JEHEC Echos Money N.12

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Le magazine « Echos Money » est une revue de qualité qui regroupe plusieurs domaines économiques actuels.

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EDITORIAL

P#$% '( )#$*+,-. année consécuti‑ve, l’équipe des rédacteurs d’Echos Money,  le  magazine  économique de  la  Junior  Entreprise HEC Lau‑sanne,  a  allié  intense  labeur,  col‑laboration  et  bonne  humeur  pour vous délivrer une  édition de qua‑lité !

CeOe  année  encore,  nous  avons été mis au défi de réaliser une re‑vue aOrayante tant pour le monde professionnel  qu’estudiantin.  La conception de  ceOe  édition  reflète parfaitement le but poursuivit par notre association, à savoir créer et renforcer le lien entre universitaires et spécialistes. La Junior Entreprise HEC vise en effet, par la réalisation de mandats, à  impliquer au maxi‑mum les étudiants dans la réalisa‑tion de travaux qui les rapprochent du monde professionnel. CeOe ex‑périence permet de meOre en pra‑tique les connaissances acquises au cours du cursus universitaire. 

Un  premier  dossier  consacré  à  la finance à  l’école des HEC de Lau‑sanne  expose  les  nouvelles  voies d’études offertes en programme de Master pour tout passionné de flux financier. Vous y découvrirez l’im‑portance croissante de la recherche dans  le  domaine  de  la  finance  à HEC,  ainsi  que  la  nouvelle  colla‑

boration entre l’institut de Banking et Finance de Lausanne et le Swiss Finance  Institute.  Enfin,  les  nou‑veaux métiers bancaires de demain y seront présentés.

Une discussion autour de la globali‑sation constitue la matière de notre second dossier. Une situation géo‑politique  complexe  et  qui  évolue rapidement suscite aussi bien chez les profanes que chez les spécialis‑tes  interrogations  et  incertitudes. Nous avons ainsi jugé opportun de faire le point sur la situation en sol‑licitant aussi bien un représentant de  la  Confédération  Helvétique, qu’un  professionnel  du  secteur bancaire  ou  encore  l’opinion  des étudiants. Leurs témoignages sont recueillis dans ceOe section.

Le  monde  des  affaires  est aujourd’hui  de  plus  en  plus  ré‑glementé. Les scandales financiers passés et le durcissement des loi de nombreux pays à amené le Conseil Fédéral  à  proposer  un  projet  de modification du Code des Obliga‑tion  suisse.  Sur  le  plan  européen, l’institution  d’une  Constitution commune  aux  pays membres  fait débat.  Ces  deux  sujets  sont  ainsi traités  dans  un  dossier  « Droit » qui leur est réservé.

Nous  achèverons  ceOe  douzième édition sur le sujet chatoyant qu’est l’industrie  du  luxe  en  Suisse  et ailleurs.  Les  nouvelles  frontières du luxe et  les récentes possibilités offertes par Internet y seront déve‑loppées.

Cet  ouvrage  n’aurait  pu  être  réa‑lisé  sans  la confiance et  le  soutien de nos  sponsors,  ainsi que  la par‑ticipation  de  professeurs,  profes‑sionnels et étudiants à la rédaction des  articles  constituant  ceOe  pu‑blication. Au nom de la Junior En‑treprise HEC, nous tenons à les en remercier. Il ne nous reste dès lors qu’a vous souhaiter une excellente lecture  en  compagnie  de  l’Echos Money, douzième édition !

L’équipe d’Echos MoneyRaphaël DartySophie UriotThibault Vanvincq

E"#$%&'Junior Entreprise HEC Lausanne, InternefCH ‑ 1015 Dorigny, Tel.: +41 21 692 33 [email protected]

R%)*+,)-./%) "% /- *&./#1-$#+,Raphaël DartySophie UriotThibault Vanvincq

C+,1%*$#+, G'-*4#5&%Jean‑Sébastien Monzani / jsmonzani.com

I7*'#7%&'Imprimerie Baillod SARte du Vignoble 1 / 2017 Boudry+D#)$'#.&$#+,Universités suisses et EPFLMilieux Professionnels de Suisse Romande

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3 Editorial7 Mot du doyen8 Mot du Président

FINANCE : PRIORITÉ LAUSANNE10 IBF : La finance à HEC Lausanne14 Swiss Finance Institute : Une collaboration Exemplaire18 Life after School in Switzerland20 Nouveaux métiers bancaires

GLOBALISATION24 L’ouverture de la Suisse vis-à-vis de l’Europe 28 Un monde à globaliser32 Discussion autour de la levée du secret bancaire en Suisse

DROIT36 La Constitution Européenne et ses implications pour la Suisse38 Adaptation du droit des sociétés aux tendances du corporate governance

LUXE44 e-Luxury48 Les Nouvelles Frontières du Luxe

ACTUALITÉJUNIOR ENTREPRISE52 La Junior...54 Cercle des anciens55 15ème coupe de Golf

TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE

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Vous voyez toujours plus loin,vous allez à l'essentiel -rejoignez-nous.

Perspectives.

Forte de quelque 120'000 collaborateurs dansle monde entier, Deloitte est une entreprise depremier plan en matière d'audit, de services juri-diques et fiscaux, conseil, services financiers etrisques d'entreprise. Rencontrons-nous: nousvous présenterons vos perspectives de carrière.

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MOT DU DOYEN

A}.w w.~~. 12,-. édition d’Echos Money,  la  Junior  Entreprise  nous offre à nouveau un sommaire varié et  riche  en  contenu.  Finance, Glo‑balisation,  Droit,  Luxe,  autant  de domaines où nombre de réflexions peuvent être menées et d’idées dé‑baOues.

En guise d’introduction et n’ayant à disposition que relativement peu de place,  je m’aOarderai plus  spé‑cialement sur un thème cher à HEC Lausanne: la finance.  

Ce n’est bientôt plus un secret pour personne, HEC  a  l’ambition de  se positionner comme un des princi‑paux acteurs de ce domaine sur la place européenne. A vrai dire, quoi de plus normal  lorsqu’on  sait que le secteur bancaire suisse représen‑te plus de 9 % du PIB, gère plus de 4000 milliards de francs sous forme de papiers‑valeur en dépôt de client ainsi qu’un tiers de la fortune pri‑vée  internationale.  Pour HEC,  cet objectif  est  en passe de  se  concré‑tiser,  notamment  avec  la  création du  Swiss  Finance  Institute  (SFI). Fondation  privée  née  d’un  parte‑nariat entre l’association suisse des banquiers,  la  confédération  ainsi que  les universités. Le but du SFI est d’une part d’aOirer des profes‑seurs de renommée mondiale dans 

son centre de  recherche et d’autre part de  former des  spécialistes de niveau universitaire. Dans ceOe op‑tique HEC,  par  l’intermédiaire  de son Institut de Banque et Finance, a réussi à se profiler comme l’un des principaux acteurs et nous nous ré‑jouissons de ceOe situation. 

Etant donné le rôle primordial que jouent les établissements financiers dans  l’économie de notre Pays, les étudiants misant sur une formation dans ce secteur font un investisse‑ment fort rentable pour leur avenir. Et le succès de notre Master en fi‑nance est aussi là pour le rappeler.

Nous  ne  pouvons  donc  que  nous réjouir de ceOe volonté de créer un pôle national de com‑pétence  dédié  à  la finance et il est certain que les  étu‑

diants y trouveront également leur compte.  Pour  preuve,  dès  la  ren‑trée de cet automne,  le professeur Bernard  Dumas,  sommité  mon‑diale,  donnera  des  cours  à  HEC Lausanne  dans  les  programmes de premier, deuxième et troisième cycle. Ainsi, les étudiants pourront tous bénéficier de ses conseils.

Avec  la création du SFI, un signal clair est donné en faveur de la pro‑motion de  la  recherche  et de  l’en‑seignement en matière bancaire et financière. Ceci pour  le bien de  la formation, mais aussi pour celui de la place financière suisse.   

François GrizeDoyen de l’Ecole des HEC Lausanne

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MOT DU PRÉSIDENTMarcus AnderssonPrésident de la Junior Entreprise HEC Lausanne

D.�$+y  �'$y  ).  20  ans  une  quin‑zaine  d’étudiants  HEC,  d’équipes constamment  renouvelées,  coopè‑rent pour rapprocher deux mondes distants mais inséparables, profes‑sionnels et estudiantins.

Dynamiques  et  motivés  nous cherchons  à  apporter  une  vision nouvelle  à  nos  clients  par  des  so‑lutions  concrètes  à  leurs  préoccu‑pations.  Nous  pouvons  aider  une Entreprise  dans  l’élaboration  de stratégies  marketing,  financières ou évènementielles qui demandent des compétences théoriques acqui‑ses mais également une ouverture d’esprit  et  une  volonté  d’innova‑tion qui font de notre jeunesse une réelle force.

Nous  visons  une  meilleure  com‑préhension  entre  l’établi  et  l’inno‑vation  et  c’est  par  notre  pont  que vous faites preuve d’une confiance en l’avenir.

C’est sans doute la raison pour la‑quelle plus de 300 sociétés ont déjà fait appel à nous pour des mandats très variés sur toute la scène écono‑mique Suisse.

La variété est en effet un challenge que nous accueillons à bras ouvert et  c’est  grâce  au  grand  nombre d’étudiants présents entre nos murs et leurs orientations différentes que nous  saurons  trouver  un  chef  de projet apte à toute situation.Car,  outre  notre  très  bonne  rela‑tion  qualité  prix,  c’est  bien  là  que se situe notre force principale : un consultant spécifique pour chaque situation.

Notre  volonté  d’échange  entre deux  mondes  ne  s’arrête  pas  là. Plusieurs  évènements,  organisés par  nos  membres,  ont  pour  vo‑cation  l’enrichissement  mutuel  et les échanges d’idées. Tout d’abord notre coupe de golf  (ceOe année à 

sa  15ème  édition)  rassemblant  un étudiant  et  un  chef  d’entreprise pour unir leurs efforts dans un jeu d’équipe.  Il  y  a  également  notre gestion  de  nos  anciens  membres regroupant  ainsi  chaque  année plusieurs  générations  autour  de notre  concept  jamais  vieillissant. Nous cherchons finalement à créer des échanges d’idées entre profes‑seurs,  étudiants  et  professionnels en confrontant les opinions au tra‑vers de ceOe revue.

CeOe  dernière  ne  serait  entre  vos mains  sans  le dévouement de nos trois  responsables  de  la  publica‑tion,  Sophie,  Thibault  et  Raphaël qui ont su meOre aux défis chaque rédacteur par des  thèmes d’actua‑lité. Je les félicite pour leur parfaite organisation et le travail accompli.Il ne me reste plus qu’à vous laisser le plaisir de découvrir ces quelques articles en vous souhaitant une lec‑ture des plus enrichissante.

Nous  visons  une meilleure  compréhension  entre  l’établi  et 

l’innovation  et  c’est  par  notre  pont  que  vous  faites  preuve 

d’une confiance en l’avenir.

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FINANCE : PRIORITÉ LAUSANNE

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D(zy  '.  w()%.  de  l’économie,  ces trois dernières décennies ont connu l’émergence  de  nouveaux  domai‑nes dont en particulier celui de  la finance. Plusieurs raisons peuvent expliquer ceOe émergence. La pre‑mière est probablement de nature académique. Tandis qu’un grande nombre  de  modèles  économiques néglige la prise en compte de l’in‑certitude,  la finance place  la  com‑préhension  et  la maîtrise de  l’aléa au  cœur même de  ses préoccupa‑tions.  A  titre  d’exemple,  on  peut citer  les  progrès  qui  ont  été  réali‑sés  dans  le  choix  de  portefeuille ainsi  que  dans  la  valorisation  des actifs  financiers  dérivés,  tels  que 

les options. La seconde raison, cer‑tainement  liée  à  la  première,  est l’aOribution récente du prix Nobel d’économie  à  des  financiers  ou  à des économètres de la finance. Ces prix ont permis de rendre la finan‑ce crédible, au point qu’on observe aujourd’hui un retour des connais‑sances: de plus en plus de modèles économiques, comme par exemple ceux de la macroéconomie, utilisent les  outils  développés  initialement pour la finance. La dernière raison, ceOe fois non académique, est que le marché de la banque et de la fi‑nance a connu un essor incroyable. Il  a  fallu  former  des  banquiers  et tandis  que  les  premiers  financiers 

FINANCE

IBF : LA FINANCE À HEC LAUSANNE

Michael Rockinger est professeur de fiance. Après des études à  l’EPFL en mathématiques,  il a rejoint l’UNIL en tant qu’étudiant de l’une des premières volées du Master en Economie (se nommant pompeu‑sement Diplôme Postgrade en Economie Politique). Il a poursuivi ses études de doctorat à Harvard où il s’est promu en 1992. Après avoir franchi les échelons de professeur assistant, de professeur associé, puis de professeur ordinaire à HEC Paris, il a rejoint HEC Lausanne en 2001. Rapidement il a pris la direction de l’IBF ainsi que du MBF. En 2004 il a débuté des activités de vice‑doyen. Désormais, il aOend avec im‑patience la fin de son mandat afin de pouvoir se dédier à nouveau avec plus de vigueur à ses activités de recherche et d’enseignement…

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étaient  souvent  des  économistes recyclés, désormais il y a des filiè‑res d’études dédiées purement à la finance…

Le  développement  du  banking  et de la finance à Lausanne a débuté il  y  une  quinzaine  d’années  envi‑ron.  A  l’époque,  deux  postes  de professeurs,  dont  un  seulement à  plein  temps,  ont  été  repourvus dans l’optique de couvrir les deux grands domaines de la finance que sont  la  finance  d’entreprise  et  la finance  des marchés. On  retrouve ces  deux  grands  axes  également dans l’industrie bancaire. La finan‑ce  d’entreprise  permet  de  mieux comprendre,  par  exemple  quand il faut émeOre des titres, quand in‑vestir ou comment effectuer des in‑vestissements étagés, dans le cadre des options réelles. L’autre finance, celle  des  marchés,  a  d’avantage pour objectif de donner des direc‑tives sur la façon de gérer un por‑tefeuille avec des outils quantitatifs et de valoriser, de pricer, comme on dirait en jargon financer, des actifs.

C’est  en  1993  qu’une  étape  im‑portante a été  franchie, celle de  la création d’un programme d’études spécialisé: Le master in Banking and Finance  (MBF).  Il  est  remarquable que ce programme ait pu être crée, non pas parce qu’il y a eu des prio‑rités  au  niveau  universitaire  pour soutenir ce programme, mais parce que les praticiens ont reconnu son utilité et sa valeur pour l’industrie bancaire. Ainsi,  l’Association Vau‑doise des Banques a décidé d’aider ce  programme  par  son  soutien  à l’Institut du Banque et Finance. Ce soutien a été effectif depuis longue date  et  a permis de  faire du MBF l’un  des  programmes  phares  en formation financière en Europe.

Ce  qui  a  caractérisé  le  MBF  était tout d’abord une excellente forma‑tion  quantitative.  CeOe  formation était dispensée par les professeurs de finance mais également par des professeurs d’économie. Ainsi, par exemple,  en  1995,  un  spécialiste de  la  finance  d’entreprise  théori‑que  et  de  la  théorie  bancaire,  Elu von Thadden, a été recruté sur un 

poste  de microéconomie.  Ce  type de  recrutement  illustre  comment pendant  de  longues  années  des ressources ont été peu à peu aOri‑buées dans le cadre d’HEC au MBF. L’interaction entre l’économie pure et un domaine d’application a per‑mis grâce à leur caractère transver‑sal la création de postes dédiés à la finance. Comme une grande partie de  l’enseignement  du  MBF  était quantitatif, afin d’équilibrer le pro‑gramme, des praticiens ont montré aux étudiants à quoi servent finale‑ment les outils quantitatifs et com‑ment  les  appliquer dans  la vie de tous les jours.

En parallèle à la formation Master, la  formation  au  niveau  de  la  Li‑cence  s’est  également  développée. CeOe excellente formation de base, et  en  particulier  en  finance,  a  été appréciée  par  les  universités  par‑tenaires  qui  ont  accueilli  des  étu‑diants d’HEC Lausanne.

Avec la signature des accords de Bo‑logne, l’enseignement au niveau de la Licence sur une durée de 4 ans a basculé vers une formation du type Bachelor  sur  une  durée  de  3  ans. Par  ailleurs,  le  MBF,  programme payant et d’une durée d’une année, est devenu le Master of Science in Finance,  MScF.  Ce  nouveau  pro‑gramme,  avec  des  frais  de  scola‑rité bas et une  durée de deux ans a débuté avec la rentrée 2005/2006. Le  programme MScF  a  connu  un très  vif  succès  avec  le  plus  grand nombre  d’inscrits  parmi  tous  les masters d’HEC. Le bilan, après un premier  semestre  est  alarmant  et rassurant en même temps. Du fait de l’absence de sélection à l’entrée, 

le  taux d’échec est  très élevé. Ain‑si,  on peut déplorer  le  coût  social très  élevé  de  ce  nouveau  système poussant  de  nombreux  étudiants étrangers  vers  un  échec  dont  les directeurs  des  programmes,  forts d’années  de  sélection,  pouvaient prédire l’occurrence avec une gran‑de probabilité. Outre un coût moral, vient s’ajouter un coût réel dans la mesure où des familles entières ont serré  les  coudes pour permeOre  à l’un  des  leurs  d’effectuer  des  étu‑des dans un pays lointain au coût de  la  vie  élevé. Au  départ  les  in‑tentions étaient probablement tout autres.  Les  enseignants  du  MScF, ayant également enseigné aux étu‑diants du MBF, ont par ailleurs re‑marqué une certaine autosélection de la part des étudiants. Ainsi, un étudiant  non  familier  avec  le  ni‑veau exigeant de la formation Lau‑sannoise, peut être conduit à pen‑ser que le faible niveau des frais de scolarité  et  la moindre  sélection  à l’entrée  impliqueraient des  études faciles  à  Lausanne. Mauvaise  sur‑prise: il n’en est rien. De même un étudiant excellent, conscient de ses capacités, désirera être sélectionné afin de pouvoir signaler au marché du travail, de plus en plus global, qu’il  est  bon.  Tant  que  des  pays, tels  que  la Grande  Bretagne,  pro‑poseront des masters sur un an, ces excellents  étudiants  choisiront  la formation courte, démontrant ainsi leurs capacités d’apprentissage ra‑pides.  S’il  le  faut,  ils  effectueront par ailleurs un emprunt afin de fi‑nancer leur scolarité, conscients de pouvoir  rapidement  rembourser leur deOe avec des salaires corres‑pondant au signal envoyé dans un marché  international  compétitif, qui fera appel aux meilleurs même s’il  faut  les  aOirer  d’un  continent à  un  autre.  CeOe  autosélection  a malheureusement  conduit  les  très bons étudiants internationaux à se détourner  vers  d’autres  program‑mes situés au nord de l’Europe.

Il est à noter, et c’est cela qui est ras‑surant,  que  l’échec  ne  touche  que peu  les  étudiants  venant  d’HEC Lausanne, démontrant ainsi la très bonne  formation  du  programme Bachelor  d’HEC,  mais  beaucoup 

Du  fait  de  l’absence  de 

sélection  à  l’entrée,  le 

taux  d’échec  est  très 

élevé. Ainsi, on peut dé‑

plorer le coût social très 

élevé de ce nouveau sys‑

tème poussant  de nom‑

breux  étudiants  étran‑

gers vers un échec.

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plus  les  étudiants  d’origine  étran‑gère.Il  est  à  remarquer  qu’en  parallèle avec ceOe  formation au niveau de base,  la  formation  doctorale  s’est également  développée.  Ainsi,  en automne 1996  l’International Cen‑ter  for  Financial  Asset  Manage‑ment  and  Engineering,  générale‑ment connu sous le nom de FAME, a  été  créé.  CeOe  fondation  a  créé une année plus tard le programme doctoral FAME, établi en collabora‑tion avec les Universités Genevoise et Neuchâteloise. Malgré quelques réticences  initiales  de  la  part  des Universités partenaires, peu à peu, l’enseignement au niveau doctoral a été inclus dans le cahier des char‑ges des enseignants. Actuellement, le  programme  doctoral  FAME  est en  train  de  migrer  sous  l’égide du  Swiss  Finance  Institute,  SFI. D’autre part, dans le cadre de la ré‑forme de Bologne, qui préconise au niveau des Universités une forma‑tion doctorale, le programme doc‑toral FAME a été incorporé dans le curriculum  des  Ecoles  Doctorales des universités partenaires. Le SFI, fondation  nouvellement  créé  en Janvier 2006, avec comme horizon non  seulement  la  Suisse  romande mais la Suisse toute entière, est di‑rigée par  le professeur Jean‑Pierre Danthine, notre collègue de l’IBF.

Il  est  clair qu’avec  la mise  en pla‑ce  de  ces  programmes  un  besoin supplémentaire  d’enseignants  est né.  Comme  déjà  mentionné,  sans 

l’aide extérieure, le développement des enseignements n’aurait pas pu se  faire. Outre  l’aide de  l’Associa‑tion des Banques Vaudoises à l’IBF, la  fondation  FAME  a  permis  des financements  de  postes.  Pour  cer‑tains de ces postes, le financement a été repris par HEC et l’Université de Lausanne. Par ailleurs au niveau Suisse, s’est créé le National Center of Competence in Research, NCCR. CeOe initiative a permis le recrute‑ment d’un certain nombre d’ensei‑gnants  et  de  chercheurs.  Du  côté de Lausanne, on peut mentionner le  recrutement d’Enrique  Schroth, 

de Daniela Fabbri, d’Henri Schell‑horn ainsi que d’Alessandro Beber qui ont été rendus possibles grâce au  financement  du  NCCR  qui  fi‑nance  50%  de  ces  postes,  l’autre moitié  étant  financée  par  l’UNIL. Par  ailleurs,  en  2004,  l’Université de Lausanne a reconnu l’utilité de la  finance,  et  a  permis  la  création d’un  certain nombre de postes de professeurs  occupés  par  Eric  Jon‑deau,  Erwan Morellec,  Julien Hu‑gonnier, Norman Schuerhoff, ainsi que par Tony Berrada. Un  certain nombre  d’autres  postes  ayant  un lien avec la finance ont été créé au sein  du  département  d’économie. 

On  peut  mentionner  ainsi  Jean Imbs,  Pascal  St‑Amour,  ainsi  que Lucy White.

Egalement avec l’aide du SFI, l’IBF a pu offrir des conditions suffisam‑ment  aOractives  permeOant  d’aOi‑rer  le  professeur  Bernard Dumas, actuellement  professeur  à  l’IN‑SEAD à Fontainebleau ainsi qu’à la très  prestigieuse  Wharton  School de  l’Université  de  Pennsylvanie. Son  arrivée  en  automne  2006  est aOendue  avec  impatience  par  les membres de l’IBF.On  peut  donc  constater  que  l’IBF a  connu  d’importants  et  excitants développements  au  cours  de  ces dernières  années.  Au  niveau  du corps professoral, nous nous som‑mes  également  significativement développés.  Au  niveau  des  cours enseignés,  la  finance  propose  ses services  à  tous  les  niveaux  et  di‑rige  ses  propres  programmes. Au niveau de  la recherche,  l’IBF a été reconnu  comme  l’un  des  centres les  plus  productifs  en  Europe. Nous  allons  bientôt  accueillir  un nouveau membre, très prestigieux et  reconnu  sur  la  place mondiale, Bernard  Dumas.  Nous  aOendons également  avec une  certain  impa‑tience  notre  retour  sur  la  campus de Dorigny; retour qui devrait s’ef‑fectuer  à  l’automne  2006  dans  un bâtiment qui devrait être en grande partie dédié à la finance. 

l’IBF  a  été  reconnu 

comme l’un des centres 

les  plus  productifs  en 

Europe

Les praticiens ont reconnu l’utilité du master in Banking and 

Finance (MBF) et sa valeur pour l’industrie bancaire.

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La succession de FAME

Créé en 2005 et opérationnel depuis le 1er janvier 2006, le Swiss Finance Institute  prend  la  succession  du Centre  international  FAME  pour la  gestion  du  patrimoine  et  de l’ingénierie  financière  dans  lequel HEC‑Lausanne était partie prenante depuis  l’automne  1996.  Comme FAME  avant  lui,  le  Swiss  Finance Institute  sera actif dans  le  soutien à  la  recherche,  à  l’enseignement doctoral  ‑  gérant  en  particulier  le programme  doctoral  en  finance commun  aux  universités  de Lausanne, Genève, Neuchâtel et de l’Institut HEI ‑ et dans la formation 

continue.  Sur  ce  dernier  plan,  le Swiss  Finance  Institute  reprend non  seulement  les  activités  de FAME mais aussi celles de la Swiss Banking  School  active  à  Zürich depuis  1991.  Le  Swiss  Finance Institute est  lié de manière  forte à 5  universités  partenaires  dont  les Universités de Lausanne et Genève qui  ensemble  formeront  le  centre Swiss  Finance  Institute  ‑  Léman ainsi  que  l’Université  de  Zürich et l’ETHZ (Swiss Finance Institute ‑  ZH)  et  l’université  du  Tessin (Swiss Finance Institute ‑ Lugano). Ces  universités  bénéficieront  en particulier  de  co‑financement  de chaires  professorales  au  niveau 

FINANCE

SWISS FINANCE INSTITUTE : UNE COLLABORATION

EXEMPLAIRE

Professeur  d’économie  politique  et  de  finance  a  l’école  des Hautes Etudes Commerciale de  l’Université de Lausanne,  Jean‑pierre Dan‑thine a également enseigné  dans diverses universités à l’étranger tel‑les que University of Southern California (Los Angeles),  Université Laval (Québec).Il est également membre actif au sein de divers insti‑tuts. Nous citerons en exemple l’IGBF (Institut de Gestion Bancaire et Financière), le CEPR, le CEPS (Groupe de la Politique macroéconomi‑que), le Conseil de l’Association Européenne d’économie…

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junior  (professeur  assistant  avec pré‑titularisation  conditionnelle) ou  senior  (professeur  ordinaire avec chaire Swiss Finance Institute) ainsi  que  de  financement  pour des  professeurs  visiteurs.  HEC‑Lausanne  peut  aOendre  du  Swiss Finance  Institute  un  soutien substantiel  dans  son  objectif  de constituer  un  département  de finance  compétitif  sur  le  plan international. 

Recherche  et  enseignement de  premier  plan  pour  une place  financière  de  premier plan

Lors de son entrée en fonction il y a un peu plus de deux ans, Pierre Mirabaud, Président de  l’Associa‑tion suisse des banquiers  (ASB), a lancé  une  initiative  visant  à  ren‑forcer  durablement  la  recherche, la  formation  doctorale  et  la  for‑mation  continue  en  matière  ban‑caire  et  financière.  L’idée  était  et demeure  aussi  claire  qu’évidente: pour  rester  compétitive  dans  un contexte de concurrence mondiale, une place financière doit disposer d’une  recherche et d’un enseigne‑ment  d’envergure  internationale. Les universités suisses doivent at‑tirer  les meilleurs  spécialistes  des marchés financiers  en provenance du  monde  entier,  afin  d’élever  le niveau de formation des étudiants locaux et de permeOre à nos ban‑ques  de  disposer  d’une  relève  de premier  plan  dotée  d’une  forma‑tion de qualité.

Ces considérations sont à replacer dans  leur  contexte,  à  savoir  l’im‑portance  primordiale  du  secteur bancaire et financier pour  la Suis‑se: celui‑ci génère 11% du produit national brut de notre pays et son rayonnement  international est  lar‑gement reconnu.  Une telle position n’est  pas  acquise  pour  toujours! Elle justifie un investissement dans la matière grise pour qu’en matière de  recherche  et  d’enseignement bancaires et financiers aussi la pla‑ce financière suisse tienne un rang digne de  sa  réputation  internatio‑nale. L’initiative de l’ASB vient sur les  traces  de  plusieurs  initiatives 

aux buts similaires prises dans les quelques  dernières  années:  créa‑tion du centre de recherche NCCR FINRISK  par  le  Fonds  national suisse en 2001, mise sur pied de la Swiss Banking School, active en for‑mation  continue,  et  du Centre  in‑ternational FAME déjà mentionné, en  particulier.  Le  regroupement en date du 1er  janvier 2004 des ac‑tivités  d’executive  education  de  la Swiss  Banking  School  et  de  FAME a constitué une première forme de coopération performante entre ins‑titutions  suisses  aux  ambitions  si‑milaires. L’objectif du Swiss Finan‑ce Institute est de préparer l’avenir en  renforçant,  regroupant et  coor‑donnant davantage  toutes  ces  ini‑tiatives. L’ambition est de doter  la Suisse  de  structures  de  recherche et  d’enseignement  qui  puissent  se mesurer aux meilleures universités européennes. 

Produire  le savoir et  le dis‑séminer

Le  Swiss  Finance  Institute  a  deux domaines  d’intervention  privilé‑giés: la recherche et l’executive edu‑cation. Il  s’agit dans  les deux cas de  faire de  la  Suisse  un  pôle  d’aOraction pour des personnalités de premier ordre  –  chercheurs,  enseignants, étudiants et participants à des pro‑grammes  de  formation  continue. L’objectif  est  que  le  pays  ne  soit plus perçu à l’étranger comme une grande  place  financière  unique‑ment, mais aussi et de plus en plus comme  un  grand  centre  de  com‑pétence et de formation. A moyen terme, la recherche suisse dans les domaines bancaire et financier doit occuper une position de pointe en Europe. 

Soutien à la rechercheLe  soutien  à  la  recherche  par  le Swiss Finance Institute se fait selon trois axes. Soutien aux structures.

En  co‑finançant  des  chaires  dans les matières  précitées,  le Swiss  Fi‑nance  Institute  entend  inciter  les universités  à  confier  ces  chaires  à des enseignants d’envergure inter‑

nationale. A terme le Swiss Finance Institute constituera une organisa‑tion de recherche comptant jusqu’à 50 chaires professorales dont 30 au moins devraient être détenues des personnalités  susceptibles  d’ob‑tenir  un  poste  similaire  dans  les institutions internationales les plus prestigieuses. Le nombre de publi‑cations dans les revues financières les  plus  prestigieuses  devrait  être multiplié  par  un  facteur  trois.  La nomination  récente  du Professeur B.  Dumas  à  l’Ecole  des  HEC  de l’UNIL est un premier pas  très si‑gnificatif sur la voie ainsi définie.

Soutien  aux  projets.  En  deuxième lieu,  le Swiss Finance  Institute sou‑tient  et  encourage  des  projets  de recherche  promeOeurs  dans  cer‑tains  domaines  spécifiques.  Les subsides  seront  aOribués  sur  une base concurrentielle, en étroite col‑laboration avec le NCCR‑FINRISK financé par le Fonds national de la recherche  scientifique.  Toutes  les universités et hautes écoles spécia‑lisées pourront prétendre au finan‑cement  de  projets  et  déposer  des dossiers.

Programme PhD. En troisième lieu, le Swiss Finance Institute finance le développement  d’un  programme PhD coordonné  sur  l’ensemble de la  Suisse.  L’accès  à  ce programme se  fera  selon  des  critères  qualita‑tifs  clairs,  les  doctorants  les  plus brillants étant privilégiés.  Le pro‑gramme proposé suivra un modèle internationalement  reconnu  déjà adopté dans  le  cadre de FAME et de FINRISK.  Le Swiss Finance Ins‑titute financera des bourses offertes aux  doctorants  et  leur  permeOant de se concentrer à plein temps sur un  cursus  exigeant    pendant  leur première année d’études avant de devenir  assistants  d’enseignement ou  de  recherche.  Il  s’agit  de  don‑ner aux meilleurs  talents des con‑ditions optimales pour lancer  leur carrière.

L’ensemble des activités de recher‑che du Swiss Finance Institute sera placé  sous  la  supervision  d’un conseil  scientifique  composé  de chercheurs  internationalement  re‑

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connus placés sous la direction du Professeur  René  Stulz,  Ohio  State University,    et  composé  des  pro‑fesseurs  Patrick  Bolton  et  Ioannis Karatzas  de  Columbia University, Tim Bollerslev de Duke et Michael Brennan de UCLA.  

Formation continue

En matière de  formation  continue (Executive  education),  le  Swiss  Fi‑nance  Institute  s’appuiera  dans  un premier  temps  sur  les  program‑mes déjà proposés avec succès par FAME et la Swiss Banking School. La gamme existante des cursus propo‑sés  sera  regroupée sous un même toit  ou  coordonnée  dans  le  cadre d’une stratégie cohérente. Il est en outre prévu de développer certains cursus spécialisés et de réactualiser certains diplômes, par ex. un Exe‑cutive Master  in  Bank  Management bénéficiant  d’une  accréditation internationale. Le transfert recher‑che‑enseignement‑pratique  sera amélioré: les résultats de la recher‑che seront davantage intégrés dans l’enseignement et, inversément, les besoins de la pratique et/ou de l’en‑seignement  seront pris  en  compte pour le choix des thèmes de recher‑che.  S’agissant  de  l’aménagement stratégique de l’offre de formation, il  sera  supervisé  par  une  instance composée  d’éminents  spécialistes et  praticiens  issus  du  secteur  de la formation et/ou de la formation continue  et  placé  sous  la  prési‑dence de M. Urs Hoffmann, Chief Learning  Officer,  Credit  Suisse. Cet  «Executive  Education  Advisory Board»  surveillera  la  qualité  et  la réputation  de  l’executive  education et en sera le garant. 

Structures  performantes  et légères

Le  Swiss  Finance  Institute  dispose d’une  structure  organisationnelle claire  et  légère,  reposant  sur  des structures et ressources existantes. Tous  les  groupes  d’intérêt  impli‑qués  dans  la  fondation,  à  savoir les  banques,  la  Confédération  et les universités, sont représentés au Conseil  de  fondation.  Ceci  garantit que leurs divers intérêts et besoins 

soient pris en compte, au plan stra‑tégique, dans l’activité de la fonda‑tion.  Le  Conseil  de  fondation  est composé  d’éminentes  personna‑lités  issues  des  milieux  économi‑ques,  politiques  et  universitaires. Il  a  en  charge  l’orientation  straté‑gique de  la  fondation ainsi que  la définition  des  thématiques  et  des critères de qualité. Le Président du Conseil de fondation est Monsieur Olivier Steimer, Président du Con‑seil d’administration de la Banque Cantonale Vaudoise. Les vice‑pré‑sidents sont Messieurs Marcel Ro‑hner,  Chairman  and  CEO  Global Wealth Management and Business Banking,  UBS,  et  Ulrich  Körner, COO et CFO, Credit Suisse. La di‑rection, qui assure  la gestion opé‑rationnelle  de  la  fondation  ainsi que des tâches de coordination est directement subordonnée au Con‑seil de fondation. 

Financement  assuré  à  long terme

La création de ce pôle de recherche et de formation en matière bancai‑re  et  financière,  bénéficiant  d’une reconnaissance  internationale  et  à même de se mesurer aux meilleures universités  européennes,  requiert des moyens financiers supplémen‑taires.  Ces moyens  résultent  d’un partenariat entre les universités qui s’engagent au financement de base des chaires professorales existantes et nouvelles,  la Confédération qui à travers le Fonds national suisse et le NCCR FINRisk  contribue  quel‑

que  3 millions  de CHF par  an  au financement  de  projets  de  recher‑che, les fondations privées dont la fusion  est  la  base  juridique  de  la nouvelle  fondation  (FAME,  Swiss Banking School, Züricher Banking Sti�ung,  qui  apportent  les  reve‑nus  de  leur  capital  à  hauteur  de 2 millions de CHF par an et enfin les  banques  qui  ont  constitué  en‑semble un fonds de 75 millions de CHF. La contribution des banques est  versée  au  prorata  par  tous  les établissements membres de l’ASB. Certains  d’entre  eux,  notamment les  banques  fondatrices  du  Swiss Finance  Institute,  apportent  une contribution supplémentaire signi‑ficative. Au total, les contributions de  tous  les  participants  couvrent des besoins financiers représentant 18  millions  de  CHF  par  an  pour un budget spécifique du Swiss Fi‑nance  Institute de  l’ordre de 7 à 8 millions de CHF annuellement.

Vers  l’excellence  universi‑taire

Le  Swiss  Finance  Institute  consti‑tue  un  projet  extraordinaire  sus‑ceptible de conduire les universités partenaires à  l’excellence, qui doit être leur objectif constant, dans un domaine  de  l’enseignement  et  de la  recherche  particulièrement  im‑portant pour l’économie et l’emploi en Suisse. Etudiants, professeurs et autorités universitaires et cantona‑les peuvent  se  réjouir de  ce déve‑loppement  exemplaire  pour  notre place universitaire.

Le  secteur  bancaire  génère  11%  du  pro‑

duit  national  brut  de  notre  pays  et  son 

rayonnement international est largement 

reconnu.

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I %.(''{ (��%.w+(~. Junior Enterpri‑se HEC Lausanne gave me this op‑portunity to share something with my alumni at HEC Lausanne. 

First  of  all,  the  life  a�er  years  at HEC  Lausanne  is  good.  When  I was at HEC, I kept on asking my‑self, why I have  to study so hard, why  I  have  to  pass  one  exam  af‑ter  another;  why  I  have  to  write research papers; and why not  just quit?  Nothing  is  easy,  and  the HEC  time  was  particularly  chal‑lenging for me. When I arrived in Lausanne at 2001,  I did not  speak one French word and  I needed  to go  though  a  lot  of  difficulties  to 

obtain my “Permit B”. For the first half of year  that  I was waiting for my  document  paper,  I  could  not go  anywhere  outside  of  Switzer‑land. I still remember well my first Christmas at Lausanne, stuck with a  book  of  financial  mathematics that I had to finish during the holi‑day time. Now I can definitely say that  the effort  is worthwhile. As a financial  professional  now  work in  the  United  States,  people  asks my  background  a  lot. Whenever I  mentioned  that  I  got  my  edu‑cation  in Switzerland,  it  brought instant  credibility.  In  fact,  many of my clients know FAME program and University of Lausanne. They 

FINANCE

LIFE AFTER SCHOOL IN SWITZERLAND

Kaifeng “Kevin” Chen  is  a Director of Morgan Stanley & Co. He gra‑duated with a Ph.D. from International Center for Financial Asset Mana‑gement and Engineering (FAME) and University of Lausanne, Switzer‑land. Prior to that, Kevin did Master’s in Finance at CentER for Economic Research, Tilburg University,  the Netherlands. Previously, Kevin spent two years with China Development Bank as a portfolio manager in the International Finance Department and Investment Banking Department. Kevin is a Chinese national. 

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would say, wow, you did study in Switzerland, which must be good! Switzerland has a very strong and positive image in the States.

Thanks  to  the  education  at  Lau‑sanne  I  landed  a  very  interesting, but  challenging  job.  The  firm  I work for  is a world‑class financial institution.  They  are  regarded  as a  powerhouse  in  financial  inno‑vation.  I met many well‑educated co‑workers,  many  refined  clients, and many opportunities. We keep on  following  the  latest  academic research  and  try  to  contribute  to the application side. Globalization is creating more and more oppor‑tunities for young generation. I am a Chinese,  I  received education  in Europe, and I am working in Ame‑rica. There is not any more a clear identity, but I am expected to deli‑ver  high  quality  solutions  for  our clients. I communicate with people in Europe and Asia on daily basis. Each  week  we  have  at  least  one global conference call, which typi‑cally  is  morning  time  in  Chicago and New York,  a�ernoon  time  in London and Geneva, and evening time  in Hong Kong or  Singapore. It  is  a  professional  environment unimaginable  even  some  years ago.  I  see  multi‑national  compa‑nies are more and more managed in “product lines”, instead of tradi‑tionally  managed  geographically or country by country. Members of a  team  can be  located  in multiple countries or  continentals. As a  re‑sult,  I know my team members in London  beOer  than  other  teams’ employees  in  Chicago,  although we work  for  the  same firm  in  the same city. Specially, my  job has to do with  something  called alterna‑tive  investment,  which  includes hedge  funds,  private  equity,  real estate etc. Switzerland is at the fo‑

refront of  the  research and  indus‑try  of  alternative  investments.  At Chicago I heard people o�en refer research works of some professors in  Switzerland,  including  Profes‑sor  Lhabitant  of  HEC  Lausanne. The  time at Lausanne really gives me a solid  foundation  for applied research. Personally, I believe Ame‑rica is a great country to gain expe‑rience. Academically,  it  is  the  top of the world. Professionally,  it has also  one  of  the  most  competitive and sophisticated environment. So far I have stayed for about 2 years in Chicago and have learned a  lot of new things. But, most of all, it is the spirit of being able to innovate and  challenge.  The  stint  here will be my  treasure  for  the  rest  of my career.

Private life part, I am a big traveler, as most of my friends know. I en‑joyed taking the holidays to travel in the U.S. By the way, it is not true that Americans  do  not  take  vaca‑tion. There are  some workaholics, but I do meet a lot of travelers. So far I have visited about 21 states in America. The most recent one is a weekend trip to the state of Rhode Island. It is one of the oldest states of America, seOled in 1636 by some religious  refugees.  It  is  also  the first colony in North America that declared  independence  from  En‑gland. The  longest  trip was a dri‑ving trip from Chicago to Houston, about 3000 miles round trip (about 4000 KM).  I  took  this opportunity to  see  the  heart  land  of America, also visited cities like Memphis that has great Blues music. The furthest trip  I  did  was  to  Hawaii,  which has  three hours  time difference  to Chicago.  It  was  interesting  to  see many couples got married there or spending  honey moon  at Hawaii, and watch many whales mate and deliver baby whales there, for mil‑lions of years. Human and nature is closer than we thought.

Talking about Chicago, I feel Chica‑go’s beauty and aliveness is a well‑kept secret. It has a great network of bike roads and was voted as “the bike‑town  of  America”  in  2004.  I do about 50 KM bike riding in the weekends at the lakeside here from time  to  time.  Lake  Michigan  is huge. It has surface water of 57800 KM2, which is larger than the who‑le  Switzerland.  There  are  many other rivers and lakes around, so it is great  for kayak,  canoe,  sail  and any  other  water  sports.  Chicago also  has  an  unbelievable  diversi‑fied  culture  and  population. Afri‑can  Americans  brought  Chicago blues  music;  the  restaurants  in Chinatown,  Greektown  or  LiOle Italy are great. The  large Irish po‑

pulation brought great Irish pubs. Of course as a city has more poles than in Warsaw, you would bump into Polish sausage places a  lot  in Chicago.So  that  is  a  short  essay  about  the life  a�er  school.  I  encourage  you to  go  abroad  a�er HEC  time,  get your international exposures, chal‑lenge  yourself,  and  of  course,  if you come to Chicago, please let me know. I will be happy to invite you for a Swiss fondue.

Some of my trips in America

Chicago City aVer Snow (Photo: K. Chen)

Whenever  I  mentioned 

that I got my education 

in Switzerland, it brou‑

ght instant credibility

I  encourage  you  to 

go  abroad  aVer HEC 

time,  get  your  inter‑

national  exposures 

and  challenge  your‑

self.

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FINANCE

Banque  SA  cherche  ingé‑nieur  multilingue  pour  gé‑rer ses risques 

G�#�%(�x.,  +z��z+.$%,  -(~x�-(‑~+w+.z,  astronome,  physicien,… Depuis  quelques  années,  souvent dans la plus grande discrétion, des professions  inaOendues  investis‑sent les emplois bancaires. 

Certes, derrière  la  façade des gui‑chets, le style de l’employé bancai‑re  classique  reste  de  circonstance. Pour  le  client,  rien  ne  change.  En coulisses  par  contre,  sous  l’in‑fluence de mutations  structurelles importantes,  les métiers  bancaires 

évoluent  rapidement,  avec  une tendance  très  marquée  vers  les sciences  exactes,  l’ingénierie  ou, de  manière  plus  globale,  vers  les compétences en matière de gestion de projets. Conséquence : dans une majorité  d’établissements  bancai‑res  suisses,  les  profils  universitai‑res sont de plus en plus demandés. A  titre  d’exemple,  pour  la  seule BCV  (Banque  Cantonale  Vaudoi‑se),  leur  proportion  est  passée  de 10%  de  toutes  les  embauches  il  y a à peine 10 ans à 30%, voire 40%, aujourd’hui.  CeOe  évolution  s’ex‑plique aisément. 

Paul Coudret,  sous‑directeur,  est  con‑seiller  économique  à  la  BCV.  Ancien rédacteur  économique  à  l’Agefi,  au Journal de genève et au Temps.

NOUVEAUX MÉTIERS BANCAIRES

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F+z(zw.

Métier « béni des Dieux » en pleine (r)évolution

Dans le monde entier, la banque a longtemps été un métier « béni des Dieux » :  dans  un  environnement relativement bien régulé, avec des taux d’intérêt et des marchés finan‑ciers assez prévisibles et un climat concurrentiel  plutôt  modéré,  les affaires ronronnaient. La globalisa‑tion des marchés aidant, des pres‑sions  structurelles  convergentes ont pourtant commencé à s’exercer sur les établissements. Elles sont de plusieurs ordres.

Ces  pressions  viennent  des  mar‑chés eux‑mêmes, où la concurrence nationale  ou  trans‑nationale  entre établissements  est  devenue  féroce dans  un  contexte  de  dérégulation totale  des  opérations  financières et bancaires. CeOe concurrence va de  pair  avec  une  conscience  tou‑jours  plus  aigue  des  clients  pour de meilleurs services et prestations financières.  Ces  derniers  exercent donc  une  influence  toujours  plus grande  sur  les  banques,  notam‑ment en ce qui concerne la qualité des prestations.  Les Etats, voire les instances  supra  étatiques  ne  sont pas  en  reste :  ils  souhaitent,  avec plus ou moins de fermeté, réguler au  mieux  les  activités  bancaires pour éviter autant que faire se peut que  d’éventuelles  déroutes  finan‑cières  aient  un  effet  de  domino destructeur  sur  tous  les  marchés. Last but not least, ces 15 à 20 der‑nières années,  l’évolution dans  les technologies de l’information a été phénoménale, permeOant des éco‑nomies d’échelle impressionnantes dans le traitement électronique de l’information,  une des  bases  tech‑niques  de  l’exercice  des  métiers bancaires. 

Consolidation en cours

Le  résultat  de  ces  pressions  con‑vergentes  sur  les  banques  se  dé‑cline au quotidien dans les médias économiques  et financiers :  le  sec‑teur bancaire est en voie accélérée d’industrialisation. Et,  ses  respon‑sables  raisonnent  désormais  de plus en plus en termes de « chaîne 

de  valeur »  ou  de  « maîtrise  des marchés »,  des  idées  qui,  pour  le commun  des  mortels,  sont  plus courantes  dans  le  monde  indus‑triel que dans les sphères financiè‑res. La consolidation de la branche bancaire est un autre résultat, tout aussi visible, de ces pressions. Les regroupements, sous forme de fu‑sions  ou  d’acquisitions,  de  même que les disparitions pure et simple d’institutions  financières  de  toute taille sont à l’ordre du jour dans le monde entier.

La  Suisse  n’est  pas  épargnée  par ces  tendances  de  fond.  Le  nom‑bre  de  banques  autorisées  par  la Commission fédérale des banques (CFB)  y  est  passé  de  626  en  1988 à  près  de  300  aujourd’hui.  Et,  les exemples du rapprochement entre UBS et SBS à la fin des années 90, de la fusion des banques cantona‑les à Genève et Vaud ou encore des concentrations  en  cours  dans  le milieu des banques Raiffeisen sont parlant.  Selon des études récentes de  IBM Consulting1  et  du CS  Re‑search2, vers 2015, la consolidation en  cours  devrait  avoir  permis  à quatre  catégories  d’établissements bancaires de voir le jour : 

• des grandes banques universel‑les, style UBS et CS, où les métiers et les talents sont très concentrés ;• des  banques  de  proximité, orientées  vers  un  service  et  des prestations pour des clients au pro‑fil  redéfini, à  l’image des banques cantonales  ou des banques Raiffei‑sen ;• des banques spécialisées, à l’ins‑tar des banques de gestion de for‑tune  ou  des  banquiers  privés,  au métier très profilé et parmi lesquel‑les une concentration des forces est en cours en Suisse ;• des  acteurs  « non  bancaires », comme  une  hypothétique  Banque postale ou issus de la grande distri‑bution  (Coop, Migros)  qui  auront investi  des  niches  d’activités  lais‑sées vacantes par certaines institu‑tions bancaires classiques.

Les enjeux des technologies et des talents

Dans ce contexte, les banques doi‑vent  pouvoir  relever  deux  enjeux de taille pour être dans la course : rester au niveau le plus élevé pos‑sible en ce qui concerne la techno‑logie et aOirer les talents humains. En  effet,  la  technologie  (notam‑ment,  celle  de  l’information)  per‑met  une meilleure  automatisation des opérations, une externalisation des procédures et donc, assure une maîtrise  des  coûts,  ce  qui  donne des avantages concurrentiels en ga‑rantissant  une  souplesse  d’action, notamment en ce qui concerne les prix des produits et prestations.

En ce qui  concerne  les  talents hu‑mains,  il  s’agit  essentiellement pour  les  banques  de  pouvoir  at‑tirer  des  spécialistes,  notamment dans les nouveaux métiers bancai‑res  très  techniques,  qui  amènent une  réelle  valeur  ajoutée  aux  éta‑blissements  et  leur  facilitent  ainsi la  tâche  dans  l’acquisition  d’une nouvelle  clientèle. C’est  ainsi  que, depuis quelques années, on assiste à la disparition de certains métiers bancaires alors que d’autres appa‑raissent  ou  connaissent  un  regain de popularité. 

Ainsi, victimes de l’automatisation croissante  des  opérations,  les mé‑tiers de back‑office ou de  traders‑brokers ont tendance à disparaître. De même,  les  analystes  financiers font  les  frais  de  l’évolution  ban‑caire.  Ainsi,  des  équipes  entières disparaissant des banques suisses, leurs  postes  étant  transférés  dans les  filiales  londoniennes  ou  new‑yorkaises  des  établissements  ou, comme cela s’est passé tout récem‑ment,  complètement  sous‑traités auprès de partenaires hindous. 

Par contre, les métiers qui montent sont liés à l’évolution de la législa‑tion, comme les compliance officers chargés de surveiller  le comporte‑ment  éthique  des  établissements. Ils sont aussi liés à l’aOention nou‑velle portée aux clients (conseillers à  la  clientèle,  chefs  de  produits, conseillers  en  marketing).  Enfin, 

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ces nouveaux métiers ont souvent une connotation technique, comme les  gestionnaires  des  risques  très demandés dans les banques actuel‑lement, les experts en planification financière ou  les  ingénieurs finan‑ciers,  spécialisés  dans  la  création de nouveaux produits financiers.

L’afrait des ingénieurs

Schématiquement, on pourrait dire que  le profil professionnel  le plus recherché  par  les  banques  actuel‑lement  correspond  à  un  univer‑sitaire,  de  préférence  technicien, multilingue,  au  bénéfice  d’une formation complémentaire de type MBA, doté de solides compétences d’analyse et de synthèse et, ce qui serait un « plus », d’une expérience bancaire  ou  dans  le  conseil.  Dans ce  sens,  ceux  qui  ont  effectué  des études dans les sciences exactes et les ont complétées par un diplôme de  management  et/ou  quelques années chez un consultant d’enver‑gure  internationale  sont  particu‑lièrement  appréciés.  Notamment, parce  que  ces  personnes  ont  sou‑vent aussi une solide expérience de la gestion de projets.

Inutile  de  préciser  que  le  profil « ingénieur »  est  donc  actuelle‑ment  particulièrement  recherché. Un tel spécialiste a en effet une ex‑périence  pointue  de  la  gestion  de projets, pour laquelle il a reçu une formation spécifique et qui est une manière de travailler toujours plus en  vogue  dans  les  banques.  Il  est évidemment  doté  de  connaissan‑ces techniques et a des capacités de modélisation qui renforcent son es‑prit analytique et de synthèse. Par 

contre,  dans  le  contexte  bancaire, il  lui  manque  certainement  des compétences  sociales pour diriger des équipes ainsi que des capacités pour « s’extraire » d’un univers in‑tellectuel  trop orienté  sur  les chif‑fres. 

Ces  prochaines  années,  il  est  cer‑tain que les nouveaux profils ban‑caires  vont  gagner  en  puissance. Les  ingénieurs  seront  de  plus  en plus  demandés  pour  occuper  des postes dans la finance et le contrôle (gestion  des  risques,  contrôle  de gestion) ou dans l’ingénierie finan‑cière (nouveaux produits, produits alternatifs,  structurés/dérivés). Mais on ne va pas pour autant vers une  « technisation »  des  banques. Ces dernières développent en effet en parallèle des  structures de  for‑mation  toujours  mieux  adaptées pour faire se rencontrer l’esprit in‑génieur et l’esprit banque.

Une  formation  de  pointe pour des métiers de pointe

Au  niveau  des  établissements  en particulier, les plus puissants d’en‑tre eux disposent depuis longtemps de quasi‑universités internes ou de centres  de  formation  spécialisés. C’est  le  cas  des  grandes  banques comme  l’UBS  et  le  CS mais  aussi des  banques  cantonales  qui  dis‑posent, au niveau romand et tessi‑nois, d’une centre de formation des banques  cantonales  latines  à  Lau‑sanne‑Prilly. Au niveau de la place financière suisse, une structure de formation de pointe a aussi été ré‑cemment mise en place.

Soutenu par les banques, la Bourse 

suisse, la Confédération et les uni‑versités,  le Swiss Finance Institute (SFI),  présidé  par Olivier  Steimer, le président du Conseil d’adminis‑tration de la BCV,  est le résultat de la  fusion  entre  la  Swiss  Banking School  de  l’Université  de  Zurich et  l’institut  Fame.  Son  directeur, le professeur Jean‑Pierre Danthine de  l’Institut  de  banque  et  finance à  l’Ecole  des HEC de  l’Université de  Lausanne,  estime  que  le  Swiss Finance  Institute  « doit  devenir  la référence  européenne  et pourquoi pas mondiale en matière de mana‑gement bancaire, de  techniques et d’ingénierie financières3. »

Au sein du SFI,  les nouveaux mé‑tiers bancaires pourront aussi être stimulés.  CeOe institution a en ef‑fet comme ambition, au niveau de la  place  financière,  de  dispenser une formation de pointe pour aOi‑rer les talents, d’être une référence dans la formation au management bancaire et à l’ingénierie financière et,  de  soutenir  la  recherche  pour encourager  les  compétences  ban‑caires et financières.

Références1  IBM  Business  Consulting  Serv‑ices,  « The  Paradox  of  Banking 2015 », novembre 20052 Credit Suisse Economic Research, « Les  banques  face  à  la  mutation des  structures, à  la désindustriali‑sation et à la crise de croissance », Spotlight, avril 20053  « Swiss  Finance  Institute,  Se  po‑sitionner parmi  les meilleures  for‑mations  en  Europe »,  Banque  & Finance, janvier‑février 2006

En ce qui concerne les talents humains, il s’agit essentiellement 

pour les banques de pouvoir a[irer des spécialistes, notamment 

dans  les nouveaux métiers  bancaires  très  techniques,  qui  amè‑

nent une réelle valeur ajoutée aux établissements et leur facili‑

tent ainsi la tâche dans l’acquisition d’une nouvelle clientèle.

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GLOBALISATION

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GLOBALISATION

L’OUVERTURE DE LA SUISSE VIS-À-VIS DE L’EUROPE

Micheline Calmy‑Rey, 61 ans, mariée,  2  enfants,  3 petits‑enfants,  conseillère  fédérale, Vice‑présidente de la Confédération (2006). Formation : Licence en sciences politiques, à l’Institut de Hautes Études In‑ternationales de Genève, en 1968. Parcours politique : Militante de la première heure, elle s’est toujours engagée en faveur des femmes. «Les droits de l’homme sont aussi ceux de la femme!» Entrée au Parti socialiste genevois  en 1979,  elle  le présidera pendant 2 périodes. De 1981 à 1997,  elle  est députée au Grand Conseil de la République et Canton de Genève. En 1997, elle est élue au Conseil d’État genevois, qu’elle préside pendant l’exercice 2001‑02. Le 4 décembre 2002, elle est élue au Conseil fédéral. Depuis le 1er janvier 2003, elle est à la tête du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

L( S$+yy. z. peut  échapper à  son destin géographique et, de ce  fait, l’ouverture  a  pour  elle  avant  tout une  connotation  européenne. L’Union européenne (UE) est notre principal  partenaire,  tant  sur  les plans économique et politique que social  et  culturel.  La  Suisse figure en effet au rang des trois plus im‑portants partenaires  commerciaux de l’UE avec la Chine et  les Etats‑Unis :  80%  de  nos  importations proviennent de l’UE et nous y ex‑portons  60% de  nos  produits ;  un franc sur trois est gagné dans l’UE. 180’000  frontaliers  viennent  cha‑que  jour  travailler  en  Suisse,  sans lesquels des économies comme cel‑

les de Genève ou de Bâle ne pour‑raient fonctionner. Sans oublier les 800’000  ressortissants  de  l’UE  qui résident  et  souvent  travaillent  en Suisse.  Sur  le  plan  culturel,  trois de  nos  quatre  langues  officielles appartiennent aux grands groupes linguistiques  européens  et  de  ce fait  nous  rapprochent  de  nos  voi‑sins allemands, autrichiens, italiens ou français. Que ce soit au niveau culturel,  économique ou politique la Suisse est liée à l’UE, ou plutôt la Suisse et l’UE sont interdépendan‑tes. Autant  l’une que  l’autre,  ainsi que  leurs  citoyennes  et  citoyens, ont intérêt à collaborer et à faciliter les  échanges,  quelle  que  soit  leur 

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G'#�('+y(~+#z

nature.

En  1992,  le  peuple  suisse  refusait l’Espace  Economique  Européen (EEE). Dès  lors,  le Conseil  fédéral s’est  engagé  sur  la  voie  bilatérale qui s’est peu à peu imposée comme la  voie  d’une  politique  d’intérêts pragmatique et fructueuse. Les Ac‑cords  bilatéraux  I  ont  été  conclus en  1999.  Ils  font  figure,  en  quel‑que sorte, d’alternative à l’EEE qui aurait  permis  à  la  Suisse  le  plein accès  au  marché  unique.  Ces  ac‑cords  concernent  essentiellement l’ouverture  réciproque  des  mar‑chés:  ils  couvrent  les  transports terrestres  et  aériens,  les  marchés publics,  le  commerce  de  produits agricoles,  la  suppression  des  obs‑tacles  techniques au commerce, et surtout la libre circulation des per‑sonnes.  Sans  oublier  la  participa‑tion de  la Suisse aux programmes de recherche de l’UE. 

Grâce  à  ces  accords,  les  entrepri‑ses  suisses  ont  aujourd’hui  de meilleures  cartes  pour  déployer leurs activités à l’échelon européen et  ainsi  tirer  parti  de  potentielles économies  d’échelle.  A  l’inverse, les  entreprises  établies  dans  l’UE obtiennent  un  meilleur  accès  au marché  suisse,  ce  qui  tend  à  ac‑croître la concurrence dans les sec‑teurs concernés et ainsi à stimuler la  productivité.  L’impact  le  plus important du point de vue écono‑mique, devrait cependant provenir de  l’introduction de  la  libre circu‑lation  des  personnes.  Cet  accord élargit de fait  le marché suisse du travail au territoire de l’UE, respec‑tivement de l’EEE dans son ensem‑ble. Ce qui signifie non seulement que les entreprises suisses peuvent plus facilement recruter le person‑nel dont elles ont besoin et qu’elles ne trouvent pas en Suisse, mais que les  citoyennes  et  citoyens  suisse peuvent aussi aller s’établir et  tra‑vailler dans n’importe quel pays de l’UE aux mêmes conditions que les ressortissants  européens.  La  libre circulation  représente  donc  une opportunité pour  les Suissesses et les Suisses, qu’ils soient étudiants, salariés  ou  retraités.  Ils  sont  déjà 370’000 citoyennes et citoyens suis‑

ses à vivre dans l’UE.Enfin, l’intégration pleine et entière de la Suisse à l’Espace européen de la recherche favorisera le dévelop‑pement de savoir‑faire spécifiques, ce qui est primordial pour un pays comme le nôtre qui ne possède pas de matières premières pour garan‑tir sa prospérité.Si  la majeure partie des avantages des Accords bilatéraux I se situent au  niveau  économique,  il  ne  faut pas  oublier  les  conséquences  sur le  transport  routier  ainsi  que  sur l’environnement.  L’Accord  sur  les transports  terrestres  a permis  à  la Suisse  d’instaurer  la  redevance poids  lourds  liée  aux  prestations (RPLP) de manière concertée avec l’UE. Elle a pour buts de freiner la croissance  du  trafic  routier  poids lourds,  d’encourager  et  de  finan‑cer  le  transfert du  trafic marchan‑dises  sur  le  rail.  En  contrepartie, la  limite maximale  autorisée pour les camions a été augmentée de 28 

à  40  tonnes.  CeOe  augmentation ainsi que  la RPLP ont permis une diminution  du  nombre  de  poids lourds, ce qui a naturellement en‑traîné une réduction des émissions polluantes. Entre 2000 et 2004, soit après  l’entrée  en  vigueur  de  l’Ac‑cord sur les transports terrestres, le nombre de  camions  traversant  les Alpes  suisses  a  diminué  de  10%, après  avoir  augmenté  de  près  de 8%  par  an  dans  les  années  90.  Si la  tendance  constatée  sur  les  trois premiers  trimestres  de  l’année 2005 se confirme, le nombre de ca‑mions traversant  les Alpes suisses aura  même  diminué  de  14%  à  la fin 2005 par rapport à 2000. A plus long terme,  la mise en oeuvre des Nouvelles lignes ferroviaires à tra‑vers les Alpes (NLFA) devrait per‑meOre de réduire encore le nombre de  camions  en  transit  à  travers  la Suisse. Le deuxième cycle de négociations bilatérales  a  abouti  en  2004.  Les 

Accords  bilatéraux  II  permeOent d’étendre la coopération à d’autres domaines  dépassant  l’objectif d’une  ouverture  réciproque  des marchés. Pour  la  Suisse,  il  impor‑tait en particulier de participer aux coopérations  de  Schengen  et  de Dublin  en  matière  de  sécurité  et d’asile.  Les  autres  domaines  cou‑verts  par  les  Accords  bilatéraux II  sont  la  fiscalité  de  l’épargne,  la luOe  contre  la  fraude  douanière, le commerce de produits agricoles transformés, la coopération en ma‑tière de statistiques et d’environne‑ment,  la participation de  la Suisse aux programmes communautaires de  promotion  du  film  européen (MEDIA).

Les accords bilatéraux ont permis à la Suisse de renforcer ses liens avec l’UE,  liens  qui  profitent  tant  à  la Suisse qu’à l’UE. En matière écono‑mique,  ils  offrent  aux  entreprises suisses un accès plus facile au mar‑ché  européen.  Et  inversement,  les entreprises européennes ont un ac‑cès facilité au marché suisse. En ce qui concerne les revenus de l’épar‑gne,  la  Suisse participe désormais au système européen d’imposition des  revenus de  l’épargne. Les col‑laborations  dans  les  domaines  de la  sécurité  (Schengen,  luOe  contre la  fraude)  améliorent  la  sécurité des  deux  parties.  Grâce  à  cela,  la Suisse et l’UE vont renforcer leurs instruments  d’entraide  judiciaire et  d’assistance  administrative  afin de mieux luter contre la fraude, la contrebande  ou  la  criminalité.  La participation  de  la  Suisse  au  pro‑gramme MEDIA améliore  la posi‑tion du cinéma suisse et du cinéma européen.  La  collaboration  scien‑tifique  et  culturelle  sera  renforcée par  la participation de plein droit aux  programmes  de  formation pour lesquels la Suisse et l’UE vont conclure  un  accord.  La  réalité  de notre société et de l’environnement sera mieux perçue et connue grâce à la coopération en matière de sta‑tistiques  et  d’environnement.  Cel‑le‑ci nous permeOra, tant au niveau suisse qu’européen, de prendre les meilleures  mesures  possibles  de manière  fondée.  Finalement,  en matière scientifique, grâce aux dif‑

La Suisse figure au rang 

des  trois  plus  impor‑

tants  partenaires  com‑

merciaux de l’UE

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férents  accords  et  collaborations, les  pôles  suisses  et  européens  se trouvent renforcés.

Les  relations  entre  la  Suisse  et l’UE n’ont jamais été aussi intenses qu’aujourd’hui. L’UE étant toutefois une  entité  en  constante  évolution, il  convient  de  s’interroger régulièrement sur la forme que doit épouser  notre  relation  avec  notre principal partenaire. CeOe dernière n’est guère statique, mais doit être vue  comme un  processus  continu et  dynamique  dont  l’objectif  final reste  la  défense  des  intérêts  de notre  pays. Afin  de mieux  cerner ce  processus  et  de  se  donner  les moyens  de  mener  une  politique européenne  active  à  même  de répondre  aux  intérêts  suisses  à l’avenir, le Conseil fédéral adoptera un  rapport  sur  les  options  en matière  de  politique  européenne. Ce  rapport présentera un état des lieux de notre relation avec l’UE et définira les instruments dont peut disposer  la  Suisse  pour  faire  face aux défis qui apparaîtront dans ce cadre.

Dans  l’immédiat,  la  priorité  reste toutefois la mise en vigueur et l’ap‑plication  des  accords  bilatéraux existants.  Les  Accords  bilatéraux I sont entrés en vigueur  le 1er  juin 2002. Parmi les Accords bilatéraux II, trois d’entre eux  sont entrés en vigueur  en  2005  déjà.  Ce  sont  les accords  sur  les  produits  agricoles transformés, sur la suppression de la double‑imposition des pensions de fonctionnaires de l’UE retraités vivant en Suisse, et  sur  la fiscalité de  l’épargne.  L’accord  concernant les  programmes  communautai‑res de promotion du film MEDIA ainsi que celui sur l’environnement sont  entrés  en  vigueur  le  1er  avril dernier.  L’Accord  de  coopération statistique  entrera  quant  à  lui  en vigueur le 1er janvier 2007. La mise en  œuvre  des  Accords  d’associa‑tion à Schengen/Dublin nécessitera plus de temps. Elle ne devrait pas intervenir avant 2008 compte tenu des dispositions à prendre, notam‑ment l’installation des systèmes in‑formatiques. Aucune date n’a pour l’instant  été  fixée  quant  à  l’entrée 

en vigueur de l’Accord sur la luOe contre  la  fraude.  C’est  un  accord mixte,  ce  qui  signifie  que  chaque Etat  membre  doit  le  ratifier.  Cela prendra donc du temps.

Ces  accords  ne  meOent  toutefois pas  un  point  final  à  notre  politi‑que  européenne.  Des  discussions exploratoires  ont  lieu  avec  l’UE concernant  de  nouveaux  thèmes bilatéraux  dans  l’intérêt  des  deux parties.  Il  s’agit  par  exemple  du secteur de l’énergie pour lequel les discussions  portent  sur  le  transit transfrontalier  d’électricité,  l’accès réciproque au marché et  la  recon‑naissance des certificats de garantie pour  l’électricité  produite  à  partir de  sources  d’énergies  renouvela‑bles. Il y a aussi le système de na‑vigation par satellite Galileo qui a pour but de réduire la dépendance des Européens vis‑à‑vis du système américain GPS. Dans  ce domaine, 

la Suisse et  l’UE se  sont fixé pour objectif une participation de plein droit  de  la  Suisse  à  ce  projet.  En matière de santé publique, la Suis‑se et l’UE ont, en maintes occasions déjà,  exprimé  leur  intérêt  récipro‑que  à  renforcer  leur  coopération avec, à l’avant‑plan, la participation de la Suisse au Centre européen de prévention et de contrôle des ma‑ladies, situé à Stockholm. Ce Cen‑tre  soutient  la  Commission  euro‑péenne et  les Etats membres dans la prévention et  la  luOe contre  les maladies  infectieuses,  par  le  biais de  conseils  scientifiques  indépen‑dants et d’un système d’alerte pré‑coce. L’exemple de la grippe aviaire démontre toute l’importance d’une communication efficace au niveau international. C’est pourquoi il est essentiel que la Suisse et  l’UE ins‑titutionnalisent  leur  coopération. Dans  ceOe  perspective,  la  Suisse a  participé  déjà  en  2005  à  deux exercices  de  communication  entre autorités  sanitaires  en  situation 

d’épidémie.  Toujours  en  matière de  santé  publique,  une  coopéra‑tion est également envisagée dans le  cadre de  l’Autorité  européenne de sécurité des aliments implantée à Parme. Finalement, une première analyse  montre  qu’un  accord  de libre échange agricole avec l’UE se‑rait  globalement  avantageux pour l’économie  suisse.  Il  s’agit  main‑tenant  de  sonder  les milieux  con‑cernés  sur  l’opportunité  d’un  tel accord et d’engager des entretiens exploratoires avec l’UE quant à sa faisabilité.

Le but premier du processus d’in‑tégration européen est la paix et la stabilité,  construites  petit  à  petit par  la  collaboration  et  la  solida‑rité.  Solidarité  intra‑européenne, mais aussi extra‑européenne. Sans elle,  ni  l’Europe,  ni  l’UE  ne  se‑raient  sans  doute  ce  qu’elles  sont aujourd’hui.  Grâce  à  la  solidarité américaine et au Plan Marshall au sortir  de  la  Seconde Guerre mon‑diale,  l’Europe de  l’Ouest  a pu  se reconstruire rapidement et connaî‑tre  des  périodes  prospères.  Grâce à  la  solidarité  intra‑européenne, notamment  aux  politiques  com‑munautaires de cohésion, de nom‑breux pays de  l’UE ont  connu un développement  important.  Ce  fut le cas des pays du Sud, mais aussi de  l’Irlande  dont  le  PIB  par  habi‑tant  est  aujourd’hui  l’un  des  plus élevés.  C’est  aujourd’hui  le  cas avec  les  nouveaux Etats membres en Europe centrale et orientale qui sont dans une phase de raOrapage économique.

La Suisse profite elle aussi de l’élar‑gissement de l’UE. Sur le plan po‑litique premièrement, elle tire parti de la stabilité accrue du continent. L’amélioration  des  conditions  de vie dans les nouveaux Etats mem‑bres de l’UE diminuera également la pression migratoire. Deuxième‑ment,  sur  le  plan  économique,  la Suisse  a  tout  à  gagner  de  parte‑naires  économiques  dynamiques. Grâce  à  l’extension  des  accords bilatéraux à ces pays, nos entrepri‑ses gagnent un meilleur accès à des marchés en forte croissance. 

Il  est  essentiel  que  la 

Suisse  et  l’UE  institu‑

tionnalisent leur coopé‑

ration

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Parce  qu’elle  reconnaît  toute  l’im‑portance du dernier élargissement de l’UE pour la sécurité et le bien‑être  de  tous  en  Europe,  la  Suisse entend octroyer aux dix nouveaux Etats membres de l’UE une contri‑bution  de  200  millions  de  francs par  an  sur  cinq  ans.  Elle  souhaite ainsi participer  à  la  réduction des disparités économiques et sociales dans l’UE élargie. Elle entend ainsi marquer  sa  solidarité  envers  l’UE et  l’aider  à  faire  de  son  élargisse‑ment à  l’Est,  le plus  important de son  histoire,  un  nouveau  succès. Cet  engagement  s’inscrira dans  le prolongement des importants pro‑grammes d’aide à la transition dé‑ployés par  la Suisse dans  les pays d’Europe  centrale  après  la  chute du Mur  de  Berlin.  La  base  légale à cet effet est  la  loi  fédérale sur  la coopération avec les pays d’Europe de l’Est (LF Est), approuvée par le Parlement à une  large majorité en mars dernier.

CeOe contribution de la Suisse n’est en aucun cas un chèque à l’aOention de  Bruxelles.  Elle  n’a  aucun  lien avec  la  politique  de  cohésion  de l’UE,  puisque  la  Suisse  coopérera directement et de manière bilatéra‑le avec les pays bénéficiaires. L’aide de  la  Suisse  prendra  la  forme  de programmes et de projets concrets, que nous choisirons en étroite col‑laboration avec les pays concernés. Ces  projets  pourraient  concerner par exemple les bourses et les pro‑grammes d’échanges pour les étu‑diants et les jeunes chercheurs. En matière d’environnement, des pro‑jets sont envisageables dans le but de réduire les émissions polluantes provenant  de  la  combustion  des énergies  fossiles  ou d’améliorer  le traitement  des  eaux  usées.  Dans le domaine de  la  sécurité,  l’accent pourrait être mis sur la modernisa‑tion  des  autorités  policières  et  ju‑diciaires et sur le renforcement de la sécurité à la frontière extérieure de l’espace Schengen. Un autre do‑maine  pourrait  être  celui  du  sys‑tème de santé.

Le financement n’engendrera aucu‑ne dépense supplémentaire pour  la Confédération. Il sera effectué par 

des  compensations  dans  les  bud‑gets  des  Départements  fédéraux des Affaires étrangères et de l’Eco‑nomie, éventuellement complétées par  les  receOes  issues de  l’Accord sur  la  fiscalité  de  l’épargne  avec l’UE.  L’aide  au  développement pour  les pays  les plus pauvres ne doit pas être affectée.

CeOe  contribution  fait  partie  in‑tégrale  de  notre  politique  euro‑péenne. Elle est indispensable à la réussite et à  la poursuite de notre voie bilatérale. Elle prouve que  la Suisse est un partenaire fiable, res‑ponsable et solidaire. Elle est dans l’intérêt  de  la  Suisse.  Si  nous  ne pouvons  prévoir  quelles  seraient les conséquences d’un éventuel re‑fus populaire en cas de votation, il est certain que cela desservirait les intérêts de la Suisse.

Les enjeux de nos bonnes relations avec l’UE sont à la fois primordiaux et  multiples.  Primordiaux,  car  un franc  sur  trois  est gagné à  travers nos relations avec l’UE. Multiples, car  de  nombreux  domaines  de  la société  sont  concernés :  l’environ‑nement,  l’emploi,  la  sécurité,  la santé, etc. A l’heure actuelle, on ne peut imaginer un quelconque pays qui soit prospère tout en vivant en autarcie. Ceci est particulièrement vrai pour  la  Suisse qui doit  beau‑coup de sa prospérité aux échanges avec ses voisins. Toute la question réside dans le type et l’intensité des liens avec l’extérieur. Des relations qui ne seraient qu’économiques ne sont  pas  suffisantes  pour  garantir le  bien‑être  et  la  prospérité.  Une 

coopération  dans  le  sens  le  plus large du terme est  tout autant né‑cessaire.  Comment  de  nos  jours faire  face  à  des  épidémies  telles que  le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ou la grippe aviaire sans une coordination et une coo‑pération  internationale ?  Comme luOer  contre  la  criminalité  ou  le terrorisme  sans  une  collaboration internationale ?  Seule  la  coopéra‑tion permet de  luOer efficacement contre ces dangers. De la même fa‑çon, les problèmes environnemen‑taux ne  trouvent pas de  solutions strictement  nationales.  Il  suffit  de penser  à  la  pollution  atmosphéri‑que ou à la qualité des eaux. Nous pouvons bien évidemment prendre des mesures ponctuelles afin de di‑minuer  les gaz d’échappement ou de réduire les rejets de phosphates. Mais, à  long terme,  il  faut trouver des solutions à l’échelle internatio‑nale.  Pour  cela,  il  faut  nous  coor‑donner avec nos voisins et trouver ensemble  des  solutions  viables, comme ce fut le cas pour l’Accord sur les transports terrestres.

Dans  une  société  de  plus  en  plus globalisée,  les  problèmes  le  sont aussi.  Ils  nous poussent  à  trouver des solutions internationales. Pour la  Suisse,  ces  solutions  se  situent dans  une  large mesure  au  niveau européen.  La  coopération  avec l’UE est donc dans l’intérêt vital de la Suisse. Elle ne signifie pas la per‑te de notre souveraineté, mais une ouverture contrôlée, indispensable à notre prospérité. Le Conseil fédé‑ral a toujours œuvré dans ce sens, et continuera de le faire à l’avenir.

La Suisse entend octroyer aux dix nou‑

veaux Etats membres de l’UE une con‑

tribution de 200 millions de francs par 

an sur cinq ans.

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GLOBALISATION

UN MONDE À GLOBALISER

Louis Maja est étudiant en 3ème année de management à  l’école des HEC de Lausanne. Vice‑président de l’AIESEC de Lausanne, il a été le lauréat du con‑cours « Echos Money ». La Junior En‑treprise lui réitère ses félicitations !

L.  �%#�',-.  ~%,y  en  vogue  de  la globalisation mérite  certaines  dis‑cussions. Elle évoque une multitu‑de de choses, et si quelques happy few peu versés dans les lectures de Huntington ou Fukuyama s’en co‑gnent, elle apparaît au plus grand nombre comme une guerre impla‑cable  qu’il  est  important  de  pou‑voir  maîtriser.  D’autres  arguent qu’il  suffirait  de  la  comprendre pour  mieux  la  vivre,  en  tout  cas dans  notre  paisible  Suisse  et  tout autour.  

Y  a‑t‑il  une  différence  entre mon‑dialisation  et  globalisation ?  Au lendemain  de  l’anniversaire  de 

son  fils,  une  ménagère  de  cin‑quante  ans,  une  femme  souriante et  bien  en  chair,    apprend  qu’au coin d’un boulevard de  son quar‑tier  se  construit un  restaurant, un MacDonald’s.  Mondialisation  ou globalisation ?  Si  j’avais  écrit ;  au lendemain de l’anniversaire de son fils, une ménagère dans la fleur de l’âge,  apprend  que  sur  un  boule‑vard très fréquenté de son quartier, défile  un  cortège  de  manifestants islandais  protestant  contre  la  po‑litique  tarifaire  sur  l’huile  de  foie de  requin.  Qu’en  est‑il ?  L’emploi de ces deux termes est de plus en plus  courant,  et  ils  sont  souvent confondus. Ils affectent l’ensemble 

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de notre société, et sont la cause de sentiments passionnels à l’égard de ce qu’ils désignent. Tous deux sont devenus  des  phénomènes  incon‑tournables  des  relations  interna‑tionales, pourtant il est difficile de distinguer  la différence  entre  eux. Nous  avons  trop  souvent  enten‑du  les  plaintes  des  ennemis  de  la mondialisation  et  de  la  globalisa‑tion, qui puisent certaines de leurs frustrations dans le non‑respect gé‑néral de  l’environnement  ou dans l’antiaméricanisme. Ces ennemis se trouvent au quatre coins du monde et ne partagent pas les mêmes va‑leurs,  sauf  peut‑être  celle  d’être contre  ces  ordres  qui  gouvernent le monde. Reprenons : mondialisa‑tion  ou  globalisation ?  La  distinc‑tion a‑t‑elle un sens dans la mesure où l’une est la traduction de l’autre, expression  utilisée  par  les  anglo‑saxons ?  Pour  certains  utilisateurs érudits  de  l’Internet,  la  mondiali‑sation  représente  aujourd’hui  en quelque  sorte  l’extension  des  re‑lations et des échanges  internatio‑naux à l’échelle du monde, qui sont la  conséquence  de  l’accroissement des  transports  et des  communica‑tions. La globalisation, quant à elle, met  l’accent  sur  les  modalités  de réalisation du phénomène. Il s’agit donc de l’intégration des principes, des méthodes, des produits et des techniques qui en assurent la réus‑site. Néanmoins, malgré les défini‑tions  proposées  par  les  serials  in‑formateurs du Net, ces deux mots sont employés à la même sauce et les professeurs d’université ne s’en formalisent  pas.  La  voix  suprême académique  a parlé.  Elle  tranche : mondialisation  et  globalisation, c’est pareil. Peut‑être  qu’un  bref  retour  histo‑rique  s’impose.  Quand  est‑ce  que la  mondialisation  naquit‑elle ?  Il n’y  a  apparemment  pas  de  con‑sensus.  On  lui  aOribue  une  date de  naissance  qui  correspond  aux premières  heures  du  capitalisme européen  qui  prit  son  essor  dans le seizième siècle.  Plus tard, le dé‑veloppement des multinationales à la  fin de  la  Seconde Guerre Mon‑diale,  l’émancipation des colonies, la  chute du mur de Berlin  et  l’In‑ternet  ont  contribué  au  mouve‑

ment…Tout au  long du processus de  formation,  les  nouveautés  qui ont  accru  l’échange  global  sont les  suivants :  l’émergence  depuis ces  derniers  cinquante  ans  d’états souverains  très  dépendants,  l’ex‑plosion démographique  et  les mi‑grations,  la diffusion de la culture et des arts, la mobilité croissante, et le développement de réseaux dans le monde. 

La mondialisation  dérange‑t‑elle ? Les altermondialistes, entre autres, scandent à grands coups de bande‑roles multicolores que l’écart entre pauvres et riches se creuse, que l’on dénombre un nombre croissant de produits  américains  tels  que  les films ou la musique sur le marché mondial. Il est aussi prédit par les mêmes protagonistes que l’une des conséquences  de  la  globalisation sera la fin de la diversité culturelle, et le triomphe d’une culture unique qui profitera aux entreprises et or‑ganisations  transnationales.  Dans ce  monde‑ci,  tout  le  monde  boit Coca‑Cola, rêve de Pamela Ander‑son  et  s’alimente  chez  le  nouveau traiteur du quartier : l’ami de tous, Macdonald’s.  Les  contestataires sont  opposés  à  une  société  inte‑ragissant  avec  le  reste  du monde, particulièrement  avec  les  Etats‑Unis  et  la Grande Bretagne qui,  à leurs  yeux,  font  figure  de  cataly‑seurs  hard  de  mondialisation.  Le retour  aux  valeurs  traditionnelles en matière de mœurs  et  la  purifi‑cation  culturelle  (alimentation  et vêtements par exemple) est l’idéal qu’ils prêchent.  A leurs côtés figu‑rent  les  mollahs  et  islamistes  qui résistent  encore  et  toujours à  l’en‑

vahisseur,  à  savoir  l’occidentalisa‑tion  de  la  planète.  Récemment,  le boycoO de produits danois a remis au goût du  jour  le  fameux clivage qui  existe  entre  deux  mondes,  ce fameux Clash of Civilizations auquel on croit ou non. Ainsi, au‑delà de l’argument  politico‑économique des marxistes  et  des  altermondia‑listes  s’ajoute  l’idéologie  d’une  ci‑vilisation en guerre contre les prin‑cipes  de  globalisation  assimilée à  une  invention  judéo‑chrétienne farouche. On citera aussi le cas du plombier polonais qui, au dire des dignes  garants  du  protectionnis‑me  de  l’intégration  économique, menace  le métier de  ses  collègues français.  Ainsi,  les  arguments  fu‑sent  de  toute  part  et  ne  sont  pas prêts de s’arrêter. Tout ce qui  tou‑che à l’étranger en Suisse est perçu comme une menace latente qui vise à  l’insécurité  sociale,  économique sans oublier  la paix  au  travail.  La presse relaye les échos angoissants de certains et de ce fait aOise le feu. Amalgames ?

La  globalisation  aOise  les  conflits religieux,  nationalistes  et  la  luOe des  classes. Mais  le principal pro‑blème,  selon  des  économistes  tels que Daniel Cohen1,  réside dans  le fait qu’  « elle ne tient pas ses pro‑messes. »  Elle modifie  les  aOentes de  la  population  mondiale  qui  la considère comme un fait accompli. Or, c’est parce qu’elle n’  « advient pas,  et  non  pas  parce  qu’elle  est déjà  accomplie,  que  la  mondiali‑sation  aiguise  les  frustrations. » L’Afrique, dont la population dou‑blera d’ici 2050 malgré des condi‑tions misérables,  est victime de  la globalisation parce qu’elle est trop peu  touchée  par  elle.  Il  est  assez évident d’observer et de croire que de  plus  en  plus  d’Etats‑nations s’organisent  au  même  titre  que les  individus  sur  des  schémas  de fournisseurs‑clients,  relations  qui ont tendance à devenir exclusives, engendrant  les  concentrations  et les  distorsions  commerciales,  ce qui  est  le  cas  avec  l’Afrique  tou‑jours et encore. Pour preuve, il est plus  facile de commercer avec ses voisins  et moins  coûteux de  créer son entreprise là où les économies 

Dans  ce  monde  décrié 

par  les  altermondialis‑

tes,  tout  le  monde  boit 

Coca‑Cola,  rêve  de  Pa‑

mela Anderson et  s’ali‑

mente  chez  le  nouveau 

traiteur  du  quartier  : 

l’ami  de  tous,  Macdo‑

nald’s.

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d’échelle sont moindres…Les pays européens  commercent  plus  vo‑lontiers  et  plus  facilement  avec leurs  voisins  de  l’union,  à  cause de  l’homogénéité  des  préféren‑ces et des goûts dans  les produits semblables.  L’ « ancienne »  mon‑dialisation  qui  consistait  en  un commerce  de  produits  très  diffé‑rents entre pays dissemblables du temps  du  colonialisme  représente une part  infime dans les échanges internationaux  aujourd’hui.  Les économies  d’échelle  citées  pré‑cédemment  jouent  également  un rôle  (dans  la  liOérature  économi‑que,  on  les qualifie d’internes par opposition à externes) ; une entre‑prise  telle  que  Patek  Philippe  a‑t‑elle intérêt à s’établir en Tanzanie ? L’idée  est  la  suivante :  l’entreprise se  retrouverait dans un espace où il n’existe pas une grande industrie horlogère.  Elle  ne  jouirait  plus de l’approvisionnement  efficace  en services, machines et  technologies de  pointe  à moins  de  coûts  exor‑

bitants. En comparaison,  la Suisse apparaît toujours, malgré les nom‑breux concurrents, comme un pôle d’aOractivité ;  il  y  a  une  diffusion du  savoir  exceptionnelle  au  sein des clusters, et du fait de la proxi‑mité  des  entreprises  et  des  four‑nisseurs,  les  coûts  sont  réduits  et demeurent  bien  plus  intéressants 

que ceux engendrés dans le cas où l’entreprise  déménagerait.  Y  a‑t‑il alors  vraiment  un  intérêt  particu‑lier  à  s’installer  ailleurs ?  Ration‑nellement  non. De  ce  fait  et  pour d’autres  raisons  qui  dépassent  le cadre  d’une  analyse  sommaire, la mondialisation  a    provoqué un malentendu,  ce qui  fait qu’elle  est  incapable  de  réaliser  les  aOentes de populations pauvres. Outre  les opposants cités plus  haut, il existe encore à ce jour énormément d’obs‑tacles à celle‑là, dont la corruption, les intérêts de groupes minoritaires et même  de  certains  pays  entiers, qui  se  traduisent  par  des  tarifs, des quotas et barrières  techniques parfois affreusement superflues, et qui vont  à  l’encontre des  souhaits de  l’OMC.  Il  est  donc  intéressant de voir la globalisation comme un malentendu global qui peine à pa‑raître comme la meilleure solution possible à un monde en perpétuel questionnement. 

Il existe encore à ce jour 

énormément  d’obsta‑

cles à la mondialisation, 

dont  la  corruption,  les 

intérêts  de  groupes mi‑

noritaires  et  même  de 

certains  pays  entiers, 

qui se traduisent par des 

tarifs, des quotas et bar‑

rières techniques parfois 

affreusement superflues

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Il  est  tentant  d’invoquer  la  com‑munauté de destin. Ceci est discu‑table à souhait.  Il s’agit de  l’adage employé    par  les  partisans  de l’union monétaire européenne qui, face aux chocs asymétriques liés à une  monnaie  commune  dans  les pays  membres  et  à  une  politique unique en matière de change,    re‑commandaient  d’accepter  les  ef‑fets  parfois  indésirables  pour  une cause  meilleure :  la  construction de  l’Union  Européenne.  Les  re‑proches  que  certains  adressent  à la  mondialisation  ne  la  concer‑nent  pas  toujours  entièrement. Les  riches  deviennent  de  plus  en 

riches, les pauvres de plus en plus pauvres ;  le  cantique  est  actionné et  le  tableau  affreux  de  la  réalité humaine  apparaît  au  grand  jour, plus  sombre  que  jamais.  Sont‑ce les  acteurs  de  la  mondialisation les  principaux  responsables ?  Po‑sons la question autrement : de qui parlons‑nous ? Qui sont les acteurs de  la mondialisation ? La  réponse est : aujourd’hui tout le monde est concerné.  Et  tous  ceux  qui  sont  à l’origine d’une politique de protec‑tionnisme et des lobbies favorisant des industries mal gérées, mouran‑tes  et  peu  efficaces,  et  quiconque, parmi  nous,  ayant  eu  ne  serait‑ce 

qu’une seule fois une pulsion égo‑ïste à faire valoir un intérêt person‑nel  arbitraire  ou  non  par  rapport à  l’étranger,  scandant  les  grandes phrases d’un discours nationaliste ou religieux,  sont aujourd’hui res‑ponsables de l’échec de la libérali‑sation et de  la globalisation. Criti‑quer les multinationales et le mode de vie américain rappelle à l’esprit que  rares  sont  ceux  qui  balayent devant  leur  porte  avant  de  regar‑der la poudre de leurs voisins. 

Référence1 Les ennemis de la mondialisation (Grasset), Daniel Cohen

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Le  Secret  Bancaire  &  les accords  bilatéraux  avec l’Union Europénne : état des lieux

Les grandes banques suisses et no‑tamment les banques de gestion de fortune  ont  annoncé  ceOe  année d’excellents résultats financiers. Au‑delà  de  l’exubérance  de  cer‑taines  primes  aOribuées  par  de grands  groupes  à  quelques  colla‑borateurs privilégiés,  le secteur fi‑nancier emploie en Suisse environ 150’000  personnes1  et  représente une part  importante de notre éco‑nomie.   Quel  rôle  faut‑il  aOribuer aujourd’hui au secret bancaire dans 

ceOe prospérité du moment et quel impact  nos  relations  avec  l’Union européenne  vont‑elles  avoir  sur le  secret bancaire et  sur  le  secteur financier  suisse dans  les  années  à venir?

Au‑delà de réactions émotionnelles qui lui sont favorables ou hostiles, le secret bancaire et ses enjeux sont souvent mal compris.

Retour aux sources du secret bancaire suisse

Contrairement  à  une  idée  large‑ment répandue, le secteur bancaire suisse ne s’est pas construit  sur  le 

GLOBALISATION

DISCUSSION AUTOUR DE LA LEVÉE DU SECRET

BANCAIRE EN SUISSE

Pierre Schneider, Docteur en droit, est actuellement membre de la di‑rection d’American Express Bank à Genève et responsable « complian‑ce » de l’ensemble des activités financières et non financières du groupe American Express en Suisse ainsi que des activités de gestion de fortune de la compagnie à Monaco, Guernsey et Dubaï. Précédemment, il était en charge du départment « compliance » du groupe BNP Paribas pour l’activité gestion de fortune à Genève. Auparavant, il a créé le départe‑ment juridique et « compliance » de la banque Heritage en Suisse.

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secret bancaire.La  naissance  juridique  du  secret bancaire remonte à 1934, en pleine tourmente  économique  et  politi‑que. L’institution est donc apparue bien après la fondation des grandes banques de gestion du pays dont la réputation était alors internationa‑lement établie.Si  le  secret  bancaire  a  certaine‑ment contribué au développement de  la  place  financière  suisse,  bien d’autres pays ont depuis lors adop‑té une institution comparable.Si  l’on  ajoute  à  ceOe  concurrence les aOaques soutenues à l’encontre de la Suisse et de la confidentialité de ses banques, l’avantage concur‑rentiel  du  secret  bancaire  suisse doit être aujourd’hui relativisé.

Qu’est‑ce que le secret ban‑caire ?

Il s’agit simplement du secret pro‑fessionnel du banquier.La  violation  de  ce  secret  entraîne des sanctions renforcées et expres‑sément prévues par la loi bancaire suisse2. En  substance,  la  sanction  pénale d’une  violation  du  secret  profes‑sionnel dans le monde bancaire est plus lourde que dans d’autres sec‑teurs de notre économie.La  loi bancaire suisse  lui consacre un  article  particulier :  l’article  47 LB. Il ne s’agit donc pas d’une boîte noire….

Le  secret  bancaire  et  «  l’ar‑gent du crime »

Le  blanchiment  d’argent  sale  est une  notion  relativement  nouvelle. Elle  remonte à une époque où  les difficultés rencontrées dans le com‑bat contre  les cartels de  la drogue ont  amené  notamment  les  Etats‑Unis à revoir  leur stratégie et à se concentrer  sur  les  flux  financiers des  organisations  criminelles  plu‑tôt  que  sur  une  répression  armée peu efficace du trafic de drogue .Aujourd’hui, la notion a une signi‑fication plus large et se réfère à tout argent  d’origine  criminelle.  Cer‑tains pays ont accusé le secret ban‑caire  de  favoriser  le  blanchiment d’argent  sale.  Qu’il  s’agisse  d’ac‑

cusations  malveillantes  ou  d’une sincère  volonté de  luOer  contre  la criminalité, la législation suisse en matière de  luOe contre  le blanchi‑ment d’argent est aujourd’hui con‑forme  aux  standards  internatio‑naux3 en la matière et les aOaques à son encontre ne se justifient pas.  

Concrètement,  la  Suisse  exige  de ses  institutions  financières  une identification  formelle  des  ayant droits  économiques  finaux  des fonds déposés sur leurs livres ainsi qu’une  connaissance  approfondie de leur activité professionnelle. Le tout doit être consistent et suffisam‑ment  précis  pour  que  le  banquier ait une vision claire des affaires de son client.Les  sociétés  « boîtes  aux  leOres », incorporés  dans  des  centres  dits « offshore »,  ne  peuvent  donc  pas occulter  la source des fonds qu’el‑les  déposent  en  Suisse.  Les  ban‑ques  ont  d’ailleurs  l’obligation  de dénoncer  les  situations  douteuses dans  le  cadre de  la  luOe  contre  la criminalité, le terrorisme et le blan‑chiment d’argent sale.Enfin, une autorité suisse peut exi‑ger d’une banque établie en Suisse toute  information  et  ordonner  le blocage  d’un  compte  dans  le  ca‑dre d’enquêtes criminelles menées indifféremment  en  Suisse  ou  à l’étranger. Néanmoins,  les  autorités  suisses sont  un  passage  incontournable de  toute  investigation  sur  territoi‑re suisse.  Il s’agit  là d’une mesure de  souveraineté  identique  à  celle que  l’on  trouve  dans  les  pays  de l’Union Européenne.Malheureusement, le problème est international  et  touche  la  plupart des Etats  sous des  formes  très di‑verses. Les  techniques de blanchi‑ment  se  sophistiquent  au  gré  des mesures  de  luOe  que  les  Etats  et organisations  internationales  en‑treprennent. Aujourd’hui, la Suisse n’offre  pas  d’aOrait  particulier  en matière de blanchiment.

La  Suisse  et  la  fiscalité  de l’Epargne Européenne

Nous nous rapprochons de l’enjeu.L’Union européenne a adopté une 

directive4  intra‑communautaire sur  l’épargne  incluant un échange automatique  d’informations  entre autorités fiscales européennes: l’in‑formation  relative aux  revenus de l’épargne produits dans un pays A est ainsi mécaniquement transmise au pays B.Seuls  trois  pays  font  exception : l’Autriche, la Belgique et le Luxem‑bourg  qui  appliquent  un  système d’impôt  à  la  source  et  préservent ainsi leur secret bancaire.Afin  d’éviter  un  quelconque  con‑tournement  du  système,  l’Union européenne a en outre conclu avec la Suisse un accord spécifique à la fiscalité de l’épargne européenne.Cet  accord  fait  parti  du  second paquet  d’accords  passés  entre  la Suisse et l’Union européenne dans le cadre des accords bilatéraux. 

Afin  de  mieux  comprendre  l’en‑jeu, il est important de revenir sur quelques  notions,  ici  vulgarisées, de nature fiscale. En effet, la Suisse fait une distinction entre la fraude et la soustraction fiscale. La nuance est d’importance et propre à notre pays. La soustraction fiscale est, au sens du droit suisse, une dissimulation d’éléments  de  revenus  ou  de  for‑tune.  La  fraude  fiscale  implique l’usage  de  faux  dans  les  titres  in‑duisant  le  fisc  en  erreur  ou  tout autre astuce suffisamment caracté‑risée pour constituer une forme de fraude fiscale.Cependant,  la  Suisse  considère  la soustraction fiscale comme une in‑fraction administrative pénale aux conséquences limitées et exclut par conséquent la levée du secret ban‑caire dans le cadre de l’entraide in‑ternationale. Au contraire, la frau‑de fiscale est considérée comme un crime et implique la levée du secret bancaire, notamment dans le cadre de  l’entraide  internationale.    Ce que l’on reproche aujourd’hui à la Suisse, c’est son approche différen‑ciée de l’infraction fiscale. 

Au  terme des négociations Bilaté‑rales  II,  la  Suisse  et  l’Union  euro‑péenne ont convenu d’un système de prélèvement à la source des re‑venus générés par l’épargne des ti‑

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tulaires de comptes en Suisse dont la résidence fiscale est située dans un pays de l’Union européenne5. 

Le taux d’imposition est forfaitaire et  ne  concerne  que  les  intérêts  de l’épargne.  De  15%  aujourd’hui,  il passera  à  20%  en  2008  et  finale‑ment à 35% en 2011. Le fruit de ces prélèvements  est  en  majeure  par‑tie  reversé  à  l’Union  européenne (75%). Au  terme  des  six  premiers mois  d’existence de  l’accord, CHF 138 millions  ont  été  ainsi  générés dont CHF 103 millions ont été  re‑versés à l’Union européenne.

Les ressortissants de l’Union euro‑péenne  ont  cependant  la  possibi‑lité de se voir  imputer  le montant de la retenue d’impôt par l’autorité fiscale  de  leur    pays  de  résidence sur  présentation  d’une  aOestation de retenue de l’impôt.  Il convient de préciser que l’accord ne touche que les personnes physiques et non les  sociétés.  Dans  le  cadre  de  cet accord,  la Suisse accordera  l’assis‑tance  administrative  aux  pays  de L’Union  européenne,  à  l’exclusion du cas de soustraction fiscale. L’ac‑cord  pourra  être  revu  ultérieure‑ment mais pas avant 2013.

Quel avenir pour la gestion de  fortune  face  à  l’Union Européenne ?

Dans  le secteur bancaire suisse et indépendamment de la hausse des marchés  financiers,  la  croissance de  la  gestion  de  fortune  privée  a été  bonne  ces  dernières  années malgré  les  multiples  aOaques  à l’encontre de son secret bancaire et des  importantes  concessions  que la  Suisse  a  dû  faire  dans  le  cadre notamment des accords bilatéraux avec l’Union européenne ou précé‑demment avec les Etats‑Unis.

Si  l’on  met  en  perspective  le  fort développement  de  la  gestion  de fortune en Suisse aujourd’hui et le récent « affaiblissement » du secret bancaire, il y a certainement plus à dire sur le succès de la place finan‑cière que de  le  limiter à une insti‑tution.

L’importance  du  secret  bancaire n’est  peut‑être  aujourd’hui  plus aussi  décisive  pour  les  banques suisses  qu’il  n’y  paraît.  Cela  ne veut certainement pas dire qu’il est dépourvu  de  substance.  La  seule protection  de  la  sphère  privée  de chacun  est  une  réelle  préoccupa‑tion dans un univers où les moyens technologiques permeOent de con‑trôler, de cibler ou de nuire à tout individu ou société. 

La Suisse n’a pas aOendu le secret bancaire pour développer une ex‑pertise  reconnue  en  matière  de gestion de fortune. La stabilité éco‑nomique,  sociale  et  monétaire  du pays a par ailleurs toujours consti‑tué des facteurs favorables aux af‑faires bancaires. La banque de ges‑tion en Suisse a ainsi vécu plusieurs décennie de prospérité sans soucis majeur de renouvellement, capita‑lisant sur sa réputation, son exper‑tise et  sur  la  légendaire discrétion de ses banquiers. Cependant, com‑me le souligne une célèbre phrase de  la  « Mégère  apprivoisée »  de William  Shakespeare :  «celui  qui croit que le monde tourne en rond est  étourdi».  Le  succès  aOire  les convoitises.

Ainsi,  le  secteur  de  la  gestion  de fortune  s’est  transformé  en  Suisse et les résultats de ceOe nouvelle dy‑namique sont au rendez‑vous. Les aOaques  contre  le  secret  bancaire, justifiées ou non, font certainement parties des raisons de ceOe remise 

en question. A ce titre, elles ont été bénéfiques.Cependant, la concurrence se dur‑cit  et  la  bonne  tenue des marchés ne sera pas perpétuelle. On aOend certes  des  modifications  législati‑ves  imminentes  qui  devraient  ra‑jeunir le cadre réglementaire suisse actuel aux besoins du secteur ban‑caire6. La concurrence se joue aussi à  ce  niveau.  La  Suisse  est  ainsi confrontée à une compétition tout azimut  qu’elle  ne  pourra  contenir qu’au travers d’un effort d’adapta‑tion et d’innovation permanent. 

Références1  « Le  secteur  bancaire  suisse », Compendium Edition  2006, Asso‑ciation suisse des banquiers2 Article 47 LB : les sanctions maxi‑males sont la prison pour six mois au plus ou d’une amende maxima‑le de CHF 50’000.‑.3  Notamment  les  49  recomman‑dations  du  GAFI  relatives  au blanchiment  d’argent  sale  et au  financement  du  terrorisme (www.fatf‑gafi.org)4 Directive européenne 2003/48/CE5 L’Accord sur la fiscalité de l’épar‑gne entre la Suisse et l’Union euro‑péenne est entré en vigueur le 1er juillet 2005. Un ensemble de règles interprétatives  à  l’aOention  des « agents payeurs » (les banques no‑tamment) ont été émises par l’AFC afin de préciser les contours de cet accord sur la fiscalité de l’épargne. 6 On peut notamment citer les tra‑vaux  qui  sont  en  cours :  l’actuelle Loi  fédérale  sur  les  fonds  de  pla‑cement  qui devrait être prochaine‑ment remplacée par la Loi fédérale sur les placements collectifs de ca‑pitaux,  plus  moderne,  ou  la  rati‑fication  de  la  convention  conclue à  La Haye en 1985 relative à la loi applicable  au  trust  et  à  sa  recon‑naissance.

Contrairement à une idée largement répandue, le secteur bancaire 

suisse ne s’est pas construit sur le secret bancaire

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DROIT

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DROIT

LA CONSTITUTION EURO-PÉENNE ET SES IMPLICATIONS

POUR LA SUISSE

Roland Bieber est  professeur ordinaire et titulaire de la «Chaire Jean Monnet» à la fa‑culté de droit de Lausanne depuis 1991. Il a enseigné, entre autres, à l’Institut Univer‑sitaire Européen de Florence, au Collège d’Europe à Bruges et à l’Université de Saar‑brücken où il a reçu son Habilitation à l’enseignement universitaire pour les branches de droit public, droit international public, droit européen et droit comparé.Originaire d’Allemagne, il a travaillé pendant de nombreuses années au service du Parlement européen, notamment comme conseiller  juridique de celui‑ci  et  comme conseiller personnel de deux présidents. 

L’entrée en vigueur de  la «Consti‑tution pour l’Europe», signée le 29 octobre 2004 par  les représentants des  25  Etats  membres  de  l’Union européenne,  n’apportera  point de  révolution,  tout  en  constituant cependant  un  acte  d’importance symbolique  et  pratique.  Même sans  ceOe  Constitution,  l’Union européenne dispose déjà d’un droit constitutionnel. 

En effet, le processus d’intégration européenne,  les  multiples  réfor‑mes  des  traités,  l’activité  législa‑tive et judiciaire des institutions de l’Union ont créé un ordre juridique autonome  qui  confère  des  droits 

et des obligations aux Etats mem‑bres, mais également aux citoyens de l’Union. Deux éléments propres à ce processus sont le principe de la primauté du droit communautaire sur le droit national, ainsi que celui de  l’application directe  des  traités et  d’une  partie  de  la  législation  à ses citoyens.

La  jurisprudence  de  la  Cour  de justice  de  l’Union  a  notamment mis en  lumière des principes  juri‑diques  qui  caractérisent  un  ordre juridique  constitutionnel,  comme par exemple  le principe de  la hié‑rarchie  des  normes,  la  création  et l’organisation d’un pouvoir public 

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communautaire,  l’établissement d’une  structure  quasi‑fédérale avec  répartition  des  compéten‑ces,  l’indépendance des  tribunaux communautaires  dont  la  jurispru‑dence  doit  être  respectée  par  les cours nationales,  l’expression et  la protection  des  valeurs  telles  que les droits fondamentaux.

Formellement,  la nouvelle Consti‑tution  est  destinée  à  se  substituer aux  traités  qui  établissent  actuel‑lement  encore  les  fondements  de l’Union  européenne,  notamment le Traité sur l’Union européenne et le Traité instituant la Communauté européenne. 

Mais dans les faits, la Constitution donne  un  cadre  plus  transparent et  plus  visible  à  l’ordre  juridique de  l’Union.  Elle  confirme  l’acquis tout  en  le modernisant  et  en  ren‑dant  l’Union  plus  démocratique, notamment  par  une meilleure  ré‑partition des aOributions entre  les institutions.

D’importantes parties de  la Cons‑titution  ne  font  que  consolider  la jurisprudence  et  la  pratique  insti‑tutionnelle. On cite, à titre d’exem‑ple,  la reconnaissance formelle du principe de primauté de droit euro‑péen  par  rapport  au  droit  interne des Etats membres. Le fait que ces précisions  soient  inscrites  dans  la Constitution leur octroie une noto‑riété supplémentaire et ceci même si les procédures de ratification ne sont pas terminées.

Aussi  en  ce  qui  concerne  le  droit matériel  de  l’Union,  la  Constitu‑tion maintient pour l’essentiel l’ac‑quis  qui  se  trouve  actuellement dans le Traité CE. Afin de pouvoir abroger intégralement le Traité CE, les règles de droit matériel (marché intérieur,  droit  de  la  concurrence, droit  économique  et  monétaire) furent réinscrites dans la troisième partie de la Constitution. Lors des référenda, un malentendu a été dé‑clenché  en  France  et  au  Pays‑Bas portant  sur  le  fait  que  la  décision sur la Constitution impliquait aus‑si  une  décision  sur  ces  domaines de  droit  matériel.  Or,  le  refus  de 

la  Constitution  entraîne  nécessai‑rement le maintien du Traité CE et constitue  en  conséquence  un  vote conservateur.

L’entrée en vigueur de la Constitu‑tion dépend de  l’accomplissement des procédures de ratification dans les  25  Etats  membres  de  l’Union européenne. Bien qu’en date du 1er avril 2006, 15 Etats membres repré‑sentant la majorité des Etats et des peuples de l’Union, aient accompli leur procédure de ratification, l’en‑trée en vigueur de la Constitution n’est pas encore certaine. En effet, dans deux Etats (France, Pays‑Bas), le résultat des référenda sur la ra‑tification  de  la  Constitution  a  été négatif. Or, selon son article 447, la Constitution ne peut  entrer  en vi‑gueur qu’après le dépôt des instru‑ments  de  ratification  par  tous  les Etats membres (soit 25 Etats).

Toutefois, déjà avant son entrée en vigueur,  la  Constitution  déploie un  effet  majeur  de  clarification du droit européen, notamment en matière  des  droits  fondamentaux garantis au niveau de l’Union. Cer‑tes,  elle  apporte  des  nouveautés comme  par  exemple,  l’initiative populaire  (art.  47), une procédure législative unique (art. 34) ou l’ins‑titution  d’un   ministre  des  affaire étrangères qui resteront en suspens jusqu’à l’accomplissement des rati‑fications. 

Les  institutions  européennes  et  la plupart  des  gouvernements  des Etats  membres  sont  déterminés  à continuer  le  processus  de  consti‑tutionalisation  de  l’Union  et  ceci afin  de  moderniser  et  de  rendre plus  démocratique  l’Union  euro‑péenne. Certes, l’Union peut conti‑nuer de fonctionner sur la base des textes  actuels,  mais  la  complexité de  l’appareil  institutionnel  et  de 

procédure,  les  faibles  possibilités de  participation  des  parlements et des peuples des Etats membres aux  décisions  rendent  une  entrée en vigueur de la Constitution hau‑tement souhaitable. Ironie de l’his‑toire,  l’adoption  du  texte  le  plus démocratique  de  toute  l’intégra‑tion européenne a été rendue plus difficile par…des décisions de dé‑mocratie directe.

La  Suisse  est  concernée  par  la Constitution  pour  plusieurs  rai‑sons.  Pour  autant  que  la  Suisse hésite  encore  de  devenir  membre de  l’Union,  elle  se  voit  pour  la première  fois  reconnaître un droit à  «des  relations  privilégiées»  que l’Union,  en  vertu  de  l’article  57 de  la  Constitution,  envisage  de développer  avec  les  pays  de  son voisinage.  On  note  avec  intérêt que cet espace de prospérité et de bon  voisinage  «sera  fondé  sur  les valeurs  de  l’Union».  L’idée  d’une adhésion à l’Union sous le régime de la Constitution peut apparaître plus aOractive pour  ceux qui  sont en  Suisse  plus  réticents  à  entrer dans  l’Union européenne : en ver‑tu de l’article 60 de la Constitution, un Etat membre pourra  à  l’avenir se  retirer  de  l’Union  même  sans le  consentement  des  autres  Etats. Enfin,  les  adeptes  de  la  démocra‑tie directe  trouveront à  l’article 47 un instrument pour faire valoir les voix des citoyens auprès des insti‑tutions de l’Union.

Au‑delà  de  ces  aspects  ponctuels, on peut  constater depuis  le début des  procédures  de  ratification  de la Constitution, une prise de cons‑cience de l’Union sur les enjeux de l’intégration européenne ainsi que sur  l’identité et  le destin commun des peuples de  l’Union. La Suisse ne  peut  pas  ignorer  la  réalité  qui fait qu’elle fait partie de ceOe iden‑tité et de ce destin. La Constitution européenne  accentuera  ainsi  le choix de la Suisse entre la satellisa‑tion  et  le  rôle  actif  et  responsable comme membre  à  part  entière  de l’Union.

La  Constitution  ne 

peut  entrer  en  vigueur 

qu’après  le  dépôt  des 

instruments de ratifica‑

tion  par  tous  les  Etats 

membres (soit 25 Etats)

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Dès le deuxième semestre 2007, de nouvelles dispositions du droit des sociétés et de la révision entrent en vigueur.  Les  nouveautés  concer‑nent notamment le droit de la Sàrl, l’obligation  de  révision  dans  le droit  des  sociétés  et  la  surveillan‑ce des  réviseurs.  Parallèlement,  le Conseil fédéral a mis en chantier la prochaine grande réforme du droit des sociétés anonymes.

La fréquence des modifications du doit des sociétés impose de faire le point sur les réformes en cours et à venir. En effet, même les spécialis‑tes du droit des sociétés pourraient y perdre leur latin.

Les  modifications  présentées  ici sont  les  suivantes avec  leur  en‑trée en vigueur probable        1.  Transparence  des  indemnités (début 2007)2.  Modification  de  l’obligation  de révision en droit des  sociétés  (mi‑2007)3.  Loi sur la surveillance des révi‑seurs (mi‑2007)4.  Nouveau droit de la Sàrl   (mi‑2007) 5.  Petite révision du droit de la SA (mi‑2007)6.  Avant‑projet :  droit  de  la  SA  et droit comptable (Quelques années)

   

DROIT

ADAPTATION DU DROIT DES SOCIÉTÉS AUX TENDANCES DU

CORPORATE GOVERNANCE

Avocat  et  associé  du  cabinet  Ernst  & Young SA, Olivier Dunant est respon‑sable du conseil juridique en Suisse ro‑mande.  Il  est  spécialiste du corporate governance et du droit des sociétés.

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Obligation de révision

Sous  l’influence  des  tendances actuelles  du  gouvernement  d’en‑treprise,  le parlement a modifié  le Code des obligations et adopté une nouvelle  Loi  fédérale  sur  l’agré‑ment  et  la  surveillance  des  révi‑seurs  (LSR).  La  réforme  vise  trois buts :∙  améliorer  l’ensemble  des  pres‑criptions en vigueur en matière de révision,∙  garantir la qualité de l’audit par l’agrément et la surveillance des ré‑viseurs et ∙  régler l’obligation de révision de manière  uniforme  pour  toutes  les formes de sociétés.

CeOe nouvelle réglementation con‑tribue à garantir un corporate go‑vernance  de  qualité.  Elle  s’inscrit dans la ligne des réformes adoptées aux Etats‑Unis par la loi Sarbanes‑Oxley et dans l’Union européenne avec la 8ème directive.

Les grands traits de la réforme sont les suivants : 

•  Une  réglementation  indépen‑dante  de  la  forme  juridique  de l’entreprise. La différence de traite‑ment entre la SA et la Sàrl (dispen‑sée d’audit) ne se justifie pas.•  Quatre  catégories d’entreprises, des plus grandes aux plus petites.•  Deux  types d’audit :  le contrôle 

ordinaire et la review.•  Une  surveillance  différenciée des réviseurs.•  Trois niveaux d’indépendance. Le  tableau de  l’illustration 1 résu‑me tous les cas de figure, en fonc‑tion  de  l’importance  économique de l’entreprise concernée. 

Mêmes  règles  pour  l’audit de la SA et de la Sàrl 

Dès 2007, l’obligation de révision ne se fonde plus sur la forme juridique des  sociétés. On  opère  plutôt  une distinction entre les sociétés ouver‑tes au public, les entreprises d’une certaine importance économique et les petites et moyennes entreprises (PME).  Actuellement,  les  sociétés anonymes sont soumises à l’obliga‑tion de révision, contrairement aux sociétés à responsabilité limitée. A l’avenir,  les  mêmes  règles  seront applicables aux sociétés anonymes, aux  sociétés  à  responsabilité  limi‑tée, aux sociétés coopératives, aux associations et aux fondations. Les sociétés de personnes bénéficieront d’un régime particulier.

Le  besoin  de  protection  varie  se‑lon  la  taille  de  l’entreprise.  Dans les  sociétés  ouvertes  au  public,  la révision sert en premier lieu à pro‑téger  les  investisseurs,  alors  que dans  toutes  les  autres  entreprises d’une  certaine  importance  écono‑

mique,  elle  est  également  justifiée par la sauvegarde des intérêts pu‑blics. Dans les sociétés privées en‑fin, la révision peut être dictée par le besoin de protéger les personnes disposant  d’une  participation  mi‑noritaire  ainsi  que  les  créanciers. CeOe  protection  revêt  cependant une  importance moindre pour  les PME,  raison  pour  laquelle  la  loi prévoit la possibilité d’effectuer un contrôle restreint, voire d’exempter les PME du régime obligatoire (op‑ting out). 

Les sociétés ouvertes au public sont tenues de soumeOre leurs comptes annuels  et,  le  cas  échéant,  leurs comptes consolidés, au contrôle de leur organe de révision. On entend par société ouverte au public toute société faisant appel au marché des capitaux et qui, à ceOe fin, détient des titres de participation cotés en Bourse  ou  est  débitrice  d’un  em‑prunt obligataire.

Parmi  les  sociétés  d’une  certaine importance  économique  figurent toutes les entreprises qui, au cours de  deux  exercices  successifs,  dé‑passent  deux  des  valeurs  suivan‑tes :  total  du  bilan  de  10 millions de  francs,  chiffre  d’affaires  de  20 millions  de  francs,  effectif  com‑prenant  50  postes  à  temps  plein en moyenne  annuelle.  Selon  ceOe définition, on estime à 2% le nom‑bre  des  entreprises  suisses  d’une 

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certaine  importance  économique. Comme  les  sociétés  ouvertes  au public,  les  sociétés  d’une  certaine importance économique ont l’obli‑gation de soumeOre leurs comptes annuels  (ou  comptes  consolidés) au  contrôle  ordinaire  de  leur  or‑gane de révision. 

Quant aux petites et moyennes en‑treprises,  elles  regroupent  toutes les  sociétés ne  remplissant pas  les critères visés ci‑dessus. La loi n’as‑treint ces dernières qu’à un contrôle restreint par l’organe de révision et va même  jusqu’à  dispenser  d’une révision de leurs comptes annuels les petites entreprises comptant au maximum dix postes à temps plein, à condition cependant d’obtenir le consentement de  tous  les  associés (opting out). 

Le contrôle ordinaire (pour les so‑ciétés  d’une  certaine  importance économique)  correspond  fonda‑mentalement  à  l’audit  tel  qu’il  est actuellement pratiqué. Il y a toute‑fois deux nouveautés pour les avis obligatoires :  le  réviseur  doit  an‑noncer les violations du règlement d’organisation, qui  contient  égale‑ment des règles de gouvernement d’entreprise.  De  plus,  l’assemblée générale  doit  être  informée  non seulement des violations graves de la loi, mais également si le conseil d’administration  omet  de  prendre des mesures malgré  un  avertisse‑ment écrit de l’organe de révision.

Contrôle restreint

On  introduit, avec  le  contrôle  res‑treint, une forme nouvelle d’audit. 

Ce  type de  révision  s’est d’ores  et déjà  imposé  au  niveau  interna‑tional  et  correspond  à  ce  que  l’on appelle  actuellement,  d’après  les normes d’audit nationales et inter‑nationales, « examen succinct » ou « review ».Ainsi, les entreprises qui renoncent au contrôle en vertu des divers al‑lègements accordés aux PME peu‑vent néanmoins décider de faire ré‑viser leurs comptes à titre facultatif en  faisant  appel,  à  ceOe  fin,  à  un réviseur  ne  satisfaisant  pas  entiè‑rement  aux  exigences  profession‑nelles imposées (opting down). La nécessité pour les PME de s’adres‑ser  à  un  seul  prestataire  rend  les exigences  en  matière  d’indépen‑dance moins sévères. Ainsi, la col‑laboration de l’organe de révision à la tenue de la comptabilité est‑elle 

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autorisée à condition que la tenue de la comptabilité et le contrôle ne soient pas réalisés par le même col‑laborateur. Le cas échéant, l’organe de révision devra le spécifier dans le rapport de révision.

En complément de la modification de l’obligation de révision, la nou‑velle  Loi  sur  la  surveillance  de  la révision  (LSR)  règle  l’agrément  et la  surveillance  des  personnes  qui fournissent des prestations en ma‑tière de  révision. La  loi définit  les exigences  professionnelles  mini‑males des réviseurs, afin de garan‑tir la fiabilité du contrôle. A l’avenir, les personnes physiques et  les cabinets d’audit,  fournissant des  prestations  en  matière  de  ré‑vision devront être agréés par une nouvelle  autorité  de  surveillance en matière de révision, à créer. 

L’entrée  en  vigueur  de  la  modi‑fication  du  Code  des  obligations sur l’obligation de révision et de la LSR est prévue pour le second se‑mestre de 2007. La date sera fixée par  le  Conseil  fédéral  lorsque  les 

ordonnances d’application du nou‑veau droit auront été adoptées. Les nouvelles  règles  sur  l’obligation de  révision  seront applicables dès l’exercice qui commence avec l’en‑trée  en  vigueur  de  la  révision  ou qui  la  suit.  Ainsi,  les  comptes  de l’exercice 2006 seront révisés selon les règles actuelles.

Autres petites modifications du droit de la SA

Le parlement a modifié le droit de la société anonyme à l’occasion de l’adoption du nouveau droit de  la Sàrl.  Les  nouveautés  sont  notam‑ment l’abandon de l’exigence pour un  administrateur  de  détenir  au moins une action. Les accords bila‑téraux avaient relativisé l’exigence d’une  majorité  d’administrateurs suisses.  Le  Code  des  obligations précise  dorénavant  que  la  société doit  pouvoir  être  représentée  par un administrateur ou un directeur domicilié en Suisse, même s’il n’est pas de nationalité suisse ou ressor‑tissant  d’un  état  de  l’Union  euro‑péenne.  En  outre,  la  SA  peut  être 

constituée  par  un  fondateur  uni‑que. Pour réduire les cas de conflit d’intérêts, les contrats passés entre la  SA  et  son  représentant devront être passés par écrit.

Refonte du droit de la Sàrl

Le droit actuel de  la Sàrl  remonte à 1936. La refonte vise à rendre la Sàrl  plus  aOrayante.  Le  nouveau droit permet  la constitution d’une Sàrl par un  seul  fondateur. Le  ca‑pital minimal  reste  à  CHF 20’000, comme  actuellement, mais  le  pla‑fond de CHF 2 millions est suppri‑mé. Actuellement, il est nécessaire de  passer  chez  le  notaire  pour  la cession d’une part  sociale. Cet  in‑convénient est supprimé et un con‑trat écrit sera suffisant. Par manque de  place,  il  n’est  pas  possible  de mentionner de nombreuses autres modifications. Au vu de  la  liberté d’aménager  les  rapports  internes entre  les  associés,  la  Sàrl  est  une forme qui  se prête bien  aux  joint‑ventures entre deux entreprises.

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Prochaine  grande  réforme du  droit  de  la  société  ano‑nyme

Fin  2005,  le  Conseil  fédéral  a mis en consultation un avant‑projet de modification  du  droit  de  la  SA  et du droit comptable. L’avant‑projet, qui ne manquera pas de susciter un vif débat, vise quatre objectifs :•  le  renforcement  du  gouverne‑ment d’entreprise,•  l’adaptation  de  la  structure  du capital,•  la modernisation  des  règles  de l’assemblée générale et•  la réforme du droit comptable.

Par  exemple,  l’avant‑projet  pro‑pose  de  permeOre  de  tenir  une assemblée  générale  en  plusieurs lieux, à l’étranger, ou par voie élec‑tronique.  Il  introduit  une  marge de  fluctuation  du  capital.  Pour les  sociétés  cotées,  l’avant‑projet prévoit  que  les  comptes  doivent être  établis  suivant  un  référentiel comptable,  tel  que  Swiss  GAAP 

RPC,  IFRS  ou US GAAP.  L’avant‑projet envisage aussi de supprimer l’action au porteur, pour suivre les recommandations du Groupe d’ac‑tion  financière  sur  le  blanchiment de  capitaux  (GAFI).  Ce  dernier point est contesté, notamment par EconomieSuisse.

Besoin d’action

Parmi  les  nombreuses  modifica‑tions, deux d’entre elles retiennent l’aOention et pourraient influencer la manière dont sont gérées les so‑ciétés  suisses.  Elles  concernent  le contrôle  interne  et  la  gestion  des risques. 

D’une  part,  le  nouvel  article  663b chiffre 12 du Code des obligations prescrit que  l’annexe aux comptes annuels  doit  contenir  des  « indi‑cations  sur  la  réalisation  d’une  éva‑

luation  des  risques ».  Les  étapes  à considérer sont l’identification des risques,  l’analyse des  risques puis la  planification  des mesures.  L’or‑

gane  de  révision  doit  procéder  à un contrôle formel des indications fournies  dans  l’annexe  aux  comp‑tes annuels.

D’autre  part,  l’organe  de  révision devra dorénavant vérifier s’il exis‑te  un  système de  contrôle  interne (art. 728a al. 1 chiffre 3 du Code des obligations  révisé).  Le  législateur démontre  ainsi  que  toute  société soumise au contrôle ordinaire doit disposer d’un audit interne.

Le  conseil  d’administration  et  la direction  des  sociétés  devraient étudier déjà maintenant la mise en place d’un contrôle interne efficace et d’une politique des risques.

Les grands traits de la réforme sont les suivants : 

• Une réglementation indépendante de la forme juridique de l’entreprise. 

La différence de traitement entre la SA et la Sàrl (dispensée d’audit) ne se 

justifie pas.

• Quatre catégories d’entreprises, des plus grandes aux plus petites.

• Deux types d’audit : le contrôle ordinaire et la review.

• Une surveillance différenciée des réviseurs.

• Trois niveaux d’indépendance.

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E-LUXURY

Bassel  Tabet  est  assistant  de  cours  et  de  recherche  à  l’école  des HEC Lausanne.  Il participe à  la création du cours «Management of Luxury Goods» qui sera proposé aux étudiants de Master dès 2007. De plus, il supervise un mémoire sur le «Luxe et Internet» et coordonne un cours sur «le rôle de la direction générale» dans le cadre d’un programme entre l’EPFL et HEC. Finissant sa licence (Master) en management en décembre 2006, Bassel Tabet a pour objectif de lier sa formation d’économiste aux métiers des Arts et du Luxe.

Opportunité ou menace ?

Au  milieu  des  années  quatre‑vingt‑dix  déjà,  près  de  95%  des maisons du Luxe avait commencé une  réflexion  autour  d’une  éven‑tuelle présence sur Internet. A ceOe époque,  la question que  les entre‑prises du secteur se posaient était : « Luxe et  Internet, opportunité ou menace ? »Dix  années  plus  tard,  ce  secteur est  parvenu  à  convertir  les mena‑ces  en  opportunités.  Cet  article  a donc pour objectif de présenter les utilisations  principales  d’Internet comme outil Marketing dans  l’in‑dustrie du Luxe.

Au départ, pour les marques dont l’image était synonyme d’excellen‑ce et dont les moyens de distribu‑tion  étaient  sélectifs,  la  crainte  de détérioration  de  l’image  de  mar‑que a ralenti leur entrée sur le Web. Par la suite, ils ont vite réalisé que l’utilisation d’Internet peut être un moyen efficace de s’adresser à des clients potentiels qui  seraient  inti‑midés par les magasins de luxe ou à  ceux qui n’ont pas de points de ventes  à  proximité.  Aujourd’hui, la  grande  majorité  des  maisons du Luxe ont réalisé qu’Internet est compatible  avec  l’image  qu’elles véhiculent et ont finalement rejoint la toile. Non seulement l’image de 

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marque ne  subit  pas  de déprécia‑tion importante lors d’une présen‑ce sur Internet mais pour certaines cultures, à l’exemple des pays asia‑tiques, elle en est même valorisée. Mais  il  faut  tout de même garder en tête que la notoriété d’une mar‑que  se  crée  essentiellement  par l’ensemble  des  actions Marketing, le  site  Web  ayant  pour  fonction de  reproduire  l’image de manière adéquate et de marquer une diffé‑renciation par rapport à la concur‑rence. 

Internet permet d’explorer de nou‑velles  possibilités  graphiques  que les moyens de communications ha‑bituels ne peuvent pas reproduire et qui, dans certains cas, répondent à  d’autres  faceOes  du  secteur.  La personnalisation des produits étant une  des  caractéristiques  du  Luxe, l’acheteuse  potentielle  peut,  par  exemple,  visualiser  le  sac  à  main qu’elle désire, avec  les couleurs et finitions de son choix afin de se fai‑re une idée plus précise du produit en question. Ce type de prestation reste essentiellement réalisable par le  biais  d’Internet,  d’autant  plus que  tous  les modèles  ne  sont  pas toujours disponibles aux points de ventes.

La toile n’est pas un réseau de dis‑tribution qui correspond à la vente d’un produit dont l’acte d’achat lui‑même est chargé d’affectif, d’émo‑tions et de contact avec le produit. Mais le Web pourrait être un moyen de créer une relation avec une nou‑velle catégorie de clients, la connaî‑tre  et  la  fidéliser.  Les marques  de prestige  encouragent  parfois  les intéressés  à  être  tenus  au  courant des nouveautés et événements par une «NewsleOer» sous forme de e‑mail, parfois même personnalisée. CeOe  personnalisation  est  réalisa‑ble grâce à différents questionnai‑res que le visiteur peut remplir lors de  son  inscription  sur  le  site  afin de définir son profil. Ainsi le client ou prospect éprouve un sentiment d’exclusivité  et  la  société parvient à le cerner.Internet est une des clefs de la re‑lation  client  de  demain.  La  pro‑blématique est de savoir comment 

l’utiliser:  nouveau  canal  de  vente ou  vitrine  servant  exclusivement d’outil de communication ?

Une  vitrine  sur  Internet  : Un outil de communication complémentaire précieux

L’utilisation  d’Internet,  en  tant que vitrine,  cible  les marques  très prestigieuses ne voulant pas com‑muniquer leurs prix et utilisant des moyens de distribution trop sélec‑tifs pour ce rabaOre sur la vente en ligne. 

Une  des  fonctions  majeures  du Web est  l’information menant à  la familiarisation  avec  le  produit  ou le service.  Internet se développe à grande  vitesse  mais  ne  suffit  pas encore à transmeOre la globalité des messages,  émotions  et  valeurs  du Luxe.  Cependant,  Internet  est  un outil complémentaire très précieux car il offre une haute précision aux niveaux  qualitatif  et  quantitatif des  informations  qu’une  marque veut et peut transmeOre. Il cultive le savoir du client par rapport aux produits et à l’historique de la mar‑que. La toile permet de fournir de l’information  et  de  l’expertise  aux visiteurs et a aussi son utilité dans la phase de persuasion. De plus, si le visiteur du site est déjà client de la marque, la frilosité de ce dernier sera aOénuée et ce moyen de com‑munication  pourra  encourager  le ré achat.

Les menaces liées à la banalisation de la marque amènent les maisons de  prestige  à  utiliser  leur  site  de la manière  la plus esthétique pos‑sible,  avec de nombreuses vidéos, photos  et  animations  flash.  Ceci, parfois  accompagné  d’une  bande son  créant  une  ambiance  corres‑pondant  à  l’image  des  produits présentés ou à  l’image de marque elle‑même. Ces maisons cherchent donc à rendre leur site aussi raffiné que  leur  image  et  leurs  produits, en meOant un  fort  accent  sur une présentation  artistique  des  collec‑tions. 

Pour  compenser  le  fait  de  ne  pas vendre  en  ligne,  ces  sites  offrent 

souvent  une  localisation  des  bou‑tiques se situant près du domicile du visiteur pour l’encourager à s’y rendre.  Ainsi,  le  prospect  pourra voir,  toucher  ou  encore  essayer  le produit  présélectionné  sur  le  site Web.

Les  sociétés  de  prestige  utilisent donc  Internet  comme  vitrine,  et pour une part d’entre elles, comme outil de fidélisation client.

La vente en ligne : Plus qu’un nouveau point de vente

Les  éléments  décourageant  les marques  prestigieuses  à  passer à  la  vente  en  ligne  sont  la  crainte de  dévaloriser  la  marque,  ne  pas afficher  un  prix  pouvant  varier en  fonctions  des marchés,  la  can‑nibalisation  des  boutiques  ou  en‑core faciliter le travail des réseaux de  contrefaçon. Mais  les  aOentes des  consommateurs  sont  en  train d’évoluer et une personne sur deux aOend d’un site de Luxe de dispo‑ser  d’une  boutique  en  ligne.  Les raisons  de  ceOe  forte  aOente  sont propres à ce secteur :  la rareté qui peut  mener  un  client  à  faire  plu‑sieurs  magasins  avant  de  trouver le  produit  recherché  ou  encore comme cité précédemment,  la dif‑ficulté que certains clients rencon‑trent  à  rentrer  dans  une  boutique de  Luxe.  C’est  donc  la  notion  de confort  qui  encourage  la  clientèle à  faire  ses  achats  sur  Internet. De plus,  les  clients  réguliers  de  pro‑duits  de  Luxe  ne  sont  plus  forcé‑ment  à  la  recherche du  sentiment d’exclusivité,  transmis par  les  for‑ces de vente, lors de l’acte d’achat. Ces clients sont donc des acheteurs en ligne potentiels.

Du  point  de  vue  de  l’entreprise, trois facteurs clefs de succès sont à prendre en compte pour s’aventu‑rer  dans  ce mode de  distribution. Premièrement, une forte image de marque, deuxièmement une distri‑bution  rare  et  contrôlée  et  finale‑ment un produits fortement désiré des  clients  comme  le  sac  à  main monogramme  de  Louis  VuiOon, par exemple. Sans ces trois facteurs, le  succès  de  ce  canal  de  distribu‑

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tion n’est pas garanti. Ces facteurs sont  indispensables mais  ne  suffi‑sent pas forcemment. Les produits dits “expérientiels” qui nécessitent l’odorat,  le  toucher  ou  encore  fai‑sant appel à l’imaginaire sont relati‑vement incompatibles avec le Web. Le parfum «Dior  J’Adore» qui  est un des leader du marché américain fait appel, en toute logique, à l’odo‑rat et est disponible dans toutes les parfumeries, par conséquent, ne se vend pas bien sur Internet.Les  sociétés  de  luxe  doivent  par‑venir à créer une réelle différentia‑tion face aux boutiques classiques. La stratégie adoptée par les acteurs du  secteur  est  de  développer  une forte  fidélisation  des  clients.  Pour ce  faire,  la  création  d’un  compte client est devenu la solution usuel‑le.  Le  profil  du  client  sera  défini par  un  questionnaire  proche  de ceux  des  sites  vitrines,  mais  sera agrémenté par des achats effectués en  ligne.  La  maison  pourra  donc analyser  les  préférences  et  désirs des clients pour mieux répondre à leurs  aOentes.  Les  abonnés  pour‑

ront  bénéficier  de  promotions,  ta‑rifs  préférentiels  ou  d’avants  pre‑mières. L’objectif étant de parvenir à  simuler  la  douce  ambiance  des boutiques  accompagnée  des  pré‑cieux  conseils  et  aOentions  d’une vendeuse qui connaît personnelle‑ment la clientèle.Pour ce faire, la maison Dior a crée «Diorboutique.com». Ce site, pour l’instant réservé à la France et bien‑tôt en Grande‑Bretagne, offre plus d’une  centaine  de  produits  de  la marque.  Afin  de  fournir  le  plus de  confort  possible  aux  visiteurs du  site,  une  assistance  téléphoni‑que  est  prévue  pour  conseiller  et accompagner  la  clientèle  tout  au long de  l’achat  en  ligne. Ce  site  a bénéficié de l’expérience de LVMH dans la vente en ligne, car le grou‑pe leader du secteur détient le site «eLuxury.com», portail de vente en ligne de produits de Luxe. Ce site offre  une  assistance  en  direct  par téléphone et «chat» afin de réduire les  craintes  des  prospects  lors  de leurs achats en ligne.

La vente en ligne est donc envisa‑geable  par  certaines  maisons  de l’industrie du Luxe, mais reste plus appropriée  aux  maisons  offrant des  produits  peu  expérientiels,  à des  prix  relativement  bas  pour  le secteur  et  pouvant  répondre  aux facteurs clefs de succès de ce mode de distribution.

Au  fil  du  temps,  les  habitudes  et aOentes  des  consommateurs  évo‑lueront  indéfiniment  et  seront souvent  imprévisibles.  La  géné‑ration  naissant  aujourd’hui  dans un monde  bercé par  Internet  sera la clientèle du secteur du Luxe de demain.  Ceci    risque  de  favoriser le marché de la revente et d’inciter de nouvelles sociétés de Luxe à se créer  en  utilisant  Internet  comme seul outil de communication et de vente et cela à moindre frais…

Internet peut être un moyen efficace de s’adresser à des clients po‑

tentiels qui seraient intimidés par les magasins de luxe ou à ceux 

qui n’ont pas de points de ventes à proximité

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LES NOUVELLES FRONTIÈRES DU LUXE

Linda Abdelli, Analyste Financier,  responsable du suivi  in‑ternational des secteurs liés à la consommation (hors médias et automobile) à la Banque privée Edmond de Rothschild S:A: à Genève depuis 1998. Elle couvre entre autres le secteur du Luxe avec des valeurs  comme LVMH, Hermès, Swatch, Tiffany ou Coach.

Définir le Luxe reste un exer‑cice difficile 

D�¤+z+%  .z  2000 mots  ce  qu’est  le Luxe est un exercice difficile et pé‑rilleux tant le terme revêt de mul‑tiples faceOes. De quoi parle‑t‑on ? S’agit‑il  de  joaillerie,  d’horlogerie, de maroquinerie, de prêt‑à‑porter, d’automobiles, de palaces, d’un dî‑ner à  la  table d’un grand chef, de temps libre….Et j’en oublie……

Mais  ne  nous  égarons  pas  dans des  considérations  trop  éloignées du  sujet  qui  nous  occupe.  Aux oreilles  de  l’analyste  financier,  le 

Luxe, avant tout et à l’origine, était synonyme  de  bijouterie,  joaillerie, horlogerie  haut  de  gamme  et  arts de  la  table. C’est  ce  qu’on  appelle aujourd’hui dans le jargon le «hard luxury», avec ce côté «solide» com‑me  s’il  s’agissait  des  fondements du  Luxe….Concrètement,  c’est  le segment  occupé  par  des  groupes comme Richemont ou Bulgari.Puis, progressivement, les contours de  la  définition  du  Luxe  se  sont élargis  pour  englober  des  articles à plus large distribution, générant des actes d’achat plus fréquents et s’adressant à une clientèle plus vas‑te (sacs à mains, foulards, luneOes, chaussures,  vêtements).  C’est  ce 

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qu’on  appelle  aujourd’hui  le  «so� luxury»,  plus  léger,  plus  frivole, plus  facile  à  remplacer…..On pla‑cera  dans  ceOe  catégorie  notam‑ment LVMH ou encore Gucci.

Le Luxe de notre siècle ne s’adresse plus  à  la  même  cliente  qu’autre‑fois.  Jadis  réservé  à  une  élite  de connaisseurs,  il  touche  désormais aussi  bien  l’adolescente  de  15  ans soucieuse de ressembler à ses ido‑les  de  magazines  que  la  fameuse ménagère de moins de 50 ans  jus‑qu’à  la  «fashion  victim»  à  l’affût des  dernières  tendances.  Bien  en‑tendu, les commandes spéciales et certains objets très haut de gamme restent accessibles seulement à une petite frange de la population.

Les  frontières  géographiques  du Luxe se sont, elles aussi étendues. Aujourd’hui,  la  plupart  des  mar‑ques  ont  un  statut  mondial  qui s’étend  des  pays  industrialisés jusqu’aux marchés  dits  émergents à l’avenir si promeOeur. Mais, gar‑dons encore et toujours en tête que le Luxe est de tradition européen‑ne  et  le  restera….La  construction d’une  image de marque ne  se  fait pas  du  jour  au  lendemain.  Ceci étant, nous pourrions disserter en‑core  longtemps  sur  ce  qui  fait  le succès d’une marque mais laissons cela aux experts du marketing. En‑tre  rêve  et  subjectivité,  la marque «vache  à  lait»  est  celle  reconnue par le plus grand nombre, symbole d’accession à un nouveau statut.

Quelques  éléments  de  ca‑drage

Il est assez difficile de trouver des chiffres  précis  concernant  la  taille du secteur du Luxe.  Il  s’agirait  en tout premier lieu de pouvoir le dé‑finir  clairement  et nous avons dé‑montré  la  difficulté  de  l’exercice. En  opérant  de  nombreux  recou‑pements,  on  estime  le marché  du Luxe à €85‑€90 milliards. Par  seg‑ments, le prêt‑à‑porter, les Parfums et  Cosmétiques  et  la  Maroquine‑rie  génèrent  à  eux  seuls  près  des 3/4 du marché. Le reste se répartit dans  l’ordre  entre  les  Spiritueux, la Bijouterie‑Horlogerie et les Arts 

de la Table. La décomposition par zones  géographiques  montre  la prépondérance  de  l’Asie,  de  l’Eu‑rope et des Etats‑Unis. L’analyse la plus intéressant, et surtout la plus pertinente,  consiste  à  décomposer la  clientèle  du  Luxe  par  nationa‑lité  sans  tenir  compte  du  lieu  où se produit  l’acte d’achat. CeOe ap‑proche  est  bien  évidemment  plus difficile à meOre en place mais elle reflète de manière plus juste la ré‑partition de la clientèle. Elle prend non  seulement  en  compte  l’aspect domestique des achats mais égale‑ment les flux qui sont générés par les dépenses des nombreux touris‑tes  qui  écument  encore  le monde afin de  s’approvisionner  en  objets d’ostentation.

Il convient également d’aborder le secteur  en  gardant  à  l’esprit  qu’il existe  des  disparités  entre  les  ca‑tégories de produits  en  termes de croissance  et  de  rentabilité. Ainsi, les articles de maroquinerie et plus généralement  les  produits  en  cuir ainsi que la catégorie des accessoi‑res sont les plus rentables avec des marges  avoisinant  les  30%  et  des taux  de  croissance  généralement proches des 10%. Viennent ensuite les Montres et la Soie dont les mar‑ges sont de  l’ordre de 20%. En re‑vanche, les taux de croissance dif‑fèrent puisque les montres sont sur des tendances de l’ordre de 7%‑8% tandis que  la Soie  est un  segment dont la croissance est faible à moins de  3%.  Les  Bijoux  et  Instruments d’écriture dégagent une rentabilité d’environ 15% avec là aussi des di‑vergences en termes de croissance. Viennent ensuite le Prêt‑à‑Porter et les Chaussures dont  les marges et les taux de croissance sont équiva‑lent (environ 10% et 6% respective‑ment) mais dont la taille de marché diffère. Enfin, le parent pauvre du secteur  reste  le  segment  des Arts de la Table, dont la sénescence fait 

aujourd’hui peu de doutes. Globa‑lement, la règle à retenir est que le secteur du Luxe croît en moyenne annuelle sur un rythme de 2x à 3x le PIB mondial.Pour  capter  le  potentiel  de  toutes ses  catégories  et  se meOre  à  l’abri des aléas liés à la conjoncture, nom‑bre de groupes ont choisi une stra‑tégie  de  diversification  (LVMH). D’autres restent monomarque avec un  nombre  de  catégories  limitées (Hermès). 

Dans  son  ensemble,  l’industrie reste  fragmentée  avec  les  grands noms qui se taillent la part du lion (LVMH, Richemont, Gucci Group) et  toute une constellation de mar‑ques plus petites et souvent spécia‑lisées (Coach, Tiffany, Chanel, Dol‑ce & Gabbana, etc). Par conséquent, il  n’est  pas  inepte  d’envisager  de nouvelles vagues de consolidation au sein du secteur. A ce titre, Her‑mès  et Bulgari  font  régulièrement l’objet de rumeurs. 

Nous avons évoqué furtivement la pertinence de l’analyse de la clien‑tèle du Luxe par nationalités. Celle‑ci prend tout son sens lorsque l’on sait le degré de dépendance du sec‑teur au flux touristiques et elle est valable pour l’ensemble du secteur. Selon  une  étude  publiée  récem‑ment par Merril Lynch, les Japonais restaient  les principaux  clients du Luxe  (26%)  suivis des Américains (25%) et des Européens (23% hors Russie). On trouve ensuite les Chi‑nois  qui  représentent  seulement 11%  des  clients  d’aujourd’hui. Les  Russes  représentent  quant  à eux 6% du total et les Indiens 1%. D’ici  2014,  les  Chinois  devraient avoir pris  le dessus et  représenter 23% de  la  clientèle du secteur de‑vant  les  Américains  (22%)  et  les Japonais  (20%).  Nous  analysons régulièrement les flux touristiques mondiaux  pour  lesquels  de  nom‑breuses  bases  de  données  fiables existent.Il existe également des données spé‑cifiques à certains segments. Ainsi, l’analyste  intéressé  par  l’étude  de Swatch  (85%  du  chiffre  d’affaires dans  les Montres et  la production horlogère)  ne  fera  pas  l’économie 

Le secteur du Luxe croît 

en  moyenne  annuelle 

sur  un  rythme  de  2x  à 

3x le PIB mondial

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de l’examen des chiffres des expor‑tations horlogères suisses. 

Enfin,  relevons  également  l’im‑portance  de  l’analyse  des  taux  de change pour tout bon analyste qui prétend aborder le secteur comme il se doit. Outre la parité Euro‑Dol‑lar qui impacte les revenus comme les  coûts,  le  Yen  entre  également en  ligne  de  compte  du  fait  de  la structure de la clientèle du secteur. Les couvertures de change opérées par  les  industriels  diffèrent  dans leur  formes et  sont difficiles à ap‑préhender  tant du  fait de  la  com‑plexité  croissante des  instruments utilisés que du manque de commu‑nication  financière  précise  sur  les techniques utilisées. 

Les  outils  d’analyse  sont  posés  et nous pouvons désormais nous  in‑téresser aux thématiques en vogue dans  le  secteur  à  l’heure  où  nous écrivons cet article.

Les nouvelles  frontières du Luxe

A  w#$%~  ~.%-.,  les  thèmes  à  la mode dans  le  secteur du Luxe  re‑lève de  considérations monétaires (faiblesse du dollar contre Euro et fermeté du Yen), de potentiels rap‑prochements (avec des cibles com‑me  Hermès  ou  Bulgari)  et  autres cessions  d’activité  (LVMH  et  ses marques  secondaires  font  réguliè‑rement l’objet de débats) ou encore de  l’intérêt  géographique  immé‑diat de telle ou telle zone industria‑lisée. Nous  ne  développerons  pas davantage ces thèmes ici, préférant nous concentrer sur les considéra‑tions de long terme.

La question des nouvelles  frontiè‑res  du  Luxe  se  pose  à  plus  long terme  tant  pour  sa  dimension  in‑dustrielle  que  géographique.  Ces dernières années ont vu l’émergen‑ce d’un nouveau  type de clientèle aspirant à sa part de rêve et forçant les grands intervenants du secteur à s’adapter (ou non !).

Force est de constater que la clien‑tèle des groupes de Luxe a changé ces  dernières  années  et  a  mené 

l’ensemble  du  secteur  à  revisiter plus  régulièrement  son  offre  de produits. La cliente du Luxe est de moins en moins fidèle à une mar‑que spécifique mais elle reste néan‑moins  exigeante.  La  concurrence accrue  des  enseignes  de  commer‑ce  de  masse,  considérées  comme plus  bas  de  gamme,  y  sont  pour beaucoup  et  ont  forcé  les  indus‑triels  du  Luxe  à  offrir  davantage de  nouveautés  sans  trop  cultiver la rareté (encore chère aux groupes les  moins  flexibles).  Le  corollaire direct réside dans l’importance ac‑crue ces dernières années des équi‑pes  de  création  et  l’émergence  de stars  comme Marc  Jacobs ou Tom Ford.  La  nécessité  de  produire vite et bien a modifié  la donne en termes  de  structures  également. L’époque du Made In Europe sem‑ble  pour  l’essentiel  révolue.  Sauf quelques  irréductibles,  les  clients actuels y sont probablement moins sensibles,  ils  sont  pour  la  plupart prêts  à  sacrifier  la  qualité  pour  la quantité,  mêlant  allègrement  un sac à mains Louis VuiOon avec un accoutrement acheté chez H&M re‑haussé d’une ceinture Gucci. C’est ce que, dans le jargon anglo‑saxon, on  appellera  le  «blurring  chan‑nel». QuiOe  à  choquer  les  oreilles des puristes,  la  réalité veut que  la cliente  des  enseignes  de  Luxe  se ravitaille aussi dans des enseignes considérées  comme  plus  bas  de gamme. L’exclusivité n’est plus à la mode, en tous cas pour la majorité des consommatrices.

En termes géographiques, la Chine semble s’imposer comme le nouvel Eldorado  de  demain.  Cependant, la façon d’aborder le marché diffè‑re selon les groupes. On peut ainsi établir une  forme de  typologie  en distinguant : •  ceux  dont  l’œil  reste  critique et  qui  considèrent  que  le  pouvoir d’achat  des  chinois  n’est  pas  à  la hauteur  de  leurs  exigences  (Her‑mès). Pour ceux‑là, l’expansion res‑te  très  contrôlée  et  cantonnée  aux grandes villes.•  ceux qui abordent le marché en se  focalisant  sur  le consommateur avide de statut social (LVMH). D’ici moins de 10 ans, les Chinois pour‑

raient bien supplanter les Japonais dans le rôle de premiers clients du Luxe. C’est pourquoi, il convient de s’implanter  rapidement  afin  d’as‑seoir  sa marque  auprès  de  clients potentiels  dont  toute  l’éducation est  à  construire. Cela passe  égale‑ment  par  des  initiatives  visant  à séduire la clientèle touristique qui constitue  ensuite  un  bon  véhicule publicitaire de retour au pays.•  et  ceux qui voient dans  la Chi‑ne une opportunité de produire à moindres coûts (Coach). Le revers de la médaille pour ceux‑là réside dans le fait qu’ils pourront diffici‑lement  vendre  leurs  produits  aux locaux  comme  étant  des  produits de  Luxe  puisque  les  Chinois  ne sont  pas  très  friands  de  produits «Made In China» (peur de la con‑trefaçon). Cela dit,  c’et  le meilleur moyen d’offrir des produits adap‑tés à la demande des clientèles que nous décrivions plus haut (volages et exigeantes en termes de prix). 

Il  semble  prématuré  de  s’enthou‑siasmer plus que de raison. Même si  l’opportunité  chinoise  existe, elle meOra du temps à prendre de l’ampleur.  D’ailleurs,  la  Russie  ou l’Inde  pourraient  également  pré‑tendre  à  prendre  la  relève  du  Ja‑pon. L’Inde se présente comme un marché plus difficile tant parce que les infrastructures nécessaires à des implantations  rapides et  rentables ne sont pas optimales, que du fait de  la  spécificité  du  client  Indien (plus  soucieux  d’exclusivité,  plus culturellement sensible à la qualité des produits offerts et plus aOaché à des traditions vestimentaires que ne pourraient l’être des clients Chi‑nois).

Le tour d’horizon est fait et il serait prétentieux de le vouloir exhaustif. Nous  avons  donné  ici  au  lecteur quelques  éléments  d’analyse  qui, pris  dans  leur  spécificité,  mérite‑raient  chacun  de  longues  disser‑tations. Comme le veut l’adage : le Luxe est et restera éternel….

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ACTUALITÉ

JUNIOR ENTREPRISE

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LA JUNIOR...

Fondée  en  1985,  notre  association d’étudiants  à  but  non  lucratif canalise les compétences de quelque 600 étudiants HEC et bénéficie du soutien  du  corps  professoral  de l’Ecole. Sa vocation est d’offrir des services aux entreprises sous forme de mandats. De plus,  l’association salue le soutien de notre partenaire de renom : Ernst & Young, un des leaders mondiaux  des  sociétés  de conseils.

L’association  tire  son  nom  d’un concept mondial. Le nom « Junior Entreprise » est un nom de marque déposé.  Il existe plus de 300 Junior Entreprises en Europe, regroupées sous  l’association  JADE  (Junior Association  for  Development  in Europe),  basée  à  Bruxelles.  La Suisse compte actuellement 9 Junior Entreprises, détenant  chacune des compétences complémentaires. Les Junior Entreprises ne sont pas des filiales et se livrent une concurrence saine et constructive. 

Le but principal de la Junior Entre‑prise HEC est de faire le lien entre le monde académique et le monde pro‑fessionnel et de permeOre ainsi aux étudiants HEC de meOre pratique leurs  connaissances  acquises  du‑rant les cours. La Junior Entreprise joue un rôle de coordination entre 

les  mandants  et  les  étudiants  en  meOant  à  disposition  toutes  les ressources  nécessaires  (chef  de projet,  sondeurs,  structure,  savoir, réseau,  etc.)  au  bon  déroulement du  projet  tout  en  s’occupant  du suivi  du mandat  (délais,  budgets, qualité, etc.).

Expérience

De  nombreuses  entreprises  ont fait  confiance,  dans  de  nombreux domaines,  à  la  Junior  Entreprise HEC, depuis 20 ans.

Dynamisme

La  motivation  et  l’ambition  des étudiants génèrent une implication et une volonté de se surpasser sans égal. 

Professionnalisme

La rigueur et le sérieux des métho‑des employées garantissent la qua‑lité des prestations fournies

Rapport Qualité‑Prix

Le  statut non  lucratif de  l’associa‑tion  permet  d’offrir  des  services de haute valeur ajoutée à des tarifs compétitifs.

Un contact privilégié avec le corps professoral de  l’École des HEC.

Les conseils avisés de notre partenaire   Ernst&Young.

Le  soutien  du  « Cercle  Des Anciens ».

La Junior offre ses services aussi bien dans le domaine marketing (études de marchés, sstratégies marketing, éétudes  de  positionnement,  étu‑des  d’environnement),  que  la  fi‑nance  (  business  plans,  stratégies d’entreprise, études de faisabilité), le  développement  informatique (création  de  bases  de  données, conception  de  sites  Internet)  et  la communication  (  organisation  et gestion d’événements).

La Junior Entreprise HEC Lausanne est  une  alternative  compétitive pour les entreprises à la recherche d’idées novatrices, de  solutions  et de résultats. Elle est à pour but de répondre à leurs aOentes et fournir des services sous forme de mandats à des tarifs très concurrentiels.

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Marcus Andersson : En réplique à ceux qui préten‑dent que l’entreprenariat ne peut s’apprendre sur les bancs universitaires je vous invite à rencontrer notre équipe de  jeunes étudiants motivés qui s’inspirent mutuellement tout au long de leurs parcours. Je re‑mercie la Junior Entreprise pour son influence, son atmosphère et sa volonté d’innover qui me permet aujourd’hui d’aborder le monde professionnel avec un énorme enthousiasme

Pauline Pheulpin : Une année à la Junior? C’est une année où l’on apprend sur le plan professionnel, où l’on mûrit sur le plan humain, où l’on tire des leçons  de chaque expérience. Une année à la Junior c’est une nouvelle  bande  d’amis,  une  tempête  de  fous‑rires. Une année à la Junior, ça vaut de l’or!

Michael Weber  :  Les  connaissances  et  expériences apprises  à  la  Junior  nous  suivent  tout  le  reste  de notre vie, nous sont toujours utiles, et quelquefois, nous consolent de bien des peines.

Antoine Clasen : The more you study, the more you know. The more you know, the more you forget. The more  you  forget,  the  less  you  know… Fortunately, the Junior‑Expierence you shall always remember. 

Chiara Müller  : La cerise sur le gâteau de mon ex‑périence universitaire  : du côté humain et du côté professionnel! Great minds think alike…

Ky‑Anh  Le‑Hoang  :  Pour  un  ingénieur‑chimiste EPFL  comme moi,  la  Junior  Entreprise m’a  permis de me diversifier  et d’acquérir une  expérience pro‑fessionnelle  qu’aucun  cours  HEC  ni  EPFL  ne  peut m’apporter.  Une  année  de  dur  labeur,  mais  ornée d’activités inoubliables et d’un cercle d’amis qui res‑tera toujours dans mon cœur… Priceless…

Christophe  de  KalbermaOen:  When  you  accept  a job as a challenge and wade into it with joy and en‑thusiasm, great things can happen (Arland Gilbert). Great minds think alike…

Amandine FrascoOi : Un nouveau regard tourné vers l’avenir, curieux et impatient de rencontrer la vie pro‑fessionnelle, un coeur rempli de nouveaux amis qui m’acompagnerons  partout  dans  mes  pensées,  une personne plus sûr d’elle meme prête à quiOer l’uni‑versité, voilà ce que j’ai reçus de ceOe belle années au sein de la Junior Entreprise.

Sophie Schaller  : Prenez une dose de mandats en‑richissants agrémentés de postes à  l’interne stimu‑lants,  saupoudrez  avec  une  équipe  en  or,  enrobez de bonne humeur et de fous rires à profusion, faîtes bouillir le tout pendant deux belles années et vous obtenez  la receOe parfaite pour une extraordinaire expérience…

Alessandro Bernasconi  : Dans  l’univers des notions théoriques universitaires, la fenêtre ensoleillée sur la vie professionnelle…  

Raphaël Darty: Ce  fut une année en groupe d’une incomparable  intensité.  Il va être maintenant diffi‑cile de trouver une expérience aussi enrichissante et comme le dit si bien Gérard de Nerval « la pensée se glace en se traduisant en phrase » alors venez plutôt rejoindre la JEHEC.

John Argi : Le travaille d’équipe est une science qui ne s’apprend pas en cours, mais qui s’expérimente à la Junior. En communication constante avec le mon‑de professionnel, on apprend à se responsabilisé et se surpassé !

Sophie Uriot : La Junior c’est l’occasion d’entrepren‑dre,  d’apprendre  et  de  progresser  tant  sur  le  plan personnel que professionnel. C’est la chance d’allier une ambiance de travail stimulante et des moments heureux partagés ensemble !

Raluca Alda  : Les années passées à  la  Junior Entre‑prise m’ont aidé à développer mes forces et vaincre mes faiblesses. Une preuve qu’il n’y a pas seulement que  les  études  qui  sont  importantes mais  aussi  les expériences  professionnelle  est  humaine  que  nous vivons. 

Stan Bosshard : La junior, c’est un avant‑goût pour la  suite.  Elle  vous  confronte  à  vous‑mêmes  et  aux autres en vous plaçant dans un contexte profession‑nel dans  le cadre de vos études. On reproche sou‑vent aux étudiants de ne pas avoir d’expérience au sortir de leur vie académique : Nous voici !

Thibault Vanvincq: Les étudiants ont souvent soif de meOre en pratique la théorie qui leur est enseigné à l’université, selon moi la Junior Entreprise et certai‑nement le meilleur moyen pour eux d’y parvenir. Tra‑vail en groupe, contact avec des entreprises de toutes taille, réalisation de projet, vie associative…tant d’as‑pect enrichissant à  la  fois pour notre vie d’étudiant que pour notre profession future.

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CERCLE DES ANCIENS

Une passerelle entre les gé‑nérations « Junior »

Passerelle entre l’histoire et l’avenir de  la  Junior  Entreprise,  le  Cercle des Anciens garantit le transfert du savoir, des compétences mais aussi des  expériences  que  les  anciens membres ont vécues à la Junior En‑treprise. 

Quand  Knowledge  Mana‑gement rime avec Cercle des Anciens

Tout  au  long  de  l’année,  les  150 Anciens  épaulent  les membres  de la  Junior  et  se  chargent    dès  les premiers  jours de  leur  intégration grâce à un système de parrainage. C’est  toujours  avec  brio  qu’ils  en‑dossent  le  rôle  de  formateurs  le temps d’une  journée  afin d’initier les nouveaux membres aux exigen‑ces  du  monde  professionnel.  De plus,  les différents workshops, dî‑ners et soirées permeOent non seu‑lement  de  garder  le  contact  après l’université  et  de  se  remémorer entre  amis  les  bons  souvenirs  de « l’époque Junior », mais représen‑tent  aussi  de  véritables  moments d’échange entre Seniors et Juniors. En  effet,  les  Anciens,  exerçant aujourd’hui  pour  la  plupart  dans les domaines de la finance, du con‑

sulting, de l’informatique ou enco‑re du marketing, constituent un vé‑ritable network. Ayant très souvent dû  franchir  les  mêmes  obstacles, que ce soit dans le cadre d’un man‑dat, à l’interne ou tout simplement durant leurs études à HEC, ils peu‑vent  ainsi  prodiguer  de  précieux conseils pour l’avenir.

La Journée des Anciens ver‑sion 2006

CeOe année, pour célébrer le sixiè‑me  anniversaire  du Cercle,  toutes les  générations  Junior  confondues (Anciens, membres actuels et nou‑veaux fraîchement recrutés) se sont unies,  armées de pagaies,  casques et  combinaisons,  pour  affronter…les  rapides  de  l’Arve (et  sa  tem‑pérature  glaciale)!  C’est  dans  un climat  convivial  et  détendu  que tous ont pu échanger, autour d’un barbecue,  les  fous  rires  et  petites frayeurs  de  la  journée  mais  aussi partager  les  anecdotes  qui  ont  ja‑lonné leur parcours à la Junior, de quoi faire rêver les nouveaux à qui s’ouvrent  les  portes  de  l’aventure Junior… Un grand merci à tous les Anciens !

Le Cercle des Anciens : Plus qu’un réseau, une force…

Sophie Schaller

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15ÈME COUPE DE GOLF

Pour  la 15ème  année consécutive la  Junior  En‑

treprise  HEC a  organisé  la  tra‑

ditionnelle  Coupe de Golf « Chefs d’entreprises 

–  Etudiants »  au  très  prestigieux Golf Club de Lausanne. Ce concept lancé en 1992 a su garder toute son originalité  à  travers  le  temps.  Les réussites  précédentes  nous  incli‑nent à aOeindre un même objectif tout  en  apportant  une  touche  de fraîcheur  à  chaque  édition.  CeOe compétition a un but ultime qui est de  rapprocher  le monde universi‑taire à celui de la vie active.  

Plus  de  huit  mois  de  travail  ont été  nécessaires  pour  organiser  un tel événement. Le temps n’est rien comparé à l’aide précieuse et au sa‑voir faire transmis de génération en génération par les équipes succes‑sives qui ont su promouvoir les  valeurs  de  la  Junior Entreprise  HEC.  Bien entendu  rien  n’aurait été  possible  sans l’appui et la confian‑ce  qu’ont  su,  une nouvelle  fois,  nous accorder  nos  spon‑sors.  Le  succès  de  la 

journée est aussi du à la motivation et l’enthousiasme des participants, étudiants et chefs d’entreprises al‑liés sur le parcours le temps d’une partie ainsi que lors de la soirée. 

CeOe  15ème  édition  a  offert  à  nos participants  une  journée  riche  en émotions  et  animée  par  de  nom‑breuses  activités  en  tout  genre : driving test, tests de matériels des plus grandes marques, « pitch and puO » et autres. Tous ceci saupou‑dré  d’un  zeste  de  bonne  humeur, de détente et surtout d’une grande portion de fair‑play.

La  bonne  humeur  et  les  sourires nous  ont  accompagnés  tout  au long  de  la  soirée,  lors  du  cocktail où plein de discussions se sont en‑tamées, de la remise de prix où les meilleurs ont été récompensés pour leurs performances sur le parcours et lors du dîner pendant lequel étu‑

diants et  chefs d’entreprises ont pu partager  leurs 

exploits de la jour‑née,  leurs  expé‑riences  et  des conseils  pré‑cieux  pour l’avenir. Comme  cha‑que  année,  la Coupe de Golf 

fut  un  franc  succès  pour  le  team golf et une grande fierté pour notre association. Merci  à  nos  sponsors et  Bravo  aux  participants.  Nous espérons  vous  revoir  tous  l’année prochaine  pour  une  nouvelle  édi‑tion.

Le team golfRaluca AldaJohn ArgiCharles Henri de Marignac  

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15ème coupe de GolfChefs d’entreprises-Etudiants

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Le bureau 2006 de la Junior Entreprise HEC adresse ses 

remerciements à  toutes  les personnes qui ont participé à 

ce[ e édition.

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