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Introduction aux Relations Internationales Semestre 2 Enseignant : M David GARIBAY Janvier – Avril 2009 [email protected] Introduction générale Le but est de comprendre à l'aide de concepts et de définitions les relations internationales. On éclairera l'actualité internationale afin de poursuivre en Licence ou même pour nos activités professionnelles futures. Suivre l'actualité et compléter le cours avec des lectures d'articles ou d'ouvrages est essentiel. Il ne faut pas hésiter à confronter les sources. Se procurer un manuel peut être utile. http://cartographie.sciences-po.fr Définition provisoire : Relations internationales au sens de relations qui concentrent deux ou plusieurs Etats (on devrait donc dire relations « inter-étatiques »), relations qui traversent les frontières de ces Etats. On ne parle pas de questions internes d'autres Etats. Exemple : Organisation des Nations Unies (car on ne pouvais pas l'appelée l'organisation des Etats-Unis). C'est ainsi qu'elles ont été pensées à l'origine bien qu'elles dépassent maintenant les relations entre Etats. A. Une analyse politique des relations internationales La science politique qui étudie les problèmes et les relations internes se penchent alors sur les rapports externes ce qui ne va pas sans poser de problèmes. Par exemple la violence n'a normalement pas sa place au sein d'un Etat et de sa politique alors que cela est complètement admis au niveau externe. Le premier cours de relation internationale est créé en Angleterre afin d'apprendre aux futurs élites d'un pays à résoudre les conflits internationaux sans faire la guerre. Seulement d'un point de vu scientifique il ne faut pas partir d'une considération morale mais au contraire y parvenir à partir de ses connaissances. En pensant la guerre comme quelque chose de mal il est impossible de tenter de la comprendre correctement. Vint ensuite une aspiration « pratique », Kissinger était professeur de relations internationales axé sur la décision politique avant de devenir ministre des affaires étrangères de Nixon durant la guerre du Viet-Nam de la même manière que C. Rice enseigne maintenant dans une Université. Cependant il faut manier ces relations entre universitaires et politiques avec précaution. Il y a aussi une difficulté de méthode dans la mesure où il n'est pas possible comme dans une Science d'établir des lois et de faire des prévisions. Nous allons donc nous situer entre la description des événement et la réflexion scientifique selon notre connaissance du réel souvent partielle, c'est à dire une formalisation de ce que nous savons (ou croyons savoir). 1/62

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Introduction aux Relations Internationales

Semestre 2 Enseignant : M David GARIBAYJanvier – Avril 2009 [email protected]

Introduction générale

Le but est de comprendre à l'aide de concepts et de définitions les relations internationales. On éclairera l'actualité internationale afin de poursuivre en Licence ou même pour nos activités professionnelles futures.

Suivre l'actualité et compléter le cours avec des lectures d'articles ou d'ouvrages est essentiel. Il ne faut pas hésiter à confronter les sources. Se procurer un manuel peut être utile.

http://cartographie.sciences-po.frDéfinition provisoire : Relations internationales au sens de relations qui concentrent

deux ou plusieurs Etats (on devrait donc dire relations « inter-étatiques »), relations qui traversent les frontières de ces Etats. On ne parle pas de questions internes d'autres Etats.

Exemple : Organisation des Nations Unies (car on ne pouvais pas l'appelée l'organisation des Etats-Unis).

C'est ainsi qu'elles ont été pensées à l'origine bien qu'elles dépassent maintenant les relations entre Etats.

A. Une analyse politique des relations internationales

La science politique qui étudie les problèmes et les relations internes se penchent alors sur les rapports externes ce qui ne va pas sans poser de problèmes. Par exemple la violence n'a normalement pas sa place au sein d'un Etat et de sa politique alors que cela est complètement admis au niveau externe.

Le premier cours de relation internationale est créé en Angleterre afin d'apprendre aux futurs élites d'un pays à résoudre les conflits internationaux sans faire la guerre. Seulement d'un point de vu scientifique il ne faut pas partir d'une considération morale mais au contraire y parvenir à partir de ses connaissances. En pensant la guerre comme quelque chose de mal il est impossible de tenter de la comprendre correctement.

Vint ensuite une aspiration « pratique », Kissinger était professeur de relations internationales axé sur la décision politique avant de devenir ministre des affaires étrangères de Nixon durant la guerre du Viet-Nam de la même manière que C. Rice enseigne maintenant dans une Université. Cependant il faut manier ces relations entre universitaires et politiques avec précaution.

Il y a aussi une difficulté de méthode dans la mesure où il n'est pas possible comme dans une Science d'établir des lois et de faire des prévisions. Nous allons donc nous situer entre la description des événement et la réflexion scientifique selon notre connaissance du réel souvent partielle, c'est à dire une formalisation de ce que nous savons (ou croyons savoir).

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B. Trois questions centrales

Des questions essentielles qui définissent ce dont on parle en science politique :

− il y a les questions internes− il y a les questions de politique externe− les relations internationales se situent entre les deux

1) La question de la division interne/externe (la frontière, comme définissant ce que l'on peut considérer comme des RI et qui n'en est pas, mais aussi comment aborder ce qui relève des RI...). Tout acteur ou processus qui traverse une frontière est parti prenante des RI.

2) Le lien conflit/coopération : des organisations internationales telles que l'ONU, les guerres etc... Est-il possible d'établir des règles communes à tous ?

3) L'articulation ordre/anarchie : existe-t-il un ordre international ? Un système international ? « La communauté internationale intervient à Haïti »... existe-t-elle ? S'il y a un ordre, un système, cela voudrait dire qu'il y a une logique, des structures qui déterminent et permettent de comprendre pourquoi les acteurs agissent comme ils le font or la grande majorité des auteurs considèrent qu'il n'existe pas un tel ordre politique international.

Premier axe : les relations internationales, un monde d'Etats ?

A) L'Etat en RI, définitions juridiques. La Souveraineté, le Territoire et la Politique.

1. La définition juridique de l'EtatLa définition de Nation évolue au fil des génération notamment du fait du débat de

la fin du XIXème siècle entre Allemand et Français. Pour Renan c'est la volonté de vivre ensemble tous les jours alors que Herder considère que tous ceux qui parlent allemand le sont => problème de l'Alsace

En revanche la définition de l'Etat est plus « figée » et fait l'unanimité : « l'Etat est une entité politique constituée d'un territoire délimité par des frontières, d'une population et d'un pouvoir institutionnalisé. »

Pour M.Weber l'Etat contemporain c'est celui qui détient « monopole de la violence physique légitime ». Mais avec succès cela ne doit pas être que théorique.

2. Les conditions d'existence d'un EtatTrois conditions objectives : territoire, population, gouvernement; et deux conditions

plus subjectives : souveraineté et reconnaissance. L'exemple de l'Union Européenne est donc source de conflit ou du moins de litige car la perte de souveraineté est acceptée.

Ces éléments sont nécessaires mais abstraits dans une certaine mesure il faut aller au delà et réfléchir sur le contenu et leur réalité.

• Territoire : défini par des frontières sur la terre, la mer et l'espace aérien (80km au dessus de la terre). C'est sur ce territoire que l'Etat a le monopole de la violence légitime. Les Etats garantissent la protection de l'action diplomatique.

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• La Population : les êtres humains sur lesquels s'exerce la souveraineté de l'Etat, il y a une différence entre nationaux qui ont des droits et des devoirs différents des étrangers. Peu importe le critère le principe de nationalité est universel en Relations Internationales (« lien juridique ayant à sa base un fait social de rattachement, une solidarité effective d'existence,d'intérêt, de sentiments jointe à une réciprocité de droits et de devoirs »).

• Un Gouvernement : une entité qui détient le pouvoir politique et exerce une autorité effective et exclusive sur le territoire et la population. La question de la légitimité de ce gouvernement ne concerne pas les RI, il s'agit d'une question interne. Au cas où il y ai plusieurs « gouvernements » sur un territoire qui fait sécession cela crée un vrai problème en RI, c'est pour cela qu'il y a deux conditions de réalisations.

• La Souveraineté, c'est à dire la capacité qu'a le gouvernement à exercer son autorité sur son territoire.

• La Reconnaissance : acte purement politique par lequel un Etat reconnaît l'existence d'un autre Etat. Elle est motivée essentiellement par des buts politiques faute de règles internationales. Le fait d'être membre des Nations Unies participent à cette reconnaissance mais cela ne suffit pas. Par exemple la question de Taïwan a fait débat entre 1949 et 1971, en effet le gouvernement de la Chine battu par Mao s'installe sur l'île et les Etats occidentaux ne reconnaissent pas la République Populaire de Chine. En 1970 ils se rapprochent de celle-ci et en 1971 le siège de l'ONU change entre les deux gouvernements et aujourd'hui seul 23 pays reconnaissent le gouvernement de Taïwan comme étant celui légitime en Chine. Israël pose aussi de gros problèmes (non reconnaissance par les Etats Arabes) tout comme le Kosovo.

3.Quelle réalité contemporaine ?L'Etat va avoir un nom, une frontière définie, un chef d'Etat et une série de

symboles comme l'hymne, la monnaie etc. Mais de nombreuses exceptions, plus ou moins significatives subsistent :

− La Grèce conteste le nom de la République de Macédoine− La Reine d'Angleterre est chef d'Etat d'une trentaine d'Etats (Canada, Australie,

Nouvelle-Zélande...)− Le drapeau est une situation très récente

Combien d'Etats ? L'OMC compte 150 membres, le FMI et la Banque Mondiale 184, les Nations Unies 192 (+ le Vatican en tant qu'observateur et un certains nombre d'organisations internationales et de territoires qui ont vocations à être décolonisés). Le CIO lui en compte 203 et la FIFA 207 (dont l'Ecosse, l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Irlande du Nord, la Polynésie Françaises et la Nouvelle Calédonie). La situation de l'Irlande du Nord est burlesque : aux JO ils sont dans l'équipe du Royaume-Uni, au foot dans celle de l'Irlande du Nord et au Rugby dans celle d'Irlande.

Un quart des Etats ont moins d'un million d'habitant et une taille inférieure à un département français, la moitié des Etats ont une population ou une taille inférieure à la région Rhône-Alpes. Cela ne pose pas de problème en sois mais les effets sur la capacité effective de ces entités sont parfois inquiétants. Par exemple la situation de la Palestine ou la Somalie sont quelques peu complexes. A cela s'ajoute les problèmes spécifiques comme les Kurdes d'Irak qui vivent de fait comme un Etat sans être reconnus comme tel depuis 1990 et la Guerre du Golf.

On a donc une norme (occidentale) internationale qui s'est imposée de partout depuis la création des Nations Unies en 1945 pas synonyme de pratique uniforme.

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B) La PuissanceLe terme de puissance est l'un des termes les plus utilisés en RI et on a tendance à

le confondre avec un Etat qui a de la puissance (on dira une grande puissance)1) Pouvoir et Puissance

En anglais le problème ne se pose pas (Power) mais dans beaucoup d'autres langues on a la distinction, c'est donc bien qu'il y a des différences. Les deux termes viennent du latin, le premier vient de potere : le fait de disposer des moyens qui permettent une action; la puissance politique à laquelle est soumis le citoyen. Le second vient de potestas : état d'une personne qui peut beaucoup, qui a une grande action; grand pouvoir qu'une personne exerce dans la vie d'une collectivité.

La distinction est difficile à faire en partant de ces définitions, on va donc les caractériser par leurs usages. Le premier sera employé pour la politique interne alors que le second servira pour les RI et est même un de ses concepts centraux.

Hans Morgenthau (1904-1980) est le père fondateur des Relations Internationales, il considère que « la politique internationale comme toute politique est une lutte pour la puissance ». Il pose trois questions à savoir celle :

• des Acteurs = Etats souverains (contrat Hobbes, aliénation d'une part de sa liberté contre la garantie d'une sécurité)

• des Modes d'action = Conflit, il y a une relation conflictuels entre Etats car pour conserver leurs souverainetés les Etats sont à l'état de Nature; ils vont avoir une politique de puissance pour décider et non pas pour se faire diriger

• de l'Ordre/Anarchie = absence d'Ordre, la course aux armements provoque un équilibre entre les puissances

A partir de là comment réfléchir sur ce qu'est la puissance ?C'est un acte intentionnel, il y a toujours la volonté d'obtenir quelque chose; et

relationnel, on s'impose sur quelqu'un d'autre. Il peut donc avoir trois manières de comprendre cette puissance :

1. A partir de ce que l'on a (power from) : possession et contrôle des ressources (naturelles, militaires...).

2. A partir de la capacité, de la volonté de s'en servir contre les autres (power on).3. A partir de ce qui influence le comportement des autres (power over)

2) Les critères de puissanceIl faut rechercher ce qui fonde la puissance, ce sera l'objet de recherches de

nombreux auteurs à commencer par Morgenthau qui parle des critères de puissance plus ou moins subjectifs (population, territoire, qualité et compétence de la diplomatie, capacité militaire, poids économique, stabilité...). Pendant longtemps on s'est arrête à cette définition en se contentant de classer ces critères par ordre d'importance.

Ex : Budget militaire européen et mondial ou le PIBLa Russie par exemple paraît invincible au vue de son étendue géographique (ex :

1814) mais ce même critère va poser problème à la Russie lors de la Première Guerre Mondiale (problème de communication et de ravitaillement). En 1941 les troupes allemandes sont défaites grâce à l'étendue de ce territoire.

De nos jours ce n'est pas tant le nombre de soldat mais la capacité technologique, de projection...

Un certains nombre d'auteurs remettent en cause cette vision en disant qu'on ne peut pas cumuler ces critères dans la mesure où ils sont liés entre eux.

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Paul Kennedy dans Grandeur et déclin des grandes puissances, affirme que la puissance économique peut conduire à des dépenses sociales, et donc moins de dépenses militaires, d'où une éventuelle fragilité externe : l'augmentation des dépenses militaires peut alors se faire aux dépens de la croissance économique et de la redistribution sociale. Les Etats-Unis entre 1945 et 1970 en sont l'exemple type. Tout n'augmente donc pas de manière simple et absolue en période de croissance.

3) La puissance comme une relation de forces situéesLes critères de puissance s'additionnent-ils ? A quoi cela sert-il d'avoir de la

puissance ?La question émerge de la comparaison entre les pays européens vainqueurs et les

perdants (Japon et Allemagne) qui dans les années 1970 rattrapent les autres sans pour autant devenir des puissances internationales. Il y a une hiérarchie de la puissance mais autonome selon les catégories (économiques, militaires...).

La puissance est-elle là pour s'en servir ou non ? Pour influencer les autres ? Pour imposer sa volonté ? Pour empêcher les autres d'agir contre nous (armes nucléaires) ?

On assiste à la stratégie de dissuasion, personne n'a attaqué une puissance nucléaire. De Gaulle en 1961, au début du programme nucléaire français disait: « Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu’on n’attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français, à supposer qu’il y eût 800 millions de Français ». Chirac poursuit en 2006 : l'utilisation de l'arme nucléaire est envisageable contre « les dirigeants d'Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient d'utiliser, d'une manière ou d'une autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre qu'ils s'exposeraient à une réponse ferme et adaptée de notre part. Cette réponse peut être conventionnelle, elle peut aussi être d'une autre nature ».

La capacité de décision d'un Etat n'est pas totalement libre car ils agissent dans un contexte donné influencés par les autres Etats.

Joseph Nue distingue hard power (on est les plus fort, on envahie l'Afghanistan et l'Irak) et soft power (capacité à influencer les Etats pour qu'ils fassent ce qu'on veut qu'ils fassent sans se rendre compte qu'on les a influencés). Par exemple les Etats-Unis allient les deux en influençant les Etats européens sur leur politique étrangère sous couvert de défense idéologique de la Démocratie.

Chaque époque a connu sa Grande Puissance :− XVIème : Espagne (commerce de l'or, dynastie...)− XVIIème : Pays-Bas (marine, commerce...)− XVIIIème : France (culture, administration et armée...)− XIXème : Royaume-Uni (industrie, marine de guerre...)− XXème : Etats-Unis (rayonnement culturel, leadership technologique et scientifique,

force militaire...)− XXIème : Etats-Unis (leadership technologique, développement économique et

militaire, centre de communications transnationales...)

Susan Strange (dans States and Markets) parle elle de puissance structurelle, c'est à dire la capacité de façonner et de déterminer les structures de l'économie politique globale au sein desquelles les autres Etats, leurs institutions politiques, leurs entreprises économiques et leurs scientifiques et autres experts qui doivent opérer.. Ce n'est pas la localisation de la capacité productive qui est importante mais la localisation des gens qui prennent les décisions.

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Elle définie quatre structures de puissance :• la structure de sécurité : la puissance consiste à fournir la capacité de protection contre les menace à d'autres• la structure financière : capacité à offrir, refuser, demander du crédit au niveau international• la structure de production : capacité à déterminer le lieu, le moyen et le contenu des activités qui visent à augmenter la prospérité (le développement économique et social)• la structure du savoir : capacité à influencer les idées et les croyances socialement légitimes et recherchées par tous, et à stocker et contrôler l'accès à ces connaissances

=> conférence en B209 mercredi 3 février à 19h sur les élections au Chili=> Stuff happens mars au TNP

C) Les Etats en compétition1. La politique étrangère, un domaine réservé au chef d'Etat conscient de l'intérêt

national.L'analyse des Etats en compétition consiste à comprendre le comportement des

Etats sur la scène internationale. C'est une politique spécifique (rationnelle) dans la mesure où elle serait réservée au chef de l'Etat conscient de l'intérêt national. Machiavel dis dans Le Prince : « j'estime qu'il peut être vrai que la fortune soit maîtresse de la moitié de nos œuvres, mais de même elle nous en laisse gouverner à peu près la moitié ».

La politique étrangère est conçut comme un ensemble de décisions intentionnelles entreprises par l'autorité politique en vue de maximiser ses objectifs dans un environnement donné. C'est à dire analyser cette décision et en arriver à la conclusion qu'elle sera celle qui parviendra le plus à ses objectifs.

Raymond Aron étudie les acteurs de la politique étrangère et en distingue trois :

• le chef d'Etat (celui qui décide), c'est une politique extrêmement personnalisée sur une seule figure même en démocratie

• le diplomate (celui qui exécute et parle au nom de l'Etat en matière de politique étrangère)

• le soldat (celui qui exécute au nom de l'Etat lorsque le diplomate échoue), c'est la guerre

C'est donc simple, il suffit pour faire des RI de se mettre à la place de l'Homme d'Etat qui a pris la décision. Ex : je suis Georges W. Bush, je peux envahir l'Irak, convaincre les français... Pour H. Morgenthau (Paix et guerre entre les nations) : « se placer dans la situation de l’homme d’État qui doit faire face à un certain nombre de problèmes de politique étrangère » et se demander « quelles sont les alternatives rationnelles parmi lesquelles un homme d’État, confronté avec ce problème et dans ces circonstances peut opérer un choix et laquelle de ces alternatives rationnelles cet homme d’État particulier, agissant dans ces circonstances, est capable de choisir ».

Dans cette vision là tous les chefs d'Etat et de gouvernement poursuivent l'objectif de renforcer la puissance de leur Etat quelque soit cet Etat. Cela suppose que l'on soit dans un environnement international anarchique et que le chef d'Etat agisse rationnellement. Si ce postulat s'avère juste et global alors cela voudrait dire dans cette vision que :

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• la politique étrangère est toujours portée par la même vision, elle est indépendante de variables internes (vie politique, clivage des partis...), il n'y aurait pas de politique de DdH ou autre : high politic (« pas de moral pour les monstres froids »)

• la politique étrangère est toujours décidée par le souverain (le chef d'Etat), (« Le souverain c'est celui qui décide en situation de conflit en quoi consiste l'intérêt de l'Etat » Carl Schmitt)

Dans cette vision on considère que les Etats sont toujours susceptibles d'être en conflit et dès lors il faut donner au souverain la possibilité d'agir en RI. Toutes les Démocraties Occidentales ont une sorte « d'Etat d'urgence » lorsque la stabilité interne est menacée. Ex : article 16 de la constitution française. En politique externe il faudrait donc toujours donné ces pouvoirs aux chef d'Etat.

La diplomatie est toujours à part de l'organisation des institutions étatiques en lui accordant un certain prestige symbolique comme en France le Ministère des Affaires Etrangère, terme vieillit qui pourrait changer pour un ministère des Relations Extérieur mais pourtant il demeure malgré les autres changement de noms.

Aux USA c'est le Département d'Etat comme s'ils étaient au dessus. En France il existe le domaine réservé(cf constitution). Les Premiers Ministres n'ont jamais eut vraiment de rôle dans les affaires extérieure et même militaire. L'arme nucléaire est aussi sous le contrôle du Président. Dans les Etats fédéraux la compétence du pouvoir en matière de politique étrangère est confiée à l'Etat central.

Les questions qui affectent la décision sont les mêmes.2. La politique étrangère est aussi une politique comme les autres : comprendre les

mécanismes de décision et ce qui les influence

Les chefs d'Etat ont des compétences particulières et ils prennent leurs décisions de manière rationnelle mais on peut démontrer qu'il existe un certain nombre de facteurs qui limitent cette rationalité. Qu'est ce que le chef d'Etat sait de l'environnement ? Quel est sa connaissance de la réalité ? Etc.

Il existe donc comme dans toute politique des effets pervers. Le rôle des perceptions (Robert Jervis). Ex :

− 1905, la Russie tsariste se dit « comment renforcer mon influence mondiale ? Quelle connaissance ais-je du monde ? Mener une guerre contre une puissance européenne serait malvenue, il faut donc se tourner vers un guerre contre le Japon pour renforcer ma puissance international » En trois mois le Japon écrase la Russie, il a pris une décision rationnel mais il était mal informé sur la connaissance du Japon.

− 1941 : Hitler met fin au pacte germano-soviétique et attaque l'URSS mais on peut démontrer qu'il a pris une décision rationnelle

En politique étrangère comme dans toute politique il y a un rôle joué par l'administration et son organisation. L'exemple de la crise des missiles de Cuba en 1962 illustre parfaitement cela

Graham Allison, Explaining the Cuba missile crisis :

− le modèle rationnel : c’est le président qui choisit, conscient de l’intérêt national, selon le schéma d’explication réaliste

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− le modèle organisationnel : dans les Etats il existe des organisations (les ministères, l’armée, etc…) qui chacune ont des routines organisationnelles, des manières de faire – or ces comportements ont lieu également en période de crise (explication de pourquoi l’armée rouge n’a pas caché les missiles, ou pourquoi l’armée de l’air américaine a sous-estimé volontairement sa capacité à faire un raid aérien avec succès)

− le modèle bureaucratie : ces organisations sont liées les unes aux autres par des relations de hiérarchies mais aussi de négociation, de marchandages : elles peuvent s’appuyer mutuellement dans une situation particulièreLa politique étrangère a une symbolique importante et doit prendre en compte les

autres acteurs de la scène internationale et le chef d'Etat a un rôle majeur. Cependant les administrations a son propre fonctionnement bureaucratique et la politique étrangère a des effets sur la politique interne. Aux Etats-Unis il y avait des élections trois mois après.

Le rôle du diplomate est aussi primordial, il doit gérer l'opinion publique, la question religieuse, surveiller les entreprises aux activités internationales, faire attention que l'intérêt national ne doit pas être menacé notamment par les ONG et enfin faire attention aux positions des alliés et des organisations comme l'ONU. Cf F.Charillon, La politique étrangère à l'épreuve du transnational.

3. La politique étrangère de la France

La France vue par un diplomate américain : « Membre exceptionnellement anti-américain du camp occidental, prétendant, en dépit de moyens limités, disposer d’une exceptionnelle influence mondiale »

Trois types de politiques étrangères :

− des politiques de projection : volonté de projeter délibérément une influence au niveau international, prestige, rayonnement, grandeur, volonté d’intervenir dans l’ensemble du monde (EU, France, RU, même si les deux derniers concourent dans une division qui n’est pas la leur...)

− des politiques de protection : volonté de se préserver d’un danger, à partir d’une consolidation interne (Russie, Chine, Inde)

− des politiques de compromis ou de consensus : volonté de ne pas avoir de politique étrangère offensives pour ne pas répéter le passé (Allemagne, Japon) ou par volonté de neutralité (pays scandinaves)

F. Mitterrand pendant première guerre du Golfe : la France ne peut pas être la Suisse. Illustration d’une position constante de la France en matière de politique étrangère : faire entendre la voix de la France dans le monde, une voix autonome, en particulier des EU. Cela est vrai pour tous les gouvernements de la 5è république, malgré les changements politiques.

L'orientation générale de la politique étrangère : faire entendre la voix de la France dans le Monde avec la prétention d'âtre une voix autonome, différente mais pas forcément anti-américaine. Les instruments de cette volonté :

− un rang conservé au niveau international (conseil de sécurité)

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− un rang conservé au niveau militaire (arme nucléaire, stratégie de dissuasion, budget militaire important, présence de l’armée française à l’étranger)

Au niveau intérieur

− une politique extérieure très personnalisée sur le Président, à partir de l’idée du « domaine réservé » ; c’est le Président qui prend les décisions, rôle secondaire du Ministre des AE et marginal du premier ministre. « La monarchie nucléaire » (S. Cohen), Chirac et les essais nucléaires

− un réseau extérieur très présent : 2è réseau diplomatique dans le monde (167 ambassades ou représentations, 2è derrière les EU, plus que Russie ou RU), avec densité de réseau culturel, mais paradoxalement une administration assez fiable (moins de 20 000 personnes, soit 0,5% de FP, et 1,5% budget – 8 fois le budget de la ville de Lyon...)

Des orientations de la PE pour répondre à cette volonté :

− construction européenne et idée (mythique) que la France en est au cœur (le moteur franco-allemand)

− intervenir dans les crises internationales/

− peser sur les organismes multilatéraux

− agir pour la paix et le développementEt de plus en plus orientation de la France sur des questions plus symboliques,

cherchant en quelque sorte à promouvoir une forme de « soft power »

− défense de la langue française : l’organisation de la Francophonie

− défense des questions culturelles

− défense des questions environnementales

Principes de la politique étrangère de la Francehttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/france_829/decouvrir-france_4177/france-a-

z_2259/politique-etrangere_2628/index.html)

« Vieille nation européenne, inspiratrice des idéaux inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la France a toujours exercé une influence sur les affaires du monde. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la volonté de mettre un terme aux rivalités qui déchirèrent longtemps le vieux continent l’a conduite à bâtir, avec ses voisins, la Communauté européenne, devenue ensuite l’Union européenne (UE). Elle a continué d’entretenir des relations privilégiées en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, et a milité en faveur du développement des pays du Sud et en particulier des moins avancés. Avec le continent américain, elle entretient des rapports étroits, forgés par l’histoire et des valeurs communes. De la philosophie des Lumières et de la Révolution de 1789, la France a conservé les grands principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité destinés à l’ensemble de l’humanité. Ces idéaux inspirent toujours les combats qu’elle mène aujourd’hui pour un monde en paix, plus juste et solidaire, attentif aux aspirations des peuples et respectueux de leurs cultures comme de leur patrimoine naturel. »

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L’évolution de cette politique dans le contexte de mondialisationhttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/france_829/decouvrir-france_4177/france-a-

z_2259/politique-etrangere_2628/principes_6059.html

« L’influence que la France exerce dans le monde a naturellement évolué, mais, en ce début de XXIe siècle, elle reste fondée sur le respect de certains principes. La France attache un prix particulier à son indépendance, principe qui a guidé la politique étrangère engagée sous l’impulsion du général de Gaulle dans les années soixante. Celui-ci a fondé son action sur la mise en œuvre d’une capacité de défense autonome et crédible, reposant sur la dissuasion nucléaire. Dans le même esprit, certaines initiatives diplomatiques spectaculaires ont été prises, notamment au Proche-Orient ou en Asie, démontrant que la France demeurait pleinement maîtresse de ses analyses et de ses choix de politique étrangère. Ce souci d’indépendance, qui reflétait le refus d’une bipolarisation à outrance, n’a pas exclu la recherche de solidarités. Tout au long de la Guerre froide, la France a soutenu sans faillir l’Alliance atlantique. Après sa réconciliation historique avec l’Allemagne, elle a été l’un des principaux artisans de la construction de l’Europe, sans négliger la poursuite de relations privilégiées avec le Sud.

L’autonomie d’analyse et la coopération multilatérale auxquelles la France est attachée conservent toute leur pertinence face aux défis géostratégiques qui caractérisent les relations internationales d’aujourd’hui. C’est dans cet esprit que la France a plaidé pour la réunification sans tarder du continent européen. Avec la "mondialisation", les défis auxquels est confrontée la communauté internationale, d’une complexité croissante, se révèlent transnationaux et pour y répondre, la France privilégie la coopération multilatérale et la défense du droit. Elle agit notamment en exerçant les responsabilités que lui confère son statut international, comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, du G8, où se retrouvent les huit pays les plus puissants sur le plan économique, ou au sein des grandes instances de coopération spécialisées. Partout, elle est guidée par l’espoir de voir prévaloir les valeurs dont elle a souvent été l’inspiratrice et que les institutions internationales ont consacrées. »

D) Les Etats en guerreOn va considérer qu'il est normal que les Etats se fassent la guerre en RI, on n'est

pas dans une analyse morale en science politique. Elle est présente et il faut l'analyser en comprenant son rôle notamment dans la construction des Etats. Elle soulève la place de la normalité de la violence en politique, tous les Etats se sont construits par la violence et en soit elle est un élément important en RI.

Autant au niveau interne le recours à la violence n'est que peu légitime autant elle apparaît comme normale en Relations Internationales. R.Aron considère que la spécificité des RI réside « dans la légitimité et la légalité du recours à la force armée de la part des acteurs » puisque « ces relations sociales qui admettent la violence comme normale », « la vie en commun d'Etat souverains peut être plus ou moins belliqueuse. Elle n'est jamais essentiellement ou définitivement pacifique. Exclure l'éventualité de la guerre, c'est enlever aux Etats le droit de demeurer juges en dernier recours de ce qu'exige la défense de leurs intérêts ou de leur honneur ».

On va essayer de comprendre pourquoi les Etats vont rationnellement prendre les décisions qui vont mener au conflit armé. On va s'interroger sur comment l'analyser et comment l'éviter rationnellement.

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1. La guerre comme un état normalOn appelle l'entre deux guerre la période 19-39, on aurait put appelé la deuxième

guerre mondiale « l'entre deux paix ». Hobbes essaye d'expliquer pourquoi les Etats sont toujours en guerre : « A tous moment les rois et les personnes qui détiennent l'autorité souveraine sont à cause de leur indépendance dans une continuelle suspicion, et dans la situation et la posture des gladiateurs, leurs armes pointés, les yeux de chacun fixés sur l'autre...toutes choses qui constituent une attitude »

Morgenthau « l’histoire montre que les nations sont en permanence en train de se préparer à la forme de violence organisée qu’est la guerre, de s’y engager activement, ou d’en récupérer ».

Thucydide va écrire une Histoire de la guerre du Péloponèse en se posant la question de savoir comment l'armée la plus puissante de l'époque va perdre face aux armées ennemies. Il va donc chercher la cause de la guerre et en déduis que c'est la volonté expansionniste d'Athènes, sa force et sa faiblesse qui en est la cause. Il avance le postulat que tant qu'il y aura des Hommes il y aura la guerre.

Clausewitz lui va proposer une analyse politique des guerres napoléoniennes et des guerres en générales. Très utile si l'on est coincé sur une colline entourés d'ennemies supérieur en nombre. En RI il est surtout utile au niveau de l'introduction. Citation sur la plateforme. On fait la guerre parce que l'on considère que c'est un moins de parvenir à réaliser sa volonté et ce pour n'importe quel conflit à n'importe quelle époque.

« La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » (p.51)

Il est intéressant de voir qui va lire Clausewitz. Ce sera des révolutionnaires, des politiques avides de justifiés la guerre et son usage (Lénine, Jaurès...)

« La guerre n'est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une poursuite des relations politiques, une réalisation de celle-ci par d'autres moyens. Ce qui reste toujours particulier à la guerre relève purement du caractère particulier des moyens qu’elle met en œuvre. L’art de la guerre en général, et du commandement dans chaque cas d’espèce, peut exiger que les tendances et les intentions de la politique ne soient pas incompatibles avec ces moyens, exigence non négligeable, assurément. Mais aussi puissamment qu’elle réagisse en certains cas sur les intentions politiques, cela doit toujours être considéré seulement comme une modification de celles-ci ; car l'intention politique est la fin, tandis que la guerre est le moyen, et l'on ne peut concevoir le moyen indépendamment de la fin. » (p.67).

La guerre a des conséquences souvent désastreuse mais elle résulte toujours d'un comportement rationnel que l'on peut analyser. Il faut cependant différencier les guerres entre Etats des guerres civiles (où le raisonnement de Clausewitz ne fonctionne pas).

Il y a des situations dans lesquelles on ne serait plus seulement dans ue coexistence entre Etat et que par conséquent la logique de dépassement des Etats n'est plus si clair que ça et depuis la fin de la guerre froide l'analyse politique n'est plus si clair que cela (comme elle l'avait été depuis 1648 et le traité de Westphalie). Lorsque l'on considère que le terrorisme est la principale menace pour l'ordre mondial nous ne sommes plus dans une logique clausewitzienne. Certains parlent d'un nouveau Moyen-Age.

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2. Est-il possible d'éviter la guerre ?

A. Zimer pense que « La guerre n’est pas une forme d’instinct mais une forme d’action étatique. Elle ne fait pas partie de la nature humaine, mais d’un programme politique. Elle n’est pas davantage un instinct ou un élément de la nature humaine que ne l’est l’adoption de l’impôt sur le revenu »

Kenneth Waltz : « La guerre existe parce que rien ne l’empêche » (Theory of International Politics)

Il n'y a rien qui empêche les conflits donc il faudrait comprendre pourquoi se déclenche-t-il. Mais on peut aussi chercher ce qu'il peut empêcher la guerre :

• le rapprochement entre les êtres humains• on peut penser que la constitution des Etats démocratique peut empêcher la guerre• la constitution d'institutions ou de règles internationales qui permettrons d'empêcher

les guerres.Emmanuel Kant (1724-1804) : Vers la paix perpetuelle Projet de paix perpétuelle – 2è section contenant les articles définitifs en vue de la paix perpétuelle entre États : « L’état de paix parmi des hommes vivant les uns à côté des autres n’est pas un état de nature : celui-ci est bien plutôt un état de guerre : même si les hostilités n’éclatent pas, elles constituent pourtant un danger permanent. L’état de paix doit donc être institué ; car s’abstenir d’hostilités ce n’est pas encore s’assurer la paix, et sauf si celle-ci est garantie entre voisins (ce qui ne peut se produire que dans un État légal), chacun peut traiter en ennemi celui qu’il a exhorté à cette fin »

Les trois conditions permettant d’assurer la paix perpétuelle : la constitution de chaque État doit être républicaine, le droit des gens doit être fondé sur un fédéralisme d’États libres, le droit cosmopolitique doit se restreindre aux conditions de l’hospitalité universelle.

Kant est le premier à avoir théoriser Le Projet de paix universelle, tout comme Montesquieu (« l’effet naturel du commerce est de porter à la paix » ), Bentham (« tout commerce est par essence avantageux et tout guerre par essence désavantageuse ») et Mill (« le commerce rend rapidement la guerre obsolète en renforçant et en multipliant les intérêts personnels qui lui sont opposés ») il avance l'idée que le commerce peut porter la paix. L'OMC justifie son action par la défense de la paix. Chercher à mettre en place des normes internationales permet l'échange économique. Pour Keynes créé un lieu où les grandes puissances pourraient...

Si l'on réfléchit à la possibilité de créé un intitution internationnales capable d'agir sur les Etat veut dire que l'on se donne la possibilité de penser qu'il est possible que des Etats s'allient de manière collective contre l'un de ces Etats. (14 points de Wilson et la création de la SDN « Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu où tous puissent vivre en sécurité … (un lieu sûr) pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée à la violence et aux agressions égoïstes de jadis… C’est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. (…)

14. Il faudra constituer une association générale des nations en vertu des conventions formelles visant à offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégralité territoriale aux grands comme aux petits États »).

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3. La paix démocratique

On va rompre la barrière entre politique interne et externe et se demander si on peut instituer un régime de paix universelle en installant la démocratie partout. Kant pense qu'il y a trois conditions :

• il faut que la constitution soit républicaine (au sens démocratique) car c'est le peuple qui décide d'aller ou non en guerre et y participe directement en tant que soldat

• le droit international soit fondé sur le fédéralisme d'Etats libres (qui garantissent les droits de chacun)

• le droit international d'hospitalité universel aux Etats et aux individusLa théorie de la paix démocratique a eu beaucoup de succès pour al simple raison

qu'on trouve difficilement une guerre entre régime démocratique (Israël/Liban). L'exemple des tensions coloniales entre les puissances européennes en Afrique à la fin du XIXème siècle illustre cela. Las Français et les Anglais se rencontrent à Fachoda (Soudan) en 1898. L'opinion publique des deux pays est remontée l'une comme l'autre et finalement la France va reculer. Cependant la guerre a été évitée alors que la tension était à son combe et au contraire en 1904 l'entente cordiale est signée.

Le contrôle du pouvoir civil sur le pouvoir militaire y est pour beaucoup, de plus on accepte la diversité d'opinion en interne ET en externe. Enfin il y a un débat interne chez les deux belligérants qui conduit à interférer sur la prise de décision dans la mesure où chacun est informé par la situation chez l'autre. Les démocraties se trouvent en Etat de paix entre elles et uniquement entre elles.

Au contraire les Démocraties sont plus belliqueuses que les régimes totalitaires envers les autres pays non démocratiques (notamment du fait des guerres de décolonisations).

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Michael Doyle, Debating the democratic peace : « les démocraties se trouvent en état de paix entre elles et seulement entre elles : dans leurs relations avec des États non libéraux, les États libéraux sont tout aussi agressifs et portés au recours à la force que toute autre forme de gouvernement ». « La culture, les perceptions et la pratique qui permettent le compromis et la résolution pacifique des conflits à l’intérieur viennent à s’appliquer au-delà des frontières nationales dans les relations avec d’autres pays démocratiques ».

E) Les Etats en coopérationsLe multilatéralisme : les cadres de coopération interétatique permet de réguler

l'anarchie mondiale. Les acteurs vont agir sur la scène internationale en essayant de comprendre et d'anticiper les actions des autres Etats.

Dans une logique d’affrontement de puissance, de menace permanente de guerre, qu’est-ce qui peut expliquer que des Etats souverains coopèrent entre eux ? (une réflexion différente par rapport à qu’est-ce qui peut empêcher la guerre ?)

Existe-t-il une contrainte commune à tous ?Le multilatéralisme : les cadres de la coopération interétatiqueTrois types d’explication : le droit, les institutions, les anticipations des acteurs

1. Le droit international en relations internationales : droit de coexistence ou droit à la coopération

Le droit de coexistenceUn droit pour garantir la souverainetéFaciliter les relations bilatérales : diplomatieFaire émerger des règles de base : exemple de l’Europe du 19è s. : principes

- ne pas intervenir dans affaires intérieures- ne pas faire de guerre injuste- ne pas violer les Traités- ne pas gêner les diplomaties dans leur action

Des règles minimales, sans contrainteLe droit de coopérationUn droit pour faire émerger des points communs, fondé souvent sur des valeurs

communesDroit du commerce, droit de la guerreMultiplication des textes de droit international, mais avec une contrainte de plus en

plus faible (« soft law »)Un paradoxe : toutes les relations internationales sont normées par une relation de

droit, le fait de définir cette règle de droit est une forme de puissance et en même temps cette relation est de moins en moins contraignante

Ex : convention de Genève et fondation de la Croix Rouge

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2. Les contraintes communes par l'existence des institutionsOn pense que les Etats fonctionneront mieux s'ils interagissent entre eux.Comment analyser l’émergence d’institutions internationales : à partir du fait

qu’elles accomplissent mieux des fonctions que ne le feraient des Etats isolés : le fonctionnalisme (David Mitrany, Philippe Schmitter). Une coopération technique, qui évolue progressivement vers des aspects plus politiques par effets d’engrenage (spill-over) : l’exemple de l’Union européenne

Les institutions internationales ont une :Nature : toujours une émanation des Etats, toujours produit d’un Traité international.

Fonctionnement de type confédéral, sans caractère obligatoire, avec liens d’adhésion faibles

Structure : organe exécutif, délibératif, administratif ; absence ou extrême faiblesse des organes de justice et de maintien de l’ordre

Ressources : toujours dépendants des EtatsLes Etats ont généralement des liens assez faibles avec ces organisations et les

quittées ne provoqueraient pas beaucoup de conséquences néfastes pour cet Etat.

L’histoire des organisations internationales1815 : Commission centrale pour la navigation du Rhin; 1856 : Commission

européenne du Danube. Des organisations historiques => 1865 : Union internationale des télécommunications, 1874 : Union postale universelle. Première organisation à vocation universelle et générale => 1920 : Société des Nations (58 membres) : œuvrer contre les conflits mondiaux, mais à partir d’une pression morale, d’une bonne volonté des parties

L’Organisation des Nations Unies : histoire, fonctionnement, légitimité, actualité Histoire

Fin de la Seconde guerre mondiale, volonté de créer un système de sécurité collective qui

- favoriserait le commerce entre pays par stabilisation des monnaies (FMI) et réduction des obstacles aux échanges (GATT)

- atténuerait les différences entre pays riches et pauvres par programmes d’assistance (Banque mondiale)

− garantirait la paix mondiale par création d’un régime de sécurité collective (ONU)L’ONU : conférences pendant la guerre :

- août 1941 Charte de l’Atlantique (EU et RU),

− janvier 1942 Déclaration des Nations unies et octobre 1943Déclaration de Moscou (EU, RU, URSS, plus alliés) ;

− octobre 1944, Conférence de Dumbarton Oaks (EU) sur future ONU,

− avril juin 1945 Conférence de San Francisco création de l’ONU

− 24 octobre 1945 entrée en fonction de ONU, 51 membres , siège Londres puis New York

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PRINCIPALES DIFFERENCES ENTRE LA SDN ET L’ONU

SDN ONU

Texte fondateur Traité de paix de Versailles

Traité de San Francisco : Charte des

Nations unies

Organisation universelle

Non Oui

Possibilité de s’impliquer dans des conflits entre Etats non membres

Non Oui

Décision en matière de sécurité internationale

unanimité majorité des 9/15 du Conseil de sécurité + non opposition des 5 grands

Interdiction de recours à la force aux Etats contre d’autres Etats

Non oui, sauf en cas d’agression

Possibilité de recours à la force armée contre Etat membre

Non oui – définis dans les chapitres VI et VII

Force armée aucune article 47 – 7 forces spécifiques – non appliqué mais création des Casques

bleus

Questions économiques

Non supervise les organismes spécialisés

Vote des recommandations de l’Assemblée générale

unanimité majorité simple ou deux tiers, pas de veto

possible

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Les institutions des Nations uniesL’Assemblée généraleTout Etat membre a une voixPouvoirs

- discute et adopte des résolutions- admet les nouveaux membres- élit les membres non permanents du Conseil de sécurité- vote le budget- élit le Secrétaire général

Conseil de Sécurité5 membres permanents :- Etats-Unis- URSS, puis à partir de 1991, la Russie- Chine : de 1947 à 1949 Chine nationaliste, de 1949 à 1971 Taïwan (gouvernement

de la Chine nationaliste à Taïwan), depuis 1971, République populaire de Chine,- Royaume-Uni,- France10 membres non permanents (élus pour 2 ans) : généralement 2 d’Europe

occidentale ou Canada, ou Australie et Nouvelle Zélande, 1 d’Europe orientale, 2 d’Amérique latine, 3 d’Afrique et 1 d’Océanie. Elus d’abord au sein des groupes de pays puis par Assemblée générale : généralement élus par consensus, parfois des tensions (2006 : 47 tours de scrutin entre le Guatemala et le Venezuela, pour finalement faire élire le Panama)

En théorie tout Etat peut être élu membre de Conseil. En réalité, cette fonction est souvent assurée par les mêmes Etats : entre 1945 et 1998, le Japon a siégé 8 fois, le Brésil 7, l’Argentine et l’Inde 6. La moitié des Etats n’a jamais siégé, et le quart n’a siégé qu’une seule fois. Débats actuels sur réforme : évolution du ou des sièges européens au conseil de sécurité, création de nouveaux sièges de membres permanents (Japon, Inde, Allemagne, Brésil, Afrique du sud, Egypte), sièges semi-permanents pour grands pays, etc..

Pouvoirs : décide en matière de paix et de sécurité internationale, domaine dans lequel ses résolutions ont un caractère contraignant ; peut décider du recours à la force (chapitre VI et VII)

Mode de vote : décision à la majorité des 9/15, plus absence d’opposition des 5 membres permanents (« droit de veto »... en réalité de blocage) (abstention n’est pas comptée comme opposition)

Nombre de vetos utilisés depuis 1949 : 260 fois, dont 123 par URSS-Russie, 82 par EU, 32 par RU, 18 par France, 6 par Chine. Très utilisé par URSS entre 1949 et 1980 (mécanisme de blocage pendant guerre froide : URSS s’en sert à 106 reprises entre 1946 et 1966, sur 114 résolutions bloquées par vetos , en particulier pour s’opposer à adhésion de nouveaux membres), puis très utilisé par EU depuis 1990 : 21 vétos en tout, dont 19 par EU seuls.

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Quelques cas célèbres :- 1950 : la guerre de Corée, à la suite de l’invasion de la Corée du sud par la

Corée du nord, le Conseil de sécurité approuve l’usage de la force contre la Coré du nord... en l’absence de l’URSS

- 1990 : guerre du Golfe : à la suite de l’invasion du Koweït par l’Irak, le Conseil de sécurité approuve l’usage de la force, vote positif de EU, RU et F, abstention de Chine et URSS

- février-mars 2003 : lors du débat sur l’emploi de la force en Irak, à partir de la question de la détention ou non par l’Irak d’armes à destruction massive, les EU et le RU annoncent qu’ils proposent une résolution autorisant le recours à la force ; face à déclaration de la France et de Russie de leur opposition, et de recours éventuel à veto, EU et RU retirent leur résolution... et interviennent militairement sans autorisation des NU en Irak.SecrétariatAdministration de l’ONU, autonomie institutionnelleFonctions du Secrétaire général

- attirer attention du Conseil de sécurité sur certaines situations internationales et jouer le rôle de médiateur dans conflits (représentants du Secrétariat général)

- arbitrer les conflits internes au sein de l’organisationLes Secrétaires les plus récents :1972-1981 : Kurt Waldheim, Autriche,1982-1991 : Javier Perez de Cuellar, Pérou,1992-1996 : Boutros Boutros-Ghali, Egypte,1997-2006 : Kofi Annan, Ghana2007-... : Ban Ki-Moon, BirmanieAutres organismesLe système des Nations unies : Autres organes des Nations unies : Conseil économique et social, Cour

internationale de Justice (entre Etats, sur questions de droit international) et Conseil de tutelle

Organismes spécialisés : FAO, UNESCO, FMI, Banque mondiale, Programmes et fonds : PNUD, HCR, UNICEFAutres organismes liés : Cour pénale internationale (sur crimes particulièrement

graves, juge des individus) Budget Environ 2 milliards de dollars par anContributions « obligatoires » des Etats : EU : 22% du total, Japon, 19,5%,

Allemagne 8,6%, France 6,5% , Royaume Uni : 6,1%, Italie : 4,9% etc...

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Evolution de son mode d’action1945-1989 : largement bloqué par la guerre froide, orientation sur décolonisation,

puis questions de développement1989-2001 : orientation sur questions de sécurité internationale, opérations de

maintien de la paix (d’abord comme interposition (peace-keeping), puis pour négocier la paix (peace-building), enfin pour y créer les conditions de la paix (state-building)

2002-... : la difficile cohabitation avec la stratégie des Etats-Unis.3. Les règles communes sans institutions : les régimes

Et si les véritables contraintes pour les Etats étaient des contraintes sans normes, à partir d’un calcul stratégique de préférences (coût/bénéfice), à partir de l’idée que l’Etat comme l’individu peut avoir un calcul rationnel, même dans une situation d’incertitude.

La théorie des jeux : le paradoxe de l’action collective d’Olson (le « free-rider ») : il est apparemment logique de se mobiliser pour obtenir un avantage. Mais les coûts d’une mobilisation collective sont individuels, les bénéfices sont collectifs ; il est dès rationnel de ne pas se mobiliser (car cela peut avoir un coût) en sachant que l’on profitera éventuellement du bénéfice éventuel de la mobilisation des autres (d’où le « free-rider », ne pas participer).

Un régime c’est « un ensemble de principes, de normes, de règles, de procédures de décision, implicites ou explicites autour desquels les attentes des acteurs convergent » (Krasner).

L’exemple du GATT : General Agreement on Tariffs and TradeUn traité international sur le commerce international signé en 1948 qui créé un code

de bonne conduite sur trois principes :-baisse des droits de douane-principe de non discrimination dans les échanges (une mesure qui favorise un

pays devra être appliquée aussi aux autres)-réciprocité1947 : volonté de créer une Organisation internationale du commerce (comme FMI

ou Banque mondiale) : échecFonctionnement par cycles de négociations (les rounds), sans règles préétablies,

avec extension progressives du nombre de pays participants (de 23 à 125) et des domaines sur lesquels se font les négociations (agriculture, services, etc.).

Pas d’institution, pas de pays membres. Seulement un secrétariat permanent très réduit, à vocation organisationnelle. Pas de contraintes, pour sortir ou rentrer.

Et pourtant un effet extrêmement important : de plus en plus de pays participent, de plus en plus de thèmes abordés, de plus en plus d’accords sur la réduction de tarifs de douane, et mise en œuvre par les Etats de ces accords, sans aucun mécanisme de contrainte.

Quelle explication : dans calcul coût/bénéfice, il est de plus en plus intéressant pour un Etat d’adopter ces mesures.

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F) Des coopérations fragmentées

Sont-elles plus efficaces que les organisations multilatérales pour imposer aux États des règles ? On va voir comment l'UE (le plus aboutit de ces organismes) a une influence en relatons internationales ainsi que le fonctionnement d FMI et de la Banque Mondiale.

• Plusieurs systèmes de coopérations existent, le premier étant un accord supprimant les droits de douanes (exemple : ALENA).

• Vient ensuite les unions douanières qui s'accordent également sur les tarifs extérieurs (comme l'ASEAN).

• Le Marché Commun comme le MERCOSUR est le stade supérieur de coopération.

• Enfin l'Union Economique et monétaire précède

• l'Union Politique comme c'est le cas dans l'Union Européenne.

Exemples :

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1. L'Union Européenne un acteur international atypique :

A)La construction européenne

9 mai 1950 : Déclaration Schumann : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait » ;

1951 : CECA ; (rôle primordiale des USA)1957 Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne et

EURATOM ; (union douanière et politiques communes (ex : PAC))1986 : L’Acte unique ; (après la grave crise économique à travers la figure de

Jacques Delors)1992 Traité de Maastricht ;1996 : Traité d’Amsterdam ;1999 : entrée en vigueur de l’UEM (2002 : circulation des euros) ;2000 : Traité de Nice (en vigueur) ;2004 : Traité de Rome instituant une Constitution pour l’Europe

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Élargissements : 1957 : 6 pays fondateurs ; 1973 : Royaume-Uni, Irlande, Danemark ; 1981 Grèce ;1986 Espagne, Portugal ; 1995 Autriche, Suède, Finlande ; 2004 : Pologne, Estonie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, république Tchèque,

Slovaquie, Slovénie, Chypre et Malte ;2007 : Bulgarie et Roumanie

B) Les institutions de l'Union EuropéenneLes institutions européennes : le Conseil de l’Union européenne et le Conseil

européen (représentation des Etats membres, fonctionnement intergouvernemental, unanimité), la Commission européenne (organe autonome, fonctionnement supranational, majorité) , Parlement (représentations des citoyens).

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Les principaux changements introduits par le TCE

− Le Conseil de l'Union et le Conseil européen constitués des représentants des Etats membres, fonctionnement intergouvernemental à l'unanimité.

− La Commission européenne (commissaires ne représentant pas leurs pays), dirigé par José Manuel Baroso avec 15,000 « bureaucrates européens »

− Le Parlement européen

− la Cour de Justice de la CELes trois piliers : communautaire, PESC, justice et affaires intérieures (espace

schengen).La Commission définit les règles commerciales au niveau international et interne et

les différents traités font évoluer la forme institutionnelle de la construction européenne. Une politique étrangère « par le bas » : l’action extérieure de la Commission Les tentatives d’une politique étrangère commune : de la Politique Etrangère et de Sécurité Commune à la Politique Européenne de Sécurité et Défense.

Evolution de la forme institutionnel de la construction européenne (extraites des premiers articles des Traités)

Rome 1957Par le présent traité, les hautes parties contractantes instituent entre elles une

Communauté européenne.L'éducation n'est pas un domaine de l'UE mais en revanche elle établit une

politique facilitant la libre circulation des étudiants au sein d'elle même. Elle a incité fortement la mise en place du système LMD et des crédits.

Maastricht 1992, modifié par Nice 2000, actuellement en vigueurPar le présent traité, les hautes parties contractantes instituent entre elles une

Union européenne. Le présent traité marque une nouvelle étape dans le processus créant une union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe, dans laquelle les décisions sont prises dans le plus grand respect possible du principe d’ouverture et le plus près possible des citoyens. L’Union est fondée sur les Communautés européennes complétées par les politiques et formes de coopération instituées par le présent traité. Elle a pour mission d’organiser de façon cohérente et solidaires les relations entres les Etats membres et entre leurs peuples.

Rome 2004 TCEInspirés par la volonté des citoyens et des Etats d’Europe de bâtir leur avenir

commun, la présente Constitution établit l’Union européenne, à laquelle les Etats membres attribuent des compétences pour atteindre leurs objectifs communs. L’Union coordonne les politiques des Etats membres visant à atteindre ces objectifs et exerce sur le mode communautaire les compétences qu’ils lui attribuent.

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C) Une politique étrangère spécifiqueEn 1969 (après le rejet de la CED en 1957) est mis en place une politique de

coopération en matière des relations internationales et de coordination de la politique étrangère.

En 1970, Kissinger répond à cela « l'Europe c'est quel numéro de téléphone déjà ? ». En cela il veut signifier qu'il n'y a pas d'instance qui décide en la matière. On a en la matière une manière curieuse de faire de la politique étrangère (27 + 1 + 1).

En effet le traité de politique extérieur est signé par les représentants de chacun des pays de l'UE, de celui de l'Etat tiers et le représentant de la Commission.

La PESC a une action très discrète (Javier Solana) mais pourtant c'est la seule politique étrangère forte de l'Union Européenne. Elle a une force de réaction rapide (ex : 2003) mais l'OTAN assure déjà la protection de l'UE et les domaines empiètent l'un l'autre.

C'est pour cela qu'un bataillon de défense européenne est créé et l'idée est de mettre en place la possibilité d'une intervention post-conflit de l'UE pour favoriser le développement, la reconstruction... (c'est déjà le cas dans plusieurs théâtres d'opération). Un groupe de 60,000 soldats pourrait donc être mobilisés à tous moment. En Janvier 2004 l'UE déploie ces forces en Bosnie relayant les troupes de l'OTAN.

De la même manière les Nations Unies sont déjà mandatés pour remplir ces objectifs.

Position du Ministère français des affaires étrangères : « Il faut voir la PESC pour ce qu’elle est : une politique commune et non unique ; un processus valorisant la diversité des Etats membres – chacun avec son génie propre, son réseau diplomatique, son capital de contacts accumulés au fil d’une histoire plus ou moins heureuse – au service d’un projet commun ; un ensemble de mécanismes de coopération et de décision pour produire de la convergence ; elle est ainsi plus de l’ordre que de la substance, même si elle s’inscrit dans un cadre fixé par les principes généraux des relations internationales et des valeurs de l’Union ».

2. D'autres formes de coopération

A) Le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque MondialeOn hiérarchise les Etats en fonction de leurs positions économiques et de leur

capacité à s'endetter auprès de lui (la quote-part) qui défini le poids de ces Etats au sein de l'organisme international. Etats-Unis 17,09% Japon 6,13% Allemagne 5,99% France 4,94% Grande-Bretagne 4,94% Chine 3,72% Italie 3,25% Canada 2,93% Russie 2,74% Pays-Bas 2,38% Belgique 2,12% Inde 1,91% Mexique 1,45% Espagne 1,40% Brésil 1,40% Corée du Sud 1,35% Afrique du Sud 0,86% Turquie 0,55%

Directeur Européen : Dominique Strauss-Kahn24 membres au Conseil d'Administration dont 8 permanents (les 8 premiers).La banque Mondiale :Même système que le FMI (à apport financier), les représentants sont fonctions de

leurs ressources économiques.Le Président de la Banque Mondiale est un américain : Paul Wolfowitz (ex

conseiller de G. W. Bush).

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B) Le consensus de Washington(1989)Ces deux organisations prêtent au pays en voie de développement selon un

commun accord du FMI et de la BM en fonction de l'analyse qu'ils font de la crise que traverse le pays. En effet ils considèrent que celle-ci vient du rôle trop important de l'État dans le pays. Il faut donc que les pays retrouvent une croissance économique en adoptant une posture libérale et en privatisant leurs entreprises publics.

Les objectifs, ou plutôt conditions imposés par les deux organismes sont les suivantes :

• Discipline fiscale (équilibre budgetaire)

• Libéralisation financière (taux d'intérêt ne doivent pas être définis par l'Etat en fonction de besoins spécifiques, mais définis par marché)

• Libéralisation commerciale (suppression des protections douanières)

• Ouverture totale aux mouvements de capitaux (pas d'obstacles aux IDE)

• Privatisation de toutes les entreprises, y compris celles assurant un « service public », réduction de l'Etat à un rôle régulateur

Il faut donc qu'un maximum de lois régulatrices disparaissent pour que le marché ait les mains libre. L'Etat apparaît comme forcément inefficace (car en partie corrompu) il faut donc éliminer son intermédiaire. Ce modèle suppose que tous les acteurs le suivent et le partagent alors que ce n'est pas le cas.

Dans un premier temps on va avoir des effets positifs mais en fait rapidement on va se rendre compte aux débuts des années 2000 des crises majeures. Les pays du Sud vont voir leurs dettes effacées mais en fait cette somme est considérée comme la somme que l'Etat préteur verse au nom de son aide au pays concerné.

De plus la corruption continue par le biais des transactions des suites des privatisations. A moyen terme les crises se multiplient. La critique la plus célèbre de ce système est bien entendue celle de Stiglitz : La Grande désillusion, 2002.

Cela a conduit à une relative évolution du consensus par la lutte contre la pauvreté, et une certaine reconnaissance des institutions, et donc du politique. Plus récemment encore on a pris conscience de l'impact écologique du marché.

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La guerre froide

L'équilibre de la terreurOn va interpréter tous les événements de la guerre froide à la lumière de

l'affrontement stratégique entre les deux grands. Tout le reste va être considéré comme secondaire.

A) La mise en place du système « guerre froide »

Raymond Aron : « La guerre froide : guerre impossible, paix improbable » Paix et guerre entre les nations, 1982

Winston Churchill : Nous ne parvenons plus à avoir la moindre nouvelle de nos compatriotes restés de l'autre côté de la ligne de démarcation, comme si un rideau de fer s'était abattu en travers de notre pays.

1. La mise en place de ce système 1945 – 1947

Yalta février 1945, mise en place d’un système international double

Cela va conduire à la division de l’EuropeIl y a deux systèmes de relations internationales en miroir durant cette période

chacun répondant à une doctrine spécifique (respectivement Truman et Jdanov). Le Kominform à l'Est permet de diffuser le modèle soviétique (le but officiel étant l'échange de l'expérience et la coordination des politiques communiste). Pour Moscou le monde est divisé en deux :

- impérialiste et anti-démocratique- anti-impérialiste et démocratique

Matérialisation de cete division : la mise en place des deux blocs

Mise en place d’alliances politiques, militaires et économiques à l’ouest et à l’est

Ouest Est

Politique Truman Kominform

Economique FMI Banque mondiale Comecon

Militaire OTAN Pacte de Varsovie

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Le plan Marshall proposé par les USA à toute l'Europe impose des conditions inacceptables aux yeux de l'URSS dans la mesures où les « bienfaiteurs » demandent en contre partie un droit de regard sur la gestion de l'argent donné.

Deux organisations militaires rivales sont créées : l'OTAN et le Pacte de Varsovie, organisations de défense militaire.

2. 1947-1953 : les premières crises et la régulation du système

En 1948 lorsque les forces d'occupations de l'Allemagne de l'Ouest décident de créer progressivement la RFA ce qui provoque le Blocus de Berlin Ouest.

La première crise de Berlin (1948-1949) ou Blocus de BerlinPlusieurs solutions s'offrent à l'analyse de ce problème : forcer le blocus, réagir

militairement ou même envoyer l'arme atomique mais c'est finalement la solution pacifique du pont aérien qui est retenue jusqu'au repli de Staline.La guerre de Corée (1950-1953)

Les Chinois et les Coréens du Nord arrivent presque à envahir la Corée du Sud mais l'intervention de l'ONU (permise par la politique de la chaise vide de l'URSS) les fait se replier. Eishenower refuse d'utiliser comme le voudrait McArthur, la bombe atomique et finalement est décrété que la situation reviendra au status quo d'avant guerre.

Un bilan mutltiple :- il est impossible d'utiliser la bombe atomique- les conflits doivent être circonscrit au sein des territoires où ils ont éclatés- il n'est pas possible d'être favorable à la politique de l'autre

A l'Est des procès sommaires éliminent toute forme d'opposition à la dictature mais également à l'Ouest où les régimes démocratiques avouent leurs faiblesse :

- Rosenberg- MacCarthyisme

3. les crise et l’évolution du système : la coexistence pacifique et nouvelles crises (1953-1962)

La mort de Staline permet d'arriver à un mode d'entente, de rapprochement entre les deux superpuissances sur un certain nombre de sujet. Ils vont se rencontrer quatre fois en quelques années et se mettent d'accord pour éliminer les puissances de rang inférieur (crise de Suez en parallèle de l'insurrection de Budapest). Ils veulent le monopole du pouvoir en relations internationales (« condominium américano-soviétique ». Ce qui se passe au sein de l'une des zones ne concerne pas l'autre.

Puis en 1961 le Mur de Berlin est construit pour faire face à la migration massive des Allemands de l'Est (3,000,000 entre 1947 et 1961), une crise majeure pour l'Allemagne mais mineure dans la guerre froide.

Mais c'est en 1962 que la crise majeure de la Guerre Froide a lieu : la crise des Missiles de Cuba qui se solde par la victoire de Kennedy (au moins apparente). La solution de la crise est soumise au bon vouloir des deux grands.

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A partir de là un moyen de communication direct entre Moscou et Washington est créé : le téléphone rouge. Il va permettre de rentrer en négociation pour réduire la course aux armements. Khrouchtchev va être remplacer par Brejnev suite à ces échecs ce qui prouve que la politique internationale a un effet sur la politique intérieure des grandes puissances.

4. La Détente (1963 – 1974)

On évite à tout prix le conflit en Europe au profit de zones plus isolées, neutres. Ces conflits vont d'ailleurs être de « faible intensité ».

Les accords nucléaires1963 Traité de Moscou, qui interdit les essais nucléaires atmosphériques et sous-

marins.1968, par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), 1972, les accords SALT 1 (Strategic Armements Limitation Talks), 1979 SALT II, chacun y trouve son compte avec une sorte de contrôle réciproque et

surtout (pour les américains notamment) le niveau d'armement les plus modernes ne vont pas être affectés par ces accords.

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La « détente » en Europe (1962 - 19751972 : reconnaissance mutuelle RFA-RDA1975 : accords d’Helsinki sont signés par 33 États européens, dont l’URSS (mais

aussi le Canada et les É.-U.). Les accords doivent permettre la coopération entre les États, la libre circulation des personnes et le respect des droits de l’homme.

La contestation en Europe de l'Est se revendique des accords d'Helsinki dans les années 1980 et vont donc participer à la fin de la guerre froide. La détente montre se limites durant la même période.

Dans le cadre de l'affrontement des deux blocs on va assister à un recul des USA s'expliquant par plusieurs raisons :

1964 à 1975, guerre du Viêt Nam, première guerre télévisée1960’s : la diffusion révolutionnaire en Amérique latine et les coups d’État

préventifs. 1970’s : le recours à la terreur d’Etat (Chili en 1973…),Aux EU : Les successions présidentielles : crises institutionnelles et alternancesEn URSS : stabilitéPour les EU : Le mouvement des droits civiques : 1963 : marche sur WashingtonDes tensions militaires (Vietnam) qui conduisent à une remise en question de la

société américain (mouvement pacifiste).Des crises internationales mal résolues : Iran 1979, Afghanistan 1979, Amérique

centrale 1980 Nicaragua La crise en Iran : une crise non liée à la guerre froide, mais qui remet en cause la

suprématie des EU ?

Etats-Unis URSS

R. Nixon (R) (S. Agnew) (1968-1972)

L. Brejnev (1964-1982)

R. Nixon (R) (S. Agnew puis en 1973 G. Ford) (1972-1974) : Watergate

G. Ford (R) (N. Rockfeller) (1974-1976)

J. Carter (D) (W. Mondale) (1976-1980)

R. Reagan (R) (G. Bush) (1980-1988)

Les gouvernements se succèdent (scandale du Water Gate notamment)...

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Comprendre la Fin de la guerre froideL'élection de Reagan en 1980 (« America is back ») va marquer un tournant dans la

guerre froide.

1. Retour sur les années 1980 : les effets de la reprise de la guerre froide sur l’URSS

A. Renforcement apparent et affaiblissement interne de l’URSS dans les

années 1980

Renforcement apparent

EU : budget militaire : 5% URSS : 15%, l’URSS est en avance sur forces nucléaires et sur forces conventionnelles en Europe, elle installe dès 1977 des missiles en Europe

1982SALT 1 et 2Equilibre militaireAvions, sous-marins, têtes nucléaires, nbre soldats : équilibréFusées intercontinentales : OTAN : 1700 – P Varsovie : 2400Missiles de moyenne portée : OTAN : 0 – P Varsovie : 600Chars d’assaut : OTAN 25000 – P Varsovie : 60000

Les accords SALT permettent de limiter la course aux armements sur certaines armes : la crise des missiles en Europe dans les années 80 s’explique par le fait que l’URSS va installer des missiles qui échappent à catégories définies par SALT (SS20 : portée inférieure à 5500 km : elles ne menacent pas les EU, mais l’Europe occidentale)

Au début des années 1980, la balance penche du côté de l’URSS : c’est elle qui la première va installer des missiles en Europe

OTAN : « double décision » soit Moscou accepte la négociation vers réduction des armements, soit installation d’armements similaires en Europe. Décision d’installation des Pershing en RFA en 1983 en dépit de mouvement pacifiste

Mars 1983 : Reagan annonce lancement de Initiative de Défense Stratégique (guerre des étoiles), pour rompre l’équilibre : création de satellites militaires qui pourront intercepter les missiles soviétiques

Catastrophe de Tchernobyl 26/4/1986 dont les effets vont dans un premier temps être nié ce qui va créé un sentiment de méfiance envers les autorités.

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Nuage qui s'est bien sur arrêté à nos frontières :

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B. L’affaiblissement international de l’URSS : l’Afghanistan et la crise polonaise

Les premiers craquèlementsKominformDans bloc occidental : « autonomie » des PC (ils prennent leurs distances avec

Moscou) : eurocommunisme

Italie : 1976 : le PCI obtient 34% aux élections, envisage un compromis historique avec la Democratie Chrétienne, accepte Marché commun, admet participation Italie à OTAN

France : position plus modérée : 1968 critique modérée à intervention à Prague, 1972 accepte programme commun avec PS - figure de Georges Marchais

EspagneLes effets en Europe centrale et orientale : la montée de la dissidence : mouvement

intellectuels et artistiques de contestations aux régimes.

La crise polonaise Fin des années 1970 : difficultés économiquesFévrier 1980 : grève des chantiers navals de Gdansk ; le pouvoir reconnaît

l’existence d’un syndicat indépendant Solidarnosc, dirigé par Lech Walesa, qui prend de plus en plus d’importance, avec soutien de l’Eglise catholique (Jean Paul II), accords de Gdansk en août 1980

Après attitude conciliatrice, quelle réaction du gouvernement, et surtout de MoscouFévrier 1981 : Jaruzelski, premier ministreDécembre 1981 : sur incitation de Moscou, « coup d’Etat militaire » de Jaruselski,

établissement d’Etat de siège, interdiction de Solidarnosc, emprisonnement de ses dirigeants

1983 : Walesa, prix Nobel de la paixSuspension progressive de l’état de siège

L’Afghanistan1978 : coup d’Etat favorable aux soviétiques mais forte contestation arméeSep 1979 : intervention militaire ; raisons renforcer position de l’URSS dans la

région, empêcher qu’un pays tombé dans giron soviétique n’en sorteRéaction internationale : condamnation internationale, réaction de Carter (modérée)

Apparence d’équilibre EU/URSS ?

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Les dirigeants soviétiques sont conscients des retards : calcul de PNB sur critères occidentaux place l’URSS loin derrière ; en plus début des réformes économiques en Chine dès fin des années 70. Conscience que dès 1982 la production en URSS ne suffit plus à assurer une croissance du revenu de tout le monde, et qu’en plus généralisation de corruption. Lorsque l'on constate une réduction de l'espérance de vie dans une grande puissance, le bilan est inquiétant.

La crise en Amérique centrale : intervention indirecte pour promouvoir les mouvements contrerévolutionnaires au Nicaragua et au Salvador notamment

Les Etats-Unis font pression sur les pays arabes pour faire baisser le prix du pétrole tout en accordant un soutien partiel aux irakiens dans la guerre Iran – Irak.

L’espérance de vie moyenne – 34 ans en 1923 – s’est élevée à 64,6 (hommes) et 73,3 (femmes) en 1965, ce qui rapproche l’URSS de l’Europe occidentale. Par la suite, cet indice va stagner, diminuer, puis remonter en 1987 (65 et 74,6)

Cette situation se reflète également entre conservation d’un mode de pouvoir quasiment inchangé depuis 2GM et évolution de la société.

1985 : M. Gorbatchev, jeune (52 ans), mais aussi pur produit du système soviétique :

Perestroïka (restructuration) - autorisation d’entreprises individuelles, artisanales, mais aussi dans

l’agriculture- responsabilisation des cadres des entreprises d’Etat- diminution du rôle central du PCUS et autorisation d’expression

politique dissidente- possibilité de multiplicité de candidats aux élections internes du PCUS

Glasnost (transparence)- possibilité de pluralité d’expression- transparence sur le passé de l’URSS, en particulier sur périodes

staliniennes et brejneviennesGorbatchev en 1985 : « Un monde désarmé et réconcilié, sans blocs militaires, la

démocratie, l’autogestion, l’écologie et le socialisme régénéré. »

2. Le rapprochement international entre les deux grands (1985 -1989)

La fin de la guerre froide va être le produit de deux facteurs qui se réalisent en même temps et qui vont avoir des conséquences réciproques : les négociations entre les deux grands sur le désarmement et les crises internes au sein des régimes socialistes.

Août 1983 : affaire du Boeing coréen : un avion civil coréen est abattu par la chasse soviétique, 270 morts : erreur de pilotage, ou tentative d’espionnage ? Affaire mal élucidée mais réactions de Washington sont relativement légères... début de la fin de la guerre froide

1984 : reprise des négociations sur le désarmement

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Gorbatchev « L’Europe est notre maison commune. Maison, et non théâtre d’opérations militaires. »

Octobre 1985 : premières propositions de réduction de moitiés des armements stratégiques, avec inclusion de F et RU

Novembre 1985 : rencontre à Genève Reagan/Gorbatchev : Octobre 1986 : nouvelle rencontre à Reykjavik ; accord sur suppression des armes

à portée intermédiaire et sur réduction de moitié de missiles interballistiques.Gorbatchev propose l’option « double zéro » (destruction totale des missiles à

courte et moyenne portée)Décembre 1987 : Traité de Washington : accord entre EU et URSS sur destruction

de tous les missiles de moins de 5500 km de portée installés en Europe, ainsi que destruction limitée d’armements nucléaires intercontinentaux.

Mai-Juin 1988 : sommet de Moscou : porte à la fois sur armements nucléaires mais aussi sur Droits de l’Homme

Décembre 1988 : Gorbatchev annonce la réduction de l’armée rouge de 500 000 h et le retrait d’une partie des troupes stationnées en Europe de l’Est.

Décembre 1989 : sommet de Malte entre Bush sr. et Gorbatchev : annonce de période nouvelle dans relations internationales, accélération des négociations sur désarmement

Février 1990 : conférence des ministres des AE de OTAN et Pacte de Varsovie à Ottawa : réduction des troupes soviétiques en Europe et accord de « ciel ouvert » : possibilité de survol du territoire de l’autre

Mai 1990 : entretiens de Camp David : accord sur futur traité de démilitarisation portant sur 50% armements stratégiques et chimiques

Août 1990 : face à invasion du Koweit par l’Irak, déclaration commune de J. Baker et E. Chevarnadze condamnant l’invasion

Novembre 1990 : Traité de Paris sur la réduction des forces conventionnelles en Europe : plafonnement armement réciproque, respect de l’équilibre, interdiction d’attaques surprises.

Juillet 1991 : Sommet de Moscou entre EU et URSS : établissement d’un partenariat durable, accords START (strategic arms reduction talks) réduction d’un quart d’armements nucléaires stratégiques (intercontinentaux)

Traité Start II Moscou 1993

3. Le tournant de 1989-1990 : L’effondrement progressif des régimes socialistes dans les pays d’Europe centrale et orientale

Pendant toute les années 1980, l’Europe est redevenue le centre de la guerre froide (comme dans années 50)

Exemple de concentration : sur territoire de l’actuelle Allemagne, fin 1989, il y avait 1 500 000 soldats, 600 000 du Pacte de Varsovie, 900 000 de l’OTAN, plus de 80 000

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chars (60 000 pour Pacte de Varsovie, 20 000 pour OTAN)Déc 1989 : conférence du Pacte de Varsovie condamne l’intervention lors du

printemps de Prague de 1968 !1990- 1991 : fin des structures communes établie spar l’URSSCOMECON : Janvier 1990 annonce de restructuration interne, juin 1991 :

dissolutionPacte de Varsovie : février 1991 décision de dissolution, effective en juillet 1991

Les bouleversements dans chacun des pays

L’Europe centrale et orientaleLa HongrieFévrier 1989 : le gouvernement autorise le pluripartismeMai 1989 : ouverture de la frontière avec AutricheOuverture de table rondes avec l’opposition, division au sein du PCAoût 1989 : l’Autriche ouvre sa frontière, flux de réfugiés est-allemandsOctobre 1989 : le Parti communiste devient le Parti social-démocrate, réformes

constitutionnelles qui mettent fin à régime, instauration officielle du multipartisme La RDA : Juin 1989 : déclaration commune entre URSS et RFA pour « droit à chaque pays de

choisir librement son propre système politique et social »HoneckerOuverture de frontières entre Hongrie et Autriche poussent à partir d’août 1989,

nombreux est-allemands passent à l’Ouest, en se réfugiant dans ambassadesSeptembre-octobre : Manifestations de rues à Leipzig, Dresde, Berlin, à partir des

églises, formations de mouvements politiques autonomes. Les manifestations du lundi7 octobre : Lors de la célébration du 40è anniversaire de la RDA, Gorbatchev

appelle à des réformes9 octobre : manifestation à Leipzig 70 000 personnes– refus de la police

d’intervenir. Répétition des manifestations (« Nous sommes le peuple »), revendications de liberté d’expression, association

18 octobre ; Démission de Honecker4 novembre : manifestation massive à BerlinLe 9 novembre 1989 à 18h57, Günter Schabowski, membre du Politburo, se

présente à la presse et lit la résolution du Conseil des ministres : "les demandes de voyages privés à l´étranger peuvent être déposées (...) sans conditions (...). Des sorties de territoire sont possibles à tout moment à tous les postes frontières entre la RDA et la RFA y compris Berlin (Ouest)". Ce communiqué va être le point de départ de la destruction du mur de Berlin. Manifestations, ouverture par des soldats frontaliers des points de passages, et la manifestation traverse le mur.

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4 Décembre : démission du gouvernement, envahissement pacifique des locaux de la Stasi

Accords sur élections libres, qui seront organisées en mars 1990, et remportées par le centre-droit, favorable à une réunification rapide. Création d’un gouvernement d’unité nationale.

Discussions internationales mènent à accord 4+2 (4 puissances « occupantes », + RFA et RDA), la réunification est acceptée par Gorbatchev contre limitation capacités militaires de la nouvelle Allemagne, dénucléarisation, financement du retrait des soldats soviétiques – programmation du retrait des troupes jusqu’en 1994

Août 1990 : le parlement est-allemand vote intégration au sein de la RFAJuillet 1990 : unification monétaireOctobre 1990 : réunification de l’Allemagne

La TchécoslovaquiePremières manifestations commencent en 1988. Mais fortes résistances du régime

en place. Par rapport à situation en Hongrie ou en RDA, le régime semble plus solide.La « révolution de velours »16 novembre 1989 : manifestation, répression importante, suivie par d’autres

manifestations 28 novembre : le gouvernement annonce fin du contrôle par Parti communiste, puis

nomination d’un gouvernement sans participation des communistes. Alexander Dubček fut élu chef du parlement le 28 décembre, et Václav Havel président de Tchécoslovaquie le 29 décembre 1989. premières élections libres en juin 1990

Les changements au sein de l’ExURSSLes pays baltes, Estonie Lituanie Lettonie où se déroulent des manifestations

depuis 1989, vont proclamer leur indépendance en aout 1991Août 1991 : le putsch de Moscou d’une partie de l’armée contre Gorbatchev et la

politique d’attribution d’autonomie à républiques. Eltsine Le putsch va affaiblir Gorbatchev, mais son échec va conduire à accélerer processus de dislocation de l’URSS. Un nouveau traité est proposé, mais son refus par l’Ukraine conduit en novembre 1991 à annonce de la dissolution de l’URSS et à création de la CEI, structure confédérale très lâche. Chacune des 15 ex république soviétique deviendra indépendante.

Pour l'Europe centrale et orientale la transition est double et rapide : économique et politique. Ce sont les « thérapies de choc », suivies rapidement par l'intégration à l'Union Européenne et à l'OTAN.

La transition économique en Russie est formelle mais la transition démocratique est plus difficile, car on a affaire à un régime autoritaire en proie à la corruption comme en Ukraine (bien que la situation soit meilleur dans ce cas).

La Chine et le Viet-nam ont été les témoins de réformes économiques mais pas de réformes politiques. Cuba est en crise très importante et des réformes d'ouverture sont en cours pendant que la Corée du Nord s'est renfermée sur elle même (en totale autarcie).

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Démocratisation, multilatéralismeLes instances multinationales type FMI ou ONU créée en 1945 mais gelée pendant

la guerre froide vont enfin pouvoir fonctionner. L'idée que les conflits vont disparaître émerge.

Certains conflits sont résolus mais en fait d'autres vont pouvoir apparaître alors qu'ils étaient impossible dans le contexte d'un monde bipolaire. Il y a donc de nouvelles modalités d'organisation des relations internationales avec un rôle beaucoup moins important pour les Etats.

Après la fin de la guerre froide : Quelle est la principale menace à la stabilité et/ou à la paix internationale : la force ou la faiblesse des Etats ?

Les nouvelles grilles de lectures de la conflictualité sont celles de Fukuyama ou Huntington. Alors que la guerre était dut à la force des Etats jusqu'à présent elle découle maintenant de leur faiblesse.I. La fin de la guerre froide et ses effets sur les conflits internationaux

Une perspective idéelle (au sens des « idées ») : F. Fukuyama, La fin de l’histoire ; le libéralisme a triomphé du fascisme, puis du communisme, nous irions alors vers un monde où la démocratie va s’universaliser, et par conséquent où il n’y aura plus de conflit central.

Le « nouvel ordre mondial » des années 1990 : discours de George Bush sr. Une seule hyperpuissance, un rôle nouveau pour les Nations unies, de nouveaux

équilibres stratégiques

Discours du président américain George Bush devant le Congrès

le 11 septembre 1990

Ce discours est tenu par George Bush quelques semaines après l’invasion du Koweit par l’Irak et l’envoi d’un contingent militaire (opération Desert Storm). Las Nations unies ont dénonce l’invasion, voté un embargo contre l’Irak et ont autorisé le recours la force armée pour le faire respecter. Les présidents des EU et de l’URSS se sont rencontrés le 9 septembre et ont fait savoir leur position commune sur cette crise.

Au-delà de la situation en Irak, le discours annonce le « nouvel ordre mondial » (voir paragraphes en gras)

Des extraits du discours peuvent être vus surhttp://www.youtube.com/watch?v=7a9Syi12RJo

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« Nous sommes réunis ce soir, témoins dans le golfe Persique d'évènements aussi significatifs qu'ils sont tragiques. Aux premières heures du 2 août, à la suite de négociations et après que le dictateur irakien Saddam Hussein eut promis de ne pas recourir à la force, une puissante armée irakienne envahit son voisin nullement méfiant et beaucoup plus faible, le Koweït. En l'espace de trois jours, cent vingt mille soldats irakiens et huit cent cinquante chars avaient déferlé sur le Koweït, et marchaient vers le sud pour menacer l'Arabie Saoudite. C'est à ce moment-là que je décidai de contrecarrer l'agression.

À l'heure actuelle, nos vaillants soldats, hommes et femmes, montent la garde dans ce désert distant et sur des mers lointaines, aux cotés de forces de plus de vingt autres nations.

Ces hommes, ces femmes, sont parmi les plus valeureux des Etats-Unis d'Amérique. Et ils font un travail réellement admirable.

Ces courageux Américains étaient prêts, sans aucun préavis, à quitter leurs conjoints, leurs enfants, pour servir au front, à l'autre extrémité de la terre. Ils nous rappellent qui fait la puissance de l'Amérique : ce sont eux.

En ces circonstances éprouvantes du Golfe, nos troupes gardent un moral excellent. Face au danger, elles sont braves, bien entraînées et dévouées.

Un certain soldat, Wade Merritt, de Knoxville, dans le Tennessee, aujourd'hui à son poste en Arabie Saoudite, faisait part dans une lettre adressée à ses parents, de ses inquiétudes, de son amour pour sa famille et de ses espoirs de paix. Il ajoutait : " Je suis fier de mon pays et de sa ferme opposition à une agression inhumaine. Je suis fier de mon armée et de ses hommes (...) Je suis fier de servir mon pays. " Permettez-moi de vous dire, Wade, que votre pays est fier de vous. Comme il est reconnaissant envers chaque soldat, chaque matelot, chaque " marine " et chaque aviateur qui sert la cause de la paix dans le golfe Persique. Je tiens également à remercier le président du Comité des chefs d'état-major interarmées, le général Powell, les chefs d'état-major, notre commandant dans le golfe Persique, le général Schwartzkopf, et les hommes et les femmes du ministre de la Défense : quel travail magnifique vous accomplissez.

J'aimerais pouvoir leur dire que leur travail est achevé. Mais nous savons tous qu'il ne l'est pas. S'il y a jamais eu un moment où il convient de placer le pays avant son propre intérêt et le patriotisme avant le parti, c'est bien le moment présent. Je tiens à remercier tous les Américains, particulièrement ceux présents dans cet hémicycle, pour le soutien qu'ils apportent à nos forces et à leur mission. Ce soutien sera encore plus important dans les jours à venir.

Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de notre pays.

Nos objectifs dans le golfe Persique sont clairs, précis et bien connus :

- L'Irak doit se retirer du Koweït complètement, immédiatement et sans condition ;

- le gouvernement légitime du Koweït doit être rétabli ;

- la sécurité et la stabilité dans le golfe Persique doivent être garanties ;

- les ressortissants américains à l'étranger doivent être protégés.

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Ces objectifs ne sont pas seulement les nôtres. Ils ont été approuvés par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies à cinq reprises ces cinq dernières semaines. La plupart des pays partagent notre volonté de faire respecter les principes. Et un grand nombre d'entre eux ont intérêt à ce que la stabilité règne dans le golfe Persique. Ce n'est pas, comme Saddam Hussein le prétend, les Etats-Unis contre l'Irak. C'est l'Irak contre le monde. Comme vous le savez, je viens d'avoir un entretien très fructueux avec le président de l'URSS, M. Mikhaïl Gorbatchev. Je suis content que nous oeuvrions de concert en vue d'établir de nouvelles relations. À Helsinki, nous avons affirmé, dans notre communiqué commun ('), notre détermination à réagir devant la menace que l'Irak fait peser sur la paix. Nous avons déclaré, je cite : " Nous sommes unis pour estimer que l'agression par l'Irak ne doit pas être toléré. Aucun ordre international pacifique n'est possible si des états plus forts peuvent dévorer leurs voisins plus faibles. " Il est clair qu'aucun dictateur ne peut plus compter sur l'affrontement Est?Ouest pour bloquer l'action de l'ONU contre toute agression.

Un nouveau partenariat des nations a vu le jour.

Nous nous trouvons aujourd'hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s'orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu'ils soient à l'Est ou à l'Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie. Une centaine de générations ont cherché cette voie insaisissable qui mène à la paix, tandis qu'un millier de guerres ont fait rage à travers l'histoire de l'homme. Aujourd'hui, ce nouveau monde cherche à naître. Un monde tout à fait différent de celui que nous avons connu. Un monde où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde où les états reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un monde où les forts respectent les droits des plus faibles.

(...) Les autres dirigeants d'Europe, ceux du Golfe et d'autres parties du monde comprennent que la façon dont nous résoudrons cette crise aujourd'hui pourrait façonner l'avenir des futures générations. L'épreuve à laquelle nous faisons face est importante, comme le sont les enjeux. Il s'agit du premier assaut contre le nouveau monde que nous recherchons, le premier test de notre détermination. Si nous n'avions pas réagi de manière décisive à cette première provocation, si nous n'avions pas continué de faire preuve de fermeté, ce serait un signal donné aux tyrans actuels et potentiels du monde entier.

Les Etats-Unis et le monde doivent défendre leurs intérêts communs vitaux. Et ils le feront.

Les Etats-Unis et le monde doivent soutenir la primauté du droit. Et ils le feront.

Les Etats-Unis et le monde doivent se dresser contre l'agression. Et ils le feront.

Et une dernière chose : dans la poursuite de ces objectifs, les Etats-Unis ne se laisseront pas intimider.

Des questions de principe d'une importance vitale sont en jeu. Saddam Hussein veut absolument effacer un pays de la face de la terre.

Nous n'exagérons pas.

Nous n'exagérons pas non plus lorsque nous disons que Saddam Hussein échouera.

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Des intérêts économiques vitaux sont également menacés. L'Irak à lui seul possède environ 10 % des réserves pétrolières mondiales. L'Irak plus le Koweït en possèdent le double. Si on permettait à l'Irak d'absorber le Koweït, il aurait, en plus de l'arrogance, la puissance économique et militaire nécessaire pour intimider et forcer la main à ses voisins - des voisins qui ont la part du lion des réserves pétrolières du monde. Nous ne pouvons pas permettre qu'une ressource aussi essentielle soit dominées par un être aussi tyrannique. Et nous ne le permettrons pas. Les récents évènements ont certainement montré qu'il n'existe pas de substitut au leadership américain. Face à la tyrannie, que personne ne doute de la crédibilité et du sérieux des Etats-Unis. Que personne ne doute de notre détermination. Nous défendrons nos amis. D'une façon ou d'une autre, le dirigeant de l'Irak doit apprendre cette vérité fondamentale. Dès le début, en agissant en étroite coopération avec d'autres, nous avons cherché à modeler la réponse la plus large possible à l'agression irakienne. La coopération internationale et la condamnation de l'Irak ont atteint un degré sans précédent.

Les forces armées de pays de quatre continents ont répondu à l'appel du roi Fahd d'Arabie Saoudite en vue de dissuader l'agresseur et, si nécessaire, de défendre ce pays contre toute attaque. Musulmans et non-mulsulmans, arabes et non-arabes, les soldats de nombreux pays ont serré les rangs, résolus à déjouer les ambitions de Saddam Hussein. Nous pouvons citer cinq résolutions par lesquelles le Conseil de sécurité des Nations Unies condamne l'agression de l'Irak. Elles exigent le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les forces irakiennes, la restauration du gouvernement légitime du Koweït, et elles rejettent catégoriquement la tentative cynique et égoïste d'annexion du Koweït. Enfin, I'ONU a demandé la libération de tous les ressortissants étrangers détenus en otages contre leur gré et en violation du droit international. C'est se moquer de leur dignité humaine que d'appeler ces personnes "des invités". Ce sont des otages, et le monde entier le sait.

Le Premier ministre britannique, Mme Margaret Thatcher, I'a très bien dit : " Nous ne marchanderons pas sur le sort des otages. Nous ne nous abaisserons pas à prendre des êtres humains pour des instruments de marchandage. Jamais. " Bien entendu, nos pensées vont aux otages et à leurs familles, mais notre politique ne peut changer. Et elle ne changera pas. Les Etats-Unis et le monde ne se prêteront pas au chantage. Nous commençons à entrevoir une Organisation des Nations Unies qui fonctionne comme ses fondateurs l'avaient envisagé. (...) Le Conseil de sécurité a décrété des sanctions économiques obligatoires à l'encontre de l'Irak, qui sont destinées à obliger ce pays à renoncer au butin de sa conquête illégale. Le Conseil de sécurité a aussi pris la mesure décisive d'autoriser le recours à tous les moyens nécessaires pour garantir le respect de ces sanctions.

De concert avec nos amis et alliés, les bâtiments de la marine nationale des Etats-Unis patrouillent aujourd'hui dans les eaux du Moyen-Orient. Ils ont déjà intercepté plus de sept cents navires dans le cadre de l'application des sanctions. Trois dirigeants de la région avec lesquels j'ai parlé hier m'ont dit que ces sanctions donnaient des résultats. L'Irak commence à en sentir les effets.

Nous continuons d'espérer que les dirigeants irakiens réévalueront le coût de leur agression. Ils sont coupés du commerce mondial. Ils ne peuvent plus vendre de pétrole. Et seule une proportion très faible des marchandises leur parvient. Dans notre pays, le coût matériel de notre ligne d'action peut être élevé. C'est pourquoi le secrétaire d'état, M. James Baker, et le ministre de Finances, M. Nicholas Brady, se sont entretenus avec les dirigeants de nombreux pays pour souligner qu'il convenait de partager 1a charge de cet effort collectif. Nous sommes prêts à assumer notre part et même plus pour aider à supporter cette charge, mais nous insistons pour que les autres fassent de même. La réponse de la plupart de nos amis et alliés a été bonne. Pour aider à couvrir les frais, les dirigeants de l'Arabie Saoudite, du Koweït et des émirats arabes réunis se sont engagés à fournir à nos forces sur le terrain les vivres et le carburant dont elles ont besoin. Une aide généreuse sera également fournie aux vaillants pays de la ligne de front, tels que la Turquie et l'Egypte. Je suis aussi encouragé par le fait que cette réponse internationale concerne aussi les victimes les plus touchées par ce conflit, les réfugiés. Nous avons donné vingt-huit millions de dollars au titre des secours. Il ne s'agit que d'une partie de ce qui est nécessaire. Je félicite, en particulier, I'Arabie Saoudite, le Japon et plusieurs Etats européens qui se sont joints à nous dans cet effort humanitaire.

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Cette crise a également un coût sur le plan énergétique. Les pays producteurs de pétrole sont déjà en train de compenser la production perdue de l'Irak et du Koweït. Plus de la moitié des pertes ont été compensées. Nous obtenons une coopération superbe. Si les producteurs, dont les Etats-Unis, continuent de prendre des mesures en vue d'accro1tre la production de pétrole et de gaz, nous pourrons stabiliser les prix et garantir qu'il n'y aura pas de difficultés. En outre, plusieurs de nos alliés et nous-mêmes avons toujours la possibilité de tirer sur nos réserves stratégiques de pétrole, si les circonstances l'exigent. Comme je l'ai déjà souligné, il est essentiel de s'efforcer de maintenir à un niveau aussi faible que possible nos besoins d'énergie. Nous devons ensuite tirer parti de toutes nos sources d'énergie : charbon, gaz naturel, énergie hydroélectrique et énergie nucléaire. Notre inaction sur ce plan nous a rendus plus dépendants que jamais du pétrole étranger. Enfin, que personne ne songe à profiter de cette crise.

Je ne puis prédire combien de temps il faudra pour convaincre l'Irak de retirer ses forces du Koweït. Les sanctions ne produiront leur plein effet qu'à la longue. Nous continuerons d'envisager toutes les options avec nos alliés, mais que ceci soit net et clair : nous ne laisserons pas passer cette agression. Notre intérêt, notre engagement dans le Golfe, n'est pas passager. Il est antérieur à l'agression de Saddam Hussein, et il y survivra. Longtemps après le rapatriement de toutes nos forces, les Etats-Unis auront un rôle durable à jouer afin d'aider les pays du Golfe Persique : il s'agit, de concert avec d'autres pays, de décourager toute future agression, et d'aider nos amis à assurer leur propre défense. Il consiste aussi à freiner la prolifération des armes chimiques, biologiques, des missiles balistiques et, surtout, des techniques nucléaires.

Permettez-moi de dire sans ambages que les Etats-Unis n'ont rien contre le peuple irakien. Nous nous en prenons au dictateur irakien, et à son agression. L'Irak ne sera pas autorisé à annexer le Koweït. Il ne s'agit ni d'une menace, ni d'une fanfaronnade : c'est simplement ainsi que les choses vont se passer. (...)

Une fois de plus, des Américains se sont engagés, ils ont fait leurs adieux émus à la famille, avant de s'embarquer vers une rive distante et inconnue. En ce moment-même, aux côtés d'Arabes, d'Européens, d'Asiatiques et d'Africains, ils défendent le principe et le rêve d'un nouvel ordre mondial. C'est pour cela qu'ils suent et qu'ils peinent dans le sable, sous la chaleur écrasante du soleil.

Si eux sont capables de s'unir en dépit de telles adversités, si d'anciens adversaires comme l'Union soviétique et les Etats-Unis peuvent travailler à une cause commune, assurément nous, qui avons la chance insigne de nous trouver dans cette grande salle - démocrates, républicains, libéraux, conservateurs - nous pouvons nous unir afin d'assumer nos responsabilités.

Merci, bonne nuit, et que Dieu bénisse l'Amérique. »

Des termes sont absents comme ce lui de Démocratie ou de liberté, le nouvelle ordre mondial doit être basé sur la légalité et les institutions internationales qui doivent fonctionner. La guerre froide n'a jamais provoqué un conflit direct entre les deux grands, seul les conflits à basse intensité se sont développés.

Les Nations Unies sont pensées comme une instance qui peut fonctionner pour résoudre les nouveaux conflits qui vont apparaître.

L'idée selon laquelle on arrive à la fin de l'Histoire par la fin de l'affrontement idéologique. La démocratisation globale est l'aboutissement de l'Histoire.

WWII = démocratie/communisme/fascisme1945 – 1990 = démocratie/communisme1990... = démocratie

La fin de la guerre froide va effectivement se traduire par une nouvelle « vague de démocratisation ». Fukuyama prévoit la fin des guerre.

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L'ONU va intervenir plus entre 1990 et 2000 qu'entre 1945 et 1990 notamment en Amérique du Sud et en Afrique Australe (Mozambique, Angola...). Parallèlement on assiste à la fin de l'Apartheid en Afrique du Sud.

Mais certains conflits, sans être liés à la guerre froide (qui étaient interprétés pourtant comme tel), apparaissent avec l'idée de la possibilité d'une médiation internationale.

La démocratisation est générale et elle va faire apparaître ce nouvel ordre mondial. Pour S. Huntigton, il y aurait eu trois vagues de démocratisation

1ère 1850-1920 : pays d’Europe occidentale, certaines anciennes colonies britanniques (Canada, Australie), puis Europe centrale et orientale après la fin de la première guerre mondiale, mais échec

2ème 1945-1965 : pays d’Europe centrale (Allemagne, Autriche), Italie, Japon, mais également certaines anciennes colonies (Inde)

3ème à partir de 1974- 1970 Europe du sud (Espagne, Portugal, Grèce)- 1980 Amérique latine, Asie du sud-est- 1990 Europe centrale et orientale Afrique du sud- 2000 : Afrique sub-saharienne, ex-URSS

Persistance de conflits anciens, émergence de nouvelles tensions : la où la guerre froide empêchait les conflits, de nouvelles zones de tensions vont apparaître (Caucase, exYougoslavie...). Diverses théories comme celle du frigo (conflits gelés mais peu réaliste comme a-historique), ou celle de la chaudière (accumulation de pression) tentent d'expliquer cela.

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Quel lien entre la guerre froide et les conflits :- une lecture stratégique (la guerre froide est le conflit central qui

explique tous les autres ; sa fin résout certains conflits mais en provoque d’autres)- une lecture en termes de compréhensions des conflits (la guerre froide

est une grille d’interprétation, tous les conflits sont compris en fonction de la logique bipolaire)La résolution de nouveaux conflits comme celle de l'Irak en 1991 est aussi un

témoignage de l'évolution des RI, tout d'abord car la guerre froide ne l'aurait jamais permis et d'autre part car les sanctions et la coordination des nations unies a été efficace.

Il ne s'agit en aucun cas de renverser le régime autoritaire mais seulement de mener une guerre éclair pour rétablir l'ordre mondial. L'intervention des américains aidés par les forces anglaises, françaises... permet une victoire rapide.

Remy Leveau, « cet effondrement du communisme qui a modifié à la fois les sources de légitimation et la structure de l’ordre bipolaire transforme non pas tant la nature des conflits que le sens qu’on leur donne ».

Les conflits ne changent pas seule l'interprétation change.Didier Bigo « dans la plus grande partie des conflits qui ont proliféré ces dernières

années, la fin de la guerre froide a principalement servi à dévoiler la nature profonde des conflits en cours ou en altérer substantiellement la signification »

L’exemple de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979 et la résistance afghane : combattants de la liberté (« Freedom fighters »), Talibans ou résistants à un pouvoir étranger dans une organisation sociale clanique ?

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Le gouvernement qui avait été soutenu par les Russes résiste trois années aux combattants de la résistance et la guerre va se poursuivre jusqu'en 1996. A cette date les « freedoms fighters » l'emporte.

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2. De nouvelles explications pour de nouveaux conflits

Une lecture assez simple est proposée en parallèle des conflits post-guerre froide transformant les conflits Est-Ouest en conflits Nord-Sud sans pour autant garder le simpliste « industrialisés vs Tiers-Monde ».

D'un côté le monde de la rationalité de la modernité, du monopole de la violence physique légitime face à un Sud caractérisé par l'absence d'ordre : chaos, anarchie... Cette vision scolastique d'un Nord clauswitzien, où le recours à la force peut éventuellement la continuité de la politique alors que la violence du Sud serait mystique, incompréhensible et incompréhensible par la raison.

J.-C. Ruffin, L’Empire et les nouveaux barbares L’idée d’un conflit entre l’Occident et les autres : « The West and the Rest » L’explication par les cultures ? S. Huntington, Le choc des civilisationsMême si l'on considère l'Etat comme central cela ne suffit pas à expliquer la

multiplication des conflits.« Une civilisation est la forme de regroupement par la culture et le facteur d’identité

culturelle le plus large qui caractérisent le genre humain (…) Elle se définit par des éléments objectifs communs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions et par le processus subjectif d’identification de ceux qui le partagent ».

Huit civilisations (occidentale, slave-orthodoxe, musulmane, hindoue, confucéenne, japonaise, latino-américaine et africaine) ; dans le futur les conflits locaux les plus susceptibles de dégénérer en guerres majeures sont ceux qui sont situés sur les lignes de contact entre différentes civilisations. Expression des « frontières sanglantes de l’islam ».

Vision très réductrice, portée par idée de renforcement de civilisation occidentale

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Cette vision a influencé bien des dirigeants dans les années 2000. Pourtant si l'on remplace le terme civilisation par Etat on se retrouve avec une vision réaliste d'un autre temps pour analyser les RI.

« La conception néo-scolastique des relations internationales » L.Morel

L’explication par les effets de la mondialisation : B. Barber, Djihad vs. McWorld : deux visions de la mondialisation, l’une généralisant une identification à des valeurs, à des identités et cherchant à l’imposer à tous (ici « djihad » ne doit pas être compris comme lié à l’islam, mais est utilisé comme métaphore de toute identification à une conception religieuse du monde), l’autre valorisant une identification à un marché mondial, qui là-aussi doit être imposés pour ses partisans à tous. La victime de cet affrontement pour Barber : la démocratie, comme lieu de confrontation de pluralisme.

En réalité, les conflits liés aux logiques d’Etat classique et ceux liés à logiques

nouvelles sont imbriqués : Philippe Moreau Defarges « il y a imbrication (systématique) des deux types de

menaces, les disputes territoriales classiques se trouvant remodelées par les luttes non classiques (valeur stratégique des zones de production, des voies d’approvisionnement), les luttes non classiques comprenant des enjeux classiques (contrôle de territoires, de population) ».

3. Conflits localisés, conflits mondiaux

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L'exemple du Rwanda :

On a souvent vu le génocide comme un conflit inter ethnique mais il faut voir plus loin en se penchant sur l'Histoire du pays. En effet les occidentaux ont colonisés une société très organisée. Dans le Rwanda précolonial la société s'organise à travers des clans (ubwoco). La distinction Tutsis/Hutus ne se pratique pas entre clan mais au sein de chaque clan (les riches sont deviennent Tutsi et les pauvres restent Hutu).

Il y avait donc une possibilité de mobilité social dans cette société précolonial : un éleveur s'enrichissant (en vaches) peut devenir Tutsi et vice versa. En forçant un peu la comparaison on peut parler presque de distinction en tant que classe sociale.

Les Tutsi étaient donc les cadres de cette société, ils exerçaient le pouvoir dans la région (ce qui n'est pas très original en soit). Il y a donc progressivement une institutionnalisation des différences sociales. Le Roi était issu d'une famille Tutsi mais lorsqu'il accédait au trône il perdait ce statut (car dépassant cette logique de clans).

A la fin des années 1880 le Rwanda est colonisé par les Allemands puis par les Belges après la WWI. Ils vont alors imposés une transformation de la société en proposant une lecture de la société au sens raciste tel qu'on l'entend dans l'Europe de l'époque. Cela va avoir un effet très fort dans la société rwandaise en transformant la distinction sociale en distinction ethnique et raciale (il y aurait deux races : Hutus et Tutsis).

La pyramide des races s'agencerait alors avec les occidentaux en son sommet et les Hutus à sa base avec un intermédiaire : les Tutsi. Les occidentaux sont en fait très favorablement impressionné par le fait qu'il y ait une société très organisée avec des élites. Ils cherchent alors une explication et la trouve en inventant une antique migration des Tutsis depuis la vallée du Nil (théorie hamitique). Ils réduisent l'organisation de la société rwandaise en un clivage exclusif et en interdisant toute mobilité sociale et en reniant l'organisation clanique. Les Belges vont non seulement figer cette identité mais également la construire en tant qu'identité administrative (carte d'identité avec mention « Tutsi » ou « Hutus », qui vont avoir une importance majeur en 1993/94).

Ils vont aller plus loin en mettant en place une administration coloniale et des écoles dont l'accès va être limité aux Tutsis et interdite aux Hutus jusque dans les années 1960

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où l'Afrique connait un mouvement d'indépendance. Pour freiner les ardeurs de cet indépendantisme au sein des élites rwandaises les Belges vont renverser le système qu'ils avaient eux même établis. Ils vont alors susciter un sentiment de révolte dans les milieux Hutus face à la domination Tutsis. Cela va conduire aux premiers massacres de Tutsis qui vont se réfugier au Congo voisin (mais également de Hutus car pour nombre d'entre eux l'identification de type clanique est plus forte que l'identification « ethnique »).

En 1959 – 1961 on assiste effectivement à une révolution sociale mais finalement elle va conduire quand même à la revendication et à l'obtention de l'indépendance. Très vite des groupes armés Tutsis en provenance du Congo vont essayer de déstabiliser le nouveau pouvoir pour récupérer le pouvoir mais cela va conduire à de nouveaux massacres et donc de nouveaux réfugiés (encore une fois Tutsis et Hutus).

Après une brève période de Démocratie pluraliste un coup d'Etat amène au pouvoir en 1974 Juvénal Habyarimana qui reste au pouvoir jusqu'en 1994. Ce nouveau régime à parti unique a vocation a rassembler toute la société pour effacer les différences et faire en sorte qu'il n'y ait pas de clivage au sein de la société rwandaise. Mais progressivement il y a une évolution du discours dans un sens de plus en plus ethnique (valorisation d'une identité Hutu).

Cette évolution va de paire avec une croissance agricole soutenue dans une société très dense démographiquement. La culture du café notamment permet au Rawanda de connaître une situation bien meilleur que dans les autres pays voisin. Cela provoque une vague de démocratisation dans de nombreux pays de l'Afrique subsaharienne sous l'influence notamment dans les années 1990 de la France.

Mitterrand tient un discours où il propose d'appuyé tous les efforts de démocratisation en mettant en place un principe d'aide conditionné par l'existence d'une

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Démocratie. Mais il précise que ce changement démocratique entraine une instabilité (désordre, guerre civile, changement violent de régime...) ce qui va permettre à la France d'appuyer des dictatures. Il est extrêmement difficile de trouver des chiffres quand à cette aide et on ne peut pas démontrer une corrélation entre l'aide économique de la France et la démocratisation des régimes africains.

Peu après le Rwanda connaît une crise économique très forte (chute du cours du café) ce qui va provoquer une migration d'exode urbain vers les campagnes car les jeunes qui avaient migrés vers les villes n'ont plus de travail. Le devoir de solidarité familial de cette société ne peut plus jouer par manque de ressource ce qui va créer de fortes tensions.

En 1990 une attaque armée du F.P.R. (Front Patriotique Rwandais) composé essentiellement de Tutsis va tenter de renverser le régime au Nord du Rwanda (ils sont basés en Ouganda. La France et la Belgique réponde à l'appel à l'aide du président rwandais en faisant une sorte de chantage à la Démocratie en jouant sur l'ambiguïté du discours de Mitterrand. D'autant plus que la politique Africaine de la France joue autour de la francophonie (un pays anglophone appuie le renversement du gouvernement d'un pays francophone).

Militairement c'est un succès et le F.P.R. se replie, la Belgique retire ses troupes mais les Français restent pour « former » l'armée et la police rwandaise.

La radicalisation du discours ethnique de suprématie Hutus basé sur le rejet des Tutsis (Hutus Power) qui donne lieu à de premiers massacres. Des milices sont créées et organisées (elles « combattent ensemble » sous entendu les Tutsis), composées de la jeunesse du partie elles vont être endoctrinées et entrainées quasi militairement. Elles mènent des opérations d'intimidation de plus en plus violente avec de nouveaux massacres. La France ne s'implique pas dans cette radicalisation du discours ethnique mais soutient la « stabilité du régime » en entrainant l'armée notamment d'autant plus que le Rwanda instaure le pluralisme et les premières élections libres.

Il y a des négociations entre F.P.R. et gouvernement rwandais en proposant en 1993 qu'une fois le mouvement désarmé il pourra se présenter aux élections. Cet accord de paix est très largement factice car une fois signé il ne sera jamais appliqué. Il est révélateur des divisions au sein du parti présidentiel entre modérés et extrémistes.

1993-1994 : première intervention internationale (MINUAR) de maintien de la paix comme dans d'autres missions les années précédentes en Afrique. Mais l'accord n'étant pas respecté cette mission est un échec.

Le 6 avril 1994 un attentat abat l'avion présidentiel tuant le président du Rwanda et du Burundi. Les origines de cet attentat sont encore incertaines mais c'est lui qui va être pris comme prétexte du déclenchement du génocide. Pendant trois mois 800,000 personnes sont massacrées et un millions de Tutsis prennent la fuite. Les Nations Unies décident de protéger les dirigeants modérés (comme le premier ministre de l'époque) mais les milices vont arrêter ces dirigeants et les casques bleus envoyés pour les protéger et les massacrés. Des dirigeants du parti se proclament ministres et organisent le génocide.

Juridiquement le génocide est la volonté et l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Mais pendant plusieurs semaine les journaux, ONG et gouvernements notamment français refusent de parler de génocide. Bien que cela nous paraisse évident maintenant, sur le moment on a très peu d'image des massacres et d'informations directes sur ceux-ci.

C'est essentiellement les milices qui extermine la population Tutsis, c'est pour ça que l'on parle de génocide commis à la « machette » mais il ne faut pas oublier que

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l'armée et la gendarmerie vont préparées sur un plan logistique et assurer un rôle d'encadrement de ces milices. Militaires et gendarmes entrainés par les Français quelques années plus tôt. Le rôle des médias (notamment la radio des milles collines) est également essentiel dans l'organisation du génocide en diffusant des appels au massacre.

Les Etats occidentaux se montrent réticents à reconnaître le massacre car ils auraient étés dans l'obligation d'envoyer des troupes pour contrôler la situation. Attention de nombreux Hutus vont s'opposer au génocide et beaucoup vont d'ailleurs le payer de leur vie : on parle juridiquement alors de génocide pour les Tutsis et de massacre généralisés pour les Hutus modérés.

Jean Hatzfeld, Une saison de machette, Le temps des marées, La stratégie des antilopes.

Roméo Dallaire (général en chef des troupes de l'ONU au Rwanda), J'ai serré la main du diable.

A partir de Juin 1994, la France se voit obliger d'intervenir après avoir reconnue la situation de génocide et demande l'autorisation à l'ONU d'intervenir. Les forces de l'opération Turquoise vont sécuriser un quart du pays en créant une zone où la France va tout faire pour éviter la continuité du génocide dans celle-ci (mais pas ailleurs).

Selon les cas les réfugiés vont être accueillis mais les entrées sont parfois bloquées par peur de faire rentrer des miliciens dans la zone. De plus cette zone va permettre la fuite de manière officieuse d'un grand nombre de hauts responsables du génocide. Seul la victoire militaire du F.P.R. et le renversement du gouvernement Hutu va en fait permettre de mettre fin au génocide.

Il va falloir distinguer deux types de réfugiés dans les même camps au Congo car à la fois les génocidés et les génocidaires. Cela va expliquer par la suite la propagation du conflit dans les pays voisins.

Un T.P.I.R. (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) est créé mais rapidement le problème du trop grand nombre de personnes à juger va se poser. Les exécutants vont être jugés par les tribunaux sur le gazon dans chaque village où ont été commis les massacres de manière assez efficace.

Alors que la paix revient au Rwanda le conflit se propage dans les Etats voisins (alliances entre Etats et groupes armés) :

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– Toute la région s'embrase dans les années 1996-97, avec sept pays en guerre sur le sol de la République démocratique du Congo, dont les richesses minières sont l'objet de toutes les convoitises.

– En 1996-1997 éclate un premier conflit, ou conflit du Zaïre, dans lequel le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi soutiennent une rébellion zaïroise tutsi pour renverser le président zaïrois Mobutu Sese Seko et le remplacer par Laurent-Désiré Kabila.

– En 1998-2003 éclate un autre conflit, ou conflit des Grands Lacs, dans lequel ces mêmes pays soutiennent une nouvelle rébellion tutsi pour écarter Laurent-Désiré Kabila du pouvoir. 1999 : accord de paix de Lusaka, retrait progressif des troupes étrangères du

Congo2000 : installation de la MONUCJanvier 2001 : L.-D. Kabila est assassiné et remplacé par son fils Jospeh KabilaAu total plus de 3,5 millions de victimes

L'exemple de Jean-Pierre Bemba en R.D.C. est significatif des pratique politiques régionales : homme d'affaire puissant il crée son parti politique auquel il associe une milice armée qui commet toute sortes d'exaction au Congo et en Centrafrique (le président de l'époque lui demande de l'aide pour faire face à une révolte).

Memba devient vice-président en 2003 du gouvernement de transition du Congo. Après être battu en 2006 aux présidentielles (il arrive second) il conteste le résultat de l'élection et mobilise ses milices puis s'exile en Belgique où il est arrêté et actuellement en cours de jugement.

PARTIEL : 2H 13h30-15h30 le jeudi 29 avril pour le cours du lundi PARTIEL : 2H 8h-10h le vendredi 30 avril pour le cours du vendredi

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Le conflit du Darfour :

Le plus grand pays d'Afrique, le Soudan compte 41,000,000 d'habitants dirigé depuis des siècles par une minorité Arabe qui gouverne les autres populations. Indépendants (colonisé par l'Angleterre) en 1956, le pays a connu déjà trois guerre civile.

Le pouvoir central est contesté par des régions demandant d'avantage d'autonomie. Le premier conflit fait 500,000 morts dans le Sud du Soudan des suites de la répression organisée par la dictature militaire.

Le second protagoniste oppose les même protagonistes mais pour différentes raisons. L'élément déclencheur est l'instauration de la Sharia pour l'ensemble du pays. L'armée populaire de libération du Soudan (APLS) se constitue pour lutter contre cette législation. Deux coup d'états se succèdent et le dictateur Omar Al-Bachir prend le pouvoir (dirigeant actuel) en renforçant ces mesures. Les USA accuse a raison le pays d'accueillir des terroriste (notamment Ben Laden).

L'armée soudanaise, détruisant les récoltes en pratiquant une politique de terre brulée provoque de nombreux morts chez les civiles. En 1989 le conflit cesse plus ou moins sur un bilan de 2,000,000 de morts. Le régime développe une rhétorique destinée à promouvoir la politique gouvernementale et discréditer les rebelles du Sud. Elle mobilise par là le Darfour et recrute massivement des soldats dans cette région (un moyen d'avoir une reconnaissance sociale).

En 2005, le gouvernement propose une reconnaissance des mouvements du Sud par une consultation populaire à travers un référendum en accédant aux revendications des provinces du Sud. Le leader devient ministre mais meurt accidentellement ce qui affaiblit grandement l'APLS.

Cela nous amène au conflit actuel et notamment à dénoncer la lecture qu'on en fait actuellement dans les médias : celui du Darfour.

Région à l'économie agricole et pastorale assez importante, elle a été intégré tard au Soudan. Elle fonctionne sur un système tribal fortement structurée (Fours, Masalits,

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Zaghawa et Arabes) mais il est possible de changé de clan dans la mesure où c'est l'appartenance du mari qui détermine le clan de chacun.

Historiquement les clans du Sud sont des éleveurs qui migrent pour faire paître au Nord leurs troupeaux mais revenaient vivre ensuite au Sud. En revanche les clans du centre sont des agriculteurs ce qui provoque de fortes interdépendances entre eux (et des conflits bien sur). Les tensions sont assez importantes entre ces groupes du fait des difficultés climatiques en 2003.

On assiste à la constitution de groupes rebelles qui vont provoqués une insurection armée contre le pouvoir de Karthoum pour que le Soudan reconnaisse l'indépendance du Darfour. Les deux principaux sont l'Armée de Libération du Darfour (Laïque) et le Mouvement pour la Justice et l'Egalité (Musulmans). Dans un premier temps la rébellion est un succès militaire et l'une des raisons qui va motivé cette mobilisation est très largement explicable par les conséquences de la guerre du Sud. En effet la reconnaissance individuelle et financière promise par l'armée ne vient pas et les anciens soldats ayant matés la rébellion du Sud se révolte en s'engageant dans ces groupes armés.

Le gouvernement réprime immédiatement le mouvement en envoyant des troupes. La paix avec le Sud vient de là car le gouvernement ne veut surtout pas avoir à faire à deux rébellions ou pire une coalition. Certains officiers sont réticents à s'engager contre leurs anciens soldats dans un premier temps.

Le meilleur moyen de se débarrasser d'un groupe rebelle est de s'attaquer à la population qui la soutien. Le gouvernement va donc entretenir une propagande de conflit non pas politique mais ethnique. Il va présenter aux populations du Sud Darfour les noirs comme une menace pour eux arabes. Il mobilise alors les population arabes du Sud pour qu'ils se battent contre les rebelles du Nord. Des milices se constituent pour contraindre les populations noirs à fuir et laisser la place aux populations arabes.

Dans un premier temps cette politique à un certain succès et elles vont rapidement être connue comme les Janjaweed (esprits mauvais à cheval), peu armées mais rapidement l'armée soudanaise apporte son soutien par de violents bombardement des villages. Dans un premier temps de manière logique par rapport à la politique développée et provoque 100,000 réfugiés (dans un autre pays avec intervention du HCR) et 1,000,000 de déplacés (à l'intérieur du pays et impossibilité d'action du HCR).

Mais dès 2004 le gouvernement soudanais montre que la politique ethnique n'est qu'une rhétorique mobilisatrice et des villages du Sud sont bombardés. Les trois quart des 130,000 morts ne sont pas dus directement aux violences mais aux déplacements et aux maladies.

Une accalmie eu lieu en 2006 avant une reprise du conflit et de nouvelles négociations il y a peu.

Il est très difficile de dénombrer les victimes avec précision car le gouvernement a interdit l'accès au Darfour aux étrangers. Mais la volonté de semer la terreur dans l'ensemble du Darfour et pas seulement à un clan spécifique empêche de qualifier ces violences de génocide.

En fait les milices sont essentiellement composées de repris de justice ou de mercenaire et non pas d'éleveurs du Sud comme voulait le faire croire le gouvernement. Google Earth permet de voir l'évolution des violence par la disparition de villages.

Le conflit est médiatisé et la communauté internationale s'intéresse au dossier : en 2004, dix ans après le Rwanda, une volonté politique apparaît pour empêcher que cela se

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reproduise. Un observateur parle de nettoyage ethnique et une mobilisation populaire aux États-Unis va reprendre la rhétorique du gouvernement soudanais pour le dénoncer (campagne save the Darfour avec G.Clooney et l'épisode d'Urgences au Darfour le 4 mai 2006). Le bruit médiatique augmente de manière très importante des suites de cette implication (Du sable et des larmes, Un voyage au Darfour...) et des milieux évangéliques se mobilisent (car ils avaient déjà pris partis lors de la guerre contre les chrétiens du Sud) et le Black Focus met également en marche son appareil.

La somme de ces facteurs propage l'idée du génocide dans le monde et la chambre des représentants du congrès votent à l'unanimité la reconnaissance du génocide au Darfour ce qui obligerait les USA a intervenir. Mais ils n'ont pas vraiment envie et ils vont parrainer et appuyer une intervention de la communauté internationale en soutenant une force d'interposition de l'Union Africaine... 7,000 hommes pour un territoire grand comme la France sans moyen de locomotion.

La pression s'accentue et un embargo sur la vente d'arme d'organisations non gouvernementales au Darfour empêche finalement les rebelles de s'armer mais pas du tout les Janjaweed. Un chantage au pétrole ne fonctionne pas du tout puis la commission sur le Darfour prononce la reconnaissance de Crime contre l'Humanité (ce qui n'oblige pas une intervention mais propage l'embargo à tous les acteurs y compris le gouvernement du Soudan).

La cour pénale internationale est saisie du dossier par les USA alors qu'eux mêmes ne reconnaissance pas cette organisation.

L'accord de paix conclut en 2006 accompagné d'une force de la communauté internationale d'interposition empire presque la situation car non signé par tous les acteurs et ne prenant pas en compte le milices.

Les troupes de l'ONU sont bloquées à la frontière car aucune résolution ne force le Soudan à l'accepter. De plus pour contourner l'embargo le gouvernement du Soudan en peignant des avions aux couleurs des Nations Unies pour livrer les armes dans la région. Les pays vendant des armes au Soudan sont condamnable mais pas condamné.

Un nouvel accord est signé entre le groupe que l'ONU considère comme le plus fort et le gouvernement mais en fait c'est le plus faible et des conflits opposent les différents groupes. De plus un groupe rebelle parvient à mener une offensive éclair jusqu'aux portes de Karthoum ce qui démontre la faiblesse du gouvernement du Soudan.

La nouvelle mission de l'ONU est déployée depuis fin 2009 (20,000 hommes) mais sa mission est quasi-impossible du fait du grand nombre d'acteurs hétéroclites menaçant la vie de civils.

Le Soudan a très bien utilisé la rhétorique anti-occidental et s'est assurée le soutien notamment de la Chine (l'enjeu pétrolier est extrêmement important pour la croissance chinoise (8% des importation pétrolières chinoises) : l'essentiel des compagnies pétrolières au Soudan sont chinoises). Mais comment expliquer la résistance du gouvernement aux injonctions de l'ONU. La réponse du gouvernement est clair : « les risques internes encourus à accepter les pressions internationales sont plus forts que les risques externes à refuser ces pressions ».

La qualification pour génocide continue avec Obama mais la question reste entière d'autant plus que le risque d'extension du conflit au Tchad (ou Centrafrique) est important.

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Le Libéralisme

Les QCM d'entrainements à l'examen sont disponibles.

1. Le libéralisme classique

C'est la deuxième grandes théorie en RI (bien que ce soit un parti pris en écartant par exemple l'approche marxiste). C'est beaucoup moins structurée que le réalisme, il n'y pas de grand théoricien fondateur qui a proposé une grande approche scientifique.

S. Hoffmann « la dimension internationale du libéralisme n’a guère été autre chose que la projection à l’échelle mondiale de la philosophie libérale » : le libéralisme n’est pas, contrairement au réalisme, une école aussi structurée, ni une volonté explicite de construire une science politique des relations internationales.

Cependant deux auteurs vont tout de même s'attacher à définir cette approche mais sans prétention scientifique :

Alfred Zimmern (1879-1957), anglais, professeur d'histoire et de relations internationales (Aberystwyth puis Oxford) et diplomate, premier secrétaire général de l'Unesco en 1945. C'est le premier professeur de Relations International qui avait pour but de prévenir une nouvelle guerre mondiale en 1918.

The League of nations and the rule of law (1936)

Norman Angell (1872-1967), anglais, professeur, diplomate, député du Parti travailliste, membre de plusieurs organisations antifascistes, prix nobel de la paix en 1933.

The great illusion (1909)

D'inspiration libérale dans la droite ligne de la philosophie politique des Lumières du XVIIIe siècle (Locke, Montesquieu) puis du XIXe (Ricardo, Smith). Les individus vivant à l'État de nature défendent leurs intérêts mais nous pouvons parvenir à une coopération pour pouvoir satisfaire nos intérêts grâce à deux postulats :

• Je reconnais l'autre comme un égal. J'accepte que l'autre ait un intérêt à satisfaire.

• Il est possible de coopérer par le biais du Marché où se rencontre les intérêts de chacun. J'ai l'obligation moral de défendre mon intérêt et de reconnaître aux autres le droit d'agir en fonction de leurs intérêts.

L'État des libéraux donc avant tout pour objectif d'assurer à chacun le respect de ses droits, il est conçut comme minimal mais pas inexistant. En Relations Internationales le mot individu est remplacé par État en conservant la philosophie et le raisonnement qui s'en suit.

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On peut donc très bien concevoir une autorité internationale dont le rôle serait celui de l'État dans la théorie libéral (et non souverain). Ils vont donc réfléchir à un gouvernement international, une autorité supérieure qui pourrait jouer un rôle important en tant de crise.

L'approche est donc plus juridique puisqu'ils vont étudier les normes, la Démocratie et bien sûr le marché (en terme de philosophie libéral). Ils vont par là être très critiqués et notamment par les réalistes qui vont considérer que ce n'est pas une approche politique des relations internationales mais seulement un point de vu juridique. Seulement c'est une critique que les libéraux acceptent et assument en toute connaissance de causes.

Les deux courants s'affrontent s'opposent, avec des effets de « mode ». C'est ce qui va amener à un renouveau de la théorie avec l'approche néolibérale des RI.

2. Le néolibéralisme

En partant de deux critiques ils renouvellent la théorie. En mettant de côté le postulat philosophique au profit de la vision économique d'une part, puis en rénovant la vision de l'État qui le considèrent comme le lieu de rencontre entre les intérêts particuliers (le pluralisme).

Dans le libéralisme plus contemporain, appliqué à relations internationales, et plutôt provenant des États-Unis, deux visions de base :

– l’avenir de la coopération internationale est fondé sur l’interdépendance économiques des États

– l'État est vu comme le lieu d’arbitrage des différents intérêts politiques, économiques et sociaux (et plus comme le lieu de définition de l’intérêt général) (à partir de conception du pouvoir aux EU)

Quelles conséquences pour les RI (en réalité une prolongation de vision interne) :

– l'État n’est plus l’acteur unique des RI (ce n'est plus seulement lui qui dit qui est légitime ou non sur la scène internationale), il n’est plus qu’un acteur parmi d’autres, avec FMN, ONG, etc...

– il n’existe pas de différence entre politique intérieure et politique internationales, puisque toutes deux sont le produit des interactions des intérêts et des compromis entre acteurs, et de ce fait la politique intérieure va être affectée par la politique internationale, et vice versa.

Cette approche explique les centres d’intérêts des analyses libérales, toujours proche de la méthode des juristes :

– déterminants et modalités du processus de décision (comprendre comment les décisions sont prises), les règles ne sont jamais définies car à chaque fois elles sont différentes, chaque cas est spécifique.

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– comprendre les interrelations entre évolutions internes des sociétés et action internationales, ce point va à l'encontre de manière totale avec le postulat avancée dans notre séance introductive.

– s’interroger sur l’interdépendance et comprendre les relations transnationales (on y reviendra)

– comprendre les formes d’intégration régionale, à la fois politique et économique

Deux approches :

• Hedley Bull et la société anarchique

Une approche plus contemporaine, entre libéralisme classique et néolibéralisme : l’école l’anglaise et en particulier Hedley Bull, australien, (1932-1985), The Anarchical Society, 1977. Pour lui notamment c'est parce qu'il y a anarchie qu'il y a possibilité de coopération car les États vont être conscients de leurs intérêts commun à coopérer.

Caractère anarchique de cette situation n’empêche pas l’émergence d’une société internationale lorsque les États « conscients de certains intérêts et valeurs communs, se conçoivent comme étant liés par un ensemble de règles communes dans leurs relations réciproques et participent au bon fonctionnement d’institutions communes ».

Pour Bull, cet intérêt commun est la « prise de conscience des désavantages du chaos de relations interétatiques non régulées ».

• Les analyses de l’intégration et de l’interdépendance

Intégration : David Mitrany, Ernest Haas : l’intégration fonctionnalisme (voir cours sur les organisations internationales).

Interdépendance : Différence avec réaliste : dans modèle boules de billards il y a bien interaction, mais

celle-ci se fait au bénéfice des plus forts ; la balance coûts/bénéfices avantage les Etats forts ou dominants, un jeu à somme nulle où les grands gagnent tout et les petits perdent tout. Quoi qu'il arrive les acteurs ont intérêt à coopérer.

Dans approche libérale : La balance dans un système interdépendant est moins inégalitaire : tout acteur y

gagne, même de manière relative, y compris les plus faibles et les plus petits, qui y trouveront un avantage à leur dimension. Et la coopération peut même conduire à des gains absolus, pour tous, la situation à laquelle aboutit la coopération étant meilleure pour l’ensemble des acteurs, quelque soit leur force. Comme l’interdépendance provient de la convergence des intérêts des États, chacun y trouvera son compte (ou du moins l’idée est que chacun continue à y être présent parce qu’il pense qu’il y trouvera son compte)

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L’interdépendance complexe :Robert Keohane (1941-...), Joseph Nye (1937-...) Power and interdependance,

1977.Krasner : un régime « un ensemble de principes, normes, règles et procédures de

décisions implicites ou explicites » prises par les Etats pour résoudre leurs conflits dans un domaine particulier

Pour les néolibéraux l'objet d'étude type est bien entendu l'Union Européenne.

3. Un exemple : l’émergence d’une justice internationale

Puisque les États se reconnaissent entre eux et qu'ils acceptent l'idée d'une justice capable d'agir par delà la limite des frontières pour les crimes particulièrement graves.

Dans approches libérales, quelle actualité dans l’analyse des relations internationales contemporaines ? Un exemple, l’émergence d’une justice internationale. L’idée qu’à partir de valeurs (punition des crimes considérés comme particulièrement graves), il est possible de créer une forme d’autorité qui s’imposerait à celle des États.

Un État peut juger un citoyen comme un étranger qui a commis un acte sur son territoire mais également juger selon la règle de la nationalité. Dans chaque État, la justice est compétente sur le territoire de l'État (quelle que soit la nationalité du coupable et de la victime), et plus récemment à partir de la nationalité du coupable et/ou de la victime (répression de tourisme sexuel).

Les éléments d’une justice internationale sont mis en place à la fin de la seconde guerre mondiale : les justices de guerre (Traité de Versailles, Procès de Nuremberg et de Tokyo). Progressivement cela évolue vers une justice internationale capable de juger les crimes particulièrement grave, remettant en cause les valeurs même de l'Humanité : le droit de la guerre (Conventions de Genève de 1949 et protocoles additionnels de 1977) mais aussi la législation atour de l'accusation de génocide par exemple.

Un État décide ou pas d'être engagé par les textes internationaux et doit en principe s'y soustraire par la suite. Cela pose en théorie le principe de l'obligation de la compétence universelle n'importe quel État pouvant juger n'importe quel ressortissant accusé de crime de guerre, de génocide ou contre l'Humanité.

La compétence universelle en matière de justice pénale internationale : dans certaines questions, considérées comme particulièrement graves, des Etats se reconnaissent une compétence universelle. Seul la Belgique, le Sénégal et l'Espagne se sont attribués la compétence universelle mais les cas sont très rare et peuvent provoquer de réel crises diplomatiques.

La justice entre les États : de l’arbitrage internationale à la Cour Internationale de Justice de La Haye

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A. La prise en charge internationale d’un cas national : le cas Pinochet

Une rapide chronologie :1970 : élection de Salvador Allende, gouvernement de l’Unité populaire de gauche

élu démocratiquement mais qui va provoquer de forts remous sur la scène nationale comme internationale.

1973 : coup d'État militaire, 3000 morts, de nombreux disparus, Augusto Pinochet, chef de la junte

1977 : loi d’amnistie (autoproclamée par les militaires au pouvoir) il ne pourra avoir de jugement concernant les crimes commis durant le coup d'État.

1980 : Constitution autoritaire qui prévoit un référendum sur la continuité du régime.

Octobre 1988 : référendum sur la continuité du régime Pinochet. La victoire semblait assurée notamment avec l'impossibilité de faire campagne pour l'opposition (PiNOchet) mais c'est la victoire du non et le début de la transition démocratique.

Décembre 1989 : élections présidentielle marque fin de la dictature, mais maintien de certaines prérogatives autoritaires (question du rôle de l'armée comme garant de la constitution, Pinochet demeure commandant en chef, maintien d'un certain nombre de sénateurs à vie non élus 9/45 (par l'armée car constitué des anciens présidents), question de l'amnistie).

Mars 1998, Pinochet laisse le poste de commandant en chef de l'armée et devient sénateur à vie.

Octobre 1998 : voyage à Londres; Acte d'accusation présentée devant la justice britannique par le juge espagnol Baltasar Garzón contre Pinochet pour génocide, terrorisme, crime contre l’humanité et torture afin d'obtenir son extradition en Espagne. Le 16/10/98, arrestation de Pinochet à Londres. Début de l'affaire Pinochet. La Chambre des Lords, la plus haute instance de justice va devoir décider du sort de Pinochet en répondant à deux questions :

• Reconnaissance de la compétence universelle sur les crimes pour lesquels l’extradition est demandée.

• Ces crimes sont ils reconnus par la justice britannique (il n'est possible d'extrader que si le crime en question est puni par le système de justice des deux pays en questions).

Pour la justice britannique : le génocide ne s’applique pas; le crime contre l’humanité n’est pas encore intégré dans droit britannique au moment des faits reprochés (il n'y a pas de rétroactivité), terrorisme non plus, seule peut s’appliquer torture.

Puis question de l’immunité apparaît : la pratique veut qu'un chef d'État soit couvert par l'immunité totale pendant la durée de son mandat, et après son mandat seulement pour les "actes commis dans l'exercice de ses fonctions". La poursuite des poursuites, adoptée le 24/03/99 se fonde sur l'idée que les actes de barbarie, de torture, de génocide ne peuvent être considérés comme susceptibles d'être réalisés dans l'exercice des fonctions d'un chef d'État.

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La non immunité étant acquise, un deuxième point de la décision de mars limite néanmoins l'étendue des poursuites, par un principe de non-rétroactivité : les juges vont en effet appliquer un principe de la justice britannique qui suppose que l'extradition ne peut être accordée que si le crime pour lequel elle est demandée est reconnu dans les deux pays. La torture est effectivement reconnue comme un crime dans les deux pays, mais le Royaume-Uni ne s'est reconnu une compétence universelle en la matière qu'à partir de l'introduction dans le droit anglais en 1988 de la convention contre la torture. Dès lors l'extradition ne peut être obtenue que pour des faits avérés de torture après 1988. Il y en a eu…

En Février les Lords donnent leur accord à l'extradition.02/03/2000 : décision du ministre de l'intérieur britannique Jack Straw : Pinochet

est autorisé à rentrer au Chili, au nom de sa situation médicale. Il aura connu 16 mois de détention et partira de Londres sur un fauteuil roulant pour arriver à Santiago debout, frais et conquérant.

Poursuite de l’affaire au Chili sur mêmes bases. Rôle du juge Guzman, plusieurs inculpations ou assignations à résidence de Pinochet à partir des principes retenues par les Lords britanniques (absence d’immunité pour crimes – rétroactivité), toutes suspendues pour raisons de santé. Maintien des poursuites pour fraude fiscale, jusqu’à la mort de Pinochet.

Deux acquis du droit international : 1 - Aucun chef d'État n'est couvert par son immunité pour des crimes de droit

international – le problème s'étant déplacé aujourd'hui d'une part à la définition du crime international, par le texte international ou par son intégration dans le droit interne de chaque pays, de l'autre au fait de savoir si le chef d'État est au pouvoir ou pas (la distinction n'existe pas au TPI)

2 – L'absence de prescription en cas de disparition car on ne peut dater les faits et donc il est impossible d'appliquer le principe de rétroactivité.

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La cour pénale internationale peut être saisie par :

• le procureur lui même

• le conseil de sécurité de l'ONU

• un État membreComment s'assurer que les personnes inculpées par le CPI soient arrêtées et

extradées ? Les USA refusent de signer la convention car l'idée que des ressortissants américains soient jugées sans leur accord et ailleurs que sur leur territoire.

B. L’émergence d’une justice internationale

Les Tribunaux pénaux internationaux : ExYougoslavie (1993) et Rwanda (1994), des émanations du Conseil de sécurité, compétence temporelle et géographique limitée mais la jurisprudence s’impose à droit national.

MilosevicLa Cour pénale internationale ( http://www.icc-cpi.int ) : Traité de Rome de 1998,

120 Etats signataires, ratifié par 60 Etats en avril 2002, entrée en vigueur, au 1er janvier 2007 ratifiée par 104 Etats

Une cour permanente, avec compétence limitées à quatre crimes (génocide, crime de guerre, crime contre l’humanité, crime d’agression).

Possibilité d’être saisie par le Procureur ou un Etat membre (compétence limitée à principe de nationalité ou territorialité) ou par le Conseil de Sécurité (compétence universelle). L’action des ONG : la Coalition pour la Cour pénale internationale : http://www.iccnow.org

Attitude du Canada : acteur moteur, signature, ratificationAttitude de la France : signature, puis ratification mais délai de 7 ans, pendant

lesquels la France peut s’opposer à des démarches judiciaires impliquant des ressortissants français

Attitude des Etats-Unis : signature, non ratification (raison : refus des Etats-Unis qu’un ressortissant américain puisse être jugé par une justice autre que celle des Etats-Unis, ou sans l’approbation des Etats-Unis), signature d’accords bilatéraux d’immunité (99 dont 43 avec Etats membres de la CPI), action aux Nations unies pour limiter la portée de la CPI (Casques bleus).

Dans l’actualité, quatre cas sont en cours d’instruction ou de jugement :- République démocratique du Congo : la CPI s’est déclarée compétente, enquête

en cours, inculpation de quatre chefs de milices pour enrôlement forcé et violences contre la population civile

- Ouganda : la CPI s’est déclarée compétente, enquête en cours- République centrafricaine : la CPI s’est déclarée compétente, pas d’enquête

encore en cours- Soudan (Darfour) : seul cas déposé par le Conseil de sécurité, la CPI s’est

déclarée compétente et met en place, avec difficulté, les enquêtes.

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