Je suis amoureux d’une cigarette,

Mon amour, on te traite d’envahissante, de meurtrière, de fléau...on présente toutes

sortes de spots pour vulgariser tes méfaits, pour mettre en relief les dégâts que ton poison

laisse chez les adeptes …on use de toutes genres de législations et de lois pour persuader tes

amants de te délaisser, d’empêcher ceux qui n’ont pas encore ressenti la douceur de ton baiser

sur leurs lèvres, de ne pas s’y enivrer…mais ils camouflent leur crainte de cette majestueuse

fumée mystique par des arguments aussi imbéciles que pathétiques…ne nous ont-ils pas

saoulés avec leur slogan ‘fumer tue lentement’…et ben ça tombe bien car je suis pas pressé de

mourir, en tout cas pas sous votre emprise inhibitrice et vos hypocrites règles socio-sanitaires

à la con…

Mon amour,

Toi qui a eu la chance de côtoyer les plus grands, les plus influents, de donner un coup de

pouce aux tripes de Che Guevara et Fidel Castro pour renverser un régime par une poignée de

quatre-vingt hommes ; toi qui a été l’adjoint de Churchill et de Roosvelt dans leurs tournées

de globe-trotters dans le cadre de leur lutte contre les nazis ; toi qui a été l’accompagnatrice,

probablement l’unique, du grand Staline, dans sa grande guerre patriotique ; toi qui a été la

camarade, l’amante des Bourguiba, Boumediene, Abdennaceur dans leurs luttes contre le

colonialisme impérialiste ; l’inspiratrice de Kanafani, de Dali…sans m’attarder à tes adeptes,

je me demande : ces génies sont-ils trop bêtes pour se laisser réduire en esclavage, ou est-ce

ton charme et ta splendeur qui ne puisse laisser quiconque indifférent ?

Mon amour,

Si je te chéries autant, c’est parceque tu es une fidèle dans le temps des infidèles, c’est

parceque tu illumines mes longues et sombres nuits de solitude, c’est parceque tu te brûles à

apaiser ma douleur, à me faire oublier la trahison et le chagrin des amours ratés et des amis

ingrats, ô combien sont-ils nombreux, ma chérie !

On ne cesse de parler de goudron, de cancérigènes, d’athérogènes que tu véhicules dans les

poumons de tes consommateurs…personnellement, je ne constate qu’une douce bouffée

d’espoir, d’entretint, d’humilité, peut être aussi de charisme et de charme que tu apportes à

chaque caresse…

Excuse mon abus, mon amour, j’use parfois trop de toi, toi qui te tues à être la confidente,

l’amie sincère et fidèle, l’élue du cœur, toi qui te consommes sans lassitude, sans répit à

combler tous ces rôle.

Mon amour,

Tout ce que je peux espérer c’est que tu restes à jamais à mes cotés, inspirer mon âme,

charger mon cœur de courage pour poursuivre le chemin qu’on a ensemble tracé, pour

s’accrocher aux valeurs dont on a débattu ensemble, d’être à jamais mon inébranlable soutien

…

J’ai besoin de toi, les âmes en peine, les cœurs en chagrin, les esprits en révolte, avons besoin

de toi…la propagande visant à te ternir n’atteindra guère nos sentiments, car l’espoir en nous

a besoin de ta lumière et de tes cendres pour continuer à s’illuminer…