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ftAFDoR g t JE L ;Rc (ai) Documents D I! II Il Il H 11H10! II II II I 0000000024440 UNE TRADUCTION FRANÇAISE DE LA DIANA » DE MONTEMAYOR Le manuscrit 591 de la bibliothèque de Besancon con- siste en un petit volume de 160 feuillets de papier, dont l'écriture est celle que l'on employait dans la période moyenne du xvi 0 siècle (I). Il est intitulé (fol. 1): t La belle Diane de Montemaior, traduicte d'espagnol en fran- çois. Au verso du titre, se lit un dizain, composé par le tra- ducteur, suivi de la devise u Repos en travail , et signé d'un monogramme où se reconnaissent les lettres P, V et B. Au folio 2, commence une épître dédicatoire qui débute par cette adresse A sa dame, le ti'anslateur très humble salut. s Le nom de la dame est donné, suivant la mode du temps, par un sonnet acrostiche (fol. 5 vo) Mon bien est (aulx, mon mal est véritable. Au plus beau! jour de l'âge florissant, Repos je n'ay; mon cueur va périssant Jusques à la mort mon mal sera durable. (I) Voir le Catalogue des manuscrits des biblioth.ques publiques de France; Départements, t. XXXII; Besançon, par A. Castan, t. I, p. 349, 350.

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D I! II Il Il H 11H10! II II II I0000000024440

UNE TRADUCTION FRANÇAISE

DE LA

DIANA » DE MONTEMAYOR

Le manuscrit 591 de la bibliothèque de Besancon con-siste en un petit volume de 160 feuillets de papier, dontl'écriture est celle que l'on employait • dans la périodemoyenne du xvi 0 siècle (I). Il est intitulé (fol. 1): t Labelle Diane de Montemaior, traduicte d'espagnol en fran-çois.

Au verso du titre, se lit un dizain, composé par le tra-ducteur, suivi de la devise u Repos en travail , et signéd'un monogramme où se reconnaissent les lettres P, Vet B.

Au folio 2, commence une épître dédicatoire qui débutepar cette adresse A sa dame, le ti'anslateur très humblesalut. s Le nom de la dame est donné, suivant la mode dutemps, par un sonnet acrostiche (fol. 5 vo)

Mon bien est (aulx, mon mal est véritable.Au plus beau! jour de l'âge florissant,Repos je n'ay; mon cueur va périssantJusques à la mort mon mal sera durable.

(I) Voir le Catalogue des manuscrits des biblioth.ques publiques deFrance; Départements, t. XXXII; Besançon, par A. Castan, t. I, p. 349,350.

-2—Et moy qui suis l'unicque misérable,Dame, n'as-tu pitié d'un languissant?Eslargir la mon rigoureux chant,Beaucoup feras et oeuvre charitable.O amour fort, mais faible la vigueur IN'attendés donc que la force surviène,11 seroit mieux pour éviter rigueur,Et ne perdras ce qu'est tien, plus que mienne.Regarde donc le torment que j'endeureEt desormais ne me sois plus si dure.

En réunisùnl les initiales de ces quatorze vers, on a« Marie, de Bonière s. Les lois du sonnet ont obligé l'au-teur à modifier, ici, l'orthographe du nom qui, régulière-ment, devait comporter seize lettres. Ces seize lettres seretrouvent dans une devise anagrammalique qui suit lepoème z Raison mère de bien = Marie de lionnières.

Le V initial de l'épître dédicatoire renferme un écu enlosange écartelé: aux 1er et 4°, vairé: aux 2e et 3°, fretté.C'esL le blason de la famille de Bonnières, mais on origi-naire de l'Artois (1), qui s tenu un rang distingué, aux

(1) La localité dont cette famille tirait son nom est aulourd'hui miecommune du département du Pas-de-Calais (arrondissement de Saint-Pal, canton d'Auxy-le-Chateau). Les Bonnières ont possédé, avec laseigheurie de ce village, celles de la Thieuloyc (Pas-de-Calais. arr. deSaint-Fol, cant, d'Aubigny) et de Souastre (même département, arr.d'Arras, cant, de Pas-en-Artois). Ils se disaient Issus des comtes deGuines dont ils portaient les armes (vain do,' et d'ancr), et dont ilsont fini iar prendre le nom et le titre. Devenus les héritiers des sei-gneurs de Scuastre, - vers la fin du xlv' siècle, - ils ont écartelé leurblason j'rimitif des armoiries de Souastre qui étaient: de sinople frettéd'argent, comme il se voit par les sceaux de Jean de Souastre (1364)et de Baudouin. sire de Souastre (3R8 et 1390), et par la descriptiondonnée dans l'Armorial du héraut Navarre (G. ]Jemay, Catalogue desscea.x de la collection Clairambaule, n" 8676-8678; - Armorial deFrancc, de la fin du XIV' siècle, publié par Donét d'Arcq, p. 77,n' 1138, o on lit Sonatre, pour Souatne). Sur les sceaux de Guillaume.seigneur de ]3onniêres, chevalier, chambellan du Roi et du duc deBourgogne, bailli de .11esdin, de 139$, 1407, 1414, 1415 et 1422, l'écu estécartelé d'un vairé et d'in fretté, comme celui qui figure dans notremanuscrit (Dout d'Areq, Inventaire de la Collection de sceaux des

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Pays-Bas, sous la domina Lion espagnole (I). Le texte mêmêde L'ouvrage débute par un D, orné d'une sphère armillairesur le support de laquelle on lit le monogramme M B.(fol. 7).

La couverture du volume est doublée par une lettresignée( J. de Malpas '(2), écrite, à Anvers, le 14juin Hi84,et adressée A Mons. Mons. Bordey, gentilhomme deMadame de Parme, etc., mon bon 5r, à Bruxelles, en lamaison de Monseigr le lame cardinal de Granvelle. »

L'ouvrage dont nous avons ici la traduction, - une tra-duction très incomplète, puisqu'il manque les deux derniers

archives de l'Empire, n' 1476; - Demay, Inventaire des sceaux de laFla.nd,'e, n' 63; - du même, Inventaire des sceaux de l'Artois,n' 1873; - Coulon, Inventaire des sceau.x de la Bourgogne, ne. 703,704, oa le nom est écrit Bonijer). Plus tard, les Bonnières ont renoncéaux deux quartiers de Souastre; depuis la seconde moitié du xvi' siè-cle, ils n'ont plus porté que le vairé (Bibliothèque nationale, Dossiersbleus il!, dossiors 2757, 2758; Cabinet d'Rozier 53, dossier 1354. -.L, Cavrois-Laritoine, article Souastre, dans le Dictionnaire historique etarchéologique du Pas-de-Calais, arrondissement d'Arras, t. 11, p. 218).

(I) Voir le e Mémoire justificatif des chargea et emplois possédés parles seigneurs de Haines et de Bonnières, dressé par dom Estienne Le-pez, religieux de Saint-Vast » (Bibi. nat,, Dossiers bleus 53, dossier1354), et le Nobiliaire des Pays-Bas, par D, S. D. H. (Vigiano). t. 1,p. 110,163,450, etc.

(2) Jean Bourrelier, dit de Malpas, écuyer, fils do Renobert Bourre-lier, seigneur de Malpas (près Quingev) et de Germigney, capitaine deRochefort, et de Pierrette de Boisset, fut l'un des protégés du cardinalde Granvelle qui lui fi obtenir, en 1574, la charge de trésorier du Roià Dole (Archives du Doubs, B 1086; - Guillaume, Histoire de la villede Satins, t. II, p. 34). 'La collection Granvelle, à, la Bibliothèque deBesançon, renferme de nombreuses lettres de ce personnnge. Dans latable du Catalogue des manuscrits de cette Bibliothèque, il est désigné,à. tort, comme chantre de Malines. C'est son frère, Renobert Bourrelier,dit de Malpas, docteur ès droits, chanoine de Cambrai, doyen de la cha'pelle du château de Quingey, prieur de Fouchécourt, etc., qui futpourvu de l'office de grand chantre de la cathédrale de Malines, grâceaux bons' office, du cardinal de lranvelle, de qui il était le inaltre ,d'bè-tel; H mourut à Malines le 4avril '1572 (Guillaume, op. oit., t, Il, p ' 32).

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livres et un tiers environ du précédent, —est l'oeuvre d'unPortugais qui écrivait en castillan (I), Georges de Monte-inôr, connu sous le nom espagnol de Montemayor. Ce per-sonnage, né dans une condition modeste, sut faire appré-cier ses talents artistiques, et obtint, à la cour d'Espagne,un emploi de musicien. Il servit, eh cette qualité, les in'fautes Marie et Jeanne, filles de Charles-Quint, et Plu-lippe Il qu'il parait avoir suivi dans ses voyages en Angle-terre et aux Pays-Bas. li mourut le 26février 1561, en duel,à ce que l'on croit.

Montemayor a écrit en prose et en vers. Son oeuvre laplus célèbre est celle qui est ici traduite, la Diana, romanpastoral dans lequel l'auteur a inséré quelques épisodesde aventures qui lui étaient réellement arrivées. Ce livre,publié, pour la première fois, à Valence, sans date, maisprobablement vers 1559(2), obtint un succès extraordinaire.On en a fait une trentaine d'éditions espagnoles. On l'atraduit en français, en latin, en anglais, en hollandais, enallemand. On lui s donné plusieurs continuations (3) et onl'a imité en diverses langues (4).

(1) L'usage décrire en castillan était fort répandu, au xvi' siécle,chez lcs écrivains portugais (Voir J. Fit,. Maurice .Kelty, Littératunespagnole, traduction Davray, p . 211). Montemayor ayant vécu en spa-gno, il est naturel qu'il ait écrit dans la langue de ce pays.

(2) On a cru, longtemps que cette édition, non datée, avait do parattrevers 1542. Mais, comme il y est fait allusion au veuvage de l'infanteJeanne, il est certain qu'elle n'a pu être publiée avant J554, année de lamort de Jean de Portugal, que cette princesse avait épousé (P. Salvé yMalien, Catdlogo de la biblioteca dc Salvct, t. Il, p. 168 - G-. Schoe-nherr, Jorge de Monremayor, p. 24, 80-83; - 11. A. Rennert, Tise spa-,sùh pastoral romances, p . 9).

(3) .7..?. du Silva. .Diecionario bibliographico portuguez, t. IV, p. 373et suiv.; Supplément, par B. Aranha, t. XII, p. 180 et suiv. - Barbosa'le Pinho Leal, Portugal antigo e ,noderno, t. V, p. 520, 521. - F. deSé de Miranda, Poesias, publ. parc. Michaelis de Vasconcellos, p. 652.657, 848. -. G. Schœnherr, op. ait., passim. —H. A. Rennert, op. oit.,p. 6 et suiv.

(4) Des imitations de la Diana qui ont été faites en France, il semble

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Notre traducteur a pris de grandes libertés avec le texteoriginal (t). Il en a résumé certains passages. Ailleurs, il aintercalé des allusions à ses propres amours. Ainsi, leCanto de Orfeo, où Monternayor célébrait les beautés espa-gnoles de son temps, se trouve allongé des vers suivants

Bien que d'Espagne ne soit Marie de Bonnière,C'est elle (2j de ce rang,

Et méritoit sur tous que fusse la premièreHonorée de filon chaut.

Voy ce port, voy sa majesté divineVoy ce maintien royal. -

Dedans sou cueur prend vertu sa racine.Si ce cueur fut loyal,Amour faict qu'il soit sévèreA qui plus fort le révère

Jaloux de sa beaultè, luy seul en veultjouyrEt faict que de l'amant ne veult plaincte ouyr.

Marie de Bonnières, qui est désignée, de plusieursfaçons, comme la personne à qui fut dédiée la traduc-tion, comme la dame des pensées du traducteur, apparte-

que la première en date soit celle qui se reconnaît dans la Pyrénée etpastorale amoureuse, de François de Belloforest, publiée en 1571 ; laplus célèbre se trouve dans l'Astréè d'Honoré d'Urfé. En Angleterre,Philippe Sidney s'est inspiré du roman de Montemayor dans J'Arcadiaqu'il a fait imprimer en 1590. On a dit que Shakespeare avait tiré d'unépisode de la Diana le sujet des Two gentlenen of Verona; mais lefait est discutable (E. Baret, Hi_noire de la littérature espagnole,2' édit., p. 505; - H. l{Ôrting, Gesohio/zte des [rantôsisohen Romans1m XVII. Jahrhvndert, t. 1, p. 64, 65, 113; - H. A. Rennert, ap. oit.,p. 6, note 13, et 21; - J. Fitz Maurice-Kelly, Littbrature espagnole,trad, Davray, p. 213; - G. Reynier, Le ,'oman sentimental avantl'Astrée, p. 167, 168, 344).

(I) Il dit, dans l'épltre dédicatoire (fol. 4): e A la traduction de toutel'histoire, en tous les sept livres, je nay suyvy l'original, comme plu-siens aultres font, ayant obinis en aulcuns endroictz et augmenté enaultres, puisque c'est matière où n'est requise si scrupuleuse obser-vance. Seulement n'ny prins do l'autheur, en la pluspart de son histoire,que le subject.

(2) Pour e s'est-elle » (si est-elle).

-6-nàit au monde de la cour des Pays-Bas. Son père, Jean deBonnières, seigneur de Souastre, gouverneur d'Arras,avait été gentilhomme des archiduchesses-gouvernantesMarguerite (I) et Marie (2); sa mère, Jeanne de Lannoy,dame d'honneur de ces deux princesses. Elle-même rem-plissait l'office de demoiselle d'honneur auprès de la reinede ilongrie, lorsqu'elle épousa, le S février 1546, Jacquesde Marnix, seigneur de Toulouse en Franche-Comté (3), quidevint, en J551, commissaire général des montres auxPays-Bas, et qui mourut vers IM7 (4),

(1) Marguerite d'Autriche, fille de l'empereur Maximilien, veuve dol'infant Jean d'Espagne et du duc de Savoic Philibert le Beau, futnommée gouvernante des Pays-Bas, par son pare, le 18 mars 1506, etmourut, à. Malines, le 1" décembre 1530.

(2) Marie d'Autriche, fille de Philippe le Beau, veuve de Louis, roide Hongrie et de Bohème, nommée, par Charles-Quint, gouvernante desPays-Bas, le 3 janvier 1531, quitta le pouvoir lors de l'abdication del'Empereur, en 1555.

(3) Jura, arr. de Long-le-Saunier, cant. de Sellières.(4) Marie de Bonnières était, par héritage de sa famille maternelle,

dame d'Ogimont, du Mortier et des Deux-Treilles. Elle fit son testa-ment, à Bruxellos, le 6 septembre 1601, et mourut vers 1605, laissanttin fils, Gérard de Mûrnix, baron de Pottes, seigneur d'Ogimont et desDoux-treilles, et plusieurs filles,

Son mari, Jacques de Marnix, était fils de Jean de Marnix. Celui-ci,originaire de la Tnrentaise, suivit aux Pays-Bas Marguerite d'Autriche,duchesse douairière de Savoie, et dévint, avec le titre de secrétaire ettrésorier général de cette princesse, ton principal ministre. Il acquitune fortune assez considérable poui pouvoir prêter à Charles-Quint, enune fois 5 le 17juillet I536 une somme de 300,000 livres. Jacques deMarnis fut créé chevalier, par Charles-Quint, le 3 novembro 1543;nommé, le 12 oetôbre 1551, commissaire général des montres aux Pays-Bas, il prit part, en 1552, aux opérations conduites en France par lecomte du Rœulx, et accomplit, en 1553, une mission en Angleterre,avec Jean de Montmoreney seigneur de Courrières, et Simon Renard.D'uu premier mariage avec Marie de ilarnericourt, il avait eu dent filsJean de Mat'nix, seigueurde Toulouse, et Pbilippe de Marnir, seigneurde SainteAldegonde, qui ont joué un rôle considérable tIans l'insurrec-tion des Pays-Bas (Bibi. nat.. Dossiers bleus 111, dossier 2758, fol. I y',2; Cabinet d'liozier 228, dossier 5058, fol. 4 ; - Th. Varie, Nobi-liaire, à la Bibi, de Besançon, ms. 1187, p' 353-355; - [Vigiano). Nobi-

-7--La correspondance du cardinal de Granvelle, cônservée

à la Bibliothèque de Besançon, renferme quelques letuesécrites à ce prélat par la veuve du seigneur de Toulouse,en 1564 et 1565 (I), et bon nombre d'autres, datées desdeux mêmes annêes, où il est parlé d'elle (2), Ces dernièressont.de Pierre Bordey.-

Pierre Bordey était un gentilhomme de noblesse récenteet de fortune très modeste. Né, vers 158 (3), de Jean Bordeyl'aîné, de VuiHafans (4), et de Guillemette Perrenot (5), il fit

flaire des PaysBas, t. 1, p. 84, 103; - J. Le Charpentier, Histoiregénéalogiquc de la noblesse des Païs .Bas, 3e partie, p. 278, 767; -A. Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique descon,munes de la F,'anche-Comté, t. VI, p. 78, 79 ; - Biographie natio-nale de Belgique, articles Marnix (Jacques de), Marni.x (Jean de),Marnix (Phitippe dc).

(1) Collection Granvelle, t. XVI, fol. 214; t. XVIII, fol. 109; t. XX,fol. 37. -

(2) '1'. Xl, fol. 3, 124; t. XII, fol. 201; t. XIiI. fol. 232.338; t. XIV,fol. 190 y', 357; t. XV, fol. 29 r, 116, 266; t. XVI, foi. 245v'; t. XVII,fol. 232; t. XVIII, toI. 21 y ', 109, 114 v o , 328 y0 ; t. XX, foI. 37, etc.

(3) Morillon écrivait de lui au cardinal de (}ranvoUe, le 10 octobre1568 « II y a XL ans sur la teste o, (Les Noces A lexandre Farnèse etde Marie de Portugal, narration faite au cardinal de Granvelte parson cousin germain Pierre J3ordey, pubi. par k. Castan, extrait desMémoires couronnés et autres mémoires de l'Académie royale de Bel-gique, tome XLI (1888), p. 24, note 3).

(4) Doubs, arr. de Besançon, cant. d'ornant.(5) Jean Bordey, l'ainé, fils de honorable homme Jean Bordey, de

Vuillafans, et de Jacquette Bouhelier, est mentionné, le 29 mars 1510(1511, nouveau style), dans le testament de son grand-père IlugueninBouhelier, deCernay (Archives de la maison de Laubespin, inventairedes testaments de ('officialité de Besançon, p. 1163).. Il devint mattred'hôtel de Nicolas Perrenot de Granvelle qui, dit-on, le fit anoblir(Bibi. do Salins, ms. 69, fol. 232 v'; - R. de Lurion, Nobiliaire deFranche-Comté, p. 118). De son mariage avec Gnillemette Perrenos(proche parente du garde des sceaux), sont issus 1 François, chanoinede Besançon en 1535. archidiacre de Salins en 1540, mort le 13septembre1560; 2' Charles, chanoine de J3esançon en 1547, archidiacre de Crayen 1564, mort Je 10 octobre 1570; 3' Pierre, de qui nous parlons ici4°Jeanne, marién fi Paneras Bonvalot, parent du cardinal de Oranvcile.D'un second mariage, contracté avec GuiLlemette Vurry, Jean Bordey,l'atoé, eut un autre fils, appelé aussi Jean, qui fut lanspessado en la gar-

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ses études à Louvain, avec Charles et, Frédéric Perrenot deGranvelle, ses cousins, puis s'engagea, fort jeune, dans lestroupes de Charles-Quint. Il n'avait que dix-neuf ans quandil prit part à la campagne, dirigée par ltmpereur contreles protestants d'Atlemagne, qui se termina par la bataillede Miihlberg. li combattit à la journée de Saint-Quentin,et. ne quitta le service militaire qu'en 159 ( I ). A cetteépoque, il fut placé, par les soins d'Antoine Perrenot deGranvelle, alors ministre tout-puissant, dans la maison deMarguerite d'Autriche, à qui son père, Philippe Il, venaitde remettre le gouvernement de Pays-Bas (2). Lorsque,en 1564, le cardinal de Granvelle dut abandonner le pou-voir et s'éloigna de Bruxelles, Bordey s'offrit à le tenir aucourant des événements (3), et eut, dès lors, avec lui une

nison do Dole, châtelain de Saint-Hilaire et de Châteauvieux-lez-Vuil-lafans. Ce Jean n continué la famille. Ses derniers descendants en lignemasculine se sont éteints au xvni.siêcle; c'étaient les enfants de Jean-Charles de Borde5 et de Barbe Othenin 1' Pierre de Bordey, major dela place d'Huningue, décédé en cette ville, le 27 avril 1728, après avoirlégué ea fortune à l'hôpital Saint-Jacques de Besançon; 2' Jeanne-Annede Bordey, qui mourut le 19 mars 1737, veuve de Jean-François Chan-diot, vicomte mayeur de Besançon. M' Chandiot était une personnelettrée; elle entretenait des relations avec les Précieuses (Archives duDoubs, G 196, 197, 2151, 2153, 2203; - Arch. municipales de Besançon,Registres paroissiaux de Saint-Pierre, 1737, fol. 7; - Arch. de l'hô-pital de Besançon, BB 197-207; - Bibi, de Besançon, ms. 601, fol. 73,81 y'; — A. Mai-let, La vérité sur l'origine de la famille Per,'enot deG,-anvelle, p. 20, 27; - Les noces d'Aiexandre Farnése, publ. parA. Castan, p. 22, 24,29; - Rathery et Boutron, Mademoiselle dc Scu-déry, p. 327, 332; - A. Estignard, Le Parlement de Franche-Comté,t. 1, p. 262).

(1) Lettres de chevalerie accordées à Pierre Borde7, par Philippe il,le 20 mars 1534 (Arcli. de l'hôpital de Besançon, BE 196).

(2) e Depuis seroit-il aussi esté retenu pour gentilhomme de labouche de nostre très chère et bicn amée bonne eeur, la duchesse doParme et de Plaisance, durant sa régence en nosd. pays d'Embas • (Ibi-dem).

(3) Bordey écrit à. Granvelie, le 18 mars 1564 e Je la [Sa Seigneurieillustrissime) supplie très humblement me vonloir employé par deçà, du'rata son absence, espérant, en tout ce qu'elle m'employera, rendre telle

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correspondance très active. En 1565, ilfit partie de tamis-sion envoyée en Portugal pour chercher la princesse Marie,fiancée au prince de Parme, fils de la gouvernante desPays-Bas (I). Le Discours du voyaige de la princesse dePortugal et de ceulx qui l'allèrent querre , que, à sonretour, il a écrit pour Granvelle, a été publié par Cas-tan (1),

En 1561, Marguerite d'Autriche renonça au gouverne-ment (3). Sa maison fut licenciée et Bordey se trouva sansemploi officiel. Il se rendit en Franche-Comté, puis allarejoindre le cardinal à Roïne. Il revint dans notre pays, en1570, et s'y occupa, avec beaucoup de zèle, de la gestiondes biens de son illustre parent. Thomas Perrenot deChantonnay étant mort, en 1571, l'une des charges qu'ilcumulait, la moins importante peut-être, celle de capitaineet prévôt de Faucogney (4), échut, grâce encore à la prolec-

diligence que Sud. Seigneurie illustrissime en aura contentement; enattendant ce commandement, quel quil soit, je prendray ceste hardiessede l'advertir, par toutes les commodités quil me seront offertes, de cequil se passera par deçà, durant son absence, et y continueray tousjoursaultant diserettemeut qu'il me sera possible, si tel est son vouloirqu'ainsi je le fasse » (Bibl. de Besançon, collect. Oranvelte, t. X,fol, 199).

(1) Alexandre Farnèse, fils d'Octave Farnèse, duc de Parme et dePlaisance, et de Marguerite d'Autriche, avait été fiancé, par les soinsde sa mère et de son oncle Philippe Il. à Marie fille dEdonard dePortugal, duc de Ouimaràes. La mission chargée d'aller chercher taprincesse à. Lisbonno et de l'amener aux Pays-Bas quitta le pert deFlessingue le 12août 1565, et revint à Middelbourg le 2 novembre. Lemariage fut célébré, à Bruxelles, le 11 novembre (Les noces d'AlexandreFarn.se, publ. par A. castaa, p' 53, 74),

(2) Le récit de la mission a été écrit par Bordey, à Bruxelles, le$ décembre .1565. C'est le principal des documents qu'a réunis Castandans la notice intitulée Les noces d'Alexandre Farnése et de Marie dePortugal (p. 52-88).

(3) Marguerite d'Autriche obtint d'être relevée du gouvernement, le13 octobre 1567.

(4) Thomas Perrenot, né à Besançon, le 9juin 1521, de Nicolas Per- -renot et de Nicele Bonvalot (A, Castan, Monographie du palais Gran-

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lion de Granvelle, à Pierre Bordey. Ce fut pour lui l'occa-sion d'un mariage avantageux (I), li épousa, par contratdu 16 février 1570, Jeanne de Courbessain (2), veuve deClaude de b Viillette,' seigneur de Nancuise, issué d'uneancienne famille alsacienne, établie, depuis le début duxv° siècle, dans les Vosges franc-comtoises (3),

relie, p. 30), mourut dans sa ville natale (et non à Spire ni à Anvers.comme on l'a dit), le 13 février 1571 (Archives municipales de Bosan-çon, BB 33, fol. 19 r). Il avait été seigneur de Chantonnay, Malcite,Oricourt, Scey, Maizières, Orandvelle et le Perrenot, comte de Gante-croy, chevalier d'Alcantara, gentilhomme de la bouche de Charles.Quint, maitre d'hôtel dc Phulippe Il, chambellan de l'archiduc Maximi-lien (l'empereur Maximilien Il), capitaine de Besançon pour le roid'Espagne, pardessus des sauneries de Salins, ambassadeur en France,en Allemagne et en Angleterre. ([Dom Prosper Lêvesque], Mémoirep&ur servir é I'hi,stoire du cardinal de Granvelle, t. I, p. 182 et suiv.;- Gb. \Voiss, Notice préhminai,-e, en tête des Papiers d'état du car-dinal de Granvelle, dans la collection des Documents inédits, publ.par le Ministère de l'instruction publique, t. I, p. xi, xii; - Biogra-phie nationale de Belgique, t. XVII, col, 59). L'office de capitaine etprévôt de Faucogrsey lui avait été accordé en mai 1569 (Gollect. Grau-'elle, t. XXViI, fol. 31; - L. Febvre, Philippe 11 et la, Franche.Comté, p. 558, n. 3).

(1) Les noces d'Alexandre Farnése, p. 252S.(2) Contrat passé par-devant François de Montoiche, tabellion général

(Archives de l'Mpital dc Besançon, BlI 196).— Après la mort de PierreBordey, manne de Gourbessain épousa, en troisièmes noces, Jean-Claude de Munans, seigneur de Laiasey; elle mourut sans postérité, en1600 (Enquête de t603, sur sa succession, Archives du Doubs, Parle-ment, pièce non cotée ; - Dumontet de la Terrade, Nobiliaire manus-crit, article Cosirbessain).

(3) On a prétendu que la famille de Courbessain avait porté d'abordle nom de Parisot, et devait celai sous lequel elle est connue à unchâteau voisin de Faucogney (L. Sucbaux, Galerie h&aido-isobiliairede la Franche-Comté, t. I, p. 183; - J. Gauthier, Armorial de 1"ran-che.Comté, dans l'Annuaire du Doubs, 1879, p. 66). C'est une doubleerreur. Parisot n'a été que le prénom de deux membres de cette fa-mille, Il n'y n jamais eu de cbàteau de Courbessain aux environs dePaucogney. Courbessain est une altération de lColbsheim, eom d'unelncaliLé d'Alsace (lJas-Itbia, arr. de Strnsbourg, cant. de Schiltigheini),oIs las ancêtres des Courbessain tenaient un fief dès le xiii' siècle.Huguenin do Kolbslteim, écuyer, ayant épousé Catherine, fille de [banLe Clerc, prévôt de Faucogney, et de Nicole de Corravillers, se (lin, au

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C'était une riche héritière. Son père, Claude de Cour-bessain, était mort, lui laissant la belle terre du Saulcy (1)et divers fiefs disséminés dans l'étendue de la baronnie deFaucogney (2), Dans les successions de sa mère, Véronnede Pierrefontaine, et de sa tante, Charlotte de Pierrefon-taine (3), elle devait recueillir, un jour, les seigneuries deVe'champ (4), de Saint-Julien-lez-Morey (5), de Fuans (6),de Flangebouche (7) et maints autres domaines (8),

Bordey fut connu, depuis lors, sous le nom de e Mon-sieur du Saulcy o. En récompense de ses services, Phi-lippe Il lui accorda des lettres de chevalerie, le O mars

commencement du xv' siècle, dans la seigneurie de Fancogney, oùlui-même et ses descendants ont étd connus sous le nom francisé deCourbessain, écrit aussi Corbessen, corbessein, Corbesseint, Corbes-sain, Corbessaint, Courbessaint, etc. (Archives de la famille de Chau-villerain, lettres patentes de Philippe le Bon, du 1" septembre 1433; -Arcb. de la Côte-d'Or, B 389; - Arch. du Nord, B 728; - Scbœpfiin,A isatia iflustrata, t Il, p. 143, 265, 405, 433, 440, 654, 678, 684; -Kjndler von Knobloch, Dix: goldene Buch von Strassburg, p. 31, 158).

(1) Haute-Saéne, arr. et caat. de Lure, comm. de Saint-Germain.(2) A Corravillers, à Breuche et autres lieux tA!ch. du floubs, B 640,

fol. 96, B 2991; Parlement, Amont, 340, fol. 234 y ', 344 , foL 81).(3) Charlotte dc l'icrrefontaine, veuve de François de Vionnet, sei-

gneur de champdivers, et femme de Hugues de Grammont, instituaJeanne de Courbessain héritière dc tous ses biens sis au comté deBourgogne, par testament fait â Dell; le 15 novembre 1581 (Archivesnationales, K 2128). Charlotte et Vèronnede l'ienefontaine étaient fillesde Jean de Pierrefontaine, seigneur de Verchamp, et de Catherine deTavannes.

(4) 1laute-Saône, arr. de Vesoul, cant. de Montbozon.-(5) Haute-Sabne, arr. de Vesoal, cant. de Vitrey.(6) Doubs, arr. de Baume .les-Dames, cant, de Pierrefontaine.(7) Ibidem.(8) Entre autres des fiefs sis à Arguel et à Beure (Doubs, arr. de

BesanQon, cant. de Besançon sud), à Saules (arr. de Besançon, cant.d'Oman:), & Vercel (Doubs, arr. de Baume-les-Dames, chef-lieu rdecanton), à Epenouse (cant. de Vercel), à Orchamps-Vennes (arr. deBaume-les-Dames, cant. de Pierrefontaine) (Areh. nat., K 1800; -Arch. du Douhs, B 642, fol. 30; B 2490, 2991, 3065; - Abbé Narbey,Les hautes montagnes du flouS:, p. 232).

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- 12 -1584(1). Il mourut à Besancon, san g postérité légitime,dans la seconde moitié de mai 1586 (2), quatre mois avantle cardinal qu'il n'avail jamais cessé de servir (3),

Les lettres que Pierre llordey adressait Granvelle, el1564 et en 1565, renferment de fréquentes allusions à lapassion qu'il avait conçue pour Mue de Toulouse. Depuis1559 ou 1560, il faisait à cette daine une cour assidue. Ellelui marquait de l'estime, et se plaisait à sa conversation.Mais, si elle entretenait chez lui l'espoir d'un mariage, elle

(1) Arch. de l'hôpital de Bosançon, BB 196.(2) Par son testament, fait, à Eesançon, le 16 mai 1586, par-devant

Jean Alviset, notaire, cc Pierre Bordey, chevalier, seigneur du Sauloy,Verchamps, etc. », déclare vouloir être inhumé en l'église de Vuilla-fans. Il lègue à sa femme tous les immeubles acquis durant leur ma-riage, divers meubles, entre autres . tels libvres françois que bon luysemblera, à, prendre dans sa librairie, le cheval qu'il a récemmentacheté, et, en jouissance viagère, sa vaisselle d'argent. Il laisse à safille naturelle, Esther, 2,500 fi'., plus 200 (r. payables le jour de sesnoces ; - à son frère, Jean Bordey, 200 livres tournois de rente, plusdes vêtements; - à son neveu, Charles Bordey, tous ses livres latins;- â son cousin, Français de Grammont, abbé de Faverney, haut-doyendu chapitre de l3esançon, deux écuelles de porcelaine garnies d'argent;- à son cousin, Jaeques de Saint-Mauris, abbé de Goailles, deux autresécuelles de porcelaine garnies d'argent, avec sa muscade en forme degobelet; - à son neveu, Pierre de Constable, seigneur de Boulot, sesarmes, et ceux de ses habits dont il n'a pas disposé_antérieurement. Ilfait divers legs à la veuve de Itenand Tornand, à Pierre Tornand, doc-teur ès droits, et à ses domestiques. Il institue héritière universelleClaude Bonvajot, sa nièce, femme du sieur de Boulot, à condition que,si elle a deux enfants mâles, l'un d'eux prendra le nom et les armesde Bordey.

Ce testament fut publié à l'officialité de Besançon, le 29 mai 1586(Arcli. de l'hôpital de Besançon, 138 196).

(3) Le 25 juin 1584, Bordey rendait hommage, entre les mains ducomte de Champlitte, gouverneur de la province, au nom du cardinalde Granvelle, pour diverses terres mouvant du comté de Bourgogne(Arch. du Doubs, B 640, fol. 96-100). Par son testament, il ordonne derestituer, aussitôt après son décès, n tons et quelconques les meublesque j'hay eu par ny-devant et dont je suis chargé à lad, maison deOranvelle. avec b cabinet quest on rnad, maison de Vuillat?ans . -

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se dérobait à tout engagement formel (I). Au cardinal, quiaurait vu avec plaisir son cousin contracter une aussi bellealliance, elle écrivait, le 10 février 1565 Pour le pré-sent, je ne luy veulx riens prometre iy aseurer, et pourbonnes considérasions, et non pour chose qu'il aye fet oudyt dont je deuse avoir mécontentement ; car, depuisqu'il est ycy demeuré, jamais home ne se conduit mieulxqu'il a fet et plus vertueusemeut, dont j'en ay eulx ung trèsgran contentement mais au tamps quil court pour leprésent, je ne suys délybérée de luy faire aultre ré-ponse (2).

Bordey crut qu'il pourrait triompher des hésitations deMarie de Bonnières en faisant appel à des arguments dedroit. Il estimait que les relations qu'il avait eues avecelle créaient entre eux des obligations réciproques (3) . 11pensa vaincre toute résistance. en mettant sous les yeuxde M" de Toulouse un factum où étaient exposées les rai-sons qu'ils avaient, Vun et l'autre, de se considérer commeengagés e per verba de futuro

Je me détermina, écrit-il au cardinal de Granvelle, le6juillet 1365(i), de nhectre par escripi ce que nie sembloii,me pouvoir lyer avecq elle, sans rien desguiser, ny dissi-inuler, ny inventer, ains selon la vérité déduire le tout,pour la descharge de ma conscience. Ce que j'ay faici, etle tout à nom de personnes incongneues, afin que per-

(1) Il écrit au cardinal, le 15 novembre 1564, que Mm. de Toulonseatermoiesont escoulés quatre années i (Collect. Granvelle, t. XV,fol. 116), et, lelS février 1565: e II y a cinq ans que j'atendz e (Ibid.,t. XVI, fol. 245 y').

(2) Gollect. Granvolle, t. XVI, fol. 214.(3) Si l'on en croit Bordey, Marie de Bonnières aurait pensé avant

lui qu'il pouvait y avoir entre eux des engagements définitifs. • Ellem'a dit autresfois à moy.mesmes, écrit-il au cardinal, que je iie mepouvois marier, et que si je b voulois faire, aile y mectroit empes-chement » (Lettre du 24 juin 1565. collect, Granvelle, t. XVIII,fol. 328 r').

(4) Collect. Granvelle, t. XVIII, fol. 21 vO.

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sonnes n'en sceut rien, comme l'on ne scait, ny ne veut -drois qu'on sceut. Et a yen ce mien escript Vulmarus, pro-fesseur de Louvain (1), au bas duquel de sa main il a escriptet soubsigner de son nom ces propres mots: e Secundumea que proponuntur, videtur mihi subscripto, salvo me-lion judicio, hic esse vinculum matrimoniale, nec licereuni vel alteni parti resilire, vel aliud matriinonium contra-here, propter proinissionem fidei factam per viruin nobi-lem mulieni nobili, etc. » D'aultres personnes docte, j'ayheu la tnesme résolution.

M'°° de Toulouse se refusa obstinément à rien entendre,« encoires, dit l3ordey, qu'amiablement je lui remonstroisque ce n'estoit pour aultre effect sinon pour veoir si j'avoisrien mis en avant quil fut hors de vérité, afin que, le mefaisant entendre, je fisse tout selon son vouloir, cars'estoit le mien de le suyvre, la priant d'avantaige etl'assheurant que je ne réfuterois nulle raison du mondequ'elle adinéneroit en avant qui! pourroit désobligernostre foy (fl).

Elle était fatiguée de trop longues instances. Elle jugeaoffensant le procédé qui, en effet, manquait de discrétion,et elle signifia son congé au prétendant maladroit. Unmois après le départ de Bordey pour le Portugal, elle écr-vait à Granvelle: « li e me sera jamais de riens... Qu'ilaie à me lécer à repos, » et elle priait le cardinal de luinotifier sa résolution (3).

(I) Ulmer Bernaerts, né à Eecke (Nord. arr. d'Hazebrouck, cant. deSteenvorde), vers 1520, professeur de droit canonique à l'Université deLouvain, mort en cette ville, le 23 janvier 1571 (V. Andreas, Fasti aca-de,nici studii generalis Lovaniensis, p. 189; - J. Molanus, Risc oriwLovaniensiurn iihri XIV, publ. par X. de Ram, p. 479, 480, 548, 630;- E. Coemans, article dans la Biographie nationale de I3elgique, t. Il,p. fl4).

2) Lettre du 6 juillet 1565, citée plus haut.(S) Lettre du 14 septembre 1505 (Collect. Graurdlle, t. XX, fol. 37).

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Connaissant l'aventure, je me suis demandé si notretraduction de la Dia?za n'était pas l'oeuvre de Pierre for-dey. La réponse à cette question se tire d'une simple com-paraison d'écritures. Le manuscrit est de la même mainque les lettres, écrites et signées par Bordey, que ren-ferme la collection Granvelle.

Pierre Bordey est donc le traducteur du roman de Monte-mayor. Le monogramme, qui constitue la seule signatureque porte le manuscrit, est facile à expliquer. Il se com-pose des lettres P et B, réunies par un V ; pour en saisirle sens, il faut les disposer en cet ordre: P, B et V, etlire: Pierre Bordey, de Vuillafans.

Il était naturel que le traducteur employât, pour formerla couverture du volume, une lettre qu'il avait reçue deJean de Malpas-

Nous savons que les amours de Bordey et de M deToulouse ont duré de 1559 ou 1560 à 1Ji65. C'est entre cesdates qu'a été composé l'ouvrage (l)•

Pierre Bordey n'avait aucun talent littéraire. Son style estlourd et fort incorrect. Ses vers sont très faibles. Granvelledisait qu'il n'avait point de lettres (1). Lui-même était sansprétentions (3)• S'it a écrit, ce n'a pas été pour prendre

(1) Il est donc antérieur de plusieurs années à la publication de lapins ancienne tradnction française connue de la Diana, imprimée àReims, en 1578.

(2) Bonnet Jaquemet, . superintendant » des affaires du cardinal, étantmort, Granvelle écrivait, le 3 août 1580, à. Jacques de Saint-Mauris,prieur de Bellefontaine, que la « superintendance o ne pouvait êtredonnée à. Bordoy, parce que celui-ci n'avait « ni lettres ni pratique *(BibI. de Besançon, coilect. Granvolte, t. LXXXIII, fol. 214).

(3) « Vous demandez doncq, dit-il à Mm. de Tonlouse, que ie pour-suive à traduire l'histoire de la belle Diane, do laquelle, ces jourspassez, javels commencé le premier livre. En quoy, certes, je doubtefort que, si j'accomplis vostre désir, que je n'en reçoipve vorgongne,pour n'estre mon suIe suffisant à pouvoir contenter vosdivines oreilles.....

- 16rang parmi les prosateurs et les poêles; ç'a élé pour sedistraire, pour s'imposer quelque application à l'étude del'espagnol (I), pour plaire à sa dame eL pour servir lecardinal, son protecteur.

excusant coque vous y trouverés du terroir de Bourgongno, lequel jen'ay peu encoires tant estrangé dc moi que je n'en a' laissé couler plu-sieurs mots en ce discours e (Épître dédicatoire, en tête do la traduc-tion de la Dana, fol. 4.5).

(I) L'ayant premièrement commencé tant pour donner quelquefoisrepos à mes pensées que pour m'exercer eu langaige espagnol » (Ibid.,fol. 3v').

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DE5ANÇON. - IMPRIMERIE MOQUES S1F DEMONTROND.