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FRANÇOIS COUPLAN & FRANÇOISE MARMY Jardinez au naturel Le jardin bio facile

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FRANÇOIS COUPLAN & FRANÇOISE MARMY

Jardinezau naturel

Le jardin bio facile

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C ultiver son jardin est le désir d’un nombre croissant d’entre nous. Ilapporte calme et beauté dans notre vie, et chacun sait que les légumes dupotager sont les meilleurs. Mais on pense souvent que sa conduite doit

être compliquée et demande beaucoup de temps, en évoquant ces jardins bienordonnés, aux légumes alignés en rangs d’oignon, où ne dépasse pas la moindremauvaise herbe...

Eh bien non, faire son jardin n’est pas forcément long et difficile, à conditionde savoir s’y prendre. Il s’agit simplement de travailler avec la nature, et non pascontre elle.

Il convient pour cela de voir les choses avec un regard nouveau, en élargissantnotre vision du jardinage. Sachez que la plupart des légumes et des plantes orne-mentales que nous cultivons actuellement sont des introductions exotiquesrelativement récentes, provenant principalement d’Amérique et d’Asie. Il est donclogique qu’ils soient habituellement délicats à cultiver.

Il existe pourtant bien d’autres végétaux, aujourd’hui oubliés, dont savaientprofiter nos aïeux. Et de nombreuses plantes sauvages étaient autrefois couram-ment récoltées ou parfois cultivées. Car les “mauvaises herbes” ne méritent cetteépithète que pour ceux qui en ignorent les vertus. À condition bien sûr de savoircomment les contenir et de ne pas se laisser envahir !

Le jardin naturel recherche l’équilibre entre l’homme et la nature encréant une harmonie entre les légumes classiques et oubliés, les plantes ornemen-tales et médicinales, et les plantes spontanées. La vie animale (oiseaux, papillons,abeilles, etc.) y est en même temps plus développée. Il renouvelle ainsi les concep-tions dépassées du jardin classique, où ne doit subsister dans son petit carreaubien délimité que ce que l’homme a décidé d’y mettre.

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Les implications philosophiques ne sont pas dénuées d’importance : c’est lafantaisie, la liberté qui se dégage de la gangue du cartésianisme, dans une visionécologique du monde. Et contrairement à ce que voudraient croire les esprits cha-grins, ce n’est pas nécessairement le chaos qui en résulte, mais davantage devariété, et même d’efficacité. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi etde laisser pousser pêle-mêle tout ce qui veut venir. Il est indispensable d’acquérirdes connaissances, d’apprendre certaines techniques et surtout d’observer de prèsla richesse de la vie du jardin.

Ce livre voudrait donner les bases nécessaires à la réalisation d’un jardin pas-sionnant et productif. Il s’adresse tout autant aux débutants qu’aux jardiniersconfirmés, qui veulent développer une façon plus naturelle de cultiver et de vivre.

JARDINER AUTREMENT

J’ai toujours pensé que jardiner était une excellente chose. Mais je me suis viterendu compte que cela demandait bien des efforts. Un peu trop à mon gré... Je mesuis alors demandé s’il n’était pas possible d’en faire moins et de laisser la natureen faire davantage. Oui, mais, tout ce qu’elle faisait pousser sur mon lopin de terren’était que des mauvaises herbes ! En approfondissant la question, je me rendiscompte que ces “adventices”, comme il est plus juste de les nommer, étaient enfait pour la plupart d’anciens légumes que nous avions oubliés.

Regardant autour de moi, au-delà des limites de mon jardin, je découvris desdizaines puis des centaines de plantes variées qui pouvaient me nourrir. Je devinsdonc un cueilleur. Mais les tomates, les melons et les aubergines sont rares dansla nature ! C’est vrai. Alors je n’en ramassais pas. Il fallut la rencontre de Fran-çoise Marmy, pratiquante convaincue du jardinage biologique, pour mepersuader que les haricots verts pouvaient avoir leur place parmi mes chéno-podes et que les roses trémières ne demandaient guère plus de soins pour fleurirque les coquelicots sauvages.

Mettant en commun nos expériences, nous avons mis sur pied une méthode dejardinage qui n’en est pas une, car elle consiste simplement à connaître les processus naturels et à observer ce qui se passe autour de soi, dans sonjardin et au-delà. Dans la nature existe un équilibre parfait, mais toujours remis encause, entre les différentes espèces qui cohabitent harmonieusement au prix d’unelutte sans merci... En intervenant de façon consciente, il nous est possible de tirerle maximum de notre jardin en y investissant un minimum d’énergie. Eten y prenant beaucoup de plaisir !

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Il ne s’agit pas seulement ici de jardinage biologique, qui ne représente que lepremier pas d’une démarche visant à redonner à l’homme sa place au sein de lanature. Nous proposons d’aller un petit peu plus loin. Beaucoup reste encore à faire.

LA PLACE DU JARDIN DANS LA NATURE

Voyons les choses en face : jardin et nature sont contradictoires. Depuis environ12 000 ans que l’homme cultive, il doit se battre contre la nature. Car il veut fairepousser les céréales, les légumes et les arbres fruitiers dont il estime avoir besoinpour se nourrir tandis qu’elle donnerait naissance sur le même terrain à d’autresplantes, qu’il est devenu commode de désigner du terme général de “mauvaisesherbes”. Il a donc dû défricher la forêt puis continuer à se battre sans relâchecontre la vie spontanée. Contrairement à ce que l’on pense souvent, la campagnen’est pas un environnement naturel mais une création de l’homme. Ce n’est nibien ni mal, mais il importe de le savoir et de l’admettre.

Il est pourtant difficile de changer la vision romantique de l’ancien paysanvivant en harmonie avec la nature. S’il savait toutes sortes de choses et se portait certainement beaucoup mieux que nous, esclaves de notre “stress” quoti-dien, il passait en fait une vie de dur labeur à contrecarrer les plans de la nature.Mais c’est grâce à lui, et au développement technologique, que nous avons pu nouslibérer de l’emprise des éléments. Nous pouvons maintenant consacrer une partiede notre temps à nos loisirs : jardiner, apprendre à connaître ce qui se passe autourde nous... et retrouver peut-être le savoir des cueilleurs “primitifs”. Qui sait ?

Pendant quelque 3 000 000 d’années, l’homme s’est nourri en cueillant ce quipoussait autour de lui, qu’il complétait par la chasse. Puis, soudain et très récem-

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ment dans son histoire, il se mit à cultiver. D’abord des céréales et des légumi-neuses, qui devinrent la base de son alimentation, puis des légumes et des arbresfruitiers. Les plantes ornementales et les médicinales ne connurent que beaucoupplus récemment les honneurs de la culture. La cueillette subsistait pourtant, tantpar plaisir que par nécessité. Mais le féodalisme cliva la société, et les riches serefusaient à manger comme les rustres. Puis les grandes explorations permirent dedécouvrir un nombre insoupçonné de plantes, que valorisait leur origine exotique.Ces végétaux délicats ne pouvaient pousser que dans les jardins de ceux quiavaient les moyens de payer des jardiniers pour s’en occuper. Ils étaient doncréservés à une élite que l’on cherchait à imiter. Ainsi furent évincés un grandnombre de légumes et de fruits anciens, plus rustiques, de même que presquetoute trace de cueillette.

Ce besoin d’exotisme est peut-être très ancien, car depuis longtemps,« l’herbe est plus verte de l’autre côté de la barrière », mais il nous empêche sou-vent de profiter de ce que nous avons autour de nous. Par exemple, la berce, sicommune dans nos prés, possède des vertus semblables à celles du ginseng.L’ortie, dont le nom seul fait frémir, procure à la fois des soupes délicieuses,exceptionnellement riches en protéines, et un “purin” fertilisant extraordinaire.Nous ne savons plus voir la beauté de la jacinthe de nos bois, pourtant spectacu-laire au printemps, ou bien des campanules sauvages...

Pour remettre en valeur les flores indigènes, se sont créées des organisationsd’amateurs et de professionnels unis par un intérêt commun pour les plantes sau-vages de leurs régions, surtout aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Ces « Native Plant Societies » sont ouvertes à tous. Leur but est de préserver la florelocale, d’apprendre à mieux la connaître, de définir où poussent les plantes raresou menacées, d’établir des réserves, etc. Elles diffèrent des classiques associationsde naturalistes ou de protection de la nature, en ce qu’elles font également la promotion de la culture des plantes ornementales indigènes.

C’est ainsi que les Californiens ornent leurs jardins de leurs Ceanothus auxfleurs bleues embaumant le miel ou de la Fremontia californica, aux feuilles coton-neuses. Sur la côte est, le Cornus florida (flowering dogwood), et l’Amelanchiercanadensis aux fruits juteux sont présents dans tous les jardins. Alors pourquoi necultiverions-nous pas la molène aux larges feuilles blanches, la belle nielle des blés,disparue des champs du fait des herbicides, ou notre amélanchier indigène dontles fruits ont une saveur de raisins secs ? Vous trouverez encore bien d’autres idéesdans les pages de ce livre.

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LA PLACE DE LA NATURE DANS LE JARDIN

Pendant très longtemps, la nature a eu sa place au jardin. Au début d’ailleurs, la limite était bien floue puisque les premières plantes cultivées pous-saient spontanément dans la nature. Plus près de nous, les jardins anciens autourdes fermes, des monastères et des presbytères, étaient plantés de fleurs variées. Iln’y avait jamais de plates-bandes garnies d’une seule espèce comme c’est le casaujourd’hui. Certaines fleurs dominaient et d’autres les accompagnaient, formantde véritables associations. Il s’agit de traditions anciennes à remettre en honneur.

Depuis, nous avons cherché à éliminer la nature du jardin : variétés sélection-nées à outrance par l’homme, engrais destructeurs d’humus, herbicides destinés àtuer tout ce qui n’a pas été planté et insecticides qui dévastent la faune, haiesconstituées d’une seule espèce, sol à nu entre les plantes, etc. Ce qui pose degraves problèmes, dont nous sommes en train de prendre conscience.

À nous maintenant de faire autrement. Nous pouvons considérer le jardinde façon globale, à la fois potager, verger, jardin d’ornement, refuge de la faune,lieu de bien-être... Il devient alors l’extension de la nature environnante, unendroit privilégié où la rencontrer dans son intimité.

POURQUOI JARDINER AU NATUREL ?

Je pourrais vous donner toutes sortes de bonnes raisons pour avoir envie de “jardiner nature”. La première, c’est, bien sûr, que l’on aime la nature ! Cesentiment, que n’a pas épargné la mode, implique d’être capable de s’émerveiller,non seulement devant des paysages grandioses, mais aussi de ressentir une émo-tion profonde devant des choses aussi simples qu’une fleur de pissenlit ou le vold’un papillon.

Mais la nature, c’est aussi undésordre apparent, et des tasde petites bêtes peu ragoûtantescomme les araignées et les cloportes. Ou encore les campa-gnols qui dévorent vos racines, etles taupes avec leurs taupi-nières... Ce n’est que par uneconnaissance provenant de lon-gues observations que l’on peut

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espérer “aimer” ces créatures quenotre culture nous pousse à rejeter et àdétruire. Avoir un jardin naturel peutnous permettre de mieux com-prendre, apprécier et protéger lanature en respectant ses habitants.

Et pourquoi ne pas faire rimer“culture” avec “protection de lanature” ? Depuis que l’homme a établi sa suprématie sur terre, le nombre d’es-pèces végétales et animales s’est considérablement appauvri, du fait, en particulier,de la réduction de leur habitat. Chacun peut apporter sa contribution en cultivantquelques plantes devenues rares (à condition bien sûr de ne pas les avoir prélevéesdans la nature) ou en offrant l’abri d’une haie ou d’herbes hautes à divers ani-maux.

Les enfants, chez qui l’amour de la nature est instinctif et sans réserve, leconserveront et le développeront à son contact. Il est donc important qu’ils puis-sent l’observer tous les jours chez eux, même sur un mouchoir de poche. Quellesjoies n’éprouvent-ils pas à la vue d’une plante, ou surtout d’un animal qui bouge !Apprenez-leur les noms des plantes et des animaux, observez avec eux. Ces “tra-vaux pratiques” de sciences naturelles vous apporteront beaucoup de plaisirpartagé. Le côté merveilleux du jardinage est encore plus fort quand onpermet à la nature de s’exprimer : il est excitant de découvrir chaque année lessurprises que nous offre notre jardin, en changement constant... comme la nature.

Dans la vie moderne, le jardin peut jouer un rôle important car c’est un excellent“antistress”. Il implique un effort physique, procurant une saine fatigue, qui manquetrop souvent au citadin sédentaire. C’est une forme de relaxation mentale, voirede méditation, qui permet de se distancer un peu des soucis de la vie par un contactavec des réalités essentielles, avec la terre. On ne voit plus le temps passer...

Le jardin naturel est par excellence un lieu de détente, où venir se rechargerau contact de la terre et des plantes. Il permet d’avoir chez soi un coin de nature, où l’on peut se régénérer, se ressourcer, lorsque le besoin s’en faitsentir. Ce jardin harmonieux dégage une atmosphère de poésie et de paix, quinourrit notre être intérieur.

“Jardiner nature”, c’est aussi faire des économies en produisant soi-mêmeune partie de sa nourriture, et soigner sa santé en consommant des légumes etdes fruits de qualité. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche

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médicale) a indiqué au vu de nombreuses analyses comparatives que « la fertilisa-tion organique tend à induire des teneurs plus élevées en certains minéraux(phosphore, magnésium, fer) et à abaisser d’environ 50 % la teneur en nitrates des légumes ». Il n’est d’ailleurs besoin d’aucun test scientifique pour goûter ladifférence... Nous ferons aussi l’économie non négligeable d’engrais et de produitsphytosanitaires.

Et puis, “jardiner nature” est tout simplement plus facile et moins fatiguantque de jardiner de façon classique. Car traditionnellement, le jardinier veut avoir lecontrôle absolu sur tout ce qui se passe dans son “domaine”. Il doit donc se battrecontre les adventices, contre les animaux “nuisibles”, tondre cette herbe quipousse trop vite, tailler ses arbres pour qu’ils produisent une abondance de fruits –qu’il ne pourra sans doute pas tous consommer avant qu’ils ne pourrissent... Sil’on adopte une autre façon de voir les choses et que l’on travaille en parallèle avecla nature, plus près de ce qu’elle ferait, on se facilite la vie !

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POUR UN ÉLARGISSEMENT DE NOTRE PENSÉE

DANS UN MONDE EN CHANGEMENT

Mais “jardiner nature” ne va pas sans problème : il faut pouvoir penser diffé-remment. Le “fouillis” apparent de la nature n’est pas facile à accepter. Parexemple, le Parc national suisse dans les Grisons, qui n’est plus exploité en tantque forêt depuis 1914 et qu’on laisse se régénérer lui-même provoque parfois desréactions de la part des visiteurs, qui sont choqués par la végétation luxuriantejonchée d’arbres morts tombés au hasard. Et pour tant, ils “aiment la nature”.

Nous devons adopter une attitude nouvelle, qui risque d’attirer des critiques.Prenons l’exemple des friches, dont le seul nom fait frémir tant de monde. Il fautoser se rendre à l’évidence : c’est tout simplement la nature qui s’exprime ! Lesterres en friches se régénèrent suivant des processus naturels, dont il est passion-nant de suivre l’évolution.

Les botanistes le savent bien. Un terrain laissé à lui-même va se couvrir deplantes, différentes suivant le climat et le sol, et devenir une prairie, où quelquesplantes ligneuses ne tarderont pas à apparaître. Des prunelliers, des églantiers etd’autres épineux vont y pousser, ce qui dérange généralement le commun desmortels qui n’y voit que stériles broussailles. Mais, au bout de quelques années, depetits arbres aimant la lumière s’y développeront. Ils grandiront et à leur ombrepourront pousser d’autres essences qui donneront enfin, au bout de plusieursdizaines d’années, voire davantage, une véritable forêt sauvage dite “climacique”.Celle-ci se perpétuera semblable à elle-même tant que le climat ne changera pas...ou que l’homme ne la détruira pas !

Il est courant de parler d’un terrain “sale” lorsque les adventices y poussent ou que la nature s’y réinstalle après des cultures. Soyons conscients que ce n’est qu’une façon anthropocentrique de voir les choses. La nature ne présente jamais dans nos régions de parcelles de terrain nues ou couvertes d’uneseule espèce.

Il faut faire preuve d’une grande souplesse d’esprit pour accepter que lanature s’exprime chez soi sous forme de “mauvaises herbes” ou même par desmaladies des plantes, significatives d’un déséquilibre. Nous devons égalementadopter un nouveau comportement vis-à-vis des animaux, car ceux que l’onnomme “nuisibles” ne le sont pas toujours. Ils ne le deviennent que lorsqu’ils sontprésents en trop grand nombre, du fait d’un déséquilibre que nous pourrons

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apprendre à corriger. Autrement, ils font simplement partie de la chaîne alimentaireet sont donc utiles de ce fait. D’une façon générale, le maintien ou le rétablissementdes processus et des cycles naturels est favorable à l’équilibre du jardin.

Il est important de ne pas être obsédé par le rendement et la recherche delégumes énormes ou de fruits parfaits. En “jardinant nature”, nous ne produironspeut-être pas autant de légumes classiques que par les méthodes traditionnelles,

mais nous en aurons de toute façon ensuffisance. Et il faudra y ajouter toutesles adventices comestibles, les petitsfruits de la haie, certaines des plantesde la prairie. Avec notre conception, cene sont pas seulement le potager et leverger, mais tout l’espace qui peut êtreproductif.

Nos fleurs seront sans doute moinsgrosses, mais nos bouquets plus variés.Nos fruits seront peut-être plus petits,mais ils auront bon goût ! Ce quicompte surtout, c’est de trouver unéquilibre entre l’effort investi, leplaisir retiré, la production obtenue etsa qualité gustative. Ce qui peut êtredifférent pour chacun.

Encore une fois, ce changement dementalité, tellement contraire à ce quenous avons toujours appris, ne peutprovenir que d’une observationpatiente, qui nous permettra de mieuxcomprendre la complexité de lanature. Le processus est long et diffi-cile mais passionnant. Quoi qu’il ensoit, “jardiner nature” rime aussiavec “aventure”. Et n’est-ce pas jus-tement ce dont nous manquons dansnotre monde actuel, de plus en plusstéréotypé et stérilisé ?

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JARDINER AU NATUREL, C’EST QUOI ?

“Jardiner nature”, c’est créer et gérer un espace qui, tout en embellissant soncadre de vie et en fournissant une partie de sa nourriture, permet de reproduire unmilieu naturel favorable à l’équilibre de la flore et de la faune.

La base de cette démarche consiste à rechercher des plantes caractéristi-ques de la région, qui feront par exemple qu’un jardin à Marseille sera différentd’un autre à Nancy ou à Brest. Car si l’on peut considérer un jardin type, conve-nant à la plupart des lieux, il faut aussi penser aux cas particuliers : jardinméditerranéen, jardin de montagne, jardin de bord de mer, terrains très humides,rives d’un cours d’eau, etc., nécessitant chacun des plantes adaptées.

C’est pourquoi nous ne proposons pas ici un système rigide mais une vision géné-rale qui est, comme dans la nature, modifiable suivant de nombreux paramètres :climat général et saisonnier, sol, cultures pratiquées, souhaits de chacun par rapportaux récoltes désirées, à ses conceptions du jardinage, au temps disponible, à ses goûts,à sa sensibilité et à sa fantaisie personnelles. Il y a autant de façons de jardiner qu’il y ade jardins... et de jardiniers ! Un jardin naturel se construit progressivement etse modifie chaque année, en prenant toujours un nouveau visage.

Adopter le plus possible de plantes natives offre de nombreux avantages,ne serait-ce que parce qu’elles sont adaptées depuis des millénaires aux conditions de sols et de climats de nos régions. Et si les grainetiers et les pépinié-ristes proposent avant tout des plantes d’origine exotique, on trouve de plus enplus de végétaux indigènes dans leurs catalogues.

Ne tombons pas non plus dans l’excès qui consisterait à bannir de notre jardintout ce qui n’est pas natif de nos régions. Certaines plantes exotiques sont trèsintéressantes, voire indispensables. Le buddleia qui attire les papillons, le tournesoldont raffolent les oiseaux granivores ou la bourrache mellifère aux étoiles d’azuren sont de parfaits exemples.

Plantez la plus grande variété possible de végétaux. C’est ce qui se passedans la nature, et nous en avons également besoin. En ce qui concerne notre ali-mentation, ce sera l’occasion de découvrir des saveurs nouvelles. Et plus lecontenu de notre assiette sera varié, plus notre pensée sera large.

Dans le jardin naturel, tout n’est pas nécessairement semé, réglé parl’homme. Par exemple, les “mauvaises herbes” alimentaires sont récoltées pourêtre consommées. Elles pourraient très bien être classées parmi les légumes. Dans

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certains cas (par exemple la mâche, le souci, l’onagre, le tournesol, la bourrache, lecoquelicot), on laisse les plantes vivre jusqu’au bout et redonner leurs semences àla terre et aux oiseaux.

Il est important d’offrir aux animaux un milieu aussi naturel que pos-sible où ils puissent vivre. Par exemple, laissez des espaces en prairie. Les hautesherbes font “sale” et vous inquiètent peut-être un peu, mais elles protègent lafaune. Les animaux vous seront plus reconnaissants de ce simple fait que de toutessortes de bonnes idées plus compliquées à mettre en pratique. Plutôt que d’offrirdes nichoirs aux oiseaux, il est préférable de planter des arbres et en particulier deshaies, qui leur fourniront abri et nourriture. Toutes les zones touffues, que l’on“nettoie” habituellement, servent de refuge à la faune sauvage.Vous pouvez multi-plier facilement les lieux d’hébergement des animaux avec une simple tuilerenversée, une flaque d’eau, un mur décrépit (voir p. 160).

Dans votre jardin, essayez de créer des habitats naturels typiques de votreenvironnement immédiat, utiles à la vie sauvage locale, plutôt que des tour-bières ou des rocailles qui ne se trouvent qu’en montagne. Ceci vous demanderad’observer la nature autour de vous, ce qui en vaut la peine. En France, on compteun million d’hectares de jardins contre 350 000 hectares de réserves naturelles etde parcs nationaux. Les jardins ont donc un rôle extrêmement important à jouerdans la protection de la nature, bien qu’ils ne puissent remplacer de plus vastesespaces naturels du fait de leur petite taille et de leur morcellement.

Essayez de reproduire la variété extraordinaire de la nature : dans une simpleprairie, on peut compter facilement une cinquantaine de plantes différentes. Dansnotre jardin, nous en avons dénombré plus de 200, y compris les légumes et lesfleurs (cultivés) et les adventices (sauvages). Et lorsqu’il y a une grande variété deplantes, une grande diversité d’animaux s’en nourrit.

Mais il ne s’agit pas de vivre dans une jungle inextricable. Dans votrejardin, le sauvage et le cultivé, l’exotique et l’indigène se compléteront et s’équili-breront. Jouez le contraste entre des coins de pelouse bien tondus et des endroitsde végétation exubérante (lisière, prairie, bord de mare...). Même dans un petitjardin de poche, la nature est présente et peut être développée. On créera facile-ment plusieurs biotopes sur une petite surface.

Attention cependant, faire venir la nature dans son jardin n’a pas que des avan-tages. Par exemple, si vous avez beaucoup d’oiseaux, vous risquez de voirdisparaître vos premières cerises sous vos yeux ! À moins d’utiliser des filets de

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protection, ce qui complique les choses... Par contre, un bon équilibre naturelpermet d’héberger les prédateurs de nombreux parasites des cultures et ainsi delimiter ces derniers.

Il est souvent difficile pour des gens actifs de trouver le temps de jardiner.Notre conception comporte une partie de “laisser-faire”, ainsi qu’un certainnombre de “trucs” simples détaillés au cours de ce livre. Tout cela vous permettrade créer un jardin plein de ressources et d’intérêt, même si vous n’y consacrez quequelques heures le week-end. Mais n’ayez pas non plus les yeux trop grands –c’est peut-être la plus grande erreur des débutants – et sachez limiter votre sur-face. D’ailleurs même un carré entre deux immeubles, une terrasse ou un largebalcon peut devenir un jardin naturel digne de ce nom.

Attendez-vous à ce que vos voisins ne trouvent pas autant de charme que vousà votre jardin plein de “mauvaises herbe”. Mais jardiner nature, c’est aussi oser !Essayez alors d’entamer le dialogue et d’échanger des idées avec les jardiniers devotre entourage. S’ils vous imitent, la flore et la faune de vos jardins pourront êtred’autant plus abondantes et variées.

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JARDINER AU NATUREL, C’EST FACILE !

Pour celui qui n’a pas de préjugés (il faut savoir apprécier un certain dés-ordre), le jardinage naturel doit être simple et spontané. Mais il est égalementimportant de planifier son jardin, qu’il faut savoir diriger de façon plus subtile etintuitive qu’en jardinage classique, afin de réaliser l’indispensable équilibre entresauvage et cultivé.

Ne vous inquiétez pas si vous pensez ne pas avoir la “main verte” : cela viendraau fil des ans. Avec le temps, le jardin deviendra lui-même votre guide et vousapprendrez à sentir ce qui s’y passe. Il est certain qu’un jardinier expérimentérécoltera davantage qu’un débutant sur la même surface parce qu’il pratiqueramieux les rotations, les associations de légumes, qu’il éclaircira au meilleurmoment, etc. Mais ce n’est pas grave si vous n’en obtenez pas autant. Vous n’enavez probablement pas vraiment besoin et ce qui compte avant tout, c’est leplaisir que vous procurera votre jardin.

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Page 16: Jardinez au naturel - eyrolles.com · FRANÇOIS COUPLAN & FRANÇOISE MARMY Jardinez au naturel Le jardin bio facile 001-169-JardinezNat-BAT4 25/02/09 15:01 Page 3

Le jardinage naturel est plus facile et moins exigeant que le jardinage classiqueet que certains types de jardinage biologique mettant en œuvre des techniquessophistiquées ou demandant de suivre de façon précise des méthodes compli-quées. Mais ne rêvez pas, les choses ne se font pas toutes seules. Il ne s’agit pas detout laisser aller. Le jardinage naturel exige de la rigueur dans l’observation etdans sa mise en pratique. Et comme tout exercice physique, il demande desefforts, d’autant plus que nous utilisons peu de machines.

À PROPOS DE CE LIVRE

Cet ouvrage s’adresse à toutes les personnes qui veulent faire entrer lanature dans leur jardin. Il est particulièrement destiné aux novices qui n’osentpas se lancer parce qu’ils pensent que le jardinage est trop compliqué, et à tousceux qui n’ont pas l’envie ou la possibilité d’y consacrer trop de temps. Il ne s’agitpas d’un manuel technique détaillé, mais d’une approche simple et pratiquepermettant à n’importe qui d’acquérir rapidement les notions de base nécessairespour jouir du plaisir du jardinage et des fruits de ses efforts modérés. Les jardi-niers déjà confirmés y trouveront sans doute des idées pour ouvrir leur jardin à lanature... tout en se simplifiant la vie.

Ce livre est divisé en plusieurs sections. « Bien démarrer » explique com-ment concevoir son jardin après avoir décrit ce qui s’y passe. « La conduite du jardin » indique les outils nécessaires, les techniques de base, ainsi que les soins àapporter au sol et aux plantes. « La faune » présente les animaux qui élirontdomicile dans votre jardin naturel. « Le guide du créateur de jardin naturel »décrit tout ce qui concerne le jardin d’ornement sauvage, le jardin d’herbes,le potager, le verger, la haie, la pelouse, la prairie, la mare et la serre, avec des listes de plantes à utiliser. « L’herbier » présente sous forme de fiches illustrées250 plantes sélectionnées parmi les plus importantes pour réaliser son proprejardin naturel. Enfin, on trouvera dans les annexes diverses adresses utiles, unglossaire auquel vous reporter si vous ne connaissez pas un mot technique, unebibliographie et les index français et latin des plantes présentées.

Il faut faire attention aux noms communs des plantes. Le “coucou” ou la“bruyère” par exemple peut désigner une dizaine de plantes de nos régions, diffé-rent par leur taille, la couleur de leurs fleurs, leur période de floraison... On seréférera donc dans la mesure du possible aux noms latins, plus précis !

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