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ONCFS Maison de la Réserve Site de Chantecoq 51290 Giffaumont-Champaubert Tél. / Fax : 03.26.73.82.68 RESERVE NATIONALE DE CHASSE ET DE FAUNE SAUVAGE DU LAC DU DER ET DES ETANGS D’OUTINES ET D’ARRIGNY Inventaire et suivi de la population d'amphibiens autour des étangs d'Outines et d'Arrigny Suivi et rédaction : LPO Champagne-Ardenne La gestion de la RNCFS bénéficie d’un partenariat entre l’ONCFS et la LPO Champagne-Ardenne et du soutien financier de : Grenouille agile photo : Anne-Sophie GADOT ©

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ONCFS – Maison de la Réserve – Site de Chantecoq – 51290 Giffaumont-Champaubert Tél. / Fax : 03.26.73.82.68

RESERVE NATIONALE DE CHASSE ET DE FAUNE

SAUVAGE DU LAC DU DER ET DES ETANGS D’OUTINES ET

D’ARRIGNY

Inventaire et suivi de la population d'amphibiens autour des étangs d'Outines et d'Arrigny

Suivi et rédaction : LPO Champagne-Ardenne

La gestion de la RNCFS bénéficie d’un partenariat entre

l’ONCFS et la LPO Champagne-Ardenne

et du soutien financier de :

Grenouille agile – photo : Anne-Sophie GADOT ©

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1. INTRODUCTION

Le plan de gestion de la RNCFS du Lac du Der et des étangs d’Outines et d’Arrigny 2006-

2015, prévoit la réalisation d’un inventaire annuel des populations d’amphibiens (Se04 :

Etude complémentaire sur les amphibiens).

Cette action s’inscrit depuis 2008 dans le cadre plus large de celui du programme régional

amphibiens.

2. METHODOLOGIE

La méthodologie employée est celle préconisée par la Société Herpétologique de France

intitulée POPAmphibiens-communauté. Programme de portée nationale, il vise au suivi de

l’abondance des différentes espèces d’amphibiens avec pour objectif l’estimation et la

compréhension des changements de l’état de la batrachofaune française.

Le protocole a été modifié par rapport aux années précédentes (il s'inscrivait alors dans le

programme POPAmphibiens-Occurrence) dans un souci d'harmonisation avec le protocole

adopté à l'échelle régionale par toutes les structures naturalistes qui participent à l'effort

d'inventaire et de protection des batraciens.

L'analyse au niveau national se fait grâce au principe de recherche présence/absence. Les

résultats des prospections réalisées sur la réserve sont transmis sous cette forme à la

société herpétologique de France. Ainsi, les données recueillies permettent d'alimenter les

connaissances du réseau naturaliste à l'échelle nationale. L'analyse menée sur la RNCFS

essaie d'aller au-delà de la simple information présence / absence, mais de tenir compte,

dans la mesure du possible, de l'abondance des différentes espèces.

Pour la RNCFS, l’inventaire porte sur un réseau de 19 pièces d’eau situées en périphérie

des étangs d’Outines et d’Arrigny, en forêt de l’Argentolle et dans l’emprise du Lac du Der

(cf. carte 1). Leur nature, très différente, concerne des mares forestières et/ou de plaine, des

queues d’étangs, des fossés rivulaires ou encore des billons de prairies inondées. Le

nombre de pièces d'eau échantillonnées a diminué par rapport aux saisons précédentes,

passant de 24 à 19. Plusieurs stations peu attractives pour les batraciens ont été

volontairement laissées de côté afin d'optimiser l'inventaire (cf. tab. 1).

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2014 2015

aquaterarium mare MOP

Argentolle mare "salix"

bassin décantation la Pierre

Billon NE Forêt

Billon NW forêt

chantecoq mare

Coulon queue vers Bonde Landres

emprunt Grd Coulon mare forestière

étang Nabab Pré Pirquin

forêt Argentolle mare forestière

IIBRBS mare entre Der et Argentolle

La Vesve Grands parts mare

Landres prairie rive W

marais Landres queue d'étang

Nabab mare MOP

Noncerupt Der parc à Cheveaux

petit Coulon mare prairie

Poterne mare prairie

queue Forêt bonde Coulon

Reiser mare Landres (Buisson Renard)

SOS Der parc à Cheveaux

Travées Raymond Gd Coulon W

traverse ATN Landres Ouest

verger Coulon Forêt mare

Tableau 1 : liste des sites visités en 2014 et en 2015 (en bleu les sites inventoriés)

Notons que le creusement de sept nouvelles mares sur les terrains du Conservatoire du

Littoral permettra d'étoffer l'inventaire dans les années à venir. Creusées durant l'hiver

2014/2015, elles n'entrent pas dans les sites prospectées en 2015 en raison de leur création

trop récente.

L’inventaire repose sur trois sources d’informations, le chant, la présence de pontes et la

capture. Chaque station a été visitée 4 fois de mars à juin, un premier passage à lieu de jour

pour rechercher les pontes et faire un point d'écoute de 5 minutes autour de chaque station.

Ces prospections ont été réalisées courant mars. Ensuite, deux passages en mars et avril,

entre la fin de journée et de début de soirée (entre 19h00 et 00h00) sont dédiées à

l'échantillonnage par capture, grâce à la pose systématique de nasses pendant une durée de

l'ordre de 3 heures (jamais au-delà car il y a un risque de noyade pour les éventuels

individus capturés). L'opération de capture s'accompagne de prospection visuelle (à la

lampe) et d'un point d'écoute de 5 min). Plus tard en saison, une quatrième visite organisée

de jour, comprenant une prospection visuelle et un point d'écoute de 5 minutes. Ce dernier

passage, dédié aux espèces tardives comme le Sonneur à ventre jaune ou la Salamandre

tachetée, n'apporte que peu d'informations étant donné l'absence de ces deux espèces dans

le secteur de la réserve.

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L'analyse des résultats n'a été faites ici que sur les deux passages de mars / avril, avec pose

de nasses, afin d'autoriser la comparaison avec les résultats des années précédentes.

Chaque mare a fait l’objet d’une description de ses principales caractéristiques en 2013

(surface, ouverture à la lumière, pente des berges, nature de la végétation aquatique,

présence de poissons,…) détaillée dans le rapport 2013.

Un travail similaire a été mené en 2015 par l’EPTB sur les mares recensées sur son

emprise. Une homogénéisation de ces deux sources de données serait souhaitable.

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Carte 1 : répartition et dénomination des sites inventoriés sur la réserve

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3. RESULTATS

La réserve accueille sept espèces d'amphibiens, 4 anoures :

- La Grenouille rousse

- La Grenouille agile

- La Grenouille verte

- Le Crapaud commun

et trois urodèles :

- Le Triton crêté

- Le Triton alpestre

- Le Triton ponctué

Diversité des stations

Aucun site n’héberge les sept espèces d’amphibiens rencontrés sur la réserve (cf.

Figure 1 et carte 2). En 2015, plusieurs stations ont révélé la présence de 6 espèces

d'amphibiens : la mare forestière du bois de l'Argentolle, la mare entre Der et Argentolle

dites de l'IIBRBS, la mare de Noncerupt, dans l'emprise du lac réservoir au niveau du

parc à Chevaux, et la mare dites "Reiser mare Landres", au lieu-dit "Buisson Renard". Le

Crapaud commun n’a pas été découvert sur deux d'entre-elles, pour les deux autres, ce

sont respectivement, le Triton crêté et la Grenouille agile qui n'ont pas été observés.

On note la prédominance de la grenouille verte sur l’ensemble des mares. C'est l'espèce

la plus commune et on la rencontre sur toutes les stations.

En revanche, la diminution de la Grenouille agile est très nette par rapport à 2014 où elle

a été mentionnée sur le double de sites. Le nombre d'individus ou de pontes a quant à lui

été diminué par 5.

Cinq sites accueillent cinq espèces : la mare forestières du bois de l’Argentolle appelé

"mare salix", la cariçaie de la queue d'étang des Landres, et dans l'emprise du Lac du

Der, la mare située dans la partie nord de la prairie pâturée.

Les nouvelles mares créées en 2012 sur les prairies situées entre l’étang du Grand

Coulon et l’étang de la Forêt ont révélé la présence en 2015 de 4 et 3 espèces

différentes. La Grenouille verte domine largement en effectif, suivie par la Grenouille

agile. Plus intéressant est l'apparition du Triton crêté dans les deux plans d'eau.

On note plusieurs sites ou tant la diversité que l’abondance en amphibiens est faible

("Billon NE Forêt", "Billon NW Forêt", " aquaterrarium mare MOP", la mare de

Chantecoq, etc.).

Il est reconnu que la présence de poissons est défavorable aux amphibiens en raison de

la prédation sur les adultes et surtout sur les pontes. Huit des 19 sites inventoriés ont

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révélés la présence de poissons grâce à leur capture dans les nasses. Il s’avère que les

11 mares d’où la présence de poissons n’a pas été démontrée hébergent en moyenne

4,3 espèces d’amphibiens tandis que dans les 8 autres, cette moyenne chute à 2,7

espèces.

Les deux mares situées dans l’emprise du lac au niveau du « parc à Chevaux » qui se

démarquaient en 2014 par l’absence de tritons et l’abondance de crapauds communs,

offrent un inventaire à l'opposé en 2015. La date de la première visite en 2014

correspondait au pic de migration du crapaud commun, ce qui ne semble pas être le cas

cette année.

On retrouve donc une variabilité non négligeable d'une année sur l'autre qui montre que

l'échantillonnage devrait être plus important pour obtenir des résultats vraiment

comparables. Pratiquer les inventaires à dates fixes ne suffit probablement pas à un

échantillonnage efficace étant donné l'influence de la météo sur l'activité des amphibiens.

Une période froide et sèche par exemple, pourra bloquer toute activité même si elle

correspond à la période où habituellement les amphibiens sont les plus actifs.

Il faudrait multiplier le nombre de passages sur chaque plan d'eau afin d'obtenir un jeu de

données suffisant pour pouvoir évaluer véritablement les tendances évolutives de

chaque espèces.

Les toutes nouvelles mares, creusées dans l'hiver sur différents prairies du Conservatoire

du Littoral, n'ont pas été inventoriées.

Figure 1. Inventaire des stations accueillant tout ou partie des 7 espèces d’amphibiens

présentes sur la RNCFS Du lac du Der et des étangs d’Outines et d’Arrigny en 2015

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Carte 2. Répartition des 7 espèces d’amphibiens en 2015 sur les sites inventoriés

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La répartition des différentes espèces dans les deux groupes, anoures et urodèles, est la

suivante (cf. Figure 2) :

- Pour les anoures, ce n’est plus la Grenouille agile qui domine mais la Grenouille

verte, qui a été notée sur l’ensemble des plans d’eau inventoriés. La Grenouille agile

a été vue sur seulement la moitié des sites (47%). Le Crapaud commun occupe 16 %

des sites contre 38% en 2014 et 8% en 2013 ; il affiche donc une certaine variabilité.

La Grenouille rousse a augmentée : elle occupe 42 % des sites contre 25 %

précédemment.

- Les Tritons affichent tous une progression. Le Triton crêté est parmi les urodèles

l’espèce la plus répandue spatialement avec 63 % des sites occupés, le Triton

ponctué revient au niveau de 2013 avec 53 %. Le Triton alpestre passe de 21à 42 %.

Figure 2. Inventaire des stations utilisées par chaque espèce d’amphibiens sur la RNCFS de

Der et des étangs d’Outines et d’Arrigny (2015)

La diminution de la Grenouille agile semble se confirmer. Malgré la remontée des effectifs

comptabilisés en 2014, Elle est contactée sur moins de la moitié des sites, la valeur la plus

basse depuis 2010.

La Grenouille verte, affiche des variations assez marquées mais est abondante, avec en

moyenne une fréquence d’observation supérieure à 70% sur les cinq années de suivi. C’est

l’espèce la plus abondante sur la réserve.

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Le Crapaud commun se rencontre rarement durant les inventaires alors qu’il s’agit d’une

espèce très commune dans les bois de la réserve. Il est aussi moins facile à détecter que

bien d’autres espèces et se piège moins facilement que les tritons dans les nasses. Après

une augmentation en 2014, il revient en 2015 à une fréquence classique.

La Grenouille rousse a été détectée sur 8 des 19 sites, ce qui pourrait correspondre à une

progression.

Le nombre d'observations des trois espèces d'urodèles ont progressés. Ils atteignent tous

une fréquence plus importante. Mais on ne peut écarter l'effet induit d'un biais dû à l'abandon

des 5 sites les moins intéressants, dont aucun n'hébergeait de tritons en 2013. Cependant,

10 sites sur 24 ont donnés lieu à des observations d'amphibiens en 2014 contre 14 sur 19

cette année ; il y a donc bien une progression.

Le Triton crêté est, des trois urodèles présents sur la réserve, celui dont la fréquence

d’observation est la plus élevée (12 sites). Le Triton ponctué, montre une tendance à la

hausse.

1. CONCLUSION

Malgré quelques variations spécifiques, on note une certaine stabilité sur les cinq ans

d’inventaires entre les différentes espèces répertoriées sur la réserve.

En revanche, les résultats obtenus par les prospections en 2015 sont assez différents de

ceux obtenus jusque-là en ce qui concerne la répartition des espèces par site. Certaines

espèces notées en abondance en 2014 sur une mare donnée n'auront pas forcément

certifiée leur présence en 2015.

On retiendra une progression de toutes les espèces de tritons et une diminution accusée de

la Grenouille agile.