ASSOCIATION DES CHASSEURS A L’ARC DE FRANCHE-COMTE

Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et moi

Quel point commun me direz-vous entre eux et moi si ce n’est que nous caressons les cordes eux de

leur guitare et moi de ma veuve noire ? Et bien, c’est que nous faisons tous trois notre tournée d’adieux. Un peu écourtée, certes, pour notre Johnny national, tant qu’à faire j’aimerais éviter de marcher dans ses traces.

C’est mon dernier bal, ma dernière virée… Il faut savoir lever le pied et sauf problème grave qui

m’imposerait de rester pour garantir la pérennité de l’association par exemple, 2010 sera ma dernière année en tant que président. 2011 sera l’année du 15ième anniversaire, une association doit évoluer et pour cela il faut des idées neuves et jeunes. Une « gérontocracie » finit toujours pas enliser n’importe quelle structure dans une inertie néfaste. De plus, des changements profonds sont à venir aussi bien à titre privé que professionnel. Ils vont sérieusement perturber ma petite vie bien rangée.

Je ne vous cacherai pas non plus que je suis nettement moins motivé que par le passé et je

m’interroge de plus en plus sur le bien-fondé de prendre une vie dans l’unique but de satisfaire un plaisir. La fréquentation du monde de la chasse me pèse car j’ai de plus en plus de mal à supporter 80% des chasseurs.

Force est de constater qu’il y a beaucoup trop de viandards, d’opposants à la biodiversité, de

tricheurs, de demeurés, d’intégristes, d’égoïstes etc. Heureusement, dans les 20% restant, j’y ai retrouvé un grand nombre de chasseurs à l’arc (et d’autres heureusement) mais nous avons également notre lot de brebis galeuses (c’est la loi des grands nombres, les matheux approuveront).

Bien sûr, la relève est déjà là, portée à bout de bras par Grand Sid qui prendra la fonction, condition

fondamentale pour mon départ. Son investissement personnel dans le monde cynégétique (il comprendra plus tard), sa motivation en font le futur président. Il sera aidé par la vieille garde et quelques jeunes grognards motivés.

Passer des soirées d’affût sur un tree-stand, chasser en montagne sont toujours pour moi des

grandes passions mais plutôt pour l’immersion dans l’environnement, un arc à la main, que d’avoir une flèche pleine de sang. Je me sens serein dans le milieu naturel même si je reste un intrus dans la nature.

La sortie, il y a quelques jours d’un décret autorisant l’emploi de matériaux radioactifs (métaux,

béton etc.) pour la construction d’habitions par exemple m’a encore convaincu des grandes préoccupations environnementales de nos chers politiques…

Pour conclure, une jeune étudiante en hydrobiologie me présentait ses vœux, il y a quelques jours et

me demandait comment je voyais l’avenir. Je lui ai répondu qu’il faut à mon avis être ni optimiste, ni pessimiste mais comme disait Nietzsche, tragique à l’instar de notre société.

Bonne année 2010, bonnes flèches et belles chasses. Ch. POICHET