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La revue de l’Espace des sciences www.sciences-ouest.org n°305 JANVIER 2013 Réalité virtuelle L’archéologie prend une nouvelle dimension Politique commune des pêches LA RÉFORME DÉCRIÉE Politique commune des pêches LA RÉFORME DÉCRIÉE

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La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°305 JANVIER 2013

Réalité virtuelle L’archéologie prendune nouvelle dimension

Politique commune des pêches

LA RÉFORME DÉCRIÉEPolitique commune des pêches

LA RÉFORME DÉCRIÉE

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La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org n°305 JANVIER 2013

Réalité virtuelle L’archéologie prendune nouvelle dimension

Politique commune des pêches

LA RÉFORME DÉCRIÉEPolitique commune des pêches

LA RÉFORME DÉCRIÉE

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À L’ESPACEDES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7GÉRARD BAVOUZET, chercheur en technologie halieutiqueUne interview non scientifique 22

JANVIER 2013 N°305 SCIENCES OUEST3

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVES

CE QUE JE CHERCHEPar MARJOLAINE SIMON,microbiologiste « La molécule que je cherche pourrait aider à lutter contre des bactéries infectieuses » 4

DES PRODUITS EMBALLÉS PAR LA RECHERCHE 4L’OCÉAN N’EST PAS UN FLEUVE TRANQUILLE 6UNE SURFACE TRÈS SOPHISTIQUÉE 7

DÉJÀ DEMAIN LES ACTUS

L’ARCHÉOLOGIE PREND UNE NOUVELLEDIMENSION 8

DES CHAMPIGNONS BIEN CLASSÉS 9

LE DOSSIER

COUVERTURE © JACQUES LE MEUR

© SCAPÊCHE

n°305 JANVIER 2013

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

La Maison de la Mer à Lorient est née quatre ansaprès la première Politique commune des pêchesde 1983. Nous avons donc été témoins, dès ledébut, des profondes mutations que le secteur despêches a subies sur notre territoire breton.Le projet de réforme de la PCP proposé par laCommission européenne est en cours denégociation et devrait entrer en vigueur en 2014. Il répond à des enjeux majeurs tels que lapréservation des ressources halieutiques, ladurabilité de l’activité des pêches, la garantie de

produits de la mer sains et de qualité. Ses impactssont environnementaux, économiques, sociaux etterritoriaux.Ce dossier permet d’analyser et de comprendre la complexité de la pêche et de sa gestion :l’évolution des pratiques des pêcheurs, les travaux de recherche et de suivi pour préserver la ressource, la pression des organisationsenvironnementales pour influencer les décideurspolitiques et les opinions citoyennes.

GUY DANICPRÉSIDENT DU CCSTI-MAISON DE LA MER

Une ressource menacée ? Vrai ou faux

© DR

LA PÊCHE SOUSHAUTE TENSION 10 à 18

LES CHERCHEURS AUSSI À BORD 14

LUTTE DANS LES EAUX PROFONDES 15

PÊCHE SPÉCIALE GROS POISSONS ! 15

LES PÊCHEURS SONT SUR LE PONT 16

ENTRE LOBBYS ET DÉMOCRATIE 17

ÉCOLOGIE : AMIE DES POISSONS ? 17

CONSTRUIRE LA PÊCHE DE DEMAIN 18

© DR

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V ous n’y avez sûrement jamais songéen déballant votre barquette d’esca-lopes de dinde, mais l’air entre les-

dites escalopes et le plastique qui lesrecouvre n’est pas commun ! C’est uneatmosphère modifiée, comme cela est men-tionné sur l’étiquette. Cela signifie que lesindustriels ont savamment dosé la quantitéd’azote, de dioxyde de carbone ou d’oxy-gène qui composent cette atmosphère, afinde limiter au maxi-mum le développe-ment de bactériespathogènes ouresponsablesd’altération.Mais pouréviter que ce gaz nes’échappe,il faut desplastiquesi m p e r -méables.O r c e sdernierssont sou-vent peubiodégrada-bles, ou peu recycla-bles.L’association Adria(1) a donc lancé, en jan-

vier 2011 le projet Map’opt(2), qui s’intéresseà cette problématique pour les aliments quine “respirent” pas : viandes, fromages, pro-duits de la mer ou plats préparés. « Nousespérons pouvoir fixer un cahier des chargessur la perméabilité des emballages, expliqueDominique Thuault, responsable du projet,qu’il a présenté le 27 novembre dernier lorsd’un colloque sur le gaspillage alimentaire,à Rennes. Pour éviter de faire trop barrièrelorsque c’est inutile, pour les aliments à duréede vie très courte, par exemple. Et à terme, nousespérons pouvoir développer des films plus faci-lement recyclables. »

Côté atmosphère, des scientifiques deMontpellier, partenaires du projet, ont misen place une méthode pour mesurer la solu-bilité des gaz dans les aliments. « Dans unetranche de viande, les bactéries ne peuvent sedévelopper qu’en surface, contrairement à unsteack haché. Dans ce dernier le gaz doit se dif-fuser au cœur du produit. L’atmosphère n’aurapas la même composition selon les cas. »Le logiciel Sym’Previus, développé notam-

ment par Adria, permetaussi d’étudier

les effetsdes gaz, enpar t i cu -lier l’oxy-gène, surla vitessede crois-sance desbactériesen fonc-tion del’aliment,des taux de sel, desucre. Et lelaboratoireLubem(3) àQ u i m p e rexplore les effets

du CO2 sur différents organismes, en fonc-tion de sa quantité, des autres gaz présents.« In fine, nous pourrons évaluer la durée de viedes produits en fonction des films utilisés et desgaz injectés. Pour réduire l’usage des conserva-teurs, par exemple, diminuer le taux de sel, quiagit comme un conservateur et éviter le gaspil-lage alimentaire en augmentant la durée de viedes produits. » Le projet devrait se poursui-vre jusqu’en 2014, année européenne de lalutte contre le gaspillage alimentaire.(1)Adria : Association pour le développement de la recherche appliquéeaux industries agricoles et alimentaires. (2)Projet financé par l’Agencenationale de la recherche. (3)Lubem : Laboratoire universitaire debiodiversité et écologie microbienne-Université de Bretagne Occidentale.

Rens. : Dominique Thuault, [email protected]

Améliorer les emballages et les atmosphères protectricesdes produits frais permettrait d’éviter le gaspillage.

Des produits emballés par la recherche«La molécule que je cherche pourrait aider à lutter contre des bactéries infectieuses »

CE QUE JE CHERCHE

MARJOLAINE SIMONMICROBIOLOGISTE

Déjà demain

«

4 SCIENCES OUESTN°305 JANVIER 2013

Je cherche à isoler une moléculesecrétée par une bactérie marine dugolfe du Morbihan. Cette molécule - ou ces molécules, car elles sont

peut-être plusieurs - agit sur le comporte-ment des autres bactéries. Lorsqu’elles seregroupent, les bactéries forment une struc-ture particulière : biofilm, et produisent unesorte de mucus. La molécule que je chercheinhibe la formation de ce biofilm ! Cela peutêtre intéressant pour lutter contre certainesbactéries responsables d’infections, car il lesprotège des antibiotiques. Je m’intéresse donc au fonctionnement

de cette inhibition sur différentes souchesde Pseudomonas aeruginosa, une bactérieconnue pour causer des infections trèsgraves chez les patients atteints de muco-viscidose, ou chez les personnes dont lesdéfenses immunitaires sont très faibles.D’un côté, j’étudie ces souches et surtout lescaractéristiques de leur biofilm. De l’autre,sur des lames de verre, je les mets en pré-sence de toutes les molécules produites parma bactérie marine. Au microscope confo-cal à balayage laser, je compare commentse forment les biofilms, de quelques micro-mètres d’épaisseur, avec ou sans moléculesactives. Et j’observe des différences, plus oumoins marquées selon les souches ! En identifiant les molécules actives et leur

mode d’action, nous pourrions comprendrecomment dégrader les biofilms pour facili-ter l’action des antibiotiques, voire empêcherleur formation, et ainsi éviter les infectionschroniques. »

PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEY

Rens. : Marjolaine Simon Tél. 02 97 87 45 [email protected]

© DR

Marjolaine Simon est endeuxième année de thèse au laboratoire debiotechnologie et chimiemarines à l’Université deBretagne Sud, à Lorient.

Le poster qu’elle a réalisé pourprésenter ses recherches aremporté un prix décerné pardes lycéens lors des Doctoriales,qui se tenaient à Lorient du 3au 7décembre dernier.

LES ÉCHOS DE L’OUEST

LES COMPOSITES HAUTESPERFORMANCES SUR UN PLATEAU� Le Conseil régional de Bretagne apporte un soutien financier de 385000 euros à lacréation d’un plateau technique mutualisédédié à la production de composites hautesperformances. Porté par l’Université deBretagne Sud, ce projet concernera aussi desentreprises.Rens. : www.univ-ubs.fr

UNE RENNAISE PRÉSIDE L’OBSERVATIONDE LA TERRE� Laurence Hubert-Moy, enseignante-chercheur au laboratoire Littoral,environnement, télédétection, géomatique del’Université Rennes2, vient d’être nommée àla présidence du comité Tosca qui rassembleles scientifiques français intéressés parl’observation de la Terre par télédétection.Rens. : www.cnes.fr

MATÉRIAUX NOMINATION

© FENG YU-FOTOLIA.COM

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© NASA

JANVIER 2013 N°305 SCIENCES OUEST5

UNE CONFÉRENCE DANS LE FINISTÈRE� Associés depuis 2010 autour des biosciences,les technopôles de Brest et Quimper, le pôleinnovation du Pays de Morlaix et Investir enFinistère ont organisé une conférence surcette thématique le 23 novembre dernier. Elle a permis de réunir 70 entreprises etorganismes de recherche autour desapplications en cosmétique et nutraceutique.Rens. : www.biosciencesenfinistere.fr

Des systèmesimmortels

REPÉRÉES, LES RAIES !� Cinq espèces de raies fréquentent les eauxcôtières de l’Atlantique et de la Manche. Depuisle printemps dernier, trois projets visent à mieuxles connaître. Deux concernent les pêcheries etle troisième, porté par l’Association pour l’étudeet la conservation des sélaciens, s’intéresse àla biologie de ces animaux. Des pêchesscientifiques sont organisées afin de mesurer,sexer et marquer certains spécimens avant deles remettre à l’eau. D’ici à 2014, 5000 raiesdevraient être concernées, afin de mieuxconnaître l’évolution des stocks et d’envisager desmesures de gestion adaptées, notamment pour la raie brunette, interdite de pêche depuis2009. Une campagne d’affichage a également été lancée pour informer les pêcheurs,professionnels ou amateurs. Rens. : www.asso-apecs.org

LA BRETAGNE NUMÉRISE SES FONDS� Le Conseil régional deBretagne va créer unebibliothèque numérique pourregrouper et mettre à dispositiondu grand public l’ensemble desécrits, photos, films et documentssonores dédiés à la région.Rens. : www.bretagne.fr

© IFREMER-SEBASTIEN PRIGENT

BIOSCIENCES NUMÉRIQUE

C es systèmes informatiques calculenteux-mêmes leur efficacité. Ils sontcapables d’analyser les possibilités d’ar-

chitectures, les comparent à leur situation dumoment et les adaptent en fonction de leursbesoins. « Dans le jargon, on les appelle lesmodels@runtime, explique Noël Plouzeau,membre de l’équipe Triskell d’Inria Rennes(1).On n’a pas besoin de les arrêter pour intégrerune nouvelle version : ils sont immortels. » Leschercheurs d’Inria ne sont pas à l’origine dece concept, mais ont apporté des améliora-tions qui facilitent les changements, notam-ment sur des systèmes distribués, comme lesréseaux de téléphonie mobile, ou les instal-lations domotiques. Ancien pompier volon-taire au Sdis 35(2), Noël Plouzeau a eu l’idéed’adapter ces travaux au système d’aide tac-tique utilisé par les soldats du feu. « Il s’agitpour l’instant d’un prototype qui fonctionne avecdes tablettes tactiles avec lesquelles on peut acti-ver le GPS, selon que l’intervention a lieu dehorsou non, ou d’autres capteurs permettant desuperviser la sécurité des intervenants... » En2013, l’équipe d’Inria compte poursuivre lestests sur le terrain, rechercher des partenairesindustriels et, pourquoi pas, intégrer des pro-jets européens pour développer le projet.(1)Triskell est une équipe Inria commune à l’Insa de Rennes, l’Universitéde Rennes1 et le CNRS. (2)Sdis 35 : Service départemental d’incendie etde secours d’Ille-et-Vilaine.

Rens. : Noël Plouzeau Tél. 02 99 84 71 [email protected], http://kevoree.org

VEOLIA OUVRE UN CAMPUS À BRUZ� Le 18 décembre, le groupe Veolia ainauguré son Campus Veolia Atlantique sur le campus de Ker Lann à Bruz, où il aégalement établi son siège régional. Cetteinstallation vient compléter l’offre déjàprésente à Saint-Herblain (44) pour accueillirdu personnel venant se perfectionner dansles métiers couverts par le groupe.Rens. : http://campus.veolia.fr

FORMATION

CAPTER DANS LES PROFONDEURS DE L’OCÉAN� Il plonge jusqu’à 3500 mètres de profondeur ! Le flotteur profilant Deep Arvor, destiné àmesurer la température et la salinité des océans, depuis la surface jusque dans les fonds,surpasse de 1500m les capacités des profileurs déjà installés en mer. Testés en août, le corpsen matériau composite et les progrès réalisés sur ses capteurs embarqués lui permettent de résister à une pression plus importante (jusqu’à 360 bars). Il a été mis au point par l’Ifremerde Brest, qui devrait transférer cette technologie à l’entreprise bretonne NKE. Les deuxpartenaires ont prévu de tester vingt-quatre flotteurs Deep Arvor en Atlantique Nord en 2014. Ces travaux sont réalisés dans le cadre du projet Equipex Naos, dont l’objectif est de renforcerla participation française au réseau international de flotteurs Argo. Aujourd’hui, 3000 flotteursfournis par plus de trente pays recueillent déjà des données dans l’ensemble des océans. Ces informations viennent en complément des mesures satellitaires, notamment pour prévoirle rôle de l’océan sur le climat de notre planète.Rens. : www.ifremer.fr

© P.-Y. LEBON-AGLIA

TROUVER LE BONSTAGIAIRE� Rennes Atalante vient desortir l’édition 2013-2014 deson guide des stages. Il recense près de 13500propositions émanant de 23 établissementsd’enseignement supérieurd’Ille-et-Vilaine, dont septnouveaux ainsi que lesjuniors entreprises quiproposent leurs services auxentreprises. Disponible enversion papier sur demandeà Rennes Atalante, il estconsultable en ligne. Rens. : www.rennes-atalante.fr

ILS S’ALLIENT POURSAUVER LE SAUMON !� Des chercheurs de l’Inrade Rennes et de l’associationbritannique Game andWildlife Conservation Trustont lancé, le 6 décembredernier, le projet européenMorfish. Il s’agit de mettre en commun les donnéesrecueillies depuis 30 ans surles migrations de saumonsde part et d’autre de laManche afin d’améliorer lapréservation de cette espèce.

Rens. : Jean-Marc Roussel Tél. 02 23 48 57 [email protected]

LA SCIENCE BRETONNE“IN ENGLISH”� Le portail InternetTechnosciences, qui recensedepuis un an tous leslaboratoires de recherches et les compétencesscientifiques ettechnologiques bretonnes,est désormais bilingue. Mis en place par l’Universitéeuropéenne de Bretagne, il est décliné en versionpapier, également enfrançais et en anglais !

Rens. : http://technosciences.ueb.eu

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Déjà demain

8 SCIENCES OUESTN°305 JANVIER 2013

E n chaussettes, affubléde lunettes pour lemoins imposantes, un

homme se balade sur unepetite scène, devant unevingtaine de collègues. Ilchange de direction, sepenche en avant ou regardele plafond. Il n’est pas acteurmais plutôt cobaye : il sebalade -virtuellement- dansune villa gallo-romaine bre-tonne grandeur nature.

Une réalité partie de rien

Nous sommes dans la salleimmersive de l’espace destechnologies innovantes,sur le campus de Beaulieuà Rennes (lire encadré ci-contre). Les chercheurs del’Irisa(1) et du centre Inria(2) yont présenté pour la pre-mière fois, le 6 décembredernier, le fruit d’un travailmené en collaboration avecdes archéologues. Sur le murface à la scène, le sol et leplafond sont projetées lesimages d’un site archéolo-gique exceptionnel : la villagallo-romaine du BourgSaint-Père, à Bais, en Ille-et-

Vilaine. Un petit miracle, caraujourd’hui, les bâtimentssont complètement arasés.

Granges et sanctuaires

Lorsqu’ils commencent àfouiller le site en juin 2009,les archéologues ne retrou-vent en effet que des fon-dations. Malgré cela, ilsconstatent qu’il s’agit d’undomaine complet, construitvers la fin du 1er siècle av. J.-C., juste après la conquêteromaine et occupé jusqu’au3e ou 4e siècle. « C’est uneexploitation rurale, détailleDominique Pouille, respon-sable du chantier(3), il y a larésidence du maître des lieux

et, un peu à l’extérieur, desgranges : la pars rustica dudomaine. Et l’on a aussi misau jour des sanctuaires, pro-bablement destinés à la collec-tivité. Tous les éléments d’undomaine type sont réunis. »

Toujours plus de réalisme

Pendant six mois, sur leterrain, les scientifiques pren-nent des mesures, établissentdes plans, relèvent des indicessur les matériaux. Ces don-nées minutieusement récol-tées permettent à leurcollègue, Gaétan Le Cloirec,de proposer une premièremodélisation du site. C’estelle que les informaticiens

ont adaptée aux contraintesde la salle. « Nous ne tra-vaillons pas avec les mêmeslogiciels, explique ValérieGouranton, enseignante-chercheur au centre Insa deRennes, qui a encadré ce pro-jet, il a fallu faire la transcrip-tion d’un langage à l’autre. »Le projet a soulevé des pro-blématiques différentes decelles amenées habituelle-ment par des industriels. « Nous avons modélisé unsecond site, un cairn situé surl’île de Carn dans le Finistère.Pour le commun des mortels, ils’agit d’un tas de cailloux. Lesarchéologues, eux, y voientdes ruptures de montage, desindices visuels que seul un œilexercé peut percevoir. Il a fallutravailler sur le réalisme pours’adapter à ces spécificités. »

Des couloirs assez larges !

Le résultat est un formida-ble outil de travail pour lesarchéologues. Le cairn del’île de Carn menaçant des’effondrer, ils peuvent envi-sager de poursuivre leurstravaux en sécurité dans sa

RÉALITÉ VIRTUELLE Des chercheurs ont reconstitué deux sites bretons en troisdimensions : un nouvel outil pour les archéologues.

En immersion totaleInaugurée le 20 juin dernier, la plate-forme de réalitévirtuelle Immersia est la troisième dont se dotent l’Irisaet le centre Inria de Rennes et l’une des plus grandes aumonde. Avec ses 9,60 m de long sur 2,95 m de profondeur,pour une hauteur de 3,10 m, et son système de projectionstéréoscopique, elle permet à ses utilisateurs, deschercheurs mais aussi des industriels, une immersiontotale. CDRens. : www.irisa.fr/immersia/

L’archéologie prend unenouvelle dimension

La vidéo www.espace-sciences.org/so/bais

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JANVIER 2013 N°305 SCIENCES OUEST9

C et outil n’est pas des-tiné aux cueilleurs de champignons. Il

s’adresse plutôt aux cher-cheurs qui travaillent sur laphylogénie, et s’appuient surdes fragments de séquencesgénétiques pour les classer.Car des champignons, il enexiste des milliers d’espèces,dont certaines ne sont pasvisibles à l’œil nu, et beau-coup sont inconnues. Lesséquences d’ADN sont dépo-sées, répertoriées, stockéespar les scientifiques et ren-dues librement accessiblesdans des banques de donnéesmondiales (GenBank, parexemple). « Mais le problèmeest que ces banques ne sontpas toujours fiables et compor-tent des erreurs », expliquePhilippe Vandenkoornhuyse,chercheur au laboratoire Écobio(1) à l’Université deRennes 1. Des erreurs deséquençage, ou bien d’inter-prétation.

Des séquences par milliers!

« C’est pourquoi nous avonseu l’idée et le besoin de créerune base de données expertequi soit la plus propre possible.Pour cela, nous avons com-mencé par nous concentrer surdeux gènes seulement, que l’on

retrouve chez tous les champi-gnons sans exception et quisont connus pour donner debonnes informations phylogé-nétiques. Nous avons été lesrécupérer dans les bases de don-nées mondiales existantes »,poursuit le chercheur. Ce quireprésentait déjà des dizainesde milliers de séquences dansleur panier ! Un premier fil-tre automatique a permisd’enlever toutes les séquencestrop courtes, incomplètes, ouencore les chimères, crééesartificiellement à partir dedeux séquences distinctes.

Explorer la biodiversité

Le deuxième nettoyage a été manuel. Il avait pourobjectif d’enlever lesséquences mal annotées,c’est-à-dire génétiquementcorrectes, sans erreurs, maismal classées. « Cette tâcheétait très importante. Elle aoccupé Stéphane Mahé, doc-torante au laboratoire, pen-dant près d’une année. À notregrande surprise, cela a éliminéencore 20 % des séquencesfiltrées. » Au final, environ10000 séquences non redon-dantes composent Phymyco-DB. « Elle nous permet d’allerexplorer la biodiversité incon-nue des champignons et d’éla-

borer petit à petit leur arbrephylogénétique. »Pour la construction et la

création de l’interface de labase de données, les cher-cheurs d’Écobio se sont asso-ciés aux bio-informaticiensde la plate-forme GenOuest,basée à l’Université deRennes 1(2). Ces travaux ontété publiés en septembre dernier(3) et Phymyco-DB estd’ores et déjà accessible enligne. « Nous avons pourambition de l’enrichir avecd’autres gènes. Au-delà del’approche évolutive, Phymyco-DB pourrait servir à faire del’identification, mais aussi del’analyse environnementale,pour étudier, par exemple, laréaction d’une communauté dechampignons face à un chan-gement donné : modificationde température ou de l’écosys-tème, pollution... » Mais enforêt, gardez toujours l’œilpour savoir s’ils sont comes-tibles ou non !

NATHALIE BLANC(1)UMR 6553 de l’Observatoire des sciences del’Univers de Rennes (Osur). (2)Laboratoire Irisa.(3)Dans Plos One. Phymyco-DB : A CuratedDatabase for Analyses of Fungal Diversity andEvolution.

copie virtuelle. Quant à lavilla de Bais, « ce premieressai nous a permis de confir-mer nos hypothèses sur larépartition des bâtiments,poursuit Dominique Pouille,la circulation dans le site et lesrelations entre les différentsespaces. Nous allons essayerd’aller plus dans les détails,d’entrer dans les bâtiments,d’ajouter du mobilier ou lescharpentes : même si on ne lesa pas retrouvées, nous savonscomment elles étaient fabri-quées à l’époque. » Les cher-cheurs de l’Irisa réfléchissentdéjà aux solutions pour inté-grer des objets et des person-nages dans ces lieux virtuels.Et à long terme, cela devraitpermettre aux archéologuesd’affiner leurs hypothèses, « sur d’autres constructions,mais également sur des pay-sages, ajoute Gaétan Le Cloi-rec, pour reconstituer la landed’il y a plusieurs milliers d’an-nées et comprendre le choixd’emplacement de certainssites, par exemple. »

CÉLINE DUGUEY

(1)Irisa : Institut de recherche en informatiqueet systèmes aléatoires. (2)Inria : Institut nationalde recherche en informatique et en automatique.(3)De l’Inrap : Institut national de recherchesarchéologiques préventives.

GÉNÉTIQUE Des chercheurs rennais ont créé une base de données permettant de classer précisément tous types dechampignons selon des marqueurs ADN.

Des champignons bien classés

CONTACTPhilippe VandenkoornhuyseTél. 02 23 23 50 [email protected]

CONTACTSDominique Pouille Tél. 02 23 36 00 [email protected]

Valérie Gouranton Tél. 02 99 84 22 [email protected]

© PHILIPPE VANDENKOORNHUYSE

Grâce à la réalité virtuelle, les archéologuespeuvent se balader dans la villa gallo-romainede Bais (ci-contre), alors que le site estaujourd’hui complètement arasé (ci-dessus) !© DR

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LE DOSSIER DE

La création de l’EuropeBleue en 1983 a fait suiteà l’institution, en 1977, deZones économiques exclu-sives (ZEE) de 200 milles(1)

par les États adhérents.Les zones de pêche del’Atlantique et de l’Europe

du Nord ont été placées dans le giron euro-péen, la Méditerranée étant exclue de ceprocessus. En 1982, il est précisé que les Étatsconservent leurs eaux territoriales, c’est-à-dire la bande des 12 milles.Cette nouvelle gouvernance européenne

a mis progressivement en place des modesde gestion des ressources de poisson. Danschaque zone, pour chaque espèce, elle a ins-

titué le régime des Totaux admissibles decapture (Tac), définis sur des bases scienti-fiques. Les États ayant une activité de pêchesur une zone donnée ont reçu une part dece total que l’on appelle quota. Ce dernierest ensuite attribué à leurs flottilles souscontrôle public.

Des marchés organisés

Le volet suivant de la Politique communedes pêches (PCP) a été l’organisation com-

mune des marchés dont l’aspect le plus visi-ble est la régulation à travers des prix mini-maux à la production et l’instauration d’unprix plancher : quand le prix de marchés’effondre, le pêcheur reçoit le prix minimalet le poisson peut être détruit ou stocké pourune commercialisation ultérieure. Troisième volet, la politique structurelle

a comme principal effet d’encadrer la flottepar des critères administratifs. Depuis unevingtaine d’années, la tendance est systé-matiquement à la réduction des prises pourlutter contre les surcapacités. Aujourd’hui,le renouvellement des bateaux est pratique-ment bloqué. Le dernier volet est l’actioninternationale qui a transféré à l’écheloncommunautaire la responsabilité de

LAPÊCHESOUSHAUTLANCÉE EN 1983 ET DÉJÀ RÉFORMÉE EN 2002, LA POLITIQUE COMMUNEDES PÊCHES PRÉPARE UNE NOUVELLE RÉVISION POUR 2014.

10 SCIENCES OUESTN°305 JANVIER 2013

Les zones de pêche de l’Atlantiqueet de l’Europe du Nord ont étéplacées dans le giron européen, la Méditerranée étant exclue de ce processus.

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HAUTETENSIONconclure des accords de pêche avec des paystiers. Ainsi, la flotte thonière française quiévolue dans l’océan Indien opère dans lecadre d’accords signés entre l’Europe et lespays riverains.

Retour à l’équilibre

Une première révision de cette politiquecommune, pensée pour une décennie, a étéréalisée en 2002. L’objectif était de favoriserun retour à une exploitation équilibrée desstocks. Depuis 2009, l’Union prépare unenouvelle révision qui entrera en vigueur cetteannée. La réflexion a été conduite à traversun livre vert sur le constat que la réformeprécédente n’a pas permis de rétablir l’étatdes stocks. L’explication se trouverait dansune certaine inertie des gouvernementsnationaux et des professionnels de la pêche. La Commission de Bruxelles a mis en

débat une série de propositions qui vont

P.14Les chercheursaussi à bord© JACQUES LE MEUR

P.16Les pêcheurssont sur le pont© JACQUES LE MEUR

P.18Construire la pêche de demain© JACQUES LE MEUR

JANVIER 2013 N°305 SCIENCES OUEST11

© SCAPÊCHE

Soucieux de défendrel’image de sa

profession, le Comiténational des pêches(CNPMEM) avait mis enplace un Observatoire de la filière pêche. Dans cecadre, il avait commandé à l’institut Ipsos une étudesur la perception desFrançais.89% des sondés ont unebonne image despêcheurs, image qui s’estfortement améliorée

depuis dix ans. 58% se disent attachés à ce secteur et 87%considèrent qu’il fait partiedu patrimoine national.77% (plus 10% parrapport à 2011) pensentque la pêche a fait desefforts en matière deprotection del’environnement. Ils sont 69% (plus 7%) à estimerque le secteur se montredavantage respectueux dela sauvegarde des espèces

menacées. Sur ces deuxderniers points, les sondésconsidèrent que lespêcheurs français sontlargement en avance surleurs collègues européens. Les impressions sontencore plus favorables surl’image des produits. Il existe une très grandeconfiance dans leur qualitéen général, avec unattachement particulier au “made in France”.

JLM

La bonne image des pêcheurs français