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INSTITUT URD DE PARIS Bulletin de liaison et d'information I W6 I MAI-JUIN 1984

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INSTITUT

URDDE PARIS

Bulletin de liaison et d'informationI W6 I

MAI-JUIN 1984

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Ce bulletin paraît en français, allemand, anglais, kurde, italien, espagnol et turc.

Prix au numéro: France: 25 FF - Etranger: 30 FFAbonnement annuel (6 numéros) France: 120 F - Etranger: 150 FF

Périodique bimestrielDirecteur de la publication: Mohamad HASSAN

Numéro de la Commission Paritaire: 659 15 A.S.ISBN 0761 1285

INSTITUT KURDE, 106, rue La Fayette - 75010 PARISTél. : 01- 48 24 64 64 - Fax: 01- 48 24 64 66

www.fikp.orgE-mail: [email protected]

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Une expos1t1on à Paris, des journées d'études, une semaine cinématographiqueet des expositions à Dortmund, un symposium à Vienne,un séminaire à Stockholm,des spectacles à Sydney, un périodique à San Francisee .• la diaspora kurdemène à travers le monde, un combat actif pour défendre son identité et pourfaire connaître à l'opinion publique la situation du peuple kurde.

SOMMAIRE : UNE EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIESMOIS KURDE A DORTMUNDINITIATIVES DE LA DIASPORAr,1EDlASNOUVEAUTESLE N° 2 DE STUDIA KURDICALES PUBLICATIONS EN VENTE

EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES A PARISAu siège de l'Institut, du 10 au 31 mai, s'est tenue uneexposition des photographies du Kurdistan de J. Bertolino,A. Eriksson, G. Guittot, C. Kutschera, Reza. Images_.de Lavie familiale, des travaux de tous les jours, des objets dela vie quotidienne, contrastant avec des paysages dévastés,des images de guerre parfois atroces, telle cette photo d'unenfant mort au cours du bombardement de Baneh, en 1980, etdu visage douloureux de ses parents ...

~OIS KURDE A DORTMUNDPour faire mieux conna~tre les Kurdes et leur culture aupublic allemand, la Section Allemande de l'Institut Kurdevient d'organiser, en collaboration avec Rheinisch-West-fälische Auslandsgesellschaft et l'Université de Dortmund,une série de manifestations qui se sont déroulées tout lelong du mois de juin.

SEJY1AINEDU CINEr'lA

EXPOSITION DE PEINTURE

Ce programme multiforme a débuté le 4 juin avec laSemaine du cinéma kurde à Fritz-Henssler-Haus. Dansce cadre, les films "Yol", "Le Troupeau", "Les Hisé-reux" de Yilmaz Güney, et "La Voix du Kurdistan" --deKurdistan Film Collective ont été présentés. Ne pouvant serendre en R.F.A., le cinéaste kurde Yilmaz Gûney avait tenuà envoyer un message pour l'ouverture de la semaine. Laréalisation de cette semaine a été assurée par l'UniversitéPopulaire (Volkshoch Schule) de Dortmund.

Le 11 Ju~n, à 19 h., le Professeur Uhlmann, historien d'art,conseiller culturel de la Mairie de Dortmund, a inaugurédans le Foyer de l'Opéra de sa ville une exposition présen-tant des œuvres de douze peintre kurdes exilés. Dans l'al-locution qu'il a prononcée à cette occasion, M. Uhlmann a,notamment, exprimé sa satisfaction de voir que les œuvresexposées, variées dans leur inspiration et leur style, étaientd'un niveau international. Cette exposition collective,

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EXPOSITIONDE PHOTCXJRAPHI ES

JOURNEES D'ElUDES

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prem~ere du genre en Allemagne Fédérale, a rencontré unvif succés, tant auprès du public allemand que chez lesKurdes immigrés et dans la presse. Elle s'est poursuiviejusqu'au 30 juin.

Le lendemain, 12 juin, à 17 h., une exposition rassemblant140 photographies de Bertolino, Eriksson, Guittot, Kutscheraet Reza était inaugurée par le Professeur Adolf Clemens,dans le Pavillon du Parc régional de Westphalie. En unesemaine 4300 personnes ont visité cette ,exposition qui atrouvé un large echo dans la pres~e.

Du 13 au 15 juin, des Journées d'études intitulées "Passiondes Kurdes" se sont tenues à l'Université de Dortmund. Desspécialistes, tant kurdes qu'européens, de la langue, de lalittérature, de l'histoire et de l'immig~tion kurde ont,au cours de ces journées, abordé les divers aspects de laquestion kurde. Des groupes de travail, consacrés aux prob-l~mes spécifiques (langue et littérature, situation de lafemme, diaspora, histoire et sociologie), ont complété, parleurs réflexions et leurs propositions concr~tes, les expo-sés en scéance pléni~re de Mme Joyce BLAU (Paris) et de MM.Gérard CHALIAND, (Paris), Kemal FUAD (Berlin), $e~fettinKAJA (Kiel), Kendal NEZAN (Paris), Prof. Kon~d PFAFF (Dort-mund), Jürgen ROTH (F~nkfurt) et Ismet Cheriff VANLY(Lausanne) •

Dans leur discours de bienvenue, l'adjoint de Monsieur Samt-lebe, maire de Dortmund, et le Professeur Velsinger, recteurde l'Université de Dortmund, se sont félicités de ce premierpas vers un dialogue entre Kurdes et Allemands. De son c8té,le président de l'Institut a appelé de ses voeux la pour-suite et l'approfondissement de ce dialogue nécessaire,mutuellerren;;t;enrichissant, afin de parvenir à une meilleurecompréhension entre les peuples allemand et kurde. Ce rap-prochement, a-t-il ajouté, passe par la multiplication,dans d'autres villes allemandes, des initiatives comme cellequi vient d'être prise à Dortmund.

Plusieurs associations kurdes et allemandes ont apporté uneaide précieuse pour l'organisation de ces journées. Parmielles, la Croix-Rouge Allemande dont la vice-présidente, laPrincesse Maria Theresa Zu Salm, a tenu à envoyer un mes-sage au Congrès; Deutsche Flüchtlingshille, Bonn,; etA.S.T.A., association des étudiants de l'Université de Dort-mund. Dr. Ha~ld Koch, Ministre d'Etat, président de laRheinisch-West !ät~~äke- Auslandsgesellschaft ;a égale-ment envoyé un message de soutien.

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POUR CLOTURERLE CONGRES1 LA FETE

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Une table ronde dirigée par le journalisteJürgen ROTH a permis à l'auditoire, composé notam-ment de Kurdes venus de toutes les régions del'Allemagne et d'étudiants, de chercheurs, de journa-listes et de travailleurs sociaux allemands dedialoguer avec les intervenants et les représentantsdu S.P.D. et des Ecologistes. La plupart des audi-teurs ont participé, suivant leur intérêt, auxtravaux des divers groupes spécialisés. La projec-tion des films documentaires sur les'.Kurdes deTurquie, d'Iran et d'Irak visait à donner au publicune image plus précise et concrète des réalités duKurdistan.

Parmi les nombreuses propositions élaborées aucours de ces Journées d'études, on retiendra notam-ment celle qui demande aux autorités allemandesde reconnattre à la langue kurde, usitée par plusde 400 000 immigrés kurdes résidant en AllemagneFédérale, un statut identique à celui des autreslangues, parlées par les communautés immigrées dece pays: grec, italien, turc, etc ... Le kurde doitêtre enseigné aux enfants kurdes qui le souhaitent ;il doit être utilisé dans des émissions de radio etdes chaires de kurde doivent être créées dans lesgrandes universités allemandes, pour former desenseignants en langue kurde. Les autorités sontégalement invitées à créer des postes d'interpr~tes,de travailleurs sociaux pour la communauté kurde,qui souhaite aussi avoir, comme d'autres communautésimmigrées, des médecins généralistes, des gynécolo-gues et des psychiatres parlant le kurde.

Concluant ces travaux, le professeur Konrad PFAFFqui, avec le Dr. K. FAULENBAC~, a joué un r~leessentiel dans l'organisation de ces journées, aappelé, au milieu de vifs applaudissements de éasalle, à l'amitié de plus en plus étroite entre lespeuptes kurde et allemand.

Dans la soirée du 15 juin, une fête traditionnellekurde, qui a réuni environ 500 congressistes etKurdes de la région, est venue ponotuer, dansune ambiance' chaleureuse, ces rencontres germano-kurdes. Le Directeur de la Section Allemande del'Institut, qui a donné un nouveau rendez-vous,plus tard, dans une autre ville allemande, a vive-ment remercié tous les organismes, associations,personnalités qui ont activement aidé à l'organisa-tion de ce programme multiforme sur les Kurdes.

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AUTRICHE

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DIASPORAUn symposium sUP la situation géopolitique duKupdistan s'est tenu les 28 et 29 avpil 1984à Vienne, au siège d'Intepnationalen Kultup-zentpum.

Des intepvenants kupdes ont exposé à un auditoiped'env{ron oent pepsonnes les aspeots histopique,oultupel, sooial et politique de la question kupdeen Tupquie, en Ipan, en Ipak, en Sypie et en URSS.Le Ppof. Chaplotte TEUBER-WECKERSDORF (Boston/Vienne) a plaoé oette question dans le oontextegénépal du oolonialisme, tandis que le Ppof. Dp.Thomas STAUFFER (USA,Diplomatisohe Akademie.- Wien)tpaitait du pôle du pétpole et de l'OPEP dansl'aocopd ipako-ipanien de maps 1975, accopd qui aconduit à l'effondpement de la pésistance apméedes autonomistes kupdes d'Ipak.

Le symposium était placé sous le patponage duDp. Chpistian BRODA, ancien Ministpe de la Justiceautpichien. Cetui-ci, dans une intepvention chateu-peuse et tr~s applaudie a émis te voeu que tesKupdes puissent pecouvpep teup tibepté et l'en-sembte de Leups dpoits. Le combat poup la libepténécessite un soutien concret des démoorates euro-péens, a ajouté le Dr Hans HAUSER, Président de taSociété Autrichienne des Amis du Peupte Kurde. Adéfaut d'autres aides, tes pays démocratiquespourraient permettre aux jeunes Kurdes de venirétudier et se former chez eux. Si, parmi cesjeunes, quetques uns jouent un r~te actif dans tatutte de tibération de teur peupte, nous auronsaccompti notre devoir de sotidarité; a-t-it ajouté.

Le symposium s'est terminé par une soirée artis-tique organisée par t'Association des Etudiantsdu Kurdistan à l'Etranger (AKSA).

SUEDE Un sem~naire sup la situation des Kupdes a eu lieules 4, 5 et 6 avril 1984 à Stookholm, à l'initia-tive de l'Organisation des Immigrés en Suède (SIV)et de la Fédépation des Assooiations du Kupdistanen Suède.

Le sem~naipe, dipigé pap Lars Gunnap ERIKSSON,s'adpessait plutôt à des pesponsables suédois desopganismes ayant affaipe aux immigpés. Appès desexposés sup l'histoipe, la langue et la oultupe,la situation aotuelle des Kupdes dans les divepsEtats qui se paptagent le Kupdistan a été évoquée.Ensuite, les ppobl~mes spéoifiques des immigpéskupdes ont été abopdés.

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AUSTRALIE

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La journaliste suédoise Elin CLASON, de retourdu Kurdistan de Syrie, a présenté des documentsphotographiques illustrant la misère des paysanskurdes dans ce pays. L'un des moments forts duséminaire fut la table ronde réunissant notammentMM. Hans Goran FRANK (député social-démocrate),Olof G. TANBERG (Secrétaire international de l'Acadé-mie, Royale des Sciences) et Oswald Soderquist(Député du Parti communiste de gauchß). Elle adonné lieu à un dialogue riche et vivant. Lesparticipants ont conclu à la nécessité d'aider lesimmigrés kurdes à obtenir tous les droits et avan-tages reconnus aux autres communautés d'immigréset de soutenir concrètement la lutte du peuplekurde pour sa liberté.

UNE SECTION KURDE A L'ECOLE NORMALE SUPERIEUREDE STOCKHOLM.La Direction des Enseignements supérieurs et desUniversités a décidé le 29 mai 1984 de créer, dèsl'automne prochain, une section kurde à l'EcoleNormale Supérieure qui forme des enseignants pourles immigrés. Les premiers élèves de cette sectionseront recrutés sur concours. Après deux annéesd'études, ils seront habilités à donner des coursde langue et de littérature aux enfants de la com-munauté kurde de Suède.

Depuis une dizaine d'années, les enfants et lesadultes analphabètes kurdes avaient droit à descours dans leur langue maternelle financés par lesautorités suédoises. La récente décision del'Administration suédoise vise à améliorer la for-mation des enseignants, en particulier sur le planpédagogique.

Cette décision, sans précédent en Europe occiden-tale, a été accueillie avec beaucoup de satisfac-tion par les Kurdes de Suède et au-delà par l'en-semble de la communauté kurde d'Europe qui espèrevoir d'autres gouvernements européens suivrel'exemple suédois.

SPECTACLE DE CHANTS ET DANSES KURDES AU CONCERTHALL DE L'OPERA DE SYDNEYDans le cadre du Shell National Folkloric Festival,la troupe artistique de l'Australian KurdishAssociation présente, dans la soirée du 11 juin,un programme de chants et de danses du Kurdistan.

Ce Festival réunit tous les ans, au mois de juin,des ensembles folkloriques d'une quarantaine de

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ETATS-UNIS

MEDIAS

8 CASSETTES EDITEESPAR L'INSTITUT

nations. Il constitue l'un des évènements cultu-rels majeurs de l'année en Australie et, à oetitre, bénéficie d'un large éaho dans les médiasdu pays.La communauté kurde d'Australie est formée, pourl'essentiel, des travailleurs immigrés originairesdu Kurdistan de Turquie.

PUBLICATION D'UN PERIODIQUE KURDE EN ANGLAISLa aommunauté kurde de Californie regroupée autourd'AZADI KURDISTAN HUMANE FOUNDATION vient d'éditerun périodique en langue anglaise, pour informerl'opinion amériaaine sur les Kurdes.La Fondation Azadi Kurdistan a pour but de "pro-mouvoir la aulture kurde, éclairer le public amé-ricain sur le Kurdistan, fournir une assistancesociaLe et économique aux Kurdes nécessiteux et auxKurdes qui cherchent à se perfectionner à travers l'éducation".Le pJriodique "Azadi Kurdistan" dont le N°2 estparu en mai 1984 peut être obtenu au prix de $2 enécrivant à :Po 00 Box 526'1 SOUTH SAN FRANCISCO, California 94083 U.S.A.UuSoA.

Radio France Internationale diffusera le 3 juiLlet1984 à 21h, dans le cadre de l'émission "Arc enciel~ un programme spécial sur la culture et lamusique kurde.Ce programme a été éLaboré avec la collaborationdu Département de musique de l'Institut.Radio WDR (RuF.A.) a diffusé le 13 juin 1984 à 9hun entretien avea le Dr. Faulenbach sur le moiskurde à Dortmund; à 12h, la même radio nationaleest revenue sur cet évènement culturel avec unelongue interview du Prof. Pfaffv

NOUVEAUTES1) ARIF et HESEN CIZREWf, chants d'amour interprétés

par les plus populaires chanteurs kurdes des années 50160.

2) DENGÊ JINÊN KURD, (la voix des femmes kurdes), recueilde chansons anciennes interprétées par Zadina $ekir,Meryem Xan, Ay~e $an, Nesr'În$irwan, etc..

:1) ARAMÊ TÎGRAN, 18 chants d'amour, par l'un des meilleursconnaisseurs de la chanson kurde, actuellement à Erivan.

1) LEYLANÊN KURDÎ, musique instrumentale kurde, flûtebergère et double flûte.

5,6,? & 8) MUSÎK.TYA GELERIYA KURDISTAN I, II, III &IV,musique populaire kurde sorani, interprétée par le Groupepopulaire d'Erbil (I) et par des chanteurs kurdes sovié-tiques (II ; UIF et IV}

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•SIVAN 8 ET 9

LIVRES

LE N° 2 DESTUDIA KURDICA

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Deux nouvelles cassettes du chanteur kurde de Tur-quie $IVAN, viennent d'être éditées en AllemagneFédérale. $ivan est très populaire dans l'ensembledu Kurdistan pour ses chants patriotiques.

Viennent de parattre :"La lune dans le ciel de Diyarbakir", recueil depoèmes de Rojen Barnas, en kurde. Invandrarförlaget,Boräs, Suède,119 p."Kurdistan und die Kurden", Traduction en allemandde l'ouvrage collectif publié sous la directionde Gérard Chaliand, édité par Gesellschaft fürbedroh te Vö'lker, Gö'ttingen, 4? ?p,~',"Musto, Sahhe une Ousso, eine Geschichte aus Kur-distan", de Michael Muermann, Lamuv Verlag, Born-heim-Merten, R.F.A., 160 P."Bergtürken oder Kurden ? Das Kurdenproblem in derTürkei~de Hugo Walser, Deutsches Orient-Institut,Hamburg, 1983, 88 P.

Le N°2 de la revue du Centre de Recherche de l'Ins-titu para£tra fin juillet.Au sommaire :EN ARABE

,- Point de vue sur la stratégie passée et présentedu mouvement nationaliste kurde, I.C. Vanly.- La poésie lyrique kurde, Basile Nikitine. {traduc-tion et comnUimtairepar Halkawt Hakim}.- Libres Opinions: Le mouvement nationaliste kurdeet la naissance de la bourgeoisie kurde ; réponseà Siyamend Othman. Dr. S. Mulla.- Plaidoyer pour l'Académie Kurde de Bagdad,J. Heydart.- La révolte des Barzani dans les années 1940, àpartir des Archives britanniques, Narmine Abu-Bekir.EN PERSAN- Le Parti Tudeh et la question kurde, A. Mahabadi.- L'Etat et les tibus kurdes en Iran: le cas deSimko, Martin Van Bruinessen.- Culture et musique kurdes, Ayako Tatsumura.- Interview: Sheikh Izzedin et l'Islam.EN TURC- Point de vue sur la politique soviétique àl'égard de la question kurde; Siyamend Othman.- Les organistion politiques kurdes à Istanboulaprès la Première Guerre Mondiale, Daniel Méthy.- La peste au Kurdistan à l'époque l'empire ottoman.

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... 1" • J" ~,~.

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PUBLICATIONS EN VENTEL'Institut Kurde diffuse des livres, disques et cassettes.Vous en trouverez la liste ci-dessous. Pour vous les procurer,envoyez le bon de commande ci-dessous, avec votre règlement,par chèque, CCP ou mandat. Aucun evoi ne sera fait contreremboursement.

LES KURDES, de Basile NikitineLES KURDES ET LE KURDISTAN, ouvrage collectif, MaspéroKURDISTAN UND DIE KURDEN, ouvrage collectif, en allemandLE KURDISTAN IRAKIEN, ENTITE NATIONALE, de I.C.VanlyLETTRE A L'UNESCO, de Beiikçi, en turcMA VIE DE KURDE, de N. ZazaLES CHAMPS DE YUREGHIR, de Y. Güney

GRAMMAIRE KURDE, de Bedir Khan et LescotMANUEL DE KURDE SORANI, de J. BlauANTHOLOGIE DE LA POESIE POPULAIRE KURDE

TEMO, BARDE DU KURDISTANCHANTS ET MUSIQUES DU KURDISTAN, Groupe KOMA ZOZAN

110 F35 F40 F90 F20 F70 F85 F

125 F80 F35 F

70 F55 F

DENGÊ WELAT : Cassettes éditées par l'Institut Kurde.1) ARIF ET HESEN CIZREWÎ2) LA VOIX DES FEMMES KURDES3) ARAMÊ TÎGRAN4) MUSIQUE INSTRUMENTALE, flûte bergère et double flûte5, 6, 7) MUSIQUE POPULAIRE KURDE

BANG lN 0 JIYANB~RTî' WERGÊR

... °BIRINDAR, N 1,2,3 35 FDILGEiFEQIYE TEYRA, N° 2GULISTAN, N° 1,2,3~IRIN, N° 3~IVAN, N° 1,2,3,4,5,7THE VOICE OF KURDISTAN, musique des peshmergas.ZILFÎ, N° 3

~IVAN, N° 8,9 40 F

Cartes postales couleur (2F), noir et blanc (lF)Affiches de l'Exposition & de l'Inauguration 20 FMizgîn N° 1 et 2Hêvî N° 1 et 2Studia Kurdica N° 1Bulletin de l'Institut (numéros précédents)

15 F40 F40 F15 F

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LIVRES ET PERIODIQUES EN LANGUE KURDE

POESIE Ciger3JJJtn : RONAKZEND-AVISTASEFAKHl;vt

Firat Cewert : Dl; $t:RtNE 25 F

LIVRES D'ENFANTS

PERIODIQUES

RO\1ANS

M. E. Bozars Zan : MEYRO...MIR ZOROGURÊ BILURVAN

M. Bakst : KEÇA KURD ZOZANZAROKÊN IHSAN

A. Lindg!'enJ I. WikZand : BELÊ ...LOTTA KARE BAJOG. Be!'~st!'om : MA TU TIRSONEK I 'iLF...oN9..OBERGL. Fe'P'/,akJ J. Ca!'Zb!'and .. MA GAKUVI KUCIKAN DIXWIN

KINO DIGOT ALIKARÎ BIKIM... ...ALFONSE $IT

H6ttn (nO 1 d 8)

H6vt (nO 1 d 11)Kutttk (nO 1 d 11)Roda Na (!'evue a!'tistique et auttU!'ette) (nO 1 à 4)

Tt!'6d (nO 2 à 4)

E!'eb $emo : DIM DIMMahmut Bakst : H2LtNBi!'tnda!' .. XANt

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10 F12 F20 F

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SYDNEY MORNINGHERALD

~FINANCIAL TIMES

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vie culturelle---\\--

TEf40IGNAGE CHRETIEH 14/5/1984 LIBERATION - 21/5/1984

EXPOSITION.. Reg.rd. sur I•• K~ ••. une exposition de photographie nous est pro'posée par l'Ins-

t1t~t kurda de Parls.""-.n Bertolino, Ann Eriksson, G,jrard Gu/ttot, Chris Kutscher. etR~. ont 8&llIlle. aspeetll leI plull méconnull de cette contrée Qui s'étend des söurcesdu Tigre et de l'Euphrate' l'Union sovl~tlQue, A travers l'Iran l'Iraq la Syrle la Turquieet l'URSS. ' , ,

Jusqu'au 31 mal, de 12 h • 19 h, à l'Institut kurde de Paris, 106, rue Lafayette 75010 Pari!>Tél. 824.64.84.

INITIATIVES•1I1_!WI'" A"I,Expophol .... d'd'U sur JesKurdes ». Insmul kurde,J06 rue la Fayette, ParisJO', 824 64 64, jusqu'au,JJ m.a!, J2h-J9h. .

L'OFFICIEL DES SPECTACLES16/5/1984

• A l'InstItut kurde. '06. rue Le Fayette, 824-64-64 : • Regards sur les Kurdas c. Photogra-phies. Jusqu'au 31 mal.

LE MO~DE - 10/5/1984

7 A PARIS .. 16/5/1984REGARDS SUR LESKURDES (jusqu'au 31 mai), photographies

de J. Bertohno, A Eriksson, G Guitot, C. Kutscheraet Reza. A l'lnshtut Kurde 106. rue La Fayettê' (llJo),824.64 64. Ouverte de 12 h à 19 h Entrée libre

LE nOUVEL OBSERVATEUR18/5/1984 HŒIANITE-DH1ANCHE - 20/5/1984

M.H.(I) Institut kurde, 106, rueLa Fayette, Paris. Tél.'82464.64

REGARDS SUR' l ,A ~LJl',

• Cinq pholOgraplI., Uu( jJM~ouru leKurdistan et témoignent de la beauté,de la force, de la lumière d'un pays quircfu~e de m(lurir. A. D.{n,{/fUf kl/rde dl' Pans. 106, TUl' La Fal'l'Ile,('ans-IO', ju>qu'au JI

LA VIE OUVRIERE14/5/1984

REGARD SUR LES KURDESJusqu'au 31 mai, l'Institut kurde de

Paris présente les œuvres de cinqphotographes ayant aimé le paysmillénaire des Kurdes: Jean Berto-lino, Ann Erikson, Gérard Guittot,

IChris Kutschera et Reza. (106. rueI ilfitvr-Hp, 75010 Pitri!l. té!.'

I :.-11,,1 ,1\ I

PARISregards sur~Kurdes

Plus grande est l'erranceinjuste d'un peuple, plusgrandes sont les interroga-tions enracinées dans lesyeux des femmes et desenfants. Neuf photographesont traduit, dans une expo-sition présentée jusqu'à lafin mai (I) à l'Institutkurde, des instants de la viedes Kurdes. Ils sont vingtmillions répartis dans leurimmense majorité en Tur-quie, en Iran et en Irak. Lesimages de violence, aux-quelles nous sommes con-frontés hahiluellrmC:II', 1:11,srnl le Jla~, ici, à \'mlprc~-

sion apaisante qu'en dépit Fondé en février 1983 àde l'oppression la vie se fai\4 Paris, l'Institut kurde s'estplus forte que la guerre-:~; donné pour mission la sau-Hommes au maquis, au tra- vegarde, le renouveau et lavail, femmes et enfants stir- I diffusion de la culturepris dans leurs quotidie~:~ kurde. Y participent desconfient au visiteur la pa'~;,; écrivains, des historiens etd'existence où se refait, cha-S1 artistes s'attachant à mettreque matin, la' permanence;' ~ à la disposition des exilés deCar la résistance trouve.: la diasp,ora, un patrimoineaussi des racines dans les, auquel les Kurdes n'accè-liens sensibles, premiers, des~ dent pas. L'Institut abritehommes à leurs terres, A une bibliothèque, un centreleurs activités: paysans aux de langue, de littérature etchamps, labours, moisson, d'arts plastiques. Il proposetroupeau, barattage du fro- des cours de musique,mage, fabrication du pain. anime l'édition de brochu-'Ces vues transmettent la res, produit des vidéos, desgrande patience des hom- cassettes de chants. Desmes à construire. Malgré expositions y ont régulière-J'interdiction de toute mani- ment lieu.festation artistique, malgrél'interdiction de toute publi-cation et celle, faite auxKurd!";, dc parlcr ICllr lan-ßUC.

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Dedicata ai curdi.

Articola e foto diLaura Schrader

atlo dai governi dei Paesi in cui il Kurdistllnè divisa. Per esempio, negli ultimi cinqueanni su un tcrritorio di confine grande trevolte il Libano sono stati rasi al suolo circu1500 villaggi e alcune piccole cittll, brucillticampi e" foreste, chiuse con il cemento lesorgenti, c gli abitanti (circa 800.000) sonostati deportati in campi di conce.ntramcnt~custoditi dall'esercito. Ma tra glt strumentldi lotta non c'è, fortunatamente, il terrori.smo internazionale. I movimenti politici'«urdi 10 rifiutano, come rifiutano i fanati.smi religio<;i e, salvo rare eccezioni, ideolo-gic nazionalistiche 0 ra.zziste. C?mbattonoinsieme alle forze pollprogresslste arabe,turche, persiane per affermare la democra-zia, presupposto per l'autonomia e la pac~.Gli studenti che si trovano ail 'estera vogllo-no contribuire alla lotta facendo conoscerela drammatica situazione delloro.popolo ela lara cultura. A Torino gli studenti diAKSA hallJ10 organizzato spettacoli di mu-sica e danze folkloristiche, una serata dedi-cata alla poesia e, negli ultimi due anni, laloro festa nazianale, Nawroz, con la partc-cipazione di numerosi student~ da altre clttad'Italia e d'Europa. Nawroz, 11Capodannokurda, si celebra il 21 marzo, equinozio dlprimavera. È un'usanza certo precedente aZarathustra e probabilmente radlcata in an-tichissimi riti agricoli della primavera e delfuoco, come le feste di San Giovanni nellecampagne d'Europa. Ma seconda la leggcn-da la festa dei Nuovo Giorno risale alla libe-razione dei Kurdistan da un crudele tirannoper mana di un mitico fabbro, e i fuo~hl chesi accendono sulle montagne sono slmbolodi libertà.

~ .~Ioc.l!

Mostra dal2 al20 aprilein via Assarotti 2

<;oprusi e di violenze di agni genere me.ssi !?milloni di persane che rappresentano Il p~ugrande gruppo etnico-linguistico in MedIOOriente dopa Arabi e Turchi rimase-easoforse unico al monda almena in queste pro-porzioni-colonizzato sul propri? territor!o eprivata, come in Turchia, perfmo del nco-noscimento della propria esistenza. E lastoria kurda è da sessant'anni una storia diresistenza armata sul territorio, di rivolu-zloni, di attlvità politica, dl scioperi e mani-festazioni, di interventi aile Nazioni Uniteper difendere l'ldentità nazianale e .la stessasopravvivenza fisica: perchè la s~on~ kurdaè da ses~ant'anni anche una stona dl emar-ginazione e di miseria, di massacri e. di .tor~ture. di bombardamenti e impiccaglonl, dl

(TIprimi studenti kur~i arrivarono. a

I Torino cinque annl fa ed erano In

due. Ora sana una trentina, il nu-cleo più numerosa In Italia insie-

me al gruppo di Venezia. Molti fanno partedl AKSA, associazione degli student. delKurdl~tan all'estero. Hanna pas~aporti ira-chen! e iraniani, più raramente, almena inItalia, turchi e siriani. Ma pensano, parlanoe vivona (<in kurda», orgogliosl della loronazionalità che eSlste di fatto, se non di di-ritto, ed è profondamente diversa da quellaaraba e turca e differente da quella persia-na. Come i Persiani, i Kurdi sono indoeuro-pei. .La lingua araba è lontanissima dalle lingueeuropee, e cosl pure il turco. Si puo imma~i~nare con quale disagio e difficoltà i bambInikurdi aftrontino gll studi in queste lingue equanta alto sia, di consegue~~a, il t~sso dianalfabetismo. Anche perche I Kurdl ama-na intensamente la lara hngud e la lara cul-tura e riconoscono nei tcntatlvl di a<;simila-zione un programma di genocidlO culturale.Alcuni prcferiscono, sia pur tra mille dlffi-coltà, continuare gli ~tudl in Europa, chesentono culturalmente più VIClna e dovesono liberi di affermare la propna identitilnazionale. La spartlzlone dei Kunli.,tan (unpaese geograflcamente un lia no va.,(o qlla'>!quanta la FranCia, prevalen(ellll:n(e lIlon-tuoso), ri~ale agli anni VentI Dopo la eadll-ta dell'Impero Ottomano il Kunh.,(anavrebbe dovuto co<;tltuire un terntono all-tonomo. A que!.to .,copo i Kurdi avevanocombattuto tin dalla met à del .,ecolo .,cor<;oed avevano invJato delegatI alla Soclet;\ del-le Nazioni. La scoperta del petrtilio 111 terri-torio kurdo indus<;e gli Alleatl a tradire lesolenni promesse e a dividere il Kurdi<;tantra Turchia, Iran, Irak e Slria per ~partirnele risorse. Co<;l il popolo kurda, circa venti

ILKUB.DISTAN:UNA ,J\EALTA

Si inaugura luned12 aprile aile ore,12 all'Informa Oiqvanl(via Assarotti 2) ..Kurdistan: una rea1tà - Poto e poesie ill7nostra». Torino è diventata negli ultimi anni la capitale de-gli studenti kurdi in Italia (tanto che Ill,Rete 3 ha prodottoun filmato sull'argomento) e grazie all'attivitè. dl Aksa. laloro associazione, è stata sede' di spettacoli di folklore, feste,manifestazione culturali.

Anche ln quest'ultima occasione la cittè. di Torino ha di-mostrato Ill,sua attenzione verso una .realtè.. poco cono-scluta In ItaUa nonostante le sue singolari valenze culturalie sociali pubblicando, grazie aU'Informa Qiovanl. un volu-metta dl poesie dl autorl kurdi contemporanel che appalonoper la prima volta ln Italiano neU,averslone {loetlca dl Fran-cesco Rodolfo Russo, I

Il volumetto verrà offerto al pUbblico .n occaslone deUil,conferenza stampa dllunecU prosslmo a cul parteclperannoesponentl dl Aksa. dl Amnesty International e la stornali-eta Laura Schrader, La mostra fotosraf~a rlmarrà apertafino al 20 aprllo con orarlo 10.18, domenlca osclusa,

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: Turquie

j Morts contre l'enferA Diyarbakir, des dizainesde Kurdes ont choisi de selaisser mourir de faim.Et les militaires escamotentles cadavres.

Diyarbakir dans un état désespéré: onest sans nouvelles d'eux. Par uneinformation distribuée au compte-gouttes et des enterrements express, lepouvoir s'applique à minimiser l'am-pleur du mouvement Les militairesg:lrdent les tombes. ~urveillent lesfamilles des morts.

Vn 1't!/lT de terreur s'est abattusur la prison après le /2 décembre/980 .. écriv31t en septembre dernierMahmut Guvcn - un des 2000 déte-

Un militaire entrouvre le couvercleI du cercueil: "Voilà. c'est votre

Ifils." Puis la mère est éconduite tan-dis que l'armée se charge de l'enterre-

I ment, rapidement et en toute discré-tion. Ainsi sont anéantis, jusque dansla mort, les prisonniers kurdes deDiyarbakir. Selon les rares informa-tions qui ont filtré, 43 détenus ontcommencé une grève de la faim débutjanvier. Onze sont déjà morts. Onze!Une dizaine d'autres ont été transfé-rés début mars à l'hôpital militaire de

nus de la prISon de Diyarbakir -dans une lettre de 55 pages qu'il avaitréussi à faire passer à l'extérieur. Defait, les conditions atroces de déten-tion, la pratique systématique de -latorture dénoncée par Amnesty Inter-national ont déjà suscité quatre grèvesde la faim depuis 1980. On estimequ'une centaine de prisonniers sontmorts des suites de ces protestationsou des sévices innigés par les gar-diens.

Le dernier sursaut de révoltedate du 3 janvier. Profitant de lavisite hebdomadaire, les détenus seréunissent devant les parloirs etcrient: "Toute la prison est en grèvede lafaim illimitée. Nous ne voulonsplus mourir un à un sous la torture.Qu'ils nous fusillent. qu'ils nous pen-dent, mais nous n'accepterons plusjamais la torture ... " La police mili-taire intervient alors et chasse lesfamilles en faisant plusieurs blessésparmi les femmes et les enfants, tan-dis que les prisonniers sont reconduitsdans leurs cellules. Deux jours plustard, dans la nuit du 5 au 6 janvier, lefeu prend dans deux cellules; huitprisonniers sont brûlés vifs, cinqseront identifiés. Le mouvement degrève de la faim prend alors de l'am-pleur et les détenus décident de boy-cotter les visites familiales. II aurafallu attendre qu'un certain nombrede mères aillent à Ankara occuper lesiège du parti du peuple (Halkci)pour que l'on réalise l'ampleur de latragédie de Diyarbakir.

Celle-ci en dit long sur la margede manœuvre laissée au présidentTurgut Ozal, élu le 6 novembre der-nier, et sur l'espoir de libéralisation liéaux prochaines élections locales du 25mars, auxquelles participeront troispartis qui n'avaient pas été admis lorsdes législatives de novembre. Le faitque M. Ozal n'ait même pas pu pro-poser une amnistie souligne combienson pouvoir est limité.

Depuis septembre 1980, 5000militants kurdes ont été jugés par lestribunaux militaires turcs. Et chaquemort en prison renforce les Kurdesdans leur conviction que leur terre estbel et bien «occupée" par les Turcs .•

Chris Kutschera

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NECMETTiN BÜYÜKKAYA

In •memorIam

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Zoals bekend, began begin dit jaar in demilitaire gevangenis van Diyarbakir eenhangerstaking met het doel het afschaf-fen van de rechten die de gevangenendoor een eerdere hangerstaking haddenverworven, weer ongedaan te maken.Een van de eerste berichten over dezehangerstaking betraf de dood van eenvan de leiders van de koerdiese bewe-ging, Necmettin Buyukkaya, die werdbeschouwd ais een van de organisatorenvan de hongerstakmg. ln eerste instantiewordt zijn dood door de mihtaire auto-riteiten ontkend. Tegenover AmnestyInternational verklaarde de komman-dant van de staat van beleg in Diyarba-kir, dat Necmettin zelfmoord zou heb-ben gepleegd. Op 16 februari 1984 ver-klaarde een broer van Necmettin Buyuk-kaya in een reportage voor de zweedsetelevisie, dat zijn broer in Siverek onderstrenge veiligheidsmaatregelen werd be-graven. Hij had van zijn ouders gehoorddat Necmettin wàs gewurgd en dat zijnnek was gebroken.Necmettin Buyukkaya was een kind vanarme veeboeren. Hij werd in 1943 in hetdorp Karahan in het distrikt Siverek ge-boren. Necmettin maakte de lagereschool af in zijn dorp en wilde graagdoorleren. am naar een Orta Okul tegaan zou hij naar Siverek moeten, watmoeilijk was omdat zijn fanlIlie er hetgeld niet voor had DOUI dc hulp vanfamilieleden 10 Siverek was hl] in ~taatdeze middenschool af te maken, om Infeite weer opnieuw in deLClfde proble-men te geraken. ln 1%4 gmg hl] opgoed geluk naar het Ziya (Jokalp-Iyceumin Diyarbakir. Samen Illet een .lalllaivrienden woonde hl) 111 een pCII\IOn IIIDiyarbakir. Het wa\ een bcl.JIIJ!/ilk 1.1.1 Ivoor NecmettIn, omdat hl) kCIIIII\ 111.1,1"

te met de grote \tad, Illet de alillocdc Cilmet dagenlang honJ!erll)dcn 1111"W.JIIIdat ]aar erg moedl)k rOlld III l '!r.'; wCld11Ijtoegclaten tot cell \I.Jdl'lIllelllaal l'IIvertrok hl) naa/ 1\1I.JII.J l\;a.J\1 11)11 \llIdll'werk te hl) dJJI al\ IlIdp III cell al'I>lllel'''en ah kJloCnpiukkCI 1.111 III Iqll Ievell'onderhoud lc VOlll/it;1I /11 Dly.llh,I"11ontwlkkcldc NCCIllCI11I1 11)11 polillC"CbeWU~lll]n en bercldde hq Illh VI)('I opde \tri]d van hCl volk Na het iJeclIHiJgclIvan het IvceulIl. I!IIIJ!Ilq /cchlcn ~tllde-

ren in istanbul. Hier werd Necmettineen van de oprichters van de FikirKulüplen Federasyonu, de ferederatlevan opinieclubs (die zich later omvorm-de tot de Dev-Genç beweging, die debakermat vormde voor onder andereDevnmci Yol en Devrimci Sol). TegeliJ-kertijd was luj aktief bl] de weder-opbouw van de koerdiese bewegIng 10

Turkije. In 1968 richtte luj samen meleen aantal koerdiese kameraden een VJnde eerste 'moderne' koerdiese org3Ili~.J'ties op, de DDKO, de Revolution:ureKultureie Klubs van het Oosten. enwerd voorzitter van de afdeling istan.bul. Op 12 ma art 1971, na de tweedemilitaire interventie in Turkije, werd deDDKO verboden. In heel Turkl]c wer-den duizenden mensen gearresteerd enook Necmettin werd gezocht. Hi] onl-vluchtte Turki]e naar Syne. Tijdens zl]nverblijf in Syrie bezocht Necmettln oukgeruime tijd het hoofdkwartier VJI1 deKDP van Turkije, de Koerdiese Demo-kratiese Parti] van Dr. Sivan. NJ meer

dan een jaar ballingschap, werd Necmet-tm door Syrie het land ultgezet. Hijkreeg politiek asiel in Zweden, waar hijzieh bezighleld met de problemen vande koerdlese mlgranten. ln 1975, na deafgekondigde amnestie in 1974, keerdeNecmettm terug naar turks Koerdistanam daar aktief te zljn bi] de heropbouwv.Jn de koerdiese beweging.Op 14 apnl 1982 werd hi] In Diyarba-"Ir, waar hlj op bezoek was blJ vnenden.gearresteerd. Na maandenlang gemarteldte zl]n in de mIlitaire gevangems vanDiyarbakir, moest hi] terechtstaan inhet proces tegen DDKD in Diyarbakir.Ti]dens ziJn gevangenschap heeft hij zichaktlef mgezet voor de verbetering vanhet lot van de politieke gevangenen.Hlj wist dat het reglern hem dit kwalijknam en dat hij eens zou stervenVoigens zi]n vrienden in de gevangenlsIdrtte hlj de dood met de woorden:'Mlrin deyâte bimire' ('Dood, valJood').

Vnenden van Neemettl11 Buyukkaya •

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20 AVRIL 84

E.L.parrecueillis

pour discuter de cette affaire, lereprésentant du PDK en Europe .. aété arrêté lors de son arrivée àl'aéroport à Paris, fouillé et retenu'pendant plusieurs heures. Le fon-ctionnaire français dépêché à Bagdadpar le Quai d'Orsay est, quant à lui,revenu sans avoir pu obtenir d'in-formation sur les milliers de kurdesotages du gouvernement irakien. Le29 mars dernier, un diplomatefrançais, venu me voir à Lausannepour me demander d'intervenirauprès de la direction du PDK, m'aexpliqué que les moyens de pressionsde la France sur l'Irak étaient« limités », mais que Paris étaitdisposé à fournir une aidehumanitaire à la population kurde ...Ce que j'ai naturellement accepté.

Les familles des otages peuventquoi qu'il en soit être rassurées: lesKurdes n'en veulent pas à leurs en-fants et au Kurdistan, un otage estun peu un « hôte des kurdes malgrélui ». Sa sécurité est sacrée et on luiréserve ce qu'il y a de meilleur ...même si dans les montagnes la vie estrude, âpre et pauvre, même si lesKurdes n'ont pas la possibilité d'of-frir le confort auquel les Françaissont habitués.LIBERATION.- Demandez-vous Illa France de cesser ses livraisonsd'armes Il l'Irak ?

I.C.V.? Je crois savoir que lePDK ne réclame pas cela. Si les Kur-des prennent quelques otages, c'estpour attirer J'attention sur leur SOrl.Mais ces derniers - français ounon - seront libérés, sauf cas de'orce majeure. Il n'y a pas de doutelà-dessus.

Ismat Chériff Vanry, proche de la dt'rectt'on du Partt' démocratedu Kurdt'stan, s'explz'que sur l'enlèvement des

trot's Françat's en décembre dernt'er au K urdt'stan t'rakt'en.camps isolés les uns des autres etaussi de la population arabe. Pendantce temps, Bagdad implantait sur cer-taines des terres kurdes dépeuplées,en particulier autour des installationspétrolières, des tribus arabes semi-nomades et des «fellahin» (paysanségyptiens).

Dans la «région autonome duKurdistan» que l'Irak se targued'avoir créée, 2000 villages kurdesont été rasés tout au long des fron-tières iranienne, turque et syrienne.Les sources d'eau y ont été bétonnéeset le Département d'Etat américainlui-même appelle cet interminableruban de terre kurde (<< autonome »,selon Bagdad), la « Death Zone»- zone de la mort -.

Cette vaste région qui est adosséeà la frontière turco-irakienne acependant été repeuplée par les déser-teurs kurdes de l'armée irakienne quirefusent de se battre pour SaddamHussein contre l'Iran. Cela expliquenotamment l'intervention- demandée par l'Irak - destroupes d'élite turques du généralEvren en mai-juin dernier: elle visaità dégager la route commerciale et àassurer la sécurité de l'oléoduc Kir-kouk-Dortyol.LIBERATION.- Où en sont ac-tuellement les négociations avec laFrance pour libérer les trois otagesdu PDK?

I.C. V. Le PDK réclame lalibération de 57 de ses membresprisonniers de l'Irak (ou au moinsdes informations sur leur sort) et I"réinstallation au Kurdistan de 8.000civils kurdes originaires du Barzan etdéplacés dans le sud irakien. Lesnégociations avec la France en som,elles, au point mort. Invité en France Propos

Le 2 décembre dernier, le PartiDémocrate du Kurdistan des frèresBarzaci enlevait trois employésfrançais travaillant au Kurdistanirakien. Historien et juriste kurde,ancien porte-parole du général Bar-zani, Ismat Cbérlff Vanly qui restetrès procbe de la direction du PDK,eqJIique les raisons de ces enlèvements etfait le point des négociations avec laFraoœ.LIBERATION.- Depuis près decinq mois, le Parti Démocrate duKurdistan (PDK) détient troisFrançais. Pourquoi ?

Docteur ISMET CHERIFFVANLY.- Depuis quelques mois, lePDK dirigé par Idriss et MessoudBarzani, les fils du général Barzani,mort en mars 1979, a adopté unenouvelle forme d'action pour combat-tre le régime de M. SaddamHussein: la prise -d'otages detechniciens et d'experts étrangers quitravaillent au Kurdistan pour lerégime irakien. Mais il serait faux decroire que la France soit visée à causedes rapports plus qu'étroits qu'elleentretient avec l'Irak. Deux Italiens,un Egyptien, un Suisse et unThal'landais ont été enlevés avantRobert Laurent, Jean-ChristopheLefas et Yves Moy, tous trois em-ployés par la société Thomson.LIBERATION.- Dans quellesituation vivent aujourd'bui les Kur-des d'Irak?

I.C.V. Un demi-million de civilskurdes ont été déportés en Irak,essentiellement des femmes, des en-fants et des vieillards car les hommesvalides ont repris le maquis. Legouvernement de Saddam Hussein lesa « réinstallés» dans des régionssemi-désertiques du sud, dans des

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Les Kurdes de "urqule

du Kurdistan

cassera

les chaines de

l'esclavagerie.

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.3940 (-~ '" L <1& ~vanKaIS I-

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NIcosie 4._ -- "'1 .5 Y RIE \> km 30.0 ~".

Ils sont 30.000 en France, la plupart réfugiés politiques, beaucoup d'autres sont enAllemagne de l'Ouest, en Suisse, en Suède...

Ce sont des Kurdes qui ont èté contraints de quitter ces trois derniéres années l'Etat turc.

Leur histoire récente (depuis le début du siècle) nous interpelle, et bien des parallèlespeuvent être tracées avec d'autres peuples en lutte. 1922: la Turquie vit à l'heure de 1789. LaRépublique est proclamée par Kémal qui deviendra le symbole de la République une etindivisible, le grand démocrate qui modernisa le pays et créa l'Etat turc moderne et laïc. Naquitainsi le Kémalisme (dont notre jacobinisme a dû servir de portrait-robot). Aujourd'hui encore,le Kémalisme est la référence pour tous les partis politiques traditionnels (des ultra-conservateurs aux socialistes).

L'Etat turc englobe à l'est le territoire d'un peuple qui a sa propre histoire, sa propre langue,sa propre culture. Cette société kurde vit encore le féodalisme avec ses seigneurs (cc saga Il) etses chefs religieux. Pour les turcs, cette population des montagnes n'est pas civilisée.

Dès 1924, la langue turque fut déclarée unique langue ollicielle sur tout le territoire de laRépublique, obligatoire dans les écoles, les casernes et les administrations. La scolarisationevint alors obligatoire ainsi que la conscription.

Pendant une vingtaine d'années les jeunes kurdes colonisés par l'Etat turc vont vivre cettesituation comme une amélioration de leur condition au regard de la société féodale de leursparents. Certains s'expatrient vers l'ouest ... et c'est la cc ruée vers l'or» avec ses grandes écoles,ses administrations ... et surtout ses usines. Il faut dire que Kémal mène la vie dure à la sociétéféodale. Il n'hésite pas au nom du réformisme et de la laïcité à pendre certains chefs religieux etseigneurs féodaux.

Mais, à sa mort, les conservateurs qui prennent le pouvoir préfèreront négocier avec cespuissants seigneurs kurdes afin d'obtenir les sullrages des paysans de leurs villages.

Vers les années 70, toute la Turquie vit un certain bouillonnement, surtout dans les lycéeset les universités. Des groupes de jeunes kurdes s'organisent pour lutter contre les richespropriétaires terriens. Rapidement, on assiste à une cc kurdisation» du mouvement. Des Kurdesdécouvrent leur passé grâce à des ouvrages étrangers (la Turquie niant l'existence de cepeuple même dans les livres) et retrouvent leurs racines culturelles. /lfaut dire aussi que dansles grandes villes de l'ouest, dans la vie quotidienne et sur les lieux de travail, le Kurde estméprisé (cc Turc des montagnes »), même quand celui-ci a essayé de s'intégrer à la sociététurque. Une partie importante de la jeunesse Kurde est amenée à se battre sur deux fronts:

- Contre le féodalisme, ses seigneurs et parfois leurs sujets (paysans assujettis).- Contre l'Etat Turc.Elle trouve un relai dans l'extrême gsuche turque qui joue consciemment la carte du

nationalisme kurde. C'est ainsi que le Marxisme-Léninisme apparait au Kurdistan (beaucoupde combattants Kurdes sont aujourd'hui membres du P.K.K. : Parti des travailleurs duKurdistan créé en 1978). Vers la fin des années 70, ce mouvement séparatiste a pris une

Avril84

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tt~j,i.~t~p;~~~ampleur considérable. II y a eu des affrontements armés entre Kurdes d'une part (féodaux e.~~1.%~i:<'~';;%.€~séparatistes), et de l'autre entre Kurdes et Etat Turc. La social-démocratie alterne alors al;\:; ...::":.;.;.:::=.~.:;'.:::=/. pouvoir avec les conservateurs. Pour toute cette classe politique, Il n'y a pas de problème'.: :.:..:'.:.' '~:"'. kurde, cc II y a simplement une situation économique plus difficile en raison de l'absence

... d'Industries Il (Ecevlt, ancien premier ministre socialiste). C'est ainsi que les socialistes Turcsessaient de résoudre ce problème en promulgant une politique de déve/oppament économiqueaccélérée au Kurdistan. .

Mals rien y fait, et fin 78 les soclo-démocrates proclament l'Etat de siège ... Quelques moisplus tard, les conservateurs reprennent le pouvoir et échouent eux-aussi. La démocratieparlementaIre étant Incapable de résoudre ce problème, le dernier recours pour la républiquefut bien entendu l'Armée quI pris le pouvoir par un coup d'état le 12septembre 80. Les militairesvont alors écraser l'extrême gauche turque et occuper militairement l'est du pays, torturantplus de 200.000 personnes, en majorité Kurdes (voir le film VOL). SI auJourd'hui, l'Etat turc estdirigé par une potiche de Front Monétaire International (FMI) depuis le 6 décembre 83, lesmil/talres veillent, et la 101martiale reste en vigueur dans tout le pays avec une sévérité touteparticulière chez les Kurdes de Turquie.

II faut aussi souligner le r61etrés Important que Jouent les USA dans.cette partie du Proche-Orient. Les forces armées de Turquie sont un des piliers de l'OTAN, et l'est de la Turquie toucheà l'URSS ... Le Kurdistan est un quartIer général pour les fameuses forces d'Intervention rapidesaméricaines ... C'est ainsi que plusieurs témoignages attestent de la participation de conseillersmilitaires américains aux opérations de cc nettoyage )) du Kurdistan.

Nous avons rencontré plusieurs Kurdes, récents réfugiés politiques en France, cc abrités))dans un foyer Sonacotra à Reims.

Les évidentes difficultés de communication ne nous ont pas perml d'approfondir certainesquestions.

Où se trouve /e Kurdistan?Le Kurdistan se situe dans le continent

asiatique. dans la région du Moyen-Orient.Plus précisément, il englobe l'Est de laTurquie, l'ouest de l'Iran, le nord-ouest del'Irak, et une petite partie du nord de laSyrie.Que/le est l'histoire du peuple Kurde?L'origine des Kurdes remonte jusqu'aux

peuples indo-européens qui vivaient àl'époque des barbares dans le nord del'Europe (Pays scandinaves). Ils se sontdéplacés vers "Europe centrale jusqu'à lapéninsule indienne, vers l'Anatolie, etJusqu'aux plateaux de l'Iran. 1000 ansavant Jésus Christ, ces peuples se sontinstallés près du lac d'Urmia et du lacPrincipal (près de la Turquie actuelle).

Un de ces peuples, les Mèdes, ontcombattus d'une part contre les Perses quivivaient à proximIté, d'autre part contre lesAssyriens (néo-Syriens) qui avaient créé auMoyen-Orient un empire esclavagiste.Plus tard, les Mède~ sont devenus cc puis-sants Il après leur victoire sur les Perses. Ilsont alors, en 612 avant J.C, conquis etdétruit Ninive capitale des Assyriens. Cefut alors la fin de l'empire assyrien. Aprèsla défaite d<::sAssyriens, les diverses tribusMèdes se mélangèrent aux peuples vivantsdéjà sur cette terre ; une langue naquitainsi, une culture. Les conditionsd'existence étaient donc créées pour lepeuple Kurde.

Mais en 550 avant J.e., les Perses ontdétruit l'empire des Mèdes. A cette époque,l'esélavagisme commença pour les Kurdesainsi que la phase des occupations et desInvaSIOns...

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Les premiers Kurdes (constitués de clanset de tribus Mèdes) vivaient sous ladomination des Perses de 550 avant J.e.jusqu'en 330 avant J.C. Ils se révoltèrentsouvent, vaincus ils se retiraient dans lesmontagnes. C'est ainsi qu'ils gardaient unecertaine indépendance et continuaient àdévelopper leur langue et leur culture.

Lorsqu'Alexandre le Grand a vaincu lesPerses en 330 avant J .e., les Kurdes sontpassés, pendant une très courte périodesous l'autorité grecque jusqu'à la mortd'Alexandre le Grand (fin de l'EmpireGrec). Les Kurdes continuèrent alors leurdéveloppement sans dominationétrangère. A cette époque, les Arméniens,présent durant cette phase dedéveloppement, dominaient dans la régionjusqu'en 50 avant J.e. Ils se mélangèrentavec les Kurdes. Puis ce fut l'occupationdes Romains, des Macédoniens, desArabes, et la dernière a été l'ocëupationturque.Pourrie:-vous nous parler de votre

culture, de votre mode de vie ~Tout d'abord, les Kurdes ont essayé de

développer oralement leur langue poursatisfaire leurs besoins quotidiens. Puis il ya eu l'apparition de certains poêtes, oubardes, qui ont formé des poêmes et deschansons kurdes. Quant à notre mode devie, les Kurdes sont en majorité paysans.Ils peuvent utiliser ce qu'ils produisentpour survivre. Certains éleveurs ouagriculteurs vendent le surplus de leurproduction. Dans certaines régions encore,beaucoup de paysans travaillent chez despropriétaires terriens (cc saga Il : seigneurs)en échange d'un certain nombre deproduit~. Nous sommes encore dans une

société féodale. Pour les autres, il~travaillent dans les dépots de pétrole de~métropoles impérialistes pour survivre, carles richesses du sous-sol sont exploitéesdans toutes les régions du Kurdistan, pales Etats turcs, iraniens, et syriemL'exploitation se présente à tout momeret partout: sur les plans culturels, social:et politiques.

Tu peux nous précise: les richesses dsous-sol du Kurdistan ?

Nous avons le Chrome, qui est l'une dl.principales sources de devises pourTurquie, et bien sûr le pétrole. En IraI40% du pétrole iranien vient des zonlkurdes ; en Irak, la même chose et eTurquie 60% !On peut dénombrer combien de KurdesNous sommes 8 millions en Turquie, et I~

millions au total dans toutes les région~kurdes (seulement I million dans l'EtalSyrien).Par quels processus historiques, sociaU).

et politiques, leKurdistan a-t-il été morceilentre la Syrie, nran, IIITurquie et nrak

Grâce à la richesse de son sol et de SOIsous-sol, le Kurdistan a été une voie clcommunication entre l'Asie, l'Europt: ll'Afrique au début du développement dlcapitalisme.

Pour coloniser les Pays d'Asie comlT'l'Inde, la Chine, ou pour exporter Ilmarchandises et importer les matiènpremières, les européens ont utilisé Ilroutes principales qui passent au milieu dlKurdistan. Mais à travers le monde, SOIdans une société féodale, soit dans ur'société pré-capitaliste, les féodaux et Il

Courant Alternatif

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bourgeoIs ont souvent ete les premIers alutter pour l'indépendance, pour créer unEtat, C'est ce qui s'est passé en France aux17eme et 18eme siècle où les bourgeoisétaient « révolutionnaires ». Au Kurdistance fut tout à [ait le contraire; les seigneursse sont contenté d'opprimer le peuplekurde, de développer leurs relationsd'affaires en étant complices desexploiteurs (Perses, Arabes, Turcs, Shahd'Iran ... ) C'est ainsi que le Kurdistan a étémorcelé.

Quelles ont été les résistances du peuplekurde?

Au 1geme siècle, il y a eu de nombreusesrévoltes contre l'Iran et les Ottomans, maissans succès. Depuis la République Turque,il y a eu trois insurrections : en 1925, en1930, et enfin en 1938-39.

En Irak, de 1962 à 1975 il y a eu la luttede Barzani qui s'est elle-aussi terminée parun échec. Toutes ces résistances étaient desmouvements nationalistes mais leursleaders (<< chefs de guerre ») étaient desréactionnaires.

Quel est le rôle de la religion au Kurdis-tan ? Le rôle de I1slam ?

Avant la croissance de l'idéologieislamique, la religion qui dominait étaitZERDUST (culte d'origine arienadoration du feu). Cette religioncorrespondait à la société esclavagiste.

Puis l'Islam s'est développé. Cetteidéologie apparaissait progressiste, pour laliberté des peuples qui vivaient sous ladomination esclavagiste. C'est ainsi, quedans le temps, les peuples esclaves ontaccepté la croyance islamique.

Quand l'idéologie islamique a terminé sapropagation au Kurdistan elle a enlevé sonmasque en tentant d'assimiler la culture, lalangue. La structUre communale islamiquedevenait alors de plus en plusréactionnaire. Aujourd'hui même, ellecontinue d'être présente dans la société.Elle correspond à la société féodale, maiselle n'a jamais pu assimiler notre culture etnotre langue kurde.

Est-ce-que tu peux nous parler de la si-tuation qui règne aujourd'hui auKurdistan turc ?

Depuis septembre 80, les militaires ontenvahi le Kurdistan. Les militants ont étéobligés de se réfugier dans la montagne oude s'expatrier. Tous les soir, dans lesvillages, il y a des opérations militairescontre les paysans. Ils recherchent lescombattants kurdes et pour cela violent lesfemmes et peuvent emmener hommesfemmes ou enfants en prison pour leurfaire subir des tortures. Des charniersexistent comme en Argentine ...

Dans toute la Turquie, nous ne sommespas acceptés avec notre accent, notreculture, notre mode de vie. Dans certainesadministrations, si les Kurdes parlent leurlangue, ils ont une peine de 3 mois à 3 ansde prison! Nos parents ne savent pas lalangue turque et se font « avoir» dans lesadministrations à moins de passer par leseigneur du village ; les jeunes nesupportent pas!

Avril 84

Quels sont les mouvements de résistan-ce ?

Les combattants sont dans la montagneaux frontières de la Turquie avec l'Irand'un côté, avec l'Irak, de l'autre, dans des« zones libérées ». Ils préparent desopérations de lutte armée ; plusieurscapitaines et gradés de la junte turque ontété tués. Ces combattants ont la confiancedes gens, des paysans, malgré la peur, carsans aucuné procédure, ils peuvent se fairemassacrer. On résiste, mais face à l'arméeturque on a guère de moyens de le faire.

Malgré tout l'Etat turc n'arrive pasactuellement à contrôler tout notreterritoire. Mais il bénéficie de l'aide del'Irak. C'est ainsi qu'en Mai 83 la junteturque a mené une opération sur leterritoire irakien avec l'approbationexplicite de Bagdad. Ces opérationsmilitaires dans le territoire Irakien ouIranien deviennent monnaie courante. Ilne faut pas oublier non plus que dans laguerre Iran-Irak, les zones kurdes sontbombardées de part et d'autre, et que cesont les civils qui prennent.

Il y a une autre forme de résistance: dansles prisons, avec les prisonniers politiques(plusieurs milliers !)

Le 21 mars 1982, plusieurs militants duPKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan)ont été sauvagement assassinés dans laprison militaire de Diyarbakir. Pourprotester contre ces assassinats, le 14juillet82, des prisonniers commencèrent unegrève de la faim qui allait durer jusqu'au 8septembre. A notre connaissance deuxmilitants au moins sont morts, privés detous soins médicaux. Le 2 septembre 83, cefurent 100 prisonniers politiques quientamèrent une grève de la faim illimitée àlaquelle tous les prisonniers politiquesdans la prison prenaient part. Lesprisonniers n'ont terminé la grève qu'aprèsque furent exaucées les demandesformulées, c'est à dire de meilleuresconditions de détention, l'arrêt de latorture, et l'annulation des condamnationsà mort.

Mais ces droits obtenus"ont été ausSitôtannulés. La torture a repris, 62 peines demort définitives ont été pronotcées, 200autres sont prévues. DepuIS le 5 Janvier 84.la grève de la faim iiiimitée a repris et dureencore (au moins Il mllttants viennentd'en mourir !)

Quelle est laplace desfemmes dans votrelutte?

La « valeur traditionnelle ., de la lemmedans la société kurde est très grande. Lerôle de la femme n'est pas InOuencé par lareligion musulmane. Depuis un certaintemps, la femme kurde a augmenté son rôledans toutes les parties du Kurdistan. Elle I

Elles luttent pour le droit des femmes etpour la libération de notre peuple. En 1981il y a eu .des affrontements armés entrecombattants kurdes et militaires turcs: 2militantes ont été tuées.

Est-ce-qu'i/ y a des femmes kurdesréfugiées politiques en France ?

Bien sûr ! En France, en Suisse, enAllemagne, en Angleterre ...

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Aujourd'hui, non pœ du hommea, ma" Ct! .ont des squt!1 .. tte. qu'on Juge (Lf's dl-tr.nu" de la prison mflltalrt:de Diyarbakir.)

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A vez-vous des liens al'ec les travailleurimmigrés turcs?

Oui, on fait souvent des réunions avelles « progressistes turcs Il... mais il faut fairotrès attention car l'Etat turc se sert et paiedes immigrés (qui deviennent ainsi agentdu MIT: Organisation Nationale du Ren.selgnement) pour nous surveiller. Ce:espions s'lOfiltrent souvent dans Ie~associations turcs pour avoir de:.informatIOns et les transmettre,

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Cette situation est très différente d'un ~:~ :',~' ,'" ,/, , •pays à l'autre. En Allemagne, c'est très .1, ~ _' .. ;" ."difficile, en France ça va mieux, on est '. + ' .. ~ •• ,'':: .., .• ,

toléré. Il y a une très forte assimilation desKurdes dans les autres pays étrangers(autres que la Turquie, l'Iran, l'Irak et laSyrie ... ). En Allemagne, on oblige lesenfants kurdes à aller à l'école primaIreturque ... on les oblige à apprendre le Turc ..Si les parents n'envoient pas leurs enfantsdans ces écoles, les enseignants et lesadministrations européennes vom seplaindre à l'ambassade ... ce qui entrainedes arrestations lorsqu'il ~'agit detravailleurs immigrés kurdes se rendant envacances en Turquie dans leurs familles.

A vez-vous des lirns tlVec les forcesd'opposition au régime turc? N'ont-ils pas'endJmce à niB eux-aussi qu'il existe uneluestion /curde ?

Oui, bien sûr! la gauche turque est sous:lnfluence de l'idéologie kémaliste(eentraliste).

A quoi aspirez-vous? A un Etat /curde ?A une autoltomie ? A quelqae chosed'autre?

Tout d'abord nous voulons unKurdistan indépendant, démocratique etUNIQUE. L'autonomIe n'apportera rien!Par exemple au Kurdistan Irakien etIranien dans les organisations ou les partis,les seigneurs qUI sont à la tète désirent unKurdIstan autonome. En Iran, on a eu uneRépublique Kurde qui s'est crée en 1946...et qui a été ensUIte détruite.

Nous. on veut réunir le peuple kurde!Au Kurdistan turc, la ,ituation est en trainde changer avec l'apparition d'une classeouvrière qui commence à former une based'initiative pour la lutte de libération1ationale.

A vez-vous des liens avec l'URSS ?Aucun. Nous menons une lutte

lutonome des blocs.On entend en France, beaucoup parler

des A rméniens qui luttent aussi contrel'Etat turc. Que pensez-vous de cette lutte?

On ne peut pas nier qu'il y a eu ungénocide de 1,5 millions d'Arméniens en1915... Mais nous ne sommes pas d'accordavec la stratégie de l'ASA LA et sesattentats aveugles ...

A vez-vous des problèmes pour obtenirl'otre statut de réfugié politique dans lespays européens?

9 Courant Alternatif

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A.F.P. - Avril 1984

;iurQuie-prisonniers'~J_aTut"'Qlde"Gol..llaG"de l'Eut~ope, selon la fédét~ation des dt~oits de l'homme

: PARIS, 18 ,:tVt~(AFP) - La TW~Quie devient le "GoulaG" de l'OTAN, a affirmémercredi Me Christian Rostoker, secrétaire Génét~al adjoint de la FédérationInternationale des Droits de l'Homme, au cours d'une conférence de presse.

Rappelant Que cinQ Gouvernements (France, Pa~s-Bas, Danemark, Suéde etNorvéGe) émus par les atteintes aux droits de l'homme en TurQuie avaientdéposé une plainte contre ce pa~s devant le Conseil de l'Europe, Me Rostokers'est inQldété des "ct~édits impot~tants" consentis à Ankara pat~ les Etats-Unis."On finance ainsi un autre GoulaG", a-t-il dit.

Diverses personnalités, dont le cinéaste Yilmaz Gunez, l'Âvocat kurdeSerafettin Ka~a, le député européen Maurice Martin, de retour de TurQuie, ontapporté leur témoiGnaGe sur la repression dans ce pa~s, ainsi Que sur lesconditions de détention des détenus d' "opinion" dans les Pt~isons militaires deMamak à Ankara et de Di~arbakir dans le Kurdistan.

Me Ka~a, a notamment dénoncé le QuadrillaGe du Kurdistan par l'arméeturaue, les arrestations massives de kurdes, les méthodes de torture"app IiQuées s~stémat iQUenlent". "VinGt-troi s détenus sont déjà morts àDi~arbakir, et des centaines d'autres conserveront à tout jamais desséQuelles", a-t-il dit.

Pour protester contre cette situation, une marche, orGanisée par le comitéde solidarité avec les détenus politiQues des prisons turQues partira de Paris1e 21 avr il Pour GaGner StrasbourG' sitGe du Conse il de l'Europe, 1e ,7 ma i•

'Des marcnes similaires venant de RFA, de Suisse et d'Autricne converGeront surStrasbourG à la même date, à l'occasion d1un débat sur le maintien de laTurQuie au sein du Conseil.

mdr/sbAFP 181637 AVR 8~

"

DEFl~mRES nOUVELLES D"ALSACE2/5/1984

U~e •• •rmS~IOn ;du Conseil

en T~rquiede l'Europe

,' Pour la preÎD1ère fois depuis l'instauration, du régime militaire en Turquie en 19BO, une

mission. de parlementaires du Conseil del'Europe a pu pénétrer dans les prisons mili-taires de Diyarbakir, dans le Kurdistan turc,et de Mamak, près d'Ankara.

Au cours d'une conférence de presse tenueà leur retour à Paris, trois de ces parlemen-taires, MM. Claude Dejardin (socialistebelge), Bjorn Elquist (libéral,danois) et Jac-ques Baumel CRPRFrance) ont voulu. témoi-gner de ce qu'Ils avaient w sans porter de ju-'gement..

A Mamak. M. Jacques Baumel et ses deux. collègues ont affirmé que .les conditions sa-nitaires ne prêtaient pas à critique •• 1.500 dé-tenus y sont enfermés. Ce sont des. activistes

10

d6clarés. ou • terroristes. selon ln lIutorités.Les parlementaires se sont entretenus avecdeux détenus qui n'ont pas fait état de tor-ture.

Reçus par le chef d'état-major de la 7. ar-mée turque A Diyarbakir, 'où sont enfermés1.508 détenus dans une ,prison préwe pour300, MM. Dejardin et Elquist ont rencontréhuit prisonniers dont deux ont accusé lesautorités de pratiquer la torture.

Dix-neuf femmes, avec une seule gar-dienne, vivent dans un quartier qui leur estréservé et où il est interdit aux hommes depénétrer. L'une d'elles, Cahide Sener, a indi-qué avoir porté plainte, sans résultat, contreun capitaine qui était entré de nuit dans sachambre. Elle a affirmé avoir été torturéependant cinq mois et avoir notamment subi

la dalaka. (coups sur la plante des pieds).«Je ne suis pas morte, a':'t-elle dit, mall U :I •eu de n(lmbreux morts Ici, et cela continue-ra ••

Selon les parlementaires, 95% des détenusont entre 20 et 25 ans. Depuis 1979, 7.100 per-sonnes sont p4ssées par Diyarbakir, en majo-rité des séparatistes kurdes.

Les autorités de la prison ont démentitoutes les allégations de torture, affirmantqu'aucun interrogatoire ne se déroulait dansla maison d'arrêt. Elles ont toutefois reconnuque deux prisonniers étaient morts des suitesd'une grève de la faim. En mars dernier, desource proche des parents de détenus, onavait appris que onze détenus étaient décé-dés après 45 jours de grève de la faim.

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A.F.P. 14.4.1984

TurQuie-prisonniersOrGanisation d'une marche de Paris à StrasbourG

PARIS, 13 avr (AFP) - Des exil.s politiQues de TurQuie et du kurdistanturc r.sidant en France orGanisent une marche Qui partira de Paris le 21 avrilet arrivera à StrasbourG le 7 mai, pour d.noncer les conditions de d.tentiondans les prisons turQues, a annonc. vendredI le "comit. de solldarit. avec lesd.tenus po lit iQues des Pt' isons tW'Ques".

Des marches similaires orGanis.es depuis la R.publiQue F.d.raled'AllemaGne, la Suisse et l'Autriche converGeront sur StrasbourG le 7 mai,date de l'ouverture d'une r.union du Conseil de l'Europe sur la situation enTurQuie. Lors de ces d.bats, une d.cision doit ~tre prise sur le maintien dela TurQuie au sein du Conseil.

A ce propos, le comit. de solidarit., dont l'objectif est la constitutiond'une commission internationale d'enQu~te sur les conditions de d.tention dansles prisons turQues, a adress. une lettre aux membres du Conseil, d.nonÇant lasituation des prisonniers politiQues, la "r.pression exerc.e sur le peuplekurde" et l'absence de libert. de presse.

Des personnalit.s turQues, notamment le cin.aste G~ilmaz Gunne~, ainsi Quedes parlementaires europ.ens, des avocats et des artistes ont apport. leursoutien au cornit••

mdf/bbAFP 131556 AVR 84

L'EST-~EPUBLICAIN 30/4/1984

Boulevard de la Rochelle, les marcheurs ont distribué des tracts à la population

La longue marche des exilés turques et kurdesPartie de Paris le 21 avril, la

longue marche des exilésturques et kurdes, rassemblésau sein du comité de solidaritéav~c les détenus politiques desprisons turque~~it haltesamedi à ~r-lé-~c~près unenuit passé~!\sAa préfecturemeusienne, les- marcheurs ontpris le chemin de Verdun, qu'ilsont atteint hier soir.

Ils sont une quarantaine àmarcher vers Strasbourg, où ilsarriveront le 7 mai. Le pourquoide cette manifestation silen-cieuse et symbolique? Il s'agitpour ces Turques et Kurdes deprotester contre «l'oppression,la torture et la tyrannie qui,chaque jour, font des mortssupplémentaires parmi lesdétenus politiques emprisonnésen Turquie o.

«Aujourd'hui, disent lesmarcheurs, les cris de neufdétenus, qui franchissent lesmurs épais des prisons pournous parvenir; les cris de leursfamilles, qui ne peuvent leurrendre visite, sont une alarmepour toutes les personnes quiluttent en faveur d'une vraiedémocratie et du respect desdroits de l'homme.•

A Bar-le-Duc, les manifes-tants ont été reçus par M.Bernard, député-maire, avantd'être hébergés, pour la nuit, àla salle des fêtes de l'hôtel deville.

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LE_MATIND E PAR S

JEUDI 19 AVRIL 1984 •

•La pression de l'opInion in-

ternationale n'est sans doutepas étrangère à ce répit ac-cordé aux détenus de Mamak.Les comités de solidarité avecles détenus politiques turcs

l'ont donc décidé de faire appelaux « démocrates» euro-péens, « en vue de sauver lavie des prisonniers, et de ren-dre leurs conditions de déten-tion plus humaines ». Ils ontchoisi pour ce faire un moded'action qui a souri, enFrance, aux « Beurs»: lecomité français, regroupantdes immigrés turcs, de toutestendances, soutenu par de

nombreuses personnalités,Georges Marchais au cinéasteYilmaz Güney, organise àpartir de samedi une grandemarche de Paris à Stras-bourK, à laquelle participe-ront au départ une soixan-taine de personnes.

A Strasbourg, le 7 mai, cesmarcheurs seront rejoints pard'autres militants pour lesdroits de l'homme 'en Tur-quie, partis depuis le 16avril

. de Duisburg en RFA, de Zu-rich en Suisse, et de Vienne enAutriche.

Le 8 mai, les marcheursorganiseront un tribunal, encompagnie de parlementaireseuropéens, qui permettra dedébattre de la situation enTurquie, et de soumettre un« Jugement» symbolique auConseil de l'Burope, qui dé-battra à la meme date dumaintien de la Turquie en sonsein.

Bn février dernier, l'As-semblée du Conseil de l'Bu-rope s'était s~parée sans seprononcer sur les pouvoirs àaccorder à la délégation tur-que, .issue des élections légis-latives du mois de novembreprécédent: la gauche et leslibéraux la récusent, pour« manquement aux règles dela démocratie» au cours deces élections, mais conserva-teurs et démocrates-chrétiens,favorables au nouveau régimed'Ankara, avaient saisi unprétexte pour suspendre lestravaux.

Les marcheurs tenterontdonc de faire pression surl'Assemblée, à l'occasion desa 36"session ordinaire. Sim-plement pour que la Turquiecesse d'être le « goulag» del'Europe, comme l'a expliquéhier à Paris M" Rostocker• se-crétaire général adjoint de laLigue des droits de l'homme.qui soutient la marche.

Jean-Yves Huchel

litique, dans l'esprit des déte-nus eux-memes, des membresde leurs familles et de leurscomités de soutien, qui sesont constitués en dehors dela Turquie, doit d'abord leurassurer de ne plus être mal-traités, et torturés. Les déte-nus de Mamak, et ceux deDiyarakir s'étaient mis engrève de la faim, d'abordpour protester contre la fa-laka, bastonnade sous laplante des pieds, contre lescoups, les douches froidesdans des cours glaciales, oules morsures des chiens desgardiens. A Diyarbakir, où lemouvement avait été lancé,douze détenus sont morts, auterme d'une grève totaie, re-fusant l'eau' et les sérums.

A Mamak, à Ankara, pr~sde cent personnes sont tou-Jours dans le coma selon leursproches, bien que le mouve-ment ait cessé, l'administra-tion de la prison ayant finipar accéder à certaines deleurs revendications. Mais nulne sait pour combien detemps...

TURQUIENOUVELLESGBEVESDE LA FAIM

Environ BOOdétenus d'Istanbul veulentainsi obtenir le statut deprisonnier politique.

Pour dénoncer les atteintes aux droits del'homme dans lesprisons turques, des

marches de solidarité vortt être orga~isées en.Europe. Am.vée le 7 mai à Strasbourg

A PRES celle de la pri-son de Diyarbakir, oùsont emprisonnés bon

nombre de militants kurdes,apr~s celle de la prison deMamak à Ankara, deux nou-velles grèves de la faim dedétenus politiques ont débutédepuis le Il avril à Istanbul.Les autorités de l'état desi~ge, qui administrent direc-tement les prisons, bien que lepouvoir ait été officiellementrendu aux civils, ont reconnuhier qu'environ un sixi~medes 5 000 détenus des pri&onsde Metris et de Sagmalcilaravalent entamé un mouve-ment de ce type, pour obtenirun statut de prisonniers poli-tiques, la suspension du portobligatoire d'un uniforme deprisonnier et une amnistie.

Selon l'qence de pressesemi-officlelle ANA, lesautorités mllltalres affirmentque ces demandes sont abso-lument irrecevables, malsqu'elles s'assureront que lesgrévistes font l'objet de soinsmédicaux attentifs.

Le statut de prisonnier po-

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DU 20 AU 26 AVRIL 1984

IBD•

Le bastion kurdeGuerre dans la guerre. Intcrminnhle

bataille ... Depuis près de cinq nns. leKurdistan iranien défie le régime deKhomeiny, en revendiquant le droit àla différence. « La démocratie pourl'Iran, l'autonomie pour le Kur-distan I), clame avec véhémence toutun peuple en lutte.

Pour mettre au pas la provincerebelle, Téhéran a mobilisé quelque250 000 hommes: soldats réguliers,gardiens de la révolution, BassidjLDeux divisions d'infanterie de l'arméeiranienne, la division Qods (Jéru-salem) et la division Djoundoulah(soldats de Dieu), nettoient impitoya-blement le pays kurde. Bombarâe.mentI; à l'arme lourde, pilonnages parhélicoptère, villages «( purifiés »,blocus économique: rien n'y fait. Larésistance kurde n'a pas cédé, malgréun cordon militaire qui l'étouffe pro-

d'in~rcction ...ur 1'(1 autre front ».Selon la rb,i ...tancc, une « zone

lihérée » de 4(J(JOO km2, sur les125000 que comtitue la provincekurde, aurait été constituée. Elleaccueillerait une grande partie des25 (JOOpersonnes qui ont fui la zonedes comhats et constituerait un défi aupouvoir central. « C'est une régionparfaitement autonome, où l'état-major iranien n'a pu installer de bases.Nous y avons construIt deux hôpitaux,des dispensaires, et ouvert près de200 écoles. Unt\ réforme agraire est encours: depuis 1982, nous avons déjàdistribué 7 000 hectares de terres auxplus indigents et mis en place uneadministration totalement kurde. Sansaucun concours étranger I), poursuitDjl1lilGwudiani.

Est-ce si sOr? Des contacts au plushaut niveau ont été l,ris entre le gou-vernement irakien et le P.d.k.i. «( Nouspoursuivons enAcmble le mêmeobjectif: la chute de Khomein,Y. Il estnormal que nous nous trouVIons dumeme côté de la barricade I), disaitrécemment Abdoul Rahman Ohas-semlou, secrétaire général du partikurde. La I;ésistance utilise certainspoints de passage de la frontière ira-kienne pour acheminer médicamentset munitions. Depuis que la Turquiejoue les gendarmes contre les maquiskurdes, seul Ba$dad représente unallié objectif. Mals la coopération nesemblerait pas très fructueuse. « LesIrakiens, eux aussi, ont un problèmekurde à régler I), note Owadiani.

Le 5 avril dernier, tout de suiteaprès la fête du «( Nowrouz », lestroupes gouvernementales ont lancé lapremière grande offensive du prin-temps. Sans grand succès, apparem-ment. « Nous nous battrons Jusqu'aubout >l, soutiennent les pechmergasdans leurs réduits montagneux. Maisqui peut les entendre?

CHRISTIAN HOCHE.

Combattants kurdes du P.d.k.i.avant urie opération.

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Samedi 21 avril à 11 heures, plusieurs centaines de marcheurs prendront ledépart de la place de la Bastille, à Paris, en direction de Strasbourg pour unemarche de protestation organisée à l'initiative du comité de solidarité avec lesprisonniers politiques en Turquie.

Au cou~s ~'une .confé~ence de difficultés rencontrées à la prisonpresse r~ume hier matm au siège de la Mamak et le refus qui lui Iiété opposéFédération internationale des droits lorsqu'il a démandé à yoir les grévistesde l'homme (FlOH), des précisions de la faim et à assister à une audienceqnt été ,donnée,s sur, cette manifesta- de procès. Il a affirmé le soutien dutlon qUI devrait VOI~conv~rger ve!s PCF à la marche du ,21 avril, ajoutant~trasbourg, le 7 mal" plusieurs mll- que .les parlementaires communisteshers de marcheurs partis de France, de continueraient à s'opposer à la réinté.R.F:A., d'Autriche et de Suisse. gration de la Turquie à l'assemblée

Pourquoi Strabourg? Parce que parlementaire ~u ~o~seil de I:Europe.c'est dans cette ville qu'aura lieu, le ~n appel à 1qpmlon pubhque fran.9 mal, un d6bat à l'assemblée parle- çaIse et internationale a été lancé parmentaire du Consei! de l'Europe sur les person~alltés présentes, parmi les.une 6ventuelle réintégration des parle. quelles le Cinéaste turc Yllmaz Güney.mentai~es turcs dans cette assemblée. « Ecoutez notre vofx, a.t-i! dem.andéUne réintégration qui serait d'autant aux démocrates et aux pro~resslstes.plus scandaleuse que le régime au pou. Nous svons besofn d'~ne stt/tude plusvoir en Turquie, loin de mener à bien rdsolue de votre p'srt, nous avonsla démocratisation si souvent promise besoin de votre solIdarIté.» Un avocatdepùis le coup d'Etat militaire de sep. kurde, maitre Ayat, qui a passé plustembre 1980, multiplie les atteintes de sept m?is dans l~ terrible prison deaux droits de l'homme. Diyarb~klr, a témOigné des souffran.

Plusieurs p'ersonnalités ont con. ces qu y endurent les détenus, deflrm6, hier, 1aggravation de la situa. l'~c~asement d'un peuple de douze 'tion en Turquie. Le représentant de la ~'\Ilhops de !,urdes, à qui est déniéFlOH a souligné que les missions Jusqu au drOit de,parler, sa propre Ian.en~oyées dans ce pays par son organi- gue. « Ls T~rqUJe,a.,Hl dit, est deve.satlon r rencontraient de plus en plus nue une prIson a cIel ouvert.» Unde difficultés. Les membres de la der- po~te emprisonné deux ans pour sesnière délégation, en mars dernier écrits ,a parlé de ces prisons où l'onn'ont pu visiter les prisons où avaient assas~me, de ce pa¥s où les œuvres quialors lieu des grèves de la faim de déte. déplal,sent son~ Jetées au bOcher.nus: « Ls sftustfon lofn de s'smélfo. TémOignage pOignant aussi, celui derer, se dégrsde.» Même remarque de cet homme, Al}Kilitch, exilé politiquela part de Frédéric Weill représentant en, France, qUI a lu la lettre écrite dede l'Association des juristes démocra. l'mon par ,son épouse" rac?ntant lestes: « Ls sftustfon s'est aggravée a !ortures q~ elle y a suble.s, Jour aprèschscune des étspes, présentée par la JOu~,semaine a~rès,semalne. A Diyar-junte comme un pss dsns Is « démo- b~klr, elle au~sl. S,Ielle en est sortiecrstfsstion ». /1 est devenu impossible vlvan~e, comble~ d a~tres s~nt morts,d'svolr descontscts sur pIsce, en Tur. c~mb~en sont à Jamais mutilés, com-quie,» bien mquent encore ~e périr?

Maurice Martin, député commu. , ~a grève de la faim à Mamak estniste au Parlement européen qui s'est finie, Une autre vient de commencerrendu récemment à Ankara,' a témoi- dans l,es prisons d'Ist~n?ul. Chainegné dans le même sens, relatant' les sans fin de souf,frances Imposées au

peuple de Turquie par une.Junte'qui,forte de sa position dans l'OTAN deses alliances et de ses amitiés -. oJtre.Atlantique mais aussi en Europe -.semble peu se soucier d'une opinionpublique qui, jusqu'ici, i! faut le dire,s'est montrée assez peu émue par cequi se passe en Turquie.

Cette chaine de souffrances, pOu'r.tant, une autre chaine peut la briser:celle de la solidarité, celle d'un soutienaussi massif que possible à ces horn.".les et à ces femmes qui, samedi, par.tlront pour Strasbourg.

FRANCOISE GERMAIN.ROBIN

19/4/1984

LE VAR MATIN19/4/1!)04

Dix Kurdescondamnés èmort

Dix membres ~~ partides travailleurs~. r~s(P,K,K" mouvem,' 'P.4~.ratiste de gauche r, uYltotal de 303, ont été con.damnés à la peine de mortpar la cour de la loi mar-tiale de Diyarbakir (est de'la Turquie), 'a-t-on apprismercredi de source judi.,ciaire à Ankara,

-TURQUIE

UnepliJonàcielouverl»Témoignages sur les tortures

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- THE CHRISTIAN SCIENCE MONITOR

INTERNATIONALTUESDAY, MAY 15, 1984

SVEN SIMON

Iraq-Kurdish accord could alterbalance of forces in Gulf warI~TomSI&lIfIl' KurdlJh lutonomou8 region. Tho city of~1Il1ll ThIl CMlIIin Salina. MclnllOI Kirkuk would thU8 be an oncillvo llko

VIInnII Wellt BorUn, Mr. ShaikhmoU8 nid.Iraq'. KUNI may be 8 ltop clolKlr to Prior oxperience would lugeat cau.

achievtng nogotioUld autonomy - a ltop tloua optlmllm at beat for the accord'.that Iran II trying hard to block. palBlp. A 1970 qreement that promlIed

Accordins to Omar ShalkhmOUl, the Ilm.IIar mea.W'9I of autonomy lOOn col.European lpoke.man for tho Pat.riotlc lapsed. But Shaikhrnoul emphallzea that.Union of Kurdistan (PUKI, "A peace Idven Iraq'. need for manpower againstagreement ~tweon Iraq and the Iraqi fran, conditions for the eccord'I plsslngKurds Is now posalble and close to ligna. are more favorable now. .ture." The PU K has been negoUating with Among other proviIIons of thethe Iraqi government on bohalf of Iraq's agroement:2.6 mllllon Kurds. • The Kurdish guenillas - the Pesh

Such an accord, If signed, would allow Marga - would be reconstituted and des.Iraq to divert more of Its forces to the Ignated as the "People's MUitia." Theywarfront with Iran, which could alter the wOllldbe allowed to keep even their heavy8t.rateglC balance between the two weapons and would play a role beyondcombattants in the Gill! war. that of a local poUce force.

Most K\lrds appear to favor autonomy • Kurdish cultural institutions andwithin Iraq. Dut a minority. bucked by publications would be allowed to reopen.Iran, favore total . • BilingualismllClCll88ion. Pro-lKl' An accord with the Kurds would Kurdish andcession Kurdish äiiowÎ,.aèiTodiVertmore of'~ Arabic - ~o~ld beforces are now - - allowed WIthin thebased in Iran noar forces to the warfront with Iran. autonomousRezaiyeh and are region.allCMOdlyagain receiving financial and A well.informed source in London con.logisl.ical support from tho brovcmmenLof firms the contont of the accord but wouldAyatollah Khomeini. 'l'hoy al\1 known to not 8peculate as to whother it would aetu.be .fIghting alongside Iranian Rcvoluûon. ally be signed.ary Guards against both Iraqi and Iranian A cease-fire arranged la8t DecemberKurdish groups. Their leader is the son of ended more than 20 years of intermittentGen. Mustapha Mulla Barzani. who him. guerrilla warfare. According to the PUK,self led a Kurdish force 10 years ago with the truce ha8 been marred onIy by 0CCll'ald from Israel as well as Iran. sional "minor" incidents.

The Iraqi.Kurdish agreement would Ie- A fourth round of Kurdish.Iraqi nego.gitimize a political status quo already tlations Is under way in Baghdad, focus.achieved by the Kurds. If the accord Is ing on remaining details of the boundary8igned, the largest Iraqi concession would of the autonomous region. Iraq wants tobe a promise to transfer one-quarter of the keep the key towns of Dukan andnational, nonmilitary budget to a new 10' Surdash and is reluctant to ~ow dis.cal KurcIi8h administration. Thi8 amount placed Kurdish peasants to return to anII roughly proportional to the region's area nOAl'the Turklsh border. Thle maymare of the total Iraqi population of 13 be In I\1sponso to growing pl\188UrefrommiWon. This provision may woll be tho Turkoy, whollOown Kurdiah populatJon IIIItmuI IAlIItfor tho vlablUty of the entlnl larfIlland l'\lstlve. ,accord. 'l'urkey Is alllOmoneuverlnl \Q under.

Another major concesaion Involvoa the cut lInY llot.Llemont becllU611It flllll'llstatUll of Kirkuk, the reKionlll focua of Kurdloh outonomy ln Iraq will sot !lnIl'l1q'llolloxporl. indusl.ry ond long Il sUck. unwonWd prec:uclont. Iroq dopondo onInl point bocoUIlOor Ita strowK!c locotlon 'l'urkoy ror oc:onomlc survlvol: lrllq Ieand Ita mixod populol.lnn, 'l'ho Kurdish 'l'urkuy's mojor trllnsport link to Europe;and lruqi nUßoLllIwl'Ilol(l'~W Muy 7 thuL Iroq'a only oilllXport pipeline to EuropeU1ecity lind ILIllmmlldiowonvirons would trovorsull 'l'urkoy. Turkish pI"ll8SUI'\l,inbe rulad by joinL Arnb.Kurdish. thu ronn or bordur rolds dllep into IraqiTurkumnn odminhn,rllLÏ011.'J'hu l'Ilot or wrriLory ond diplomatie' monouvol'll, IsKirkuk Prov.lnco would, \lu port or the at.rongly rOlL.

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LlHIIT"~JITE - 8.5.1984

TURQUIE

Venus de Paris, de Genèl'e et de DOsseldorf, des centsines d'exilés politiques deTurquie, turcs et kurdes sont srril'és Ii Strasbourg pour protester cont~ IIIrépressiODet Is torturé dSDSleur psys. Ils l'eulent égBlement obtenir l'exclusionde I. Turquie de l'Âssemblh psrlements/re du Conseil de l'Europe. (De notre

enl'oyée spldllle Françoise Germsin-Robin.) (P. 6.)

•avec les représentants des syndicats etpartis de gauche dans les villes traver- ~sées, des discussions avec les gens àqui ils ont pu expliquer les raisons deleur marche, décrire la situation dansleur pays, une situation bien souventtotalement ignorée par leurs interlocu-teurs.

Le groupe venu de Suisse, par con-tre, s'est heurté à deux reprises à desprovocations et agressions de la partd'agents de la dictature turque, quin'ont pas hésité à faire usage dematraques et barres de fer contre lesmarcheurs à Colmar et à perturberune manifestation culturelle à Mul-house.

A Strasbourg, le meeting qui a eulieu hier soir place Kléber et auquel lesassistaient de nombreux habitants dela vilJe, s'est heureusement déroulésans incident, de même que la dernièreétape de la marche aujourd'hui de laplace Kléber au Palais de l'Europe.

Dans l'après-midi, une délégationdu comité de solidarité, dirigée par lecinéaste turc lImaz Guney, a été reçuepar le président du groupe commu-niste Théo Vial-Massat et par legroupe socialiste de l'Assemblée par-lementaire. Au même moment, dansl'enceinte du Parlement, on procédaità une vérification des pouvoirs desreprésentants envoyés par les diffé-rents pays. Ceux de la Turquie et deChypre du Nord ont été l'objet decontestations, ce qui n'empêchera pasles représentants turcs de siégerjusqu'à ce que le débat ait lieu. .

Ce. débat sur la validation, de leurpouvoir est prévu pour demain après-midi. Il y a malheureusement peu dechance que la contestation, introduitepar les groupes communiste et socia-liste, entraîne .l'exclusion des parle-mentaires turcs. Hier, en effet, lacommission politique de l'Assembléea adopté un projet de résolution mi-figue, mi-raisin qui reconnaît, certes,que les droits de l'homme ne sont pasrespectés comme ils devraient l'être enTurquie, mais crédite le régime aupouvoir de bonnes intentions, se féli-citant notamment du « déroulementrégulier» des élections législatives etmunicipales et du « respect du calen-drier de retour à la démocratie ».

La résolution se contente d'inciterles autorités d'Ankara a lever la loimartiale, décréter une amnistie enfaveur des détenus d'opinion et mieuxrespecter les droits de l'homme engénéral. Autant de vœux pieux, donton' a vu depuis quatre ans qu'ilsn'impressionnent guère la junte aupouvoir.

La journée de mardi à Strasbourgsera encore placée sous le signe de laTurquie. A la sal1e de la Bourse, destémoignages sur la torture et la répres-sion seront apportés par le Comité desolidarité avec les détenus. Au Palaisde L'Europe, une conférence depresse aura lieu à ('initiative des asso-ciations de travailleurs immigrés turcset kurdes et des partis de 1''1'" ' ,

peut être question de démocratie, sontabolies: liberté de penser, d'expres-sion, d'association, de presse, libertéssyndicales et politiques.

C'est cette situation que dénon-çaient les marcheurs. Banderoles etslogans d'une grande simplicitédemandaient la fin des tortures et desexécutions dans les prisons turques,l'amnistie pour les prisonniers politi-ques, la condamnation du régime fas-ciste et l'exclusion de la Turquie duConseil de l'Europe. Ils lançaientaussi un appel à davantage de solida-rité de la part des progressistes etdémocrates européens.

Les marcheurs arrivés de Paris (unesoixantaine) se déclaraient satisfaitsde l'accueil qui leur a été réservé toutau long du chemin. Des rencontres

Strasbourg, 7 mal. - Commencée il y a trois semaines à Düsseldorf. Paris etGenève, la marche organisée par le Comité de solidarité avec les détenuspolitiques en turquie a pris fin aujourd'hui à Strasbourg devant le Palais del'Europe où la question de la réadmission des parlementaires turcs à l'assembléedu Conseil de l'Europe et la situation en Turquie sont cette semaine au centredes débats.

LesdelaUberIé

Ils étaient environ 200 Turcs et Kur-des, travailleurs immigrés et exiléspolitiques, à participer à cette marchevers Strasbourg. Leur but: attirerl'attention de l'opinion publique despays traversés, mais aussi cel1e desvingt et un pays membres du Conseilde l'Europe, sur la situation en Tur-quie, un pays soumis depuis septem-bre 1980à une dictature sanglante qui,bien qu'habilJée depuis quelques moisd'une façade « civile », n'en continuepas moins de fouler au pied les droitsde l'homme les plus élémentaires:emprisonnements arbitraires, torturesdans les prisons, procès de masseinterminables, condamnations à mortet pendaisons sont le lot quotidiend'un peuple dont tous les droits sontniés par le régime en place.

Les libertés, sans lesquelles il ne

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LE I1ATn~DE PARIS - 5/5/1934

TURQUIEDeux Kurdescondamnés à mort

Deux militants du Parti des tra-",'illeurs kurdes (PKK) ont été con-,\ 'mnés à mort jeudi par le tribunalmilitaire d'Adana (sud de la Tur-quie). Les militants ont été déclaréscoupables d'avoir « tenté de créerun Etat marxiste-léniniste sur unepartie du territoire turc, d'avoirtué trois personnes et d'en avoirblessé quatre ainsi que d'avoirorganisé un vol à main armée àHatsy (sud de la Turquie) ». Au Icours du même procès, vÙlgt-trois

, militants ont été condamnés à la II prison à perpétuité, douze se sont ,

vus infliger des peines de prisonallant de dix à vingt-quatre ans deprison. Huit personnes ont étéacquittées.

LE MONDE - 19/5/1984

DEREIERES noUVÈLLES D'AL.3Jl.CE12/5/1984

Des manifestants kurdes à FR 3Une trentaine de manifestants kurdes se sont retrouvés

hier après-midi vers 16 h 30, dans le hall d'entrée de laMaison de la radio, place de Bordeaux à Strasbourg. Leur but:attirer une fois de plus l'attention sur la situation de la mino-rité kurde en Turquie, alors que ce pays va retrouver sa placeau sein du Conseil de l'Europe.

Le groupe s'est entretenu notamment avec M. Poulet-Mathis, chef du bureau régional d'information de FR 3 et luia remis une motion protefitant contre la présence de déiéguésturcs aux ~éunions d4 Cdnseil de l'Europe.

Turquie

DANS UN MANIFESTE REMIS.AU CHEF DE L'ETAT1 256 intellictuel. et .rtllte. demlndent

cc le plein fonctionnement de là d6mocrltie ))Ankara. - Mille deux cent

cinCl,uante-sixpersonnalités de l'UnI-versité, des arts et des lettres de Tur-quie ont adrené, mardi 15 mai, à laprésidence de la République untexte dans lequel elles se prononcenten faveur du «pleln!onc,lonMmtln,dtl la dlmocra,le tin Turqul,., etformulent des propositions et obser-vations à ce sujet. Le professeurGoksel, porte-parole du mouvement,a pr6cis6 que celui-ci n'était lié à au-cune organisation, notamment uni-versitaire, et que le texte était pretdepuis lon~tem,P8 mais que ses si-gnataires n avalent pas voulu le di-vulguer avant que le Conseil de l'Eu-rope n'ait statué sur le cas de laTurquie, début mai.

Ce manifeste demande l' « aboli-'Ion des restrictions et des pratiquescontraires à la démocratie », la fa-culté d'exprimer librement son opi-nion, notamment par le retour à la li-berté de la fresse (mais les journauxd'Ankara n ont pu, justement, parler

,De notre correspondentde la démarche des 1 256 Intellec-tuela), ainsi que l'unité nationale. Acet é,ard, lea signatairea du textedemandent le renforcement des ln..titutione étatiquea • daM I, cadredu rl8lm, dlmocra,lque. et esti-ment que la nation turque tout en-tiare doit bénéficier des droits del'homme, ainsi que de la liberté des'orpniser. A pro~ de la justice, letexte réclame 1am6liorlltion desconditione de détention et l'abolitionde la peine de mort, ajoutant que latorture et les s6vices ne devront plusetre pratiquées. Par ailleurs, le textedemande que les procas en courss'achavent le plus tÔt possible.

Les signataires, parmi lesquels ontrouve des romanciers, des artistes,des anciens membres du Parti r6pu-blicain du peuple de M. Ecevit, desacteurs, des journalistes, réclamentaussi une amnistie aussi large que

poIsible. Leur texte estime, en outre,qu'on ne peut pas tonir le systamedémocratique pour responsable desmouvements terroristes quo la Tur- .qule a connus, et dont le déchaîne-ment de violence avait fini par pro-v~uer l'arrivée au pouvoir deamilitaires.

Le président de la République, legénéral Evren, n'a pas reçu person-nellement la délégation des signa-taires, mais le texte lui a ét6transmis, ce dont le professeur Gok-sel s'est félicité. Il est vrai que lechef de l'Etat avait clairement mani-festé, voilà peu, son hOlltlllté à l'am-nistie politique. Le professeurInonu, pr6sident du Parti social.d6mocrate, a indiqué, de son cat6,que son parti n'avait pas particip6 à1'61aboration de cette p6tition, maisqu'il « la soutenait et œuvrai' dansJemême sens ».

ARTUN UNSAL.

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9 mai 1984 ue

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,----------------- {Publicité} ---------- -,

POUR LE RESPECTDES DROITS DE L'HOMME EN TURQUIE

Après les élections législatives de 1983, le gouvernement d'Ankara ayant demandé que sesparlementaires siègent à nouveau au Conseil de l'Europe, celui-ci, avant de statuer, va exammer, le9 mai 1984, la situation des droits de l'homme en Turquie.

Le gouvernement civil issu de ces élections devait rétablir les libertés démocratiques.Malheureusement, il n'en est rien. En dépit de la propagande largement répercutée par les médiasoccidentaux, le régime reste non démocratique et fortement répressif: n'étaient autorisés à présenterdes candidats que le~partis officiellement investis par l~s généraux. L'As,emblée nouvellement éluen'a aucun pouvoir de décision sans l'approbation du président de la République, le $énéral Bvren, etdes membres du Conseil national de sécurité - c'est.àadire de la junte milltalre. Les libertésfondamentales ne sont nullement rétablies: libertés d'expression et d'association restent étroitementsurvellléest La presse, les arts et, plus partiouUarement, le oinéma sont soumis à une censure pesante.

Ces.araves atteintes au droit des gens doivent atre dénoncées. Voilà pourquoi, aujourd'hui, et defaçon pressante, nous faisons appel à tous les intellectuels, • tous les artistes, • tous les cf6mocrates:

- pour, avec eux, exiler l'arrat des torturel et des pendalsonl danl toutellel prisons de Turquie;- pour le relpect dei (troltl élémentaires de l'homme aux piani économiqueet polltlgue;- pour qu'un terme soit mil. la politique de r6presllon et d'alslmilatron forcée des Kurdei de

Turquie;- pour l'amnistie lénérale de tous les oondamnés et détenui politiques;- pour l'étabUslement de la démocratie.

Premlêrellite du IlpatairellBibi Anderlson; René Andrieu; Paul Balq\llêre, député; J .•M. Belorley, déput6 de l'Amer;

Goorses Bustin iGuy Chanfrault, député de la Haute.Marne iRobert Chapuls, député, membre dubureau exécutif du Parti socialiste iPaul Chaumat, député de la Loire;"Raymond Dumont, sénateurdu Pas.de.Calals iGuy Durbec, député du Var' Claude Evin, député de la Lolre.Atlantlque, pr61identde la commission des affaire,. culturelles, familiales et sociales de l'Aslemblée nationale iMiohel de laFournlere, Parti 10ciallBte,Becrétaire national aux droitl de l'homme et aux libertés; JacquelineFrays8ll~Cazalisi Edmond Garcln; Marcel Garrouste, député du Lot.et.Garonne; JOlé AlustinGoytisolo, Espalne i Yilmaz Güney, olnéalte; Jér6me Kanapa, olnéalte i Jean Lacombe, d6puté;Loull Malsonnat iGeorges Marchall i B.S. Mattlltenl, directeur du Centre dramatique national deOennevllliers j Paul Mercelcs, député du Valade.Marne; Robert Montdarsent; Kendal Nezan,historien j Louis Odru iVincent Porem i Jean Proveux, dGputéiBmile Roser; Michel Sainte.Marle,député de la Gironde j P. Santini, comédien i F. Sérusclat, sénateur i Jean-Daniel Simon i MichelSimon, professeur. l'université de LlIIeiBernard Stasi, député de la Marne, mair~.c:I'BpernayiThéoVial.Massat j Marcel Vidal, sénateur de l'Hérault iClaude Vinci.

SllInatures Aenfoyer A:Yllmaz GUNEY, B.P. 592,15830 PARIS CEDEX 17

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• LE I.DrillE - 11/5/1984I

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I

TurquieI

I

I TANDIS QU'AMNESTY INTERNATIONALDÉNONCE LES TORTURES SYSTÉMATIQUES

L'Assemblée du Conseil de l'Europeréintègre les parlementaires d'Ankara

La furquie est redevenue, mardi employées dans les prisons turques:li mai, membre à part entière du coups très violents et décharges élec-Conseil de l'Europe. Elle n'avait triques sur les organes génitaux etjamais quitté le conseil des minis- sur d'autres parties du corps, brO-tres, organe exécutif du Conseil de lures avec des cigarettes, emploi sys-'i'Europe, mais elle avait été exclue tématique de la{a/aka (coups sur lade l'Assemblée j.arlementaire à la plante des pieds .suite du coup 'Etat militaire de «Les détenus sont également1980. Par 91 voix contre SO et attachés à des tuyaux de chauffage10 abstentions, douze députés turcs bra/ants, suspenduse!aar les mainsont ainsi été admis au sein de ou par les pieds fen ant de longuesl'Assemblée des vingt et un pays de périodes, jusqu' ce qu'i/s hurlentl'Europe occidentale. Les groupes de douleur. » Amnesty rappelle que,démocrate-chrétien, libéral et à deux regrises, les détenus de la pri-conservateur britannique ont voté son de ¥aarbakir, dans l'est dupour. Les communistes ont voté pays, ont ait la grave de la faimcontre, les socialistes n'ont pBS voté pour protester contre la torture etde manière homogène. ~ue de nombreux accusés affirment,

Les députH socialistes ont quall- lors des proc(:s, que leurs aveux Icurfl6 de manœuvre polltiquc le fnlt ont été extorqués par la force.quc le vote ait cu heu mardi, Ive nt «Aucun changem,nt notahl, n,lc débat sur les conclusions d'une ,',st produit ,n /984", d6claremission d'cnquete du Conseil de l'organIsation.l'Europe, qui s'cst renduc récem-

Les autorit6s turques ont r6~ondument en Turquie, oà clic a 6t6 auto-rlséc l visiter deux prisons mill- mercredi aux accusations dc 'or~a-talres. Dans une résolution, nisatlon internationale selon laque lel'Assemblée explique 9uc la r6lnt6- une centaine de personnes sont'fratIon des garlemenllures turcs vIse mortes dans les prIsons depuis le

«contri uer 12 l'adoption d, coup d'Etat de septembre 1980.mlSures indisp,nsables tour l'4ta- Selon clics, il y auraIt eu cinquanTc-bli,sement d'une véritab e d~mocra- trois morts, dont deux sculcment ltie en Turquie et d'un authentique la suite de. tortures. M. Kahvel.li,respect des droits de l'homme». conseiller du premier ministre, aParmi ces mesures souhaitables, elle déclaré que les tribunaux avaientcite la levée pro$ressive de la 101 entendu p,rès'de six cents cas de tur-martiale, l'amnistIe pour les prison- ture, qU'II y avait eu, jusqu'à PI'6-

I niers d'opinion, la lutte contre la tor- sent, quatre-vingts condamnations etI turc dans les prisons. cent acquittements.I

Plusieurs manifestations d'oppo- Deux policiers ont été condamnés,I

sants turcs ont eu lieu à Strasbourg le mois dernier, à six ans et huitpendant ce débat. Mercredi encore, mois de prison pour avoir torturé àune trentaine de personnes se sont mort un étudiant en 1980. Cetteenchainées devant le Palais de sanction, la plus sévère jamais pro-l'Europe pour tf0tester contre le noncée, est cependant infinimentvote de la veille. ardi un " tribunal ~IUSclémen~e ~ue les peines ~énéra-populaire", auquel participait ement apphqu es aux meurtrIers.notamment le cinéaste Yilmaz

Dans une lettre au syndicat ForceGuney, avait dénoncé les violationsdes droits de l'homme par le régime ouvrière, M. Claude Cheysson ad'Ankara. Le même jour, à Paris, qualifié, pour sa part mercredi, deAmnesty International présentait un «peu satisfaisantes» les conclu-rapport, qui sera publié début juin et sions d'une enquête menée pardont les conclusions sont très sévères Ankara sur les conditions de déten-pour la Turquie: • Des milliers de tion. Le ministre des relations exté-personnes, hommes et femmes. arrl- rieures souligne, toutefois, lestérs en vertll de la loi martiale, sont «développements PO.fitf{: - inter-systématiquement soumi.fes à la venus récemment en urquie etto,ture -, affirme Amnesty. estime que cette enqulltc publique

S'ap.ftuyant sur des témoign~es est • le .figne que le gouvernf'mentrecueil is au cours des trois er- turc, en fonction depuis quatrenières années, l'organislltion de mois, vl.I't'Ù rétablir une meilleuredéfense des droits de l'homme situalioll ell matière de respect desreccnse Ics • tec'hniques _ d,olt.f dl' la pewonnf' humaine _,

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659 (1983-1984) - N° 1

SENAT DE BELGiqUE

SESSION DE 1983.1984

22 MARS 1984

PROPOSITION DE RESOLUTIONsur le non-respect des droits de l'homme et des

collectivités en Turquie(Déposée par M. Humblet et consorts)

Le Sénat,

Constatant que, selon les meilleures sources,

- les droits essentiels de l'homme et q.es groupes sontviolés de manière courante en Turquie;

- on y compte encore. des milliers de prisonniers politi-ques;

- la torture y est quotidiennement pratiquée dans lesprisons, notamment au Kurdistan;

- plusieurs détenus sont morts à la suite de tortures.

Considérant que,- le Gouvernement turc ne cesse d'affirmer qu'un pro-

cessus de démocratisation est en cours;- la Turquie se trouve être alliée à la Belgique au sein

de l'O.T.A.N.;- la Turquie est encore toujours aujourd'hui associée

à la Belgique au sein du Conseil de l'Europe,

Invite instamment le Gouvernement et, en particulier, leMinistre des Relations extérieures,

- à faire des représentations au Gouvernement turc surles sentiments d'horreur qne provoquent les pratiques inhu-maines;

- à s'employer par son action dans les instances où laBelgique est associée à la Turquie à ce que toutes les pres-sions politiques, diplomatiques et économiques soient misesen œuvre pour que la Turquie mette fin à ces pratiques.

J. HUMBLET.W. SEEUWS.D. ANDRE.W. LUYTEN.F. DELMOTTE.J. LEPAFFE.

R. A 12983

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659 (1983-1984) - Nr 1

BELGISCHE SENAA@T

ZITTING 1983.1984

22 MAAR T 1984

VOORSTEL VAN R'ESOLUTIEbetreffende het niet In acht nemen van de rechtenvan de mens en de gemeenschappen ln TurklJe

(Ingediend door de heer Humblet c.s.)

De Senaat,

Vaststellende dat, volgens welingelichte kringen, in Tur-kije

- de wezenlijke rechten van de mens en van groependoorlopend geschonden worden;

- nog duizenden politieke gevangenen zijn;

- in de gevangenissen nog dagelijks gemarteld wordt, metname in Koerdistan;

- verscheidene gedetineerden gestorven zijn als gevolgvan martelingen.

Overwegende dat,- de Turkse regering niet ophoudt te beweren dat er

een democratiseringsproces op gang is gebracht;- Turkije een bondgenoot van België is binnen de

N.A.V.O.;- Turkije nog steeds sarnen met België in de Raad van

Europa zit,

Vraagt met aandrang aan de Regering en inzonderheid aande Minister van Buitenlandse Betrekkingen,

- de Turkse regering te wijzen op het gevoel van afschuwdat die onmenselijke pratijken opwekken;

- in de instellingen waar België sarnen met Turkije deelvan uitmaakt, alles in het werk te stellen om Turkije onderpolitieke, diplomatieke en economische druk te zetten teneinde te verkrijgen dat aan die praktijken een eind wordtgemaakt.

R. A 1298337.790 - E. Guyot, s. a., Bruxelles

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lneonl" con, Kurd, al dl la dalla fronhera

COME ENTRARE lN UN PAESE VIETATO

I sentieri dei Kurdidl Laura Schrader

aViAllOl

L'Iron dl Khomillnl, si sa, è !}ril-clyso 01cyrlosl, Invlotl speclollo ogenll€l dl stompo comprelill.

Eppyro si PYOontroro oa Ylilclr€lcon Qyolchodisagio ma eenza trop!}1perlcoll Milo repYb-bllca Illamlco ottraverlilo 10 reglone che 1.0Monde ha deflnlto "yn'oooi dl Illymlnlsmonel mondo oscYfIlntlsta degll oyotollah: IlKurdistan.

Prlmlil contro 10Scié, ora contro Khomolnl,da deconnlll popolo kurdo si botte per l'au-tonomllil.

"ln Kurd/stan /a sconfltta polit/ca de/ reg/meé totale. Non ,s/ste un sa/a ang% de/ nostropaese /n cu/ /I governo centrale non vengacons/derato come /nvasore. e gran parte de/terr/tor/o El sotto /I control/a camp/eta de/ PeshMerga (I partlgianl kurdl, n.d.r.)": sono paroledl Vousslf Ardalan, un dottore in matematicareduce dalle carceri Imperiali, esponentepolitico del Komala, l'organlzzazione che, in-sleme al Partlto Democratico del Kurdistan

d'Iran guida, la rC!lslstenza.Nonootonto Il !}esontil blocco economlco, I

bombordomentl dl clttè 0 vIlloggi, IfI rappre-soglle e gll attl'lcchl, culmlnotl In una Impo-mmto ollonslvo nel morzo '8a "In Kurd/stannon s/ combatte so/tanto una Qu,rr/fl//a. ma ;/n atto una v,ra , propria r/vo/ul/one".

É Qui, lnsomma, cho si gloca la partitadoll'opposlzlone contro Il regime degll aya-tollah. Il Kurdistan è dagll Annl Venti dlvlsotra Turchla, Iron, Irak e SIrla.

È qulndl poselblle entrare ed usclre dai-l'Iran da una delle altre Irontlere nel puntlcontrollatl dal kurdl, accompagnati e accoltldal partlglan!.

Il "sent/era de//a guerr/gl/a" si arramplcasulle montagne. I Pesh Merga, allenatl amarce continue, vanno anche a pledl maall'ospite é lornito un mulo. Si dorme per 10plû in grotte molto ampie ehe offrono rilugioa uomini, viveri, munlzion!.

ln grotte sono nascoste le rare officine per

la rlparBzlone dol prezloel lilutomezzl e lngrotte 0 bunker sotterranel, attrezzatll8lml,si trovono I Quartlerl gonerall del PCKI edelKomala.

Scesl nella vallota, cl el epolta CI bordo dlluorlstrado Bovletlche 0 glapponeel cattura-te 01nemlco come moite delle orml ln dota-zlone RI Posh Morga.

Il bloceo economlco at/mola un tlorentecontrabbando dol generl plû svarlatl, tra-sportliltl da oltre Irontlera a dorao dl un mulo0- almeno pElrun certo tratto -ln piccoli ca-mion.

I Pesh Merga si rlfornlscono anche nelnegozl delle cltté occupate dalle truppe, Incui complono continue Incurslonl, e se nevanno dopo aver slmulato un'aggresslone alnegozlanti; nonostante queste precauzlonl,tuttavla, di tanto In tanto declne dl commer-ciantl sono deportatlln localité lontane. Car-burante e viveri vengono spesso conQulstatlcon Imboscate 0 attacchl al lurgonclnl e al

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deposit!.Le truppe di Khomeini e i pasdaran si

muovono a interi battaglioni, con colonnemotonzzate e sono facile preda dei fulmlneiattacchi dei partigianl lungo le vie di comu-nlcazione.

E in montagna si avventurano con dlfficol-ta, mentre i loro avversari conoscono il terrl-torio a palmo a palmo. I giovani Pesh Mergasi esercitano in radure inaccessibili. Corro-no, rotolano, sparano.

Tra loro ci sono diverse ragazze. Le donnesi arruolano con entusiasmo tra le file deipartigiani. Indossano una specie di divisamilitare. mentre gli uomini usano. come uni- I

forme, l'abito tradizionale kurdo. Nei villaggi.nonostante lutti e privazioni, la vita scorredignitosa - si potrebbe definire serena - el'ospitalita è splendida.

Le donne, nei loro begli abiti lunghi colora-tissimi (nonostante la dominazione islamica.le kurde non hanno mai usato nascondersidietro il nero chador) partecipano alla con-versazione insieme agli uomini, e si vedeche godono dl notevole considerazione infamlglia e In società.

Villaggi e cittadlne dei Kurdistan liberosono governatl da conslgli elettl dagll abi-tantl In assemblea. I conslgll dlspongono dlun l)roprlo bllanclo e decldono In materia dlIstruzlone, sanltà, economla e ammlnlstra-zlone della glustlzla, Ma le persone adatte aquest'ultlmo compllo - conslderato delica-tlsslmo - scarsegglano, qulndl I trlbunali so-no Itlnerantl, I gludlcl si spostano a C!orsodl

mulo dl villaggio in villaggio.Grave e la situazione sanitana. Scarseg-

glano plasma, medlcinali, strumenti chirurgi-ci. Oltre a medici e Infermien locall, si alter-nano nella zona équipes dl medici francesiche, dal marzo '80, hanno contnbuito a met-tere In funzione due ospedali. I medlci sa-rebbero qumdl ospitl gradltisslmi al PDKI eal Komala (occorrono chirurghi e anestesi-sti, ma disposti a fermarsi qualche mese) enon CI sono problemi di lingua.

Non solo.i leaders politico-militar.i ma an-che comandanti e combattenti delle unitapartigiane spesso conoscono inglese efrancese, a volte l'italJano: alcuni si sonolaureati in universita europee. Altrettantograditi possono essere i membri di associa-zioni umanitarie, di organizzazioni politiche esindacali, giornalisti e esponenti del mondoculturale. Potranno contribuire a far cono-scere la lunga lotta dei popolo kurdo. cheda decenni combatte con mezzi di fortuna,senza aiuti (e senza la pessima pubblicitàdel terrorismo, che I kurdi conslderano "in-degno della loro causa") per dlfendere lapropria identltà etnlco-culturale.

Per un primo contatto - puramente cultu-rale - con li planeta Kurdistan, ci si pub ri-volgere al dr. Kendal Nezan (un flslco delCNR francese che è anche storlco e musl-cologo, autore dl varie pubbllcazlonlln Fran-cia e dl collane dl musica kurda per l'UNE-SCO) dlrettore dell'Instltut Kurde de Paris(106, rue La Fayette, 76010 Paris, telefono82.46,464).

LAREPUBLIQUEDU CEl1TRE

3/5/1984

CONF~R.ENÇE LE 5 MAI

Le Kurdistan d'Iran et 'l'aidemédicale Internationale

Une Infirml.r. de Il rélllon,Bernadette . Dou... t} elt allée.paleer abc moll .• t a.ml au Kur.dlltan d'Iran. A l'ippei d'un mou-vement da réliitenc., le P.D.K.I:(Pertl démocrate du Kurdlltan Ira-nlenl, l'Alde médlclle Internatlo.nale, orllenllme humanitaire 1I0U-vernemental, envole dei équipesmédlcalel et chlrurglceles poursoigner la r.0Pulltlon locale,ouvrir dei d IpenHlr" ou deshOplteux et auasl participer à leformetlon de personnel soillnentlocel.

I Sur le torrlln, noui Plrtl-loonl le. quotldlln de Il papule-tlon, " différente de le nOtre tentdlnl HI coutumn, IOn rythmed. vit ou Il religion. Noui vlvonlau Hin d'un. autre clvllilation.Loin de noui le luxe occidental :pour dormir, un matelll par terra

et un. couv.rture: I.. repa, du .riz et d.. rllllni NCI ou d..pomm.. d. terre, qu.lqu.. mor-CIIU. de viande tOUI I.. qulnl. 'Jaure ... I . •

Depull melntenent deI décen-nies, leI Kurdes d'Iren, d'Irek, deSyrie et de Turquie combattentpour lellr eutonomle. Ce peuplereprésente une populetlon d'envi.ran 21.000.000 d'hebltentll. Unpeu partout à travera ces peys, lepeuple kurde est persécuté.Récemment encore, quelquesoixante civils ont été exécutéspar les Iraniens en représaillesd'une Incursion des résistants àMahablld, cllpltele du KurdistinIrllnlen,

Une COr1férenceprésentée pllrBernadette Dausset lIurll lieu à IIIsalle B de la mllirle, samedi 5 melà 20 h 30.

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N" I~fl

ESI •

l'I'il1lC'l1\fl~ 1911~

LA DESTRUCTION DE L'IDENTITECULTURBLLE KURDS BN TURQUIE

Aprils soixante années de proscrl'ptlon et de désllgrégation,111culture des 20 mllUons (1) de Kurdes du Proche.Orilmt estaujourd'hui en péril de mort. Interdite en Syrie et en Iran,muselée en Irak, cette culture qui est l'une des plus anciennesdu busln médlterran6en, conn aU un sort particulièrement,rave en Turquie.

En eltet, de tous les pays qui depuis 1928 se partAientles territoires Kurdes, c'est sans conteste, la République tur.que qui mène une ,politique constnnte, systémntlque et géné.rale de l'anéantissement de l'entité Kurde. C'est encore ellequi mobilise tous Bes moyens en vue d'étouffer mame hors deses frontières la moindre manifestation de l'Identité Kurde.D'autres Etats n'ont, au fond, fait que suivre son exemple.Un exemple qui nous semble mériter un exposé détal11é tantles problèmes qu'Il soulève dépassent le cadre strict du dramekurde.

Rappelons d'abord quelques faits hilltoriques. Après la pre.mière guerre mondiale, alors que les provinces turques se trou-vaient sous l'occupation des Puissances Alliées, Mustafa Kemals'était rendu au, Kurdistan pour solliciter l'aide des notableskurdes en échange de la promesse de créer, après la victoire,un Etat fédéré des Turcs et des Kurdes. Cette promesse tormu.lée dans le Protocole d'Amasya (octobre 1919) amena les Kur-des à tournlr les tout premières et décisives troupes de laguerre d'indépendance de la rurquie. La Gronde AssembléeNationale qui représentait la coalition kurdo-turque comptaitJusqu'en mars 1924, solt trois mois encore après la signaturedu Traité de Lausanne (24 Juin 1923) qui consacre la recon-naissance internationale du nouvel Etat, 72 «députés du Kur.distan t. La victoire militaire, politique et diplomatique acqui.se, les leaders nationalistes turcs, estimant qu'lis n'avalent plusbesoin des Kurdes, ont dissout ceUe assemblée et interdit parun décret en date du 3 mars 1924 toutes les écoles et publica.

(1) La population actuelle du Kurdistan est estimée à environ20 millions d'habitants qui se répartissent comme suit:10 millions en Turquie, 6 milllons en Iron, 3,S millions enIrak et près d'un million en Syrie.

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tion~ kurdes. Ils allaient désormais s'employer à réaliser leurrêve inachevé: faire de la Turquie une nation une et indivi-sible, parlant une seule langue, pratiquant une seule culture.Or, après les massacres des Arméniens et l'expulsion des Grecs,il restait encore dans ce pays des mi~orités arabophones, desTcherkesses, des Lazes et surtout des Kurdes qui peuplaientpresque exclusivement de 30 à 32 % de la superficie du nouvelEtat, toutes les provinces orientales contigues aux territoireskurdes de la Syrie, de l'Irak et de l'Iran.

Encouragé sans -doute par le peu de réactions internatio-nales suscitées par le génocide arménien, resté impuni, le ré-gime turc s'est mis, dès 1924, à détruire systématiquementl'entité kurde, en utilisant à cette fin un vaste éventail demoyens.

Pour commencer, les autorités d'Ankara ont décrété qu'iln'y avait pas de Kurdes en Turquie, que les citoyens peuplantl'Anatolie Orientale (nouvelle appellation officielle du Kurdis.tan, terme géographique désignant depuis le 12' siècle le payskurde) n'étaient que des «Turcs des montagnes ayant oubliéle turc:t. Du jour au lendemain un peuple qui avait, depuis lanuit des temps, vécu sur ces terres, un peuple que les discoursofficiels aimaient jusque là il couvrir de louanges pour sa vaU.lapce et sa loyauté, se voyait ainsi nié dans son existencemême. Cette négation verbale fut suivie de toute une série d'ac.tions visant à modifier par la force la réalité, à la faire ressem.bIer il la fiction officielle.

Dès l'année 192., les bibliothèques furent expur,ées des li.vres kurdes, ainsi que des ouvrages mentionnant simplementles mots c kurde:t ou c Kurdistan:t devenus tabous. Les écritsen lansue kurde furent livrés aux flammes, ce qui occasionnala perte à Jamais d'une partie, difficile à estimer, du patri.moine culturel kurde.

A partir de février 1925, l'armée turque a mobillsé l'essen.tiel de ses forces contre les provinces kurdes pour une guerrede conquête qui durera Jusqu'en 1939. Elle fut ésalement char.sée de l'application d'une « loi de déportation et de dispersiondes Turcs montagnards:t, promul,uée le 5 mai 1932. Cette loiavait pour but c d'augmenter en Anatolie Orientale la densitédes populations ayant une culture turque:t, de déporter versles provinces turcophones c les populations qui doivent êtreallsimnées à la culture -turque:t, de dési,ner des territoiresd'Anatolie Orientale ou c pourront s'établir librement et sansle secours des autorités lcs immlsrés de cultu're turque:t etentin, d'évacuer totalement certains territoires kurdes c pourdes raisons sanitaires, matérielles, politiques, straté,lques etd'ordre public:t (2). , '

Cette politique de modification par la torce (massacres,déportations massives, implantation d'immi,rés) de la campo.sition ethnique des territoires kurdes tut activement suivieJusqu'à 1939 et fit,. d'après certaines estimations, 1,5 millionde victimes, soit environ le tiers de la population kurde habi.tant il l'époque la Turquie. Des immigrés turcophones origi.naires des Balkans furent installés dans les zones les plus fer-tiles du Kurdistan, des départements entiers vidés de leurs ha.bitants kurdes, des centaines de milliers de Kurdes déportéset dispersés dans de lointaines provinces de l'Anatolie Cen-trale et Occidentale.

(2) Voir le texte intégral de cette loi dans c De la questionkurrle, la Loi de déportation et de dispersion des Kurdes:t,Publication n° 8 de la revue kurde: Hawar, Damas, 1934.

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•Génocide ou répression?

La Turquie eut-elle le dessein de rayer de la carte sa mi-norité kurde. de faire disparaître toute trace de l'existence decelle-ci? Autrement dit a-t-elle prémédité un génocide pur etsimple des Kurdes à l'instar de celui perpétré quelques annéesplus tôt contre les Arméniens? Un génocide interrompu à lafaveur de la seconde guerre mondiale qui obligea l'Etat turcà déplacer ses troupes vers les frontières. Ou bien a-t-elle vou-lu par les massacres et les déportations de masse, terroriseret contraindrr à l'assimilation une population kurde indocile,irrédentiste, en état d'insurrection quasi permanente contrele pouvoir central? Quel que soit le point de vue que l'onadopte, on ne peut que constater qu'une population autoch-tone fut largement décimée, martyrisée parce que dans un ré-gime dominé par une idéologie nationaliste, elle avait le tortde ne pas appartenir à la «race supérieure », à la nationcontrôlant l'appareil d'Etat.

La politique kurde d'Ankara, en particulier la loi de dé-portation et de dispersion des Kurdes servira de référence auxautres Etats administrant le pays kurde. En 1962, le gouver-nement de Damas s'inspira du texte de cette loi pour créer àla frontière turco-syrienne une «ceinture arabe) destinée àcouper les Kurdes de Syrie de leurs congénères de Turquie.A cette fin, plus de 120.000 Kurdes seront chassés de leursterres, offertes par les autorités aux tribus arabes. A son tour,à partir de 1975, le régime de Bagdad semble également avoirsuivi l'exemple turc dans sa politique dévacuation des zoneslongeant les frontières turques, syriennes et iraniennes de leurpopulation kurde et de modification de la composition ethni-que des provinces kurdes pétrolifères de Kirkouk et de Kha-naqin,

Parallèlement à la politique de destruction physique et ded!lutlon de l'élément kurde, la Turquie a mis en œuvre et pour-suit depuis soixante ans une politique d'anéantissement de lapersonnalité et de l'entité culturelles kurdes. La destruction dela personnalité commence par la négation même de l'existencedes Kurdes. Nul Kurde ne peut, sous peine de S à 7 ans de pri.son, dire en public qu'il est kurde, Car en Turquie, affirmerson appartenancfa à une communauté hu'maine qui officielle.ment n'existe pa's c'est mettre en caUSe le mythe fondateur dela République turque, c'est saper l'unité nationale, donc por.ter atteinte à la sécurité de l'Etat. A l'heure actuelle un ancienministre du gouvernement social.démocrate de M, Ecevit, M.Serafettln Elçi, purge une peine de S ans de prison pour avoirdéclaré au cours d'une réunion privée, qu'il est d'origine kur.de. En Juin 1971, le Parti Ouvrier de Turquie, représenté auParlement fut dissout par la Cour Constitutionnelle d'Ankarapour avoir dans une résolution de son Congrès affirmé « l'exis.tence du peuple kurde dans l'Est de la Turquie t. Pour lemême motif, le sociologue turc Ismaïl Besikçi s'est vu, depuis1970, condamné à 25 ans de prison,

Si le Kurde ne peut se dire kurde, il ne peut pas non plusporter un nom kurde, L'administration turque se chargera del'affubler d'un «non convenable t, conformément à la «tra.ditlon islamo-turque t, c'est.à.dire en fait celle des Janissaires.Ainsi, tel paysan dans le champ duquel le fonctionnaire turcd'état civil apercevra un rocher blanc recevra pour nom c Ak.tas) (pierre blanche) ; un autre ne-.,connalssant un traUre motde turc sera ,ratifié d'un c OztUrk t (pur turc) ou d'un c TUr.ko,hl t (;ns do turc). Dans le même temps, en famille, dRns le

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village, chacun continue de se servir de son nom kurde. Ils'ensuit un véritable dédoublement de la personnalité que ren-force la turquisation des noms, des villes et villages kurdes.Chaque Kurde possède ainsi une double identité: la sienne,connue de sa famille, de ses amis et de son village, et l'offi-cielle dont il doit se souvenir dans ses démarches lluprès del'administration. Individuellement, chacun parvient en géné-ral à assumer ce dédoublement, à se rappeler qu'il est kurdemais qu'il ne doit jamais le dire en public, qu'il a un nom àusage de ses proches et un nom turc pour l'administration,que sa rue, son quartier, son village ou sa ville ont un nomkurde, souvent antique, connu et utilisé par ses habitants etun autre nom imposé par l'administration turque dont chacundoit pouvoir se souvenir en cas de besoin. A l'échelle collec-tive, la situation se présente sous un jour plus défavorable. Lesnouvelles générations de Kurdes apprennent la géographie deleur pays dans des livres turcs, qui ne mentionnent évidem-ment que les appellations officielles des lieux; elles tendentainsi à devenir étrangères à leur pays, à ce que fut véritable-ment la terre de leurs ancêtres.

Dépossédés de leur identité, les Kurdes sont égalementprivés de leur histoire, de leur mémoire collective. Une mé-moire morcelée, mutilée, éparpillée. Tout ouvrage traitant del'histoire kurde, fût-ce du moyen-âge, est strictement interdit.Des monuments et œuvres d'art témoignant des splendeurspassées de l'histoire kurde, tels par exemple le Palais Bariolédes princes de Botan, les châteaux de Dergul et de Hochab,les tombeaux des poètes classiques kurdes des XV. et XVI. siè-cles furent détruits ou réduits en ruine par l'armée turque.Tout ce qui peut évoquer le passé du peuple kurde est systé-matiquement détruit. Mais détruire les traces de l'histoire nesuffit pas; il faut aussi en fabriquer une qui justifie l'idéolo-gie dominante. C'est la tâche à laquelle des historiens officielsd'Ankara se sont attelés en publiant nombre d'ouvrages de pro-pagande démontrant «scientifiquement la turquicité des Kur-des:t, manipulant à leur guise l'histoire, dénigrant les révol-tes populaires kurdes présentées comme des c mouvementsréactionnaires religieux et tribaux fomentés par les puissan-ces étrangères~. Les Kurdes n'ont évidemment pas le droit derépondre aux injures à leur passé, de défendre leur mémoireblessée, constamment agressée. Face à cette puiss~nte pressiondes appareils d'Etat, les Kurdes, pour connaître quelques bri-bes de leur histoire, ne disposent que d'une poignée de publi-cations clandestines et des récits mythiques transmis orale-ment de génération en génération par le biais de la chansonet de l'épopée. Cela, toujours quasi-clandestinement, car la mu-sique kurde est également interdite en Turquie, comme le sontles danses, le folklore et le costume kurdes.

Les Kurdes, qui furent les premiers à introduire la musi-que dans la cour du calife Haroun Al-Rachid, qui au fil dessiècles fournirent à la musique classique musulmane quelquesuns de ses plus grands artistes, ne peuvent en cette fin du 20'siècle, dans leur propre pays, donner un concert de musiqueen public, former un orchestre folklorique kurde, éditer undisque ou une cassette de musique. Ce faisant, ils risqueraient,selon Ankara. de c porter atteinte à l'unité nationale et à lasécurité de l'Etat~. Mais les autorités turques, conscientes durôle important que joue la musique dans la vie des Kurdes,tentent depuis une trentaine d'années de s'en servir pour mieuxacculturer, pour turquiser les Kurdes. Voici comment: deschanteurs d'origine kurde sont autorisés et encouragés à chan-ter les mélodies kurdes avec des paroles en turc. Ces chansonssont abondamment diffusées sur les ondes de la demi-douzaine

il

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•Génocide ou répression?

La Turquie cut-elle le dessein de rayer de la carte sa mi-norité kurde. de faire disparaître toute trace de l'existence decelle-ci? Autrement dit a-t-elle prémédité un génocide pur etsimple des Kurdes à l'instar de celui perpétré quelques annéesplus tôt contre les Arméniens? Un génocide interrompu à lafaveur de la seconde guerre mondiale qui obligea l'Etat turcà déplacer ses troupes vers les frontières. Ou bien a-t-elle vou-lu par les massacres et les déportations de masse, terroriseret contraindre à l'assimilation une 'population kurde indocile,irrédentiste, en état d'insurrection quasi permanente contrele pouvoir central? Quel que soit le point de vue que l'onadopte. on ne peut que constater qu'une population autoch-tone fut largement décimée, martyrisée parce que dans un ré-gime dominé par une idéologie nationaliste, elle avait le tortde ne pas appartenir à la «race supérieure;), à la nationcontrôlant l'appareil d'Etat.

La politique kurde d'Ankara, en particulier la loi de dé-portation et de dispersion des Kurdes servira de référence auxautres Etats administrant le pays kurde, En 1962, le gouver-nement de Damas s'inspira du texte de cette loi pour créer Itla frontière turco-syrienne une «ceinture arabe» destinée Itcouper les Kurdes de Syrie de leurs congénères de Turquie.A cette fin, plus de 120,000 Kurdes seront chassés de leursterres, offertes par les autorités aux tribus arabes. A son tour,It partir de 1975, le régime de Bagdad semble également avoirsuivi l'exemple turc dans sa politique dévacuation des zoneslongeant les frontières turques, syriennes et iraniennes de leurpopulation kurde et de modification de la composition ethni-que des provinces kurdes pétrolifères de Kirkouk et de Kha-naqin.

Parallèlement It la politique de destruction physique et dedilution de l'élément kurde, la Turquie a mis en œuvre et pour-suit depuis soixante ans une politique d'anéantissement de lapersonnalité et de l'entité culturelles kurdes. La destruction dela personnalité commence par la négation même de l'existencedes Kurdes. Nul Kurde ne peut, sous peine de S It 7 ans de pri-son, dire en public qu'il est kurde, Car en Turquie, affirmerson appartenanc~ It une communauté humaine qui officielle-ment n'existe pa's c'est mettre en cause le mythe fondateur dela République turque, c'est saper l'unité nationale, donc por-ter atteinte It la sécurité de l'Etat. A l'heure actuelle un ancienministre du gouvernement social-démocrate de M. Ecevit, M.Serafettin Elçl, purge une peine de S ans de prison pour avoirdéclaré au cours d'une réunion privée, qu'Il est d'origine kur-de. En Juin 1971, le Parti Ouvrier de Turquie, représenté auParlement fut dissout par la Cour Constitutionnelle d'Ankarapour avoir dans une résolution de son Congrès affirmé c l,'exis-tence du peuple kurde dans l'Est de la Turquie~, Pour lemême motif, le sociologue turc IsmaU Besikçi s'est vu, depuis1970, condamné It 25 ans de prison,

SI le Kurde ne peut Ile dire kurde, 11ne peut pas non plusporter un nom kurde. L'administration turque se chargera del'affubler d'un c non convenable~, conformément it ln c tra.dition Islamo.turque~, c'est.lI-dlre en fait celle des Janissaires.Ainsi, tel paysan dans le champ duquel le fonctionnaire turcd'état civil apercevra un rocher blanc recevra pour nom c Ak-tas ~ (pierre blanche) ; un autre ne ,connaissant un traitre motde turc sera gratifié d'un « OztUrk) (pur turc) ou d'un c TUr-ko,lu ') (fils de turc). Dans le même temps, en famUle, dRns le

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village, chacun continue de se servir de son nom kurde. Ils'ensuit un véritable dédoublement de la personnalité que ren-force la turquisation des noms, des villes et villages kurdes.Chaque Kurde possède ainsi une double identité: la sienne,connue de sa famille, de ses amis et de son village, et l'offi-cielle dont il doit se souvenir dans ses démarch~s auprès del'administration. Individuellement, chacun parvient en géné-ral à assumer ce dédoublement, à se rappeler qu'il est kurdemais qu'il ne doit jamais le dire en public, qu'il a un nom àusage de ses proches et un nom turc pour l'administration,que sa rue, son quartier, son village ou sa ville ont un nomkurde, souvent antique, connu et utilisé par ses habitants etun autre nom imposé par l'administration turque dont chacundoit pouvoir se souvenir en cas de besoin. A l'échelle collec-tive, la situation se présente sous un jour plus défavorable. Lesnouvelles générations tie Kurdes apprennent la géographie deleur pays dans des livres turcs, qui ne mentionnent évidem-ment que les appellations officielles des lieux; elles tendentainsi à devenir étrangères à leur pays, à ce que fut véritable-ment la terre de leurs ancêtres.

Dépossédés de leur identité, les Kurdes sont égalementprivés de leur histoire, de leur mémoire collective. Une mé.moire morcelée, mutilée, éparpillée. Tout ouvrage traitant del'histoire kurde, mt-ce du moyen-âge, est strictement interdit.Des monuments et œuvres d'art témoignant des splendeurspassées de l'histoire kurde, tels par exemple le Palais Bariolédes princes de Botan, les châteaux de Dergul et de Hochab,les tombeaux des poètes classiques kurdes des XV. et XVI" siè-cles furent détruits ou réduits en ruine par l'armée turque.Tout ce qui peut évoquer le passé du peuple kurde est systé-matiquement détruit. Mais détruire les traces de l'histoire nesuffit pas; il faut aussi en fabriquer une qui justifie l'idéolo-gie dominante. C'est la tâche à laquelle des historiens officielsd'Ankara se sont attelés en publiant nombre d'ouvrages de pro-pagande démontrant c scientifiquement la turquicité des Kur-des~, manipulant à leur guise l'histoire, dénigrant les révol-tes populaires kurdes présentées comme des c mouvementsréactionnaires religieux et tribaux fomentés par les puissan-ces étrangères ... Les Kurdes n'ont évidemment pas le droit derépondre aux injures à leur passé, de défendre leur mémoireblessée, constamment agressée. Face à cette puiss~nte pressiondes appareils d'Etat, les Kurdes, pour connaître quelques bri-bes de leur histoire, ne disposent que d'une poignée de publi-cations clandestines et des récits mythiques transmis orale-ment de génération en génération par le biais de la chansonet de l'épopée. Cela, toujours quasi-clandestinement, car la mu-sique kurde est également interdite en Turquie, comme le sontles danses, le folklore et le costume kurdes.

Les Kurdes, qui furent les premiers à introduire la musi-que dans la cour du calife Haroun Al-Rachid. qui au fil dessiècles fournirent à la musique classique musulmane quelquesuns de ses plus grands artistes, ne peuvent en cette fin du 20"siècle, dans leur propre pays, donner un concert de musiqueen public, former un orchestre folklorique kurde, éditer undisque ou une cassette de musique. Ce faisant, ils risqueraient,selon Ankara, de c porter atteinte à l'unité nationale et à lasécurité de l'Etat~. Mais les autorités turques, conscientes durôle important que joue la musique dans la vie des Kurdes,tentent depuis une trentaine d'années de s'en servir pour mieuxacculturer, pour turquisE'r les Kurdec;. Voici comment: deschanteurs d'originE' kurde sont autorisés et encouragés à chan-ter les mélodies kurdes avec des paroles en turc. Ces chansonssont abondamment diffusées sur les ondes de la nemi-douzaine

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•d'émetteurs de radio, installés dans les provinces kurdes pourpropager la culture turqup. Le Kurdistan détient ainsi le pri-vilège d'être, proportionnellement à sa population. la régionla mieux dotée de la Turquie en prisons, en casernes et enémetteurs de radio. Proscrite. abâtardie. la musique kurde estaujourd'hui à la dérive; ses traditions millénaires, faute d'unespace de liberté pour être continuées, enseignées et renouve-lées, se meurent lentement.

La situation de la langue kurde n'est, hélas, guère meil-leure. Certes, malgré les interdictions, les tracasseries et lapolitique d'assimilation, plus de_ ~O % des Kurdes de Turquieparlent encore leur langue maternelle et près des trois quarts(3) d'entre eux ne connaissent que celle-ci. Mais depuis la fer-meture en 1924 de toutes les écoles kurdes, cette langue n'estplus enseignée que clandestinement à des groupes restreints.Les quelques rares livres et publications imprimés soit fil'étranger soit dans la clandestinité sont loin de répondre auxbesoins de lecture de plus de 10 millions de personnes. Lacentralisation croissante de l'Etat, le quadrillage militaro-poli-cier du pays amenant un sérieux contrôle étatique sur la viequotidienne des Kurd('s. y compris dons les campagnes, en-trainent la disparition progressive des bardes et conteurs quivéhiculaient une riche littérature orale, ultime rctuge des tré.sors de la langue. Privés d'accès à leur culture,' it leurs sourceslittéraires, de Journaux, de Uvr('s, d'émissions de radio et detélévision dans leur langue, les Jeunes Kurdes ne possèdentplus qu'un vocabulaire appauvri, marqué par des particula.rismes régionaux et soumis aux pressions du turc.

De, étranger, dam leur pay,.

Sur le plan linguistique, on compare parfois la situationdes Kurdes en Turquie à celle des émigrés implantés dans unautre milleu culturel. Les Kurdes seraient en quelque sorte desémigrés dans leur propre pays. Les média, les écoles, les ad-ministrations de leur pays utilisant une langue étrangère que,dans leur grande majorité, ils ne comprennent pas. Cette ima.ge qui a le mérite de rendre compte du drame d'un peuplecontraint à vivre en étranger sur sa terre reste cependant endeçà de la réalité. En effet, tout en étant soumis à la domina.tion culturelle de leur environnement, les émigrés, tels les tra.vailleurs turcs en R.F.A. ou les Algériens en France disposenttout de même d'une certaine liberté: ils peuvent, par leurspropres moyens, imprimer des livres et des Journaux, organi.ser des manifestations artistiques et culturelles, mettre surpied des écoles enseignant dans leur langue, créer leurs pro-pres associations, bénéficier d'un temps d'antenne à la radioet à la télévision, et l'Etat sous la tutelle duquel ils sc trouventne cherche pas à renier leur identité culturelle. Or les Kurdes

(3) Les statistiques concernant les Kurdes sont considéréescomme des secrets d'Etat en Turquie et ne sont donc pasaccessibles. Les seuls chiffres officiels disP~)l~ibles sur l,apratique du turc par les Kurdes sont ceux CItes par le de-puté turc d'Aydin dans le numéro du 31 juillet 1966 duquotidien d'Istanbul Cumhuriyet. Selon lui, à Mardin ..91 % de la population ne parle pas un mot de turc; aSiirt. 87 % ; à Hallkari. 81 % ; à Diyarbekir. 67 % j à Bin-göl. 68 % j à Bitlis. 66 %, etc ... il s'agit là des principalesprovinces kurdes de Turquie.

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ne Turquie ne possèdent aucun de ces droits, pas même celuicie publier un abécédaire dans leur langue.

Etouffée, démantelée, disloquée. victime d'une politiquedélibérée de désagrégation £'t d'anéantissement, la culture kur-de pour la première fois dans son histoire plus que millénaire,court aujourd'hui le risque d'une mort progressive, d'un inexo-rable dépérissement. L'action de l'Institut Kurde et de quel-ques modestes organisations d'immigrés kurdes ne sauraient,à elle seule, enrayer ce processus, empêcher les puissantes ma-chines étatiques de broyer les défences naturelles fragiliséesd'une culture assiégée. Il faut une intervention énergique dela comn:unauté internationale, en particulier des alliés occi-dentaux de la Turquie pour amener celle-ci à mettre un ter-me à sa politique de destruction de l'identité culturelle d'unecommunauté humaine formant le quart de sa population. .

Si l'on admet qu'un peuple ne peut vivre sans sa culture,une telle intervention nous semble relever du nevoir d'assis-tance à peuple en danger. Elle ne saurait être éludée sous pré-texte de non ingérence dans les affaires intérieures d'un Etatsouverain. Car la défense du patrimoine culturel universelpasse par la sauvegarde de chacune de ses parties constituti-ves, en premier lieu des cultures menacées, et la souveraineténe donne pas à un Etat des droits illimités sur la vie et lamort d'une population placée sous son administration, en prin-cipe afin qu'il améliore son sort matériel, culturel et spirituel.Il est généralement admis que, sous prétexte de souveraineté,un Etat n'a pas le droit de massacrer sa propre population,cela constitue d'ailleurs un crime caractérisé contre l'huma-nité. De même, un Etat ne devrait pas non plus avoir le droitde saccager, de détruire pour toujours une culture élaborée aufil de longs siècles d'histoire par des millions d'hommes, uneculture constituant une partie originale et irremplaçable dupatrimoine culturel de l'humanité. Il est temps que la commu-nauté internationale. prenant en considération le cas extrêmenu peuple kurde, se préoccupe de cette question, adopte desmesures concrètes pour assurer la sauvegarde du patrimoineculturel des peuples sans Etat, des nations dominées et mino-risées et des minorités ethniques.

Kendal NEZANDirecteur de l'Institut kurde de Paris

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LE l\IATINII l' AH', 06-e6-1984

BOMBARDEMENT IRAKIENDANS LE KURDISTAN IRANIEN

De nombreuses bombes sont tombé~s dans la ville de BanehJ faisant des centaines de morts

DEUX CENTS à troiscents morts, tel étaithier soir le bilan pro-

visoire du bombardementirakien effectué le matinmême contre la ville de Banehau Kurdistan iranien. Lesbombes irakiennes sont tom-bées en huit points différents,

I notamment sur une place pu-blique où la population s'étaitrassemblée pour écouter undiscours. Des incendies ontimmédiatement éclaté dans laville, privée d'électricité et detéléphone, tandis que les bles-sés étalent transportés dans

les hélicoptère; de l'armée.Située près de la frontière

irakienne, au sud-ouest deSaqqez, Baneh a déjà étébombardée plusieurs fois aucours du conflit irano-ira-kien.

Ce dernier bombarde-ment - de loin le plus meur-trier - fait figure de sévèreavertissement au moment oùles chancelleries occidentalesprédisent toutes l'imminenced'une offensive iranienne degrande envergure. A ce pro-pos, le bureau de l'ayatollah aadressé un message relative-

ment ambigu aux combat-tants du front, leur affirmantque la date du 5 juin « est unejournée historique ». Messagesi inhabituel (et non retrans-mis d'ailleurs par les médiasiraniens) que certains y ont vula confirmation de l'offensiveattendue.

Quoi qu'il en soit, le choixdu 5 juin, jour anniversairede l'arrestation par la policedu chah de l'ayatollah Kho-meini qui avait été suivie deviolentes émeutes, pour bom-barder un objectif civil ira-

nien, démontre la volonté ele Il'Irak de continuer, comme illl'a toujours fait par le passé, Ià multiplier les tentatives I

d'intimiöation lorsque Téhé-ran prépare une offensive. Le 'choix de Baneh au Kurdistan'semblant relever plus de la ~facilité technique d'approche Idans ce secteur que de tout -,autre choix. En effet, le frontkurde est relativement calme; ,les soldats iraniens s'en te-nant à leurs opérations denettoyage habituelles sur lesquatre principaux axes duKurdistan.

C'est toujours l'escalade dans le Golfe

Un ralcl Irakienfait 300 morts

o LOI Btats-Unla ont lancé hier un nouvel appel • l'Irait et èl'Irak pour qu'Ils recherchent rapidement un rèllement Il laluerre qui lOI oppose et qui rend le trafic des pétroliers dans lelolfe Persique de plus en plus périlleux,

« Nous aJmerJons voJr Jesdeux part/es ,'abstenJr d'act/ons quJ61arlJraJent les host/JJt6s et s'orJenter, aussJ vJte que possJble, versdes pourparlers de paJx », a déclaré Larry Speakes, le porte-pa-role de la Maison-Blanche.

Hier matin, une nouvelle escalade dans les hostilités a en toutcas encore été enrellstrée.

L'aviation Irakienne a en effet lancé un raid très meurtriercontre la ville kurde de Baneh, située sur la frontière Irano-Ira-klenne. Selon ûn'premler bilan annoncé par Radio Téhéran, ceraid aurait fait entre 300 et 400 morts parmi la population civile'qui défilait Il ce moment-là Il l'occasion de l'anniversaire du5 Juin 1963, date de l'arrestation de l'ayatollah Khomeyni par lapolice du chah d'Iran. •

Après le bombardement de Baneh, Téhéran paratt en tout casfermement décidé à procéder à des raids de représailles,

Enfin, l'autre Irand pas franchi hier dans le connlt Irano-ira-kien aura été l'intervention, pour la première fois, de l'aviationsaoudienne: celle-ci a abattu avec des mlsalles tirés par des chaa-aeurs F 15 Ealle, au cour d'un combat aérien au-dessus du Oolfe,deux avions Iraniens qui avalent été repérés (par le systéme améri-cain Awac' qui surveille l'eapace aérien de la réllon) dés leur en-trée au-deaaus du territoire saoudien. Lea apparella abattu aétalent dOl F 4 Phantom, ache~éa par Téhéran aux Etata-Unla Il ya quatorze ana. Ils se préparaient à relalner leur base après avoirlur~oléle Oolfe à la recherche de pétroliers.

L'amballadeur d'Arable Saoudite aux Etats-Unis 'a déclaréhier loir, confirmant olnslll\ combat aérien, cc noui penaons qu'IIOlt relrettable que nOURRyon. dO etre entratnés dans ce conntt.Mals noua aommes déterminés à défendre notre pays. Il ne fautpal confondre la modération avec l'approbation )I.

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CENTRE INTERN:\TIONAL D'INFORMATION SUR LES PRISONNIERS, DÉPORTÉS ET DISPARUS PALESTINIENS ET LIBANAIS

INTERNATIONAL CENTRE FOR INFORMATION ON PALESTINIAN AND LEBANESE PRISONERS, DEPORTEES AND MISSING PERSONS

Bien que l'immigration kurde au Liban soit relativement ancienne,les dernières vagues d'immigration remontnnt à plus de 50 ans,

la communauté kurde au Liban ne bénéficie toujours pas d'un statut.SECRÉTARIAl :

ADRESSE POSTALE

CfNTRE INTERNATIONAL D'INl-ORMATION

SUR LE DROIT HlJMANIT AIRE

DE LA GUERRE

B.P 335.1675767 PARIS CWEX 16

TEL. : (33) (1) 647.44.23.

COMITE Df PAfFONAGE :

P~RF lIlR.A!"M AY~fl

(l'A~FS'INf)

LIEUTENANT-GiNE ...", ODD BULL

(NOl/I'fGE)KHEMAIS CHAMARI

(TUNISIE) -RICHARD FAL"

(U.s.A)GÉRAUD OF LÀ PRADELLE

(FRANCE)RANIERO LAVALLE

(ITAW)LÉo MATARASSO

(FRANCE)~EAN Mc HRlDl-

(IRLA "lVII

1HI. EARl 01 OXfORD AND ASQUII Il

(ROYAUMr U'<I.'EnWARD ~Alil

(PALFS""IL~AIlI)HHA~MN YOU"OUFI

(MA/WCI.lEM: ZIIoGI FR

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Les kurdes étaient arrivés, la plupart du temps, sans aUcun papier,dans la certitude de pouvoir rentrer rapidement chez eux, après lesmassacres. Aussi, lors du dernier recensement qui a eu lieu au Liban,en 1933, peu d'entre eux se sont faits alors enregistrés.

Mais le temporaire sevait durer et leur situation a été différemmentprise en considération selon les gouvernements libanais qui se sontsuccédés.

En 1958, -M. Camille Chamoun était encore président de la République-la naturalisation des ét~angers était favorisée, en particulier ceuxde confession chrétienne. De nombreux kurdes déposèrent des demandes.Cependant, seule une minorité de kurdes purent retirer leur carted'identité libanaise. Cq fut principalement les leaders des grandesfamilles kurdes et en p3rtie ceux qui tenaient les abattoirs dans lequartier de Masslah,(banlieue nord-est de Beyrouth où les Phalangistesont procédé,(au début de la guerre civile fin 1975-debut 1976) à uncruel massacre de la population avant de prendre le contrôle de cequartier) qui ont pu bénéficier de cette naturalisation.

Mais la grande majorité des kurdes vivant aU Liban restèrent sanspapier: seul leur était délivré un papier par le maire (mokhtar) duquartier, pour leur permettre l'accès aUx dif:érents services sociauxtel que l'école pour les enfants ••• Ce n'était pas une autorisationde séjour et encore moins une pièce d'identité.

En 1963, avec la format~on d'un nOUveaU gouverne~ent comprenant entreautres Kamal Joumblatt, le dosmer de régularisation des étrangersfut à nouveaU mis à l'8':ude. Des demandes de naturalisation et destitres de séjour fur8nt déposaes. En attendant l'étude des dossie:3t

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aes titres provisoires de séjour, prévus initialement pour 3 ans, furent déli-vr~s mentionnant:-la nationalité ("indéterminée"en ce qui concerne les kurdes)

-la confession (musulmane)-et "Dossier en cours d'étude".

A cette même époque, les droits culturels des kurdes commencèrent à être recon-nus au Liban et à partir de 1969, la communauté kurde put se doter d'un partipolitique

Depuis le début de la guerre civile en 1975, leurs conditions de vie n'ont cesséde se précariser. Ceux qui ont pu fuir les massacres de Masslah et de la Qua-rantaine se sont retrouvés dans les chalets au bord de la mer ou dans les dif-férents camps de réfugiés palestiniens. Le renouvellement des titres de séjourétait source de nombreuses tracasseries de la part de la SOreté. Les déclara-tions des autorités libanaises et de c~rtains des partis politiques ne manquentpa~faisant état de leur volonté ds se "débarrasser" de tous les "étrangers".Lee titres provisoires, de séj6ur furent maintenus, et ramenés de 3 ans à 1 an,peu de temps avant l'invasion israélienne au Liban en juin 1982. Ils furent obl!-gatoirEpour tout membre de le famille dès sa naissance, moyennant 1S0 livreslibanaises,per titre et par renouvellement.Aussi ont-ils particulièremant été touchés par

- lea campagnes d'arrestati£ll! at d'exp~2O! massives opéréss par l'arméelibanaise depuis l'invasion israélienne,ren toute illégalité jUI-qu'au décret ds févrisr 1983 donnant plein pouvoir à l'armée).Mis eux frontières Byriennes, les kurdes expulsés revenaient,souvent,clandestinement/dans leur famille reetée au Liban, n'ayant nullepart où aller.

- lee enlèvements opérés par lee rorcss Libanaises (milices fascistes ) dansBeyrouth et aUX différents barrages, lU. 'll.base de liurs titresde séjour. Ainsi, de nombreux noms kurdes peuvent Itre trouvés surla liste des disparus-enlevés établie par le Comité des Parents desDisparus de Dar El ratwa, tels que Mohieddine ACHICHU disparu en 1982,Wihab, Mohamed,Cheikh Mouss SAADO.disparus en 1982, Jamil Moheen etHamid Jamil KARMOU, tous deux disparus en 1983 •••