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JenniferL.Armentrout

Jeud’inconscience

Collection:FantasmeMaisond’édition:J’ailu

Traduitdel’anglais(États-Unis)parCécileTasson

©JenniferL.Armentrout,2016Pourlatraductionfrançaise©ÉditionsJ’ailu,2018Dépôtlégal:février2018.

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.

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Présentationdel’éditeur:LaviedeJillianLimaaétélittéralementbouleverséelorsqueBrock,sonamourd’enfance,l’aquittée, le soirmêmeoùun inconnuarmé l’amenacée.Aprèssixannéespasséesàvivreaumilieudesouvenirspleindedouleuretderegrets,Jilliansedécideàreprendresavieenmain.Ellevientdedécrocherunjobdansl’écoled’artsmartiauxdesonpèreetaccepteunpremierrencart. Mais, contre toute attente, Brock resurgit dans sa vie, plus beau que jamais.Parviendra-t-elleàluifairedenouveauconfiance?

Couverture:CoffeeAndMilk©GettyImages

Biographiedel’auteur:D’abord autopublié, son premier roman Jeu de patience a rapidement connu le succès,figurantsurleslistesdesbest-sellersduNewYorkTimesetdeUSATodaypendantplusieurssemaines.Fortedecetteréussite,JenniferL.Armentroutaécritplusieurssériesderomance,defantasyetdescience-fiction,dontlesdroitsontétévendusdansdenombreuxpays

TitreoriginalFIREINYOU

PublishedbyJenniferL.Armentrout

©JenniferL.Armentrout,2016

Pourlatraductionfrançaise©ÉditionsJ’ailu,2018

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DumêmeauteurauxÉditionsJ’ailu

JeudepatienceJeud’innocenceJeud’indulgenceJeud’imprudenceJeud’attirance

Numérique

ÉternellementChanceux

Lux

1–Obsidienne2–Onyx3–Opale4–Origine

5–Opposition

Obsession

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J’aisurvécucarlefeuenmoibrûleplusintensémentquelefeuautourdemoi.

JoshuaGRAHAM(Fallout)

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J’allaistuerAveryHamilton.Lesmainsmoites, crispées sur levolant, j’essayaisdemeconvaincre

desortirdelavoiture.Ilétaitdéjàtardet j’auraispréférémarcherpiedsnus sur des bris de verre chauffés à blanc plutôt que d’entrer dans cerestaurant.

Jesais,j’exagéraisunpeu.Mais la seule chosedont j’avaisenvie, c’étaitde retourner chezmoi,

enfilerunbasdesurvêt immettableenpublic,m’affalersurmoncanapéavecunpaquetde chipsau fromage (lesdentelées) etunpotde crèmeaigreetlireunbonbouquin.Cesdernierstemps,jetraversaisunephaseétrange : je dévorais des romances historiques écrites dans les années1980.J’étaissurlepointd’encommencerunedeJohannaLindsey,quisepassait au temps des Vikings. Corsages déchirés et hommes hyper virilsm’attendaient.J’adoraisça.

Malheureusement,sijemedéfilaiscesoir,Averymetuerait.Bon,OK,ellenemetueraitpasvraiment…sinon,quigarderaitAvaet

lepetitAlexlorsqueCametellevoudraientpasserdutempsensemble?Ce soir, c’était un peu spécial. Les parents de Cam étaient en ville. Ilsgardaient les enfants, tandis quemoi, j’étais assise dansma voiture, lesyeuxrivéssur l’undesérables japonaisquibordaient leparking. Ilavaitl’airprêtàs’effondrer.

—Raah!grognai-jeenappuyantmatêtecontremonsiège.

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En tempsnormal, jen’aurais sansdoutepas réagide cettemanière,maisjevenaisdevivremondernierjourdetravailchezRichersandDeckeret,dansmonpetitbureau,çaavaitété ledéfilé.Onm’avaitapportédesballons, un gâteau glacé dont j’avaismangé deux…bon, d’accord, troisparts… Par conséquent, j’avais eu ma dose de socialisation pour lajournée.

Quitter mon poste après cinq ans avait été déroutant. Pendantlongtemps, j’avais cru qu’il me convenait. Je me rendais au bureau, jefermais la porte et toute la journée, sans interruption ou presque, jem’occupais de déclarations de sinistre. C’était un travail simple ettranquille quimepermettait demevider la tête. Jene ramenais jamaisrienchezmoi.Lesalairecouvraitlargementleloyerdemondeux-piècesetleprêtdemaHonda.C’étaitunboulotplan-planetennuyeuxquiallaitdepairavecmavieplan-planetennuyeuse.

Puismonpèrem’avaitfaituneoffrequejen’avaispaspurefuser(sansrire)etsapropositionavaitréveilléquelquechoseenmoi,quelquechosequej’avaiscrudisparuàjamais.

Ledésirderecommenceràvivre.Pourdebon.Celapouvait paraître ridicule et cliché,mais c’était la vérité.Durant

lessixannéesquis’étaientécoulées,j’avaisvécuaujourlejour.Sansfairelemoindreprojetd’avenir.Sansmêmeessayerderéalisermesrêves.

Accepter l’offredemonpèreavait été lepremierpas (lepas leplusdifficile)versuneexistencedignedecenom.Pourtant,j’avaisencoredumalàycroire.

Mes parents n’aimaient pas… Non. Ils détestaient ce que j’étaisdevenue, eux qui avaient placé tant d’espoirs enmoi !Moi aussi, à unmomentdonné,j’avaiscruque…

Soudain,uncouprésonnacontrelavitredemavoiture.Jesursautaietmecognailegenoucontrelevolant.

Lorsque je tournai la tête, je me rendis compte qu’Avery se tenaitdevant ma voiture. Ses cheveux roux étincelaient dans la lumière ducoucherdusoleil.Elleagitasesdoigtspourmesaluer.

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Comme je me sentais très bête, je grimaçai avant d’appuyer sur leboutonpourbaisserlavitre.

—Salut!Ellesepenchaet,lesbrasposéscontrelavitreouverte,passalatêteà

l’intérieurdel’habitacle.Averyavaitquelquesannéesdeplusquemoietdéjàdeuxenfants(dontlederniern’avaitmêmepasunan),maisavecsestachesde rousseuret sesyeuxbrunschaleureux,on luidonnaitàpeinevingtans.

—Qu’est-cequetufais?Je jetai un coupd’œil à travers le pare-brise avant de reportermon

attentionsurelle.—Euh,je…jeréfléchissais.—OK…(Averyeutunlégersourire.)Ettupensesavoirbientôtfini?—Jenesaispas,murmurai-je.Jesentismesjouess’empourprer.— La serveuse vient juste de prendre notre commande pour les

boissons.Jet’aiprisunCoca,medit-elle.Normal,paslight.J’espèrequetute joindrasànousavantqu’oncommandelesentrées,parcequeCamestlancésurlefoot,ettusaisàquelpointçamepassionne…

Le coin droit de mes lèvres se retroussa un peu. Cam avait étéfootballeur professionnel pendant plusieurs années. À présent, il étaitentraîneuràShepherdetétaitdoncbeaucoupplusprésentàlamaison.

—Désoléedevousavoirfaitattendre.Jen’allaispasmedéfiler.—Jem’endoutais,mais jemesuisditquetuavaisbesoind’unpeu

d’encouragement.En la dévisageant, je sentismonmaigre sourire s’évanouir.Accepter

cetteinvitationfaisaitpartiedemarésolutionderecommenceràsortiretàvivre,maiscen’étaitpasévident.

—Est-cequ’il…saitpour…?Jedésignaimonvisage.Leregardemplidecompassion,Averytendit lamainversmoietme

tapota lebras. Je serraidenouveau levolantde toutesmes forces.Elle

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hochalatête.—Camn’estpasentrédanslesdétails,biensûr,parcequecen’estpas

ànousdeluienparler,maisGradyestaucourant.Tantmieux.Ainsi,iln’auraitpasderéactionderecul.Du moins, pas tout de suite. Au premier abord, je paraissais

parfaitementnormale.Cen’étaitqu’enmevoyantdeprèsqu’onserendaitcompte que quelque chose clochait. Alors, il m’observerait peut-être defaçonplusinsistante.

C’était ceque je redoutais.Pource soir,maiségalementchaque foisquejerencontraisdenouvellespersonnes.Certainsn’hésitaientpasàmequestionner sans se soucier de me heurter ou de faire remonter à lasurfacecettesoiréefatidiquequej’auraispréféréoublier.Àl’inverse,sionnemeposait pas de questions, une ambiance gênée s’abattait. En toutefranchise,jecomprenais.Àleurplace,j’auraisétécurieuse,moiaussi.Çanefaisaitpasd’euxdesgensméchants.Justedesgensnormaux.

Ils m’examinaient pour essayer de comprendre pourquoi mon côtédroitparaissaitdifférentdugauche. Ils tentaientde semontrerdiscrets,mais leurs yeux revenaient toujours à ma joue gauche, sous mapommette.Qu’est-cequiavaitpumelaisserunetelleentaille?Masurditédel’oreilledroiteétait-elleliéeàcetteblessure?

Rares étaient les personnes qui me posaient réellement toutes cesquestions,maisjedevinaiscequ’ellespensaient.

—C’estungarsbien,repritAveryenmeserrantdélicatementlebras.Il est supergentil etvraimentmignon. Je t’aiditqu’il étaitmignon,pasvrai?

Baissant la tête, je souris dumieux que je pus. Je donnais toujoursl’impressiondememoquerdesgens,oudenepasêtre sincère.Toutçaparcequelecôtégauchedemeslèvresnefonctionnaitpascorrectement.

—Oui,tul’asmentionnéuneoudeuxfois.(Jesoupiraietmerésignaiàlâcherlevolant.)Jesuisdésolée.Jesuisprête.

Quand Avery recula, j’appuyai sur le bouton pour remonter la vitrepuis coupai lemoteur et attrapaimon sac orange sur le siègepassager.

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J’étais une dingue de sacs. C’était mon seul pêché mignon. Je pouvaisdépenserdes sommesastronomiquespourm’enoffrir.Etcetexemplairede la collection d’automne de Coach n’était pas le plus cher en mapossession.Loindelà.

Nousétionsenseptembreetlesoir,ilcommençaitàfairefrais.Aussi,je regrettai deneporter qu’un fin col roulénoir,mais il allait très bienavec mes bottes noires et aujourd’hui, j’avais décidé de faire un effort.Enfin.Pourmatenue.Maintenant,jedevaisaussifaireuneffortpourcerendez-vous.

—Arrêtede t’excuser. (Averymeprit par le bras.)Crois-moi, çanesert à rien. Et tu peux me faire confiance, j’ai passé des années àm’excuser.Tun’aspasàtefairepardonneralorsquetun’asrienfaitdemal.

Je haussai les sourcils. Je savais qu’Avery avait unpassé tourmenté.Pendant très longtemps, jen’avaispasétédans laconfidence,maiscinqansplustôt,elleavaitfiniparm’enparler.Entendresonparcours,mêmes’il était très différent dumien,m’avait fait du bien. Parce qu’elle avaitréussiàdépasserunévénementtraumatiqueetétaitmaintenantheureuseetamoureuse.

Avery était la preuve vivante que les cicatrices, physiques ouémotionnelles, ne témoignaient pas seulement de la survie, maiségalementdel’espoir.

—Peut-être,maisjevousaifaitattendre,luidis-jeenglissantlamainderrièremanuquepourrassemblermeslongscheveux.(Jelesfispasserpar-dessusmonépaulegauche,defaçonàcequ’ilstombentdevantmonvisage,commeunrideau.)J’aipresquevingt-septans.Tunedevraispasavoirbesoindevenirm’extirperdemavoiture.

Averys’esclaffa.—Desfois,jemecachedansunplacardavecunebouteilledevinet

Camdoitruserpourm’enfairesortir.Crois-moi,àcôté,ça,c’estrien.Jerisenm’imaginantlascène.

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—Je suis contente que tu aies accepté de venir ce soir. (Averymelâchalebrasetpoussalaporte.)JepensequeGradyvateplaire.

Jel’espérais,maisjenemefaisaispastropd’illusionsparceque…Disons que je n’avais jamais eu beaucoup de chance avec le sexe

opposé.Detoutemavie,jen’avaisétévraimentintéresséequepardeuxmecs.Lepremier,jenecomptaispasyrepenser.C’étaitlameilleurefaçondesombrerdansladépression.Lesecond,BenCampbell,avaitacceptédesortiravecmoitroisansplustôt.Saufquepour lui,êtreencoupleavecmois’apparentaitàunebonneactionqu’ilpouvaitdéduiredesesimpôts.

À part ça, j’étais l’éternelle célibataire et ma mère craignaitsérieusementque jenefinissevieille fille,sansenfant,avecdesdizainesd’oiseauxexotiquespourseulecompagnie.

—Prête?medemandaAvery,mesortantdemespensées.Mêmesicen’étaitpaslecas,jehochailatêteetjementis,parceque

desfois,mentir,c’estcommesurvivre.Onlefaitsanss’enrendrecompte.—Prête.

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2

L’estomac noué, je suivis Avery vers le fond du restaurant, les yeuxrivés sur le joli pull vert qu’elle portait, histoire de ne pas me laisserdistraire. Me retrouver dans la foule était désormais une épreuve. Lesbavardagesmedéstabilisaientcarjen’entendaisquelamoitiédeschosesqui se passaient autour de moi. Suivre une conversation au sein d’ungroupeimportantrelevaitdoncd’unvéritableparcoursducombattant.

Lorsqu’on approcha de la table, Avery ralentit. Cam releva ses yeuxbleus incroyablesversnous.Lapremière foisque j’avais rencontréCam,j’enétaisrestéemuette.Ilétaittrèsbeauetsiamoureuxdesafemmequ’ilm’arrivait de les envier un peu. Je n’avais jamais été l’objet d’une telleaffection.Enmême temps, jedoutais quebeaucoupdepersonnes en cemondefassentl’expérienced’untelamour.C’étaitaussibeauetrarequ’unalligatoralbinos.

—Tul’astrouvée!(Camselaissaallerenarrièresursonsiège.)Bienjoué,chérie.

Elleluirenditsonsourireets’assitàcôtédelui.—Désolée,m’excusai-je en retirantmon sac demon épaule. (Je ne

prêtaipasattentionauregardinsistantquemelançaitAvery.)J’aiprisduretard.

L’hommeassisdosàmoi,Grady,selevaetseretourna.Unevaguedesoulagementm’envahitquandjemerendiscomptequ’ilseraitplacéàmagauche.Jerelevai la tête. Ilétaitunpeuplusgrandquemoiet,commeAveryme l’avait dit, vraiment trèsmignon.Ses cheveux châtain clair et

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sesyeuxbleucristallinmefaisaientpenserausableetàlamer.Quantàsonsourire,ilétaitchaleureuxetamical.

—Pasdesouci,ditGrady.Ravideterencontrer.—Demême,répondis-jeenrougissant.Il reculamachaisepourque jem’yassoie.Jem’exécutaiaussitôten

accrochantmonsacàmondossier.Ilétaithorsdequestionqu’unCoachseretrouveparterre.J’observailatable.

—Est-cequeeuh…vousavezdéjàcommandéàmanger?—J’aicommandéunetartinadeàl’artichautetauxépinards,répondit

Camenposantsonbrassurlachaised’Avery.Etdesfritesaufromage…avecdubaconetunsupplémentfromage.

—Toi, tupeuxte lepermettre, tucourstoute la journée,commentaGradyenmesouriant.Contrairementànous.

Camricana.—Cen’estpasmafaute!J’attrapaimonverredeCoca et enbusunegorgéepour apaiserma

gorgesècheetcalmerlebourdonnementdenervositéquiparcouraitmesveines.

—Averym’aditquetutravaillaisàShepherd?Grady hocha la tête et se tourna de façon àme parler face à face.

Visiblement,ilétaitaucourantdemasurditépartielle.—Oui,maismonboulotn’estpasaussiintéressantqueceluideCam.

Jesuisprofdechimie.—Ilfaitsonmodeste,ditCam.(Ilattenditquejemetourneverslui

avantdecontinuer.)Ilestleplusjeuneprofdudépartementdessciences.—Waouh.C’est impressionnant,commentai-jeenmedemandants’il

savait que j’avais abandonné la fac. (Pour enseigner la chimie, il fallaitêtresacrémentintelligent.)Çafaitlongtempsquetutravailleslà-bas?

Tandisqu’ilrépondaitàmaquestion,sonregarddescenditjusqu’àmajoue.Sonexpressionnechangeapas.Jemedemandaicequeçasignifiait.

—Alorscommeça,tuasétudiéàShepherd?Jehochailatête.

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—Oui…Je refermai labouche. Jene savaispasquoidired’autre.Comme le

silenceretombaitsurlatable,jesaisisdenouveaumonverre.Camvintàmarescousse.Ilparladesafilledeseptans,Ava,quiétait

fascinéeparlefoot.—Ellejouera,plustard,c’estcertain!—Elleferadeladanse,contraAvery.—Ellepourraitfairelesdeux,intervintGrady.Pasvrai?Il me fallut un moment pour comprendre que c’était à moi qu’il

s’adressait.—Avecsonénergie?Ellepourraitdanser,joueraufootetfairedela

gym!Averyéclataderire.—C’estvraiqu’elleest…dynamique.—C’estbizarrequ’Alexsoitlepluscalme,ditCam.J’auraiscruquece

seraitunvraipetitdiable.—Laisse-luiletemps,rétorqua-t-elled’unairdésabusé.Iln’aqueonze

mois.— Lui aussi, il fera du foot. (Cam se pencha vers Avery pour

l’embrassersurlajoueavantqu’elleaiteuletempsderéagir.)Bientôt,onlesemmèneraàl’entraînementdansunminivan.

—Ahnon,pitié!s’exclamaAveryenriant.Laserveuses’approchadenotretableetmarquauntempsd’arrêten

nousvoyant,Gradyetmoi.Jebaissaiaussitôtlesyeuxversmonmenuetcommandai dupoulet rôti avecdes pommesde terre. Jene voulais passavoirsiellemedévisageaitounon.

Dès qu’elle s’éloigna, la conversation reprit de plus belle. J’adoraisécouterCametAverysechamailler.Cesdeux-làréussissaientàmefairesourirealorsqu’engénéralcegenredesituationsmemettaitmalàl’aise.

Jerestaisilencieusejusqu’àcequelesentréesarrivent.Quandjeprisla parole, ce fut seulement pour murmurer un « merci » à Grady quim’avaitproposédemeremplirunepetiteassiette.

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— Cam m’a dit que tu commençais un nouveau travail, lundi ?demanda-t-ilavecunintérêtsincère.

—Jeluiaiparlédetonpère,évidemment.(Camm’adressaunsourirecontrit, mais je n’étais pas étonnée. C’était un grand fan de la LimaAcademy.)Désolé.

— Ce n’est pas grave. (Et je le pensais. Même si j’avais pris mesdistancesparrapportàlaprofessiondemonpère,j’étaisquandmêmetrèsfièredecequesesfrèresetluiavaientaccompli.)Monnomdefamillemetrahit,detoutefaçon.

—Jen’aurais pas fait le rapprochement, admitGrady, gêné. (Je luiadressaiunregardsurpris,cequilefitrougir.)Jenesuispasl’actualitédufreefightetdecegenredechoses.

«Lefreefightetcegenredechoses»avaient toujours faitpartiedemavie.

Monpèremetannaitdepuisdesannéespourquejetravailleaveceux.Il avait même ouvert une branche à Martinsburg, à moins de quinzeminutes de l’université de Shepherd où j’avais étudié.MonDieu, j’avaisététellementencolèrequandj’avaisapprisquemafamillem’avaitsuivieàlafac!Engénéral,monpèrenequittait jamaisPhiladelphie,mais ilyavaittoujoursunoncledanslesparagessurlequeljerisquaisdetomber.

Deuxansplus tôt,monpèreavait semblécomprendreque jen’avaispasl’intentiondelesrejoindre.J’avaistropdesouvenirsàl’Academy,tropdechosesquimerappelaient…quimelerappelait,lui,etnotrerelationd’avant.

Pourtant, sixmois plus tôt, il avait de nouveau abordé le sujet.Mamèreaussi.OncleJulio,DanetAndréaussi.ChezlesLima,iln’yenavaitpas un pour rattraper l’autre. Toutefois, la proposition qu’ils m’avaientfaites’étaitavérée légèrementdifférente.André, lemanageractuelde labranchedeMartinsburg,voulait retournervivreàPhiladelphieaudébutdumoisd’octobre.LaVirginie-Occidentalen’étaitplusassezcoolpourlui.Dumoins,c’était ceque je supposais.Monpèrenem’avaitpasoffert saplace, mais celle d’assistante. Un emploi créé rien que pour moi.

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L’assistantedumanagerétaitcensées’assurerdubonfonctionnementdel’académie tout en contribuant à son développement. Il cherchait unepersonnedeconfiancequiconnaissaitbienl’entreprisepourlagérerseuled’abord, puis aux côtés du nouveau manager. Même si l’offre étaitalléchante,jel’avaisdéclinée.

Jusqu’à ce qu’un soirmon père vienne frapper àma porte pourmeparler salaire et avantages. À ce stade de la conversation, il aurait étéstupidedemapartderefuser.Lavérité,c’étaitquemonpèreétaitarrivéau bon moment. J’en avais assez de mon bureau sans fenêtre et d’unboulotquinemepassionnaitpas.Sanscompterquesapropositionplaisaità laJillianquej’avaisété,àcelleque, je lesavais,monpèreessayaitderéveiller.

—Moi,si,affirmaCam,metirantdemespensées.—Onsait.(Averysoupira.)Onestaucourant.—Donc,tu…Tun’aspaslamoindreidéedequijesuis?demandai-

je.C’étaitrafraîchissantdemeretrouverfaceàunhommedechairetde

sangquinerêvaitpasd’allerrisquersaviesurlering.—Pasvraiment.C’estgrave?—Non.(Jebaissailatêtepoursourire,maisrelevailesyeuxverslui.)

C’estplutôt…unebonnechose.Sonregardcroisalemien.—Jesuisheureuxdel’apprendre.Commejerougissaiscommeunetomate,jereportaimonattentionsur

monassietteetjouaiavecmesfritesaufromage.Monestomacgargouilla.Sij’avaisétéchezmoi,j’auraisdéjàengloutilamoitiédemonassiette.Jedevaismefaireviolencepournepasmejetersurlanourriturecommesijen’avaisrienmangédelasemaine.

Étonnamment…lerepassepassabien.GrâceàCametAvery,laconversationcoulaitnaturellement.Dèsque

le silence retombait, ils relançaient un nouveau sujet,mais ça n’arrivaitpas souvent. Discuter avecGrady était facile. Ilmemettait à l’aise. Par

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deuxfois,CametAverymeparlèrentsansquejelesentendeetGradydutme le faireremarquer,maisaucunnesemblas’en formaliser.Aussin’enéprouvai-jeaucunegêne.

Nos plats arrivèrent pendant que Grady me parlait d’une nouvelleexposition qui s’installait à Shepherd. À en juger par l’éclat qui s’étaitallumé dans son regard, il était clair que ces choses-là, en revanche, lepassionnaient.

C’étaitadorable.—Çaal’airtrèsintéressant,luidis-jeenattrapantmafourchette.Je

n’aipasvubeaucoupd’expos,cesdernierstemps.En fait, jen’en avais jamais vu. Jen’étais pasdugenre àm’extasier

devantdesœuvresd’art. Iln’yavait riendemalà ça,bien sûr,mais cen’étaitpasmontruc.

Àvraidire,plusgrand-chosen’étaitmontruc.—Onpourraityallerensemble,meproposaGradyensouriant.Çame

feraitplaisir.Son invitation me laissa bouche bée. Ça n’aurait pas dû être une

surprise,puisquenouspassionsunebonnesoirée.Pourtant,c’étaitlecas.Jene savaispasquoi lui répondre. Jen’arrivaispasàdéterminer si sonoffre,visiblementsincère,meravissaitoumelaissaitdemarbre.

Un sentiment bien trop familier m’envahit, le genre d’émotion quim’empêchaitdedormirlanuit.C’étaitcequej’avaisressentilorsquej’étaissortieavecBen;j’étaisrestéeavecluiparcequejen’avaispascrupouvoirtrouver mieux. Je savais que je méritais plus que ça, mais j’avais déjàdonné mon cœur entièrement, sans concession, à quelqu’un d’autre etquand il avait été brisé, une partie de moi-même avait cessé dem’appartenir.

Moncœurn’étaitplusaucomplet.Celapouvaitparaîtreidiot,ouexagéré,maisçam’étaitégal.C’étaitla

véritéetj’ignoraissijepouvaisdenouveauéprouverdessentimentsaussiforts pour quelqu’un. Alors je m’étais contentée de Ben. Est-ce que la

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mêmechosesereproduiraitavecGrady?Est-cequej’allaismecontenterdelui?

Oh,monDieu.Attendezuneseconde.Étais-jeréellemententraindem’imaginerunerelation longuedurée

avecunmecquejevenaisderencontrer?Ilfallaitquejemecalme.—Jillian?m’appelaGrady.Ilpensaitsansdoutequejenel’avaispasentendu.—Ce…Ceseraitsympa,réussis-jeàarticuler.Il me dévisagea un instant. Jeme demandais s’il pouvait sentir ma

nervositégrandissante.—Jereviens,dis-jeenposantmaserviettepliéesurlatable.Lorsquejemelevaietfisletourdelachaise,jesentisleregardinquiet

d’Avery. Comme je ne voulais pas en faire tout un plat, je lui fiscomprendrequetoutallaitbien.

J’avaissimplementbesoind’uneminuteoudeuxpourmereprendre.Mefaufilantentrelestables,jemedirigeaiverslestoilettes.Cen’est

qu’après avoir poussé les portes et m’être arrêtée devant le miroiréclabousséd’eauquejemerendiscomptequej’avaisoubliémonsacsurmachaise.Jenepouvaispasmeremettredurougeàlèvres.

Je fis couler du savon du distributeur, puis agitai lesmains sous lerobinet.Ilsemitenmarcheetl’eaufitdisparaîtrelamousse.Lentement,jerelevailesyeuxversmonreflet.D’habitude,jemeregardaisseulementle tempsd’appliquermonmaquillage, histoiredenepas avoir l’air d’unclown.

Pourtant,àcemoment-là,jem’observaivraiment.Pendantdesannées,j’avaisattachémescheveuxtouslesjours.J’avais

arrêté. Aujourd’hui, ils tombaient en cascade sur mes épaules etbouclaientauxpointesàhauteurdemapoitrine.Àl’époque,j’avaisaussieu une frange, mais heureusement, ce n’était plus le cas. Entre-temps,j’avais enfin appris à appliquer de l’eye-liner. Encore un miracle. La

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rougeurdemes joues faisait ressortirmapeaudorée.Mes lèvresétaientpulpeuses,monnezdroit.

Jeportaislaraieàdroite,defaçonàcequemescheveuxcouvrentmajouegauche.Lacicatricen’étaitpassiterriblequeça,surtoutcomparéeàlapremièrefoisoùjel’avaisvueenmeréveillantàl’hôpital.

Àcemoment-là,j’avaiscruêtretotalementdéfigurée.Ma jouegauche avait étéprofondément creusée, comme si unpic à

glaceyavaitétéenfoncé.Aujourd’hui,enexaminantmonvisage, ilétaitclairqueleschirurgiensesthétiquesavaientfaituntravail incroyable.Lamoitié demon visage avait été reconstruite à l’aide d’une greffe d’os etd’une prothèse. J’avais également subi des tas d’opérations de chirurgiedentairepourretrouverunemâchoirefonctionnelle.

Mêmesansbaguettemagique,lesmédecinsavaientfaitdesmiracles.Si on neme regardait pas de près, on ne remarquait aucune différenceentrelesdeuxcôtés.

Personnenepouvaitsedouterdecequis’étaitpassécesoir-là.Pourtant, l’ironie du sort voulait que je me sois réfugiée dans les

toilettes,commejel’avaisfaitcettenuit,sixansplustôt,avantquemavieparteenéclats.

Les statistiques n’avaient pas été de mon côté. Pourtant, j’étaistoujoursenvie.

J’avais eu de la chance. Je le savais.Mais jeme sentais…difforme.C’était unmot d’une extrême violence et en règle générale, j’évitais d’ypenser,surtoutpendantunesoiréeaussisympathique.

Jerespiraiungrandcoupavantdesecouerlatête.Jen’avaisvraimentpasbesoinquemespenséesprennentcettetournure.Jusqu’àmaintenant,ledîneravaitététrèsagréable.Gradyétaitgentiletmignon.Jemevoyaisbienalleràuneexpooupeut-êtreboireuncaféaveclui.

Etc’étaitcequim’avaitfaitpaniquer.Ilétaithorsdequestionquel’idéederecommenceràvivrememette

danstousmesétats.Non.

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J’allaisluidonnersachance,sansmedemandersijeméritaismieux.Tournant le dos au lavabo, je m’essuyai les mains et replaçai mes

cheveuxsurmonépaulegauche,defaçonàdissimulermajoue.Quandjesortis des toilettes et pénétrai dans le couloir étroit, je gardai les yeuxrivésausol.Cen’estqu’auboutdedeuxpasquejemerendiscomptequequelqu’unsetenaitderrièrelaporte,adosséaumur.Jefaillis luirentrerdedans.

Surprise, je reculai. Je ne voyais qu’un pantalon noir parfaitementcoupé avec… une vieille paire de Converse noir et blanc ? Quelleassociationétrange!Celamefaisaitpenserà…

Jesecouailégèrementlatêteetlecontournai.—Pardon.Excusez…—Jillian.Jem’arrêtai.Letempss’arrêta.Touts’arrêta,àl’exceptiondemoncœur.Ilbattaittropfort,tropvite

dans ma poitrine. Cette voix rauque et grave, je la reconnus au plusprofond de mon âme. Lentement, je relevai les yeux. Je savaispertinemmentcequej’allaisvoir,maisjenevoulaispasycroire.

BrockMitchellsetenaitdevantmoi.

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3

Lechocmeparalysait.JedévisageaiBrockdanslesilenceleplustotal.Jen’arrivaispasàcroirecequejevoyais.Ilnepouvaitpasêtreici.C’étaitimpossible.Àmaconnaissance,ilnevenaitjamaisàMartinsburg.Jamais.Parceque j’yhabitais. Ilpouvaitallern’importeoùdans lemonde.Moi,j’avaisseulementlaVirginie-Occidentale.

C’étaitunerègletacite.Àbieny réfléchir, j’avaispeut-êtreglissédans les toilettesetm’étais

assomméeentombant.Non,çanefaisaitaucunsens.C’étaitbienBrock.Ilsetenaittellementprèsquejepouvaissentirson

parfumfamilier,unmélangefraisdefeuillesbrûléesetdeventhivernal.Commentsefaisait-ilquejen’avaispasremarquésaprésencedansle

restaurant ? Je n’avais jamais été très observatrice et je l’étais encoremoins maintenant, mais cela n’expliquait pas comment Cam, qui étaitcarrémentobsédéparBrock,nel’avaitpasrepéré,luinonplus.

Camallaitêtretellementdéçu.—Waouh,souffla-t-il.J’ouvris labouche,mais jenesavaispasquoidire.Brockn’avaitpas

changédepuisladernièrefoisquejel’avaisvu,quelquesannéesplustôt,mais il était plus… raffiné, plus… tout. Il faisait toujours trentecentimètres de plus quemoi,mais ses épaules étaient plus carrées quedansmessouvenirs.Lachemisegrisequ’ilportaitépousaitsontorse.Sesmanchesrelevéesdévoilaientsespoignetsmuscléset tatoués. Ilavaitde

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nouveauxtatouages.Decouleursdifférentes.Seshanchesétaientétroitesetsonpantalon,sansdoutefaitsurmesure,dissimulaientdescuissesqui,jelesavais,étaienttrèsfermesetmusclées.

Je remontai les yeux vers son visage. La coupe en pics qu’il avaitarborée dans sa vingtaine avait disparu. Ses cheveux étaient à présentcoiffésenarrièreetunebarbed’unjouroudeuxrecouvraitsamâchoire.Ilavaitvieilli.

Évidemmentqu’ilavaitvieilli.Ilavaittrente-quatreans,maintenant.Delégèresridesmarquaientsapeaucouleursableauxcoinsdesyeux.

Sonvisageétaittoujoursaussianguleux.Ilavaitdespommetteshautesetune bouche pulpeuse et sensuelle. La cicatrice au niveau de sa lèvreinférieureavaitquasimentdisparu.Parcontre,cellesoussonœilgaucheétaitbienvisible.C’étaitsonpèrequi la luiavait faite lanuitoù ilavaitfugué,cequil’avaitconduitàfaireuneentréefracassantedansmavie.

Sesyeux,delacouleurduchocolatchaud,étaientexactementcommedans mes souvenirs, acérés et bordés de cils épais. Et ils faisaientexactementlamêmechosequelesmiens.Brockmedétaillaitdespiedsàlatête.

Commençantde lapointedemesbottes, il remonta le longdemonjeanbleu foncé, jusqu’àmonpullà col roulé.Au fildesans,moncorpsavait trouvé un équilibre. Je n’étais pas mince. J’étais plutôt dans lamoyenne.Etjen’avaisnil’envienilecouragedepasserdeuxheuresparjouràlemodelerpourressemblerauxfillesdanslesmagazines.J’aimaislabonnebouffeetlireetparesserpendantmontempslibre.

Jemerappelaistoutefoiscruellementlegenredefemmesquiavaientles faveurs de Brock lorsque nous étions plus jeunes. Des femmes auventreplatetauxjambesfuselées,dontonpouvaitfaireletourdelatailleavec les deux mains. Quelqu’un capable de s’entraîner avec lui et detranspirer comme un veau tout en restant belle et sexy. Voilà ce quil’attirait à l’époque. Ce qui l’attirait toujours, étant donné que jeconnaissaissafiancée.

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Celaneservaitàriendemecompareràsesplansculouàsafuturefemme.Jelesavaisetcelan’avaitpaslamoindreimportance…pasquandilmedévisageait,alorsqu’ilnem’avaitplusvuedepuissixans,depuisquemonvisageavaitétégonfléetcouvertdebandages.Mafamille luiavaitpeut-être donné des nouvelles demoi, mais comme je n’aimais pas lesphotos(jen’avaisjamaisaiméçaetçanes’étaitpasarrangé),c’étaitsansdoutelapremièrefoisqu’ilmerevoyait.Jenecomptaispaslesfoisoùilm’avaitaperçuedeloin.

Les yeux légèrement écarquillés, il examina le côté gauche demonvisage,puisledroit.Lafaçondontilmeregardait,unmélangedesurpriseetdequelquechosequejenevoulaispasnommer,quelquechosequimelaissaitunarrière-goûtamerdanslabouche,mesortitdematorpeur.

—Qu’est-cequetufaisici?luidemandai-jed’unevoixsèche.Brockmeregardadanslesyeux.—Euh,là,toutdesuite?Jet’attendais.—Endehorsdestoilettespourdames?—Oui.—C’est… plutôt inquiétant,marmonnai-je en détournant le regard.

(Avery et les autres se demandaient sans doute où j’étais passée.) JevoulaissurtoutsavoircequetufaisàMartinsburg.

—Jesuisvenudîner,répondit-ilsansdétournerlesyeux.(Sonregarddégageaitunetelleintensitéquej’avaisdumalàmeconcentrer.)Tues…magnifique,Jillian.

La sincérité qui émanait de sa voix me coupa le souffle. En mêmetemps, à côté de l’image d’horreur dont il se souvenait, ce n’était pasdifficiledeparaîtrebelle.

—TuveuxdirequetuesàMartinsburg,danslemêmerestaurantquemoi,ettoutçaparhasard?

Brock cligna les yeux. Visiblement, mon ton agacé l’étonnait. Je nepouvaispasluienvouloir.Àl’époque,jedisaisamenàtoutcequisortaitdesabouche.Mondeuxièmeprénomauraitpuêtre«PaillassondeBrock-Bienvenue».

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Àcettepensée,jemeretrouvaipropulséeenarrière,cettenuit-là,aubar,devant lui, avec cette robequime faisait sentir adulte. J’étais alorstellementpleined’espoir,tellementamoureuse,tellement…bête.

Ilaffichaunsourireencoin.C’étaitlesourirequigarantissaitàBrockd’obtenirplusoumoinstoutcequ’ildésirait.

—Serais-tuentraind’insinuerqu’onm’auraitmisaucourantdetondîneretquejeseraisvenuiciexprèspourtevoir?(Ilmarquaunepause.Sesyeuxbrillaientdans la lumière faibleducouloir.)Tucroisque je tesuis?

Même si ça paraissait ridicule, ce n’était pas impossible. Ma mèresavaitque j’avaiscerendez-vouscesoir.Je luiavaisditoùnousallions.Maisjedoutaisqu’elleenaitparléàBrock.

Ellen’avaitpasintérêtàl’avoirfait,entoutcas.— Peut-être que j’y ai été contraint pour croiser cette personne qui

m’évite depuis des années ? suggéra-t-il d’une voix douce. Six ans endécembre,pourêtreprécis.

Jeclignailesyeuxunefois,puisdeux.—Quoi?Sonsourireencoins’agrandit.—Àmoinsquejenedînetoutsimplementavecquelqu’unquihabite

danslemêmecoinquetoi?Mesjouess’empourprèrent.—Sijetesuivais,jeneseraisvraimentpasdoué,étantdonnéquej’ai

attendu que tu sortes des toilettes, poursuivit-il, visiblement amusé parmonaccusation.D’aprèscequelesfansindésirablesm’ontappris,etcrois-moi, j’enaieuquelques-uns, ilsont tendanceà semontrerunpetitpeuplusdiscrets.

La colèrem’envahit. Est-ce que la situation l’amusait ? Est-ce que jel’amusais?Biensûrqueoui.Jel’avaistoujoursbeaucoupfaitrire.

—Àmonavis,tesfansindésirablesn’auraientpashésitéàpousserlaporte des toilettes pour te rejoindre à l’intérieur. Et si ça avait été unefemme,tun’auraiseuaucunproblèmeavecça.

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—Mince.Brocks’esclaffa,latêterejetéeenarrière.L’airdésertamespoumons.

MonDieu, j’avais oublié son rire, chaleureux et contagieux. Il accordaitcesriresàtout lemondeetàn’importequi,alorsque j’étaisauparavantpersuadéequ’illesréservaitàmoiseule.Unsourireétiraitseslèvres.

—Tun’espaslaJillybeandontjemesouviens.L’entendre prononcer mon ancien surnom eut un effet étrange sur

moi.J’avaisl’impressiondemeretrouverdesannéesenarrière,lorsqu’onfaisaitde labalançoiredans le jardindemesparents.CelamerappelaituntempsoùBrockm’écoutaitparlerencoreetencoredesendroitsquejevoulaisvisiterdanslemonde.Celamefaisaitpenseràavantetàtoutcequiavaitchangé,irrémédiablement.

—Non,répondis-jeenrelevantlementon.Plusdutout.Il baissa la tête, empiétant délibérément sur mon espace vital. Ses

lèvresétaienttrèsprochesdesmiennes.—Jevoisça.Unhoquetdesurprisem’échappa.— Je crois que j’aime beaucoup cette Jillian, dit-il comme s’il

partageaitunterriblesecretavecmoi.Jeledévisageai,sanscomprendreoùilvoulaitenvenir.Brockpenchalatêtesurlecôté.—C’estqui,lemec,àtatable?Jereculaisivitequejefaillistomberenarrière.—Je…Jen’arrivepasàcroirequetumeposescettequestion.Ilfronçalessourcils.—Pourquoi?C’estunequestionlégitime.J’ouvrislesyeuxengrand.—Onn’apaslamêmedéfinitionde«légitime».Se redressant, il s’adossa aumur comme s’il avait tout le temps du

monde devant lui et que nous n’étions pas devant les toilettes d’unrestaurant.

—C’esttonmec?

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Sansvoix,jecontinuaideledévisager.Unepartiedemoiauraitvoulului faire remarquer que ce n’étaient pas ses oignons. L’autre voulait luidemanderpourquoiilmeposaitlaquestion.

Jenefisaucundesdeux.—Excuse-moi,dis-jeenledépassant.Jedoisretourneràmatable.—Tuplaisantes?(Il s’éloignadumuretm’attrapapar lebraspour

m’empêcherdefuir.)Onnes’estpasvusdepuisdesannéesettoi,tut’envas?Jen’aipasledroitàuncâlin?Niàun«qu’est-cequetudeviens»?

—Non.Jetiraisurmonbras.Auboutdequelquessecondes,ilmelibéra.Ilm’examinaquelquesinstants,puissonsouriretaquins’évanouit.— Je suppose que je ne peux pas t’en vouloir de réagir de cette

manière.Moncorpstoutentiersecrispa.Cen’estpascensésepassercommeça.

Je ne pouvais pasm’empêcher de le penser. Parce que Brock et moi…malgréladifférenced’âge,nousavionsétéinséparables.J’avaispassémontempsàlesuivreetàréclamersonattention,etlui,ilm’avaitlaisséefaire,il m’avait incluse dans toutes ses activités, et avec lui, j’avais eul’impressiond’êtrelafillelaplusimportanteaumonde.

Jusqu’àcettenuit-là.Jusqu’àcequejemerendecomptequedepuis ledébut j’avaisvoulu

êtreaveclui,alorsqueluipréféraitêtreavecn’importequid’autre.—Non,murmurai-jeetjemedétestaisunpeudedireça.Tunepeux

pasm’envouloir.Unmuscledesamâchoireseserra,etilhochalatête.Lecœurbattant

lachamade,jeluitournailedosetmedirigeaiverslatablesansregarderen arrière. J’ignorais combien de temps j’étais partie, mais d’après lescoupsd’œilquemejetèrentlesautreslorsquejem’assis,laréponseétaitsansdoute:troplongtemps.

Averym’adressaunsourireinquiet.—Toutvabien?medemandaGradyenmetouchantlebras.Avantquejepuisserépondre,j’entendisCams’exclamer:

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—Oh,c’estpasvrai!Une ombre tomba sur la table, une ombre dont le propriétaire se

tenait juste derrière moi. Les yeux d’Avery s’arrondirent et sa boucheformaun«O»parfait.Jesentismescheveuxsedressersurmatête.

Iln’avaitpasfaitça.Ilnem’avaitpassuiviejusqu’àmatable.Cam se leva avec une expression emplie d’admiration sur son beau

visage.—Bonsang,mec!Çafaituneéternitéquejenet’aipasvu!Etsi.Ilavaitosé.Tournant la tête à droite, je regardai Brock serrer lamain de Cam,

puis ils échangèrent une étreinte virile. Je restai là, impuissante, à lesobserver.Jen’avaispaslamoindreidéedecequ’ilsseracontaientetcelan’avait rien à voir avec mon problème de surdité. Je me concentraissurtoutpournepasmeleveretbalancermachaiseàlatêtedeBrock.

Auboutd’unmoment,ilvintseplaceràmadroiteetdévisageaGrady.Il le regarda comme il regardait ses adversaires avant ses combats, unsourirecrispéauxlèvres.

Gradyseraclalagorgeetretirasamaindemonbras.Mesmainsglissèrentdelatableettombèrentsurmesgenoux.Avecunregardfroid,Brocktenditlamainau-dessusdemonassiette.

Ilditquelquechose,maiscommeilparlaitducôtédemonoreillesourde,jen’entendisrien.

—GradyThornton,entendis-jeàmagauche. (JecomprisqueBrocks’était présenté. La main de Grady se retrouva engouffrée par celle deBrock,beaucoupplusgrandequelasienne.)TuconnaisCam?

—Ons’estrencontrésplusieursfois.(Brockposalamainsurledossierdemachaise.C’étaitungesteétrangementintimeetpossessif.)Jelesairencontrés,luietsacharmanteépouse,grâceàJillian.

Lesyeuxrivésdroitdevantmoi,jecomptaidansmatêtepournepaspaniquer.

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— Ah oui ? (Grady paraissait curieux.) Comment vous vous êtesconnus,touslesdeux?

—Iltravaille…travaillaitpourmonpère,répondis-jeavantqueBrockpuisselefaire.

—Oh,allez,tusaisbienquecen’estpasdutoutça.(Brockgloussaetj’écarquillai les yeux.) En fait, on a grandi ensemble. Je sais quasimenttoutsurJilly.

Qu’est-cequ’ilfabriquait,àlafin?—Ettoi?Commenttuconnaistoutlemonde?demandaBrock.Ils’étaitrapprochéet,mêmesij’avaisl’impressionqu’ilétaitàl’autre

boutd’untunnel,jel’entendaisunpeu.Gradynousregardal’unaprèsl’autre.—JesuisunamideCam.Ontravailleensemble.—Intéressant,murmuraBrocksanssedépartirdesonsourire.Tues

entraîneurdefoot,maintenant,c’estça?demanda-t-ilàCam,quihochalatête.Tuesentraîneur,toiaussi?

—Non.(Gradycarralesépaules.)J’enseignelachimieàShepherd.LesouriredeBrocks’élargit.Jemouraisd’enviedemecachersousla

table.—Tuesprof?Waouh.Etoùas-turencontréJillian?MonDieu.C’étaitunvéritableinterrogatoire.Gradyattrapasabouteilleetmesourit.— On vient tout juste de se rencontrer, mais je crois… qu’on va

devenirdetrèsbonsamis.—Detrèsbonsamis?(Brockricana.Jeserrailespoings.)Çam’ena

toutl’air.Bref,dit-ild’untonquisignifiaitclairementqu’iln’enavaitrienàfaire.Jeneveuxpasvousempêcherdemanger.Jevoulaissimplementvenirvousdirebonjour.Ons’appelle,dit-ilàCamavantdereportersonattentionsurmoi.

Ilmeregardaitavecunetelleintensitéquej’avaisl’impressiond’êtrelaseuleàexisterpourlui.

Ilmetapotaleboutdunez.

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Jeclignailesyeux.Brocksourit.—Onsevoitbientôt.Puis il s’éloigna, attirant l’attention de toutes les tables sur son

passage.—Ehbien,jenem’attendaispasàça,ditCamenriant.Tunesavais

pasqueBrockétaitenville?Jesecouailatête.Monpèreétaitforcémentaucourant,pourtantilne

m’avaitpasavertie.Enmême temps, il ignorait cequi s’était réellementpassé entre Brock et moi. Tout ce qu’il savait, tout ce que ma famillepensait,c’étaitqueBrocketmoinousétionséloignésavecletemps.

Lavérité, jenepouvaispasladireàmesparents.J’avaisdemandéàBrockdese taire, luiaussi, car simonpèreavaitapprispourquoi jemetrouvais là-bas ce fameux soir et combien j’avais souffert, il n’aurait pashésitéàassassinerBrock.Quandbienmême il le considérait commeunfilsetluiavaitconsacrédescentainesd’heuresdetravail.

Brockseraitunhommemort.—Tun’aspaslamoindreidéedequic’était,pasvrai?(Camsecouala

têteenriant,puisserassit.)C’étaitBrock«laBête»Mitchell.Bonsang,ilestquoi,Jillian?Deuxfoischampionpoidslourd?Etunefoispoidsmi-lourds?MonDieu…(Camsemblaitsurlepointdes’évanouir.)Jen’arrivepasàcroirequ’ilaitarrêté.Le regarder sebattre,c’était commevoirunTitanassénerdescoupsdepoing…

Entendre Cam faire l’éloge de Brockmemettait terriblementmal àl’aise.Quelqu’unmeparlasansdoutecarenrelevantlatêteversAvery,jemerendiscomptequ’elleattendaituneréponse.

Ettoutàcoup,jefusincapabledecontinuer.Jenevoulaisplusresterici.SavoirqueBrocksetrouvaitdanslamêmepiècequemoiaprèstoutes

cesannéesmerenvoyaitirrémédiablementàcettenuit-là.— Pardon. Je neme sens pas bien. (Je croisai le regard surpris de

Grady,puisceluiinquietd’Avery,avantd’attrapermonsac.)J’ail’estomac

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fragile.Oh,monDieu.Avais-jeditçaàvoixhaute?Laréponseétaitoui.Jenepouvaisplusrevenirenarrière.Le rouge aux joues, je posai des billets sur la table, plus que

nécessaire, etme levai.Après avoirmarmonnémes au revoir, je couruspratiquementjusqu’àlasortie.Cen’estquelorsquejefusassisedansmavoiture,lemoteurenmarcheetlesmainscrispéessurlevolant,quejemerappelaicequeBrockm’avaitditavantdes’éloigner.

Ilcomptaitmerevoir.Bientôt.

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4

Rhage,quiportaitlenomdemonpersonnagepréférédeLaConfrériedeladaguenoire 1,mejugeaitduregardcommeseulunchatpeutlefaire.Lepetitdémontigrémarronetblancétaitperché…

Surmesmollets.Avecunsoupir,jetournailatêteetjetaiunœilauréveilposésurma

table de nuit. Il était presque 11 heures, un samedi matin… et j’étaisencoreaulit.

Rhageavait sansdoute enviedemangerdes croquettes fraîches. Entoutcas,cellesdanssagamellenesemblaientplusluiconvenir.

Unhiver,ensortantduboulot,jel’avaistrouvécachésousmavoiture.Il n’était encorequ’un chaton. Il commençait àneiger et lepauvre étaitaffaméettouttremblotant.Alorsjel’avaisrecueilli,cequej’avaispresqueaussitôtregretté.

Quatre-vingts pour cent du temps, ce chat fuyait la compagnie deshumains, y compris lamienne. Ilme tolérait seulement parce que je lenourrissais.Ilaimaitsecacheretattendrepatiemmentquejepassedevantluipoursejetersurmoitoutesgriffesdehors.

Cechatétaitlediableincarné.Maisjel’aimaisquandmême,parcequedanssesbonsjours,soitvingt

pourcentdutemps,ilmelaissaitluifairedescâlinsetiln’yavaitriendemieuxencemondequ’uncâlinavecunchat.

— Arrête de me regarder comme ça, marmonnai-je en plissant lesyeuxauchatsansdouteleplusvicieuxdelaplanète.Jemelèvedanscinq

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minutes.Sesoreilless’aplatirent.Jesoupiraiencoreunefois.Laveille,j’avaiseudumalàm’endormir.

L’apparition surprise de Brockm’avait perturbée. Averym’avait appeléetroisfoisjusqu’àcequejedécroche.Jeluiavaismentietluiavaisrépétéquej’avaismalauventre.Ellenem’avaitsansdoutepascrue,maisàmaconnaissance, elle ne savait pas grand-chose sur Brock. Elle n’avait pasvécuoùnousavionsgrandi.Àmoinsque l’unedes filles luiaitparlédelui,elleneconnaissaitaucundétail.

Grognant, je couvris mes yeux avec mes mains. Je n’arrivais pas àcroirequej’avaisditdevantCam,Gradyetellequej’avaisdesproblèmesintestinaux.

MonDieu.Ilfallaitm’empêcherdesortirenpublic.Le simple fait d’y repenser me donnait le rouge aux joues. C’était

terriblementgênant!Après mon comportement de la veille, je doutais que Grady me

rappelle.Pourêtrefranche,jenesavaispascequej’auraispréféré.Nousnous étions plutôt bien entendus, je pense, et il n’avait pas eu l’airrepoussé par mon physique. Il était mignon, intelligent, mais… je neressentaisrienpourlui.

Pasd’étincelle.Pasdesoufflecoupé.Pasdedésir.Rien.Enyréfléchissant,çaavaitétépareilavecBen.Ilavaitétélepremier

mecàs’intéresseràmoietj’étais…tellementseule.Jevoulaisseulementêtre désirée. Alors j’étais restée avec lui, longtemps après la dated’expiration de notre histoire, parce que je souhaitais désespérémentressentirquelquechose.

C’était le problème, quand on lisait autant de romans d’amour quemoi. Je voulais ce que les héroïnes avaient. Ressentir une attirancedévastatrice,dévorantecommecellequej’éprouvaispour…

J’ouvrislesyeux.Ilétaithorsdequestionquej’empruntedenouveaucechemin.Non.Plutôtmourir.Jem’enétaisbiensortiejusqu’àprésent…enfin,presque.

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Bon,d’accord.Jemementaisàmoi-même.Lavérité,c’étaitqu’ilnes’écoulaitpasunesemainesansquejepenseà

Brock.Avant,c’étaitunejournée.Parfoismêmeuneheure.Alorsréussiràpassertouteunesemainesansmedemanders’ilétaitheureuxavaitétéungrandpas en avant. Il était hors de question que je régresse parce qu’ilétaitapparumystérieusementdanslemêmerestaurantquemoilaveille.

«Onsevoitbientôt.»Unfrissondansasurmapeau.Qu’avait-ilpubienvouloirdireparlà?

Àmoins qu’il ne compte passer du temps en ville et utiliser notre salled’entraînement, il n’y avait aucune raison pour que nos chemins secroisent. Iln’avaitpasparlédemonnouveau jobau seinde l’entreprisefamiliale,mais je n’aurais pas été étonnée quemon père lui en ait faitpart.

Repoussantunemèchedecheveuxquitombaitdevantmonvisage,jerepensai à la première fois que j’avais vu Brock. C’était aumilieu de lanuit. Jem’étais réveillée à la suited’un cauchemar. Jeneme souvenaispas de quoi j’avais rêvé, mais j’avais soif. Aussi j’étais sortie de machambre.

De la sueur froide perlait à mon front. La main sur la rambarde, jedescendissansbruitl’escalier.Enentendantlavoixdemonpère,jemefigeaien plein milieu. Papa parlait bizarrement, de ce ton qu’il prenait parfoisquandildiscutaitavecmesoncles.

—Quandas-tumangépourladernièrefois,mongarçon?—Je…Jenesaispas,réponditunevoixhésitantequejeneconnaissais

pas.Avant-hiersoir,jecrois.Curieuse, je me faufilai jusqu’à la dernière marche, sur la pointe des

pieds, et jetaiun coupd’œilde l’autre côtédumur.Monpère se tenaitaucentredelapièce,lesbrascroiséssurlapoitrine.Ungarçonunpeuplusâgéquemoiétaitassisaubordducanapé.

Lorsque j’aperçussonvisage, jeplaquaiunemaindevantmabouche. Ilsaignaitdufront,etilavaitégalementunegrossecoupuresouslalèvre.Cela

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avaitl’airdefairemal.Sonœilétaitnoiretgonflé.Il ressemblaità l’undeshommescontre lesquelsPapasebattaitparfois

auboulot.SaufquePapan’auraitjamaisfrappéunenfant.Jamais.—C’estpourçaquetuasessayédemevoler?demanda-t-il.J’écarquillailesyeux.Legarçonhaussauneépaule.—Jesuisquelqu’undepatient.Jepeuxrestericitoutelanuit.Jepeux

aussi appeler la police pour qu’il te jette en taule. En revanche, si tu meparles,jetedonneraiàmanger.Qu’est-cequetuendis?C’estàtoidevoir.

Plaquée contre le mur pour me faire toute petite, j’observai le garçonadresserunregardinsolentàmonpère. Ilétait fou!Jen’aurais jamaiseul’idéededévisagermonpèrecommeça.Plusieurssecondess’écoulèrent,puisildemanda:

—Pourquoiest-cequevousn’avezpasappelélapolice?— Je t’aidéjàvu traînerdevant l’académie.Ladernière fois, tun’étais

pasdanscetétat.Etcommec’estlapremièrefoisquetuessaiesdemevoler,jesupposequelasituationachangé.Tunem’aspasl’aird’undélinquant.

Legarçonsetutdenouveau.— J’ai été à ta place, lui dit Papa au bout d’unmoment. J’ai dûme

battre et voler de la nourriture pour survivre. Je sais ce que c’est de vivredanslarue.

Lesyeuxfatiguésdugarçonsefermèrentetjecruslevoirfrissonner.— Je suis parti de chez moi il y a deux jours. Je ne pouvais plus le

supporter.Monpère…—C’estluiquit’afaitça?Ilneréponditpas,maisPapasemblacomprendrecequeçavoulaitdire

car il prononça un gros mot que je n’étais pas censée utiliser. Puis ils’agenouilladevant legarçonet luiparlad’unevoixtropfaiblepourque jepuisseentendre.Jen’avaispaslamoindreidéedecequ’ilsseracontaient.

—Allezviens,onvavoir cequ’il yadans la cuisine,ditmonpèreauboutd’unmoment.

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Quandmonpèreseretourna, legarçonauvisagetuméfiérelevalatêteendirectiondel’escalieretmevit.Jenecomprispascommentilavait fait,parce que dans cette maison toujours remplie de gens et de bruit, mêmequandtoutétaitsilencieux,personnenemevoyaitvraiment.

Pourtant,cegarçonvenaitdelefaire.

Jem’efforçaiderepoussercesouvenir,dedissiper l’imagedugarçoneffrayéetperduqu’ilavaitété.Iln’étaitpluscegarçon,commejen’étaispluscettepetitefille.

Mêmesij’avaisfaittoutmonpossiblepournepluspenseràlui,ilétaitdifficiledenepassavoircequisepassaitdanssavie.Jepouvaisrésisteràl’enviedetapersonnomsurGoogle,maisdèsquejerendaisvisiteàmafamille,ilyavaitforcémentquelqu’unquiparlaitdelui.

Je savais donc que Brock possédait une maison en dehors dePhiladelphie,pastrèsloindePlymouthMeeting.SelonmononcleJulio,ill’avait fait construire lui-même, avec une salle de gym intégrée. Jesupposais que sa fiancée vivait avec lui, mais j’essayais de ne pas troppenseràelle.

Parcequejelaconnaissais.KristenMorgan.Elleétaitprésente le soiroù ilm’avaitbrisé lecœur.Lesoiroù tout

avaitchangé.Jerespiraiprofondément,maislabrûlurequiremontaitlelongdema

gorge était toujours là. Les lèvres pincées, je contemplai le ventilateurmuralquitournaitlentement.

— Je ne retomberai pas là-dedans, dis-je à voix haute. (Rhagesursautasurmesjambes.)Jememoquedesavoirpourquoiilétaitlàhiersoir.Çan’aplusrienàvoiravecmoi.Iln’aplusaucunascendantsurmavie.

Ilfallaitquejem’enconvainque.Décidant qu’il était grand temps que jem’extirpe demon lit, jeme

redressaiettendislamainversRhage.Aumomentoùmesdoigtsallaient

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toucher ses poils, il se leva demes jambes et se sauva de la chambre,commesiunemeutedechienserrantsétaitàsapoursuite.

Jesecouailatête.—Salaud.Des fois, je me demandais pourquoi ce chat dormait avec moi.

J’attrapaimontéléphone.Lorsquejetouchail’écran,jevisquej’avaisunappelmanquédemonamieAbby.

—Mince,murmurai-jeenmerappelantquej’avaismismonportablesursilencieuxaprèsavoirparléàAverylaveille.

Celafaisaitdessemainesquejen’avaispaseuAbbyautéléphone,etpratiquementunanquejenel’avaispasvue.J’avaisprévud’allerboireuncaféavecelleenrentrantchezmesparents,àThanksgiving.Coltonetelles’étaient mariés plusieurs années plus tôt. Depuis, ils rénovaient unevieillemaisonduXIXesièclequ’ilsavaientachetée.

Jeremarquaisoudainquej’avaisundeuxièmeappelenabsence,etunmessage, d’un numéro local que je ne connaissais pas. Curieuse, jeconsultaimonrépondeur.

— Salut, Jillian. C’est, euh… C’est Grady. On s’est rencontrés hiersoir ? (Un rire gêné résonna.) Évidemment que tu t’en souviens. Bref.J’espèrequetunem’envoudraspas,maisj’aisoutirétonnuméroàAvery,parce que je voulais savoir si ça te dirait d’aller voir l’expo dont je teparlais.Jeneseraipasenvilleceweek-end,maisj’adoreraisqu’onsevoieàmonretour.

Incrédule, je fixai mon téléphone avec de grands yeux tandis queGradymedonnaitsonnuméro,puisriaitenserendantcomptequ’ilavaitdûs’afficherquandilavaitappelé.Lafaçondontils’amusaitdesapropremaladresseétait…mignonne.

Grady avait envie deme revoir… alors que j’avais quasiment admisquejenecontrôlaispasmesintestins.C’étaituneblague?

Unéclatderireincrédulem’échappa.Jenesavaispasquoipenser.Ilallaitmefalloirdeslitresdecafépouryvoirplusclair.

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Je rejetai les couvertures sur le côtéetme levaidemon litdouillet.Marchant sur la moquette moelleuse, j’empruntai le couloir étroit quimenaitàlacuisineetlasalleàvivrebaignéeparlalumièredujour.Ici,lesolétaitrecouvertdeparquetetilétaitfroidsousmespiedsnus.

Rhage était assis sur l’îlot de la cuisine. Sa queue touffue battait dedroiteàgauchetandisqu’ilmeregardaitm’approcherdelacafetière.

— Ta gamelle est pleine, lui dis-je en posantmon téléphone sur leplandetravail.Tupeuxmangerdescroquettes.Çanevapastetuer.

Lorsquejemeretournai,Rhagedescenditdesonperchoiretserenditdans le salon. Une seconde plus tard, j’entendis l’une de mes grandesbougiestomberparterreetrouler.

—Salaud,marmonnai-jeavantdeluidire,plusfort:Tumangerascequ’ilyadanstagamelle.

Uneautrebougietombaparterre.Jecroisailesbrassurmapoitrine.—Toncapricenemarcherapas.Ilyeutunmomentdesilence.Puisungrandbruitsourdretentit.Le

chandelierenboisvenaitderejoindrelesbougiesparterre.Cefutensuiteletourdelatélécommande.Jesavaisqu’ilallaits’enprendreàdesobjetsde plus en plus gros et fragiles, comme les bouteilles bleues en verresoufflésurlatablebasse.

—Qu’est-cequetuessusceptible!Avecunsoupir, jemeretournaietmedirigeaiversmonpetitcagibi.

J’ensortisuneboîtedepâtée.Quandj’enôtailecouvercle,cefutcommesij’avaissonnélerepas.Despetitspasfeutrésrésonnèrentsurleparquetet bientôt Rhage se mit à tourner autour de moi dans la cuisine. Jehaussaiunsourcilenlevoyantseprendrelespattesdanssonbold’eau.Duliquides’enéchappa,sedéversantsurletapissurlequelétaientposéessesgamelles.

Rhagemeregardaavecsesyeuxjaunes,lesoreillesdressées.Jesavaisquec’étaitimpossible,pourtant,j’auraispariéquecesalechatsouriait.

Ilétaitgonflé,quandmême.

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Mesyeuxseposèrentsurmonportable.LeriredeGradyétait…chou.Celanemecoûtaitriendelerappeleretd’acceptersaproposition.

Peut-être.Plustard,aprèsavoirlusansdoutelatotalitédesarticlesdeBuzzfeed,

j’attrapaimontéléphoneetappelaiGrady.On semit d’accord pour se voir leweek-end suivant, lorsqu’il serait

rentré.

1.SagaderomanceparanormaleécriteparJ.R.Ward.(N.d.T.)

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Je passai le reste de mon samedi et la grande majorité de mondimancheàmeféliciter.AvoiracceptéderevoirGradysansCametAveryétaitungrandpasenavant.Unénormepasenavant,même.

Iln’yavaitpasàdire:c’étaitmieuxquedevivreenermitedansmonappartementetmedisputeravecmonchat…toutenessayantdenepasfaire tomberde la glace surmonKindle et deme servir demonventrecomme d’une table pour mon bol. Malheureusement, c’était tout à faitmongenre.

Le dimanche soir, je restai un temps infini dans mon dressing. Jen’arrivaispasàdéciderdeceque j’allaismettre le lendemainpourmonpremierjourdetravailàl’académie.

Lasonneriedutéléphoneinterrompitmaréflexion.—Tuashâted’êtreàdemain?demandaaussitôtmamèrequandje

répondis.Jesouris.—Oui!Maisjestresseunpeu.Jesuisentrainderegardercequeje

vaisporter.—Machérie,c’estunespaced’entraînement.Tupeuxyallerenjean.—Ahnon!(Jesecouailatêteavantdepasserenrevuelespantalons

noirsquejepossédais.L’espaced’uninstant,jem’attardaisurlesjupesetrobesquejenemettaisjamais.)LepersonneldePhiladelphieneportepasdejean.Saufsiçaachangépendantmonabsence…

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—C’estlaboîtedetonpère.Tupeuxportercequetuveux,mefit-elleremarquer.

Cen’étaitpasvrai. Loinde là.Monpèreétait legrandpatronetonavaitcrééleposted’assistantedumanagerrienquepourmoi,cequiallaitsans doute être mal perçu par certains employés de Martinsburg.J’essayaisdenepasypenser.

—Comments’estpasséetasoiréeavectesamis?medemanda-t-ellepourchangerdesujet.

—Bien.(Jesortisunpantalonetleplaçaidevantmoi.)Enparlantdeça,tunedevinerasjamaisquij’aicroisé.

—LePèreNoël?Jelevailesyeuxauciel.Mamèreétaitdingue.Jel’adorais,maiselle

étaitquandmêmetrèsbizarre.—Euh,non.Brock.Mamèrerestasilencieuse.Mesdoutesremontèrentàlasurface.—Tuneluiauraispasparlé,récemment?Ellemarquaunepauseavantderépondre.—Si,ilyaunesemaine.Rhagepassadevantlaportedudressing.Jemetournaivivementvers

lui.Ilpourchassaitcequi,j’espérais,étaituninsecteimaginaire.—Tuluiasditoùj’étaisvendredisoir?—Non,répondit-elleaussitôt.Jesaiscequeturessensparrapportà

lui.Jeneluiauraisjamaisditoùtetrouver.C’étaitunedrôledefaçonderépondreàmaquestion.—Tuluiasparlé?s’enquit-ellecommesiellemarchaitsurdesœufs.Sortantdudressing,jeposaimonpantalonsurunechaiseàcôtédela

porte.—Oui,unpeu.—Et…ças’estbienpassé?—Çaallait,répondis-jed’unevoixhésitante.(Jenevoulaispasqu’elle

croiequeBrocketmoi,onallaitredevenirlesmeilleursamisdumonde.)

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Tusaispourquoiilétaitici?—Donc,vousavezdiscutéetças’estbienpassé?medemanda-t-elle

àlaplace.Jillian,çafaisaitcombiend’annéesquevousn’aviezpasparlé?—Trèslongtemps,mais…—Jesuissûrequeças’estmieuxpasséquetuneveuxbienmeledire.

Çat’aforcémentfaitplaisir.J’allaisluirétorquer«pasdutout»,maisaufonddemoi,j’avaispeut-

être été contentede le revoir. Jen’en savais rien.Pourquoi aurais-jedûl’être,aujuste?

—Machérie,jesaisqu’onaeucetteconversationdesdizainesdefois,maisvousétieztrèsproches,touslesdeux.Dèsquetonpèrel’aramenéàla maison, tu as commencé à le suivre comme son ombre. Il était lapersonnelaplusimportantepourtoi,àunmomentdonné,etjesaisquepourlui,tul’estoujours,medit-elle.(Jeserrailepoingdemamainlibresifortquemesdoigtsmefirentsouffrir.)Alors,luireparlerenfin,çaadûêtrequelquechose.Tuétaisuneamiespécialepourlui,Jilly.C’estpourçaqu’unjourvousfinirezparvousretrouver.

Jeprisunegrandeinspiration.Quelqu’und’autrem’avaitditlamêmechoseparlepassé.

—Jenesuispluscetteamie,Maman.C’estfini.Ceneseraplusjamaiscommeavant.

—Peut-être,maislefuturn’estpastouttracé.Jen’avaispasenviedeparlerde ça.Cette conversationnemenaità

rien.JenecomptaispasrevoirBrock.—Bon,ilfautquejetelaisse.Onserappellebientôt,d’accord?Ma mère soupira. C’était davantage un soupir d’inquiétude que

d’agacement.—OK.Àbientôt.Jet’aime.—Moiaussi.Aprèsavoirraccroché,jem’assissurleborddulit.Dessouvenirsque

j’auraispréféréoublierremontèrentalorsàlasurface.Àcausedeceque

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mamèrem’avaitdit,maiségalementdesparolesqu’avaitprononcéesmonamieKatiequelquesheuresavantquemavienechangeàjamais.

—Pourlui,tuesuneamiespéciale,Jillian.Jen’avaisvraimentpasbesoinqu’elleenfonceleclou,maisjenedisrien.

KatieBarbaraétaitentraindedisséquerlesdixdernièresannéesdemavieavecunesagessedontseuleunestrip-teaseusemédiumpouvaitfairepreuve.

— Tu es l’amie qui répond toujours présente, quoi qu’il arrive. Mêmequandtun’enaspasenvie,tueslà.(Ellebranditsatranchedebacongrillédansmadirection.)Tuescegenred’amie-là.

Je baissai les yeux versmesœufs brouillés et soupirai. Pourquoi est-cequ’onparlaitdeça?Si j’avaiseuunRetourneurdeTemps, jen’auraispashésitéàremonterdanslepassépourempêchercetteconversation.

Àcôtédemoi,AbbyRamseysepenchaenavant,lescoudessurlatable.Je relevai la tête, à la recherche de la serveuse. Ça aurait été cool qu’ellevienne nous apporter l’addition. Sauf qu’on était samedi matin et que leIHOPétaitbondé.

Katiemorditdansunmorceaudebacon…ledernierquimerestaitsurmonassiette.

—Leweek-enddernier,parexemple.Tun’étaispasrentréechez toidetoutl’été.Pourtant,tuasaccouruici,alorsqu’ilnerestequedeuxsemainesavantlarentrée.

J’allaismejustifierquandAbbypritlaparole.—Katie,ellen’estpasvenuerienquepourlui.Ehbien,enfait…M’adossantàmonsiège, jegardailes lèvresscellées.Celanem’étonnait

pasqu’Abbyprennemadéfense.ElleétaitplusprochedemoiqueKatie.Abbyet moi nous étions rencontrées quelques années plus tôt, à une séance dedédicace pour un livre. Notre amour commun pour la lecture avait donnénaissanceàunejoliehistoired’amitié,malgrénosdixansd’écart.

L’amourdeslivresn’avaitpasd’âge.

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Katie,jel’avaistoujoursconnue.DanslabanlieuedePhiladelphie,toutlemondelaconnaissait.Etpasseulementparcequ’elletravaillaitdansleclubde strip-tease en faceduMona’s.Ouparcequ’elle sedisaitmédiumdepuisqu’elleavaitfaitunemauvaisechutedelabarredepoledance.

Katieétaitsimplementamieavectoutlemonde.Iln’yavaitpersonnelà-dehorsavecquiellen’avaitpasdiscutéaumoinsunefois.

Pourtant, à cet instant précis, je regrettais d’avoir accepté ce petitdéjeuner.

—Tusaistrèsbienqu’elleestlàpourça,rétorquaKatieenterminantlebacon. (Elle recoiffa ses cheveux en arrière.) Il est le seul à pouvoir laramenericienclaquantdesdoigts.

—Cen’estpasvrai,luifis-jeremarquerenattrapantmonverredesoda.Jesuisrentréelemoisdernier,jetesignale.

—Encoupdeventpourlafêtenationale,dit-elle.Lesoupird’Abbyseperditdanslagorgéedecaféqu’elleavala.—JecroisquecequeKatieessaiededire…—Ellesaittrèsbiencequej’essaiededire.(Katieremontalamanchede

sontee-shirtvioletsursonépaule.Sesyeuxcouleurocéanplongèrentdanslesmiens.) Il la traite commesapetite sœuret/ou sonesclave. Ilne laméritepas.Pasencore.

Touteslescellulesdemoncorpssefigèrent,puissecrispèrent.Lelongdemondos,mesmuscles se tendirent.Mapeaumepicota commesi elle étaitparcouruede fourmis rouges. J’avais toujours été quelqu’unde posé.Àmamort, j’étais à peu près sûre qu’on écrirait « calme et réfléchie » sur matombe. Pourtant, rien ne me faisait perdre mon sang-froid plus vite quequelqu’unquidisaitdumaldelui.

—NeparlepasdeBrockcommeça.Mavoixétaitglaciale,maisunfeuardentbrûlaitdansmonventre.—C’estunadulte.(Katiehaussalesépaulessansprendreencomptemon

avertissement.) Ilprendsespropresdécisions.Etce,depuisaussi longtempsqu’onleconnaît.Toi,tuvisdanssonombre.

—Ditcommeça,c’estunpeupathétique.

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Je reposaimonverre sur la tableavantqu’il glisseaccidentellementdemes doigts. Dans le futur, mon épitaphe se transforma en « colérique etimpulsive».

—Jenetelefaispasdire…Jerestaibouchebée.ToutlemondesavaitqueKatiepouvaitsemontrer

trèsfranche,maislà,elledépassaitlesbornes.—Katie,soufflai-je,lesyeuxécarquillés.—Tuesalléefairesescoursespourlui,merappela-t-elle.Jesavaisdequoielleparlait.Celas’étaitpasséunanetdemiplustôt.—Ilpouvaitàpeinebouger,protestai-je.—Tuaslavésonlinge,poursuivit-elle.Sontee-shirtvioletglissadesonépaule.Jeladévisageai.—Ilvenaitdesefaireopérer!—Tuasmêmefaitleménagedanssonappart!terminaKatieentapant

danssesmains.Quifaitça?Perso,jen’aipasunseulami,pasunseul,quiferaitleménagechezmoi.Iln’yaquetoipourfaireça.

Jerefermailabouche.—C’estpeut-êtretoiquiasbesoindemeilleursamis,c’esttout.Katiepenchalatêtesurlecôtéethaussalessourcils.—CequeKatieessaiede tedire,c’estquetues toujoursprésentepour

Brock.Tusoulèvesdesmontagnespourlui,repritAbbyetcettefois,Katienel’interrompitpas.Alorsquelui…

Elleneterminapassaphrase.Ellen’avaitpasàlefaire.Parcequ’elleétaittropgentille.EtBrockétait…Brock.JeprisunegrandeinspirationavantderegarderKatiedanslesyeux.—J’aifaittoutçapourluiparcequ’ilétaitgravementblessé.Jel’aiaidé,

c’esttout.—Etmaintenant,ilvamieux.(Katieremontadenouveausontee-shirt.)

Leweek-endprochain,c’estsonretourtantattendudanslacompétition.

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Monventreseserra,commechaquefoisquejepensaisàcefuturcombat.Brocks’entraînaitpoursongrandretourdepuisquelesmédecinsluiavaientdonnéleuraccord.

Toutsepasseraitbien,jelesavais.Parcequemonpèren’hésiteraitpasàl’empêcherdesebattres’ilpensait

qu’il n’était pas prêt. Mon père n’était pas n’importe qui. C’était AndrewLima,expertenju-jitsuetfreefight.

IlavaitdécouvertBrockàquatorzeans.Dèsledébut,celui-cin’avaiteuaucunmal à reproduire ses attaques. Plus jeune, il avait appris tout seulcertainesfrappesetprisesdesoumission.

J’avais huit ans quand mon père l’avait fait entrer dans le cercle desLima,dansnotrefamille.Souslatutelledemonpère,Brockétaitdevenulastardelacompétitiondèsqu’ilavaitétéenâgedesebattre.Toutlemondesel’était arraché. Les publicitaires, les chaînes de combat à la demande… Ilavaitconnuuneascensionfulguranteet j’avaisétéheureusepourlui,parceque Brock n’avait pas eu une vie facile et personne, personne, neméritaitautantqueluid’êtreheureux.

Puis, environ deux ans plus tôt, pendant qu’il entraînait une nouvellerecrue dans les locaux principaux de l’académie, il avait souffert d’unerupture du grand pectoral, une blessure grave. La terreur et l’impuissancequej’avaisressentiesalorsremontèrentàlasurface.Jelerevoyaisàgenoux,la main posée sur son torse, le visage déformé par la douleur. Devant lagravité de la situation, il avait tout de suite été emmené à l’hôpital poursubir une opération. Heureusement, avec du repos et de la rééducation, ilavaitréussiàretrouvertoutessescapacités.

Secouantlatête,jerevinsauprésent.—C’estmonami.J’auraisfaitexactementlamêmechosepourvous.Katie avait l’air de vouloir dire quelque chose, mais elle se ravisa. Je

ressentisungrandmalaise.Katiene se retenait jamais.Çanepouvait pasêtrebonsigne.

Enmême temps,aucunedemesamiesne comprenaitma relationavecBrock.Personnenelavoyaitd’unbonœil.

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Jeprisunegrandeinspirationetrelevailatête.— Brockm’ademandéde rentrer ceweek-end, c’est vrai. Il veut qu’on

aillemanger ensemble ce soir, juste lui etmoi. Pour fêter son retour à lacompétition.Onn’aurapas l’occasionaprèspuisqu’ilpartdemainsoiravecmonpèrepours’entraînerlà-bas.

Abbyécarquillalesyeux.—Ettunousdisçaseulementmaintenant?Memordantleslèvrespourm’empêcherdesourire,jehaussailesépaules.— Je n’ai pas eu le temps, étant donné que quelqu’un… (Je

m’interrompis pour adresser un regard noir à Katie.)…me fait lamoraledepuisunedemi-heure.

—Jeneregrettepasdel’avoirfait,rétorquaKatie.—C’estunrendez-vousgalant?demandaAbby.Mon estomac se noua encore une fois. Un rendez-vous galant ? Mon

Dieu. Cette seule penséeme donnait à la fois envie d’éclater de rire et devomir…cequi,jel’admets,auraitétéplutôtimpressionnant.Etdégoûtant.

—Cen’est pas vraimentun rendez-vous. Il n’apasdit ça.Mais onneseraquetouslesdeux.

Abbyouvritlabouche,puissetournaversKatie.J’attendis.Jesavaisquejen’allaispasaimercequ’elleavaitàdire.

Katieposalesbrassurlatableavecforce.Lescouvertss’entrechoquèrent.—Situnesaispassic’estunrendez-vous,cen’estpasunrendez-vous.Lesourirequej’avaisessayéderepoussers’évanouit.—Jen’aipasditquec’enétaitun,Katie.Ellesoupiraviolemment.—Desfois,jedétestevraimentcetype.Je me dégonflai comme un ballon dans lequel on avait enfoncé une

aiguille.Katienecomprenaitrien.Ilétaitgrandtempsdechangerdesujet.Jejetaiuncoupd’œilàAbby.

—Vousaveztoujoursl’intentiond’allerauxPoconos,Coltonettoi,pourvotreanniversaire?

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—Oui!Leweek-endprochain.J’aidumalàcroirequeçafaitdéjàdeuxans.

Seslèvress’étirèrentenunjolisourire.—Ilseraitgrandtempsquevousnousfassiezdesbébés,intervintKatie.Abbyécarquillalesyeux.—Jenesaispastrop.Jesouris.Lesbébésd’AbbyetColtonallaientêtreadorables.Toutcomme

la façon dont ils s’étaient trouvés. C’était une histoire digne des romancesqu’Abbyéditait.Ilss’étaientconnusaulycée.Àl’époque,AbbyavaitlebéguinpourColton,mais ilne s’était jamais rienpassé entre euxet elleavait finipar en épouser un autre. Puis son mari était mort. Plusieurs années plustard, Abby avait été témoin d’un meurtre… Colton avait été chargé del’enquête.Vousparlezd’unecoïncidence!

— Et toi ? demanda Abby en dévisageant Katie. Quand est-ce que tuarrêteslapoledancepouravoirdesgamins?

—Arrêterlapoledance?(Katies’esclaffa,latêterejetéeenarrière.)Sij’aides enfantsun jour, il esthorsdequestionque j’arrêtededanserpoureux.

Je serrai les lèvres pour empêcher un gloussement de m’échapper.J’imaginaisKatie,enceinte,entraindetournoyersurlabarredepoledance.Si quelqu’unpouvait faire du strip-tease tout enattendantunbébé, c’étaitbienKatie.Etelleseraitsansdoutemerveilleuse.

La serveuse nous apporta enfin l’addition et on sortit dans le soleilaveuglantdecematind’août.J’enfilaimes lunettesdesoleil,puispromisàKatiedevenirluirendrevisiteauclublesoirmême.

Jeleluipromettaistoutletemps.Maisjen’yallaisjamais.Jen’avaisriencontrelesclubsdestrip-tease.Seulement,connaissantma

chance,jerisquaisdetombersurunmembredemafamilleetalors,bonjourlahonte.

Mafamilleétait siétendueque jenepouvaispasmepromenerdans laruesanscroiserunLima.Mescousins,neveux,nièces,etsurtoutmesoncles

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étaientabsolumentpartout,commesiunêtresupérieuravaitvomidesLimasurPhiladelphie.Une fois, j’étaisallée chez legynécoetmononcleJulio setrouvaitdanslasalled’attenteavecsatrès,trèsjeunefemme.

Nicolen’avaitquesixansdeplusquemoi.C’était l’unedecesfillesquibrandissentlenumérodesroundssurlering.Entreeux,çaavaitétélecoupdefoudre…dèsqu’ill’avaitvueenshortéchancréetbikini.Nicoleétaitsupergentille. Super belle. Et super enceinte. Sans rire : chaque fois que je lavoyais,elleétaitenceinte.ÀNoël,j’avaistoujourspeurd’oublierl’undeleursrejetons.Ilsenavaientbeaucouptrop.Julioétaitunenfantdumilieu,plusjeunequemonpère,maisilavaitdéjàplusdequaranteans.Onauraitdoncpupenserquesesnageursallaientfinirentparfatiguerundecesjours…

Maisnon.Bref.Lecroiserchezlegynécoavaitétéaffreux.Julioétantpersuadéque

j’étais vierge, il n’avait pas compris pourquoi j’avais besoin de consulter.Comme si les femmes allaient seulement chez le gynéco après des rapportssexuels.

J’aimaismononcle,maisparfois,iln’étaitpastrèsfuté.Ilavaittoutdesuiteappelémonpèrepourluiannoncerquej’avaisune

vie sexuelle. Quand j’étais rentrée à la maison, ce soir-là, j’avais eul’impressiondemeretrouversurleplateaud’OprahWinfrey.

Alorsoui,jesavaisquesijemerendaissurlelieudetravaildeKatie,jetomberais forcément sur un oncle ou un cousin pendant qu’une filletrémousseraitsesseinsdevantmoi.Ettoutçafiniraitenthérapie.

Abbym’accompagna jusqu’àma vieille Toyota et ensemble, on regardaKaties’éloigneràvivealluredanssaMustangflambantneuve.

—Elleestdingueetaupremierabord,onadumalàl’apprécier,meditAbbyensetournantversmoi.Maisjel’adore.

Avecunsourire,jem’appuyaicontremavoitureetrepoussaimafrangesur le côté. Il fallait vraiment que je la laisse pousser. Elle commençait àm’agacer,surtoutenété.Maisc’étaitcequejemedisaisdepuisquej’avais…oh,quatorzeans.Jelacoupaistoujoursdelamêmefaçon.Droite, justeauniveaudemessourcils.

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Peut-êtrequecettefoisj’allaisvraimentleslaisserpousser.Peut-être.Sinonjepouvaismefairelamêmecoupequ’Abbydontlescheveuxbruns

luiarrivaientauxépaules.Lesmiensavaientlacouleurduchocolataulaitettombaientdansmondos,endessousdemonsoutien-gorge.Pourtant, jeneles portais jamais détachés. Plus maintenant. Je me faisais toujours unchignon.Alorspourquoim’entêtais-jeàlesgarderlongs?

—Jillian?Me rendant compte que jem’étais perdue dans la contemplation de la

route,jemetournaiversAbby.Ellemesouritencoreunefois.Abbyétaitunebelle femme. Quand elle souriait, elle était éblouissante. Et elle souriaitbeaucoupdepuisqu’elleétaitavecColton.

—Oui?Ellem’examinaintensément.—TusaisqueKatieneveutquetonbien,pasvrai?Mesépaulessetendirent.—Jesais.— Elle est juste un peu trop… directe des fois, c’est tout, dit-elle en

faisant un pas vers moi. Mais elle a toujours de bonnes intentions. Elles’inquiètepourtoi.Moiaussid’ailleurs.EtStephanieaussi.

Jefronçailessourcilsetmedandinaid’unpiedsurl’autre.—Pourquoiest-cequevousvousinquiétez?Jevaistrèsbien.Abby pencha la tête sur le côté. Elle avait perdu son sourire. Le doute

envahitsonexpression,puisellesoupiraethochalatête.— OK, dit-elle au bout d’un moment. (Elle me prit dans ses bras et

m’embrassa sur la joue.)Onmange toujours ensemble, demainmidi, avecStephanie?

Rassuréedevoirqu’ellenecomptaitpasinsister,jeluirendissonétreinte.— Ça dépend de Nick et de Colton. Ils survivront sans vous aussi

longtemps?Abbyéclataderireavantdes’écarter.Elleremontal’ansedesonsacsur

sonépaule.

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—Ilsseferontuneraison.Étantdonnéquelesdeuxcouples(AbbyetColton,etStephanieetNick)

étaient toujoursaussiamoureuxqu’aupremier jour, jenepouvaispas leurenvouloirdepréférerresteraulittoutleweek-end.

—Àdemain.Jeluifissignedelamain,puismeretournai.Aumomentoùjemontais

dansmavoiture,montéléphonebipa.J’avaisreçuunmessage.Aprèsavoirallumé la clim, je sortismonportabledemon sac.Lenom

qui s’était affiché sur l’écranme coupa le souffle et me serra joyeusementl’estomac.Jenepusempêchermeslèvresdes’étirerenunsourire.

Brock.Lorsquej’ouvrislemessagepourlelire,jesouriaisbêtement.Hé, Jillybean, changement de plans ! Des potes sont de passage en

ville.JevaislesvoirauMona’s.Tupeuxmeretrouverlà-basà19heures?Mon sourire s’assombrit légèrement. Qui était de passage en ville ? Je

secouailatête.Celan’avaitpaslamoindreimportance.Ilcomptaittoujoursdîner au fameux Steakhouse pas très loin du Mona’s. On allait mangerensemblequandmême.Onallaitsevoirquandmême.

Je lui répondis que j’étais d’accord, puis posai mon portable dans leporte-boisson.Jesoupiraidoucement.Cesoir,j’allaisprouveràBrockquejen’étaisplusunepetitefille.

Etilcesseraitdemevoircommesasœur.

Repoussant mes souvenirs, je contemplai mon téléphone. Mes yeuxme brûlaient. Des larmesme brouillaient la vue.Mon Dieu. J’avais ététellementaveugleetstupide!Pourtant,j’avaisétéheureuse.Jen’avaispashésitéàprendredesrisques.

Tomber amoureuse de Brock avait été un risque. L’amour étaittoujoursunrisque.J’avaisétécourageuse.Aveugleetstupide,certes,maiscourageuse.PourtoutcequitouchaitàBrock,j’avaistoujourseutendanceàplongertêtelapremièresansremonteràlasurfacepourrespirer.

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J’avais vécu pleinement, sans hésitation. Bien sûr, j’étais timide àl’époque, et parfois je me sentais écrasée par le poids de ma famillegigantesque, mais la Jillian d’avant faisait des tas de choses : ellecollectionnait les livres de façon compulsive ; elle se rendait à desdédicacespourrencontrerdesauteurs;elleforçaitdesamisàalleràNewYork avec elle ; et le dimanche, elle partageait son petit déj avec lesmeilleures amies dumonde. Jeme rappelais que j’avais soif de tant dechoses. J’avais envie de voyager, d’écrire un roman, de rencontrermonauteurpréféréedetouslestemps:laReine,aussiconnuesouslenomdeJ.R.Ward.Jerêvaisdemetenirunjourauxcôtésdemonpèredevantuncombattéléviséensachantquej’auraisparticipéàlasélectiondestalentsquisebattaientsurlering.Jevoulais…

Tantdechoses.La fille à frange épaisse et au sourire éclatant que j’avais été me

paraissait bien loin à présent. Parfois jeme demandais si sa disparitionavait été une bonne chose. Car je ne faisais plus rien de ce que j’avaisaimé…

Jenecollectionnaisplusleslivres.Jen’allaisplusàdesdédicaces.Jen’avaisjamaisvoyagé.Jen’avaistoujourspasrencontréJ.R.Ward.Jusqu’à récemment, je n’avais pas non plus été liée à l’entreprise

familiale.Etjen’avaisjamaisessayéd’écrireunroman.Cequi,àbienyréfléchir,

n’étaitpasplusmal.Cetteversiondemoi,celledecessixdernièresannées,secontentait

de travailler, de rentrer chez elle, puis de se réfugier dans desmondesfictifsoùlavieétaitbeaucoupplusexcitantequecellequejemenais.Jevivais par procuration. Comment étais-je censée continuer ainsi ?Commentétais-jecenséeêtreheureusealorsquedesmotsécritssurdespagesm’excitaientdavantagequemonquotidien?

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Lâchantmon téléphone, jeme passai lesmains sur le visage etmefrottai les yeux. J’avais l’impression que j’allais m’effondrer. Jusqu’àprésent,celanem’étaitarrivéqu’uneseulefois.

Ilétaithorsdequestionquejereplonge.Demain, je commençais un nouveau travail qui allait me motiver,

parceque j’avais çadans le sang.Bientôt je retrouveraisGradypourundeuxièmerendez-vous.Etcen’étaitpastout.QuandAverym’inviteraitàprendre le petit déjeuner avec elle le dimanche suivant, comme elle lefaisaittouslesvendredisparmessage,jeneluiserviraispasmonexcusehabituelle.J’accepterais.Enavançantparpetitspas,jeréussiraispeut-êtreàramenerunpeudel’ancienneJillianàlasurface.

Etceseraitpeut-êtreunebonnechose.

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6

Le lundi matin, pendant le trajet jusqu’à la Lima Academy, j’avaisl’estomac noué. Je ne savais pas pourquoi j’étais si nerveuse. Jeconnaissais tout de la gestion de l’académie. J’avais observé mon pèrependanttoutemonenfanceetmonadolescence.

Maisaujourd’huiétaitunedateimportante.J’allaispouvoirm’acheterdestasdesacsavecmonnouveausalaire.EtRhageauraitdroitàdelapâtéetouslesjours.Pourtant, j’étais aussi à cran qu’un chat dans une pièce remplie de

rocking-chairs.Jem’étaisréveilléeuneheureplustôtqueprévuetj’avaispris le temps de travailler davantage ma coiffure, ce que je faisaisrarement.J’avaisassociélepantalonnoiramplequej’avaischoisilaveilleàunchemisierbordeauxavecdesmanchesendentellequej’avaistrouvécematin.Etmêmeavectoutcela,j’avaisdel’avancepourmerendreàlaLimaAcademy,quisesituaitendehorsdeShepherdstown,entrelafacetMartinsburg.

L’Academy se trouvait sur la Route 45, après un lotissement et unepetite ferme agricole. Je l’avais vue des centaines de fois depuis sonouverture, mais en voyant apparaître l’énorme building de deux étagesdevantmoi,jenepusm’empêcherd’êtreéblouie.

Ilappartenaitàmonpère,maisilétaitégalementunpeuàmoi.Aurez-de-chaussées’étendaitunesalledegymouverteaupublic.Ily

avait plusieurs espaces de cours collectifs, une piscine olympiqueintérieure,unsauna,des jacuzzis,unegarderieet,biensûr,unsalonde

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bronzage,parcequ’àquoibonavoirdesmusclessionétaitblanccommeunlinge?Jelevailesyeuxauciel.

Lepremierétageétaitdédiéauxartsmartiaux,descourspourenfantsintéressés par le karaté jusqu’aux cours pour adultes qui voulaientapprendreleju-jitsu,lalutte(libreetgréco-romaine)oulaboxe.Etbiensûr, il y avait également un centre d’entraînement pour ceux quisouhaitaient faire du free fight leur métier. Des cours d’autodéfenseétaientaussidispensésaupremierétage,maisilrestaitbeaucoupd’espacevideetc’étaitsursonutilisationquemonpèrevoulaitquejetravaille.

Ledernierétageaccueillaitlesbureaux.Lemiensetrouveraitlà-bas.C’étaitl’entreprisedemafamille.Etaussilamienne.Unefois, j’avaisditàAbbyque jenevoulaispassuivre les tracesde

monpère,maisj’avaisfiniparcomprendrequecen’étaitqu’unmensonge.Un mensonge que je me racontais à une période de ma vie où j’avaisbesoindemerebellercontretoutetn’importequoi,maisaufonddemoi,j’avaistoujoursvouluapportermapierreàl’édificefamilial.Aussi,lorsquejemegaraisurleparking,j’eusl’impressionderentreràlamaison.Enfin.

J’ouvrislaportièrearrièreetsortislecartonremplid’objetspersonnelsque j’avais apporté. Je n’avais pas pris grand-chose.Une bougie YankeeCandleàlacitrouillequiembaumeraitmonbureau.Unephotoencadréedemes parents prise plusieurs années en arrière àNoël.Une agrafeuserosevifqu’Averym’avaitofferteunanplustôt.EtmesFunkoPopSametDeanWinchester,parcequecesfigurinesmesuivaientpartout.

Mesentantunpeuplusàl’aise,jeprisl’ascenseurjusqu’audeuxièmeétage.Monjolisacnoirglissademonépaulejusqu’àmonavant-bras.Jememordisl’intérieurdesjouespendantquel’ascenseurs’arrêtait.

ToutcommeàPhiladelphie,lesportess’ouvraientdirectementsurunespace de travail ouvert. Les bureaux étaient vides. J’avais une heured’avance.

Au loin, j’aperçus André Lima, mon oncle, et ralentis. Malgré sesquelquescheveuxgris, ilétaitplusenformeque laplupartdeshommes

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devingtans.—Jilly!Il se précipita vers moi. Ses enjambées courtes mais puissantes

réduisirentladistancequinousséparaitenunriendetemps.Ilmepritlecartondesmains et le posa sur un bureau avant deme serrer dans sesbras.Quandilmefittournoyercommequandj’avaisdouzeans,jelâchaiuncridesurprise.Puisilmereposaparterre.J’avaisl’impressiond’avoirfaitdumanège.

—Regarde-toi,toutepomponnée!André portait un pantalon à pinces et un polo avec le logo de

l’académie.—Tuesplutôtpasmal,toiaussi,luidis-jeenrecoiffantmescheveux

enarrière.Ilritetramassamoncarton.—C’estmatenue«jevousquittebientôt».—Tuasvraimentl’intentionderetourneràPhiladelphie,alors?—Oui,çamemanque.ÀTanyaussi.Ettusaiscequ’ondit:femme

heureuse,vieheureuse.(Ilmefitunclind’œil.)Tuesunpeuenavance,non?

—Jemesuisditque j’allaisprendremesmarquesavantquetout lemondearrive.

— Bonne idée, répondit-il. Laisse-moi te montrer ton bureau. Il esttoutneuf,puisqu’onn’avaitpasd’assistantdumanageravant.

Jemeplaçaiàsadroite.— Je peux te poser une question ? Et tu peux me répondre

franchement?Toutsourire,ilhochalatête.—Est-cequejet’aidéjàmenti,Jilly?—Lesemployéspensent-ilsquelacréationdecepostenesertàrien?

demandai-je.—Jenesuispassûrdecomprendreoùtuveuxenvenir.Jesupposaisqu’ilétaitinutiledetournerautourdupot.

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—Enclair:est-cequ’ilspensentqu’AndrewLimaacréécepostejustepourfaireplaisiràsafille?

—Quoi?s’esclaffaAndré.Non.Pasdutout.Ilspensenttousquec’estunebonneidée.Crois-moi.J’auraisbieneubesoind’aide,moiaussi.J’aidemandéplusd’une foisauxcommerciauxde fairedesheures suppourm’assisteretilsn’yontpasforcémentgagnéfinancièrement.Maintenant,aumoins,ilspourrontseconcentrersurleurschiffrespendantquetoi,tuaccompagneraslenouveaumanagerauxréunions.

Celameparaissaitlogique.—Bon,jesuisrassurée.—Tupeuxl’être.Onafaitdécoreruntoutnouveaubureaupourtoi,

m’expliquamononcleens’arrêtantdevantuneportevitrée.Lesmeublesviennentd’arriver.Ilssonttoutneufs.C’estàtoi!

Le bureau me faisait penser à un aquarium. Rien à voir avec monancienbureauminusculesansfenêtre…c’étaitquandmêmeplussympa.

Legrandbureauenmerisierétait impeccable. Iln’yavaitmêmepasune tracededoigt sur sa surfacebrillante.Unordinateur flambantneufétaitposédessus,àdroite,àcôtéd’untéléphoneauxmultiplesfonctionsincompréhensiblesdignedelaNASA.Deuxchaisesavaientété installéesdevant,etlefauteuil,derrière,avaitl’airplusconfortablequemonlit.Ilyavaitunedessertecontreunmuretenface,unegrandeplanteenpotquiressemblaitàunpalmier.Unstoredissimulaitlavuesurl’extérieur.

—Qu’est-cequetuenpenses?Andréposamoncartonsurl’unedesdeuxchaisesdevantlebureau.—C’estsympa.—Monbureau,enfin,monancienbureau,estdel’autrecôté.Il tendit le bras à droite. Comme les parois étaient en verre

transparent,jepusvoircequ’ilmemontrait:lebureaudumanagerqui,lui,avaitdroitàdevraismurs.

—Ilsonttrouvéquelqu’unpourteremplacer?Danslecascontraire,jemedemandaissiunautredemesonclesallait

venirprendresaplace.

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—Tun’espasaucourant?medemanda-t-il,incrédule.Jeposaimonsacsurmonbureau.—Ilsonttrouvéquelqu’un,alors?— Oui. Depuis pas mal de temps, répondit-il pendant que je me

tournaispourm’approcherdesstores.Depuispasmaldetemps?Cen’étaitpascequem’avaitditmonpère.

JerelevailesstoresaumomentoùAndrédisait:—Ah,ilarrive.Jenel’attendaispassitôt.Enfin,jenesuispassurpris.

Toiaussi,tuesenavance.Alors,forcément,ill’estaussi.Commeaubonvieuxtemps.

Commeaubonvieuxtemps?Jemefigeai.Mesdoigtss’enroulèrentautourdelapetitemanivelleconnectéeaux

stores et jem’arrêtai de bouger, purement et simplement. Une série defrissonsremontèrentlelongdemondosjusqu’àmesépaules.

«Onserevoitbientôt.»Non.Non.Non.Son commentaire commençait à faire sens,mais je ne voulais pas y

croire.Pourquoi?Comment?Effarée,jelâchailamanivelle.Elleretombacontrelestoredansungrandbruit.Alors,lentement,jemeretournai.

BrockMitchellsetenaitdevantlaportedemonbureauflambantneuf,unsourireaucoindeslèvres.

— Bonjour,mademoiselle Lima. J’espère que votre nouveau bureauestàvotregoût.

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7

—Putain,c’estuneblague?hoquetai-je.Brockécarquillalesyeuxavantdes’esclafferàgorgedéployée.—MademoiselleLima.Unpeudetenue,jevousprie.Lerougememontaauxjoues.Commentosait-ilmedireça?Unsourireamuséauxlèvres,Andrénousregardal’unaprèsl’autre.Et

tout à coup, je compris qu’il savait pertinemment que je n’avais pas lamoindreidéequeBrockseraitlà.Toutcommemamère.Etmonpère.

Mafamilleétaitunebandedeconnards.—OK,jevais,euh…fairesemblantdefairequelquechose,ditAndré.Sans me quitter des yeux, Brock fit un pas sur le côté pour laisser

passermononclequiposabrièvementlamainsursonépaule.—Bonnechance,luiditAndréd’unairsolennel.Jeserrailespoings.Brocknes’étaitpasdépartidesonsourireencoin.Ilattenditqu’André

soitpartipourreprendrelaparole.—Jecroisquec’estlapremièrefoisquejet’entendsprononcerlemot

«putain».(Ilregardaleplafond.)Ahnon!Jemesouviensdelafoisoùtuestombéeauborddelapiscine.Jesuisàpeuprèssûrqu’ilyavaitunoudeux«putain»danslelotdetesjurons.

—Cen’estpasvrai,marmonnai-je,lecœurbattantàtoutrompre.—Ahettuashurlé«putain»lejouroùJuliot’asurpriseentrainde

t’enfuirdelamaison.Tuterappelles?Tuessayaisdemesuivre…—C’estbon,onacompris,rétorquai-je.

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Son sourire s’élargit et je sentismon ventre se serrer. Je posaimesmainsàplatsurlebureaupourmeressaisir.

—Pitié,dis-moiquejerêve.—Sic’étaitunrêve,onseraitbeaucoupmoinshabillés,j’espère!—Pardon?Mamâchoiretombaparterre.Était-ilentraindeflirteravecmoi?Ce

n’étaitpassurprenantensoi.Quandontapait«flirter»surInternet,ontombait surunephotode lui. Il était capablede faire tombern’importequellepetiteculotted’unsimpleregard.Etsesfiançaillesn’ychangeaientrien.

Ricanant, Brock s’appuya contre la porte et croisa les bras sur sontorsepuissant.Sachemiseblanchefaisaitressortirsesmusclessaillants.Jebaissailesyeux.IlportaitencoresesvieillesConverse.

—Tunerêvespas,Jillian.Jesuis lenouveaumanagerettuesmonassistante.

—Cen’estpaspossible,répliquai-jebêtement.Iljetauncoupd’œilautourdenous,puishaussaunsourcil.—C’estsiétonnantqueça?J’auraisvoulucrierqueoui,maisenvérité,j’auraisdûledevinerdès

quej’avaisvuBrocklevendredisoir.Lacolèrem’envahit.Enplusdemesentir incroyablement stupide, j’en voulais à ma famille de m’avoirtrompée.

Jeprisunegrandeinspiration.—Tupeuxmelaisseruneseconde?S’ilteplaît?Brockrestaimmobileuninstantavantdedécroiserlesbras.—Tesdésirssontdesordres.Jeserrai lespoingscontre lasurfacedubureaupourm’empêcherde

lui jeter quelque chose à la figure. Dès qu’il sortit de la pièce, je meprécipitaiverslaportepourlafermer.Puisjeretournaiàmonbureauetrepêchai mon portable dans la petite poche intérieure de mon sac.J’appuyaiviolemmentsurlenumérodemonpère.

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Il répondit à la troisième sonnerie, d’une voix un peu trop enjouéepouruneheureaussimatinale.

—Jillian,machérie,tu…—Brockestlenouveaumanager?crachai-jedanslecombiné.— Tu es à l’académie ? Il n’est même pas 8 h 15… Attends une

minute.Brockestlà,luiaussi?(Ilrit.)Ça,c’estdéjàplussurprenant.—On s’en fiche ! (Je pris une grande inspiration pourme calmer.)

Brockestvraiment…lemanager?—Situmeposeslaquestion,répondit-il,c’estquetuconnaisdéjàla

réponse.Je fermai les yeux. Je serrais le téléphone tellement fort que j’étais

surprisequ’iln’aitpasexploséenmillemorceaux.—Pourquoiest-cequetunem’asriendit?—Çaauraitchangéquelquechose?medemanda-t-il.Oui.Biensûrqueoui,maisilétaithorsdequestionquejeleluidise.

Jerefusaisdel’admettre.—Pourquoiest-cequetunem’asriendit?répétai-je.—Pose laquestionàBrock. (Ilmarquaunepause.) Je t’ai offert ce

posteparcequejepensaisquetuétaiscapabledetravailleravecluisansm’appeler le premier jour, trente minutes avant que tu commencesofficiellement.

Aïe.— Je ne dis pas ça pour te blesser, ma chérie. Tu le sais. Je n’ai

aucuneenviedetefairesouffrir.Ilyeutunautremomentdesilencependantlequelj’hésitaiàdonner

un coup de pied retourné dans l’ordinateur. Puis mon père reprit laparole:

—Toutirabien.Etilraccrocha.Quevenait-ildesepasser?Pendantuninstant,jerestaiimmobile.Enrelevantlatête,jevisque

Brockm’attendaitdevantmaporte. Il leva lamainetme fit signede le

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rejoindredehors.Lacolèrem’envahit.Comme jemouraisd’enviede lui faireundoigt

d’honneur, je m’efforçai de me calmer et reposai le téléphone sur lebureau.

Une partie demoi n’arrivait pas à croire ce qui était en train de sepasser.Toutefois,ilfallaitquej’acceptelaréalité.Brock,l’unedesraisonspour lesquelles j’avais quitté Philadelphie, l’homme que j’avais aimé detoutmon être, celui quim’avait brisé le cœur, n’était pas seulement deretourdansmavie.Ilétaitégalementdevenumonsupérieur.

Merde.C’étaitencorepirequ’uncauchemar.Àcestade,j’avaisdeuxoptions.Optionnuméroun:attrapermonsac,sortirdecebureau,assommer

Brockavecetrecommenceràchercherduboulot.Cetteoptionmefaisaitpeur,parcequemêmesijen’avaispaslamoindreenviedevoirBrockcinqjourspar semaine,me retrouverauchômagen’étaitpas super rassurantnonplus.Enplus,satêtedurerisquaitd’endommagermonsac.

Etpuis,sijepartais,jenepourraisplusacheterdepâtéepourRhage.Nidenouveauxsacs.Option numéro deux : prendre sur moi et me débrouiller avec les

cartesqu’onm’avaitdistribuées.Jel’avaisdéjàfait.J’étaisvenuejusqu’ici.Mavien’avaitpasévoluécommejel’avaisespéré,maisjenedevaisjamaisoublierque j’étaisunmiraclevivant.Travailler avecBrockn’étaitpas lachoselaplusdifficileàlaquellej’avaisfaitface.

Etpuis,ici,j’avaisl’impressiond’êtreàmaplace.Jerecommençaisàvivre,endehorsdespagesdemesromanspréférés.Brockm’avaitfaitfuirdechezmoi,loindemafamilleetdemesamis,

loindel’entreprisefamiliale…Non. Ce n’était pas tout à fait vrai. J’avais pris la décision de

m’éloignertouteseule.J’avaisfaitcechoixmoi-même.Maiscetteoption,restericiettravailleravecBrock,meterrifiait.Pas

seulementparcequesaprésencem’obligeaitàmesouvenirdenotrepasséchaotique,maisparcequej’allaisdevoiryfaireface.

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Cequin’étaitpasdansmeshabitudes.Ilyavaitunetroisièmesolution.Jepouvaistrèsbienresteretchercher

unautreboulotsilaproximitédeBrockcommençaitàdevenir…pesante.Carrantlesépaules,jedécidaiquelejustemilieusesituaitsansdoute

entrelesoptionsdeuxettrois.JefisletourdubureauetmedirigeaiverslaportepourrejoindreBrock.

—Quoi?demandai-jed’untonplussecquejenel’avaisvoulu.Ilhaussaunsourcil.—Rien. C’est juste qu’en te regardant, on aurait dit que tu hésitais

entre renverser tonbureauet casserunevitrepour t’enfuirou travaillerpourtafamillecommetuastoujoursvoululefaire.C’esttout.

Je me demandais si j’étais aussi transparente que les murs demonbureau. Savoir que Brock lisait toujours en moi comme dans un livreouvertmemettaitmalàl’aise.

—Alors?dit-ilenfaisantunpasversmoi,latêtelégèrementpenchéesur le côté. (Il était si proche que je pouvais sentir la chaleur de soncorps.)Qu’as-tudécidé,Jillian?

Résolueàleregarderdanslesyeux,jem’efforçaidenepasremarquerque le moindre centimètre carré de ma peau réagissait à sa proximité,commec’étaittoujourslecasdepuisl’instantoùj’avaiscessédevoirenluiunfrère.

—Jereste.—Bien.(Sonsouriresefitdoux.)C’estcequej’espéraisentendre.—C’estvrai?Je n’arrivais pas à y croire. Lui aussi devait trouver la situation

embarrassante.Ilm’examinauninstantavantdedéclarer:—Ilfautqu’ondiscute.Mon premier réflexe fut de refuser, mais je finis par refermer la

bouche et hocher la tête. J’étais peut-être lâche pour tout ce quiconcernait Brock, mais je n’étais pas stupide. Il était mon supérieur à

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présent et je refusais deme faire virer pour insubordination. Je n’allaispasfairehonteàmonpèredecettemanière.

Brockfitunpassurlecôté,puisseplaçaàmagauchetandisquejelesuivais dans le bureau du manager. Son bureau. Il me tint la porte etattenditd’êtredenouveauàmagauchepourmeparler.Levendredisoir,iln’avaitpasparuserappelerquejenepouvaisentendrequelamoitiédesesparoles.Quelqu’unleluiavait-ilfaitremarquer?

—Assieds-toi,meproposa-t-il.En observant la pièce autour de moi, je me rendis compte que ce

n’étaitpas lepremier jourdeBrock.C’était tout simplement impossible.Sonbureauétaitdéjàcouvertdedossiersbienrangés,unsacdegymétaitposédansuncoin,prèsd’unepairedebaskets,maissurtout…ilyavaitdes tonnes de photos sur le meuble en coin. Des photos encadrées deBrockquibrandissaitfièrementsaceinturedechampion.Uneautredelui,avecmonpère,oùilsportaienttouslesdeuxdestee-shirtsdesponsorsetsouriaientàl’objectif.PlusieursphotosdeBrocketdemesoncles…

Marespirationsebloquadansmagorge.Aumilieude toutescesphotosse trouvaitunclichéque jereconnus

immédiatement, parce qu’ilm’avait appartenu. Le cadre avait trôné surmatabledenuit,àlamaison.MaphotopréféréedeBrocketmoi.

Brock portait un costard. Ses cheveux en pics étaient savammentdécoiffés, etmoi, j’étais à ses côtés, avec une robe rougedécolletée quim’arrivait aux chevilles. Cette photo avait été prise avant mon bal determinale. Je n’arrivais pas à en détourner les yeux. Cette nuit-là, jem’étais sentiebelle. J’avais eu l’impressiond’êtreàmaplaceaubrasdeBrock. Mais c’était plus que ça. Cette nuit-là, j’avais été sûre de moi.J’avaisétéforte.Pleinedepossibilités.

Sansm’en rendre compte, jeme rapprochai dumeuble et tendis lamain pour attraper la photo. Toutefois, j’arrêtai mon geste avant de latoucher.

—Où…oùas-tutrouvéça?

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—Tu l’as laisséechez toiquand tuespartie. (Ilmarquaunepause,avantdecontinuer.)Étantdonnécequetum’asditladernièrefoisqu’ons’estretrouvésaussiprochesl’undel’autre, j’aipenséqueçaneteferaitriensijelaprenais.

Unebouled’émotionsseformadansmagorgeetjedétournailesyeuxde la photo. Brock s’était rendu dans mon ancienne chambre ? Je necomprenais pas pourquoi il avait affiché cette photo ici. Je portai monattentionsurl’énormeécranplataccrochéaumurenfacedesonbureau.Pourquoiavait-ilbesoind’unetélédanssonbureau?

Attendezuneminute.Undétailplusimportantvenaitdemesauterauxyeux.Jetournaide

nouveau la tête vers le meuble. Il n’y avait pas une seule photo de safiancée.J’examinaisonbureau.Riennonplus.

Intéressant.Non.Cen’étaitpasintéressant.Pasdutout.Jem’éclaircislagorge,puisretournaiverslachaiseetm’assis.—Quand…Quandas-tucommencéàtravaillerici?—Ilyatroissemaines.(Aulieudeprendreplacederrièrelebureau,il

s’assitdirectementdessusetcroisasesjambesauniveaudeschevilles,lesmainsappuyéessurlebois.)Maisceneserapasofficielavantlafindelasemaine,lorsqueAndrépartira.

Mamâchoiretombaparterre.—Quandas-tuétéengagé?Étonné,ilmedévisagea.—Ilyaenvironunan,quandAndréafaitconnaîtresonintentionde

rentreràlamaison.Si je n’avais pas déjà été assise, je serais sans doute tombée à la

renverse.—Etpersonnen’ajugébondem’eninformer?Brockpenchalatêtesurlecôté.

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—Avantque tuacceptes laplaced’assistante,pourquoiest-cequ’ont’enauraitparlé?Attends.Laisse-moiterminer.(Enmevoyantouvrir labouche,illevaunemainpourmefairetaire.)Çafaitdesannéesqu’onnes’est pas parlé, mais je n’ai jamais été bien loin. Tu le sais. J’étais aucourantquetuavaiscoupélespontsavecl’académie,dumoinsjusqu’àcequ’Andrewteconvainqued’accepterceboulot.

OK.Ilmarquaitunpoint.—Peut-être,mais ilaeudesmoispourm’en informer.Toiaussi, tu

auraispumedirequelquechose,vendredisoir.— J’aurais pu. (Brock me lança un sourire qui, quelques années

auparavant,m’aurait fait rougir et bredouiller commeunemidinette. Jefronçailessourcils.Sonsourires’élargit.)Situveuxtoutsavoir,c’estmoiquiaidemandéàAndrewdegarderlesecret.

Cen’étaitpaslaréponseàlaquellejem’attendais.—Pourquoi?— Parce que je savais que sans cela tu n’aurais jamais accepté sa

proposition,répondit-il,nonsanshésitation.Lesmainsposéessurmesgenoux,j’ignoraiscommentréagir.—Jenesaispasquoirépondreàça.Brockmedévisageaetsonexpressions’adoucit.— Ça fait très longtemps qu’on ne s’est pas vus, toi et moi. Tu as

touteslesraisonsdemedétester.Jenet’enveuxpas.—Jenetedétestepas.Unmiasmed’émotionssemitenbranledansmapoitrine.Jedisaisla

vérité.Jel’avaispeut-êtredétestéàunmomentdonné,maiscen’étaitpasdans mon caractère de haïr quelqu’un. Ce n’était pas moi. Enfin, jehaïssaisdestasdepersonnagesfictifs,maisçanecomptaitpas.J’inspiraidoucementetrépétai:

—Jenetedétestepas.Brock continua de m’observer, parfaitement immobile. Puis un

mélangede surprise et de soulagement passa sur son visage coupé à laserpe.

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—Je…Jesuiscontentdel’apprendre.Je repoussai toute cette histoire de côté et me concentrai sur la

situationactuelle.—Pourquoiest-cequetuasacceptécepostedemanager?Tuassans

doute gagné assez d’argent pour vivre très longtemps sans t’inquiéterd’avoirunsalairequitombeàlafindumois.

—Oui,c’estvrai.Quandj’aiprismaretraite,ilyadeuxans,j’auraispuvivreconfortablementsansrienfairejusqu’àlafindemesjours.

J’aurais voulu lui demander pourquoi il avait pris sa retraite aussijeune.Ilauraittrèsbienpucontinuerpendantdeuxoutroisans,maisjeravalaimacuriosité.

—Alorspourquoiest-cequetutravailles?—Tuasvraimentbesoindemeposercettequestion?(Avantquej’aie

eu le temps de répondre, il se passa la main dans les cheveux etcontinua:)Tonpèrem’asauvélavie.Jen’exagèrepas.Tulesais.S’ilnem’avaitpasaidé, je seraismortdans la rue.L’académieestdevenuemavie.Elle faitpartiedemoi.Même si jenemebatsplus, j’aibesoind’enfairepartie.

Baissantlesyeux,jemesentissoudaintoutepetitesurmachaise.Biensûrquejelesavais.Peuimportaitcequis’étaitpassé.Iln’avaitpaschangéàceniveau-là.

— J’adore dénicher de nouveaux talents, reprit-il. En tant quemanager,jepeuxcontinueràlefaire.Jepeuxaidertonpèrecommeilm’aaidé. J’enaibesoin. Jedoismeracheterpour la façondont je l’ai laissétomber.

— Laissé tomber ? demandai-je, sincèrement curieuse. Tu as gagnédeschampionnatspourlui.Tuasattirétouslesregardsvers…

—Jeneparlepasdeça,mecoupa-t-ild’untonsérieux.(Ilmeregardadanslesyeux.)TuneluiasjamaisditpourquoitutetrouvaisauMona’scesoir-là.

Jemefigeai.—Situl’avaisfait,ilaurait…

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Jebaissailesyeuxavantdereportermonattentionsurlui.—Brock.— J’auraismérité tout ce qu’il aurait pume faire subir, dit-il en se

penchantenavant.Laseuleraisonpourlaquellejeneluiaipasavouélavérité,c’estparcequetum’asfaitpromettredenepaslefaire.

Les lèvres pincées, je fermai les yeux. Je lui avais effectivementdemandédeneriendire.Je l’avaismêmesuppliécar jesavaiscequiseseraitpassédanslecascontraire.Brockauraittoutperdu.

Ma gorge se noua de nouveau. Je ne pouvais pas rester assise là àparlerdecegenredechoses.Passijevoulaisréussiràfairemontravail.Lespoingsserrés,jerouvrislespaupières.

—Cettehistoireappartientaupassé.Etelleyrestera.Brockseredressa.—Jeneveuxpasenparler, continuai-je toutenessayantdegarder

une voix neutre. On n’est pas obligés de remettre ça sur la table pourtravaillerensemble.

Ilrestasilencieuxunmoment.Soncorpsparaissaitdétendu,maisjeleconnaissais.Ilétaitcommeuncobraaurepos,prêtàfrapperàn’importequelmoment.

—Jenesuispasd’accord,maisjenecomptepasmedisputeravectoiàcesujet.

Une partie du poids qui pesait sur mes épaules s’envola, même sij’étaisconscientequesaphrasesous-entendaitun«pourl’instant».

—Onaterminé?J’aimeraism’installeretcommenceràtravailler.Brockhocha la tête et se leva.Après avoir fait le tourdubureau, il

passaenrevuelesdocumentsposéssursonbureau.—Nous avons une réunion avec l’équipemarketing, aujourd’hui. À

14heures.—D’accord.Jeme levai et, les jambes tremblantes,me tournai vers la porte. La

situationmeparaissaitirréelle.—Jillian.

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Jem’arrêtaietluifisdenouveauface.—Oui?Ilprituneprofondeinspirationquisoulevasesépaules,etsonregard

parcourutencoreune foismonvisage.Jemedemandaiscomment ilmetrouvaitdésormais.

— Je tiens vraiment à ce que ça fonctionne, Jillian, dit-il. (Lesémotionsquitournoyaientdansmapoitrineenserrèrentmoncœur.)C’estunesecondechancepournousdeux.

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8

—Tuessûrequeçanetedérangepas?medemandaAverypendantquej’observaisRhagetraverserlesalon.Çam’embêtedetepréveniraussitard.

Calant mon portable entre mon oreille gauche et mon épaule, jeremontai mes jambes sur le canapé au cas où Rhage déciderait qu’ils’ennuyaitetquepouryremédier,lemieuxétaitdem’attaquer.Desfois,j’avaisl’impressionqu’ilconfondaitmesjambesavecungriffoir.

— Je n’ai rien de prévu vendredi. Ça neme dérange pas. À quelleheureest-cequevousvoulezm’emmenerAvaetAlex?

—Tuesgéniale,tusais?Averymarquaunepause.Auloin,j’entendisCamcrierlenomd’Ava.

Lapetiteétaitsansdouteentraindecourirpartoutdanslamaisonoudesauterduhautdesescaliers.Uninstantplustard,lerired’Avarésonna.

—19heures,çairait?—C’estparfait.LesvoixdeCametAvas’évanouirent.— Alors, parle-moi de ce nouveau travail, pendant que j’ai une

minute…—Çasepassebien.Onétaitmercredi.Jetravaillaisàl’Academydepuisunpeuplusd’une

semaine.Leschosessuivaientleurcours.JevoyaisrarementBrock.Quandiln’étaitpasdanssonbureau,laportefermée,jefaisaisdespiedsetdesmainspournepas lecroiser.Onneseretrouvaitquepour lesréunions.

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Detoutefaçon,onétaittouslesdeuxtrèsoccupés.Jedevaismechargerdelapublicitéetdelalocationdel’espacedontonneseservaitpas,aupremierétage.

—Jesuisencoreenphased’adaptation,maisje…jesuisheureusedetravaillerlà-bas.

Etc’étaitlavérité.—Jesuiscontentepourtoi.Oh,aufait,avantquej’oublie.Camavu

Brock, lundi. Ils ont déjeuné ensemble, me dit-elle. (Cela expliquaitpourquoiBrockavaitdisparulamoitiédel’après-midicejour-là.)Jevaisenentendreparlerpendantdesmois,jepense.Tuleremercieras.

—Biensûr,murmurai-je.Ilyeutunblanc.— Je sais que vous avez plus ou moins grandi ensemble, mais…

quand jevousaivusensembleaurestaurant, ladernière fois,çanem’apassautéauxyeux.

Comme je ne savais pas quoi répondre à cela, je regardai Rhage seplaquer au sol, l’arrière-train relevé. Il visait quelque chose, sur lemur.Quand Avery m’avait appelée la semaine précédente pour m’inviter àpetit-déjeuner, elle n’avait pas abordé le sujet de Brock. Et bien sûr,malgré toutes mes bonnes résolutions, j’avais décliné son offre. J’avaistoutfaitpournepasavoiràparlerdelui.

—Jepensaisà çaparceque j’aidiscutéavecStephhier soir, reprit-elle.

Je laissai ma tête retomber en arrière contre le canapé et grognai.Stephtravaillaitàl’académiedePhiladelphie.Quandjel’avaisrencontréepour la première fois, quelques années plus tôt, je l’avais tout de suitejalousée.Elleétaitcellequej’avaistoujoursvouluêtre:belle,intelligente,gentille,sûred’elleetforte.Extrêmementforte.

—Ellevientbientôtrendrevisiteàsamère.Ducoup,onvaessayerdesevoir.Ellem’ademandédetesnouvelles,meditAvery.

—Ahoui?

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— Oui, répondit-elle. Elle se demandait comment ça allait, entreBrockettoi.Ellenem’arienraconté,précisa-t-elleaussitôt.Quandjeluiaidemandépourquoiellemeposaitlaquestion,ellearefuséderépondre.Jet’avouequeçaaattisémacuriosité.

Lorsque je levai lesyeuxvers leplafond, je revisdansmonesprit laphoto encadrée dans le bureau de Brock. Pourquoi l’avait-il affichée ?J’avais besoin de me confier à quelqu’un. Depuis que j’avais quittéPhiladelphie,jen’avaisparlédeBrockàpersonne.PasmêmeàAbbyetàKatiequi,pourtant,savaientcequ’ilreprésentaitpourmoi.

Parler de Brock faisait remonter des souvenirs merveilleux à lasurface,maiségalementdeschosesquejenevoulaispasremuer.

Tout à coup, j’entendis un grand « boum ». Les sourcils froncés, jerelevai la tête. Rhage était assis devant le mur et secouait la tête.Visiblement,ilavaitattaquélemuretlemuravaitgagné.Qu’est-cequ’ilétaitbête!

—Jillian?Tuestoujourslà?—Oui,désolée.(J’enroulaiunbrasautourdemesgenoux.)Brocket

moi…Onétait trèsprochesàunmomentdonné,puisons’estéloignés.(Bon,OK,ditcommeça,çafaisaitcliché.Jepouvaismieuxfaire.Averyleméritaitbien.)D’accord.Jevaisêtrehonnêteavectoi.J’étaisamoureusedeBrock,mais lui, ilmevoyaitcommeunepetite sœur. Ilne ressentaitpaslamêmechose.Notreamitié…n’yapassurvécu.

—Oh.Mince.Tusaisàquiçamefaitpenser?TeresaetJase.Meslèvresseretroussèrentencoin.—Çan’arienàvoir.— Euh, si. Un peu. Teresa était très amoureuse de Jase quand elle

étaitplus jeune.Lui, iln’osaitpas la toucher,parcequ’il avaitpeurqueCamneletuedanssonsommeil.(Averyrit.TeresaétaitlapetitesœurdeCametJasesonmeilleuramid’enfance.)Pourtant,regardecommentçaaterminé!Ilssontmariéset…

— Et Teresa est sur le point d’avoir un bébé, dis-je à sa place. Jecomprendscequetuveuxdire,maisBrocknem’ajamaisdésiréensecret

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commeJaselefaisait.—Commenttulesais?medemanda-t-elle.Jelevailesyeuxauciel.—Crois-moi,jelesais.—Hmm…Situledis.Attends.Mince.Jedoisyaller.Avaestentrain

de pleurer. (Avery soupira.) Tu viens bruncher avec Teresa et moi,dimanche ? Tu pourras nous parler de ton rendez-vous de samedi avecGrady,commeça!

—Waouh,lesnouvellesvontvite,rétorquai-je.Envérité,j’avaiscomplètementoubliéquej’étaiscenséeallervoirune

expo avec Grady le samedi suivant. Je pouvais dire à Avery que j’avaisd’autresprojets,maiselleneseraitpasdupe.Ellesavaitquejen’avaisriendeprévu.Etpuisdeuxsemainesenarrière, jem’étaispromisdeneplusrefuser.Jel’avaisdéjàfaitunefois.Jenepouvaispasrecommencer.

—OK,jeviendraibruncheravecvous.—C’estvrai?Lasurpriserendaitlavoixd’Averyplusaiguë.—Oui.J’aihâted’yêtre.—Super.Àvendredi,alors.J’aihâte!Après avoir dit au revoir, je posai mon téléphone sur le bout du

canapé.J’étaissurlepointd’attraperlatélécommandelorsqu’ontoquaàlaporte.Rhagesecachasouslatablebasse.

Commejen’avaispaslamoindreidéedequicelapouvaitêtre,jemelevai et parcourus la courte distance quime séparait de l’entrée.Rhagesortit latête, lesoreillesaplaties, tandisque jemedressaissur lapointedes pieds pour jeter un œil à travers le judas. Je ne vis qu’un torsedéforméparlaloupe.

Celaneservaitvraimentàrien,cestrucs-là!Reposant mes pieds par terre, je déverrouillai la porte et l’ouvris

légèrement.Monestomacsenouaaussitôt.SouslalumièreviveducouloirsetenaitBrock.

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—Salut,dit-ilenposantlamainsurlecadredelaporte.(Ilavaitunsourire en coin et gardait son autre main derrière son dos.) Je tedérange?

L’espace de plusieurs secondes, je fus incapable de formuler lamoindrepenséecohérente.

—Commenttuassuoùj’habitais?débitai-je.—Tuesmonemployée.J’aiaccèsàtondossieretdoncàtonadresse,

m’expliqua-t-il.(Mesyeuxseposèrentsurlachaîneargentéeaccrochéeàsoncouquidisparaissaitsoussontee-shirtàmancheslonguesgris.)Maissijenel’avaispaseue,jesuissûrqu’Andrewmel’auraitdonnée.

Celanem’auraitpasétonnéedemonpère.—Tepointeràmonappartsansprévenir,çafaitunpeupeur,tusais?Vusonsourire,iln’yavaitpaspenséetils’enmoquait.—Tuvasmelaisserentrer?Jeserrailapoignéeunpeuplusfort.—Qu’est-cequetufaisici?—Jevoulaisteparler.Jehaussailessourcils.—Ettun’auraispaspulefaireaubureau?—Non,répondit-il.— Tu as fouillé dansmon dossier, tu as donc vumon numéro. Tu

n’auraispaspum’appeler?—Jen’aimepasparlerautéléphone.Jeplissailesyeux.—Tuessérieux?—Unpeu,monneveu.Relevantlatête,jeleregardaidanslesyeux.—C’estmoioutuviensréellementdedire«unpeu,monneveu»?—Peut-être…(Ilhaussauneépaule.Sonsouriresereflétaitdansses

yeux.)Tuvasmelaisserentrer,ouiounon,Jillybean?—Passitum’appellescommeça,rétorquai-je.Quandilsepenchaenavant,moncœursemitàpalpiter.

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—Pourquoi?Çategêne?—Jen’aiplusdouzeans,jeterappelle.—Mouais.(Ilseredressa.)Jesuissûrquecen’estpaslaseuleraison.—N’importequoi,marmonnai-je.Dequoivoulais-tumeparler?— Je te le dirai quand tu m’auras laissé entrer. (Son regard se fit

taquin.)Ceseraitplusfacilesijetedisaisquejet’aiapportéuncadeau?Mesjouess’empourprèrent.—Tun’auraispasdû.—Troptard.(Ilpenchalatêtesurlecôté.)Etquandtuverrasceque

c’est,tuserastrèscontentedem’avoirlaisséentrer.—Jem’enmoque.—Tunediraispasçasitusavaiscequec’est.Je me balançai d’un pied sur l’autre tout en essayant de regarder

derrièrelui.Uncourantd’airfroidpénétraitdansmonappartementetsijenefaisaispasattention,Rhageallaits’échapper.Toutenmemordantlalèvre inférieure, je réfléchis aux choix qui se présentaient àmoi. Aprèstout,iln’yavaitpasdemalàdiscuterunpeuaveclui.

—Tictac,l’heuretourne,murmuraBrock.Levantlesyeuxauciel,jefisunpassurlecôtéavantdemarmonner:—Entre.Brock baissa lamain etme dépassa enme détaillant de la tête aux

pieds.Jerefermailaporte.—Sympa,teschaussettes,dit-il.Tusais,ondiraitquetumélangesles

saisonsaveccettetenue:étéethiver.Jebaissailesyeux.Oh,merde!J’avaisoubliéquejeportaisunshort

de pyjama avec des chaussettes hautes. Et c’était un short très court.Heureusement, j’avais enfilé un long gilet par-dessus mon tee-shirt. Jetirai quand même un peu sur le bas de mon short tandis que Brockobservaitmonappartement.Iltenaitunpetitsacmarronàlamain.

— Alors ? demandai-je en jouant avec les manches de mon gilet.Qu’est-cequetum’asapporté?

—Oh,alorsmaintenant,tuescurieuse?

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Croisant les bras, je lui adressai un regard agacé. J’espérais qu’il neremarquerait pas que je ne portais pas de soutien-gorge, parce que jesentaismestétonsfrottercontreletissudemontee-shirt.

Brockritdoucementavantdesortirunepetiteboîteencartonblanchedusac.Puisilsetournaetentradansmacuisine.

—Tuvisicidepuiscombiendetemps?—Euh,jenesaisplustrop.(Jeleregardaisedirigerversl’îlotetposer

lecartonetlesacdessus.)Quatreans,peut-être.—C’est sympa. (Son regard se posa un instant sur la pile de livres

posée à l’autre bout de l’îlot. Un sourire tendre étira ses lèvres.) Lequartierestsûr?

— Oui, il n’y a jamais eu aucun problème. (Je me rapprochai.) LaplupartdesgensquihabitenticisontmariésoutravaillentàWashington.

J’examinaisondos.L’énormephénixquiyétaittatouéétait-ilterminé,àprésent?Avait-ilétécoloré?Sansdoute.Ildevaitêtremagnifique.Enmêmetemps,sondosnuavecsesmusclessaillantsétaittrèsbeautelquel.

—Ettoi…oùest-cequetuhabites,maintenant?—J’aiachetéunemaisonendehorsdeShepherdstown,merépondit-

il.Lavuesurlarivièreestincroyable.Ilfaudraquetuviennesvoirça.Jemefigeai.Celam’auraitétonnéequesafiancéesoitd’accord,mais

enmêmetemps,ellenevoyaitprobablementpasenmoiunerivale.Brock fit glisser le carton vers moi et je jetai un coup d’œil à

l’intérieur.Toutesmespenséess’envolèrent.—Desdonutsausucre,dit-il.Justeausucre.Iln’yariendebizarreà

l’intérieur. Tu détestais croquer dans un beignet sans savoir s’il étaitfourréà lacrèmeouaux fruits. Ils sont frais.Je lesaiachetésdansunepâtisserieàShepherdstownquienpréparetoutelajournée.

Il avait raison. Je détestais mordre dans un truc sans savoir ce quiallaitsedéverserdansmabouche.C’étaitdégueulasse.Maisjen’enfaisaispastoutunplatnonplus.

Danslaboîte,surdupapierglacé,étaientdisposésdegrosdonutsausucre.

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C’était simple.Riend’extraordinaire.Mais il s’enétait rappelé. Jenecomprenaispaspourquoicelame touchaitautant.Après tout, les tueursen série aussi se souvenaient de détails de ce genre à propos de leursvictimes.Mesmusclescrispés sedétendirentetdes larmesbrûlantesmemontèrentauxyeux.Jelesrepoussaiaussitôt.

MonDieu.J’étaistropsensible.Cen’étaientquedesdonuts.—Merci.(Jem’éclaircislavoix.)C’esttrèsgentil.Quand ilme regardadans les yeux, je baissai vivement la tête et le

dépassaidanslacuisine.—Jillian…— Tu as intérêt à en manger un avec moi, lui dis-je en arrachant

plusieursfeuillesd’essuie-tout.Bonsang.J’avaisvraimentunproblème.Mais…çamemanquait.Çamemanquaitd’avoirquelqu’undansmaviequimeconnaissaitpar

cœur. Personne, personne, ne me connaissait comme Brock. J’attendisd’êtresûrequejen’allaispasfondreenlarmesavantdemeretourner.Jem’approchaialorsdel’îlotetposailesserviettesdessus.

—Jenepeuxpasmangertroisdonutstouteseule!—Ahbon?Depuisquand?Unrireétranglém’échappa.—Jen’aiplusdix-septans.—Ça,c’estcertain.Unlégerfrissonmeparcourut.Lorsquejerelevailatête,jemerendis

compte que Brock me regardait avec intensité et convoitise. Je necomprenais rien.Après sixansde silence radio,BrockMitchell se tenaitdansmonappartement,dansmonmonde.Jamaisjen’auraispuimaginerunechosepareille.

Pourtant, ilétaitbien là,dans toutesasplendeur,etensaprésence,mon appartement douillet me paraissait très étroit. Brock n’était passeulement un homme beau à couper le souffle. Il était également unelégendevivantedanslemondedufreefight.Au-delàdeça,ilétaitaussi

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unhommequiétaitparvenuàsurmontersonenfancedifficileetà fairementirlesstatistiques.Aufuretàmesurequ’ilgravissaitleséchelons,toutlemondeavait cessédedouterde lui.Sa carrièreauraitpuprendre finquandils’étaitblessé,maisçan’avaitpasétélecas.Aucontraire,ilétaitrevenuencoreplusfort.

Brockavaitunfeuardentquibrûlaitenlui.Etce,depuistoujours.C’étaitcequim’avaitattiréchezluidèslapremièrefoisoùjel’avaisvu

dans notre salon, tenant tête à mon père, alors qu’il était visiblementaffaméetapeuré.

L’îlotdelacuisinenousséparait,maisiltenditlamainversmoi.Sesmusclesroulèrentsoussontee-shirtàmanches longues. Il fitglissersonpoucesurmapeau,lelongdemacicatrice.

Soncontactmebrûlait.Messensétaientenébullition.Unevaguedechaleurdescenditlelongdemoncorpsetjesentismesseinssedurcirent.Brock touchait seulement ma joue et ma cicatrice, mais mon corpsréagissaitaucentuple.

Il me regarda longuement dans les yeux, puis soupira et baissa lamain.Jen’avaispaslamoindreidéedecequisepassaitdanssatête,maispuisqu’il avait détourné le regard après avoir touché ma blessure, cen’étaitsansdoutepasquelquechosequej’avaisenvied’entendre.

Agacée, j’attrapai les pans de mon gilet et les refermai contre moi.Mieuxvalaitreprendreuneconversationnormale.

—Alors,pourquoies-tu…?—Merde,jura-t-ilenplissantlesyeux.Qu’est-cequec’était?Lorsque je me retournai, j’aperçus la queue marron et blanche de

Rhagequiétaitentraindesecacherderrièrelecanapé.— Oh, c’est Rhage, mon chat. Il déteste les gens. Fais comme s’il

n’existaitpas.—Rage?(Ilhaussalessourcils.)C’estmarrant,commenom.—C’estlenomd’unvampire.Dansunroman.

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—Tu as bien fait de préciser que c’était un personnage de roman,plaisanta-t-il.(Ilattrapauneservietteenpapier.)Tuenasprisassez?Onaurapeut-êtrebesoindeplus.

—Laferme.Jenepusretenirunsourire.Aumoins,unechosen’avaitpaschangé.

Brock était toujours aussi moqueur. Jamais méchamment. Il aimaitseulementtaquinerlesgens.

—Pendantuneminute, j’aicruquetuavaisunrat.(Ils’assitsuruntabouretdebar.)Assieds-toiavecmoi.

—Tuveuxboirequelquechose?—Del’eau,c’esttrèsbien.C’étaitBrocktoutcrachédeboiredel’eauenmangeantundonut.Je

sortis une cannette de Coca du frigo pourmoi. Pourquoi boire de l’eauquand j’avaisundélicieux sodaàportéedemain? J’attrapai égalementunebouteilled’eauetlaposaidevantlui.Puisjefisletourdel’îlotpourm’asseoiràsadroite.

Au moment de m’installer, je me rendis compte que j’avais attachémes cheveux, dévoilant ainsimon visage. J’allais retirerma pince,maism’arrêtai.Àquoibon,aprèstout?Cen’étaitpascommes’ildécouvraitmablessure…Ilm’avaitvuedansunétatbienpire.Etpuisilavaittouchémacicatrice,alors…

Agacéeparmonmonologueintérieur,jecroquaidansledonut.C’étaitsibonquejefaillisavoirunorgasmebuccal.Jeréprimaiungémissement.Cela faisait longtempsque jen’avais pasmangédebeignetbiengras etsucré.

—C’estbon?medemandaBrockenposantsonregardvoilésurmoi.Labouchepleine,jemecontentaidehocherlatête.Ungrandsourireétiraaussitôtseslèvres.—Tantmieux.(Ildétournaleregarduninstant.)Tusaisàquoiçame

faitpenser?Jehaussailessourcilspourqu’ilcontinue.

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—Çamerappellequandondescendaitdanslacuisinetouslesdeux,la nuit, parce que tu avais décidé que tu avais envie d’un brownie oud’unepartdegâteau,medit-il.

Après avoir avalé une délicieuse bouchée sucrée, je me rinçai labouche avec une gorgée de soda. Je ne voulais pasme souvenir de cesmomentsaveclui,pourtantjenepouvaispasm’enempêcher.

—Euh,c’étaittoiquivoulaismangerdesbrowniesetdugâteau!Ilricana.—C’estuneversionintéressantedesfaits.Jeluijetaiunregardencoin.—Bon,d’accord.Jevoulaismangerlesbrowniesetlesgâteauxcuits.

Toi, tu voulais les manger crus. (Il baissa légèrement les yeux.) Tu asgardécettehabitude?

—Pasdutout.J’enavaismangédeuxjoursplustôt.Àenjugerparleregardqu’ilmejeta,iln’ycroyaitpasuneseconde.

Onterminalesdonutsensilence.Iln’enrestaitplusqu’undanslecarton.Jesavaisquej’allaislemangeraprèsledépartdeBrock.

—Jesuisvenuteparler…(Brocks’essuya lesdoigtssursaservietteenpapier,puisreportasonattentionsurmoi.)Parcequejesuisdéçu.

Fronçantlessourcils,jemenettoyaiégalementlesdoigts.—Àproposdequoi?—Detoi.—Pardon?Jereculai.Ilroulasaservietteenbouleetlajetadanslesacmarron.—Quandtuasprisladécisionderestertravailleravecmoi…—Pourtoi,lecorrigeai-je.— Pour moi. (Il baissa la tête en souriant et me regarda par en

dessous,àtraverssescilsincroyablementépais.)Jenem’attendaispasàcequetum’évitestoutelajournée.

Oh,merde.

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Jem’efforçaidedemeurerimpassible.—Jenevoispasdequoituparles.—Ahnon?railla-t-il.Jenetevoisquedanslesréunionsaveclereste

desemployés.—Çameparaîtlogique,luifis-jeremarquer.— Dès que je sors de mon bureau, comme par hasard, tu es au

téléphone.Jememordisl’intérieurdelajoue.—Jedoispasserdestonnesdecoupsdefil,pourvérifierlesprixdes

publicitésetessayerdetrouver…—Oui,oui.Etc’esttoujoursquandjenesuispasdansmonbureau.Je haussai les épaules avec une nonchalance que j’espérais

convaincante.— Tu veux savoir comment je le sais ? (Il posa sonmenton sur sa

paume.Ilavaitl’airbientropcontentdelui.)J’aivérifiéaujourd’hui.J’aiappelé Steve. Tu sais, il a un bureau juste en face du tien. Je lui aidemandésituétaisautéléphone.

Ohnon.—Ilm’aditnon,maisdevinequoi?Jenerépondispas.Brockpatienta.Jecroisailesbrasensoupirant.—Quoi?—Tuasattrapéletéléphonedèsquejesuissortidemonbureau.—C’est une coïncidence,murmurai-je. Tu jouesdemalchance, c’est

tout.Ilhaussaunsourcil.—Cesontsurtoutdesconneries.—Unpeudetenue,monsieurMitchell,l’imitai-je.Lasurpriseenvahitsonvisage,puisiléclataderire,latêterejetéeen

arrière,dévoilantsagorge.Quiauraitcruqu’unegorgepouvaitêtreaussisexy?Pasmoi.Jusqu’àcetinstant,entoutcas.

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Soudain,Rhagesautasurl’îlot.Brockbaissalatête.—Hé,salut!Lechatledévisagea.Ilavaitlesoreillesaplaties.Onauraitditqu’ilse

demandaitpourquoi ilyavaitunautremâledans lamaison.C’étaitunequestionlégitime.

—Désolée.Ilestmalélevé.(Jesoupirai.)Rhage,descends.Au lieudem’obéir, il s’assitetse lava lapattesansquitterBrockdu

regard.—Ilécoutebien,fitremarquerBrockentendantlamainverslui.—Nefaispasça,lemis-jeengarde,maisilétaitdéjàtroptard.Sesdoigtsétaientdéjààportéedegriffesetdecrocs.Jegrimaçaiet

mepréparaiàl’inévitable.Ilnesepassarien.RhagebaissalapatteettenditlecoupourreniflerlesdoigtsdeBrock.

PuisBrockosal’impensableetRhageselaissagratterderrièrel’oreille.Aubout de quelques secondes, Brock retira samain et Rhage descendit del’îlotetsedirigeaverslachambre,lesgriffesclaquantsurlesol.

—Hein?murmurai-je, ébahie etunpeuagacéeà la fois. Il détestetoutlemonde.Mêmemoi!

—Bizarre.Ilal’airplutôtcool,commechat.(Brocksetournaversmoietposalesavant-brassurl’îlot.)Bref.Tum’évites.

Je m’étonnais encore que Rhage n’ait pas essayé de le mordre nimêmedefeuler.Monchatn’étaitqu’unsaletraître.

—J’aimeraisquetuarrêtes.—Quoi?Jeclignailespaupièresetreportaimonattentionsurlui.Brocksepenchaenavantetmeregardadanslesyeux.—Jecomprendsque…nousavonsunpassif,toietmoi,etcrois-moi,

si je pouvais retourner enarrièrepour tout arranger, je le ferais.Tunesais pas à quel point je regrette d’avoir été aussi con et aveugle, à

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l’époque.Maisjenepeuxrienyfaire.Jenepourraijamaiseffacercequis’estpassé.

Jemerefermaisurmoi-même.J’étaistellementcrispéequejeserraislesdents.Étonnamment, le travailque lesdocteursavaient fait surmonvisagenecédapassouslapression.

—Maistusaisquoi?QuandAndrewm’aditquetuavaisacceptéleposte, j’ai ressenti un grand soulagement. Parce que non seulement çasignifiait que j’allais te revoir, mais aussi que j’allais enfin pouvoir teparler.(Ilseredressaetsecoualentementlatête.)Teretrouver,c’esttrèsimportant pourmoi, Jillian. Je sais que je suis ton chef et que ça peutparaîtrebizarre,maisjeveuxêtretonami.

Jen’avaispaslamoindreidéedecequejedevaisrépondreàça.—Jesaisaussiqu’onnepeutpasrevenirenarrièrenitireruntraitsur

ma conduite… (Sa mâchoire se crispa et il détourna les yeux vers lesplacardsmuraux.)Jet’ailaisséetomberdelapiredesfaçons.Jemesuisdéjàexcusé.Jet’aidemandépardondescentainesdefois.

C’étaitlavérité.—Maiscen’estpassuffisant,ajouta-t-il.J’examinaisonprofil.Encomprenantoù ilvoulaitenvenir, jesentis

unecertainelassitudem’envahir.—Neteforcepasàêtremonamiparcequetutesenscoupabledece

quis’estpasséouparceque…—Cen’estpasça.Cen’estpasdutoutcequejeveuxdire.(Sesyeux

trouvèrentdenouveaulesmiensetilsepenchaenavant.Seulsquelquescentimètres nous séparaient.) Je ne veux pas que tu stresses au boulotparce que tu te sens obligée de m’éviter. J’aimerais que tu te sentes àl’aise. (Une mèche de cheveux bruns tomba en avant, effleurant sonfront.)Jesaisquejet’endemandebeaucoup.Jesaisquejeneleméritepeut-êtremêmepas,maisjeveuxqu’onsoitamis,Jillian.

Amis.MonDieu.Àuneépoque,l’entendreprononcercesmotsm’auraitbrisé

le cœur enmillemorceaux. À présent… J’ignorais ce que je ressentais.

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Brock et moi, malgré une étonnante différence d’âge, avions été lesmeilleurs amis du monde. Admettre que nous n’aurions jamais une finheureuse commedans les romances que je lisais avait été affreux.Maisperdresonamitiéavaitétéencorepire,parcequ’enlerayantdemavie,j’avaiségalementfermélaporteàmonconfidentetàmoncomplice.

—Tu crois que c’est possible ? demanda-t-il. Je suis sérieux. Lundi,quandjet’aiditquec’étaitunesecondechance,jelepensais.Onpourraitaumoinsessayer?

En toute honnêteté, je n’en étais pas sûre. Je ne savais pas si jepouvaisêtreamieavecBrock.Pasparcequ’iln’avaitpas réponduàmessentiments.Nimêmeàcausedecequi s’étaitpassécettenuitoù, selonlui, ilm’avait laissée tomber de la pire des façons, parce que je ne l’entenaispasresponsable.

Non,leproblèmeétaitquejen’étaispascertainedepouvoirêtreamieavecluisansretomberfollementamoureusedelui.Etjenetenaispasàcequ’ilmebriselecœurunenouvellefois.

Enrèglegénérale,jen’étaispasfaiblevis-à-visdusexeopposé,maisilémanait de Brock un magnétisme irrésistible qui m’attirait à lui. Ilcharmaitparses taquineries incessantesetcetteaffectionsincèredont ilinondait ses proches. Dans ses yeux, on avait l’impression d’être lapersonne la plus importante au monde. Sans s’en rendre compte, ilredonnait confianceauxautres. Il était commeça.Etmême les femmeslesplusfortesetlesplusintelligentesseretrouvaientprisesaupiège.

De toute façon,Brockn’étaitpas libre. Il était fiancé.Ungrillagedebarbelés nous séparait, un fossé qui ne me permettrait jamaisd’approfondirlesujet.D’ailleurs,jenel’envisageaismêmepas.

—Etsitupensesquecen’estpaspossible,qu’est-cequejedoisfairepourtefairechangerd’avis?(Sestraitssedétendirent.)Plusdedonuts?JesuissûrquetuaimestoujourslesM&M’s.Jet’enferailivrertouteslessemaines.Çaferapartieintégrantedetoncontrat.

Commejesentisquej’allaissourire,jedissimulaimabouchederrièremamain.

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—Qu’est-cequetuendis?medemanda-t-ilenappuyantdoucementsonbrascontrelemien.

Jerelevailatêteversluietbaissailamain.Ilfallaitquej’essaie.Celarendrait leschosesplus facilesau travail. Jecommençaisàêtre fatiguéedefairesemblantdetéléphoner.

—D’accord.Le sourire qui étira ses lèvres était la preuve qu’un homme pouvait

êtreviriletbeauàlafois,parcequecesouriremecoupalesouffle.Pourmecalmer,jedusimaginerlesbarbelésetlefossédedixmètresdehautentrenous.

Amis.Jepouvaisyarriver.

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9

—Jesaiscequejefais.—Non.Nous étions vendredi matin. Brock se tenait debout derrière mon

fauteuil. Il tendit le bras au-dessus demon épaule pourme prendre lasourisdesmains.

—Jecroisquetudoisappuyerici.—Maisnon!Jerepoussaisamainetrepris lecontrôlede lasourispourtenterde

centrer le graphique sur lequel nous travaillions. Le soupir de Brocksoulevamescheveuxcontremajouegauche.Unfrissondescenditlelongdemacolonnevertébrale.

—Tuasjusteàcliquersurl’icône«centrer».—Jel’aidéjàfait.(Quandiltentadenouveaudeprendrelasouris,je

me penchai sur la droite et écartai sa main.) Tu n’as rien de mieux àfaire?demandai-jeenreculantmonfauteuil,leforçantàfaireunpassurle côté. (Je le regardai s’appuyer contre mon bureau.) Approuver lespublicités,c’estmonboulot.J’auraisdéjàterminésitunet’amusaispasàcliquersurmasourispar-derrière.

—Cliquer sur ta sourispar-derrière? répéta-t-il enplissant le front.Ondiraitquetuparlesde…

—Neterminepascettephrase.Unairinnocentapparutsursonvisage.

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—Etaprès,c’estmoiquiail’espritmalplacé.J’allaisdirequej’avaisl’impressionquetuparlaisdejeuxvidéo.

—Mais, bien sûr. (Lentement, avec précaution, je bougeai la sourisd’un quart de centimètre. Mon bloc de texte était maintenantparfaitementcentré.)Etvoilà!

—Tuestellementdouée!Jeluiadressaiunregardassassinauquelilréponditparunsourire.Paul apparut devant ma porte ouverte. C’était un homme d’une

quarantained’années,grandetélancé,avecdescheveuxblondclairetdesyeuxbleus.AvecsonpolodelaLimaAcademyetsonpantalonnoir,ilsefondaitdanslamassedesemployésdebureau.Toutefois,ilfaisaitpartiedesentraîneursdudeuxièmeétage.Iltravaillaiticidepuisl’ouverturedel’Academy.

Comme les entraîneurs et les dénicheurs de talents étaient laresponsabilitédeBrock,jeneleconnaissaispasbeaucoup,maisquandilme regardait, j’avais toujours l’impression désagréable qu’il pensait quemonposteneservaitàrien.

Laplupartdesemployésm’avaientacceptée,commeAndrémel’avaitdit,maisPaulsemblaittrouvermaprésenceaussibienvenuequ’uneépinedanslepied.

Ilmerappelait le salauddePhiladelphiequim’avaitcoincéedans laremise.

— Monsieur Mitchell, vous auriez un moment ? demanda Paul enposant son regard glacial surBrock. J’aimeraism’entretenir avec vous àproposdenouveauxélèves.(Illevaundossier.)Etvoirsivousvoulezlesfilmer.

—J’arrive.Aprèsm’avoirtapotélenezcommesij’avaiscinqans,Brockmefitun

clind’œiletsortitdemonbureau.Biensûr,jeleregardaipartir.Jenepouvaispasm’enempêcher.Ilavaitdetrèsbellesfesses.C’était

agaçant.Oùavait-il déniché cepantalonpourqu’il lui aille aussi bien ?

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Pourquoimetorturait-ilainsi?Secouant la tête, je reportai mon attention sur mon ordinateur et

terminaidepasserenrevuelespublicitésquej’avaisreçues.Quelques heures plus tard, après une réunion marketing, j’étais en

trainderassemblerlesdossierslorsqueBrockm’approcha.—Tuasquelquechosedeprévu,ceweek-end?Jejetaiuncoupd’œilverslui.Latêtebaissée,ilexaminaitlerapport

deJeffrey.—Euh,cesoir, jegardelesenfantsd’AveryetCam.C’estleursoirée

entêteàtête.—C’estgentilàtoidefaireçaunvendredisoir,mefit-ilremarquer.

Çat’arrivesouvent?Jeserrailesfeuillesdepapiercontremapoitrine.—Detempsentemps.—Tusors,d’habitude?Jefronçailessourcils.—Desfois.Bon,d’accord,c’étaitunmensongeéhonté,maisjenevoulaispasque

Brocksacheque jepassaismesvendredissoir touteseulechezmoiavecmonchat,àmangerdelapâteàbrowniescrue.

—Demain,jevaisvoiruneexpositiond’art.Brockrelevalentementlatête.Sesyeuxétaienttellementplissésqu’ils

n’étaientplusqu’unefented’obsidienne.—Uneexpositiond’art?Çaal’air…intéressant.Sontonmoqueuretcondescendantmetapaitsurlesystème.—Très.J’yvaisavecGrady.—Grady?Lenabotavecquitudînaisl’autrefois?Lenabot?—Iln’estpaspetit.—Si.—Àcôtédetoi,c’estsûr.Tuestellementgrandqu’ondiraitGodzilla,

maisselonlescritèresdesgensnormaux,iln’estpaspetit.

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Unsourirenarquoisétiraseslèvresetils’installanonchalammentsurlachaisequitrônaitenboutdetable.

—J’aitoujourssuquetuaimaismoncôtéGodzilla.Sijemesouviensbien, tu adorais que je te jette très haut, pour que tu retombes dans lapiscine.(Ilsetapalecoindeslèvres.)Sijepouvaisfaireça,c’étaitgrâceàmataille.

Lerougeauxjoues,jeregardaiautourdemoi.Heureusement,aucunemployénesetrouvaitàproximitédelasallederéunion.

—Oui,etbien,jen’aiplusdixans,Brock.—Euh. (Il croisa les bras sur la table et se pencha en avant.) Je le

faisaisencorequandtuavaisvingtans.Monvisages’empourpradeplusbelle.—Oùest-cequetuveuxenvenir?Ilricana,puisconsultadenouveaulesdossiers.—Nullepart.J’allaismedétourneretpartir,maisjem’arrêtai.Jeledévisageai.Nous

étions…amis,àprésent.Etentantqu’amis,jemedevaisdeluidemandercequ’ilfaisaitceweek-end.

—Ettoi,tuasprévuquelquechose?—JerentreàPhiladelphiecesoir,répondit-ilsansreleverlatête.Je supposaisqu’il rentrait voirKristen.Àmoinsqu’ellen’habiteavec

lui dans samaison, endehors de Shepherdstown. Ils étaient fiancés. Ilsvivaientforcémentensemble.

—TuasgardétamaisonenPennsylvanie?Brocksecoualatête.—Non.Jesuisentraindelavendre.—Tuemménagesicidefaçonpermanente,alors?—Ondiraitbien.Uneétrangeétincelledejoies’allumadansmapoitrine.Jetentaidela

repousser, parce que ça ne servait à rien. J’aurais voulu lui poser desquestionssursafiancée,maisjen’yarrivaispas.

—Passeunbonweek-end,Brock.

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—Toiaussi,répondit-il.(Quandj’atteignislaporte,ilrepritlaparole.)Lepetithomme,connusouslenomdeGrady…c’estsérieux,entrevous?

Levantlesyeuxauciel,jemeretournai.Jen’avaispaslamoindreidéedecequiallaitsepasseravecGrady,maisjenecomptaispasleluidire.

—Jesuiscontentedelevoirdemain,entoutcas.Brockrelevaalorslatête,unlégersourireauxlèvres.—Jesais.J’entendsl’excitationdanstavoix.Amuse-toibienàton…

expositiond’art.J’avais la nette impression qu’il essayait de m’énerver, mais je ne

comprenaispaspourquoi.—Comptesurmoi.Ilpenchalatêtesurlecôté.—Tuméritesmieux.—Quoi?Reposantlespapierssurlatable,ilmeregardadroitdanslesyeux.—Tuméritesmieuxquelui.Pendant unmoment, je fus incapable de répondre, puis j’éclatai de

rire.—Tuessûrqueçava?Samâchoiresecrispa.—Jevaistrèsbien.—Jeteledemande,parcequetuesentraindemedirequejemérite

mieuxqu’unhommequetuneconnaismêmepas.(Lacolèrem’envahit.Cela faisait du bien, parce que ça me donnait l’impression d’être encontrôle.)Tun’asaucundroitdemefairecegenrederemarques.Çaneteconcernepas.(Incapabledem’arrêter,jepoursuivis,lementonlevé.)Situveux vraiment qu’on redevienne amis, il va falloir que tu arrêtes dedébiterdesconneriespareilles.

Le silence retomba entre nous. Au bout d’un moment, il reprit laparole.

—Jeneteconnaisplus,medit-ild’unevoixdouce.(Jenerépondispas.Soncommentairem’avaitpriseaudépourvu.)Jeconnais l’ancienne

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Jillian. Je pourrais parler d’elle toute la journée, mais la Jillian qui setrouveenfacedemoi?Jenelaconnaispas.(Unsourireapparutsurseslèvres.)Maisjeveuxapprendreàladécouvrir.

J’enrestaibouchebée.Avait-ilpétéunedurite?—J’aimeraisque leschosessoientclairesentrenous,reprit-ilenme

regardant dans les yeux. Durant les deux semaines qui viennent des’écouler,jenet’aipasvueuneseulefoiscommelapetitefillequejejetaisdans la piscine. J’ai vu une femme. Une très belle femme. Ne va past’imaginerlecontraire.

***

Ce soir-là, je ne parvins pas à trouver le sommeil. Mon cerveaufonctionnaitàcentàl’heureetj’étaisincapabledemeconcentrersurmonlivre.Lesyeuxrivésauplafond, jenecessaidemerépéter lesmotsqueBrockavaitprononcésavantquejeparte.

Cen’étaitpassoncomplimentsurmabeautéquimetenaitéveillée.Brockdistribuaitlesgentillessesàtout-vaetmalgrécequiétaitarrivé

àmonvisage,jesavaisquejen’étaispaslaide.Dansmesbonsjours,j’étaismêmeplutôtjolie.Delààdirequej’étaisbelle…

Maiscen’étaitpasleproblème.Cequim’avaitperturbée,c’étaitqu’ilavaitaffirméneplusmevoircommeunepetitefille.Depuis,jenecessaisde repenser au jour où j’avais décidé de changer la façon dont il mevoyait.

J’étaisdeboutdansmachambre.Sansmêmeregarderautourdemoi,jesavaisqu’ellen’avaitpaschangédepuisquej’étaispartiedelamaison,troisansplustôt.

Unlitdepetitefille.Unearmoiredepetitefille.Unetabledechevetdepetitefille.

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Despostersdemeslivrespréférésadaptésaucinémaornaient lesmurs.Un vieil ours en peluche était posé sur le bord de la fenêtre, entre deuxcoussinsroseetbleu,dontlacouleurn’avaitpasternidepuisquemamèrelesavait placés ici. L’un des murs était entièrement dissimulé derrière desétagères remplies de livres, avec aumilieu, un passage qui donnait sur undressingetunesalledebains.

Surcesétagères,ilyavaitdescentainesdelivres,soigneusementclasséspargenreetnomd’auteur.C’étaitmamèrequim’avaittransmislesyndromedelalectureàl’adolescence.Depuislors,jedévoraislesromanceshistoriques.

Lesvieuxpochesquisentaientlerenfermés’entassaientsurtroisrangées.Une bibliothèque entière était dédiée au young adult et une autre à laromance,classéedelaplusmignonneàlaplussulfureuse.Lederniermeubleétaitàmoitiérempli.Ilcontenaitquelquesthrillersetdeslivresdecoursqueje n’avais pas vendus et pour lesquels je n’avais pas eu de place dansmachambreétudianteàShepherd.

Me retrouver dans cette chambreme rappelait de bons souvenirs.Moi,lisant à la fenêtre ou allongée dansmon lit deux places, tard le soir, à lalumièredelalampedechevet.Moi,deboutàl’autrefenêtre,cellequidonnaitsur l’allée, regardant Brock repartir après avoir mangé à la maison avecnous.

Me retrouver dans cette chambre me donnait l’impression d’être unepetite fille qui ne grandirait jamais et ne prendrait jamais son envol.Pourtant,jel’avaisfait.J’étaispartie.

J’approchaidelacommodeoùj’avaisposélamédailledesaintSébastienque j’avais trouvée dans un magasin d’occasion, à Shepherdstown. De lataille d’une pièce demonnaie, elle était accrochée à une chaîne en argentancienne.J’avaisluquelquepartquesaintSébastienétaitlesaintpatrondesathlètes. Désormais, chaque fois que je trouvais un objet à son effigie, jel’achetais pour Brock. La soulevant avec précaution, je la plaçai dans lapocheintérieuredemonsac.

Lorsquejemetournaiverslemiroir,jereconnusàpeinelapersonnequimeregardait.Mescheveuxétaientdétachés.J’avaispassépratiquementune

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heureàformerdelourdesboucles.Mafrangeétaitcoifféesurlecôtéettenaitgrâceàunebombedelaqueentière.

Pourunefois,jeportaisdel’eye-liner.J’avaisdûm’ycolleràcinqreprisesavantd’arriveràunrésultatconvenable,maisquinemesatisfaisaitpastoutàfait.Pourtant,j’enavaisregardédestutosfilméspardesgaminesdetreizeanssurYouTube!

Iln’yariendeplusrabaissantquevoiruneadosemaquillermieuxquesoi.

Heureusement,l’ombreàpaupièreslilasréchauffaitmonregard,lerougeà lèvres rendait mes lèvres pulpeuses et le blush bronze sur mes jouesrehaussaitmonteinthâlé.

Exit les hauts et les jupes informes que je portais d’habitude. J’avaisachetécetterobeexprèspourcesoir.Jen’avaisjamaisrienportédetel.Elleétaitnoireetmoulanteauniveaudelapoitrine,dévoilantceque,d’habitude,jedissimulais.Latailleétaithauteet lajupeévaséeauniveauduventreetdeshanches,histoiredecachermesrondeursquetouteslesséancesdecardiodu monde ne pourraient jamais faire disparaître. Le bas de la robe, lui,flirtaitaveclehautdemescuisses.

J’avaismêmemisdestalons:noirsavecdeslanières.Il y avait de grandes chances pour que jeme torde le cou,mais jeme

sentais…Jemesentaisjolie.Peut-êtremême…sexy.Lerougememontaauxjouesetjelevailesyeuxauciel.Jouantavecmes

bracelets, je me tournai pour consulter mon réveil. J’allais bientôt devoirpartir.Monventreseserraunpeuet jeprisunegrande inspiration.Jemetournaidenouveauverslemiroir.

De petites boules de nerfs s’étaient formées dans mon estomac. Jeconnaissais Brock depuis des années. J’avais passé pratiquement toutmontemps avec lui. Dans la piscine, à l’arrière de lamaison, lors des longuesjournéesd’étéetdesnuitsencorepluslongues.Àtable,avecmafamille.Surlabalancelle,surleperron.Luicourantaprèslorsqu’ilpartaitjoueraufootavecmesonclesous’entraîneràl’académie.Katieavaitditlavérité,toutà

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l’heure.JesuivaisBrockcommesonombredepuisquej’avaishuitansetluiquatorze.Laplupartdesgarçonsdesonâgeseseraientlassésd’avoirunefilleconstamment collée à leurs basques. Pourtant, avec Brock, je ne m’étaisjamaissentierejetéenimisedecôté.

Malgrénotredifférenced’âge,ilétaitdevenumonmeilleurami.Lorsquemesonclesoumescousinsrefusaientquejelesaccompagnequelquepart,ilprenait ma défense et veillait à ce que je puisse venir. Il me confiait deschoses,àproposdesesparents,qu’ilnedisaitàpersonned’autre,surtoutpasàsespetitescopines.Onpartageaitnossecrets,noshistoires.Lorsquelelycéeétaitdevenu…difficile, ilavaitétémonrefuge. Ilnem’avait jamaistraitéedifféremment parce que mon père était connu ou à cause de l’entreprisefamiliale.Lorsquelesgarçonsdemonâgeavaienteupeurdem’inviteraubaldepromo,c’étaitBrockquim’avaitescortéepournepasquejerenonceàyaller.

Cesouvenirmefitsourire.La soirée avait été dingue. J’avais dix-sept ans et lui, tout juste vingt-

trois.Brockétait legarçon leplusâgéet çaauraitdûêtrebizarre,mais ilétait également très connu parmi ceux qui s’intéressaient aux sports decombat.Ilavaitsansdoutepasséplusdetempsàposerpourdesphotosqu’àdanser avec moi, mais c’est à ce moment-là que j’étais réellement tombéeamoureusedelui.

Ilavaitétéunfrèrepourmoijusqu’àceque…jemesurprenneàadmirersesbicepsetsabouchepulpeuseunpeutroplongtemps.Puis,àdix-septans,ils’étaitfaittatouerpourlapremièrefoisetj’avaisarrêtédelevoircommeun frère. Par contre, lui n’avait jamais cessé de me voir comme sa petitesœur.

Cesoir,çaallaitchanger.—Jesuisprête,dis-jeàhautevoixàmonreflet.Jesuisplusqueprête.

Oui,j’avaisétéprête.Prêteàchangerleschosesentrenous,saufque

ce soir-là… il avait rencontré la femme qui allait devenir sa fiancée, etmoi…Moi,j’avaisfiniàl’hôpital,àl’articledelamort.

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***

Grady me tenait la main lorsqu’on sortit de la salle d’exposition.Dehors,ilfaisaitnuitet,encedébutdemoisd’octobre,lestempératurescommençaient à se rafraîchir considérablement. Je ne m’étais pasattendueàrentreraussitard.NousavionsprisundînerlégersurGermanStreet,puisnousnousétionsarrêtéspourboireuncaféavantdeserendreenfinauCentred’artcontemporain.

Celaavaitétéunebonnesoirée.Unetrèsbonnesoirée.La conversation avait été facile. Il n’y avait eu aucun blanc. Grady

m’avaitparléde sonenfancedans l’ouestduMarylandoù il avaitpassétoussesétésencompagniedesongrand-père,danslafermefamiliale.Ilyretournait le plus souvent possible. De mon côté, j’avais tenté de luiexpliquercequeçaavaitétédegrandirauseindelafamilleLima.Mêmes’il ne connaissait rien au free fight et à ce genre de choses, il m’avaitécoutéeavecattention.

Pendantquenousretournionsàlavoiture,jen’étaispastrèsàl’aise.Cela me faisait bizarre de revenir sur le campus, alors que j’avaisabandonné mes études un an avant mon diplôme. En regardant lesétudiantsalleretvenirentrelesrésidences,jemerappelaimavieavantceweek-end fatidique où j’étais rentrée chezmes parents pour voir Brock,puislechocduretouraprèsl’incident.

Toutàcoup,jerepensaiaumomentoùj’avaisapprisqueBrocks’étaitfiancéavecKristen.Àcetteépoque,dèsquemafamilleparlaitde lui, jem’arrangeais pour ne pas écouter. Ce jour-là, je n’avais pas eu cettechance.

Jevenaisdedéciderdequitterlafac.Aprèsavoirfrôlélamort(etcen’était pas une exagération ; j’avais les cicatrices pour le prouver), jen’avais pas eu envie de perdre plusieurs heures par jour enfermée enclasseàapprendredeschosesdont jenemeserais jamaisserviedans lavraievie.Avecdurecul,jesavaisaujourd’huiquecen’étaitpaslasoifdelibertéquim’avaitpousséeàtoutplaquer.

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C’étaitladépression.Cequin’étaitguèreétonnant.J’avaisappris,plustard,qu’iln’étaitpas

rare d’en souffrir après un traumatisme. Je n’avais plus goût à rien, jen’avais plus envie d’aller à la fac ni de voir des gens. J’étais mêmedevenue incapable de me poser pour lire un livre. Plus rien nem’intéressait.

J’avaisdoncarrêtémesétudeset j’étaisrentréechezmesparents.Ilsétaient contents dem’avoir avec eux,mais auraient préférém’accueillirdansdescirconstancesdifférentes.

Un soir, ma mère m’avait prise à part après manger et m’avaitannoncéqueBrockavaitdemandéKristenenmariage.Elleavaitaccepté.Deuxanss’étaientécoulésdepuiscettefameusenuit.

Deuxans.Brockpassaitàlatéléetilétaitfiancéàlafilleavecquiilavaitflirtélorsdecettesoirée.Toutallaitbienpourlui.Ilétaitclairqu’iln’avaitjamaiseuaucunsentimentpourmoi.Ilnemevoyaitpasdecettemanière.Contrairementàmoi,rienneleretenaitenarrière.

Sa vie évoluait de la meilleure des façons, tandis que la miennerétrécissait de jour en jour. Tout ce que j’avais toujours voulu (undiplôme, travailler avec ma famille, voyager, être heureuse, tomberamoureuse)meparaissaithorsd’atteinte.

Six mois plus tard, j’avais trouvé un poste chez un courtier enassurancesetj’étaisretournéehabiteràMartinsburg.

Aujourd’hui,jerecommençaisàcroireenmesrêves.J’étaisheureuse.Jetravaillaispourmafamille.Et…

JelevailesyeuxversGrady.Nousnousétionsarrêtésdevantmavoiture,l’unenfacedel’autre.Iln’étaitpaspetit.Grady faisait àpeuprès cinqcentimètresdeplusquemoi.Avecdes

petits talons, je ne le dépasserais pas. Mais à côté de Brock et de sonmètre quatre-vingt-dix, il ne faisait pas le poids. Personne ne pouvaitrivaliseravecGodzilla.

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Bon sang. Il fallait que j’arrêtedepenser à lui alors que j’étais avecGrady.

—Jemedemandais…ditGrady,lerougeauxjoues.(Adorable.)Çatediraitqu’ondîneensemble,cettesemaine?

Unsourirem’échappaetjebaissailatêtepourledissimuler.—Ceserait…sympa.—C’estunoui?Jehochailatête.—Jesuiscontent.(Ilmepritlamain.)Jem’étaispréparéàtesupplier

pourundeuxièmerendez-vous.Undeuxièmerendez-vous?J’aimaiscetteidée.—Paslapeine.—Bon…Ilsefaittard,dit-ilenmeregardantdanslesyeux.—C’estvrai.Samain remonta le long demon bras et il fit un pas en avant. Sa

respirationétaithésitante.Gradypenchalatêtesurlecôté.Jesavaisqu’ilallaitm’embrasser.

Oh,monDieu:ungarçonallaitm’embrasser!Celafaisaittellementlongtempsquejenem’étaispasretrouvéedans

cettesituation!Pourtant,c’étaitbienréel.Sescilsclairssebaissèrent.Sesyeuxsefermèrent.Saboucheserapprochadelamienne…

Jefermaiégalementlesyeux.Puis,àladernièreminute,sansréfléchir,jetournailatête.Leslèvres

de Grady effleurèrentma joue. Un sentiment de honte et de déceptionm’envahit. Pourquoi avais-je fait ça ? Il voulait m’embrasser. Et c’étaitréciproque.

Pasvrai?Lorsquejerouvrislesyeux,jecroisaisonregardincertain.Oui,j’étais

timide, voilà tout. Je lui adressai un léger sourire tremblotant quiressemblaitprobablementàunegrimace.

—Jemesuisbeaucoupamusée,aujourd’hui.—Vraiment?medemanda-t-il.

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Jehochailatête.—Oui.Ilmesondadu regard,puisun sourire charmantet sincèreétira ses

lèvres.—Alorsonmangeensembledanslasemaine?Mercredi?—Mercredi,acquiesçai-je.Cettefois,quandGradys’approchademoi,jenebattispasenretraite,

maisilsecontentademeserrerdanssesbras.Jeluirendissonétreinteenessayantdemepersuaderque,s’iltentaitdenouveaudem’embrasser,jenetourneraispaslatête.

Sansdoute.

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10

Une énorme omelette fumait dansmon assiette. Elle était garnie detoute la charcuterie disponible à la carte : saucisse, saucisse italienne,bacon,baconcanadienetjambon.Ilyavaitégalementdespoivronsetdeschampignonspourleslégumes.

Etdufromage.Destonnesdefromage.J’avaisconsciencequecen’étaitpasunlégume,maisjem’enmoquais.Cela faisait longtemps qu’un plat ne m’avait pas paru aussi

appétissant.Avery,elle,avaitcommandéunsteaketdesœufs,avecdubaconfrit.

Lesteakétaitgargantuesque.Enfacedenous,Teresa,enceintejusqu’auxdents, dégustait une pile de pancakes, avec une salade de fruits et unchapeletdesaucisses.

Enfindesnanasquimangeaientautantquemoi!Çafaisaitdubien.Le déjeuner dominical était une tradition qui avait commencé en

Pennsylvanie et avait été reprise par les filles de Virginie-Occidentale.Ellesm’avaient invitée àme joindre à elles dès que j’avais commencé àétudieràShepherd,parcequ’onavaitdesamisencommun.Toutefois,jen’avaisacceptéquetrèsrarement.Jecomptaisbienyremédier.

Lorsquej’attaquaimonomelette,l’écranduportabled’Averys’alluma.Elleposasoncouteaupourl’attraper,puisgloussa.

—Oh,là,là.

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Avery plaça son téléphone au centre de la table pour nousmontrerunephotodeJack,lefilsqueJaseavaiteulorsd’unerelationprécédente,quiportaitAvasursondos.Elleavaitl’airauxanges.

Jackavaitplusdedixans. Jen’étaispasdouéepourdonnerunâgeauxenfants.Celadevenaitsansdouteplusfacilequandonenfaisait.JackressemblaittellementàJase.Avecsesbeauxcheveuxchâtainsetsesyeuxgrismagnifiques,ilallaitenbriserdescœurs.Àcôtéd’eux,ilyavaitdeuxtortues en laisse. Visiblement, Jack les promenait lorsque Ava étaitmontéesursondos.

— Oh, Ava est au septième ciel, dit Teresa en mordant dans unmorceaudemelon.

Lorsquedujustombasursonventrearrondi,ellesoupira.—AvaestamoureusedeJack,m’expliquaAveryavantd’adresserun

grandsourireàTeresa.ChaquefoisqueJackvientàlamaison,Avalesuitcommesonombre.C’estadorable.

— C’est vrai, confirma Teresa en plantant sa fourchette dans unesaucisse. J’ai hâte de voir ce que Cam en pensera lorsqu’ils seront plusgrands.

Averylevalesyeuxauciel.—Ilvaêtrecegenredepère,tusais?Celuiquinettoiesonrevolver

devantlepetitcopaindesafille.Teresahaussaunsourcil.—Depuisquandest-cequeCamaunflingue?—Iln’enapas,maisçarisquedechangerlorsqueAvafêterasesseize

ans.Jerisetdécoupaiunegrossepartd’omelette.—Entoutcas,merciencored’avoirgardéAvaetAlexpournous,me

ditAverypourlacentièmefois.Tunesaispasàquelpointc’estdifficiledetrouverdutempspoursoncouplequandonadesenfants.(EllepointasafourchetteversTeresa.)Jackétaitdéjàgrandquandvousvousêtesmisensemble. Il n’avait pas besoin qu’on s’occupe de lui constamment. Tu

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verras quand le bébé sera là. Faire l’amour devient un vrai casse-tête.GrâceàJillian,onarriveenfinàessayerdenepasfaireletroisième.

Personnellement, je n’avais pas envie de savoir ce qu’ils faisaientpendantquejegardaisleursgamins.

—Oui,mais nous, on a un baby-sitter à domicile, rétorqua Teresa.Jack.

—C’estvrai,concédaAvery.Teresagloussaetcaressasonventrearrondi.—Danstouslescas,quandonveut,onpeut,dit-elleentrempantune

saucisse dans une mare de sirop d’érable. Au fait, Jillian, ne crois pasqu’onne s’estpas renducompteque tuévitaisdeparlerde ton rendez-vous…

—Hmm?marmonnai-jeautourdemabouchéed’œufsetdefromage.Averyhaussalessourcils.—Tu as dit que vous vous étiez bien amusés et que vous comptiez

vousrevoirmercredi,maistunenousasrienracontédeplus…(Ellemedonna un léger coup de coude.) Vous vous êtes embrassés ? Vous êtesallésplusloin?

—Vousavezcouchéensemble?demandaTeresa.Jefaillism’étouffersurundédebacon.—Non.Onn’apas couchéensemble.Même s’il n’y a riendemal à

coucher le premier soir, me rattrapai-je rapidement. (Et je le pensais.C’étaitjustetroprapidepourmoi.Niveaurelationnel,j’avançaisaussivitequ’unetortueàtroispattes.)Ilaessayédem’embrasser.

—Essayé?répétaTeresaenfronçantlessourcils.AttrapantmonverredeCoca,jehaussailesépaules.—J’aitournélatêteauderniermoment.Cen’étaitpasconscient.Je

n’aipasfaitexprès.—Oh,soufflaAvery,visiblementdéçue.—Quoi?demandai-je.—Rien.Ellecoupaunmorceaudesteak.

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Jebusunegorgéedemaboisson,puisreposaimonverresurlatable.—Jevoisbienqu’ilyaquelquechose.—Cequ’elleveutdire,c’estquesituasenviequ’unmect’embrasse,

tunetournespaslatête,m’expliquaTeresa.— Je voulais qu’il m’embrasse ! m’exclamai-je. (Une femme aux

cheveuxblancscommelaneigesetournaversmoi.Jerougis.)J’enavaistrèsenvie.C’estjusteque…jen’aipasbeaucoupd’expérience.

LesyeuxdeTeresas’arrondirent.—Tues…?—Non,jenesuispasvierge,répondis-je,malàl’aise.Maisjen’aieu

qu’unerelationdansmavie.—Avecunconnard,ajoutaAvery.—Oui,jesuisaucourant,maisiln’yaeupersonneavant?Niaprès?

demandaTeresa.Jesecouailatête.—Cen’estpasfacilepourmoi…Jem’interrompis et attrapai un grosmorceau d’omelette.Qu’étais-je

entraindeleurdire?Quecen’étaitpasfacileparcequejen’étaispasàl’aiseavecmonphysique?

MonDieu. Le dire à voix hauteme paraissait pathétique. La vérité,c’était que je n’avais jamais été sûre de moi, même avant l’incident.Pouvaient-ellescomprendrecequejeressentais?TeresaetAveryétaientdeuxtrèsbellesfemmes.

—Jenesuispasdouéepourlesrelations,c’esttout,repris-je.J’aitrèsmauvaisgoûtenmatièredemec.Enfin,jenedispasqueGradyn’estpasuntypebien.C’estjusteque…Jenesaispas.Oubliezcequejeviensdedire.

Teresaéchangeaunregardremplidesous-entendusavecAvery,avantde se pencher en avant, autant que son ventre le lui permettait…autrementdit,trèspeu.

—Situnousavaisvues,àl’époque!SurtoutAvery…

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—C’estvrai ! confirma-t-elled’unair joyeuxendécoupantunautremorceau de steak. Des fois, quand je regarde en arrière, j’ai du mal àcroirequeCametmoi,onsesoitmisensemble.J’étais…disonsquel’idéedesortiravecquiquecesoitmeterrifiait.Heureusement,ilaréussiàmeconvaincre.

Teresaselaissadenouveauallerenarrière,lamainsursonventre.—Jenecroispasque je t’enaiedéjàparlé,mais lemecavecqui je

sortaisaulycéeétaitunvraisalopard.Ilmebattait.Jefaillislaissertombermafourchette.Ellenemel’avaitjamaisdit.—Jenelesavaispas.— Quand Cam l’a appris, disons que les choses ont légèrement

dégénéré. Ce que je veux dire, c’est que j’avais très mauvais goût enmatièredegarçons,moiaussi.Tun’aspasàavoirhonte.Lereconnaîtreestdéjàungrandpasenavant.EttantpissituastournélatêtelorsqueGrady a essayé de t’embrasser. Tu n’es peut-être pas encore prête, c’esttout.

Hochant lentement la tête, je triturai le reste de mon omelette. Jen’avais plus dix-neuf ans. J’en avais vingt-six. Et dans quatre ans, j’enauraistrente.Quandserais-jeprête?Quandserais-jenormale?

Dieu merci, le sujet de conversation changea. Teresa et Averyparlèrent de leur désir de donner des leçons de danse. Je détestais cesentiment, savoir que je n’avais pas du tout confiance en moi. C’étaitaffreusement gênant. Pire que cela, même. Personne n’aimerait unefemmequidétestaitcequ’ellevoyaitdanslemiroir.

Cequiétaitridicule,enyréfléchissant.Lorsque je fis tomber un champignon de mon assiette, l’agacement

m’envahit.QuandAbbyavaitretrouvéColton,ellen’avaitpasétéàl’aise,elle non plus. La simple idée d’avoir des rapports intimes avec lui laterrifiait.Elleavaitmêmeeuhontedel’avouer.Queluiavais-jedit?Quelemanquedeconfianceensoin’étaitpasunetare?

Aucontraire,celafaisaitd’elleunepersonnenormale.Iln’yavaitpasbeaucoupdefemmesquiseregardaienttouslesjoursdanslemiroirense

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disant « qu’est-ce que je suis belle ! » Tout le monde traversait desmomentsdedouteetavaitparfoisdesrelationsdifficilesavecsonreflet,souventpourdesraisonsquin’avaientrienàvoiraveclephysique.

Demanderàquelqu’und’avoirdavantage confianceen lui, c’étaitunpeucommeluidonneruneclaque.Celan’arrangeaitpasleschoses.

Ilfallaitquejememontreindulgenteavecmoi-même.Pourdevrai.Avalantlechampignonetunmorceaud’omelette,jemeraccrochaiau

fildelaconversation.JetiquaienentendantAvery:—Onajustebesoind’unstudio.Uneseulepièceferaitl’affaire,àce

stade.Mais tousceuxqu’onavisitésétaientbien tropcherset ilyavaittoutàrefaire.

—Vousparlezdequoi?demandai-je.Teresajouaitavecuneserviette.Ellelapliaitenpetitcarré.—Tusaisbien.Averyetmoi,onaenvied’ouvrirnotrepropreécole

dedanse.Audépart,oncommencerapetit,biensûr…Jenepourraipasenseignertoutdesuite.(Elletapotasonventre.)Ilnenousmanquequelelieu,maisonn’arientrouvéenville.

—C’estsoittropgrand,soittroppetit,ajoutaAvery.Etbeaucouptropcherquandonsaitqu’onvadevoirconvertirl’espaceenstudiodedanse.

Soudain,une idéemevintà l’esprit. Jen’arrivaispasàcroireque jen’yavaispaspenséplustôt.Enmêmetemps,c’étaitlapremièrefoisquejemetrouvaisdanscettesituation.

— On a des espaces vides à l’académie, au rez-de-chaussée et aupremierétage.Onessaiede les louer,encemoment,expliquai-jeen lesregardantl’uneaprèsl’autre.Ilfaudraitpartirdezéropourcréerunesallededanse,maisjesaisquemonpèreaimeraitélargirl’offredel’académie.J’aiconsciencequevousvoulezmontervotrepropreboîte,mais…

—C’estnotrebutfinal,maisnousn’avonsnilecapitalnilaréputationpour le fairemaintenant,m’interrompit Avery qui sautillait presque sursonsiège.ÉtablirunpartenariataveclaLimaAcademy,ceserait…

— Bien au-delà de nos espérances ! continua Teresa qui débordaitd’enthousiasme.Tuasbesoindedemanderl’avaldetonpère?

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— Pas encore. D’abord, il faut que j’en parle à… (Je haussai lessourcils.) Il faut que j’en parle à Brock pour voir ce qu’il en pense. Sij’arrive à le convaincre, on aura peut-être une place pour vous. Vouspourriez passer à nos locaux pour jeter un œil, voir les travaux qu’ilfaudraitfaireetétablirunbudget.

— Avec plaisir ! s’exclama Avery en échangeant un regard pleind’espoiravecTeresa.

Etpourlapremièrefoisdepuistrèslongtemps,jem’autorisaiàsouriresansmecacher.

***

Le lundi matin, tandis que j’attendais que Brock arrive, je tenais àpeine en place. Dès que je le vis passer devant mon bureau, la têtebaissée, concentré sur son portable, je sautai hors de mon fauteuil.Toutefois, je nemanquai pas de remarquer qu’il nem’avait pas saluée,alorsqu’ill’avaittoujoursfaitcesderniersjours.Étrange.

Décidantd’attendreunpeu,jemerassis.Detoutefaçon,jedevaisluilaisserquelquesminutespours’installer.

Onétaitlundimatin,aprèstout.Unedemi-heure plus tard, j’attrapaima tasse de café etmedirigeai

verssonbureau.Prised’unélansoudain,jefisd’aborduncrochetparlasalledepause.Celaneferaitpasdemaldelesoudoyeravecunboncafébienchaud.

Sachant qu’il le buvait noir, je pris une tasse arborant le logo de laLimaAcademydansleplacardau-dessusetlaremplis.J’enprofitaipourme resservir aussi, après avoir versé un sachet de sucre dansma tasse.Lorsquejemeretournai,jesursautaietfisunpasenarrière.Paulsetenaitderrièremoi.Du café chauddébordade l’unedes tasses etmebrûla lehautdelamain.

—Aïe,murmurai-jeenrésistantàl’enviedesecouerlamainetdonc,derenverserdavantagedeliquide.

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Avec un sourire moqueur, Paul me dépassa et sortit une boissonprotéinée du frigo. Pas de « désolé » ni même de « bonjour ». Rien.Bouchebée,jeleregardairessortirdelasalledepause.

—Quelconnard,marmonnai-je.Repoussantcettemésaventureau fonddemonesprit, jemedirigeai

verslebureaudeBrock.Commelaporteétaitouverte,jedemandai:—Tuasuneminute?Jet’aiapportéuncafé.Brock releva la tête.Un léger sourireétirait ses lèvres.Onauraitdit

qu’ilnes’étaitpasrasédepuisdesjoursetqu’iln’avaitpasdormidetoutleweek-end.

Unsentimentétrangem’envahit.Delacuriosité.J’auraisvoulusavoirpourquoiilsetrouvaitdansuntelétat.

Fermant le dossier qu’il était en train de consulter, il me fit signed’entrer.Quandsonregardmecaressa,jemesentisrougir.Jeportaisunpantalondroitetunpull,pourtant j’avais l’impressiondemebaladerensous-vêtements.J’avaisvraimentuneimaginationdébordante.

—J’aitoujoursdutempspourtoi,Jillian.Celamedémangeaitdeluirépondrequecelan’avaitpastoujoursété

lecasàl’approchedelavingtaine,maisjenedisrien.J’avaisconsciencequeçaneservaitàrienderemuerlecouteaudanslaplaie.

Aussi entrai-je dans la pièce et posai-je la tasse sur son bureau enprenantgardeànepaslarenverser.

—Tuaspasséunbonweek-end?demandai-jeenm’asseyant.—Long,répondit-ilenattrapantlatasse.Trèslong.Jel’observaipar-dessuslamienne.—Çasevoit.Oui, Brock paraissait épuisé. Pourtant, il était terriblement… sexy

danssachemiseblancheentrouverte.Ilmedévisagea.—Toi, par contre, tu as l’air en forme. J’endéduis que ton rendez-

vousaveclenabotnes’estpastransforméenweek-end.Jebaissailentementmatasse.

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—Monrendez-vousavecGradys’esttrèsbienpassé,mercibeaucoup.Etpourladernièrefois:iln’estpaspetit.

—Oui,oui,murmura-t-ilensirotantsoncafé.—De toute façon, commentun rendez-vouspourrait se transformer

enweek-end?Ilhaussaunsourcil,avantdereposersatasse.—Situmeposeslaquestion,c’estquetun’asjamaiseudetrèsbons

rendez-vous.Le rougememonta aux joues. Il avait raison,mais ce n’était pas la

peined’enfoncerleclou.Abruti.—Parcequ’avecmoi,untrèsbonrendez-vousneselimitepasàune

expositiond’art,reprit-ild’unevoixsuave.Untrèsbonrendez-vousdurejusqu’au lendemainsoir,parceque jen’aipasenviequeças’arrêteet jepassedesheuresàlemontrer.

Oh.Oh,monDieu.Troublée,jebaissailesyeuxversmoncafé.J’ignoraiscequeçafaisait

d’êtrelecentred’attentiondeBrockpendanttoutunweek-end.—Vousallezvousrevoir?demanda-t-il.Je relevai les yeux. J’avais étonnamment chaud, comme si j’étais

restéetroplongtempsausoleil.—Onmangeensemble,mercredisoir.Aprèss’êtrelevé,Brockfitletourdubureau.Jemecrispai.Sonregard

sombre semblait renfermer unemyriade de secrets et j’ignorais ce qu’ilcomptaitfaire.

—C’estdommage.Jenecomprenaispasoùilvoulaitenvenir.—Pourquoi?Ilvints’asseoircontrel’avantdesonbureau.—Tunepourraspasdîneraveclui,mercredi.—Pourquoiça?

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Lorsqu’ilétira ses longues jambes, sesgenouxeffleurèrent lesmiens.Je me tendis encore plus. Au creux de ma poitrine, mon cœur battaitcommelesailesd’uncolibri.

—Parcequetudînesdéjàavecmoi.

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J’ouvrislabouchepourrépondre,puislarefermaiaussitôt.Moncœurbattait tellement fort que je risquais la crise cardiaque. Était-il… Brockétait-ilentraindem’inviteràsortiraveclui?Enfin,techniquement,ilnem’avaitriendemandédutout.Venait-ild’affirmerquenousallionsdînerensemble,touslesdeux?Luietmoi?Celanefaisaitaucunsens.Ilavaitunefiancée.Unefiancéebienréelle.

—Quoi?croassai-je.Les émotionsme bombardaient de tous les côtés.Même si je savais

qu’iln’étaitpaslibreetqu’ilyavaitentrenousunmurcouvertdebarbelésqu’il ne franchirait jamais, je ne pus m’empêcher de ressentir del’excitation. Malheureusement, quelques secondes plus tard, une vagued’amertumelabalaya.Jen’étaispascommeça.Jen’étaispaslegenredefemmes capablede fréquenterunhommedéjà casé,même si j’avais étéamoureusedel’hommeenquestiontoutemavie.

Enfin,jen’étaisplusamoureusedelui,mais…Iltapalégèrementsongenoucontrelemien.—Onaundîner.—J’aientendu,maisje…Jenecomprendspas.— On sera au Steakhouse à Martinsburg. Sur Queen Street,

m’expliqua-t-il.Onyirajusteaprèsleboulot.Jeposaima tassedecafésur lebureau,histoiredenepas la laisser

tomber.Mesmainscommençaientàtrembler.

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—OK.Jenesaispaspourquoitucroisqu’onarendez-vous,parcequeje neme souviens absolument pas que tum’aies demandé quoi que cesoit,maistu…

—Jeviensde l’apprendrecematin,répondit-il.(Perplexe, je fronçailes sourcils.) Deux sponsors potentiels iront visiter les locaux dePhiladelphie aujourd’hui et demain. Ils aimeraient visiter les nôtresmercrediavantderetournerchezeux.Onlesemmèneradoncdîner.

Oh.Oh.Iln’étaitpasdutoutentraindem’inviteràsortir.Commentavais-je

seulementpuycroire?Ilétaitfiancéetilnem’avaitjamaisvuedecettefaçon.J’avaisjusteeuunmomentd’égarement.

Me sentant idiote, je recoiffai mes cheveux derrière mon oreille etmarmonnai:

—Bon,jesupposequejevaisannulermonrendez-vous,alors.—Tumeremercieras.(Quandjeleregardai, ilmefitunclind’œil.)

Crois-moi.—OK.Cetteconversationdevientdugrandn’importequoi,luidis-je.—Commetouteslesmeilleuresconversations.Iltenditlebrasderrièreluipourattrapersatasse.Jenefisaucuncommentaireetmereconcentrai.— La raison pour laquelle je suis ici, c’est parce que je voulais te

voir…—Ilétaitgrandtempsquetul’admettes,répondit-ild’unevoixsuave.

(Sesyeuxsombrescommedeuxpuitssansfonds’illuminèrentd’unéclatquifits’emballermoncœur.)Jet’aidéjàditàquelpointj’aimetevoirlescheveuxdétachés?

—Non,murmurai-je.—Ehbien,c’estlecas.Tuasdescheveuxmagnifiques.(Samâchoire

se crispa.) Jen’avais jamais fait attention.Avant, tu lesportais toujoursattachés,non?

—Hmm.

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— Oui, c’est ça. Toujours attachés. (De sa main libre, il saisit unemèchedemescheveuxetlafitglisserentresesdoigts.Quandilrepritlaparole, savoixétaitplus rauque.)Tuas toujoursété jolie. Je te l’aidit,maistuesdevenueunetrèsbellefemme.

J’auraisvouluenrireetluidemandercequ’ilavaitbucematin,maismoncœurbattaitbientropfortpourça.Jenesavaispascommentréagiràsondiscoursetàsesattentions.Brockm’avaitdéjàditquej’étaisbelle,maissansvraimentlepenser,unsimplecomplimentquel’ondispenseaumomentopportun.Cettefois,c’étaitdifférent.

Lorsquejerelevailatêteetcroisaisonregard,jefusincapabledemedétourner.Àprésent,Brockétaitunhomme,unvrai,etc’étaitlapremièrefois qu’ilme regardait de cette façon, comme s’il était… comme s’ilmedésirait. Je ne comprenais pas pourquoi il me dévisageait ainsi. Celan’avaitaucunsens.Pasdans lemondedans lequelnousvivions,entoutcas.

Brocklaissaretombermamèchedecheveuxetmecaressalajoue.Soncontact me picota légèrement la peau, comme une faible déchargeélectrique.Sonregardglissadumien,s’attardantsurmabouche,avantdedescendreplusbas.Unedoucechaleurm’envahit.Sousmonpull,jesentismesseinsdurcir.

Lentement, comme une torture, il remonta les yeux vers les miens.Une ombre passa sur son beau visage. Il déglutit bruyamment avant debaisserlementon.

—Jillian,je…—Jevousdérange?Une voix féminine que je ne connaissais pas me fit sursauter. Une

expression de surprise transforma le visage de Brock. Puis il sembla serefermer sur lui-même.Lorsque je jetaiuncoupd’œilderrièremoipourvoirdequiils’agissait,jefaillistomberdemachaise.Lesyeuxécarquillés,jemeretournaivivement.

C’étaitsafiancée.KristenMorgan.

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Seigneur.Levisageen feu, jevoulus luiexpliquerquecen’étaitpascequ’elle

croyait,maisjen’eneuspasl’occasioncarBrockselevaetluiparlad’unevoixaussisèchequeledésertduSahara.

—Qu’est-cequetuviensfaireici,Kristen?Oh. Waouh. Je crois que je ne l’avais jamais entendu parler à

quelqu’unavecautantdefroideur.— C’est vraiment une surprise ? rétorqua-t-elle d’un ton tout aussi

sévère.Ilétaitgrandtempsquejesortedecebureau.—Onsevoittoutàl’heure,dis-jeàBrockquimeregardadenouveau.Sonvisageétaitcomplètementferméetsonexpressionindéchiffrable.Récupérantmoncafé, jemeretournai.C’était lapremièrefoisqueje

revoyaisKristendepuisdesannées.Faceàface,onhoquetatouteslesdeuxdesurprise.Pouruneraisonradicalementdifférente.Les années avaient joué en faveur de Kristen. Elle était encore plus

belle que dansmes souvenirs.Grande et élancée, elle avait les cheveuxblonds, coupés en carréplongeant.Sonvisageétait parfait : pommetteshautes, petit nez en trompette, teint doré. Elle portait un jean blancmoulantdanslequeljen’auraismêmepasréussiàentrerunecuisse,avecdesballerinesetunpullàcolroulétrèsserré.

Celaluiallaitcommeungant.Évidemment.—Çamefaitplaisirdetevoir,Kristen,marmonnai-jeenladépassant.Elleneréponditpas.Ellesecontentademedévisager,lesyeuxgrands

ouverts.Évitantdepenserauxraisonsdesasurprise,jesortisdubureau.Cela

n’avaitpaslamoindreimportance.Jerefusaisdemeprendrelatêtepourça.

Lorsquejerefermailaportedemonproprebureauderrièremoi,j’allaim’asseoirderrièremonordinateuretposaimatasseàcôté.

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—Bon,dis-jeàvoixhauteenmeprenantlatêteentrelesmains.Riennes’estpassécommeprévu.

***

CroiserKristenicim’avaitrappelélapremièrefoisoùjel’avaisvue.Jen’avaisabsolumentpasenvied’ypenser,mais saprésenceramenaità lasurfacelessouvenirsdecettenuit,lesdiffusantdansmonespritenbouclecomme une chaîne info basée sur mon humiliation. Ce soir-là, Brockavait…Ill’avaitchoisie,elle.

—Ilvacoucheravecquelqu’uncesoir,memurmuraunevoixchantanteàl’oreille.Sûrementplusd’unefois,etpeut-êtremêmeavecplusieursdecesfillesenchaleur.

Jemetendis.Lerougememontaauxjouesavantdeserépandresurmonvisageetmagorge.

—Non,cen’estpasvrai.—Biensûrquesi,murmuralavoixdansmatête.Non.Jerefusaisd’écoutercettevoixstupide.Ceweek-endétaitdifférent.

Cesoir,lachambredeBrockn’allaitpassetransformerenhalldegare.Onallaitdînerensemble…unpeuplustardqueprévu,c’esttout.

Carrant les épaules, j’observai Katie. Ses lèvres peintes en rose bonbonpointaientvers lebas.Elleavait lesyeuxrivés sur lebar.Jen’avaispas lamoindreenviedebaisserlesyeux,endessousdesoncou,maisonauraitditqu’une force invisiblem’y obligeait. Elle était presque nue. Tout ce qu’elleportait, c’était un soutien-gorge et un short plus petit quema culotte. Elleétait en pause. Et elle était en avance, étant donné qu’il n’était qu’un peuplusde20heures.

—Onnevapastarder,insistai-jeenjouantavecmonbracelet.Ilnelesapasvusdepuislongtemps,c’esttout.

— C’est ça. Ma fille. Ma jolie. Mon trésor, me dit-elle d’une voixinfantilisante en se penchant en avant. (J’avais peur que ses seins se

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déversent de son soutien-gorge sur le bar, devant nous.)Ouvre les yeux etregarde.Regardevraiment.

Unepartiedemoinevoulaitpaslefaire,maisjeluiobéis.Jenepusm’enempêcher.Enpremier,jevisBrock.Jelevoyaistoujoursenpremier.

C’étaitleplusbelhommequej’avaisjamaisvu,etcen’étaitpaspeudire,étantdonnéqueJax,lecopropriétaireduMona’s,setrouvaitderrièrelebaretqu’ilétaitcarrémentcanon.Ilyavaitégalementavecluideuxdesflicslespluscraquantsdel’État:ReeceetColtonAnders.

Maisaucund’entreeuxnepouvaitgagnerfaceaucôtésauvagedeBrock.Lahanchecontrelebar, ilriaitàgorgedéployéeàcequevenaitdelui

direColton.Ilportaitunjeanbleudélavé,avecunechemisenoiremoulantequimettait en valeur ses avant-brasmusclés et ses pectoraux. Ses cheveuxbrunsvenaientd’êtrecoupés : court sur lescôtésetplus longsur ledessus,coiffésenpics.

Mon regard se posa sur sa gauche, où s’attardaient un grouped’étudiantes habillées pour aller en boîte. J’aurais voulu croire qu’elles nediscutaientpasaveclui,maisçaauraitétémementiràmoi-même.SiReeceetColtonneleurprêtaientpaslamoindreattention,cen’étaitpaslecasdeBrock.

Jereconnusl’uned’entreelles.Elles’appelaitKristen.KristenMorgan.Jene l’avais plus vue depuis très longtemps, mais on était allées au lycéeensemble. Elle avait mon âge et elle était magnifique : cheveux blondséclatants,yeuxbleuclair,etuncorpsaussibeauquesonvisage.

Sontopdévoilaitsonventre.Unpiercingbrillantpendaitàsonnombril.J’aurais voulu l’attraper par les cheveux et lamettre dehors. Elle touchaitBrock.Elleletouchaitcommesielleétaitintimeaveclui,ouqu’ellevoulaitledevenir.Quandelleposalamainsursonbras,ilsetournaverselleavecunsourire en coin. Kristen s’approcha de lui, pressant sa poitrine contre sonbrasmusclé.Brockluisouriait.Jeconnaissaiscesourirepourl’avoirvudesdizainesdefois,sansjamaisqu’ilnemesoitadressé.

Lesoufflecourt, je sentismoncœurse serrer.LamaindeKristenavaitbougé.Elleétaitmaintenantsursonventre.Sursonventre!

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—Tuvoiscequejeveuxdire?medemandaKatie.Fermantlesyeuxuninstant, jeravalailaboulequiétaitentraindese

formerdansmagorge.—Onvabientôtyaller.—Oh,Jilly,murmura-t-elle.Le ton qu’elle avait employéme gêna. Je savais très bien ce qu’elle se

disait. Que j’étais naïve. Le cœur battant la chamade, je me tournai denouveauvers lebar.Brockavait reporté sonattentionsurReeceetColton,mais…IlavaitpasséunbrasautourdelataillefinedeKristen.

Moncœurseserradeplusbelle.— Il faut que j’aille travailler,me dit Katie tandis que je parvenais à

arrachermonregarddeBrock.Jepeuxteraccompagneràtavoiture, si tuveux.

Delabileremontalelongdemagorge.—Ce…n’estpaslapeine,répondis-jed’unevoixrauque.Onnevapas

tarderàyaller.

Toutefois,nousn’étionsjamaispartisdînertouslesdeux.Cesoir-là,jen’étaispascenséemetrouverauMona’s.Brocknonplus.

S’il avait tenu sa promesse, bien des choses auraient été différentes. Iln’auraitpeut-êtrepasrencontréKristenetnotreamitiéauraitcontinuésurla même voie pendant des années. Et que se serait-il passé si j’avaisacceptélapropositiondeKatie?

Danscecas-làégalement,jen’auraispasétéauMona’setcequis’étaitproduitensuiteseraitarrivéàquelqu’und’autre,oupasdutout.Jenelesauraisjamais,parcequejenepouvaispasretournerenarrière.

Jenepourraisjamaiseffacercettenuit-là.

***

Ce n’est que le mardi après-midi que je réussis à parler à Brockd’ouvrirlaLimaAcademyàd’autresdisciplines.Lelundi,ilavaitdisparu

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avecKristenetn’étaitrevenuqueplusieursheuresplustard,pourclaquerlaportedesonbureauderrièrelui.

J’avaisjugéplussagedelelaissertranquille.Lundisoir,j’avaispassédeuxcoupsdefil.LepremieràGradypourlui

direquejenepourraispasdîneravecluilemercrediàcauseduboulot.Ilm’avaitsemblédéçu,maism’avaitproposédesortirensembleleweek-endsuivant.Nousavionsdoncvaguementprévunotrerendez-vous.

Jeme sentais coupable d’avoir annulé,mais en vérité… l’idée de lerevoirnem’enthousiasmaitpas.Celaviendraitpeut-êtrelemomentvenu.Aussi avais-je décidé de lui sortir le grand jeu : nouvelle robe, coiffurerecherchée,épilation…

Le deuxième appel avait été à ma mère. Nous avions discuté unmoment,àproposdemon intégrationau travailetdemonrendez-vousavecGrady.Onavaitparlépendantprèsd’uneheure.Cen’estquelorsquej’étaissurlepointderaccrocherqu’elleabordalesujetdeBrock.

— Comment ça se passe avec lui ? me demanda-t-elle d’une voixprudente.

J’étais en train de jouer avec Rhage. J’agitais une souris en plumedevantlui.

—Plutôtbien.—Jet’aiconnueplusconvaincante,machérie.—Toutvabien, je te le jure.Ons’entendbien, luidis-je.Onestde

nouveauamis…jecrois.—Oh,mapuce,jesuistellementcontentedel’entendre!Tonpèrene

m’avaitpasditqu’ilprenaitlaplacedumanager.Ilsavaitquejet’auraismiseengarde,m’expliqua-t-elle.Ilvoudraitquevous…

Jemefigeai.—Quoi?Ellenemeréponditpastoutdesuite.—Quevosrelationss’améliorent.Ilestconvaincuqu’avecvostalents

combinés,vouspouvezhisser l’antennedeMartinsburgaumêmeniveauquelamaisonmèredePhiladelphie.

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Celamefaisaitplaisirdesavoirquemonpèreavaitfoienmoi,maisjesavais également que ce n’était pas la seule raison pour laquelle ilsprenaienttouslesdeuxdesnouvellesdemarelationavecBrock.Jen’étaispasstupide.

Jen’avaisjamaisavouémessentimentspourBrock.Niàmesparentsni à Abby ou Katie. Cela aurait rendu la chose trop réelle, irrévocable.Toutefois, tandis que je regardais la télé sans son, jeme rendis comptequej’étaisfatiguéedenepasdirelavérité.

—Maman, je suis tombée amoureuse de Brock à l’instant où il estentrédansnotremaison.

Même si je n’avais plus une très bonne ouïe, j’étais à peu près sûrequ’elleavaithoquetédesurprise.

—Jilly…—Jesaisquetul’astoujourssu.Toutlemondeétaitaucourant.Mais

on…Toutvabien,maintenant.C’est…(Je juraietécartaimamain.Cesatanéchatavaitplantésesgriffesdansmesdoigtsparcequej’avaisarrêtédebougersonjouet.Rhagem’assassinaduregard.)Jeveuxjustequetusachesquetun’aspasàt’inquiéterpourmoi…nipourlui.

—Machérie,jenem’inquiètejamaispourvousdeux.Jehaussailessourcils,toutensecouantmamainendolorie.—C’estvrai?— Pas comme tu l’imagines, me répondit-elle d’un air mystérieux.

Écoute,tesonclesviennentd’arriver.Jevaisdevoirlesnourrir.Quandest-cequetuviensnousvoir?

—PourThanksgiving,répondis-je.—C’esttroploin,seplaignit-elle.Unlégersourireétirameslèvres.—Maman,c’estdansunpeuplusd’unmois.—C’estquandmêmelong,rétorqua-t-elle.Jet’aime.—Moiaussi.Quand j’avais raccroché, jem’étais sentie un peu plus légère. Parce

quej’avaisenfinadmisquelquechosedesimplemaislourdàporter.

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Àprésent,onétaitmardiaprès-midiet j’étaisdenouveauencheminvers le bureaudeBrock, en espérant que cette conversation n’allait pasencore prendre une tournure inattendue. Après avoir frappé à sa porte,j’attendis.

—Entrez.Jeprisunegrandeinspiration,puism’exécutai.Brockétaitentrainde

regarder la télé.Monpremier réflexe futde froncer les sourcils,mais jemerendisvitecomptequ’ils’agissaitd’unevidéod’unenouvellerecrue.

—Tuasquelquesminutes?— Tu as encore les cheveux détachés, aujourd’hui, murmura-t-il.

J’approuve.Jegrimaçaietrefermailaportederrièremoi.—Merci,maisjen’aipasbesoindetonapprobation.Il sourit, avant d’attraper la télécommande pourmettre la vidéo en

pause.—Qu’est-cequisepasse?Jem’assis,lesmainscroiséessurmesgenoux.—Je voudrais te parlerd’une collaborationpotentielle.Cen’est pas

une activité à laquelle la Lima Academy prend part d’habitude,mais jecroisqueçavautlapeined’yréfléchir.

Ilmedévisagea.—Continue.Jem’efforçaisdenepaspenser à la sensationquemeprocurait son

regard scrutateur. J’avais l’impression qu’il n’y avait aucun espace entrenous.

—Aujourd’hui, la clientèle de la LimaAcademyestmajoritairementmasculine.Biensûr,ilyaquelquesexceptionsdanslasalledegymetlesquelques femmes qui s’entraînent au free fight. Nous pourrions essayerd’attirerunpublicféminindansnoscourshabituels,etj’ytravaille,maisjepensequenousdevrionsfairedavantage.Tutesouviensd’Avery?

—LafemmedeCam?Jehochailatête.

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—EttuasrencontréJaseWinstead?Safemmes’appelleTeresa. Ilsvontavoirunenfant.Unpetitgarçon.

Àsonexpression,ilétaitclairqu’ilnecomprenaitpascequecelaavaitàvoiravecl’avenirdel’académie.

— Teresa et Avery étaient… sont danseuses. Danseusesprofessionnelles.Teresafaisaitpartiedel’unedestroupeslesplusconnuesdes États-Unis avant de se blesser au genou. C’est à cause de cetteblessure qu’elle n’a pas pu poursuivre sa carrière. Cela fait longtempsqu’ellesréfléchissent toutes lesdeuxàdonnerdescoursdedanse,parcequ’iln’yapasbeaucoupd’écolesdans le coin.À terme,ellesaimeraientcréerleurproprestudio,maiscen’estpasencored’actualité.

Brockmeregardait,deuxdoigtsposéscontreses lèvres,et lapaumedesamaincontresonmenton.

—OK.—Ellescherchentunespacepourdonnerleursleçons,et,commetule

sais,lessallesnesontpasnombreusesàMartinsburg.Deplus,nil’unenil’autren’aassezd’économiespouraménagerunstudiodedansedignedece nom, poursuivis-je. Nous avons beaucoup d’espace inutilisé. Je medisaisdoncquenouspourrionsfacilementleconvertirenstudiodedanse.

Brockm’examinauninstant.—Tuesentraindesuggérerquenouslouionsnotreespacedisponible

pourdescoursdedanse?Jeluiadressaiunregardnoir.—Paslapeinedeledirecommeça.Certainsdanseurssontbienplus

athlétiquesquenoscombattants.Surtoutpourtoutcequiestsouplesseetgym. D’ailleurs, il serait intéressant de s’ouvrir également à lagymnastique.(Jemepenchaienavant,lesmainssurlesaccoudoirs.)Cescours ne seraient pas seulement réservés aux filles. Des tas de mecsaiment danser. Ils pourraient y avoir différents niveaux et styles. Sanscompterqu’onpourraitattirer les famillesavecdestarifsdegroupes, luidis-je.

Brocksemblaréfléchirunmoment.

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—Etdesabonnementsdanslesquelsonincluraitnoscoursdecombatpourdébutants.Parcontre,silebutdetesamiesestd’ouvrirleurproprestudio, le jour où elles nous quitteront, elles partiront avec nos clients.Qu’a-t-onàygagnersur le long terme?Parcequec’estnousquiallonspayerlestravauxpourconvertirl’espace.

Jem’étaispréparéeàcettequestion.—Si elles décident denous quitter, et c’est un grand « si » pour le

moment, on n’aura qu’à engager d’autres professeurs, répondis-je.Maisnous pourrions également tout faire pour les pousser à rester àl’académie.C’est-à-direleurlaisserlecontrôledesopérations,toutenlessponsorisant,maispourl’instant,cen’estpasunproblème.Qu’ellesnousrejoignentoupas,c’estunprojetquinousapporteraitbeaucoupdesuccès,quelquechosed’inéditpournous.

—Hmm…(Iltapotaseslèvres.)C’est…différent.Jedoutequ’Andrewait réfléchi à cette possibilité lorsqu’il a fondé son entreprise, mais il atoujourssusemontrerinnovant.(Ilmarquaunepause.)Toiaussi.

Réprimantunsourire,jehochailatête.Brocksemblapeserlepouretlecontreavantdedéclarer:—Jenesuispasconvaincuàcentpourcent,maisçavautlapeined’y

réfléchir. J’aimerais savoirqui seraientnos concurrents, quels sont leurstarifsetquelsprofitsnouspourrionsespérerentirersinouspayionspourlestravaux.

Il me fallut beaucoup d’efforts pour ne pas laisser exploser monenthousiasme.

—Jem’enoccupe.— Convenons d’un rendez-vous pour les rencontrer. Elles pourront

ainsivisiterl’espacedisponibleetnousdiscuteronsdeleurprojet,dit-ilenbaissantlamain.Demande-leurd’amenerleursmaris.

Jehaussaiunsourcil.—Pourquoi?—Parcequejesaisquevousallezmeperdredanslaconversationà

unmoment donné et je pourraim’échapper sous prétexte de leur faire

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visiterleslocaux.(Ilsourittandisquejelevaislesyeuxauciel.)Hé!Aumoins, je suis honnête. Et puis, comme ça, on pourra aller manger unboutaprès.Unesortieentrecouples.

À présent, je haussais tellement les sourcils qu’ils avaient presqueatteintmescheveux.

Brockricanaetserassitdanssonfauteuil.—Situvoyaistonexpression!Tuestropmignonne.—Mignonne?—Très,murmura-t-il.Je secouai légèrement la tête. Je ne pouvais pas me permettre de

m’appesantirsurcecommentaire.—Jene croispasque ce serait judicieuxde faireune « sortie entre

couples».—Pourquoiça?—Ehbien, jecroisquecequis’estpasséhierestunebonneraison,

mesurpris-jeàrépondre.Ilpenchalatêtesurlecôté,lesyeuxplissés.—Qu’est-cequis’estpassé,hier?—Tusaisbien.Kristen.—Jenevoispascequeçaaàvoiravecnousdeuxouunrepasentre

amis.L’espace d’un instant, je me contentai de le dévisager. Les gens en

couple avaient le droit de dîner avec d’autres personnes, bien sûr,maismoi,jen’étaispasunesimplecollèguedetravail.Brocklesavaittrèsbien.

Jusqu’oùallais-jedevoirluiexpliquerlasituation?—Kristenn’avaitpasl’aird’êtretrèscontente,hier.—C’estsonhumeurhabituelle,rétorqua-t-ild’untonamer.OK…—Entantquefiancé,c’esttonboulotdefaireensortedeluiremonter

lemoral,non?—Hein?(Brockéclatade rire,avantdesecouer la tête, commes’il

n’arrivait pas à croire ce qu’il entendait.) Fiancé ? (Tout à coup, son

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expressionamuséedisparut.)Oh.Jevois.—Tuvoisquoi?Sesyeuxs’assombrirent.—Kristenetmoi,onn’estplusfiancés.Jel’aiquittéeilyaenvironun

an.

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— Quoi ? m’écriai-je. (En voyant l’expression étonnée de Brock, jegrimaçai.Mince.)Pardon.C’étaitunpeufort.Jesuis…surprise,c’esttout.

—Jevoisça.Unsourireétiralentementseslèvres.Il n’était plus fiancé ? Mes pensées tourbillonnaient à une vitesse

incontrôlable.—Pourquoi?demandai-jesoudain.(Jerougis.)Jesuisdésolée.Cene

sontpasmesaffaires.—Jecroyaisquetuétaisaucourant.Çam’étonnequetesparentsne

t’aientriendit,répondit-ilens’adossantcontresonfauteuil.—Visiblement,cen’estpaslecas.Mamèrenem’enavaitmêmepasparlélaveille.Pourquoinem’avait-

elleriendit?Toutàcoup,jecompris.Elleavaitpeurquejeneretombeamoureuse de lui. Bon sang. Ils pensaient vraiment que j’étais aussi…prévisible?Oupathétique?Remplacerparl’adjectifadéquat.

—Ques’est-ilpassé?—Ons’estéloignés.—C’est…c’esttout?Jeclignailesyeux.Jen’arrivaispasàcroirecequej’entendais.Durant

les six dernières années, Brock avait été loin de moi, hors de portée.J’avaisacceptédepuislongtempsqu’ilallaitépouserlabelleetlumineuseKristen. Ils auraient eu une ribambelle d’enfants, suffisamment pourremplir un minivan, qui auraient grandi au sein de l’académie. Mes

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parents lesauraientpris sous leursailesparcequ’ilsconsidéraientBrockcomme leur fils et ses enfants auraient un peu été leurs petits-enfants.Celanem’auraitpasdérangée.Parcequejen’avaispasmonmotàdire.

Choquée,jedemeuraiassiselà,biendroite.—Vousêtesrestésensemble…— Pratiquement six ans. Je sais, termina-t-il en pianotant sur

l’accoudoirdesonfauteuil.Onn’étaitpasfaitsl’unpourl’autre.Iln’entrapasdanslesdétails.Comme il ne voulait visiblement pas en parler, je laissai tomber le

sujet.—Jesuisdésoléedel’apprendre.Ilm’examinauninstant.—Tun’aspasàêtredésolée,Jillian.Mon souffle se bloqua dansma gorge. Tout à coup, son bureaume

parutbientroppetit.Jemelevai.—Mercidem’avoirécoutéeausujetdecettepotentiellecollaboration.

Jelesappelleraipourconnaîtreleursdisponibilités.Brockattenditquej’atteignelaportepourdire:—N’oubliepasdeleurdired’amenerleursmarisavecellesetdeles

teniraucourantpourledîner.Lentement,jemetournaiverslui.Ilmesourittoutenattrapantlatélécommande.—Unesortieentrecouples,Jillian.

***

—Jesuisjusteunefille,deboutdevantsonfour,quiluidemandedesebougerleculetdecuiresapizza.

Jesoupirai.J’étaisàdeuxdoigtsdeposer lefrontcontrelaportedufour.Ilrestaitencorevingtminutesdecuisson.Uneéternité.M’éloignantdu four, je regardai Rhagemanger goulûment. Sa queue balayait le sol

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commes’ilétaitencolère.Jejetaiuncoupd’œilàmontéléphoneetmemordisleslèvres.Jebrûlaisd’appelerAbbypourluiparlerdeBrock.

Brockn’étaitplusfiancé.Toutlemondeétait-ilaucourant,àlamaison?Mêmesimamèrepensaitquelanouvelleallaitmebriserlecœurpour

la cinq centième fois… commentmonpère et elle avaient-ils pu gardercetteinfosecrète?

Lecœurmartelantmapoitrine,jecroisailesbrasetm’adossaiauplandetravail.Brockavaittoujoursétéuncharmeur.Ilaimaitplaire.C’étaitlegenredemecqu’ilne fallaitpasprendreausérieux lorsqu’il temontraitdel’intérêt.J’avaisétéassezbêtepourmelaisseravoirparlepasséetjene comptais pas refaire la même erreur. Avec lui, les frontières entrel’amitié et… autre chose se mélangeaient facilement. Savoir qu’il étaitfiancé m’avait permis de garder la tête sur les épaules et mon cœurensécurité.

Pasquejecomptaisluidonnermoncœur.Lefaitqu’ilsoitcélibatairenechangeaitrien.Riendutout.MonDieu.Brockétaitcélibataire.Lemurdebarbelésavaitdisparu.Le fosséentrenousaussi. J’aurais

voulu prétendre qu’ils étaient toujours là, mais le mensonge était tropgros, même pour moi. L’effort que cela m’aurait demandé était tropimportant. Brock n’était plus fiancé. Ce qui ne voulait pas dire qu’il nevoyaitplusKristen.Après tout, il était retournéàPhiladelphie ceweek-endetelleétaitpasséeaubureaulundi.Iln’avaitpasparuenthousiasteàl’idéedelavoir,maisjen’avaisposéaucunequestion,alors…

—Oh,monDieu,marmonnai-je.Décroisant les bras, je me frottai le visage. Heureusement que je

m’étais démaquillée, sinon j’aurais ressemblé au type qui fond à la find’IndianaJones.

J’auraispuappelerAbby,maiselleétaitsansdouteentraindedîner,etsijeluiparlaisdeBrock,elleallaitcroire…

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La sonnerie de mon téléphone retentit. Je sursautai, puis allai lecherchersurlecomptoir.Commejeneconnaissaispaslenuméro,j’hésitaiàrépondre.

—Allô?—Salut,c’estBrock.Mes yeux s’arrondirent et mon cœur fit un triple salto dans ma

poitrine.L’entendreàl’autreboutdufilalorsquej’étaisentraindepenseràluimedonnaenviedefouillermonappartàlarecherchedecamérasetdemicros.

—Salut,répondis-jeenfaisanttraînerladeuxièmesyllabe.Unrirerauquerésonnadanslecombiné.— J’ai pensé à quelque chose. Étant donné qu’on mange ensemble

demainsoir,autantquejeviennetechercherlematin.—Hein?Salogiquem’échappait.—Ça ne sert à rien de prendre des voitures séparées pour aller au

boulot,puisauresto.Trouveruneplacedeparkingenville,c’estl’enfer.Non,jepasseteprendre.

Moncerveautentaittantbienquemaldesuivresonraisonnement.—Mais…pourvenirmechercher, tudoispasserdevant l’académie.

Çatefaitfaireunénormedétour.—Passiénormequeça.Cen’estpastrèsloinetpuisj’aimeconduire,

argua-t-il.Jeserailàà8h30.Soisprête.—Mais…—Àdemainmatin,Jillian.Quand il raccrocha, jecontemplaimontéléphonecommeune idiote.

J’aurais pu le rappeler, mais une fois que Brock avait décidé quelquechose,ilétaitimpossibledelefairechangerd’avis.

—Pourquoi?demandai-jeàvoixhaute.Rhage miaula, comme pour me répondre. Il était assis devant son

écuellevideetmeregardaitintensément.—Tun’aurasriend’autre,luidis-je.

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Après avoir vérifié la cuisson de la pizza, j’enregistrai le numéro deBrockdansmontéléphone.Deboutdansmacuisine,jenesavaispasquoifaire.Devais-je lerappelerpourrefusersaproposition?Est-cequejenefaisaispastoutunplatpourpasgrand-chose?Etsijepartaisavantqu’ilarriveicietfaisaissemblantd’avoiroublié?Non.Celaauraitétémesquindema part. Lemieux, c’était sans doute d’arrêter de stresser et demelaisser porter, parce que stresserm’amenait à trouver des significationscachéesauxmoindresfaitsetgestes.

Etc’étaitladernièrechosedontj’avaisbesoin.J’étais très douée pour prendre une phrase simple et m’imaginer

qu’ellerecelaitunparagrapheentierdenon-dits.C’étaitdangereux.—Lapizzanevapassuffire,décidai-jeenmeretournant.Après avoir ouvert le congélateur, j’en sortis un pot de glace

Ben&Jerry’s.Pasbesoind’unbol.Seulementd’unecuillère.C’étaituncasdeforcemajeure.

***

Plusieursheuresplustard,jemeredressaid’unbonddansmonlitenhaletant.Réveilléensursaut,Rhagesecarapatahorsdelachambre.

Plusieursminutess’écoulèrenttandisque,dansl’obscuritédelapièce,jetentaisdemerappelercequim’avaittiréedemonsommeiletpourquoij’avaisl’impressiond’avoirgravidesescaliersencourant.

Puis, lentement,des imagesmerevinrentenmémoire.Desbribesdecette nuit-là…Un cauchemar. Les émotions qu’il avait éveillées enmoicontinuaientdeflotterdansl’aircommel’odeuramèred’uncoupdefeu.Lesentimentd’impuissancequej’avaisressentienrelevantlatêteverscepetithommemaigreetsale,sansréussiràcroirecequiétaitentraindesepasser. La terreur mordante, dévorante qui m’avait empêchée decomprendrequechacunedemesrespirationsaffoléesmerapprochaitdeladernière.

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Lamain tremblante, je fiscourirmesdoigts sur lecreuxdema jouegauche. La détonation assourdissante résonna dans mon esprit et jefermailesyeuxleplusfortpossible.Ladouleuravaitététellementrapideetviolente.Jen’avais…plusrienressentid’autre.

Je fis glisserma langue contre l’intérieur dema joue, puis posai lesdoigtsdel’autrecôtédemonvisage.Parfois,quandj’appuyaisunpeuplusfort, j’avais l’impressionde sentir l’implant,mais c’était sansdoutemonimagination.

Baissant la main, je rouvris les yeux. Quand ma vision s’habitua àl’obscurité, des formes apparurent devant moi. Chez mes parents, desétagères dissimulaient tout un pan de mur. Ma collection. Une sourcemerveilleusedesouvenirsetdenouveauxmondes.

Ici,jen’avaisqu’uneseulebibliothèque.LaplupartdeslivresquejelisaisétaientsurmonKindle.Àl’époque,je

possédaiségalementuneliseuse(lestoutespremièresgénérations),maisj’achetaisquandmêmelesformatspapier.J’aimaism’enentourer,pouvoirtendrelamainetlestoucher.

Jenesavaispaspourquoijen’avaispascontinué,pourquoijen’avaispastransformémachambreenbibliothèque.

Remontantmesgenouxsouslescouvertures,jepassaimesbrasautourdemes jambes. Assise ainsi dans le noir, avec pour seule compagnie lebruitd’unventilateur,unequestionmedémangeait.

Àquoiressembleraitmaviesijen’étaispasalléeauMona’scettenuit-là?

Cette question me suivait depuis des années, parce que… je nepouvais pas y répondre. À l’époque, j’avais envie de travailler àl’académie,determinerlafac…maisc’étaitsuperficiel.Jenemerappelaispas qui j’étais, en profondeur, avant l’incident et j’ignorais qui j’étaisdevenueparlasuite.

Jevenaisd’avoirvingtansquandmavieavaitbasculé.Monexistenceavaitétémiseenpauseavantmêmequej’aieeuletempsdedécouvrircequejevoulaisetquij’étais,lorsquejen’étaispaslafilled’AndrewLimaou

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l’ombredeBrock«laBête»Mitchell.Petitàpetit, j’avaisrappuyésurlebouton«play»delatélécommandedemavie,mais…

Ilfallaitquejedorme.Demain était une grosse journée. Une journée importante. J’allais

rencontrerdesinvestisseurspotentielsetjenereprésentaispasseulementla Lima Academy. Je représentais également mon père. Le pire qu’ilpouvait m’arriver, c’était d’avoir l’air à moitié endormi et de ne pasentendrecequemesinterlocuteursdisaient.

Maisilyavaittropdebruit.Dansmatête.Je pressai la main contre mon oreille gauche. Le ronronnement du

ventilateurdisparutpetitàpetit,jusqu’àcequejen’entendeplusrien.Lesilence.Fermantdenouveaulespaupières,jeretinsmarespiration.Danscecalmeretrouvé,jem’avouaiquelquechose:j’avaisgâchédesannéesdema vie, alors qu’onm’avait octroyé une seconde chance. Ce n’était pasfacileàadmettre,maiscesdeuxdernièressemainesm’avaientouvert lesyeux.Jusqu’àprésent,jem’étaiscontentéed’exister.

Aujourd’hui, je recommençais à vivre. Pour de bon. J’en avais laconviction.Des larmesmebrûlèrent lesyeux.J’allaisredoublerd’efforts.J’allais… acheter d’autres bibliothèques. Puis, à Thanksgiving, j’iraisrécupérermeslivrespréféréschezmesparents.

Jedevaisallerdel’avant.C’étaitunenécessité.Après cette épiphanie,mes pensées se calmèrent. Pendant quelques

secondes,iln’yeutaucunbruitenmoiniàl’extérieurdemoi.Rien.Puismespoumonsmebrûlèrentetcen’estqu’àcemoment-làqueje

reprisma respiration.Mamain glissa demon oreille àma cicatrice. Jesecouailatête.Lesjouesmouillées,leslèvrespincées,jerestaiimmobileunlongmoment.

Repoussant les couvertures, je me frayai un chemin jusqu’au salonplongédanslenoir.

—Rhage?murmurai-je.

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J’allumailalampeau-dessusdel’îlotdelacuisine.Unedoucelumières’insinua dans le salon. Rhage était assis sur la table basse, au bout ducanapé.

—Pardon,luidis-je.(Sesoreillestressautèrent.)Jenevoulaispastefairepeur.

Jem’agenouillai et lui ouvris lesbras.Rhagenebougeapas toutdesuite,puisilselevaets’élançaversmoi.Jelesoulevaietleserraicontremapoitrine,avantderetournerdansmonlit.Quandjem’allongeai,jeleposai à côté demoi. Il dut sentir que j’avais besoin d’un câlin car il necherchapas à s’enfuirni àmemordre. Il se roula enboule contremonventreets’endormitpresqueaussitôt.

Hantéepar les souvenirsd’unenuit lointainequimeparaissaitavoireulieulaveille,jemisunlongmomentàfermerlesyeux.

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13

Lesyeuxrivéssurlecielquicommençaitàs’assombrirdel’autrecôtéde la vitre, je serrais et desserrais les poings sur mes genoux. Brockdémarraetquittaleparkingdel’académie.

La journéeavaitété…étrange.J’oscillaisentre l’envied’engloutirunsachet de Cheetos d’une traite et celle de repeindre et redécorerentièrement mon appartement. Sur le coup, les Cheetos auraient étédélicieux,maisilsm’auraientrenduemalade.Etétantdonnéquejen’étaispaspropriétaire,peindremesmursétaithorsdequestion.Detoutefaçon,j’étaisnulleendécoration intérieure.Maisvoilà, c’étaitmonhumeurdujour.

La seule chose que j’avais réussi à faire, c’était fixer un rendez-vousavecTeresaetAverypourqu’ellespuissentvenirvisiterl’académie.Averydébordait d’enthousiasme à l’idée d’atteindre enfin son rêve et celui deTeresa. Elle était également impatiente de dire à Cam qu’il allait dîneravecsonidole.

Organiserunerencontreavecunepersonnequiavaitdesenfantsouqui s’apprêtait à en avoir un était plus compliqué que je ne le croyais.Nousétionstombésd’accordsurlevendredisoirdeladeuxièmesemainedenovembre.

Maintenant,onétaitenroutepourdîneraveclessponsors,maistoutce dont j’avais envie, c’était de dévorer ce sachet deCheetos, roulée enboulesurmoncanapé,devantdevieuxépisodesdeSupernatural.

Cequinerisquaitpasd’arriver.

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—Toutvabien?M’arrachant à ma contemplation, j’observai l’intérieur de sa voiture

horsdeprix.Jen’avaisjamaisfaitattentionauxvoituresdansleparkinget comme en général j’arrivais et repartais avant Brock, j’ignorais quelvéhiculeilconduisait.

Pourautant, jen’avaispasété surprisedevoirunmagnifiquecoupéPorsche noirm’attendre devantmon immeuble, lematinmême. Face àcettevoitureluxueuse,jenepouvaism’empêcherdemedemanderencoreune fois pourquoi Brock avait accepté ce poste. Il était clair que,contrairementàbeaucoupd’athlètes, il avait sugérer l’argentqu’il avaitgagnéavecsescombats.

Tandisquejel’observaisencoin,j’eusunpincementaucœur.Ilavaitlesyeuxsurlaroute.Iltournaàgauche,surlaRoute45.

Jen’avais jamaisparticulièrementaimélesbarbes,mais lasienneluiallait bien. Trop bien, même. Je me demandais quelle sensation celafaisaitquandilembrassait…

Stop.Jen’avaisvraimentpasbesoind’imaginerça.Trèsmauvaiseidée.—Oui,répondis-jeenreportantmonattentiondevantmoi.(Jelissai

lajupecrayonquejeportais.)J’aibeaucoupdechosesentête,c’esttout.—Commequoi?J’écarquillailesyeux.Ilétaithorsdequestionquejeluidiselavérité.—Jesuisnerveuse.—Àquelpropos?demanda-t-il.Quand je lui adressai un regard en biais, jeme rendis compte qu’il

avaitjetéuncoupd’œildansmadirectionavantdereportersonattentionsurlaroute.

—Cegenrededîner,cen’estpasmontruc,admis-je.—Aucontraire,jepensequetuesdouéepourça.Jereniflai,commeunpetitcochon.Avecdegrossesjoues.—Jenesaispascequetuprends,maisc’estdelabonne.

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—Tuneterendspascomptedesqualitésquetupossèdes,rétorqua-t-il.Tuas toujoursvucegenrede typesentreret sortirde l’Academy.Tusaisleurparler.Tusaislesamadouer.

Jetournaidenouveaulatêteversmafenêtre,unsourireauxlèvres,bienmalgrémoi.

—Cen’estpluspareilqu’àl’époque.—Pourquoi?Jouantavecmaceinture,jedécidaid’êtrefrancheàcesujet.Cen’était

pasfacile.Dèsquej’ouvrislabouche,jesentismesjouess’empourprer.—Tu…tuterappellesquejen’entendspasdemonoreilledroite?(Je

continuaipournepasluilaisserlachancedemerépondre.)Quandjesuisauseind’ungroupeetqu’ilyabeaucoupdebruitautour, j’aiparfoisdumal à suivre la conversation. Les réunions, au bureau, ça va, ajoutai-jeaussitôt. L’environnement est calme. Du coup, je comprends. Mais aurestaurant,c’estplusdifficile.

— Je sais, dit Brock au bout d’un moment. Je n’ai pas réfléchi, levendredi où je t’ai croisée au restaurant. Je me suis placé à ta droite.Excuse-moi.

J’avaiscomplètementoubliécedétail.—Cen’estpasgrave.Lesgensoublient.Çaarrive.—J’auraisquandmêmedûypenser,reprit-ilentenantlevolantàune

main. C’est ce que j’ai fait ce soir. J’ai réservé une table du fond, pouravoirunpeuplusd’intimitéetmoinsdebruit. Je seraiassisà tadroite.Commeça,nosinvitésserontàtagaucheetenfacedetoi.

J’ouvris labouche,mais jene savaispasquoidire.Unepartdemoiétait soulagée de savoir qu’il avait prismon handicap en considération.Uneautrepartétaitgênéequ’il ait euà le faire.Mais surtout, j’étaisencolère contremoi-même d’être gênée.Ma surdité faisait partie demonquotidienàprésent.Jenedevaispasenavoirhonte.

Agacée,jeresserraimaprisesurlaceinturedesécurité.—Jesuisgênéeetçam’énerve,admis-jesansm’enrendrecompte.—Tunedevraispasl’être.

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—Jesais.J’enaiconscience.Jesuppose…—Tun’aimespasl’attentionqueçaattiresurtoi,dit-il.(Cequiétait

surprenant,parcequ’il avaitparfaitement compris leproblème.)Tun’asjamaisappréciéd’êtrelecentredel’attention.

Unriresecs’échappademeslèvresentrouvertes.—Jepréfèreêtrecellequiobserve.Ensentantsamainsurlamienne,jemetusetbaissailesyeux.Ilétait

en train de desserrer mes doigts de la ceinture. Prenant une légèreinspiration,jerelevailatêteverslui.

Brockétaittoujoursconcentrésurlaroute.— Si tu continues à triturer ta ceinture comme ça, tu vas finir par

l’abîmer.—Désolée,marmonnai-je,parcequejenepouvaisriendired’autre.Il avait posémamain surma cuisse,mais ne l’avait pas lâchée. Sa

grandemain recouvrait entièrement lamienne et le bout de ses doigtsreposaitcontrelehautdemajambe.

Lecœurmartelantmapoitrineetmescôtes, jecontemplaisonprofilplongé dans l’ombre. J’avais la bouche sèche, mais je ne fis rien pourretirermamaindelasienne.Enfait,moncorpstoutentierétaitparalysé,àl’exceptiondemabouche.Malheureusement.

—Kristenettoi,vousêtestoujoursensemble?À l’instant où je posai la question, j’eus envie deme frapper. Je ne

voulaispasconnaîtrelaréponse.—Je t’ai dit quenousn’étionsplus fiancés, réponditBrock avecun

sourirelas.C’étaitlavérité.— Mais ça ne veut pas dire que vous ne vous voyez plus. Tu es

retournéàPhiladelphieceweek-endet…—J’y suis retourné pour signer des papiers relatifs à la vente de la

maison, expliqua-t-il. J’ai vu Kristen, c’est vrai. Elle avait encore desaffairesàrécupérer.Çafaitunanqueçatraîne.Jeluiaiditquesiellenevenaitpaslesprendreceweek-end,j’allaistoutdonneràdesassociations.

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—Oh.J’écarquillailesyeux.— Elle n’était pas super contente. (Son pouce glissa sur mon petit

doigt,dehautenbas.C’étaitunecaressetrèslégère,pourtantelleretenaittoutemonattention.)Autantdirequeleweek-endaétélong.

Jemerappelaiàquelpointilavaitl’airfatigué,lelundimatin.—Alors…pourquoiest-cequ’elleestvenueici?—J’aimeraisbienlesavoir,moiaussi.Aucunedesesraisonsnetient

laroute.Sonpoucecontinuaitsonmouvement.Est-cequ’ilavaitconsciencede

songeste? J’étaisàpeuprès sûrequecen’étaitpas legenredechosesqu’unpatronfaisaitàsonemployéeousonamie.C’étaitbientropintime.

—Maispourrépondreàtaquestion:non,jenesuisplusavecKristen.Plusdutout.

—Oh,murmurai-je.LaPorsches’arrêtaàunfeurouge.Quandil tournalatêteversmoi,

sesyeuxbrillaientdanslapénombrequirégnaitdanslavoiture.—Jenevoispersonne,Jillian.J’ouvrislabouche,maisaucunmotn’ensortit.Moncœurétaitdevenu

fou. Lorsque je plongeai les yeux dans les siens, je me retrouvaiprisonnièrede son regard.L’espacedequelques secondes, lepasséet lefuturdisparurent.Iln’yavaitplusquel’instantprésent,Brocketmoidanscettevoiture,sonpoucetraçantdeslignessurmamain.

Puislefeupassaauvert.Unevoitureklaxonnaderrièrenous.UnsourirepresquepuérilétiraleslèvresdeBrocketilappuyasurla

pédaledel’accélérateur.Moi,jeregardaisnosmains.Àquoijouait-il?Etpourquoil’yautorisais-je?Memordantlalèvreinférieure,jemelibérai.

Pendantuneseconde,samainseretrouvaplaquéecontremacuisse.Sonpoidsmebrûlaitàtraversletissufindemajupe.Unedoucechaleurenvahitmonventre.Celaneduraqu’uninstant,pourtant, laréactiondemoncorpsavaitétéviolenteetrapide.Ledésircoulaitdansmesveines.

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LorsqueBrockse rendit comptequ’il touchaitmacuisse, il retira sesdoigts.

Avec un soupir de soulagement, je me tournai de nouveau vers lavitre.Derrière,lesmaisonsdelarueprincipaledeMartinsburgdéfilaient.Jefisdemonmieuxpourretrouverlecontrôledemoncorps.

—Jillian?—Hmm?—Tusorsavecquelqu’un?medemanda-t-il.Saquestionmepritaudépourvu.J’allaisrépondrenon,quandjeme

rendiscomptequecen’étaitpastoutàfaitvrai.—Enquelquesorte.Sonsourires’élargitdavantage.—Tuenessûre?Jenerépondispas.Parcequejenel’étaispas.

***

Durantlestroisheuresqueduraledîner(ledînerlepluslongdemavie), il n’y eut que deuxmoments où je rencontrai des difficultés pourcomprendre nos deux convives qui parlaient vite et avec un accent del’Ouest.

Brocks’enétaitrenducompteaussitôt.Jenesavaispassij’avaisl’aircomplètement perdu ou s’il guettait simplementma réaction.Dans touslescas,ils’étaitcontentédemerépétercequiavaitétédit.

Àcet instant, lesdeuxhommesavaientsaisique j’avaisunproblèmedesurdité.Aprèsdesregardsunpeuinsistants,commej’avais l’habituded’enrecevoir,ilsavaientreprislaconversationcommesiderienn’était.

Ilsnepouvaientpasfaireautrement.Tous deux respectaient trop mon père pour me dévisager

ouvertement.Detoutefaçon,ilsétaienttellementadmiratifsdevantBrockqu’ilsremarquaientàpeinemaprésence.

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Alors,jecommandaiunverredevin.Puisundeuxième.Tyler James, le plus âgé, avait hâte de visiter nos locaux de

Martinsburg.—Nousavonsdutempslibredemain.Notrevoln’estquedansl’après-

midi.Brock,quiétaitrestéàl’eau,enpritunegorgéeavantdemeconsulter

duregard.—Ceseraitparfait.Monverredevinàlamain,jehochailatête.—Ilyadeuxcoursdecombatdehautniveaulematin,sivousvoulez

yassister.Les deux hommes acceptèrent. Puis, à ma grande surprise, Brock

mentionnamonidéed’expansion. Il leurditquenousallionssansdouteoffrirdescoursdedansedanslefutur,etpourquoipas,degymnastique.

—Vousavezbeaucoupdepotentielencorenonexploité,ditM.Jameslorsquelanotearriva.Nousnousferonsunplaisirdetravailleravecvoussivousdécidezdevouslancerdanscettevoie.

ChoquéequeBrockenait seulementparléetqu’ilm’enaitdonné lecrédit, je n’arrivais pas à croire que ces hommes dont l’entreprise étaitspécialiséeenboissonsetbarresprotéinéessoientintéressésparmonidée.

Quand on passa la porte, à 21 h 30, l’air s’était considérablementrefroidi.LesdeuxhommesdirentaurevoiràBrock,puismeserrèrentlamain.CefutTylerJamesquipritlaparole:

—J’ai hâted’en savoir plus sur cette expansion éventuelle, dit-il ensouriant.Jesuispersuadéquevoustenezlebonfilon.

—Merci,répondis-je,folledejoie.(SiBrockétaitd’accordetquedessponsors étaient potentiellement intéressés, convaincre mon père seraitplusfacile.)Jelecrois,moiaussi.

Lorsqu’ils montèrent dans leur voiture de location, je pus à peinecontenir mon excitation. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eul’impressiondefairequelquechosequicomptaitdansmontravail.

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Sansréfléchir,jemeretournaietpassaimesbrasautourdeBrock.Cen’estqu’unefoisque jemeretrouvaipresséecontre luique jemerendiscomptedecequej’étaisentraindefaire.Brocksetenaitdroitcommeunpiquet,lesbrasballants,visiblementchoquéparmongesteinattendu.

Oups.NousétionsamisetBrocknesecomportaitpasavecmoicommeun

patron, mais peut-être que nous n’avions pas encore atteint ce degréd’intimité.

Me sentant très bête, je fis mine dem’écarter. Mais je n’eus pas letempsd’allerbienloin,carBrockbougeaenfinetglissasesbrasautourdemataille.Unhoquetdesurprisefranchitmeslèvresquandjemeretrouvailovée contre lui. Ce n’était plus une simple embrassademotivée par unexcèsd’enthousiasme.Non.C’était bienplusque cela.Mes seins étaientpressés contre son torse, mon ventre à ses hanches. Il n’y avait aucunespace entre nous et quand son torse se souleva, je le sentis tremblercontremoi.

Sesdoigtss’enroulèrentautourdemescheveuxetilposasonmentonsur ma tête. Brock n’était pas simplement en train de me rendre monétreinte.Ilprenaitl’initiativedemeserrercontrelui.Cen’étaitpaspareil.Ilyavaituneénormedifférence.

Des voitures passaientdans la rue.Des conversations s’approchaientdenous,puiss’éloignaientsurletrottoir.Unesensationardenteavaitprispossession de mes sens et fait remonter des sentiments anciens etfamiliers. Un cyclone de passion et de désir m’emporta tandis que jeposais la tête contre son torse, juste à hauteur de son cœur. Ainsi, jepouvaispresquefairesemblantquenousétions…Non.Jenepouvaispasfaire semblant. C’était le genre de chemin que seuls ceux qui voulaientsouffrirempruntaient.Jem’écartaietlevailatêteversBrock.

Jenel’avaisjamaisvuaussidétendu.Pourtant,ilyavaitdanssesyeuxune intensité très particulière. C’était déstabilisant. J’avais l’impressionqu’ilmelançaitundéfi.Enmehissantsurlapointedespieds,j’auraispul’embrasser.

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Oh,monDieu.Àquoiétais-jeentraindepenser?Je me libérai, contente que l’obscurité dissimule le rouge de mes

joues.— J’irai acheter des viennoiseries, demain matin, décidai-je en

croisantlesbrassurmapoitrine.Le vent souleva mes cheveux, faisant voler quelques mèches par-

dessusmesépaules.Jefrissonnai.Brockn’avaitpasbougé.Ilnedisaitrien.Jeprisunegrandeinspiration.Puisuneautre.—IlfaudraprévenirPaul.Cesontsescours,jecrois?—Oui,réponditBrockenretirantsavestenoirepourlaposersurmes

épaules.(Cequivenaitdesepassernesemblaitpasleperturber.)Troisdenosmeilleursespoirssuiventsescours.Tonpèreaimeraitqu’ilsserendentàPhiladelphiepourqu’ilpuisselesévaluerlui-même.

—Merci,dis-jeenagrippantlespansdelavestepourlafermer.(Ontraversalaroute.)Dequelsgarçonsest-cequetuparles?

Toutenlistantdesnoms,Brocksortitlesclésdesapoche.Aprèsavoirdéverrouillé la voiture, il ouvrit la portière côté passager pour moi. Jem’installaiàl’intérieursansretirersaveste…parcequ’elleétaitchaudeetparceque lorsque j’inspiraisprofondément, jepouvaissentir sonparfumboisé.

—Ons’estbiendébrouillés,cesoir,ditBrockens’asseyantderrièrelevolantetenmettantlecontact.

Del’airs’échappadel’aérationetl’habitacleseréchauffapetitàpetit.—Oui.C’estvrai.S’adossantàsonsiège,ilmedévisageadansl’obscurité.—Onformeunebonneéquipe.—Absolument.Commej’avaisenviedesourire,jemetournaiversladroite.—Pourquoiest-cequetufaisça?—Quoi?Monsouriredisparut.JereportaimonattentionsurBrock.

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Il sepenchaenavantet saisitmonmentondanssamain.Lesoufflecoupé,j’écarquillailesyeux.

—Dès que tu temets à sourire, tu arrêtes ou tu détournes la tête.Pourquoi?

—Je…(Nosregardssecroisèrent.J’eusl’impressiondetombersousson charme et mes lèvres bougèrent d’elles-mêmes.) Je ne peux plussourirenormalement.

Ilm’examinauninstantsansriendire.—Àcausedunerfquiaététouché?—Oui.(Jedétournailesyeux.)C’estbizarre.Onauraitpucroireque

leproblèmeseraitducôtédroitdemonvisage,étantdonnéqu’unepartiedemamâchoireaété remplacée,mais c’estducôtégauche. Je supposeque…j’aiététouchéepileaumauvaisendroit.

Brockbaissalesyeuxversmeslèvres.—Jene…Jenemerappellepasladernièrefoisoùjet’aivuesourire.Jemecrispai.—Non,enfaitjem’ensouviens.Il fit glisser sonpouce le longdema lèvre inférieure. Je tremblai et

fermailesyeux.Songestemefaisaitplusd’effetqu’iln’auraitdû.—Jesuissûrquetonsourireesttoujoursaussibeau,dit-ild’unevoix

basse.Nelecachepas,Jillian.Alorsquemespaupièresétaienttoujoursfermées, jesentisseslèvres

seposercontremajoue.Contremacicatriceprofonde.Choquéeauplusprofonddemonêtre,jelaissaiéchapperunhoquetdesurprise.C’étaitunbaiser trèsdoux.Cen’étaitpas lapremière fois,évidemment,queBrockMitchell m’embrassait sur la joue, mais à présent, la situation étaitdifférente.Lasensationdeseslèvressurmapeau,desabarbemedonnaittrès chaud.Lorsqu’il s’écarta, sonnez effleura le creuxdema joueet jecrusquej’allaisexploser.

C’était un simple baiser sur la joue, chaste et sans arrière-pensée.J’aurais voulu que ça le reste. Malheureusement, mon cœur battait la

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chamadeet jenepus empêcher toutes les arrière-penséesdumondedem’envahir.

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14

Brockpassalapremière,puissortitduparking.Moi,jerestaiassiselà,lesdoigts crispés sur saveste.Onneparlapaspendant le trajet jusqu’àchezmoi.

— Je te raccompagne, annonça-t-il en se garant près de l’entrée demonimmeuble.

—Tun’espas…Jem’interrompis en sentant samain frôlerma hanche. Il venait de

défaire ma ceinture de sécurité. Avant que j’aie eu le temps de réagir,Brockétaitdéjàsortidevoitureetenavaitfaitletour.

—OK…Il ouvrit ma portière, puis me tendit la main. Je l’observai avec

curiosité,avantd’attrapermonsacposéàmespiedsetdesortir.—Tun’esvraimentpasobligédefaireça,insistai-je.—J’enaienvie.Lesmains fourréesdans lespochesdesonpantalon,Brockmesuivit

en direction des escaliers. J’habitais au deuxième. Je n’aurais jamaisaccepté de louer un appartement à un étage plus élevé sans ascenseur.Brock observa le parking et la lumière douce qui s’échappait desappartements.

—C’esttranquille,ici.—Oui.(Serrantsavestecontremoi,jemontailesescaliersextérieurs

enfaisantglissermesdoigtslelongdelamaincourante.)Jesupposequeçal’estencoreplusdanstanouvellemaison.

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—Onn’entendquelesoiseauxetunlynxouuntrucdanslegenre.Jeris.—Unlynx?— Je te jure. En pleine nuit, il m’arrive d’entendre des bruits très

bizarres. Mais sinon, c’est génial. (Il s’interrompit tandis que nousarrivionsaupremierétage.)Tudevraisvenirvoirpartoi-même.

Jenesavaispasquoirépondreàça.Était-ceunepropositionamicale?Ouest-cequeçacachaitautrechose?Pourquoiest-ceque jemeposaistoutescesquestions?Jemecontentaidehocherlatête.

Il ne dit rien tandis que nous atteignions le deuxième étage etpénétrions dans le couloir. Mon appartement se trouvait tout au bout.Quandnousnousarrêtâmesdevantmaporte,moncœurbattaittrèsfort.Onauraitditquej’avaisgravibeaucoupplusquedeuxétages.

—Ehbien,mercide…euh,m’avoirraccompagnéejusqu’ici.(Baissantlatête,jesortismesclésdemonsac,puismeredressai.)Etpour…

Je ne terminai pasma phrase parce que Brock avait fait un pas enavant.Ilétaittellementprochequeseschaussuresfrôlaientlesmiennes.

—Etpour…?medemanda-t-ild’unevoixdouce.Je n’avais pas lamoindre idée de ce que jem’étais apprêtée à dire.

Désorientée,jesecouailatêtepouréclaircirmespensées.—Pourm’avoirservidechauffeurpourlajournée.—Çam’afaitplaisir.Jecroisquejesuispasséàcôtédemavocation.—Ahbon?rétorquai-je.—Oui.Jedevraisquittermonpostedemanager,demanderàl’unde

tesonclesdevenirmeremplaceretmecontenterdeteconduire,toutelajournée.

Jesecouailatête.—Tusais,cen’estpasunesimauvaiseidée.Jedétesteconduire.Ilhaussaunsourcil.—Jecroyaisquetuadoraisça?—Avant, oui.Maismaintenant, je conduis seulement pour aller au

boulotetenrevenir.Iln’yariendedrôlelà-dedans.

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—Jecomprends.(Ilmarquaunepause.)Tuesfatiguée?—Euh…Décidément,j’étaisincapabledeparlernormalement.Ilsouritdenouveau.—Sinon,jepensaisqu’onpourrait…prendreundernierverre.— Je… je n’ai rien à boire. Enfin, j’ai bien une bouteille de vin qui

traîne,maisc’estde lapiquette.Çavanousdonnermalà la tête,dis-jed’unetraite,lecœurbattant.J’aiaussidusodaouducafé,mais…

—Del’eauoudusoda,c’esttrèsbien,mecoupa-t-ilenriant.Quand je rouvris la bouche, mes lèvres bougèrent un instant sans

produirelemoindreson.—Tuveux…entrer?—Oui.Jeveuxentrer,Jillian.Il voulait entrer et je ne pus m’empêcher d’avoir l’esprit mal placé.

Comme il était très proche demoi, je devais pencher la tête en arrièrepourleregarderettoutàcoup,unetensions’insinuadanslefaibleespacequinousséparait.Nosyeuxsecroisèrentunenouvellefois.Aucundenousneparlaninebougea.Seslèvress’entrouvrirentsurunlégersouffle.Mapoitrine se souleva en tremblant. Qu’était-il en train de se passer ? Jel’ignorais, mais je n’étais pas entièrement naïve non plus. Brock meregardait comme il ne l’avait jamais fait quandnous étions plus jeunes.Pourtant,celan’avaitaucunsens.

J’avais le sentiment que si je le laissais entrer, ce serait dangereuxpournous.Pourmoi.

M’humectant les lèvres, je détournai les yeux tandis que les sienss’assombrissaient.

—Ilsefaittard.—Pastantqueça,dit-ild’unevoixrauquequimefitfrissonner.Moncœurbonditdansmapoitrine.—C’estjusteque…jenecroispasqueceseraitunebonneidée.Ileutunsourireencoin.

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—Lesmeilleureschosescommencentsouventcommeça.Rappelle-toiquandj’aiessayédevolertonpère.

Unéclatderirem’échappa.—C’étaitune trèsmauvaise idée.Tuasde la chanceque ça se soit

bienterminépourtoi.—Tuasraison.Quandilbaissalatête, jemecrispai,pensantqu’iln’allaitpassuivre

monconseil.Ilm’embrassasurlefront.Cen’étaitpasuncomportementdepatron…Maisçam’étaitcomplètementégal.Sonsoufflechauddansaitsurmajoueetsurmescheveux,contremes

tempes.—Maistuasraison.Lesoulagementetladéceptionm’envahirentenmêmetempsetjeme

retrouvaiàhocherbêtementlatête.Aprèsêtrerentréechezmoisansunregardenarrière, jerefermai laporteàclé.Cen’estqu’àcemoment-là,tandisquejepressaismonfrontcontrelaporte,quejemerendiscomptequejeportaistoujourssaveste.

—Merde,marmonnai-je.Quelquepart,derrièremoi,Rhagemiaulad’unairtriste.Jenebougeaipastoutdesuite.Unepartiedemoiétaitrestéedehors,

dans ce couloir, et se demandait toujours si elle devait laisser entrerBrock.Et cettepartiedemoi était incroyablement stupide,parcequ’ellevoulaitàtoutprixsavoircequiseseraitpassésiellel’avaitfait.

***

Le jeudi matin, ce fut avec l’estomac noué que j’entrai dans monbureau.

J’ignoraiscommentBrockallait secomporteraprèsavoirdemandéàentrerdansmonappartement.Demoncôté,j’avaiseubeaucoupdemalà

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m’endormirlaveille.Monespritétaittropenébullition.Il y avait de grandes chances que j’aie interprété ses intentions de

travers. Ce n’était pas impossible. À l’époque, j’étais très douée pour cegenredechoses.Peut-êtreavait-ilsoifoupeut-êtrevoulait-ilsimplementpasserdutempsavecmoientantqu’ami…etmoi,jem’étaisprislatête.

Jemeprenaistoutletempslatête.Toutefois,l’étreintequenousavionspartagéeavaitétéspéciale.Et il ne s’était pas comporté en ami avecmoi. Pas quand ilm’avait

embrasséesurlajoue,puissurlefront.Entreamis,onnes’embrassaitpassurlevisage.Enfin,çaarrivaitàlatélé,maisdanslavraievie,cen’étaitjamaislecas.Dieumerci.J’avaisbesoinqu’onrespectemonespacevital.

Durantlanuit,j’avaistellementrejouélascènedansmonespritqu’aubout d’un moment, j’avais attrapé mon Kindle et m’étais forcée à meplongerdansuneromancehistoriqueàproposdufilsillégitimed’unducquiétaitdevenupirate.

Àprésent, je recommençaisà stresser, sansdoutepour rien.J’ouvrisune-mailcontenantunelisted’employésdontlescapacitésdevaientêtreévaluées.Plusieursminutespassèrentsansquejecomprennequoiquecesoit à ce que je lisais, puis je compris que les ressources humainesdésiraientavoirmonavisetceluideBrocksurlaquestion.

—Bonjour.JerelevaivivementlatêtepourvoirBrockentrerd’unpasdécidédans

monbureau.Jemecrispai.Lapremièrechoseque jeremarquai futqu’ilportaitunjoggingnoiretunvieuxtee-shirtdecombat.C’étaitlapremièrefoisquejelevoyaishabilléainsidepuisqu’ilavaitcommencéàtravaillerici.Ladeuxièmechosefutlegobeletblancqu’ilportait.Starbucks.

—Bonjour,marmonnai-je.Toutsourire,Brockposalegobeletsurmonbureau.—Pumpkinspicelatte.Encorefumant.Jeregardailaboissonavantdereleverlatêteverslui.—C’estpourmoi?

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—En tout cas, cen’estpaspourmoi. J’ai l’airdeboire cegenredetrucs?

J’enroulailentementmesdoigtsautourdugobeletchaud.—Merci.Hochantlatête,ilfitdemi-tour.—Jeseraiaupremier,aveclesgroupes.Viensmechercherquandnos

invitésserontarrivés.—D’accord.Jel’observais’éloigner,puisbaissailesyeuxverslepumpkinspicelatte

quisentaitdélicieusementbon.«J’ail’airdeboirecegenredetrucs?»Unsouriresedessinasurmeslèvresetjegloussai.

Lessponsorspotentielsarrivèrentpeudetempsaprèssondépart. Ilsfurent impressionnés par nos installations et l’espace que nous avions àproposer.Brocketmoipensionstouslesdeuxquenousnetarderionspasàavoirdeleursnouvelles.Nousn’enavionspasencorediscutéavecmonpère. J’avais décidé que ce serait une conversation que nous aurions àThanksgiving,faceàface.

Le vendredi, Brock m’apporta un autre latte accompagné de deuxtranches de cake à la citrouille, avant de disparaître à nouveau et depassersajournéeaupremier.

Ledimanchesuivant, jemerendisaumagasindebricolageenquêtede nouvelles bibliothèques. Celles en escalier attirèrent aussitôt monattention,mais elles ne pouvaient pas supporter beaucoup de livres. Jefinisparenacheterdeuxdesplusclassiques,puispassaiuntempsfouàlessortirdemavoitureetàlesmonterdansmonappartement.

C’étaitdanscesmoments-làqu’avoirunhommeàlamaisonauraitétéutile.

Maisjeréussistouteseule.Jesortismêmelesdifférentespièces…sanspourautantprocéderaumontage.J’avaisoubliéqu’ilyavaitTheWalkingDeadàlatéléetcommejen’avaispasdetélédansmachambred’amis,jem’installai sur mon canapé, commandai du chinois et ne bougeai paspendantunegrandepartiedelanuit.

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Lundi,Brockarrivaau travail en retard.Pasde latte ni de délicieuxcakepourmoi.Jefusdéçue…jusqu’àcequ’ilfrappeàmaporteà11h30avecunsacdefast-food.

— Tu as peut-être apporté ton repas, dit-il en entrant dans monbureau.(Uneodeurdélicieuses’échappaitdusacenpapiermarron.)Maissi mes souvenirs sont bons, tu n’as jamais su dire non à des frites aufromage.

—Jamais,soufflai-jeavecleventrequigargouillait.J’avais apporté un plat préparé Weight Watchers. Il était hors de

questionquejetroquedesfritesaufromagecontreça.Ils’assitsurlachaiseenfacedemoietsortitplusieurscartonsblancs,

ainsiqu’unpetitrécipientsuruneserviette.—Delacrèmeaigre.Jehaussailesépaules.—Tamémoirem’épate.Brockrittoutensortantunesalade.Unesalade!—Commentaurais-jepuoublierlescrisesquetupiquaischaquefois

qu’onnet’endonnaitpas?Le coin de mes lèvres se retroussa. Rien ne m’agaçait plus qu’une

erreurdanslessaucesquej’avaiscommandées.J’étais en train d’ouvrir le petit récipient lorsque je vis Paul passer

devantmon bureau.On aurait dit qu’il se dirigeait vers celui de Brock.Quandilremarquaqu’ilsetrouvaitdanslemien,ilsefigeaetsecoualatête.Jen’enétaispascertaine,maisj’avaisl’impressionqu’ilavaitlevélesyeuxauciel.

C’étaitquoi,sonproblème?Brockjetauncoupd’œilderrièrelui,maisPaulavaitdéjàdisparu.Il

reportasonattentionsurmoi.—Pourquoitufaiscettetête?— Pour rien, marmonnai-je en fourrant plusieurs frites au fromage

dansmabouche.

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Aprèsdéjeuner,monportablevibra sur lebureau.LenomdeGradys’affichasurl’écran.J’hésitai.Jenesavaispassij’avaisenviederépondre,cequin’étaitvraimentpassympademapart.

Honteuse, je finispardécrocheravantque le répondeurne semetteenroute.

—Allô?—Salut!Excuse-moidetedérangerautravail,ditGrady.—Pasde souci. (Je tournai la tête versmaporte ouverte.) Je peux

parlerunpeu.Qu’est-cequisepasse?—Jesuisdésolé,maisonvadevoirreporternotrerendez-vousdece

week-end,m’expliqua-t-il. (Sa déception avait l’air sincère.) Je viens derecevoirunappeldemesparents.Mongrand-pèreestmaladeet ilsontbesoindemonaide.

—Oh, fis-je en jouant avecmon stylo. J’espère que cen’est riendegrave.

—Non,c’estjustequ’ilenfaitbeaucouptroppoursonâge.Ilnes’estpasrenducomptequ’ilavaitvieilli,réponditGradyenriant.Pendantdeuxsemaines, jevaisavoirunemploidutempsdemaladeavec lesexamensqui arrivent, mais dès que les choses se seront calmées, j’aimeraisbeaucoupdîneravectoi.

—Jecomprends.Jefistournoyermonstylo…quitombademesdoigtsetglissalelong

dubureaujusqu’ausol.Jesoupirai.—Tuessûre?Jem’enveuxbeaucoup…—Ne t’en fais pas. J’ai étéobligéede reporterun rendez-vous,moi

aussi.(Jemelevaietfisletourdubureaupourramassermonstylo.)Cesera un plaisir de dîner avec toi quand… quand les choses se serontcalmées.

—J’ycomptebien.Je haussai les sourcils. Avait-il réellement l’intention de le faire ?

Aprèstout,ilvenaitjustedemedirequ’ilétaittellementoccupéqu’ilnesavaitpasquandilseraitlibrepourmevoir.

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—OK,dis-jeenmerasseyant.Àbientôt,alors.—Aurevoir,Jillian.Quandjeraccrochai,jenesuspastoutdesuitecequejeressentais.En

toute franchise, je n’étais pas vraiment déçue ni rassurée. Une sorted’apathies’étaitemparéedemoi.Jenepensaispasqu’ilmerappellerait.Après tout, j’avais tourné la tête lorsqu’ilavaitessayédem’embrasseretc’étaitmoiquiavaisannulénotrerendez-vouslapremière.Ilmeparaissaitlogique qu’il souhaite passer à autre chose. Je ne pouvais pas lui envouloir.

Lemardivitleretourdupumpkinspicelatte.Lemercredietlejeudi,leditlattefutaccompagnéd’uncakeàlacitrouille,puisd’unquatre-quartsabsolumentsublime.

Vendredi,Brockm’amenamangeraunouveaurestaurantdesushisquivenaitd’ouvrirenville.Ilmeposadesquestionssurmonweek-endetluimeditqu’ilavaitdestravauxàfairechezlui.Onneparlaniduboulotnidupassé.Jementionnai labibliothèqueque j’avaisachetée,maisn’avaispasencoremontée.Ilmeproposadelefairepourmoi,maisjeneprispassapropositionausérieux.

Sur le chemin du retour à l’académie, on s’arrêta devant unepépinière. Je restai dans la voiture tandis qu’il remontait le chemin degraviersàpiedetdisparaissaitsousunetente.Ilm’avaitassuréqu’ilseraitrapide.

Cinqminutesplustard,ilressortitavecdeuxénormeschrysanthèmes.L’unavaitdesfleursorangevif,l’autrevioletfoncé.Ilposalesdeuxpotsparterre,àl’arrière.

—Deschrysanthèmes?demandai-jetandisqu’ils’asseyaitderrièrelevolant.

—Oui.Pourquoi?—Pourquoiest-cequetuaschoisideschrysanthèmes?—Etpourquoipas?(Ilesquissaunsouriregêné.)J’aimebien.Brock n’était pas le genre de personnes qui, dans mon imaginaire,

aimait les chrysanthèmes. Ou les fleurs, en général. Pourtant, les deux

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plantesderrièremoiprouvaientquej’avaistort.Je venais d’apprendre une nouvelle chose au sujet de Brock. Une

chosetoutebête…maiscraquante.Ilmejetaunregardenbiaistoutenmettantlamarchearrière.—Ah,presque!Commejenecomprenaispas,jeluidemandai:—Presque?— Tu as presque souri, répondit-il. (Il me dévisagea quelques

secondes,avantd’accélérer.)J’aipresqueréussiàtefairesourire.

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L’amourestuneflamme.Onnesaitjamaissiellevanousréchauffer

lecœuroumettrelefeuàlabaraque.JoanCRAWFORD

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15

Les semaines défilèrent. Halloween laissa sa place au mois denovembre.L’airserafraîchissaitunpeupluschaquejour.Àlamétéo,onprévoyaitunhiverrecord,leplusfroiddepuisdesannées,avecdesmètresdeneigeàlaclé.Desmètres.Pasdescentimètres.

Jen’avaistoujourspasmontémesbibliothèques.Gradym’envoyaitunmessagedetempsentemps,auqueljerépondais,

mais ilnem’avaittoujourspasréinvitéeàdîner.Mesdoutessevoyaientconfirmés.

ConcernantGrady, j’aurais voulu être…déçue.Car aumoins, jemeseraisprouvéque j’étaiscapablederessentirquelquechosedevraipourquelqu’un et pas seulement un intérêt fugace. Malheureusement, étantdonné que je ne passais pas mon temps à soupirer et à attendre qu’ilhonoresapromesse,c’étaitmalbarré.

En revanche, je passais beaucoup de temps avec Brock et… tout sefaisaitnaturellement.On travaillaitbienensemble,pendant les réunionsetendehors.Iln’yavaitpluseudedînersliésauboulotetiln’étaitplusvenuchezmoià l’improviste,mais chaque jour, ildébarquaitdansmonbureauavecuncafé, ledéjeunerouundessert.Parfois les troisdans lamêmejournée.

Jecommençaisàmedemanders’ilessayaitdemefairegrossir.Cen’étaitpaslapeine.J’yarrivaistrèsbientouteseule.Danstouslescas,c’étaitadorabledesapart.Ilessayaitsansdoutede

sefairepardonnerlepasséouderattraperletempsperdu.Àl’époque,il

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avaitdéjàcettehabitude.Pasaussisouvent,maisilluiarrivaitdefaireuncrochetpar lamaisondemesparents lorsque je rentraisde l’écolepourm’apporterunepartdetarteoudegâteaudelapâtisseriequisetrouvaitdans lamême rue que l’académie. Et au lieu dem’apporter du café aubureau, ilme livrait des smoothies et desmilk-shakesdirectementdansmachambre.

Leschosesétaientrevenuescommeavant.Oupresque.Brock flirtait toujours autant. Il avait le don de glisser des sous-

entendussexuelspartout.Àmoinsquecenesoitmoninterprétation.Aubout de plusieurs années de célibat, tout me paraissait sexuel. Je neplaisantais même pas. Même lorsque je regardais The Walking Dead, ilm’arrivaitdelorgnerlesbicepsdeDaryloulesyeuxbleusdeRickunpeutroplongtemps.

Ladifférence,c’étaitquej’évitaisdem’attardersurlafaçondontilmeregardait. Jene faisaispasde fixation sur samainqui frôlait lamiennesurlechemindelasallederéunion.Jerefusaisdeprêterattentionàsesdoigtsquieffleuraientlesmienschaquefoisqu’ilmetendaitmoncaféouunedouceur.Celaarrivaittoutletemps,àprésent.

Jedétestaiscesmoments,parcequedèsqu’ilmetouchait,latêtemetournait. Mon corps se mettait en alerte et je rougissais. Mes seinsdevenaientlourdsetdouloureux.Etjevoulais…jevoulaisplus.Quelquechoseenmois’ouvrait,seréveillaitetgrandissait.

Mabonnevieille«baguettemagique»avaitreprisduservice.Durantlesdeuxdernièressemaines,jen’avaispasarrêtédefairedes

cauchemarsoudesinsomnies.Alorsjerepensaisàlasensationdesesbrasmusclésautourdemoi,àlapuissancedesontorsesousmajoueet…cespenséesouvraientlaporteàmesfantasmes.

Cesfantasmes,j’essayaisdenepasleurdonnerdevisage.J’imaginaisquemesdoigtsoumonjouetétaientremplacésparlamainoulabouched’un homme. Jeme voyais contre unmur, sur le dos, sur le ventre surmonlitoupenchéeenavant, lesdoigtscrispéssuruncomptoir…ouuncertainbureauenmerisier.

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Quandjemelaissaisaller, jeglissaimamainoulabaguettesouslescouvertures.Lessensationsvidaientmonespritdetouteimage,tandisquelapressiondevenaitdeplusenplus forte…mais la finétait toujours lamême.Justeavantl’orgasme,aumomentoùjemesentaismerapprocherduprécipiceetoùmesjambestremblaient,degrandsyeuxmarronfoncéetunsourireamuséapparaissaientdevantmoi.

JejouissaisenvoyantlevisagedeBrock.Après,pendantquelesbattementsdemoncœursecalmaient,j’avais

toujoursenviedemefrapper.L’imaginerenmemasturbantmeparaissaitmalsain.

Ettropbonàlafois.Mêmesijen’avaispasenviedelefaire,j’entiraisunplaisirincroyable.

***

Le mercredi précédant le rendez-vous d’Avery et sa bande àl’académie,ellem’appelapourmedirequeleursmarisvoulaientessayerunnouveaubar àShepherdstownqui servait également àmanger.Celamerendittrèsnerveuse.

Jefisdemonmieuxpourlecacher,parcequec’étaitridicule.Enréalité,jen’avaispasremislespiedsdansunbardepuisl’incident,

sachant que cela ferait remonter à la surface des souvenirs que j’auraispréféré oublier. Assise à mon bureau, mes pensées me ramenèrentaussitôtenarrière.

Katiesoutintmonregarduninstant,avantdedécroisersesbrasnusetfins,révélantsontopbrillant.Elleattrapalaboissonaveclaquelleelleétaitvenuemerejoindre.

—Qu’est-cequetufaisici?Tun’asquedix-huitans,non?—Vingt, la corrigeai-je en soupirant. (D’habitude,dans lesbons jours,

onmeprenaitpourunegaminedeseizeans.Cesoir…cesoir,jecroyaisfairemonâge.)J’aivingtans.

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—Tun’asquandmêmepas ledroitdeboire. (Les sequinset lesperlestremblèrenttandisqu’ellebuvaitculsec.Impressionnant.)SiJaxetCallatevoientici,ilsvontpaniquer.

Callan’étaitpasaubarcesoir.Dumoins,jenel’avaispasvueetJaxnesemblait pas encore avoir remarquéma présence. Ce n’était pas étonnant.J’avaistendanceàpasserinaperçue.

Toutàcoup,unhommeentraetcrialenomdeBrock.Jemecrispai,puismedétendisenvoyantBrocks’éloignerdubar.

—Salut,cria-t-ilenguisederéponse.Commentçava,monpote?—Mouais…(Katiesecoualatête.)Tuessûrequetuneveuxpasqueje

teraccompagne?Jehochailatête.Jen’étaispascertainedepouvoirparlersansquemon

amertumesedéversedemabouche.Katies’approchademoi.Sonparfumfruitémerappelaitlesboissonsque

mamèrebuvaitquandnousnousrendionsàlaplage.Ellem’embrassasurlajoue.

—Riennevachanger,cesoir,Jilly.Jelesais.(Seredressant,elletapaun doigt contre sa tempe.) C’est un don. Ou une malédiction. Il te voittoujoursdelamêmefaçonquelafoisoùilt’aaccompagnéeaubaldepromo.Çanechangerapascesoir.Tuferaismieuxderentrercheztoi.

Entendre une telle chose me faisait mal, très mal. J’avais l’impressionqu’unpoignardm’avaittranspercélecœur,lesosetlamoelleépinière.

UnefoisKatiepartie,jerestaiassisesurmontabouretunlongmoment,sansbouger,sansmêmerespirer.J’observaisBrock.Jeluiavaisàpeineparlédepuismonarrivée.Ilm’avaitvue.Visiblementsurpris,ilm’avaitregardéedelatêteauxpieds,puisilm’avaitprisedanssesbrasetm’avaitditquenouspartirionsbientôt.LorsqueColtonetReeceétaiententrés,jem’étaisassiseàunetableavantquel’und’euxserappellequejen’avaispasvingtetunans.

Attrapantmonsacsurlatable,jel’ouvrisetensortismontéléphone.Ilétait presque 21 heures. Mince. Est-ce qu’on allait réussir à manger auSteakhouse?Jenemesouvenaisplusàquelleheureilsarrêtaientdeservir.Lanervositémebrûlaitl’estomac.J’ignorecombiendetempsjerestaiplantée

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là,lesyeuxdanslevide,maislorsquejeconsultaidenouveaul’heure,ilétaitplusde21heures.

Nousnepartirionsjamais,c’étaituncauchemar.Cettesoiréeétaitcenséeêtredifférente.Spéciale.Jenepouvaispasresterassisesansriendire.Rassemblanttoutmoncourage,jedescendisdutabouretetavançai.Àla

dernièreminute,jetournaiàgaucheetentraidanslestoilettesdesfemmes.Bonsang.J’étaisunevraiemauviette.Unefoisàl’intérieurdestoilettesqui,aupassage,étaientétonnamment

propres,jefouillaimonsacàlarecherched’unrougeàlèvres.Jel’appliquaiavecdesdoigtstremblantstoutenessayantdemedonnerducourage.J’allaissortir de ces toilettes et aller parler à Brock. Ce n’était pas impoli. J’allaissimplement luidemander si l’onpartaitbientôt et il se rendrait comptedutemps qu’il m’avait fait attendre. On partirait et la soirée… la soiréereprendraitsoncours.

J’attrapai la petite bouteille de parfum, m’en aspergeai, puis souris àmonreflet.Merde.Mafrangeétaitretombéesurmonfront.Tantpis.Jenepouvaisrienyfaire.

Glissant l’ansedemon sacàmonépaule, je retournaidans la salle. Jedépassailegroupedefilles.Kristenn’étaitpluscolléeàBrock,maiselleétaittoujours là, penchée vers l’une de ses copines. Elles se faisaient desmessesbassesetgloussaiententreelles.CefutReecequimevitenpremier.Ilhaussalessourcilspendantque,lecœurmartelantmapoitrine,jeposaislamainsurlebrasdeBrock.

Celui-cisetournaversmoietbaissalatête.Ilmesuraitplusd’unmètrequatre-vingt-dixetmoiàpeineunmètresoixante.Àcôtéde lui, j’étaisunenaine.

—Jillybean,dit-ild’unevoixgraveetrauque.Oùt’étaispassée?—Euh,jediscutaisavecKatie,répondis-je.Elleestretournéetravailler.Iltenditlebrasderrièreluietattrapasabièresurlebar.—Ellen’estmêmepasvenuemedirebonjour.—Ehbien…

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Brockpassaunbrasautourdemesépaulesetmeserracontresonflanc.Sonparfumétaitmerveilleux.Uneodeurfraîcheetmusquéequimerappelaitlegrandair.Moncorpstoutentierfrémit.

—J’allaispartiràtarecherche.Jecroyaisquetut’étaisenfuiesansmoi.—Maisnon.Jenepusréprimerunsourire.—Tantmieux.(Ilserramonépaule.)Çam’auraitrendutriste.Colton se tourna vers nous. Il avait cette expression bien particulière

qu’ontlesflicsquandilsnesontpasenservice.—Salut,Jillian.—Salut,couinai-je.Lamain de Brock bougeait surmon bras. Enfin, pas samain entière.

Seulementsonpoucequidécrivaitdescerclessurmapeau.Coltonlevasabouteilledebière.—Jenesavaispasquetuavaisvingtetunans.—Euh…bafouillai-je.Aumêmemoment,Jaxapparutderrièrelebar.Enmevoyantàcôtéde

Brock,ilécarquillalesyeux.—Hé,fit-ilencroisantlesbras.Tusaisquejet’adore,mabelle,maistu

n’aspas ledroit d’être ici. Lesmoinsde vingt etunans, c’est seulement lemercredisoir…etDieumerci,ajouta-t-ildanssabarbe.Depuisquandtueslà?

Jesoupiraienmonforintérieur.Étantdonnéqueçafaisaitdeuxheuresque jepoireautais ici,c’étaitunpeuhumiliantdemerendrecompteàquelpoint je passais inaperçue. Même si je m’étais déshabillée, personne nel’auraitremarqué.

—Oh,merde!(Brockretirasonbrasdemesépaulesetreposasabièresurlebar.)J’avaispaspenséàça!

J’eussoudainlevisageenfeu.—Cen’estpasgrave.On…Onyva,detoutefaçon,pasvrai?Brockfronçalessourcils.—Quoi?Oh,bonsang!Quelleheureilest?

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—Euh…J’ouvrismonsacàlarecherchedemonportable,maisilavaitdéjàsorti

lesien.— Tiens, nous interrompit une voix douce. (Je relevai la tête. C’était

Kristen.Elle tenaitdeuxverresà shotdans lamain.)Bois-enunavecmoi,Brock.

Téléphoneàlamain,Brockbaissalesyeuxversmoi.—S’ilteplaît,insista-t-elle.(Mesdoigtssecrispèrentsurl’ansedemon

sac.)Tum’avaispromis.—C’estvrai.(Ilacceptaleshotmaisnebutpastoutdesuite.Sesyeux,si

foncés qu’ils étaient quasiment noirs, plongèrent dans les miens.) Je suisdésolé,Jillybean.Jen’avaispasvuqu’ilétaitsitard.

ConscientedelaprésencedeKristenquisetenaitjusteàcôtédenous,jerépondis:

—Cen’estpasgrave.Quand son regard se posa derrièremoi, un frisson étrange remonta le

longdemacolonnevertébrale.IlregardaitKristen.—Qu’est-cequetufais,demainsoir?Demain soir ? Je clignai lentement les yeux. J’avais l’intention de

retourneràShepherd.Quantàlui,ilseraitendéplacementavecmonpèreetl’équipedelaLimaAcademy.Alors,pourquoi…?

— Et si on mangeait ensemble demain ? (Le sourire de Brock avaittoujours fait des ravages. À cet instant, il dévastaitmon cœur.) Ouais, ceseramieux.

—Quoi?soufflai-je.J’avaissansdoutemalentendu.Iln’étaitpasdisponiblelelendemain.Il

nepourraitpasselibérerpourmoi.— On mangera ensemble, demain, reprit-il en portant le verre à ses

lèvres.Onenprofiteraplus.Encomprenantcequiétaitentraindesepasser,jesentisunfroidglacial

m’envahir.Brock était en traindeme laisser tomber. Ilme laissait tomberpoursesamisetpourKristen.Lelendemain,ledînern’auraitjamaislieucar

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ilseraitendéplacement.Ilprenaitl’avionavecmonpère.Etmonpèreaimaitêtreenavanceàl’aéroport.

—Jillian?intervintJaxenhaussantlessourcils.Le visage de la même couleur que mon rouge à lèvres, j’observai les

membresdugroupe lesunsaprès les autres.Reeceavait la tête tournée. Ilregardaitsacopine,Roxy,quisetrouvaitàl’autreboutdubar.Coltonavaitlesyeuxbaissésversseschaussures.Lemecquejeneconnaissaispassouriaitauxfilles,sanssesoucierdecequisepassaitautour.EtKristen…Kristenmejetaitunregardquisignifiaitclairementquej’étaispathétiqueetqu’elleavaithontepourmoi.

MonDieu.— Euh, oui. OK. (Réprimant les larmes qui me brûlaient les yeux, je

reculai.Jemesentaishumiliée.Ilfallaitquejeparte.Toutdesuite.)Demain,c’estbon,croassai-jetoutensachantquecerendez-vousn’auraitjamaislieu.

Cette soirée n’était pas différente des précédentes. J’avais été idiote depenserlecontraire.

—Jillybean.(Leslèvrespincées,ilsetournapourreposerleverresurlebar.)Laisse-moiteraccompagner.

Jecontinuaisdesourirealorsmêmequesonvisagedevenaitfloudevantmoi.

—Non.Cen’estpaslapeine.Çava.Ilfautquej’yaille,detoutefaçon.—Jillian…— Salut ! lançai-je avant de faire signe à Colton et Reece. À la

prochaine!Ilsm’avaient peut-être répondu. Ou pas. Je n’en avais pas lamoindre

idée.Moncœurbattaitàmestempesetjen’entendisriend’autretandisqueje fendais la foulequiparlait et riait. Lesmains tremblantes, jepoussai laportedubaretmeprécipitaidanslachaleurmoitedelanuit.

Un léger coup sur la porteme tira demes pensées. J’étais secouée.Nauséeusemême.Dansmatête,jevenaisderevivrecesmomentscommes’ils avaient eu lieu quelques secondes plus tôt et non des années

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auparavant.Enrelevant lesyeux, jevisBrockquise tenait là.Onauraitditqu’ilsortaittoutdroitdemessouvenirs.

Quefaisait-ilici?Etpourquoi?Levoirdevantmoimaintenant,c’étaitcomme le voir après m’être masturbée en pensant à lui. C’étaitdéstabilisant.

Ileutsoudainl’airinquiet.—Hé.Tuvasbien?—Oui.(Avalantlaboulequim’obstruaitlagorge,jeleregardaientrer

dansmonbureau.)J’étais…Jem’interrompis. Je n’avais pas d’excuse valable pour justifier mon

regardperdudanslevide,commesijevenaisd’apprendrequequelqu’unavaitbalancémonchatsurl’autoroute.Levantunemain,jerecoiffaimescheveuxenarrière.

—Rassure-moi,çanefaitpaslongtempsquetueslà?—Suffisamment.Jemecrispai.LesyeuxsombresdeBrockbalayèrentmonvisage.J’avaisl’impression

que rienne luiéchappait.Sansunmot, il vint s’asseoir sur la chaisedel’autre côté de mon bureau. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’ilreprennelaparole.

—Parmoments,tonexpressionchange.Tun’espluslà.Tuesailleurs.Etjecroissavoiroù.

Oh,Seigneur.J’écarquillailesyeux.—J’aidéjàvucetteexpression,reprit-ilsansdétournerleregard.(Ses

largesépaulessetendirent.)Parceque…j’enaidéjàétélacause.J’éloignaimonfauteuildubureauenmepoussantaveclespieds,puis

agrippailesaccoudoirs.— Je ne songeais pas à ça. Pas du tout. J’étais perdue dans mes

pensées,c’esttout!Il haussa les sourcils, surpris, avant deme regarder comme si je lui

avaisavouéquej’étaisBatgirlouuneautresuperhéroïne.

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—Tu…tunecesserasjamaisdemesurprendre.Unrirenerveuxm’échappa.—Jenesuispassûrequecesoitunebonnechose.Secouantlatête,ilsepenchaenavantetpressasesmainsàplatl’une

contrel’autre.—Tuessaiesdemeprotéger.—Quoi?—Tum’asprotégé,àl’époque,dit-ild’unevoixétonnammentrauque.

Ettucontinues.Pasvrai?Tuneveuxpasadmettrequetupensesencoreàcettenuit-là,parcequetun’aspasenviedemefairesouffrir.

MonDieu.Étais-jeaussifacileàcerner?—Jesaisquetunet’enespasremise.Moinonplus,jenem’ensuis

pasremis.Çacontinuedetournerdansmatête.Maisc’esttoiquiasétéblessée. Moi, je suis celui qui a déconné. Pourtant, tu cherches quandmêmeàmeprotéger.

J’allaisbroyerlesaccoudoirsdemonfauteuil.— Je ne le mérite pas, poursuivit-il, la mâchoire crispée. Je ne le

méritaispasàl’époqueetjeneleméritetoujourspas.Fermant les yeux le plus fort possible, je fis de mon mieux pour

continuerderespirer.—Brock…—Maisjevaisfaireensortequeçachange,mepromit-il.(Jerouvris

vivementlespaupières.)Unjour,trèsbientôt,jechangeraiça.

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16

—Ce…Ceseraitparfait!s’exclamaTeresaentraçantdescerclessurson ventre rebondi. Je peux déjà voir le miroir le long du mur et desbarresdel’autrecôté.

Deboutàcôtédesonamie,Averyhochalatête.—Waouh.C’est…encoremieuxquecequ’onavaitimaginé.Jem’autorisaiun légersourire tandisqu’ellesexaminaient l’immense

salleéclairéepardesnéons fixés làprovisoirement.Onavaitdéjàperdulesgarçons.JaseetCams’étaientéclipsésencompagniedeBrockauboutdecinqminutes.

Restant en retrait, je laissai de l’espace àAvery et Teresa. Il y avaitplusieurs sallesvides,mais celle-cimeparaissaitparfaite.Vu sa taille, ilseraitpossibledelascinder.J’avaisdéjàrassembléunegrandepartiedesrenseignementsqueBrockm’avaitdemandés:leprixdescourssimilairesauxalentoursetleseffectifsparclasse.Commejel’avaisdéjàditàBrock,iln’yavaitpasbeaucoupdeconcurrence.

—Alors,çavousconvient?demandai-je.Averym’adressaunregardvifetchaleureux.—Oui.Çanousconvient.—Laplupartdesstudiosqu’onavisitésavantétaientdessallessituées

au-dessus de commerces seulement équipés de ventilateurs au plafond,expliquaTeresa.Etjeneteparlemêmepasdessols!

—Bon. Aumoins, on sait que les locaux feraient l’affaire, dis-je entapant dansmesmains. La prochaine étape sera de définir le coût des

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travauxquevousenvisagez.Jevaisavoirbesoindevous.J’aidéjàjetéunœil auxmatériaux, mais jeme doute que vous savez déjà ce que vousvoulez.Sivouspouvezvous-mêmenousapporteruneestimation,ceseraitdutempsgagnépourtoutlemonde.

Ellesseconsultèrentduregard,puisTeresamerépondit:—D’accord.—Oui,pasdeproblème,acquiesçaAvery.Tuenauraisbesoinpour

quand?—Onaletemps.L’annéeestbientôtterminée.Disonsqu’onpourrait

chiffrer ça au printemps. Si la direction donne son feu vert, il faudraobtenirunpermisetcegenredechoses.L’estimationdescoûtsmettralamachineenmarche.

Lesyeuxd’Averybrillaientd’excitation.—Tupensesqu’onanoschances?medemanda-t-elle.—JecroisqueBrockaunavisfavorable.Ilseposedesquestionssur

lescoûtsengendrésetlarentabilitéàlongterme,cequiestnormal,maismoi, jecroisqueceprojetaungrospotentiel, leur répondis-jeen toutefranchise.Leplusdifficileseradeconvaincremonpère.Ilestouvertauxnouvelles idées, mais celle-ci sort des sentiers battus. Je veux que ledossier soit en béton avant de le lui présenter. Ainsi, il ne pourra pasrefuser.Alorsoui,jepensequ’onpeutyarriver.

Avery se dandina d’un pied sur l’autre. Sans doute sa versionpersonnelledeladansedelajoie.

Teresalevalesbrasengloussantetlesagitaavantd’avancerversmoi.—Merci. (Elle se plaça sur ma gauche et posa une main sur mon

bras.)Vraiment.Jesaisquerienn’estencoreofficiel,maisjeteremerciedenousaideretdefairetonpossiblepourqueceprojetvoie le jour.Ladanse est très importante pour nous. Le simple fait de pouvoirrecommencerdansunfuturprocheestunpeuunrêvedevenuréalité.

—Derien.(Lerougeauxjoues,jejetaiuncoupd’œilàAveryquinousobservait.)Donc,siçafonctionne,quandserez-vousdisponibles?

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— L’idéal serait de commencer les travaux au printemps, réponditAveryavantdesetournerversTeresa.Tuaccouchesfindécembre…

—Enfin!marmonnaTeresa.—Danscecas-là,lessallesseraientprêtesversl’été?Teresahochalatête.—C’estça.Tout à coup, un rire d’homme résonna suivit d’un grand fracas qui

ressemblaitàuncorpstombantsuruntapisdegym.Teresasetournaverslesdoublesportesenfronçantlessourcils.—J’espèrequeBrockneleurapprendpasdesprises.—MonDieu.Iln’apasintérêt!Jemeursdefaimetjen’aipasenvie

depasserlasoiréeauxurgences,ajoutaAvery.Jeris.—Nevousinquiétezpas.Illesménagera.Enfin,jecrois,ajoutai-jedansmatête.Àvoirl’expressiond’Avery,elleendoutait.—Ondevraitpeut-êtreallerlesrejoindre.—Ceneserapasnécessaire,réponditquelqu’un.Jetournailatête.Jasepassalaporte,lesyeuxrivéssursafemme.—Vousavezdûvoussentirseules,sansnous,maisrassurez-vous,on

estderetour.Teresaricana.—Onétaitpasvraimentpresséesquevousreveniez,tusais!Un instant plus tard, Cam et Brock entrèrent à leur tour. Avery fut

sansdouterassuréedevoirCamarriverenunseulmorceau.Ilrejoignitaussitôtsafemmeetpassaunbrasautourdesesépaulesfines.Quandilluimurmuraquelquechoseà l’oreille,une jolie teinte roséeapparut surses joueset je fus soudaincontentedenepasavoirentenducequ’il luiavaitdit.

Jase alla seplacerderrière sa femmeet passa ses bras autourde sataillepourposersesmainssursonventre.

—Toutvabien?luidemanda-t-ilenl’embrassantsurlajoue.

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Fermant lespaupières,ellehocha la têteet se laissaallercontre lui.Mon cœur se serra. Je baissai le regard. J’avais l’impression d’être unevoyeuse. L’amour qu’ils ressentaient l’un pour l’autre sautait aux yeux.Pareil pour Avery et Cam. Cela faisait du bien d’être entourée par descouples heureux, mais parfois, c’était difficile de ne pas ressentir de lajalousie.Jen’enétaispasfière.Àdirevrai,j’avaisdumalàm’imagineràlaplacedeTeresaetAvery.Enfin, jepouvais l’imaginer,mais cen’étaitqu’unjolirêve.

Je me tournai vers Brock. La mâchoire crispée, il regardait sontéléphone. Je sentis mon estomac faire des saltos dignes des Jeuxolympiques. Brock avait enchaîné des rendez-vous en dehors del’académietoutelajournéedujeudietaujourd’hui.Nousn’avionspresquepasparlédepuiscetaprès-midi,dansmonbureau,où ilm’avait faitunepromesse.Unepromessequejenecomprenaispasvraiment.

Ilétaitvenumecherchercematin,enmeservantlamêmeexcusequela fois précédente, et l’idée de rentrer avec lui me rendait nerveuse.Pendantletrajet,ilm’avaitàpeineadressélaparole.Etilnem’avaitpasparlédavantagelorsqu’ons’étaitcroisésaubureau.

—Touts’estbienpassé?demandaBrockenbaissantsontéléphone.Teresa et Avery répondirent en chœur par l’affirmative et un léger

sourire étira les lèvres de Brock tandis que les maris souriaientfranchement.

—Bien.(Quandilposalesyeuxsurmoi,jefusincapablededéchiffrersonregard.)Alorsallons-y.

***

Les yeux rivés sur ce qui était, je crois, mon deuxième shot deJameson,j’essayaisdemerappelercommentj’enétaisarrivéelà.J’avaisleventreplein,jemesentaisbien,ettouslesmusclesdemoncorpsétaientdétendus.

Celaavaitcommencéavecduvin.

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Enarrivantdanslepetitbar-restaurant,onavaitjeténotredévolusurune tablecontre labaievitrée.Teresa,qui,évidemment,nepouvaitpasconsommerd’alcool,m’avait poussée àboire à saplace. Soi-disantpourvivreparprocurationàtraversmoi.

Engénéral,jebuvaisunverredevinetbasta.J’enbuvaisrarementundeuxième…ouunquatrième.Dumoins,pasdevantautantdemonde.Letruc, quand on est bourré, c’est qu’on a tendance à s’oublier. Si parfoisc’estunetrèsbonnechose,j’aimeavoirlecontrôlesurcequisepasse…etsurlesparolesquisortentdemabouche.

Toutefois,sansquejem’enrendecompteetsansquecesoitvraimentmafaute,j’avaisdéjàbuplusieursverresdevinet,jecrois,unshot.JenepensaisplusàmescicatricesniàlaconversationqueBrocketmoiavionseue le mercredi et encore moins à cette soirée où il m’avait brisé lecœur et qui avait viré au drame. Je ne réfléchissais plus à toutes cesbêtisesetc’étaitmerveilleux.

J’auraisdûboireplussouvent.À présent, les yeux rivés sur ce second shot, je me demandais

commentilétaitarrivélà,devantmoi.Latêtedansducoton,jeregardaiJase.Attendezuneseconde.Était-cevraimentledeuxième?Ouplutôtletroisième?

Jecroisquec’étaitletroisième.—Cen’estpasmoi,protestaJaseenlevantlesmainsenl’air.Avery, qui avait unpeubu, elle aussi, semit à glousser. Sonvisage

était tellement rouge que je distinguais à peine ses taches de rousseur.CommeCamnebuvaitpas,ilremplissaitsesverres.Enmêmetemps,elleméritaitdesedétendreunpeu.Éleverdesenfantspouvaitêtre…

Qu’est-cequejedisaisdéjà?Ahoui,j’étaisentraind’essayerdecomprendrecommentceshotétait

apparudevantmoi.JemetournaiversBrock.Il était assis àma gauche, les bras posés sur la table. Il haussa une

épauletoutenattrapantsonverred’eau.

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—Tuavaisl’aird’enavoirbesoin.Jeledévisageaiuninstant.—Tun’essaieraispasdemesoûler,parhasard?—Jamais,répondit-ilavecdesyeuxinnocents.J’essaiejustedet’aider

àtedétendre.—Jesuisdétendue.(Jesoulevaileverre.)Tropdétendue,murmurai-

je.—D’habitude,tuesraidecommeuncobraprêtàattaquer,rétorqua-t-

il.(Jenesavaispassilescobrasétaientsiraidesqueça.Ilfallaitquejelecroiesurparole.)Bois.

Jebus.Le liquide me brûla la gorge et me donna les larmes aux yeux.

Haletante,jefermailespaupières.—Oh,monDieu.Çabrûle!Brockritdoucementpuissepenchaversmoi.Toutsoncôtédroitétait

pressécontremoncorps.Etj’aimaisça.—Maisçafaitdubien.Etçadonnedupoilautorse,metaquina-t-il.—Sexy…marmonnai-jeenbaissantlesyeux.Tuasunjolitorse.Unautrerireluiéchappa.—Merci.Dans le fond de mon esprit, je savais que je souffrais de diarrhée

verbale,maisj’étaisincapabledem’arrêteroudem’ensoucier.—Tuastoujourstestatouages?Sonsourires’élargit.—Étantdonnéquejenecomptepaslesenleveraulaser,oui,jelesai

toujours,Jilly.Contentedel’apprendre,jehochailatête.—Jelesaimaisbeaucoup.Surtoutla…lacroix.Oui.(M’interrompant,

je l’imaginaidansma tête.)Unecroix celtique,enfinunmachincommeça.

—Unmachincommeça,répétaJaseenriant.Çameplaîtbien.—Moiaussi.

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Jeluioffrisl’approbationqu’ilattendait,jelesavais.—Hé,regarde!s’exclamasoudainTeresaenletapantsurlebras.Je

nesuispaslaseulefemmeenceinteici.Jesuistellementcontente!Jasericana.—C’estunbaretunrestaurant.Auxdernièresnouvelles,lesfemmes

enceintes ont toujours le droit de manger dans des établissements quiserventdelanourriture.

—Oui,maisçafaitbizarre,répondit-elle.J’ail’impressionquetoutlemondemeregardeetmejugeensecret.

— Qu’ils aillent se faire foutre. Tu ne les connais pas. Ils ne teconnaissentpas,intervins-jeavantderesterbouchebée.Désoléepourle«qu’ilsaillentsefairefoutre».Jesuisunpeubourrée.

Sesyeuxs’agrandirentetellesourit.—J’aimebienlaJillianbourrée.Etmoidonc.JereportaimonattentionsurBrock.—Tu…Tusaisquoi?Ilpritunegorgéed’eau,puissepenchadenouveauversmoi.J’aimais

vraiment ça. J’aimais également la façon dont ses yeux marron seréchauffaientquandilmeregardait.

—Quoi?—Tuasl’airdétendu,toiaussi,dis-jeàvoixbasse.—Détendu?(Lesyeuxpétillantsdemalice,ilbaissalatêteversmoi.)

Jesuistoujoursdétendu.Jehaussailesépaules.Magaucheheurtalasienne.— Tu étais aussi aimable qu’une pierre, tout à l’heure. Tu sais, tu

gardaislamâchoireserréeettudisaisrien.—Aussi aimable qu’une pierre ? C’est la première fois qu’onme la

sort, celle-là. (Son regard balaya la table avant de se reposer surmoi.)J’étaisentrainderéglercertaineschoses.

Oh.Çaparaissaitsérieux.—Quelgenredechoses?

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—Deschoses,répéta-t-il.(Toutàcoup,saboucheétaitsiprochedelamienne que je pouvais sentir son souffle surma peau.) Je t’en parleraiplustard,d’accord?

J’avaislesyeuxrivéssurseslèvres.—D’accord.Je n’avais pas la moindre idée de ce que je venais d’accepter. Ses

lèvresétaienttellementbellesquandilsouriait.Brockritdoucement,d’unevoixgravequimefittournerlatête.Plus

qu’ellen’étaitdéjàentraindetourner.AverysepenchaversCamets’accrochaàsontee-shirtpourleforcerà

sebaisserversluiet luiparleràl’oreille.Sesyeuxs’arrondirent,puisunsourireamusépassasurseslèvres.

—Onyva,ditCamenfaisantsigneàunserveur.Teresahaussaunsourcil,pendantqu’Averygloussait.Quelqu’unallait

biens’amuser,cettenuit.Lachance.Leserveurapparutetquelquesminutesunpeuflouesplustard,nous

nousdisionsau revoirdevant lebar.Aprèsuneétreinte interminableettrèsdémonstrativeavecAvery,j’essayaideprendreTeresadansmesbras,puis,toutàcoup,jemeretrouvaidanslavoituredeBrock.

— Ta voiture est trop cool, lui dis-je en tendant la main vers laceinturedesécurité.(Jelamanquaidepeuetrecommençai.)Cool,Raoul.

Brock rit avant de refermerma portière. Lorsqu’il s’assit derrière levolant,j’avaisenfinréussiàm’attacher.

—Çava?—Trèsbien.(J’avaisposémonsacsurmesgenouxetleserraiscontre

moi.)LesespaceslibresontvraimentpluàAveryetTeresa…Jepassai le trajet jusqu’àmonappartementà lui expliquerendétail

pourquoi. Brock m’écoutait patiemment. Les yeux rivés sur la route, ilsouriait à pleines dents. J’eus l’impression que quelques secondesseulements’étaientécouléeslorsqu’onsegaradevantmonimmeuble.Enapercevant mes fenêtres plongées dans le noir, un malaise menaça de

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soufflermabonnehumeur. Ilétait tôtpourunvendredi soir,mêmepasencore 22 heures, et la seule personne qui m’attendait chez moi étaitRhage.Me retrouver seule leweek-end était pathétique.Tout lemondesortaitàpartmoi.Jenesavaispascequ’ilsfaisaient,maisilslefaisaient.Alorsquemoi,jerestaisenferméechezmoiànerienfaire.

— Je te raccompagne, annonça Brock en coupant le contact. (Il setournaversmoi.)Tupensespouvoirmonterlesescaliers?

Offensée,jetournaivivementlatêteversluietfaillistomberenavantparlamêmeoccasion.

—Jepeuxmarcher.Malgré l’obscurité qui régnait dans la voiture, je devinais son

expressionamusée.— Tu comptes vraiment essayer deme faire croire que tu n’es pas

bourrée?—Jesuis…unpeupompette.—Jenem’enétaispasrenducompte,rétorqua-t-il.—C’esttafaute,marmonnai-jeenouvrantlaporte.(Alorsquej’allais

sortir,laceinturedesécuritém’étrangla.)Etmerde!Brockrit.—Jeneniepas.Il me fallut quelques longues secondes pour réussir à sortir de la

voiture.—Maisjepeuxtrèsbienmonterdesescaliers!(Jelesluimontraidu

doigt au cas où il n’aurait pas compris de quoi je parlais.) Je n’ai pasbesoindetonaide.

Lesourireauxlèvres,ils’approchalentementdemoi.—OK.Tun’aspasbesoindemonaide,maisjetel’offrequandmême.Plissantlesyeux,jeledévisageai.—Depuisquandtuesungentleman?— Je ne suis pas un gentleman, répondit-il enme prenant lamain.

Crois-moi.

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—Je suis pas sûre de vouloir te croire… (Je le laissaime guider àtravers le parking.) Attends ! Tu sais de quoi j’ai envie ? D’une glace !(Lâchantsamain,jefisvolte-faceetretournaiendirectiondesavoituredesport.)Ilfautqu’onailleacheterdelaglace.

—Reviensici,dit-ilenriant.(Ilpassaunbrasautourdemataillepourme remettre sur le bon chemin.) Attends un peu. On verra si tu en asencoreenvietoutàl’heure.

—Pourquoi?—Parcequ’aprèslewhisky,çarisquedeterendremalade.—Hmm…çameparaîtlogique.Jecessaideparlerparcequ’onétaitarrivésdevantlesmarchesetqu’il

fallaitquejemeconcentre.C’étaitplusdifficilequejenel’avaisimaginé.Unefoisdevantmaporte,jefisglissermonsacdemonépauleeten

sortis mes clés. Elles me tombèrent aussitôt des mains. Les murstanguaientautourdemoi.

Brocklesramassa.Ilétaittellementrapidequ’onauraitditunninja.—Jelesai.—Oui.(Jeleregardaidéverrouillermaporte.)Oui.Secouantlatête,ilouvritlaporte.—Entre.Jem’exécutai et cherchai à tâtons l’interrupteur.Une lumièredouce

illuminalesalon.MonregardseposaaussitôtsurRhage.Ilétaitassissurlatablebasse.Sesyeuxjaunesmejugeaient.

—Nemeregardepascommeça,marmonnai-jeenavançant.(PuisjemerappelaiqueBrockétaittoujourslàetmeretournai.Ilsetenaitdeboutdansl’entrée.)Tuviens?

—Tuenasenvie?demanda-t-il.—Oui,répondis-jeenhochantlatêtepourêtresûrqu’ilcomprenait.Avec son sourire habituel, il entra et referma la porte derrière lui,

avantdesedirigerversl’îlotdelacuisineoùilposamesclés.—Tuasdel’eauaufrigo?—J’enaimêmeaurobinet.

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Jeretiraimestalonsetlesbalançaicontrelemur.Avecunsoupirdecontentement,jefisbougermesorteils.

Brock laissa échapper un reniflement moqueur tandis qu’ils’approchaitdufrigo.

—Tuasdel’aspirine?—Pourquoi?Tuasmalàlatête?J’avaischaud.Tropchaud.Jem’approchaidelafenêtreetm’apprêtais

àl’ouvrirlorsquejemerendiscomptedel’effortqueçanécessitaitdemapart.Baissantlesyeuxversmonchemisierépais,jemerappelaiquej’avaisundébardeurdessous.

Au son des placards qui s’ouvraient et se refermaient, je retirai lechemisieretlelaissaitomberparterre.L’airfraismecaressalesbras.Jemesentaisinfinimentmieux.Jemeretournai.

Brock avait trouvé des antidouleur dans le placard à côté duréfrigérateur.Ilétaitentraind’enfairetomberdanssamain.Lorsqu’ilsetournaversmoi,ilsefigea.

J’étais sur le point de dire quelque chose…mais çame sortit de latête. Son regard glissa de mon visage jusqu’aux bretelles de mondébardeur.C’étaitundébardeurmoulant,commeunesecondepeau,avecungranddécolletéquimettaitmesseinsenvaleur.Jelesavais,parcequec’étaitcequ’ilétaitentrainderegarder.

Une douce chaleur vint remplacer celle, insupportable, quim’incommodaitquelquesinstantsplustôt.Celle-ci,jenevoulaispasm’endébarrasser.Pasquandilavançaitversmoiavecdesyeuxsombres,noirscommelanuit.

Ils’arrêtadevantmoi.Déglutissant,jerelevailatêtepourleregarderdanslesyeux.Jenesaispaspourquoijeprononçailesmotssuivants.Ilsfranchirentmeslèvressansmonconsentement.

—Gradynem’ajamaisemmenéedîner.Ilhaussaunsourcil.—Iladûreporter.Ilestoccupéaveclafermedesesgrands-parents,

lesexamenset…(Jehaussailesépaules.Sesyeuxdescendirentencore.)

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Jecroisquejem’enmoque.—Biensûrquetut’enmoques.Jetel’avaisdit.Tuméritesmieuxque

lui.Prends-çaetboisdel’eau,m’ordonna-t-il.Tumeremercieras,demainmatin.

Sachantqu’ilavaitdel’expérienceenlamatière,jeluiobéis.Brockmedépassa et alla ramasser la télécommande. Rhage descendit de sonperchoirpoursefrotteràsesmollets.

Traîtredechat.Après avoir allumé la télé, Brock zappa pendant quelques secondes

avant de jeter son dévolu sur un film de Jason Statham avec JasonStathamquijouait…JasonStatham.

Reposantlatélécommandesurlebordducanapé,Brockallaéteindrela lumière. Puis il s’assit. Non. Il s’allongea sur le côté. Apparemment,j’avaisratélemomentoùilavaitretiréseschaussuresetseschaussettes.Ilappuyasatêtecontresonpoingetmeregarda.

—Viensici.L’espaced’uneseconde, je fus incapabledebouger.Aufonddemon

esprit,unepetitevoix,quidevenaitdeplusenplusforte,medisaitdenepas y aller, de lemettre dehors et dem’effondrer dansmon lit, tête lapremière.Jelamisensourdineetlerejoignis.

Brocktenditlamainversmoi.J’avaislatêtequitournait.—Turegardesunfilmavecmoi?Après,jem’envais.Regarderunfilmaveclui?C’était…dansmescordes.Ilm’attiradefaçonàcequejem’allongeàmontour,puismelâchala

main.Mon dos était pressé contre son corps, ou presque. Il y avait unespaceinfimeentrenous.

Celamerappelaitavant,ilyavaitbienlongtemps,lorsqu’onregardaitlatéléainsi,àlamaison.Ensetouchant,maispasvraiment.Auboutd’unlongmoment,jesentissamainseposersurmahanche.Lecontactmefitsursauteretjememordisleslèvres.

Mon cœur battait aussi fort que les coups de feu qui résonnaient àl’écran.Samainnebougeapas.Sonpouce,si.Ilmecaressaitdoucement.

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Jenesentaisplusqueça.Jenevoyaisplus latélé.Jememisàondulerlentement.

— Jillian, grogna-t-il en empoignantma hanche avec plus de force.Arrêtedebougeretregardelefilm.

Jefislamoueetsoufflai.Jenevoulaispasresterimmobile.Pasalorsqu’ilétaitlà,chaudetdurcontremoi.

—Brock?Jetournailatêtepourl’entendredavantage.—Oui,bébé?J’observaileplafond.—Tune…Tunetrouvespasçabizarrequ’onsoitlà,touslesdeux?—Bizarre?(Jelesentisbougerettoutàcoup,jemeretrouvaisous

lui.Lalumièredelatélédansaitsursonvisage.)Iln’yariendebizarreàcettesituation.Aucontraire.C’estparfait.

Parfait.Lasituationétaitparfaite.Mesyeuxplongèrentdanslessiens.—Est-ceque…jet’aimanqué?(Jeprisunetoutepetiteinspiration.)

Parcequetoi,tum’asmanqué.Brocksoutintmonregard.—J’airessentitonabsencetouslesjours,Jillian.Duplusprofondde

moncœur.

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17

Lorsquejem’éveillai,j’eusl’impressionderetomberenpleinrêve.C’était la seule explication. Autrement, pourquoi aurais-je été lovée

contreuncorpsd’hommechaudet ferme.Uncorpsqui, je le savaisparinstinct,appartenaitàBrock.C’étaitsamainsousmondébardeur,plaquéecontremesreins.C’étaitsontorsecontrelequelétaitposéemajoueetsajambemuscléeentrelesmiennes.

J’avaisl’impressiond’êtreenfeu.Moncorpsétaitbrûlantdefièvreetdelalaveenfusionavaitremplacé

le sang dans mes veines. Mon cœur d’abord lent et endormi se mit àbattre plus fort et je bougeai les hanches, positionnant la partie la plusintimedemonanatomiecontrelui.L’effetfutimmédiat.C’étaitaussibonque lorsque je me touchais en pensant à lui. J’ondulai contre lui,pourchassantmonplaisir,toutenagrippantsontee-shirt.

J’avaisrêvéde lui,desoncorpspuissantau-dessusdumien,puisenmoi, ses lèvres sur lesmiennes et ma peau nue. Ce rêve ressemblait àcelui-ci.Danslebrouillarddemespensées,j’étaisincapablededistinguerlesongedelaréalité.

Toutàcoup,Brocksecrispaetsamaintressautacontremondos.—Jillian?Savoix…elleparaissaittellementréellequejegémisetmeredressai.

J’aperçusvaguementsonvisage lorsque je fis remontermamain jusqu’àsamâchoire tailléeà la serpe.Puis je l’embrassai. Je l’embrassai toutencontinuantdememouvoircontrelui,cherchant,créantmonplaisir.

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Sa prise se resserra autour dema taille et ilme renditmon baiser.Avec force et passion. Nos dents s’entrechoquèrent. Nos langues semélangèrentetçaneparaissaitpasréel.Cen’estpasunrêve.Cen’estpasunrêve.

Sabouche continuademedévorer tandis que je bougeais contre sajambe.Latensiondevenaitdeplusenplusforte,maiscen’étaitpasassez.Ce n’était pas suffisant. Je gémis dans notre baiser. Mes mouvementsdevinrentdeplusenplusfous.

Brocksemblacomprendrecedontj’avaisbesoin.—Jevaist’aider,dit-ild’unevoixrauqueetsexyenreculant.Après quelques ajustements, il tendit lamain entre nous et défit le

bouton de mon pantalon avec des doigts experts tout en mordillant lapeaudélicatedemonoreille.PuisilfitglisserlafermetureÉclair.Cen’estpas un rêve. Ce n’est pas un rêve. Je haletais. Quand unemain large etchaudeglissasousletissudemaculotte,moncœursemitàbattresifortqu’ilmanquas’échapperdemapoitrine.

Dèsl’instantoùleboutdesesdoigtsrencontramonclitoris,jegémisetrejetailatêteenarrière.Jememoquaisdesavoirsic’étaitunrêveounon.Jememoquaisdesconséquences.

—Jet’enprie,lesuppliai-jeenondulantcontresesdoigts.S’ilteplaît,Brock…

—Bonsang,grogna-t-il.(Saboucheétaitchaudedansmoncoutandisqu’ilenfonçaitundoigtdansmonsexehumide.)Tuessiserrée.

Moncorpsétaitdevenuincontrôlable.LorsqueBrocksemitàdécriredesmouvementsdeva-et-vient, je lesaisispar lebraspour lemaintenirenplace.Meshanchesbougèrentdeplusenplus.Bientôt,seslèvresdansmoncou,samaindansmaculotte,entremescuisses,sondoigtenmoi…ce fut trop. Jeme crispai avantdeme laisser emporterparunorgasmetellementpuissantquejecriaimonplaisir.

Lorsquemon corps sedétendit, jem’abandonnai contreBrock.Dansmapoitrine,lesbattementsdemoncœurralentirentetjelesentisàpeineretirersamain.Delasueurperlaitàmonfront.Jefermailesyeux.

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—Merde,soufflaBrock.Etcefutladernièrechosequej’entendis.

***

Jemeréveillaiavecunmaldetêteetaucunesensationdansmonbrasgauche.J’avaistellementchaudquej’avaisl’impressiond’avoirdormisousunepiledecouverturesenpleinété.

Un truc plein de poilsme chatouilla le pied. Je retirai vivementmajambe. Troublée, j’ouvris lentement les yeux. La lumière du soleil quientraitdanslesalonm’aveuglaaussitôt.Onauraitditqu’unbatteuravaitélurésidencedansmoncrânepouryrépéter;maboucheétaitaussisèchequeleSaharaet…

Jen’étaispasseule.La première chose que je vis fut Rhage, perché sur l’accoudoir du

canapé,quimeregardaitenbattantlaqueue.Puismonregardremontalelongdema jambe et resta fixé sur lamain large posée surmahanche.L’espacedequelquessecondes, jefusincapabledecomprendrecequisepassait.Auboutd’unmoment, jetournailatêteetvisBrock.Sonvisageétait détendu, ses cheveux en bataille et ses lèvres entrouvertes. Sachemise blanche froissée sortait de son pantalon, révélant des abdostellementmusclésqu’ilsneparaissaientpasréels.Mesyeuxseposèrentdenouveau sur son visage. Tout à coup, les souvenirs de la veille merevinrentenmémoire:ledîner,lesdeuxoutroisshotsdewhiskyassociésauxverresdevin,leretouràlamaisonavantquejem’effondreàcôtédeBrock…

Monréveilenpleinenuit.Oh,monDieu.Oh,monDieu!Qu’est-cequim’avaitpris?J’eus très chaud, puis très froid. Il fallait que je bouge. Lentement,

avecunegrâcequejenemeconnaissaispas,jemelibéraidesonétreinte

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etbondishorsducanapécommesi j’étaismontéesur ressorts,avantdemeprécipiterdanslecouloir.Unefoisdanslasalledebains,jerefermailaporte derrière moi. En reculant, je heurtai le bord de la baignoire etm’assisdessus.

Oh,monDieu.Fermant les yeux, je laissai échapper un gémissement de honte. Je

m’étaisfrottéecontrelajambedeBrock.C’étaitexactementcequis’étaitpassé.Jem’étaisréveilléeenpleinenuit,àmoitiébourréeetendormie,etjem’étaisfrottéeàlui.

Non,j’avaisfaitbienpire.Ilavaitfaitplusqueça.Enbaissantlesyeux,jemerendiscomptequemonpantalonétaitrestédéboutonné.Onvoyaitmaculotterosevif.

Ohnon,non,non.Jesentaisencoresondoigtquiglissaitenmoi.J’entendaismescrisde

plaisirs haletants. Me relevant d’un bond, je refermai rapidement monpantalon,puismetournaietmefigeai,àmi-cheminentrelestoilettesetlaporte.

—Merde,hoquetai-je.Bordeldemerde!C’étaitladernièrefoisquejebuvais.Ladernière.Jeneplaisantaispas.Visiblement,jenepouvaispasmefaireconfiance

quandj’étaisbourrée.—Bon,murmurai-je.Onsereprend,Jillian.Brock était toujours là, dans le salon. J’allais devoir lui faire face.

J’ignorais comment j’allais m’y prendre parce que je n’avais pas lamoindreidéedelafaçondontjedevaismecomporteravecquelqu’unquej’avaispratiquementviolédanssonsommeil.

Enfin…quandils’étaitréveillé,ilavaitparuconsentant,maistoutdemême.C’étaitgênant.Trèsgênant.

J’ouvrislerobinetetm’aspergeailevisaged’eau.Lorsquejerelevailatête, mon visage était toujours aussi rouge. Qu’est-ce que j’allais bienpouvoir faire ? Je recoiffai mes cheveux en arrière avec mes mains

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humides et résistai à l’envie de me rouler en boule dans un coin pourpleurer.

Dans le couloir, des pas lourds retentirent. Jem’éloignai du lavabopourverrouillerlaporteetl’observaienretenantmarespiration.

—Jillian?(LavoixdeBrockétaitenrouéeparlesommeil.Jetournaimonoreillegaucheendirectiondelaporte.)Tueslà?

Serrantmesmainsl’unecontrel’autre,jeréfléchisàunpland’action.— J’espère, en tout cas, reprit-il, parce que ton chat me regarde

comme s’il voulait que je lui donne à manger et j’ai l’impression quenourrirtonchat,ceseraitfranchirunecertainelimite,ajouta-t-ilenriant.

Nourrirmon chat reviendrait à franchir une certaine limite ? Etmedonnerduplaisiravecsesmains,alors?

—Jilly,m’appela-t-ilencoreunefois.Ilfallaitquejeluiréponde.—Je…Jesuislà.Ilyeutunmomentdesilence.—Tuvasbien?Non.Jen’allaispasbiendutout.—Oui.—Tuasbesoindequelquechose?—Non.(Soudain,unelueurd’espoirnaquitenmoi.J’allaispeut-être

réussiràleconvaincredepartir.)Toutvabien.Tupeuxyaller.—Quoi?Glissantmesmainsdansmescheveux,jetirailégèrementdessus.—Merci dem’avoir raccompagnée hier soir et de t’être assuré que

j’étaisensécurité.Jet’ensuisreconnaissante.On…Onsevoitlundi.Cette fois, le silence qui me répondit dura plus longtemps. Je

n’entendais pas ce qu’il faisait, mais je crus percevoir un miaulementagacédeRhage.

—Jillian. (À la façondont il avait prononcémonnom, il était clairqu’iln’allaitpasm’obéir.)Sorsdelà.

Jeplissailenez.

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—Non,merci.—Jillian.—Jesuissérieuse.Onsevoitlundi…— Il est hors de question que tu restes cachée dans cette salle de

bains!m’interrompit-il.Tuvasouvrirlaporteetvenirmeparler.Danssesrêves.Commejenerépondaispas,ilessayad’ouvrirlaporte.Brockjura.—Allez,Jillian.Toujourspas.—OK, dit-il. Si tu ne veux pas sortir, on peut discuter à travers la

porte.Jenesuispasstupide.Jesaistrèsbienpourquoitutecaches.Jeplissailesyeux.—Tun’aspasàavoirhontedecequis’estpasséhiersoir,commença-

t-ilettoutàcoup,jefusincapabledemeretenir.— J’ai toutes les raisons d’avoir honte, au contraire ! arguai-je en

baissantlesmains.J’étaisbourréeetje…—Tut’esfrottéesurmoijusqu’àl’orgasme?termina-t-ilàmaplace.—Oh,monDieu!Tuesobligédeledireaussicrûment?—Çanem’apasdérangé.Hébétée,jeregardaidroitdevantmoi.Jenesavaispasquoirépondre

àça.Jesecouailatête.—Commentçaapunepastedéranger?J’aipratiquementabuséde

toi.LerirerauquedeBrockrésonnajusquedanslasalledebains.—Premièrement,sij’avaisvoulut’arrêter,jel’auraisfait.Jenet’aurais

pasfaitjouir.Lesmainsposéessurmeshanches,jefaillistomberàlarenverse.«Je

net’auraispasfaitjouir.»Ça,pourm’avoirfaitjouir…J’étais incapable de gérer cette situation. Mon esprit était toujours

troublépar lenectardudiablequ’était lemélangedevin etdewhisky.J’avaisbesoindecafé.J’avaisbesoinqueBrockparte.

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—OK,fis-jeauboutd’unmoment.Est-cequ’onnepourraitpasfairesemblantqu’ilnes’estrienpassé?

—Tuessérieuse?medemanda-t-ild’unairchoqué.—Oui. Je suis sérieuse. Je ne veux plus y penser. Je veux oublier,

répondis-jeaussitôt.Jeveuxcontinuercommeavant.Onpeutyarriveretc’estmieuxpour tout lemonde.Comme ça, tu n’auras pas à t’inquiéterquejemefassedesfilmsouquej’aieenviequ’onrecommence.Toutseranormal.

—Ouvrecetteporte,ditsoudainBrockd’unevoixcalme.Tropcalme.Jesecouailatête.—Tupeuxrentrercheztoi.—Jillian.—Jecroisqu’ilvautmieuxqueturentrescheztoi,insistai-je.—Ouvrecettefoutueporteoujeladéfonce.OK…Levant les yeux vers le plafond, je laissai échapper une litanie

d’insultes, puis déverouillai la porte, car je savais qu’il était capable demettresamenaceàexécution.

—C’estmieux?demandai-je.La mâchoire tendue, Brock me dévisageait. Mon Dieu, il était

tellementsexy,avecsesvêtements froissés,sescheveuxenbatailleetsachemiseàmoitiésortiedesonpantalon.

—Tu savais ceque tu faisaishier soir ? Il faut que tu soishonnêteavecmoi,Jillian.Est-cequetuavaislamoindreidéedecequetufaisais?

Unepartiedemoiauraitvouludirequenon,maisçan’auraitpasétélavérité.J’étaisréveillée.J’avaisfaitunrêveetilétaitlàet…

—Je savais que tu étais ivre,mais je neme suis pas rendu compteque…

— Je n’étais pas si ivre que ça, murmurai-je, incapable de lui fairecroirequ’ilavaitprofitéde lasituationalorsquecen’étaitpas lecas.Je

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savais très bien ce qui était en train de se passer, mais je… je neréfléchissaispas.C’esttout.

Sonregardsondalemien,puisilsedétendit.—Maintenant,jeveuxquetum’écoutesattentivement.Situcroisune

secondequejevaisfairesemblantdenepast’avoirsentiejouirautourdemesdoigts,tuvasêtredéçue…

—Oh,monDieu!(Horrifiée,jepressaimesmainscontremesjoues.)Tuvasarrêterdeparlercommeça?

— Parler comment ? (Son sourire s’élargit et il s’appuya contre lecadrede laporte,mebloquant le chemin. Il croisa lesbras.)Tun’avaispashontedebaisermamain,hier…

—J’étaisbourrée.Jecroyaisquejedormaisencore,rétorquai-je.—Turêvessouventdemoi?Jecomptaijusqu’àcinqpourgardermoncalme.—Jenerêvepasdetoi.Unsourireencoinétiraseslèvres.J’avaisenviedelefrapper.—Mouais.Excuse-moidenepastecroire.—Jememoquequetumecroiesounon!rétorquai-jevivement,ce

que jeregrettaiaussitôt.Ceque jeveuxdire,c’estquecequis’estpasséhiersoirn’étaitpasprévu.Çan’auraitjamaisdûarriver.

Unmuscledesamâchoiretressaillittandisqu’ilmedévisageait.— Je sais que ce n’était pas prévu,mais c’est arrivé. Les conditions

n’étaientpasidéales,maisc’estarrivé.Jeclignailesyeux.Deslarmesmenaçaientdes’enéchapper.Vumon

mal de tête et l’absence de caféine dansmon organisme, ça n’allait pasêtrebeauàvoir.

—Jet’enprie,lesuppliai-je.S’ilteplaît.Faisonscommes’ilnes’étaitrienpassé.Va-t’en.

L’espace d’un instant, je crus qu’il allait refuser, qu’il allait resterdevantl’entréedemasalledebainspourtoujours.Puissonexpressionsetransforma.Samâchoiresedesserraetsonregardsombres’adoucit.

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— D’accord, dit-il en se redressant et en décroisant les bras. Je telaissetranquillepourlemoment…maisjeneveuxpasquetucommencesàagirdifféremment.Jeneregrettepascequis’estpassésurcecanapé.Tunedevraispasnonplus.Negâchepascequ’ilyaentrenous.

J’auraisvoulu luidemandercequ’il yavaitentrenous,mais tout cequejeréussisàarticulerfutunfaible:

—OK.

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18

Quelque part entre le week-end et le lundi matin, j’eus unerévélation : une chose à laquelle j’avais rêvé depuis que j’étaissuffisamment grande pour lire des scènes d’amour s’était produite dansmavie.

Brockm’avaitembrassée.Il ne m’avait pas repoussée. Cela n’avait pas été un long baiser

passionnécommeceuxdontjerêvaisplusjeune,legenrequivousfaisaittournerlatêteetvouscoupaitlesouffle.Aucontraire,ilavaitétébrutaletrapide…maisBrockm’avaittouchée.Ilm’avaitpénétréeavecsondoigt.

Je n’arrivais toujours pas à y croire et quelque part, ça ne comptaitpas.Cen’étaitpasréel.J’étaisàmoitiéendormieetluiaussi.Àsonréveil,ilm’avaitdécouverteau-dessusdeluientraindemefrotteràluicommeune chatte en chaleur. Brock avait réagi comme tous les hommesl’auraient fait. Et il n’avait rien reçu en retour. Je m’étais aussitôtrendormie.

Çanevoulaitdoncriendire.Ça ne devait rien dire. La première fois que j’avais emprunté ce

chemin, cela s’était terminé endésastre. Il n’y avait aucune raisonpourquecelachange.Il fallaitquejeprotègemoncœuretquejepenseavecmatête.J’avaistropdechosesàperdrepourprendrelemoindrerisque:montravail,leprojetavecAveryetTeresa,sansoubliermonéquilibre.

Il fallait que je garde mes distances. Lorsque Grady m’appela ledimanchesoir,malgrémasurprise,jem’empressaideluirépondre.

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—Jetedérange?demanda-t-il.—Non.Jelisais, luirépondis-jeenexaminantlaliseuseposéesurle

canapéàcôtédemoi.L’écrans’étaitéteintdepuis longtempsetRhageavaitposéunepatte

dessuscommes’ilmemettaitaudéfidelereprendre.— Je rentre samedi, dit-il. (Je ne pus m’empêcher de me dire que

mêmeBrockm’auraitdemandéceque j’étaisen trainde lire.À l’instantoùcettepenséetraversamonesprit,j’eusenviedemefrapper.)J’espéraisquetuseraislibre.Onpourraitenfinallerdîner.

—C’estvrai?Montonétonnémefitgrimacer.Gradyéclataderire.—Euh,oui.Tuasl’airchoqué.Tupensaisquejen’allaispastenirma

promesse?Eneffet, jepensaisqu’iln’en ferait rien. Ilnem’avaitpasenvoyéde

messagedepuislemercrediprécédentetçaavaitseulementétépourmedemandercommentj’allais.

—Jecroyaisquetuétaisoccupé,c’esttout.—C’est lecas,mais jeserai libresamedisoir.Alors,qu’est-cequetu

endis?Ungoûtacideserépanditdansmabouche.Lamêmebouchequiavait

capturécelledeBrockunpeuplusdevingt-quatreheuresplustôt.Sortiravec Grady après cet épisode me paraissait mal. J’avais l’impressiond’être…

Attendezuneminute.Qu’est-cequej’étaisentraindefaire?JenesortaispasavecBrock.Iln’yavaitrienentrenous.Cen’étaitpas

commes’ilavaitdessentimentspourmoi.Cequis’étaitpasséentrenousavait été… une erreur. Plus jeune, il savait pertinemment ce quej’éprouvaispourlui,maisçanel’avaitpasempêchédesortiravectouteslesfillesquis’approchaientdeprèsoudeloindel’académie.

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Je ne faisais donc rien demal en dînant avec Grady. Rien du tout.Non,enfait,c’étaitpeut-êtrelameilleurechoseàfaire.

Alorsjeprisunegrandeinspirationetdis:—J’adoreraisqu’onsevoiesamedi.

***

Lelundimatin,lorsquejecroisaiBrock,jefisdemonmieuxpouragiraussinormalementquepossibleensaprésence.Nousétionsdeuxadultes,avecuneviesexuelle.Bon,d’accord.Jen’avaispasdeviesexuelle,maislui,si.J’enétaispersuadée.Danstouslescas,onétaitadultes.Cegenrede choses arrivait et cela n’avait rien à voir avec notre passé ou notreprésent.

Brockétaitmonami.Ilétaitégalementmonchef.Jepouvaisgérerlasituationsansqu’elledégénère.Lorsqu’il entra dans mon bureau avec mon pumpkin spice latte, je

repensaiaussitôtàsesmainssurmoi.Monvisagerougemebrûlacommelesfeuxdel’enfer.

Ilsemblaréprimerunsouriretandisqu’ildéposaitlegobeletàcôtédemonordinateur.

—Bonjour,Jillian.—Bonjour.Jeposai les yeux sur son torse.Malheureusement, celame rappelait

que j’avais dormi tout contre. Je baissai alors le regard sur ses mains.Mauvaischoix.Jemesouvenaisdesondoigtsurmoi,enmoi.Bonsang.Lemondeétaitcontremoi.

Etpourquelatorturesoittotale,ilvoulutfairelaconversation.—Tuaspasséunbonweek-end?—Oui,jesuisrestéechezmoi,répondis-jeàsaclavicule.(C’étaitplus

sûr.)Ettoi?—Rien de spécial. À part vendredi soir et samedimatin, ça, c’était

intéressant.

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Mon Dieu. Il attaquait déjà ? Je relevai les yeux vers lui. Je necomptaispasentrerdanssonjeu.

—Tantmieuxpourtoi.J’aidescoupsdefilàpasser,donc…Brockcroisalesbras.Letissudesachemiseétaittellementtendupar

sesmusclesquej’avaispeurqu’ilnecraqueetquelesboutonsnetombentparterre.

—Faisensortedelibérertaplagedemidi.Onvadéjeuner.Mon ventre se serra. L’idée de déjeuner en tête à tête avec Brock

m’emplitd’unmélanged’excitationetd’appréhension,maisjemesouvinsque j’étais censée prendremes distances et réfléchir avecma tête, pourunefois.Passerdutempsseuleavecluin’étaitpasprudent.

—J’aitropdechosesàfaireaujourd’hui.Ilhaussaunsourcil.—Tuasquandmêmeletempsdemanger?—J’aiapportéquelquechose.Sepenchantenavant,ildécroisalesbrasetposalesmainsàplatsur

monbureau.—Tulemangerasdemain.—Jenepeuxpas,répondis-je.C’estunesalade.Ellevasegâter.—Depuisquandest-cequetumangesdessalades?—Depuistoujours.Ilrestasilencieuxuninstant.—Sijevaisvoirdansleréfrigérateurdelasalledepause,quellessont

leschancespourquej’ytrouveunesalade?Le salaud. Je ne doutais pas une seule seconde qu’il le ferait.

Heureusement,ilyavaitforcémentunesaladedanslefrigo.Ontravaillaitavecdesobsédésdelanutrition.

—Tuentrouverasune.—Unequit’appartient?Jerefermailabouche.Brocksourit.

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—Etsi jetedisaisqu’onvadéjeunerensembleetquec’estunordredetonchef?

Jeserraimonstylounpeuplusfort.Tellementfortquej’euspeurdelecasser.

—Alorsjerépondraisquec’estdel’abusdepouvoir.Ilrit.—C’estunpeuexagéré.Jeparvinsàhausserlesépaulesnonchalamment.—Jenecroispasquecesoitunebonneidée.—Pourquoi?Moncœurmartelaitmescôtes.—Parcequej’aibeaucoupdetravail…— Non, c’est à cause de ce week-end, m’interrompit-il. Je t’avais

pourtant demandé de ne pas laisser cette parenthèse avoir desrépercussionssurcequisepasseentrenous.

Je jetaiuncoupd’œil à laporte.Elleétaitouverte,mais iln’yavaitpersonnedanslesparages.Quoiqu’ilensoit,jeparlaiàvoixbasse.

—Ilnesepasserienentrenousetçan’arienàvoiravecceweek-end,lui dis-je. (C’était unmensonge, mais j’y ajoutai une vérité, histoire defairepasserlemessage.)Detoutefaçon,jevoisGradysamedi,alors…

Brockmedévisageauninstantavantdereprendrelaparole.—Lemecdont tum’asparlévendredi ?Celuiqui était tropoccupé

pourtevoiretdonttutemoquais?—Jen’aijamaisditça.—Bien sûrque si ! J’étais sobre. Jeme souviensde tout. (Sesyeux

couleurdenuitplongèrentdanslesmiens.)Jemesouviensdetoutcequetuasditetfait.

Lerougememontaauxjoues.—Félicitations.—Oùest-cequevousvousvoyez?—AuSteakhouse,jesuppose,répondis-jesansréfléchir.Ilvoulaitaller

dansunendroitsympa.

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LeslèvrescharnuesdeBrockseretroussèrent.—Tusorsvraimentavecluisamedi?— Oui. (Je baissai les yeux vers mon ordinateur.) Tu avais besoin

d’autrechose?Sonregards’assombritetuneexpressionressemblantàdel’incrédulité

passasursonvisage.—Tucomptesvraimentfaireça?—Fairequoi?—Leschosesvontêtrecommeça,àpartirdemaintenant?Jesoutinssonregard.—Jenecomprendspastaquestion,nilaprécédente.S’écartantdemonbureau,ilseredressadetoutesahauteur.—Moi,jecroisquetucomprendstrèsbien,aucontraire.Surcesmots,ilseretournaetsortitdelapièceàgrandspas.Jelevisàpeinedetoutelasemaine.

***

Lesamedisoir,deboutdevant lemiroirdemondressing, j’inspectaismonreflet.Jen’avaispasachetédenouvellerobe.Jem’étaiscontentéederessortir l’une de celles que j’avais achetées lorsque je sortais avec Ben.C’étaitunejoliepetiterobenoirequej’avaisprévudeporterlorsdenotredînerd’anniversaire.

Ledînerauqueliln’étaitjamaisvenu.Sous prétexte qu’il avait tellement de travail qu’il en avait perdu la

notiondutemps.Maintenant,enyréfléchissant,ilavaitsansdoutebuunverreavecunenana.

J’essayais de ne pasm’appesantir sur cette relation, à part pourmesecouer,detempsentemps.C’étaitdouloureuxetgênantàlafois.Jenepensaispresque jamaisàBen,maisenmevoyantdanscette robe, jenepusm’empêcherdemedemandercommentilallait.

Jemerendiscomptequecelam’étaitégal.

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Larobemoulaitdavantagemapoitrinequedansmessouvenirs.Elleavaitundécolletéencœuretdesmanchestroisquarts,cequimeplaisaitbeaucoup, parce que je n’avais jamais aimé mes bras. Jamais. Le tissuépousaitlacourbedemeshanchesavantdes’arrêtersurmescuisses.

Celafaisaitlongtempsquejen’avaispasportéderobe.Et encore plus longtemps que je n’avais pas porté une robe aussi

serrée.Pourtant, ce soir, j’avais décidé de faire un effort et je me trouvais

canon. Peut-être même sexy. Vraiment sexy. Mes cheveux boucléstombaientsurmesépaules.Montraitd’eye-linerétaitparfaitetlerougeàlèvresmatpromettaitdetenirlescentprochainesannées.

Jemesentaisbien.M’écartantdumiroir,jeretournaidansmachambre.Leseulproblème

decettesoiréeétaitquejeneressentaisrienquandjepensaisàl’hommequej’allaisrejoindre.Aucunenervosité.Aucuneappréhension.Etsurtout,aucuneexcitation.J’avais l’impressiondemepomponnerpourallerfairelescourses.

C’étaitvraimentmesquindemapart.CarlorsquejepensaisàBrocketàcemomentpartagédansl’obscurité

au petit matin, j’avais l’impression qu’une nuée d’oiseaux s’envolaientdansmonventre.Etcen’étaitpasunebonnechose.

J’avaisenviedemetaperlatêtecontrelesmurs.Je ne donnais pas sa chance à Grady. Je le reconnus tandis que

j’enfilais un bracelet simple en or. J’avais cru qu’il se créait des excusespournepasmevoirparcequejenel’intéressaispas,maisvisiblement,çan’était pas le cas. Ce soir serait différent. J’allais me concentrer à centpourcentsurlui.S’ilessayaitdem’embrasser,jelelaisseraisfaire.

Cettefois,ceneseraitpasunbaiserentredeuxpersonnesbourréesenpleinmilieudelanuit.

Attrapantmonsacnoirsurlelit,jem’approchaidelachaiseàdossierbassituéeàcôtédelaporteetfisglissermamainsur lavestedeBrockcomme…Commeuneidiote.Jenelaluiavaispasencorerendue.Surle

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coup,jenem’étaispasaperçuequ’ill’avaitoubliée,puis,commeilnemel’avaitpasréclamée,jel’avaisgardée.

Jen’étaispasfièredemoi.Après avoir sorti une veste à imprimé camouflage du placard de

l’entrée,jemebaissaipourcaresserRhagesurlatête.— Je reviens bientôt. (Je reculai avant qu’il nem’attaque.)Oubien

peut-êtrequejenerentreraipascesoir.Rhagebaissalesoreilles.Je m’assurai qu’il avait à manger avant de quitter l’appartement.

Gradym’attendaitdevantlerestaurantoùBrocketmoiavionsdînéavecnos sponsors potentiels. Il n’y avait pas beaucoup de choix dans lesenvirons.

Lorsqu’ilmevit,ilaffichaungrandsourireettenditlesbrasversmoi.—Tuessublime.—Merci, luidis-jeen le serrant rapidementcontremoi.Tun’espas

malnonplus.Ilbaissalesyeuxverssonpantalonunpeulargeethaussalesépaules.

C’étaitlegenredepantalonqueBrockn’auraitjamaisporté.Oups.Pourquoipensais-jeàBrock?Grady me prit la main et une serveuse vint nous placer. Elle nous

menajusqu’àunetable,àcôtéd’unfeudecheminéechaleureux.Latableétaitassezgrandepourquatrepersonnes,maisavecsanappeenlinblanc,les petites bougies et les verres de vin délicats, l’espace restait intime.Lorsque j’étais venue ici avec Brock, nous nous étions installés dans lasalleàmangerdel’autrecôté,moinscourue.

Je m’assis en face de Grady et il commanda une bouteille de vin.J’allaisenavoirbesoin.Pendantletrajetjusqu’aurestaurant,uneétrangetensionm’avaitenvahie.

—Jesuiscontentqu’onaitréussiàsevoir,dit-il.J’étaisvraimentdéçudedevoirreporter.J’avaisenviedepasserdutempsavectoi.

— Je suis désolée, moi aussi, d’avoir dû annuler, répondis-jemachinalement.Lerepasd’affairesaétédécidéàladernièreminute.

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— Comment ça s’est passé ? me demanda-t-il comme si celal’intéressaitvraiment.

Jeluirépondispendantqu’onbuvaitduvinetquel’oncommandait.Lorsque nos plats arrivèrent, du poulet pour lui et un steak pour moi,j’avais réussi à me détendre un peu et je profitais de la soirée sansressentirlebesoindemesoûler.

Gradyn’étaitpasseulementgentil.Ilétaitintelligent.Etgénéreux.Cesoir,j’allaisl’embrasser,décidai-jeenprenantunegorgéedevin.—Qu’est-cequetucomptesfairepourThanksgiving?—Jerentredansmafamillemercredi.L’académiefermemardisoiret

nerouvrequelelundisuivant,répondis-je.Je n’arrivais pas à croire que Thanksgiving avait lieu la semaine

suivante.Letempsétaitpassésivite!—C’estgénial.Turesteslà-bastoutleweek-end?Jehochailatêtetoutenmâchantunmorceaudesteakbientendre.— Je ne rends pas très souvent visite àma famille. C’est l’occasion

pourmoidepasserdutempsaveceux.Celavoulaitaussidire:attraperRhageetréussiràlefaireentrerdans

sa cage de voyage… ce qui était aussi agréable quem’épiler lemaillotavecunepinceàépilerrouillée.

—TuvasfairedushoppingpourleBlackFriday?Jeris.—Non,maismamèreestdugenreànepassecoucherlejeudisoir

pourêtre lapremièredevant lesmagasins.Ellesegavedecaféineavantdepartiraufront.Elleachète…surtoutdestrucspourelle.Biensûr,ellenous ramène des cadeaux,mais je sais que lamajorité des sacs qu’ellerapporteàlamaisonsontpourelle.

Lesouvenirdemamèrecriantàmonpèredevenirl’aideràporterlessacspendantquejefouillaislecoffredelavoitureàlarecherched’unsacdelibrairiemerevintenmémoire.Jesouris.

Alorsquejetournaislatêtepourdissimulermeslèvres,jerepensaiàcequeBrockm’avaitditcettenuit-là,danslavoiture.Ilnevoulaitpasque

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je me cache, mais il ne comprenait pas. Une habitude de six ans étaitdifficileàabandonner.Etpuisjen’étaispascertainequeGradym’accepteaussi facilement.Réprimantunsoupir, je reportaimonattentionsur lui.Toutefois,undétailattiramonattention.

Un homme se tenait à l’entrée du restaurant, dos à nous. Il étaitgrand, avec des épaules carrées, et il y avait quelque chose dans saposturequimenoual’estomaccommesijemetrouvaisdansunemontéedemontagnesrusses.

Je plissai les yeux. En face de moi, Grady parlait de l’élevage demoutonsoudevacheslaitières…jen’écoutaispas.L’hommeàl’entréemeparaissaitfamilier.

Non.Cen’estpaspossible.Lorsqu’une serveuse s’approcha de lui avec de grands yeux pleins

d’admiration,l’hommesetournaverselle.Envoyantsonprofil, jesentismoncœurseserreretjefaillistomberdemachaise.

C’étaitBrock.C’étaitvraimentBrock.—Oh,putaindemerde,murmurai-je.Gradyrelevavivementlatête,maisjelevisàpeine.—Pardon?D’habitude, je ne jurais pas comme une charretière, mais il me

semblaitquelasituationleméritait.Quefaisait-ilici?Luiavais-jeditoùjedînaisavecGrady?Peut-être?

J’auraistrèsbienpulefaireaudétourd’uneconversation.JevoyaismalBrocknoussuivre.Celaauraitétélégèrementdérangeant.

—Jillian?Clignantlesyeux,jereportaimonattentionsurGrady.Moncœur,lui,

essayaitderemonterlelongdemagorge.—Pardon?Ilsepenchaenavant.—Çava?

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Jem’éclaircislagorge,puishochailatêteetpriaipourqueBrocknenousvoiepas.

—Oui,désolée.Jeviensdemerappelerunechosequejedevaisfairepourleboulot.

Ilesquissaunsourire.—Çaal’airimportant.Jejetaiunœilderrièrelui.Brockdiscutaittoujoursaveclaserveuse.—Oui,çal’est.—J’espèrequetun’aspasencoreoubliéundînerprofessionnel.Avais-jeoubliéundîner?C’étaitbienBrocketilétaittoutseul…Oh,

mon Dieu ! Pourquoi se dirigeait-il dans notre direction ? Je mouraisd’enviedemecachersouslatable,maisonm’auraitprisepourunefolle.Alorsjemecontentaidebaisserlesyeuxversmonassietteenpriantpourqu’ilneviennepasversnous.Cen’étaitpaspossible.Brockn’oseraitpas…

Lorsquejerelevailesyeux,jelevisserapprocherdeplusenplus.Aufonddemoi,jesavais.JesavaisqueBrocksedirigeaitversnotretable.

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Unpeuàlamanièred’uneenfant,j’essayaisdemeconvaincrequesijeneregardaispasBrock,ilnepouvaitpasnousvoirnonplus.Iln’étaitpasvraimentlà.Lesyeuxrivéssurmonassiettequasimentvide,jepriaispouravoireuunehallucination.

—Oh,bonsoir!s’exclamasoudainunevoixgraveetsuavequiglissaittoujourssurmapeaucommedelasoiechaude.Quellesurprise!

Etmerde!Je relevai la tête au même moment que Grady. Lorsqu’il aperçut

Brock,deboutàcôtédenotretable,l’étonnementsepeignitsursonbeauvisage.

—Salut?articulai-jepéniblement.Unsourireencoin,BrockconcentrasonattentionsurGrady.—C’estladeuxièmefoisquenousnouscroisons.—Oui, effectivement, répondit Grady en nous regardant l’un après

l’autre.C’estunesurprise.—Jesais.(LesyeuxsombresdeBrockétincelaient.)Unecoïncidence

incroyable.Les sourcils froncés, j’attrapai mon verre de vin. Coïncidence, mes

fesses.—Qu’est-ceque…Qu’est-cequit’amèneici,Brock?—Oh,j’étaisdanslecoinetjemesuisditquej’allaisvenirmangerun

morceau.

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— Tout seul ? demandai-je, parce que ce n’était pas le genre derestaurantoùl’onvenaitseul.

Àquoijouait-il,àlafin?—Jefaisdestasdechosesseul,Jillian.Sonregardamuséseposasurmoi.J’écarquillai les yeux, puis pris une grande rasade de vin… j’avais

l’espritbien tropmalplacépourune fillequiavait rendez-vousavecunautrehomme.Toutàcoup,j’entendissavoixbrûlantedansmatête.«Jevaist’aider.»Etjerepensaiàsamainglissantentremesjambes.

Gradyseraclalagorge.—Tuvienssouvent,alors?— Pour te dire, j’étais ici il n’y a pas longtemps. (Il me regardait

toujours.Seslèvresseretroussèrentenunsouriremoqueur.)Souviens-toi.Notrerendez-vous.

—Votrerendez-vous?répétaGradyd’unairperduenmeconsultantduregard.

Je faillis m’étouffer sur mon vin. Je reposai mon verre sur la tableavantdelebalanceràlafiguredequelqu’un.

—Notre rendez-vous d’affaires, rappelai-je à Grady. La raison pourlaquelle j’ai dû reporter notre dîner. Brock, mon chef, et moi avonsretrouvédessponsorspotentielsici.

— Ton chef, murmura Grady en s’appuyant contre le dossier de sachaise.(Ilavaitleslèvrespincées.)Etamid’enfance,c’estça?

—Onagrandiensemble,intervintBrockenriant.(Ilposaunemainsurledossierdelabanquetteoùj’étaisassise.)«Amid’enfance»estunpeuréducteur.Çanecouvrepastoutcequel’onaétél’unpourl’autre.

Qu’est-cequ’ilracontait,bonsang?—Je trouveque le termeest approprié, rétorquai-jeavecun regard

noirpourBrock.Ilnelevitpas.IlétaittropoccupéàdévisagerGrady.Brocknetintabsolumentpascomptedemoncommentaire.—Est-cequ’ellet’araconténotrepremièrerencontre?

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—Çanel’intéressepas,répondis-jeàsaplaceavecunrireàlalimitedel’hystérie.

—Si,ditGradyd’untonglacial.Çam’intéressebeaucoup.J’enrestaimuette.Avantquej’aiepuréagir,Brocks’étaitinstallésurlabanquetteàcôté

demoi,sonflancpressécontrelemien.—J’avaisquatorzeans, jecrois,ettuenavaishuit.(Ilmedonnaun

légercoupdecoude.)C’estça?—C’estça,marmonnai-jeencontemplantmonverredevin.Pourquoi avais-je décidé de ne plus jamais me bourrer la gueule ?

C’étaitlapireidéequej’avaiseuedetoutemavie.— Je traînais autour de l’académie de son père depuis pas mal de

temps.Lesenfantsquihabitaientdans lequartier connaissaient tous lesLima.Onrestaitdevantlesbâtimentsenespérantapercevoirsonpèredeloinoul’undesesfrères.

—Tafamilleestcélèbre?demandaGradyquiavaitvisiblementoubliélaréactionqu’avaiteueCamenvoyantBrock.

—Plusoumoins.La sensation du corps de Brock contre le mien m’empêchait de

réfléchircorrectement.Leverredevinsemblaitm’appeler.—Elle estmodeste.C’est Jillian tout craché. (La façondont il avait

prononcé cesmots transpirait la familiarité. Je ravalai un grognement.)Bref.J’étaisunvoyou,àl’époque.

—Seulementàl’époque?grommelai-jedansmabarbe.Brock sourit. Il m’avait apparemment entendue. Je détestais ce

sourire.Iln’étaitpasmignonnisexyetencoremoinscharmant.—Unsoir,j’aiessayédevolerAndrew,sonpère.—Quoi?À présent, une lueur de curiosité s’était allumée dans les yeux de

Grady.Ilarrêtasongestealorsqu’ilétaitentraindeportersonverredevinàseslèvres.

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— Eh oui. J’avais fugué. J’avais faim, il faisait froid. J’avais besoind’argentetj’étaisunpetitcon.(CettegrossièretéfitgrimacerGrady.)J’aiessayédevolerunhommequi connaissaitaumoinsmille façonsdemetuer. (Riantdoucement,Brocksecoua la tête.)Pourtant,Andrewnem’apas tuénimême tabassé. Iln’apasnonplusappelé lapolice. Ilm’avaitdéjàvuautourdel’académieetilsavaitquejeprenaispartauxcombatsderue…

—Àquatorzeans?Gradyparaissaiteffaré.Lepauvrehommenesedoutaitpasdecequi

sepassait,là-dehors.—Tu serais surpris d’apprendre ce qui se passedans les villes dont

personne n’entend jamais parler, répondit Brock en se laissant aller enarrière.

Jemecrispai.Ilavaitpassésonbrasderrièremondos.Jepenchailatêtesurlecôté.

J’hésitaisentreéclaterderirefaceàsonculotetl’enviedelefrapper.— Ce soir-là, Andrew m’a conduit chez lui et m’a offert un repas

chaudetunendroitoùdormir.—Waouh. (Le sourire de Grady paraissait forcé lorsqu’il se tourna

versmoi.)Tonpèreestunsaint.— Mon père a vu son potentiel. C’est pour ça qu’il l’a recueilli,

rétorquai-je.Jesavaisquecen’étaitpaslaseuleraison.Monpèreavaitgrandidans

les ruesdeNatal, auBrésil.Brockavait euuneenfancedifficile,maisàcôtédecelledemonpèreetdemesoncles, çaavait étéde la rigolade.Quandbienmême,monpère s’était reconnuen lui… ilétait le filsqu’iln’avaitjamaiseu.

—Ilétaitassez tardquandsonpèrem’a faitentrerchezeux. Ilm’alaissé un instant dans le salon. Je… Je n’étais jamais entré dans unemaison comme celle-ci. (Son regard se fit lointain.) Elle était située endehors de la ville et malgré sa taille imposante, l’intérieur étaitchaleureux.Etpuisiln’yavaitpasdecafardssurlesmursnideratsdans

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les coins sombres. C’était le genre de maisons où je n’avais jamais crupouvoirentrerunjour.

Grady reposa lentement son verre sur la table.Moi, j’avais la gorgenouée. Brock gardait sans doute des souvenirs très sombres des annéesquiavaientprécédésarencontreavecmonpère.

— J’allais le suivre dans la cuisine lorsque j’ai levé les yeux versl’escalier.Ilsontunescalieràmoitiédécouvertquidonnesurl’entréeetl’atrium.Ilfaisaitnoir,maisilyavaitunepetiteombrederrièrelemurquinous espionnait. (Un sourire tendre éclaira le visage de Brock.) Je nevoyaisquesescheveux.Descheveuxbrunfoncé.Etdegrandsyeux.

Mepenchantenavant, jeposaiuncoudesur la tableetappuyaimatêtedessus.

—C’étaitmapetiteJillybean.(Brockritenmevoyantlever lesyeuxauciel.)Ellenousécoutaitalorsquesonpèren’avaitpaslamoindreidéede sa présence.Quand nos regards se sont croisés, j’ai cru qu’elle allaitremonterdanssachambreencourant,parcequej’étais…Euh,jem’étaisbattujusteavantdemefaireattraperparsonpèreetjen’étaispasbeauàvoir.

Assiseàcôtédelui,jemedemandaiscequiétaitentraindesepasser.Brockavaitprislecontrôledemonrendez-vousgalant,abreuvantGradyd’histoiresdenotreenfance.

J’allaisletuer.—Tunet’espasenfuie?medemandaGrady.Je ne répondis pas. J’en étais incapable. Me redressant, je laissai

tombermesmainssurmesgenoux.Brockavaitenfouisesdoigtsdansmescheveux.

Quefabriquait-il?—Non.Ellem’asourietm’afaitunsignedelamain.(Brockmejeta

uncoupd’œilencoin.Nosregardsse rencontrèrentet toutàcoup, l’airautourdenousseremplitdetension.HorsduchampdevisiondeGrady,sesdoigtscaressaientmescheveux.)C’était…adorable.

MonDieu.

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— Après m’avoir donné à manger, son père m’a installé dans lachambred’amis,puisestallésecoucher.Ilavaitdécidéquejeméritaisderester chez lui.Aujourd’huiencore, j’aidumalày croire. (Brock traçaitdescerclessurmondos.Jepeinaisàmeconcentrer.)C’étaitinespéré.

—C’estincroyable,murmuraGrady.J’espéraisqueBrockallaits’arrêter,qu’ilnecontinueraitpasl’histoire.Maisjen’euspascettechance.C’étaitofficiel:Dieumedétestait.— Au bout d’une heure, je n’arrivais toujours pas à dormir. J’avais

tropdechosesentête.Etpuislamaisonétaitbientropsilencieuse.Jen’yétais pas habitué. Chez moi, la nuit, les gens ne dormaient pas. Ilscriaient,etdehors,desklaxonshurlaient,reprit-il.

Je me penchai de nouveau en avant pour échapper à ses doigtsbaladeurs, mais il m’attrapa par les cheveux pour m’en empêcher.J’écarquillailégèrementlesyeux.

—Jemerevoisassisdanscelit,danslaplusbellechambrequej’avaisjamaisvue.Ilfallaitquejeparte,parcequejen’avaisrienàfairelà-bas,poursuivit-il comme s’il ne se servait pas demes cheveux commed’unelaissepourmeretenir.Ettoutàcoup,unlégercouparésonnéàlaporte.Jen’avaispaslamoindreidéedequiçapouvaitêtre.

— C’était toi, devina Grady en se tournant vers moi, les sourcilshaussés.

Je fermai les yeux tandis que les doigts de Brock délaissaient mescheveuxpour caresserdenouveaumondosà travers le tissu findemarobe.Monesprittoutentierétaitconcentrésurlachaleurquienémanait.

—Ellem’aapportésonoursenpeluche,annonçaBrock. (Je rouvrislesyeuxetsoupirai.)Qu’est-cequetuasditlorsquej’aiouvertlaporte?

Jen’arrivaispasàcroirequ’ilracontecettehistoire.Jen’arrivaismêmepasàcroirequ’ils’ensouvienne.

—J’aiditquetuavaisl’aird’avoirbesoind’unami.Brocknesouriaitpasquandilplongeasesyeuxdanslesmiens.

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—Etelle estpartie.Elle est sansdoute retournéedans sa chambre,poursuivit-il avecun léger sourire aux lèvres. Je savais qu’Andrewavaitunefille.Jel’avaisdéjàaperçuedeloin,mais…jenem’attendaispasàcequ’ellemedonnesonoursenpeluchealorsquej’étaisunparfaitinconnu.(Il se tourna vers Grady.) À compter de ce jour, on est devenusinséparables.

Ilfallaitvraimentqu’ilarrêtedemetoucherledos.—Jevoisça…commentaGradyd’unairpincé.—Etjen’aipasarrêtédelasuivre,commesonombre.Jeposaivivementlesyeuxsurlui.Cen’étaitpaslafaçondonttoutle

mondeserappelaitl’histoire.J’avaisétésonombre.Etpasl’inverse.—Jel’aimêmeaccompagnéeaubaldepromo,termina-t-il.Cettefois,ilavaitdépassélesbornes.Baissantunemainsouslatable,jelepinçaiàtraverssonjean,jusqu’à

cequ’ilretiresonbrasdederrièremondos.Visiblementamusé,ilmedévisagea.—Ilm’aemmenéeaubalparcequelesgarçonsdemonâgeavaient

troppeurdemonpèrepourlefaire,expliquai-je.—Ah?(Gradyjouaavecsonverredevin.)Jedoisavoirpeurdeton

père,moiaussi?—Non,affirmai-je.—Oui,réponditBrock.Moi-même,ilmeterrifie.Jesoufflailourdement,bruyamment.Gradyhocha la têtecommes’ilcomprenait,mais ilétaitclairquece

n’étaitpaslecas.Unsilencegênés’abattitsurlatable.J’étaissurlepointdemepincerpourvérifierquejenerêvaispasquandGradyannonçaqu’ilallaitauxtoilettes.

Une partie demoi avait peur qu’il ne se serve de cette excuse pours’enfuir.L’autreétaitrassurée.C’étaitmieuxainsi.

QuandBrocketmoinousretrouvâmesseuls, jemetournaivivementverslui.

—Qu’est-cequetufabriques?crachai-je.

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Ilm’adressaunregardinnocent.—Àquelsujet?—Tusaistrèsbiencequejeveuxdire.Qu’est-cequetufaisici?—Hmm…(Ilposasatêtesursonpoinget lachaîneenargentqu’il

portait autour du cou attiramon regard.) J’avais envie d’un steak biensaignant,alorsj’aidécidédevenirenacheterun.

—Biensûr.Etmoi,j’adorequ’onmeracontedesconneries,rétorquai-je.Pourquoifais-tuça?

Brockhaussaunsourcil.—Tuessaiesdesabotermonrendez-vous,l’accusai-je.—Jenecroispasquecesoitnécessaire,répondit-ild’untonmielleux.Je jetai un coup d’œil dans la direction où Grady avait disparu. La

colèremebrûlaitlesjoues.—Qu’est-cequetuveuxdire?Ilm’adressaunsouriresuffisant.—Vousêtesaussicompatiblesquel’eauetl’huile.—Cen’estpasvrai!Lesoufflecoupé,jem’écartaidelui.Mapremièrepenséefutqu’ilavait

raison.Ladeuxième,qu’ilnesavaitpasdequoiilparlait.—Ahbon?—Non! (Jeprisunegrande inspirationpourm’empêcherdecrier.)

Gradyestséduisant…—Ilestmignon,acquiesça-t-ilentortillantdessourcils.Intérieurement,jebouillais.—Ilestdrôle,ilestintelligent…Ilestgentil!—Gentil?(Brockéclataderire.)C’estbiencequejedis.—Qu’est-cequetudis,aujuste?(Jeserrailespoings.)Quecen’est

pasbiend’êtregentil?Brocksepenchaversmoietmetapotalenez.Jerepoussaiaussitôtsa

main.—Tumefaisunelistedesesqualitéscommesitucomptaisl’engager

poursurveilleruneclassedematernelle.

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—Cen’est pas vrai, répétai-je en respirant fort, à boutdepatience.Qu’est-cequetufabriques,Brock?Ce…Cen’estpastoi.

—Tutrouves?(Ilhaussalessourcils.)Tuveuxmefairecroirequetuignoreslesraisonsdemaprésenceici?

Jesecouailatête.—Commentest-cequejelesaurais?Ilmedévisageauninstantavantdereprendrelaparole.—Cen’estpasluiquetuveux.Bonsang.Jen’arrivaispasàcroirequel’onaitcetteconversation.Je

luiadressaiunregardassassin.—Va-t’en.Dépêche-toi.Ileutunsourireencoin.— Je sais ce qu’il te faut et tu finiras par le comprendre toi aussi,

avantlafindelasoirée.Qu’aurais-jepurépondreàça?— J’avais une autre raison de venir te voir. Je voulais parler de

Thanksgiving. Étant donné qu’on va tous les deux chez tes parents, ondevraitfaireducovoiturage.

Euh…Quoi?—Laisse-moiréfléchir.Seslèvresseretroussèrentenunsourire.—Prendstontemps.— Premièrement, ça n’aurait pas pu attendre… je ne sais pas… un

autre moment ? Deuxièmement, pourquoi est-ce que tu viens fêterThanksgivingchezmesparents?Tunelefaisplusdepuisdesannées.

—Concernanttonpremierargument,jeviensd’ypenseretjemesuisdit que je pouvais très bien t’en parler maintenant, répondit-il sans sedémonter. Et je fête Thanksgiving chez tes parents parce que cetteannée…leschosessontdifférentes.Onenreparleraplustard.

J’ouvrislabouchepourdirequelquechose,maisilnem’enlaissapasletemps.

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—Jetelaisseprofiterdetonrendez-voustellementexcitant.(Quandilseleva,ilm’observaunedernièrefois.)Jeregrettedenepast’avoirvuedeboutdanscetterobe,parcequelepeuquejedevineestrenversant.Tuesmagnifique.

Jecontinuaideresterbouchebée.—Bonnesoirée.Après m’avoir fait un clin d’œil, Brock s’éloigna entre les tables. Il

croisa Grady et ils échangèrent quelques mots que je ne voulaisprobablementpasentendre.PuisGradyrevintànotretable.

Ils’assitenriant.Sonriresonnaitfaux.—Bon…Jenem’attendaispasàça.Jesecouailatête,consternée.—Jesuisdésolée.Jenesaispascequ’ilestvenufaireici.— Je crois… qu’il est venu s’assurer que tout allait bien pour toi.

(Gradysemassaletorse.)Quetoutsepassaitbienentrenous.Jenesuscommentrépondre.Brockn’avaitjamaisrienfaitdecegenre

auparavant.Jamais.Mêmepaslesraresfoisoùado,j’avaiseuuncopain.Jeluiracontaistoutdansl’espoirdelerendrejaloux.Malheureusement,iln’avaitjamaisréagi.

—Commenta-t-ilsuoùnoustrouver?demandaGrady.—Lehasard?avançai-jesottement.—Tuenessûre?Ilestpartisanscommanderquoiquecesoit.Seigneur.Jenem’enétaismêmepasrenducompte.— J’ai dû le lui dire au détour d’une conversation. Il est juste… Je

veux dire qu’il est… (La gorge nouée, je tentais de lui expliquer ce quivenait de se passer sans jurer comme un charretier.) Il aime mesurprotéger.

Gradyhochalentementlatête.—Jepeuxtedemanderquelquechose?Pitié,non.—Biensûr.—Vousêtessortisensemble?

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—Quoi?(Jem’efforçaid’enrire.)Non,pasdutout.Cen’étaitpasvraimentunmensonge.Cequis’étaitpassélevendredi

précédentnecomptaitpas.Lefaitquej’aieétéamoureusedeluipendantdixansnonplus.

Gradyregardaderrièreluiavantdereportersonattentionsurmoi.—Ilaimeraitpeut-être.Jerisdenouveau,maiscettefois,jen’euspasàmeforcerparceque

cettesimpleidéeétaitridicule.Àmoinsque?Cettenuit-là, il avait voulu venir prendreun verre chezmoi. Puis il

m’avait offert des latte et des déjeuners. Il m’avait dit que j’étaismagnifique.Etilm’avaitproposéd’allerensemblechezmesparentspourThanksgiving…

Sansoubliercequis’étaitpassécefameuxvendredisoir.Jenevoulaispasypenser.J’avaisréussiàm’occuper l’esprit toute lasemainedanscebut,mais ça avait bel et bieneu lieu.Brock, lui, refusaitde l’oublier. Ilavaitmêmeditqu’ilneregrettaitpascemomentd’uneintensitérare.Sepouvait-ilqu’il…?

Moncœurbattait fort.Trop fort.L’idéequequelqu’und’autrepuissepenserqu’ils’intéressaitàmoimefaisaittournerlatête.J’étaistellementhabituéeàcequetoutlemondemerabâchequ’ilsemoquaitdemoi.

Gradyterminasonverredevin.Àpartirde là, laconversations’enlisa.Ellerestasuperficielleetsans

intérêt.Quandlanotearriva,ilréglatellementvitequ’unninjaauraitétéfierdelui.

Gradymeraccompagnaàmavoiture,garéeaucoindelarue,derrièreunebanque.Ilnemepritpaslamain,maisilmeserradanssesbraspourmedirebonnenuit.Ce contactn’eut aucuneffet surmoi.Et il n’essayapasdem’embrasser.

—Jet’appellerai,dit-ilenreculant.Jehochailatête.—J’ai…J’aipasséunebonnesoirée.

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—Moiaussi.(Ilmedévisageauninstantavantdes’éloigner.)Bonnenuit,Jillian.

Jeleregardaipartirsansbouger.Jesavaisqu’ilnemerappelleraitpas.Etjeneleferaispasnonplus.Averyallaitêtredéçue.

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20

Pour des raisons évidentes, je n’aimais pas traîner dans des ruellessombreslanuit.Jeverrouillaidonclesportièresdemavoiture,puismislecontact.Avant dedémarrer, j’envoyai àBrock lemessage le plus concispossible.

Chezmoi.Maintenant.

Oui,c’étaitgonflédemapart.Jen’aurais jamais imaginéenvoyercegenredemessageàBrockunjour,maisj’étaisfurieuse.Jenecomprenaistoujourspaspourquoi il était venume trouverdans ce restaurant. PourparlerdeThanksgiving?Monœil,oui!

Lesdoigtscrispéssurlevolant,jesortisdupetitparkingetm’engageaisurlaroute.Jemeretrouvaiaussitôtdevantunfeurouge.Monportablene sonna pas et je refusais de regarder s’ilm’avait répondu de peur deperdrelecontrôledemavoitures’iltrouvaituneexcusepournepasvenir.

Je ruminai pendant tout le trajet. La petite lueur d’espoir qui s’étaitalluméeenmoiplustôtavaitdisparu,remplacéeparunecolèrenoire.

Soncomportementavaitétédéplacé.Arrivée devant chez moi, je sortis de voiture et claquai la portière.

J’examinai le parking, à la recherche de sa Porsche. Elle n’était pas là.Tandisquejememettaisàavancerdansl’airfroiddelanuit,souslecielétoilé,jesortismontéléphonedemonsac.

Biensûr,ilnem’avaitpasrépondu.

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—Connard,marmonnai-jeenmontantlesescaliersd’unpasrageur.D’accord,iln’yavaitpaseudefeud’artificeentreGradyetmoi,mais

ça ne le regardait pas. Ce soir, les choses auraient pu tournerdifféremmentsiBrockn’avaitpasdébarquépournousabreuverd’histoiresdenotrepasséetfairecroireàGradyqu’ilnepouvaitpassemettreentrenous.J’ouvrismaportedetoutesmesforces.Sij’avaispu,jel’auraisfaitsortirdesesgonds.

Aprèsavoirretirémaveste,jelajetaisurledossierducanapéetallaichercher labouteilledevindans le frigo.J’enbusunebonnegorgéeaugoulot,sansprendrelapeinedesortirunverre.

Mapromessedeneplusboirenetenaitplus,pourl’instant.Unepetitepartdemoiavaitconscienceque,mêmesiBrockn’étaitpas

venumettresongraindeseldansmonrendez-vous,iln’yauraitjamaiseud’alchimieentreGradyetmoi.Lestonnesderomancesquej’avaisluesetcequej’avaisressentitrèstôtpourBrockm’avaientapprisques’iln’yavaitpasd’étincellesaupremier rendez-vous,ellesn’apparaîtraientpaspar lasuite.

Etpuis,tardlesoir,quandjefaisaisglissermamainentremesjambes,cen’étaitpasàGradyquejepensais.

Maiscen’étaitpasleproblème.J’étaisfurieuse.Lorsque je portai de nouveau la bouteille à mes lèvres, un coup

résonnacontremaporteetjesursautai.Duvincoulasurmonmenton.Mon cœur bondit comme sur un trampoline. Je plissai les yeux.

Essuyantmonmenton,jeposailabouteillesurl’îlotcentraletmedirigeaid’unpasvifverslaporte.Jel’ouvrisàlavolée.

Brocksetenaitdel’autrecôté,lesyeuxbaissés.—C’étaitrapide,dis-jed’unevoixsèche.Seslèvrespulpeusestressautèrent,commes’ilréprimaitunsourire.—Disonsquej’avaisl’intuitionquetuauraisenviedemevoircesoir.

Ducoup,jesuisrestédanslequartier.—Quoi?Tulisdansmespensées,maintenant?

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Brock releva les yeux. Ses lèvres s’entrouvrirent sur un hoquet desurprise.

—Mince,souffla-t-il.Uneexpressionétrangepassasursonvisageburiné,commes’ilvoyait

quelquechosepourlapremièrefois.Unechosequiavaittoujoursétélà,horsdesaportée.

—Cetterobe…(Ilentradansmonappartement,meforçantàreculer,et referma la porte derrière lui.) Je savais que tu serais magnifiquededans.

«Magnifique»?Encorecemot.Jenesavaispascequ’ilsignifiait.Lefeuauxjoues,jelefusillaiduregard.—Jeneveuxpast’entendredireça.Jeneveuxmêmepassavoirque

tulepenses.Brock fit comme s’il nem’avait pas entendue. Il se contenta deme

demander:—Depuisquandest-cequetuasdesformes,Jilly?Puisantducouragedansmacolère,jeluitinstête.—Oh,jenesaispas…Depuismesdix-neufans,peut-être?Maistune

l’avaisjamaisremarquéjusqu’àmaintenant!—Ce n’est pas ça. (Il secoua la tête d’un air presque innocent.) La

vérité,c’estquejenevoulaispaslesremarquer.Jehaussailessourcils.—Tunevoulaispaslesremarquer?Çan’aaucunsens!— Tu trouves ? (Ses yeux sombres plongèrent dans les miens.) Tu

étaislapetitefillechéried’Andrew.—Auxdernièresnouvelles,jesuistoujourssafille.— C’est vrai, murmura-t-il. (Son regard me caressa de nouveau,

depuis le haut de ma tête jusqu’aux bouts pointus de mes escarpins,s’attardantsurmapoitrine.)Maistun’esplussipetite.

Malgréma colère, je sentismes tétons durcir. Je croisai les bras etrelevailementon.

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—Tuasbu?Brockclignalesyeuxetmeregardadanslesyeux.—Jen’aiplusbuunegoutted’alcooldepuiscettenuit-là.Jeretinsmonsouffle.—Pasuneseulegoutte,tum’entends?—D’accord,d’accord.(Jemeradoucislégèrementàl’évocationdece

souvenir douloureux.) Écoute, je ne t’ai pas demandé de venir ici pourparlerdema…robe,nipourm’entendredireque tu t’es soudain renducomptequej’avaisgrandi.Qu’est-cequit’apris,cesoir,aujuste?

Il ne me répondit pas tout de suite. Il se contenta d’observer monappartement.AprèsavoirrepéréRhageassissurl’accoudoirducanapé,ilme dépassa en remontant les manches de son pull en V, révélant lestatouagescolorésquiornaientsonbrasgauche.

—Maisne te gênepas, va caressermon chat !Cen’est pas commesi…(QuandRhageselevaettenditsapetitetêteverslagrandemaindeBrockpoursefrotteràlui,jerestaiuninstantinterdite.Puis,dégoûtée,jesecouai la tête. Ce chat était un connard, lui aussi.) Putain, je vousdéteste.

GrattantRhagederrièrel’oreille,Brocktournalatêteversmoi.—Tonlangageécorchemesoreillesinnocentes.—Oh, la ferme. Tu jures plus qu’unmarin bourré qu’on aurait jeté

auxrequins-tigres.Décroisantlesbras,jeretournaiversl’îlot.Enmevoyantboireduvinàlabouteille,ilhaussaunsourcil,avantde

murmurer:—Tu comptesnous refaire lamême choseque ladernière fois ?Si

c’estlecas,jesuiscontentd’êtrepassé.Lesyeuxplissés,jeserrailabouteillecontremapoitrine.—Bon,çasuffit.Maintenant,jeveuxtoutsavoir.Pourquoiest-ceque

tu es venu au restaurant ce soir ? Et neme dis pas que c’est pourmeparlerdeThanksgiving.Tuauraistrèsbienpum’enparleraubureau.Tun’avaispasàinterrompremonrendez-vousetàmegâcherlasoirée.

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—C’estmoiquiaigâchélasoirée?(Ilritetseredressapourmefaireface.)Cemecn’avaitaucunechanceavectoi.

—Qu’est-cequetuensais?rétorquai-je.Quand il avança versmoi, je fis unpas sur le côtépour garderune

distance de sécurité entre nous. Il continua de s’approcher lentement.Moncœurbattaitàtoutrompreetmefaisaittournerlatête.

—Jelesais,c’esttout.—Nemefaispasrire.(Jem’entêtaisàreculeretlui,àmesuivre.)Tu

asadmisquetunemeconnaissaisplus.—Cen’estpascequej’aidit,Jillian.(Lesyeuxbrillantsdemalice,il

baissalatête.)Cite-moiuneseulechosequit’excitechezGrady.Quim’excite?Monpoulspartaitenvrilleetçan’avaitrienàvoiravec

Gradyniaveclevinquejevenaisd’avaler.—Ilesthorsdequestionquej’aiecetteconversationavectoi.—Pourquoi?Encoreunpas.Ilsetenaitàunmètredemoi,àprésent.Commemonappartementn’étaitpastrèsgrand,celavoulaitdireque

j’étaispratiquementplaquéecontrelemur.—Parceque…çanesefaitpas!—Çanesefaitpas?(Ileutunriregraveetrauque.Sexy.Unesérie

defrissonsdansèrent le longdemesbras.)Pourquoiest-cequeçaneseferaitpas?

—Parceque…tuesmonchef!—Jenesuispasseulementtonchef.Tuasoubliélafoisoùj’aidûte

porter jusqu’à ton litparceque tuavais trouvé lesbouteillesd’alcooldeton père et que tu avais décidé d’en boire pour la première fois ? medemanda-t-il. Ou le fait que tu aies été présente pour moi durant lesmomentslesplussombresdemonexistence?Tum’asaidéàenfilerdesvêtementspropresquand j’étais tropbourréou shootéauxmédocspourmesouvenirseulementdeladate.

Monsoufflesebloquadansmagorge.Nousn’avionsjamaisparlédecettepériodedesavie,desquelquesmoisquiavaientsuivisablessureau

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torse.—Onpourraitaussiparlerdecettenuitoùtuasjouiautourdemes

doigts. Alors… seulement ton chef ? Tu peux faire mieux que ça,Jillybean.

—Nem’appellepascommeça,rétorquai-je,priseaudépourvu.J’avaisdumalàrespirer.Brockavaitfiniparfranchirladistancequi

nous séparait. Il se tenait devant moi, si proche que sa jambe droiteeffleuraitmagauche.

—Çan’arienàvoiravec lefaitque jesoistonchef.Leboulotn’estqu’undétail,dit-il.Tuneveuxpasrépondreàmaquestion,parcequetunesaispasquoidire.

—Cen’est pas vrai, jurai-je. (Ilmeprit la bouteille desmains et laposasurlatableàcôtédenous.Jemecrispai.)Qu’est-cequetufais?

Posant lesdeuxmains sur lemur,de chaque côtédemonvisage, ilbaissalatêteversmoipourmeregarderdanslesyeux.

—Cite-moiunechosequit’excitechezlui.—Pourquoi?murmurai-je.Mapoitrinesesoulevaviolemmentsouslecoupdemarespirationet

mesyeuxseposèrentsurseslèvres.—Parcequejeveuxsavoir…(L’unedesesmainsquittalemurpour

venirs’enroulerautourdemonépaule.Jefrissonnai.Ilpenchalatêtesurlecôté.)Jeveuxsavoirpourquoituessortieavecunautrehommeaprèscequis’estpasséentrenous.

Mon cœur battait si fort que je pouvais le sentir résonner dans toutmon corps. Les sens en ébullition, je n’avais pas lamoindre idée de lafaçondontjem’étaisretrouvéedanscetteposition.Sesdoigtsglissèrentlelong de mon bras, jusqu’à ma hanche. Puis son autre main apparutsoudaindel’autrecôté,surmataille.Jenesentaisplusquelachaleurdesa peau à travers le tissu fin de ma robe. Une douleur lancinante seréveilladansmonbas-ventre.

—Jillian?

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La façon très douce dont il avait prononcé mon nom affola mesneurones,ellelesfitfondrecommedubeurreausoleil.

Jem’humectaileslèvres.—Ilestgentil.Gradyesttrèsgentil.—Gentil ? (Il remonta sesmains le long demes flancs.Mon corps

réagitinstantanément.Mondoss’arquaetmagorgesenoua.Lorsqueseslèvres effleurèrent mon oreille, je sentis son souffle chaud contre mapeau.) Tu n’as pas envie de quelqu’un de gentil. Ce n’est pas ce quit’excite.

Jeposailesmainssursontorse.Toutenlerepoussant,jem’agrippaisàsonpullpourlemaintenirenplace.

—JesuissûrqueGradyestungentilpetitgars,reprit-iltandisquesesmains reprenaient leur exploration. (L’une d’elles remonta jusqu’à mahanche. L’autre resta auniveaudemes côtes où sonpouce effleurait labasedemonsein.)Jen’airiencontrelui,maiss’ilt’excitait,s’iltefaisaitrougirdecettefaçon…(Sonsoufflechauddansaitsurmajoue.Salégèrebarbemepicotait.)S’il t’excitait, s’il teplaisait vraiment, jen’auraispasgâchétonrendez-vous.Tuseraistoujoursavecluiencemomentmême.Etjen’auraisjamaisvutonvisagelorsdelajouissance.

Je n’étais pas certaine de comprendre son raisonnement. De toutefaçon,moncerveauétaitauxabonnésabsents.Jeneréfléchissaisplus.Jeme contentais de ressentir. Une douce chaleur envahit mes veines. Lespalpitationss’intensifièrentdanscertainespartiesdemoncorps.Messeinsse firent lourds et douloureux et ce fut encore pire lorsque je sentis sarespiration contre mes lèvres. Alors mon sang se transforma en laveardente.

Quand il pressa ses hanches contre les miennes, j’en eus le soufflecoupé.Ilétaitdurcontremonventre.Saréactionétaitsanséquivoque.Ledésir détendit mes muscles et les crispa à la fois. Nos lèvres étaienttellementproches…

Jen’avaisjamaisrienressentidetel.Jamais.

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Brockallaitm’embrasseretcettefois,ceseraitpourdevrai.Jenecomptaispastournerlatête.Etàmonavis,Brocknecomptaitpass’arrêteràunbaiser.Lorsque je m’en rendis compte, lorsque je sus que j’allais le laisser

fairetoutcequ’ilvoulaitdemoi,lebrouillarddemespenséessedissipa.Qu’est-cequ’onfabriquait,àlafin?Celanefaisaitpasplusdedeuxmoisquenousnousétionsretrouvés.

Deuxmoisaprèsdesannéessanslemoindrecontact,desannéespendantlaquelle j’avais sombré au fond du gouffre alors que lui, il menait lagrande vie. Il s’était fiancé, s’était séparé… et m’avait brisé le cœur. Àprésent,ilétaitderetourdansmonquotidien.Ilétaitmonchefauboulot.Mon foutuchef.Etmoi, je commençaisàpeineà comprendreceque jevoulais.Quij’étais.

Jeposailamainàplatsursontorse.—Qu’est-ce…Qu’est-cequ’onestentraindefaire?Brocksefigea.Jen’étaismêmepassûrequ’ilrespirait.Puisilbougea

légèrementlatêtepourappuyersonfrontcontrelemien.—Je…Jen’ensaisrien.Unmélangededéceptionetdesoulagementm’envahitdenouveau.La

gorgenouée,jelerepoussaialorsmêmequej’auraisvoulumejetersurluisansréfléchirauxconséquences.

—Mais,reprit-ild’unevoixrauquetoutenresserrantsaprisesurmahanche.Cequejesais,Jillian,c’estquej’aienviedetoi.

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Brockavaitenviedemoi.Ilavaitprononcécesmotsexacts.Monimaginationnemejouaitpas

destoursetjenemefaisaispasdesfilmsenlisantcequejevoulaisentreleslignes.C’étaitcequ’ilavaitditet lapreuvedesondésirétaitpresséecontremonventre.

Ilresserrasaprisesurmahanchetandisquesamainposéesousmonsein se crispait. Son front était pressé contre le mien. Lorsqu’ungrognement rauque s’échappa de ses lèvres, un frissonme parcourut. Ilmefitreculerjusqu’àcequemondosentreencontactaveclemur.

Ilavaitenviedemoi,maisn’arrivait-ilpassixanstroptard?Vulafaçondontmoncorpsréagissaitàsoncontact,ilétaitclairquela

réponseétait«non».Toutefoisétait-ilbiensagedes’abandonnerainsi?Iltremblalégèrementet jesentissaboucheaucoindelamienne,le

coinparalysé.Lasensationmepritparsurpriseetj’eussoudaintrèsfroid,puistrèschaud.

Quandjetournailatêteàl’aveugleverslui,seslèvreseffleurèrentlesmiennes.Unecaresselégèrecommelabrise.Iln’yavaitaucunepression.Le baiser que nous avions échangé en pleine nuit avait été bien plusprofondquecelui-ci.Pourtant,ilmebouleversaitcommejamais.

Brockreculadequelquescentimètrespourmeregarderdanslesyeux.On resta ainsi un instant. Puis ilme prit lamain etme guida jusqu’aucanapé où l’on s’installa. Il me fit asseoir sur ses genoux, les jambes

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repliées sur le côté. Comme j’avais les pieds dans le vide, je perdisrapidementmesescarpinsquitombèrentparterre.

LebruitfitsursauterRhagequis’enfuitendirectiondelachambre.Oupeut-êtrede lasalledebains.Cesderniers temps,Rhageavaitprispourhabitudededormirdanslelavabo.

Toutefois, j’arrêtai rapidement de penser aux habitudes étranges demonchat.

Brockpassaunbrasautourdemataille.Desonautremain,ilattrapaunemèchedemescheveuxetlarecoiffaderrièremonoreille.Moncœurbattait la chamade. Lorsqu’il me força à relever le menton, son regards’attardasurlamoindreparcelledemonvisage.

—Jenecomprendspascequisepasse,admis-je.—Moinonplus.Lamainposéecontrema joue, il fit glisser sonpouce juste sousma

cicatrice.—C’estrassurant.(Jeplaçaiunemainsursontorse.J’avaisbesoinde

ladistancequecelamettaitentrenous.Ilm’empêchademeleverdesesgenoux.)C’est…C’estdelafolie.

—Lafolie,çapeutêtreunebonnechose,répondit-ilavecunsourireencoin.

— Ou ça peut finir en catastrophe, arguai-je en essayant de meraccrocheràmonbonsens.Onnepeutpasfaireça.

—Pourquoi?Son autre main se posa sur mon genou nu. La sensation me fit

sursauter.Personnellement,destasderaisonsmevenaientàl’esprit.—On…Ontravailleensemble,Brock.Sionse lanceetqueçanous

exploseauvisage,ondevracontinuerdefaireéquipe.Et jenepeuxpaslaissertombermonpère,luidis-je.Je…Jenepeuxpasmelaissertomber,moi.

—Pourquoipenses-tuqueçanousexploseraauvisage?(Saquestionparaissaitsincère.)Tucroisvraimentquejeseraisicisijepensaisquetufiniraisparensouffrir?

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Jeledévisageai.J’auraisvoululecroire,maisjel’avaisdéjàlaissémeblesserunefoisetçaavaitétéatroce.

— Pourquoi ? lui demandai-je. Pourquoi maintenant, après tout cetemps?

— Les choses… ont changé. Je ne sais pas trop à quel moment,répondit-ild’unevoix râpeuse.Lanuitoù je t’aivuedansce restaurant.Ou lors de ton premier jour au bureau, lorsque tu m’as tenu tête. Tun’étaispluslaJillyquej’avaisconnueetçam’aperturbéparcequejet’aitrouvée très sexy. Ou peut-être était-ce le soir où tum’as pris dans tesbras,devantlerestaurant,parcequec’étaituneréactiondignedelaJillyquejeconnaissais…maisdansmesbras,tuétaisdifférente.

J’étaisincapablederéfléchir.J’arrivaisàpeineàrespirer.Sesmotsmefaisaient l’effetd’unecaresse. Il ferma lesyeuxet lamainposée surmacuisseremontalelongdemonventre,demesseins…Quandileffleurauntéton, un gémissement sourd m’échappa, mais il ne s’arrêta pas là. Ilcontinuajusqu’àlabasedemoncouoùmonpoulsbattaitfrénétiquement.

—Oupeut-êtrequeçaacommencéàchangeravantmêmequejeterevoie,reprit-il,commes’ilseparlaitàlui-même.(Çan’avaitaucunsens.Il rouvrit les paupières et ses yeux d’obsidienne plongèrent dans lesmiens.)Peut-êtrequeças’estpassélafoisoùjet’aienfinvuetedétendreencompagniedetesamis.Ouquandons’estendormisl’uncontrel’autre.Cequ’onafaitcettenuit-làm’asansdoutebeaucoupinfluencé.

J’examinaisestraitstendusparl’effort.—Touscesmomentsyontcontribué,maisc’estcematin-là,lorsqueje

mesuisréveilléetquejet’aitrouvéecachéedanslasalledebainsquej’aisu que je voulais être avec toi. Il ne s’est pas passéun jour sans que jepense à toi, Jillian. J’aurais dû te le dire la première fois que l’on s’estrevus.

L’airsebloquadansmespoumons.—Jemesuistoujoursdemandécequetufaisais,commentleschoses

allaient pour toi… si tu avais rencontré quelqu’un. Je prenais de tesnouvellesconstamment.

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—Quoi?soufflai-je.—Tamère…ellem’atenuinformé.Tunelesavaispas?Non, je n’en savais rien. La colère m’envahit soudain car ma mère

n’auraitpasdûracontermavieàBrockderrièremondos.—J’aiapprisquetuavaisquittélafacetquetuavaistrouvéunboulot

dans les assurances, m’expliqua-t-il. (J’entrouvris les lèvres pour mieuxrespirer.) J’ai suquand tuas euun copain sérieux…que tun’as jamaisprésentéàtesparents.Alorsçanedevaitpasêtresisérieuxqueça.

Oh,monDieu.Lacolèrelaissaplaceàlasurprise.—Pourquoinemel’a-t-ellejamaisdit?—C’estmoiquileluiaidemandé.Jepensais…quetunevoudraispas

quejesoisaucourant.Ladernièrefoisquenousavionsparlé,tum’avaisfaitcomprendrequetunevoulaisplusdemoidanstavie.

Un pincement de regret se réveilla dansmon cœur. C’était lors desdernièresfêtesquej’avaispasséesenfamilleaveclui.

—Tu…Tul’asamenéeàlamaison.Je crois que c’était ce qui m’avait fait le plus de mal. La fille avec

laquelle il flirtait, celle pour laquelle il m’avait abandonnée ce soir-là,n’avaitpasétéuncoupd’unsoiroubliédès l’instantoù ilavaitpassé laporte.C’était la fillequ’ilavaitchoisiepourseranger.La fillequ’ilavaitdemandéeenmariage.

Iltournalégèrementlatête,commes’ilétaitincapabledemeregarderdanslesyeux.

—Jen’avaispasréfléchi.Lagorgenouée,jerepensaiàcettenuit.C’étaitlepremierNoëlaprès

le drame. Brock était venu dîner chez nous pour le réveillon, mais iln’était pas arrivé seul. Quatremois aprèsm’avoir brisé le cœur, quatremoisaprèsquemavieavait implosé,ilavaitamenéKristenàmondînerdefamille.Çam’avaitfaitperdrelatête.

Défigurée, en pleine convalescence, j’avais accepté de quitter machambrepourm’asseoiràtableavecmafamille,alorsquejenelefaisais

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plusquerarement.Émotionnellement, jen’étaispastrèsstable.Et jemesouvenaisparfaitementdecequis’étaitpassé.

Lorsque j’étais entrée dans la salle à manger, mes yeux fatiguésavaient glissé sur les visages familiers. J’avais vu Brock en premier. Ilregardait endirectionde laporte. L’espaced’un instant, j’avais cruqu’ilm’attendait. Même si le comportement qu’il avait eu cette nuit-là auMona’s m’avait blessée, ses visites constantes à l’hôpital avaient faitrenaîtrel’espoirenmoi.

Puis j’avais remarquéqui se tenaità côtéde lui.Eten lavoyant,encomprenantqu’il l’avait invitéeàdîneravecnous, j’avais suqu’elleétaitimportantepourlui.Cen’étaitpasqu’uncoupd’unsoir.Niuneerreurdueà l’alcool. Il n’avait jamais, mais alors jamais, présenté une fille à mesparents.

Kristenétaitsapetiteamie.Pasmoi.Ceneseraitjamaismoi.J’avais fait volte-face et remonté les escaliers. C’était le seulmoyen

pourmoidenepasm’effondrerdevantmafamille.Aujourd’hui,jesavaisque je m’étais cachée pour rien. Ils étaient tous au courant. Mais ladouleurdéchiranteet lahontequej’avaisressentiescettenuit-làavaientrefaitsurfacedansmoncœurenuneexplosiond’émotionsdésatreuse.

Brockm’avaitsuiviecommeill’avaitfaitdescentainesdefois…avantleMona’s.

Il était entrédansma chambre et je lui avais hurlédessus. J’étais àpeuprèssûredel’avoirtraitédeconnardégoïsteetdeluiavoirditquejene voulais plus jamais le revoir. D’autres paroles terribles m’avaientéchappé.Jepouvaisencorevoirsaréaction,lechocquiavaitenvahisonexpression. La peine que je n’avais pas voulu voir. La culpabilité quej’avaisrefusédereconnaître.

J’avaiseul’impressiondemeretrouverdenouveausurcetrottoirentrain d’agoniser. Mais, en y repensant, il n’avait pas été coupable degrand-chose.Cen’étaitpassafautesi j’avaiseudessentimentspourlui.J’avaismis beaucoup de temps àm’en rendre compte. Et cela avait étédouloureux,aussi.

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Son pouce caressa l’intérieur de mon poignet et me ramena à laréalité.

—Jillian?—Je…J’airéagidefaçonexcessive.Jeveuxdire…J’étais…merde,

jurai-je. (Il était temps que ça sorte.) J’étais jalouse. J’étais tellementjalouse,Brock,parcequej’auraisvouluêtreàsaplace.Jet’ai…(Labouleau ventre, jem’interrompis et retirai samain demon cou.) C’était unepériodedifficilepourmoi.

—Neprendspaslaresponsabilitédetoutcequis’estpassé,medit-il.—Cen’estpascequejesuisentraindefaire.Enfin,jesuisenpartie

responsablepour…cemerdierqu’estnotrerelation.Comme j’avaisbesoind’espacepour réfléchir clairement, jemedéfis

de sonétreinteetdescendisde sesgenoux.Une foisdebout, je recoiffaimescheveuxenarrièreetreculaijusqu’àcequemesjambesrencontrentlatablebasse.

—J’étaisjeuneet…—Etjerefusaisdevoircequ’ilyavaitjustedevantmoi.(Brocks’assit

aubordducanapéetmeregardadroitdanslesyeux.)Jevoulaisquetumevoiescommeunfrère.

Malàl’aise,jem’éloignaiencoredefaçonàmettrelatablebasseentrenous.

—Brock…—Maisjesavaispertinemmentquecen’étaitpaslecas.Jen’étaispas

stupide.Jemecrispai.Illaissatombersesmainsentresesgenoux.—Jevoulaistevoircommemapetitesœur,moiaussi.—C’étaitlecas.Tunem’asjamaistraitéeautrement.—Jetel’aidéjàdit.Jenepouvaispasmelepermettre.Tuavaissix

ans de moins que moi. Aujourd’hui, ce n’est pas très grave, mais àl’époque,tuétaismineureettonpèrem’auraittué.Mêmemaintenant,illeferapeut-être,fit-ilremarqueravecunsourireamusé.Toutçapourdire

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quetuétaistropjeune,etmoi,jenepensaisqu’àmoietàmonrêve:celuide devenir une star du free fight. Je passaismon temps à chercher dessponsors,àm’entraîneretàfairelafête.Toi,tu…

—Jen’avaispasmaplacedanscetableau,terminai-jesanslamoindreamertume,parcequec’étaitlavérité.

Je n’étais alors qu’une petite fille avec la tête pleine de rêves etd’espoirsridicules.

Parfois, j’avais l’impression d’être encore cette petite fille. Il suffiraitqueBrockmepromettelaluneetalors,tousmeseffortspourmenermaproprevieauraientétévains.

— Mais j’ai toujours su, reprit-il en baissant les yeux. (Il laissaéchapperunlourdsoupir.)Jesavaistrèsbiencequeturessentais.

Les bras croisés sur ma poitrine, je frissonnai. Je ne savais pascomment réagir à son aveu. J’étais sous le choc. Pendant des années,j’avais espéré et espéré encore, puis j’avais accepté que cela n’arriveraitjamais.Etvoilàquemonrêveétaitdésormaisàportéedemain.Celameparaissaitirréel.

Monventresenouadelaplusdélicieusedesfaçons.Qu’est-cequecelaferait d’être avec lui, maintenant que notre passé n’était plus unproblème?Quenousvivionsdansleprésent?Unfrissond’excitationmeparcourut,maisenmêmetemps,quelquechosemeretenait.

Moninstinctdefuites’étaitréveillé.—Je…j’aibesoinderéfléchiràtoutça.Cequejeveuxdire,c’estque

je ne saismême pas ce que toi, tu cherches, exactement. Si tu as justeenvied’uncoupd’unsoir…

— Si j’avais juste envie d’un coup d’un soir, j’aurais déjà trouvéquelqu’un.Cen’estpasdifficilepourmoi.

—Waouh,marmonnai-je.— Je ne dis pas ça pour te blesser. C’est la vérité, mais ça ne

m’intéressepas.Jepensaisquec’étaitclair.(Samâchoiresecrispa.)Sijenevoulaisqueducul,jeneseraispasici,avectoi.

Jememordisleslèvres.

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—Qu’est-cequeçasignifie?—Jeteveux,toi,répondit-ilaussitôt.Voilà,cequejeveux.J’ignorece

que l’avenirnous réserve,mais il esthorsdequestionque jemente surmes sentimentsetmondésirpour toiparceque tuaspeurqueçanousexploseenpleinvisage.

Saufquesiçanousexplosaitauvisage,oncontinueraitàsevoirtouslesjours.Siçanousexplosaitauvisage,ilfaudraittrouverunmoyendepasseroutre.Serais-jecapabledem’enremettre?

Brock se leva du canapé et m’approcha. Je le regardai avecappréhension tandis qu’il contournait la table basse et venait se posterdevantmoi.Avantquej’aieeuletempsderéagir,ilavaitposélesmainssurmesjouesetrelevémonvisageverslui.

—Jen’aipasenviedepartir.(Saboucheétaitàquelquescentimètresdelamienne.)Cedontj’aienvie,c’estdeteporterjusqu’àtachambre,dete déshabiller et de te faire l’amour jusqu’à ce que tu n’aies plus lemoindredoute.

Seigneur.—Mais jecomprendscequetutraverses.Tuasbesoindet’habituer

aux changements qui se sont produits dans notre relation, poursuivit-il.Alorsjevaistelaisserdutemps.D’accord?

—D’accord,murmurai-je.Qu’étais-je censéedired’autre ?Ses lèvres étaient tellementproches

desmiennes…etilm’avaitcomplètementpriseparsurprise.PuisBrockm’embrassa.Ses lèvres caressèrent les miennes avec douceur, comme si elles

essayaientde lesmémoriser. Jedécroisai lesbrasetposai lesmains surson torse sans vraiment y réfléchir. Quand il me mordilla la lèvreinférieure,jehoquetaidesurpriseetsalangues’insinuadansmabouche.

Ça,c’étaitunvraibaiser.Chaud.Fougueux.Humide.Salangueglissaitcontrelamienne.J’avais

l’impressionqu’ilmedévorait.Lasensationdesabarberâpeuseetdeses

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lèvres soyeuses me faisait tourner la tête. Un gémissement rauquem’échappa.

—Merde,grogna-t-ilenseredressant légèrement.J’adoret’entendregémir.

J’étais incapable de parler. Ouvrant les yeux, je l’observai sans riendire.Jevenaisdedécréterqu’ils’agissaitdenotrepremierbaiserofficiel.Oui.Aucundoutelà-dessus.

Brocksoutintmonregardavantdes’écarter.— Ce n’est absolument pas ce que j’ai envie de faire, mais je vais

partir,murmura-t-il.Rêvedemoi,cettenuit.Sur ces mots, il s’éloigna, sortit de mon appartement et referma la

portederrièrelui.Moi,jerestaiplantéeaubeaumilieudemonsalon,leslèvres qui picotaient à cause de son baiser etmon corps frustré par undésirnonassouvi.

Cours-luiaprès.J’allaislefairequand,soudain,jemefigeai.J’avais…peur.Cequise

passaitentrenousme terrifiait. J’avaisespérépendant si longtempsqueBrocks’intéresseraitàmoi…etmaintenant,c’étaitlecas.J’ignoraisàquelpoint.Jen’étaismêmepascertainequ’illesachelui-même.Maismoi,jeledésirais.Jeledésiraiscommejamaisjen’avaisdésiréquiconque.Jel’avaistoujoursdésiré.

Etiln’avaitjamaisvouludemoi.Jusqu’àmaintenant.Cequimeterrifiait,c’étaitlacertitudequesijem’autorisaisàtomber

de nouveau amoureuse de lui, il n’y aurait pas de retour en arrièrepossible.Sijem’autorisaisàl’aimer,jemeperdraiscorpsetâme.

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Lesamedisoir, j’avaiseudumalàm’endormir.Moncorpsregrettaitdeneplusêtrecoincéentre lecorpsmusclédeBrocket lemur,etmonespritfonctionnaitàcentàl’heure.

Ilétaitpresque3heureslorsquej’avaisenfinréussiàfermerlesyeux,maisjem’étaisréveilléeàl’aube,surprenantunRhagetrèsmécontentdeson sort. J’allumai la cafetière pendant que je prenaismadouche. Puis,laissantmes cheveux sécherà l’air libre, je luidonnaide lapâtéeparcequejemesentaiscoupabledel’avoirréveilléensursaut.

Rhage sembla acceptermes excuses car il enfouit sa tête velue toutentière dans son bol. Je grimaçai. Il allait sentir le poisson toute lajournée.

Attrapantma tassede café, j’allaim’asseoir sur le canapé, rouléeenboule contre l’accoudoir. J’essayai denepaspenser àBrockquim’avaitserréedans ses bras alors que j’étais assise sur ses genoux…et attrapaimontéléphone.Ilétaitencoretôt,maisjesavaisquemamèreétaitdéjàlevée.

Elleréponditàladeuxièmesonnerie,s’imaginantsansdoutelespiresscénarioscatastrophe.

—Toutvabien,machérie?—Oui.(Cen’étaitpastoutàfaitunmensonge.)Jesaisqu’ilesttôt,

maisje…J’aiparléàBrockhiersoir.Il y eutunmomentde silencependant lequel je prisunegorgéede

café.

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—Machérie,dit-elleenfin.Tudoisluiparlersouvent,maintenant…Baissantmatasse,jelevailesyeuxauciel.Onauraitditqu’ellefaisait

exprèsdenepascomprendre.— Maman, il m’a dit que ces dernières années, tu l’avais tenu au

courantdetoutcequisepassaitdansmavie.— Je ne lui ai pas tout raconté, répondit-elle aussitôt. C’est un peu

exagéré.—C’esttoutcequetuasàmedire?(J’avaisbesoindecaféinedansle

sangpour cette conversation. Jebusuneautregorgée.)Pourquoi est-cequetunem’enaspasparlé?Ilm’aditqu’ilt’avaitdemandédenepaslefaire,maisonsaittouteslesdeuxqueçanet’ajamaisarrêtée.

—Jenepensaispasqueçat’auraitfaitdubiendelesavoir,répondit-elle.

—Pourquoi?Parcequetunevoulaispasencouragermonobsessionpourlui?

—Quelleobsession?Attendsuneseconde,machérie.Tonpèrearriveetjenecroispasquecesoitunebonneidéequ’ilnousentende,dit-elle.(Haussantlessourcils,j’avalailerestedemoncaféd’untrait.)C’estbon,fit-elleensoupirant.

Jesupposaiqu’elleétaitdanslavéranda,entouréedesesplantes.Mamèreavaittoujourseulamainverte.Moi,jetuaistouteslesplantesquejetouchais.

—Pourquoidiablepenses-tuquetuavaisuneobsessionpourBrock?—Maman,grognai-je.Nejouepasàça.Tun’espasaveugle.—Oui.Mes yeux fonctionnent très bien, Jillian. Tu avais le béguin

pourluiengrandissant.Lemot « béguin » décrivait à peine ce que j’avais ressenti pour lui,

maisbon.Passons.—Jenet’enaipasparléparcequetunousasbienfaitcomprendre,et

plusd’unefois,quetunevoulaisplusrienavoiràfaireaveclui.Enmelevantpourmeresservirducafé,jepassaidevantRhage,assis

surlatablebasse,quiselavaitlapatte.

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—Danscecas-là,pourquoiest-cequetuasacceptédeluiracontermavie?

—Parcequ’ils’inquiétaitpourtoi.Iln’ajamaisarrêtédesesoucierdetoi.Parcequ’ilpartagenosviesdepuisplusdedixans.Ilfaitpartiedelafamille, répondit-elle tandis que je remplissais ma tasse. Jillian, je suisdésolée si tu penses que j’ai fait une erreur, mais chaque fois qu’il medemandaitdesnouvellesdetoi,ilétaitsincère.

Appuyéecontreleplandetravail,jelaissailacuriositém’envahir.—Que…Qu’est-cequ’iltedemandait?Brockmel’avaitdit,maisunepartdemoiavaitbesoinquemamèrele

confirme.— Il voulait seulement savoir si tu allais bien. Toutes ses questions

tournaient autour de ça. Comment se passait la fac ? Qu’est-ce que tucomptais faire quand tu as laissé tomber tes études ? Une fois, il m’amême demandé si tu avais des amis, dit-elle. (La gorgeme brûlait.) Jecrois qu’il avait besoinde savoir que tu allais bien et que tun’étais passeule.

Leslèvrespincées,letéléphonecolléàmonoreillegauche,jesecouailentement la tête. Pour être franche, je n’en voulais pas àmamère. JecomprenaispourquoiBrockétaitvenulatrouver.Jel’avaiscoupédemavieavecuncouteauàbeurrerouillé.Jecomprenaiségalementpourquoimamèreluiavaitrépondu.Brockétaitcommeunfilspourelle.

— Alors, dis-moi, comment se fait-il que vous ayez parlé de ça unsamedi soir ? me demanda ma mère d’un air taquin. Vous n’étiezsûrementpasaubureau.

—Iladébarquéenpleinmilieud’unrendez-vousquej’avaisavecunautremec.

—Ilafaitquoi?s’exclama-t-elleenriant.Jesoupirai.—Tutesouviensdugarçondontjet’avaisparlé?Grady?Ehbien,on

estallésmangerensemble,maisBrockadébarquéetatoutgâché.—Oh,non,murmura-t-elle,maisellenemetrompaitpas.

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Jesavaisqu’ellesouriaitjusqu’auxoreilles.— Enfin, il n’a pas vraiment gâché la soirée. Pour être tout à fait

honnête…—Ettudevraisl’être.Avecunegrimace,jeposaiunbrassurmonventre.—Gradyestgentilmais…çan’auraitpasmarché.—Biensûrquenon,répondit-elle.—Pourquoitudisça?—Laisse-moiteposerunequestion,Jillian.Pourquoimeparles-tude

Brock?Ilt’aavouéqu’ilpensaitencoreàtoiaprèstoutescesannées,biensûr,maisàpartça?

Jemedandinaid’unpiedsurl’autre.—Parceque…Parcequ’ilestvenuicihiersoiret…—Vousavezcouchéensemble?—Oh,monDieu,Maman!m’écriai-je.Souslecoupdelasurprise,Rhagefitunbondd’unmètredehaut.—Quoi?—Quoi ? répétai-je d’un air ahuri. Neme repose plus jamais cette

question,d’accord?Jamais.Ellesoupiralourdementàmonoreille.—Çafaitpartiedelavie,Jilly.Tonpèreetmoi,nousavonsunevie

sexuelletrès…—Stop.Pitié,arrête.(J’allaisvomir.)Jeneveuxpassavoir.— Très bien. Donc Brock est venu chez toi, mais vous n’avez pas

couchéensemble.Vousavezjouéauxcartes?Vousavezregardéunfilmàl’eauderosedanslesbrasl’undel’autre?JesuissûrequeBrockestdugenreàfairedescâlins.

— Mamaaan, gémis-je. (J’étais à « ça » de raccrocher.) Arrête dedélirer.

—Jenedélirepas.—Onaparlé.C’est tout. Il…Ilaeu l’airdevouloirêtreplusqu’un

ami.Etçanel’inquiètepasqu’ontravailleensemble.

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—Pourquoiest-cequeçal’inquiéterait?LesLiman’ontjamaisséparéle travail et la famille, argua-t-elle.Brockmeposedesquestions sur toidepuissixans,machérie.

—Peut-être,maisdurantcetemps-là,ilétaitavecquelqu’und’autre,doncçaneveutpasdiregrand-chose.

—Situledis.Jesoupirai.—Maman.— Si tu penses que ça ne veut rien dire, c’est qu’il ne t’a pas tout

raconté.—Commequoi?rétorquai-je,soudainmalàl’aise.—Cen’estpasàmoideteledire,machérie.—Oh!(Jelevaiunbrasenl’air.)Tuprotègessonintimité,maispas

lamienne,c’estça?—Cen’estpaspareil.—Situledis.—Alorsvousêtesenfinensemble?medemanda-t-elle.Je pris une grande inspiration et comptai jusqu’à dix avant de

répondre.—Non,Maman.Onn’estpasensemble.—Jenecomprendspas.Rejetantlatêteenarrière,jegrognai.—Qu’est-cequetunecomprendspas?—Tul’aimes.Jeravalaimasurprise.— J’étais amoureuse de lui, Maman, c’est vrai, mais c’était il y a

longtemps.Jenesuisplusunepetitefille.—Tuespeut-êtreunefemme,maintenant,maisçaneveutpasdire

quetessentimentsontchangé.Jelevaisunregardperduversleplafond.—CeGradyaveclequeltuessorti…jesupposequec’étaitquelqu’un

debien?Mignon,intelligent,intéressépartoi?Maistun’asrienressenti

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pourlui?—Non.Jefronçailessourcils.Jesavaisoùellevoulaitenvenir.Enl’appelant,

jen’avaispaspenséquenotreconversationprendraitcettetournure.—Tuessûrequetun’esplusamoureusedeBrock?Quetun’esplus

du tout intéressée?Tunepensesplusà lui? (Ellemarquaunepause.)Soisfranche.

Meredressant,jemedirigeaiverslesalon.—Je…Jenesaispas.—Je t’aidemandéd’être franche. (Comme jene répondais toujours

pas, elle reprit :) Jillian, tu as traversé des épreuves difficiles. J’en aiconscience.Tuasétéblessée.Etsi jepouvaiseffacer tasouffrance, je leferais.

—Jesais.Jem’approchaidelafenêtreetécartailerideaupourobserverlaforêt

quis’étendaitderrièrel’immeuble.—Cette souffrance…cellecauséeparBrocketcelleque tuas subie

danstachair,tefaithésiteretc’estnormal,dit-elletandisquejeregardaislesbranchesondulerdanslabrise.Jenetejugepas.Personnenelefera,maisçanedoitpast’empêcherdeprendredesrisques.

Jememordisleslèvressansriendire.AccepterdemerapprocherdeBrockétaitungrosrisque.

—Vivre,c’estallerdel’avant,Jillian.N’est-cepascequetuessaiesdefaire?Recommenceràvivre?

Unepartiedemoiregrettaitdeluiavoirditçalorsquej’avaisquittélamaisonpourdebon,parcequ’elleavaitraison.

—Tul’aimestoujours?medemanda-t-elleencoreunefois.—Je…Jenesaispas,murmurai-je.Celasonnaitfauxàmespropresoreilles.Mamèreritdoucement.—Machérie,jecroisquetusaistrèsbiencequeturessens.

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Je le croyais aussi. La vérité, c’était que même lorsque je l’avaisdétesté,luiettoutcequenousavionspartagé,j’avaiscontinuéàl’aimer.Jen’avaisjamaiscessédel’aimer.

—VousvenezensemblepourThanksgiving?medemanda-t-elle.—Jenesaispas,Maman.Quandellerit,unsourirelasétirameslèvres.—J’aihâtedevousvoir.Etquelquechosemeditquevousarriverez

enmêmetemps.Après lui avoir dit que ma journée allait se résumer à monter mes

bibliothèques, je raccrochaiet laissai le rideauretomber.Àentendremamère,toutsemblaitfacile,maiscen’étaitpaslecas.

Enrevanche,elleavaitraisonpourunechose.Vivre,c’étaitaccepterdeprendredesrisques.

***

Ilétaitunpeuplusde15heuresetj’étaissurlepointdem’occuperdecessatanéesbibliothèqueslorsqu’onfrappaàmaporte.

L’estomacnoué,jeretournaidanslecouloir.Jen’attendaispersonne,mais mon intuition me soufflait que je savais de qui il s’agissait. Medépêchantderejoindrelaporte,jeneprismêmepaslapeinederegarderàtraverslejudas.

—Brock,murmurai-jeenouvrantlaporte.—Salut,dit-ilensouriant.—Qu’est-cequetufaisici?demandai-jeenjetantunœilderrièrelui,

commesilecouloirpossédaitlesréponsesàmesquestions.—Jeviensterendrevisite.Jehaussailessourcils.—Situveuxtoutsavoir,j’aidécidédefaireunebonneaction.Commejen’avaispaslamoindreidéedecedontilvoulaitparler, je

mepoussaisurlecôtépourlelaisserpasser.—Quelgenredebonneaction?

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Pendantqu’ilentraitchezmoi,Brocksebaissapourm’embrasser.Sonbaiserfutbref,maistendre,etquandilrepritsonchemin,jerestaiplantéedansl’entrée,commeuneidiote.

—C’estça,tabonneaction?M’embrasser?demandai-jeauboutd’unmomentavantdefermerlaporte.

Iltournalatêteversmoi.— J’aime bien ta façon de penser, mais non. Je viens monter tes

bibliothèques,parcequejesuissûrquetunel’astoujourspasfait.—Toujourspas,admis-je.Tut’enessouvenu?Brockvintseplacerfaceàmoi.—Jemesouviensdetout,Jilly.Un frissonremonta le longdemacolonnevertébraleet jedétournai

lesyeux.—Tuesvraimentvenum’aideràfairedubricolage?—Oui.(Ilmarquaunepause.)Etpuisj’avaisenviedetevoir.Jenesavaispasquoirépondreàça.—Jesaisquejet’aipromisdetelaisserdutemps,reprit-il.—C’estcequetuappellesmelaisserdutemps?—Oui!(Sonsourireencoinmedonnadespapillonsdansleventre.)

Alors?Ellessontoù,cesbibliothèques?—Dansladeuxièmechambre,auboutducouloir.S’il voulait monter mes meubles à ma place, je n’allais pas l’en

empêcher.Jemecontenteraisdesuperviserlesopérations.Etpuisj’étaiscurieusedevoircommentilallaitsecomporter.—Jevaisnouschercheràboire,proposai-je.Jem’échappai avant de changer d’avis et de lui demander de partir

alorsquejesavaispertinemmentquejevoulaisqu’ilreste.MonDieu.Desfois,j’avaisdumalàmecomprendremoi-même.Après avoir attrapé deux bouteilles d’eau, je conduisis Brock à la

chambred’amis.Elleétaitplutôtsommaire:unlitsimpleàpeineutilisé,unbureaudansuncoinetunetabledechevet.

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Brock ne fit aucun commentaire sur l’absence de décoration. Il secontentadesedirigerverslesétagères.

—Oùesttonchat?—Sans doute dansma chambre, sous les couvertures. C’est là qu’il

faitlasieste,l’après-midi.Brockéclataderire.—J’adorecechat.—Ilt’aimeaussi.C’estbizarre,d’ailleurs,carildétestetoutlemonde.—Tonchatatrèsbongoût.(Ilmeregardaencoin.)Enmêmetemps,

toutlemondem’aimebien.—Ahah,trèsdrôle.(Toutàcoup,ledoutem’envahit.)Tuasparléà

mamère,aujourd’hui?—Non.(Étonné,ilhaussalessourcils.)J’auraisdû?Jesecouailatêteavantd’attraperlepaquetdevis.Assisesurlelit,je

leregardaiclasser lesdifférentesplanches.J’aimais lafaçondont ilétaithabilléaujourd’hui:jeanettee-shirtàmancheslonguesunpeumoulant.Monregards’égaraitcontinuellementsursontorseetsesbrasmusclés.

Jememisàréfléchir.Cequiétait sansdouteunemauvaise idée,maisc’étaitplus fortque

moi.Brocks’emparadumanueldemontageetvints’asseoiràmagauche,

surlelit.—Çan’apasl’airtrèscompliqué.—Cen’estpasunequestiondedifficulté.J’avaislaflemme,c’esttout.Ileutunsourireencoin.— Pour être franc, ça m’étonne que tu n’aies pas déjà des

bibliothèquesdébordantdelivres.Tournantlepaquetdevisdansmesmains,jehaussailesépaules.—Je…Jen’aipaseuletemps,c’esttout.—Depuisquandest-cequetuvisici?—Laferme,murmurai-jeenréprimantunsourire.

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—Mais tu t’en occupesmaintenant ? (Il posa le fascicule sur le litderrièreluietseleva.)Intéressant.

Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il y avait d’intéressant là-dedans.

— Je compte ramener une tonne de livres de la maison àThanksgiving.

— Une tonne, ça veut dire combien ? demanda-t-il en étalant lesplanchesgrismétallisé.

—Destonnes.Sonsourires’élargit.MonDieu,qu’ilétaitsexy!Commentavais-jepu

prétendrelecontraireunseulinstant?—Ehbien,j’espèrequeçatiendradansmaPorsche.Jeplissailesyeux.—Jen’aijamaisacceptéd’yalleravectoi.—Non,maistuleferas.—Tuesbiensûrdetoi.Vuleregardqu’ilm’adressa,ilétaitclairqu’ilpensaitavoirtoutesles

raisons de l’être. Le rouge aux joues, j’arrêtai de superviser pour l’aiderréellement tandis qu’ilme parlait de la façon dont il voulait rénover sacuisine.

— Tu n’as pas acheté une maison neuve ? Ou fait construire ?demandai-je.

— J’ai déjà acheté unemaison neuve. Cette fois, je voulais quelquechose de différent. Et puis il n’y avait pas beaucoup de choix dans lequartierquimeplaisait,expliqua-t-ilenmaniant le tourneviscommeunpro.Etj’avaisenviedemesalirlesmains.

Surprise,jesoulevaiuneplancheetlatinsenplacepourlui.—Sérieusement?Depuisquandest-cequetuaimeslestravaux?—Hé ! Je saisme servirdemesmains ! (Ilm’observaà travers ses

longscils.)Crois-moi.Les joues en feu, je sentis mon bas-ventre se serrer. Je n’avais pas

besoindesaparole.J’enavaisfaitl’expérience.

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—Tuesobligéd’avoirl’espritaussimalplacé?Brockéclataderire.—Tutrouvesquej’ail’espritmalplacé?Crois-moi,tun’asencorerien

vu!—Super…J’aihâtedevoirça.Secouantlatête,ilassembladeuxplanches.—Malheureusement,jenepeuxpastoutfairetoutseul.Etcommela

cuisineestdémolie,jemenourrisdeplatspréparésetdebarbecue.—Ilnefaitpastropfroid,pourlebarbecue?—Non,çanemedérangepas.(Ilselevaetredressalabibliothèque.)

Tuveuxlamettreoù?Jeleluimontrai.—Sij’aibiencompris,tuascassétoutetacuisine?—Presque.(Iltransportalabibliothèquejusqu’aumurenfacedulit,

puis commença à monter la deuxième.) Je vais essayer de rénover lesplacards.Ilfautquejelesdésolidarisedumuravecprécaution.

La surprise m’envahit tandis que je le regardais travailler. C’étaitnouveau.

—Nesoispasaussiétonnée.— Désolée. (Je me rassis au bord du lit.) Je ne savais pas que tu

aimaiscegenredechoses,c’esttout.—J’aimedestasdechoses…Etvoilà,ilrecommençait.—Cen’estpaslapremièrefoisquejetemontrecequejepeuxfaire

avecmesmains.Ilattrapal’autrepaquetdevisetledéchirapourl’ouvrir.Jerougisdeplusbelle.—Cettefois,c’esttoiquiasl’espritmalplacé!s’exclama-t-ilenriant.

Jepensaisàlafoisoùjet’aiapprisàcrocheteruneserrure.Commeilétaitconcentrésurlabibliothèque, jem’autorisaiàsourire

librement.

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—Oui, jeme souviens. J’avais douze ans. C’est très utile pour uneenfantdesavoirfaireça.

Ilrit.—Onnesaitjamais,danslavie.Etpuismontercesbibliothèquesest

lemoinsquejepuissefaire.Mepenchantenavant, j’attrapaiuneplanchequiportait l’inscription

«A».—Commentça?Brock resta immobile un moment, agenouillé par terre, avant de

releverlatêteversmoi.—Quandjemesuisblessé,j’étais…—Uneépave?terminai-jeàsaplace.Ilhochalatêteensouriantlégèrement.—Jecroyaisquemacarrièreétaitterminée.J’étaisvraimentdéprimé.Ilavaitconnudesheurestrèssombres.— Mais tu es restée auprès de moi. Quand plus personne ne me

supportait,toi,tuétaislà,dit-il.J’aiperdulecomptedunombredefoisoùtuesvenuemeremettreaulit,enpleinmilieudelajournéeoudelanuit,parce que je m’étais endormi par terre après m’être soûlé. (Sa voixtrahissaitsondégoûtpourlui-même.)Tum’apportaisdespetitsplatsettut’assurais que je les mangeais. Tu restais même quand j’étais tellementivrequejem’énervaistoutseul.Alors,oui,monterdesbibliothèques,c’estlemoinsquejepuissefaire.

Baissant les yeux, jememordis la lèvre inférieure.Était-ce la raisonpourlaquelleilétait iciavecmoi?Laraisonpourlaquelleil…ilvoulaitêtre avecmoi ? Pour racheter ses fautes ? Celame paraissait tellementidiot.

—Brock…— Il faut que je te dise quelque chose. On n’arrête pas de tourner

autourdupot,maisilfautqu’onenparle.D’accord?(Ilattenditquejeleregardedans les yeuxpour continuer.) Le soir où tu as été agressée, la

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nuitoùtuasfaillimourir,jen’aipasétélàpourtoi.Cequit’estarrivéestentièrementmafaute.

—Arrête. (Mon cœur se serra douloureusement. Jem’approchai delui, sans lâcher laplancheque je tenais à lamain.)Cen’estpas toi quias…

—Quiai essayéde tevoler?Cen’estpasmoiquiai appuyé sur ladétente?

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23

Entendrecesmotsauxquelsj’osaisàpeinepensermefittressailliret,tout à coup, les souvenirs revinrentme frapper en plein visage. J’avaisl’impressionqu’onavaitretirélebouchondelabaignoireetqueledélugeétaitinévitable.

Jenemesouvenaispasd’avoirtraverséleparking.Tout ce que je savais, c’était que je me tenais devant ma voiture, les

mains plaquées sur mes yeux. Mon Dieu. Il m’avait complètement laisséetomber.Brockm’avaitdemandédevenirjusqu’icipourqu’onpassedutempsensemble,rienquetouslesdeux.Pourtant,ilavaitparléavectoutlemonde,sauf moi. Avec ces filles. Je n’arrivais pas à y croire. Brock m’avaitcomplètementdénigrée.

Mes épaules tremblèrent tandis qu’un sanglot remontait le long demagorge.Brockn’avaiteuaucunremordsàm’abandonner.Jel’avaisvusursonvisage. Il n’avait pas pensé un seul instant que ce qu’il faisait était mal.J’étaistellementstupide!

Tellementstupideaveccetterobedébileetcemaquillageàlanoix!Pasétonnantqu’ilm’aitregardéecommeça!Ilm’avaittrouvéeridiculeetilnem’avait pas vue autrement que sa Jillybean. Comparée aux autres fillesprésentes,àKristen,quiportaientdesjeansoudesjupesenjean,j’avaisl’airdem’êtredéguisée.

Des larmes coulaient le long de mes joues. Je baissai les mains et fisglisserl’ansedemonsacdemonépaule.Katieavaitraison.Brockn’allaitpas

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rentrerseulcesoir.Alorsquemoi…—Excusez-moi!Ravalantmessanglots,jemeretournai.Unhommesetenaitlà,trèsprès.

Bientropprès.Jereculaid’unpasetmeretrouvaidosàmavoiture. Iln’yavaitpasassezdelumièrepourqu’ilremarquequej’avaispleuré,maiscelasignifiaitquejenelevoyaispasbiennonplus.Etcequej’apercevaisnemedisait rien qui vaille. L’homme avait le visage émacié, des cernes sous lesyeux, et lorsque je pris une grande inspiration, je sentis une odeur detranspirationetde friture émanerde lui.Sesmains étaient enfoncéesdanslespochesd’unpantalondetravailnoir.

Unsentimentdemalaisemeserral’estomac.—Jepeuxvousaider?—Oui.(Il tourna la tête sur lecôtépour tousser.)Vousauriezpasun

dollar?Jenesaispaspourquoijerépondisdecettemanière.J’avaisundollarsur

moi.Pourtant,jesecouailatête.—Jesuisdésolée.Jen’aipasd’argent,luidis-jeenmetournantversma

voiture.L’hommeréagitaussitôt.Il m’attrapa par les cheveux et me tira la tête en arrière. Un cri de

surprise et de douleur m’échappa. Alors, l’instinct prit le dessus. Je medéfendisenluidonnantdescoupsdesac…jusqu’àcequejemefige.J’arrêtaide bouger. J’arrêtai de respirer. L’espace d’une seconde, je n’arrivai pas àcroirecequejevoyais.C’étaitimpossible.Pourtant,c’étaitbienréel.Etjustedevantmoi.

L’homme avait un revolver pointé sur moi, à quelques centimètres demonvisage.

—Oh,monDieu,murmurai-je,lagorgesèche.—Bougepas,m’ordonna-t-il.File-moitonsacettoutirabien.Jesoulevaiaussitôtmonsac,prêteàluidonnerjusqu’auderniercentime

quej’avaissurmoiettoutesmescartesdecrédit,maisiltiramatêteencore

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plusenarrièreetunedouleursourdem’envahit.Déséquilibrée,jetombaisurlecôté,tropperturbéepouressayerdemerattraper.

Letrottoiréraflalapeaudemesgenouxetjecriai.Lapaniqueexplosaenmoicommeunebombe.

—Putain!s’écrial’homme.Jet’aiditdepasbouger!— Je… Je n’ai pas fait exprès. (J’attrapai mon sac et, dans ma

précipitation, fis tomber son contenu par terre. Je lui tendis monportefeuille.)Tenez!Prenez-le.Preneztout!

Sans lâcher son revolver, l’hommem’arracha le portefeuille desmains.Moi,jerestaiparterre.Jen’osaispasmerelever.Delabilemeremontaitlelongdelagorge.J’allaisêtremalade.J’allais…

—Soixantedollars?C’esttout,connasse?Jefermailesyeux.—Je…Jesuisdésolée.C’esttoutcequej’ai.C’est…— File-moi tes clés de voiture. (En sentant le canon de son revolver

effleurermajoue,jefaillisvomir.)Dépêche-toi!Tombantenavant,jefisglissermamainsurlebitume,trouvantd’abord

latoutepetitebouteilledeparfumenplastiqueetleporte-monnaiebrodédeperlesquemaVovóm’avaitoffertpourNoëlquelquesannéesplustôt, justeavantsamort.Puismesdoigtsrencontrèrentlachaîneducollierquej’avaislaissé dansmon sac et que j’avais eu l’intention d’offrir à Brock. Enfin, jetrouvai les clés et les soulevai. Lamain tremblante, le cœurmartelantmacagethoracique,jelestendisàl’homme.

—V…voilà.Ilm’arrachalesclésdesmainsetsemitàreculerrapidement,lerevolver

toujours pointé dans ma direction. Je n’osais pas bouger. Je retins marespiration,enpriantpourqu’ilparte,pourquejeréussisseàm’échapper…

C’estalorsqueplusieurschosesseproduisirentenmêmetemps.Laportedubars’ouvrit.Delamusiquesedéversadansl’airmoitedela

nuit. L’homme jura. Un klaxon retentit et, tout à coup, il y eut unedétonationassourdissante.Unedouleurterriblemetraversadepartenpartetneduraqu’uneseconde.Justeuneseconde.

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Puistoutdevintnoir.

Le regard torturédeBrockétaitplongédans lemien. Je savais…Jesavaisqu’ilrevivaitlesévénementsdecettenuit-là,luiaussi.

—Tun’aurais jamaisdûte trouver là-bas,Jillian.Tucroisque jenemesouvienspasdecequis’estpassé?J’étaiscensét’emmenerdînerpourfêtermongrandretourdans lacompétition.(Unrirerauqueetamer luiéchappa.)C’étaitmonintention,entoutcas.Jetelejure,maisquandjesuisarrivélà-bas…jen’aiaucuneexcuse.Crois-moi,jen’aipasarrêtédem’enchercherune.J’aiessayédecomprendreencoreetencorepourquoij’aichoisideresterauMona’setdetelaisserpartirtouteseule.Pourquoijenet’aipassuivie.Maisjen’avaisaucuneraisonvalable.Etjen’enauraijamais.

Brockposalaplancheparterreetsepassaunemaindanslescheveux.Quelquesmèchesretombèrentsursonfront.

— Je sais que je ne t’ai jamais dit toutes ces choses. J’aurais dû lefaire.Tum’asfaitpromettredenepasparleràtesparentsdelaraisondetaprésencelà-basetj’aitenuparole,maisaufildesannées,cettehistoirem’a rendumalade. Jemebattais, je gagnais de l’argent, je côtoyais tonpère,luiquiafaittellementpourmoi,pendantquetoi…tuétaisdansunlit d’hôpital parce que je m’étais comporté comme un connard. Je t’ailaisséetomber.Etça,jenemelepardonneraijamais.

—Nedispasça,lesuppliai-je.(Jenesupportaispasl’idéequ’ilpuisseêtre rongé par les remords pour le restant de ses jours.) Oui, tu m’aslaissée tomber ce soir-là. Et çam’a faitmal. Trèsmal.Mais tu n’es pasresponsablepourcequim’estarrivéaprès.Jenet’enveuxpas.

—Pourquoi?demanda-t-ild’unevoixcassée.Pendantunmoment,jeluienavaisvoulu,maiscelan’avaitpasduré

longtemps.Àprésent, jesavaisquecen’étaitpassafaute.Cen’étaitpaslui,ledroguétropfébrilequim’avaitbraquéepours’achetersonhéroïne.Jenepouvaispasletenirresponsablepourçaetjememoquaisdesgens

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quimesoutenaientlecontraire.Pourtant,jen’avaispasoubliéladouleurquej’avaisressentiecesoir-là.Luinonplus,visiblement.

Alors lavéritémefrappadepleinfouet,commeuntrente-sixtonneslancéàtoutevitesse.

Pourquoicontinuions-nousdevivreainsi?J’avais peur de souffrir de nouveau. Et Brock s’en voulait de ne pas

avoirréponduàmessentimentsquand jen’étaisencorequ’uneadoet ilculpabilisaitparcequ’onm’avaittirédessus,alorsquecen’étaitpasluiquiavaitappuyésurladétente.Niluinimoinevivionsvraiment.

Onnepouvaitpascontinuercommeça.—Ilfautqu’onmettecettesoiréederrièrenous,murmurai-je.Etàl’instantoùjeprononçaicesmots,jesusquec’étaitlavérité.Brock devait passer à autre chose. Etmoi aussi. Pendant six ans, je

n’avais pas du tout avancé. Comment pouvais-je être heureuse etconstruirequelquechosesijem’entêtaisàvivredanslepassé?

CommentmarelationavecBrockpouvait-ellefonctionner?Dansunétatsecond,jeposai lesmainssurmonvisageetpressaiun

doigt contremaprofondecicatrice.Enme regardant,onn’aurait jamaisditqu’uneballeavaitperforémajouegauchepourressortirdel’autrecôtédemabouche.Parchance,ellen’avaittouchénimalanguenimonpalais.Enrevanche,elleavaitdétruitsursatrajectoireunepartiedemonoreilleinterne.

C’étaitunmiracled’avoireuautantdechance.Car même si j’avais été défigurée, j’avais survécu. Je me souvenais

vaguementd’êtrerestéeconscienteaprèslecoupdefeu.Dessouvenirsmerevenaientparfois,commedesflashs: lapanique, lemanqued’oxygène,legoûtmétalliquedusangquicoulaitdansmagorge,demaboucheetdemonnez…Puis les cris. Les hurlements. Jem’étais réveillée à l’hôpital,avecune trachéotomie, incapabledeparleretd’entendredemonoreilledroite.

Monrétablissementavaitétélong.

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J’étais restée sous observation pendant neuf semaines, retournant àl’hôpitalplusieursfoispourdelachirurgieréparatrice.Ilm’avaitfalluunan pour réussir à quitter la maison de mes parents et retourner àShepherdstown.

Six pour me rendre compte que Brock et moi étions restés coincésdans une bulle temporelle à l’extérieur du Mona’s, au moment où ilm’avaitlaisséepartir.Celaavaitsuffisammentduré.

—Àquoitupenses?medemanda-t-il.Jeleregardaiuninstantsansrépondre.Nousvivionslesprémicesde

quelquechoseque jen’aurais jamaiscrupossible.J’avais l’impressiondemeteniraubordd’unprécipice,lesyeuxdanslevide.Étais-jecapabledesauter?J’avaisenvied’essayerparcequej’enavaisassezdeniercequejeressentais chaque fois que je le regardais. J’étais fatiguée deme battrecontremoi-même.Jevoulais…

—Jeveux…Sonregardétaitbrillant,emplid’unemyriadedepossibilités.—Qu’est-cequetuveux?L’airsebloquadansmagorge.—Je veuxqu’on laisse tout çaderrièrenous.Voilà, ce que je veux.

Même si je suis morte de peur, je veux recommencer à vivre. Je veuxprendredesrisquesetje…Jeteveux,toi.

Direcesmotsàvoixhaute,c’étaitcommem’extirperd’unecouverturetroplourde,désagréableautoucher.Commeouvrirlesyeuxetserendrecompte à quel point la mer était bleue, à quel point le soleil étaitétincelantlorsqu’ilsereflétaitsurlaneigeetlaglace.

Les larmes me montèrent aux yeux. Je me sentais extrêmementvulnérable.

—Jeveuxêtreavectoi,Brock.Toutsepassatrèsvite.Brockmepritlaplanchedesmainsetlalaissa

tomberausol.Puisils’assitparterreetm’attiraàluipourm’installersurses genoux, une jambe de chaque côté de ses hanches. Quand ilm’embrassa,cefutaussidouxquesonbaiserdelaveille.

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Messensétaientenébullition.Latêtemetournait.Jetremblaisentreses bras. Il me mordit légèrement les lèvres avant d’apaiser la douleuravec sa langue. Quand j’ouvris la bouche, il me goûta,me fit sienne…alorsquej’étaisdéjààlui.

Jel’avaistoujoursété.Le baiser se fit plus profond. Brock me dévorait. L’espace d’une

seconde,lapeurm’envahit.Brockdétenaitentresesmainslepouvoirdemeblesser…maiscettecraintedisparutlorsqu’ungrognements’échappade sa gorge. Quand il s’écarta, je sentis que mes lèvres étaientdélicieusementgonflées.

—J’aienviedesavoirquelquechose,dit-ilencoiffantmescheveuxenarrière. Une chose à laquelle je pense depuis plus longtemps que tu lecrois.Pluslongtempsquejen’auraisdû.

—Quoi?demandai-jeenessayantdecalmermarespiration.Ses mains glissèrent le long de mon corps et se posèrent sur mes

hanches.Quandilrepritlaparole,seslèvreseffleurèrentlesmiennes.—Jeveuxsavoirquelgoûttuas.Quelgoût?Je comprenais très bien ce qu’il voulait dire, évidemment…Mais sa

demandemechoqua.Nousn’avionspaseuderendez-vousofficiel,nousnousétionsembrasséspourlapremièrefoislaveilleetilvoulaitdéjàfaireça?

J’enavaisenvie,moiaussi.Moncorpsétaitpartantàcentpourcent.Le problème, c’était que cela faisait très longtemps que personne nem’avaitneserait-cequ’embrassée.

Toutàcoup, jemesentaisnaïveethorsdemonélément.Posant lesmainssursesépaules,jereculailégèrementpourmettredel’espaceentrenous.

—Brock,je…—Qu’est-cequ’ilya,bébé?Ilsaisitmescheveuxdansunemainetlesrassemblacontremanuque,

puism’embrassaaucoindeslèvres.

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Jefrissonnaietmesdoigtsredescendirentlelongdesontorse.—Çafait…(Lerougeauxjoues,jerecommençaimaphrase.)Çafait

longtempsquejen’aipas…Lamainquimecaressait la joues’immobilisaetBrock releva la tête

pourmeregarderdanslesyeux.—Combiendetemps?—Trèslongtemps,insistai-je,malàl’aise.Çafaitdesannéesquel’on

nem’apasembrassée.Nirien.Sesyeuxmarrons’assombrirentjusqu’àdevenirnoir.— J’ai l’impression d’être redevenue vierge, ajoutai-je avec un rire

forcé.—Merde,grogna-t-il.Çamedonneencoreplusenvie.Tun’imagines

mêmepas.Lecœurbattantàtoutrompre,jesaisisletissudesontee-shirtentre

mesdoigts.—Laisse-moitefairedubien.(LesyeuxdeBrockbrillaientdedésir.)

Laisse-moitedonnerduplaisir,Jillian,pourqueturecommencesenfinàvivre.

Le souffle coupé, je tremblai encoreune fois.Comment aurais-je purefuser ? Je le désirais avec une ardeur que je n’avais jamais ressentieauparavant.Moncorpslevoulait.Moncœuretmonâmeaussi.Jen’avaisaucune raison de dire non. Aucune raison à part mes doutes et monmanquedeconfianceenmoi.

Vivresignifiaitprendredesrisques.Oui. Vivre, c’était prendre des risques. Accepter de s’exposer au

danger. Sauter dans le vide. Heureusement, j’avais un filet de sécurité.Brockmerattraperait.Jen’endoutaispas.

—D’accord,murmurai-jecommesi jevenaisd’accepterdesauterenparachute.

Ildéposaunbaisersurmonfront.—Oh,merci,monDieu!

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Saréactionmefitglousser,maisl’enviederiremepassarapidement.Ilcapturadenouveaumeslèvresparunbaisertorride.Salangueglissaitcontre la mienne, effleurait mon palais. Il m’embrassa jusqu’à me faireperdrepied,jusqu’àcequejemedissolveentresesbras.Puisilbougea.Ildéposaunbaisersurmonmentonetsurlecôtédemamâchoirequiavaitété réparée. Je me crispai avant de me détendre lorsque sa langue entraçalescontours.

Sesmainsseposèrentsurmeshanchesetmesoulevèrent.Saforcemesurprit.Jen’étaispasunefillelégère,pourtantilmesoulevacommesijenepesaisrien.

—J’aienviedefaireçadepuis…(Sesdoigtsglissèrentlelongdemonventre, sur le pull fin que je portais. Il écarta le tissu pour dévoilermapeau.)Bonsang…

Mise en confiance par son regard, je m’humectai les lèvres et luidemandai:

—Depuiscombiendetemps?—Bientroplongtemps.Lorsquetut’esfrottéeàmoivendredisoir,je

mouraisd’enviedeposermaboucheentre tes jambes,marmonnaBrocken passant ses doigts sous l’élastique de mon legging. (Après l’avoirlégèrementbaissé,ilgrogna.)Tun’aspasdeculotte?

Je rougis,mais il se contenta de faire glisser le pantalon le long demesjambes.J’avaislasalemaniedenepasmettredesous-vêtementsàlamaisonquandjeportaisunleggingouunsurvêtement.

Lepantalondisparutquelquepart,derrièrelui.Alors ilmedévoradu regard. Il contemplamon intimité, et ledésir

que je lus sur son visage me coupa le souffle. Toute idée de l’arrêters’envolaparlafenêtre.

— Tu es magnifique, dit-il d’une voix rauque, et je sentis qu’il lepensait.Magnifique.

Sesmains remontèrent le long demesmollets, jusqu’àmes genouxavant d’atteindre l’intérieur demes cuisses. Là, ilm’écarta délicatementles jambes. L’air froidme caressa etma respiration se bloqua dansma

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gorge.Moninstinctmemurmuraitderefermerlesjambes,maisleregardbrûlantdeBrockmedisaitautrechose.

—J’aibesoindetegoûter.(Savoixrésonnaenmoi.)C’esttout.Prenantunegrandeinspiration,jemedétendis.La promesse que je lisais dans son regard me disait que je ne

regretteraispasmadécision.Ilbaissalatêteetm’embrassaendessousdunombril, puis descendit plus bas. Ses larges épaules étaient entre mesjambesetlesécartaientencoreplus.

Je n’arrivais plus à respirer ni à déglutir. Ses lèvres laissaient unetraînée humide à l’intérieur de mes cuisses, de plus en plus près del’endroitoùjeledésiraisleplus.Jeposailesmainsàplatsurletapis.Salégèrebarbem’effleuraitdelaplusagréabledesfaçons.

—Tuestellementbelle,murmura-t-il.Exposée tout entière à son regard, je frémis en sentant sa main

s’aventurerplusbas.Celan’avaitrienàvoiraveccequenousavionsfaitdanslenoir,dansmonsalon.Jel’avaisdéjàfait,biensûr,deuxfois,maisçanem’avaitpasfaitbeaucoupd’effetetjen’avaispascomprispourquoilamajoritédes femmesadoraientça.Toutefois, lasimple intensitéde lasituationdépassaitdéjàmesexpériencesprécédentes.

Humectantseslèvres,ilrelevalatêtepourmeregarderdanslesyeux.—Tuasconfianceenmoi,Jillian?Mon cœur se gonfla dansmapoitrine si vite que je crus que j’allais

m’envoler.—Oui.Brock me sourit avant de plonger vers moi. Sans le moindre

avertissement. En sentant sa bouche contremoi,mon dos se cambra etmonsangsemitàbouillirdansmesveines.

Salanguemecaressaetsonbaisersefitchaud,humide,fougueux…Ilallaitetvenaitenmoi.Matêteserenversaenarrière.Jenelevoyaisplus.

Jeglissai l’unedemesmainsdanssescheveuxetquand jeserraiunpeutropfort,ilgrogna.

—Oh,monDieu.

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Des sensations brutes, pures m’envahissaient. Mes hanches sesoulevaient à la rencontre de sa langue. Lorsqu’il s’arrêta, je laissaiéchapperuncridefrustration.

Brockritdoucement.Puisjegémisensentantseslèvressefermersurmonclitoris.Enmêmetemps,ilenfonçaundoigtdansmachaleur.

—MonDieu,répétai-jeàboutdesouffleentirantsursescheveux.J’étaisincapablededireautrechose.Mon cerveau s’étaitmis en pause.Mon corps avait pris le contrôle.

J’ondulais contre samainet sabouche.Quand ilajoutaundoigt, jememis à haleter et à pousser de petits gémissements que je n’avais jamaisentendusdemavie.Entempsnormal,j’auraisressentidelagêne,maiscen’étaitpaslecas.Jen’avaispasletempsd’avoirhonteoudem’appesantirsurlepassé.

Plus rien n’existait en dehors de ce qu’il me faisait éprouver. Il n’yavait plus que sa bouche et ses doigts et mon corps qui bougeait enréponse. La passion déferlait en moi, créant une étincelle qui setransformarapidementenflamme.

Je brûlais. Jeme consumais pour lui comme jamais cela nem’étaitarrivé.Cequejeressentaisdépassaittoutcequej’avaispuimaginerplusjeune.

—Brock,soufflai-je.Seigneur.Ilétaittellementdoué.Moncorpscommençaàsecrisperetj’ouvrisvivementlesyeux.D’une

main, je cognai le côté du petit lit. Brock grogna de nouveau et jemesentispartir.Uncrifranchitmeslèvresetmesmusclessebandèrentavantdesedétendre.Unplaisirpresquedouloureuxm’enveloppa,m’ôtanttouteénergie.Jen’étaisplusqueplaisirsetfrissons.

Incapable de bouger, satisfaite au-delà demes espérances, je laissaimes bras retomber contre mes flancs tandis que Brock relevait la têted’entremescuisses.Unsourirearrogantétiraitsa joliebouchepleinedetalents.

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Lorsqu’ilretirasesdoigtsdemonintimité,illesportaàseslèvrespourleslécher.

Lesoufflecourt,j’écarquillailesyeux.Ilétait…Iln’yavaitpasdemotpourledécrire.

Brockseredressaetvints’allongerau-dessusdemoi,unemainposéeàcôtédematête.Seslèvresbrillaient.

—Alors?Onvacheztesparentsensemble,pourThanksgiving?J’éclatai de rire. Je ne pus m’en empêcher. Comment aurais-je pu

refuserunetelleproposition?—C’estd’accord.

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24

Ilyavaitunepetitepartdemoiqui…Bon,OK,unegrossepartquisedemandait comment les choses allaient se passer entre nous au boulot.Brock allait-il se comporter comme s’il ne s’était rien passé ? Ou, aucontraire, n’aurait-il aucune honte à montrer son affection en public ?Personnellement, je ne savais pas si je voulais que nos collèguesconnaissentlanaturedenotrerelation.

En même temps, je n’étais pas certaine de ce que nous étions. Cen’était pas parce qu’ilm’avait fait un cuni etm’avait donné lemeilleurorgasmedemaviequenousétionsensemble.Ilmedésirait,certes,maisvoulait-ilêtreencoupleavecmoi?

Ilallaitfalloirquejeluiposelaquestion.Le lundimatin,Brockvintmevoirdansmonbureau,sonportableà

l’oreille, etme tendit un latte. Ilme fit un clin d’œil avant de ressortir.Biensûr,lesimplefaitdelevoirmefitrougirjusqu’auxoreilles.

Après avoir monté mes bibliothèques, on avait passé la journée àregarder des films de Will Ferrell. Nous n’avions plus parlé de ce quis’étaitpassé.Ons’étaitcontentésdecommanderunepizzaetilétaitpartivers20heures.Lorsqu’ilm’avaitembrasséepourmedireaurevoir,j’avaisregrettéqu’ilpartedéjà.

Laveille,ilnem’avaitpaslaisséeluirendrelapareille.Ils’étaitrelevé,avaitramassémonpantalonetm’avaitaidéeàleremettreavecunsourirejusqu’auxoreilles.Puisilavaitterminédemonterlasecondebibliothèque.

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J’aurais voulu lui donner du plaisir, à lui aussi,mais comme j’étais trèsbête,jen’avaispaseulecouragedelefaire.

AvecBen,jen’avaisjamaisprislesdevants,etétantdonnéqu’ilavaitétémonseulvraimec,jen’avaisdoncjamaisséduitquiquecesoit.

Cen’étaitpasmoi.Etpourtant…J’avaisenviedelefaire.Vers 10 heures dumatin, je rassemblaimes dossiers etme dirigeai

verslasalledeconférencespournotreréunionhebdomadaire.Lesfeuillesdepapierpresséescontremapoitrine,jesortisdemonbureauaumomentoùBrocksortaitdusien.Pendantquejel’attendais,jemesentistellementnerveusequej’eusl’impressionderetournerplusieursannéesenarrière.

Lorsqu’ils’approchademoi,ilsourit.— J’aime ta jupe, murmura-t-il en se penchant pour me parler à

l’oreillegauche.Ellemetenvaleurtonjolipetitcul.Les yeux écarquillés, je jetai un coup d’œil autour de nous. Les

cloisonsquiséparaientlesespacesdetravailétaienttrophautespourvoirles personnes qui travaillaient derrière, mais je ne pensais pas quequiconquel’aitentendu.Jefaillisquandmêmetrébucher.

Brock ricana et m’attrapa par le bras pour m’empêcher de tomber.Secouant la tête, j’allais luidired’arrêterdematermoncul(toutenmepromettantdeporter cette jupeplus souvent), lorsquePaul avança versnous.

SesyeuxbleuclairseposèrentsurlamaindeBrocktoujoursenrouléeautour de mon bras. Son expression se durcit, puis redevint normale,commes’ilnes’étaitjamaisrienpassé.

PaulmefitsignedelatêteavantdetournersonattentionversBrock.— J’ai le rapport des entraîneurs de Philadelphie sur les gars qu’on

leuraenvoyés.Libérantmonbras,Brockacceptalepapier.—Merci. (On se remit àmarcher vers la salle de conférences.) On

profiterad’êtresurplacelasemaineprochainepourallerlesvoir.

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—Çameparaîtbien.(JelançaiunregardenbiaisàPaulquimarchaitderrièremoi,surmadroite.)Quelestlebutfinal?

— Si ton père les valide, il les gardera avec lui là-bas, m’expliquaBrock.Sinon,ilsreviendronts’entraînerici.

Jehochailatêtetandisquenouscontournionslesbureaux.Plusieursmembresdel’équipenousattendaientdéjàdevantlasallederéunion.JesentisBrockposerlamainsurmonbras.Quandjerelevailatêteversluid’un air surpris, il me désigna Paul d’un geste de la tête. Celui-ci meregardaitintensément.Jecomprisqu’ilm’avaitparlé.

—Pardon,m’excusai-jepoliment.J’étais étonnée de ne pas l’avoir entendu, étant donné que lorsqu’il

parlaitàBrock,jesaisissaiscequ’ildisait.Avait-ilbaissélavoix?Non.Jen’étaismêmepassûrequ’ilsachequej’avaisdesproblèmesdesurdité.Etsic’étaitlecas,c’étaitvraimentmesquindesapart.

—Jenevousaipasentendu.L’airstoïque,Paulrépéta:—Vousavezledossierdesdernièresévaluationssurvous?Jefronçailessourcils.Pourquoimedemandait-ilça?—Biensûr.Pourquoivoulez-vousleconsulter?Brockétaitentrédanslasalledeconférences.Pauls’arrêtaàcôtéde

moitandisquelesautreslesuivaient.—J’aibesoind’uneraison?J’allais lui dire qu’il n’avait pas à mettre en questionmon autorité,

maisjemeravisai.—Jenecomprendspaspourquoivousvoulezlesconsulteralorsque

cen’estpasvotredomained’expertise.—Çameconcerneaussi.(Paulcroisalesbrasetmeregardaduhaut

de son long nez aquilin.) Chase Byers, qui travaille à l’accueil, aimeraitdevenirentraîneur.Ilfautquej’évaluesonniveauetquejem’assurequ’ilméritecetransfert.(Ils’interrompit.)MaisjesuissûrqueBrockvousenaparlé.

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Je cherchai l’intéressé des yeux, dans la salle de réunion. J’étaisquasimentsûrequ’ilnel’avaitpasfait.

—Jillian,dit-ilenmetouchantlebras.Vousm’entendez?Jereportaimonattentionverslui.D’accord…Soitjeperdaislaboule,

soitiln’avaitriendit.—Quoi?—Vousavezcerapport,ouiounon?medemanda-t-il.Mesjouesétaientrougesetjedétestaisça.Jebaissailesyeuxversles

rapportsquejetenaisdansmesbras,puisycherchaiceluideChase.JeletendisàPaul.

—Tenez,désolée.—Merci,ditPaulsanslamoindreconviction.—Pasdeproblème,répondis-je.J’étaisencolèrecontremoi-même.J’étaissonchef,alorspourquoiest-

cequejem’excusais?Qu’est-cequetufous,mafille?Paulentradans la sallede réunion. Jene comprenaispasquel était

sonproblème.Fronçant lessourcils, jerelevai la têteetcroisai leregardinterrogateur de Brock. Il m’attendait pour commencer. Et moi, j’étaisfigéecommeuneidiote,lesyeuxrivésparterre.

Avec un soupir, je mis mes soucis de côté et entrai à mon tour.Refermant la porte derrière moi, je me promis que la fois suivante, jeremettraisPaulàsaplace.

***

Lemardi après-midi, un peu avant 15 heures, le téléphone demonbureausonna.C’étaitunappelinterne.Leboutondumanagerclignotait.Unsourireétirameslèvresetjedécrochai.

—Oui?—J’aibesoinde tevoir,ditBrockautéléphoneavantderaccrocher

toutaussivite.

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Le désir qui m’envahit soudain me fit frissonner. Je tâchai de mecalmer.Brockvoulait sansdoutemeparlerboulot.Aprèsavoirmismonordinateurenveille,jerenfilaimesescarpinsetmelevai.Unefoisdebout,je lissai la jupe de la robe beige que j’avais trouvée au fond de monarmoire.

Ilfallaitàtoutprixquej’aillefairedushopping.Brockétaitrestétravaillertardlaveille.Jenel’avaispasvuhiersoirni

cematin.Ilm’avaitjusteenvoyéunmessagepourmedire(etnonpasmedemander)derêverdelui.

C’étaittellementclichéquej’avaiséclatédelireenlelisant.Le message, le baiser qu’il m’avait volé la veille dans mon bureau

avantquejeparte,leweek-endtoutentier…rienneparaissaitréel.C’estpourcelaquejen’enavaispasparléàAbbylorsquejel’avaisappeléepourqu’on sevoieàThanksgiving. Jepourraispeut-être le fairequandon severrait.

L’étageétaitcalme.Jefranchis lacourtedistancequimeséparaitdubureaudeBrock.Àcetteheuredelajournée,lamajoritédesemployéssetrouvaientdanslessallesd’entraînementouaupremierétage,maisétantdonné qu’on fermait plus tôt ce soir en prévision duweek-end de cinqjours, j’étaisàpeuprèssûrequecertainsd’entreeuxétaientdéjàpartis.Recoiffantunemèchedemescheveuxderrièremonoreilledroite, jemeglissaidanslebureau.

—Fermelaportederrièretoi,m’ordonnaBrockenmevoyantentrer.L’estomacnoué,jem’exécutai.—Qu’est-cequisepasse?Brock tapa sur le clavier de son ordinateur, puis recula son fauteuil

pourm’observer.QuandBrockmeregardaitainsi,j’avaisl’impressionqu’ilvoyaitautraversdemesvêtements,jusqu’auplusprofonddemonâme.

Il ne dit rien. Il se contenta de rester assis, affalé sur son fauteuil,l’imagemêmedel’insolence.

Les joues en feu, j’avançai vers les chaises installées devant sonbureau.

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—Tuvast’entraîneraveclesautres?demandai-jeenremarquantqu’ilportaitunpantalondejoggingetuntee-shirtLima.

Iln’étaitpashabillécommeçaladernièrefoisquejel’avaisaperçu.—Unpeu,oui,répondit-ilenposantlesbrassurlesaccoudoirsdeson

fauteuiletenplaquantsesmainsl’unecontrel’autre.Maiscen’estpasdeçadontjevoulaisteparler.

—Ah?Unsouriresexyetmystérieuxpassasurseslèvres.—Viensici.J’hésitai.—Jesuisdéjàici.—Plusprès,ajouta-t-ilendésignantsonbureau.Je posai aussitôt les yeux dessus. Voulait-il que je m’assoie sur son

bureau?Celanemeparaissaitpasêtreunetrèsbonneidée.Baissantlégèrementlatête,ilattenditquejerassemblemoncourage

pourm’approcher de lui ou pour prendre les jambes àmon cou. J’étaissansdouterougecommeunetomate.

—Jenevaispastemordre.(Ils’interrompitavantd’ajouter.)Pastoutdesuite,entoutcas.

Leslèvresplissées,jejetaiuncoupd’œilàlaporte.Elleétaitfermée.Personne ne rentrerait sans frapper. Personne n’osait débouler dans lebureaudelaBête.

Brockattendaittoujoursmadécision.Rassemblant toutmon courage, je forçaimes jambes à avancer.Ma

réactionpouvaitparaîtreexcessive,maisavecBrock, jemeretrouvaisendehorsdemazonedeconfort.Touteinteractionavecunmecsetrouvaitendehorsdemazonedeconfort.Moncœurbattaitàcentàl’heure.Jefisletourdubureauetm’arrêtaidevantlui.

Brockavaituneérection.Son pantalon de jogging ne cachait absolument rien. Je relevai

aussitôtlesyeuxverslui.Sonsourires’élargit.

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—Jeréfléchissaisàquelquechose…—Oh,vraiment?demandai-je,railleuse.Àvoirlatailledesonérection,jemedoutaisdeceàquoiilpensait.—Çam’atenuéveillétoutelanuit,continua-t-ilenrejetantlatêteen

arrière.C’estàproposdecequetum’asditleweek-enddernier.J’avaisditbeaucoupdechoses.M’asseyantsursonbureau,jeposailes

mainssurlebord.—Jevaisavoirbesoindeplusdedétails.— Tu m’as dit que tu voulais recommencer à vivre. J’ai décidé de

t’aider.Sadéclarationfitbattremoncœurunpeuplusfort.—Tul’asdéjàfait,ilmesemble.— Oui, c’est vrai, mais ce n’était qu’une chose parmi tant d’autres.

Entendons-nous bien. J’ai adoré et j’ai hâte de poser de nouveau maboucheentretescuisses,medit-il.(Mamâchoirefaillittomberparterre.Bonsang.Ilparlaitdeçacommedelamétéo.Desserrantsesmains,ilsepenchaenavant.)Qu’as-tufaitdepuisquetum’asquitté?

Depuis que je l’avais quitté ? Pensait-il réellement que je l’avaisquitté?Jen’avaisjamaisvuleschosessouscetangle,maisapparemment,lui,si.

—Jenecomprendspascequetuveuxdire.—Tuesalléeàlafacpendantuncertaintemps,puistuastravaillé.Je

lesais.Maisàpartça,qu’est-cequetuasfait?Lorsquej’ouvrislabouchepourluirépondre,aucunsonn’ensortit.Je

n’avaisrienàluidire.Absolumentrien.J’avaisl’impressiond’êtrevide.Àl’intérieurcommeà l’extérieur.Uneboule se formadansmagorgeet jesentisdeslarmesmebrûlerlesyeux.

—Hé, fit-il d’unevoixdouce enposant sesmains surmeshanches.Toutvabien,cen’estpasgrave.

—Non,répondis-jeenm’éclaircissantlavoix.Cen’estpasgrave.Sonregardintensesondalemien.—Jenevoulaispastefairepleurer.

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—Jesais.Etc’étaitlavérité.Brockresserrasaprisesurmeshanches.—Tutesouviensquandons’asseyaitsurlabalançoiredanslejardin

detesparentsetqu’onparlaitdesendroitsquetuvoulaisvisiter?Comme je ne faisais pas confiance à ma voix, je me contentai de

hocherlatête.—Tut’esrenduelà-bas?Jesecouailatête.—Tuveuxtoujoursyaller?demanda-t-il.Jemesouviensdecertaines

destinations…TuvoulaisremonterlacôtePacifiqueenvoitureetalleràl’étranger.EnÉcosse,c’estça?

—C’estça,murmurai-je.Moncœurfaisaitdesloopingsdansmapoitrine.— Et si jeme souviens bien, tu voulais aussi faire la très classique

Route 66. Il y avait une histoire de plus grande bouteille dumonde, jecrois.

Unlégerriremesecoua.—Laplusgrandebouteilledeketchupdumonde.Ilsecoualatête.—Jenecomprendstoujourspascequ’elleadesiextraordinaire…—Unebouteilledeketchupgéante!m’exclamai-je.Évidemmentque

c’estextraordinaire!Ilsontmêmeunfestival!Ilsouriaitdenouveau.C’étaitlegenredesourirequim’avaittoujours,

toujours,faitchavirer.—Tues…adorable.J’avaisenviedepleurer.—Mêmesicegenredefestivaln’estpassurmaliste,jet’yemmènerai

avecplaisir.(Ildisaitçacommesic’étaitfacile,commes’ilsuffisaitqu’illepensepourqueça se réalise.)Onadu tempsdevantnous,maintenant.Alors,onva…

Jebougeaisansréfléchir.

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Moncerveaus’étaitmisendérangement.Pourunefois,jelaissaimoncorpsprendreledessus.

Mepenchantenavant, jepris levisagedeBrockentremesmainsetpressaimeslèvrescontrelessiennes.Sabarbededeuxjourschatouillaitmespaumes.

J’étaisentraind’embrasserBrock.Moi.Demapropreinitiative.Jel’embrassaiscommejevoulaislefaireàdix-huitans.Jel’embrassais

commejenepensaispasenêtrecapableàcetâge.Brock ne tarda pas à réagir. Il ne pouvait pas se contenter de me

laisser l’embrasser.Cen’étaitpasdanssesgènes.Et trèsvite, il reprit lecontrôle. Samain se posa surmanuque et ilme répondit avec ardeur.Mon sang se transforma en lave en fusion dansmes veines. Lorsque jerompisnotrebaiser,jem’écartaisuffisammentpourledévisager.Alorslavéritémefrappaenpleincœur.

J’étaisdenouveauamoureusedeBrock.

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D’unepetiteétincellepeutjailliruneflamme.DanteALIGHIERI

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25

J’étaisamoureusedeBrock.Etjen’avaissansdoutejamaiscessédel’aimer.C’était pour cette raisonqu’il ne lui avait falluquedeuxpetitsmois

pourserefaireuneplacedansmoncœuretyprendreracine.La force de mes sentiments me terrifiait, mais je préférais ne pas

m’appesantir sur la question. Je ne voulais pas que mes peurs meretiennent…oum’empêchentd’assouvirmesfantasmes.

J’ignored’oùm’étaitvenuecetteidée.Peut-êtredufaitqu’ilétaitdéjàexcité lorsque j’étais entrée dans son bureau. Ou peut-être parce qu’ilavaitditvouloirm’aideràrecommenceràvivre.Àmoinsquecenesoitàcause de ce festival autour d’une bouteille de ketchup géante auquel ilvoulaitm’emmener.

Oulestroisàlafois.Danstouslescas,çanemeressemblaitpas,maisje ne voulais pas y penser. À cet instant, peu importait ce qui meressemblaitoupas.

Jebougeaiavantquemaraisonm’enempêche,avantquelapeurquequelqu’unentredans lapièces’emparedemoi,avantdepaniquerparcequ’êtreamoureusedeBrock,çavoulaitdirem’exposeràlasouffrance.

Me laissant tomber à genoux devant lui, je posai les mains sur sesjambeset lesécartai.Son inspirationbrisée résonnacommeuncoupdetonnerreàmonoreille. Jeglissaimesdoigts le longde ses cuisses,puisrespirai profondément avantde le toucher. Il était chaud et dur sous letissufindesonjogging.

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—Merde,grogna-t-il.Ilagrippalesaccoudoirsdesonfauteuil.Quandjerelevailatête,jele

dévisageaiuninstantetmedemandais’ilallaitm’arrêter.Ilrespiraitfort.—Jesuistoutàtoi,dit-ild’unevoixrauque.Cetteaffirmationm’excitaplusquederaison,maiscequimeplaisait

leplus,c’étaitdesavoirquemescaressesluifaisaientautantd’effet.Sontorse se soulevait violemment. Les muscles de sa mâchoire étaientcrispés…

Baissant les yeux, je le caressai à travers sonpantalon. Il grognadenouveauetunesensationmerveilleuseetinconnuem’envahit.Lesmainstremblantes,jetiraisursonvêtement.

Brock se redressa légèrement pour m’aider et je fis glisser sonpantalonetsonboxernoir,révélantuneérectionplutôtimpressionnante.

Oh.Ilétaitépais,long,parfaitetje…J’avaisenviedelegoûter.— Si tu continues de me regarder comme ça, ça va se terminer

beaucouptropvite.Lecôtédroitdemaboucheseretroussa.—Ce…ceseraitdommage,pasvrai?J’enroulaimes doigts autour de sonmembre raidi. Il était chaud et

douxcommedelasoiecontremapaume.Brock rejeta la tête en arrière et ondula légèrement les hanches

pendant que je décrivais des mouvements lents, d’avant en arrière. Jen’arrivaispasàycroire.J’étaiscommehypnotisée.Quandjefisremontermamainjusqu’àsonglandhumide,ilrespirabruyammentetappelamonnom.

—Jillian…De la chair de poule se forma sur mon corps. Une partie de moi

n’aurait jamais imaginéqu’un jour jeme retrouverais àgenouxdansunbureauàfairecequejem’apprêtaisàfaire.

Me redressant légèrement, je le pris dansmabouche. Songoût saléme chatouilla la langue. Je m’aidai de ma main pour l’envelopper

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davantage.J’espéraisquejem’yprenaisbien.—Merde,grogna-t-il.(Seshanchessesoulevèrent légèrementtandis

que je faisais glisser ma langue sur l’extrémité engorgée de son sexe.)Jillian,je…

Ilsemblaperdrelefildesapensée,cariljuraencoreunefoisetsoncorpspuissantetmusclésecrispa.

Je fis remontermamain etma langue sur toute sa longueur avantd’écartermabouche.

—Est-ceque…est-cequejem’yprendsbien?Sesyeuxcouleurdelanuitétincelaient.—Tunepeuxpasmalt’yprendre,Jillian.Quoiquetufasses,j’adore

ça.(Lesourireaux lèvres, je lesentispalpiterdansmamain.)Seigneur.Tevoirtenirmaqueuedevantmoiensouriantcommes’iln’yavaitriendeplusnaturel,çavametuer.

Lecœurbattantlachamade,jelaissaimoninstinctprendreledessus.Mes lèvresserefermèrentsursonérectionetseshanchessesoulevèrentsous le coup de la surprise. Une douce chaleur m’envahit. J’avaisl’impressionquec’étaitluiquimedonnaitduplaisir.Etcettesensationseconfirma lorsqu’il posa unemain derrièrema tête et enfouit ses doigtsdansmescheveux.

Quand il resserra sa prise, une douleur délicieuse se répandit dansmoncrâne.Ungémissementm’échappa.Samains’immobilisa.

—Tuaimesça?—Hmm,murmurai-je,me rendant compteque cette légèredouleur

m’avaitplu.—Je…jem’ensouviendrai,dit-il.Sapromesseilliciteenflammaquelquechoseenmoietseshanchesse

mirent à bouger de plus en plus. Ses doigts se serrèrent autour demanuque. Je ne savais pas s’il cherchait à me maintenir en place ou àm’écarter.Danstouslescas,jenecomptaispasm’éloigner.Soncorpstoutentiersecrispaautourdemoietjel’entendissoupirerdeplaisirquelquessecondes seulement avant qu’il jouisse dans ma bouche. Quand il eut

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terminé, mamâchoire me faisait un peumal, mais ça en avait valu lapeine.Jedéposaiunbaisersursonsexe,puis le lâchaiavecdouceur.Jeremontai ensuite son boxer et son pantalon jusqu’à ce qu’il soit denouveauhabillé.

Cen’estqu’àcemoment-làquejerelevailatêteverslui.Il avait les yeuxmi-clos et son beau visage paraissait complètement

détendu.Un longmoment s’écoula pendant lequel jeme rendis compteque je ne l’avais plus vu ainsi depuis très longtemps. Reposé, il étaitencoreplussexyetséduisant.

Lorsqu’il rouvrit lesyeux, il se redressavivementetm’attrapapar lanuquepourm’embrasser.

Son baiser ardentme brûla les lèvres, enflammames sens. Lorsqu’ilm’attiraàlui,ilmeserrafortcontresontorse.

—J’aimeraisquemajournéeseterminetoujoursdecettemanière.—Toujours?—Toujours.

***

Trois heures et vingt-deuxminutes après avoir quitté Brock, je prisconsciencequejeluiavaisfaitunefellation,àgenoux,danssonbureau,alorsqu’ilétaittechniquementmonsupérieur…

Toutçadansleslocauxdel’entreprisedemonpère.Ehben…Jen’avaispaseuderapportsexueldepuis…Combiend’années?Trois

ans,àl’exceptiondecefameuxvendredisoir,ettoutàcoup,enl’espacedequarante-huitheures,jemetransformaisenstarduporno.C’étaitdelafolie.

Etplutôtimpressionnant.Unepetitepartiedemoi,biencachée,enétaitfière.Jemesentaissûre

demoi,sexy…Etjen’avaisjamaiseul’impressiond’êtreaussisexydemavie.

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C’était l’influencedeBrock. Il sedégageait quelque chosede lui quipoussait lesfemmeslesplusintelligentesàcommettredesfolies.Queseserait-il passé si quelqu’un était entrédans sonbureau ?Si ça avait étéPaul?Iln’avaitdéjàaucunrespectpourmoi…

C’étaitentièrementlafautedeBrock.Le mardi soir, tandis que je faisais mes bagages, j’étais un peu

nerveuse. La route jusqu’à chezmes parents n’était pas très longue.Unpeu plus de trois heures. Les chances que Rhage abîme la Porsche deBrockétaientmaigres.Dumoins,jel’espérais.Cequim’inquiétaitleplus,c’était la réaction dema famille à ce qui se passait entre Brock etmoi.Nous allions arriver ensemble et je me préparais déjà à les entendrecommérercommedesvieillesdames.

MêmesiBrock faisaitdesprojetspournous,nousn’avionspas colléd’étiquettesurnotrerelation.

Je supposais que pour l’instant nous ne dirions rien. On feraitsemblantd’être seulementdesamis. J’allaispeut-êtreavoueràmamèrequenoussortionsensemble.Riendesérieux.Jenevoulaispasquemesparents se fassentdes films au cas où cettehistoirenous exploserait enpleinvisage.

Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que ça allait se terminercommeça.

Ce côtépessimistedemapersonnalité était agaçant,mais cette idéeétaitancréeenmoietellemepoussaitàcroirequetoutcela,cen’étaitpasréel.

***

Brock arriva tôt le mercredi matin. Il portait une casquette quidissimulaitsonvisageettenaitàlamainunsacdedonutsetducafé.

—Tuesgénial,luidis-je,àmoitiéendormie,enluiprenantlesacdesmains.

—Jesais.

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Lorsque j’ouvris la boîte en carton et que je vis ce qu’il y avait àl’intérieur,jeréprimaiungémissementdeplaisir.

— Si je suis génial, je mérite un baiser, non ?me demanda-t-il enmettantsacasquetteàl’envers.

Il n’avait pasbesoinde raisonpourm’embrasser…Je relevai la têteverslui,maisriennesepassa.Jerouvrislesyeux.

—Souris-moi.Jememordisleslèvres.—Brock…—Allez,medit-ilensouriant.Jet’aiapportéducaféetdesdonuts.Ça

vautbienunsourireetunbaiser.(Commejenebougeaispas,ilposalesmainssurmesépaulesetlesserradoucement.)Souris,Jilly.

Je levai les yeuxau ciel. Jene savaispaspourquoi j’en faisais touteune histoire, étant donné qu’il m’avait vue sourire, ces derniers jours.Toutefois,durantcesmoments-là,çan’avaitpasétéunacteréfléchi.

Jepouvaislefaire.Jepouvaisluisourire.Brock avait vumon vagin de très près… ce n’était pasmon sourire

bancalquiallait lefairefuir.Pourtant, jenepouvaispasm’empêcherdemerappelerlafilleassiseàcôtédemoienhistoirequandj’étaisretournéeà la fac.Ellem’avaitdemandé si j’avais faitunAVC.Laquestionn’étaitpasméchante.Ellenel’avaitpasposéesurlecoupdelasurprise.Jepensemême qu’elle avait attendu plusieurs semaines avant de le faire. Ellem’avaitexpliquéquesongrand-pèresouriaitdecettefaçon.JemesouvinségalementqueBennem’avaitjamaisdemandédesourirepourlui.

Brockn’étaitpaslafilledemoncoursd’histoire.Iln’étaitpasBen,nonplus.Loindelà.

Alorsjeluisouris.Jesentis lecôtédroitdemes lèvresseretrousser, tandisque lecôté

gaucherestaitimmobile.LesyeuxdeBrocks’attardèrent surmabouche,puis ilposasamain

contremon cou. Son pouce caressait l’endroit où il pouvait sentirmon

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pouls.—Je croisqu’il fautque tu comprennesquelque chose,dit-il enme

regardantdans les yeux.Avant, ton sourire était éblouissant. Il éclairaitdespiècesentièresetavaitlepouvoirdemedonnerducourageavantdemonter sur le ring. Ton sourire est différent, maintenant, mais il estencoreplusbeau.

—Nedispasn’importequoi,rétorquai-jeenmedégageant.Mon sourire neme rendait pas repoussante,mais il n’était pas non

plustrèsbeauàregarder.— C’est vrai, insista-t-il en m’empêchant de m’enfuir. Et tu sais

pourquoi?Parcequ’ilest lapreuvequetuassurvécu.Cesourireestunmiracle.Commechaque inspirationque tuprends.Tunedevraispasenavoirhonte.Aucontraire,tudevraisenêtrefière.

Waouh.C’étaitlaplusbellechosequel’onm’avaitjamaisdite.—Tucomprends?medemanda-t-il.—Oui,soufflai-je.—Parfait.Baissantlesyeux,jefusincapablederéprimerunsourire.Jelelaissai

étirer mes lèvres jusqu’à ce que le nœud qui nouait ma gorge sedésagrège.Jem’éclaircislavoix.

— D’abord les donuts, puis les compliments sur mon sourire… Tuessaiesdem’attirerdanstonlit?

Sesyeuxchaleureuxétincelèrentdejoieetd’unéclatquiressemblaitàunepromesse.

—Çafonctionne?Unéclatderirem’échappa.Jesecouailatête,puismeredressaisurla

pointe des pieds pour l’embrasser. Il passa un bras autour dema taillepourmemaintenir contre lui et approfondir notre baiser. Je me sentisfondre.Unechaleurmerveilleuseetentêtantes’engouffradansmagorgeetmapoitrine.

QuandBrockrelevalatête,ils’écartalégèrement.

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—Ilfautqu’onarrête.—Pourquoi?demandai-je,àboutdesouffle.—Parceque,sionn’arrêtepastoutdesuite,onnepartirajamais.J’aurais voulu lui demander si c’était vraiment unemauvaise chose,

mais jeme contentai de sourire et deme libérer de son étreinte.Aprèsavoirengloutideuxdonuts,jedélogeaiRhagedesousmonlit.Dumoins,j’essayai. Au bout d’un moment, j’agitai un jouet en forme de sourisdevantluietattendisqu’ilmordeàl’hameçonpourl’attraper.

Iln’étaitpascontent.Lorsquejeleportaijusqu’ausalon,iln’arrêtapasdesedébattre.Jefisdemonmieuxpourbloquersespattes.

Enme voyant faire, Brock haussa les sourcils. Il avait déjà emportémonjolisacdevoyageàfleursdanslavoiture.

—Tut’ensors?—Oui.(Jesoupiraietapprochaidelacaissedetransportduchat.)Il

refusedeselaisserfaire,c’esttout.Brockrit.—Tuasbesoind’aide?—Non,c’estbon.J’avais l’habitude de le faire entrer dans sa cage. Il fallait juste

l’empêcherdes’accrocher sur lescôtés.Une foisqu’il futà l’intérieur, jelui jetai son jouet et refermai la porte. Une seconde plus tard, Rhagepressasatruffecontrelesbarreaux.Iln’étaitpascontent.

—Ondiraituneprisonpourchat,commentaBrock.—Cechatmériteraitd’allerenprison,doncçatombebien.(Quandje

soulevailacage,Rhagefeula.)Prêt?Brockeutunsourireencoin.Monventreseserra.—Toujours.

***

D’habitude,lorsd’untrajetenvoiturequiduraitplusdedeuxheures,jedormais.Cettefois,discuteravecBrockm’intéressaitdavantage.

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Onparlad’aborddelafaçondontonallaitaborderlesujetdustudiodedanseavecmonpère.AveryetTeresam’avaient faitparvenir leprixdes travaux qu’elles voulaient effectuer et je me sentais plutôt sûre demoi.Auboutd’unmoment,laconversationsefitmoinssérieuse.

Brockmeposadiversesquestionssurmontravaildanslesassurancesjusqu’au dernier livre que j’avais lu. Àmi-chemin, je reçus unmessaged’Abby.

Enlelisant,jesentismonestomacsenouer.—Apparemment,toutlemondeseraauMona’scesoir.Abbysaitque

jeseraienville.Ellem’ainvitée.LevisagedeBrockétaitàmoitiécachéparsacasquette.—Tuasenvied’yaller?Jen’enétaispascertaine.Jen’étaisplusretournéeauMona’sdepuisle

drameet j’ignoraisquelleallaitêtremaréaction.Toutefois, j’avaisenviede voir Abby et les autres. Malgré mon inquiétude, je ne pouvaism’empêcherderessentirdel’impatience.

—Ettoi?—Cen’estpasmadécisionàprendre,répondit-il.—Tunem’aidespasvraiment,là.Ilesquissaunsourireencoin.—Bébé,dit-il.(Unepartiedemoiadoraitquandilm’appelaitcomme

ça,parcequ’ilnel’avaitjamaisfait.)Situveuxyaller,onira.Situveuxresteràlamaisonetprofiterdetafamille,c’esttrèsbienaussi.Situveuxyallertouteseule…

—Jeneveuxpasyallertouteseule,lecoupai-je.Ilmejetauncoupd’œil.—Peut-être,maisiln’yauraitriendemalàça.Hochantlatête,jebaissaidenouveaulesyeuxversmontéléphone.—AbbyditqueColtonseralà.CommeRoxytravaille,Reecevientla

voir.EtJaxetCallaserontderrièrelebar,biensûr.—Cool.Jegardailesdoigtsau-dessusdel’écran.

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—JecroisqueStephetNicksontàMartinsburgdanssafamilleàelle,maistouslesautresserontlà.MêmeKatie.(Celafaisaituneéternitéquejenel’avaispasvue.)Ceseraitsympaderevoirtoutlemonde.

—C’esttoiquidécides.Jememordisleslèvres.Ilétaitpeut-êtretempsdelaisserparlermon

excitation,plutôtquemoninquiétude.— Je crois qu’on devrait y aller. Pour quelques heures, peut-être ?

Enfin,situveuxveniravecmoi…—Tuasvraimentbesoinquejerépondeàcettequestion?Jetournailatêteverslui.— Eh bien, si on arrive ensemble, ils risquent de… tirer certaines

conclusions.—Est-cequej’ail’airdemesoucierdecequepensentlesgens?Non.Maisj’ignoraissiçavoulaitdirequ’onétaitensembleoupas.—Alorsd’accord,murmurai-jeenrépondantàAbby.JeneluidispasqueBrockm’accompagneraitcarjenesouhaitaispas

ouvrir laboîtedePandoredesquestions indiscrètes.Dumoins,pas toutdesuite.

—Voilà,c’estfait.—Trèsbien.Après avoir rangé mon téléphone dans mon sac, je me tournai

rapidementverslabanquettearrièrepourvoircommentallaitRhage.—Ilyaunequestionquimetaraude,luidis-jepourchangerdesujet.

Pourquoiest-cequetuaspristaretraite?Tuavaisencorequelquesbellesannéesdevanttoi.

Ilrit.—Àt’entendre,ondiraitqu’àquaranteansjeseraibonpourlacasse

et qu’il n’y aura plus qu’àm’euthanasier. Ce n’est pas si loin que ça, tusais.

—Maintenantquetuenparles…letaquinai-je.Ilhaussalesépaules.—Je…commençaisàfatiguer.

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Je glissai les doigts entre les barreaux de la cage de Rhage pourtouchersapatte.Illareculaaussitôt.

—Physiquementou…?—Lesdeux,répondit-il.(J’abandonnaimestentativesderéconfortdu

chat et me tournai de nouveau vers l’avant.) Tu sais ce que c’est. Ons’entraîne tous les jours. On voyage et c’est cool, mais on se demandetoujours si les sponsors vont suivre…On a peur de se blesser. Au boutd’unmoment,c’estépuisant.

C’étaitcompréhensible.Jen’étaispascertainequelesfansserendentcomptedessacrificesquetroisouquatrecombatsparandemandaient.

—Etmêmesionneseblessepassérieusement,sefairecasserlenezune fois par an, ce n’est pas très agréable. (Il sourit et passa unemainderrièresatête.)Lesoreillesenchou-fleurnonplus.

—Oh,lestiennesnesontpassiterribles.— J’ai eu de la chance. (Il baissa la main.) Mais oui, lors de mon

dernier combat, je l’ai senti. Ici. (Il désigna le centre de sa poitrine.)C’était comme un coup de poignard. Je ne m’étais pas fait mal, maisl’espace d’une seconde, la peurm’a coupé le souffle. Je ne voulais plusjamaisressentirunetellesensation.Alorsilétaittempsdepasseràautrechose.Quandonentresurlering,ilfauttoutdonner.Dèsqu’onhésite,ilvautmieuxtirersarévérence.

L’idéequ’il seblessedenouveaume terrifiait et le risquen’étaitpasécartépuisqu’ils’entraînaittoujoursaveclesnouvellesrecrues.

—Çatemanque?—Des fois.Maisc’était lebonmomentpourarrêteretc’estpourça

quejel’aibienvécu.J’étaisprêt.Tandisquejel’écoutaisparler,undétailmefrappa.Selonsesdires,il

avait rompu ses fiançailles avec Kristen un an auparavant. Son derniercombatavaiteulieusixmoisavantcela.

Lui poser des questions au sujet de Kristen était étrange, mais macuriositéétaitplusforte.

—CommentKristenaréagi?

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Simaquestion lepritparsurpriseou lemitmalà l’aise, ilne laissarienparaître.

—Jecroisqu’elleaimait l’idéequ’onpasseplusde tempsensemble.Quandjemebattais,jefaisaisdesjournéesdedixàdouzeheures.J’étaistoujoursentraindem’entraîner.Çanemelaissaitpasbeaucoupdetempspourlereste.

Jeledévisageai.—Àt’entendre,ondiraitqueçanes’estpaspassécommeça.Ilsourit.—Kristenetmoi,onestrestéslongtempsensemble…maisenréalité,

onétaitrarementensemble.Tuneconnaispasunepersonne,sesenvies,ses désirs, si tu ne passes pas du temps avec elle. Alors, les chosesévoluent.

— Si j’ai bien compris… vous ne vous entendiez pas bien auquotidien?

Ilhaussauneépaule.—Non,pasvraiment.Dumoins,c’étaitmonavis.Elle,ellevoyaitles

chosesdifféremment.J’auraisvoululuidemanderpourquoi,danscecas-là,ils’étaitfiancéà

elle, mais je ne pouvais pas lui poser la question sans dévoiler monamertume.

—Ettoietlemecaveclequeltuessortie?medemanda-t-il.—Iln’yapasgrand-choseàdire.(Jerecoiffaimescheveuxenarrière,

puisregardailaroutequis’étendaitàpertedevue.)Ons’estrencontrésàShepherd.Ilm’ainvitéeàsortirunsoiretje…

Jem’interrompis.—Quoi?medemanda-t-ilauboutd’unmoment.Laraisonpourlaquellej’avaisacceptédesortiravecBenétaitgênante,

maiscommenousavionsuneconversationàcœurouvert,jemerésignaiàluiavouerlavérité.

—Jemesentais…seule.Jevoulaisavoirquelqu’undansmavieetils’intéressaitàmoi.

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Brock resta silencieux un longmoment. Jeme tournai vers lui. Sonvisageétaitimpassible.Onl’auraitcrufaitdemarbreetdeglace.

—Est-cequ’ilterespectait?Jefronçailessourcils.—C’estquoi,cettequestion?—Tunel’asjamaisprésentéàtesparents.—Çaneprouverien,rétorquai-je.—Est-cequ’ilvoulaitlesrencontrer?Jedétournailesyeux.—Pasvraiment.—Alorsjerépètemaquestion.Est-cequ’ilterespectait?Gênée,jecroisailesbras.—Notrerelationn’étaitpasidéale,maisellen’étaitpasnéfaste.Jene

regrettepasletempsquej’aipasséaveclui.J’aibeaucoupapprisaveclui.—Quoi,parexemple?—Àneplusjamaismecontenterdesipeu.

***

Ilétaitpresque11heureslorsquenousarrivâmesdevantlamaisondemesparents.J’avaisl’estomacnoué,maisjefusrassuréedevoirqu’iln’yavait pas des centaines de voitures garées dans l’allée circulaire. Aumoins,nousn’aurionspasàfairefaceàtousmesoncles,àleursfemmesetàleurshordesd’enfants.

Lesyeuxrivéssur laporte, j’étaisexcitéeà l’idéedevoirmafamille,maisjenepouvaism’empêcherderessentirunecertaineappréhension.Ilsétaientparfoisdifficilesàsupporter.

Brock coupa lemoteur. Un instant plus tard, je sentis ses doigts seposer surmonmenton. Ilme força à tourner la tête vers lui, puis il sebaissapourm’embrasserdoucement.C’étaitunbaisertendre,emplid’unepatienceinfinie.

—Tuesprête?

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Je le dévisageai. Il avait senti mon hésitation. J’avais envie de leremercieretdel’embrasserencoreunefois.

Rhagemiaulasurlabanquettearrière.Ilenavaitmarre.Riantdoucement,jedéfismaceinture.—Ilyenaunquiestprêt,entoutcas.Ondescendit de voiture et Brock attrapa la cage du chat avant que

j’aieeuletempsdelefaire.Rhageétaitsansdoutecontent.Ensemble,onremontal’allée.Nosbagagesattendraient.

Lorsqu’onarrivadevantlaporte,celle-cis’ouvritaussitôtsurmamère,avecseslongscheveuxbrunsetsesgrandsyeux.Ellemepritdanssesbrasetmeserradetoutessesforces.

—Maman, hoquetai-je en lui rendant son étreinte. Je ne peux plusrespirer.

—C’esttonproblème,rétorqua-t-elleenmeserrantencoreplusfort.Un éclat de rire étouffé m’échappa. Quand elle recula, elle recoiffa

mes cheveux en arrière. Les larmes aux yeux, elle sourit avant de setournerversBrock.Jegrimaçaienlavoyantl’étreindreàsontour.Malgrétout, il réussitànepas laisser tomber lacagedeRhage.Brockritet luirenditsonétreinteavecunseulbras.

—Chérie !Laisse-lesentrer ! s’exclamamonpère. Ils roulentdepuisdesheures.

—Tais-toidonc!(MamèrelibéraBrock,puismepritparlebraspourmeguideràl’intérieur.)Ildevraitpourtantêtrehabitué,maintenant.

—Ildevrait,rétorquai-je.Mamèrerit.Dans l’entrée, il faisait bon. Mon père vint à notre rencontre. Ses

cheveux avaient blanchi depuis la dernière fois que je l’avais vu et lesrides autour de ses yeux étaient plus nombreuses,mais il était toujoursaussiathlétique.

—Salut,Papa!Jelâchaimamèrepourallerluidirebonjour.

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L’étreinte de mon père fut tout aussi intense, mais je n’eus pasl’impressionqu’ilm’avaitbrisédescôtes,cequiétaitrassurant.

—Vousavezfaitbonneroute?—Oui,répondis-jeenreculant.—Ilyavaitunpeudemondeenpériphériedelaville,luiditBrocken

posantlacageparterre.Maisriendebienméchant.MamèrebaissalesyeuxversRhage.—Tuétaisobligéed’amenerSatanavectoi?—Jenepouvaispaslelaisserseulàlamaison.—Ilresteradanstachambre,m’avertit-elle.—Biensûr.—Jesuisvraiment leseulquecechataime?demandaBrockense

baissantpourpasserlesdoigtsàtraverslesbarreaux.Le regard de ma mère se fit curieux. J’étais certaine qu’elle se

demandaitcombiendefoisBrockétaitvenuchezmoi.—Oui,répondis-je.Leseul.MonpèreposaunbrassurmesépaulestoutenobservantBrock.—Çafaitdubiendevousvoirensemble,touslesdeux.—Tantmieux,ditBrockenrelevantlatêtepourmeregarderdansles

yeux.ParcequeJillianetmoi,onestensemble.

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26

Voilàquirépondaitàmesquestions…mêmesij’auraispréféréqu’ilnelâchepaslabombedecettemanière.Dansl’intimité,j’auraispufaireunedansedelajoie.Devantmesparents…disonsqueleschosesprirentunetournureplutôtembarrassante.

MonpèreaffichaunsouriresatisfaitettapaBrockdansledoscommes’ilvenaitderemporteruncombatparticulièrementdifficile.Puisilcroisalesbrasethochalatêteavecsagessecommes’ilavaittoujourssuquecelasetermineraitainsi.

Quantàmamère…MonDieu.Elleétaitsurlepointdepleureretpasdeslarmesderiendutout.Non,elleavaitl’airderetenirdessanglots.Àlavoir,onauraitditqueBrockavaitdécouvertlafontainedeJouvenceetqu’ils’apprêtaitàluiendonnerlalocalisation.

Pourtoutdire, j’étaisheureusequ’ilssoientcontentspournous,àtelpointquejedusdétournerlesyeuxetlesfixersurlenouveautableaudel’entrée,uneplagedesabledoréetuncoucherdesoleilavecdesteintesvivesdebleuetderose,pournepasqu’ilsvoientmespropreslarmes.

Brock passa un bras autour de mes épaules et me serra contre luitandis quemamère continuait de répéter qu’elle était ravie pour nous.Après tout, c’était important pour elle. Nous étions ici pour fêterThanksgiving et demain serait le premier repas de famille que nouspartagerionsdepuislongtemps.

Unrepasde…famille.Brocksepenchaversmoipourmemurmureràl’oreille.

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—Çava?Jehochailatêteavantdemebaisserpourmemettreàlahauteurde

Rhagequin’arrêtaitpasdefeuler.Mamèrenesemblapass’enapercevoir.ElledévisageaitBrock comme si elle était déjà en trainde réfléchir auxfaire-part de mariage et aux chaussons qu’elle allait tricoter pour sespetits-enfants.

Rhageneselaissapastoucher.Jesoupirai.—JevaisemmenerRhagedansmachambre.Ilcommenceà…Toutàcoup,laported’entrées’ouvritàlavoléeetunemaréedepetits

humainssedéversaàl’intérieur.Jeclignailesyeux.Ausixièmeenfant,jeperdislecompte,maisjecomprisquemononcleJulioétaitarrivé.C’étaitleseulàpouvoirformeruneéquipedebase-ballavecsaprogéniture.

Je me relevai avant que la déferlante me fasse tomber. Brock serapprochademoietpassadenouveauunbrasautourdemesépaules.

La femme de Julio fut la première à entrer avec le petit dernier aubras.Miracle:elleneparaissaitpasenceinte.

—Jet’avaisditqueBrockétaitici,criaHeatheràquelqu’underrièreelle.Savoitureestgaréedevant.

—Jeconnaissavoiture,réponditmononclesurlemêmeton.—Et Jilly est avec lui ! (Heather se figea, puis elle nous dévisagea

touràtour.)Brockasonbrasposésursesépaules!s’écria-t-elle.Jehaussailessourcils.Brockritdoucement.À côté de moi, ma mère sauta sur l’occasion d’annoncer la bonne

nouvelle.—Oh,Heather,mabelle!Brocketmonbébésontensemble.—Quoi?s’écriaJulio.Cen’estpaspossible…Ils’interrompitetj’entendisuncridejoiequiappartenaitàunepetite

fille.—Ensemble?répétaHeatherenpenchantlatêtesurlecôté.Lebébé,garçonoufille,jen’enavaispaslamoindreidée,tiraitsurses

longscheveuxblonds.

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—Onsortensemble,expliquaBrockpendantquejerestaisplantéelàcommeuneidiote.

Mamère laissa échapper un couinement de souris. Puis Heather seretournapourcrier.

—BrocketJillysortentensemble!—Oh,monDieu,murmurai-je.Brockserramonépaule.Uninstantplustard,leurdernierenfantpassalaporteencourant.Elle

s’appelaitHannah, je crois.Elle seprécipitavers la cagedeRhageet selaissatomberàgenouxdevantenluiparlant.Sespetitsdoigtspassèrentàtraverslacage.

—Si j’étais toi, jene feraispasça,dis-jeen tendant lamainvers lapetitefille.

—Nelaissepassortircemonstre,ajoutaJulio.(Monregardseposasurlaporteencoreouverte.)Tuterappellescequis’estpasséladernièrefois,Hannah-Banana. Il s’est échappé et il a failli t’arracher undoigt. Ilnousafalluunedemi-journéepourl’attraper.

—Tuexagèresunpeu,rétorquai-je.Julion’avaitpaschangédepuisladernièrefoisquejel’avaisvu.C’était

leportraitcrachédemonpère,enplusjeune.Pasdecheveuxblancsniderides aux coins des yeux. Il était un peuplus grand quemoi et commed’habitude, il portait un pantalon de jogging noir et un tee-shirt del’Academy. Rien d’autre. Alors qu’il faisait cinq degrés dehors et qu’il yavaitunventàécornerlesbœufs.

—Regardez-moiça…Mon oncle se fraya un chemin parmi ses enfants qui grimpaient

absolumentsurtout:lesmeubles,monpère,mamère,lesmurs…ArrivédevantBrock,illuitapotaletorse.

—Donnezmonprénomàvotrepremierenfant.—Oh,monDieu,répétai-je.— Ils lui donneront le mien ! intervint mon père avec un sourire

jusqu’auxoreilles.

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— Et si c’est une fille ? demandamamère avec le plus grand dessérieux.

Heathervintnousprendretouslesdeuxdanslesbras.Lebébéqu’elleportaits’agrippaàmescheveuxetilnousfallutplusieursminutespourledéloger.

—Onpeutarrêterdeparlerbébé?demandai-jeenmelibérantenfindelapoignedeferdel’enfant.Onn’enestpasencorelà.

—Jeveuxdesenfants,annonçaBrockenbaissantlesyeuxversmoi.(J’eneuslesoufflecoupé.)Enfin,peut-êtrepasuneéquipeentièredefootcommecertains…

—Maisc’esttellementagréableàcréer,uneéquipedefoot!ditJulioenriant.

Heathersetournaversmoi.—Beaucoupmoinsàfairesortir…—OK,répondis-jeenm’éloignantdeBrock.Ilfautqueje…Lapetitefillequisetenaitdevantlacagereculavivement.Rhageen

sortit commeundiable tigré.Sesgriffes crissèrent sur leparquet tandisqu’ilseprécipitaitverslesalon.Mamèrecria.Lesenfantsaussi,maisdejoie,etsedispersèrent.

—Etmerde,marmonnai-je.(Auloin,j’entendisquelquechosetomberparterre.)Pasencore.

Monpèreritetvintm’embrassersurlefront.—Bienvenueàlamaison,Jilly.

***

Finalement, Brock avait réussi à faire sortir ce satané chat de sacachette derrière une fougère de la véranda et à l’emmener dans machambre. À présent, j’étais assise sur mon vieux lit et j’attendais qu’ilrevienne.Brockétaitluiaussidanssonanciennechambre.Ilsepréparaitpourlasoirée.

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Nousavionsmangénotredînerasseztôt,puisJulioetHeatheravaientremballé leurs enfants. Ils seraientde retour le lendemain avec tous lesautres.Çapromettaitd’être intéressant.Ou insupportable.Brocketmoi,nousavionsparlédenousenfuirdèslejeudioulevendredisoir.

Après m’être douchée, j’avais frisé mes cheveux et les avais laissésretombernaturellementdansmondos.

JeportaisunpullfinrougeavecuncolenV,parcequejesavaisqu’ilferaitbonauMona’s,etunjeanfoncérentrédanslamêmepairedebottesquejeportaislapremièrefoisquej’avaisrevuBrockàMartinsburg.

Mepréparer ainsim’avait fait penser au soir dudrame.Mais, assisesur ce lit très étroit, en regardant la chambre autour de moi, je prisconsciencedetoutcequiavaitchangédepuiscettesoirée.Àcommencerpar moi. Parfois, j’avais toujours l’impression d’être cette fille pleined’espoirquis’étaitapprêtéeunsamedisoir,tandisquecertainsjours,jenelareconnaissaismêmeplus.

Tandis que j’observais les centaines de livres rangés dans mabibliothèque,jen’avaispasenviedefuir.Jen’avaispasmalauventre.Jene ressentais aucune pression dans ma poitrine. Ces souvenirs avaientcessédemehanter.

Enpensantàlasoiréequim’attendait,jesouris.Uneétincellenaquitdansmonventrepuis remonta jusqu’àmoncœur.J’étaisnerveuse,maisdanslebonsensduterme.Cesoir,jesortais.

JeretournaisauMona’s.Pourvoirmesamis.J’avaishâte.Uncoupsurmaportemefitsortirdemespensées.—Entre.Laportes’ouvritetBrockpassalatêteàl’intérieur.—JepeuxentrerouRhagevaessayerdes’échapper?Jedésignailaporteouvertedemondressingd’ungestedelatête.—Ilestcaché.Tupeuxyaller.

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Brock entra et referma la porte derrière lui. En le voyant, les petitspicotementsquejeressentaisdansmonventresemultiplièrent.

Ils’étaitrasé.Samâchoirecarréeet ses traits taillésà la serpeétaientencoreplus

misenvaleur.Lacicatricesursalèvreaussi.J’avaisenviedelatoucher.De l’embrasser. Il portait un tee-shirt à manches longues noir avec unjean.Même habillé comme ça, très simplement, il dégageait une classeexceptionnelle.Ilportaittoutavecélégance.Etilétaittropbeau.

—J’aimebeaucouptonpull,dit-il.Clignantlesyeux,jerelevailatêteverslui.Apparemment,ilavaitpris

le tempsdemereluquer, luiaussi. Il s’approchademoiet fitglisserundoigtlelongdemondécolleté.

—Oui,jel’aimebeaucoup.—Obsédé,murmurai-je en posant unemain contre sa joue. Tu t’es

rasé.—Oui,jemesuisditqu’ilétaittemps.Çateplaît?—J’aimelesdeux.Memordantlalèvreinférieure,jecaressaisonmenton.Sapeauétait

d’unedouceurincroyable.Quandilsepenchaenavant,jeposailamainsursanuque.Lebaiser

qu’ilmedonnafuttrèstendre,etdifférentsanslabarbe.—Tuveuxtoujoursyaller?Unlégersourireétirameslèvres.Jelaissaitombermatêtecontreson

épauleetinspiraiprofondément.—Onpeut rester là, si tu veux. (Il glissa ses doigts le longdemes

reins,jusqu’àmesfesses.)Onpourraitattendrequetesparentsaillentsecoucher, puis je me glisserai dans ta chambre comme si on était ados.Commeça,jenet’auraisquepourmoi.

Jeris.—J’aienvied’yaller.(Soudainprisededoute,jerelevailatêtepour

ledévisager.Peut-êtrequ’ilnevoulaitpasyalleravecmoi.)Saufsituneveuxpasyalleravec…

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—Bébé.(Ilresserrasaprisesurmesfesses.)Tun’aspasintérêtàfinircettephrasesinonjetedonnelafessée.

Jehaussailessourcils.—J’aimeraisbienvoirça.—Jen’endoutepas.Peut-être,maislemomentétaitmalchoisi.J’inspiraiprofondément.—Situveuxyalleretmoiaussi,qu’est-cequ’onattend?Ilsouritdoucement.—Allons-y.

***

L’estomacnoué,jedescendisdevoitureavecunejoliepochetteCoachàlamain.Leparkingétaitplein.Cen’étaitpasétonnantpouruneveilledeThanksgiving.Ceuxquinetravaillaientpaslelendemainpouvaientsepermettred’avoirlagueuledebois.

Mais je ne pensais pas à boire ni à passer la journée du lendemainaveclamigraine.Jefisunpasenavantet, instinctivement, jetournailatêtesurlecôté,verslespoubellesoùlesemployésavaientl’habitudedesegarer.Cen’étaitpasbienéclairé.

Jem’yétaisgarée,moiaussi,ladernièrefoisquej’étaisvenueici.Uncourantd’airfroidbalayaleparking,soulevantdesmèchesdemes

cheveuxetlesfaisantretomberdevantmonvisage.De la glace se forma dans mes veines. Un nid de vipères se

contorsionnadansmonventre. Jevoulaisdétourner lesyeux. Jevoulaisentrer dans le bar sans jeter un regard en arrière, mais j’en étaisincapable.

—Jillian?Jemeretournaivivement.Brockm’avaitrejointedevantlavoiture.—Pardon.—Cen’estpasgrave.(Lalumièrejaunedeslampadaireséclairaitson

visage.Inquiet,ilmepritlamain.)Àquoitupenses?

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Labouchesèche, jeregardailaporteduMona’ss’ouvrir.Desriressedéversèrentdansleparking.

—Moiaussi,jepenseàcettesoirée,ditBrockenmeserrantlamainplus fort. (Il la porta à son torse.) C’est normal. Tu n’as pas à en avoirhonte.

Jem’humectaileslèvresavantdehocherlatête.—Je…Jenesuis jamaisrevenueici.Mêmeenvoiture.J’ai toujours

évitélequartier.Alorsje…Brockpassasonbrasautourdemesépaulesetm’attiraàlui.L’espace

d’uninstant,onrestasilencieux.Puisilrepritlaparole.—Tusais,jenesuisplusretournéàl’endroitoùj’aigrandidepuis…

quej’avaisvingtans?J’endemeuraibouchebée.—C’estvrai?Ilsecoualatête.—Jamais.Jenepusm’empêcherdeledévisager.Brockneparlaitjamaisdeson

passé.C’étaitunerègleimmuable.—Jecroyaisquetuyétaisretourné.—Uneseulefois.Pourvoirmonpère.(Ilsouffladoucement.)Ilbuvait

toujoursetnesavaitparlerqu’avecsespoings.—Tunem’asjamaisditquetul’avaisrevu.Ilhaussauneseuleépaule.—Parcequ’iln’yavaitrienàdire.Ilsemoquaitdesavoirquej’étais

envie.Toutcequ’ilaremarqué,cesontmesvêtementsetmavoiture.Ilnevoyaitpasplusloinquelabouteilledewhiskysuivante.

Latristessem’envahit.—Ettamère?Ilsecouadenouveaulatête.—Ellen’étaitpaslà,maiscen’estpasétonnant.Ellen’ajamaisétélà.Ses parents étaient des minables. Son père était un alcoolique qui

n’avait jamais réussi à garder son travail. Etmême siBrockn’enparlait

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pas,jesavaisqu’ils’étaitservideluicommed’unpunching-ball.Desamèreaussi.C’était la raison pour laquelle elle n’était jamais à la maison. Mais

commentavait-ellepuabandonnersonenfant?Jen’avaisjamaiscompris.Etjenecomprendraisjamais.

— Je ne vais jamais dans cette rue.Ni dans ce quartier. (Il posa lamain surma joue et caressamamâchoire abîmée.) Alors je comprendspourquoitunelefaispas,toinonplus.Pourquoic’estdifficile.

Monregardquittalesienpourseposerdenouveausurleparking.—Je…Çava.C’estjusteque…Jenesaispas.J’aifaillimouririci.(Je

laissaiéchapperunsoupirtremblantetessayaidesonderlestréfondsdemoncœurpourvoircequej’éprouvais,maisiln’yavaitpasgrand-chose.)Jecrois…Jenesaispas.J’étaispersuadéequ’enrevenanticij’auraisunerévélation,maiscen’estpaslecas.J’aijustel’impressiond’êtreinsensibleàtoutça.

—Tuasledroitderessentircequetuveux.Quecesoitdelatristesse,delacolèreouriendutout.

Jehochailatête,puisleregardaidenouveaudanslesyeux.—Tuasenviedelesrevoir?Tesparents?demandai-jetandisqu’un

coupdeventglacémefaisaitfrissonner.—Non,pasdutout.Etjenemesensmêmepascoupabledel’avouer.

(Ilsedéplaçadefaçonàmeprotégerduvent.)Laseulechosequ’ilsm’ontapprise,c’estàsurvivre.Etmêmepourça,ilsn’étaientpastrèsdoués.

—Maistuassurvécu,luifis-jeremarquer.—J’aieudelachance,dit-ilensouriant.Jesecouailatête.—Non,cen’estpasdelachance.Tuas…Tuasunfeuentoi,Brock.

Tuétaisdéterminéà survivre,à fairequelquechosede tavie.À réussiret…

—Parcequetucroisquecen’estpastoncas?(Sesyeuxsondèrentlesmiens.)Aprèstoutcequetuastraversépourtetenirici,devantmoi?

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Jebaissailesyeux.Jenesavaispascommentrépondreàsaquestionparcequejen’étaispascertainedeposséderlamêmeflammequeBrock.J’avaisabandonnédescentainesdefois,alorsqueluin’avaitjamaiscessédesebattre.

Detoutefaçon,jen’avaispasenviedepenseràtoutçacesoir.—Entronsavantquetoutlemondecroiequ’onleuraposéunlapin.Ilrestasilencieuxuninstant.—Onpartiraquandtuvoudras.Tun’aurasqu’àmeledire.—D’accord.Commecelaméritaitunbaiser,jemehissaisurlapointedespiedset

pressaimeslèvrescontrelessiennes.Malgré le froid, jeme sentisme réchauffer de l’intérieur. J’ouvris la

boucheetlebaisersefitplusprofond,plusfougueux.Brockm’embrassaitcomme s’il cherchait à me dévorer. Mon corps se fondit au sien et ungrognementrauquemerépondit.

—Tu es sûre que tu veux y aller ?me demanda-t-il en posant sonfrontcontrelemien.

Jelaissaiéchapperunriretremblant.—Oui.—Alorsonferaitmieuxd’entreravantque jechanged’avisetqu’on

trouveunefaçonbiendifférentedepasserlasoirée.Quand il bougea les hanches, j’écarquillai les yeux. Il était dur et

chaudcontremonventre.Le rougeaux joues, je reculai,mais il refusademe laisserm’enfuir.

Devantlesportesdubar,ilmepritlamain.Etpourlapremièrefois,onentradansleMona’sensemble,côteàcôte.

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27

Enquelquesannées,leMona’ss’étaitmétamorphosé.L’ancienparquetcrasseuxetcollantavaitétéremplacépardesplanchesenboisdebonnequalité.Lebarflambantneufavaitgardélaformed’unferàchevalavecdeux emplacements où l’on pouvait commander une bière, maislesétagèresoùétaientposéeslesbouteillesn’étaientpluslesmêmes.Ellesétaient éclairées par une lumière vive et blanche et des néons bleuscouraient dessous pour mettre en valeur les alcools les plus chers. Il yavaitdestélévisionsaccrochéesaumuretquipendaientduplafond,çàetlà.Les tables rondesétaientnoiresavecdeschaiseshautesauxcoussinsneufs.

Ilyavaitbeaucoupdemondedebout,autourdubaretdestables.Jene voyais pas le fond de la salle où se trouvaient les box et les plusgrandestables,àcôtédesbillards.

LeMona’savaiteudroitàunrelooking.Ilneressemblaitplusaubarglauque qu’il avait été. Cela signifiait que les affaires marchaient bienpourCallaetJax,lespropriétaires.

J’avaiscroiséCallaplusieursfoisaufildesannées,maisnousn’avionsjamais parlé du bar. J’étais ravie de découvrir tous ces nouveauxaménagements.

Brockm’aidaàcontourneruncoupledepersonnesâgées.Lespremiersvisagesfamiliersquej’aperçusfurentceuxdeReeceetColtonAnders.Ilsétaientaccoudésaubaretregardaientl’unedestélésfixéesaumur.

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Reece et son grand frère, Colton, étaient flics. Avec leurs cheveuxbruns,leurstraitsciselésetleursyeuxd’unbleuincroyable,ilsauraienteuleurplacedanslecalendrierdelapolice.

Uncalendrierrienquepourtouslesdeux.Ilsalterneraientlesmois.Etpersonnenes’enplaindrait.Personne.

Je les avais revus depuis l’agression. Surtout Colton, car il n’étaitjamaisloind’Abby.Jen’avaispasvraimentdesouvenirsdecequis’étaitpassé après le coup de feu, seulement des bribes, mais je savais queColtonetReeceétaientprésents.

Jenedevais laviequ’à leurvitessederéactionetà leurexpérience.Aussigarderaient-ilstoujoursuneplacespécialedansmoncœur.

Coltonnousvitenpremier.Ilarboraaussitôtungrandsourire.—Hé!Cen’estpastroptôt!(Ils’éloignadubarpourvenirànotre

rencontre.)Çafaitplaisirdevousvoir.Reecesetournaàsontour.IlrepéraaussitôtlamaindeBrockautour

de lamienne et son sourire s’agrandit. Le feu aux joues, je les regardaiéchangerdesaccolades.PuisReeceetColtonmeprirentdans leursbraschacunleurtour.

— Ça fait une éternité que je ne t’avais plus vue, dit Reece enmeparlantdansmabonneoreille.Tuesrayonnante.

—Merci.PuiscefutautourdeColtondemeprendredanssesbras.Quandil

recula,j’entendisBrockmarmonnerdanssabarbe.Reeceéclataderire.—Tuvasbien?medemandaColton.Abbym’aditqueoui,maistu

saiscommentelleest.Elles’inquiètepourtoutlemonde.— Je vais très bien. Promis, lui répondis-je en m’écartant. (J’avais

hontedenepasl’avoircontactéependantsi longtemps.Jesavaisqueçal’avaitinquiétée.)Oùest-elle?

Coltontournalatêteetfitungestedumenton.—Lesfillesontunetablelà-bas…Ah,ellessontlà.(Unemainposée

surmonépaule,ilmedésignaunegrandetablerondedanslefond.)Tulesvois?

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Enmemettant sur la pointe des pieds, j’aperçus l’arrière de la têted’Abby.JemetournaiversBrock.

—Jevaisallerleurdirebonjour.—OK, dit-il. (Aumoment où j’allais m’éloigner, il m’attrapa par le

bras pour me ramener à lui. Ma main atterrit sur son torse.) Maisd’abord…

J’ouvris la bouche, mais toute envie de parler me passa lorsqu’ilm’embrassa.Cefutunbaiserbref,maisintense.Ilm’embrassacommesinous étions seuls au monde. Quand il me relâcha, je faillis perdrel’équilibre.Brockavaitl’airfierdelui.

—Jeviendraiterejoindre,medit-il.—D’accord,murmurai-jedansunétatsecond.Àcestade,j’auraisacceptén’importequoi.Brocksebaissapourmemurmureràl’oreillegauche.—Tuestropmignonne.—Quoi?C’estalorsquejemerendiscomptequej’étaistoujoursplantéelà,àle

dévisager comme une dingue. Une dingue que Brock trouvait tropmignonne,maisunedinguequandmême.

—J’yvais.Brockricana.Enmeretournant,jefisunsignedelamainauduodeflicssexy,puis

me frayaiun cheminà travers la foule.Ma surditépartiellemedonnaitl’impression d’être déséquilibrée. Heureusement, je n’eus pas àmarcherlongtemps.

Abbyétaitassiseàunetableet jouaitavec lapailledesaboisson.Àcôté d’elle se tenait Roxy, une barmaid du Mona’s qui était mariée àReece. Je ne la connaissais pas très bien,mais elle était très drôle, trèsintelligenteettrèstalentueuse.Cettefemmesavaittoutpeindre.

De l’autre côté se trouvait Calla. La grande blonde avait attaché sescheveux en queue-de-cheval. Les cicatrices sur son visage se voyaient àpeine.Elleriaitàquelquechosequ’avaitditlasplendidebruneassiseen

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face d’elle. J’étais surprise de voir Steph ici. Nick se tenait derrière sachaise,lesmainsdansledos.J’auraiscruqu’ilspasseraientThanksgivingchezsamère.

LorsqueRoxyseretourna,elleserenditcomptedemaprésence.— Bonsoir !Mon Dieu, regarde-toi ! (Débordante d’énergie, elle se

précipitaversmoietm’enveloppadansuneétreintechaleureuse.)Tuesvenue!

—Je suis contentede vous voir. (Lorsqu’elle s’écarta, je ris.) J’aimebeaucoupteslunettesettescheveux.

—Moiaussi.(Elletenditunemainversunemècheverteassortieàlamonture de ses lunettes.) Je sais qu’on est seulement à Thanksgiving,maisj’avaisdesenviesdeNoël.Levertmefaittoujourspenserauxfêtesdefind’année.Reeceditquej’auraisdûchoisirlerouge,maisjemedisaisqueceseraitmieuxpourlaSaint-Valentin.

—Tuauraisputefairedesmèchesblanches,luifis-jeremarquer.Tusais,pourlaneigeetlabarbeduPèreNoël.

Elleécarquillalesyeux.— Mince ! Je n’y avais pas pensé ! Je n’ai jamais eu les cheveux

blancs.J’avaisdumalàcroirequ’ilexistaitunecouleurqueRoxyn’avaitpas

testée.Abbylaissaéchapperuncouinementettenditlesmainsversmoi,mais

elleétaitcoincée.—Jillian!Enfin!—Désolée.Onaprisduretard.Jeluifissignedelamain.—Le«on»decettephraseestintéressant.(Roxymedonnauncoup

dehanche.)Trèsintéressant,même.Stephtenditégalementlesbrasversmoi.—Regarde-toi!Bonsang,cequetuescanon!J’adoretesseins.JerougistandisqueNickbaissaitlatêtepourdissimulersonhilarité.

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—Quoi? (Steph se retournaetadressaun regardmauvaisàNick.)Elle est canon. J’ai le droit de le lui dire.D’ailleurs, çadevrait êtreunerègleimpliciteentrefemmes.

—Merci,luidis-jeenriant.Stephétaitsansdoutelaplusbellefemmequej’avaisjamaisvue.Elle

avait confiance en elle, n’avait pas honte de dire ce qu’elle pensait, etc’était également la personne la plus loyale et la plus douce que jeconnaissais.Jemepenchaipourlaprendredansmesbras.

— Je croyais que tu serais à Martinsburg… Oh, mon Dieu, tu esenceinte!

Jem’étais figéeàmi-cheminenme rendant comptequ’elle avaitunsacréventre.

Stephéclataderire.—Ehoui.Desixmois.—Ellenenousarienditpendanttrèslongtemps,intervintAbby.Elle

ajustecommencéàporterdeshautsdeplusenpluslarges.—Cequiauraitdûnousmettrelapuceàl’oreille,ajoutaCalla.Stephlevalesyeuxauciel.—Etelleaarrêtédeboire ! continuaAbby.Quand je luiaiposé la

question, ellem’a réponduqu’elle avait pris dupoids et qu’elle était aurégime.

Recoiffantsescheveuxderrièresonépaule,Stephritdoucement.— On ne voulait pas en parler avant d’être certains que… ça

marcherait,dit-elle.Onvoulaitêtresûrsquetoutsepassaitbien.—C’estpourçaqu’onestrestésicipourThanksgiving,expliquaNick

enposantlesmainssursesépaulespourlesmasser.C’estsamèrequifaitledéplacement,cetteannée.

—Jesuistellementcontentepourvous!m’exclamai-je.(J’avaisenviedetaperdansmesmainscommeuneotarie.)Félicitations!

— Où est Brock ? demanda Nick en forçant la voix pour que jel’entendemalgrélamusiqueetlesconversations.

Jedésignailebar.

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—AvecColtonetReece.—Çafaitlongtempsquejenel’aipasvu.(Ilsebaissapourembrasser

Stephsurlescheveux.)Jepeuxtelaisser?Ellehochalatête.—Passe-luilebonjourdemapart.Nick déposa un autre baiser contre sa tempe avant de s’éloigner.

Quand il passadevantmoi, ilmedécoiffa comme si j’avais cinqans. Jel’assassinaiduregard,maisàvoirsonexpression,ilnes’enrepentaitpaslemoinsdumonde.

Callaselevadesonsiègeetonsepritrapidementdanslesbras.— Ça fait tellement plaisir de te voir, me dit-elle avec un sourire

chaleureux.Çafaisaitlongtemps.—Oui,environdeuxans.(Jedésignail’espaceautourdenous.)Lebar

estgénialcommeça.—Merci. (Elle avait l’air fier.) Ça évolue lentement. Jax etmoi, on

aimeraitapporterencorequelquesaméliorations.Lacuisineaétérénovée,mais on voudrait agrandir. Il y aurait de la place à l’arrière,mais pourbien faire, il faudrait fermer pendant plusieursmois.Alors on essaie detrouverlemomentidéal.

—Waouh.C’estgénial,luidis-je.L’agrandissementserviraitàquoi?Calla échangea un regard avec Roxy. Ses yeux débordaient

d’enthousiasme.—Onpensait ajouter des tables, peut-être un ou deux billards et…

unescène.—Ceseraitsuper!m’exclamai-je.Roxyhochalatête.—Carrément!—Prendsmaplace.(Callasemitsurlecôté.)Jedoisretourneraubar

carquelqu’unestenpause.—Moi!ditRoxyd’unevoixaiguë.Jem’assisàcôtéd’Abbyetpusenfinlaprendredansmesbras.

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—Jesuistellementcontentedetevoir,medit-elle.IlvafalloirquetumeracontescequisepasseavecBrock.

—Promis.Lesourireauxlèvres,Abbyselaissaallerenarrière.—Tusais,cen’estpaslaseuleàattendreunbébé.Monregardseposasuccessivementsurlestroisfemmesrestantes.—Qui…?—Pasmoi.(Callalevalesmains.)Jaxetmoi,onesttrèsbiendansle

rôledelatataetdutontonpourl’instant.QuandjetournailatêteversAbby,ellefronçalessourcils.—Tunecroispasquejetel’auraisdit?—J’espèrebien…Ducoup,ilnerestequetoi…Roxysecoualatêteenriant.—Alorsqui?demandai-je.Stephgloussa.—Laréponseestjustedevanttoi.Ellement.—D’accord, c’estmoi. (Roxy remonta ses lunettes.) Je suis enceinte

dedeuxmois.Jerestaibouchebée.— Jen’y crois toujours pas, dit-elle en touchant son ventre presque

plat.Onn’essayaitpas,tusais?—End’autres termes,elleaoubliédeprendre sapiluleune foisde

trop,expliquaCalla.QuandRoxylatapasurlebras,ellerit.Abbysecoualatête.—Jecommenceàavoirpeurdeboirel’eau,ici.Ilyauneépidémiede

femmesenceintes.— J’ai entendudire que ça s’attrapait en s’asseyant sur les toilettes,

commentaSteph.Jegloussaietmelaissaiallercontremonsiège.—Noteàmoi-même:nepasutiliserlestoilettes.—Pourtant,unbébédeBrockettoiseraittellementmignon,ditAbby.

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—Laferme,rétorquai-jeenlevantlesmainscommepourchasserunegrossessepotentielle.(Detoutefaçon,jen’avaisrienàcraindre.Jeprenaisla pilule et nous n’avions même pas encore couché ensemble.) Ne meportepaslapoisse.

— Oh, regarde qui est là ! s’exclama Calla. Je lui avais dit que tuviendraiscesoir.

Meretournantsurmonsiège,j’observailasalle.Alors,j’écarquillailesyeux.Audépart, jecrusquemavueme jouaitdes tours,maiselleétaitbienlà.Etellesemblaitsortirtoutdroitdesannées1970.

—Katie!criai-je.Lablonden’avaitpaschangédepuisladernièrefoisquejel’avaisvue.

Sescheveuxétaientcoiffésenunequeue-de-chevalhaute.Elleportaitunpantalonbrillantàpattesd’éléphant.J’étaisquasimentsûred’avoiraperçudeschaussuresàplate-formedessousetsontopfuchsian’arrêtaitpasdetombersursonépaule.Elleavaitégalementunedizainedebraceletsaupoignet.

—Salut,ma fille ! (Elle avait un verre à shot dansunemain et unverreclassiquedansl’autrecontenantunliquidesombre.)Pourtoi.C’estduCoca.Jesaisquetuneveuxpasboired’alcoolcesoir.

JelaregardaiposerleCocasurlatabledevantmoi.J’étaislégèrementagacéequ’elleaitdeviné.

—Merci.Ellesebaissapourm’étreindre.—J’aiquelquechoseàtedire,Jilly,dit-elle.(Àlatable,toutlemonde

setut.C’étaitcommeça.QuandKatieprenaitlaparole,onl’écoutait.)Etavecunpeudechance,cettefois,tumecroiras.

Tous les muscles de mon corps se tendirent. Je savais à quoi ellefaisaitréférence.J’auraisdûluifaireconfiance,cesoir-là.

—Vousalleztraverserdesmomentsdifficiles,maismaintenant,ilenvaut lapeine,dit-elleenplongeant sesyeuxcouleurde l’océandans lesmiens.Ilfallaitjusteattendrelebonmoment.

Euh.

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Jenesavaispasquoidire.Elleparlait visiblementdeBrock.Une fois, ellem’avaitditqu’iln’en

valaitpasencore lapeine.Àl’époque, j’avaiscruqu’ellemedisaitqueceneseraitjamaislecas.

— Oh, mon Dieu ! s’écria Steph en reculant vivement. C’est uneallianceà tondoigt?(ElleattrapaKatiepar lebras.)C’estunealliance,j’ensuissûre!

—Hein?fitAbby.Depuisquandest-cequetuesmariée?—Etquias-tuépousé?demandaRoxy.Calla, quin’était pas encore retournée travailler, secoua la têted’un

airincrédule.—Onleconnaît?Katiegloussa.—Jemesuismariéeleweek-enddernier.ÀLasVegas.(Reculantd’un

pas,elleagitasonannulairedevantnous.)Vousneleconnaissezpas.Pasencore,entoutcas.Maisilvousplaira.Vousallezl’adorer.

Onladévisageasansciller.—Quandest-cequetunousleprésentes?demandaCalla.—Bientôt.(ElletapotalenezdeCalla.)Trèsbientôt.—Attends,intervins-jeensecouantlatête.Tul’asrencontréoù?—Ehbien,ditKatieen levant son shot.Disonsquec’étaitunclient

très,trèsentreprenant.(Avecunclind’œilànotreattention,ellebutsonverre d’un trait.) On est ensemble depuis huit ans. Il était temps qu’onofficialiselachose.

LamâchoiredeStephfaillittombersurlatable.—Quoi?Tuesavecluidepuishuitans?Ellehaussauneépaule.—Oui.—Pourquoiest-cequetunenousenasjamaisparlé?Roxyavaitl’aird’avoirenviedefrapperKatie.—Quandest-ceque j’auraiseu le temps?Vousn’êtesqu’unebande

depleurnichardesquiavezbesoindemesconseilsavisésetdemasagesse.

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(Elleposaunemainsursahanche.)Etpuiscen’estpascommesij’avaisbesoindevosconseilsenmatièrederelation.Franchement.

Personnellement, je trouvaisçahilarant.Peut-êtreparcequ’elleavaitraisonsurtoutelaligne.Alorsjerisàgorgedéployéejusqu’àcequemesabdosmefassentsouffrir.

Steph s’esclaffa, elle aussi. On aurait dit qu’elle allait se faire pipidessus.Katieacceptadenousparlerdesonmaripendantque jesirotaismonCoca.Lesheurespassèrent.CallaetRoxyretournèrentaubar.Katievolalachaisedequelqu’unets’assitànotretable.

Tout à coup, je vis la foule se diviser en deux pour laisser passerBrock,commeunMoïsesupersexy.

En quelques secondes, presque tous les hommes du bar affichèrentuneexpressiond’adorationlorsqu’ilsserendirentcomptequ’ilsétaientenprésencedeBrockMitchell, enchairetenos.Si j’avaiseuuneauditionparfaite, je ne doutais pas que j’aurais entendu des murmures et deshoquetsdesurprise.

Brocksalualesfillesd’ungestedelatête,puismeprit lamainpourmerelever.Meserrantcontrelui,ilmurmuraàmonoreille.

—Tumemanquais.Lesmainsposéessurseshanches,jeris.—Jenesuispaspartietrèslongtemps.—Suffisamment.Ilm’embrassadanslecouetsurlajoue.— Vous êtes adorables, tous les deux, dit Steph tandis que Nick

revenaitseplacerderrièreelle.—Jenetelefaispasdire.(Brockpassaunbrasautourdemataille.

Je me pressai contre lui et posai les mains sur son torse. Ses lèvreseffleurèrentlesmiennes,puisilrelevalatêtepourmeparleràl’oreille.)Toutvabien?

—Oui.(Jeremontaimesdoigtsjusqu’àsonépaule.)Jesuiscontentequ’onaitdécidédevenir.

—Jesuiscontentquetuaiesdécidédevenir.

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Latêtecontresontorse,jesourislégèrement.ColtonétaitentraindeplacerunverredevantAbby.Ill’embrassarapidementavantdeserelever.MesyeuxseposèrentensuitesurReeceetRoxy.Elleétaitderrièrelebar,lesbrassurlecomptoir,penchéeverslui.Reecelarejoignitàmi-cheminpourl’embrasser.

CallasouriaitàcequevenaitdedireJax.Euxaussiétaientderrièrelebar,verslecentre.Quandellefitminedeseretourner,Jaxl’attrapaparlataille et pressa ses lèvres contre les siennes. Les clients accoudés aucomptoirsifflèrent.Lorsqu’ilsseséparèrent,Callaétaitrougecommeunetomate.

NickavaitrecommencéàmasserlesépaulesdeStephquirespiraitlecalme et le bien-être.Onn’aurait jamais dit qu’elle était assise au beaumilieud’unbar.Elleposalamainsurl’unedessiennesetlaserra.

Cescouplesavaienttousleurproprehistoire,leurspropresproblèmes.Pourtant,ilsétaientheureuxetamoureuxcommeaupremierjour.

Lorsque je jetai un coup d’œil surma droite, je croisai le regard deKatie.Ellehaussaunsourcil,puishochalatête.Pasbesoindeparler.Jesavaiscequecelasignifiait.Lesparolesqu’elleavaitprononcéesplustôtmerevinrentenmémoire.

«Vousallez traverserdesmomentsdifficiles,maismaintenant, il envautlapeine.»

JemetournaiversBrocketpassaiunbrasautourdesataille.Jesentissonmentoneffleurermes cheveuxet saprise se resserraautourdemoitandisqueColtoncriaitpoursefaireentendremalgrélamusique.

Parfois, comme à cet instant, j’avais la conviction que Katie étaitvéritablementmédium.

Unsoupird’aisemequitta.Jusqu’àcetinstant,jen’avaispascomprisàquelpointceretoursurles

lieux du drame avait été nécessaire. Je n’avais pas non plus comprisl’impactquecelaauraitsurmoi.

Unpoidss’étaitenvolédemesépaules.Mespenséesétaientmoinssombres.

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Moncœurbattaitpluslégèrement.Deux doigts vinrent se placer sousmonmenton pourme relever la

tête.Desyeuxbrunschaleureuxplongèrentdanslesmiens.—Tuesavecmoi?medemanda-t-il.—Jesuistoujoursavectoi.

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28

Jeme réveillai enpleinenuit, surprisededécouvrirun corpsdur etathlétiquecontrelemien.Lesdernièresbribesdesommeilmequittèrent.

—Qu’est-cequetufais?—Tumemanquais.(LebrasdeBrockm’enserralataille.)Etpuisje

suisrestésagehiersoir.Àmagrandedéception,ildisaitvrai.J’avaisespéréqu’ilsefaufilerait

dans ma chambre, mais lorsque nous étions rentrés du Mona’s, nousavionssimplementéchangéunbaiserchasteavantdenousséparer.

Thanksgivingavait étéunmerveilleuxmélangede folie etde chaos.Les membres de ma famille s’étaient comportés comme je m’y étaisattendue.Ilsn’avaientpasarrêtédenousharcelerdequestions,maisl’undansl’autre,ilsavaientétéadorables.

Brocketmoiavionsparléàmonpèreetàmesonclesdenotreprojetdeconvertirdeuxsallesenstudiodedanse.Ilsn’avaientpasrejetél’idéeen bloc, mais André n’avait pas eu l’air convaincu. Après leur avoirexpliquélestenantsetaboutissantsetavoircomparélecoûtetlesprofitspotentiels,j’avaisreprisconfianceenmoi.Lamoitiédemesonclesétaientpartisregarderlematchdefoot,maismonpèreavaiteucetéclatdanslesyeux, celui qu’il avait chaque fois qu’il rencontrait une recrue qui allaitdevenirunchampion.

—Simesparents te trouvent ici…(Jem’interrompis et réfléchisdenouveauà la question.)Non, en fait,mesparents s’enmoqueraient.Aucontraire,ilstrouveraientsansdouteçagénial.

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Riantdoucement,Brockpressasonvisagedanslecreuxdemoncou.—Exactement.—Tunetrouvespasçabizarre?Ilm’embrassalagorge.—Unpeu.Jemedégageaidefaçonàluifairefaceetposaiunbrassursataille.—Tunevaspasêtreàl’aisesurcelit.Tutiensàpeinedessus.— Ça ira. (Il déposa un baiser sur le bout de mon nez.) On va

seulementdormir,detoutefaçon.—Ahoui?répondis-je,sceptique.— Oui. (Son nez caressa ma joue.) Même si je rêve de mettre ma

bouche entre tes jolies jambes, on est chez tes parents. Il est hors dequestionqu’ilsepassequoiquecesoit.

Unriresurprism’échappa.—Tuessérieux.—Très.Jeneveuxpasleurmanquerderespect.— Oh, mon Dieu, murmurai-je en gloussant. Regarde-toi ! Un vrai

gentleman!—Tais-toi,dit-ilenmemordillantlalèvre.Jerisencore,plusdoucement.—Jeréfléchissais…—Oh,non.Jeletapaisurlebras.— Je pensais que les filles se rassembleraient pour le petit déj,

dimanche,maisellessonttoutesenfamille.—C’estdommage,murmura-t-ilenmemordillantlamâchoire.Jesourisdansl’obscurité.— Je me disais qu’on pourrait rentrer samedi. Un jour plus tôt.

Commeça,onaurait…—Dutempspournous?—Oui,soufflai-je.Qu’est-cequetuenpenses?Tupourraism’aiderà

mettremeslivresdansdescartonsdemainetonpourraitpasserencoreun

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peudetempsavecmesparentsavantderentrer.— Je pense… (Sa main glissa le long de mon flanc jusqu’à ma

hanche.)…quec’estunemerveilleuseidée.—J’étaissûrequeçateplairait.Samaindescenditjusqu’àmesfesses,qu’ilserra.—Qu’est-cequit’adonnécetteidée?—Oh,jenesaispas,mentis-jeavecunsourire.

***

LeparfummusquéethumidedelarivièrefutlapremièrechosequejeremarquailorsquejesortisdelavoituredeBrock,lesamedisoir.

Surletrajetduretour,Brockm’avaitdemandésijevoulaisvenirchezlui.J’avaisditouietnousavionsdécidéd’ypasserlanuit.J’avaisencoreunchangedansmavaliseetj’étaisexcitéeàl’idéedevoiroùilhabitait.

Alors que le soleil se couchait, Brock attrapa nos sacs tandis que jem’occupaisde lacagedeRhage.Je levai lesyeuxaucielen l’entendantfeuler,puissuivisBrockversdelargesmarchesquimenaientàungrandporchenu.

— Est-ce qu’il court tout le long de la maison ? demandai-je. Leporche?

—Presque.(Ilsortitsesclésdesapoche.)Ils’arrêteauxportesvitréesde la salle àmanger et se transforme en patio. Il y a lamême chose àl’étage.Onyaccèdeparleschambres.

—Waouh,murmurai-je.SamaisonétaitsituéeàenvironquinzeminutesdeShepherdstown,au

bout d’une route sinueuse et mal éclairée qui longeait la rivière. Lesmaisons que nous avions dépassées en chemin étaient immenses. Aussin’avais-jepasétésurprisededécouvrircecolosse.

Quand Brock ouvrit la porte, une alarme bipa quelque part dans lamaison.Lalumières’allumaetsedéversadansl’entrée.Laportedonnait

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surungrandhall.Lespiècesparaissaientouvertes.Jepouvaisvoirjusquedanslacuisine.

Ildéposalessacsprèsdel’escalierquimenaitàl’étage,puissetournaversmoi.

—Lacuisineestenchantier.Tuterappelles?—Pasdeproblème.—Tudisçamaintenant…Il avança dans la maison et déposa ses clés sur un guéridon placé

contrelemur.En levant les yeux, je vis que les poutres étaient apparentes. Cette

maisonavaituncachetancienetmêmesiBrockavaitgrandienville,cettesimplicitémasculineluiallaitbien.

QuandBrockallumalalumièredelacuisine,jepusvoirl’avancéedestravaux.Lapièceétaitgigantesque.Elle faisaitmacuisine,monsalonetma salle àmanger réunis. Lesmeubles avaientdisparu,mais je pouvaismefaireuneidéedurésultatfinald’aprèsl’emplacementduréfrigérateuretdesfoursencoreinutilisésencastrésdanslesmurs.

Lesplacardsavaientétéempilésàl’endroitoùunetableauraitdûsetrouveretilyavaitunelargefenêtreau-dessusdel’évier.

JeposailacagedeRhageparterreetmedirigeaiverselle.—Waouh,luidis-je.Lavuesurlarivièreestmagnifique.—Lacuisine,unpeumoins.Jemetournaiverslui.— Mais elle est gigantesque et quand elle sera terminée, elle sera

géniale.Brockesquissaunsourire.—Onpourraityfaireentreruneéquipeentièredefoot.Lesourires’élargit.—Onverra,onverra…Brock posa les affaires de Rhage par terre, à côté de la porte qui

menaitàlaterrasse,puisjelaissaisortirlefauve.Ilavança,lesoreillesà

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plat,etinspectalenouveaulieu.Auboutd’unmètre,ils’assitetbattitlaqueue.

—Iln’apasl’airtrèsimpressionné.Jerisetmerelevai.—C’estunchatdifficileàsatisfaire.Ilsecoualatête,puisouvritlefrigopourensortiràboire.Onrestaun

momentdanslacuisineàobserverRhageinspecterlemoindrerecoindelapièce.

Auboutd’unmoment,Brockmefit faire le tourdupropriétaire.Onpassad’aborddans la salleàmangeroù la tableet les chaisesn’avaientpas encore été utilisées. Il y avait deux salons. Enfin, selon Brock, lepremierétaitunsalonetledeuxième,unesalledejeu.Danstouslescas,ilyavaituneénormetélédansl’uneetdesfauteuilsetdesplantesdansl’autrequiauraientpusetrouverdanslavérandademamère.

Il y avait un bureau avec des photos de ses combats. Elles étaientaccrochéesaumuràcôtéd’unautretrèsgrandécran.

—Tun’astoujourspasterminédedéballerlescartons,pasvrai?J’endésignaideux,posésdansuncoin.J’enavaiségalementvudans

lasalleàmanger.Ilritenmeguidanthorsdubureau.— Il faut que je le fasse, mais j’étais concentré sur la cuisine, ces

dernierstemps.(Ilmeregardalonguement.)Etsurtoi.Unsourirejoyeuxétirameslèvres.—Jedevraisavoirhonted’accaparertontemps.—Maiscen’estpaslecas.—Pasdutout.Brock ramassa les sacs qu’il avait posés par terre plus tôt, puis

m’emmenaàl’étage.—Ilyaquatrechambres.J’aiinstalléunechambred’amis,maisrien

d’extraordinaire.J’aménagerailesautrespiècesplustard.En le suivant dans le couloir jusqu’à une double porte, jeme fis la

remarque qu’il s’agissait d’une maison pour une grande famille. Brock

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voulait des enfants. Pas une équipe de foot commemon oncle, mais ilavait envie de faire des bébés. Peut-être que cettemaison signifiait queBrockétaitprêtàseposeretàs’engager.

Il entra avant moi et alluma une lampe de chevet. Je vis alors sachambrepourlapremièrefois.Commelerestedelamaison,elleétaitunpeuvide.

Il y avait une large commode avec unmiroir posé dessus à côté deportes qui menaient à une salle de bains ou un dressing. Un secondmeublefaisait faceàlaterrasseet ilyavaitaussideuxtablesdechevet.Misàpartquelquespetitesboîtes enbois sur la commode, legenrequiservaitàconserverdutabacdequalité,iln’yavaitpasd’objetspersonnels.

Onn’auraitjamaisditquecettepièceétaithabitée.Avec quelqu’un d’autre, je me serais inquiétée, mais Brock n’avait

jamaisaiméladéco.Lachambrequ’ilavaitoccupéechezmesparentsetsonpremierappartementétaienttoutaussidépouillés.

Tandisquej’examinaislapièce,jemefigeai.Mesyeuxs’étaientposéssurlelitdoubledisposéaucentredelapièce.Monventresenoua.Cesoirallaitêtredifférent.J’enétaispersuadée,maisjenesavaispaspourquoi.L’instinct,peut-être?Danstouslescas,cettenuitallaittoutchanger.

De petits nœuds d’anxiété se formèrent dans mon estomac. Jetraversai la pièce en direction de la fenêtre gigantesque. Écartant lesrideaux,jejetaiunœilàl’extérieur.Au-delàdesarbres,jevoyaislalunesereflétersurleseauxbouillonnantesduPotomac.

Lorsque je me retournai, Brock ramassait une petite bougie sur lacommode.Ill’alluma,puisavecunsourirepourmoi,laposasurlatabledechevet.

Auboutdequelques secondes,uneodeurdepommeetdemielmeparvint.

—Tues sûrque çane tedérangepasde laisserRhage en liberté ?(Commej’étaisnerveuse,jejouaisaveclesrideaux.)Ilestpropre,maisjenepeuxpastepromettrequ’ilneferapasdedégâts.

—Cen’estpasgrave.

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—Ilvacasseruntruc.J’ensuissûre.—Cen’estpasgrave.Jeleregardairetirersonpulllargeetlejetersurunechaise,dansun

coin de la pièce. Son tee-shirt blanc subit le même sort, dévoilant sontorsemagnifique.

La bouche sèche, je suivis des yeux les lignes de ses muscles quisaillaientdélicieusementdechaquecôtédeseshanches.

Comment,avecuncorpscommelesien,pouvait-ilapprécieruncorpscommelemien?

C’étaitunequestionàlaquellepersonnenepourraitjamaisrépondre.Étant donné qu’il ne portait pas de ceinture, son pantalon tombait

scandaleusement bas sur ses hanches. Je pouvais voir l’élastique de sonboxer.Monregardseposasursestatouages.Ilavaitunetêtedeloupsurl’unde sespectoraux.De l’autre côtéde son torsedébutaituneailequicontinuaitsursonépauleetsetransformaitlelongdesonbrasendestasde motifs différents. Un archange entouré de flammes brandissait uneépée. Dessous, sur son avant-bras, il y avait aussi un crâne. Puis desbandes rougesetnoires laissaientplaceàunœil justeauniveaudesonpoignet.Brocksortitsontéléphonedesapocheetleposasurlatabledechevet.Commeils’étaitlégèrementtourné,jevisunepartieduphénixquirenaissaitdesescendres.C’étaitunénormetatouagequicouvraitpresquetoutsondos.

Jemedemandaiss’ilenavaitajouté.—Tuaimescequetuvois?Lerougeauxjoues,jedétournailesyeux.—Tuasvraimentbesoindemeposerlaquestion?Ilaffichaunsourireencoinetmonregarddescenditencoreunefois.

Il avait une chaîne en argent autour du cou. J’allais continuer monexploration et reportermon attention sur ses abdos incroyables lorsquej’aperçussonpendentif.

Monsoufflesebloquadansmagorge.Moncœurs’arrêta.

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Unhoquetdesurprisem’échappaetjeportaiunemainàmeslèvres.L’inquiétudeenvahitlestraitsdeBrock.—Jillian?Toutvabien?Lesyeux rivés sur lepetitmédaillonquipendait autourde son cou,

j’étais incapable de parler. La têteme tournait. J’avais l’impression quej’allais m’évanouir. Je n’avais plus vu ce collier depuis six ans, mais jel’auraisreconnuentremille.

—Jillian?(Ilavançaversmoi.)Qu’est-cequi…?—Lecollier,haletai-je.Tuaslecollier.L’espace d’un instant, ilme dévisagea sans comprendre, puis il leva

unemainetlarefermasurlemédaillon.—Tunelesavaispas?—Non,murmurai-jeenclignantlesyeuxpournepaspleurer.—Jel’aitrouvécesoir-là,dit-ilauboutd’unmoment.C’étaitlechaos.

Coltontetenaitallongéesurlecôtépouréviterquelesang…pourquetupuissesrespirerjusqu’àcequelessecoursarrivent.Etpuisilssontarrivésetilst’ontemmenée.J’aivutonsacparterre.Jemesuisdit…Jemesuisditquetunevoudraispasquetonsacresteparterre.Qu’ilsesalisse.

MesdoigtssecrispèrentcontremeslèvrestandisqueBrockbaissaitlamain,dévoilantdenouveaulamédailleenargent.

—Jel’aitrouvéparterrependantquejeramassaistesaffaires,reprit-il. J’ai toutde suitecomprisqu’il étaitpourmoi.Tum’enoffrais tout letemps.Jevoulaistedirequejel’avais,mais…

Ils’interrompit.Maisils’étaitpassédestasdechoses.Nousnousétionséloignés.Malgrétout, ilavait trouvélamédailledesaintSébastienque j’avais

eul’intentiondeluioffrirpendantnotrerepas.Sesyeuxplongèrentdanslesmiens.—Depuiscejour,jen’aipascessédeleporter.Ill’avaittrouvéetill’avaitgardé.

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— Pendant longtemps, c’était la seule chose qui me faisait sentirprochedetoi.

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29

Unevagued’émotionsm’envahitetunsonétranglémourutdansmagorge. Je baissai lesmains et, sans réfléchir, traversai la faible distancequi nous séparait. J’attrapai le collier et enroulai mes doigts autour.Jusqu’àaujourd’hui,j’avaisoubliésonexistence.Commentunetellechoseétait-elle possible ? Je l’ignorais, mais c’était le cas. Brock, lui, l’avaitconservé.

Brockémitungrognementrauque.—Pourquoitupleures?—Jepleure?murmurai-jeenm’éclaircissantlavoix.—Oui.(Ilpritmonvisageentresesmainsetchassameslarmesavec

sespouces.)Commenttufaispournepast’enapercevoir?—Jenesaispas.Jebaissailatêteetmeretrouvaipresséecontresontorsechaud.Brocklaissaéchapperunlégerrireetm’entouradesesbras.—Si j’avaissuquececollierallait te fairepleurer, jene l’auraispas

porté.—Cen’estpasça.(Jetenaistoujourslamédailledansmapaume.Je

devais l’étrangler, mais je refusais de la lâcher.) J’avais oublié cettehistoiredecollier.Pastoi.

— Non. (Il me força à reculer et à le regarder dans les yeux. Deslarmesme brouillaient la vue.) Je ne t’ai jamais oubliée. Je n’ai jamaisoubliécequetufaisais.

S’ilcontinuaitcommeça,j’allaispleurerpourdebon.

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Avecdesgestesdoux,ilécartamesdoigtsdelamédaille.Puisilportamamainàsaboucheetdéposaunbaisersurmapaume.

—J’ai gardé toutes lesmédailles. Elles sontdansuneboîte, surmacommode.Tupeuxregardersitu…

Melibérantdesaprise, jememissur lapointedespieds,passaiunbrasautourdesoncoupournepastomberetl’embrassai.

Jen’étaispasencoretrèsàl’aisepourprendrel’initiative,maisBrockn’avait pas l’air de s’en plaindre nimêmede le remarquer. Son bras seresserra autour de ma taille et tout à coup, mon corps tout entier futpressécontrelesien.

Le baiser était tendre, une exploration lente de ses lèvres et desmiennes.Onauraitpus’embrasserainsipendantdesannéessansque jem’en lasse. Jamais. Lorsque nos mouvements se firent plus fougueux,touteslescellulesdemoncorpsseréveillèrentetmepicotèrent.Salanguecaressalamienneetjelesentisdurcircontremonventre.

Aufonddemoi,undésirintensejaillit.JereculaipourregarderBrockdanslesyeux.Levisageenfeu,jepensaiàsamainentremescuissesetàsalangueexperte.

Mondésirflamba.Son regard s’assombrit tandis qu’il me regardait et il déglutit

bruyamment.Puisilglissaunemainsousletee-shirtquejeportais.—Jepeux?Lecœurbattantàviveallure,jehochailatête.Sonsourireencoinétaitderetour.Ilsaisitlespansdemontee-shirtet

meleretira.Jenesaispascequ’ilenfitcarj’étaistropoccupéeàpenserquej’étaisdevantlui,enjeanetsoutien-gorgenoir.

Ses yeux s’attardèrent sur l’arrondi de mes seins. Une chaleurdévastatricedescendit le longdemagorgeet jesentismestétonsdurcircontreletissudemonsoutien-gorge.

—Jeveuxtevoir.Toutentière.Jelaissaiéchapperunsoupirtremblant.—Je…Jesuistouteàtoi.

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—Putain,grogna-t-il.Ilcapturameslèvresenunbaiserardentquimelaissapantelante.Je

sentis à peine ses doigts glisser dans mon dos et dégrafer mon sous-vêtement.Tandisqu’ilapprofondissaitdavantagelebaiser,ilfitdescendrelesbretellesdemonsoutien-gorgelelongdemesbrasetlelaissatomberparterre.Sanscesserdem’embrasser,ils’occupaensuitedemonjean.Ildéfit le bouton, ouvrit la fermeture Éclair et tira dessus pour le retirer.Monpantalonglissadequelquescentimètresavantdeseretrouverbloquéàmi-cuisse.

Brock releva la tête et recula suffisamment pour regarder entre nosdeux corps. Son regard était tellement ardent qu’il me fit l’effet d’unecaresse.Puisils’agenouillaetretiramonjeanenmêmetemps.

Mes mains tremblantes se posèrent sur ses épaules pour garderl’équilibretandisquejelevaisunejambe,puisl’autre.Sesmainscalleusesremontèrent jusqu’à ma culotte. Je ne voulais pas regarder ce que jeportais.Sansdouteunboxeràrayures.Siseulementj’avaischoisiuntrucplussexy!

Brock déposa un baiser sous l’élastique dema culotte et glissa unemainentremescuisses,avantdereleverlesyeuxversmoi.

—Ça,dit-ilenposantsamainsurmonsexe.(Lerougememontaauxjoues.Ainsi,ilpouvaitsentiràquelpointj’étaisexcitée.J’étaistrempée.)C’estaussitrèsbeau.

J’auraisvoulurire,maisaucunsonnefranchitmeslèvrestandisqu’ilfaisaitglissersonpoucesurmonclitoris.Unsouriretaquinétiraseslèvresetilsepenchaenavantpourremplacersesdoigtsparsabouche.

—Brock!m’écriai-jelorsqu’ilsemitàsucertrèsfortàtraversletissufindemaculotte.MonDieu…

Ilrittoutcontremoi.Lavibrationmecoupalesouffle.—Tuaimesça,pasvrai?(Ilpassasesdoigtssousl’élastique.)Maisje

suissûrqueçateplairaencoreplussansrienentrenous.Seigneur.

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Jeneprispaslapeinederépondre.Nousconnaissionstouslesdeuxlaréponseàcettequestion.

Quand il retira mon sous-vêtement et me mit à nu centimètre parcentimètre,j’eusdumalàrespirer.Brocks’écartapourmeregarder.

Jedusmefaireviolencepournepasmecacher.Il avait aperçu certaines parties de mon corps, mais il ne m’avait

jamaisvuecomplètementnue.C’étaitlapremièrefoispourmoi.Aveclui.Avec quiconque. Ben et moi, nous ne nous étions jamais entièrementdéshabillés. J’avais toujoursgardémon soutif ouun tee-shirt.On faisaitl’amour dans le noir et il ne m’avait jamais regardée comme Brock lefaisait.

Commes’ilavaitenviedemedévorervivante.Contrairementàlui,j’étaistouteenrondeur.Quandjem’asseyais,des

plis se formaientunpeupartoutsurmoncorps.MaisBrocknesemblaitpas s’en soucier ni même s’en rendre compte. Il se contentait de mecaresserlesbras,latailleetleshanches.

—Tuesmagnifique,medit-iletilétaitclairqu’illepensait.Bordel,jepourraisjouirrienqu’enteregardant.

Cela ne me paraissait pas très crédible, mais ça faisait plaisir àentendre.

Brock se levadansunmouvement fluideet je le regardai s’éloigner.Sansmequitterdesyeux, ilsortitunpetitsachetargentédesatabledechevet.Illejetasurlelitpuisretirasonpantalonetsedéshabillajusqu’àseretrouvernudevantmoiet…

Seigneur.J’allaistomberdanslespommes.Son corps était incroyable. C’était une œuvre d’art de couleur, de

dessins, de pleins et de déliés. Je l’avais déjà vu. Je l’avais eu dansmabouche. Je savais qu’il était long et épais. Pourtant, je ne pouvaism’empêcherdeledétailler.Ilétaitimpressionnant.Sousmonregard,sonsexepalpita.

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—J’aimeça,ditBrockd’unevoixrauqueempliededésir.J’aimequetumeregardes.

Lesoufflecourt,jeparvinsàplongermesyeuxdanslessiens.—Tudisquejesuismagnifique,maistoi,tues…—Jesuis…?Jen’avaispaslesmotspourledécrire.Revenantversmoi,Brockposa lesmains surmeshanches.Sesyeux

marron étincelaient et ses lèvres sensuelles se retroussaient en coin. Lapointedemesseinseffleurasontorse.Ilbaissalatêtepourmemurmureràl’oreille.

—Situsavaiscommej’aienvied’êtreentoi.Jefrissonnaietmesyeuxsefermèrentd’eux-mêmes.—Alorsqu’est-cequetuattends?Sonérectionbougea contremonventre et il fit glisser sespouces le

longdemamâchoirepourquejerelèvelatête.Lafaçondontilréagissaitmerendaitfolle.

—Jeneveuxplusattendreuneseuleseconde.Ungrognementterriblementsexys’échappadeseslèvresetsesdoigts

s’enfoncèrent dans mes hanches. Il me fit reculer jusqu’à ce que mesjambes rencontrent le lit. Puis, avec des gestes contrôlés, il me poussalégèrementpourquejem’assoie.Lorsqu’ilrompitnotrebaiser,j’ouvrislesyeux.

Jeledévisageai,haletante.Il sourit et posa la main sur l’un de mes seins pour en caresser le

mamelon rosé avec son pouce.Mon pouls s’emballa. Quand il posa ungenousurlelit,jeprissonsexeentremesdoigts.Ilétaitdur,maisdouxcommedelasoie.Jeleparcourusdelabasejusqu’àlapointeavecdélice.

Brockgrognaavantderamasserlepréservatif.Jelecaressaijusqu’àcequ’ilm’attrapepar lebrasetm’écartepourqu’ilpuisseenfiler lacapote.Toutenl’admirant,jem’allongeaisurlelit,appuyéesurmescoudes.

Ilrelevalatêteetmeregardadanslesyeux,puissepenchaentremescuisses. Il déposa un baiser sur chacune de mes jambes avant de les

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écarter avec ses épaules. Sa bouche remonta le long de mes cuisses,bientôtsuivieparsalangue.

Lepoulsaffolé,jelaissaitombermatêteenarrièreettendisunemainverslui.Mesdoigtss’enfouirentdanssescheveuxtandisquesonsouffleserapprochaitdeplusenplus.Lorsquesalangueeffleuramonentrejambe,jemecrispaietgémisdoucement.

—Jenemelasseraijamaisdetongoût,dit-ilenremontantpourmemordiller leventre,sousmonnombril.Jepourrais tedévorercommeçamidietsoir.

—Jecroisqueje…nem’enplaindraispas.—Non.(Sonsouffledansasurlapeausensibledemesseins.)Non,je

croisquenon.Sonérectionglissacontremonsexetandisquesaboucheserefermait

surl’undemesseinsetqu’ilcaressaitl’autre.Incapablederespirer,moncorpss’arquaetjemepressaicontrelui.Salangue,sesdentsetsesdoigtsmeprocuraientdesdéchargesdeplaisir.

Jerefermaimesdoigtssursescheveuxetpassaiunejambeautourdesataille.

—Brock,soufflai-je,impatiente.Relevant la tête, il pressa ses lèvres contre les miennes. Lorsqu’il

s’écarta, il attrapama lèvre inférieure entre ses dents. Lamédaille qu’ilportaitautourducouglissaentremesseins.

Jesoulevaileshanches.—Jet’enprie,Brock.—J’adoret’entendremesupplier.(Unemainglissaentrenous.)Mais

tun’aspasbesoindelefaire.Paspourça.Alorsilmepénétraenfin.Depuiscombiendetempslanguissais-jequ’il

me fasse l’amour ?Combiende temps avais-je attendu ? Je refusais d’ypenser. Il n’y avait pas la place dansmon esprit pour ces questions. Jevoulaisseulementressentir.Vivrelemomentprésent.Ouvrantlesyeux,jele regardai entrer en moi. Une vision qui avait quelque chose de trèssensuel.

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Quand il releva la tête, son regardperçant rencontra lemien. Jenem’étaispaspréparéeàylireunetelleanimalité,unetellepossessivité.

—Continuederegarder,dit-ild’unevoixrauque.Bonsangcequetuesétroite.

—Jetel’avaisdit,soufflai-je.Çafaisaittrèslongtemps.Soncorpstremblaitsousl’effort.Ildonnaunpuissantcoupdereinset

s’enfonça entièrement en moi. La sensation me fit crier. J’avaisl’impressiond’êtreenfeu.Lafaçondontilmeremplissait,mecomplétaitétait presque insoutenable.Unmélangedeplaisir intense et dedouleurm’envahitetmefittournerlatête.

—J’adorelessonsquetufais.(Seslèvresglissèrentsurlesmiennes.)Quandj’enauraiterminéavectoi,tun’aurasplusdevoix.

Surcesparoles,Brocksemitàbougeretilnemefallutquequelquesinstants pour trouver un rythme, pour répondre à chacun de sesmouvements. Nos corps étaient parfaitement synchronisés. Posant uncoudeàcôtédematête,Brocks’emparademeslèvres,toutencontinuantd’ondulerleshanches,des’enfoncerdeplusenplusloinenmoi.Leva-et-vientdesalangueimitaitceluidesonsexe.

C’estlàquejelasentis.Cette pression enfouie, cette crispation desmuscles, comme si mon

corpstoutentiersepréparaitàl’explosion.Jegémisetperdislerythme.Mes hanches tressautèrent contre les siennes. Mes doigts s’enfoncèrentdanslesmusclessaillantsdesondos.J’étaisproche,tellementprochequej’avaisl’impressionquej’allaismourir.

—Jillian,grogna-t-il.Soncorpspuissantsemitàtrembler.À cet instant, je compris qu’il se retenait. Alors des mots que je

n’auraisjamaiscruprononcerdemaviefranchirentmeslèvres.Plustard,quand tout serait terminé, j’en aurais sans doute honte, mais à cemoment-là,jem’enmoquais.

—Baise-moi,murmurai-jecontreseslèvres.

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Ce fut comme si j’avais appuyé sur un interrupteur. Brock passa unbrassousmeshanchesetseredressapourposerunemainsurmonventrepour me maintenir en place. Dans cette position, il s’enfonça en moiencoreetencore.Jenepouvaisplusbouger.Ilmetenaitentresesbrasetme…ilmebaisait.

Etj’adoraisça.Moncorpstoutentierfrissonnait.J’enroulaimesdoigtsautourdeson

poignetetserrailesdrapsdemonautremain.—Oui.Oh,monDieu…(Jen’arrivaisplusàrespirer.Lapressionétait

deplus enplus forte. Jedevenais quelqu’und’autre.Rejetant la tête enarrière, les yeux écarquillés, je ne voyais plus rien. Pourtant, les motscontinuaientdesortirdemabouche.)Plusvite.S’ilteplaît.Brock.Jet’enprie.

Brock jura et accéléra la cadence. À ce moment-là, je sentis monmondeimploseret jehurlaisonnom.Unplaisirardentserépanditdansmesveinescommeun incendie impossibleàcanaliser.J’arquai ledosetBrock s’allongea sur moi, me plaquant contre le lit. Ses hanchesbougeaientdefaçonerratiqueetilrépétaitmonnomàl’infinicommeuneprière.Jelesentistremblerpuissefigertoutaufonddemoi.Lesfrissonsquiparcouraientsoncorpsvinrents’ajouterauxmiens.

Nousrestâmesimmobilespendantdelonguesminutes.J’étaisincapabledebouger.Mesjambesnerépondaientplusetmesbrasn’avaientpluslamoindre

énergie.Brockdéposaunbaiser surmon épaule et dansmon cou.Quand je

tournai la tête vers lui, nos lèvres se rencontrèrent en un baiser lent etincroyablementtendre.

—Çava?medemanda-t-il.—Jecroisquejesuismorte,répondis-jeenglissantunemainlelong

desondos.Danslebonsensduterme.Brockritdoucement,maisc’étaitunrireunpeucassé.Ilm’embrassa

surlefrontavantdeseretirer.Lefrottementmebrûlaunpeu.

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—Jereviens.Roulant sur le côté, je le regardai se diriger vers la salle de bains.

C’étaitunetrèsbellevue.Aprèsavoirjetélepréservatif,ilrevintversmoi.—Tuveuxquelquechose?medemanda-t-il.Unpeud’eau?Jesecouailatête.—Çava.Ilrestauninstantdeboutdevantmoiàmeregarder.Puisilsoulevales

couvertures,cequiétaitcourageuxdesapartétantdonnéquej’étaisunpoidsmortetquejen’avaispasl’intentiondebouger…maisilyparvint.Il s’allongeadenouveauetm’attira à lui avantdenous couvrir tous lesdeux.Ilpassaunbrasautourdemoietjemelovaicontresonflanc.

Quelquesminutess’écoulèrentainsi,ensilence,avantqu’ilreprennelaparole.

—Jesaisqueçavateparaîtretrèscliché,maisjevaisledirequandmême. (Ilmarquaunepause.) Jen’ai jamais ressenti ça avecpersonne.D’habitude,laseulechosequim’intéresse,c’estdejouir.Deprendremonpied. Mais avec toi… je ne voulais pas que ça s’arrête. J’aurais voulucontinuerpourl’éternité.C’estlapremièrefoisqueçam’arrive.

Unedoucechaleurm’envahit.Jememordisleslèvres.—Jen’ai jamaisdemandéàquiconquedemebaiseravanttoi,alors

onestquittes.Unéclatderiresecouasoncorps.—Quandtuasditça,j’aifailliperdrelecontrôle.Çaauraitétébête

queçasetermineavantd’arriveràlameilleurepartie.—Lameilleurepartie,c’étaitdudébutàlafin.—Oui,murmura-t-il.C’estvrai.Le silence nous enveloppa de nouveau. Je sentais mes paupières

s’alourdir.J’étaisentraindem’endormirquandBrockdéclara:—Jet’aimenti.—Àproposdequoi?murmurai-jeencaressantlereliefsculptédeson

ventre.

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Ilmarquaunepauseavantdereprendre.—Le soir où j’ai gâché ton rendez-vousavec ce type.Cen’était pas

unecoïncidence.Jenepusretenirunlégersourireetjetournailatêteverssontorse.—J’avaiscompris.—Lepremiersoir.Lapremièrefoisoùjet’aicroiséeaurestaurant.Ce

n’était pas une coïncidence non plus. (Ses doigts se figèrent sur monbras.)Tamèrem’aditoùtuallais.Audétourd’uneconversation.Ellenes’ensouvientsansdoutemêmepas.Jemesuisrendudanscerestaurantensachantpertinemmentquejet’ytrouverais.Jen’avaispasl’intentiondete parler. Je voulais juste… t’apercevoir. Je n’avais pas envie d’attendrejusqu’aulundisuivant.

J’ouvrislesyeux.Sontorsesesoulevasurunegrandeinspiration.—Mais quand je t’ai vue, je n’ai pas pu m’empêcher de te parler.

J’étaislà-baspourtoi.J’aurais sans doute dû en vouloir à ma mère et à Brock, mais en

réalité,jen’étaispasencolère.—Tuesvraimentbizarre,commemec,murmurai-je.Sesbrasseresserrèrentautourdemoi.—Mêmepashonte.Danslalueurvacillantedelabougie,jesourisetfermailesyeux.

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30

Durant les semaines qui suivirent Thanksgiving, rien ne fut commeavantentreBrocketmoi,etenmêmetemps,riennechangea.

Celapouvaitparaîtreidiot,maisj’avaisl’impressionquemoncontedeféess’étaitréalisé…saufquemesfantasmesd’adolescenten’avaientrienàvoiraveclaréalité.Àl’époque,jen’avaisaucuneexpérienceetlepeudechosesquej’avaiscruapprendreavecBennetenaientpaslacomparaisonunesecondeavecceque j’éprouvaischaque foisqueBrockme touchait,m’embrassaitoum’emmenaitaulit…ousurlecanapé,ousurlecomptoirdelacuisineoucontrelemur.Brockn’étaitjamaisrassasié.Moinonplus.Je n’avais jamais ressenti un tel désir. À tel point que je passais unegrandepartiede la journéeàpenseraumomentoù j’allais le retrouver.Mon cœur était sur un petit nuage et ma tête n’allait pas tarder à lerejoindre.

Brockpassaitsouventlanuitàmonappartementparcequej’avaisunecuisineenétatdemarcheetparceque,mêmes’ilrefusaitdel’admettre,ilcommençaitàs’attacheràRhage.Leweek-end,jemettaislepetitmonstreencageetjel’emmenaisavecmoichezBrock.Jel’aidaisdumieuxquejepouvaisàponcerlesanciensmeubles,cequinécessitaitbeaucoupd’huiledecoude,etonsenourrissaitdeplatscommandés.

On s’était échangé nos clés, et même si on utilisait toujours despréservatifs,ilsavaitquejeprenaislapilule.Autravail,ilnecachaitpasnotrerelation.Iln’hésitaitpasàm’embrasserdevanttoutlemondeavantde partir pour un rendez-vous en dehors des locaux, ni même à

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m’adresser un regard satisfait en pleine réunion quand on avait faitl’amour à la pause déjeuner. L’équipe n’avait pas l’air de s’en soucier.Enfin, à part Paul. Sans la moindre surprise, ses sourires moqueurss’étaient multipliés quand il avait appris que Brock et moi sortionsensemble.Lorsquenousavionsannoncéquemonpèreavaitl’intentiondetransformerdeuxsallesenstudiodedanse, ilavait levé lesyeuxaucieltellementfortquej’avaiseupeurqu’ilsnetombentdeleursorbites.

Ma relation avec Brock n’avait pas seulement franchi un cap sur leplanphysique.Toutavaitchangé.

J’étais beaucoup plus détendue avec lui. Je n’avais plus peur desourireetjenem’inquiétaisplusdecequepouvaientpenserlesgens.Etau lieu d’espérer que les personnes s’installeraient àma gauche lors deréunionsimportantes,jefaisaisensortequecesoitlecas.

J’avais rangé les livres que j’avais ramenés avec moi dans mesbibliothèques. Bientôt, il m’en faudrait une nouvelle. Avec un peu dechance,Brockmeproposeraitdelamonteretleschosessedérouleraientcommelafoisprécédente.

Tout avait changé,mais les petites choses, elles, étaient toujours lesmêmes.Nousneparlionsplusdecettenuitquiavaitbouleversénosvies.Ce n’était pas un sujet tabou. Je crois que nous avions accepté tous lesdeux qu’elle serait toujours présente quelque part dans notre esprit,qu’elle faisait partie de nous,mais nous ne la laisserions plus jamais semettreentraversdenotrerelation.

BrockneparlaitpasnonplusdeKristen,pasmêmequand j’essayaisdelelancersurlesujet.Jenepouvaispasm’enempêcher.J’étaiscurieusedelaraisonpourlaquelleilsétaientrestésensemblesilongtemps.Etdelaraisonpourlaquelleilss’étaientséparéspourdebon.

Brockétaitdouépouréviterlesujet.Jenecomprenaispaspourquoiilfaisaitça.Visiblement,ilyavaitquelquechosequ’ilnemedisaitpas.Celanemeplaisaitpas,maislafaçondontils’yprenaitpourmedéconcentrerétaittrèsagréable.

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Chaquejour,l’idéequenotrerelationn’allaitpasdurer,qu’ellen’étaitpas réelle, s’effaçait un peu plus de mon esprit. Mes doutesn’empoisonnaient plus les moments que nous passions ensemble et netransformaientplusmesrêvesencauchemars.Ilss’atténuaient.Toutefois,leursstigmates,eux,persistaient,commel’odeurâcred’unfeudeforêt.

Mesdoutesn’étaientplusaussiforts.Ilsavaientpratiquementdisparu.Maisilsétaienttoujourslà.

***

Le lundi soir,Brockm’aidaà installer etdécorermon sapindeNoëlartificiel.Onleplaçaprèsdelafenêtrequidonnaitsurleparking.

Cen’étaitpasunarbregigantesquenimêmetrèsfourni,maisilétaitparsemédefausseneigeetavaitmêmedesbranchesdehouxaccrochéesçàetlà.

—CommenttufaispourqueRhageneledétruisepas?medemandaBrockendémêlantuneguirlandelumineuse.

—Oh, je le laisse faire ce qu’il veut. (Rhage était assis et regardaitdéjà le sapinavecunéclatd’excitationdans lesyeux.)Parcontre, jenemetsaucuneboule,mêmepas enplastique.Çane servirait à rien.Ellesseraientparterreendeuxsecondes.

—Ilnes’attaquepasauxguirlandes?—Non.Ilsecontentedegrimperdansl’arbreetdes’asseoiraumilieu

enteregardantcommes’ilétaitungrandfélindanssajungle.Brockricanaetbranchalaguirlande.Jeluipassaiensuitecellequeje

tenais.Enl’observantdécorerlesapin,jenepusm’empêcherdesourire.On

l’avait faitdesdizainesdefoisengrandissant,maiscetarbre…c’était lenôtreetcesimplefaitavaitquelquechosedemagique.

—Çam’étonneque tune l’aiespas installé avantThanksgiving,medit-ilenfaisantglisserlespetitesampoulessurl’unedesbrancheslesplusbasses.

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Jeris.—Jemesuisunpeucalmée,àceniveau-là.—Ilestencoretôt.—Pasdu tout, rétorquai-je en sortantdesguirlandes traditionnelles

deleurboîte.Onestendécembre.—Le12,mefit-ilremarquer.—Peuimporte.(Rhagesurveillaitlemoindredemesfaitsetgestes.Je

fis attention à ne pas agiter la guirlande devant lui.) Et toi ? Tu vasacheterunsapin?

Ilhaussauneépaule,puisattrapal’étoile.—Onn’ajamaisvraimentfaittoutça.—Avec…Kristen,tuveuxdire?Ilhochalatête.—OnacommencéàpasserNoëldanssafamilleaprès…—Aprèsladernièrefoisoùtuesvenuchezmesparents?C’étaitlesoiroùj’avaispétélesplombs.—Oui.(Ilrelevalatêteversmoi.)Jemesuisditqueceseraitmieux

ainsi.Jenevoulaispastegâcherlesfêtes.D’un côté, je me sentais coupable parce que Brock faisait partie de

notre famille. J’avais l’impression de lui avoir volé quelque chose.Maisd’unautrecôté,jeneregrettaisrien.Qu’est-cequeçarévélaitsurmoi?

— Tout ça pour dire qu’on n’a jamais vraiment pris la peine dedécorer,mêmequandonvivaitséparément.(Ilplaçafacilementl’étoileausommet, alors quemoi çam’aurait pris une heure et des tas d’insultesproféréesdetouslescôtés.)Jamais.Pasunefois.

—C’estvrai?C’est…jenesaismêmepasquoidire.Ilesquissaunsourireamusé.—Peuimporte,c’estdupassé.Demeurant un instant immobile, je me rendis compte qu’il avait

raison. Tandis que j’accrochais les guirlandes, je fis attention à ne pasécraserlaqueuedeRhage.

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—Jeparsmercredi.Jevaistemanquer?medemanda-t-ilenreculantpourmepermettredefaireletourdusapin.

—Peut-être,répondis-jeencachantl’extrémitédelaguirlandeversletronc.

Brockserendaitdansnos locauxdePhiladelphiepourrencontrerdenouvellesrecruesdemonpère.Ilétaitcensérevenirlesamediaprès-midi.Jemeredressaietfisunpasenarrièrepouradmirerlesapin.Notresapin.

—Ilestvraimentjoli.— J’ai trouvé quelque chose de plus joli, dit-il en passant un bras

autourdemataillepourm’attirercontresontorse.Etton«peut-être»mevexebeaucoup.

Jeposailesmainssursesbrasenriant.—Jenetesavaispassisusceptible.—Etsi.(Quandilbougea,jesentissalégèrebarbeeffleurermoncou.

J’émisunhoquetdesurprise.)Monegoabesoind’êtrecaressé.Enhardieparsaproximité,jepassaiunemainentrenousetfisglisser

mesdoigtslelongdesabraguette.— Il n’y aurait pas autre chose qui a besoin d’être caressé ? lui

demandai-je,lefeuauxjoues.Lerirerauqueetemplidedésirquimeréponditmefitfrissonner.—Tuconnaisdéjàlaréponseàcettequestion.—Ahoui?Jememordisleslèvresenlesentantdurcircontremamain.Ilpressaseshanchescontremoi.—Hmm…Réprimantunsourire,jem’écartaietmeretournaipourluifaireface.

La façondont ilme regardait, lamâchoire crispéeet les yeux tellementsombres qu’ils en étaient presque noirs,me faisait tourner la tête.Moncœursemitàmartelermapoitrine.Jefisundeuxièmepasenarrière.

—Ettucomptesalleroù,commeça?medemanda-t-il.Jehaussaiuneépaule.—Jemangeraisbienunepartdetarteàlacitrouillequiestaufrigo.

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Sansmequitterdesyeux,Brocksecoualentementlatête.—Jeveuxmondesserttoutdesuite.—Tuenveuxunepart,toiaussi?—Non,jelaveuxtoutentière.Ilbougeatellementvitequ’ilseretrouvadevantmoienunclind’œil

etavantquej’aiepucomprendrecequisepassait,ilsebaissaetpassaunbras sousmes jambes. Jemeretrouvai la têteenbas, retournée sur sonépaule.

Un rire incrédulem’échappa tandis qu’il se retournait et se dirigeaitvers la chambre, laissant derrière lui la douce lueur des guirlandes deNoël.

—Jeneparlaispasdecegenrededessert.—Tuessûre?(Samains’abattitsurmesfessesetjecriai.)Pourtant,

çaal’airdeteplaire.Ilavaitraison.Çameplaisaitbeaucoup.Les cheveuxdevant les yeux, j’avais à peine réussi à reprendremon

souffle lorsqu’ilme reposa par terre. Puis sesmains furent partout à lafois. Il me retira mon pull et mon legging en un temps record. Monsoutien-gorge disparut ensuite, bientôt suivi de ma culotte, et je meretrouvai nue devant lui. Le désir me submergea. J’avais l’impressiond’êtresoussoncontrôle,dansunétatsecond.Lachaleurquejeressentaisétait insupportable. Je le regardai attraper le col de son tee-shirt àmancheslongues,puisleretirer.

Soncorps…J’auraispuenbaver.Brock s’approcha de moi et glissa une jambe musclée entre les

miennes.Ilmepritensuitelesmainsetlesposasursontorse.Sesmusclespuissants,sesabdossaillantsm’émerveillaient.

Ilnem’embrassapas.Sa bouchedescendit plus bas et se referma sur la pointe de l’unde

messeins.Quandsalanguepassasurmontéton,toutepensées’envolade

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mon esprit. Je laissai ma tête retomber en arrière tandis que dessensationsexquisesparcouraientmesveines.

—C’est legenrededessertque j’aimeraismanger tous les soirs,medit-ild’unevoixrauqueet sexy toutenposantunemainsurmahanchepourm’inciteràbouger.

Les lèvres entrouvertes, je laissai échapper un gémissement lorsqu’ilmemordillalesein.Iln’avaitpasbesoindem’inciteràfairequoiquecesoit. J’ondulais déjà contre sa cuisse. Une tension se mit à grandir aucreux de mon ventre. Je me demandais si je pouvais jouir de cettemanière.C’étaittoutàfaitpossible.

Maisilnemelaissapasletempsdelesavoir.Avecunbrasautourdemataille,ilmesoulevaetmedéposasurlelit.Seslèvresétaientchaudescontremoncou.Jelesvoulaissurlesmiennes.Enfonçantmesdoigtsdanssescheveux,jeleforçaiàreleverlatêteversmoi.Lebaiserquis’ensuivitfut profond et enivrant. J’enroulai une jambe autour de sa taille etsoulevai le bassin pour me frotter contre lui. La sensation de son jeancontremoimerendaitdingue,maiscen’étaitpassuffisant.

— Je te veux enmoi,murmurai-je dans l’obscurité dema chambre,surpriseparmapropreaudace.Toutdesuite.

Brockgrognacontremeslèvres.—Unpeudepatience.—Non,gémis-je.Jesentisqu’ilsouriait.—Est-cequ’ilfautquejet’apprenneàêtrepatiente?Cettemenacesensuellemefitsourireàmontour.—Peut-être?Tout à coup, sans crier gare, il me saisit les poignets et les retint

ensembled’unemaincontremonventre.Puisildéposadesbaiserslelongdemoncorps,demaboucheàmesseinsjusqu’àmonnombril.

—Écartelesjambes,m’ordonna-t-il.Jeluiobéistandisquemesdoigtsserefermaientdésespérémentsurde

l’air.

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Lesoufflecourt, jeme laissaienvahirpar lessensationset j’attendis.J’attendissabouche.Sa langue.J’avaisdumalàresterenplace.Quandseslèvresm’effleurèrentenfinetqu’undoigts’enfonçaenmoi,jecriaideplaisir.Ilmecaressajusqu’àfrôlerlepointdenon-retour,maisjusteavantquejesombredansl’abîme,ils’arrêta.

—Brock,hoquetai-jeenouvrantsoudainlesyeux.Sans un mot, il se leva et retira son pantalon d’une main. Malgré

l’obscurité, je sentais l’intensité de son regard sur moi. L’envie de letoucherme démangeait,mais ilme tenait toujours lesmains. Quand ils’allongea au-dessus de moi, il eut un moment d’hésitation. Moi aussi.J’avais envie de lui comme ça, sans lamoindre barrière entre nous.Onavaitdéjàparlécontraception.Ilsavaitquejeprenaislapilule,maisnousutilisionstoujoursunpréservatif.

Pasaujourd’hui.Je sentais son érection dure et chaude contre moi. Il souleva mes

mainsetalla lesplacerau-dessusdematête.Danscetteposition, j’étaisobligée de me cambrer et de lui présenter mes seins. Il les embrassaaussitôtetjesentislecontactfroiddesamédaillecontremapeau.

—Oh,monDieu,murmurai-je.Quand il releva la tête, il caressa ma joue de sa main libre, puis

descendit jusqu’à ma poitrine. J’arrivais à peine à respirer tandis qu’ilcontinuaitsonexploration:monventre,meshanches…

—Jecroisqueçameplairaitbeaucoupdet’attacher.Qu’est-cequetuenpenses?

Jefrissonnai.—Jepense…queçameplairait,àmoiaussi.—Tuadoreraisça,bébé.Ilenroulasesdoigtsautourdesonsexeetjegémisenlesentantme

pénétrer.—Jeveuxtetoucher,luidis-je.—Jesais.

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Ilbougeaitlentement.C’étaitpresquedelatorture.Ilétaitgros,çamebrûlait,maisj’envoulaisplus.

—Merde, grogna Brock. (Son corps tremblait tant il cherchait à secontrôler.)C’estparfait.

Tout à coup, Brock donna un coup de hanches et mon hoquet deplaisirseperditdanssongrognementrauque.Ilmeremplissaittellementquec’enétaitpresquetrop,etquandilsemitàalleretvenirenmoi, jecrusquej’allaismourir.

J’avaisbesoindeletoucher,maisj’étaisincapabledemelibérer,alorsj’arrêtaidemedébattreetacceptailalégèredouleurdemespoignetspourme soumettre à cette sublime torture. Brock resta immobile un instant,avantde se retirer presque entièrement et de s’enfoncerdenouveau enmoi. À chacun de ses mouvements, j’avais l’impression qu’une tempêtegrandissaitunpeuplusaucreuxdemonventre.

Tandisquesonrythmes’accélérait,jesentisdelasueurperlersurmoncorpstoutentier.Ilposalamainsurmahanche.

—Enrouletesjambesautourdemataille.Iln’avaitpasbesoindeme lediredeux fois.Contre touteattente, il

s’enfonçaencoreplusprofondémentenmoi.—Tuvasmetuer.—Pasencore.Etilavaitraison.Carlasuitefutencoreplusdélicieuse.Brockrepritsesmouvementsdeva-et-vient,maisdetempsentemps,

il s’arrêtait et ondulait contre moi, touchant à chaque fois ce point, àl’intérieurdemoi. Je secouais la tête sansm’enapercevoir vraiment. Latensionenflaitdeplusenplusettoutàcoup,elleimplosa.Lajouissancesedéversaenmoietmedéroba lesouffleet lavoix.Jen’arrivaismêmeplusàprononcersonnom.J’avaisétépropulséedirectementauparadis.Ilmesuivitdetrèsprès,levisageenfouidansmoncou,tremblantdeplaisir.

La tempête mit un certain temps à passer. Brock releva la tête etm’embrassadanslecouavantdelibérermespoignets.

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—Maintenant,jemangeraisbienunepartdecettetarteàlacitrouille,medit-il.

Jesecouailatêteenriantetl’embrassai.—AvecdelacrèmeChantilly?Surpris,ilseredressasuruncoude.—TuasdelacrèmeChantilly?—Biensûr,murmurai-je.—Nebougesurtoutpas.Ilseretirademoietroulasurlelitpourselever.Ildisparutquelques

minutes.Àsonretour,ilportaitlatarteetlacrèmedanssesmains.LacrèmeChantillynetouchapasuneseulefoislatarte.Brockpassa lanuit àmeprouverqu’onpouvait s’en servir pourdes

chosesbienplusintéressantes.

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31

Letéléphonedemonbureausonnatrèstôtlemardimatin.Jevenaisde terminerde lire les titresdes journauxet jen’étaispas

encore prête à avoir l’esprit critique avant d’avoir terminéma premièretassedecafé.

Le numéro appartenait à l’académie de Philadelphie, il s’agissaitforcémentdemonpèreoudeBrock.

—Allô?—Salut,mapuce.(C’étaitmonpère.)Tuessurhaut-parleur.Brock

estavecmoi.—Jetemanque?C’étaitBrock.Le rougeaux joues, je levai les yeuxau ciel.Vivrenotre relationau

grand jour devantmes parentsme donnait envie de glousser comme sij’avaistreizeans.

—Pasparticulièrement,luirépondis-je.—Aïe,fit-ilenriant.Onverraçaàmonretour.J’écarquillai les yeux. Venait-il de sous-entendre ce que je pensais

devantmonpère?J’auraisvoulumecachersousmonbureau,maisj’étaiscomplètementtétanisée.Jepouvaispresquesentirsamainautourdemonpoignet,memaintenantenplacependantqu’il…

Seigneur.Jeposaimamainsurmonfrontetm’éclaircislavoix.Mieuxvalaitne

pasl’encourager.

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—Alors,quesepasse-t-il?—Onvoulaitt’annoncerlanouvelle,meditmonpère.Jemeredressaiaussitôtetmesyeuxseposèrentsurlepetitsapinde

Noël que j’avais installé le matin même. Je l’avais acheté la veille. Lesguirlandes lumineuses étaient incluses. J’avais simplement ajouté unminuteurpourqu’ellesrestentseulementalluméespendantlesheuresdebureau.

Laseulenouvellequej’attendaisconcernaitlestudiodedanse.—Unebonnenouvelle?demandai-je,pleined’espoir.Brockricana.—Sic’étaitunemauvaisenouvelle,tucroisquejeseraisici?L’espoirsetransformaenexcitation.—Tuacceptesnotreproposition?—J’acceptevotreproposition,réponditmonpère.Je sautai dema chaise etmemis à danser en cercle tout en criant,

sansbruit,danslecombiné.—Merci,réussis-jeàdireposément.Tuneleregretteraspas.—Tuesentraindedanser,pasvrai?medemandaBrockd’unevoix

moqueuse.Toutencontinuantdesautillerautourdemachaise,jeluidis:—Pasdutout!—Jen’aiqu’uneseulecondition,repritmonpère.Tesamiesdevront

signer un contrat stipulant qu’elles sont liées à nous pendant huit ans.Nousallons investirbeaucoupd’argentdansceprojet.Nousnepouvonspasnouspermettredeleslaisserpartirtroptôt.

— C’est compréhensible. (Je me rassis, mais je débordais toujoursautantdejoie.)Jesuiscertainequ’ellesaccepteront.

—Appelle-lesaujourd’huimême,ditmonpère.Siellessontd’accord,je ferai rédiger le contrat pour la semaine prochaine et tout sera régléavantNoël.

—D’accord.Merci,Papa.Mercidecroireenceprojet.

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—Cen’estpasauprojetquejefaisconfiance.C’estàtoi,dit-il.EtàBrock.Jecroisenvousdeux.

Une boule se forma dans ma gorge et une bouffée d’émotions àlaquellejen’étaispaspréparéemesubmergea.Leslarmesmemontèrentauxyeux.J’avaisattendutellementlongtempsqu’ilmedisequelquechosecommeça!Jeréussisàrépondredemanièreprofessionnelle,puisBrockmeparla.

— Tu n’es plus en haut-parleur. (Un moment passa.) Ça va ?Commenttutesens?

—Merveilleusementbien,admis-jed’unevoixunpeurauque.(Avectout ce que nous avions vécu ces dernières semaines, je n’eus aucunehonteàajouter:)Maisceseraitencoremieuxsituétaisici,avecmoi.

Lesilencemerépondit.—Jereviensleplusvitepossible.—Jesais.—Appelletesamies.Annonce-leurlabonnenouvelle.Cequejefis.Je réussis à joindre Teresa qui ajouta Avery à la conversation. Elles

crièrent de joie. L’excitation était telle que j’eus peur que Teresan’accoucheàl’autreboutdufil.

—Merci, dit Avery avec émotion. (Je crois qu’elle était en train depleurer.)Tunesaispascequeçareprésentepournous.Pourmoi.Tunepeuxpasimaginer.

Lesyeuxrecommencèrentàmebrûler.—Si, jecrois.Et jesuiscontentedepouvoirvousaideràréaliserce

rêve.Bon.Vousêtesd’accordpourcecontratdehuitans?—Biensûr,réponditaussitôtTeresa.—Oui,acquiesçaAvery.— C’est ce que je pensais. Je passe le message.Normalement, les

contratsserontprêts lasemaineprochaine, leurexpliquai-je.Ensuite,onpourracommencerlestravaux.

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Après une telle annonce, raccrocher s’avéra compliqué. Ellesn’arrêtaientpasdemeremercier,etmoi,gênée,jebégayais.Onsedonnarendez-vous le dimanche suivant pour un petit déjeuner… si Teresan’avaitpasencoreaccouché.Etellesmepromirentdenepasm’étoufferenmeprenantdansleursbras.

Ce jour-là, rien ne put m’ôter mon sourire. Rien. J’aidais deuxpersonnesquim’étaientchèresàréaliserleursrêves.Etmonpèrecroyaitenmoi.

***

Le vendredi, après la pause déjeuner, Paul entra dans mon bureauavecplusieursfeuillesdepapieràlamain.

Sansfrapper.Nis’annoncer.Ilsecontentad’entreretdedéclarer:—TupeuxfairesuivreçaàBrockleplusvitepossible?Etiljetalesdocumentssurmonbureau.Hébétée,jebaissailatêteverscequ’ilvenaitdem’apporteravectant

d’irrévérence. J’étais sur le point de rétorquer que, même si je voyaisBrock entre-temps, il ne regarderait pas ces documents avant le lundisuivant…quandundétailmesautaauxyeux.

J’attrapailesfeuillesdepapieretlesparcourusrapidement.—Qu’est-ce que c’est ? demandai-je. (Paul repartait déjà. Je dus le

rappeler.Lorsqu’ilrevintversmoi,ilavaitl’airagacé.)Qu’est-cequec’est,cebusinessplanetcesestimations?

—D’aprèsvous?Jen’avaispasl’habitudedeperdremonsang-froid,pourtantPaulavait

tendanceàmefairesortirdemesgonds.—Celaressembleàunprojetd’aménagementpourlesespacesCetD.—Exactement,répondit-ilencroisantlesbras.Jepenchailatêtesurlecôté.

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—Vousavezconsciencequej’aidéjàsoumisunprojetàladirection?—Cetrucdedanse?Onsaittouslesdeuxqueçaneseferajamais.Puisilrit.Ilrit.J’essayaidecompterjusqu’àdix,maisn’arrivaiqu’àdeux.—Celan’apasencoreétéannoncé,maisce«trucdedanse»,comme

vousl’appelez,verralejourdanslesespacesCetD.Alors…(Jesoulevailesfeuillesdepapieragrafées.)Vousdevreztrouverunautreendroitpourfairevossmoothies.

Ilclignalesyeux,commes’ilnecroyaitpascequ’ilentendait.—Quoi?—J’aireçul’approbationdeladirection.Lecontratseralàlundi.—J’aibesoindecessalles.—Je suis désolée, lui dis-je en reposant le dossier surmonbureau.

Cessallessontdéjàpromisesàquelqu’un.Onpeutpeut-être…— Il me faut au moins l’espace D. C’est le seul qui peut être

transformé en cuisine à cause de sa disposition et du réseau électrique,rétorqua-t-il,toutempourpré.

Jesecouailatête.Àcestade,jenesavaisplusquoiluirépondre.—C’est vraimentn’importe quoi ! s’exclama-t-il. (Je sursautai avant

degrimacer. Il laissaalorséchapperunriremoqueur.)Jenesaismêmepas pourquoi je suis surpris. Évidemment que vous avez réussi à fairepasserceprojetdedansemerdique!

AumomentoùPaulseretourna,quelquechoseseréveillaenmoi.Jemeredressaietcarrailesépaulescommesionavaitverséducimentdansmacolonnevertébrale.

Jeneméritaispasça.Nilafaçondontilmeparlait.Nilafaçondontilmeregardait.Ilavait

tous les droits de ne pas m’apprécier, mais il devait me respecter.Respecter ma position d’autorité. Que m’étais-je promis ? De ne plustoléreruntelcomportementdesapart.Jen’avaisplusdix-neufans.Jene

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laissais plus les gensmemarcher sur les pieds. Jen’étais plus celle queStephavaitdûsauverdesgriffesd’unobsédé.

J’avaischangé.Jen’avaispassurvécuàuneballedanslatêtepourlaisserunconnard

pareilmeparlerainsi.—Paul?lerappelai-je.Ils’arrêtaetsetournaversmoi,l’agacementécritsurlevisage.—Quoi?Mes cheveux se dressèrent sur ma nuque. Voilà. C’était ce ton qui

s’insinuaitsousmapeauetmedonnaitenvied’exploser.—Fermezlaporteetvenezvousasseoir.Unéclatdecolères’allumadanssesyeux.—Moncoursvacommencer.— Fermez la porte et venez vous asseoir, répétai-je, refusant de lui

laisserl’opportunitédes’échapper.Votrecoursdevraattendre.Paul hésita un instant avant de se tourner. Tandis qu’il fermait la

porte, je vis ses lèvres bouger comme s’ilmarmonnait quelque chose. Ilprit son tempspour s’approcherde la chaiseet s’asseoir,puism’adressaunregardprovocateur.

— Comme vous l’avez sans doute compris, je souffre de surditépartielle. Je n’entends pas demon oreille droite. Quand on perd de sacapacité d’audition, on se retrouve obligé d’examiner attentivement lesgensquiparlent.Poursuivrelaconversation,ilfautobserverleurslèvresetlireleurlangagecorporel.

Mesproposavaientl’airdel’ennuyerplusqu’autrechose.Jeplaquaimesmainsl’unecontrel’autreetlesposaisurlatable.—Cequejeveuxdire,c’estquejen’aipasbesoind’entendrelesmots

que vous marmonnez ou que vous prononcez trop bas exprès, pourcomprendrequevousnemerespectezpas.

Sesyeuxs’agrandirentsouslecoupdelasurprise.—Pardon?

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—Vousmeparlezcommesivousn’aviezpascomprisquej’étaisvotrechef.

Leslèvrespincées,ileutl’airmalàl’aise.—Monchef,c’estBrock.—Ouietnon.C’estvotrechefetjelesuisaussi,répondis-jed’unevoix

posée.Enparticulier lorsqu’il est absent.Vousn’avezpasàm’apprécier.Enrevanche,vousêtestenudemerespecter.

Unelégèreteinteroseapparutsursesjoues.—Jenesaispasoùvousêtesalléechercherquejenevousrespectais

pas.Vousexagérezlégèrementlasituation.Il allait voir si j’exagérais !Ma tête était à deuxdoigts de faire une

rotationàtroiscentsoixantedegrés.—N’essayezpasdenoyerlepoisson,Paul.Unepartiedemoisedemandaits’ilcomprenaitoùjevoulaisenvenir.

Il inspirabruyamment, gonflant sesnarines.Quelques secondes tenduess’écoulèrent.

—Lerespect,çasemérite.Jem’efforçaidedemeurerimpassible.—Etpourquoinemériterais-jepasvotrerespect?— Cette entreprise appartient à votre père, rétorqua-t-il. Et vous

couchezaveclemanager.C’estàsedemandercommentvousavezobtenuvotreplace!

Non.Cen’étaitpaspossible.Iln’avaitpasditça.Une colère fulgurante m’envahit. Ma première réaction fut de le

renvoyersur-le-champ,sanspasserparquatrechemins,parcequemêmesijedevaisenréféreràBrock,jesavaisqu’ilmesoutiendraitàcentpourcent.

Maislevirerétaittropfacile.—Laissez-moivousexpliquerlasituation,Paul.Jesuisnéeetj’aiété

élevéeauseindelaLimaAcademy.Jeconnaisbienmieuxcetteentreprisequevous.Parcequepourmoicen’estpasuntravail,c’estmonhéritage.

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Lesangquicouledansmesveinesafondécetempire.Sivousnevoyiezaucuninconvénientàcequemononcletravailleici,vousnedevriezpasenavoiravecmoi,déclarai-je,survoltée.Jen’aipasàdiscuteravecvousde votre deuxième commentaire,mais je vais le faire.Oui. Je sors avecBrock.Alorsvousdevriezpeut-êtreréfléchiràdeuxfoislaprochainefoisquevousviendrezmeparler.

ToutecouleurdésertalevisagedePaul.—Brocknelaissepasnotrerelationavoirlemoindreimpactsurnotre

travailet jesuiscertainequeni luinimonpèren’apprécierontcegenred’insinuation. Moi non plus. C’est la dernière fois que j’aborde le sujetavec vous, l’avertis-je en relevant le menton. Nous pouvons travaillerensembleetfairedelaLimaAcademyuncentred’entraînementinnovanten incluantcette incroyableopportunitéqui feragrandir lerêvedemonpère. Ou vous pouvez trouver un autre travail. C’est votre choix. Nem’obligezpasàprendreladécisionàvotreplace.

Paulrestasilencieux.—Ceseratout.Ildemeuraassisuninstantavantdehocherbrièvementlatête.Jele

regardaiselever,puissortirdemonbureaud’unpasraidesansrefermerlaporte.

Unefoisqu’ileutdisparu,jem’esclaffai.C’étaitunrireunpeunerveuxcarjen’arrivaispasàcroirecequejevenaisdefaire.

Jem’étaisdéfendue,moietmesdécisions,etjel’avaisfaitavecverveetclasse.J’avaisenviedemedonnerunetapedansledos.

Non.Encoremieux.J’allaismerécompenseravecdesfritesaufromagepourledîner.Lesourireauxlèvres,jereportaimonattentionsurmonordinateuret

recommençaiàtravailler.Jemesentais…jenesaispas.Plusforte?Sûredemoi.Unevraieboss.C’étaitsansdoutecequeressentaitStephtoutelajournéeetc’étaitgénial.

Mabonnehumeurnemequittapaspendantdesheures. J’avaisdestonnesd’e-mailsauxquelsjedevaisrépondre.Ilétaitpresque16heureset

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les guirlandes de mon sapin brillaient dans la lumière déclinante del’après-midi. J’étais prête àme lever pour aller dévaliser le distributeurquanduncouprésonnasurmaporte.

Lorsquejerelevailatête,monsoufflesebloquadansmagorge.KristenMorgan se tenait devantmon bureau. Je clignai les yeux en

pensant que j’avais des hallucinations,mais c’était bien elle. Vêtue d’unjean bleu foncé et d’un pull à col roulé qui épousait sa poitrine, ellesemblaitsortirtoutdroitd’uncataloguedemode.

S’était-elletrompéedebureau?Etdanscecas-là,pourquoivenait-ellevoirBrock?—Je sais que tudois être surprise,mais j’espérais que tu auraisun

peude temps àm’accorder,medit-elle enposant unemainmanucuréesurlapoignéedelaporte.J’aimeraisvraimentteparler.

—Àquelpropos?Jen’arrivaispasàycroire.Elleentra,puisrefermalaportederrièreelle.—ÀproposdeBrock.Tuméritesdeconnaîtrelavérité.

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—Lavérité?répétai-je.Jen’avaispaslamoindreidéedecedontelleparlait.Kristendésignalachaise.—Jepeux?Elleétaittroppoliepourêtrehonnête.Quandjehochailatête,elles’assitetposasonsacparterre.Aumême

moment,jesortisdemonétatdechoc.—Attends une seconde. (Je posai lesmains surmon bureau. Cette

visitenemedisaitrienquivaille.)Qu’est-cequetufais ici?Onnes’estjamais vraimentparlé et tout à coup, tudébarques icipourm’avouer lavéritésurquelquechose?

—Tu as tous les droits de douter demabonne foi. (Elle croisa sesjambesd’unelongueurincroyable.)Sic’étaittoiquiétaisvenuemevoir,j’auraisréagidelamêmefaçon.(Sonsouriren’atteignaitpassesyeux.)JesaisqueBrockn’estpasici.C’estpourçaquejesuisvenueaujourd’hui.

Unfrissonmeparcourut.—Commentlesais-tu?—Jesuisrestéedesannéesaveclui.Onétaitfiancésetonadesamis

communs qui travaillent pour ton père,m’expliqua-t-elle.Quelqu’unmel’aapprisaudétourd’uneconversation.

Au détour d’une conversation, mon cul. Je n’aimais pas l’idée quequelqu’un surveille les faits et gestes de Brock pour faire un rapport àKristen. Mon instinct me disait que je devais couper court à cette

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conversation avant qu’elle me révèle la moindre « vérité ». Je neconnaissaispastrèsbienKristen.Brocknem’avaitjamaisrienditdemalàsonsujet,maisjedoutaisquesavisitesoitaltruiste.

—Jesuistrèsoccupéeaujourd’hui,commençai-je.Jen’aipasletempsde…

—Brockt’aditquej’aiétéenceinte?mecoupa-t-elle.Jemefigeai.Jen’arrivaisplusàparlernimêmeàrespirer.Ilmefallut

plusieursinstantspourarticulerun:—Quoi?—Visiblement non.Ça nem’étonne pas. (Elle pencha la tête sur le

côté. Ses cheveux blond clair tombèrent sur son épaule.) Pour toi nonplus,cenedoitpasêtreunesurprise.Tuleconnaisdepuissonenfance.Tusaisqu’ilneparlepasbeaucoup.

Brockparlaitbeaucoup.Avecmoi,dumoins.J’avais l’impressionquelapiècetournaitautourdemoi.

—Tuestombéeenceinte?Ellebaissalesyeuxavantdehocherlatête.— Au début de notre relation. Ça faisait un peu plus de deux ans

qu’onétaitensemble. Jeprenais lapilule,mais je l’oubliaisde tempsentemps.(Elleritdoucement.)Jen’étaispastrèsresponsableàl’époqueet…puisquetuesavecBrock,tusaiscommentilest.Ilaimebaiser.

Monestomac senouaet jedusme faireviolencepour repousser lesimagesquimevenaientàl’esprit.

—Lagrossesse…ellen’apaspris,continua-t-elleavantquej’aieeuletempsderépondre.Çam’afaitbeaucoupdemal.Jen’avaispascherchéàtomber enceinte, mais quand j’ai appris que je l’étais, j’étais contente.Brockaussi.Jevoulaiscetenfant.JevoulaisêtreavecBrock.Jel’aimais.Alors,quandj’aiperdulebébé,j’aisombrédansladépression.

Je ne savais pas comment réagir. Brock ne m’avait jamais dit queKristenétaittombéeenceinte,alorsquecelameparaissaitimportant.Enmêmetemps,BrocknemeparlaitjamaisdeKristen.

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—Troismoisplustard,Brockmedemandaitenmariage,dit-elle.Etcommetulesais,j’aiditoui.

Jemeredressai.—Je…Jesuisdésoléepourlebébé.Jen’étaispasaucourant.Maisje

necomprendspaspourquoitumeracontestoutça.NipourquoiBrocknes’étaitpasconfiéàmoiàcesujet.— Je t’en parle parce que je sais pourquoi Brockm’a demandée en

mariage. J’avais réussi à me convaincre que je me faisais des idées,pourtant… (Elle me regarda dans les yeux. Les siens étaient un peubrillants, comme si elle se retenait de pleurer.) Je voulais croire qu’ilvoulaitm’épouser parce qu’ilm’aimait,mais ce n’était pas le cas. Brockm’a demandée en mariage parce qu’il culpabilisait. Il se sentaitresponsabledemafaussecouche.

—Comment…commentça?— On traversait une mauvaise passe à cette époque. Il voyageait

beaucoupetmelaissaitseule.J’étaisstressée.Onsedisputaitsanscesse.Cen’étaitpassafaute,maisils’envoulait,medit-elleavecunesincéritédésarmante. C’est pour cette raison qu’il m’a demandé de l’épouser. Ilvoulaitme rendremon sourire.Et il a réussipendantun certain temps,maisj’aitrèsvitecomprisqu’ilavaitfaitçaparcequ’ilsesentaitcoupable.Pasparcequ’ilm’aimait.C’estsafaçondefaire.

Unnouveaufrissonglacialmeparcourut.— Brock se sentait coupable par rapport à moi, mais à côté de la

culpabilitéqu’ilressentaitàtonsujet,cen’étaitriendutout.(Ellebaissalesyeuxetsesépaulessecrispèrent.)J’étaisprésente,cesoir-là.Jesavaisqui tuétaisquandtuasparléàBrocket j’aibienvuqu’ilcomptaitpourtoi, mais Brock, lui, remarquait à peine ta présence. (Elle secoualentementlatête.)Quandtuespartie,ilestrestéavecmoi.J’aieudelapeinepourtoi.

Super. C’était gentil de sa part. Je serrai les poings. Mes ongless’enfoncèrentdansmapaume.

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— J’étais avec lui lorsqu’un homme s’est précipité à l’intérieur duMona’sencriantqu’onavaittirésurquelqu’un.Onn’estpassortistoutdesuite,maissesamisColtonetReece,oui.Ilsontcouruvoircequis’étaitpassé.Jenemesouvienspasdumomentoùl’onaapprisquec’étaittoi.Puis il t’avueparterre.Brièvement.L’undesflics l’aobligéàs’éloigner.Mais je n’oublierai jamais son expression à cemoment-là, dit-elle d’unevoixquiparaissait lointaine.Delamêmefaçonqu’ilsetientresponsabledemafaussecouche,ilsesentresponsabledetonagression.

—Cen’étaitpassafaute,luirappelai-je.—Jelesais.Toiaussi.Maispersonne,nimoinitoi,nepourrachanger

safaçondevoirleschoses.Surtoutaprèscequis’estpasséàNoëlquandilm’ademandédel’accompagnerchezvous.Pourinfo,jen’avaispasenviedevenir.Jenevoulaispasnonplusqu’ilyailleparcequejesavaisqueçaallaitmalsepasserentrevous.

Moncœurseserradouloureusement.—Kristen,je…—Toutau longdenotrerelation,saculpabilitén’acessédecroître.

C’était une plaie ouverte qui saignait dans tous les aspects de notre viecommune,m’interrompit-elle.(Despetitspicsdedouleuréclatèrentdansmespaumes.)Pendantsixans,iln’afaitqueparlerdetoi.

Sesjouesétaientrouges.—Ilcontinuaitdevoirtafamilleetjesavaisqu’ilparlaitdetoiavecta

mère.Jelesaientendusplusieursfois,maisjeneluiaijamaisriendit.Jemedisaisques’ilprenaitconsciencequetuallaisbien,ilfiniraitparpasserà autre chose et par se concentrer sur notre relation et notre futur. Çan’est jamais arrivé. Il n’a jamais arrêté de parler de toi. (Elle laissaéchapper un rire amer.)D’après toi, qu’est-ce que je ressentais ?C’étaitencorepireques’ilavaitétéamoureuxdequelqu’und’autre.

Incapabledeparler,jeposaileboutdemesdoigtscontremeslèvres.— En fait, j’aurais préféré qu’il soit amoureux de toi. Au moins, je

l’aurais perdupour quelqu’unqu’il aimait. Pas aunomde sa culpabilitétordue, dit-elle, les lèvres pincées. Je lui ai demandé, juste avant qu’on

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brise nos fiançailles, ce qu’il en était, s’il avait aimé une autre femmependantsixans.

La pièce tournoyait. Je ne voulais pas entendre ce qu’elle allait medire. Pourtant, je ne l’arrêtai pas. La femme qui avait su se défendredevantPaulavaitdisparu.J’étaisfigéesurmachaise,incapabledestopperlecarnage.

— Il m’a dit que ce n’était pas le cas. Du moins, pas comme jel’imaginais,poursuivit-elle.

Je relevai les yeux vers elle. Je comprenais où elle voulait en venir.Paslapeinedelireentreleslignes.Ellevenaitdem’annoncerqueBrockne m’aimait pas. La vérité, c’était qu’elle avait peut-être raison. Nousn’avionspasencoreprononcécesmots.Savoirs’ilm’aimaitounondelafaçondontjel’avaistoujoursrêvéétaitunechosequejedevaisdécouvrirparmoi-mêmedelabouchedeBrock.PasdecelledeKristen.

Maisilétaittroptard.— Lorsqu’il a décidé de prendre sa retraite et a parlé d’accepter ce

posteici,j’aisuqu’ilchercheraitunmoyendeteparler,defaireamendehonorable et d’apaiser son sentiment de culpabilité. J’en ai eu assez.(Cette fois, de la colère s’échappait de sa voix.) Je lui ai dit que je nevoulais pas qu’il vienne ici, parce qu’il ne le faisait pas pour devenirmanager.Ilessayaitseulementdeserapprocherdetoi.Jeluiaidemandédechoisiretilt’achoisie,toietsaculpabilité.C’estlaraisonpourlaquellenousnoussommesséparés.

— D’accord… soufflai-je. Je ne sais pas trop quoi te dire. Je suisdésoléedelafaçondontvotrerelations’estterminée…

—Tucroisque j’invente toutça? Ilne t’a jamaisditqu’il sesentaitcoupable?

Si.Ellerelevalementon.—Ilt’aditquejel’aicontactédestonnesdefoisdepuisqu’ilestarrivé

ici?—Quoi?

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Jemecrispai.Kristensepenchaenavant.— Je voulais le récupérer. Je n’ai pas honte de l’admettre.On en a

parlé.Leweek-endoùilestrentrépour…— Conclure la vente de la maison ? (Mon ventre se noua. À son

retour, Brockn’avait pas eu l’air d’avoir dormidepuis des jours. Kristenl’avaitsuivi.Pasuneseulefoisilnem’avaitditqu’elleavaitessayédeseremettreavecluiniqu’ellelecontactaittoujours.)Vousétiezensemble,àcemoment-là?

Ellesemorditleslèvres.—J’aimeraispouvoirterépondrequeouicarsitul’éjectaisdetavie

unebonne foispour toutes, il recommenceraitpeut-êtreàvivre,mais jene vais pas tementir. J’ai essayé. (Elle rit encore.Ce simple sonme fitatrocement souffrir.)Maisnon. Ilne s’est rienpassé.Et crois-moi, j’y aimisdumien.

J’avaisenviede la frapper.Pourdevrai.Peu importaitqueBrocketmoi ne fussions pas ensemble à cemoment-là. Cette femme savait quej’étaisencoupleavecBrocketpourtantellesevantaitd’avoiressayédeleséduire.

—Pardon?luidis-je.Non,maistut’entends?—Crois-moi.Jesaistrèsbiencequejedis.—Alorspourquoies-tuvenueici? luidemandai-je.Qu’est-cequetu

veux?—Cequejeveux,c’esttefaireunefaveur.J’essaiedet’empêcherde

commettrelamêmeerreurquemoietdetecouvrirderidiculecommejel’aifait.

Jehaussailessourcils.—Ahoui?Etjesuiscenséetecroire?Tuesentraindemedireque

tuesamoureusedemonpetitamietjesuiscenséecroirequetuveuxmefaireunefaveur?

—Jene suisplusamoureusede lui. J’ai retenu la leçon, rétorqua-t-elle, les larmes aux yeux. Et oui, je te fais une faveur, parce que si tu

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l’aimes toujoursautantaprès toutescesannées, tuasdéjà suffisammentperdudetemps.Ilnerestepasavectoiparcequ’ilt’aime.Ilresteavectoiparcequ’ilestpersuadéd’avoirgâchétavie.

Jelaregardaisansriendire.—Quandilaapprisquetuavaisabandonné la fac, il s’esteffondré.

Quandonluiaditquetusortaisavecungarçonmaisquetesparentsnel’avaient jamais rencontré, ça l’a perturbé. Quand tu es redevenuecélibataireetquetuasemménagéseule,ilnel’apassupporté.Toutcequinevapasdanstaviedepuiscejour-là,ilenprendlaresponsabilité.

Oh,monDieu.—Tu dois penser que je suis folle. Tu neme crois sans doute pas,

mais il irait jusqu’auboutdumondepour toi,dit-elle en ramassant sonsac.Seulement,ceneserajamaispourlesbonnesraisons.

Mesmainssemirentàtrembler.—Jecroisqu’ilesttempsquetupartes.Kristensecoualatêtecommesij’étaisentrainderefuserunmillionde

dollars.— Pose-toi la question. Pourquoi maintenant ? Pourquoi est-il avec

toi?S’ilt’aimaitréellement,pourquoia-t-ilattendusixans?Il pouvait y avoir desmilliers d’explications. Toutes étaient valides.

Mais jesavaisqueBrocksesentaitcoupableparrapportàcequim’étaitarrivé.Toutlemondelesavait.

—Etenplusdetoutça,ilsesentredevableenverstonpère.C’estunedouble peine pour lui. Se mettre en couple avec toi, c’est se racheterauprèsdetoietdetonpère.

Jegrimaçai.Cetteidéem’avaittraversél’esprit.Plusd’unefois.J’avaisl’impressionqu’ellefaisaitressortirmespenséeslesplussombres.

Kristenseleva.—Ne fais pas lamême erreur quemoi.Ne passe pas des années à

essayer de te convaincre qu’il reste avec toi pour les bonnes raisons.(Avantdepartir,elleregardaunedernièrefoisenarrière.)Bonnechance,Jillian.

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Jerestaiassise là longtempsaprèssondépart, incapabled’oubliercequ’elle m’avait dit, incapable d’en rire ou de passer outre parce que…c’étaitpossible.

C’étaitbientropprochedelavérité.

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Hierestcendres;demainestbois.Aujourd’huiseulementbrûlelefeu.

Ancienproverbeeskimo

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33

Jen’avaispaspleuré.Jen’avaismêmepasperdumonsang-froid.Jen’avaispasnonplusappeléBrock.Àlafindelajournée,j’étaisrentréechezmoisansm’acheterlesfrites

aufromagedontj’avaisrêvéplustôt.Unefoisàlamaison,j’étaisalléemeréfugierdanslachambred’amis,

oùjepassaisenrevuetousleslivresmerveilleuxquej’avaisramenés.Jen’arrêtaispasderepenseràcequem’avaitditKristen.Jamaisjene

me serais attendue à sa visite. Elle avait eu un sacré culot de venirmefairelamorale.Pourtant,jenepouvaism’empêcherdemeretrouverdanssonrécit.

Depuisledébut,jecraignaisqueBrocknesoitrevenudansmavieetnesorteavecmoiseulementparcequ’ilressentaituneformed’obligationenvers moi. Et cette idée était plus douloureuse que n’importe quelleblessurephysique.

La peur m’oppressait la poitrine, comme si un gorille s’était assisdessus. La peur m’ôtait mon appétit et m’empêchait d’apprécier lesvictoiresdecesderniersjours.

Jedétestaiscesentiment.Unepartiedemoiauraitvouluoublier lediscoursdeKristen.C’était

cequel’ancienneJillianauraitfait,cellequin’avaitpasencorelefeuquibrûlaitenelle.

L’ancienneJillianauraitfermélesyeux.

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Parceque c’était plus facile, plus sûr quede faire face à ladouleur.Maisjesavaisquemoi,j’enétaisincapable.L’idées’étaitfrayéuncheminjusqu’àmonespritetelleyresteraitquoiqu’ilarrive.Ellehanterait tousmesgestes,touslesmotsquifranchiraientleslèvresdeBrock.

Tendantlamainversleslivres,jecaressaidoucementleurstranches,puism’écartaidenouveau.

Non,jen’étaispluscettefille.Laconversationquej’avaiseueavecKristennourrissaitlesdoutesque

j’avais essayé d’enfouir en moi ces dernières semaines. À présent, ilsremontaientàlasurfaceetécorchaientmoncorpsetmonâme.

Jenepouvaispasfairesemblantquecetteconversationn’avaitpaseulieu. Jenepouvaispas la fairedisparaître en claquantdesdoigts.CettepeurétaitprésenteenmoibienavantqueKristenpassemaporte.Ilfallaitque je parle à Brock. Je ne savais tout simplement pas s’il réussiraitàeffacermesdoutes,carjecraignaisbienqueçanedépendepasquedelui.

Cela venait aussi demoi : demonmanqued’amour-propre, demespeurs.

Et si le problème venait seulement de moi, j’ignorais comment lerésoudre.

***

Une main glissa de mon bras nu à mes hanches et baissa lescouverturesjusqu’àmesjambes.Unepaumerugueuseeffleuramacuisse,mefaisantfrissonner.

—Bébé,murmuraunevoixrauque.Sonsoufflefitvoleterlescheveuxsurmestempes.Ensentantuntorsechaudpressécontremondos, j’ouvris lentement

lesyeux.Décontenancée,jetournailatêtesurlecôté.—Brock?Ilm’embrassaaucoindeslèvres.

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—Tudisçacommesitunesavaispasquec’étaitmoi.(Lasensationdesabarbecontremanuquemefithoqueterdeplaisir.)Ilyabeaucoupd’hommesquiterejoignentdanstonlità1heuredumatin?

Toujours àmoitié endormie, je souris pour plaisanter, pour lui direqueoui,maistandisquejemeréveillaisréellement,lesévénementsdelajournéemerevinrentpeuàpeuentête.

Je m’écartai et tendis la main vers la table de chevet. Une lumièredouce inonda la chambre.Que faisait-il ici ? Il n’était pas censé rentreravantlesamediaprès-midi.

—Oùtuvas?medemanda-t-ilenpassantunbrasautourdemataillepourmerameneràlui.

Avantquej’aieeuletempsderépondre,seslèvresseposèrentsurlesmiennes.Mon corps répondit de lui-même.Ma bouche s’ouvrit et il enprofitapourapprofondirlebaiser.Quandils’allongeasurmoi,jelesentisà travers son jean, contremoi. Il ondula des hanches et des sensationsexquisesmecoupèrentlesouffle.Enl’espacedequelquessecondes,jemeretrouvaifollededésir.Parsonfaitouparlemien,jel’ignorais.

—Tesgémissementsm’ontmanqué,murmura-t-ilcontremes lèvres.J’aiconduitcommeunfoupourterejoindre,pourlesentendre.

J’étais à deux doigts de tout oublier pourme laisser envahir par lapassion.Sijenemettaispasunfreinàsesavances,jesavaiscommentçaallaitseterminer,etmêmesi jemouraisd’enviedelesentircontremoi,enmoi,nousdevionsdiscuter.

Faisantappelàtoutmonself-control,jeposailesmainssursontorse.—Brock…—Oh,bonsang…Ilrouladubassinencoreunefoistandisquesamains’insinuaitsousle

tee-shirtlargequejeportais.Lorsquesesdoigtseffleurèrentmesseins,ilpressasonfrontcontrelemien.

—Çaaussi,çam’avaitmanqué.Monnomsurteslèvres.Mon corps tout entier s’embrasa. Décidément, il savait comment

détournermonattention,maisjeparvinsàlerepousserencoreunefois.

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—Ilfautqu’onparle.—Onpeutparler.(Saboucheeffleuramajouedroite,puisilattrapa

le lobe demon oreille entre ses dents.) Tout en faisant autre chose enmêmetemps.

—Non.Ilrit.—Jepeuxfaireplusieurschosesàlafois,tusais,Jilly?—Moinon.Pascommeça,admis-je.Moncœurbattaitdéjàbeaucouptropfort.Samainremontasurmonseinetilpinçamontéton.—Cen’estpasmonproblème.J’auraisvoulurire,maissijem’yautorisais,jesavaisquej’allaiscéder.

Jem’accrochaiaupullqu’ilportait.—Kristenestpasséeaubureau,aujourd’hui.Ces mots semblèrent lui faire l’effet d’une douche froide. Ses

mouvements s’arrêtèrent d’un seul coup. Quand il releva la tête, il medévisageadesesyeuxsombres.

—Pardon?—Kristenestvenueàl’académiepourmeparler.—Àquelpropos?Son étonnement paraissait tellement sincère qu’il était clair qu’il

n’avait aucune idée des détails intimes qu’elle avait partagés avecmoi.Peut-êtrequecertainesrévélationsn’étaientpasvraies.

Jeleregardaidanslesyeux.—Detasdechoses.Il fronça les sourcils et s’allongea sur le côté, appuyé sur un coude.

Toutefois,ilgardalamainsurmonventre.—Pourquoiest-cequej’ailesentimentqueçanevapasmeplaire?Lesdernièresbribesdedésirs’envolèrent.—Bonnequestion.— J’imagine qu’elle n’est pas venue te vendre des cartes de Noël,

répliqua-t-ilensouriant.

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—Çan’apasl’airdeteperturber.—Pourquoiest-cequeçameperturberait?demanda-t-ilenretirantla

maindesousmontee-shirt.Jenesuispascontentqu’ellet’aitapprochée,c’esttout.Ellen’arienàfaireici.

Je l’examinaipouressayerdedécryptersesvéritablessentimentssurlaquestion.

—Tu…Tuneparlesjamaisd’elle.—Queveux-tuquejetedise?Onétaitensembleetmaintenant,on

nel’estplus.— Votre relation a duré des années, lui fis-je remarquer, un peu

hébétée. Vous avez été fiancés. Ce n’est pas comme si vous vous étiezséparésauboutdedeuxmois.

Ilrestasilencieuxuninstant.—Qu’est-cequ’ellet’adit?—Destasdechoses.Jemeredressaipourm’asseoir.Samainglissa,maisilgardasonbras

autourdemataille.Entournantlatêteverslaporte,j’aperçusRhagequirôdaitdanslecouloir,attendantdesavoirs’ilpouvaitentrer.

Brocks’impatientait.—Maisencore?Jereportaimonattentionsurlui.— Pourquoi est-ce que tu nem’as pas dit que Kristen était tombée

enceinte?—Ellet’aparlédeça?(Sontontrahissaitsasurprise.)Qu’est-cequi

luiapris?—Alors,c’estvrai?—Merde.(Brocksepassalamaindanslescheveux.)Oui,c’estvrai.

Elleesttombéeenceinteilyaquelquesannées,puiselleafaitunefaussecouche. Je ne t’en ai jamais parlé parce que je n’aime pas y penser. (Ilmarqua une petite pause.) Et puis je n’avais pas l’impression que ça teferaitplaisirdel’entendre.

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Mon ventre se serra. Tout un tas de sentiments contradictoiresm’envahissaient. Je repoussai mes cheveux en arrière. Je ne savais pasquoi en penser. Bien sûr, j’étais soulagée qu’il se montre honnête avecmoi,etmêmesij’étaisblesséequ’ilnem’enaitpasparlédelui-même,jecomprenaissesraisons.Maismajalousierefusaitdeserendre.

J’étais jalouse parce qu’il avait mis une autre femme enceinte desannéesauparavant.Etj’avaisconscienceduridiculedelasituation.J’étaispathétique.

—Çaadûtefairemal…qu’elleperdelebébé.Brockselaissatombersurledosetsepassalesmainssurlevisage.—Çanousafaitmalàtouslesdeux,Jillian.—Jesuisdésolée,luidis-je.— Tu n’as pas à t’excuser. (Son torse se souleva violemment.) Je

n’étaispasprêtàêtrepapa.Jen’yavaisjamaispenséavantqu’elletombeenceinte. Puis, petit à petit, l’idée a fait son chemin dans ma tête. (Ilbaissalesbrasetrelevalesyeuxpourmeregarder.)Ledestinenadécidéautrement.

— Elle m’a dit que tu te sentais coupable, que tu te sentaisresponsable de sa fausse couche. Et que c’est à cause de ça que tu l’asdemandéeenmariage.

Sesyeuxs’assombrirent.—Qu’est-cequ’ellet’aditd’autre?Jeremarquaiqu’iln’avaitpasnié.Moncœurseserra.—Elle…Ellem’aditquetunel’avaisjamaisvraimentaimée.Ilsemblaserrerlesdents.—Jenesaispaspourquoiellet’aracontéça.J’ai toujoursbeaucoup

tenu à elle. Je crois que je l’aimais, mais que je n’étais pas amoureuxd’elle.Alors,dansunsens,c’estvrai.

Jegrimaçai.Mêmesiau fonddemoi, j’étaisheureusede l’entendre,heureuse de savoir que son cœur n’avait jamais appartenu à quelqu’und’autre,jenepouvaispascomprendrecommentilavaitpupassersixans

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avecunefemme,lamettreenceinteetlademanderenmariagesansêtreamoureuxd’elle.

Enmêmetemps,lesgensrestaientencouplepourdestasderaisonsdifférentes:l’argent,lesenfants,lasolitude.Parfois,c’étaitplussimplederesterquedepartir.Alorspourquoisaraisonàluin’aurait-ellepasétéleremords?

C’étaittoutàfaitpossible.SaufqueKristenétaitlafillequ’ilavaitfaitpasseravantmoi,cesoir-

là.J’avaiscruluiavoirpardonné,maismaintenant,jen’enétaisplusaussisûre. Je supposequece travailque jedevais faire surmoi-mêmen’étaitpas encore terminé. Mais que se passerait-il si Brock restait avec moipendantdesannéessansjamaism’aimer?Sansjamaism’aimercommejeleméritais?

—Qu’est-cequ’ellet’aditd’autre,Jillian?—Ellem’a dit qu’elle essayait… qu’elle avait essayé de se remettre

avec toi. (Je sentis la colèremonter enmoi.)Pourquoi est-ceque tunem’aspasditqu’ellecontinuaitdet’appeler?

—Pourquoiest-cequejel’auraisfait?Jegrimaçai.—Tuessérieux?Jesuistacopine!—Oui,tuesmacopineetc’estjustementpourçaquejeneveuxpas

quetut’inquiètesparcequemonexn’arrivepasàsemettredanslatêtequetoutestfinientrenous.

L’entendrem’appeler«sacopine»mefaisait toujoursautantd’effet.Maisçanechangeaitrienaufaitqu’ilauraitdûm’enparler.

—Jecomprends,maisj’ailedroitdesavoircegenredechoses.Ileutl’airdevouloirmecontredire,maisilsecontentadesoupirer.—Pourquetut’inquiètessansraison?IlnesepasserienavecKristen.

Ilne sepassera rienavecaucune femme. Je sais qu’à l’époque je fuyaisl’engagement,mais tumeconnais.Quand jesuisavecquelqu’un, jesuisfidèle.Tun’aspasàtefairedesoucilà-dessus.

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Brockétaitloyal.Parfoisàl’excès.Jen’avaispaspeurqu’ilmetrompe.Cen’étaitpasleproblème.

—Qu’est-cequ’ellet’aditd’autre?medemanda-t-il.Jesuissûrqu’ellenes’estpasarrêtéelà.

Non,eneffet.—Ellem’aditque tu tesentais responsabledecequis’estpasséau

Mona’s,cesoir-là,luidis-je.—Évidemment.Onenadiscuté,touslesdeux.Jenevoispas…—Est-cequetuesavecmoiparcequetuenasenvieouparcequetu

tesenscoupablepourcequim’estarrivé?Il me dévisagea un long moment, comme s’il ne parvenait pas à

trouverlesmots.—C’estunequestionsérieuse?medemanda-t-ilauboutducompte.—Oui.Très.—Jenecroispasavoirbesoind’yrépondre.Lafrustrationvintattiserlesdoutesquimebrûlaientl’estomac.—Jecroisquesi,aucontraire.— Tu crois vraiment à tout ça ? (Brock se redressa et se passa de

nouveaulamaindanslescheveux.)Sérieusement?—C’estunequestionlégitime,Brock.— Pourquoi est-ce que je resterais avec toi par culpabilité ? C’est

insensé!(Sesyeuxétincelaient.)Qu’est-cequ’ellet’araconté?— Elle a dit que tu étais resté avec elle parce que tu te sentais

coupableetquetufaisaislamêmechoseavecmoi.Brockjuraavantdesecouerlatête.—Ettuycrois?—Jenesaispas.(Jerecoiffaimescheveuxenarrière.Ilsretombèrent

aussitôt devantmonvisage.) J’ai besoinde temps. (Etd’espacepournepasmelaisserdistraire.)Écoute.Ilesttard.Tudevraisrentrercheztoi.

Ilhaussalessourcils.—Tuveuxvraimentquejeparte?Jemelevaietattrapaiungiletlongpourl’enfiler.

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—Oui.—Ehbien,tuvasêtredéçue.Ilesthorsdequestionquejem’enaille.Mesbrasretombèrentlelongdemoncorps.—Biensûrquesi!Assiscontrelatêtedulit,ilcontinuadem’observer.—Tu crois vraiment que je vais te laisser avec toutes ces conneries

danslatête?Quejevaistelaisserteconvaincredupireàmonsujet?—Crois-moi,jen’aipasenvied’êtreconvaincue.—Ahnon?rétorqua-t-il.Pourtant,tun’aspasbeaucouphésitéavant

de penser que j’agissais sous le coup de la culpabilité. Que je te baiseparcequej’aidesremords!

Jegrimaçai.—Tun’espasobligédeledirecommeça.— Non ? Pourquoi ? Ça te choque ? Alors imagine que quelqu’un

t’accuse de faire une chose pareille, me lança-t-il. (OK, il marquait unpoint.)Jecomprendspourquoic’estfacilepourtoidecroirecegenredechoses,maisaieunpeuconfianceenmoi!

Lagorgenouée,jecroisailesbrassurmapoitrine.— J’ai confiance en toi, mais… pourquoi est-ce que tu ne l’aimais

pas?—Quelrapportavecnous?rétorqua-t-il.Putain,Jillian.Jen’ensais

rien.Jenesaispaspourquoijenesuispastombéamoureuxd’elle.Çanes’expliquepas.

—Est-cequetul’asdemandéeenmariageparcequ’elleavaitperdulebébé?

Ilsecoualatête.—Jenesaispas.Peut-être.Enpartie.Jevoulaislarendreheureuse.

Alorsj’aifaitdemonmieux.Tirantsurlespansdemongilet,jedétournailesyeux.—Elleaditqu’àcausedelaculpabilitéqueturessentaispasrapportà

moi…

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—Qu’est-cequeçapeutfaire,cequ’elleraconte?medemanda-t-ilenglissantjusqu’auborddulit.

— C’est important, criai-je, parce que je ne veux pas être avecquelqu’un qui cherche seulement à se racheter ! Je mérite d’être avecquelqu’unquim’aimeautantquemoijel’aime!

Brocksefigea.Ilnerespiraitmêmeplus.C’estalorsquejemerendiscomptedecequej’avaisdit.Jeblêmisavantdememettreàrougir.Jevenaisd’avoueràBrockque

jel’aimais.

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Jen’avaispasseulementditàBrockquejel’aimais.Jel’avaispresquehurlé.Tout le monde savait que j’étais amoureuse de Brock quand nous

étions plus jeunes. Même Brock, qui avait fait de son mieux pour nejamaisaborderlesujet,étaitaucourant.Àl’époque,j’étaisunepetitefillenaïveetlui,uneétoilemontantedufreefightinaccessiblequimevoyaituniquementcommeunesœur.

Aujourd’hui,toutétaitdifférent.Aujourd’hui,jesavaiscequecesmotssignifiaientetj’étaiscertainede

messentiments.—Qu’est-ce…Qu’est-cequetuasdit?medemanda-t-ilenposantles

mainssursesgenoux.Je resserraimongilet contremoi et concentraimonattention sur la

porte,commesicelaallaitsuffireàmettredeladistanceentrenous.— J’ai dit que je ne veux pas être avec quelqu’un qui cherche

seulementàseracheter.—Jeneparlaispasdeça,dit-ild’unevoixd’uncalmeterrifiant.Meslèvrestremblaient.Moncœurmartelaitmapoitrine.Lesmotsme

brûlaient la langueet la réduisaientenpoussière.Ces troismotsétaientfaciles à prononcer. La plupart des gens les utilisaient à tout-va. Maisquandilsétaientsincères,c’étaitbeaucoupplusdifficile.

L’ancienneJilliann’auraitjamaiseulecouragedelesrépéter.Maisjen’étaispluscettefille.

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Carrantlesépaules,jerelevailementon.—J’aiditqueje…quejet’aimais.Uneexpressionquejefusincapablededéchiffrerpassasursonvisage.—Tum’aimes?—Oui,répondis-je,lagorgenouée.Jet’aimaisquandj’avaishuitans.

Jet’aimaisquandj’avaisdouzeans.Jet’aimaisquandj’avaisvingtans.Etaujourd’hui,jet’aimetoujours.

Brockseleva.— Si tu m’aimes depuis tout ce temps, pourquoi ne m’as-tu pas

demandé ce que je faisais dans ce restaurant, le premier jour où nousnoussommesrevus?Pourquoitunemedemandespascequej’airessentilorsquej’aisuquetuallaisrevoircetype?Oulorsquejemesuisréveillépourlapremièrefoisàtescôtés?Pourquoiest-cequetunemedemandespas ce que j’ai ressenti la première fois que nous nous sommesembrassés?

Unfrissonmeparcourut.Ilfitunpasenavant.—Tuauraisaussipumedemandercequej’airessentilapremièrefois

quenousavonsfaitl’amourettouteslesfoisquiontsuivi.Situm’aimesdepuis tout ce temps,pourquoinem’as-tupasdemandé simoiaussi, jet’aimais?

Sesparolesmecoupèrentlesouffle.Ils’arrêtadevantmoi.— Je ne parle pas de Kristen parce que cette partie de ma vie est

derrièremoi.Leschosesquej’aivécuesavecellesontdupassé.Ellesn’ontaucunimpactsurmesactes.Çapeutparaîtreméchantdemapart,maisc’est la vérité. Tu as raison. J’aurais dû te dire qu’elle continuait dem’appeler.Commeça,nousenaurionsdiscutéettuauraisétépréparéeàcegenredecoupbasdesapart.Alors,jesuisdésolé.C’estmafaute.

Jerelâchaimaprisesurmongilet.—Maintenant,jevaisteracontermasoi-disantculpabilitéparrapport

à la faussecouchedeKristen.Est-cequeçam’a faitmal?Évidemment.Est-cequejem’ensuisvouluparcequejen’étaispasprésentpourelle?

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Biensûr.Àcemoment-là,j’étaisenAustraliepouruncombat.Etpourça,jem’enveux.Parcequej’auraisdûl’aideràsurmontercetteépreuve.Maisjeneme senspas responsablede sa fausse coucheenelle-même. Jenecomprendspaspourquoiellet’aditça…

—Ellem’aditquevousvousdisputiezsouventetqu’ellet’envoulaitdenepasêtreplusprésent.

Unrireamerbrisalesilence.— Peut-être que c’est elle qui pense que c’est ma faute. On ne se

disputaitpastantqueça.Pasplusqued’autres.Tusais,contrairementàceque lesgens semblentpenser, jenepassepasmon tempsà chercherdesraisonsdedéprimer.

Jelâchaimongiletetbaissailesbras.—Quantaufaitquejeseraisavectoiàcausederemordsmalplacés…

(Il pinça les lèvres.) Je ne peux pas nier que la culpabilité m’a rongé.Parfois,elleremonteencoreàlasurface.Jesaisquetunem’enveuxpas.Ilfutuntempsoùj’auraispréféréquecesoitlecas.Plusmaintenant.Maisque tu ailles jusqu’à penser que je suis capable de sortir avec toi pourréparerça…

Brock s’interrompit et ferma les yeux, comme s’il était incapable decontinuer.Alors,jesus.Jesusquejel’avaisblessé.J’avaisréussiàblesserunhommequipossédaituneforcephysiqueetmentaleàtouteépreuve.Mesdoutesluifaisaientdelapeine.

Magorgesenouaetm’empêchaderespirernormalement.—Que…Qu’est-ceque tu aspensé, lapremière fois quenousnous

sommesrevus,aurestaurant?Ilouvritlesyeux.— J’étais content de t’avoir cherchée. J’ai pensé que tu étais encore

plus belle que je l’avais imaginé. Et j’ai pensé… j’ai pensé que c’étaitrisquédet’approcheralorsquetunesavaispasencorecequejefaisaisici.Pourtant,ilfallaitquejelefasse.Jevoulaisentendretavoix.

Jeprisunerespirationtremblante.

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— Qu’est-ce que tu as ressenti lorsque tu as su que j’allais revoirGrady?

Brockréprimaunsourire.—J’aifaillidonneruncoupdepoingdanslemur.—Qu’est-ceque…tuasressentilorsquetut’esréveilléàcôtédemoi?

demandai-jed’unevoixrauque.—Jemesuissentiplussereinquejenel’avaisétédepuisdesannées,

répondit-ilavecunregardtendre.Commesij’étaisenfinàmaplace.Oh.Oh,monDieu.Deslarmesmebrouillaientlavue.—Etquandtum’asembrassée?Quandonafaitl’amour?—J’aisuquepourmoiiln’yauraitjamaispersonned’autre.Ilfitunpasenavantet,grâceàseslonguesjambes,seretrouvajuste

devantmoi.Quandjerelevailatête,ilposasesmainscontremesjoues.—Jecroisquetuasencoreunequestionàmeposer.Jepleuraistellementquej’avaisdumalàlevoir.—Est-cequetu…Est-cequetum’aimes?— Je t’aime… (Il posa son front contre le mien et un frisson me

parcourut.)Je t’aimecomme j’auraisvoulum’autoriserà t’aimer lorsquenousétionsplusjeunes.Jet’aimeparcequetuesadorableetgentille.Jet’aimeparce que tu as en toi un feudont tun’as pas conscience. Tu esforte.Tuesunesurvivante.

Une larme coula sur ma joue. Il la chassa avec son pouce. J’étaisincapabledeparler.Jesavaisquesij’ouvraislabouche,jememettraisàsangloter.Entendrecesparolesmagnifiquesfranchirseslèvres,c’étaitunrêve devenu réalité.Mon cœur s’était tellement gonflé qu’il était sur lepoint d’exploser. J’avais envie de rire et de pleurer enmême temps. Jevoulaisdanser.Jevoulaisleserrercontremoi.

Ilm’aime!—Aucunedemesraisonsdet’aimernes’apparenteàdesremords.(Il

fitglissersespoucesle longdemesjouespouressuyerd’autreslarmes.)

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Jen’aijamaisressentiçapourpersonne.Tueslapremièrefemmedontjesuis vraiment tombé amoureux,me dit-il en déposant un baiser surmacicatrice.Ettuserasladernière.

Brockm’embrassaaucoindeslèvres,puisrelevalatêtepourdéposerunbaisersurmonautrejoue.

—Jet’aime,Jillian.J’étaisincapabledeparler.M’agrippant à ses épaules, je tournai la tête et trouvai ses lèvres à

l’aveugle. Alors, un délicieux tourbillon m’emporta. Mon tee-shirtdisparut.Sonpulllerejoignitsurlesol.L’unaprèsl’autre,nosvêtementsjonchèrent le sol jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune barrière entre nosdeuxcorps.

Sesmainsseposèrentsurmeshanchesetd’unmouvementpuissant,ilmesoulevapourm’allongersurledos.Lesoufflecoupé,jeleregardai,au-dessusdemoi,lesbrasdechaquecôtédematête.

Brocks’emparademeslèvresdansunbaiserenfiévréremplid’amouretdepassion.Moncœurbattait à tout rompre tandisquede la laveenfusionsedéversaitdansmesveines.

—Jet’aime,luidis-jeenprenantsonvisageentremesmainspourleregarderdanslesyeux.Jet’aimeraitoujours.

—Tun’asjamaiscessédelefaire.Lesmots devinrent inutiles. La communicationpassa parnos lèvres,

nos dents, notre langue et nosmains. Ilmemordilla les seins avant dedéposerunetraînéedebaisersardentsjusqu’àmonbas-ventre,sousmonnombril, puis encore plus bas. Chaque fois que je le sentais lécher mapeau,ungémissementemplid’amourm’échappait.

Unechaleurintensem’envahitetsetransformaendouleurdélicieuse.Ledésiretl’amoursemélangeaientenmoi.Lorsquesaboucheserefermasur mon sexe, je criai son nom, la tête rejetée en arrière. Ses doigtss’enfoncèrentenmoiet la sensation fut tellement forteque jemesentissombrerdansleplaisir.

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J’étais encore en train de jouir quand il me pénétra profondément,tout en insinuant sa languedansmabouche.Seshanches rencontraientles miennes dans un mouvement presque sauvage. J’arquai le dos,enroulaimesjambesautourdesatailleetm’accrochaiàsesbrastendus.

Jenesavaisplusoùjecommençaisetoùilfinissait.Je bougeai frénétiquement la tête à droite et à gauche, tandis qu’il

allaitetvenaitenmoi,encoreetencore.Quandses lèvresquittèrent lesmiennes, je sentis son souffle chaud contremon oreille. On baisait. Onfaisait l’amour. Sans ralentir ses coups de reins, il glissa la main entrenousetalors, latensionrecommençaàgrandiraucreuxdemonventre.Lapressionsefitdeplusenplusforte, jusqu’àl’explosion.Leplaisirquej’éprouvai fut aussi puissant et merveilleux que la première fois. Dessecoussessensuellesmeparcouraient.Aufuretàmesure,lesmouvementsde Brock se faisaient chaotiques, plus rapides, plus violents, à tel pointqu’ilmepoussaitsurlematelas.Lecadredulitcognaitcontrelemur.

— Je t’aime, murmura-t-il alors que la jouissance le submergeaitautantqu’ellem’avaitsubmergée.

Lapeauluisantedesueur,onrestaunlongmomentdanslesbrasl’undel’autre.Jenesaispascombiendetempss’écoulaavantqu’ilneseretireet ne s’allonge sur le côté. Il passa ses bras autour demoi etme serracontrelui,defaçonàcequejeluifasseface,commes’ilnecomptaitplusjamaismelâcher.

Puisilm’embrassaetsonbaisereutungoûtnouveau.Dumoins,cefutmon impression. Ilm’embrassa lentement, tendrement, si profondémentquejesentisleslarmesmemonterauxyeux.

L’amour.Cebaiseravaitlegoûtdel’amour.

***

Longtemps après que nos corps eurent arrêté de bouger et que lesbattementsdenos cœurs eurent ralenti, j’étais allongéeà côtédeBrock

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qui dormait et je me répétais ses paroles dans ma tête à l’infini. Monvisage était sans doute resté coincé sur un sourire imparfait, mais celam’étaitégal.Carcesourireétaitlàgrâceàtoutcequem’avaitditBrock.Parcequ’ilm’avaitavouéqu’ilm’aimait,maispasseulement.

Ilm’avaitditquelefeubrûlaitenmoi.S’il le pensait, et je savais que c’était le cas, cela voulait dire que je

n’avaisplusrienàvoiraveclaJillianaveclaquelleilavaitgrandi.Jemesentaisaimée.Lefeubrûlaitenmoi.Lesdeuxétaient très importants,mais ledeuxièmeme touchait tout

particulièrement.Depuisl’instantoùj’avaisacceptécetravailàlaLimaAcademy,j’avais

commencé à changer. Non. Le changement avait commencé à s’opérerplustôt.Leprocessusavaitétélentetparfoisdouloureux,maismonenviede vivre différemment, de prendre des risques et de faire de nouvellesexpériences était apparue avant queBrockne reviennedansma vie. Saprésenceavait accéléré les choses,mais il n’enavaitpas été lepointdedépart.

Non,c’étaitmoiquiavaispriscettedécision.Certainsnaissaientaveclefeueneux.Ilsbrûlaientavecuneintensité

aveuglante,possédaientuneambitionquilespoussaitàtoutaccomplir,àtoutvouloir,sansseconcentrersuruneseulechoseàcentpourcent.Cefeu les consumait. Ils passaient à côté de leur vie et ne cessaient deremettreencausecequ’ilsavaientfaitetcequ’ilsauraientdûfaire.

Pourd’autres,cefeuinnénourrissaitleurdéterminationetdevenaitlecimentdetouteslesdécisionsetdetousleschoixqu’ilsfaisaientdanslavie. Leur flamme vacillait de temps en temps, mais elle ne s’éteignaitjamais. Ils ne réfléchissaient jamais à ce qu’ils auraient pu avoir, maisplutôtàcequ’ilspourraientavoirenagissant.

Puisilyavaitlesgensquin’avaientaucuneidéedufeuquibrûlaiteneux car il était tapi trop profondément. Il fallait qu’il soit attisé. Moi-

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même, je n’aurais jamais cru le posséder. Pourtant, c’était bien le cas.Parfois,ilvacillait.Parfois,ilrugissait.

Maisjamaisilnes’éteindrait.Jamais.JebaissailesyeuxversBrocketobservaisonbeauvisageetsoncorps

parfait. Il était bien plus que tout ça. Brock était intelligent. Fort. Unhomme bon et loyal qui se souciait sincèrement des gens qu’il aimait.C’étaitpourcetteraisonqu’ilressentaitdesremordsetdesregrets.Toutlemonden’enétaitpascapable.Kristenavaiteutortàcesujet.Àproposdenous.Àproposd’eux.

Etmoi,j’avaiseutortdedouterdelui.UnepartiedemoiavaitenviedefrapperKristenoudeluiexpliqueren

détail pourquoi elle se trompait. Voire les deux. Mais… à quoi bon ?Pourquoiperdremontempsavecquelqu’unquivivaitdanslepassé?Jel’avais suffisamment fait moi-même et il était hors de question que jecontinue.

Baissantlatête,j’embrassailamédaillequej’avaisachetéepourBrocktoutes ces années auparavant. Le collier que j’avais eu l’intentionde luioffrir ce soir-là. Le collier qu’il portait tous les jours. Puis j’embrassaiBrocksurleslèvresencoreunefois.Unlégersouriremerépondit.

Non,lepassén’existaitplus.Dorénavant,iln’yavaitplusqueleprésent.Plusquelefutur.

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Lefeuintérieurestlachoselaplusimportantequel’humanitépossède.EdithSÖDERGRAN