Jean-Jacques Rousseau en costume armnienBibliothque Publique et Universitaire, Genve

d'aprs une copie attribue Grard.

Jean-Jacques

ROUSSEAU(1712 - 1778)

LesConfessions

(1782 - 1789)

JEAN-JACQUESROUSSEAU

(1712 - 1778)

LES CONFESSIONS1782 (livres I-VI)

1789 (livres VII-XII)

Texte de l'dition H. Launette & Cie, Paris, 1889Dessins de Maurice Leloir

Exemplaire BPU (Genve) Hf 4948

Le texte publi par H. Launette a t fidlement reproduit, l'exception de quelques erreursmanifestes (fautes d'accord, erreurs de numrotation de liasses, etc.). Afin de respecter le texte decette dition, les lacunes n'ont pas t compltes. L'orthographe a t partiellement modernise, l'exception de celle des noms propres (ex.: Chambri, Yverdun, etc.). Pour une tude approfondie du texte et des variantes, il importe de se procurer les ditions

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critiques annotes rcemment publies. Nous remercions Monsieur Alain Jacquesson, directeur de la Bibliothque Publique etUniversitaire, de nous avoir donn l'autorisation d'utiliser les documents de la BPU; MonsieurCharles-Ferdinand Wirz, Conservateur de l'Institut et Muse Voltaire et Secrtaire de la SocitJean-Jacques Rousseau, pour son aide dans la recherche de documents; Monsieur Michel Piller,Conservateur au Centre d'iconographie genevoise, pour son aide dans la recherche de documents;Madame Orsolya Lkks-Toth, professeure, qui a effectu les corrections; nos proches qui ontsupport notre indisponibilit durant ces deux dernires annes. P.P. janvier 1999.

Les Confessions, dition html illustre:

Prface de Jules Claretie, de l'Acadmie franaise

Livres publis en 1782:

LIVRE PREMIER (1712 -1728)

LIVRE SECOND(1728-1731)

LIVRE TROISIME(1728-1731)

LIVRE QUATRIME(1731-1732)

LIVRE CINQUIME(1732-1736)

LIVRE SIXIME (1736)

Livres publis en 1789:

LIVRE SEPTIME(1741)

LIVRE HUITIME(1749)

LIVRE NEUVIME,(1756)

LIVRE DIXIME (1758)

LIVRE ONZIME (1761)

LIVRE DOUZIME(1762)

Autres documents:

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Version rtf

J.-J. Rousseau: repres biographiques (P.P.)

Confessions de J.-J. Rousseau: les lieux (P.P.)

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JEAN-JACQUES ROUSSEAU(1712 - 1778)

Jean-Jacques Rousseau en costume armnienBibliothque Publique et Universitaire, Genve.

LESCONFESSIONS

(1782 - 1789)

Prfacede Jules CLARETIE

(1840 - 1913)

Les Confessions

Livre ILivre

IILivre

IIILivre

IVLivre V

LivreVI

LivreVII

LivreVIII

LivreIX

Livre XLivre

XILivreXII

PRFACE

de Jules CLARETIEde l'Acadmie franaise

Cette rdition artistique des Confessions de Jean-Jacques n'voque pas seulement, par les dessins exquis deM. Maurice Leloir, les tableaux de la vie accidente, bizarre, d'une posie pntrante et d'un pessimismedsolant qui fut celle du philosophe; elle me rappelle deux journes de ma vie qui rsument en quelque sorte toutce que j'ai pens de Rousseau: une visite aux Charmettes, remontant ma vingtime anne; une excursion Mont-Louis, dans le vieux Montmorency, accomplie cette anne mme et, entre les deux journes, distantes d'unquart de sicle, quelles rflexions n'ai-je point faites sur Rousseau, sur cet enchanteur de ma vingtime annedevenu le dsenchant de mes jugements nouveaux! Jadis dans Jean-Jacques je ne voyais gure que le pote naturaliste, le matre peintre paysagiste qui mit, si jepuis dire, une touche de vert dans la littrature, l'namour des jeunes et timides amours dont procdent tous lesdescriptifs, de Bernardin de Saint-Pierre Flaubert; aujourd'hui, en tudiant de plus prs et physiologiquementcet homme trange, il me dplat de voir des psychologues - les aveux de Rousseau relatifs sa passion bizarrepour le chtiment que lui infligeait madame Lambercier leur en donnent le droit - le ranger scientifiquementparmi les ftichistes de l'amour, pis encore, parmi les maniaques entachs d'exhibitionnisme et qui relveraient la fois aujourd'hui de la mdecine et de la police correctionnelle. La science ne respecte rien. Mais Rousseaun'a-t-il pas, avec la plus cruelle franchise, donn ses rvlations sur lui-mme la valeur rigoureuse d'un casdpendant d'une clinique? Il faut lui savoir gr de ses aveux. Les Mmoires d'un homme sont peut-tre ce qui intresse le plus vivementla postrit. Les aveux sont plus attirants que les oeuvres. Aujourd'hui, de Chateaubriand et de madame Sand ce

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que je relis avec le plus de plaisir, ce sont les admirables Mmoires d'Outre-tombe et la curieuse, trop peuconnue Histoire de ma Vie, sans compter les Lettres d'un voyageur, ces autres Confessions d'un disciple deJean-Jacques. Le premier passant venu parmi ces hommes qui, "phmres sans ailes, comme dit Aristophane,ressemblent des rves", raconterait sincrement l'histoire secrte de sa pense que ce testament d'un inconnuintresserait dj l'humanit, avide de sincrit et de vrit simple. A plus forte raison, l'avenir se penche-t-ilavec une sorte d'avidit sur les livres o palpite encore une grande me. Quoi que fasse la mode, quelque peu detemps qu'il reste au lecteur moderne pour revenir au pass et rouvrir la bibliothque d'autrefois, reprendre etrelire les vieux livres, le livre des Confessions est un de ceux-l. C'est avec un volume de ces Confessions sous le bras que j'ai fait, il y a longtemps, mon premier voyage: et jeme rappelle avec quelle motion, un matin de mai - si loin maintenant ce matin de printemps! - je demandai lechemin des Charmettes. J'avais suivi, laissant derrire moi le thtre de Chambry, la rue du Bocage; et j'avaispris main droite (je m'y vois encore) un petit chemin qui monte doucement, entour de grands arbres. Lepaysage a-t-il chang depuis vingt-cinq ans? Je ferme les yeux et je le revois: les arbres sont ombreux, les haiessont hautes, un ruisselet jaseur court, comme un gamin, le long de la route. Le vent frais m'apporte par bouffesde douces senteurs d'aubpine. De temps autre, travers les arbres, apparat une maison au milieu d'un jardin. A des laveuses qui chantaient, je demandai la maison des Charmettes. - C'est le bon chemin, me dit l'une d'elles. Arrtez-vous devant la troisime maison votre droite. Puis elles reprirent leur chanson aussitt - une chanson bizarre, chevrotante et vieillotte avec je ne sais quoide plaintif et de naf qui me rappela les menuets de Rameau. Il me semblait, en m'loignant, entendre travers levent cette vieille chanson que chantait la tante de Rousseau avec un filet de voix si douce:

Un coeur s'expose A trop s'engager Avec un berger, Et toujours l'pine est sous la rose.

"Dirait-on, crit Rousseau, que moi, vieux radoteur, rong de soucis et de peines, je me surprends quelquefois pleurer comme un enfant en marmottant ces petits airs d'une voix dj casse et tremblante?" Et qui de nousn'a pas, comme Rousseau, ses airs prfrs avec lesquels il reconstituerait toute sa vie, depuis la dormeuse quefredonnait la nourrice, jusqu' la chanson nouvelle apprise depuis la veille, en passant par la romance que disaitsi bien celle qu'on aima la premire? Qui de nous n'a conserv de tant d'espoir et de tant de rves quelques notesde musique: - complainte et fume de l'amour? J'aperus enfin les Charmettes, places mi-hauteur sur un vallon, telles que je les attendais avec leur jardinet leur terrasse qui laisse apercevoir au loin Chambry, la plaine, les monts. C'est une petite maison aux toitsd'ardoise, toute tapisse de rosiers grimpants qui s'effeuillaient, ce jour-l, laissant tomber une pluie odorante.Deux acacias ombragent l'entre, deux acacias qui ont abrit Rousseau lisant aux cts de madame de Warens.Que de fois s'est-il arrt l, causant avec elle ou la contemplant! Que de fois ont-ils suivi les alles de ce vergertout clatant de fleurs, et lumineux de soleil! Voil bien la maison que Rousseau nous a dcrite: "Au devant unjardin en terrasse, une vigne au-dessus, un verger au-dessous; vis--vis, un petit bois de chtaigniers..." Non, leschtaigniers n'y sont plus. Le