Jean-Bernard Badaire · 2006-10-19 · vier 1923 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Au début de la...

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N° 39 - décembre 2004 - 4,50 Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République Jean-Bernard Badaire (1923-2004) Toute une vie d’engagement Jean-Bernard Badaire (1923-2004) Toute une vie d’engagement

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N° 39 -décembre 2004 -4,50 €

Reconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République

Jean-Bernard Badaire(1923-2004)

Toute une vie d’engagement

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Toute une vie d’engagement

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2 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

En couverture : Jean-Bernard Badaire. (Coll. Comité d’action de la Résistance. D.R.)

CRÉDIT MUNICIPAL DE PARIS : UNE DOUBLE MISSION SOCIALE ET PARISIENNE.En offrant aux particuliers et aux associations des services et des financements différents, rapides et simples, le Crédit Municipal de Paris permet au plus grand nombre de faire face aux incidents financiers de la vie courante. Il les accompagne dans leurs projets et facilite leurparticipation à la vie économique et sociale.

De simple prêteur sur gages au XVIIIe siècle, à l’éta-blissement bancaire reconnu comme tel avec la loibancaire de 1984, le Crédit Municipal de Paris

occupe depuis 227 ans, une place originale dans le sys-tème financier français en raison de sa double missionsociale et parisienne. L’établissement, en effet, accom-pagne depuis toujours les populations parisiennesconfrontées un jour ou l’autre et pour de multiplesraisons à des difficultés économiques passagères.

Banque d’intérêt général, le Crédit Municipal de Parisa su s’adapter, au fil des siècles, aux besoins d’uneclientèle diversifiée et se moderniser. Son dévelop-pement s’articule autour de ses deux principauxmétiers: le Crédit Municipal de Paris s’impose, aujour-d’hui, non seulement comme un acteur expert du mar-ché de l’art par l’activité de son hôtel des ventes oude salles fortes pour œuvres d’art, mais aussi commeun établissement financier offrant une gamme complète de produits et de crédits : prêt sur gage,rachat de dettes, prêt personnel, prêt senior, prêt hypo-thécaire, produits d’épargne… En choisissant d’in-tervenir sur des marchés particuliers, l’établissementpropose à sa clientèle des services orientés vers l’ac-compagnement des ménages qui ne trouvent pas deréponses à leurs besoins, le soutien aux associations,les activités socialement utiles.

De nouveaux services

En 2004, un accord de partenariat a été conclu avecDexia qui doit conduire, début 2005, à la mise enplace d’un Fonds social urbain solidaire avec pourobjectif de proposer à des investisseurs aussi bien insti-tutionnels que privés un investissement socialementresponsable (ISR). Ce fonds original procède d’unedémarche spécifique aux problématiques du CréditMunicipal de Paris et offre une approche tout à faitnouvelle, avec un engagement identitaire propre à l’établissement. Il en va de même avec la récente miseen place de LocaParis, nouveau dispositif géré au nomet pour le compte de la Mairie de Paris. Destiné àtous les agents de la ville et du département de Paris,ce dispositif garantit les impayés de loyers et de char-ges locatives.

Avec près de 300 collaborateurs, le groupe CréditMunicipal de Paris a déployé, depuis 1987, un réseaud’agences en Ile-de-France et renoue, à présent, avecune tradition de présence active dans Paris. Ce soucide proximité avec les habitants de la Capitale a pré-sidé, dernièrement, à l’ouverture de huit nouvellesagences parisiennes. Ce programme d’implantationau cœur des quartiers sera poursuivi en 2005.

Le siège du Crédit Municipal de Paris. © P

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Partenaire de la Fondation de la Résistance

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S O M M A I R E

Éditeur : Fondation de la RésistanceReconnue d’utilité publique par décret du 5 mars 1993. Sous le Haut Patronage du Président de la République30, boulevard des Invalides - 75007 ParisTéléphone : 01 47 05 73 69Télécopie : 01 53 59 95 85Site internet :www.fondationresistance.orgCourriel :[email protected] de la publication : Jean Mattéoli,Président de la Fondation de la RésistanceDirecteur déléguéde la publication :François ArchambaultRédacteur en chef : Frantz MalassisRédaction : Victor Convert, Marie Delaleu,Marc Fineltin, Bruno Leroux, Frantz Malassis,Jean Novosseloff.

Maquette, photogravure et impression :SEPEG International, Paris XVe. Revue trimestrielle. Abonnement pour un an : 16 €.N° 39 : 4,50 €Commission paritaire n° 4124 D73AC - ISSN 1263-5707

Hommage à Jean-Bernard Badaire- Jean-Bernard Badaire, résistant de la section F du Special Operations Executive....p. 4

- La déportation de Jean-Bernard Badaire ...............p. 5

- Jean-Bernard Badaire, président duComité d’action de la Résistance....p. 6

L’activité des associationspartenaires- Mémoire et Espoirs

de la Résistance .......................... p. 8

- AERI .......................................... p. 10

Livres- Vient de paraître ...................... p. 12

- À lire ........................................ p. 13

Concours- Palmarès du concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire 2004 .........p. 15

La vie de la Fondation de la Résistance ................... p. 16

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Éditorial

LE MOT DU PRÉSIDENTJean-Bernard Badaire nous a quitté il y

quelques semaines.Je tiens à saluer ici la mémoire du président

du Comité d’action de la Résistance qu’il fut, maisaussi le souvenir de l’un de nos membres fonda-teurs qui tout de suite nous a soutenus et dontles compétences ont fait qu’il fut rapidement éluvice-président de la Fondation de la Résistance.Nous avons tenu à lui dédier ce numéro de notrerevue.

La disparition de Jean-Bernard Badaire, quicomme moi a été déporté à Neuengamme, nousrappelle cruellement qu’il y a urgence pour nousles résistants et les déportés à transmettre ensem-ble aux générations actuelles notre expérience sur-tout lorsque l’on entend les déclarations scanda-leuses du numéro 2 de l’actuel Front National.Récemment, en effet, M. Bruno Gollnisch par-lant des déportés indiquait avec condescendance que « sans doute, il y a eu quelquescentaines de milliers de morts ». Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux bien connusde son président reléguant les victimes du génocide et du système concentrationnaireau rang de « détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Nous ne devons pasaccepter que l’on minimise ainsi les crimes nazis qui ont bien failli mener notre Civilisation au fond de l’abîme tout en faisant disparaître toute une part irremplaça-ble de l’Humanité.

Face à ces théories pernicieuses des négationnistes et autres falsificateurs de l’Histoirenous devons nous mobiliser en témoignant inlassablement notamment dans le cadredu Concours national de la Résistance et de la Déportation.Car comme le disait Albert Camus «Qui répondrait en ce monde à la terrible obstina-tion du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage ? »

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

Jean MATTÉOLI Président de la Fondation de la Résistance

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De l’extérieur, on distingue depuislongtemps, parmi les résistants, leshéros, les chefs (grands et petits) et

les responsables locaux. Depuis peu, ona découvert qu’il y avait aussi les ano-nymes, les sans-grade, en l’absence des-quels, pourtant, les autres n’auraient rienété… Entre eux, si même n’est pas toutà fait ignorée une hiérarchie que le tempset la camaraderie ont quelque peu gom-mée, les résistants sont plus sensibles àce qu’a été l’aventure de chacun et, s’ilsdistinguent, c’est entre les chanceux,qu’un ange gardien, ou le hasard, a pro-tégés et qui sont passés à côté des bal-les, des pièges et des rafles, et les autres,qui ont été blessés ou qui ont connu latrahison, les interrogatoires, la prison et,pis encore, la déportation…Ceux qui sont revenus des camps sont,pour eux, des miraculés ; et leurs titres,tous leurs titres, tiennent en ces quelquesmots : il a vécu cela !Tel était le cas pour Jean-BernardBadaire, déporté à Neuengamme àvingt et un ans : c’était, pour nous, sonhistoire ; et cela suffisait pour nous inspi-rer ce mélange de compassion et derespect qui le situait à part, auprès seu-lement de quelques rares camarades res-capés comme lui…

Jean-Bernard Badaire est né le 28 jan-vier 1923 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Au début de la guerre, Jean-Bernard Badaire, fils et petit-filsd’officiers, finit ses études secondaires et,fidèle à la tradition familiale, passe en«corniche» et prépare Saint-Cyr. Il réagità l’abaissement du pays et au nouveaurégime et, dès que l’occasion se présente,il prend des contacts en Sologne. En septembre 1942, il rejoint une unité rele-vant du réseau de la section F du Special Operations Executive (le réseauAntoine/ Ventriloquist) que Philippe deVomécourt va reprendre en main enavril 1944, à son retour de Londres.Quand arrive l’été, Jean-Bernard Badaireest dans un maquis, bientôt infiltré parla Gestapo. Le 13 juillet, il est arrêté. Ilsubit de durs interrogatoires et, le 28, ilest expédié à Neuengamme, où il estplacé dans un détachement affecté à labase de sous-marins de Brème.Devant l’avance alliée, Neuengamme estévacué le 13 avril 1945. Arrivé à Sand-bostel, Jean-Bernard Badaire parvient às’échapper et à rejoindre les troupes

Hommage

4 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

Jean-Bernard Badaire est décédé brutalement le 17 septembre dernier. (1)

Résistant au sein de la section F du Special Operations Executive, il avait été arrêté par laGestapo et déporté à Neuengamme.Comme le disait Charles Verny, son prédécesseur à la tête du Comité d’action de la Résis-tance : «aucun combattant de l’ombre ne se souciait pendant la Résistance des décorationsqui pourraient lui être octroyées ultérieurement tant le sujet lui eût paru dérisoire. Mais puis-qu’elles intervinrent, pourquoi les dissimuler ?». Aussi, ses activités dans la Résistance valurent à Jean-Bernard Badaire d’être commandeur de la Légion d’honneur, médaillé de lacroix de guerre 1939-1945 avec palmes et titulaire de nombreuses autres décorations, dontla prestigieuse croix d’officier de l’Ordre de l’Empire britannique (OBE) qui lui fut remise parla Reine Mère.Fidèle à ses camarades de Résistance, Jean-Bernard Badaire s’est, dès le lendemain de la guerre,consacré à maintenir et fortifier les liens indéfectibles tissés dans les temps d’épreuves enœuvrant et rapidement en assumant des responsabilités au sein d’amicales et associations.Ainsi, président du Comité d’action de la Résistance (CAR), président de l’association pourdes études sur la Résistance intérieure (AERI), président de la Fédération nationale « LibreRésistance», Jean-Bernard Badaire était un de nos membres fondateurs et siégeait à notreconseil d’administration en tant que vice-président.Nous avons demandé à trois de ses camarades d’évoquer la vie de Jean-Bernard Badaire faitede courage, d’engagements et de fidélité.

JEAN-BERNARD BADAIRE (1923-2004)TOUTE UNE VIE D’ENGAGEMENT

Londres, avril 1966. Jean-Bernard Badaire aux côtés du major Buckmaster, qui dirigeait la section F du Special Operations Executive.

JEAN-BERNARD BADAIRE, RÉSISTANT DE LA SECTION F DU SPECIAL OPERATIONS EXECUTIVE

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004 5

Après bien des interrogatoires et interne-ments Jean-Bernard Badaire avait ététransféré au camp de Compiègne-

Royallieu fin juillet 1944.Sa déportation effective a commencé le soir duvendredi 28 juillet par un embarquement enwagon à bestiaux ; ce voyage s’est terminé lelundi 31 juillet au camp de Neuengamme.Au cours de cet interminable « transport » quatre Français ont été fusillés pour tentatived’évasion ; ils furent quand même immatricu-lés à l’arrivée.Le camp de Neuengamme est situé dans unezone de marais à vingt kilomètres au sud deHamburg. Il est peu connu en France, pour-tant il y eu 106000 immatriculations. Il y a eu8000 identifications de Français dont peu sontrevenus. Par exemple pour cette arrivée du31 juillet 1944, sur 1650 déportés il n’y eut que500 rescapés recensés après le 8 mai 1945.Jean-Bernard Badaire portait le matricule39343 et faisait partie d’un groupe de 240 déte-nus considérés NN (Nacht und Nebel) devantsubir des conditions de détention les plus rigou-reuses.Les travaux dans l’enceinte du camp consistaienten terrassement dans les marais, à pousser deswagonnets et à décharger des péniches, et celadirigé avec une extrême violence comme l’a sibien décrit David Rousset dans Les jours de notremort.De plus, après la longue journée de travail s’ajou-taient des séances de «gymnastique», pour yapprendre des commandements de type militaireréitérés sans fin.Changement radical, le 16 août 1944, Jean-Bernard Badaire fut transféré à Bremen au kom-mando «osterort » où les différenciations entreles déportés français n’étaient plus appliquées.Ce kommando extérieur devait fournir de la

main-d’œuvre pour la construction d’ungigantesque bunker pour les sous marins de lakriegsmarine d’où le nom qui a toujours étéutilisé pour nommé ce kommando : Bremenkriegsmarine.Un premier bunker pour sous-marin « farge»situé à 20 kilomètres en aval de Bremen avaitreçu plus de 2700 déportés de Neuengamme.La mortalité y ayant été très élevée, les craintesétaient donc grandes pour ce second chantier.Deux jours après cette arrivée à Bremen, lesbombardements massifs des Alliés ont prati-quement rasé la ville. Les déportés ont été uti-lisés prioritairement pour le déblaiement des rui-nes. Sous les décombres des maisons, les cavesétaient restées intactes et contenaient de la nour-riture : confiture et conserves diverses. Malgréla surveillance des gardiens : SS et kapos, cesdécouvertes furent une aubaine. Les partages deces butins inespérés ont permis aux déportés dereprendre des forces et de pouvoir tenir lors du

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LA DÉPORTATION DE JEAN-BERNARD BADAIRE

N.B. : Le nouveau président de «LibreRésistance» est M. Jacques Poirier.(1) Ses obsèques ont été célébrées le mardi21 septembre dans la chapelle Saint-Louis de l’École militaire, par le père Théron et le pèreCordier, qui lui-même résistant rappela avec ferveur l’engagement de Jean-Bernard Badairedans l’« armée des ombres ». La haute élévation depensée du père Cordier ne manqua pas de toucherla foule, communiant dans un même recueillement,composée de sa famille, de nombreux camaradesde Résistance, de Déportation, mais aussi ses amisde toutes générations confondues.Plusieurs personnalités ont honoré cette cérémoniede leur présence. Entre autres, M. HamlaouiMékachéra, ministre délégué aux anciensCombattants, le général de Boissieu, chancelier de l’Ordre de la Libération, M. Jean Mattéoli,président de la Fondation de la Résistance, l’attaché militaire de Grande-Bretagne représentant l’ambassadeur britannique.

Jean-Bernard Badaire à son retour de déportation.

Rapatrié le 11 mai 1945, après une courte permission,Jean-Bernard Badaire s’engage dans l’armée.Jeune aspirant, il rejoint l’armée de Lattre (à gauche,photographié à Langenharghen) avant de devenircapitaine en 1947 (à droite).

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britanniques avec lesquelles il participe, le29 avril, à la libération de ce camp.Il faut croire qu’il avait une constitution excep-tionnelle : rapatrié le 11 mai, il prend seulementune courte permission, s’engage et, nommé aspi-rant, entre dans une école de cadres ! Il sera offi-cier (il est déjà capitaine en 1947) pendantquelques années ; mais il quitte l’armée en 1951et passe alors dans le monde de l’édition, de lapublicité et de la banque auquel il consacrerasa vie professionnelle.Il faut croire, aussi, qu’il avait fait impressionsur Vomécourt : toujours est-il que, lorsquecelui-ci devient président de la Fédération natio-nale «Libre Résistance» (l’association existedepuis 1945), c’est à Jean-Bernard Badaire qu’ilfait appel pour prendre le secrétariat général dèsque le poste se trouve vacant. Encore secrétairegénéral sous Robert Lyon, Jean-BernardBadaire accède ensuite à la présidence. Dès lors,il porte, il tient «Libre Résistance» qui, bien-tôt, s’identifiera à lui…Président de notre association, il devient, dumême coup, en alternance avec ses collègues del’Amicale des réseaux Action de la Francecombattante et de la Fédération des amicalesdes Réseaux Renseignement et Évasion de laFrance combattante (FARREFC), vice-présidentou président de la Confédération nationale dela France combattante, dont nous sommes l’unedes trois composantes (la seule à existerencore). Il devient aussi liquidateur national denos réseaux, comme l’avait été, parmi les fon-dateurs, le premier délégué général, MarcelDurand. Il est, enfin et surtout, l’un de ceuxauxquels nous devons l’existence du Mémorialde Valençay, dont il a poussé la réalisation, qu’ila inauguré, en 1991, aux côtés du ministre desAnciens Combattants et de S.A.R. la Reine MèreÉlizabeth, et dont il a fait, pour nous, le lieude rencontre, de mémoire et de recueillementqu’il est devenu.Nous n’oublierons pas !

Marcel Jaurant-SingerAncien secrétaire fédéral de «Libre

Résistance» (1945-1947)

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6 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

Hommage

Le grand drapeau tricolore battait dans l’arche de la Flamme sacréesous le souffle du courant d’air habituel. Un grand résistant, déporté,revenu du camp baltique de Neuengamme était ému aux larmes

pourtant bien cachées par sa modestie : il recevait devant son com-pagnon Inconnu, la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.Aucun d’entre nous, étreint par l’amitié et la fierté ne savait qu’il seraitplus tard le président du Comité d’action de la Résistance (CAR) etque son esprit d’officier toujours prêt à servir avec courage, dévoue-ment et honneur assurerait aux valeurs que le général Cochet avait vouluconserver et transmettre l’élan d’expression et de renom des forces d’his-toire de la Résistance intérieure.Après Marie-Madeleine Fourcade, Charles Verny, et Pierre Alibert, ilfallait aider, à partir du CAR, à la création de la Fondation de la Résis-tance tant voulue pour l’avenir. Jean-Bernard Badaire a su assurer unrôle de diplomate par son aura, son indéfectible camaraderie dans lesens du consensus.Dans beaucoup de domaines sa finesse d’analyse et sa volonté du lienentre les combattants firent que jamais l’essentiel ne soit compromis.Conserver pour repartir.Il avait toujours mis en avant une élégance mêlée de rigueur, quasibritannique confortée par ses éminents services au SOE. L’œuvre deValencay et les rapports avec la Grande Bretagne furent jusqu’à sa mortune marque indiscutable de volonté et d’amitié de la part du CAR,même quand l’atmosphère n’était pas la meilleure entre les Alliés. OutreAtlantique Jean-Bernard Badaire porta aussi très haut les couleurs dela Résistance intérieure. L’ambassadeur des États-Unis fit du CAR un

commandeur de la légion Lafayette. L’action de Jean-Bernard se pla-çait toujours dans le sens à la fois du mieux et de la continuité.Il avait repris le projet Verny d’une statue à la gloire de la Résistancesur le Champ de Mars à Paris, puis dans un futur paysage de l’Ile Seguinavec deux sculpteurs de renom dont Manoli ; dans la même ligne, ilcontribua au choix de la statue du général de Gaulle.

JEAN-BERNARD BADAIRE, PRÉSIDENT DU COMITÉ D’ACTION DE LA RÉSISTANCE

terrible hiver 1944-1945 où le froid s’est ajoutéaux privations. Les travaux de terrassements à la kriegsmarine furent particulièrement éprou-vants.Jean-Bernard Badaire a aussi travaillé à un kom-mando dit « la carrière». En fait, le travail consis-tait au concassage des scories de la fonderieNorddeutschen hütte, complexe industriel quienglobe maintenant dans son enceinte la tota-lité de l’emplacement de l’ancien camp de dépor-tés dont il ne subsiste aucun vestige. Ce travail

sur le « laitier » de fonderie était pénible mais ils’effectuait juste à côté du camp et permettaitd’échapper aux longs trajets quotidiens, du campau bunker.Aux derniers jours de mars 1945, les Alliés quiavaient traversé le Rhin menaçaient Bremen.Le 6 avril 1945 a commencé l’évacuation desdéportés jugés capables de supporter les lon-gues marches à pied. Ceux qui partirent par laroute n’arriveront à Neuengamme qu’auterme d’une semaine. Le voyage fut encore plus

meurtrier pour ceux qui partirent par wagons.Jean-Bernard Badaire se trouva dans ce cas là.Le convoi devait aller à Bergen-Belsen. Les des-tructions de voies ferrées bloquèrent les trainsmême sur les voies secondaires et ce n’est quele 13 avril 1945 qu’il fut débarqué à la petitegare de Brillit d’où il fut acheminé à une dizainede kilomètres au camp de Sandbostel, dans lapartie la plus insalubre d’un camp de prison-niers de guerre.Le général Pierre Brunet fut l’un des premiersà en décrire l’horreur dans Les martyrs de Neuen-gamme, voici sa conclusion : «12000 déportésprovenant de Neuengamme et de ses kommandosfurent envoyés au mouroir de Sandbostel. 2000environ, seulement, et de toutes nationalités sur-vécurent ».Il est impossible d’imaginer l’acharnement desSS en ce mois d’avril 1945 où, pour eux toutétait perdu. Ils ne prirent la fuite qu’à l’annoncede l’avant garde britannique, le 20 avril.L’extraordinaire dévouement des prisonniers deguerre français du stalag XB sous l’autorité ducolonel Albert a permis de préserver la vie decentaines de déportés français.Jean-Bernard fut sauvé in extremis et admira-blement soigné par des médecins militairesanglais, d’abord dans un hôpital de campagnepuis dans un des principaux hôpitaux de la zonebritannique.C’est ainsi que, bien que très affaibli, il a pu êtrerapatrié, dès que des convois sanitaires purentêtre mis en place, seulement deux mois aprèsla date théorique de sa libération.

Hubert JestinNeuengamme N° 39460.

Jean-Bernard Badaire est toujours resté fidèle à ses camarades de Résistance et Déportation. Sur cette photographie, on le retrouve en compagnie de Serge Camman, qui comme lui a connul’enfer du kommando Bremen Kriegsmarine.

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004 7

Il soutenait très fortement la déportation, lui le travailleur forcé del’abri des sous-marins de la base et l’évadé de Sambostel avec l’aidejamais oubliée de ceux de Rawa-Ruska. Il avait en tête la carte descamps et de ceux qu’il y connut, tel Jean Mattéoli. Sous sa prési-dence six sur sept des associations d’internés et de déportés se trou-vèrent réunies au sein du CAR. Il avait aussi mémorisé la géogra-phie des hommes et des lieux des réseaux Buck et son attachementà «Libre Résistance » permit au CAR d’en être un foyer d’histoire.Bien aidé par Pierre Morel, il relança après Alibert les CAR locauxde province et maintint ou créa des rapports avec toutes les asso-ciations authentiques.Conscient de l’héritage de Georges Bidault, Jacques Laurent, DanielMayer, Charles Verny, il tenait à développer dans la modernité l’ac-quis, à redresser les pans qui s’effritaient et à donner de la force à cequi se maintenait. Réorganiser. S’assurer de moyens nouveaux tellel’informatisation. Donner des moyens avec peu de moyens par l’in-telligence, l’amitié et le bénévolat, ce fut là la réussite interne du CARdans les dernières années. La reconnaissance de ce que le CAR repré-sentait depuis cinquante ans auprès des hautes autorités de l’État atenu aux qualités d’homme et à la force d’âme de Jean-Bernard Badaire.Il fallait un résultat. C’était là son style.

La journée du CAR avec ses quatre volets s’est imposée comme indispen-sable. L’État et les historiens outre les camarades unis par les souve-nirs ne pouvaient plus ignorer cette Résistance qu’on risquait d’oublier.Le renom du Prix littéraire de la Résistance avec un jury prestigieuxet une donation du Premier ministre fait que chaque année il consti-tue un événement ; le recueillement à la dalle des fusillés signe unaccueil de la Haute assemblée.Le développement du travail de mémoire par les études des faits reçus,leurs vérifications, leurs publications dans La Voix de la Résistance avecle travail d’Élie Jacques Picard et de Claude Ducreux rentrent dans lavocation initiale du CAR et son ouverture civique dans les milieux sco-laires. Les acquis de la guerre pour la paix espérée, les projections versdes temps nouveaux font partie des éditions, des participations, des col-loques afin de servir tant l’objet toujours actuel du CAR que de for-tifier l’Histoire et la Mémoire et surtout ce qui était l’idée de pointede Jean-Bernard Badaire : perpétuer, en raison d’une promesse solen-nelle de soldat, le souvenir et le sacrifice de tous nos camarades restéssur l’autre rive. Et ce, jusqu’à son dernier souffle.

Maître Claude DucreuxSecrétaire général du Comité d’action de la Résistance.

Dans les salons du Sénat, Jean-Bernard Badaire converse avec Danièle Lheureux, co-lauréate du prix littéraire de la Résistance 2003pour son ouvrage La Résistance «Action-Buckmaster ». Sylvestre Farmer.

Jean-Bernard Badaire lors de la cérémonie à la dalle des fusillés au Sénat en 2003.

À ses côté se tient le Dr Pierre Morel, son successeur à la présidence du CAR depuis décembre 2004.

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Soudain l’été dernier, un peuple désabusé s’estretrouvé dans une même ferveur. Les rêves à peinecachés, eux, n’ont pas cessé de « folâtrer ».Ainsi une convergence d’émotion et de recon-naissance rassemblait au Bois de Boulogne « ceuxqui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas».Les 35 jeunes chrétiens ou communistes massa-crés, désarmés, mais solidaires contre le nazisme,sont désormais réunis par une mémoire sacrée quirapproche les générations et les «utopies ».C’est le même rituel républicain qui conviait cha-leureusement les admirateurs d’André Tollet, cégé-tiste et président du Comité de libération de Pariset ceux de Jacques Chaban-Delmas, gaulliste etgénéral à 29 ans. Pour l’un, un square était inau-guré place de la République; pour l’autre une espla-nade l’était avenue de Breteuil.Sur le parvis de Notre-Dame-de-Paris, le cardinalLustiger avait demandé une prière différente àl’intention des victimes de la guerre. Les éminentslecteurs furent M. David Messas, grand rabbin deParis, le Dr Dalil Boubakeur, président du Conseilfrançais du Culte musulman, M. Jean-Claude Tenreiro, pasteur protestant, et Mgr Patrick Le Galévêque aux Armées françaises. On aurait pu atten-dre un orthodoxe et un franc-maçon. Mais la messedu 60e anniversaire de la Libération fut célébréeconjointement par les cardinaux archevêques de

Paris, Westminster, Washington et Berlin, ainsiqu’avec le nonce apostolique, Mgr Fortunato Baldelli, et le représentant de l’évêque d’Ottawa,Mgr Jacques Drouin. Finies les guerres de religionfranco-françaises, oubliées les divisions entreanciens ennemis euro-américains…!Partout où elle était invitée, la Fondation de laRésistance était présente ou représentée parl’association de ses amis «Mémoire et Espoirs dela Résistance». Nous fûmes ainsi une douzaine àaller d’Arromanches à Toulon, de Merdrignac àMontauban, de Tours à Lyon, du Lochois (où ily eut au moins quatre maquis) jusqu’aux Glières,de Descartes à Dijon. Dans ces lieux parfois oubliés,il fallait freiner la remontée nazie. Sur le chemin,les barbares commirent les massacres d’Oradour-sur-Glane, de Tulle, de Maillé en Touraine et biend’autres atrocités.À Paris le président Jacques Chirac, le maire Bertrand Delanoë, les présidents des Assemblées,les membres du gouvernement se démultiplièrent,souvent à l’initiative de nos deux fondations sœurs,de Gaulle et Leclerc. Le sacré réunit toujours lesgens de bonne volonté, même si les espoirs nésde la Résistance distinguent les personnalités ou lestempéraments. De la plaque Roger Priou-Valjeanou à celle des combattants espagnols de la 2e DB,de la place Charles Tillon à la statue de Leclerc,

de l’avenue Rol-Tanguy à la plaque du courageuxconsul suédois Raoul Nordling, au sein du lycéeJanson de Sailly, dirigé par une remarquable pro-viseure, Mme Anny Forestier, la Résistance a étéhonorée dans sa totalité et sa pérennité.Le sacré, c’est la Mémoire commune du sacrificedes Africains, des Américains, des Britanniques, desCanadiens, des Maghrébins, des Océano-Indiens,qui sont venus se faire déchiqueter par les nazissur nos côtes normandes et provençales, accueillisavec joie par nos résistants, nos mouvements etréseaux de l’intérieur et accompagnés de nos Fran-çais libres, tous constituant la France combattante.Le sacré, c’est le silence sous la pluie abondantede Loches ou du jardin du Luxembourg ou sousle soleil écrasant de Toulon ou de Montauban.C’est le respect du culte ou de la pensée d’autruiet surtout d’une patrie sans cesse reconstituée.Cette attitude digne n’exclue pas les espoirs quidistinguent les sensibilités et les ambitions pourla collectivité et pour soi-même. La «distinction»ici, c’est le droit à la différence, en même tempsque le devoir de faire toujours mieux.

François ArchambaultPrésident de «MER»

Secrétaire général de la Fondation de la Résistance

8 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

L’activité des associations partenaires

Mémoire et Espoirs de la Résistance (MER)LE SACRÉ QUI RÉUNIT ET LES ESPOIRS QUI DISTINGUENT

Il y a 100 ans, le 8 avril 1904, la France et laGrande-Bretagne signait le célèbre Traité del’Entente Cordiale ouvrant la voie à une amitiéfranco-britannique durable et diversifiée.Une amitié s’est commuée en une véritable fra-ternité d’armes durant les deux guerres mondiales.Ce sacrifice méritait un hommage appuyé à cel-les et ceux, Français et Britanniques, qui se sontbattus pour la Liberté de nos pays aux prix denombreuses vies.Ainsi, le lundi 29 novembre 2004, en coopéra-tion étroite avec la Royal British Legion-ParisBranch et son président, Mr Roger Thorn,«MER» a proposé à ses adhérents et amis, unaprès-midi et une soirée exceptionnels pour célé-brer ce centenaire historique ainsi que le soixan-tenaire des débarquements de Normandie et deProvence.Au sein de la prestigieuse Institution nationaledes Invalides, devant un public nombreux com-posé en majorité de jeunes étudiants du lycéeinternational de Saint-Germain-en-Laye, de laBritish school et du lycée Janson de Sailly, maisaussi d’amis, anciens résistants, proches et sym-pathisants, six intervenants ont évoqué lesréseaux du SOE (Special Operations Executive)britannique. Jean-Pierre Levert, vice-président de«MER» et historien, après le mot d’accueil deFrançois Archambault, président de « MER», arappelé les fondements de l’Entente Cordiale tan-

dis que les témoins et acteurs nous ont fait revi-vre leur épopée franco-britannique et celle de leurscamarades. Gaston Collin, britannique a été para-chuté par deux fois en France et est devenu leradio de Gaston Deferre. Marcel Jaurant-Singer,passé en Angleterre en 1943 où il reçoit une for-mation de radio. Le Dr Pierre Morel a évoqué,avec émotion, son parcours au sein du célèbreréseau Oscar Buckmaster. Mme Noreen Riols araconté, avec un humour délicieusement anglais,son travail au sein d’un « centre de formation»d’agents du SOE, Mme Michèle Agniel, résistanteà l’âge de 13 ans, a évoqué ses périples parisiensconvoyant des aviateurs anglais hébergés par safamille.Après cet émouvant et passionnant colloque, nousnous sommes rendus avenue des Champs-Élysées pour rendre hommage à Sir WinstonChurchill et au général de Gaulle. Plus de 60 jeu-nes étaient présents à ce dépôt de gerbes haute-ment symbolique.La journée s’est achevée au Sénat autour d’undîner chaleureux mêlant adhérents de la RoyalBritish Legion, conduits par leur directeur géné-ral, le général Ian Townsend, en présence de l’at-taché militaire de Grande-Bretagne, le généralGregson, et de «Mémoire et Espoirs de la Résis-tance».

Marie DelaleuCoordinatrice historique de «MER»

Très cordialement !

Adhésion :Si vous voulez donner un avenir audevoir de mémoire, adhérez à «Mémoire et Espoirs de la Résistance» ! Cotisation 15 € (+ 6 € pour le bulletin « Résistance et Avenir »).

Chèque à libeller à «Mémoire et Espoirs de la Résistance»,Place Marie-Madeleine Fourcade, 16-18 place Dupleix, 75015 Paris

Tél./Fax : 0145669232e-mail : [email protected] internet : www.memoresist.orgInformations complémentaires

sur les sites internet : www.fondationresistance.org et www.charles-de-gaulle.org

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Nous avons mis en place ce site il y a maintenanttrois ans. Notre première statistique date de novem-bre 2001, nous avions eu 11722 accès aux pages,4232 impressions, ce qui est la mesure de l’inté-rêt trouvé par nos visiteurs au contenu de nos pageset 321 personnes physiques venues sur le site.En octobre de cette année, nous avons eu43396 accès aux pages (voir graphique 1), 7987impressions, soit deux fois plus qu’octobre 2003(voir graphique 2) et 1874 visiteurs physiques.Le succès du site est donc grandissant, sûrementgrâce au contenu de plus en plus complet et unemeilleure mise à jour. Peut-être aussi parce que noussommes mieux connus !Je voudrais insister sur les raisons qui nous ont pous-sés à construire ce site avec l’assistance techniquede Publicis-Technology.La première idée était de mettre à disposition deschercheurs et des personnes intéressées tous lestravaux universitaires sur la période 1939-1945

1 en général et la Résistance en particulier. Ilen manque encore quelques-uns pour arriver aux3000.La démarche suivante a consisté à mettre en lignenos publications avec possibilité de télécharger lesplus récentes 2 .Ensuite nous avons transcrit et mis en ligne lesmoments forts des colloques 3 que nous orga-nisons tout au long de l’année. Ces informationshistoriques et les témoignages sont donc à la dispo-sition des personnes intéressées. Certaines de cesréunions ont donné lieu à des prises de vue vidéo,des extraits sont accessibles sur le site.Nous avons sur la page d’accueil une rubriquephotos 4 pour présenter en diaporama des« images» prises lors de nos manifestations. Notrerubrique « Archives » 5garde à disposition des visi-teurs tout ce qui a figuré surle site dans le passé : bulle-tins Résistance et Avenir,minute des colloques etréunions…Autre rubrique, «Les lieuxde Mémoires» 6 : le tra-vail d’une de nos adminis-tratrices, Mme FrançoiseEagleton, nous a permisd’ouvrir une carte de Francedes lieux de mémoire. JeanNovosseloff, notre secrétairegénéral adjoint, participeactivement depuis peu à laconstitution de fiches.Pour les membres de notreassociation vivant en pro-vince, nous proposons unecarte de France de nosdélégations départemen-tales 7 .Nous maintenons à jour laliste des animateurs etadministrateurs de l’asso-

ciation 8 , les moyens de contacts,9 les bulletins d’adhésion 10 .La rubrique vedette est notre nouvellerubrique «Ne les oublions pas » 11consacrée plus spécialement aux résis-tants peu connus du grand public.Nous venons d’ajouter des biographiesde résistants, après quelques mois de

collecte nous avons en ligne 233 fiches et des lienspermettant d’atteindre d’autres sites Internet encomportant, par exemple le site de l’Ordre de laLibération (www.ordredelaliberation.fr).Enfin, il nous reste à trouver la personne de bonnevolonté qui transcrira les cassettes des «Soirées-Auteurs » 12 au Mémorial Leclerc-Musée JeanMoulin. Dès que qu’il nous sera possible de les met-tre en ligne nous aurons une documentation pas-sionnante à disposition de nos internautes intéresséspar l’histoire contemporaine.

En dernier, je voudrais souligner le rôle de commu-nication très important joué par le site. Nous vousannonçons les événements importants, les réu-nions 13 , les comptes-rendus des assembléesgénérales, les modifications du Conseil d’admi-nistration, nous pouvons également faire passer lesdemandes d’annonces d’événements ou autres denos délégations départementales…

Marc FineltinAdministrateur, secrétaire général de «MER»

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Page d’accueil du site Internet de « Mémoire et Espoirs de La Résistance ». www.meroresist.org. Suite en page 14

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Notre site internet www.memoresist.org :un espace de convergence et de connaissance très apprécié

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10 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

La cité scolaired’Hazebrouck

Les élèves d’Hazebrouck ont rallié la campagned’expérimentation menée par l’AERI.Le 23 novembre dernier, nous avons reçu 120 élèves d’Hazebrouck à la Mairie de Paris,en présence d’un certain nombre de person-nalités (Serge Ravanel, Hélène Viannay, Jacqueline Pardon, le préfet Convert, des repré-sentants de l’Éducation nationale, de la Mairie de Paris, de la Fondation pour la citoyen-neté de la RATP …).Ces élèves de troisième, quatrième et premièrese sont collectivement engagés à développernotre action dans une cité scolaire de 3000élèves dans les Flandres.

Nous constatons donc que notre projet prendde l’ampleur (nous comptons travailler cetteannée avec plus d’une quarantaine de classes).Notre pari, transmettre les valeurs de la Résis-tance auprès des jeunes indépendamment desrésistants eux-mêmes, est en passe d’être gagné.Actuellement, plusieurs classes ont continué lesactions entreprises l’année dernière, sans noussolliciter directement. Les élèves ont eux-mêmes pris en charge leur engagement et legèrent d’une manière totalement autonome.

Nos objectifs vont être atteints, par la mise enplace d’un protocole pédagogique, repro-ductible, se fondant sur l’histoire de la Résis-tance et la prise de conscience des valeurs quiont sous-tendu l’action des résistants.Ceci permet aux jeunes d’aujourd’hui :• d’adapter ces valeurs à leur vie quotidienneet de les mettre en pratique dans leur cadre devie scolaire, familiale, de quartier…• de les faire vivre sur un temps, nécessaire àleur intégration et compréhension,• de créer une transmission intergénérationnelle:résistants > adultes> (professeurs, parents…) >élèves,• de mesurer, d’une manière tangible, la réalitéde leur engagement à partir d’outils et de cons-tats simples,• de vérifier, dans la réalité, l’aboutissementconcret de leurs tâches,• de relier cette action à des attitudes pédago-giques particulières (non directivité, suivis deprojets…),

• de s’inscrire dans le futur d’une tâche collec-tive et de se sortir de la tyrannie de l’immédia-teté qui sert d’excuse au «après moi le déluge»…et à la résurgence forcenée de l’individualisme.

Nous avons donc pu déterminer des attentes pré-cises et relativement simples, loin de la séduc-tion d’idées purement utopiques, afin de sus-citer un engagement responsable par la mise enplace de projets « à portée d’action».

L’exemple de Château-Thierry

Voici à titre pédagogique un exemple de bilaneffectué par l’équipe de professeurs qui ont vécunotre expérience à Château-Thierry.

Les points positifs pour les élèves :

Ils sont satisfaits de parvenir à maîtriser unprojet et d’en avoir été responsables.Il est important que le projet soit à leur taille.Suffisamment ambitieux face aux valeurs, maismodeste dans sa mise en œuvre autant pour desdifficultés techniques qui tiennent au milieu sco-laire que pour ne pas être confronté à des échecsconstants.Ils sont en effet très entreprenants pour proposerdes idées et des projets vastes et vagues, avantde constater l’impossibilité de sa réalisation dansles conditions particulières de l’expérimentation.

Au cours du montage du projet, on remarquebien sûr des équipes qui se forment, des per-sonnalités qui s’affirment, des élèves qui se révè-lent et montrent des compétences inattendues(sens pratique, organisation…) et des qualitéshumaines qui, si elles n’atteignent pas encorela valeur utilisée dans le projet, n’en sont pasloin. Ils leur restent ensuite à dépasser ce stadeet à en faire un modèle de pensée, d’action quiguidera leur engagement.

Sur toute la durée du projet, les élèves plusautonomes que d’habitude ont été contents dela confiance mise en eux dès le début. C’est uneautre forme d’échange entre le professeur et sesélèves. Il s’agit d’un travail d’équipe où chacuna apporté quelque chose et en faisant confianceaux autres, a retrouvé le sens des valeurs, maisaussi de sa valeur personnelle.

Enfin, il y a le grand investissement des filleset surtout de celles pour qui une société laïque,égalitaire et démocratique est un réel enjeuquotidien ; il est bien sûr question des jeunesfilles nées de parents immigrés. Elles ont biencompris l’intérêt de valeurs supérieures aux ten-sions et enjeux actuels et seules capables de lesrésoudre. On constate là un profond investis-sement personnel.Aider d’autres personnes, devenir citoyenneactive et participer à la formation d’un esprit pluscitoyen chez les autres (aider des élèves de qua-trième et de cinquième ou promouvoir desvaleurs chez les élèves du Primaire) leur a parupossible et surtout important.

Le projet est utile, voire indispensable, car ilrévèle qu’une part non négligeable d’élèves, n’estpas «militante», ne veut pas s’engager, parméconnaissance des valeurs.Plusieurs causes peuvent être relevées :• une société qui n’a pas comme fondement oumode de fonctionnement les dites valeurs et quin’a pas en projet de les mettre en avant (cf. l’im-pact des médias),• une éducation familiale ou institutionnelle quine les propose plus comme modèle ou qui nedemande pas aux élèves de les utiliser,• une éducation très matérialiste où ce quin’apparaît pas comme nécessaire, n’est pas ensei-gné.

Une certaine vacuité s’empare alors des enfantsà cause de cette non-éducation.Certains lycéens semblent réaliser qu’une résis-tance, qu’un combat quelconque dans nos socié-tés d’aujourd’hui, supposent qu’on est investide certaines valeurs.Par cette pratique, ils apprennent, dans une cer-taine mesure, l’histoire de la Résistance, de laSeconde Guerre mondiale ou de la montée desfascismes: mais le lien ne se fait pas toujours avecles valeurs nécessaires pour lutter, ne pas se trom-

L’activité des associations partenaires

Nous poursuivons dans cet article notre réflexion sur la dynamique instaurée par notre troisièmeannée d’intervention dans les collèges, lycées parisiens et de province sur le thème de Valeurs dela Résistance, Valeurs d’aujourd'hui. Nos objectifs sont doubles : ● mener dans des classes scolaires une action pour renforcer le sens des valeurs chez les élèves, ● améliorer les relations entre les élèves, ainsi qu’entre les élèves et les enseignants.

Une élève d’Hazebrouck offre des produits du terroir aux résistants.

Association pour des Études sur la RésistaVALEURS DE LA RÉSISTANCE, VALEURS

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004 11

per au moment des choix ou, plus simplement,pour accorder sa vie et ses actes avec ces valeurs.Il leur semble donc peu clair de s’engager.

L’expérimentation est donc un bon moyenpour ces élèves de voir que l’engagementparaît à leur portée.

Une société comme la nôtre est en quête de sensà travers sa volonté citoyenne. Le projet«Valeurs de la Résistance…» est important ; ilrévèle les problèmes de notre société par l’in-termédiaire des difficultés de ses enfants et ilfonde un modèle de référence pour pérenniserdes valeurs essentielles pré-existantes et les faireréapproprier par les élèves.

Les points positifs pour les professeurs :

• la satisfaction d’avoir progressé dans leur pra-tique et dans leur perception des élèves grâce àla deuxième année d’expérimentation, 2003-2004,• la satisfaction pour toute l’équipe d’avoir menéà leur terme ces engagements,• surmonter, comme pour les élèves, les pro-blèmes techniques, administratifs que l’im-plantation d’un tel projet dépassant le cadre pure-ment pédagogique et scolaire suppose,• admettre aussi les échecs, pour motiver tel outel, ou le refus de certains partenaires souhai-tés par les élèves,• s’accorder entre tous, dans différents types declasses, dans des établissements différents.Notamment au moment où des niveaux de classeaussi éloignés que des cinquièmes de collègeset des secondes de lycées doivent s’accorder surun projet commun,

• apprendre à être professeur dans sa classe etacteur du projet en dehors, tout en conservantun discours cohérent avec les élèves. C’est biensûr une autre façon de voir les élèves. C’est aussiune autre façon de travailler et/ou d’enseigner…Et peut-être réussir l’installation d’une hiérar-chie ou d’une discipline de travail plus heureuseet mieux consentie par tous. Dans certains grou-pes de travail ou classes, les résultats scolaireset l’assiduité au travail ont été meilleurs.• Cette expérience a permis aussi de redonnerun sens à l’ECJS ou Instruction civique.

Conclusion :L’expérimentation est utile et nécessaire, dansle sens où :

notre société va mal (les élèves en sont la preuveet les victimes, parfois consentantes et actives),

la démocratie et ses valeurs doivent être plusque jamais défendues et quelle meilleuredéfense que de les utiliser,

les élèves n’ont pas l’opportunité de mettreen œuvre leurs valeurs quand elles sont les leurs(«passe ton bac d’abord»…), de les découvrirquand ils les ignorent alors qu’ils admettent«manquer de quelque chose» sans vraiment l’iden-tifier.

«C’est une action nécessaire à d’autres prises deconscience et à d’autres engagements pour nos col-légiens et lycéens.Cette expérience donne du sens à nos efforts et notreenseignement ne peut qu’en ressortir meilleur»,disent les enseignants de Château-Thierry.

Ainsi à travers l’intervention de l’AERI,quelque chose nous est confié, essentiellementfragile et périssable : la vie, la solidarité, lacité. Car «la Cité est périssable, sa survie dépendde nous. »( Hannah Arendt).

En effet, aucun système institutionnel ne sur-vit « sans être soutenu par une volonté de vivreensemble»… Lorsque ce vouloir s’effondre,toute l’organisation citoyenne se défait très vite.

Nous sommes responsables à l’égard des géné-rations futures, nous devons créer un élan pourla transmission des valeurs, pour instituer un sensdynamique de la solidarité entre générations,c’est-à-dire de donner un sens à la perpétuationde l’espèce humaine, pour transmettre une rai-son de vivre à ces futurs hommes et femmes.

Pour l’AERIGuy Crété,

psychosociologue, pilote de l’intervention.

RenseignementsPour toute information, contacter l’AERI

(association loi 1901d’intérêt général)

Association pour des Études sur la Résis-

tance Intérieure, affiliée à la Fondation de la

Résistance

Siège social et bureaux :

16-18 place Dupleix 75015 Paris

Tél. : 0145666272

Fax : 0145676424

E-mail : [email protected]

Site internet : www.aeri-resistance.com

Mme Michèle Badaire a été élueprésidente de l’AERI, le 29 sep-tembre dernier. Les administra-teurs et le personnel de l’AERI,ainsi que la Fondation de laRésistance et «MER» en sont trèsheureux.Mme Badaire a toujours aidé leprésident Jean-Bernard Badairedans toutes ses activités et c’esttout naturellement qu’elle aaccepté de prendre la prési-dence de l’AERI et de poursui-vre ainsi son œuvre.Dans la collection «Histoire en

Mémoire, 1939-1945», viennentde paraître, les cédéroms sur laRésistance en Ardèche, enHaute-Marne et dans la Manche.Sont déjà parus l’Oise, la Corse,l’Yonne, le Calvados et le dévé-dérom de l’Ile-de-France.Tous les produits de l’AERI sonten vente dans certaines librairies,notamment celles de la Docu-mentation Française, suite à lasignature d’un accord de diffu-sion, ainsi que sur le site Internetde l’AERI (www.aeri-resistance.com).

Actualités de l’AERI

nce Intérieure (AERI)D’AUJOURD'HUI.

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Des élèves attentifsposent des questions.

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12 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

Livres

VIENT DEPARAÎTRELa présence de ces titres dans«vient de paraître» ne sauraitconstituer un conseil de lecturemais a pour but de tenir informéles abonnés de «La Lettre», desderniers ouvrages que nous avonsreçus au cours du trimestre.La Fondation serait reconnais-sante à ses lecteurs de lui com-muniquer, le cas échéant, leur sen-timent sur le contenu de cesouvrages, afin de pouvoir enrecommander la lecture.

Les chemins de la Liberté. Sur les pas des résistants de Haute-Provence. Guide dedécouverte par les chemins.Textes d’Hélène Vésian.Photographies de ClaudeGouron.Association pour la Mémoire de laRésistance, de l’Internement et dela Déportation des Alpes deHaute-Provence (0492311711)en collaboration avec l’associationdépartementale des Relais et Itiné-raires (ADRI), 208 p., 14 €.

Durant la Seconde Guerre mon-diale, les Alpes-de-Haute-Pro-vence, pays rural et isolé, favorisépar son relief et une forte tradi-tion républicaine, ont accueilli denombreuses personnes pourchas-sées par le régime de Vichy etl’occupant allemand.À partir de 1943, avec l’instaura-tion du Service de Travail Obliga-toire, de nombreux maquis ontvu le jour, installés loin des routeset des villages, au cœur de paysa-ges grandioses.Pour commémorer l’anniversairede la Libération, l’associationpour la Mémoire de la Résistance,de l’Internement et de la Dépor-tation, en collaboration avec l’as-sociation départementale desRelais et Itinéraires, vous invite àmettre vos pas dans ceux desrésistants qui, voilà soixante ans,ont risqué leur vie pour défendrela Liberté.Vingt-deux circuits touristiques,vous permettront de découvrir ledépartement des Alpes-de-Haute-Provence d’une façon originales àfois ludique et grave..La plastiqueuse à bicyclette.Jeanne Bohec.Éd. du Sextant (0142232654),286 p., 12.50 €.

Résistance. 1940-1944.Témoignages, dossiers,chronologie.Préface d’Hamlaoui Mékachéra,secrétaire d’État aux ancienscombattants.Édition Aquitaine, 240 p. + 48 p.Édition Auvergne, 240 p. + 48 p.Édition Centre, 240 p. + 48 p.Édition Languedoc-Roussillon,240 p. + 48 p.Édition Midi-Pyrénées, 240 p. +48 p.Édition Pays de la Loire, 240 p. +32 p.Éditions LBM (0148019916).Chaque édition est au prix de 29 €.

Hélène Viannay. L’instinct de résistance de l’Occupation à l’école des Glénans.Clarisse Feletin.Préface de René Rémond, de l’Académie française.Éd. Pascal (0147075825),242 p., 17.95 €.

SOE in France. An Account of the Work of the British SpecialOperations Executive in France.1940-1944 (nouvelle éditionaugmentée).M.R.D. Foot.Londres, Whitehall history publishingen association avec Frank Cass (11 New Fetter Lane – LondonEC4P 4EE – England) 526 p.

Churchill. Un guerrier enpolitique.Sébastien Haffner.Traduit de l’allemand par Dominique Frodègues.Alvik éditions (0144086805),238 p., 18 €.

De Gaulle. Au-delà de lalégende.Julian Jackson.Traduit de l’anglais par Daniel B. Roche.Alvik éditions (0144086805),223 p., 17 €.

Travelling sur les années noires.L’occupation vue par le cinémafrançais depuis 1945.Michel Jacquet.Alvik éditions ( 0144086805),141 p., 19 €.

L’occupation et la libération à Sainte-Suzanne et dans les environs proches.1940-1944.Gérard Morteveille.Musée de l’auditoire et l’associa-tion des amis de Sainte-Suzanne,137 p.

Pour commander cet ouvrage,contacter M. Gérard Morteveilleen téléphonant au 02 4301 4216.

Renée Peillon. 1921-1944. De l’école publique à l’Arméesecrète.Louis Nicolas.Compte d’auteur, 36 p.Consultable à la bibliothèque de laFondation de la Résistance.

Pierre Sudreau. Un homme libre.Christiane Rimbaud.Préface de Jacques Rigaud.Le Cherche-Midi, 238 p., 18 €.

Quel est votre nom ? Les heuresde mort et d’espérance.André Roussel.Compte d’auteur, 51 p.Consultable à la bibliothèque de laFondation de la Résistance.

Les soutiers de la gloire.Général Saint Hillier.

Le Publieur (01587009 09),287 p., 18 €.

L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord 1940 à 1944. Les lieux de Mémoire.Étude réalisée par Serge Tilly.Préface de Jean Lejeune, présidenthonoraire de l’ANACR et prési-dent du comité pour l’étude de laRésistance populaire dans lesCôtes-du-Nord.Cahiers de la Résistance populaireN° 10 – juin 2004, 272 p., 20 €.Pour se procurer cette étudecontacter M. Serge Tilly 15, rueKeranstivell – 22300 Lannion –0296912878

Voyages sur la ligne de démarcation. Héroïsme et trahisons.Paul Webster avec lacollaboration de MarcellaWebster.Le Cherche-Midi, 271 p., 18 €.

Une ombre dans les yeux.Documentaire de Rafael Lewandowski édité en DVD de 72 min. contenant en bonusune biographie et une filmogra-phie de Willy Holt, une galeriede photographies du tournage…Lowave docs (0145725010 ouwww.lowavedocs.com), 25 €.

Pour le grand public Willy Holt estconnu comme chef décorateur detalent qui a marqué le cinéma deces quarante dernières années tra-vaillant pour de grands metteurs enscène à l’instar de Woody Allen, de

Bertrand Blier, de René Clément (Paris brûle-t-il ?), de Louis Malle(Au revoir les enfants), de Jean-Marie Poiré, d’Otto Preminger etde bien d’autres… En revanche, peu de gens connaissaient son passéde résistant (il a notamment détruit le fichier du STO rue des FrancsBourgeois à Paris) et d’ancien déporté jusqu’à ce qu’il publie, sor-tant de cinquante ans de mutisme, un récit de sur sa déportation à Auschwitz: Femmes en deuil sur un camion. Arrêté en décembre 1943par la Gestapo de Grenoble qui découvre à cette occasion qu’il estJuif, il connaîtra les camps d’Auschwitz, de Buchenwald, de Doraet de Bergen-Belsen. Ce témoignage incite un jeune réalisateur Rafael Lewandowski, ancienétudiant de Willy Holt à réaliser un portrait filmé sur ce décora-teur marqué par les horreurs des camps. En suivant Willy Holtdans ses rencontres avec ses proches : Jorge Semprun, RomanPolanski et Léon Greif, mais aussi dans des moments d’intimité avecsa famille, ce documentaire nous entraîne dans l’univers secret duchef décorateur de cinéma dont le message clef de son récit est celuide l’espoir et de la réconciliation mais aussi de la vigilance. Ce filmnous montre aussi les difficultés, pour Willy Holt, de transmettreson expérience concentrationnaire, lui qui dans une lettre qu’il adres-sait en 1944 à sa mère depuis Drancy écrivait : « ce qu’il y a de plusterrible c’est lorsque je raconterais cela à mes enfants ils me traiterontde farceur».

Frantz Malassis

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004 13

A LIREParmi les publications reçues nouschoisissons quelques titres quinous ont particulièrement inté-ressés et dont nous vousconseillons la lecture.Vous pouvez retrouver d’autrescomptes rendus de lecture surnotre site www.fondationresis-tance.org à la rubrique «Nousavons lu»

Chemins faisant. Volume 1 :Vers la Résistance. Du lycée à Défense de la France.Robert Salmon.Éditions LBM, 2004, 302 p., 18 €.

Dans ce premier volume, Robert Salmon raconte son parcours, depuisl’écolier en « costume à col marin»du parc Monceau, jusqu’au résistant,l’un des fondateurs du journal le plusdiffusé de la Résistance Défense de laFrance. Issu d’une famille aisée etbourgeoise, qui connu à la fin desannées 20 un revers de fortune, ildécrit non sans émotion et nostal-gie quelques scènes de son enfancedans le beau quartier de la plaineMonceau, des vacances heureuses àBiarritz, et des séjours dans la mai-son provinciale des grands-parents.Juillet 1935, quand monte l’horreuren Allemagne, adolescent, il entre àl’hypokhâgne du lycée Louis leGrand à Paris où la rencontre avecquelques prestigieux professeurs de« philo » le marqueront : il enretrouvera certains, dont AlbertBayet, dans la Résistance. Mobilisé,il fait la campagne de 1940 commeaspirant sur la ligne Maginot où il estfait prisonnier, s’évade et se retrouveà Paris « frustré de la bataille, de lagloire, de la mort », comme nombre

de jeunes gens exaspérés par lasituation. C’est à la Sorbonne qu’ilse lie avec Philippe Viannay : deuxhommes complémentaires «je pensaisclair et il agissait fort », écrit RobertSalmon. Avec Marcel Lebon ils vontcréer Défense de la France dont le titreque Salmon propose, est à la fois «unacte et un programme». Entre cestrois hommes, si leur refus de l’occu-pant est identique, leur vision duMaréchal est différente. Viannaycroit «au Pétain-bouclier, défenseurdes Français », Lebon est plus cir-conspect, «moi franchement scep-tique» résume Robert Salmon, quiaffirme qu’à l’été 40, «nous pensions,lui -de Gaulle- et moi la mêmechose» : l’Angleterre tiendrait, l’Amé-rique viendrait à son secours et lesnazis, iraient se perdre dans les plai-nes russes, «alors ce serait fini, il suf-firait d’attendre ». Le premiernuméro du journal est tiré à 5000exemplaires et le premier éditorial« Ni Allemands, ni Russes, niAnglais » signé Robert Tenaille

(Robert Salmon), devient le slogandu journal. Le retour de Laval aupouvoir au printemps 1942 ouvredéfinitivement les yeux de Viannaysur Pétain, et met fin à la brouille sur-gie entre lui et Salmon, à propos dela place à accorder à de Gaulle dansle journal. L’entrée dans l’équipe deJurgensen et de la nièce du général,Geneviève de Gaulle, aide RobertTenaille à «gaulliser » Défense de laFrance. Début 1943, 100000 exem-plaires distribués, le journal artisanaldes débuts est devenu une entrepriseindustrielle clandestine, à laquelle s’a-joute un service de faux papiers et lamise en place de groupes d’action.Pour Robert Salmon, l’étape suivanteest de structurer DF, de donner unsens à son combat, de le situer dansle paysage politique de la Résistance,de le sortir de son isolement et defaire reconnaître son importance. Siégeant au Comité parisien de Libération, dans diverses commissions et enfin dans le Mouvement deLibération Nationale, il écrit : «le vicepolitique s’introduisit furieusement en moi ».Homme de pensée, la vie de résistantqu’il mène, en permanence sur le qui-vive, ne l’empêche nullement de goû-ter «aux eaux calmes de la réflexion»et dans un essai intitulé Vers la Révo-lution, de formuler non un pro-gramme mais une doctrine qui doitempêcher définitivement « l’abdica-tion de la responsabilité humaine».Plus concrètement il s’attelle, avec Jurgensen à la rédaction d’un projetde constitution, dont Michel Debrés’inspira largement pour l’élaborationde la constitution de la Ve Répu-blique. Tout au long des souvenirs et des rencontres qu’il rapporte, parsemées d’anecdotes, que de merveilleux et sensibles portraitstrace t-il d’Hélène Viannay, Charlotte

Le Prix Marcel Paulorganisé par la Fédération nationale desdéportés et internés, résistants et patrio-tes (FNDIRP) a été attribué à deux étu-diants de maîtrise :- premier prix : Guillaume Javerliat, étu-diant à l’université de Limoges, pour sonmémoire : L’affaire d’Oradour de 1953:une crise nationale sous la direction deFrançois Cochet.- deuxième prix : Thomas Rabino qui, sousla direction de Jean-Marie Guillon de l’u-niversité d’Aix-Marseille II, a travaillé surAndré Girard et le réseau Carte : unerésistance à contre courant.Le jury a aussi décerné une mention au

travail de Florent Papin concernant Lesadministrations, leur personnel et lapolitique antimaçonnique de l’Étatfrançais (université de Paris X- Nanterre,directeur de recherche Olivier Dard)

Le Prix Philippe Viannaya été remis par l’association Défense dela France à l’abbé René de Naurois pourses mémoires Aumônier de la Francelibre (Perrin)

Le prix Guillaume Fichet-OctaveSimonCe prix, placé sous le patronage du

Haut conseil culturel franco-allemand,est destiné à inciter à la recherche surles résistances française et allemandeet sur les conséquences politiques etculturelles dans les années 1933-1963.Vendredi 15 octobre, sous le patronagede l’Institut historique allemand de Pariset dans la très belle bibliothèque his-torique de la Ville de Paris de l’HôtelLamoignon, M. Jacques Morizet,ambassadeur de France a remis le prixGuillaume Fichet-Octave Simon, cetteannée sous forme d’une bourse, à unjeune chercheur allemand Peter Liebpour la thèse qu’il doit présenter auprintemps prochain à l’université deMunich : Guerre conventionnelle ou

idéologique ? L’armée allemande etle combat contre les alliés et les maquisfrançais (1943-1944).

Le Prix Littéraire de la Résistancedécerné par le Comité d’action de laRésistance (CAR) a été attribué au pro-fesseur Jean Bernard pour Dans la pri-son que France est devenue. Mémoiresde Résistance. (Albin Michel).Un prix « hors concours » a été décernéà l’ouvrage Les femmes dans la Résis-tance en France. Actes du colloqueinternational de Berlin des 8-10 octo-bre 2001. (Tallandier).

Les prix décernés en 2004

Nadel et de Jacqueline Pardon adeptes de la première heure, de Pia,de Serreulles, de Tollet, de Bourdet,de Villon etc. et aussi de ceux qui nevirent pas la Libération, comme Brossolette, Bingen et bien d’autres.Enfin, après les épreuves et les sacri-fices, les deux fondateurs de Défensede la France connaissent la joie devivre le « rêve qu’il préparait depuisdes mois » : celui de la Libération. Au journal, au CPL et au MLN, pen-dant les journées d’août 1944 de laLibération de Paris, Robert Salmonest partout.Le journal reparaît le 21 août, avecun édito signé Robert Tenaille, inti-tulé : «La liberté reconquise», il estvendu 20 francs, au nez et à la barbedes Allemands !Pour Robert Salmon une nouvelle ettriple existence commence : celle dujournaliste qui va lancer France-Soir,qui sera le plus important journald’information de cette époque, avecune brillante équipe de journalistesprofessionnels autour de Pierre Lazareff, celle du militant politique,un peu candide, vite déçu par l’é-goïsme des uns, et repoussant lesavances politiciennes des autres, etcelle enfin d’un homme public depremier plan, doublé d’un humanistefourmillant d’idées généreuses pourson pays. Ce nouveau livre devrait prendreune place de choix, parmi tous ceuxécrits sur la Résistance. À la vérité,il manquait le témoignage de cethomme de grande culture, résistantdiscret et donc un peu oublié, dontla vie, comme l’écrit StéphaneHessel dans sa préface, fut «…extrê-mement riche. Riche en expériencestrès diverses dont chacune a nourrisa réflexion ».

Jean Novosseloff

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14 La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004

L’activité des associations partenaires

À la Sorbonne : un colloque fraternelrappelle la coopération franco-polonaise au nom de la lutte «Pour votre liberté et la nôtre»

Vendredi 10 novembre2004, à l’initiative desassociations «Mémoire

et Espoirs de la Résistance»,de «Libération-Nord», de laSociété historique et littérairepolonaise, de la Commu-nauté franco-polonaise, et del’association des Ancienscombattants polonais enFrance, historiens et témoinsétaient réunis, salle Liard à laSorbonne, pour évoquerdevant un large et jeunepublic la Résistance polonaiseen France et l’insurrection deVarsovie d’août 1944.Oui le combat contre l’oc-cupant nazi fut commun à laRésistance française et polo-naise. Dès l’été 1940 pasmoins de huit réseaux furentorganisés par les Polonais enFrance et en AFN, qui vontaccomplir tout au long de laguerre un travail considérablede renseignements, et desabotages. N’oublions pasaussi que ce sont des Polonaisqui perceront le secret duchiffrage d’Enigma cettemachine allemande qui servaità coder tous ses messages radio, rendant ainsiaux Alliés un immense service.Ironie du calendrier à peu près au mêmemoment éclateront l’insurrection de Paris etcelle de Varsovie. La première sera courte etvictorieuse grâce à la division Leclerc et l’ap-pui des Alliés, l’autre tragique. Elle se solderapar une défaite militaire et politique, à la fin

de 1944 Varsovie «n’était plus qu’un point géo-graphique». Devant l’armée soviétique, res-tée l’arme au pied les Polonais payèrent le prixfort de leur héroïque combat, plus de200000 victimes.De nombreux acteurs et historiens ont participéà ce colloque : MM. Bruno Drweski, historien,professeur à l’INALCO; Lucien Duval, ancien

résistant, membre du réseau F2 ; StanislawLikiernik, historien et acteur de l’insurrection ;Jean Médrala, spécialiste des réseaux polonais derésistance en France ; Charles Pot, président de«Libération Nord», membre du comité d’hon-neur du 60e anniversaire de la Libération de Paris;Jerzy Szumanski, témoin et acteur de l’insur-rection ; Tomasz Szarota, historien de l’Institutd’histoire de l’Académie polonaise des sciences.Un grand merci à tous les participants, en par-ticulier à Marie-Thérèse Vido-Rzewuska, pro-fesseur, secrétaire général de la Société histo-rique et littéraire polonaise, qui animait lesdébats et Pierre Zaleski, président de laSociété historique et littéraire polonaise, quiprésidait cette matinée où nous nous sommessouvenus, soixante ans après, de la Résistancepolonaise et de «Varsovie l’insurgée», trop sou-vent oubliée.

Jean NovosseloffAdministrateur,

secrétaire général adjoint de «MER »

N.B. : Mme Marcjanna Marcinkowska a été applaudiepour son initiative réunissant quatre associationsdont elle fait partie !

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Après-midi de présentation du thème duConcours national de la Résistance et de laDéportation, avec de grands témoins, à Issy-les-Moulineaux, le lundi 7 février 2005 à 14 heures. Coorganisation par les Fondationset associations issues de la Résistance et de laDéportation

Soirées thématiques «une soirée, un auteur»organisées par le Mémorial du MaréchalLeclerc de Hauteclocque et de la Libérationde Paris et Musée Jean Moulin (ville de Paris)avec le soutien de «MER».

Entrée libre mais sur réservation au 01 40 64 39 44.Les conférences débutent à 18 heures.

Jeudi 6 janvier 2005Marie-José CHOMBART DE LAUWELe Livre-Mémorial des déportés de Francearrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution1940-1945, Tirésias, 2004.

Jeudi 3 février 2005Un auteur en attente

Jeudi 3 mars 2005Franck BAUER40 à Londres. L’espion qui venait du jazz,Bayard, 2004.

Calendrier des prochaines manifestations de MER

1 - De gauche à droite : MM François Archambault, Jerzy Szumanski, Tomasz Szarota, Pierre Zaleski, Mme Marie-Thérèse Vido-Rzewuska, MM Lucien Duval,Bruno Drweski, Jean Médrala et Charles Pot.

2 - Charles Pot en conversation avec Lucien Duval.

3 - Pierre Zaleski.4 - Marie-Thérèse Vido-Rzewuska.5 - Jean Médrala.6, 7 et 8 - Vue de l’assistance parmi laquelle on comptait

de nombreux jeunes.

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La Lettre de la Fondation de la Résistance n° 39 - décembre 2004 15

E n mars 2004, pour la sixième année, lesFondations «de la Résistance», «pour laMémoire de la Déportation » et « Charlesde Gaulle» avaient lancé une nouvelle édi-

tion du concours de la meilleure photographied’un lieu de Mémoire.Ce concours ouvert à tous les candidats duConcours national de la Résistance et de laDéportation de l’année en cours leur offre lapossibilité d’exprimer leur sensibilité aux aspectsartistiques et architecturaux des lieux deMémoire au travers de l’usage des techniquesphotographiques.Réuni le 16 novembre dernier, le jury, queprésidait M. François Archambault, président del’association «Mémoire et Espoirs de la Résis-tance», secrétaire général de la Fondation de laRésistance, avait à choisir entre quatre photo-graphies, présentées par un lycéen et trois col-légiens (trois filles et un garçon).Au terme des délibérations le président du jurya proclamé les résultats en soulignant que cetteparticipation exceptionnelle faible depuis que ceconcours existe était imputable à l’absence d’in-formation dans le dossier pédagogique diffuséen 2004 dans les établissements scolaires pou-vant participer au Concours national de laRésistance et de la Déportation dont le thèmeétait : « les Français libres ». Pour l’année2004-2005, une large communication visant àmieux faire connaître le Concours de lameilleure photographie d’un lieu de Mémoiredans le milieu enseignant a été mise au pointet permettra, n’en doutons pas, d’accroître d’an-née en année le nombre de ses candidats.

Le premier et unique prix a été décerné àMathile DIOT, élève de troisième du collègeDaudet à Draveil (Essonne) pour sa photogra-phie, prise à Huelgoat (Finistère), intitulée «Passant souviens toi ».Cette candidate l’avait accompagné desréflexions que lui inspira ce lieu :« Il y a un peu plus de 60 ans, éclatait […] laSeconde Guerre mondiale, un des plus horri-bles conflits de notre histoire. Au cours de celle-ci, beaucoup de personnes sont mortes et n’ontpu faire partager leurs histoires, leurs émotions,les horreurs qu’ils ont vécus. Mais pour eux, leurscompagnons, des anciens résistants et des anciensdéportés, ont décidé de raconter ce qui s’est réel-lement passé. C’est grâce à eux que nous, lesjeunes, pourrons témoigner à notre tour et pour-rons peut-être éviter que de tels conflits se renou-vellent dans les années à venir. C’est notre devoirde mémoire.Cette photographie a été prise en mars 2004en Bretagne, dans le Finistère sud, à Huelgoat,

une petite commune qui portele nom de sa forêt. Cette forêtest très connue car on racontequ’elle a été habitée autrefoispar des trolls, des fées et d’au-tres créatures mythiques. Etpourtant, pendant la guerre,elle a été le théâtre de combatssanglants dont elle a gardé destraces. Cette stèle est érigée au bord d’un petit cheminforestier.J’ai découvert cette stèle parhasard en me promenant avecmes parents et mes grandsparents. Nous marchions sansbut dans la forêt quand nousavons eu la surprise d’aperce-voir tout en haut d’un petitescalier en bois cette petite stèlebaignée par la lumière. J’ai ététrès surprise par l’atmosphèrede recueillement que dégageaitce lieu. Nous avons gravi uneà une ces marches pour atteindre ce monumentpresque oublié, dédié “à des camarades fusilléspar des nazis en juillet 1944”. J’ai été très émuede penser que dans un lieu si calme, des hom-mes se soient battus pour défendre leur terre.Cela prouve que même dans les endroits les plusreculés, en pleine campagne, des combats trèsmeurtriers ont eu lieu et que des hommes sontmorts pour défendre notre pays.J’ai choisi cette petite stèle pour montrer quel’on ne doit pas oublier ceux dont le nom n’estpas gravé sur de grands monuments où tout lemonde vient se recueillir lors des cérémoniescommémoratives. En photographiant en premierplan l’escalier en bois, j’ai voulu insister sur le

fait qu’il était primordial pour les jeunes d’ac-céder au passé car notre futur se construit à par-tir du passé. La stèle baignée par la lumière audeuxième plan est un message d’espoir, l’espoirque nous ne soyons jamais indifférents aux souf-frances des autres et que nous n’oublions jamaisce qui s’est passé : “passant souviens toi!”».

Vous pouvez retrouver le règlement de ceconcours sur les sites Internet de la Fondation dela Résistance (www.fondationresistance.org), dela Fondation pour la Mémoire de la Déportation(www.fmd.assoc.fr) et de la Fondation Charles deGaulle (www.charles-de-gaulle.org) ou bien entéléphonant au 01 47 05 67 90.

Concours 2003-2004

Les membres du jury

• Mme Christine Levisse-Touzé, directeur du Mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin (Ville de Paris) ;• M. François Archambault, président de l’association «Mémoire et Espoirs de la Résistance», secrétaire général de la Fondation de la Résistance ;• M. Marc Fineltin, administrateur, secrétaire général de «MER» ;• M. Yves Lescure, directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation ;• M. Frantz Malassis, responsable archives et documentation à la Fondation de la Résistance ;• M. Jacques Moalic, résistant-déporté ;• M. Jacques Ostier, conseiller en illustration à qui l’on doit notamment l’illustration des Mémoires de guerre du général de Gaulle chez Plon ;• M. Alain Plantey, ambassadeur, membre de l’Institut de France, conseiller d’État honoraire, membre du conseil d’administration de la Fondation Charles de Gaulle ;• M. Dany Tétot, président de l’ «Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation» ; • M Jacques Vistel, vice-président de la Fondation de la Résistance ;• le lauréat du concours précédent.

CONCOURS DE LA MEILLEURE

PHOTOGRAPHIEd’un lieu de mémoire

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Le 5 octobre dernier étaitinaugurée à Paris l’exposition« Ensemble, sauvegardons

les archives privées de la Résis-tance et de la Déportation». À cette occasion, elle était pré-sentée conjointement au CréditMunicipal de Paris, qui a éténotre partenaire dans cetteentreprise, et au Centre histo-rique des Archives nationalessous les colonnades de la courd’honneur de l’Hôtel de Soubise. Plus de 200 personnes

parmi lesquelles on comptait de nombreux respon-sables d’associations ont pu ainsi découvrir ce nou-veau support de communication de la « commis-sion archives » destiné à inciter particuliers etassociations à donner leurs documents à des cen-tres publics d’archives qui ainsi préservés définiti-vement seront autant de matériaux pour les his-toriens futurs.M. François Archambault, secrétaire général de laFondation de la Résistance, a remercié chaleu-reusement au nom du président Jean Mattéoli leCrédit Municipal de Paris et tous les partenairesde la Fondation de la Résistance réunis au sein dela « commission archives ». Il rappela que la cam-pagne nationale de sauvegarde des archives privées,«programme ambitieux et désintéressé», avait étéinitiée par deux de ses prédécesseurs les préfets JeanBrenas et Paul Cousseran. Il rendit hommage auxfamilles de résistants comme celles d’HonoréEstienne d’Orves, de Jacques Decour ou d’EugèneClaudius-Petit qui, conscients que leurs archivesdépassaient le cadre du patrimoine familial mais fai-saient partie du patrimoine national, ont décidé deles transmettre à l’État. Puis il indiqua que ces pre-miers résultats de notre campagne devaient nousencourager à aller plus loin en précisant que « la

gloire cachée des passeurs et des maquisards, l’effi-cacité méconnue des agents de liaison et descommandos, tout cela doit être mis au grand jourpour mieux comprendre réseaux et mouvements,combats clandestins et réflexions futuristes.[…]Notre devoir commun est donc de continuerensemble à ne riennégliger comme “pa-pier jauni ” car l’âmede la Résistance gîtencore en partie dansdes « objets (appa-remment) inanimés».Mme Martine de Bois-deffre, directrice desArchives de Francese faisant l’écho duministre de la Culture et de la communicationconclut l’ensemble des prises de parole (1) en sou-lignant que l’exposition ne s’intitulait pas par hasard«Ensemble, sauvegardons les archives privéesde la Résistance et de la Déportation ». «C’estbien en effet ensemble que nous réaliserons notreobjectif de sauvegarde, par l’effort conjugué d’ins-titutions publiques marchant du même pas et d’an-ciens résistants et déportés soucieux de pérenni-ser les leçons de leur expérience et d’en faire unematière historique. […]. Les archives […] sontindispensables à l’accomplissement du devoir demémoire. Des résultats significatifs ont déjà étéobtenus. À nous tous de faire en sorte que ce patri-moine fondamental soit définitivement préservé,soixante ans après, pour servir à l’avenir. »

Grâce à cette exposition itinérante, la Fondationde la Résistance et ses partenaires réunis au seinde la « commission archives » mèneront uneaction de sensibilisation à destination des associa-tions issues de la Résistance et de la Déportationà l’occasion de leurs assemblées générales ou deleurs congrès nationaux. Les responsables d’asso-ciations pourront la réserver gratuitement en télé-phonant au 01 470567 87.Espérons qu’ils soient nombreux à soutenir ainsila campagne nationale de sauvegarde des archives

privées de la Résistance et de la Déportation afind’éviter que tout un pan de notre histoire natio-nale ne disparaisse pour toujours !

Frantz Malassis

(1) Signalons aussi que trois autres allocutions ontété prononcées dans le salon du Prince de l’Hôtelde Soubise celles de M. Gérard Ermisse, directeurdu Centre historique des Archives nationales ; de M. Luc Matray, directeur général du CréditMunicipal de Paris et de Mme Marie-JoséChombart de Lauwe, présidente de la Fondationpour la Mémoire de la Déportation.

La vie de la Fondation de la Résistance

Le Dr Pierre Morel a appartenu pendant la Seconde Guerre mondiale àplusieurs réseaux du BCRA (Ouvercloud, Marathon et Pernod) et duSOE (Oscar).

Son action dans la Résistance lui a valu de nombreuses décorations fran-çaises et britanniques : il est entre autres commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la croixde Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent et palme, et de la Médaille de la Résistance française.Dirigeant ou membre de plusieurs associations d’anciens combattants, il est notamment vice-président de la Fédération nationale «Libre Résistance» et administrateur de l’Office Nationaldes Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Il est aussi membre titulaire honoraire del’Académie nationale de chirurgie dentaire.La Fondation de la Résistance lui adresse ses sincères compliments.

Retrouver une biographie du président Pierre Morel sur le site Internet de «Mémoire etEspoirs de la Résistance » : www.memoresist.org

LE DOCTEUR PIERRE MOREL ÉLU À L'UNANIMITÉ PRÉSIDENT

DU COMITÉ D’ACTION DE LA RÉSISTANCE !

DÉCÈS DEJEAN-JACQUES DE BRESSONM. Jean-Jacques de Bresson, président desMédaillés de la Résistance française, premiervice-président de l’ONAC s’est éteint le lundi1er novembre.Ce résistant de la première heure avait étéconseiller du général de Gaulle, lequel l’avaitnommé directeur général de l’ORTF. Présidentou membre de nombreuses associations, sesobsèques ont eu lieu en la cathédrale Saint-Louis des Invalides en présence de nombreu-ses personnalités du monde combattant,notamment Mme Jacques Chirac, représentantle président de la République,M. Hamlaoui Mékachera, ministre délégué

aux Anciens Combattants, M. Yves Guéna,président de la Fondation Charles de Gaulleet M. Jean Mattéoli, président de la Fonda-tion de la Résistance. L’éloge funèbre a étéprononcée par le général Alain de Boissieu,chancelier de l’Ordre de la Libération.

UNE EXPOSITION POUR ASSURER LE FUTUR DE NOTRE PASSÉ !

RECHERCHEL’Union des Aveugles de la Résistance (UAR) envue de publier un ouvrage sur l’activité des aveu-gles dans la Résistance, recherche des rensei-gnements sur François Guillou, né le 18 août1918 à Pouldavid-sur-Mer (Finistère). Aveuglerésistant, arrêté par l’armée allemande alors qu’ilsectionnait les fils téléphoniques des troupesoccupantes, il fut fusillé le 17 janvier 1944 à Plo-melin (Finistère).Merci de contacter l’UAR - 58, rue Bosquet –75007 Paris – Tél. 06 63 74 11 92.

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L’exposition présentée sous lescolonnades de la cour d’honneur del’Hôtel de Soubise des Archives nationales

De nombreux responsablesd’associations, des fonctionnaires du monde combattant, des historiens et de nombreux résistants et déportéssont venus découvrir l’exposition, ici, au Crédit Municipal de Paris.