JIMI HENDRIX - jukeboxmag.com · Jimi Hendrix Experience, en première partie de Johnny Hallyday,...

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a France a l’honneur – mais ne le réalisera que plus tard – d’avoir eu droit à un événement historique : accueillir la première tournée de Jimi Hendrix Experience, en première partie de Johnny Hallyday, du 13 octobre 1966, au cinéma Novelty à Evreux, au 18 octobre à l’Olympia, en pas- sant par Nancy et Villerupt, avec Julie Driscoll & Brian Auger’s Trinity, Long Chris, Micky Jones & Tommy Brown avec les Blackburds. Une affiche exceptionnelle qui voit les débuts d’une formidable machinerie des sons avec Jimi Hendrix entouré de Noel Redding (basse) et Mitch Mitchell (batterie). Le 23 octobre une première version de « Hey Joe » est réalisée au studio De Lane Lea à Londres. Puis une autre le 18 novembre au Regent Sound. Le 13 décembre, l’Experience interprète « Hey Joe » à l’émission TV Ready Steady Go !, le 16, le disque sort sur Track et, le 29 décembre 1966, ils le jouent live dans le show télé Top Of The Pops. Sur cette lancée, le trio révolutionnaire s’engouffre dans la brèche ouverte par Cream, s’avérant l’incontestable révélation de 1967 en pleine aventure psychédé- lique. Jimi Hendrix, guitariste américain nourri aux tournées-marathon de Little Richard et consorts durant des années, était fait pour entrer en collision avec le british blues, pour tout déstructurer et reconstruire, inaugurant d’une pierre blanche l’ère du psychédélisme, entraînant dans son sillage les Beatles et les Rolling Stones. Les 365 jours de 1967 vont se dérouler à un rythme trépidant. JANVIER Le 4 janvier, l’Experience donne deux shows au Bromel Club de Bromley (berceau du punk anglais en 1976-77). Le 7, ils sont au New Century Hall de Manchester. Après le concert ils se rendent dans une boîte, le Twisted Wheel. Le lendemain, ils pas- sent au Tollbar-Mojo A Go-Go de Sheffield. Le 9, de retour à Londres, Jimi incendie le 7 1/2 Club. Le 11, un nouveau contrat est signé avec Track dirigé par Kit Lambert (manager des Who). Au studio De Lane Lea, le trio jette les bases de « Purple Haze », un titre qui correspond totalement à son époque faite de l’absorption massive de petites pilules. Les 12, 13, 16 et 17, ils rejouent au 7 1/2 Club. Entre- temps, le 14, ils se produisent au Beachcomber de Nottingham avec Jimmy Cliff, et, le 15, ils sont au Coventry Club de Yorks. Le 17, ils font aussi une nouvelle apparition à Ready Steady Go ! et repas- sent à De Lane Lea pour enregistrer « The Wind Cries Mary ». Le 18, Top Of The Pops confirme le succès de « Hey Joe » où on peut les voir avec Georgie Fame, Wayne Fontana, les Move, les Sear- chers, Cat Stevens et les Tremeloes. Ce rythme soutenu, se poursuit, le 19, sur la scène légendai- re du Speakeasy, le 20, au Haverstock Hill Country de Hampstead, le 21, au Refectory de Golder’s Green, le 22, à l’Astoria de Lancs. Le 24, ils inves- tissent le fameux Marquee, aux côtés des Syn (anciens Syndicats et futur Yes). La folle aventure continue, le 25, au Orford Cellar de Norwich, le 27, au Chislehurst Caves de Bromley, le 28, à l’Upper Cut de Forest Gate. Et, le 29, Londres consacre Jimi Hendrix Experience, au Saville, salle gérée par Brian Epstein, le mentor des Beatles. Ce soir-là ils partagent l’affiche avec les Who et les Koobas. Leur répertoire, comme à l’Olympia avec Johnny Hally- day, le 18 octobre 1966, est constitué de stan- 7 L L JIMI HENDRIX JIMI HENDRIX 1967 Guitar Experience 1967 Guitar Experience 1967 est une année cruciale en matière de guitare électrique avec l’arrivée de Jimi Hendrix. Sa façon de jouer en modifie littéralement l’approche. De Chet Atkins à Eric Clapton en passant par Muddy Waters, B.B. King, Scotty Moore, James Burton, Cliff Gallup, Eddie Cochran, Paul Burlison, Duane Eddy, Hank Marvin, Jeff Beck, Jimmy Page, Peter Green, etc., la manière de triturer les six cordes a subi jusque-là une évolution quasi acadé- mique. Bien sûr, la chambre d’écho, la reverb’, le feed back en ont déjà bien modi- fié les struc- tures harmo- niques mais il n’empêche que Jimi marque une cassure dans ce mode de fonctionne- ment. Il impose sa propre loi, même s’il se réfère aux mes sources d’inspiration que les guitar heroes cités ci- dessus. Quand il prend un solo, la guitare placée derrière sa tête ou en en mordant les cordes, ce n’est pas seulement un gimmick. Ainsi, le 1 er octobre 1966, une semaine après avoir débarqué en Angleterre, son manager Chas Chandler (ex-bassiste des Animals) a l’occasion de le faire jammer lors d’un concert des Cream au Polytechnic de Londres sur « Killing Floor ». Sa prestation lais- se Eric Clapton abasourdi par ce déluge sono- re bourré de feeling. La gende de Jimi est en marche. Retour sur cette année 1967. Décisive.

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a France a l’honneur – mais ne le réalisera queplus tard – d’avoir eu droit à un événementhistorique : accueillir la première tournée de

Jimi Hendrix Experience, en première partie deJohnny Hallyday, du 13 octobre 1966, au cinémaNovelty à Evreux, au 18 octobre à l’Olympia, en pas-sant par Nancy et Villerupt, avec Julie Driscoll &Brian Auger’s Trinity, Long Chris, Micky Jones &Tommy Brown avec les Blackburds. Une afficheexceptionnelle qui voit les débuts d’une formidablemachinerie des sons avec Jimi Hendrix entouré deNoel Redding (basse) et Mitch Mitchell (batterie). Le23 octobre une première version de «Hey Joe» estréalisée au studio De Lane Lea à Londres. Puis uneautre le 18 novembre au Regent Sound. Le 13décembre, l’Experience interprète « Hey Joe » àl’émission TV Ready Steady Go !, le 16, le disquesort sur Track et, le 29 décembre 1966, ils le jouentlive dans le show télé Top Of The Pops. Sur cettelancée, le trio révolutionnaire s’engouffre dans labrèche ouverte par Cream, s’avérant l’incontestablerévélation de 1967 en pleine aventure psychédé-lique. Jimi Hendrix, guitariste américain nourri aux

tournées-marathon de Little Richard et consortsdurant des années, était fait pour entrer en collisionavec le british blues, pour tout déstructurer etreconstruire, inaugurant d’une pierre blanche l’èredu psychédélisme, entraînant dans son sillage lesBeatles et les Rolling Stones. Les 365 jours de 1967vont se dérouler à un rythme trépidant.

JANVIERLe 4 janvier, l’Experience donne deux shows auBromel Club de Bromley (berceau du punk anglaisen 1976-77). Le 7, ils sont au New Century Hall deManchester. Après le concert ils se rendent dansune boîte, le Twisted Wheel. Le lendemain, ils pas-sent au Tollbar-Mojo A Go-Go de Sheffield. Le 9, deretour à Londres, Jimi incendie le 7 1/2 Club. Le 11,un nouveau contrat est signé avec Track dirigé parKit Lambert (manager des Who). Au studio De LaneLea, le trio jette les bases de «Purple Haze», untitre qui correspond totalement à son époque faitede l’absorption massive de petites pilules. Les 12,13, 16 et 17, ils rejouent au 7 1/2 Club. Entre-

temps, le 14, ils se produisent au Beachcomber deNottingham avec Jimmy Cliff, et, le 15, ils sont auCoventry Club de Yorks. Le 17, ils font aussi unenouvelle apparition à Ready Steady Go ! et repas-sent à De Lane Lea pour enregistrer « The WindCries Mary». Le 18, Top Of The Pops confirme lesuccès de « Hey Joe » où on peut les voir avecGeorgie Fame, Wayne Fontana, les Move, les Sear-chers, Cat Stevens et les Tremeloes. Ce rythmesoutenu, se poursuit, le 19, sur la scène légendai-re du Speakeasy, le 20, au Haverstock Hill Countryde Hampstead, le 21, au Refectory de Golder’sGreen, le 22, à l’Astoria de Lancs. Le 24, ils inves-tissent le fameux Marquee, aux côtés des Syn(anciens Syndicats et futur Yes). La folle aventurecontinue, le 25, au Orford Cellar de Norwich, le 27,au Chislehurst Caves de Bromley, le 28, à l’UpperCut de Forest Gate. Et, le 29, Londres consacreJimi Hendrix Experience, au Saville, salle gérée parBrian Epstein, le mentor des Beatles. Ce soir-là ilspartagent l’affiche avec les Who et les Koobas. Leurrépertoire, comme à l’Olympia avec Johnny Hally-day, le 18 octobre 1966, est constitué de stan-

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JIMIHENDRIX

JIMIHENDRIX

1967 Guitar Experience1967 Guitar Experience

1967 est une année cruciale en matière de guitare électrique avec l’arrivée de Jimi Hendrix. Sa façon de jouer en modifie littéralement l’approche. De Chet Atkins à Eric Clapton en passant par Muddy Waters, B.B. King, Scotty Moore, James Burton, Cliff Gallup, Eddie Cochran, Paul Burlison, Duane Eddy, Hank Marvin, Jeff Beck, Jimmy Page, Peter Green, etc., la manière de triturer les six cordes a subi jusque-là une évolution quasi acadé-mique. Bien sûr, la chambre d’écho, la reverb’, le feed back en ont déjà bien modi- fié les struc- tures harmo- niques mais il n’empêche que Jimi marque une cassure dans ce modede fonctionne- ment.

Il impose sa propre loi,

même s’il se réfère aux

mêmes sources d’inspiration que les guitar heroes cités ci- dessus. Quand

il prend un solo, la guitare placée derrière sa tête ou en en

mordant les cordes, ce n’est pas seulement

un gimmick. Ainsi, le 1er

octobre 1966, une semaine après avoir

débarqué en Angleterre,

son manager Chas Chandler

(ex-bassiste des Animals) a

l’occasion de le faire jammer

lors d’un concert des

Cream au Polytechnic de

Londres sur « Killing

Floor ». Sa prestation lais-

se Eric Clapton abasourdi par ce déluge sono-

re bourré de feeling. La

légende de Jimi est en marche.

Retour sur cette année

1967. Décisive.