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Introduction à l’analyse microéconomique. PLAN. o Quels sont les concepts de base de l’analyse microéconomique ? o Des classiques aux marginalistes : rupture ou continuité ? o A quels problèmes les raisonnements économiques peuvent-ils être appliqués ? o Comment Paul Krugman définit-il l’approche microéconomique ? Quels sont les concepts de base de l’analyse microéconomique ? o Les décisions économiques et la rareté comme contrainte. La microéconomie s’intéresse aux comportements des agents économiques individuels ( consommateur ou ménage, travailleur, producteur ou firme etc. mais elle n’hésite pas à étendre ses conclusions aux groupes dans la mesure où elle considère qu’ils ne sont que la somme des éléments qui les composent...) qui cherchent à satisfaire un objectif sous des contraintes de rareté. La question du choix se pose parce que les ressources sont limitées – la rareté résulte de la difficulté à les produire – alors que les besoins sont illimités. La théorie microéconomique se présente par conséquent comme une théorie des choix et ses domaines d’applications n’ont pas cessé de s’étendre depuis sa fondation. - choix économique du consommateur et du producteur ( choix entre épargne et consommation, choix d’investissement) ; - choix du décideur public ( en matière de tarification des services publics par exemple) ; - choix sociaux ( arbitrage entre taille de la famille et implication professionnelle par exemple) - choix stratégiques et géopolitiques. Ces choix sont définis par les intérêts et l’utilité des individus. La notion d’intérêt renvoie à l’égoïsme qui régit les rapports interindividuels à travers lesquels les individus recherchent d’abord ce qui est avantageux pour eux – autrement dit leur satisfaction. o L’hypothèse de rationalité. Les agents sont supposés rationnels. La rationalité économique qui leur est reconnue signifie qu’ils cherchent le maximum de satisfaction. Les décisions qu’ils sont amenés à prendre sont alors conçues comme des problèmes de maximisation ( maximisation de l’utilité pour le consommateur ou maximisation du profit pour le producteur) dont la solution conduit à un équilibre individuel ( équilibre du consommateur, équilibre du producteur) c’est-à-dire une

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Introduction à l’analyse microéconomique.

PLAN. o Quels sont les concepts de base de l’analyse microéconomique ?

o Des classiques aux marginalistes : rupture ou continuité ?

o A quels problèmes les raisonnements économiques peuvent-ils être

appliqués ?

o Comment Paul Krugman définit-il l’approche microéconomique ? Quels sont les concepts de base de l’analyse microéconomique ?

o Les décisions économiques et la rareté comme contrainte. La microéconomie s’intéresse aux comportements des agents économiques individuels ( consommateur ou ménage, travailleur, producteur ou firme etc. mais elle n’hésite pas à étendre ses conclusions aux groupes dans la mesure où elle considère qu’ils ne sont que la somme des éléments qui les composent...) qui cherchent à satisfaire un objectif sous des contraintes de rareté. La question du choix se pose parce que les ressources sont limitées – la rareté résulte de la difficulté à les produire – alors que les besoins sont illimités. La théorie microéconomique se présente par conséquent comme une théorie des choix et ses domaines d’applications n’ont pas cessé de s’étendre depuis sa fondation.

- choix économique du consommateur et du producteur ( choix entre épargne et consommation, choix d’investissement) ;

- choix du décideur public ( en matière de tarification des services publics par exemple) ;

- choix sociaux ( arbitrage entre taille de la famille et implication professionnelle par exemple)

- choix stratégiques et géopolitiques. Ces choix sont définis par les intérêts et l’utilité des individus. La notion d’intérêt renvoie à l’égoïsme qui régit les rapports interindividuels à travers lesquels les individus recherchent d’abord ce qui est avantageux pour eux – autrement dit leur satisfaction.

o L’hypothèse de rationalité. Les agents sont supposés rationnels. La rationalité économique qui leur est reconnue signifie qu’ils cherchent le maximum de satisfaction. Les décisions qu’ils sont amenés à prendre sont alors conçues comme des problèmes de maximisation ( maximisation de l’utilité pour le consommateur ou maximisation du profit pour le producteur) dont la solution conduit à un équilibre individuel ( équilibre du consommateur, équilibre du producteur) c’est-à-dire une

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situation telle qu’aucune force n’agit plus ni dans un sens ni dans un autre pour modifier la situation. Leur rationalité peut également être qualifiée de rationalité instrumentale ( puisqu’ils sont supposés ajuster au mieux leurs moyens aux fins poursuivies) et de rationalité optimisatrice ( recherche permanente des décisions qui assurent une maximisation). En définitive, l’agent ainsi défini est un homo œconomicus.

o Coût d’opportunité, arbitrage et frontières des possibilités. Toute décision implique une certaine utilisation des ressources en vue de satisfaire un objectif défini, corrélativement elle suppose la renonciation à un autre emploi. Il y a donc un coût alternatif à prendre en compte, on l’appelle « coût d’opportunité » c’est-à-dire la valeur de l’alternative la plus intéressante à laquelle on a renoncé du fait de notre choix ( ou encore la coût d’une ressource mesuré par la valeur de la meilleure autre utilisation possible de cette ressource). Les agents procèdent à des arbitrages permanents (en fonction de leurs préférences) en vue d’arriver à une situation optimale ( efficacité et efficience c’est-à-dire tirer le meilleur parti des ressources disponibles). On définit une situation optimale au sens de Pareto si l’on ne peut plus améliorer la satisfaction d’un individu sans réduire celle d’au moins un autre individu ( optimum de Pareto).

o L’optimum. Le domaine des choix possible d’un individu Le domaine des choix possibles d’un individu est déterminé par les contraintes budgétaires et temporelles propres à l’individu. Contrainte budgétaire = 100 $ Achats de DVD (10 $) ou de CD (5 $).

La frontière de son domaine de choix possibles indique le nombre maximal de CD que l’on peut acheter pour une quantité de DVD donnée et inversement.

La contrainte budgétaire peut être remplacée par une contrainte temporelle. On peut s’intéresser au partage du temps entre la télévision et les autres activités par exemple.

A = choix de l’américain moyen 5 h / jour. B= choix de l’européen moyen 3,5 h/j.

19

20,5

5

Heures non consacrées à TV CD

DVD

20

10

5

Contrainte budgétaire

Domaine des choix possibles

Heures consacrées à TV

3,5

A

B

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Frontière des possibilités de satisfaction dans le cas de deux individus X et Y. La courbe représente le maximum de satisfaction que deux individus peuvent atteindre compte tenu des ressources disponibles. Tous les points situés sur cette courbe sont des optimum ( au sens de Pareto) puisqu’on ne peut augmenter la satisfaction de l’un de ces individus sans diminuer celle de l’autre.

Le point C renvoie à une situation sous-optimale puisqu’on ne tire pas suffisamment parti des ressources disponibles et que l’on pourrait améliorer le bien-être de Y (point A) [ ou de X (pt C) ] sans détériorer celui de X ( ou respectivement de Y. Le critère de Pareto se présente comme un critère d’évaluation d’une situation donnée mais non comme un critère de choix permettant d’arriver à une situation optimale.

C B

A

Satisfaction de Y

Satisfaction de X

Frontière des possibilités de

satisfaction

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Lorsque la société s’enrichit, la FPS est repoussée. Le niveau de vie s’élève et les individus améliorent leur mode de vie. Les points D et E sont les nouveaux optimums de Pareto. Mais D est-il préférable à E ? Ou est-ce l’inverse ?

Autrement dit, faut-il avantager X ou plutôt Y ? Le critère de Pareto ne permet pas de répondre à cette question. Celle-ci relève du choix social, c’est une question d’économie politique et de politique économique. Si X représente les seniors et Y les jeunes générations, alors le choix de notre société est donné par le point E. Le niveau de vie des retraités est proche de celui des actifs, donc confortable, tandis que de nombreux jeunes sont confrontés à de graves problèmes d’insertion professionnelle et à la pauvreté.

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Pourquoi la frontière des possibilités de satisfaction est-elle concave ?

L’augmentation de l’utilité de X ne suppose que l’on diminue de manière proportionnelle l’utilité de Y. En effet, au point A, l’utilité de Y est élevée et celle de X est sensiblement plus faible. Par conséquent, X serait beaucoup plus sensible au gain d’une unité de satisfaction que Y ne serait sensible à la perte d’une unité de satisfaction. Cela rend compte du caractère concave de la FPS.

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Frontière (ou courbe) des possibilités de production dans le cas d’une économie globale.

La production économique d’une société se divise en deux catégories : armes et blé. La courbe représente les combinaisons maximales que l’économie peut produire en utilisant toutes les ressources disponibles. Le choix entre les différents points de la courbe des possibilités de production est censé résulter principalement du jeu des marchés sur lesquels, dans une économie libérale, les individus expriment leurs préférences, ainsi que des décisions de l’Etat. Les marchés révèlent les préférences des agents. Cependant, un Etat autoritaire ou totalitaire (Corée du Nord : point A) peut imposer ses vues sur la FPP. Cette imposition peut-elle être durable ? Elle ne peut durablement s’exercer au détriment de la satisfaction des individus. La chute de l’URSS s’explique, entre autres raisons, par son incapacité à mener de front la production de biens de consommation répondant aux besoins et une production croissante de matériel militaire imposée par le projet de « guerre des étoiles » de l’administration américaine (course aux armements = processus concurrentiel exigeant une grande efficacité économique).

Le domaine des choix possibles d’un individu diffère du domaine des choix possibles d’une société. Contrairement aux contraintes budgétaires et temporelles qui étaient des droites, la frontière des possibilités de production a une forme incurvée. Un individu est généralement confronté à des arbitrages fixes ( une heure de temps consacrée à la TV, c’est une heure de temps perdu pour d’autres activités) alors que la société n’est pas confrontée à des arbitrages fixes. Si elle ne doit produire que quelques armes, elle utilisera les facteurs de production les plus efficaces, mais si elle doit en produire davantage, elle recourra à des facteurs moins efficaces, moins adaptés ( des travailleurs moins bien formés par exemple). Ainsi, Il faut baisser de façon importante la production de l’un de biens ( le blé) pour pouvoir augmenter faiblement ( de façon moins que proportionnelle) la production de l’autre bien. Il y donc des rendements décroissants (rapport entre la variation de production obtenue et de la variation des facteurs utilisés pour la réaliser). La FPP permet de produire une analyse nomographique rapide de phénomènes complexes. Y a-t-il une relation entre le niveau de richesse d’une société et son niveau d’inégalité ? La loi de Kuznets indique que les sociétés pauvres tendent à être plus inégalitaires que les sociétés riches. Elles ont donc d’autres priorités en matière de choix productifs. Ce que nous pouvons modéliser à l’aide du graphe qui suit. Au fur et à mesure que le pays s’enrichit, la production de biens de base couvrant les besoins du plus grand nombre gagne en importance relative.

Production d’armes

Production de blé Domaine des

choix possibles de la société

A

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De la même manière, les Etats démocratiques des pays développés sont extrêmement soucieux de fournir à leur population des biens publics de façon à satisfaire les besoins collectifs (déplacements, éducation, santé, etc…).

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La FPP permet également de rendre compte des choix productif d’une économie dans le temps. Quelle part de la richesse produite faut-il renoncer à consommer de façon à financer l’investissement qui déterminera la croissance économique de demain ? Au cours des Trente glorieuses, el taux d’investissement (FBCF/PIB) s’élevait en France à près de 25 %. La France était dans la situation du pays 3. Le taux d’investissement est aujourd’hui tombé de 7 ou 8 points. La France se trouve plutôt dans la situation du pays 1.

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Des classiques aux marginalistes : rupture ou continuité ? La conception de l’analyse économique centrée autour des concepts de choix, d’intérêt, d’utilité, de rationalité, de calcul et de maximisation émerge, en Europe, dans les années 1870. Elle est élaborée parallèlement et simultanément par trois économistes : un anglais, William Stanley Jevons ( 1835-1882), un autrichien Carl Menger ( 1840-1921) et un français, Léon Walras ( 1834-1910). Ils ont été qualifiés de « marginalistes » du fait de la place occupée dans leurs travaux par les raisonnements à la « marge ». Lorsqu’une variable Y dépend d’une variable X, on s’interroge sur les effets d’une petite variation de X sur Y. On envisage donc le rapport suivant : variation de Y / variation de X. Ce raisonnement est opéré « toutes choses égales par ailleurs » c’est-à-dire que les autres variables susceptibles d’influencer Y sont considérées comme neutres ou inactives. Le développement de ce type de raisonnement va s’appuyer, entre autres, sur les mathématiques et notamment sur le calcul des dérivées en plein essor à la fin du 19e siècle. Ces outils offriront à cette école de pensée un gage de scientificité et une garantie de rigueur. Les marginalistes, tout en s’inscrivant dans le prolongement de la théorie économique dominante depuis la fin du 18e siècle – celle des « classiques » – procèdent à un certain nombre de ruptures. Les travaux des marginalistes vont être à l’origine du développement d’une nouvelle orthodoxie en matière de théorie économique : l’approche néoclassique. Cette dernière opère trois ruptures avec la théorie classique. L’analyse de la valeur. L’analyse de la

répartition. La conception de la société et de

l’activité économique. Quelle relation existe-t-il entre valeur et prix ? Smith distinguait une valeur d’échange ( prix des biens faisant l’objet d’une transaction) et une valeur d’usage (liée à l’utilité du bien) et refusait de les confondre. Selon lui, le prix des biens est conditionné principalement par la quantité de travail qu’ils incorporent. Smith fonde par là la théorie de la valeur-travail que développeront Ricardo et Marx.

Comment la richesse produite à l’intérieur d’une économie nationale se répartit-elle ? Les classiques considèrent que la société est divisée en classes. On trouve 1/ ceux qui par leur travail contribuent à l’activité économique et reçoivent un salaire; et les autres qui se partagent un surplus : 2/ ceux qui possèdent la terre et perçoivent une rente ; 3/ ceux qui avancent les capitaux nécessaires à la mise en œuvre de la production et qui en attendent un profit.

La théorie classique naît avec la révolution industrielle à la fin du 18e et au début du 19e siècles. Elle rompt avec les deux grandes écoles antérieures – le mercantilisme et les physiocrates – car elle rejette l’analyse qu’elles proposent de la richesse ( la croissance économique). Partisans du libéralisme économique, ils considèrent que la poursuite des intérêts individuels, la concurrence ( la main invisible) et le libre fonctionnement des marchés avec des prix qui reflètent l’état des transactions, sont les conditions garantissant la prospérité économique. Mais, ils perçoivent bien la société comme le lieu d’antagonismes. Enfin, ils s’intéressent à la dynamique économique et privilégient le long terme.

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Les marginalistes optent pour une approche subjective de la valeur : la valeur d’un bien découle de la satisfaction qu’il apporte à celui qui le détient. Cette satisfaction, ou utilité, est conçue comme mesurable. Elle est influencée par l’intensité du besoin ressenti et par les quantités consommées ( goûts et quantités définissent la rareté). Or, généralement l’intensité d’un besoin a tendance à diminuer au fur et à mesure qu’on le satisfait. Par conséquent, ce sont les individus eux-mêmes, à travers leurs offres et leurs demandes qui vont déterminer la valeur des choses, c’est-à-dire ici, leur prix.

Les marginalistes ne reconnaissent pas l’existence de classes. Ils ne considèrent que des individus. Chaque facteur de production ( travail, capital mais aussi matières premières, énergie etc.) est rémunéré en fonction de sa contribution à la production. Leur prix est fixé sur le marché suivant l’intensité de la demande et les possibilités d’offre.

S’inspirant de l’approche qu’empruntent les sciences physiques, les néo-classiques conçoivent la société comme la réunion d’atomes. Ces derniers diffèrent les uns des autres et sont amenés à développer leurs relations en procédant à des échanges sur des marchés. En fonction de leurs demandes et de leurs offres, des prix s’établissent et guident l’action des individus qui sont supposés rationnels et maximisateurs. Le marché se présente donc comme un moyen de coordination. Le système des prix assure une allocation optimale des ressources. L’efficacité de la coordination par le marché est la plus forte lorsque ces marchés sont des marchés de concurrence pure et parfaite.

A quels problèmes les raisonnements économiques peuvent-ils être appliqués ?

(1) Une question de gestion municipale. Les habitants d’une ville décident par référendum local qu’il est interdit de posséder des chiens en ville. Dans la mesure où un vote majoritaire s’est dégagé en faveur de cette mesure, on peut en déduire que le bien-être des habitants de la ville augmentera. Qu’en pensez-vous ? -Le principe du vote majoritaire est un critère de décision collective très largement utilisé dans tous les pays démocratiques. Il permet de dégager une décision collective dominante (majoritaire) et de l’imposer « légitimement » aux minorités opposées. Notons que le principe peut être durci par le choix d’une majorité qualifiée. Ainsi, en France il faut les 3/5e des suffrages des deux Chambres réunies en Congrès (à Versailles) pour voter une modification de la Constitution.

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-Le critère majoritaire diffère du critère de Pareto. Ce dernier définit une situation comme optimale s’il n’est plus possible d’améliorer la situation d’au moins un individu, sans détériorer celle d’un seul individu. Le critère de Pareto est indifférent à toute considération de justice sociale : il peut être appliqué aussi bien dans le cas d’une situation juste que dans celui d’une situation injuste. En revanche, il s’agit bien d’un critère « unanimiste » : il est respectueux des préférences de tous les agents et ne pourrait justifier l’amélioration de la situation de nombreux agents sous prétexte d’une dégradation de la situation de quelques-uns ou même d’un seul. Cette unanimité peut – encore une fois – être utilisée pour le meilleur comme pour le pire. Ce qui est important pour le critère de Pareto, ce n’est pas le juste, mais l’efficace. Toutefois, cette efficacité est pensée à un niveau individuel. Aucune perte de satisfaction individuelle n’est susceptible d’être compensée par un gain collectif de satisfaction. -Dans le cas de la ville qui interdit les chiens, rien ne nous assure que les désirs des opposants aux chiens soient de même intensité que les désirs des personnes favorables aux chiens. La satisfaction que la mesure procurera aux premiers sera-t-elle de même intensité que les désagréments (affectifs et sociaux) qu’elle entraînera pour les autres ? Le vote majoritaire favorable à une telle mesure ne garantit donc pas une augmentation du bien-être de la collectivité. Cette augmentation du bien-être aurait été garantie si aucun habitant ne se serait opposé à la mesure (optimum de Pareto). (2) Une question de géopolitique. La chute du « Mur » de Berlin et la disparition de l’URSS au début des années 1990 ont eu des conséquences multiples. La perte de son ancien allié par Cuba, a confronté la grande île de la Caraïbe à une pénurie concernant de nombreux produits de consommation. Le pouvoir politique a pris deux mesures. -Les autorités cubaines ont décidé de rationner la vente de certains produits (subventionnés) de base (riz, café, lait, viande, etc.…) : chaque cubain ne pourra désormais en acheter qu’une quantité limitée. -Elles ont par ailleurs décidé de laisser libre à la vente une série de produits non subventionnés (chaussures, meubles, produits de toilette, etc. …), mais chaque cubain ne pourra en acheter qu’en nombre limité pour empêcher le marché noir. (a) L’absence de véritable marché est-elle une solution appropriée dans le cas des produits rationnés et subventionnés ? (b) Peut-on empêcher l’apparition d’un marché noir ? (a) On peut répondre à la question en s’appuyant sur un graphique (sur le plan quantités-prix) décrivant le phénomène. La disparition des approvisionnements, offerts gracieusement ou échangés contre d’autres produits par l’URSS, provoque une pénurie. La courbe d’offre se déplace vers la gauche. Or,

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comme il n’existe pas de marché (les prix sont administrés et ne reflètent aucune information pertinente), aucune forme d’ajustement n’apparaît. Les prix fictifs restent à leur niveau initial (P0) tandis que la pénurie afflige les consommateurs. S’il existait un véritable marché, les nouvelles conditions de l’économie cubaine déclencheraient des forces de rappel : la rareté élèverait les prix et ce signal conduirait les agents économiques à rechercher des solutions pour tirer profit de la situation. Ils apporteraient ainsi des réponses à la demande non satisfaite (offre de biens, produits de substitution, etc….). Même si le résultat final ne serait pas une abondance nouvelle (et illusoire) offerte à tous, il serait autrement plus avantageux que la pénurie et le rationnement. Seuls les « hiérarques », les élites du régime en place, peuvent contourner la pénurie et le rationnement. Cette possibilité est donc offerte à ceux qui détiennent le pouvoir et à ceux qui collaborent avec eux. Est-ce dire qu’elle est offerte aux plus méritants ? La mise en place d’un véritable marché contribue à l’instauration d’un système de prix incitant les agents à rechercher des solutions. Ces incitations s’appuient sur les intérêts des agents, il n’est nullement besoin de compter sur leur bienveillance. Cependant, en poursuivant leur propre intérêt, ils vont participer à la satisfaction des intérêts collectifs. La hausse du prix en P1 conduit donc les offreurs ou de nouveaux offreurs à hausser leur production et amène certains demandeurs à reconsidérer leurs choix. Face à la hausse du prix du produit, ils se demandent s’ils ne tireraient pas un plus grand bénéfice d’autres achats. Le système des prix adapté aux conditions de rareté et de coûts de production permet donc de mieux révéler les préférences des individus. (b) L’apparition du marché noir peut-elle être empêchée ? Rappelons d’abord que le marché noir est par définition un marché non transparent, soustrait au regard des pouvoirs publics, mais surtout du public tout court ! Et pour cause. Il s’agit d’un marché sur lequel les offreurs ont la main : ils décident des prix de façon discrétionnaire et pratiquent à l’insu des consommateurs une spéculation effrénée. En effet, si le marché était transparent, c’est-à-dire si toute l’information était disponible et accessible aux consommateurs, ces derniers pourraient savoir quels sont les prix justes. Or, il n’en est rien sur un marché noir, puisque les offreurs rationnent volontairement l’offre à leur seul profit : la flambée des prix. Les prix sont donc libres, mais chaque consommateur ne peut se procurer qu’une quantité limitée de biens. Ce dispositif est-il satisfaisant ?

Demande

Offre 1

Offre 0

P1

P0

Pénurie Quantité

Prix

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Il ne tient aucun compte des préférences des agents. Les individus vont donc avoir tendance à acheter les produits dont les prix flambent de manière à pouvoir se procurer avec le produit de leur vente, les biens qui les intéressent réellement et dont ils souffrent du rationnement. Le marché noir ne pourra que prospérer. Au terme de cette rapide analyse, on peut comprendre sans difficultés un certain nombre de phénomènes historiques et géopolitiques. Le régime cubain a engagé des réformes et, en particulier, une libéralisation de certaines activités économiques. Mais, ces tentatives n’ont pas eu d’effets. Quel intérêt libéraliser certaines activités présente-t-il si le contrôle d’autres activités indispensables aux premières tout comme la sécurité juridique n’offrent aucune garantie ? Par ailleurs, les années 1990 coïncident, dans l’histoire cubaine, avec une période de recrudescence de l’immigration. Deux traits font son originalité : d’une part l’immigration cubaine prend désormais de nombreuses destinations (comme si la situation s’aggravait) et elle emprunte des formes désespérées avec les « balseros » qui se lancent vers les côtes américaines dans des embarcations de fortune. L’analyse économique permet d’éclairer des situations politiques problématiques et d’en inférer les conséquences envisageables.

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(3) La frontière des possibilités de production. La FPP permet de présenter nombre de concepts économiques de base (par exemple : arbitrage, efficacité, coût d’opportunité). Mais, elle permet également d’illustrer des phénomènes historiques complexes comme par exemple la révolution industrielle.

En t1 la 2e vague d’innovations, caractéristiques de la seconde révolution industrielle, permet d’élever de façon spectaculaire la production industrielle : ∆PI > ∆PA. Mais, cette 2e révolution industrielle relève aussi la productivité agricole, ce qui permet aussi l’augmentation de la production agricole (en dépit de l’exode rural et agricole provoqués par l’industrialisation).

Production agricole

Production industrielle

En t0 seule a eu lieu la 1ère révolution industrielle (fin 18e début 19e) : la production agricole (PA) et la production industrielle (PI) ont augmenté, mais les économies restent essentiellement agricoles : PA > PI.

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Comment Paul Krugman définit-il l’approche microéconomique ?

(Source : P. Krugman and Robin Wells, MICROECONOMICS, 2009).

Individual Choice: The Core Of Economics. Every economic issue involves, at its most basic level, individual choice—decisions by an individual about what to do and what not to do. In fact, you might say that it isn’t economics if it isn’t about choice. Four basic economic principles underlie the economics of individual choice. Basic Principle #1: Resources Are Scarce. You can’t always get what you want. Why do individuals have to make choices ? The ultimate reason is that resources are scarce. A resource is anything that can be used to produce something else. Lists of the economy’s resources usually begin with land, labour (the available time of workers), capital (machinery, buildings, and other man-made productive assets), and human capital (the educational achievements and skills of workers). A resource is

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scarce when the quantity of the resource available isn’t large enough to satisfy all productive uses. There are many scarce resources. These include natural resources— resources that come from the physical environment—such as minerals, lumber, and petroleum. There is also a limited quantity of human resources—labour, skill, and intelligence. And in a growing world economy with a rapidly increasing human population, even clean air and water have become scarce resources. Basic Principle #2: The Real Cost of Something Is What You Must Give Up to Get It. The concept of opportunity cost is crucial to understanding individual choice because, in the end, all costs are opportunity costs. Sometimes critics claim that economists are concerned only with costs and benefits that can be measured in dollars and cents. But that is not true. Basic Principle #3: “How Much?” Is a Decision at the Margin. Some important decisions involve an “either-or” choice—for example, you decide either to go to university or to begin working; you decide either to take economics or to take something else. But other important decisions involve “how much” choices— for example, if you are taking both economics and chemistry this semester, you must decide how much time to spend studying for each. When it comes to understanding “how much” decisions, economics has an important insight to offer: “how much” is a decision made at the margin. […] Decisions of this type—what to do with your next hour, what to do with your next dollar, and so on—are marginal decisions. They involve making trade-offs at the margin : comparing the costs and benefits of doing a little bit more of an activity versus doing a little bit less. The study of such decisions is known as marginal analysis. Many of the questions that we face in economics—as well as in real life—involve marginal analysis: How many workers should I hire in my shop? After how many kilometres should I change the oil in my car? What is an acceptable rate of negative side effects from a new medicine? Marginal analysis plays a central role in economics because it is the key to deciding “how much” of an activity to do. Basic Principle #4: People Usually Exploit Opportunities to Make Themselves Better Off. When changes in the available opportunities offer rewards to those who change their behaviour, we say that people face new incentives. An incentive is anything that offers rewards to people who change their behavior. Individual Choice: Summing It Up We have just seen that there are four basic principles of individual choice: •¡ Resources are scarce. It is always necessary to make choices. •¡ The real cost of something is what you must give up to get it. All costs are opportunity costs. •¡ “How much?” is a decision at the margin. Usually the question is not “whether,” but “how much.” And that is a question whose answer hinges on the costs and benefits of doing a bit more. •¡ People usually exploit opportunities to make themselves better off. As a result, people will respond to incentives. So are we ready to do economics? Not yet—because most of the interesting things that happen in the economy are not merely the result of individual choices, but of the way those individual choices interact.

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Interaction: How Economies Work. As we learned in the Introduction, an economy is a system for coordinating the productive activities of many people. In a market economy, such as the one we live in, that coordination takes place without any coordinator: each individual makes his or her own choices. Yet those choices are by no means independent of each other: each individual’s opportunities, and hence choices, depend to a large extent on the choices made by other people. So to understand how a market economy behaves, we have to examine this interaction, in which my choices affect your choices, and vice versa. When studying economic interaction, we quickly learn that the end result of individual choices may be quite different from what any one individual intends. Just as there are four economic principles that fall under the theme of choice, there are five principles that fall under the theme of interaction. Principle of Interaction #1: There Are Gains from Trade. The reason we have an economy, not many self-sufficient individuals, is that there are gains from trade: by dividing tasks and trading, two people (or 6 billion people) can each get more of what they each want than they could get by being self-sufficient. Gains from trade arise, in particular, from this division of tasks which economists call specialization, a situation in which different people each engage in a different task. The advantages of specialization, and the resulting gains from trade, were the starting point for Adam Smith’s 1776 book The Wealth of Nations, which many regard as the beginning of economics as a discipline. Principle of Interaction #2: Markets Move toward Equilibrium. An economic situation is in equilibrium when no individual would be better off doing something different. The concept of equilibrium is extremely helpful in understanding economic interactions because it provides a way of cutting through the sometimes complex details of those interactions. To understand what happens when a new line is opened at a supermarket, you don’t need to worry about exactly how shoppers rearrange themselves, who moves ahead of whom, which register just opened, and so on. What you need to know is that any time there is a change, the situation will move to an equilibrium. The fact that markets move toward equilibrium is why we can depend on markets to work in a predictable way. In fact, we can trust markets to supply us with the essentials of life. For example, people who live in big cities can be sure that the supermarkets shelves will always be fully stocked. Why? Because if some merchants who distribute food didn’t make deliveries, a big profit opportunity would be created for any merchant who did—and there would be a rush to supply food, just like the rush to a newly opened cash register. So the market ensures that food will always be available for city-dwellers. And, returning to our previous principle, this allows city-dwellers to be city-dwellers—to specialize in doing city jobs rather than living on farms and growing their own food. A market economy also allows people to achieve gains from trade. But how do we know how well such an economy is doing? The next principle gives us a standard to use in evaluating an economy’s performance. Principle of Interaction #3: Resources Should Be Used as Efficiently as Possible to Achieve Society’s Goals. Economists say that an economy’s resources are used efficiently when they are used in a way that has fully exploited all opportunities to make everyone better off. To put it another way, an

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economy is efficient if it takes all opportunities to make some people better off without making other people worse off. When an economy is efficient, it is producing the maximum gains from trade possible given the resources available. Why? Because there is no way to rearrange how resources are used in a way that can make everyone better off. When an economy is efficient, one person can be made better off by rearranging how resources are used only by making someone else worse off. Exactly how far policy-makers should go in promoting equity over efficiency is a very difficult question that goes to the heart of the political process. As such, it is not a question that economists can answer. What is important for economists, however, is to always seek to use the economy’s resources as efficiently as possible in the pursuit of society’s goals, whatever those goals may be. Principle of Interaction #4 : Markets Usually Lead to Efficiency. In other words, the incentives built into a market economy already ensure that resources are usually put to good use, that opportunities to make people better off are not wasted. A detailed explanation of why markets are usually very good at making sure that resources are used well will have to wait until we have studied how markets actually work. But the most basic reason is that in a market economy, in which individuals are free to choose what to consume and what to produce, opportunities for mutual gain are normally taken. If there is a way that some people can be made better off, people will usually be able to take advantage of that opportunity. And that is exactly what defines efficiency: all of the opportunities to make everyone better off have been exploited. As we learned in the Introduction, however, there are exceptions to this principle that markets are generally efficient. In cases of market failure, the individual pursuit of self-interest found in markets makes society worse off—that is, the market outcome is inefficient. And, as we will see in examining the next principle, when markets fail, government intervention can help. But short of instances of market failure, the general rule is that markets are a remarkably good way of organizing an economy. Principle of Interaction #5: When Markets Don’t Achieve Efficiency, Government Intervention Can Improve Society’s Welfare. A very important branch of economics is devoted to studying why markets fail and what policies should be adopted to improve social welfare. We will study these problems and their remedies in depth in later chapters, but here we give a brief overview of why markets fail. They fail for three principal reasons: •¡ Individual actions have side effects that are not properly taken into account by the market. •¡ One party prevents mutually beneficial trades from occurring in the attempt to capture a greater share of resources for itself. •¡ Some goods, by their very nature, are unsuited for efficient management by markets. An important part of your education in economics is to learn to identify not just when markets work, but also when they don’t work—and to judge what government policies are appropriate in each situation.