JAZZ A L'AME

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JAZZ A L'AME Miller Donald

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Table des matières

Note de l’auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

01 Commencement.Dieu qui marche vers moi sur un chemin de terre . . . . . . . . . . 9

02 ProblèmeCe que j’ai appris en regardant la télévision . . . . . . . . . . . . . . . . 23

03. MagieLe problème avec Roméo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

04. TransformationComment on trouve une Penny . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

05. FoiA propos de la vie sexuelle des pingouins . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

06. RachatSexy Carotte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

07. GrâceLe royaume des mendiants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

08. DieuxNos chers amis invisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

09. ChangementNouveau commencement pour foi ancienne . . . . . . . . . . . . . . 115

10. CroyanceLa naissance de la cool attitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

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11. ConfessionLa sortie du placard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

12. EgliseComment y aller sans devenir dingue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

13. AmourA la rencontre des filles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

14. SolitudeDes années dans l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

15. CommunautéVivre avec des cinglés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

16. ArgentQuand il faut payer le loyer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217

17. LouangeL’émerveillement mystique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233

18. AmourVraiment aimer les autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241

19. AmourVraiment s’aimer soi-même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

20. JésusLes traits de son visage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281

Informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285

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Note de l’auteur

Je n’ai jamais aimé la musique jazz,parce que la musique jazzne résout rien. Cependant, un soir, je me trouvais devant leBagdad Theater à P ortland, et j’ai vu un homme jouer dusaxophone. Je suis resté là une bonne quinzaine de minutes,et il n’a pas ouvert une seule fois les yeux.Après ça, j’ai aimé la musique jazz.Parfois, il faut voir quelqu’un aimer quelque chose pour vousmettre à aimer cette chose vous-même. C’est comme si cettepersonne vous montrait la voie.Je n’aimais pas Dieu par ce qu’apparemment il ne résolv aitrien. Mais c’était avant que tout cela n’arrive.

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En Amérique, la première génération issue de l’escla vage ainventé la musique jazz. C’est un mode d ’expression totale-ment libre. Cette musique vient de l’âme , et elle est authen-tique.

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Chapitre 1

Commencement

Dieu qui marche vers moi sur un chemin de terre

J’ai entendu une fois à la télévision un Indien dir e que Dieuétait dans l’eau et dans l’air . J’ai trouvé cette idée absolu-ment magnifique, parce qu’elle voudrait dire que nouspourrions nager en Dieu et le laisser car esser notre visage àtravers une douc e brise. Mon histoire personnelle ne faitque commencer, mais je cr ois que je r allierai l’éternité. Auciel, je méditerai sur ces premiers jours, ceux où il semblaitque Dieu était là-bas sur un chemin de t erre, marchant versmoi. Il y a des années , il était un point mouv ant à l’horizon.A présent, il est assez pr oche pour que j ’entende la chan-son qu’il a sur les lèvr es. Bientôt, je pourrai voir les traits deson visage.

Mon père a quitté la maison quand j ’étais encore trèsjeune. C’est pourquoi, quand j’ai été c onfronté au c onceptde Dieu c omme Père, je me le suis r eprésenté comme unhomme rigide et douc ereux qui v oulait venir chez nouspour coucher avec ma mère. Dans mon souvenir, cette idéen’était associée qu ’à de la peur et de la menac e. Nousétions une famille pauvr e membre d’une église de riches;j’imaginais donc Dieu c omme un homme qui a vait beau-coup d’argent et qui c onduisait une gr osse voiture. A

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l’église, on nous disait que nous étions t ous enfants deDieu, mais je savais que la famille de Dieu était mieux quela mienne, que sa fille était pom-pom girl et que son filsétait dans l’équipe de f ootball américain du ly cée. Je suisné avec une petit e vessie et j ’ai mouillé mon lit jusqu ’àl’âge de 10 ans . Plus tard, je suis t ombé amoureux de laplus jolie fille du ly cée qui se montr ait gentille a vec moiafin de pouv oir m’utiliser, tactique qu’elle avait sans dout eapprise de son père, qui dirigeait une banque. Dès le début,le gouffre qui me sépar ait de Dieu a été aussi pr ofond quela richesse et aussi lar ge que la mode .

J’ai grandi à Houst on, dans le Texas. Là-bas, le temps nechangeait que fin oc tobre, quand un front froid descendaitdu Canada. Les météorologues de Dallas appelaient c euxde Houston pour que les gens puissent r entrer leurs plan-tes et leurs chiens chez eux. Un grand froid bleu arrivait ensuivant la ligne de la r oute nationale et se r eflétait sur lesvitres des gr ands immeubles. Il planait v ers le golf e duMexique, comme s’il cherchait à prouver que le ciel dominel’eau. Au mois d ’octobre, tous les habitants de Houst onmarchent avec une c ertaine énergie, comme s’ils allaientêtre élus à la présidenc e ou se marier le lendemain.

Il était plus facile pour moi de cr oire en Dieu en hiv er. Jecrois que c ’était à cause du nouv eau climat, de la c ouleurdes feuilles aux arbr es et de la fumée des cheminées auxbelles maisons du quar tier chic où je me pr omenais à vélo. Je n’étais pas loin de cr oire que, si Dieu vivait dans unde ces quartiers, il m’inviterait à entrer prendre un chocolatchaud et me parler ait pendant que ses enfants me jett e-raient des regards assassins par-dessus leur épaule t out encontinuant à jouer au Nint endo. Je roulais dans c es quar-tiers jusqu’à ce que mon nez gèle , puis je revenais à la mai-son, où je m’enfermais dans ma chambre. Je mettais un dis-

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que d’Al Green et j ’ouvrais grand les fenêtres pour sentir lefroid. Je restais là, étendu sur mon lit , pendant des heur es.J’imaginais la vie dans une belle maison, avec les visit esd’amis importants sur leur vélo flambant neuf . Des amisdont les pèr es étaient bien habillés et bien c oiffés, et quipassaient à la télévision locale .

Je n’ai vraiment vécu a vec mon pèr e que tr ois fois dansma vie, chacune de c es visites ayant lieu dur ant monenfance et chacune se pr oduisant dans la période de fr oid.Mon père était entr aîneur de bask et-ball. Je ne sais paspourquoi il s’est séparé de ma mèr e. Je sais juste qu’il étaitgrand, beau et qu’il sentait la bière. Son cou sentait la bière,ses mains sentaient la bièr e et son visage c ouvert d’unebarbe de tr ois jours sentait la bièr e. Je ne bois pas beau-coup de bière moi-même, mais la profondeur de cet arômene m’a jamais quitté. Parfois, mon ami Tony le poèt e beatprend une bièr e au Horse Br ass Pub, et l’odeur m ’envoiedans un de c es endroits si plaisants qui n ’existent que dansnos souvenirs d’enfance.

Mon père était un homme gr and, sans doute plus grandque la moyenne. Il était long et f ort comme une rivièr e encrue. Lors de ma sec onde visite chez lui, je l’ai vu lanc er unballon de f ootball américain à l’autr e bout du gymnase ,l’envoyant droit dans la dir ection du c erceau de bask et,dont il est v enu frapper le panneau. Aucun de ses ac tes nem’échappait et je les c onsidérais tous comme sensation-nels. Je le regardais se raser, se brosser les dents, mettre seschaussettes et ses chaussur es dans des gest es où le musclel’emportait sur la grâc e, et je restais planté devant la por tede sa chambre en espérant qu’il ne remarque pas mes yeuxbéats. Je l’admirais particulièrement quand il ouvr ait unebière, sa grosse main entourant la petite canette qui laissaitjaillir la mousse dont il buv ait bruyamment de ses gr osses

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lèvres rouges, sa langue léchant sa moustache . C’était vrai-ment une belle mécanique .

Quand ma sœur et moi r endions visite à notre père, nousfaisions griller de la viande t ous les soirs , chose que nousne faisions jamais chez ma mèr e. Mon père ajoutait depetits biscuits sur la viande , puis du sel et de la sauc e, et jepensais que, peut-être, il était quelque chose c omme unchef cuisinier, quelqu’un qui aurait pu écrire des livres sur lafaçon de cuir e la viande . Après, il nous emmenait dans lesmagasins et il nous achetait un jouet , celui que nous v ou-lions. Nous déambulions dans les r ayons rutilants decamions et de Barbies , de pistolets et de jeux. En attendantà la caisse , je me cr amponnais, silencieux et immobile , à laboîte brillante qui me glissait des mains . Au retour, monpère nous pr enait l’un après l’autr e sur ses genoux et ilnous laissait c onduire. Celui qui ne t enait pas le v olantchangeait les vit esses et c elui qui c onduisait avait le dr oitde boire à sa canett e de bière.

Il n’est pas possible d ’admirer quelqu’un plus que j ’aiadmiré cet homme. Je connais, par ces trois visites que jelui ai fait es, le mélange d ’amour et de cr ainte qui n ’existeque dans la façon dont un garçon v oit son père.

Des années se passaient entr e ses coups de fil. Ma mèrerépondait au téléphone et je sa vais, à sa façon de se t enirsilencieuse dans la cuisine , que c’était lui qui appelait.Quelques jours après , il arrivait pour une visit e, toujoursplus marqué par l’âge: les nouvelles rides, les cheveux gri-sonnants et une peau plus épaisse sous les y eux. Quelquesjours après, nous partions passer un w eek-end dans sonappartement. Il a c omplètement disparu à peu près aumoment où je suis entré au c ollège.

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Aujourd’hui, je me demande pour quoi Dieu parle de lui-même comme d’un Père. Etant donnée la manièr e dont cerôle est joué et perçu ici-bas , cela me semble c orrespondreà une gr ossière erreur de mark eting. Pourquoi Dieu v ou-drait-il être appelé Père quand tant de pèr es abandonnentleurs enfants?

Quand j’étais enfant, l’expression Dieu le Pèr e me plon-geait dans un br ouillard d’ambiguïté. Pour être honnête, jecomprenais le rôle d ’un père à peu près aussi bien que letravail d’un berger. Tout le vocabulaire concernant Dieu meparaissait venir de l’hist oire ancienne, celle qui a précédéles jeux vidéo, les Palm pilots et l’Int ernet.

Si vous m’aviez posé la question, je vous aurais sansdoute dit que Dieu existait , mais j’aurais été bien incapablede donner une définition précise basée sur mon expérienc epersonnelle. C’était peut-être dû à mes c ours d’école dudimanche, où l’on nous faisait appr endre beaucoup de com-mandements mais où l’on nous enseignait très peu qui étaitDieu et comment avoir une relation avec lui. Il est aussi pos-sible qu’on l’ait fait , mais que je n ’aie pas éc outé à c emoment-là! Néanmoins, mon Dieu impersonnel me satisfai-sait bien, dans la mesur e où je n ’avais pas besoin du vr aiproduit. Je n’avais pas besoin d ’une divinité descendant duciel pour me moucher le nez. Si Dieu marchait vers moi surun chemin de t erre, il devait être caché par une c olline et,de toute façon, je n’avais pas commencé à le cher cher.

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Je crois que j ’ai commencé à pécher quand j ’ai eu envi-ron 10 ans . Je crois que j ’avais 10 ans; c’était peut-être unpeu avant, mais un garçon c ommence à pécher à c et âge,et je suis sûr que c ’était quelque par t par là. Les filles, elles,

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