là-bas, en sortant d’une école, si tu as des contrats suffisants durant un an, l’Etat t’offre une allocation de chômage. Là, le statut d’artiste est reconnu. Cela te donne une sécurité pendant les périodes de création pendant lesquelles tu ne gagnes pas d’argent.

Comment as-tu perçu le développement artistique de ton pays à ton retour d’Europe ?

J’ai toujours eu l’impression qu’ici l’art a cette possibilité super chouette qui fait que les personnes disent “nous allons le faire parce que nous le voulons, et quoiqu’il en soit nous y arriverons“. Il me semble qu’aujourd’hui il y a beaucoup plus de personnes impliquées dans le monde de l’art, sur-tout dans les quartiers populaires. Par exemple la “Fiesta Internacional de Teatro en Calles Abiertas (Fiteca)”, qui a commencé à Comas, est maintenant aussi présente à Villa El Salvador et chaque an-née elle gagne en importante.

Quant au sujet du contenu, tu vois beaucoup de différence ?

C’est différent. Pas que je veuille dire que l’un est meilleur que l’autre. Ce sont deux réalités et deux sociétés avec des cultures totalement différentes.

As-tu l’impression que La Tarumba a changé depuis les premières années où tu y étudiais ?

Je suis toujours impressionnée. Chaque fois que j’arrive, je me dis « Waw ! ». Le spectacle s’est amé-lioré, il a grandi, il a un meilleur niveau. En plus, l’accueil des gens vis-à-vis de la troupe est incroya-ble. Dans ce sens oui, en comparaison de l’Europe, c’est bien mieux, on nous traite comme des rois.

Crois-tu que l’approche du public envers les cirques change avec la venue de grands spectacles comme celui du Cirque du Soleil ?

Oui, parce que ces spectacles offrent au public plus de critères pour choisir. Mais je ne crois pas que seuls les grands soient importants, les cirques traditionnels le sont, sans eux des spectacles comme le nôtre n’auraient pas existé.

Qu’est-ce qu’il nous manque pour que nous ayons plus d’expériences de ce genre ?

Du temps. Parce que les enfants qui sont maintenant à l’école comme celle de La Tarumba sortiront avec une bonne formation artistique et l’objectif est qu’ils continuent à créer de nouvelles initiatives.

Pourquoi parmi toutes les spécialités as-tu choisi le trapèze ?

Le cirque m’a toujours interpellé pour la hauteur. J’ai commencé avec le trapèze fixe à La Tarumba et j’adorais. Plus grande j’ai essayé le trapèze volant et ça m’a bien plus plu parce qu’il y a beaucoup d’adrénaline. Tu sens que tu voles réellement.

Tu retourneras en Europe ?

Oui j’y retourne en septembre. Mon objectif, après, est d’enseigner ici mais avant cela je dois me former et acquérir la meilleure expérience possible. La profession de circassien implique de voyager et j’adore ça.

Son profil :

Soledad a 22 ans et a participé depuis ses 7 ans aux ateliers de La Tarumba où elle y a ensuite étudié. Elle vient d’être diplômée à l’Ecole Supérieure des Arts de Cirque de Bruxelles, en Belgique, et s’est spécialisée dans la haute voltige en trapèze. Elle fait partie de la troupe de “Landó”, spectacle de La Tarumba qui se présente jusqu’au 5 septembre à Plaza Lima Sur.