Josette Rey-DeboveLE CONTOURNEMENT DU MÉTALANGAGE Dans les dicos pour enfants

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  • 7/22/2019 Josette Rey-DeboveLE CONTOURNEMENT DU MTALANGAGE Dans les dicos pour enfants

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    LE CONTOURNEMENT DU MTALANGAGEDANS LES DICTIONNAIRES POUR ENFANTStranslation, monstration, neutralisation

    Josette REY-DEBOVEDictionnaires le RobertRsum : Josette Rey-Debove, auteur avec Alain Rey du Petit Robert, dictionnaire de langue franaise en un volume, a conu d'autres dictionnaires gnrauxpour apprenants, dont les procdures nouvelles tentent d'apporter une contribution la didactique des langues. Il s'agira ici de commenter les procdures adoptes dans le Robert des Jeunes (destin aux enfants de 8 - 1 1 ans) pour viter lesdifficults du mtalangage. On exploite le systme mtalinguistique dans toutesses potentialits pour ne retenir que ses manifestations iconiques (monstrationlangagire de la squence dont on parle, comparaisons visuelles de mots prsentant des traits communs) et son expression la plus proche de celle du langageprimaire (connotation autonymique d'un discours sur les choses, et dfinitionsdu rfrentiel). Un des buts de cette dmarche est d'vacuer du discours les motsmtalinguistiques qu'on peut considrer, dans la situation actuelle, comme difficiles, gratuits ou mme dangereux. L'auteur ne souhaite pas que les termes de larecherche pntrent dans l'enseignement des langues.

    C'est notre exprience lexicographique qui nous a amene tudier lemtalangage naturel (non formalis) et intgrer la linguistique un domaine quirelevait traditionnellement de la philosophie du langage et plus rcemment de lasmiologie (1). Pour parler des mots et de la langue (activit de tout locuteur),pour les dcrire et les expliquer (activit du lexicographe ou de l'enseignant) ilfaut tenir un discours mtalinguistique. Or ce type de discours n'est assimilable aucun autre discours de la connaissance, par exemple le discours du botanistesur les plantes ou de l'ethnologue sur les socits. Si comme eux, le mtalangage a une terminologie, cet outil de description se trouve tre de la mmenature que l'objet dcrit ("l'adverbe est un mot") ; quant l'objet dcrit, il estreprsent iconiquement par l'application de la rgle des noms autonymes qui,pour le franais, transforme toute squence du langage en nom masculin invariable (par exemple, "chevaux reprsente un pluriel" ; "jamais est un adverbe","meilleures penses est plutt amical" ; "h//-, forme abrge de hlico").

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    LE CONTOURNEMENT DU MTALANGAGEDANS LES DICTIONNAIRES POUR ENFANTStranslation, monstration, neutralisation

    Josette REY-DEBOVEDictionnaires le RobertRsum : Josette Rey-Debove, auteur avec Alain Rey du Petit Robert, dictionnaire de langue franaise en un volume, a conu d'autres dictionnaires gnrauxpour apprenants, dont les procdures nouvelles tentent d'apporter une contribution la didactique des langues. Il s'agira ici de commenter les procdures adoptes dans le Robert des Jeunes (destin aux enfants de 8 - 1 1 ans) pour viter lesdifficults du mtalangage. On exploite le systme mtalinguistique dans toutesses potentialits pour ne retenir que ses manifestations iconiques (monstrationlangagire de la squence dont on parle, comparaisons visuelles de mots prsentant des traits communs) et son expression la plus proche de celle du langageprimaire (connotation autonymique d'un discours sur les choses, et dfinitionsdu rfrentiel). Un des buts de cette dmarche est d'vacuer du discours les motsmtalinguistiques qu'on peut considrer, dans la situation actuelle, comme difficiles, gratuits ou mme dangereux. L'auteur ne souhaite pas que les termes de larecherche pntrent dans l'enseignement des langues.

    C'est notre exprience lexicographique qui nous a amene tudier lemtalangage naturel (non formalis) et intgrer la linguistique un domaine quirelevait traditionnellement de la philosophie du langage et plus rcemment de lasmiologie (1). Pour parler des mots et de la langue (activit de tout locuteur),pour les dcrire et les expliquer (activit du lexicographe ou de l'enseignant) ilfaut tenir un discours mtalinguistique. Or ce type de discours n'est assimilable aucun autre discours de la connaissance, par exemple le discours du botanistesur les plantes ou de l'ethnologue sur les socits. Si comme eux, le mtalangage a une terminologie, cet outil de description se trouve tre de la mmenature que l'objet dcrit ("l'adverbe est un mot") ; quant l'objet dcrit, il estreprsent iconiquement par l'application de la rgle des noms autonymes qui,pour le franais, transforme toute squence du langage en nom masculin invariable (par exemple, "chevaux reprsente un pluriel" ; "jamais est un adverbe","meilleures penses est plutt amical" ; "h//-, forme abrge de hlico").

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    REPRES N8/1993 J. REY-DEBOVE1. UNE HOMOMORPHIE NON CODE

    Ces deux ensembles lexicaux, dont l'un est cod et l'autre non, peuventdonner lieu chacun un type d'ambigut. Les mots mtalinguistiques (terminologie) et leurs autonymes ont la mme forme orale et crite, sont homomorphes ;ainsi "l'adverbe est un mot invariable" et "adverbe est un nom variable : desadverbes". Les mots autonymes peuvent tre confondus, par leur contenu, avecles objets qu'ils dsignent, confusion traditionnellement voque dans l'expression "les mots et les choses" ; la phrase "dlocaliser est la mode" est valable la fois pour le mot dlocaliser, qui est un mot la mode et pour l'action de dlocaliser, qui est une pratique sociale rpandue.II existe donc deux types d'ambiguts lies au mtalangage : mtalangage

    et autonymes en langage tertiaire, pour les mots mtalinguistiques (un adverbeet le mot adverbe), langage primaire et mtalangage, pour les autonymes du premier (dlocaliser et le mot dlocaliser) ; ces mots sont homomorphes deux deux. Tout le lexique est doubl d'homomorphes non cods, pour ne parler quedes mots, unit la plus simple.Ce discours mtalinguistique est constitu lexicalement de mots mtalinguistiques et/ou de mots autonymes ainsi que de mots neutres fonctionnant danstout type de discours. Dans la phrase "Rapidement est plus long que vite, motqui s'emploie aussi comme adjectif, on relve quatre mots du mtalexique et

    neuf mots neutres ou polysmiques, comme employer.2. LA NCESSIT D'TRE CLAIR

    L'ambigut ne se prsente pas constamment, mais il faut poser la ncessit d'une prsentation trs soigne qui indique clairement de quoi il s'agit.Pour l'crit c'est relativement facile, bien que les rgles typographiquessoient rarement consignes dans les grammaires, exception faite du "Bon usage"de Grevisse revu par A. Goosse (Duculot, 1986). Les linguistes ne s'y conforment pas toujours, les enseignants bricolent de leur mieux dans la confectiondes manuels, les journalistes l'ignorent compltement, les correcteurs suivent latradition de l'italique pour les locutions latines, qui n'a aucune utilit et mme, quiobscurcit l'ensemble du systme.Pour le mtalangage oral, on n'a d'autre moyen que d'annoncer l'autonymepar un mot mtalinguistique en apposition : [le mot chevaux, le mot adverbe, lemot dlocaliser, la formule meilleures penses]. La non-liaison est un marqueurd'autonyme qui est souvent respect :II y a deux artiste dans la phrase [cbsaRtist]Pour l'crit comme pour l'oral, la morphosmantique, l'assiette du nom, legenre, la non-lision peuvent rvler clairement l'autonyme selon les traits dechaque mot[dune est hollandais][ripoux obit au modle de hiboux][le auto de autoroute n'est pas celui de autogestion]

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    REPRES N8/1993 J. REY-DEBOVE1. UNE HOMOMORPHIE NON CODE

    Ces deux ensembles lexicaux, dont l'un est cod et l'autre non, peuventdonner lieu chacun un type d'ambigut. Les mots mtalinguistiques (terminologie) et leurs autonymes ont la mme forme orale et crite, sont homomorphes ;ainsi "l'adverbe est un mot invariable" et "adverbe est un nom variable : desadverbes". Les mots autonymes peuvent tre confondus, par leur contenu, avecles objets qu'ils dsignent, confusion traditionnellement voque dans l'expression "les mots et les choses" ; la phrase "dlocaliser est la mode" est valable la fois pour le mot dlocaliser, qui est un mot la mode et pour l'action de dlocaliser, qui est une pratique sociale rpandue.II existe donc deux types d'ambiguts lies au mtalangage : mtalangage

    et autonymes en langage tertiaire, pour les mots mtalinguistiques (un adverbeet le mot adverbe), langage primaire et mtalangage, pour les autonymes du premier (dlocaliser et le mot dlocaliser) ; ces mots sont homomorphes deux deux. Tout le lexique est doubl d'homomorphes non cods, pour ne parler quedes mots, unit la plus simple.Ce discours mtalinguistique est constitu lexicalement de mots mtalinguistiques et/ou de mots autonymes ainsi que de mots neutres fonctionnant danstout type de discours. Dans la phrase "Rapidement est plus long que vite, motqui s'emploie aussi comme adjectif, on relve quatre mots du mtalexique et

    neuf mots neutres ou polysmiques, comme employer.2. LA NCESSIT D'TRE CLAIR

    L'ambigut ne se prsente pas constamment, mais il faut poser la ncessit d'une prsentation trs soigne qui indique clairement de quoi il s'agit.Pour l'crit c'est relativement facile, bien que les rgles typographiquessoient rarement consignes dans les grammaires, exception faite du "Bon usage"de Grevisse revu par A. Goosse (Duculot, 1986). Les linguistes ne s'y conforment pas toujours, les enseignants bricolent de leur mieux dans la confectiondes manuels, les journalistes l'ignorent compltement, les correcteurs suivent latradition de l'italique pour les locutions latines, qui n'a aucune utilit et mme, quiobscurcit l'ensemble du systme.Pour le mtalangage oral, on n'a d'autre moyen que d'annoncer l'autonymepar un mot mtalinguistique en apposition : [le mot chevaux, le mot adverbe, lemot dlocaliser, la formule meilleures penses]. La non-liaison est un marqueurd'autonyme qui est souvent respect :II y a deux artiste dans la phrase [cbsaRtist]Pour l'crit comme pour l'oral, la morphosmantique, l'assiette du nom, legenre, la non-lision peuvent rvler clairement l'autonyme selon les traits dechaque mot[dune est hollandais][ripoux obit au modle de hiboux][le auto de autoroute n'est pas celui de autogestion]

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsLes noms de lettres n'tant pas autonymes doivent suivre les rgles ordinaires : "l'a" et non "le a", mais la tendance est forte de leur appliquer les rgles

    de l'autonyme cause d'autres ambiguts de type monosyllabique (la, l'a, letc.).3. LE MTALANGAGE CONNOT

    Le mtalangage ci-dessus voqu est un langage dnotatif, comme le langage primaire avec lequel nous parlons du monde. En parlant d'un mot nous ledsignons comme signe, signifiant et signifi indissociables, mme si l'on traiteplutt de l'un que de l'autre. Pour indiquer qu'on les dissocie , il faut lesprsenter : le signifi "humain" de homme ; le signifiant p-o-s-t-e-r de deux homographes, poster "mettre la poste" et poster "affiche".Or, il existe un mtalangage connote qui n'est qu'un signifi connotatifs'ajoutant au signifi dnotatif du langage primaire. On parle du monde en faisant remarquer le signe, donc le signifiant, ceci n'tant possible qu' l'crit : "lagrouse, qui n'est autre que notre coq de bruyre". Le soulignage ou l'italique degrouse, donne au mot la signification "l'oiseau appel grouse" par connotation designe, appele connotation autonymique.

    Ce double systme bloqu en un seul est trs intressant et n'a qu'unergle absolue, l'interdiction de remplacer grouse par un synonyme ou une traduction. C'est la situation des entres de dictionnaires de langue lorsqu'on lit la dfinition avec la copule tre : (La) GROUSE (est un) Coq de bruyre ; l'entre, eneffet, ne peut tre remplace par un synonyme, vu les autres informations (prononciation, tymologie etc.). Les encyclopdies, au contraire, ont des entresconceptuelles libres de la dtermination du signifiant.4. L'AMNAGEMENT DES DIFFICULTS L'COLE

    Le mtalangage, on vient de le voir, est un type de discours difficile, malconnu et mal employ ; on peut ajouter que la terminologie linguistique (motsmtalinguistiques) ne vaut gure mieux par son incohrence : chevauchementdes termes diffrents de plusieurs gnrations, irruption de thories rcentes quidivergent, souvenirs scolaires d'une grammaire rebutante et insense, telle quenous la reprsente l'crivain Ionesco dans "La leon".

    En 1983, nous avons ressenti la ncessit d'crire un dictionnaire pour lesenfants qui ne ressemblerait rien de ce qui existait, que nous jugions pauvre,obscur et ennuyeux. La conception du "Robert des Jeunes" (RDJ), d'abord "PetitRobert des enfants" (1 986) mais dont le texte est le mme, renouvelait compltement la forme actuelle du genre : dfinition quasi constante ; contexte situationnel connu (scnario) ; citations, chansons, comptines, charades et devinettes ;rejet du carcan terminologique remplac par d'autres procdures, dont la comparaison de mots.

    Cet ambitieux programme (voir la prface de ce livre) visait trois pointsessentiels : 1) le dcodage ET l'encodage des mots (production d'noncs par

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsLes noms de lettres n'tant pas autonymes doivent suivre les rgles ordinaires : "l'a" et non "le a", mais la tendance est forte de leur appliquer les rgles

    de l'autonyme cause d'autres ambiguts de type monosyllabique (la, l'a, letc.).3. LE MTALANGAGE CONNOT

    Le mtalangage ci-dessus voqu est un langage dnotatif, comme le langage primaire avec lequel nous parlons du monde. En parlant d'un mot nous ledsignons comme signe, signifiant et signifi indissociables, mme si l'on traiteplutt de l'un que de l'autre. Pour indiquer qu'on les dissocie , il faut lesprsenter : le signifi "humain" de homme ; le signifiant p-o-s-t-e-r de deux homographes, poster "mettre la poste" et poster "affiche".Or, il existe un mtalangage connote qui n'est qu'un signifi connotatifs'ajoutant au signifi dnotatif du langage primaire. On parle du monde en faisant remarquer le signe, donc le signifiant, ceci n'tant possible qu' l'crit : "lagrouse, qui n'est autre que notre coq de bruyre". Le soulignage ou l'italique degrouse, donne au mot la signification "l'oiseau appel grouse" par connotation designe, appele connotation autonymique.

    Ce double systme bloqu en un seul est trs intressant et n'a qu'unergle absolue, l'interdiction de remplacer grouse par un synonyme ou une traduction. C'est la situation des entres de dictionnaires de langue lorsqu'on lit la dfinition avec la copule tre : (La) GROUSE (est un) Coq de bruyre ; l'entre, eneffet, ne peut tre remplace par un synonyme, vu les autres informations (prononciation, tymologie etc.). Les encyclopdies, au contraire, ont des entresconceptuelles libres de la dtermination du signifiant.4. L'AMNAGEMENT DES DIFFICULTS L'COLE

    Le mtalangage, on vient de le voir, est un type de discours difficile, malconnu et mal employ ; on peut ajouter que la terminologie linguistique (motsmtalinguistiques) ne vaut gure mieux par son incohrence : chevauchementdes termes diffrents de plusieurs gnrations, irruption de thories rcentes quidivergent, souvenirs scolaires d'une grammaire rebutante et insense, telle quenous la reprsente l'crivain Ionesco dans "La leon".

    En 1983, nous avons ressenti la ncessit d'crire un dictionnaire pour lesenfants qui ne ressemblerait rien de ce qui existait, que nous jugions pauvre,obscur et ennuyeux. La conception du "Robert des Jeunes" (RDJ), d'abord "PetitRobert des enfants" (1 986) mais dont le texte est le mme, renouvelait compltement la forme actuelle du genre : dfinition quasi constante ; contexte situationnel connu (scnario) ; citations, chansons, comptines, charades et devinettes ;rejet du carcan terminologique remplac par d'autres procdures, dont la comparaison de mots.

    Cet ambitieux programme (voir la prface de ce livre) visait trois pointsessentiels : 1) le dcodage ET l'encodage des mots (production d'noncs par

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    REPRES N8/1993 J. REY-DEBOVEles lves), puisqu'il s'agit d'apprendre une langue et pas seulement de comprendre des textes 2) l'assimilation du franais scolaire, artificiel et triste, au franais amusant des lectures et des jeux enfantins 3) une informationmtalinguistique la fois sur chaque mot difficile et sur l'ensemble des rgles dulexique (prdictibilit lexicale des drivs et dcryptage d'un choix de morphmes lis, en guise d'initiation au "Robert Mthodique", 1982).

    II va de soi que ce dernier point entranait un mtalangage d'une difficultnouvelle, inutilis l'cole, et qu'il nous a fallu crer des procds gnraux susceptibles de simplifier l'information afin de la faire passer ; et dans la foule,l'ensemble du systme y compris le traditionnel, s'en est trouv transform. Vu lapuissance du systme mtalinguistique, nous avons pu exploiter certains de sescaractres au profit de la transparence du discours, essentiellement l'iconicitdes autonymes et l'utilisation des mots neutres courants. Donc rien savoir oupresque en terminologie ; c'est la grammaire, qui ne peut s'en passer, parcequ'elle classe les faits de langue et fait des synthses. Et on se demande si laterminologie grammaticale n'est pas le plus souvent inutile dans un dictionnairequi est structur par le sens montr dans des exemples ; mme la catgoriegrammaticale est de nature smantique, puisque la fonction du mot est la mmeque celle de la dfinition en tant que priphrase (plusieurs mots quivalents d'unseul mot).L'autre caractre largement exploit est le systme de la connotation auto-nymique o la forme linguistique de l'nonc (le signifiant) est la mme que celledu langage primaire.Nos rflexions nous ont donc amene contourner le mtalangage traditionnel en dveloppant tout ce qui l'apparentait au langage ordinaire. De plus,nous avons rduit au minimum les termes de grammaire qui obscurcissent lepropos plus qu'ils ne l'clairent ; enfin, nous avons assoupli les procdures audtriment de la systmaticit, adaptant notre dmarche la diversit des casd'un lexique par nature htrogne. On s'est aperu en effet, depuis que l'on travaille avec l'ordinateur, qu'une information systmatique dans des formes

    constantes aboutissait un texte illisible et parfois inintelligible, l'explicite venanttroubler l'implicite de notre comptence langagire.Nous nous proposons maintenant de dvelopper et d'exemplifier les troisprocdures qui permettent d'chapper aux difficults du mtalangage tout eninformant sur le signe, pour l'apprentissage du lexique.

    5. LA TRANSLATION DU SIGNE AU MONDE5.1 La dfinition mondaine phrastiqueCette translation n'intresse que le signifi du mot dcrire : en disant cequ'EST la chose, on implique ce que signifie le signe. Toute la smantique lexicographique est base sur une relation d'identit de dsigns (copule tre) dontelle peut faire la preuve, alors que la relation de signification n'est pas verifiablepuisqu'elle chappe aux relations logiques :

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    REPRES N8/1993 J. REY-DEBOVEles lves), puisqu'il s'agit d'apprendre une langue et pas seulement de comprendre des textes 2) l'assimilation du franais scolaire, artificiel et triste, au franais amusant des lectures et des jeux enfantins 3) une informationmtalinguistique la fois sur chaque mot difficile et sur l'ensemble des rgles dulexique (prdictibilit lexicale des drivs et dcryptage d'un choix de morphmes lis, en guise d'initiation au "Robert Mthodique", 1982).

    II va de soi que ce dernier point entranait un mtalangage d'une difficultnouvelle, inutilis l'cole, et qu'il nous a fallu crer des procds gnraux susceptibles de simplifier l'information afin de la faire passer ; et dans la foule,l'ensemble du systme y compris le traditionnel, s'en est trouv transform. Vu lapuissance du systme mtalinguistique, nous avons pu exploiter certains de sescaractres au profit de la transparence du discours, essentiellement l'iconicitdes autonymes et l'utilisation des mots neutres courants. Donc rien savoir oupresque en terminologie ; c'est la grammaire, qui ne peut s'en passer, parcequ'elle classe les faits de langue et fait des synthses. Et on se demande si laterminologie grammaticale n'est pas le plus souvent inutile dans un dictionnairequi est structur par le sens montr dans des exemples ; mme la catgoriegrammaticale est de nature smantique, puisque la fonction du mot est la mmeque celle de la dfinition en tant que priphrase (plusieurs mots quivalents d'unseul mot).L'autre caractre largement exploit est le systme de la connotation auto-nymique o la forme linguistique de l'nonc (le signifiant) est la mme que celledu langage primaire.Nos rflexions nous ont donc amene contourner le mtalangage traditionnel en dveloppant tout ce qui l'apparentait au langage ordinaire. De plus,nous avons rduit au minimum les termes de grammaire qui obscurcissent lepropos plus qu'ils ne l'clairent ; enfin, nous avons assoupli les procdures audtriment de la systmaticit, adaptant notre dmarche la diversit des casd'un lexique par nature htrogne. On s'est aperu en effet, depuis que l'on travaille avec l'ordinateur, qu'une information systmatique dans des formes

    constantes aboutissait un texte illisible et parfois inintelligible, l'explicite venanttroubler l'implicite de notre comptence langagire.Nous nous proposons maintenant de dvelopper et d'exemplifier les troisprocdures qui permettent d'chapper aux difficults du mtalangage tout eninformant sur le signe, pour l'apprentissage du lexique.

    5. LA TRANSLATION DU SIGNE AU MONDE5.1 La dfinition mondaine phrastiqueCette translation n'intresse que le signifi du mot dcrire : en disant cequ'EST la chose, on implique ce que signifie le signe. Toute la smantique lexicographique est base sur une relation d'identit de dsigns (copule tre) dontelle peut faire la preuve, alors que la relation de signification n'est pas verifiablepuisqu'elle chappe aux relations logiques :

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsr Guridon signifie "Petite table ronde avec un pied central"* Le guridon (c')est une petite table ronde avec un pied central.Si les entres ne sont pas des noms, on les nominalise (ainsi font les thoriciens du "prototype", en smantique lexicale) : Brasser la bire, c'est la fabriquer. Une personne casanire, c'est une personne qui aime rester la maison.Les oiseaux couvent, ils restent un certain temps sur leurs ufs pour les faireclore. Ce systme, implicite dans les dictionnaires d'adultes, est ici explicitpour les enfants. II produit une dfinition phrastique, une prdication complte,ce qu'elle n'est jamais d'ordinaire, puisque c'est une priphrase valeur de mot :Casanier, 1re [...] Qui aime rester la maison.Une dfinition phrastique, comme telle, est une unit naturelle de communication et vhicule une information plus aise comprendre. II faut la distinguerradicalement de l'exemple dfinitionnel, qui joue le mme rle, mais s'inscritdans un programme de monstration o l'exemple remplace la dfinition. L'articlede dictionnaire pourrait commencer par un exemple du type Marie est casanire,elle aime restera la maison. (Voyez plus loin, La monstration).La dfinition phrastique est peu usite pour le nom dans notre dictionnaire,car cette formulation n'ajoute rien :guridon n.m. Petite table ronde avec un pied central.Elle apparat nanmoins dans la situation du rfrent non comptable :gibier n.m. Le gibier, c'est l'ensemble des animaux qu'on chasse pour lesmanger.industrie n.f. L'industrie, c'est tout ce qui contribue l'exploitation dessources d'nergie [...].On remarquera l'utilisation de la connotation autonymique exprime par l'italique ; le gibier signifie "ce qu'on appelle gibier" sans possibilit de remplacergibier par un synonyme dans un discours mondain o il n'est pas autonyme. Lemot comme signe se trouve rintgr par cette procdure qui n'est pas destine l'enfant, mais qui sert justifier en thorie le discours sur le monde pour informer sur le signe.5.2 Paradigmes de sujet et d'objetUn autre avantage de la dfinition phrastique, c'est la prsence explicite duparadigme des cooccurrents ; le lexicographe fait ainsi voluer la dfinition versune matrice de tous les exemples, de toutes les squences possibles contenantl'entre.incassable adj. Un objet incassable, c'est un objet que l'on ne peut pascasser.impassible adj. Une personne impassible, c'est une personne qui nemontre aucune motion, aucun trouble.insectivore adj. Un animal insectivore, c'est un animal qui se nourritd'insectes.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsr Guridon signifie "Petite table ronde avec un pied central"* Le guridon (c')est une petite table ronde avec un pied central.Si les entres ne sont pas des noms, on les nominalise (ainsi font les thoriciens du "prototype", en smantique lexicale) : Brasser la bire, c'est la fabriquer. Une personne casanire, c'est une personne qui aime rester la maison.Les oiseaux couvent, ils restent un certain temps sur leurs ufs pour les faireclore. Ce systme, implicite dans les dictionnaires d'adultes, est ici explicitpour les enfants. II produit une dfinition phrastique, une prdication complte,ce qu'elle n'est jamais d'ordinaire, puisque c'est une priphrase valeur de mot :Casanier, 1re [...] Qui aime rester la maison.Une dfinition phrastique, comme telle, est une unit naturelle de communication et vhicule une information plus aise comprendre. II faut la distinguerradicalement de l'exemple dfinitionnel, qui joue le mme rle, mais s'inscritdans un programme de monstration o l'exemple remplace la dfinition. L'articlede dictionnaire pourrait commencer par un exemple du type Marie est casanire,elle aime restera la maison. (Voyez plus loin, La monstration).La dfinition phrastique est peu usite pour le nom dans notre dictionnaire,car cette formulation n'ajoute rien :guridon n.m. Petite table ronde avec un pied central.Elle apparat nanmoins dans la situation du rfrent non comptable :gibier n.m. Le gibier, c'est l'ensemble des animaux qu'on chasse pour lesmanger.industrie n.f. L'industrie, c'est tout ce qui contribue l'exploitation dessources d'nergie [...].On remarquera l'utilisation de la connotation autonymique exprime par l'italique ; le gibier signifie "ce qu'on appelle gibier" sans possibilit de remplacergibier par un synonyme dans un discours mondain o il n'est pas autonyme. Lemot comme signe se trouve rintgr par cette procdure qui n'est pas destine l'enfant, mais qui sert justifier en thorie le discours sur le monde pour informer sur le signe.5.2 Paradigmes de sujet et d'objetUn autre avantage de la dfinition phrastique, c'est la prsence explicite duparadigme des cooccurrents ; le lexicographe fait ainsi voluer la dfinition versune matrice de tous les exemples, de toutes les squences possibles contenantl'entre.incassable adj. Un objet incassable, c'est un objet que l'on ne peut pascasser.impassible adj. Une personne impassible, c'est une personne qui nemontre aucune motion, aucun trouble.insectivore adj. Un animal insectivore, c'est un animal qui se nourritd'insectes.

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    REPRES N" 8/1993 J. REY-DEBOVEinhospitalier adj. Une rgion inhospitalire, c'est une rgion peuaccueillante, hostile (...) La cte paraissait inhospitalire.initier v. Initier quelqu'un quelque chose, c'est tre le premier lui enseigner quelque chose.Ce faisant, la dfinition phrastique permet la production de nouvellesphrases, et non pas seulement la comprhension des phrases proposes. Onsait que certains dictionnaires d'adultes, dont le Trsor de la langue franaise"utilisent la procdure "grammaticale" du dernier exemple, mais ils vont rarementau-del de chose et personne, alors que le paradigme lexical est pourtant ncessaire (par exemple animal ou rgion). Entre le terme oblig (exemple : sabler lechampagne) et le paradigme raccroch la grammaire, il existe toute une zone

    lexicale o la dnomination du paradigme est difficile. S'il est vrai qu'une plantepeut aussi tre insectivore (mais on dit carnivore ?) et une ville inhospitalire(est-ce une rgion ?), la description donne est un peu grossire ; nanmoinselle reste possible pour des enfants qui l'on enseigne le principal, ce qu'il y ade plus commun.Par ailleurs, les paradigmes de sujet et de complment ne pourraient treprsents de la faon embarrasse que manifestent les dfinitions pour adultes("Nouveau Petit Robert" 1 993) :INESPR, E (...) Se dit d'un vnement heureux que l'on n'esprait pas

    ou qu'on n'esprait plus.INNERVER (...) Fournir de nerfs, en parlant d'un tronc nerveux.On signalera au passage que l'emploi de anim, inanim pour qualifier lesreferents d'un paradigme sont viter tout prix : anim signifie "vivant" et nonpas "qui bouge" (les plantes sont des tres anims, mais pas les voitures), etcette partition ne convient absolument pas notre dcoupage du monde.5.3 La figure autonymiqueLa connotation autonymique, on l'a vu, permet d'informer sur le signe en

    parlant des referents. Elle peut produire une figure contenant une absurdit, unecontradiction qu'elle rsout par sa rfrence au signe. Dj Voltaire crivait : "Oncitait les Anciens, on ne fesait pas de citations" (Dictionnaire philosophique,article France), phrase qui signifie que Voltaire condamne l'expresssion faire unecitation. Cette figure est si rpandue qu'on n'a pas craint de l'utiliser dans le"Robert des Jeunes". Ainsi domestique, en marge : "on ne parle plus dedomestiques mais d'employs de maison". Cette formulation remplace le vieilliqui figure ailleurs devant la dfinition du mot domestique. La figure autonymiquegarde toute sa validit l'oral, car c'est la signification seule qui oblige passerdu rfrent au signe.

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    REPRES N" 8/1993 J. REY-DEBOVEinhospitalier adj. Une rgion inhospitalire, c'est une rgion peuaccueillante, hostile (...) La cte paraissait inhospitalire.initier v. Initier quelqu'un quelque chose, c'est tre le premier lui enseigner quelque chose.Ce faisant, la dfinition phrastique permet la production de nouvellesphrases, et non pas seulement la comprhension des phrases proposes. Onsait que certains dictionnaires d'adultes, dont le Trsor de la langue franaise"utilisent la procdure "grammaticale" du dernier exemple, mais ils vont rarementau-del de chose et personne, alors que le paradigme lexical est pourtant ncessaire (par exemple animal ou rgion). Entre le terme oblig (exemple : sabler lechampagne) et le paradigme raccroch la grammaire, il existe toute une zone

    lexicale o la dnomination du paradigme est difficile. S'il est vrai qu'une plantepeut aussi tre insectivore (mais on dit carnivore ?) et une ville inhospitalire(est-ce une rgion ?), la description donne est un peu grossire ; nanmoinselle reste possible pour des enfants qui l'on enseigne le principal, ce qu'il y ade plus commun.Par ailleurs, les paradigmes de sujet et de complment ne pourraient treprsents de la faon embarrasse que manifestent les dfinitions pour adultes("Nouveau Petit Robert" 1 993) :INESPR, E (...) Se dit d'un vnement heureux que l'on n'esprait pas

    ou qu'on n'esprait plus.INNERVER (...) Fournir de nerfs, en parlant d'un tronc nerveux.On signalera au passage que l'emploi de anim, inanim pour qualifier lesreferents d'un paradigme sont viter tout prix : anim signifie "vivant" et nonpas "qui bouge" (les plantes sont des tres anims, mais pas les voitures), etcette partition ne convient absolument pas notre dcoupage du monde.5.3 La figure autonymiqueLa connotation autonymique, on l'a vu, permet d'informer sur le signe en

    parlant des referents. Elle peut produire une figure contenant une absurdit, unecontradiction qu'elle rsout par sa rfrence au signe. Dj Voltaire crivait : "Oncitait les Anciens, on ne fesait pas de citations" (Dictionnaire philosophique,article France), phrase qui signifie que Voltaire condamne l'expresssion faire unecitation. Cette figure est si rpandue qu'on n'a pas craint de l'utiliser dans le"Robert des Jeunes". Ainsi domestique, en marge : "on ne parle plus dedomestiques mais d'employs de maison". Cette formulation remplace le vieilliqui figure ailleurs devant la dfinition du mot domestique. La figure autonymiquegarde toute sa validit l'oral, car c'est la signification seule qui oblige passerdu rfrent au signe.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfants6. LA MONSTRATION

    La monstration le plus souvent, se situe hors du langage. On oppose souvent la monstration d'un objet sa dfinition. La monstration est gestuelle (le"pointing" qui montre du doigt), imagire (illustration lgende d'une encyclopdie) ou sonore (onomatopes montrant le rfrent qui est un bruit, cas atypiquedans la situation normale d'arbitraire du signe). La monstration du rfrent est enprincipe limite a un objet singulier, notamment dsign par un nom propre ; sielle vise une classe, la chose montre n'en est plus qu'un exemple.La monstration d'un signe langagier (pris comme rfrent) est une autony-mie ; ainsi dans le dictionnaire, les entres (autonymes de mots) et les exemples(autonymes de phrases). On peut concevoir toutes les squences autonymescomme des citations.6.1 Le mot comme entreLe mot graphique est montr dans le dictionnaire, alors que le mot oral estnot par l'crit (transcodage phontique). II est souhaitable que ce nom autonyme soit parfaitement iconique du mot dont on parle, et surtout pour desenfants qui savent peine lire. II ne faut rechercher aucun cumul d'informationqui affecterait la forme du mot. Sont donc proscrire les coupes syllabiques dontles dictionnaires d'anglais font un usage habituel, aussi bien que l'accent du motoral dans certaines langues (d'autant plus dplac qu'il existe des accents orthographiques de lettres). Une autre habitude anglo-saxonne nous semble draisonnable malgr le gain de place qu'elle permet, c'est de remplacer l'entre par unsymbole dans le discours des exemples ; ainsi le mot jumeau, -elle ("Robert etCollins Senior, 1993") suivi de c'est mon frre ~, fruits - x, maisons - elles. Lalecture est en pril en mme temps que la mmorisation visuelle, et l'on observele drapage de la mthode pour le dernier exemple, o l'entre serait jum-.En franais, il nous faut rsoudre le problme du h dit "aspir". La placenaturelle de ce trait est dans la notation phontique : hibou ['ibu], "Nouveau Petit

    Robert, 1993. Faute de notation phontique, on pratique un horrible mlangeoral/crit par l'usage d'un symbole devant l'entre graphique. Nous y avons tcontraints, faute d'allonger encore les exemples par la monstration de la non-li-sion ; il tait possible en tout cas, de remplacer " *hibou n.m. [...]"Les hiboux ontde grands yeux ronds [...]" qui ne montre rien de la non-liaison, par "hibou n.m.[...] Le hibou a de grands yeux ronds [...]".Nous avons cart toute dclinaison morphosyntaxique, trs dlicate interprter mme pour un adulte, cause du blocage oral/crit ; la coupe relve la fois de la syllabation orale et de la morphologie comme on le voit dans sou

    cieux, ieuse, o le /de souci passe du ct du suffixe.Nous avons dcid mme de ne pas donner ces deux formes en entremultiple pour les adjectifs : "casanier adj. Une personne casanire, [...]". Lesdeux formes apparaissent conjointement seulement quand le fminin est lexical :"cascadeur n.m. cascadeuse n.f.". Les pluriels, de mme, apparaissent ailleurs

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfants6. LA MONSTRATION

    La monstration le plus souvent, se situe hors du langage. On oppose souvent la monstration d'un objet sa dfinition. La monstration est gestuelle (le"pointing" qui montre du doigt), imagire (illustration lgende d'une encyclopdie) ou sonore (onomatopes montrant le rfrent qui est un bruit, cas atypiquedans la situation normale d'arbitraire du signe). La monstration du rfrent est enprincipe limite a un objet singulier, notamment dsign par un nom propre ; sielle vise une classe, la chose montre n'en est plus qu'un exemple.La monstration d'un signe langagier (pris comme rfrent) est une autony-mie ; ainsi dans le dictionnaire, les entres (autonymes de mots) et les exemples(autonymes de phrases). On peut concevoir toutes les squences autonymescomme des citations.6.1 Le mot comme entreLe mot graphique est montr dans le dictionnaire, alors que le mot oral estnot par l'crit (transcodage phontique). II est souhaitable que ce nom autonyme soit parfaitement iconique du mot dont on parle, et surtout pour desenfants qui savent peine lire. II ne faut rechercher aucun cumul d'informationqui affecterait la forme du mot. Sont donc proscrire les coupes syllabiques dontles dictionnaires d'anglais font un usage habituel, aussi bien que l'accent du motoral dans certaines langues (d'autant plus dplac qu'il existe des accents orthographiques de lettres). Une autre habitude anglo-saxonne nous semble draisonnable malgr le gain de place qu'elle permet, c'est de remplacer l'entre par unsymbole dans le discours des exemples ; ainsi le mot jumeau, -elle ("Robert etCollins Senior, 1993") suivi de c'est mon frre ~, fruits - x, maisons - elles. Lalecture est en pril en mme temps que la mmorisation visuelle, et l'on observele drapage de la mthode pour le dernier exemple, o l'entre serait jum-.En franais, il nous faut rsoudre le problme du h dit "aspir". La placenaturelle de ce trait est dans la notation phontique : hibou ['ibu], "Nouveau Petit

    Robert, 1993. Faute de notation phontique, on pratique un horrible mlangeoral/crit par l'usage d'un symbole devant l'entre graphique. Nous y avons tcontraints, faute d'allonger encore les exemples par la monstration de la non-li-sion ; il tait possible en tout cas, de remplacer " *hibou n.m. [...]"Les hiboux ontde grands yeux ronds [...]" qui ne montre rien de la non-liaison, par "hibou n.m.[...] Le hibou a de grands yeux ronds [...]".Nous avons cart toute dclinaison morphosyntaxique, trs dlicate interprter mme pour un adulte, cause du blocage oral/crit ; la coupe relve la fois de la syllabation orale et de la morphologie comme on le voit dans sou

    cieux, ieuse, o le /de souci passe du ct du suffixe.Nous avons dcid mme de ne pas donner ces deux formes en entremultiple pour les adjectifs : "casanier adj. Une personne casanire, [...]". Lesdeux formes apparaissent conjointement seulement quand le fminin est lexical :"cascadeur n.m. cascadeuse n.f.". Les pluriels, de mme, apparaissent ailleurs

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    REPRES N" 8/1 993 J. REY-DEBOVEqu'en entre et seulement lorsqu'ils ne sont pas rguliers (les hiboux, enexemple ; des soupiraux, en marge).

    Faute d'tre exactement iconique du mot dont on parle, l'entre ne peut treconsidre comme autonyme (ncessit thorique) et elle ne peut tre reconnueet mmorise par les apprenants (didactique du lexique). S'ajoute une difficultconcernant la lemmatisation : l'entre autonyme est une forme existante du mot,choisie pour reprsenter l'unit de langue. Bien qu'iconique, l'entre dsignetoutes ses formes possibles en discours.Enfin, tout le monde s'accorde pour trouver que la typographie de l'entreen lettres minuscules est mieux adapte aux enfants que l'emploi des capitalesmme si les capitales, dans les dictionnaires, sont munies de leurs accents.6.2 Le mot dans l'exempleL'exemple forg (comme la citation) est une squence autonyme dans lalecture mtalinguistique normale de l'article ; dans cet nonc globalement autonyme, le mot illustr a son usage normal, comme on souhaite le montrer dansl'apprentissage du lexique. L'article de dictionnaire contient structurellement deuxdiscours inverses : phrase non autonyme parlant d'un autonyme, l'entre, etphrase autonyme, l'exemple, montrant l'entre non autonyme.On distinguera le vritable exemple, qui apparat aprs la dfinition, etl'exemple glos, qui tente de remplacer la dfinition (voyez l'article d'AliseLehmann qui en fait une analyse trs prcise dans ce mme numro).avec exemple normal >mch adj.(RDJ) Un peu ivre. A la fin du dner,M. Bellec tait un peu mch.avec exemple glos > mch adj. M. Dupont a l'air mch,(Larousse Maxi-dbutants) un peu ivre.La dfinition a un contenu gnral, l'exemple a n'importe quel contenu, maisde prfrence un contenu singulier, plus reprsentatif de renonciation ordinairequi possde une deixis (ego, hic et nunc). Parmi les exemples sujet gnral(type : les gens mchs sont amusants observer), on peut trouver un exempledfinitionnel (Une personne mche est une personne un peu ivre) cas atypique, qui n'est qu'une dfinition phrastique dguise. Hormis ce modle, aucunexemple n'atteint la gnralit de la dfinition, mme s'il est glos. Comparez :hybride > Une espce hybride, c'est une espce qui(RDJ) provient du croisement de deux espcesdiffrentes.[...] Le tigron .... N. m. [...]hybride > Le mulet est un hybride, il est n de deux(LMD) animaux d'espces diffrentes, le chevalet l'ne.

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    REPRES N" 8/1 993 J. REY-DEBOVEqu'en entre et seulement lorsqu'ils ne sont pas rguliers (les hiboux, enexemple ; des soupiraux, en marge).

    Faute d'tre exactement iconique du mot dont on parle, l'entre ne peut treconsidre comme autonyme (ncessit thorique) et elle ne peut tre reconnueet mmorise par les apprenants (didactique du lexique). S'ajoute une difficultconcernant la lemmatisation : l'entre autonyme est une forme existante du mot,choisie pour reprsenter l'unit de langue. Bien qu'iconique, l'entre dsignetoutes ses formes possibles en discours.Enfin, tout le monde s'accorde pour trouver que la typographie de l'entreen lettres minuscules est mieux adapte aux enfants que l'emploi des capitalesmme si les capitales, dans les dictionnaires, sont munies de leurs accents.6.2 Le mot dans l'exempleL'exemple forg (comme la citation) est une squence autonyme dans lalecture mtalinguistique normale de l'article ; dans cet nonc globalement autonyme, le mot illustr a son usage normal, comme on souhaite le montrer dansl'apprentissage du lexique. L'article de dictionnaire contient structurellement deuxdiscours inverses : phrase non autonyme parlant d'un autonyme, l'entre, etphrase autonyme, l'exemple, montrant l'entre non autonyme.On distinguera le vritable exemple, qui apparat aprs la dfinition, etl'exemple glos, qui tente de remplacer la dfinition (voyez l'article d'AliseLehmann qui en fait une analyse trs prcise dans ce mme numro).avec exemple normal >mch adj.(RDJ) Un peu ivre. A la fin du dner,M. Bellec tait un peu mch.avec exemple glos > mch adj. M. Dupont a l'air mch,(Larousse Maxi-dbutants) un peu ivre.La dfinition a un contenu gnral, l'exemple a n'importe quel contenu, maisde prfrence un contenu singulier, plus reprsentatif de renonciation ordinairequi possde une deixis (ego, hic et nunc). Parmi les exemples sujet gnral(type : les gens mchs sont amusants observer), on peut trouver un exempledfinitionnel (Une personne mche est une personne un peu ivre) cas atypique, qui n'est qu'une dfinition phrastique dguise. Hormis ce modle, aucunexemple n'atteint la gnralit de la dfinition, mme s'il est glos. Comparez :hybride > Une espce hybride, c'est une espce qui(RDJ) provient du croisement de deux espcesdiffrentes.[...] Le tigron .... N. m. [...]hybride > Le mulet est un hybride, il est n de deux(LMD) animaux d'espces diffrentes, le chevalet l'ne.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsOn peut imaginer la difficult d'interprtation qui surgit dans le deuximecas ; limitation de l'espce au cheval, deux espces dsignes par des mles

    effaant l'ide de croisement. La monstration a donc ses limites et l'exemple nepeut prtendre la prcision de la dfinition. Nous avons continu illustrercette thse dans le "Robert Junior" (RJU) sorti en 1993.Nanmoins, beaucoup de lexicographes de dictionnaires d'enfants veulentfaire coup double : jecter la dfinition traditionnelle trop difficile pour tout lemonde, et montrer le mot dans l'nonc ; rquisit des linguistes (normal pour lasyntaxe et la morphologie) et des smanticiens (non obligatoire pour le sens dumot). Certaines ides indfendables se sont glisses dans la didactique deslangues, notamment que le mot PRENAIT son sens dans l'nonc, ce qui estvidemment impossible, sinon il n'y aurait pas de phrase asmantique - tout mot

    pouvant figurer dans une phrase dtermine - donc pas de smantique du tout.En fait le mot, s'il est cod, possde un contenu compatible avec celui d'unephrase signifiante qui le contient. Elle manifest plus ou moins, par redondance,les lments de ce contenu. Si l'exemple choisi ne prsente pas de redondanceimportante, il est inutile, ou pire, il renvoie beaucoup d'autres referents.fourmi n.f. 1. Une fourmi m'a piqu, un petit insecte.(LMD, cit par Alise Lehmann).cureuil n.m. Rachid est agile comme un cureuil, un petit animal roux.(LMD)On aura aussi bien reconnu le moustique et le renard. Un appel l'imageamliore un peu l'information. L'cureuil de la planche encyclopdique est dansun arbre et a la queue en panache ; malheureusement, le renard est rouxcomme lui, et rien ne prouve qu'il ne monte pas aux arbres et qu'il ne dresse passa queue en d'autres occasions. L'image, comme toujours, est mise en chec.Le mme cas se prsente pour tous les noms d'animaux et de plantes (etl'ensemble des taxinomies) qu'on enseigne en priorit aux enfants.La redondance totale, conue comme la somme de tous les exemples diffrents qui y contribuent, et supposer qu'on dispose de la place ncessaire,

    serait beaucoup plus difficile encoder et dcoder que la production d'unedfinition.L'autre ide lie la ncessit de l'exemple, c'est que le mot n'a aucunsens hors contexte, assertion contredite par toute l'exprience, lorsqu'elle n'estpas limite aux cas de polysmie ou d'homomorphie (et encore, les sens cumulent plutt qu'ils ne s'annulent). Si l'on m'explique ce qu'est une fourmi, je n'aibesoin d'aucun contexte du mot fourmi. Ainsi fonctionnaient, autrefois les leonsde vocabulaire, qui donnaient d'assez bons rsultats.Et l'image ? Nous ne pouvons en traiter ici, le sujet tant vaste et complexe,

    sinon pour rappeler qu'elle s'inscrit dans un programme de monstration du rfrent lie au sens du mot, mais elle aussi, sans la gnralit requise. Elle a valeurd'exemple, jamais de dfinition et elle ne fonctionne que pour une partie dulexique (referents visibles). Comme l'exemple, elle a une fonction descriptive quela dfinition n'est pas tenue d'avoir, et elle convient mieux l'encyclopdie qu'audictionnaire de langue qui peut s'en passer.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsOn peut imaginer la difficult d'interprtation qui surgit dans le deuximecas ; limitation de l'espce au cheval, deux espces dsignes par des mles

    effaant l'ide de croisement. La monstration a donc ses limites et l'exemple nepeut prtendre la prcision de la dfinition. Nous avons continu illustrercette thse dans le "Robert Junior" (RJU) sorti en 1993.Nanmoins, beaucoup de lexicographes de dictionnaires d'enfants veulentfaire coup double : jecter la dfinition traditionnelle trop difficile pour tout lemonde, et montrer le mot dans l'nonc ; rquisit des linguistes (normal pour lasyntaxe et la morphologie) et des smanticiens (non obligatoire pour le sens dumot). Certaines ides indfendables se sont glisses dans la didactique deslangues, notamment que le mot PRENAIT son sens dans l'nonc, ce qui estvidemment impossible, sinon il n'y aurait pas de phrase asmantique - tout mot

    pouvant figurer dans une phrase dtermine - donc pas de smantique du tout.En fait le mot, s'il est cod, possde un contenu compatible avec celui d'unephrase signifiante qui le contient. Elle manifest plus ou moins, par redondance,les lments de ce contenu. Si l'exemple choisi ne prsente pas de redondanceimportante, il est inutile, ou pire, il renvoie beaucoup d'autres referents.fourmi n.f. 1. Une fourmi m'a piqu, un petit insecte.(LMD, cit par Alise Lehmann).cureuil n.m. Rachid est agile comme un cureuil, un petit animal roux.(LMD)On aura aussi bien reconnu le moustique et le renard. Un appel l'imageamliore un peu l'information. L'cureuil de la planche encyclopdique est dansun arbre et a la queue en panache ; malheureusement, le renard est rouxcomme lui, et rien ne prouve qu'il ne monte pas aux arbres et qu'il ne dresse passa queue en d'autres occasions. L'image, comme toujours, est mise en chec.Le mme cas se prsente pour tous les noms d'animaux et de plantes (etl'ensemble des taxinomies) qu'on enseigne en priorit aux enfants.La redondance totale, conue comme la somme de tous les exemples diffrents qui y contribuent, et supposer qu'on dispose de la place ncessaire,

    serait beaucoup plus difficile encoder et dcoder que la production d'unedfinition.L'autre ide lie la ncessit de l'exemple, c'est que le mot n'a aucunsens hors contexte, assertion contredite par toute l'exprience, lorsqu'elle n'estpas limite aux cas de polysmie ou d'homomorphie (et encore, les sens cumulent plutt qu'ils ne s'annulent). Si l'on m'explique ce qu'est une fourmi, je n'aibesoin d'aucun contexte du mot fourmi. Ainsi fonctionnaient, autrefois les leonsde vocabulaire, qui donnaient d'assez bons rsultats.Et l'image ? Nous ne pouvons en traiter ici, le sujet tant vaste et complexe,

    sinon pour rappeler qu'elle s'inscrit dans un programme de monstration du rfrent lie au sens du mot, mais elle aussi, sans la gnralit requise. Elle a valeurd'exemple, jamais de dfinition et elle ne fonctionne que pour une partie dulexique (referents visibles). Comme l'exemple, elle a une fonction descriptive quela dfinition n'est pas tenue d'avoir, et elle convient mieux l'encyclopdie qu'audictionnaire de langue qui peut s'en passer.

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    REPRES N8/1 993 J. REY-DEBOVE7. LA NEUTRALISATION DE LA TERMINOLOGIE

    Les mots du discours mtalinguistique, on l'a vu, sont des noms autonymes,des mots mtalinguistiques et des mots neutres, qu'ils soient grammaticaux oulexicaux, qui fonctionnent aussi bien en langage primaire que dans le mtalangage. Pour une meilleure comprhension par les enfants, tous les mots mtalinguistiques non courants ont t limins. Les verbes crire et prononcer sontconservs, mais pas prfixe, suffixe, transitif, pronominal, etc. Chaque fois qu'unmot neutre pouvait servir la description il a t utilis, ainsi compare ; chaquefois qu'un mot polysmique avait un sens mondain et un sens mtalinguistiqueon l'a prfr. Ce discours sur le mot est plac dans les marges de gauche et dedroite mnages cet effet afin de ne pas le mler aux dfinitions et auxexemples de la colonne centrale, qui sont d'une autre nature.7.1 Discours sur les graphies et les prononciationsLes remarques de graphie sont le plus souvent annonces par Attention (mouchardAttention un d la fin). Bien que le nom des lettres ne soit pas autonyme (il est cod et trait dans le dictionnaire) et qu'il s'crive en romain maigre,on a adopt la typographie emphatique du caractre gras qui la distingue ducontexte. Parfois on passe par les homonymes : mors Ne confonds pas mors,mort et // mord ; ne confond pas palais et palet. La prononciation est un des problmes les plus difficiles, la monstration de l'oral dans l'crit tant impossible,tout comme celle de l'crit dans l'oral (pellation mtalinguistique). Pour ne pasconfronter l'enfant la seule notation phontique du canal crit, nous avonschoisi les comparaisons de finales des mots, o se trouvent les plus grandesirrgularits ; ces comparaisons amenes par rime avec sont aussi destines apprendre les rgles de la mise en graphie et initier la notation phontique :abdomen [abdomtn] rime avec domaine, cyclamen et nergumne ; Contresens[kotnass] rime avec essence et puissance ; Papyrus [papirys] rime avec virus etrusse ; Virus [virys] rime avec puce. Les cas rares sont prsents autrement :zinc Prononce le c comme un g ; couscous [kuskus], on prononce tous les s de

    couscous ; de mme les difficults qui ne se trouvent pas en finale :Chorgraphie, Prononce [koRegRafi]. On peut vrifier par ces exemples qu'il y aplusieurs modles de description, mais pas de systme, afin de tirer le meilleurparti de chaque situation (pour chorgraphie, la clart de la notation phontique,qui dvoile ses avantages).7.2 Drivs et composs en famillePour les drivs et composs, on s'en est tenu au terme de famille causede son sens courant. Cette notion sert pour l'tymologie franaise : s'effilocherFamille de fil ; pour les drivs et composs, petit Autres membres de la famillepetit-beurre, petit-gris, rapetisser (petitesse tant raccroch petit).Les rgles de la drivation sont montres par comparaison, en utilisant aumoins quatre termes d'une analogie sur deux lignes :

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    REPRES N8/1 993 J. REY-DEBOVE7. LA NEUTRALISATION DE LA TERMINOLOGIE

    Les mots du discours mtalinguistique, on l'a vu, sont des noms autonymes,des mots mtalinguistiques et des mots neutres, qu'ils soient grammaticaux oulexicaux, qui fonctionnent aussi bien en langage primaire que dans le mtalangage. Pour une meilleure comprhension par les enfants, tous les mots mtalinguistiques non courants ont t limins. Les verbes crire et prononcer sontconservs, mais pas prfixe, suffixe, transitif, pronominal, etc. Chaque fois qu'unmot neutre pouvait servir la description il a t utilis, ainsi compare ; chaquefois qu'un mot polysmique avait un sens mondain et un sens mtalinguistiqueon l'a prfr. Ce discours sur le mot est plac dans les marges de gauche et dedroite mnages cet effet afin de ne pas le mler aux dfinitions et auxexemples de la colonne centrale, qui sont d'une autre nature.7.1 Discours sur les graphies et les prononciationsLes remarques de graphie sont le plus souvent annonces par Attention (mouchardAttention un d la fin). Bien que le nom des lettres ne soit pas autonyme (il est cod et trait dans le dictionnaire) et qu'il s'crive en romain maigre,on a adopt la typographie emphatique du caractre gras qui la distingue ducontexte. Parfois on passe par les homonymes : mors Ne confonds pas mors,mort et // mord ; ne confond pas palais et palet. La prononciation est un des problmes les plus difficiles, la monstration de l'oral dans l'crit tant impossible,tout comme celle de l'crit dans l'oral (pellation mtalinguistique). Pour ne pasconfronter l'enfant la seule notation phontique du canal crit, nous avonschoisi les comparaisons de finales des mots, o se trouvent les plus grandesirrgularits ; ces comparaisons amenes par rime avec sont aussi destines apprendre les rgles de la mise en graphie et initier la notation phontique :abdomen [abdomtn] rime avec domaine, cyclamen et nergumne ; Contresens[kotnass] rime avec essence et puissance ; Papyrus [papirys] rime avec virus etrusse ; Virus [virys] rime avec puce. Les cas rares sont prsents autrement :zinc Prononce le c comme un g ; couscous [kuskus], on prononce tous les s de

    couscous ; de mme les difficults qui ne se trouvent pas en finale :Chorgraphie, Prononce [koRegRafi]. On peut vrifier par ces exemples qu'il y aplusieurs modles de description, mais pas de systme, afin de tirer le meilleurparti de chaque situation (pour chorgraphie, la clart de la notation phontique,qui dvoile ses avantages).7.2 Drivs et composs en famillePour les drivs et composs, on s'en est tenu au terme de famille causede son sens courant. Cette notion sert pour l'tymologie franaise : s'effilocherFamille de fil ; pour les drivs et composs, petit Autres membres de la famillepetit-beurre, petit-gris, rapetisser (petitesse tant raccroch petit).Les rgles de la drivation sont montres par comparaison, en utilisant aumoins quatre termes d'une analogie sur deux lignes :

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantscompareobjectif > objectivitet actif > activitcompareinsuffisant > insuffisamment, insuffisanceet constant > constamment, constancecomparedcent > dcemment, dcenceet prudent > prudemment, prudenceII n'est pas ncessaire que la flche, signe neutre mais ambigu, soit inter

    prte par donne ou produit (puisqu'aussi bien il ne s'agit pas de crer desmots) ; c'est la sparation des groupes montrs qui importe, et l'activation de lammoire visuelle.7.3 Accs aux morphmes lis des mots savantsLe lexicographe qui tente d'analyser les mots en lments se heurte trsvite au radical li savant qui remplace la base de drivation (cole > colier,mais il reste scolaire, scolarit). Ce fut une des faiblesses du "Dictionnaire dufranais contemporain" (Larousse, 1967), que de prsenter maternel comme un

    driv de mre, sans autre prcaution. Car faute de faire de la lexicographie historique, peu souhaitable pour des enfants, il n'y a pas plus de rapport formelentre mre et maternelqu'entre tomberet chute.Aprs notre exprience de morphologie lexicale du "Robert mthodique"(1982), qui pour maternel traitait le morphme li matem- distinct du mot mre,nous avons constat que cette analyse, difficile mais formelle, tait mieux comprise dans l'enseignement primaire que dans le secondaire pour lequel le livretait fait. Nous en avons tir au passage une double information : l'impact important des travaux formels donns en exercice l'cole lmentaire, le mli-mlo

    du formel et du smantique dans le secondaire, li la valorisation du contenu(les lves de cinquime "voyaient" bien que le mot mre tait prsent dansmaternel ). Tout se passait comme si, l'abri du sens, lves et matres se gardaient de toute erreur formelle dont la preuve pourrait tre aise fournir.Nous avons donc choisi d'initier prcocement les lves par des cas faciles.Le contournement du mtalangage a, pour ce faire, utilis la monstration (autonyme), la comparaison (mot neutre), la dlimitation typographique (caractregras emphatique) et le prdicat mondain, procdure encore jamais utilise. Parexemple :compare maternelet maternit : dans ces mots il est question de mrecompare grener, grenier et grenu : dans ces mots on parle de graincompare parasol, solaire et insolation : il s'agit du soleilcompare parachute, parapluie et paratonnerre, dans ces mots, il s'agit deprotger.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantscompareobjectif > objectivitet actif > activitcompareinsuffisant > insuffisamment, insuffisanceet constant > constamment, constancecomparedcent > dcemment, dcenceet prudent > prudemment, prudenceII n'est pas ncessaire que la flche, signe neutre mais ambigu, soit inter

    prte par donne ou produit (puisqu'aussi bien il ne s'agit pas de crer desmots) ; c'est la sparation des groupes montrs qui importe, et l'activation de lammoire visuelle.7.3 Accs aux morphmes lis des mots savantsLe lexicographe qui tente d'analyser les mots en lments se heurte trsvite au radical li savant qui remplace la base de drivation (cole > colier,mais il reste scolaire, scolarit). Ce fut une des faiblesses du "Dictionnaire dufranais contemporain" (Larousse, 1967), que de prsenter maternel comme un

    driv de mre, sans autre prcaution. Car faute de faire de la lexicographie historique, peu souhaitable pour des enfants, il n'y a pas plus de rapport formelentre mre et maternelqu'entre tomberet chute.Aprs notre exprience de morphologie lexicale du "Robert mthodique"(1982), qui pour maternel traitait le morphme li matem- distinct du mot mre,nous avons constat que cette analyse, difficile mais formelle, tait mieux comprise dans l'enseignement primaire que dans le secondaire pour lequel le livretait fait. Nous en avons tir au passage une double information : l'impact important des travaux formels donns en exercice l'cole lmentaire, le mli-mlo

    du formel et du smantique dans le secondaire, li la valorisation du contenu(les lves de cinquime "voyaient" bien que le mot mre tait prsent dansmaternel ). Tout se passait comme si, l'abri du sens, lves et matres se gardaient de toute erreur formelle dont la preuve pourrait tre aise fournir.Nous avons donc choisi d'initier prcocement les lves par des cas faciles.Le contournement du mtalangage a, pour ce faire, utilis la monstration (autonyme), la comparaison (mot neutre), la dlimitation typographique (caractregras emphatique) et le prdicat mondain, procdure encore jamais utilise. Parexemple :compare maternelet maternit : dans ces mots il est question de mrecompare grener, grenier et grenu : dans ces mots on parle de graincompare parasol, solaire et insolation : il s'agit du soleilcompare parachute, parapluie et paratonnerre, dans ces mots, il s'agit deprotger.

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  • 7/22/2019 Josette Rey-DeboveLE CONTOURNEMENT DU MTALANGAGE Dans les dicos pour enfants

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    REPRES N8/1 993 J- REY-DEBOVEOn aboutit un discours-limite, peu naturel, peine acceptable mais quivite notamment la prsentation du morphne li inconnu, muni d'un tiret lui

    aussi inconnu de l'lve ; mais il pargne surtout au matre d'utiliser les termesde radical, prfixe et suffixe dont personne ne sait donner de dfinition (sauf parune position dans le mot, inintressante en soi, comme le montre le rapprochement de tlphone, symphonie et phontique).8. CONCLUSION

    Ces remarques concernant le mtalangage crit peuvent amener plusieurs types de problmatique ; nous en retiendrons deux. D'abord, celle de laformation des formateurs concernant le mtalangage et ses rgles comme systme d'expression. C'est un domaine particulier de la formulation des textesdidactiques (noncs de problmes en sciences, par exemple). Nous avons souvent constat que les manuels d'apprentissage du franais taient confus et queles questions poses n'avaient souvent aucun sens. Et si l'lve y trouve unerponse, c'est par une stratgie apprise qui ne peut tre que nfaste sa formation. Heureusement dans le dictionnaire d'enfants la tradition mtalinguistique estmieux ancre puisqu'elle prend appui sur celle des dictionnaires d'adultes. II n'enreste pas moins que l'enseignant de franais se doit de matriser les rgles deson propre discours pour trouver la forme dans laquelle il sera le plus efficace.Le deuxime point est celui-ci : l'enfant ne pouvant acqurir le langage

    secondaire comme il acquiert le langage primaire, faut-il se contenter du "bain"de mtalangage dans lequel on le plonge, ou faut-il prparer sa comptencemtalinguistique par des explications lmentaires, et quand ? Les donnes fondamentales tant les plus difficiles, peut-on envisager, conjointement sonapprentissage du lexique, de lui donner des outils pour distinguer le signe et lachose signifie (constamment et volontairement confondus dans l'usage courant), pour bien sparer l'oral de l'crit, pour imaginer la diffrence entre un motdu lexique et un mot qu'il invente l'instant ? N'a-t-on pas pris les choses rebours en l'invitant souvent des jeux sur les mots avant qu'il ne sache lesemployer ? De mme pour les dictionnaires, pourquoi les recommande-t-onaujourd'hui l'cole avant d'avoir expliqu au moins que tous les mots n'taientpas rpertoris dans ces ouvrages ? Toute nouveaut dans la didactique deslangues requiert une prparation, celle des enfants aussi bien que celle desmatres. Sans quoi mieux vaut reprendre la tradition au point o elle en est.

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    REPRES N8/1 993 J- REY-DEBOVEOn aboutit un discours-limite, peu naturel, peine acceptable mais quivite notamment la prsentation du morphne li inconnu, muni d'un tiret lui

    aussi inconnu de l'lve ; mais il pargne surtout au matre d'utiliser les termesde radical, prfixe et suffixe dont personne ne sait donner de dfinition (sauf parune position dans le mot, inintressante en soi, comme le montre le rapprochement de tlphone, symphonie et phontique).8. CONCLUSION

    Ces remarques concernant le mtalangage crit peuvent amener plusieurs types de problmatique ; nous en retiendrons deux. D'abord, celle de laformation des formateurs concernant le mtalangage et ses rgles comme systme d'expression. C'est un domaine particulier de la formulation des textesdidactiques (noncs de problmes en sciences, par exemple). Nous avons souvent constat que les manuels d'apprentissage du franais taient confus et queles questions poses n'avaient souvent aucun sens. Et si l'lve y trouve unerponse, c'est par une stratgie apprise qui ne peut tre que nfaste sa formation. Heureusement dans le dictionnaire d'enfants la tradition mtalinguistique estmieux ancre puisqu'elle prend appui sur celle des dictionnaires d'adultes. II n'enreste pas moins que l'enseignant de franais se doit de matriser les rgles deson propre discours pour trouver la forme dans laquelle il sera le plus efficace.Le deuxime point est celui-ci : l'enfant ne pouvant acqurir le langage

    secondaire comme il acquiert le langage primaire, faut-il se contenter du "bain"de mtalangage dans lequel on le plonge, ou faut-il prparer sa comptencemtalinguistique par des explications lmentaires, et quand ? Les donnes fondamentales tant les plus difficiles, peut-on envisager, conjointement sonapprentissage du lexique, de lui donner des outils pour distinguer le signe et lachose signifie (constamment et volontairement confondus dans l'usage courant), pour bien sparer l'oral de l'crit, pour imaginer la diffrence entre un motdu lexique et un mot qu'il invente l'instant ? N'a-t-on pas pris les choses rebours en l'invitant souvent des jeux sur les mots avant qu'il ne sache lesemployer ? De mme pour les dictionnaires, pourquoi les recommande-t-onaujourd'hui l'cole avant d'avoir expliqu au moins que tous les mots n'taientpas rpertoris dans ces ouvrages ? Toute nouveaut dans la didactique deslangues requiert une prparation, celle des enfants aussi bien que celle desmatres. Sans quoi mieux vaut reprendre la tradition au point o elle en est.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsNOTE

    (1) Nous avons trait ce sujet dans "Le mtalangage, tude du discours sur le langage"d. Le Robert, 1978. Comme on fait un usage peu cohrent des termes en meta-,nous rappellerons brivement ce que nous entendons par mtalangage. C'estd'abord un langage (et non une pense ou un comportement) parl ou crit ; en tantque tel, il est la fois langue et parole (Saussure), possde un lexique, une syntaxeet une morphosyntaxe particuliers. Le mtalangage ne change pas de nom selonl'aspect du langage tudi (ainsi fait Ladrire repris par d'autres, dont J.-E. Gombert).Par contre, on peut moduler la faon dont il l'tudi : units codes (mtalangue,mtalexique) ou non codes (mtadiscours, mtatexte). Ainsi, le mtalexique est unlexique qui dsigne n'importe quel fait de langage, et non pas un mtalangage quiparie du lexique.

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUESAUGUSTIN (389). De magistro, uvres de Saint Augustin, t.VI, III, De l'me Dieu. Trad.F.J. Thonnard. Namur, Ed. Descle de Brouwer et Cie, 1941.BARTHES R. (1964) : Le Degr zro de l'criture. lments de smiologie. Paris,Ed. Gonthier, Le Seuil.GAK A. (1990). "A propos de quelques tendances dans la lexicographie contemporained'apprentissage partir d'exemples des dernire dictionnaires franais parus pour les

    coliers", in Journal mthodique du Ministre de l'instruction publique de RSFSR.Langues trangres l'cole (Inostrannie yazki v chkolye) Moscou, 2, pp. 51-55 (enrusse).HAUSMANN F. J. (1990 a). "La dfinition est-elle utile ? Regards sur les dictionnaires allemands, anglais et franais". La dfinition. Centre d'tudes du lexique, Paris,Larousse, pp. 225-235.HAUSMANN F. J. (1990 b). "Das Kinderwrterbuch". Wrterbcher, Dictionaries,Dictionnaires, Encyclopdie internationale de lexicographie. II, Berlin-New-York, W.de Gruyter, pp. 1365-1368.LEHMANN A. (1991). "Une nouvelle conception du dictionnaire d'apprentissage : le PetitRobert des enfants". Cahiers de Lexicologie, 59, pp. 109-150.REY A. (1977). Le lexique : Images etmodles. Paris, Armand Colin.REY A. (1982). Encyclopdies et dictionnaires. PUF. Que sais-je ? n" 2000REY A. (1989). "Le franais et les dictionnaires aujourd'hui", in Le franais dans le monde,numro spcial, Lexiques, Hachette, pp. 6-17.REY-DEBOVE J. (1970). "Le domaine du dictionnaire". La lexicographie, langages 19,Larousse.REY-DEBOVE J. (1982). "Un dictionnaire morphologique ?" in L'Ancrage des mots, leFranais aujourd'hui, n58, juin 1 982, pp. 49-57.REY-DEBOVE J. (1985). "Le mtalangage en perspective". DRLAV, n 32, Mtalangage,mtadiscours, Mtacommunication, 1985, pp. 21-32.REY-DEBOVE J. (1989). "Dictionnaires d'apprentissage : que dire aux enfants ?", LeFranais dans le monde, numro spcial Lexiques. Paris, Hachette, pp. 18-23.REY-DEBOVE J. (1991). "La lexicographie moderne", in Travaux de linguistique 23,Louvain-la-Neuve, Duculot, pp. 145-159.

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    Le contournement du mtalangage dans les dictionnaires pour enfantsNOTE

    (1) Nous avons trait ce sujet dans "Le mtalangage, tude du discours sur le langage"d. Le Robert, 1978. Comme on fait un usage peu cohrent des termes en meta-,nous rappellerons brivement ce que nous entendons par mtalangage. C'estd'abord un langage (et non une pense ou un comportement) parl ou crit ; en tantque tel, il est la fois langue et parole (Saussure), possde un lexique, une syntaxeet une morphosyntaxe particuliers. Le mtalangage ne change pas de nom selonl'aspect du langage tudi (ainsi fait Ladrire repris par d'autres, dont J.-E. Gombert).Par contre, on peut moduler la faon dont il l'tudi : units codes (mtalangue,mtalexique) ou non codes (mtadiscours, mtatexte). Ainsi, le mtalexique est unlexique qui dsigne n'importe quel fait de langage, et non pas un mtalangage quiparie du lexique.

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUESAUGUSTIN (389). De magistro, uvres de Saint Augustin, t.VI, III, De l'me Dieu. Trad.F.J. Thonnard. Namur, Ed. Descle de Brouwer et Cie, 1941.BARTHES R. (1964) : Le Degr zro de l'criture. lments de smiologie. Paris,Ed. Gonthier, Le Seuil.GAK A. (1990). "A propos de quelques tendances dans la lexicographie contemporained'apprentissage partir d'exemples des dernire dictionnaires franais parus pour les

    coliers", in Journal mthodique du Ministre de l'instruction publique de RSFSR.Langues trangres l'cole (Inostrannie yazki v chkolye) Moscou, 2, pp. 51-55 (enrusse).HAUSMANN F. J. (1990 a). "La dfinition est-elle utile ? Regards sur les dictionnaires allemands, anglais et franais". La dfinition. Centre d'tudes du lexique, Paris,Larousse, pp. 225-235.HAUSMANN F. J. (1990 b). "Das Kinderwrterbuch". Wrterbcher, Dictionaries,Dictionnaires, Encyclopdie internationale de lexicographie. II, Berlin-New-York, W.de Gruyter, pp. 1365-1368.LEHMANN A. (1991). "Une nouvelle conception du dictionnaire d'apprentissage : le PetitRobert des enfants". Cahiers de Lexicologie, 59, pp. 109-150.REY A. (1977). Le lexique : Images etmodles. Paris, Armand Colin.REY A. (1982). Encyclopdies et dictionnaires. PUF. Que sais-je ? n" 2000REY A. (1989). "Le franais et les dictionnaires aujourd'hui", in Le franais dans le monde,numro spcial, Lexiques, Hachette, pp. 6-17.REY-DEBOVE J. (1970). "Le domaine du dictionnaire". La lexicographie, langages 19,Larousse.REY-DEBOVE J. (1982). "Un dictionnaire morphologique ?" in L'Ancrage des mots, leFranais aujourd'hui, n58, juin 1 982, pp. 49-57.REY-DEBOVE J. (1985). "Le mtalangage en perspective". DRLAV, n 32, Mtalangage,mtadiscours, Mtacommunication, 1985, pp. 21-32.REY-DEBOVE J. (1989). "Dictionnaires d'apprentissage : que dire aux enfants ?", LeFranais dans le monde, numro spcial Lexiques. Paris, Hachette, pp. 18-23.REY-DEBOVE J. (1991). "La lexicographie moderne", in Travaux de linguistique 23,Louvain-la-Neuve, Duculot, pp. 145-159.

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