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Octobre 2010 Automne 2010 Automne 2010 synagri.com

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Octobre 2010

A u t o m n e 2 0 1 0A u t o m n e 2 0 1 0

synagri.com

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3Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

A l’automne 2009, l’édito de CapAgro portait sur les effets de la criseéconomique sur le prix des produitsnotamment des céréales. En 2010, leprix des céréales a explosé et cen’est pas une bonne nouvelle dansune région comme la Bretagne où

les coûts alimentaires sont primordiaux dans laperformance économique des ateliers d’élevage.Comment s’adapter avec de telles fluctuations ?2010 a également présenté des conditions climati-ques pour le moins inégales : les rendementsd’herbe ont été fortement pénalisés dans toute larégion, mais pour les céréales on peut constater desdisparités très importantes en terme de rendementen fonction des zones. Là encore, comment choisirl’itinéraire technique le plus rentable ?De grandes orientations nationales vont avoir desrépercussions dans chaque exploitation bretonnecomme le plan écophyto qui vous est présenté dansce Cap Agro. Mais en plus, chacun doit égalementprendre en compte des obligations territoriales spé-cifiques ; c’est le cas sur les BV en contentieux, surles BV algues vertes… Quelle solution pour adap-ter ces choix dans un contexte aussi complexe ?La formule magique n’existe pas et chacun doittrouver la solution adaptée à son exploitation. Desdéclinaisons locales et adaptées à chaque systèmesont nécessaires et notre ambition est de vousapporter les références les plus proches de votresituation afin de vous aider dans des choix de plusen plus complexes.Bonne lecture.

Pierre DANIELPrésident du pôle Agronomie Productions Végétales desChambres d’agriculture de Bretagne.

L'importance de références locales !

Responsable de la publication : Olivier Manceau - Conception : Louis Le RouxRédacteurs : Pôle Agro PV : Anthony Clénet, Alain Cottais, Bertrand Decoopman, Aurélien Dupont, Michel Falchier, Jean Luc Giteau, Jean Grall, SylvieGuiet, Daniel Hanocq, Pierre Havard, Djilali Heddadj, Louis Jestin, Olivier Manceau - Pôle herbivores : Pascal Le Coeur, Gérard Loscq, Jean Marc Seuret -CA 22 : Annie Guillermou, Frédérique Canno, Annie Charter - CA 29 : Pierre Demeuré, Vianney Estorgues, Jean Philippe Turlin - CA 35 : Lionel Quéré -CA 56 : Sylvie Tico - CRAB : Emilie Labussière, Laurence Ligneau, Julie Rio - CETIOM : Jean Raimbault - INRA : Vincent Faloya, Chantal Gascuel, ThierryMorvan, Françoise Vertès - UNILET : Bernard Le Delliou - Stagiaires : François Jeuland, Céline Partika. Photo : Chambres d'agriculture de Bretagne. Mise en page : TerrA ; Impression : Corlet roto - 53 Ambrière les Vallées.Prix : gratuit pour les agriculteurs bretonsFinancement : Chambres d’agriculture de Bretagne, Conseil Régional de Bretagne, Etat, Europe

Partenaires associés du Pôle agro :Arvalis Institut du végétal, Bretagne Conseil en Elevage

L'herbe, pour accéder à des systèmes économes et autonomes . . . . . . . . . . . . . . . 40/41

Céréales

Herbe

Économie

Produire du colza avec moins d'intrants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42/43Observer pour comprendre et agir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44/45

Colza

Association céréales/légumineuses :des résultats corrects dans un contexte climatique difficile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46/47Désherbage précoce du blé : toujours payant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

La rotation : 1er facteur de réussite des cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38/39

A la découverte de l’Agro Bio

Vie du pôle

Brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4/5Kerguéhennec (56) : Ecophyto, les applications concrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6/7Station des Cormiers (35) : une méthode globale pour évaluer les épandeurs de fertilisants organiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8/9Pratiques agronomiques en Bretagne : une amélioration reconnue . . . . . . . . . . 10/11

Énergie

Expérimentation Climaterre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Campagne 2010 "Agir sur les coûts de revient" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12/13

Actualités

La conduite du blé d'hiver bio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49/50

Agrobio

Des travaux des champs gérés collectivement pour plus d'économies . . . . . . . . . 14Céréales : ça "Jubil" à Châteaugiron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Désherbage du maïs : concilier efficacité, économie et environnement . . . . . . . . . 16Chaulage : une organisation en groupe pour limiter les coûts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Marché des céréales : hausse spectaculaire des prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

AgronomieSystèmes de cultures économes en intrants, en production porcine :1 année d'expérimentation à Crécom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28/29Amendements basiques : préserver son capital sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30/31Amendements basiques : calculer la dose et choisir le produit . . . . . . . . . . . . . . . . 32/33Lessivage d'azote dans les systèmes de culture de l'Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34/35Couverts végétaux : des résultats très contrastés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36/37

Ecophyto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19/26

Dossier

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5Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 20104

Réseau suivi MhDans la liste desabréviations barba-res en voici unenouvelle : Mh pourminéralisation del’humus. Il s’agit dela fournitured’azote par le soldont l’évaluation

est primordiale dans le cadre du calcul de la dose d’azote à laparcelle. En effet, ces fournitures d’azote peuvent varier de 50 à 150kg N/ha/an en fonction, notamment, des conditions pédo-clima-tiques. Afin d’acquérir des références précises, un réseau de 150parcelles est mis en place. Il s’agit en fait de "triplettes" : autourd’une parcelle de référence qui n’a pas reçu de déjections. Celles-ci sont accompagnées de deux parcelles qui en reçoivent réguliè-rement. Ainsi, nous obtenons des références sur les fournituresd’azote "de base" du sol ainsi que sur l’effet d’apports réguliersde déjections.A terme, ce réseau nous permettra d’affiner les cal-culs de dose d’azote à la parcelle en fonction des conditions pédo-climatiques et des systèmes de cultures.

Contact : Yvon Lambert 02 97 46 73 08

Réseau suivi reliquat azoteBassins versants algues vertes

Dans lecadre duprogrammed’act ionsalgues ver-tes, il estprévu dès2010 laréalisationde reliquats

"fin de cultures" dans toutes les exploitations des BV algues ver-tes des Côtes d’Armor à raison de 3 prélèvements par exploitationsoit 5000 reliquats ! Ce dispositif doit être étendu aux 8 baiesles années suivantes. Cependant, il est nécessaire de disposer debases de comparaison permettant de positionner ces mesuresd’azote dans le sol.Ainsi, un réseau de 250 parcelles de céréalesou de maïs... sera suivi dans les 8 baies dès 2010. Ces parcellesseront choisies dans 80 à 100 exploitations présentant de bonnespratiques de fertilisation. Ainsi, ce réseau sera représentatif detous les systèmes de production et de tous les types de sols pré-sents dans les BV algues vertes. Chaque parcelle de référencefera l’objet de 3 à 4 reliquats pendant la période de drainaged’automne. Les données ainsi obtenues doivent permettre d’ana-lyser les mesures réalisées dans les BV en fonction de référencescomparables en terme de système et de zone pédo-climatique.Bien entendu, il existe une complémentarité entre ce réseau etle réseau "Mh" présenté plus haut.

Contact : Daniel Hanocq 02 98 96 37 22

2 900 micro-parcellesd’essai

160 parcelles d’essai, 2 900 micro-parcelles, tels sont les indica-teurs 2010 de l’activité "recherche appliquée" du pôle agro PV. Cedispositif est réparti sur les quatre départements bretons demanière à coller le plus possible aux conditions pédo-climatiquesde chaque zone de notre région. C’est à partir des référencesacquises au travers de ce dispositif que nous élaborons les mes-sages contenus dans nos publications. Nous remercions vivementles agriculteurs qui mettent leurs parcelles à disposition.

Contact : Olivier Manceau 02 96 79 21 79

Ecophyto Bretagne :rendez-vous recherche appliquéedes 3 et 4 juin à KerguéhennecLes 3 et 4 juin derniers, les Chambres d’agriculture et leurs parte-naires ont organisé les rendez-vous de la Recherche Appliquéequi avaient pour objectif de lancer les actions écophyto en Bretagneet de présenter l’ensemble des techniques déjà disponibles ou encours de développement qui permettent de réduire l’utilisationdes produits phytos. Le matin, lors d’une présentation en salle,les Chambres d’agriculture, Arvalis Institut du végétal, l’INRA etCoop de France Ouest ont présenté leurs travaux. L’après midi,des visites de parcelles d’essais et des démonstrations de matérielont permis de faire un point sur différentes solutions pour réduirel’utilisation des phytos en grandes cultures mais aussi en légu-mes industrie. Cette opération introduit le plan d’action écophytoen Bretagne pour lequel la profession a décidé d’être pro-active.Celui-ci vous est présenté plus longuement dans le dossier écophytoqui suit.

Contact : Emilie Labussière 02 23 48 27 80

Vie du pôle

■ Cap agro Printemps 2010L’édition "Printemps 2010" de Cap Agroest parue en février 2010 et a été diffuséeauprès de 30 000 agriculteurs bretons pardeux canaux, en supplément de TERRAdans trois départements (22,35,56) et auxadhérents des comités de développementdans le Finistère. La revue présente lesdernières références connues et confir-mées par nos essais en stations expéri-mentales et en réseaux et par les réfé-rences bretonnes de nos partenaires.

Ces références recouvrent tous les postes clésde la conduite des cultures au printemps .

■ Cap agro variétés céréales BretagneCette publication est le fruit de la collabora-tion d’ARVALIS Institut du Végétal et dupôle Agronomie Productions Végétales desChambres d’agriculture de Bretagne surles variétés de céréales. Il a été diffusé avecle TERRA du 18 septembre 2010 .Ce "Cap Agro variétés céréales Bretagne"présente les résultats obtenus pour lesvariétés expérimentées en 2010 et surles dernières années en Bretagne tanten blé qu’en orge et triticale .

■ Dossier bassin versant algues vertes

Ce dossier paru en février 2010 dans le CapAgro de Printemps a pour objectif de faireun état des lieux de ce phénomène trèsmédiatisé ainsi que des actions concrètesmises en oeuvre. Après avoir présenté leseffets des actions déjà réalisées par lesagriculteurs, le dossier permet de décou-vrir deux projets de territoires ainsi quele point de vue de l’INRA sur l’évolu-tion des pratiques agricoles.

➜ LES PUBLICATIONS 2010 DU PÔLE AGRONOMIEPRODUCTIONS VÉGÉTALES

■ Des repères pour analyser sa productionLe pôle agronomie a participé àla rédaction de ce dossier qui pré-sente les repères économiques desprincipales productions agricolesbretonnes. Ce dossier, paru en juin2010, s’intègre dans l’opération"agir sur son coût de revient" propo-sée par les Chambres d’agriculturede Bretagne. Il propose une défini-tion des différents critères économi-ques ainsi que des repères permettantà chacun de se positionner quelle quesoit sa production.

■ Dossier "Écophyto Bretagne, la profession agricoles'engage"Un dossier "Ecophyto Bretagne laprofession agricole s’engage" estparu dans TERRA du 18 juin 2010.Ce dossier présente les interviewsdes principaux intervenants du ren-dez-vous recherche appliquée des 3et 4 juin 2010. Pour la réduction desphytos, il met en évidence d’une partles solutions concrètes à mettre enoeuvre dès aujourd’hui et les techni-ques de demain.

■ Dossier "le colza - 7 étapes pour réussirla culture"Ce dossier est paru dans le TERRAdu 10 juillet 2010. Il présente lespoints-clés pour réussir le colzadans les conditions pédo-climati-ques bretonnes. Il a été réalisé encollaboration avec le CETIOM.. Ilpasse en revue les 7 étapes pourréussir la culture, du choix des varié-tés, de l’implantation , des interven-tions à réaliser en cours de culturejusqu’à la récolte.

Vie du pôle

➜➜➜

➜ LES PUBLICATIONS 2010 DU PÔLE AGRONOMIEPRODUCTIONS VÉGÉTALES

➜➜➜

2900 micro parcelles pour être représentatif de la Bretagne.

550 agriculteurs et techniciens ont participé aux journéesEcophyto de Kerguéhennec.

Une expérimentation pour apprécier le niveau des fournitures d'azote du sol.

Le réseau reliquat est mis en place pour interpréterles analyses pratiquées sur l'ensemble du BV.

""22 990000 mmiiccrroo--ppaarrcceelllleess""

Pour se procurer ces documents, s'adresser à votre antenne locale Chambre d'agriculture.

Pour se procurer ces documents, s'adresser à votre antenne locale Chambre d'agriculture.

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Vie du pôle

l’hiver et le développement des maladies.Les traitements ont lieu en général très tôtle matin (hygrométrie importante et tem-pérature clémente). Nous évitons d’utili-ser les mêmes matières actives plusieursannées successives, lorsque c’est possiblepour éviter les résistances. Les désherbantssont choisis en fonction de la flore, quivarie d’une année sur l’autre et d’une par-celle à l’autre. Il n’y a donc pas de "menuunique ".

➜ MaïsLes traitements phytosanitaires concernentuniquement le désherbage. Le dosage desproduits est adapté au stade des adventi-ces. Nous recherchons à intervenir tôt surdes plantules jeunes pour pouvoir réduireles doses même si parfois une levée éche-lonnée nécessite une dose un peu plusimportante.

➜ ColzaPour le désherbage nous restons assezclassique avec l’utilisation d’une pré-levée.Par contre le nombre de traitement sur lesvolets fongicides et insecticides sont bienréduits par rapport aux indicateurs natio-

naux. Certes, l’utilisation d’insecticide estdépendante des conditions de l’année etles seuils d’intervention ne sont pas tou-jours bien connus.

➜ LégumesLa rotation, 5 ans minimum entre deuxharicots est prépondérante pour limiter lesmaladies, notamment sclérotinia et botri-tis. Les applications de fongicides se font enfonction de la grille de décision Unilet quiprend en compte les facteurs risques : pré-cédent, rotation… En général, nous noussituons dans les risques faibles avec uneapplication de deux fongicides (applica-tion partielle du second).

➜ Cultures bioLà encore et même d’une façon plus mar-quée qu’en conduite conventionnelle larotation est la base de la réussite qui inclutde l’herbe ou des légumineuses semi-pérennes (3 à 4 ans), y compris en modèle

céréalier. Les cultures sont implantées aprèsplusieurs déchaumages, labour et fauxsemis.

Alain COTTAISPôle Agro PV

7Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Vie du pôle

Deux types de rotationsLes rotations sont en général soit "céréa-lière", soit "légumière". Dans les deux cas,l’objectif est d’alterner des cultures de prin-temps, d’été et d’automne qui permettentde varier l’utilisation de matières activesphytosanitaires (aussi bien en désherbagequ’en fongicide) favorable à la maîtrisedes adventices et des maladies.

➜ Rotation céréalière : maïs, blé, colza(ou lin), triticale (ou blé).Le colza valorise les effluents d’élevageépandus en fin d’été avant le semis (lisierporcs ou fumier de volailles). La fréquencede 4 ans limite la pression maladies.

➜ Rotation légumière : pois-haricot,blé, maïs, carotte, orge.L’objectif prioritaire est de revenir tous les5 ans avec un haricot et de ne pas intro-duire de crucifères qui ne feraient qu’entre-tenir la pression du sclérotinia notamment.

Déchaumagesystématique La lutte contre les mauvaises herbes etles maladies mais aussi les limaces pas-sent par un déchaumage et une bonnequalité d’implantation des couverts.Aprèsles récoltes estivales, les céréales sontdéchaumées le plus près possible de larécolte pour faire lever les mauvaises her-bes, les grains perdus à la récolte et luttercontre les limaces notamment. Ce pre-mier déchaumage est réalisé au covercrop ou le plus souvent au chisel avecdes socs "double coeur". Ces matérielspermettent de travailler à environ 10 cmde profondeur. 2 à 3 semaines plus tard(lorsqu‘il y a des levées ou au moins desgerminations, l’opération est souventrenouvelée au vibroculteur à 5 cm de pro-fondeur, en passant en biais par rapportau passage précédent. Ce n’est qu’aprèsce second déchaumage (parfois un 3e)que les couverts sont implantés.Les couverts sont implantés début sep-tembre. L’avoine (d’hiver ou de printemps)est en général semée pour son effet "cou-pure des maladies", sa facilité de démar-rage et la possibilité de production desemences sur l’exploitation. Elle ne posepas de problème dans la rotation légu-mière. Le semis est effectué avec un épan-deur pneumatique à rampes en 12 m delarge et recouvert par un passage de vibro-culteur avant un roulage. Cette techniquepermet de maîtriser la dose (environ80 kg/ha) et la répartition spatiale limi-

tant la concurrence des mauvaises herbes.Les couverts sont détruits fin février, aprèsépandage de fumier de bovins si apport, aucover crop ou au canadien. Pour l’implan-tation des maïs, s’il n’y a pas de labour,un second passage de canadien est passévers la mi-avril. Il n’y a jamais d’utilisationde glyphosate, que ce soit à l'automne ouau printemps. L’avoine disparaît pratique-ment totalement, notamment l’avoine deprintemps qui a beaucoup de mal à seredévelopper après un 1er déchaumage.Ce qui n’est pas le cas avec de l’avoinediploïde, beaucoup plus difficile à détruire.

Des itinérairescultures maîtrisés dès l’implantation➜ Céréales d’automneLe choix variétal se fait à partir de la bro-chure technique "cap agro spécial variétésde céréales" sur des critères de résistanceaux maladies, de couverture de sol et biensûr de productivité.Le semis est effectué sans labour aprèsprécédent colza, légumes… Par contreaprès maïs grains, le labour est systémati-que pour enfouir les cannes broyées etlimiter les risques de fusariose. La dose desemis prend en compte le poids de 1000 g.Elle est de 250 grains/m2 en blé et 270 enorge. Cette dose a également pour objec-tif de maîtriser la pression maladie. La datede semis n’est pas trop précoce, débutnovembre pour les blés, là encore pourlimiter le développement végétatif avant

Ecophyto : les applications concrètes à la station expérimentale de Kerguéhennec

Le déchaumage est systématiquement pratiqué avant l'implantation des couverts.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 20106

KerguéhennecBIGNAN (56)

SSttaattiioonn EExxppéérriimmeennttaalleeAAggrroonnoommiiee PPrroodduuccttiioonnss

VVééggééttaalleess

4488 hhaa ddee ccuullttuurreessccoonnvveennttiioonnnneelllleess- maïs, céréales, colza, pois, jachère- légumes d’industrie, lin, chanvre…66 hhaa eenn aaggrroo--bbiioollooggiiee- maïs, céréales, colza, pois...EEssssaaiiss - Fertilisation phospho-potassique- Techniques Sans Labour (T. S. L.)

en conventionnel et en agrobio- Transferts de produits phytos- Itinéraires techniques- Cultures énergétiques- Essai systèmes.

Contact : Alain COTTAIS, 02 97 60 44 16

La démarche de maitrise et de diminution desintrants a été relancée en 2006 dans la stationexpérimentale de Kerguéhennec avec la qualification à "l’agriculture raisonnée".Elle se caractérise notamment à traversl’assolement et les rotations, le choix et le modede conduite des cultures et des couverts.

Perspectives :agir à plusieurs niveaux- Retarder les dates de semis en céréales d’au-

tomne (15 novembre pour le blé), en augmen-tant sensiblement la dose de semis permettantainsi une meilleure couverture du sol et unelimitation du développement des mauvaisesherbes et le risque maladie.

- Le choix variétal devrait s’orienter vers des varié-tés tolérantes à la verse, sans régulateur pourlequel il est difficile de réduire la dose et qui aune IFT de 1.

- Travailler, au moins pour les cultures seméesavec un écartement minimum de 50 cm, la com-binaison désherbage mécanique dans l’inter-rang et chimique sur le rang en applicationséparée. avec des matériels permettant desdébits de chantier importants, y compris enapplication d’insecticide lorsque c’est possible.

- Semer dans un couvert vivant ou en fin de vieavec la difficulté du choix du couvert qui neviendra pas concurrencer la culture en placenotamment en eau, et sans utiliser de glypho-sate pour sa destruction.

- Pour ce qui est du colza, le semis avec un semoirmonograine et écartement de 50 cm permetun éventuel binage et l’utilisation de techni-ques mixtes : mécanique dans l’inter-rang etmixte sur le rang.

- Pour mieux lutter contre certains insectes, lesmélanges avec des variétés précoces, en petitedose, permettraient de diminuer la pression.Ils demandent cependant à être vérifiés.

- Des essais de binage mixte en culture du haricotdonnent des résultats qui ont encore besoind’être affinés. Cette technique devrait êtreapplicable sur des parcelles planes et peu cail-louteuses.

IFT herbicide - Céréales d'automneBlé Orge Triticale

France 1,64 1,55

Bretagne 1,49 1,51Kerguéhennec 1,32 0,89 0,79Kergué/Bretagne (en %) 89 59

IFT hors herbicide (fongicide, insecticide, régulateur)Blé Orge Triticale

France 3,49 2,51Bretagne 2,91 2,36Kerguéhennec 2,55 (3,55*) 1,74 2,15

Kergué/Bretagne (en %) 88 (122)* 90* : si insecticide, ce qui est le cas 1 année sur 5

France 1,75Bretagne 1,66

Kerguéhennec 1,2 à 2,3

Kergué/Bretagne (en %) 72 à 138

IFT herbicide - Maïs

France 1,94

Kerguéhennec 1,66

Kergué/France (en %) 85

France 4,98

Kerguéhennec 1,9

Kergué/France (en %) 38

IFT herbicide - Colza

IFT hors herbicide (fongicide, insecticide, régulateur)

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Vie du pôle

mances d’épandage de l’épandeur mesu-rées aux bancs d’essais de la station desCormiers et du Cemagref de Montoldre(03). Ces performances sont intégrées dansun simulateur d’épandage* qui recalcule larépartition au champ du fertilisant orga-nique pour chaque m2 de la parcelle.L’épandage présenté (illustration 3) a étéobtenu avec un épandeur à pendillards.Dans cet exemple, les calculs associés à lasimulation d’épandage précisent la dosemoyenne épandue (31,45 m3/ha), la quan-tité épandue hors parcelle (0,3 m3/ha), ladose maxi sur 10 m2 contiguës (63 m3/ha),

la surface sous-dosée (17 %) et la surfacesurdosée (36 %).

Quelles perspectives ?L’ACV permet d’aborder des questionscompliquées. Elle apporte des complé-ments d’information pour comparer destechnologies d’épandage. En épandagede liquides par exemple, il sera possiblede distinguer d’une part : les facteursimportants de l’enfouissement (valorisa-tion de l’ammoniac) et d’autre part lesbesoins de traction (CO2) plus importants.Ces besoins de traction sont aussi lestemps de transport qui augmentent (évo-lution parcellaire). La solution actuelle estd’accroître les capacités pour le transport(et le poids des matériels). Celui-ci pose deréels problèmes : le tassement et l’ornié-rage sont une source significative d’im-pacts. Le tassement profond, en condi-tions de sous sol humide limite locale-ment le stockage de l’eau puis son accèspar les racines en conditions de semis plussèches. Cela est particulièrement remar-quable cette année. Il y a là lieu de réflé-chir à l’évolution de l’organisation deschantiers. La visualisation de l’épandagedans toute la parcelle, permise par le simu-lateur d’épandage, permettra égalementde compléter les informations données

par les courbes de répartition obtenuesau banc d’essai.

Pierre HAVARD - Pôle Agro PVMarilys PRADEL - Cemagref

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Vie du pôle

L’Analyse du Cyclede Vie, c’est quoi ?Toute activité humaine génère des impacts.L’ACV est une méthode qui permet d’éva-luer les impacts environnementaux d’unbien d’équipement (un épandeur par exem-ple), d’un produit ou d’un service. Cetteévaluation est réalisée depuis le berceaujusqu’à la tombe. La méthodologie ACVsuit des étapes standardisées et des modè-les de calculs permettant de transformerdes flux, par exemple le flux de CO2 issu dela combustion du moteur du tracteur, enimpacts environnementaux potentiels telsque le changement climatique (le CO2 estle gaz de référence pour évaluer l’effet deserre). Le nombre de facteurs à prendreen compte est très grand et l’estimationdes impacts est très dépendante des hypo-thèses de départ. Il est donc important desavoir que des résultats d’ACV provenantd’études différentes ne sont pas compa-rables entre eux.

Une approche croiséeet globaleL’ACV mise en œuvre dans le programmeANR Ecodefi est à la croisée de deux che-mins : celui du cycle de vie de l’épandeur etcelui de la matière à épandre et de sondevenir après épandage (illustration 1).Seules les boues de station d’épurationont été prises en compte en tant quematières à épandre (choix lié au finance-ment du programme de recherche). Pourétudier les impacts de l’épandage, les étu-des ont été conduites tant sur le plan agro-environnemental que sur le plan des maté-riels. Les épandeurs ont été passés au bancd’essai et des méthodes de mesures ontété créées pour compléter celles déjà exis-tantes. Les flux d’émissions vers le sol, l’eauet l’air ont été modélisés en tenant comptedes performances technologiques desépandeurs et des conditions pédo-climati-ques de différentes régions agricoles.L’évaluation de l’épandage avec uneméthode globale reposant sur l'ACV per-met de prendre en compte l’ensemble desimpacts environnementaux par une appro-che multicritère. Les résultats obtenus per-mettent de voir plus loin et par conséquentd’anticiper pour mieux gérer.

Les résultats du projet EcodefiLes travaux nous apprennent que les écartsde dose ou les défauts de répartition nesont pas les seuls points sur lesquels il fautse focaliser. D’autres aspects sont à pren-dre en compte.Ainsi, la projection aériennede boue liquide génère un flux d’émissionsammoniacales qui se retrouve fortementdans l’impact « Acidification ».L’enfouissement atténue la contributionde l’épandage sur cet impact, mais en

contrepartie, il accentue partiellement le« Réchauffement climatique ». Le roulagedes machines (charge à l’essieu et pneu-matiques utilisés) est responsable d’ornié-rage, cause de ruissellement que l’onretrouve dans l'impact « Eutrophisation »et du tassement qui est la cause d’émissionde protoxyde d’azote (N2 O). Le N2 O est310 fois plus impactant que le CO2. Le gra-phe de résultats (illustration 2) présenteles niveaux d’impacts et leurs contibuteursà savoir : la phase de transport, la phasechantier (épandage au champ) et l’originedes émissions : la part liée à la fertilisa-tion des cultures (la parcelle génère desémissions liées à la fertilisation mineraledes cultures sans l'apport de l'effluent) etla part spécifique liée à l’apport de l’ef-fluent.

Simulationd’épandage Une partie des émissions modélisées dansl’outil ACV3E* est alimentée par les perfor-

Une méthode globale pour évaluer les épandeurs de fertilisants organiques

1 - Analyse du Cycle de Vieoù se croisent épandeur et matière à épandre

2 - Enfouisseurs : niveaux d'impact ACV

3 - Simulation de larépartition aux champsavec pendillards

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 20108

SSttaattiioonn EExxppéérriimmeennttaallee AAggrroo--mmaacchhiinniissmmee

PPllaattee-- ffoorrmmee EEppaannddaaggee - Expérimentation- Bancs d'essai

PPllaattee--ffoorrmmee bbiioommaassssee - Qualité des plaquettes

bois énergie- Mécanisation TTCR

PPllaattee-- ffoorrmmee EEccooffuueell- Consommation- Traçabilité des usages

des tracteurs

PPrroottoottyyppeess- Adaptations et construction

Contact : Pierre HAVARD– 02 99 39 72 93

Les Cormiers St Aubin des Cormiers (35)

Les matériels mis en oeuvre pour pratiquerl’épandage des fertilisants peuvent atténuer ouaccentuer certains effets de la fertilisation surl’environnement. Le programme de recherche ANREcodefi (2007-2011) a permis de mettre au pointde nouvelles méthodes d’évaluation et deconception des matériels d’épandage reposant surle principe de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV).

Quels sont les impacts considérés ? Plusieurs méthodes de calcul peuvent être utili-sées. Dans la méthode appelée "CML", les résul-tats sont présentés sous la forme d’indicateursd’impacts intermédiaires dont voici la liste : - Epuisement de ressources abiotiques : épuise-

ment des ressources non renouvelables tellesque le pétrole, les minerais.

- Acidification : détérioration des forêts et de la viedans les lacs et les rivières provoquée par lesémissions de substances acidifiantes.

- Eutrophisation : la dégradation des écosystèmesaquatiques par l’épuisement de l’oxygène.

- Réchauffement climatique : c’est la hausse de latempérature planétaire qui pourrait résulter desémissions de gaz à effet de serre.

- Destruction couche d'ozone : destruction dansla stratosphère de la couche d’ozone qui estessentielle à la vie sur terre.

- Toxicité humaine : effets néfastes pour la santéhumaine.

- Ecotoxicité eau douce : préjudices à l’écosystème"eau-douce".

- Ecotoxicité eau de mer : préjudices à l’écosys-tème marin.

- Ecotoxicité terrestre : préjudices à l’écosystèmeterrestre (faune, flore, micro-organismes …)

- Oxydation photochimique : elle peut provoquerdes effets respiratoires et perturber l’activitéphotosynthétique des plantes.

Le projet Ecodefi Le projet Ecodefi (ECOconception etDéveloppement de méthodologiesde Fabrication Innovante de machi-nes d’épandage) est un programmede recherche coordonné par leCemagref et financé par l’AgenceNationale de la Recherche). Il asso-cie de nombreux partenaires donttrois constructeurs de matérielsd’épandage et les chambres d’agri-culture de Bretagne.

Pour en savoir plus, de nombreuxcompte-rendus de ce programme derecherche peuvent être consultés :https://ecodefi.cemagref.fr/.

Pour en savoir plus sur l’Analyse duCycle de Vie un article intéressantest proposé : http://fr.wikipedia.org

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

L'ACV appliquée aux épandeurs permet d'en évaluer les impactsenvironnementaux.

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Vie du pôle

En hiver, progrès de la couverture des solsUn sol nu pendant la période hivernaleprésente des inconvénients environne-mentaux majeurs : une érosion des sols(les gouttes d’eau de pluie exercent unepression très forte sur chaque cm2 de solnu) ; les essais réalisés à la station deKerlavic (29) ont montré qu’il y avait unlessivage d’azote de l’ordre de 90unités/ha. Les ruissellements provoquentdavantage un transfert des produits phy-tosanitaires. En couvrant les sols pendantla période hivernale, on peut gagner surles trois tableaux : préserver la qualitédes sols, réduire le lessivage d’azote etlimiter le transfert de phytos. En Bretagne,suite aux messages communs des diffé-rents prescripteurs sur ce sujet, on aassisté à une très forte diminution dessols nus l’hiver. Cette pratique s’est qua-siment généralisée après les céréales(458 000 ha). Comme elles se récoltenten été, les conditions optimales sont réu-nies pour que les couverts végétauxjouent leur rôle. Par contre après le maïs(450 000 ha), avec des récoltes plus tar-dives, la mise en place de couvert ne peutpas se faire à une date optimale et l’im-plantation du couvert dans la culture dumaïs en juillet ne s’est pas généralisée.

Moins de nitrate etmoins de phyto dansles eaux bretonnes➜ Pour les nitrates Le graphique 3 de l’Agence de l’eau et de

la DIREN montre l’évolution de la teneur ennitrate depuis le début des années 80.Quatre phases ressortent dans le tableau :• De 1980 à 1993 : on observe une phasede croissance des concentrations, passantd’un niveau autour de 25 mg/l à plus de50 mg/l• De 1993 à 1999 : c’est un palier à unniveau assez élevé, autour de 50 mg/l.• De 1999 à 2002 : c’est une décroissance.On passe de 50 mg/l à 40 mg/l.• Depuis 2002 : c’est une stagnation desvaleurs autour de 40 mg/l.Voir graphqiue 3.➜ Pour les phytos Le schéma de la CORPEP montre pour plu-sieurs molécules utilisées en Bretagnel’évolution de la fréquence de dépasse-ment du seuil de 0,1 µg dans les prisesd’eau. Remarque : en Bretagne on a choisipour les prises d’eau 0,1 µg le seuil exigépour l’eau du robinet. La période étudiées’étale sur dix ans (1997 à 2007).Quelques commentaires du schéma :• On observe une tendance à la baissepour toutes les molécules.• Pour trois d’entre elles, l’atrazine (inter-dite depuis 2003), l’isoproturon (herbi-cide céréales) et le diuron (herbicide enzone non agricole), on s’approche duniveau 0 %.• Pour le glyphosate et l’AMPA (molé-cule contenu dans le glyphosate), on resteà un niveau assez élevé. Ce résultat s’ex-plique par une généralisation de l’usagede ce produit au printemps. Nous ne pou-vons que renouveler notre message del’usage raisonné du glyphosate (cf fichetechnique CA de Bretagne,ARVALIS, Coop

de France Ouest) de janvier 2009.Voir graphique 4.

Les orientations pour l’avenirLa première étape consiste à reconnaîtreles bons résultats obtenus par tous lesacteurs : les agriculteurs surtout, mais aussitous les organismes de préconisations et deprescriptions (instituts, Chambres d’agri-culture, coopératives, négociants…) quiont joué un rôle important dans ce chan-gement de pratiques. Il faut l’admettre,cette reconnaissance n’est pas suffisam-ment prise en compte par la société engénéral. Il y a là un chantier de communi-cation important qui devrait mobiliser tousles acteurs agricoles. Deuxième point trèsimportant : les résultats ne sont pas com-plètement acquis. Il faut poursuivre dans lesorientations engagées. Ne nous reposonspas sur nos lauriers !Les chantiers de demain doivent s’élaborerselon deux axes :• Pour l’ensemble des agriculteurs bretonspoursuivre l’amélioration des pratiquesagronomiques. Il reste à convaincre desagriculteurs d’adopter les nouvelles prati-ques. Nous ne sommes pas à 100 %.• Pour certains territoires bretons que l’onpeut caractériser de sensibles d’un pointde vue environnemental (BV en conten-tieux, BV algues vertes…), il faudra aller audelà de l’amélioration des pratiques agro-nomiques. Dans ces zones, il faudra allerjusqu’à modifier les systèmes de cultures.

Louis JESTINPôle agro PV

11Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Vie du pôle

LL es différents dispositifs ont amenéune modification importante despratiques agronomiques. De nou-

velles préconisations ont été diffusées.Issues des essais réalisés par la rechercheappliquée bretonne, elles présentaient l’in-térêt de maintenir le rendement tout enrespectant plus l’environnement.

Une nouvelleapproche de la fertilisation azotéeLa Bretagne dispose de cheptels impor-tants (bovins, porcins, volailles). De ce fait,on disposait de fertilisants organiques ensurplus par rapport aux surfaces agrico-les. Grâce au programme de résorption età une réduction du cheptel volailles, lapression d’azote organique a baissé. Dansle même temps, la consommation d’en-grais azoté a baissé aussi. 1er acquis : d’unpoint de vue général, la tendance à l’excé-dent de fertilisants (organique et minéral)par rapport aux surfaces agricoles (qui sontrelativement stables) a fortement diminué.L’obligation d’établir chaque année un plande fumure prévisionnel et un cahier de fer-tilisation a permis à chaque agriculteurbreton d’améliorer la fertilisation azotéedes cultures.Désormais le raisonnement se fait de plusen plus au cas par cas, c’est à dire par cul-ture et par parcelle en prenant en compteplusieurs critères : les analyses de sol etde déjection, le précédent cultural, les reli-quats estimés, les rendements espérés…De plus, les pratiques d’épandage des fer-tilisants organiques ont beaucoup gagnéen précision, même s’il reste encore desprogrès à réaliser en particulier une meil-

leure appropriation des plans de fumurepour les agriculteurs qui ont recours à desprestataires extérieurs.Voir schéma 1 ci-dessus.

La réduction desphytos déjà en routeEn Bretagne la réduction des phytos tellequ’elle est annoncée dans Ecophyto (levolet phytosanitaire du Grenelle de l’en-vironnement) est déjà une réalité. Entre2001 et 2006 les IFT (Indice de Fréquencede Traitement) pour les céréales et le maïsen Bretagne ont tendance à diminuer mal-

gré un nombre plus important de produitsutilisés. Ce résultat a été obtenu principa-lement par une généralisation des modu-lations de doses en conditions optimales detraitement (hygrométrie, absence de vent).Le recours à certains mélanges en exploi-tant les synergies entre molécules aug-mente l’efficacité et réduit le nombre depassages aux champs. De plus les prati-ques autour du traitement se sont beau-coup améliorées : généralisation de l’enre-gistrement, meilleure protection de l’usa-ger, des pulvérisateurs mieux équipés etmieux réglés.Voir schéma 2 ci-dessous.

Pratiques agronomiques en Bretagne : une amélioration reconnue

10

Durant les années 90, différents dispositifs se sont mis en place en Bretagneavec l’objectif affiché d’améliorer la qualité de l’eau. En 2010, 20 ans plustard , premier constat : la qualité de l’eau s’est améliorée. Deuxième constat :ce résultat est obtenu grâce à une amélioration des pratiques agronomiquesdes agriculteurs bretons qui sont en train de devenir des éleveurs agronomesperformants.

Bretagne 2001 2006 Évolution (%)

Insecticide 86 t 60 t -31

Fongicide 256 t 120 t -53

Herbicide 1125 t 625 t -44

Total 1467 t 804 t -45

2 ➜ Évolution des matières actives épandues sur céréales et maïs

Un

ité

: mg

/l

1 ➜ Évolution de la concentration en nitrates dans les rivières bretonnes

3 ➜ Concentration en nitrate dans les eaux superficiellesbretonnes (Agence de l'eau, DIREN)

4 ➜ Évolution des détections dans l'eau de matières actives (CORPEP)

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Site internet de la DRAAF : enquête pratiques culturales 2006

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Actualités

Pour les cultures de vente, les indicateurs doivent êtreadaptés à une analyse par culture. Le calcul du coûtde production par culture n’est pas facilement réalisa-ble. D’autres indicateurs pertinents sont plus facilementaccessibles.

➜ Le critère principal : la marge bruteLa marge brute sur intrants est calculée par tous lescentres de gestion dans l’analyse de l’atelier "cultures".Marge Brute (MB) = (rendement/ha x prix/t) - (semen-ces/ha + engrais/ha + protection phytosanitaire/ha).

Intérêts :

- Bonne représentation des postes de charge.- Facile à calculer- Comparaison possible à des références- Identification des cultures les plus rémunératrices

Limites :- Pas de prise en compte des charges de mécanisation- Pas d’information sur le système de production- Calcul différent selon les centres de gestion (avec ou

sans les primes et les frais de récolte)

➜ Repères entre cultures de vente

➜ Leviers pour réduire coût des intrants- Semences : semences fermières, densité de semis en

fonction de la date et du type de sol.

- Engrais : tenir compte des fournitures du sol et duprécédent, valoriser les effluents d’élevage, introduiredes légumineuses dans l’assolement.

- Désherbage : identifier les adventices, réduire les dosessur des jeunes plantules et avec 60% d’hygrométrieminimum, adapter la rotation, décaler les dates desemis, faire des faux-semis.

- Fongicides : variétés rustiques, adapter les doses à lapression des maladies et aux stades des cultures.

- Insecticides : traiter uniquement si le seuil d’interven-tion est atteint.

Utiliser les outils d’aides à la décision disponibles sursynagri.com (grilles azote, seuils de traitements, bulle-tins de santé du végétal,…).Ces différents leviers peuvent se cumuler et amener àdes écarts importants de résultats.

➜ Les critères complémentaires

• Le coût des intrants par quintal ou tonne : c’est lasomme des intrants divisée par le rendement de la cul-ture. Il permet de déterminer la part des intrants dansle coût de production et de mesurer l’efficacité desintrants.

(source : estimation 2009 publiées par le CER France Morbihan)

• Le coût de mécanisation : c’est un indicateur global etnon un repère par culture. Il est plus difficile à compa-rer d’une exploitation à l’autre du fait des variationsde méthodes de calcul. Une valeur moyenne repère :350 à 380 €/ha de SAU.

13Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Actualités

RR endre les agriculteurs plus auto-nomes dans leurs prises de déci-sions et faire en sorte qu’ils s’ap-

proprient leurs données technico-écono-miques, qu’ils puissent se situer par rap-port à des repères, qu’ils se dotent d’ou-tils de suivi et qu’ils soient en mesure deréagir rapidement par rapport à une situa-tion nouvelle (conjoncture, aléas climati-que, incidents divers…) tels étaient lesprincipaux objectifs de cette campagned’année.

Des repères pour analyser sa productionPour cela, il est nécessaire de disposerd’indicateurs simples, partagés par le plusgrand nombre, pour se situer et se compa-rer. Un groupe de travail associant lesChambres d’agriculture, les centres comp-tables et les banques, a produit un docu-ment « Des repères pour analyser sa pro-duction ». Dans cette brochure, pour cha-que production (porcine, avicole, laitière,

viande bovine, veaux de boucherie, cul-tures de ventes et légumes de pleinchamps), sont présentés les critères essen-tiels à connaître sur son exploitation : lamarge, le coût de production, le coût derevient, le point d’équilibre. Page ci-contreles indicateurs concernant les cultures devente.

Une campagne de témoignages,commune aux différentesproductionsDifférents éleveurs produisant du lait, dela viande bovine, du porc ou de la volaillese sont exprimés toutes les semaines dansTerra pour témoigner sur leur démarchebasée sur quatre étapes : analyser la situa-tion, faire son budget prévisionnel, mettreen place des tableaux de bord, faire unbilan. Dans ces témoignages ils ont décritsles outils souvent très simples et rapidesqu’ils utilisent pour suivre leur exploita-

tion. Concernant les productions végéta-les, les témoignages ont traité d'exemplesd’agriculteurs, de groupes, maîtrisant leurscoûts de production sur toutes les étapesde la conduite des cultures : mécanisa-tion, fertilisation, désherbage, chaulage.Vous retrouverez les premiers témoignagesdans les pages 14 à 17 de ce numéro deCapAgro. La campagne se poursuitjusqu’au début 2011 dans Terra.

Des portes-ouvertesen exploitationsSelon les productions, différentes actionsont été également proposées : réunionsen salle, opération « bout de champ »,sessions de formation,…Et en juin dernierau niveau régional 37, portes-ouvertes« Faites le plein d’innovations » ont ainsipermis à 3 000 visiteurs de découvrir dessolutions innovantes pour améliorer lequotidien en conciliant travail et revenu.

Sylvie TICOCA 56

Campagne 2010 "Agir sur les coûts de revient"

Portes ouvertes au Gaec Le Meyec – Gousset à Elven (56) :conduite de la luzerne et autonomie en protéines.

Cultures de ventes : optimiser les intrants et la mécanisation

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201012

Au regard du contexte économique actuel des principales productionsagricoles, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont retenu en thèmed’année une campagne d’informations "Agir sur les coûts de revient".Diffusion d’indicateurs économiques, témoignages dans Terra, portes-ouvertes en exploitations, se sont succédés tout au long de l’année 2010.

➜ Vos contacts :• Côtes d'armor : Frédérique Canno

[email protected]

• Finistère : Louis Le [email protected]

• Ille et Vilaine : Lionel Quéré[email protected]

• Morbihan : Philippe [email protected]

Et votre comptable

Cultures Blé Orge Colza Maïs grain

Coût d’intrants €/t 58 54 83 42

Engrais €/t 24 20 24 9

Semences €/t 8 10 16 22

Traitements €/t 26 24 43 11

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Economie

CC e 22 avril, le groupe agroculturede Châteaugiron se retrouve pourune séance de Jubil. Cette

méthode mise au point par l’Inra et Arvalisconsiste à mesurer la teneur en nitratesdans la tige du blé pour savoir si la cultureest en manque d’azote ou non.Chaque agriculteur arrive donc ce jour-là avec ses plantes de blé prélevées lematin même, prépare son échantillon enisolant une vingtaine de tiges de blé, puisle conseiller réalise l’analyse. En fonctionde la valeur mesurée, un conseil de doseet de fractionnement de l’engrais minéralest donné.

Temps sec : commentgérer l'azote ?L’analyse est délicate cette année comptetenu de l’absence de pluie depuis 3semaines qui n’a pas permis aux derniersapports d’azote d’être valorisés par la cul-ture. Certes l’enjeu était plus importanten 2009 quand le prix de l’azote avaitflambé. "A 1,20 e l’unité d’azote, la pos-sibilité d’économiser 20 ou 30 unitésparce que la plante est suffisammentriche, ou parce que le potentiel de ren-dement peut être revu à la baisse, comptetenu de la météo, constitue un gain signi-

ficatif sur la marge brute finale", résumeun agriculteur du groupe.

Et la protection contre les maladies ?Cette rencontre de mi-avril est aussi miseà profit pour observer les maladies surles plantes de blé : septoriose, rouille, pié-tin verse ou rhizoctone ? En fonction desvariétés, des systèmes de culture (précé-dent maïs grain sans labour donc risquefusariose), des stratégies prévues (2 ou3 traitements fongicides), les agriculteurséchangent sur la conduite à tenir.

"Aucune campagne ne ressemble à uneautre ! lance un agriculteur. Un débutd’année froid qui provoque un retard desstades, maintenant une période sèche quibloque l’absorption d’azote et empêche laprogression des maladies ! Les échangesau sein du groupe et l’observation pré-cise des plantes permet d’adapter saconduite au contexte et de conforter sesconnaissances en reconnaissance desmaladies. D’autant que le contexte écono-mique mondial complique la donne !

Rien ne sert d’investir 100 e de fongicidesà l’hectare en année sèche et pour unprix du blé annoncé à 100 e/tonne. Cetteannée, le groupe se donne comme pointde repère un investissement fongicide de50-60 e/ha. A fractionner en 2 ou 3 trai-tements selon les agriculteurs.

En bientôt 10 ans d’existence, le groupea significativement amélioré ses résultatséconomiques, avec aujourd’hui un coûtopérationnel total de 300 e/ha en blé(moyenne régionale : 404 e/ha) et uneréduction des disparités au sein dugroupe. Les Indices de fréquence de trai-tement du groupe sont aussi en dessousdes références régionales.

Face à un contexte en perpétuel change-ment, météo atypique, volatilité des prix,nouveaux intrants…, le groupe par leséchanges d’expériences, les observationsde terrain…permet à chacun de gagneren autonomie et de s’adapter pour tirerau mieux parti d’une situation économi-que difficile.

Lionel QUÉRÉCA35

Céréales : ça "Jubil" à ChâteaugironUne fois par mois de janvier à juin, le groupe "agroculture" de Châteaugiron,en Ille-et-Vilaine, se retrouve pour échanger sur l’actualité des cultures etajuster les pratiques au contexte climatique et économique. Retour sur lemois d’avril.

Chaque agriculteur prépare ses plantes de blé pour l’analyse.

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Economie

""MM on ambition de départ aété de produire du laitavec le minimum de maté-

riel, explique Joël Cann.J’ai donc revu monassolement en augmentant la part d’herbeau détriment de la culture du maïs et dansle même temps, j’ai arrêté la productionde pommes de terre qui nécessitait unemécanisation particulière". Aujourd’hui,le quota de 435 000 litres de lait est pro-duit à base d’herbe pâturée dans la mesuredu possible, de l’ensilage de maïs etd’herbe.

Un seul tracteur de 75 CV en propreLe parc matériel de l’exploitation se résumeà un tracteur d’élevage de 75 chevaux etd’une dessileuse "cube".Tous les gros tra-vaux sont réalisés par le matériel de laCuma."La période fin avril et mai n’estpas une période de pointe pour moi, pré-

cise Joël Cann. Les travaux du sol, les épan-dages de fumier et lisier sont sous-traitésà la Cuma tracteur avec salarié. Je ne réa-lise que le semis des 15 hectares de maïs.Je n’ai pas de surprise au niveau des coûts.Le tracteur de la Cuma va effectuer130 heures sur l’année, facturé à 24 e del’heure, fuel compris, plus 13 e de maind’œuvre.A cela il faut rajouter le tarif desoutils attelés (tonne à lisier, charrue…),mais il n’y a pas de surprise. Le tracteurest garanti 3 ans et remplacé en fin degarantie".

Un épandeurd’engrais "hi-tech"pour des économies de fertilisant"Après avoir organisé les gros travaux,nous avons voulu aller plus loin et nousavons réfléchi à la réalisation en commund’autres tâches, comme les épandagesd’engrais et les pulvérisations". Dans legroupe (6 agriculteurs parmi les 8 adhé-rents à la Cuma tracteur avec salarié) lesépandages d’engrais sont effectués pardeux agriculteurs et la pulvérisation pardeux autres. "Cela permet d’avoir des

personnes efficaces, connaissant bien lematériel utilisé. D’ailleurs, le fait de nousréunir nous a permis d’acquérir un épan-deur d’engrais "Hi Tech" équipé d’un sys-tème de pesée et de GPS pour apporter lafertilisation avec une très grande préci-sion". L’épandage d’engrais, comme lapulvérisation, est très rapide en termes derendement hectare. Les parcelles de céréa-les sont regroupées, ce qui permet de tra-vailler rapidement la totalité de la surface.Les techniques culturales sont les mêmespour le groupe, les commandes de semen-ces de maïs et produits phytosanitaires sefont en achats groupés. Les agriculteursresponsables du désherbage font le tourdu parcellaire et déterminent les interven-tions et le choix du produit.

Une bonne ententeobligatoire"Cette façon de travailler ne peut fonc-tionner que par une très bonne ententeentre les agriculteurs du groupe, faireconfiance aux autres, accepter qu'un autretravaille dans ses parcelles et vice-versa.Cette organisation apporte aussi une trèsgrande sécurité en cas de problème desanté ou autre et on est sûr que le travailsera fait en temps et en heure."Notons également que Joël Cann a aussirationalisé le travail au niveau de l’élevage.Le maïs et l’herbe sont désilés une fois parsemaine et cela lui prend seulement 1heure et quart. Des blocs d’ensilage sontdéposés dans un couloir où les barrièressont déplacées mécaniquement suivantl’avancement du stock dans l’auge. "Celame permet de consacrer plus de temps ausuivi du troupeau", précise-t-il...

Pierre DEMEURÉCA29

Des travaux des champs géréscollectivement pour plus d’économiesDestruction des couverts, épandages, préparation des terres à maïs… dès la fin de l’hiver, les travaux des champs vont mobiliser beaucoup de temps de travail et de moyens en matériels. Joël Cann éleveur laitier au Tréhou (29) aborde cette période avec une grande sérénité car il fait appel à la Cuma tracteur avec salarié et il s’est organisé avec ses voisins dans le cadre de l’entraide.

Joël Cann, éleveur laitier au Tréhou.(29).

Travailler collectivement au sein de la Cuma ou degroupe moins formel, permet l’acquisition de matérielsperformants, tout en maîtrisant les coûts pour chacun.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201014

AgrocultureLe groupe de Châteaugiron fait par-tie des six groupes "agrocultures"d’Ille-et-Vilaine. Ces groupes Gedaanimés par un conseiller de la cham-bre d’agriculture sont composésd’une dizaine d’agriculteurs qui seréunissent chaque mois chez l’und’entre eux : après un point en salle,un tour des parcelles est réalisé pourdiscuter des interventions à prévoir.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

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Economie

""TT out a démarré en 2002 parl’achat d’un épandeur àsables au niveau de la

Cuma. Pour le faire "travailler" on ache-tait du sable du golfe en achat groupéauprès d’un transporteur. Puis, il y a eudes problèmes d’autorisation pour pré-lever ce sable et c’est ce qui nous à faitbasculer vers du carbonate. Pour fairediminuer les coûts, j’ai fait un appel d’of-fre direct à des carrières de Charente et àdes transporteurs. Désormais, tous lesans, en juin, je relance les adhérents pourconnaitre les volumes (22 adhérents sontsur l’épandeur) et lancer mes comman-des début juillet. Les livraisons se font àl’automne, au coup par coup par camionde 25 t. C’est livré chez chaque adhérentqui reçoit directement ses factures".

Une organisation bien rodée et économe"Au départ de la carrière, la matière pre-mière vaut très peu : 7,40 E la tonne. Cequi coûte le plus cher c’est le transport :15,60 E la tonne ce qui fait un produit livrésur cour à 23 E HT la tonne. Les prix sontrelativement stables.Ce qui augmente c’estle transport (+ 5 %).Le coût d’épandage est facturé par laCuma à chaque adhérent : 1,2 E la tonneavec une part fixe de 30 E. Un responsablegère le planning de l’épandeur. C’est cha-que adhérent qui le mène. Il faut un 80 chpour un épandeur de 5 t. C’est un matérielrobuste, à l’origine pour épandre du sablemais qui fonctionne très bien avec le car-bonate humide broyé. A l’automne enconditions portantes, il faut un 1/4h parha d’épandage".L’organisation est bien rodée. Les com-mandes se font par fax. Le transporteurconnaît bien les exploitations. Il les appelle

avant de passer. La contrepartie est par-fois le délai de livraison. Il faut que le trans-porteur ait un chargement de retour, leplus souvent des céréales à St Nazaire."Aujourd’hui, on a un produit d’excellentequalité à un prix très compétitif sans avoirbesoin d’une organisation trop lourde".

Mise en pratiquesur son exploitationSur son exploitation de 145 ha (voir enca-dré), chaque année, il chaule en entretien1/3 de la surface et utilise 100 tonnes de

carbonates sur la base de 2 à 2,5 t/ha tousles 3 ans. "C’est essentiellement à l’au-tomne que l’on chaule, après déchaumagedes céréales et avant l’implantation descouverts et sur pâtures.Au niveau analyses,mon CTE m’a permis d’analyser toutes mesparcelles. J’ai des terres pas très acides(pH 6) et l’entretien suffit. Je viens dereprendre 19 ha, et là, je vais réaliser desanalyses. En cas de besoin on utilisera desproduits travaillés ou avec magnésie".En fait, c’est sur l’ensemble de ses prati-ques qu’Olivier Tabart a une conduite éco-nome en intrants. En céréales c’est le choixde variétés peu sensibles, le passaged'herse étrille, la limitation des fongicides.En maïs, où il juge le désherbage plus dif-ficile à contrôler, il commence à faire durattrapage à la bineuse, louée à un voisin.Au Gaec de Pourbily, sur la conduite descultures, les économies se font à tous lesniveaux.

Sylvie TICOCA56

L’unité valeur neutralisante rendueracine :Carbonate de calcium humidebroyé à 52 % de CaO : 23 € latonne livréeCoût d’épandage : 1,8 € la tonne Valeur neutralisante : 52 pour 100kg soit 520 pour 1 tonneCoût de l’unité neutralisante :(23 + 1,8) = 0,047 € l’unité

520

Chaulage : une organisation en groupe pour limiter les coûtsLe chaulage est un investissement incontournable pour maintenir la fertilitédes sols. Depuis bientôt 10 ans, à la Cuma du Barrage (56-Arzal), lescommandes d’amendement et l’épandage se font de façon concertée pourbaisser les coûts. Olivier Tabart, président de cette Cuma de matériel, nousfait part de leur organisation.

17Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Economie

SS itués sur un secteur de sols mouil-lants, sensibles au tassement, et sou-cieux de la protection de la qualité de

l’eau, les associés du Gaec de la Vieuville-à-Quessoy (22) ont immédiatement étéséduits par la technique du désherbagemixte du maïs."Lorsque les premiers matériels ont étéproposés, nous n’avons pas hésité à inves-tir au sein de la Cuma. La démarche degroupe est un facteur de motivation sup-plémentaire". Même si la mise au pointet la prise en main de la machine ont étédifficiles au départ, les résultats obtenusles ont encouragé et motivé à poursuivre.

Bénéfice net pour le maïs"Avant le binage, les rendements variaiententre 9 et 12 tonnes de matière sèchepar hectare (t/MS/ha) à cause de la bat-tance et du tassement des sols en annéehumide. Le binage, a plusieurs effets béné-fiques. Au premier comme au deuxièmepassage, en plus d’être efficace contre lesadventices, il casse la croûte superficielle,permet la circulation de l’eau et de l’air etassouplit la terre de manière impression-nante. On a tout de suite vu le bénéficepour le maïs.Aujourd’hui, les rendementsrestent stables à environ 11t MS/ha".La technique a également réduit la pres-sion de certaines adventices, qui posaientproblème avant. La dose d’herbicide est

réduite à 20 % de la dose homologuéepour un coût d’environ 30 € par ha, plus11 ?/ha pour le binage. Les aides obte-nues par la Cuma pour l’achat de lamachine permettent de limiter le coûtd’un passage de bineuse, réalisé par lesadhérents de la Cuma eux-mêmes."Même si cela demande un peu plus detemps qu’un traitement chimique en plein,le bénéfice pour le maïs est tel que latechnique est devenue indispensable surl’exploitation. Des contraintes existentcependant, notamment sur les rares par-celles trop en pente ou caillouteuses. Lebinage peut alors occasionner des dom-mages sur le maïs car le pilotage est déli-

cat. Sur l’exploitation, ces contraintesconcernent moins de 10 % de la surfaceen maïs".

Profiter du binagepour semer descouverts valorisables par les génissesSur les parcelles en maïs sur maïs, pouréviter les sols nus l’hiver, le deuxième pas-sage au stade 8-10 feuilles est mis à pro-fit pour semer un RGI sous couvert à l’aided’un semoir à granulés antilimaces. "Iciencore, l’investissement est réduit et lebénéfice assuré, tant pour le sol et l’eauque pour les animaux qui pâturent cesdérobées en mars, en attendant le démar-rage de la pousse des prairies".

Frédérique CANNOCA22

Désherbage du maïs : concilierefficacité, économie et environnementJean-Luc et Philippe Morvan font partie des "pionniers" du désherbinage etils ont contribué à mettre au point la première machine de leur Cuma. Depuis14 ans, le binage leur assure un rendement plus régulier en maïs avec moins de produitsphytosanitaires.

"Aujourd’hui, peu agriculteurs utilisent labineuse. Mais des agriculteurs de bassinsversants proches louent la machine à laCuma. En tous cas aujourd’hui, je nereviendrais pas en arrière".

16

L’exploitation• SAU : 90 ha• Maïs : 24 ha, • Prairies (RGA TB) : 39,5 ha, • Céréales 21 ha • Colza : 2,5 ha • Pois : 3 ha• 50 vaches laitières + la suite• 2 UTH en GAEC

L’exploitation• 3 UTH en Gaec,• Lait + taurillons

+ volailles dechair

• 145 ha SAU :48 ha de maïs, 26 ha de céréales, 6 ha deluzerne et 65 hade prairies,

• Systèmes de cultures : maïs /Cipan/maïs/céréales/Cipan etprairies refaitestous les 6-7ans.

Les objectifs environnementaux déjà atteints

Culture Indice de fréquence de traitement (2009) Objectif maxi à 5 ans

• Maïs 0,74• Blé 1,04• Colza 1 0,65• Prairies 0• Total exploitation 0,57Dans le cadre de leur contrat agroenvironnemental (MAE) sur la réduction des quantités deproduits phytosanitaires, le Gaec de la Vieuville s’engage à ne pas dépasser une quantitéd’herbicides par rapport à une quantité de référence Le binage leur permet de limiter fortementla quantité de produits sur la surface en maïs et de déjà tenir cet engagement.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Olivier Tabart, président de la Cuma du Barrage, avant d'épandre du carbonate entre céréales et implantation des couverts.

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Ecophyto Bretagne :

la profession s'engage

Les enjeux économiques, environne-mentaux et sanitaires liés à la pro-tection des cultures plaident pour unobjectif global de réduction d'utilisa-tion des produits phytosanitaires. Cetobjectif, affiché par la profession agri-cole bretonne depuis des années, estmaintenant repris avec beaucoupd'ambition dans le cadre du Grenellede l'Environnement et du planEcophyto 2018. Si le niveau de réduc-tion à terme semble ambitieux (-50 %si possible en 2018), il n'en demeurepas moins que l'on ne peut que parta-ger cet objectif de réduction.

Les Chambres d'agriculture sont encharge de l'animation du volet agri-cole du dispositif. Cependant, la pro-fession agricole bretonne a souhaitéêtre pro-active sur ce dossier et avan-cer unie pour faire face à ses enjeux.Ainsi, 24 OPA ont souhaité s'engagercollectivement et se sont réunies ausein de l'instance "EcophytoBretagne". Cette structure profession-nelle unique a pour objectif de propo-ser en amont des solutions concer-tées à l'administration régionale.

Le plan Ecophyto se traduit déjà pardes actions concrètes. Les 3 et 4 juinderniers, plus de 500 participants sesont réunis pour échanger autour destravaux de recherche appliquée enprotection des cultures. Le Bulletinde Santé du Végétal, qui fait égale-ment partie du dispositif, remplaceles avertissements agricoles et estdisponible gratuitement pour tous lesexploitants bretons. Le dernier tri-mestre 2010 s'avère capital, car laplupart des actions vont être misesen œuvre maintenant.

Dans ce dossier spécial, il nous appa-raissait important de présenter defaçon globale les enjeux de ce grandplan gouvernemental, ses retombéespotentielles et les marges de manœu-vre techniques pour atteindre cesobjectifs.

Alain Hindré,Président de la Commission StratégiqueRecherche - Développement - Formation

Les grands axes d'Ecophyto 2018Dossier Écophyto

➜ Améliorer la connaissance phytosanitairePremière pierre du dispositif, le suivi quan-titatif de l'utilisation des produits phyto-sanitaires (axe 1). Ce volet permet de fixerun point zéro et d'évaluer les progrèsannée après année.L'information passe également par le ren-forcement des réseaux de surveillance bio-logique du territoire (axe 5). Ces observa-tions sont compilées dans les Bulletins deSanté du Végétal qui sont diffusés gratui-tement et permettent aux structures deconseil de connaitre de manière fiable lasituation phytosanitaire sur leur territoire.La réussite du plan passe par la formationdes distributeurs, conseillers et utilisateursde produits phytosanitaires (axe 4).Différentes voies de formations donnentaccès au Certiphyto, certificat qui sera, àterme, nécessaire pour l'achat de produitsphytosanitaires.

➜ Développer des techniquesalternativesLa généralisation des pratiques agricoleséconomes en produits phytosanitaires déjàexistantes est un volet important du dispo-sitif (axe 2). Dans ce cadre, une centaine degroupes de fermes, s'engageant dans unedémarche volontaire, sera mis en place auniveau national fin 2010. Ces réseaux d'ac-quisition de références et de démonstrationLa recherche et le développement de solu-tions innovantes, disponibles à plus longterme mais permettant d'aller plus loindans la réduction (apport de la génétique,intérêt des rotations, etc.) est soutenuedans l'axe 3.En Bretagne, les axes 2 et 3 sont réunis ausein d'une même Commission.

L’axe 8 du plan Ecophyto 2018 porte sur lagouvernance du plan sur la communica-tion des progrès réalisés.Enfin, deux axes stratégiques du plan sontspécifiquement consacrés à la problémati-que phytosanitaire en zone non agricole(axe 7) et dans les départements d’outre-mer (axe 6).

19Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Economie

LL es conditions climatiques (séche-resse et incendies) en Russie etchez d’autres acteurs du marché

mondial (pluies diluviennes en Chine eten Inde) ont été le premier facteur dehausse des prix sur le marché début juil-let. La décision officielle d’embargo surles exportations du gouvernement a étéle deuxième coup qui a conforté les prixà la hausse en août ; l’interdiction d’ex-porter hors de Russie courrait jusqu’ennovembre 2011. Courant septembre, lescraintes vis-à-vis des rendements moin-dres en maïs américain et la disparitiondu jeu concurrentiel avec l’intérêt ache-teur accru des importateurs ont confortéles prix à la hausse.

Activité sur les marchés :spéculation et exportEtonnant cet emballement des prix, auregard des stocks disponibles à l’issue dela récolte mondiale 2010, jugée « suffi-sante » pour la FAO (Organisation desNations Unies pour l’agriculture et l’ali-mentation), faisant redouter une nouvellecrise alimentaire comme en 2007-2008.D’après les prévisions du CIC au23/09/10, la récolte de blé enregistreraitun bon 644 Mt, en recul de 5 % sur unan, mais tout de même le troisième meil-leur résultat sur les dix dernières années.La consommation mondiale en hausse à657 Mt amputerait les stocks mondiauxde 13 Mt. La raison de cette évolutionest à trouver dans l’action spéculative desfonds, qui à la moindre nouvelle informa-tion inflige des évolutions de cours jour-nalières (de 27 €/tonne au 5 août) surles marchés à terme. En France, la récoltede cette année a été bonne avec 35,7 Mt(-1 Mt / 2009) en blé. L’activité d’exportpour les blés français est donc soutenue

pour ce début de campagne (perspecti-ves record de 11 Mt envisagées vers lespays tiers pour cette campagne). Le portde Nantes-Saint Nazaire a vu par exem-ple, des cargaisons de blé partir à destina-tion du Yémen ou encore plus récemmentde l’Egypte. Les pluies en Allemagne ontperturbé la qualité des blés meuniers alle-mands, les obligeant même à se fournir enblés français. En effet, le marché du blé vavoir une véritable réorganisation des fluxd’échanges.

Une situationbretonne qui risqued’être compliquéeSur le terrain, les mois se succèdent maisne se ressemblent pas avec des récoltesde juillet réalisées dans de très bonnesconditions météorologiques et des pré-cipitations d’août provoquant une aug-mentation de l’humidité du grain au des-sus de 15 % (grevant le prix des frais deséchage). D’après FranceAgriMer, les ren-dements sont inférieurs à 2009 avec 70,

65, 63 et 80 qtx/ha pour le blé, l’orge, letriticale et le maïs grain.Avec les perspectives de manque de four-rages disponibles pour la campagne à venir(rendement prévisionnel du maïs fourrageentre 9 et 11 TMS/ha et des variationsentre zones de production), les collecteursnotent une rétention significative en fermede quantités d’orge et de triticale. D’aprèsles échos, les prix d’acompte du blé dépas-sent les 125 €/tonne sur juillet et août2010. Le cours rendu Rouen atteint ainsi210 euros par tonne en août, soit une pro-gression de 70 % par rapport à août 2009.Dans le sillon du blé, le maïs enregistreégalement une hausse de ses cours, etdevrait retrouver sa place perdue l’an der-nier dans les formulations des fabricantsd’aliments du bétail. Ces hausses plom-bent les productions hors sol (porc et volail-les), qui ont vu le prix de l’aliment aug-menter en août de 6,5 % pour l’indice IFIPet de 9,9 % pour l’indice ITAVI.

Julie RIO – CRA BretagneService Veille,

Etudes et Prospective

Marché des céréales : hausse spectaculaire des prixAlors que les fondamentaux ne le laissaient pas prévoir, la spéculation a provoqué une véritable flambée des cours cet été. Perspectives trèsdéfavorables pour les éleveurs bretons qui subissent actuellement une baissedes prix des productions animales.

01/09/09

01/10/09

01/11/09

01/12/09

01/01/10

01/02/10

01/03/10

01/04/10

01/05/10

01/06/10

01/07/10

01/08/10

01/09/10

220,5

209,5

110

130

150

170

190

210

230

€/tonne28/09/2010

Les prix se sont emballés au gré des nouvelles, tant au niveaudes accidents climatiques que des décisions politiques

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201018

CROSComité régional d’orientation et de suivi du plan écophyto

(Présidence Préfet de Région - DRAAF)

Commission indicateurs(Présidence DRAAF DREAL) Axe 1 : Suivi des indicateurs réglementaires

Commission Agronomie(Présidence CRA Bretagne pour “Ecophyto Bretagne”)

Axes 2 et 3 : Pilotage des actions de recherche, développement et formation (hors Certiphyto) du domaine agricole

Commission Formation (Certiphyto)(Présidence DRAAF)

Axe 4 : Formations Certiphyto

Commission ZNA(Présidence DREAL) Axe 7 : Pilotage des actions en zone non agricole

Axe 8 : Communiquer

CROSOPCROS opérationnel

(Présidence DRAAF-SRAL)

Axe 5 : Renforcer les réseaux de surveillance

CRSBTComité régional de la Surveillance biologique du territoire

(Présidence CRAB)

Schéma d'organisation pour le pilotage du plan Ecophyto 2018 en Bretagne

Au niveau national, le plan Ecophyto se décline en 8 axes stratégiques.

Emilie LABUSSIÈRE - Olivier MANCEAU - Pôle Agro PV

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Dossier Écophyto

DD epuis le grenelle de l’environne-ment, le plan de réduction desproduits phytosanitaires, baptisé

Ecophyto 2018 prend forme tout aumoins dans les textes et les axes prioritai-res à mettre en œuvre. Les premières MAE(Mesures Agro – Environnementales) pro-posées depuis 2008 dans ce cadre per-mettent déjà de mesurer les enjeux et depréciser les leviers permettant de tendrevers cet objectif.La réduction de l’usage des produits phy-tosanitaires doit certainement nous ame-ner à repenser la façon d’utiliser les outilsde protections des plantes. Si l’optimisa-tion de chacune des applications resteune nécessité, si la modification des itiné-raires techniques centrés sur le choix devariétés tolérantes reste toujours d’ac-tualité. Une approche globale est néces-saire si nous voulons aboutir aux objectifsdu grenelle de l’environnement.Afin de réduire la consommation de phy-tosanitaires de 50 % il ne suffit pas deremplacer les traitements par des tech-niques alternatives. Il sera nécessaire de

mettre en œuvre des techniques bien pluscomplexes faisant appel à toutes lesconnaissances et à une approche globaledu système de culture.

Agir sur le système de productionCertaines cultures sont peu gourmandesen produits de traitements. Leur présencedans un assolement permet de diminuersignificativement l’IFT de l’exploitation.Ainsi les prairies temporaires non seule-ment consomment peu de produits maispermettent également de diminuer lestock semencier des mauvaises herbespour les années suivantes. Les stratégiesde désherbage sont généralement plusfaciles à mettre en œuvre les années sui-vantes, à moindre coût et avec des quan-tités plus faibles.

Sur un autre plan, l’alternance de culturesde printemps et de cultures d’hiver génèredes inter-cultures suffisamment longuespour envisager des interventions méca-

niques (déchaumages, faux-semis) per-mettant de faire lever et de détruire unepartie des mauvaises herbes. Toutes cesmauvaises herbes détruites pendant l’in-ter-culture ne seront plus à gérer dans laculture. Le déchaumage a également uneffet significatif sur les populations delimaces et certaines maladies (piétins,fusariose…). Enfin, la mise en place decouverts végétaux denses permet égale-ment d’éviter tout salissement de la par-celle par étouffement des mauvaises her-bes. Si, de plus, il est sensible au gel (mou-tarde, phacélie, nyger, sarrazin) la naturefera tout le travail. Éventuellement unsimple roulage permettra d’accélérer leprocessus et réduira l'utilisation de gly-phosate.

Modifier sesitinéraires techniquesDepuis 2003, les Chambres d’agriculture,l’INRA et Arvalis-Institut du végétal com-parent sur blé tendre une conduite àbas niveau intrant avec une conduite rai-sonnée dans des conditions de sol et declimats variés (Bretagne, Normandie, Ile deFrance, Centre, etc.). Les résultats mon-trent que l’itinéraire économe en intrantsest performant économiquement.

Sur les 72 essais suivis de 2004 à 2007 enBretagne, l’itinéraire économe permet dedégager en moyenne 47 €/ha de margede plus que la conduite classique, plus

Réduction des phytos : plusieurs leviers possiblesLa réduction des produits phytosanitaires doit faire appel à plusieurs niveauxd’interventions. Il ne s’agit pas simplement de diminuer les doses de chacunedes applications mais d’une approche globale de l’itinéraire technique et dusystème de production.

RENDEZ -VOUS DE LA RECHERCHE APPLIQUEE ECO PH Y T O B R ET A G NE - Kergu_hennec - 3 et 4 juin 2010

Aujourd’hui Demain

1 - Agir sur son système de production2 - Modifier ses itinéraires techniques3 - Optimiser chacune des applications

Les leviers d'une protection des cultures efficacesLes leviers d'une protection des cultures efficaces

Destruction mécanique des couverts

21Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Dossier Écophyto

CC es objectifs ont ensuite été affi-nés dans le cadre du planEcophyto 2018 dans le but de :

• produire des scénarios de réduction d'uti-lisation des produits phytosanitaires(volet 1)• concevoir un dispositif de production,gestion et diffusion de références expéri-mentales sur les systèmes de cultures éco-nomes en produits phytosanitaires(volet 2).Les résultats de cette étude ont été ren-dus publics fin janvier 2010. Nous tenionsici à reprendre les grandes conclusions duvolet 1, qui permettent d'analyser les pos-sibilités de mise en œuvre de l'objectif deréduction de 50 % du plan Ecophyto.

Réduction possible de 20 à 30% de l'IFTA l'échelle nationale et sur l'ensemble descultures étudiées, les travaux montrentqu'une réduction de 20 à 30 % de l'IFT*(Indice de Fréquence de Traitement) estpossible, sans perte de rendement, par leraisonnement des traitements en fonctionde seuils d'intervention. Ce raisonnementsystématique des interventions, basé surl'observation au champ et une mobilisa-tion forte des outils d'aide à la décision,est le point clé de ce scénario.

S'il est techniquement possible d'aller plusloin dans la réduction d'usage des pro-duits phytosanitaires, il est probable quecela entraînerait une faible modificationdes volumes et de la nature des produc-tions à moyen terme.

Une diminution de plus de 30 % de l'IFTdemanderait de repenser les itinérairestechniques globalement. Cela nécessite-rait notamment la mise en œuvre d'unlarge spectre de solutions agronomiquesallant du choix variétal aux stratégies d'évi-tement (périodes de semis), ou d'atténua-tion (densité, fertilisation) en passant par ledésherbage mécanique. Des exemples deconduites économes et performantes sontdéjà disponibles pour certaines cultures.Elles pourraient permettre une réductionde 40 à 60 % de l'IFT, mais seraient asso-ciées à des pertes de rendement de 5 à20 %.

Repenser les systèmespour l'objectif à 50%Atteindre une réduction de 50 % nécessi-terait un changement de système de cul-ture. Il faudrait repenser entièrement lessystèmes, et mobiliser de nouveaux levierspour diminuer les risques : diversifier les

rotations, adapter le travail du sol, etc.L'intégration de ces éléments sur plusieursannées, à l'échelle de la succession de cul-tures est une des clés de ce scénario, quipeut conduire à une réduction de 50 à70 %. Il s'accompagnerait néanmoins depertes de rendement allant de 5 à 20 %.

Ces résultats doivent cependant être nuan-cés car les situations sont très contrastéesselon les cultures étudiées. Les marges demanœuvre apparaissent par exemple, plusimportantes pour les grandes cultures quepour les cultures fruitières ou légumières.

Les travaux menés dans le cadred'Ecophyto R&D montrent donc qu'il existeaujourd'hui des solutions agronomiquesqui permettraient d'atteindre, sans boule-versement majeur des systèmes de pro-ductions, une baisse de l'ordre du tiers del'utilisation des produits phytosanitaires.Pour atteindre une réduction de moitié del'IFT, l'objectif du plan Ecophyto 2018, deschangements importants de systèmes, quientraînerait probablement des modifica-tions sensibles des volumes de production,seraient nécessaires. Le passage à des sys-tèmes Ecophyto avec 50 % de réduction del'IFT modifierait aussi beaucoup le type decultures pratiquées. Le changement de suc-cessions culturales entraînerait la diminu-tion de certaines productions très deman-deuses en produits phytosanitaires (pommede terre par exemple) et l'apparition oul'augmentation de surface d'autres cultu-res (triticale, céréales secondaires ou pro-téagineux).

Emilie LABUSSIERE - Pôle Agro PVVincent FALOYA - INRA

(*) Dans cette étude, les réductions d'IFT sont cal-culées par rapport à un niveau « dit » intensif, quicorrespond à une stratégie de prévention maximale,sans limitation de recours aux produits phytosanitai-res. Le niveau actuel, reflétant les pratiques réellesau niveau national, est inférieur.

Réduction des phytos : les conclusions de l'étude Ecophyto R&DEn 2007, à la demande des Ministères de l'Agriculture et de l'Environnement,l’INRA a lancé une étude sur les itinéraires culturaux économes en produitsphytosanitaires. L'objectif initial de cette étude, qui a mobilisé plus de 80 experts, était de faire un état des lieux des pratiques phytosanitairesactuelles, des marges de manœuvre agronomiques et de leurs conséquences.

3 scénarios de réduction d'IFT pour 8 grandes cultures

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201020

➜ Raisonnement systématique des interventions

➜ Raisonnement systématique des interventions + méthodes prophylactiques + méthodes alternativesPour UNE culture de la rotation

➜ Raisonnement systématique des interventions + méthodes prophylactiques + méthodes alternativesPour TOUTES les cultures

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Dossier Écophytosoit la feuille de mauvaise herbe pour unedestruction, ou la feuille de la culture avecdes fongicides qui assureront une bonneprotection contre les maladies.

Les désherbants de pré-levée sont desproduits à action racinaire dont le fonc-tionnement est indépendant des condi-tions atmosphériques. Le bon résultatd’efficacité des applications de prélevéeest déterminé par les conditions d’humi-dité du sol au moment de l’applicationou dans les jours qui suivent immédiate-ment l’application. Ces conditions sontgarantes d’un bon fonctionnement desproduits, évitant ainsi des rattrapages inu-tiles. Mais elles ne permettront pas pourautant d’en réduire la dose. En effet, laréduction de dose de ce type de produitsse traduit immédiatement par une pertede persistance d’efficacité.Le choix des produits peut égalementjouer un rôle sur la quantité de phytosutilisés (en IFT ou en quantité de subs-tance active). Ceci est particulièrementvrai pour les herbicides. En effet, les pro-duits de pré-levée sont en général desproduits plutôt pondéreux dont on peutdifficilement réduire la dose, qui de plusprésentent un mauvais profil environne-mental (KOC faible et demi-vie élevée),expliquant leur présence très fréquentedans les analyses d’eau. Ceci s’est tra-duit depuis les années 2000 par la sup-pression d’un certain nombre de ces pro-duits (atrazine, alachlore, imazamétha-benz, trifluraline, linuron…), et l’utilisationde plus en plus massive de produits depost-levée, en particulier des produits dela famille des sulfonylurées. Ces usagesrépétés dans les différentes cultures dela rotation peuvent poser problème parl’apparition de résistances.

Quelques pistes pour aujourd’huiet… demainSi la chimie est toujours présente dansles années à venir, l’optimisation desconditions d’application sera bien sûr unincontournable. Mais on voit de plus enplus dans les campagnes d’outils de dés-herbage mécanique : bineuses, hersesétrilles, houes rotatives qui commencentà remplacer une partie des traitementschimiques.

Le travail réalisé par les stations de recher-che et les constructeurs, sur les systèmesde pilotage automatique ou de guidagepermettra d’apporter une plus grandeprécision dans le travail de la bineuse etde lever rapidement la plus grossecontrainte de ces techniques : le temps.On peut bien-sûr rêver à des robots com-plètement indépendants de l’astreinte« travail humain » : ce n’est peut être passi utopique. Quelques applications com-mencent à voir le jour : dans un premiertemps pour des cultures à haute valeurajoutée comme le maraîchage, les plantesornementales ou aromatiques, et pour-quoi pas demain dans des champs demaïs.

Des moyens de lutte biologique existentdéjà (trichogrammes contre la pyrale dumaïs, Contans WG contre le sclérotinia,phéromones produisant de la confusionsexuelle en arboriculture…). Une meil-leure connaissance des cycles biologi-ques des parasites est une nécessité afinde trouver tous les leviers possibles per-mettant :- d’agir sur les parasites (directement ouindirectement) avant la mise en place dela culture, afin de limiter les populations ;- de créer de la confusion pour éviter lecontact entre la plante et le parasite ;- de rendre l’impact du parasite accepta-ble.La génétique, en particulier tous les tra-vaux de génomie qui permettent de mieuxcomprendre les bases de la tolérance

variétales aux différents bio-agresseurs,sera dans les années à venir facteur deprogrès, et une nécessité pour faire avan-cer le plan Ecophyto.

Michel FALCHIERPôle Agro PV

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Dossier Écophyto

consommatrice d’intrants, pour un prixpayé au producteur de 100 €/t. La réduc-tion des charges compense donc large-ment la perte de rendement constatée surl’itinéraire économe (6 q/ha en moyenne demoins que sur l’itinéraire classique). Il fau-drait un prix du blé de 160 €/t pour queles marges des deux conduites soient iden-tiques.Ces résultats sont avant tout liés à l’utilisa-tion de variétés tolérantes aux maladieset à la verse, issues des programmes derecherche des semenciers qui ont été amor-cés à la fin des années 90. Les conduites àbas niveaux d’intrants qui ont été expéri-mentées en Bretagne permettent de divi-ser par deux la quantité de produits utiliséssur une parcelle de blé. Ces résultats enfaveur des conduites économes du blé nedoivent pas faire oublier que celles-ci doi-vent être adaptées à l’année et à la région,et non devenir des recettes toutes faites.Dans certains milieux, l’impasse d’azoteau tallage ne doit pas être systématique. Demême, en régions très arrosées et en annéefavorable aux maladies comme en 2007et 2008, le programme fongicide doit êtrerenforcé.Ceci pose les limites de la réduction del’usage des produits de protection desplantes. Si l’année 2010 permettait uneréduction draconienne des fongicides dufait de l’absence de maladies au cours dela montaison des céréales, la situation étaitbien différente les trois années précéden-tes. Une adaptation au contexte climati-que de l’année est nécessaire.

Ce type d’essai est également en coursd’évaluation sur la culture du colza dans lecadre d’un programme de recherche bap-tisé Picoblé (voir pages 42 et 43). Les pre-miers résultats, encourageants, permettentd’imaginer un itinéraire technique adaptéaux zones d’élevages. Basé sur l’utilisationde déjections animales à l’implantation,le colza, par son pouvoir couvrant, peut sepasser de désherbants chimiques et secontenter d’un binage. Le suivi des insec-tes, indispensable, peut tout de même selimiter à un faible nombre d’interventionsdu fait de la forte vigueur des plantes et dela présence modérée des insectes en raisonde l’histoire récente du colza dans notrerégion.

La culture du Maïs est simplementconcernée par le désherbage, puisque niles insectes, ni les maladies ne font l’ob-jet de traitements curatifs. Comme nousl’avons déjà précisé dans le premier para-graphe, des rotations longues ou desinterventionsmécaniques en inter-culturepermettent de limiter l’usage des désher-bants chimiques. Cependant, même dansdes conditions plus difficiles, il est tout àfait envisageable d’utiliser, pour partie,du désherbage mécanique en complé-ment du désherbage chimique.

Toutes les techniques associant du dés-herbage mécanique à du désherbage chi-mique sont envisageables sur cette cul-ture : désherbage mixte, bineuse aprèsun traitement de pré-levée ou une post-levée précoce.

Optimiser chacunedes applicationsOn ne redira jamais assez que le bon étatd’un pulvérisateur est la première condi-tion nécessaire à une bonne efficacité desapplications.Par ailleurs, les conditions d’applicationsont capitales pour l’efficacité et la sélec-tivité des désherbants de post-levée etdes fongicides. L’hygrométrie (humiditéde l’air) est le critère essentiel du bon fonc-tionnement des produits phytosanitaires.Il est souhaitable qu’elle soit supérieureà 60 % afin d’assurer une bonne péné-tration du produit dans la feuille, que ce

22

-600 €

-400 €

-200 €

0 €

200 €

400 €

600 €

En faveur de l’ itinérairebas niveau d’intrants

En faveur del’itinéraire raisonné

Prix du blé à 160€ / tonne

Écart de marge brute entre ITK 3 et ITK 2

+ 4 euros en faveur de l’ITK 3

Prix du blé à 160€/tonne

RENDEZ -VOUS DE LA RECHERCHE APPLIQUEE ECO PH Y T O B R ET A G NE - Kergu_hennec - 3 et 4 juin 2010

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8

9

chimique désherbage

mixte

désherbage

mécanique

prélevée puis

binage

hersage puis

chimique

Parcelle propre

Efficacité sur trois ans des techniques alternatives

Source : Station expérimentale de Crécom

Stratégie de désherbage du maïsStratégie de désherbage du maïs Aujourd’hui et demain

Optimisation des conditions d ’application des produits

Moyens de lutte biologique

2010 2015 2020

Robots de désherbage

Désherbage mécanique (au moins partiel)

Génétique et tolérance variétale

Systèmes de culture innovants

Aujourd'hui et demain

Le binage du maïs, une bonne solution pour réduirel'utilisation des phytos

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010 Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

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Dossier Écophyto

Plus de binage pourréduire les herbicides A court terme, et déjà en cours de diffusion,la baisse de l’utilisation des herbicides estpossible pour les choux et les artichauts,principales cultures plantées en Bretagne.Les grands écartements facilitent la prati-que du binage et de nouveaux outilsnotamment la herse étrille et surtout labineuse équipée de doigts Kress pour uneintervention sur le rang donnent des résul-tats encourageants. L’utilisation de cesbineuses nécessite malgré tout une plusgrande réactivité (et disponibilité) de lapart de l’agriculteur, car leur efficacité estessentiellement liée à leur utilisation aubon stade.Pour les légumes industrie des interven-tions mécaniques sont également testées(à Kerguéhennec...) Les bineuses équipéesde doigts Kress ont permis une bonne maî-trise des adventices sur chou et artichaut.

Des outils d’aide à la décision (OAD) La totalité de la Bretagne est classée enzone à risque sclérotiniose et la dispari-

tion récente des fongicides les plus per-formants met en lumière l'obligation decontrôler cette maladie en activant d'autresmoyens. Ainsi se met en place pour lesharicots et les flageolets, la grille prédic-tive des contaminations parcellaires, baséesur l'historique des dégâts et les rotationspratiquées durant la décennie écoulée. Elleest opérationnelle depuis 2009 et tourne àl'intérieur des Organisations deProducteurs.Du côté des outils, dont l'intérêt paraît toutaussi incontestable, certains restent à met-tre au point. Ils exigent encore de nom-breux travaux. Citons pour exemple lemodèle climatique en vue d'annoncer lesattaques au moment de la floraison.D'autres sont par contre déjà utilisés afinde réduire le potentiel infectieux des solsles plus infestés comme :- l'augmentation de la part des céréaleset des graminées fourragères,- l'élimination des intercultures les plussensibles (en premier lieu la phacélie),- l'ajustement de la fertilisation azotée afind'éviter tout excès végétatif,- la conduite de l'irrigation en privilégiantla dose plutôt que la cadence,- la réduction du peuplement et le maintiend'un inter-rang supérieur à 40 cm.

Cependant une nouvelle approche se faitjour avec l’utilisation de produits biologi-ques pour agir sur la maladie. Par exemplele recours le plus efficace à ce jour sur sclé-rotinia se nomme CONTANS WG.Largement diffusé depuis 2003, ce biofon-gicide détruit les sclérotes accumulés dansle sol dans la proportion de 40 à 70 %par passage. Lorsque la pression initialeen légumes est très élevée, il ne peut pasremplacer la protection chimique en végé-tation mais la complète amplement.Composé de spores de Coniothyrium mini-tans, ce champignon, hyperparasite dessclérotes de Sclerotinia sclerotiorum, doit

être incorporé à la dose de 2 à 4 kg/hacar il craint la lumière et les fortes tempé-ratures. Selon la saison, la destruction dupathogène prend deux à trois mois et lesmeilleures réponses sont observées lors-que CONTANS WG est décliné à l'intérieurde la rotation et notamment à l'automneaprès céréales ou sur des résidus de récol-tes contaminés avant leur enfouissement.Souvent et selon le niveau de l'infestation,4 à 5 années sont nécessaires avant d'ob-tenir un assainissement significatif.

La génétique, une voie prometteuseAu niveau des maladies, les voies les plusprometteuses en légumes également sontcertainement la génétique avec l’obten-tion de variétés tolérantes. La résistanceau mycophaerella est de plus en plus pré-sente dans les nouvelles variétés de chou-fleur (ce qui permet de supprimer uneapplication de fongicide), les autres pers-pectives de tolérances génétiques étantplus lointaine (mildiou de l’artichaut et desallium).

Des ravageurs sous surveillancePour les ravageurs, le suivi annuel par leréseau de surveillance biologique mis enplace dans le cadre d'Ecophyto, permetd’apprécier le niveau de risque dans lespériodes clés de la culture. Les bulletinsde santé du végétal produits sont disponi-bles gratuitement sur les sites www.bul-letinduvegetal.synagri.com ouhttp://draf.bretagne.agriculture.gouv.fr

Vianney ESTORGUESChambre d’agriculture 29

Bernard LE DELLIOUUNILET QUIMPERLE

Légumes : des contraintes spécifiques Le problème principal pour réduire l’usage des phytosanitaires en productionlégumière est l’exigence qualitative des consommateurs ou des industriels. Lacommercialisation ou la transformation de ce type de produits est liée avanttout à des critères visuels : absence de taches (maladies), d’insectes ou corpsétrangers (ravageurs). Dans bien des cas, les pathogènes ne causent pasréellement de perte de rendements bruts, mais le rendement net et soncorollaire, le revenu agricole, sera tributaire de la qualité des produits.

Bineuse équipée de doigts Kress

25Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Dossier Écophyto

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201024

EE n Bretagne, la surface en colzareprésente 35 000 ha en 2009-2010 (2 % des surfaces cultivées).

L’intérêt de cette culture est multiple.Cependant, les maladies et les ravageurspeuvent être nombreux d’où la nécessitéde trouver des solutions alternatives pourréduire les Indicateurs de Fréquence deTraitement (IFT) hors herbicides notam-ment, tout en préservant les rendements.

Intérêt du contrôlegénétique et de la lutte biologiqueParmi les facteurs clefs de la réussite ducolza, le choix variétal. La tolérance auphoma, à la verse et à l’élongationautomnale sont les principales caracté-ristiques à prendre en compte pour limi-ter les accidents en végétation. Desessais réalisés en partenariat avec le

CETIOM visent à évaluer les nouvellesvariétés sur ces critères, voire aussi surleur capacité d’étouffement des adven-tices. Par ailleurs, les mélanges consti-tués de 90-95 % d’une variété classi-que et de 5-10 % d’une variété plus pré-coce (ex : ES Alicia en 2010) permettentde réduire les dégâts de méligèthes quise dirigent préférentiellement sur lesfleurs de la plante piège (la plus pré-coce), au stade sensible de la variétéd’intérêt (boutons floraux). Enfin, l’utili-sation au semis de Contans WG, permetdans les parcelles dont le retour du colzaet des légumineuses est fréquent, deparasiter le développement des sclérotes,voies de conservation et de contamina-tion du sclérotinia. Une question se posesur son positionnement. Faut-il réelle-ment l'appliquer avant l'implantationd'une culture sensible ou après la récolted'une culture touchée par le sclérotinia ?

Le contrôle culturallaisse encore supposerdes marges de progrèsCompte-tenu du climat automnal pous-sant et de la disponibilité en azote orga-nique en région Bretagne, les semis pré-coces (fin août) à faible densité (30grains/m2) doivent permettre d’obtenirdes pieds vigoureux permettant deconcurrencer les adventices et de se pré-munir des dégâts d’insectes (altises). Desécartements larges (50 à 75 cm) pou-vant permettre le binage, et différentesespèces semées sous-couvert de colzapour maîtriser le salissement sont expé-rimentés en Bretagne, dans le cadre d’unprogramme de recherche conduit par leCETIOM., les Chambres d’agriculture etl’INRA (étude Picoblé). A suivre…

Jean-Luc GITEAUPôle agro PV

Colza : des pistes à explorerDifférentes solutions permettant de réduire l’usage des produitsphytosanitaires sont à l’étude depuis plusieurs années pour la culture ducolza. Certaines offrent aujourd’hui des résultats satisfaisants, d’autresdoivent encore être expérimentées pour validation.

Mélanger une variété très précoce avec la variété choisie permet d'attirer les méligèthes sur les 1 ères fleurs. La culture encore au stadesensible (stade boutons floraux) est ainsi préservée.

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Énergie

««CC limaterre » est l’expérimen-tation d’une démarched’analyse du rôle de l’agri-

culture sur l’énergie et les émissions degaz à effet de serre à l’échelle des territoi-res. Cette expérimentation est conduitesur plusieurs sites en France, dont laBretagne où elle a été menée par laChambre régionale d’agriculture.Un outil (tableur) de l’ADEME permet àpartir de l’ensemble des données cultures,élevage et boisement de calculer lesconsommations d’énergie et les émissionsde GES de l’agriculture (encadré) et dela sylviculture. Cet outil comptabilise aussil’amont de l’agriculture (production desintrants, importations d’aliments…) et ils’arrête à la porte de sortie de l’exploi-tation agricole (pas de prise en comptede l’énergie des industries de transfor-mation des produits agricoles).L’outil utilisé pour l’expérimentationClimaterre permet donc de mettre en rela-tion 4 facteurs : la SAU utilisée, le volumeproduit (productions végétales et anima-les), les consommations d’énergie et lesémissions de GES.Un indicateur « nombre de personnesnourries » sera aussi mis au point.

Un outil pour tester l’impactdes mesures agricolesLe tableur peut-être utilisé pour réaliserdes simulations, par exemple, pour tes-ter l’impact des mesures agricoles ou desprogrammes d’action, dans le cadre desplans climat territoriaux par exemple.Climaterre permet de simuler :• des évolutions techniques des exploita-tions comme la mise en place d’équipe-ment en pré-refroidisseurs du lait, réglagedes tracteurs, installation d’échangeursde chaleur…• des modifications de pratiques :par exemple la formation à la conduiteéconome, la diminution de l’engrais minéral…• Des évolutions structurelles de l’agri-culture : l’augmentation des terres boi-sées, l’évolution du cheptel, de la SAU…

Pour chaque scénario envisagé, on peutétudier son impact :• sur la consommation d’énergie• sur les émissions de GES• sur la SAU utilisée• sur la production agricole• sur le nombre de personnes nourries(en cours de construction)

Le lien entre ces indicateurs présente unintérêt majeur sur la cohérence des mesu-res simulées et la construction de straté-gies agricoles locales.

Suite de l’expérimentation : à terme, cettedémarche pourra être utilisée dans lesPlans Climat et Energie Territoriaux (PCET)dans les territoires à fort enjeu agricoleafin de faire un zoom sur le secteur agri-cole.

Laurence LIGNEAUCRAB

Expérimentation "CLIMATERRE"Climaterre est un outil pour connaître les consommations d’énergie et lesémissions de gaz à effet de serre (GES) de l’agriculture sur un territoire.

Gaz PRG (1) % (2) Origine

CO2 1 24 Energies fossilesN2O 310 30 Engrais, fumiers, lisiers, résidus de récolte,

sol, nitrificationCH4 23 46 Terres inondées, ruminants, gestion des

déjections animales, fermentation desmatières organiques, bactéries méthano-gènes anaérobies

(1) PRG : Potentiel de Réchauffement Global(2) En % des émissions de l’agriculture bretonne - avec amont.

GES agricoles en Bretagne : c’est quoi ?(Résultats provisoire de l’expérimentation)

27Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Dossier Écophyto

LL es systèmes de cultures peuventêtre appréhendés à 3 niveaux :1 - la parcelle où l’on considère

la culture dans ses relations avec le solet le climat,2 - l’exploitation qui intègre la dimensionspatio-temporelle avec l’assolement,3 - la rotation et le territoire pour unemeilleure maîtrise des bio-agresseurs àforte capacité de dispersion.

Valoriser l’expériencedes agrobiologistesDes retours d’expérience issus de l’agricul-ture biologique montrent que les céréalesen rotation avec des prairies présententdes rendements plus stables d’une annéesur l’autre et globalement supérieurs com-parés à des systèmes céréaliers. Parmi lesfacteurs explicatifs, la limitation de la pres-sion des adventices par la prairie est évo-quée. Cet effet marqué de la prairie dansla rotation est également mis en évidenceen agriculture conventionnelle, avec uneamélioration des rendements du maïs(essai longue durée mené à Crécom

depuis 1984). Cependant, pour être effi-cace, la rotation doit être construite enrespectant certaines règles agronomi-ques : l’introduction d’un maximum defamilles, d’espèces et l’alternance des cul-tures en fonction des risques sanitaires.

Faire évoluer son système Au-delà des aspects agronomiques, lesrotations sont déterminées par des fac-teurs internes (climat, parcellaire etmoyens de production) mais aussi par desfacteurs externes à l’exploitation : le mar-ché, les politiques publiques, la réglemen-tation et les questions environnementales.Les rotations courtes pratiquées dans cer-tains systèmes de production ou dans desparcelles éloignées du siège d’exploita-tion génèrent un risque de proliférationaccentué des bio-agresseurs. Néanmoins,des solutions existent pour réduire lerecours aux pesticides à l’échelle de laculture. Par contre, pour diminuer l’usagede ces produits de manière durable etsans risque de dégrader la marge écono-

mique, il est indispensable de faire évoluerles rotations.

Expérimenter avant de transposerla nouveautéL’insuffisance de références acquises surdes systèmes de cultures innovants arendu nécessaire la mise en place d’expé-rimentations. Deux dispositifs sont enplace, l’un à Crécom (22) et l’autre àKerguéhennec (56). Cf page 28. Sur ceux-ci, les rotations sont allongées, les cultu-res diversifiées et les niveaux d’intrantsréduits. Par ailleurs, différents modes degestion des bords de champ (haies, ban-des enherbées) sont suivis pour évaluerleur incidence sur le salissement des par-celles voisines et la biodiversité fonction-nelle au travers d’indicateurs tels que lescarabes (auxiliaires des cultures).

Jean-Luc GITEAU etDjilali HEDDADJ

Pôle Agro PV

Intérêt des rotations et du paysagedans les systèmes de culturesLes expériences menées dans différents contextes montrent que laréduction d’usage des produits phytosanitaires, seule, comporte à termedes risques de développement de résistances à certaines molécules.L’approche segmentée qui consiste à agir sur la seule protectionphytosanitaire touche ses limites. Il est donc nécessaire d’avoir uneapproche globale à l’échelle du système de cultures.

Relations

Plante-ravageurs-auxiliaires

Aménagement et gestiondu paysage

Niveau 3 : territoire

Relations

Plante-années-espace

Niveau 2 : exploitation

Assolementset rotations

Ecologie

Agronomie

Relations

plante-climat-sol

Combinaison logique etordonnée de techniques

(ITK)

Niveau 1 : parcelle

Chois descultures, dessuccessions

Travail du sol,variétés,

fertilisation,choix objectif

rendement

Equilibre ?

Bandes enherbées,haies, corridors

écologiques … (SET)

Combiner les 3 niveaux pour réduire significativement les usages des pesticides

L'expérimentation Climaterre a pour objectifd'analyser le rôle de l'agriculture sur l'énergieet sur les émissions des Gaz à effet de serre.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201026

Un outil testée à l’échelle de laBretagne avec :- Les Chambres d’agriculture de

Bretagne- L’ADEME- La DRAAF- La Région- Feedsim Avenir- L’observatoire de l’énergie.

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Agronomie

ont pu être compensées par celles de fin decycle (PMG).Au final, les rendements grainssont inférieurs de 8 % seulement, compa-rés aux objectifs initiaux, avec 28 q/ha encolza et 59 q/ha en céréales.

• Une réduction possible des IFTLes différentes solutions agronomiquestestées comme alternatives aux produitsphytosanitaires ont offert une efficacitéjugée satisfaisante, cette année. Elles ontpermis des réductions des IFT supérieuresà 50 % (comparaison aux références bre-tonnes), sauf pour le blé où l’IFT hors her-bicide a été pénalisé par l’emploi d’uninsecticide anti-pucerons, compte-tenu de

la forte intensité de l’attaque et des seuilsd’intervention parfois dépassés (Okapi,0,6 l/ha).

• Peu d’interventions supplémentaires et temps de travail équivalentLes interventions retenues sur le dispositifde Crécom génèrent peu de passages sup-plémentaires, hormis les faux-semis avantl’implantation du Triticale et du colza. Letemps de travail en culture est donc quasi-ment inchangé. Par contre, l’apprentissagede nouvelles techniques et le réglage denouveaux matériels implique plus de tempsde préparation. Par ailleurs, les stratégiesphytosanitaires "moins sécurisantes"nécessitent une plus grande disponibilité del’applicateur, pour intervenir au bonmoment (conditions météo favorables etstade clef de la culture).

• Marges cultures en retraitCette année, plutôt que la réduction desIFT, ce sont majoritairement les ocnditions

de l'année qui ont impactées les rende-ments et les marges du blé et du colza.Néanmoins, pour un même IFT, il faut sou-ligner l’importance du choix des produitscar la différence de prix joue directementsur les résultats économiques.

Perspectives, marges de progrèsD’ores et déjà, il est prévu de modifier cer-taines règles de décision pour la campagne2010-2011. C’est le cas de la date desemis des céréales et de son avancementà début novembre pour des questions defaisabilité, les conditions météo étant sou-vent difficiles après le 15-20 novembre etle maïs-grain n'est pas toujours récolté.La densité de semis du triticale sera réajus-tée (250 grains/m2) pour intervenir méca-niquement au printemps avec une herseétrille. Les choix variétaux prendront encompte les résultats d’essais annuels obte-nus en Bretagne (cf. numéros spéciaux deCap Agro : Variétés Céréales 2010-2011,brochure colza 2010 du CETIOM). Enfin,l’utilisation de Contans WG est prévue surcolza, pour réduire les risques deSclérotinia.Des marges de progrès sont certainementencore possibles mais les modifications nedoivent pas se faire au détriment de lacohérence globale des systèmes…

Jean-Luc GITEAUPôle Agro PV

Annie CHARTERCA 22

François JEULANDStagiaire

29

Agronomie

CC ette étude est le prolongementagronomique des expérimenta-tions conduites en bâtiment

depuis 2006, qui visent à optimiser deuxélevages, l’un sur caillebotis et l’autre surpaille. Elle prend en compte les nouvellesexigences réglementaires (équilibre phos-phore "apport = export" à l’échelle de larotation, réduction de 50 % des Indicateursde Fréquences de Traitements phytosanitai-res). Ce dispositif s’appuie sur une com-binaison de règles de décisions qui serontévaluées sur une rotation au minimum,afin de considérer la variabilité climatiqueinter-annuelle, à l’aide d’indicateurs dedurabilité économique (marge cultures),sociale (temps de travail) et environne-mentale (évolution des propriétés des sols,des transferts de matières en lien avec laréduction des intrants).

Règles de décisionsretenues A partir d’enquêtes réalisées en 2007 dansdifférentes exploitations porcines de larégion, l’INRA a inventorié et réalisé uneévaluation agronomique et environnemen-tale des systèmes de cultures. Issue decette évaluation et identifiée comme celleprésentant le plus d’atouts, la rotation maïsgrain – blé – colza – triticale + Cipan aété retenue pour les systèmes étudiés àCrécom.Par ailleurs, différentes modifications depratiques sont mises en œuvre pour cha-que culture afin de respecter l’équilibrephosphore et réduire l’usage des produitsphytosanitaires.La fertilisation azotée est calculée à partir

des bilans de masse, en considérant unrendement objectif déjà obtenu 3 annéessur 5 sur les parcelles considérées (à l’ex-clusion des minimums et maximums).

Des rendements 2010inférieurs de 8 % aux objectifs visésEn 2009-2010, les conditions météorolo-giques étaient favorables à l’obtention decultures saines, faiblement attaquées parles maladies. Par contre, la pluviométriede novembre 2009 à perturbé les semisde céréales (blés semés mi-décembre) et lesgelées précoces ont généré des pertes àla levée. Le printemps sec a limité les four-

nitures azotées du sol (en quantité) et l’ali-mentation des cultures (manque de solu-bilité). Fort heureusement, les composan-tes de début de cycle (nombre de pieds,coefficient tallage) pénalisées cette année

Systèmes de cultures économes en intrants, en production porcineune année d’expérimentation à Crécom

Attaques de pucerons sur céréales au printemps 2010.

Intérêt des auxiliaires dans la lutte biologique :exemple des coccinelles pour les pucerons.

Symptômes de Sclérotinia sur colza.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201028

Les différentes problématiques environnementales rencontrées à l’échelonrégional (azote, phosphore) et le plan Ecophyto 2018 ont conduit en 2009 àla mise en place d’une étude portant sur l’optimisation de systèmes decultures en production porcine à la station expérimentale de Crécom (22).L’objectif est de réduire l’utilisation des intrants afin de rendre les systèmesplus performants d’un point de vue environnemental, sans dégrader larentabilité et les conditions de travail de l’exploitation.

Rendements Solutions agronomiques Objectifsvisés (q/ha)

Maïs grain 65 • Désherbinage (intervention chimique sur le rang, mécanique dans l’inter-rang)

• Herbicide (en post-levée) choisi selon flore présente• Semis retardés : fin novembre (limiter

développement des adventices à germination automnale)

• Faux-semis avant implantation (Triticale)

65 • Variétés rustiques (Paledor : Blé ; Bellac : Triticale)

(Blé) • Dose de semis réduite : 200 grains / m2

• Stratégie fongicide tenant compte de la météoet des seuils de nuisibilité (si possible, 1 intervention)

(Triticale) • Bande double densité (caler date du 1er apport d’azote)

• Molluscicide (en pourtour de parcelles, seulement si dégâts observés ou limaces piégées)

Colza • Semis avancé : fin août• Dose de semis réduite (35-40 grains/m2)

• Variété rustique (Tolérant au phoma, à la verse et à l’ élongation automnale (Kadore)

30 • Mélange variétal (ajouter 5-10 % variété très précoce : ES Alicia)

• Molluscicide, Insecticide (seulement si limaces piégées ou seuils d’intervention atteints)

Couvert • Avoine (semences produites sur l’exploitation)

Crécom Référence Bretagne

IFT IFT IFT IFT Herbicide Hors Herbicide Herbicide Hors Herbicide

Blé 0,6 (-79 %) 1,3 (-13 %) 1,49 2,91

Colza 1 (-79 %) 0,03 * (-98 %) 1,94 4,98

Triticale 1,02 (-65 %) 0,5 (-66 %) 1,49 2,91

* seulement 1 application d’antilimaces sur le pourtour des parcelles

Blé tendre ColzaRendements (q) 59,0 28,6Prix de vente (€/t) 155 350Produit Principal (€) 915 1001Sous-produit paille pressée 137 -Produit Net (€) 1052 1001Intrants (semences, engrais, traitements) 175 149Marge sur appros (€) 876 852Charges de mécanisation * 313 280Main d'œuvre 35 38Marge Nette (€) (hors taxe parafiscale) 529 533

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

IFT 2009-2010 des parcelles de Crécom et références régionales

Pratiques mises en oeuvre et objectifs visés

Résultats économiques des parcelles de Crécom en 2009-2010

Lutter contre le salissement

à moindre coût

Réduire les risques de maladies

Optimiser et réduire les apports azotés

Favoriser la lutte biologique

Obtenir des pieds vigoureuxavant l’hiver (lutter contre

le salissement, limiter la sensibilitéaux maladies et ravageurs)

Limiter les dégâts de méligèthes,

et d'autres ravageurs

Réduire les coûts

63

Blé etTriticale

* à partir des coûts Cuma

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Agronomie

Le pH d’un sol varieau cours de l’annéeIl est toujours plus élevé l’hiver et plus basl’été. Cette variation, couramment de 0,5unité de pH (voir graphique 1), peut évoluerdans l’année et pour certaines situationsjusqu’à une unité de pH, en particulier à lasurface du sol. Cette variation de pH estliée entre autre à l’humidité du sol, à l’ac-tivité biologique et à l’activité racinaire.

L’acidité dans une parcelle peut aussivarier fortement d’un point à un autre,mais aussi d'une profondeur à une autre.

L’acidité pénalise le rendementDe très nombreux essais ont montré quechauler un sol acide (donc faire évoluer lepH de 5 à 6 par exemple) peut avoir uneincidence positive sur les rendements du

blé, de l’orge, du maïs… de plus de 10quintaux. Pour le colza, les pH bas favori-sent la hernie des crucifères qui peutanéantir une récolte en cas extrêmes.Apporter de la chaux sur une prairie acideva faire évoluer positivement la flore etfavoriser les espèces fourragères commele trèfle.Plus généralement, un sol à l’acidité équi-librée (autour de 6,2 à 6,5) évite la toxi-cité aluminique, favorise l’activité de labiomasse et donc la fourniture d’azote,En sol de limons sensibles, un pH de 6,5à 7 limite la battance et améliore la struc-ture du sol. Un sol bien structuré résistemieux à l’érosion, favorise le drainage etdonc le ressuyage de surface.L’objectif pour le producteur est donc demaintenir un pH de ses sols suffisant.Attention ! Un pH trop élevé peut entraî-ner des blocages d’oligo-éléments (voirgraphique 2).

Avant tout apportfaire une analyseSi chauler est une obligation pour denombreuses terres acides de Bretagne, ilimporte avant toute décision de faire, aupréalable, une analyse de sol.Le prélèvement de sol doit être fait tou-jours à la même humidité du sol : soit àl’automne soit au printemps en sol ni tropsec ni détrempé. Faire des prélèvementssur 10 cm suffit dans de nombreux caset en particulier en cas de TCSL(Techniques Culturales Sans Labour).En cas d’accident cultural, des prélève-ments profonds (25 cm) ou (et) de sur-face (5 cm) pourront être préconisés. Ilvous sera demandé probablement de neprendre des échantillons que sur le(s)zone(s) à problèmes.

Comment prélever ?Du fait de la très grande variabilité ausein d’une parcelle, 15 prélèvements élé-mentaires au minimum à la tarière ou à lagouge sont indispensables pour formerl’échantillon à envoyer au laboratoire.(500 g environ).

Bertrand DECOOPMANPôle Agro PV

Graph. 1 - Variation du pH moyen au cours de l'année (source Agrilabo)

Graph. 2 - Assimilabilité des principaux éléments nutritifs en fonction du pH du sol (Coppenet - 1957)

31Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Agronomie

EE n Bretagne à l’exception de quel-ques parcelles en bord de côte,toutes les terres sont plus ou

moins acides. Cette acidité est due auxroches qui constituent le sous-sol. Lamise en culture, les pluies naturellementacides, les rejets industriels, le lessivageen particulier des nitrates et l’apport decertains engrais favorisent cette acidifi-cation.

Certains sols, en particulier ceux conte-nant des carbonates, ont la capaciténaturelle de maîtriser cette acidité etdonc de maintenir le pH à un niveausatisfaisant. Mais en cas de sols déjà aci-des, les apports supplémentaires d’aci-dité vont altérer les minéraux et en par-

ticulier les aluminosilicates. Dans les solsà pH bas (en dessous de 5,5) la présenced’aluminium peut devenir toxique pourles cultures.

L’acidité, c'est quoi ?L’acidité d’un sol se mesure en quanti-fiant les protons H+ présents dans lasolution de l’échantillon de sol prélevépour l’analyse. L’unité d’acidité est le pH(potentiel Hydrogène). Pour les sols, cedernier peut varier de 4 (très acide) à8,5 (très basique). C’est l’apport debases (exemples : OH - : anion de lachaux éteinte, CO3

2- anion du carbo-nate) qui vont neutraliser les H+ et lestransformer en eau (H+ + HO- = H2O

ou CO32- + 2H+ = CO2 + H2O). Ce n’est

pas le calcium : Ca++ ou (et) le magné-sium : Mg++ qui neutralisent l’acidité,mais bien les bases associées à ces pro-duits.

Amendement basique : préserver son capital sol

Dans les terres acides, le chaulage influence positivement le rendement.

30

Le chaulage n’enrichit-il que le père en appauvrissant le fils ? Nous allonsrevisiter ce vieil adage avec le regard des dernières références disponibles.

Valeur neutralisante (VN)Une unité de VN correspond à lavaleur neutralisante de la base asso-ciée à 1 kg de CaO

- 1 kg CaO --> 1 u VN - 1 kg de MgO --> 1,4 u VN

Ex : 1 tonne de chaux magnésiennetitrant 72 % de CaO et 18 % deMgO apporte (720 kg de CaO X 1 uVN ) + (180 kg de MgO X 1,4 u VN)soit 972 u VN.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

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Agronomie

Quand faut-ilréaliser le chaulage ?Le chaulage se réalise préférentiellementà l’automne avant un travail du sol. Eneffet la solubilisation, donc la rapiditéd’action, de la plupart des produits estmaximale l’hiver.La rapidité d’action d’un produit dépendde sa nature, sa finesse, mais surtout dela qualité de son incorporation.Un apport de base à action rapide desuite après un apport organique de typelisier favorise le dégagement d’ammo-niaque. Il est donc à proscrire.

Quels produits pour quels objectifs ?A) Savoir lire une étiquetteLes amendements minéraux basiques doi-vent répondre à la norme NFU 44-001Pour chaque produit, l’étiquette doit infor-mer le lecteur, sur la provenance, la com-position et la valeur neutralisante.La solubilité carbonique de l’amendementdoit être précisée (si amendement carbo-naté) ainsi que le % de produit passant àla maille de 0.1 à 0,16 mm.

Ces deux derniers éléments d’informa-tion sont importants car ils conditionnentla rapidité d’action du produit. Plus il estfin, plus sa vitesse d’action sera grande.

B) Les grands types de produitsOn peut classer les produits en deux caté-gories :

- Les produits bruts non transfor-més (Trez, Maërl, Dolomie, Craie.) auto-risés en agriculture biologique plus oumoins concassés ou broyés ont une actionlente. Ils titrent généralement une VN de25 à 50 %. L’anion associé est le plussouvent le carbonate : CO3

2-. Attentionles valeurs sont données pour un produitsec. Il faut donc tenir compte de l'humi-dité de ces produits.Les trez agissent sur 2 ou 3 ans maisdavantage la première année.- Les produits cuits ou transforméssont souvent pulvérulents. (chaux vive,

chaux éteinte, chaux magnésienne). LeurVN est élevée (plus de 50 %). L’anionassocié est soit le carbonate soit l’oxyde(O 2-) soit l’hydroxyde (OH -)

C) Comment choisir ?Le prix de l’unité neutralisante rendu racinedoit être le premier paramètre de choix.Les produits crus grossiers sont souventmoins chers mais leurs épandages deman-dent des outils spécifiques.

Dans un deuxième temps d’autres élé-ments peuvent être aussi pris en compte.Nous citerons notamment l’apport com-plémentaire de magnésie. L’apport d’élé-ments grossiers (trez coquillé) peut êtreintéressant pour favoriser le drainage decertains sols battants,

Apportés dans une terre très acide, lesamendements grossiers se solubiliseronttoujours plus vite qu'en contact d’une terreproche de la neutralité.

En cas de fort besoin de redressement, ilimporte de choisir de remonter le pH pro-gressivement, par des apports fractionnésde produits cuits ou un apport plus impor-tant de produit grossiers à action lente.Pour une action rapide choisir des produitscuits pulvérulents et (ou) à grande finessede mouture.

En cas de TCSL, fractionner les apports afind’éviter des sur-chaulages de surface.

Bertrand DECOOPMANPôle Agro PV

Le prix de l'unité neutralisante rendu racine doit être le premier paramètre pour choisir l'amendement.

33Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Agronomie

CC hauler a un coût. Calculer au plusjuste la dose est donc indispen-sable. Il ne sert à rien de faire

cette dépense si elle n’est pas technique-ment justifiée. Si une acidité peut freinerles rendements, un sur-chaulage (ou uneremonté brutale de pH) peut être lui aussipréjudiciable car il crée fréquemment descarences induites (manganèse sur céréa-les ou légumes le plus souvent).

Deux méthodes pour calculer la dose à apporter1 - A partir du pH eau : valeur très sim-ple à mettre en oeuvre et à interpréter.Mais cette valeur est directement en lienavec les phénomènes biologiques et chi-miques en cause. Elle fluctue donc encours d’année.2 -A partir du taux de saturation de laCEC Metson : (S/CEC Metson) Ce rap-port est stable. Mais cette approche pré-sente un biais en particulier en cas deterre riche en matières organiques et (ou)à pH inférieur à 6,5.La corrélation pH et taux de saturation estbonne dans la gamme de pH de 5 à 6,5sous réserve d’un taux de MO inférieur à4,6 %. Voir tableau 1 ci-dessus.

Trois stratégiesd’intervention possibles1 - L’analyse de la parcelle donne unevaleur supérieure au seuil d’objectif : pas d’apport.2 - L’analyse de la parcelle donne unevaleur proche du seuil d’objectif : straté-gie d’entretien (voir encadré).3 - L’analyse de la parcelle donne unevaleur inférieure au seuil d’objectif : stra-tégie de redressement (voir encadré).

Comment apporterl’amendement?En cas d’objectif de redressement on pré-conise généralement d’apporter les 2/3des besoins sous forme de trez bien incor-poré avant labour puis d’apporter le com-

plément sous forme de chaux (ou chauxmagnésienne si objectif d’apport demagnésie) appliqué à la reprise de labour.Un exemple : apporter 1 800 VN/ha et160 kg/ha de MgOEn disponibilité nous avons : du trez titrant34 kg de CaO et 1,3 kg de MgO au100 kg sec avec une VN de 256/t. et de lachaux magnésienne titrant : 72 kg de CaOet 18 kg de MgO au 100 kg avec une VNde 972/t.L’apport sera donc de 5 t de trez quiapportent 1 280 VN et 65 kg de MgO et570 kg de chaux magnésienne qui appor-tent 550 VN et 100 kg de MgO

Coefficients multiplicateursCa X 1,4 = CaO

CaO X 0,714 = CaMg X 1,66 = MgOMgO X 0,6 = Mg

32

Cultures Prairie Prairie Cultures + Légumes+ cultures légumes ou P de T

pH 6 6,2 6,7 7

S/CEC 70 % 70 à 80 % 80 % à 90 % 100 %

Stratégie d’entretien :un apport en une ou plusieurs foisElle est forfaitairement de 300 uni-tés de Valeurs Neutralisantes (VN)par ha et par an. L’apport peut seréaliser en une ou plusieurs fois enle raisonnant sur un pas de tempsde 4 ans.Si les parcelles reçoivent régulière-ment du fumier de volaille cesapports d’entretien peuvent se limi-ter à 150 unités de VN par ha et paran à moyenner sur 4 ans.Si les parcelles sont en cultures légu-mières, la dose d’entretien est de400 à 600 unités de VN par ha etpar an à moyenner sur 4 ans.

Stratégie de redressement :un calcul à faire selon les teneurs du solLe principe : apporter la quantité de VN nécessaire pour remonter le pH (ou tauxde saturation de la CEC) de la valeur issue de l’analyse à la valeur du seuild’objectif.

➜ Formule pour l’approche par le pH :(pH objectif – pH actuel) x 3 500 = XXXX unités de VN à apporter par ha.Un exemple :Projet de redressement de 0,5 point de pH0,5 (points de pH) X 3 500 = 1 750 VN à apporter.

➜ Formule pour l’approche par la CEC :(Valeur de l’analyse de la CEC Metson en meq/100 g) x (taux saturation objec-tif – taux actuel à l’analyse) / 100 x 0,28 x poids de terre fine en t/ha (sur 25 cm)(généralement 3 500 t) = XXXX unités de VN à apporter par ha.Un exemple :Projet de passer le taux de saturation de la CEC de 53 à 70 %CEC Metson à l’analyse : 11,7 meq pour 100 g.Taux de saturation à l’analyse : 53 %. Taux d’objectif : 70 %. (cf tableau N° 1)11,7 x (70-53) /100 x 0,28 x 3 500 = 1950 VN à apporter.

Le calcul d’apport pour la magnésieLe raisonnement d’apport de magnésie doit se réaliser en même temps que celuidu redressement du pH car la magnésie, sous forme d’un amendement basique(dolomie, chaux magnésienne...), est peu coûteuse au regard des autres pro-duits magnésiens.La méthode préconisée est forfaitaire : Elle se base sur le résultat des teneursen MgO du sol (en mg/kg)Inférieur à 50 : très faible, 50 à 100 faible, 100 à 150 suffisant, supérieur à 150élevé.

Teneur du sol (mg/kg) Inf. De 55 De 65 De 75 De 85 De 95 Sup.à 55 à 64 à 74 à 84 à 94 à 100 à 100

Dose à prévoir (kg/ha de MgO) 400 370 330 290 230 150 0

La VN du MgO associé à une base est de 1,4. La VN du CaO associé à une base est de 1.PS : Apporté sous la forme de sulfate, la magnésie n’a aucun impact sur le pHdu sol.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Tab. 1 - Les seuils d'objectif en PH et S/CEC

Tab. 2 - Apports de magnésie (MgO) conseillés selon la teneur du sol

Amendement basique : calculer la dose et choisir l'amendementLorsqu'un amendement est décidé, deux méthodes permettent de calculer ladose à apporter, la méthode du pH et celle du taux de saturation de la CEC.Le choix du produit à épandre se fera selon la rapidité d'action souhaitée.

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Agronomie

Pertes modérées sous prairiesLa prairie est un couvert très efficace pourprélever l’azote, et en cas de fauche, le les-sivage d’azote est très faible.Mais au pâturage les animaux restituentsur place la majeure partie de l’azoteingéré. Le chargement, exprimé en nombred’UGB * jours de pâturage équivalent/ha/an (UGB.JPP/ha/an), permet d’intégrerla part de fauche et le niveau de charge-ment de la parcelle, et s’est avéré un bonindicateur du risque de lixiviation de nitra-tes. Une gestion intensive des prairiesentraîne des pertes de nitrates plus consé-quentes, de 65 kgN/ha/an à plus de 100kgN/ha/an pour respectivement un nombrede journées de pâturage supérieur à 450 et800 UGB.JPP/ha/an (550 et 900UGB.JPP/ha/an en zone humide) (fig1).Ces niveaux de chargement correspondentaux situations où les animaux se concen-trent sur une même parcelle (parcelle par-king autour des bâtiments, affouragementà la parcelle,...), où la restitution d’azotepar les animaux est alors supérieure auxexportations par l’herbe.

La fig. 2 indique les références delixiviation annuelle d'azote calculées,et validées par les références expérimenta-les locales.

ConclusionL’indicateur Azote de Territ’Eau permet dequantifier les pertes dans chaque contextepédoclimatique et montre les différencessignificatives, pour des systèmes de cultu-

res bien gérés, entre sol moyennementprofond en zone pluvieuse et sol profondsitué en zone à faible lame drainante. Ilpermet d’identifier les situations où le rai-sonnement de la fertilisation doit faire l’ob-jet d’une vigilance particulière.Les niveaux de pertes dans les successions,qu’elles comportent ou non des prairies,ne peuvent être modérés que i) si l’on asystématiquement recours à l’implanta-tion de CIPAN efficaces, et ii) si la fertilisa-tion, y compris l’adaptation du charge-ment au niveau de production des prai-ries, est rigoureusement raisonnée. Despratiques « innovantes » visant à éviterles périodes de sol nu, telles que l’implan-tation de CIPAN de courte durée entre 2céréales devraient être développées.

Cet indicateur peut ensuite être agrégé àl’échelle du bassin versant, intégrant alorsle rôle des éléments du paysage.

S. Guiet (1), T. Morvan (2), F. Vertès (2),S. Tico (1), D. Hanocq (1), C. Gascuel (2)

(1) pôle agro-PV - (2) UMR SAS, INRA

(1) http://agro-transfert-bretagne.univ-rennes1.fr/Territ_eau/

35

Agronomie

Pertes variables selon le systèmeLes résultats présentés dans le tableau 2donnent, pour quelques successions cul-turales fréquentes, les niveaux de pertescalculés par l’indicateur dans un contextede forte lame drainante, en situation defertilisation azotée équilibrée :- la gamme de variation des pertes s’étendde 15 à 70 kg N/ha/an,- des niveaux de pertes modérés sont obte-nus avec les successions de cultures com-portant une proportion d’intercultures avecCIPAN élevée, et avec les successions com-portant des prairies avec un chargementfaible à moyen,- des niveaux de pertes plus élevés sontobservés avec des successions de culturespour lesquelles il est difficile d’implanterdes CIPAN efficaces (maïs grain) et pourcelles qui laissent un sol peu couvert enautomne-hiver (céréales, CIPAN implan-tées tardivement) (figure 2).

Couverts efficaces Pour piéger efficacement les nitrates dusol en automne-hiver les CIPAN doiventêtre semées le plus rapidement possibleaprès la récolte. Après céréale elles peu-vent alors piéger de l’ordre de 75 kg N/ha.Après maïs, l’implantation précoce d’uneCIPAN (avant le 30 septembre), permetde piéger environ 50 kgN /ha, contre 30kg N/ha pour un semis dans la premièrequinzaine d’octobre. Dans les zones froi-des (maïs tardifs), l’implantation de cou-verts sous maïs (en juin) permet de réduireles pertes de plus de 40 kgN/ha, par rap-port à un sol laissé nu.L’implantation d’une CIPAN de courtedurée entre la récolte d’une 1ère céréale etl’implantation d’une 2e est une pratiquequ’il serait intéressant de développer, carelle pourrait piéger en moyenne une qua-

rantaine d’unités d’azote. Des expérimen-tations devront être mises en place pour

évaluer leur intérêt pour la production descultures et la qualité de l’eau.

Lessivage d'azote dans les systèmes de culture de l’ouest

34

Territ’Eau (1) est un outil de diagnostic des pollutions agricoles sur un bassinversant élaboré dans le cadre de l’Agrotransfert Bretagne (INRA et chambresd’agriculture de Bretagne). Un indicateur du risque de lessivage d'azotependant la période hivernale a été élaboré (cf encadré). Il permet, à l’échelled’une exploitation agricole, de hiérarchiser les risques et d’orienter le choixde solutions plus performantes d’un point de vue agronomique etenvironnemental.

En condition de climat tempéré, les pertes par lessivage de l’azote nitrique(NO3-) se produisent principalement durant l’automne et l’hiver. Elles dépen-dent de l’azote minéral du sol en début d’automne, du flux de minéralisa-tion de N durant la période de calcul (1er oct au 1er mars), de l’azote rési-duel (RSH) et des effets « système de culture », qui comprend les effets des rési-dus de récolte, des CIPAN et de l’histoire récente (destructions de prairies).Les pertes par lessivage sont modulées par la profondeur du sol et la lamedrainante (pluies diminuées de l’évaporation). Ces différents facteurs sont pris en compte à travers une approche simplifiéeet spatialisée : a) 5 zones climatiques ont été définies à l’échelle de la Bretagneselon le niveau de lame drainante, les contextes de pousse de l’herbe et de pré-cocité de récolte du maïs (fig 1), b) 4 sols « types »: sols sains avec 2 classes deprofondeur et sols hydromorphes avec 2 intensités (tab.1). L’indicateur est renseigné par des références régionales et, pour le calcul descoefficients de lessivage, par des sorties de modèle.

Fig. 1 - Contextes climatiques pour l’indicateur nitrates Territ’Eau

Indicateur lessivage d'azote - Territ’Eau

0 20 40 60 80 100

prairie < 300 UGB.JPP/ha/anou céréale/cipan

maïs fourr/cipan précoce**

prairie 300-450 (550*)UGB.JPP/ha/an

maïs fourr/cipan sous couvert(zone froide)

maïs fourr/cipan intermédiaire**ou céréale/cipan courte

durée/2nde céréale

maïs grain/céréale

maïs fourr/cipan tardif**ou colza/céréale

maïs fourr/céréaleou maïs grain/sol nu

céréale/céréale

épinard-haricot/cipan avant le 15/09

Pois (fourrages ou conserve)/céréale

1 0,72

Sols sains Sols hydromorphes profondeur Lame

drainante <80 cm > 80 cm hydromorphesmoyennement

très

hydromorphes

200 - 300 mm 0,85 0,72 0,85 1 300 - 400 mm 0,91 0,85 0,91 1 >400 mm 1 1 1 1

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Fig. 2 - Azote lessivé annuel sous cultures/intercultures (du 1/10 au 1/03)et sous prairies (kg N/ha/an)

Tab. 2 - Pertes d'azote par lessivage sous quelques systèmes de culture gérés de façon optimaleExemples pour un coefficient de lessivage = 1 et dans les contextes 1, 2, 3 de la figure 1 page ci-contre kgN/ha/anPrairie <300 UGB.JPP/ha/an jamais retournée 15-25Prairie 9 ans < 300 UGB.JPP/ha/an / blé (système herbager)

25-35Monoculture de maïs fourrage + cipan avant le 30/09Prairie 300-450 (550*) UGB.JPP jamais retournéeMaïs (grain ou fourrage)/blé+cipanMaïs (grain ou fourrage)/blé/colza/blé+cipan 35-45Maïs (grain ou fourrage)/blé + cipan courte durée /orge + cipanMonoculture de maïs fourrage + cipan sous couvert(zone froide)Prairie 300-450 (550*) UGB.JPP/ha/an retournée en prairiePrairie 300-450 (550*) UGB.JPP/ha/an / maïs + cipan / maïs / blé 45-55Monoculture de maïs fourrage + cipan entre le 30/09 et 10/10Maïs/blé/orge + cipanMaïs/blé/épinard+haricot/blé/orge+cipan 55-65Monoculture de maïs fourrage + cipan après le 10/10

65-75Monoculture de maïs grain + sol nu

* le chiffre entre parenthèse correspond au nombre de journées de pâturagedans un contexte de pousse estivale de l’herbe "zone humide" (voir Figure 1).

** cipan précoce = implantée avant le 30/09 ; cipan intermédiaire = implantée entre le 1/10 et 10/10 ; cipan tardif = implantée aprèsle 10/10. Encadré rouge : techniques à tester

Tab. 1 - Coefficients de lessivage selon lame drainante et type de sol

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Contexte 1Lame drainante > 400 mmZone de pousse de l'herbe (été) humide Zone maïs tardive**

Contexte 2 : lame drainante > 400 mmZone de pousse de l'herbe (été) humideZone maïs tempérée*

Contexte 3 : lame drainante > 400 mm - Zone de pousse de l'herbe (été) sèche ou intermédiaire - Zone maïs tempérée*

Contexte 4 : lame drainante 300 - 400 mm - Zone de pousse de l'herbe (été) sèche ou intermédiaire - Zone maïs tempérée*

Contexte 5 : lame drainante 200 - 300 mm - Zone de pousse de l'herbe (été) sèche ou intermédiaire - Zone maïs tempérée*

* Zone maïs tempérée = zone très précoce, précoceet intermédiaire.

** Zone maïs tardive = zone tardive et très tardive.

Coefficient de lessivage

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Agronomie

fait de sécheresse, ils se situent dans legroupe de parcelles de 40 à 60 kg d'azoteabsorbé. Ceux qui sont situés à 100 kg etplus sont les couverts classiques : mou-tarde, radis, phacélie, avoine diploïde. Cesniveaux sont atteints avec des rendementsen matière sèche élevés.Voir tableau ci-dessus.

Des reliquats azotésinférieurs à 40 kgL'objectif premier des couverts végétauxest bien de piéger le maximum d'azote etde faire en sorte que le reliquat avant débutdrainage soit le plus faible possible. Dansles essais réalisés, cet objectif est atteintpuisque la majorité des reliquats se situe endessous de 40 kg par hectare. Les valeursproches de zéro sont situées dans des par-celles de l'ouest Bretagne. A la date dureliquat, les quelques kilos d'azote pré-sents dans le sol ont été lessivés. Dans cesparcelles comme dans celles de l’est, cesont des témoins "sans couvert" qui ontun niveau de 100 kg et plus. Ces niveauxélevés indiquent, s'il en est encore besoin,tout l’intérêt des couverts végétaux. Pouratteindre cet objectif, la solution est de lescultiver comme les autres cultures : lessemer tôt, immédiatement après récoltedes céréales et choisir les espèces adap-tées à sa région. Pour les éleveurs, un cou-vert adapté au pâturage, comme les mélan-ges de RGI, avoine, vesce, avoine diploïdeet les trèfles, peut constituer une sourcede fourrage intéressante à l'automne. Deplus, ceux-ci restent en place après la pre-mière exploitation, respectant ainsi la régle-mentation ("cf document sur les couvertsvégétaux réalisé par le pôle agronomieProductions végétales des chambres de

Bretagne paru en juillet 2009").Voir tableau ci-dessus.

Perspectives et nouveaux objectifsPlusieurs pistes de recherche de référen-ces sont mises ou sont à mettre en place enBretagne.Ainsi, entre deux céréales, pouravoir une couverture du sol continue, l'im-plantation d'un couvert végétal peu richeen cellulose est à tester Il sera à base demoutarde, avoine diploïde, trèfles incarnatet d'Alexandrie et de lentilles. Il joue unrôle de protection du sol mais qu'en est-ilde l'azote absorbé puis libéré au semis dela deuxième céréale, n'y a t-il pas un risquede minéralisation rapide du couvert et unrisque de lessivage de cet azote?

Les semis sous couvert reviennent aprèsavoir été abandonnés dans les années 60-70.Aussi dans les céréales semées en mars,avec des techniques d’agrobiologie, onpeut se poser la question de savoir s’il estintéressant de semer des RGA ou TrèfleBlanc et dans quelles conditions pédocli-matiques ? Fin juin, toujours dans lescéréales, le semis de moutarde, RGI, trè-fle est-il justifié ? Il s’agit de petites grainesnécessitant l'emploi d'un distributeur pneu-matique.Le semis de couvert dans le maïs existedepuis longtemps, mais se développe dif-ficilement du fait d'échecs fréquents, sur-tout en zone séchante. Il est nécessaired’étudier dans quelles conditions, cettetechnique pourrait être assurée dans 80 %des cas. La technique serait de le faire à 6feuilles, mais comment ? Avec une bineuse,une herse, un semoir ?Dans le colza, les mêmes questions se

posent : semer en même temps que lecolza du trèfle blanc, du trèfle incarnat, dutrèfle d'Alexandrie, des lentilles, de la féve-role ou du nyger. Le but serait d'assurerune alimentation azotée du colza, d'évi-ter le désherbage, en un mot, de faire deséconomies.Enfin, pour conclure, un travail de recher-che a démarré depuis deux ans pour trou-ver les couverts et la technique de semispermettant de produire une biomasseimportante destinée à la méthanisation.Les conditions climatiques de l'été sontdéterminantes.Ainsi en 2010, l'essai seméen Ille-et- Vilaine a été un échec car aucuncouvert semé n'a levé compte tenu de lasécheresse. Cette technique n'est-elle pasà réserver dans les zones où une pluviomé-trie suffisante pendant l'été serait assuréerégulièrement?

Jean GRALL - Pôle agro PVJean-Philippe TURLIN - CA 29

37

Agronomie

CC'' est surtout après céréales queles couverts sont semés. Leurrendement est directement lié

à leur date de semis qui est elle mêmeconditionnée par la date de récolte descéréales. De l'est à l'ouest de la Bretagne,la variation est grande suivant les années,de début juillet à fin août et parfois sep-tembre. La date de semis varie dans uneplage aussi grande.

Effet négatif de la sécheresseLe second facteur de variation du rende-ment est le régime hydrique pendant l'été.Les années 2007 et 2010 illustrent biencette variation : en 2007, les pluies impor-tantes de juillet et août dans l'est de laBretagne (150 à 200 mm sur ces deuxmois) ont permis aux couverts végétauxde s'implanter et de croître très rapide-ment.A l'inverse, en 2010, des semis réa-lisés en août ont levé puis ont séché parmanque d'eau. La plupart des semis n'ontpu être réalisés que début septembre,entraînant un piégeage de l'azote limité.

Un autre élément observé quant à la crois-sance des couverts végétaux est le type etla localisation des cultures. Ainsi, le RGI,

qui est une plante cultivée régulièrementpar les éleveurs, se révèle un piètre cou-vert dans l'est de la Bretagne. Sa levéepeut être rapide avec un peu d'eau mais lestempératures élevées bloquent sa crois-sance : au delà de 20 °C, le Ray Grass nepousse pas. Sa croissance est ralentie ettout l'azote du sol n’est pas piégé. Par ail-leurs, le gel des plantes est un phénomènequi peut survenir tôt pour certaines plan-tes : c'est le cas du Nyger qui est détruit àune température inférieure à 3-4 °C.

Des rendements très variablesEnfin, ce qui conditionne fortement l'im-plantation du couvert est le travail du sol etles conditions de semis (Date, humidité dusol, semis superficiel ou enfoui...). Un cou-vert végétal doit être considéré commeune culture à part entière.Le rendement des couverts varie d'unecentaine de kilogrammes à plus de 4 ton-nes par hectare. Ces mesures ont été réa-lisées fin novembre, début décembre, à unmoment où le piégeage de l'azote est ter-miné.Voir graphique 1

Les couverts végétaux sont rendus obliga-toires après céréales pour piéger l'azoteissu de la minéralisation de fin d'été etd'automne. La quantité d'azote piégéesera fonction du rendement de la plante,plus celui-ci est important, plus l'azote serapiégé. L'autre élément à considérer est letype de plante : les mélanges avec légu-mineuses contiennent généralement beau-coup d'azote. Cependant, le RGI et le trè-fle incarnat n'étant pas bien implantés du

Couverts végétaux : des résultats très contrastés

0,00

1,00

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4,00

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t MS / ha

1 - Rendements des couverts végétaux (2008 à 2010)

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2 - Azote absorbé par les couverts végétaux

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Kg N / ha

3 - Reliquat d'azote avant drainage

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201036

Depuis plus de trois ans, les Chambres d'agriculture de Bretagne travaillentsur les couverts végétaux dans le but d’obtenir des références portant sur laconnaissance des différents couverts principalement sur l'azote absorbé.L’analyse des résultats montre une grande diversité des piégeages selon lanature du couvert mais aussi selon le secteur de Bretagne où il est implanté.

Le piégeage de l’azote est directement lié au développement du couvert.Il convient donc de le semer le plus tôt possible après la récolte de la céréale.

Augmenter le taux de réussite du semis de RGI sous couvert de maïs, un nouvel objectif pour la recherche.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

2008 à 2010 2008 à 2010

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A la découverte de l'agrobio

fournissant une nourriture abondante etfermentescible. Ces cultures intermédiai-res participent à l’amélioration de la struc-ture du sol, en maintenant une porositédu sol en période hivernale, ce qui jouesur la rétention de l’eau, l’aération etdonc sur le bon fonctionnement de la viedu sol.Ìl faut donc jouer, là aussi, la carte de ladiversification : familles différentes, mélan-ges de systèmes racinaires (racines fas-ciculées et pivotantes par exemple).L’interculture fixe les éléments nutritifssolubles, notamment l’azote, qui serontainsi disponibles pour les cultures suivan-tes. Dans cette logique de la gestion del’azote par la rotation, il est envisagea-ble de mélanger des légumineuses aucouvert, afin de profiter de leur capacitéà fixer l’azote de l’air (d’un point de vueréglementaire, il faut que la légumineusesoit minoritaire dans le mélange).

Une diversificationdans le temps, maisaussi dans l’espace…En plus de l’alternance de cultures variées,l’association de cultures complémentairessur une même parcelle ou le semis delégumineuses sous couvert de la cultureen place, sont également préconisés.

Exemple de cultures associées :un mélange céréalier triticale et pois pro-téagineux permet de couvrir le sol et doncde limiter les adventices, de limiter ledéveloppement des maladies (deux famil-les différentes), de ne pas faire d’apporten azote (apport par le pois et échangeavec le triticale) et d’augmenter l’auto-nomie protéique de l’exploitation.Exemple de semis sous couvert :semis de trèfle blanc sous couvert de triti-cale, ce qui permet de couvrir le sol etd’avoir un couvert se développant beau-coup après récolte. Ce semis aura ici desrépercutions positives sur la culture de l’an-née suivante.

Une approcheéconomique de la rotationEn agrobiologie, il n’est pas envisagea-ble d’avoir un raisonnement économiqueannuel. L’approche économique des inté-rêts d’une rotation bien gérée n’est pasévidente : la gestion du salissement parl’introduction d’une luzerne, par exem-ple, n’a pas de répercussions financièresdirecte. Néanmoins, lorsque des culturesde vente sont mises en place, il fautaccepter de les associer dans la rotationà ces cultures économiquement "accep-tables", bien que moins rémunératrices,qui vont permettre d’optimiser l’ensemblede la rotation.

Aurélien DUPONTPôle Agro PV

Un exemple d’association de cultures : triticale et pois protéagineux.

La luzerne : une culture bénéfique pour la rotation.

A chaque type de culture corres-pond une flore adventice probableliée à la période de germination.

• Céréales d’hiver : folle avoine,véroniques, gaillet, pensée

• Maïs : chénopode, morelle, ama-rante, panic, sétaire, digitaire

C’est pourquoi il est indispensabled’alterner des cultures d’hiver et deprintemps.

39Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

A la découverte de l'agrobio

LL a gestion des systèmes de culturerepose sur le maintien de la ferti-lité du sol. Idéalement, il faut alter-

ner des prairies temporaires et des cul-tures annuelles. La rotation inclut aussides cultures de légumineuses et/ou desengrais verts tandis que les apports dedéjections participent à assurer la ferti-lité des parcelles.Il ressort donc, de ce point de vue, quele système polyculture-élevage est adaptépour répondre à cet objectif.

Maintenir la fertilité du solLa question se pose donc quand desexploitations se spécialisent en grandescultures, sans atelier animal. La péren-nité de ces systèmes, en agrobiologie,compte tenu du prix des engrais organi-ques commerciaux, est discutable. C’estpourquoi le rôle des légumineuses et desrotations longues est, dans ce cas, pri-mordial. Différentes études sont en cours

à ce sujet, avec en point de mire unerecherche de l’autonomie azotée. La via-bilité économique est à ce prix.Une autre méthode est envisageable :l’échange parcellaire. Cependant, il faudraattendre que la bio se développe encoreafin que des agriculteurs bio voisins puis-sent utiliser cette méthode de travail.

Enrichir le sol en azote et éviter le salissementLa disponibilité de l’azote pour la cultureest très souvent le facteur limitant en agri-culture biologique. De ce fait, les têtes derotations améliorant cette disponibilité sontnécessaires comme les légumineuses àgraines (féverole, pois ou lupin) ou les prai-ries dans les systèmes d’exploitation avecruminants.La gestion du salissement représente l’au-tre critère de choix pour l’élaboration d’unerotation. Pour cela, l’alternance céréales,oléagineaux/protéagineux ou légumineu-

ses se combine avec l’alternance des typessaisonniers de cultures (hiver ou prin-temps). Ainsi, on perturbe les cycles demultiplication des adventices, grâce à dessemis à des périodes variées. Il n’y a doncpas d’éventuelle "sélection" de la flore..La gestion des maladies se fait aussi à tra-vers la rotation. Par exemple, en rotationavec céréales, il vaut mieux privilégier lescéréales les plus rustiques pour la fin derotation (comme le triticale ou le seigle).Cette diversité des cultures dans la rotationcontribue aussi à l’entretien de la struc-ture du sol, avec des plantes à enracine-ments différents (profonds ou superficiels,pivotants ou fasciculés).

L’interculture :culture à part entièredans la rotationLes couverts végétaux, ou engrais verts,stimulent l’activité biologique du sol en lui

La rotation : premier facteur de réussite des cultures

Cultiver des légumineuses (ici la féverole) permet d’introduire de l’azote dans la rotation.

38

La rotation des cultures est un pilier majeur de l’agriculture biologique.Elle permet de maintenir, voire d’améliorer la fertilité du sol, mais aussi decontenir le développement des mauvaises herbes. Une méthode préventivepour éviter d’avoir recours à des méthodes curatives.

L’interculture fait partie intégrante de larotation : c’est l’occasion de diversifierles cultures se succédant sur la parcelle.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

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Herbe

41

Herbe

40

rieure à 25 % sous peine de dégrader lesperformances laitières par la déconcentra-tion de la ration en énergie. Ainsi, l’utili-sation d’un ensilage d’herbe présentantune valeur PDI élevée, souvent associé àune valeur UFL soutenue, autorise une éco-nomie de 3 €/1 000 litres sur le coût ali-mentaire. Tandis qu’un ensilage d’herbede valeur moyenne conduira à une éléva-tion du coût alimentaire de 4 €/1 000litres de lait faute d’énergie et de protéinessuffisantes.

Le coût de distribution peut déraperPour des laitières, seul l’ensilage d’herbe detrès bonne qualité peut permettre de réel-les économies de correcteur azoté. Encorefaut-il que cette distribution puisse se faireavec le matériel présent sur l’exploitationsans nécessiter d’investissement dans deséquipements coûteux.Les équipements les plus économiques dutype godet dessileur sont bien adaptés à ladistribution du maïs. Mais la reprise d’en-silage d’herbe coupe fine avec ce type dematériel est plus problématique, à plusforte raison pour les ensilages brins longs.Lorsque les volumes d’ensilage brins longsà distribuer deviennent importants, la distribution est souvent envisagée par l’uti-lisation de matériels à turbine (desileuses

pailleuses distributrices) ou de mélangeu-ses à vis horizontale ou verticale. Le pro-blème de ce type de matériel réside dansleur coût, présentant des limites économi-ques. Les gros chantiers d’ensilage d’herbesont souvent réalisés soit en coupe fine,soit à l’autochargeuse. Ce choix mérited’anticiper l’impact sur le mode de distri-bution disponible sur l’exploitation afind’éviter des investissements qui annule-rait la baisse de coût alimentaire.L’enrubannage monoballe est aujourd’huilargement utilisé. Son usage est souventorienté vers l’auge ou la distribution enplein air en ratelier. Pour cette dernièredestination, l’affouragement en ratelierpermet d’alimenter un ou plusieurs lots degénisses à l’extérieur en complément dupâturage. Ce mode de récolte est surtout

adapté à des chantiers de récolte d’excé-dents du pâturage. En affouragement exté-rieur, il est important d’utiliser des rate-liers limitant le gaspillage pour ce four-rage plutôt coûteux à récolter.L’enrubannage de qualité élevée est parfoisréservé aux laitières en complément dumaïs en hiver. La distribution à l’auge peutêtre réalisé par une dérouleuse. Bien sou-vent, ces balles sont associées au maïs viades remorques mélangeuses au coût derevient élevé. En préalable à toute réflexionde système de distribution, il ne faut pasoublier qu’il n’est absolument pas obliga-toire de mélanger les fourrages pour distri-buer une ration mixte.

Pascal LE CŒURPôle herbivore

LL’’ implantation de la nouvelleprairie est le premier élémentà prendre en compte. Outre la

préparation du sol, tout doit être mis enœuvre dans le choix des espèces pouradapter le mélange des variétés à l’objec-tif de sa prairie. L’essentiel des parcellesen herbe doit être orienté vers le pâturage.Pour disposer d’une herbe de qualité etbon marché, la présence significative detrèfle blanc est déterminante. Il est doncimportant de choisir un ou plusieurs trè-fles blancs complémentaires pour la péren-nité de la prairie. L’ajout de 3 kg de trèflehybride ou violet assurera un démarrageplus rapide de la pâture, ces espèces s’es-tompant peu à peu à partir de la 3e année.

Les prairies de fauche se développentLorsque la prairie est fauchée au cours del’année, tout en restant majoritairementpâturée, la présence de fétuque élevée oude dactyle facilitera le séchage de l’herbefauchée tout en conservant le caractèrefeuillu des cycles pâturés. Le rajout de cesdeux espèces simultanément permet des’adapter à l’hétérogénéité des sols dans lamême parcelle. Si l’essentiel des cycles estfauché avec un pâturage des repoussesd’automne, l’intérêt de l’association raygras hybride – trèfle violet est à prendreen compte. La sélection variétale de cesdeux espèces a beaucoup progressé cesdernières années. Sous réserve de choisirun RGH typé intermédiaire à anglais, l’as-

sociation peut envisager une pérennité detrois années pleines sans risques. Moinsdurable que d’autres associations, elle pré-sente l’avantage d’avoir une rapidité d’ins-tallation supérieure.

Enfin, pour des parcelles avec une profon-deur de sol convenable, la luzerne vientsouvent sur la scène. Sa pérennité sera liéeau niveau de pH du sol d’au moins 6 et àla récolte d’un cycle par an à floraison. Laluzerne est aujourd’hui de plus en plus uti-lisée par les éleveurs équipés de séchoir àfourrage. Elle procure une productivité plusélevée au système herbager surtout enconditions sèches et offre des fibres dansune ration hivernale à base de foin trèsfeuillu. Plutôt que de la cultiver seule, ilest avantageux de rajouter au semis 3 à4 kg de dactyle dont l’objectif est plus decombler les creux quand la luzernière vieil-lit que de contribuer au rendement.Majoritairement fauchée, rien n’empêchede pâturer les repousses de fin d’été lors-que la portance des sols est encore par-faite. Réputée pour ses protéines, il ne fautpas oublier que sa valeur chute fortementlorsque le stade floraison approche. C’estpour cette raison qu’une récolte en enru-bannage pour les grosses coupes de débutde saison est préférable afin de respecterles stades et de conserver le maximum defeuilles. Les petites coupes d’été pourrontêtre plus facilement récoltées en foin.

Tout faire pour pâturerL’herbe pâturée est indéniablement le fac-teur de production le moins cher. Lesannées climatiques différentes les unesdes autres peuvent dérouter pour s’enga-ger dans la voie du pâturage. Pourtant,l’herbe invite à être opportuniste toutel’année. Les enjeux dans la maîtrise descharges d’alimentation sont importants.Encore faut-il pouvoir accéder à ses parcel-les.Avec l’agrandissement des troupeaux,

l’organisation du parcellaire est essentiellepour pouvoir pâturer à des périodes où lapluviométrie exige une adaptation des cir-cuits pour se rendre dans les paddocks.De plus, c’est en sortie d’hiver et à l’au-tomne que l’herbe est la plus généreuseen PDI. L’investissement dans des cheminspermettant un découpage des paddocksde forme plutôt carrée permet de réduire lecoût alimentaire de plus de 2 € pour1 000 litres de lait à système fourrageréquivalent. C’est autant sur le coût desconcentrés que sur les fourrages que l’éco-nomie est réalisable.

Les récoltes d’herbe :pour un effet positifsur l’alimentationLes surfaces en herbe plus larges condui-sent à une augmentation des fauches. Cesdernières doivent être réalisées lorsquetout a déjà été mis en œuvre pour fairepâturer le maximum de lots d’animaux.Au delà de la perte de rendement éner-gétique proche de 20 % par rapport à celledu fourrage vert sur pied, la variabilité dela valeur de l’herbe récoltée invite à la vigi-lance. Il peut y avoir plus de 0,30 UFL/kg deMS d’écart entre un très bon ensilaged’herbe et un mauvais foin.Associé à unedispersion des coûts de récolte lorsque lachaîne n’est pas bien adaptée et l’ensi-lage d’herbe, l’enrubannage ou le foin peu-vent grever le coût alimentaire. Pour unsystème fourrager où l’herbe côtoie le maïs,l’équipement en propriété pour la totalitéd’une chaîne récente et performante enmatériel de récolte est à proscrire. Bientrop lourde à amortir, elle peut enlever aumeilleur ensilage d’herbe toute compétiti-vité.Les rations hivernales mixtes se dévelop-pent dans les élevages laitiers. L’ajout d’en-silage d’herbe à une ration de maïs doitêtre raisonné. Lorsque l’ensilage d’herbeprésente une valeur UFL inférieure à 0,80- 0,85 UFL, sa proportion doit rester infé-

L’herbe, pour accéder à des systèmes économes et autonomes

Privilégier l'achat collectif pour bénéficier de matériels performants

Le salon « Mécafourrage », qui s’est déroulé en mai dernier, avait choisi pourtitre « Du coût, l’herbe revient ». Le choix des organisateurs s’était porté surl’économie et la recherche d’autonomie dans les systèmes de production.Retour sur quelques morceaux techniques choisis.

Récoltée au bon stade, la luzerne permet de disposer deprotéines de qualité.

Mélange 1

Espèce RGA tardif diploïde Trèfle blanc

Dose de semis 20 kg/ha 5 kg/ha

Mélange 2

Espèce RGA demi-tardif Fétuque élevée Trèfle Blanc Trèfle Hybride

Dose de semis 5 kg/ha 16 kg/ha 3 kg/ha 3 kg/ha

Mélange 3

Espèce RGH Trèfle Violet

Dose de semis 15 kg/ha 10 kg/ha

Mélange 4

Espèce RGA demi-tardif Fétuque élevée Dactyle Trèfle Blanc Trèfle Hybride

Dose de semis 5 kg/ha 11 kg/ha 6 kg/ha 3 kg/ha 3 kg/ha

Mélange 5

Espèce Dactyle Luzerne

Dose de semis 4 kg/ha 20 kg/ha

Mélange 6

Espèce RGA 50di/50tétra Dactyle Fétuque TB agressif TB intermédiaire Trèfle de Perse

Dose de semis 20 kg/ha 5 kg/ha 5 kg/ha 2 kg/ha 2 kg/ha 2 kg/ha

Mélange 7

Espèce RGA RGI RGH Fléole Trèfle Violet Trèfle d'Alexandrie

Dose de semis 1,5 kg/ha 1,5 kg/ha 8,5 kg/ha 5 kg/ha 12 kg/ha 1,5 kg/ha

Les mélanges présentés dans l'atelier "choix des espèces" offraient la possiblité aux visiteurs de visualiser les mélangés implantés à l'automne précédent.

Mélange "éleveur A" mixte fauche pâture à dominante pâture

PATURE exclusive, excédents mi-fané

Mélange "éleveur B" mixte fauche pâture à dominante fauche

FAUCHE exclusive

PATURE/FAUCHE à dominante PATURE

PATURE/FAUCHE à dominante FAUCHE

PATURE/FAUCHE pour sols hétérogènes

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010 Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

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Colza

L’utilisation en mélange d’une variété plusprécoce à floraison a bien fonctionné :les méligèthes ont bien été piégés par lesquelques plantes d’ES Alicia, épargnantainsi la variété d’intérêt (Exocet) au stadele plus sensible (boutons).Voir graphique ci-dessous.

Les maladiesLes variétés utilisées Kadore (groupe I) etExocet (groupe II) sont toutes les deux trèspeu sensibles au phoma. De façon à assu-rer la durabilité des résistances spécifiquesefficaces aujourd’hui il est nécessaire d’al-terner les variétés du groupe II avec desvariétés du groupe I. Ceci n’est pas néces-saire pour les variétés du groupe I.

Des résultatsencourageantsLa combinaison des différentes solutionsmise en œuvre à Kerguéhennec et àMontauban de Bretagne a permis d’obte-

nir des résultats encourageants pour unepremière année et cela malgré un climattrès rude en 2009-2010.Cf tableau 2.

Des observations pour affiner notreconnaissance de la culture et poursuivrel’expérimentation : un suivi DIACOL réa-lisé sur chacune des parcelles et desmodalités, permet d’expliquer à poste-riori les résultats obtenus. (cf. article p 44et 45). Les observations réalisées sur lesdeux sites ont conforté notre réflexion etnos hypothèses pour la construction del’ITK intégré.

Annie GUILLERMOU - CA 22Jean RAIMBAULT - CETIOM

Les plantes ES Alicia, plus précoces,attirent les méligèthes et protègent ainsila culture encore au stade "boutonsfloraux".

43Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Colza

DD eux expérimentations ont étémenées en 2009-2010 surKerguéhennec (56) et Montau-

ban de Bretagne (35). Dans cette étudeappelée PICoBlé (Production Intégrée deColza dans une rotation avec du Blé), ils’agit de valoriser différentes solutionsagronomiques, telles qu’elles ont été pré-sentées lors des journées EcophytoBretagne à Kerguéhennec les 3 et 4 juin2010. Pour ce faire, nous faisons appel à lagénétique, au machinisme et à la biologiepour faire face aux ennemis de la culturede colza que sont les adventices, les mala-dies et les ravageurs. Les solutions à met-tre en œuvre dans la rotation ne sont pasétudiées dans le cadre de cet essai. Sur les2 sites expérimentaux, l’itinéraire techniqueintégré est comparé à un témoin, l’itiné-raire raisonné. Nous présentons içi lesrésultats de Kerguéhennec.

Valoriser les atouts bretonsLe colza breton a des atouts par rapportau colza lorrain ou berrichon. Ces atoutssont la base sur laquelle nous nous som-mes appuyés pour élaborer le nouvel ITK.Cf tableau 1 ci-dessous.

Le désherbageDans les deux sites des déjections ani-males ont été apportées au semis (fumierde volailles et lisier de canards) pour dessemis réalisés les 30 août et 1er septem-bre. Le développement rapide du colza apermis dans les 2 situations d’étoufferles mauvaises herbes : sur le rang pourle semis à grand écartement (50 cm) etsur toute la surface pour le semis ausemoir classique à céréales. Cette tech-nique pourrait être sécurisée par l’utili-sation d’un herbicide de post levée, encas d’échec de l’étouffement.

L’utilisation d’une variété hybride n’a pasprésenté plus d’intérêt qu’une lignéeconcernant l’étouffement des adventices.C’est plutôt la vigueur au départ et le

port des feuilles qui font la différenceentre variétés pour leur capacité de recou-vrement. Ce critère devrait apparaître àl’avenir dans les tableaux de choix desvariétés de colza.

Les insectes

Une pression d’attaque d’altises d’hiver(ou grosses altises) plus forte a été obser-vée lorsque les plantes étaient moinsrobustes (sur les petits plants) avec dessemis plus denses et plus tardifs (com-paraison réalisée sur des parcelles voisinesdes essais).Ces observations seront à poursuivre pourvalider l’absence de nécessité d’un traite-ment insecticide à l’automne.

Produire du colza avec moins d’intrants

Ennemis de la culture Atout breton Solution technique

Mauvaises herbes - Apport d’effluents d’élevage au semis - Profiter de cette forte croissance- Climat océanique poussant pour que le colza étouffe les mauvaises herbes

- ou semer à grand écartement et biner

Insectes - Colza peu présent dans les rotations - Mélanger deux variétés pour piéger les méligèthesdonc pression modérée - Semer tôt (20 plantes levées/m2) pour avoir des

plantes vigoureuses qui font face à une attaque d’automne

Maladies - Colza peu présent dans les rotations - Choisir une variété tolérante au phoma (groupe I) donc pression modérée mais aussi de faible sensibilité à l’élongation automnale,

peu sensible ou très peu sensible à la verse

Tab. 1 - Construction d'un ITK intégré pour la Bretagne

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201042

Une étude nationale pilotée par le CETIOM et l’INRA vise à mettre au pointpour chaque région productrice de colza, un itinéraire technique (ITK) adaptélocalement qui permet de réduire fortement l’utilisation des intrants et plusparticulièrement les produits phytosanitaires, sans dégrader le revenu.Les résultats des expérimentations menées par les Chambres d'agriculture deBretagne sont encourageants.

ITK raisonné ITK intégré

Fertilisation organique 70 kg N efficace FV 70 kg N efficace FV

Date semis 1er septembre 1er septembre

Densité levée 30 plantes/m2 23 plantes/m2

Insecticide automne pas de traitement pas de traitement

Régulateur

IFT HORS HERBICIDES

(réf nationale : 4,98)1,91 0,8

Nombre de passages 5 3

Coût des intrants /ha (semences +

phytos + engrais)166 ¤ 116 ¤ **

Coût mécanisation (pulvé +

épandeur engrais + binage)65 ¤ 65 ¤

Rendement 9% /ha 36,30 35,42

Produit (350€/t) /ha 1270,00 ¤ 1239,70 ¤

Marge sur appro / ha 1104 ¤ 1123 ¤

* Désherbage réalisé en post levée mais était prévu en pré levée à la dose de 2,5 l

** Le coût des intrants est calculé sur la modalité avec 0,75 litre d’herbicide

40 kg N (stade D)

PICTOR PRO 0.25 kg +

BALMORA 0,5l (stade G1 à

G2)

PICTOR PRO 0,4 kg (stade G1 à

G2)

IFT HERBICIDES

(réf nationale : 1,94)0,6

0.30 si désherbinage

0 si binage seul

Fertilisation minérale

Fongicide

DECIS Protech 0.3l ( stade

rosette) pas de traitement

80 kg N (stade C et D)

Variété

Désherbage

Insecticide printemps

KADOREEXOCET (95%) +

ES ALICIA (5 %)

0.75 l/ha NOVALL

désherbinage (stade B3) ou

binage seul (stade B3)

NOVALL 1.5 l * (stade B2 à

B3)

Néant Néant

Tab. 2 - Conduite du colza : résultats des essais deKerguéhennec (2009/2010)

Comptage des méligèthes sur chaque variété : intérêt de la variété précoce

0

1

2

3

4

5

6

Date

ES Alicia (précoce)

Exocet (tardif)

Kadore

Comptage des méligèthes sur chaque variété

Un écartement de 50 cm entre les lignesde semis permet le passage de la bineuse.

Les plants de colza vigoureux ont bien résisté à une forte attaqued’altise au cours de l’hiver.

Expérimentation reconduite en 2010-2011La comparaison d’ITK intégré et raisonné estreconduite cette année à Quintenic (22) etAcigné (35) avec l’utilisation de Contans WG,un produit biologique de lutte contre leSclérotinia. Un semis au semoir monograineéquipé de disques spéciaux est également prévu.A suivre dans le Cap Agro automne 2011…

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Colza

La phase de montaison se déroule en bon-nes conditions climatiques et sanitaires(charançon de la tige discret). Pour preuveles biomasses mesurées à la floraison surles parcelles du réseau dont la moyenneest de 7 kg/m2.A ce stade, on estime quele seuil optimal à atteindre pour ne pascompromettre le potentiel de rendementest d’environ 6 kg/m2, qui indique que laplante a mis en place suffisamment deramifications et de surface photosynthéti-que pour ensuite former le nombre optimalde siliques. Seules les parcelles de Dol deBretagne (4,4 kg/m2) et Gouesnou (5,7kg/m2) n’atteignent pas ce seuil.

Floraison : période favorableLa floraison a lieu en conditions favora-bles également : faible pression de méli-gèthes, et climat propice à un bon taux denouaison (bon ensoleillement et tempéra-tures moyennes). La mesure suivante réa-lisée dans le réseau de parcelles est lecomptage du nombre de siliques/m2. Cettecomposante, fastidieuse à mesurer sur leterrain, est essentielle pour expliquer lesvariations de rendement. En deçà de 4 500siliques/m2, on estime que le potentiel estlimitant, même s’il y a ensuite compensa-

tion sur le poids de mille graines. Entre5 000 et 7 000 siliques/m2, le potentiel estacceptable, et il est optimal au delà de8 000 siliques. Ces seuils sont matériali-sés sur la figure 2. On observe effective-ment une bonne relation entre le nombrede siliques/m2 et le rendement. Les parcel-les de Gouesnou et Dol qui montraient lesplus faibles biomasses ont les plus faiblesnombres de siliques et des rendementsautour des 30 q/ha. La parcelle deMontauban de Bretagne, qui n’ajusqu’alors connu aucun facteur limitantsignificatif, produit en moyenne 6 200 sili-ques/m2 : en cause le déficit hydrique du àla quasi absence de pluies depuis la mi-avril, qui entraîne un avortement de sili-ques.S’ajoute à cela une présence marquée demaladies de fin de cycle (pas de traitementfongicide), notamment l’alternaria sur sili-ques, qui perturbe le remplissage des grai-nes (PMG = 4,5 g), pour aboutir à un ren-dement de 36 q/ha. Les parcelles de Kerelet Trévron sont autour des 10 000 sili-ques/m2, un nombre non limitant. Leursrendements sont respectivement de 44 et47 q/ha. On n’identifie pour ces parcellesaucun facteur limitant majeur, le rende-ment atteint est probablement proche dupotentiel de la parcelle.

Ce réseau de parcelles permet a poste-riori de comprendre le déroulement de lacampagne à partir de données chiffréeshabituellement peu mesurées (biomasses,nombres de siliques, enracinement…),dans l’objectif in fine d’identifier des pis-tes pour optimiser la production et lesrésultats économiques de cette culture.

Lionel QUERE - CA35Jean RAIMBAULT - CETIOM

Six parcelles DIACOL en 2010Pour la deuxième année, lesChambres d’agriculture de Bretagneet le CETIOM suivent un réseau deparcelles de colza pour y réaliser undiagnostic agronomique appelé DIA-COL (DIAgnostic COLza) .Schématiquement, cette méthodeconsiste à suivre des parcelles dusemis à la récolte, à y réaliser desmesures (observations sanitaires,enracinement, mesures de biomas-ses, analyse d’azote, rendement,etc.) afin d’utiliser ces informationspour identifier quels facteurs ontlimité le rendement. Sur la campa-gne 2009-2010, 6 parcelles ont étésuivies : Kergloff et Gouesnou (29),Trevron (22), Kerel (56), Montaubande Bretagne et Dol de Bretagne (35).

45Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Colza

SS ont présentés ici les principauxenseignements de l’expérimenta-tion DIACOL réalisée en Bretagne

sur l’année culturale 2009-2010.

Un hiver rigoureuxmais des pertes de biomasse modéréesLa biomasse entrée et sortie hiver nousrenseigne sur les conditions de croissanceà l’automne et sur les caractéristiques del’hiver (voir figure 1). Le réseau présenteune large gamme de biomasses, de 1,2 à3,8 kg/m

2à l’entrée de l’hiver.

Hydromorphie, faible disponibilité enazote organique et concurrence desadventices expliquent la faible biomassemesurée à Dol de Bretagne. L’hiver 2009-2010 est caractérisé par une arrivée bru-tale du froid à la mi-décembre et avecdes épisodes de gel marqués en janvier etfévrier. La perte moyenne de biomassesur le réseau est de 0,5 kg/m2, soit 18 %des poids mesurés entrée hiver. Sur leplan sanitaire, des pucerons sont signalés

à la faveur de la douceur d’octobre, ainsique des larves d’altises dans la parcelle deMontauban de Bretagne (100 % desplantes avec au moins 1 larve) mais sansconséquence, les larves n’atteignant pas

le coeur de colzas bien développés etvigoureux. En moyenne, 158 unitésd’azote ont été absorbées depuis le semis(de 66 à 212 unités). Le potentiel en placeà la sortie de l’hiver est donc bon.

Colza : observer pour comprendre et agir

Evolution biomasse Entrée - Sortie hiver

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

4,5

0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50 4,00 4,50

29 Gou

35 Dol

35 Mont29 Kerg

56 Ker22 Trev

Figure 1 - Evolution de la biomasse (Matière verte) entre l’entrée (MV eh) et la sortie de l’hiver (MV sh) en kg/m2 de matière verte aérienne

Siliques et rendement

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

0 2000 4000 6000 8000 10000 12000

35 Dol

29 Gou

35 Mont

56 Ker22 Trev

Figure 2 - Relation entre le rendement et le nombre de siliques/m2 du colza

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 201044

Le rendement moyen sur ce réseau de 6 parcelles est de 37 q/ha. Aucunfacteur limitant majeur n’est à signaler sur le plan sanitaire,. Sur le planclimatique, les conséquences sur la production de l’hiver rigoureux et dudéficit hydrique de fin de cycle restent modérées, montrant la robustesse dela culture de colza face aux aléas climatiques. Le bilan économique de cetteculture reste donc excellent dans notre région.

Le nombre de siliques/m2 est une composante essentielle du rendement.Au delà de 8000 s/m2, le rendement est optimal.

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Céréales

a eu un peu plus de difficultés pourcontrôler ces adventices. Néanmoins, àl’exception d’une parcelle, la biomassemoyenne d’adventices récoltée n’a pasdépassé 0,6 tonne de matière fraîche àl’hectare (soit un peu plus de 4 % du ren-dement total en matière fraîche), ce quiest très positif.

Stratégie gagnanteavec 50 u d’azote et une densité faibleLa fertilisation des associations a entraînéune augmentation du rendement d’envi-ron 1TMS/ha. Le gain de rendement per-mis par cet apport étant plus important en

faible densité de semis. L’apport de 50unités d’azote sur les associations conduità une augmentation du rendement dutriticale et de l’avoine (+ 1 TMS/ha cha-cun) mais aussi à une diminution de celuidu pois d’environ 950 kg MS/ha (soit -17,4 % de légumineuses à la récolte).La fertilisation a donc permis cette annéede maîtriser la part de légumineuses afinde les contenir à moins de 50 % de l’as-sociation.Toutefois, la baisse de la propor-tion de légumineuses ne doit pas êtretrop forte afin de ne pas pénaliser la MAT.La densité de semis faible semble être laplus appropriée dans ce cas puisqu’ellepermet, cette année, de maintenir la pro-portion de légumineuses à 30% de l’as-sociation contre 27 % pour la densitéforte. La teneur en MAT diminue de 1point avec un apport d’azote mais unefois encore cette baisse est moins pro-noncée en densité faible qu’en densitéforte.Globalement la maîtrise des adventicesreste bonne pour les parcelles azotéesmême si elles présentent une biomasseun peu plus élevée que pour les parcellesnon fertilisées.

Le choix de la densité de semis va de paireavec celle de la fertilisation et doit êtredécidé en fonction des objectifs à attein-dre mais aussi des conditions pédoclima-tiques de la parcelle.Néanmoins, les résultats de cette annéelaissent envisager que la densité faiblede semis combinée à un possible apportd’azote est la stratégie la plus appropriéepour maîtriser les proportions des espècesdans l’association.D’autres essais devront cependant êtremenés pour confirmer ces résultats et tes-ter différentes dates d’apports d’azotepour ajuster au mieux la fertilisation desassociations céréales-légumineuses.

Céline PARTIKAStagiaire

Anthony CLENETPôle agro PV

47

Céréales

CC ette année encore un réseau dequatre parcelles, réparties dansdes zones représentatives des dif-

férentes conditions pédoclimatiques dudépartement, a été mis en place. Ce der-nier a permis de tester différents itinérai-res avec deux densités de semis de triti-cale (composition des associations dans letableau ci-dessous). L’utilité d’un apportde 50 unités d’azote par hectare a luiaussi été expérimentée.

Ce nouveau dispositif vise à observer l’im-pact de la baisse de densité de semis dutriticale sur le comportement global del’association et sur le rendement attei-gnable par cette dernière.La maîtrise de la proportion de légumi-neuses au sein de l’association posant laprincipale difficulté, notamment pour limi-ter la verse. Un des objectifs de l’essai estdonc d’observer l’évolution de cette pro-portion en fonction de la densité de semiset de la fertilisation.

Des conditions de développementdifficiles…Trois parcelles ont été semées fin octo-bre mais la dernière située dans les Côtesd’Armor n’a pu être implantée qu’au

début du mois de janvier. Malgré unebonne implantation des cultures, larigueur de l’hiver a entraîné de fortes per-tes de pieds de céréales à la levée, notam-ment pour la densité de semis forte(220 grains/m2). La sécheresse du prin-temps a, quant à elle, conduit à un fai-ble tallage des céréales.

Un rendementcorrect malgré une baisse des teneuren MATAvec un peu plus de 8.5 TMS/ha contre10 TMS/ha en 2009, les associationscéréales-légumineuses démontrent cepen-dant une certaine stabilité sur l’ensembledes départements bretons ; les deux den-sités ayant obtenu un rendement simi-laire. Comme pour 2009, le pois contri-bue le plus au rendement (50 %) quel-que soit la densité de semis. Viennentensuite le triticale (26 %), l’avoine (16 %)et dans une moindre mesure la vesce(5 %).

Les teneurs en MAT des différentes espè-ces varient fortement d’une parcelle à l’au-tre. Cette année la teneur en matière azo-tée totale a atteint 11 %, même si elle

varie entre parcelle de 9 à 13 %, soit 1,8points en moyenne en dessous de 2008et 2009. Globalement avec les deux den-sités de semis, les associations ont lemême niveau de MAT. Les protéagineuxavec plus de 15 % de MAT contre 5-6 %MAT pour les céréales, contribuent forte-ment à la teneur en azote du fourrage.

Une année propiceau développementdes légumineuses…Sur les quatre parcelles du réseau la pro-portion de légumineuses à la récolte aété importante avec en moyenne 49 %de légumineuses. Cette proportion auraitpu entraîner la verse de la culturepuisqu’au-delà de 50 %, le risque d’uneverse importante de l’association est àcraindre. Le problème majeur est alors detrouver un équilibre entre un pourcen-tage de légumineuses n’entrainant pasde verse et une proportion suffisante pourassurer un fourrage de qualité. Seulesdeux parcelles (Finistère et Côtes-d’Armor)ont versé tardivement, quelques joursavant la récolte. Compte-tenu des condi-tions de culture, les céréales ont assuréleur rôle d’effet tuteur mais une pluie fineet dense a entraîné la verse progressivedes associations.

Toujours une bonne maîtrisedes adventicesUne fois de plus les associations ontdémontré leur efficacité dans la gestiondes mauvaises herbes quelque soit lesalissement initial des parcelles. Sur unedes parcelles, la densité de semis faible

Associations céréales-légumineuses : des résultats corrects dans un contexte climatique difficile

46

Malgré des conditions de développement difficiles, les associations céréales-légumineuses ont donné un rendement moyen très correct de 8,5 tonnes de MS/ha. Un semis moins dense en céréales et un apport de 50 u d’azote ont donné des résultats encourageants permis par un meilleur équilibre entre les légumineuses et les céréales.

Le pois bien implanté contribue le plus au rendement.

Espèce Variété Densité de semis Quantité(grains/m2) (kg/ha)

Triticale AGRILAC 220 ou 120 70 à 40

Avoine CHARMING 80 25

Pois fourrager ASSAS 15 25

Vesce PEPITE 5 3,5

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010 Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Composition de l’association et densité de semis

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Agro bio

La place dans la rotation

Le blé est une culture qui a besoin debeaucoup d’azote : 3uN pour faire unquintal. C’est pourquoi les cultures dontles résidus sont riches en azote (légumi-neuses par exemple) sont de bons pré-cédents pour le blé.

Des variétés rustiquesC’est au moment de ce choix que com-mence la gestion à la fois des maladies

(variétés plus ou moins rustiques) et desmauvaises herbes (capacité à bien cou-vrir le sol). On privilégiera donc une variétéplutôt tolérante aux maladies à fort pou-voir couvrant. Les autres éléments à pren-dre en compte pour le choix de la variétésont les suivants : la précocité (en lienavec la date de semis), en fonction dusecteur pédo-climatique, la hauteur depaille par rapport à la sensibilité à la verse,la productivité et la teneur en protéines.

Parmi les variétés testées, certaines don-nent régulièrement de bons résultats. En

effet, comme le montre le graphique ici-dessus, les variétés Attlass, Chevalier ouKoreli présentent des rendements élevéset stables dans le temps.

Plusieurs faux semisPour la préparation du sol, les faux-semispermettent de diminuer le stock de grai-nes d’adventices, en les mettant en condi-tions de germination : accès à la lumière,réchauffement du sol en surface et boncontact de la graine avec la terre fine. Ilest préconisé de travailler de plus en plussuperficiellement au fur et à mesure desdéchaumages, afin de ne pas remonter,par un travail plus profond, de nouvellesgraines.

Ce travail permettra également de nivelerle sol, ce qui facilitera par la suite un dés-herbage mécanique, plus homogène. Ilfaudra cependant veiller à garder un équi-libre terre fine/motte, pour limiter le risquede battance des sols limoneux durant l’hi-ver et viser une bonne efficacité du pas-sage de herse étrille, par exemple.

La conduite du blé d'hiver bioLa réussite du blé en agrobiologie dépend de plusieurs facteurs, tels que le choix de la variété, la fertilisation ou encore la maîtrise des adventices.Voici un tour d’horizon de ces différentes étapes.

Avantage aux blés rustiques en agrobio.

Résultats pluri-annuels (2005, 2007, 2009)

76.00

91.50

117.00

110.50

119.70

102.30

60.60

97.60

50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150

ATTLASS

RENAN

CADENZA

CAPO

SATURNUS

PIRENEO

KORELI

CHEVALIER

Rdt variété / moyenne essai (%)

VARIETES TESTEES

2 ANNEES

3 ANNEES ET PLUS

Blé bio : résulats pluri-annuels (2005, 2007, 2009)

49Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Céréales

48

Blé d'hiver

1 an

Maïs 1 an

Mélange céréalier

1 an Prairie temporaire

4 ans ou

luzerne2-3 ans

➜ Exemple de rotation avec du blé d’hiver

LL es stratégies classiques de désher-bage précoce avec des produits àbase d’isoproturon et de DFF (ou

bifénox) dès la fin décembre permettent,grâce au DFF, de contrôler à faible dose lesdicotylédones du stade cotylédon à pre-mières feuilles puisqu’il agit essentielle-ment par voie foliaire. L’isoproturon a uneaction à la fois foliaire et racinaire qui luipermet bien sûr de détruire ce qui estdéjà levé mais également de contrôler leslevées de pâturin qui ne sont pas encoreachevées. L’isoproturon reste utilisabledans les parcelles non drainées pour lacampagne céréalière prochaine à sa dosed’homologation. Cependant dans le cadrede chartes phytosanitaires des bassinsversants et dans le cadre de mesures agroenvironnementales, l’usage de l’isopro-turon fait l’objet de restrictions d’usages.

Les nouveaux produits qui se dévelop-pent depuis quelques années maintenantà base de iodosufuron, de mésosulfu-ron… ont un mode d’action essentielle-ment foliaire. Ceci nécessite d’attendrela levée de toutes les adventices afin degarantir la propreté de la parcelle. D’où ledilemme car pendant ce temps les dicoty-lédones se développent, commencent à

générer une certaine nuisibilité et sontde plus en plus difficiles à détruire… uncompromis semble pourtant se précisercourant février à condition de pouvoirpasser : pluie, vent, portance, tempéra-ture,…

La flore de cette parcelle était essentielle-ment constituée de dicotylédones (pen-sées et alchémilles) ainsi que de pâturincommun, de jonc des crapauds et quel-ques pieds de folle-avoine.Il était prévu de réaliser la première appli-cation plus tôt. Cependant les conditionshumides de la fin de l’hiver n’ont pas per-mis d’intervenir avant le 9 mars. Malgrécela, les applications précoces sont nette-ment plus efficaces que les applications

plus tardives, quels que soient les pro-duits utilisés. Cela se traduit égalementpar un gain de rendement de près de 20quintaux par rapport au témoin non dés-herbé et de10 quintaux par rapport auxapplications tardives. Cette différence derendement est principalement imputableà la concurrence des mauvaises herbespendant la phase de montaison, probable-ment accentué par les conditions climati-ques froides et sèches du printemps 2010.A noter sur cet essai, la très bonne effica-cité du programme 6 à base de DEFI +FIRST qui, en outre, présente l’intérêtd’être homologué à la fois sur blé ten-dre, orge et triticale…, mais ne permettrapas de contrôler les folles-avoines.

Michel FALCHIERPôle Agro PV

Désherbage précoce du blé :toujours payantDeux principes de base militent en faveur d’un désherbage précoce. Plus lesmauvaises herbes sont jeunes plus elles sont faciles à détruire. Plus on lesdétruit tôt, moins elles ont le temps de développer une concurrence vis à visde la culture en place.

Le pâturin développé est sensible aux sulfonilurées (Archipel...)

Quelques nouveautés en 2009 Une nouvelle famille chimique pourle désherbage du blé et de l’orge :le flufenacet, développé en associa-tion avec du DFF (FOSBURI), ce pro-duit apporte une alternative dans lecadre de la gestion des graminéesrésistantes. Ce produit n’est actuel-lement autorisé qu’entre les stades1 et 3 feuilles des céréales.IRAZU composé de propoxycarba-zone + iodosulfuron + amidosulfu-ron correspond à une association deMISCANTI + GRATIL qui peut présen-ter un intérêt pour lutter contre lesagrostis ou les bromes résistants, maisprésente de grosses lacunes sur lesprincipales dicotylédones (véroni-ques, pensées, fumeterre, …)BRENNUS + est une version moinsconcentrée du FIRST. Homologué surblé, orge et triticale, le rapportd’équivalence est de 1.5 par rapportau FIRST :• BRENNUS + à 0,75 l = FIRST 0,5 l• BRENNUS + à 1,20 l = FIRST 0,8 l

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Essais désherbage du blé à Mordelles - 2010

DATE 9-mars 7-avr 23-avrstade tallage épi 1 cm 1 - 2 nœuds

température 4 ° c 9 ° c 4 ° chygrométrie 60% 60% 60%

produit dose produit dose produit dose notation efficacité rendement

1 témoin - 40,8

2ARCHIPELFIRST

50 g0,5 l PUMA LS 0,4 l 8 61,2

3 FIRST 0,5 l ARCHIPEL 150 g 8 60,6 4 ARCHIPEL 150 g EXEL D+ 1,5 l 6 49,9 5 ARCHIPEL 150 g ALLIE DUO 35 g 6 49,6

6DEFIFIRST

2 l0,5 l 9 62,3

No du traitement

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Une fertilisationorganique en hiverou au printempsLa rotation est la première source dematière organique. En effet, en systèmefavorable (système herbager ou légumier),la rotation permet de couvrir, par l’inter-médiaire de la minéralisation de l’humusdu sol, les besoins azotés de la culture.Les apports de printemps, avec des pro-duits rapidement disponibles pour laplante (fientes, lisiers) sont les plus effica-ces pour la culture. C’est à cette périodeque les besoins du blé sont les plus élevés,au stade épi 1 cm.Les déjections du type compost ou fumierde bovins sont à privilégier à l’automne,afin d’entretenir la teneur en matièreorganique du sol. Le rôle de la vie du solest ici primordiale : leur activité de décom-position va permettre de rendre bio-dispo-nible les éléments de ces engrais organi-ques de fond.

Dans cette logique, le pH du sol ne doitpas descendre en dessous de 6,2 pourne pas pénaliser l’activité de ces micro-organismes et l’assimilation des élémentsminéraux par la culture.

Un désherbage,exclusivementmécaniqueLa rotation est, là encore, le premier pilierdu désherbage (voir article sur la rota-tion p 38 et 39).

Le choix de la date de semis vient ensuite.En effet, un semis précoce favorise leslevées d’adventices à germination autom-nale. C’est pourquoi il est intéressant deretarder (de l’ordre de 15 jours) la date desemis par rapport à un semis « conven-tionnel ». Cela permet de réduire jusqu’à60 % la population de graminées hiverna-les. Ces éléments, ainsi que les faux semiset le choix des variétés sont des actionspréventives. Ces actions représentent leplus grand travail à effectuer. Il est cepen-dant possible d’intervenir de manièrecurative, en cours de culture.Plusieurs outils sont disponibles : la herseétrille, la houe rotative ou encore labineuse (avec un semis adapté), avec desstades d’interventions différents (voirschéma ci-dessous).Le choix du type de matériel se fait enfonction de différents critères : type desol (la houe rotative convient dans dessols limoneux battants), les fenêtresmétéorologiques d’interventions (si desinterventions en fin de cycle sont nécessai-res, on peut envisager du binage)

Une récolte débutantpar les parcelles les plus propresIl faut, à cette étape aussi, anticiper sur ledéveloppement des adventices. L’objectifest de limiter les zones infestées. Ainsi,les parcelles les moins propres serontrécoltées en dernier et la machine serasoigneusement nettoyée après la récolted’une parcelle qui pose problème.

Aurélien DUPONT - Pôle Agro PV

La herse étrille sur blé : un moyen de lutte curatif

50

Houe rotative

Herse étrille

Bineuse

Tallage et plus2-3 feuillesPointant – 1 feuille

Pré-levée

Houe rotative

Herse étrille

Bineuse

Tallage et plus2-3 feuillesPointant – 1 feuille

Pré-levée

Houe rotative

Herse étrille

Bineuse

> 3 feuilles3 feuilles2 feuilles1 feuilleCotylédonsGermination

4-8 km/h

10-15 km/h en pré -levée ; 5 -10 km/h en post -levée

12-20 km/h en pré -levée ; 10 -14 km/h en post -levéeHoue rotative

Herse étrille

Bineuse

> 3 feuilles3 feuilles2 feuilles1 feuilleCotylédonsGermination

4-8 km/h

10-15 km/h en pré -levée ; 5 -10 km/h en post -levée

12-20 km/h en pré -levée ; 10 -14 km/h en post -levée

Atouts et contraintes de la culture du blé

➜ Les atouts :- amélioration de la structure du sol- bonne valorisation en alimenta-

tion humaine et animale- apporte de la paille (carbone pour

le sol, pour la litière)

➜ Les contraintes :- exigences d’un sol riche et profond- nécessite une alimentation azotée

importante.

Pôle agronomie productions végétales des Chambres d’agriculture de Bretagne - Cap Agro Automne 2010

Agro bio

Les périodes d’interventions en fonction du stade du blé

Les périodes d’interventions en fonction du stade des adventices

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