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Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille Evaluation UE 6.5 : Mémoire d’initiation à la recherche Accompagnement au processus de changement de l’entourage de la personne atteinte de la Maladie d’Alzheimer et auto-efficacité Sous la direction de Sophie JEJATI et Catheline BLANC Diplôme d’État d’Ergothérapie Evaluation UE 6.5 Le 06/06/2017 Laura TEL

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Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille

Evaluation UE 6.5 : Mémoire d’initiation à la recherche

Accompagnement au processus de changement de l’entourage de la personne atteinte de la Maladie

d’Alzheimer et auto-efficacité

Sous la direction de Sophie JEJATI et Catheline BLANC

Diplôme d’État d’Ergothérapie

Evaluation UE 6.5

Le 06/06/2017 Laura TEL

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Remerciements

À toute l’équipe de l’ESA de la Seyne sur Mer pour m’avoir si bien accueillie,

et tout particulièrement à ma tutrice de stage Nathalie Vogel.

Aux formateurs de l’IFE pour nous avoir conduit à l’aube de notre vie professionnelle,

ainsi qu’à Caroline Lefebvre pour ses cours et conseils avisés.

À Catheline Blanc, mon professeur chargé de méthodologie, qui a su m’éclairer sur de

nombreux points d’interrogation.

À Sophie Jejati, ma tutrice de mémoire, qui a donné de son temps et a partagé son expérience.

Aux différents ergothérapeutes ayant répondu à ma pré-enquête et à mon entretien.

À mes proches, qui n’ont pas douté de moi et de mon choix de réorientation, pour m’avoir

soutenue dans ce grand virage.

À Pierre, qui m’encourage au quotidien et m’a apporté de son esprit de synthèse, faisant que

l’on se complète si bien.

Un grand merci.

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« Les malades Alzheimer et les familles n'ont pas seulement besoin de comprendre la

cause des symptômes de façon intellectuelle mais aussi de restaurer une continuité là où le

traumatisme fait rupture. »

Talpin J-M, 1999

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TABLE DES MATIÈRES

1. INTRODUCTION ................................................................................................................ 1

1.1 Contexte ............................................................................................................................... 1

1.2 Thème général ..................................................................................................................... 1

1.3 Utilité sociale du questionnement et intérêt pour la pratique professionnelle .............. 2

1.4 Question de recherche ........................................................................................................ 3

1.5 Problématique pratique ..................................................................................................... 3

1.5.1 La maladie d’Alzheimer .................................................................................................. 4

1.5.2 Les répercussions de la Maladie d’Alzheimer sur la personne ................................... 7

1.5.3 Les retentissements sur l’entourage ............................................................................... 8

1.5.4 Le domicile ..................................................................................................................... 10

1.5.5 L’ergothérapie en ESA .................................................................................................. 11

1.6 Pré-enquête exploratoire .................................................................................................. 13

1.7 Cadre théorique ................................................................................................................ 15

1.7.1 Le modèle systémique .................................................................................................... 15

1.7.2 Le processus de changement ......................................................................................... 16

1.7.3 Les compétences des familles ........................................................................................ 17

1.7.4 Le sentiment d’auto-efficacité ...................................................................................... 18

2. MATÉRIEL ET MÉTHODE ............................................................................................ 20

2.1 Le choix de la méthode ..................................................................................................... 20

2.2. La population ................................................................................................................... 20

2.3 Le choix et la construction de l’outil théorisé de recueil des données ......................... 20

2.4 Le déroulement de l’enquête ........................................................................................... 24

2.5 Choix des outils de traitement de données ..................................................................... 25

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3. RÉSULTATS ...................................................................................................................... 26

3.1 Présentation des données ................................................................................................. 26

3.2 Analyse des données ......................................................................................................... 33

3.2.1 Analyse quantitative ...................................................................................................... 33

3.2.2 Analyse qualitative ........................................................................................................ 33

4.1 Interprétation des données selon la revue de littérature et le cadre théorique ........... 45

4.1.1 Interprétation en lien avec la revue de littérature ...................................................... 45

4.1.2 Interprétation en lien avec le modèle systémique ....................................................... 46

4.1.3 Interprétation en lien avec le processus de changement ............................................ 46

4.1.4 Interprétation en lien avec le concept de compétence des familles ........................... 47

4.1.5 Interprétation en lien avec le concept d’auto-efficacité ............................................. 48

4.2 Réponse à l’objet de recherche ........................................................................................ 50

4.3 Discussion des résultats .................................................................................................... 51

4.3.1 Critique du dispositif de recherche .............................................................................. 51

4.3.2 Propositions et transférabilité pour la pratique professionnelle ............................... 52

4.4 Apports, intérêts et limites des résultats ......................................................................... 53

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 55

GLOSSAIRE ........................................................................................................................... 59

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1. INTRODUCTION

1.1 Contexte

C’est la volonté de mêler le soin à la relation d’échanges qui m’a poussée à

entreprendre des études d’ergothérapie. Tout au long de cette formation, les apports

théoriques reçus et mes différentes expériences de stage m’ont permis de considérer l’ampleur

des possibilités d’action ergothérapique.

En deuxième année, j’ai eu la chance de suivre les interventions d’une Équipe Spécialisée

Alzheimer, plus connue sous le sigle ESA. Son objectif premier est de renforcer le soutien à

domicile des personnes souffrant de la Maladie d’Alzheimer et de maladies apparentées. Ce

type de structure, s’inscrit dans le cadre réglementaire du Plan Alzheimer 2008-2012 (1). La

mesure n°6 (2) de ce même plan présente son cahier des charges et ses conditions de mise en

place. La pratique des ergothérapeutes et des psychomotriciens en ESA s’appuie sur les

recommandations de la Haute Autorité de Santé (3) (HAS). L’objectif réadaptatif énoncé

concerne le « maintien des activités physiques, psycho-sociales et la prévention des

complications liées à la maladie » (3). Pour ce faire, différentes actions sont menées auprès

des patients, mais aussi de leurs aidants et de leur environnement.

Les soins d’accompagnement et de réhabilitation entrepris en ESA ont été synonymes

de découvertes. C’était pour moi une première expérience auprès de personnes présentant des

maladies neurodégénératives. J’ai rapidement compris que ce ne serait pas la dernière, tant

j’ai apprécié de travailler avec ce public. Le caractère évolutif de la maladie impose une

adaptation constante de l’accompagnement ; d’où une dynamique très enrichissante. La

pratique m’a également fait découvrir un nouveau contexte d’intervention ; le domicile,

chaque séance étant effectuée sur le lieu de vie du patient.

Cette prise en soins en accord avec les valeurs holistiques de l’ergothérapie m’a

énormément appris, c’est pourquoi j’ai voulu découvrir ses différentes facettes.

J’espère d’ailleurs intégrer une ESA après l’obtention du diplôme d’état d’ergothérapeute.

1.2 Thème général L’ergothérapie a un véritable rôle à jouer dans l’accompagnement de la Maladie

d’Alzheimer et de ses maladies apparentées. C’est pourquoi nous nous intéresserons aux

actions d’ergothérapeutes exerçant en ESA, intervenant au domicile de patients de stade léger

à modéré de la maladie d’Alzheimer.

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En tant que thérapie non-médicamenteuse, l’ergothérapie œuvre pour « l’amélioration

de la qualité de vie, la recherche d’un état de bien-être » (4) des personnes malades mais

aussi de leurs proches. En effet, l’ergothérapeute en ESA s’intéresse à un public mixte,

composé de la personne accompagnée et de son entourage.

Tout au long de ce mémoire, les termes de « personne accompagnée » et d’« entourage »

seront employés, pour désigner la personne malade d’une part, et l’ensemble de ses proches et

aidants naturels d’une autre part.

La prise en soins se déroulant entièrement au domicile de la personne accompagnée, la

dimension écologique de ce suivi est très forte. L’ergothérapeute est directement au contact de

l’environnement physique et humain des personnes. Son intervention est complexe et

diversifiée car elle porte sur de nombreuses problématiques.

Le thème général que nous allons explorer est ainsi l’action ergothérapique à

domicile, menée auprès de la personne accompagnée et de son entourage.

1.3 Utilité sociale du questionnement et intérêt pour la pratique professionnelle La Maladie d’Alzheimer fait partie des maladies neurodégénératives les plus connues

et redoutées. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle est la première cause de

démence et représenterait 60 à 70% des cas de syndromes démentiels (5). La démence se

caractérise par la présence de « troubles des fonctions cognitives, suffisamment importants

pour retentir sur la vie quotidienne et qui durent depuis au moins 6 mois (DSM-IV-TR) »(6).

Si la Maladie d’Alzheimer fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques, elle

reste à ce jour incurable. Dans de rares cas, elle peut survenir chez le sujet jeune mais l'âge

demeure son principal facteur de risque. En France, L'Institut National de la Santé Et de la

Recherche Médicale (INSERM) nous apprends que son incidence augmente après 65 ans et

que sa fréquence atteint 15% à 80 ans. Actuellement, L’INSERM estime à plus de 900 000 le

nombre de français atteints par les maladies de type Alzheimer. Compte-tenu du phénomène

de vieillissement général de la population, ces chiffres sont amenés à croître.

Face à cette perspective inquiétante, nous pouvons nous demander comment

accompagner les personnes touchées par cette maladie invalidante à long terme ?

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La grande majorité des malades vivent (encore) chez elles, ce qui soulève une autre

préoccupation ; comment soutenir le maintien à domicile de ces personnes et par quels

moyens favoriser l’émergence d’une vie la plus harmonieuse possible ?

La Maladie d’Alzheimer pose ainsi un véritable problème de santé publique, auquel la

société doit répondre. Les politiques Français ont donc légiféré pour tenter d’améliorer la

prise en charge de ces affections. Le premier Plan Alzheimer a vu le jour en 2001, suivi par

d’autres jusqu’à l’actuel Plan Maladies NeuroDégénératives (PMND) 2014-2019 (7). Ce

dernier renforce l’engagement des ESA et annonce la création de structures supplémentaires,

en réénonçant le besoin d’« être mieux accompagné à son domicile » (7).

1.4 Question de recherche

Il importe de s’interroger sur la pratique et le potentiel de l’ergothérapie auprès de la

personne accompagnée et de son entourage. Quelles sont les possibilités d’actions dans le

cadre de l’ESA ? Comment l’ergothérapeute intervient-il ?

Cette pratique étant encore jeune, il est important d’approfondir ses composantes et de

réfléchir à son évolution. L’intérêt de ce questionnement est d’améliorer la qualité de vie des

personnes, en les soutenant à travers l’épreuve de la maladie.

La question de départ de ce travail est la suivante :

En quoi l’intervention de l’ergothérapeute en ESA impacte-elle le quotidien de la

personne accompagnée et de son entourage ?

1.5 Problématique pratique

Pour mieux comprendre la prise en soins ergothérapique de la personne accompagnée

et de son entourage, une revue de la littérature (8) a été effectuée. Lors de cette étape et selon

la méthode de recherche cumulative, différents savoirs issus d’écrits scientifiques et

professionnels ont été recueillis. Ces savoirs permettent d’affiner la problématique et

constituent le cadre conceptuel de ce mémoire.

Dans un premier temps nous découvrirons la Maladie d’Alzheimer en tant que

pathologie, puis nous nous intéresserons à ses différents retentissements. Nous nous

pencherons alors sur le vécu des personnes, dont le quotidien se trouve véritablement

transformé. Nous explorerons ensuite les actions possibles auprès de ces personnes.

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1.5.1 La maladie d’Alzheimer

C’est en 1906, après avoir autopsié le cerveau d’une patiente, que le médecin Alois

Alzheimer décrit pour la première fois la maladie qui porte aujourd’hui son nom.

• Physiopathologie La Maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative, prenant racine dans la

région de l’hippocampe (9) avant de s’étendre à l’ensemble du cerveau.

Elle se caractérise par des lésions neuronales spécifiques. Si dans le processus de

vieillissement normal, des amas de protéines bêta-amyloïde constituent des plaques séniles,

dans le cas de la Maladie d’Alzheimer ; ces plaques font l’objet d’une accumulation

pathologique. Ce phénomène s’accompagne de l’augmentation de la phosphorylation de la

protéine Tau, responsable de la structure des neurones, causant ainsi des dégénérescences

neurofibrillaires. On parle alors de tauopathie (10), entraînant la mort des neurones et

l’atrophie corticale.

• Symptomatologie et évolution

L’installation du syndrome démentiel se fait de façon insidieuse, en suivant le chemin

de la tauopathie. La maladie peut rester silencieuse pendant plusieurs années avant de se

déclarer. Bien que ses signes cliniques varient d’un individu à l’autre, deux grandes familles

de symptômes sont reconnaissables : cognitifs et psycho-comportementaux.

• Les symptômes cognitifs

La mémoire

Tout d’abord des troubles de la mémoire épisodique apparaissent, du fait de l’atteinte

hippocampique. Les conséquences peuvent être des oublis de faits récents ou une

désorientation spatio-temporelle. Rapidement, les autres types de mémoires sont à leur tour

affectés ; c’est l’amnésie. Néanmoins, la mémoire émotionnelle reste intacte. Les personnes

continuent de ressentir intensément les évènements, en conservant une « empreinte

émotionnelle » (11).

Le langage

Avec l’atteinte du cortex temporal et de la mémoire sémantique, les premières

perturbations du langage apparaissent. Il s’agit le plus souvent d’un manque du mot.

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Petit à petit, l’aphasie et son cortège de troubles langagiers s’installent. Le manque du mot

s’accroît et le discours se désorganise jusqu’à devenir incohérent. Avec la progression de la

maladie, la compréhension écrite et orale se dégrade inexorablement.

Les praxies

Une praxie est une fonction élaborée visant à effectuer une activité gestuelle finalisée.

Elle passe par la planification, puis la programmation pour arriver à l’exécution du geste. La

Maladie d’Alzheimer s’accompagne de dysfonctionnements de l’habileté gestuelle, on parle

d’apraxie. Ce phénomène étant multiple, nous retiendrons deux grands types d’apraxie :

- idéomotrice : difficulté ou impossibilité à réaliser des gestes symboliques ou expressifs.

- idéatoire : difficulté avec les gestes d’action, de manipulation et l’utilisation d’objets.

Les gnosies

La gnosie est la capacité à reconnaître un objet par l’intermédiaire d’un des sens.

L’évolution de la maladie entraîne une agnosie (12) et des difficultés de reconnaissance des

objets et/ou des personnes. L’anosognosie qui est l’incapacité d’une personne à reconnaître sa

maladie, est également possible. Elle est à différencier du déni qui est un phénomène

psychologique de défense.

Enfin, le déclin général des fonctions exécutives (12), permettant l’organisation et la

réalisation des tâches les plus complexes, s’amorce. Ces fonctions sont l’attention, l’initiation,

le jugement, la pensée abstraite, la planification et la résolution de problème. Leur

détérioration se renforcera tout au long de la maladie. Cela aura pour effet de changer la face

du quotidien, limitant toujours plus la réalisation des activités de la vie courante.

• Les symptômes psycho-comportementaux

Comme avancé par Pancrazi et Metais (2005), la Maladie d’Alzheimer s’accompagne

parfois de « symptômes psychologiques et comportementaux de la démence (SPCD) » (13). Ils

marquent souvent l’interaction entre les différents troubles cognitifs et émotionnels, causés

par les lésions cérébrales. D’origine multifactorielle, ces « troubles de la perception, du

contenu des pensées, de l’humeur ou du comportement » (13) varient d’une personne à l’autre

et selon les environnements fréquentés. Leur survenue peut également être favorisée par des

problèmes relationnels avec l’entourage.

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Nous pouvons distinguer deux grands types de troubles : - Les troubles du comportement non perturbateurs (négatifs) (4) : très fréquents, ils

témoignent souvent d’un retrait de la personne. Parmi eux la dévalorisation, la dépression et

l’apathie. La personne peut être sujette à des pertes d’intérêt, de motivation, de sommeil et

d’appétit.

- Les troubles du comportement perturbateurs (positifs) (4) : très difficiles à gérer pour

l’entourage, ils ont un impact marqué sur le quotidien. Il s’agit de comportements anxieux

voire phobiques, de tendances à l’opposition, à l’agitation et à l’agressivité physique et/ou

verbale. Des manifestations comportementales comme la déambulation et la désinhibition

(comportement impulsif et inapproprié) peuvent survenir. Enfin, des symptômes d’allure

psychotique tels que les idées délirantes (perceptions ou jugements erronés de la réalité) et les

hallucinations (perceptions sensorielles sans objet réel) peuvent également apparaître.

La démence de type Alzheimer est inscrite au Diagnostic and Statistical Manual of

Mental Disorders : Fourth Edition (DSM-IV)(13). À noter qu’il existe une corrélation

positive entre « l’augmentation de la fréquence de ces troubles comportementaux et la

sévérité de l’atteinte cognitive »(14).

La HAS souligne que les SPCD dépendent de facteurs propres à la personne, à la maladie ou

au milieu écologique (4). Elle donne la priorité à la recherche de causes somatiques (douleur,

iatrogénie, intoxication) « en raison de leur gravité potentielle » (4).

Ces différents états comportementaux sont déstabilisants pour la personne

accompagnée comme pour son entourage, qui doit alors faire face et s’adapter.

• Évolution Évolutive, la maladie d’Alzheimer passe par trois grands stades de progression.

Le premier est le « stade léger » (15) : des déficits du fonctionnement cognitif s’installent

mais ne sont pas encore invalidants. La prise de conscience de la maladie par la personne et

son entourage peut prendre du temps et s’accompagner de réactions diverses (déni, état

dépressif). Les premiers signes ; des pertes de mémoire, sont d’ailleurs souvent considérés

comme de simples manifestations du vieillissement normal.

L’attention, l’humeur et le comportement de la personne peuvent être modifiés, tout comme

sa capacité d’orientation spatio-temporelle.

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Le second stade est dit « modéré » (15). La détérioration de la mémoire et des

capacités cognitives s’aggrave, multipliant les symptômes. La réalisation des activités se

complique. Des difficultés de communication s’installent. Le retentissement sur le quotidien

est tel que la prise de conscience est inévitable. Le processus de dégénérescence progresse et

des troubles psycho-comportementaux peuvent apparaître.

Enfin, le « stade avancé » (15) est marqué par la perte majeure des capacités de la

personne. Les notions d’indépendance et d’autonomie disparaissent, tandis que les tâches de

soin et de surveillance deviennent de plus en plus accrues pour l’entourage. C’est bien

souvent un stade critique où la personne ne reconnaît plus ses proches, se replie sur elle-même

et présente de nombreux signes psycho-comportementaux.

En fin d’évolution, la Maladie laisse la personne en position de totale dépendance.

Parole et capacité à se mouvoir sont perdues. L’état de la personne se complique alors de

différents troubles somatiques (incontinence, déglutition, dénutrition, infections), c’est la fin

de vie. Le syndrome d’immobilisation (14) entraîne de multiples fragilités et conduit au

décès, survenant en moyenne 7 ans après les premiers symptômes de la maladie.

Pour plus de précision, il est possible de mesurer la progression de la Maladie

d’Alzheimer d’après l’Échelle de détérioration globale (annexe 1), proposée par le psychiatre

Barry Reisberg. Sept stades d’évolution pré-démentielle et démentielle y sont différenciés :

pas de déficit cognitif, déficit très léger, léger, modéré, relativement grave, grave et très grave.

• Traitement

À ce jour, les seuls traitements spécifiques à la Maladie d’Alzheimer visent à ralentir

son avancée. Il s’agit principalement d’anticholinestérasiques ou d’antiglutamatergiques (12).

D’autres médicaments non spécifiques peuvent être utilisés pour une action symptomatique,

notamment sur les troubles du comportement.

1.5.2 Les répercussions de la Maladie d’Alzheimer sur la personne

Les perturbations engendrées par la maladie sont nombreuses, elles affectent la vie de

la personne qui en est atteinte en modifiant son déroulement.

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• Conséquences fonctionnelles

La diminution des capacités cognitives entraîne un handicap fonctionnel important. La

personne atteinte de la Maladie d’Alzheimer est de moins en moins « capable d’agir seule sur

son environnement » (16) (Thomas et Hazif-Thomas, 2004). Elle a « besoin d’aide pour

exécuter les tâches complexes et même les tâches de la vie quotidiennes deviennent alors plus

pénibles » (17) (Graff, Van Melick, Thijss et Verstraten, 2013) . Ce nouvel état de

dépendance impacte sa qualité de vie. Elle peut toutefois développer et expérimenter des

compétences compensatoires (18) pour rester active. L’adoption de nouvelles stratégies et

manières de faire différemment, sera d’ailleurs encouragée et soutenue par l’ergothérapeute.

• Conséquences psychologiques

Avec la maladie, les personnes voient leurs habitudes se modifier et leur

comportement changer, ce qui entraîne une certaine perte identitaire. P. Thomas parle d’un

« naufrage existentiel » (16).

Les personnes expérimentent des difficultés psychologiques (19), telles que la dévalorisation

de soi ou encore la culpabilité. La dépression (16) est également courante, du fait de leur état

de vulnérabilité (19) avéré.

Le clinicien en gérontologie M. Ylieff (2011), constate que face à l’épreuve de la

maladie, les patients entrent dans un « processus dynamique de changement » (19), ayant pour

objectif l’adaptation des personnes et visant « à atténuer ou réduire la détresse et la

souffrance » (19). Le concept de coping (19) est alors avancé. Ce terme anglais

signifiant affronter, se débrouiller, peut être vu comme un ajustement de la personne à sa

nouvelle situation. Cette notion fait d’ailleurs écho au concept de résilience (19), désignant le

processus dynamique développé en réponse à un événement traumatique.

Face à la maladie, l’être tout entier doit changer pour résister.

1.5.3 Les retentissements sur l’entourage

La Maladie d’Alzheimer bouleverse l’environnement humain de la personne malade,

perturbant les rôles et activités habituelles de chacun.

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• Le nouveau rôle d’aidant

Face à la maladie, il arrive qu’un ou plusieurs membres de l’entourage (famille, amis,

connaissances) devienne(nt) aidant(s). L’aidant familial ou naturel est défini comme « la

personne qui vient en aide, à titre non professionnel, en partie ou totalement, à une personne

âgée dépendante ou à une personne handicapée de son entourage, pour les activités de la vie

quotidienne »(20) (Mollard, 2009).

Cet accompagnement de tous les jours est considérable, l’aide apportée peut concerner la

réalisation :

- de soins personnels (prise des repas, toilette, médication, soins du corps, habillage).

- de tâches ménagères (préparation des repas, courses, ménage).

- d’activités de loisirs.

Avec l’avancée de la maladie, l’entourage voit sa charge physique et morale s’alourdir

tout comme les responsabilités qu’il supporte. Le quotidien est alors métamorphosé. En

majorité, les aidants rencontrent des problèmes tels que l’état anxio-dépressif (90%), la

fatigue chronique (48%), les troubles du sommeil (23%) ou encore l’isolement social (18%°).

Des difficultés physiques sont également possibles, comme l’amaigrissement et

l’augmentation du risque cardio-vasculaire (21).

• Le fardeau Le concept de fardeau (19) est aujourd’hui largement utilisé pour désigner la charge

croissante supportée par l’entourage dans le contexte de la maladie. Il est défini par Kerhervé,

Gay et Vriginaud (2008) comme « l’ensemble des conséquences physiques, psychologiques,

émotionnelles, sociales et financières supportées par les aidants » (22). Le fardeau est évalué

par un inventaire spécifique ; l’échelle de Zarit (annexe 2).

Il est à considérer selon deux dimensions; la charge objective (19) et la charge

subjective (19). La première renvoie aux problèmes d’ordre pratique ; liés aux difficultés

fonctionnelles et comportementales de la personne accompagnée, ainsi qu’à sa perte

généralisée d’autonomie. Les problèmes financiers et administratifs possiblement engendrés

par la maladie sont également inclus dans la charge objective.

La charge subjective quant à elle, renvoie aux réactions émotionnelles expérimentées par

l’entourage du fait de la maladie. Le déni, l’incompréhension, la colère, la tristesse ou encore

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le sentiment d’emprisonnement sont autant de ressentis possibles. Ces derniers

s’accompagnent souvent d’anxiété, le risque d’épuisement de l’aidant étant bien présent.

Des facteurs sont susceptibles d’influencer le fardeau. Des difficultés psycho-

comportementales, de mauvaises relations antérieures à la maladie ou encore le manque de

soutien perçu par l’entourage peuvent augmenter considérablement son intensité (19).

• Modification des relations et des rôles

D’après M. Myslinski « Les maladies démentielles ont des conséquences sur les liens

intrafamiliaux » (23) (Blanc, 2010).

Avec la maladie d’Alzheimer, les relations entre personne accompagnée et entourage

changent. Pour Moësan (2010), un « traumatisme conjugal » (24) peut être engendré. Le

couple, désorganisé par la maladie d’un des conjoints accumule les bouleversements et se

trouve amenui par la « disparition progressive des souvenirs partagés » (24).

Des inversions des rôles sont également possibles. Il peut arriver qu’une personne devienne le

parent de son conjoint, ou encore le parent de son parent (23). Selon Trouvé (2008) des

« ajustements identitaires » (25) ont donc lieu. Ces situations ambiguës favorisent

l’émergence de désaccords et d’anciennes querelles peuvent être réactivées. Les perturbations

relationnelles risquent alors de se propager au sein de la famille.

De grandes capacités d’adaptation sont ainsi nécessaires pour faire face aux remaniements

imposés par la maladie.

1.5.4 Le domicile

• Le contexte du lieu de vie En 1962, le Rapport Laroque (26) dénonce les conditions de vie difficiles des

personnes âgées et marque ainsi le début de la politique de maintien à domicile. Aujourd’hui,

le vieillissement de la population se complique de pathologies, telle que la célèbre Maladie

d’Alzheimer.

La majorité des personnes en bonne santé souhaite rester le plus longtemps possible à

domicile, le milieu naturel de la personne étant synonyme d’épanouissement. En effet, il

représente un espace intime et sécuritaire comme décrit par en 2004 par Gaoui (26).

C’est pourquoi il est primordial que les différents professionnels du soin fassent preuve de

prudence lors de leurs interventions à domicile. Leur attitude respectueuse est nécessaire car

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ils évoluent dans la sphère du privé. Il faut empêcher que l’intervention sur le lieu de vie soit

ressentie par la personne accompagnée comme une violation de son intimité.

• Particularités du domicile dans le cas de la Maladie d’Alzheimer

La volonté de vieillir chez soi est également partagée par les personnes malades. Elle

est souvent rendue possible par le dévouement de l’entourage et le développement de

thérapies en ambulatoire. Or force est de constater que « le maintien à domicile des personnes

atteintes de la Maladie d’Alzheimer, s’avère plus rare que pour les personnes âgées souffrant

d’autres pathologies » (2). En France, cette maladie constitue même la première cause

d’entrée en institution (2). Les personnes malades étant très sensibles aux facteurs socio-

environnementaux, la modification de leur environnement entraîne chez elles une perte de

repères. Différents travaux ont d’ailleurs montré que l’institutionnalisation s’accompagne de

bouleversements d’importance, pouvant avoir des effets pathogènes sur la personne

institutionnalisée (26).

En tant que pratique centrée sur le quotidien, l’ergothérapie est légitime à domicile car

le cadre de vie est aussi lieu de mémoire (27). C’est grâce à l’observation et à l’analyse de

situations en contexte écologique, que l’adaptation et la sécurisation des activités sont

permises.

1.5.5 L’ergothérapie en ESA

La littérature regorge d’études sur les bienfaits de l’intervention ergothérapique à

domicile dans le cadre de la Maladie d’Alzheimer. Une amélioration significative de la qualité

de vie des personnes malades et de leurs aidants, ainsi que la diminution de leur fardeau, a été

observée en 2004 par N R Dooley et J Hinojosa (28). Ces changements reposent sur le suivi

de recommandations particulières. D’autres effets positifs sur la qualité de vie du patient et le

sentiment de compétence du proche aidant ont également étés relevés par les travaux de Graff

et al (29) en 2007. Enfin, la pertinence de la pratique de l’ergothérapie dans le cadre de la

Maladie d’Alzheimer, est soutenue par les Données probantes en ergothérapie(2).

• L’Équipe Spécialisée Alzheimer

L’ESA a pour objectif de « réduire les symptômes et/ou maintenir ou développer les

capacités résiduelles des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer afin de permettre le

maintien à domicile » (2).

Page 17: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

12

Cette équipe est adossée à une structure porteuse telle qu’un Service de Soins

Infirmiers à Domicile (SSIAD) ou un Service Polyvalents d’Aide et de Soins À Domicile

(SPASAD). Son cahier des charges (2) nous explique son fonctionnement et la constitution

de son équipe pluridisciplinaire :

- un Infirmier Coordinateur Diplômée d’État « en charge des partenariats, de l’évaluation de

base et de la coordination des interventions et du suivi de celles-ci (0,25 ETP1) »

- un ergothérapeute et/ou un psychomotricien « en charge de la réalisation de l’évaluation

des capacités du malade, des séances de soins de réhabilitation et d’accompagnement et du

bilan adressé a1u médecin traitant (1 ETP) »

- des Assistants de Soins en Gérontologie (ASG) « qui réalisent pour partie les soins de

réhabilitation et d’accompagnement sur la base de l’évaluation et des objectifs assignés par

l’ergothérapeute et/ou le psychomotricien (1,5 ETP) ».

En ce qui concerne les critères d’inclusion, l’ESA prend en charge des « malades

d’Alzheimer ou apparentés à un stade léger à modéré de développement de la maladie » (2).

Une prescription médicale est nécessaire pour que soient effectuées les 12 à 15 séances de

réhabilitation et d’accompagnement, intégralement financées par l’Assurance Maladie.

Celles-ci sont renouvelables chaque année. La durée moyenne du suivi est de 3 mois, à raison

d’une séance d’une heure par semaine.

• Les missions spécifiques de l’ergothérapeute

Quelles sont les modalités particulières de l’accompagnement ergothérapique et de

quels outils disposent les ergothérapeutes en ESA ?

L’évaluation

L’ergothérapeute évalue « sur la base d’un recueil d’information, d’entretiens et de la

réalisation de tests (MMSE, etc), les capacités fonctionnelles et psychomotrices, les

limitations d’activités, les restrictions de participation, les facteurs environnementaux

facilitateurs ou obstacles »(2).

1Equivalent Temps Plein

Page 18: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

13

Suite à quoi il détermine les objectifs à atteindre, avec le concours des personnes malades et

de leurs proches et établit un plan individualisé organisant les soins à venir.

Les soins de réhabilitation et d’accompagnement

En collaboration avec les ASG, une « intervention cognito-psycho-sociale

écologique » est effectuée. Les ergothérapeutes œuvrent auprès des personnes accompagnées

et de leur entourage grâce à la stimulation cognitive et à l’éducation thérapeutique (2). La

stimulation cognitive, aussi connue sous le terme de neuropédagogie (30) est une approche

sollicitant les facteurs cognitifs et psycho-sociaux de la personne. L’application d’un tel

procédé est selon De Rotrou et al. (2006) « en rapport avec la vie quotidienne, les besoins et

les centres d’intérêt des patients » (30). L’ergothérapie, par l’importance qu’elle attache à la

réalité de la personne et aux mises en situations, représente un levier d’action majeur en

matière de stimulation cognitive.

L’éducation thérapeutique fait également partie des missions de l’ergothérapeute,

regroupant « sensibilisation, conseil, accompagnement » (2). Les aidants sont ainsi informés

sur la maladie, les moyens de sa prise en soins et les approches à adopter.

Enfin la HAS (3) recommande des actes spécifiquement ergothérapiques :

-«réadaptation cognitive dans les activités de la vie quotidienne

- préconisation et entraînement à l'utilisation d'aides techniques

- réadaptation de la mobilité et des transferts

- prévention et traitement des risques de chute

- positionnement des troubles posturaux assis et en décubitus

- développement des performances de l'entourage dans la prise en charge et

l'accompagnement du patient

- aménagement de l'environnement »

1.6 Pré-enquête exploratoire

La réalisation de l’état des lieux a été enrichissante mais ne suffit pas à obtenir une

image de la réalité. Pour tenter d’avoir l’image la plus fidèle possible de l’ergothérapie en

ESA, il faut considérer les éléments de pratique professionnelle.

Un premier outil de mesure a ainsi été construit. Il s’agit d’un questionnaire de pré-

enquête exploratoire (annexe 3) envoyé à une dizaine d’ergothérapeutes travaillant en ESA.

Les réponses obtenues sont consultables en annexes 4, 5, 6 et 7.

Page 19: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

14

Ce premier contact avec la population cible a permis de recueillir l’expérience clinique de 4

professionnels, sur des points réfléchis (annexe 8).

Les questions posées sont volontairement ouvertes, afin de rendre les réponses très

qualitatives. Le questionnaire s’inscrit dans une visée constructiviste, en suscitant la réflexion

des professionnels interrogés, de manière à recueillir le plus de détails possible. Les données

attendues doivent nous éclairer sur les pratiques réelles des ergothérapeutes. Une question

vise également à connaître leur position quant au modèle systémique.

Il ressort de l’analyse qualitative des réponses obtenues que l’ergothérapeute en ESA

s’intéresse autant à la personne accompagnée qu’à son entourage et que pour ce faire,

l’approche systémique est un outil indispensable. Il aide à comprendre les différentes

interactions se jouant au sein de la famille et à accompagner ses membres à travers les

difficultés rencontrées.

Il apparaît aussi que les altérations causées par la maladie d’Alzheimer obligent la personne

accompagnée et son entourage à réorganiser leur vie. Nombre de leurs habitudes et

représentations sont bouleversées. Le fardeau menace l’entourage.

C’est pourquoi nous pouvons nous demander si une représentation plus positive de

l’accompagnement est possible ? Les personnes doivent réinventer leurs façons de faire et

d’être, en effectuant un véritable travail de changement. Ces éléments nous amènent à nous

intéresser au rôle de l’ergothérapeute dans cette perspective.

L’objet de recherche suivant a alors émané :

En quoi l’action ergothérapique soutient le changement de la personne

accompagnée et de son entourage ?

Grâce à l’élaboration du cadre théorique, nous approfondirons le modèle systémique

dans lequel s’inscrit l’intervention en ESA. La notion de changement sera ensuite explorée

pour mieux comprendre son articulation. Enfin, la compétence des familles et le concept

d’auto-efficacité seront des clefs pour comprendre le potentiel de changement de l’entourage

et construire une vision davantage positive de l’aide apportée.

Page 20: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

15

1.7 Cadre théorique

Au carrefour de plusieurs disciplines, l’ergothérapie s’est développée grâce à diverses

approches. Aujourd’hui, de nombreux modèles conceptuels permettent d’enrichir sa pratique.

Le cadre théorique de ce mémoire permet d’explorer les concepts clefs en lien avec la

problématique pour préciser notre recherche.

La pré-enquête a révélé que l’approche systémique aide à mieux comprendre les

interactions au sein de la famille mais aussi son organisation structurelle et fonctionnelle. Elle

permet de repérer ses faiblesses et d’agir sur ses dysfonctionnements. « Un problème

rencontré par un membre de la famille affecte le système entier » (Hessel, 2013) (17).

1.7.1 Le modèle systémique

D’après Morel-Bracq (2009), la personne accompagnée en tant qu’individu est un

« acteur du système, en interaction et en interdépendance » (31), c’est pourquoi sa maladie

impacte l’ensemble de son entourage. L’évènement traumatisant que représente la Maladie

d’Alzheimer impose des changements successifs, telles que la modification des rôles et

habitudes de vie, dans la dynamique familiale.

E. Morin s’est intéressé aux concepts d’interaction et de complexité (31), déjà amorcés

par le biologiste et psychologue L Von Bertalanffy. Auparavant l’approche analytique était

dominante, se focalisant sur des éléments précis en les abordant de manière isolée. Avec la

systémie, Morin a contribué à rendre plus globale la lecture des situations. Il a notamment

considéré l’importance des interactions se jouant entre les éléments observés. L’approche

systémique affirme d’ailleurs que « l’individu ne peut être abordé isolément, mais en relation

avec le système dans lequel il vit » (31).

De la théorie systémique découle la thérapie familiale systémique. Cette dernière est

indiquée dans le cadre de « pathologie du lien » (32) (Lethiais et Leborgne, 2008) comme la

Maladie d’Alzheimer. Sa particularité est d’avoir pour cible principale « non pas la

pathologie d’un patient, mais les relations entre les membres d’une même famille » (32).

La survenue de la dépendance bouleversant les représentations de la famille et la

désorganisant, la thérapie familiale (33) oeuvre à la préservation du lien entre les personnes.

Pour cela, elle aide l’entourage à mobiliser ses ressources et capacités d’adaptation, pour

accepter la maladie et faire le deuil du parent indépendant (32).

Page 21: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

16

En ESA intervention thérapeutique et systémie sont entreliées. La personne

accompagnée et son entourage sont objets de soins, car comme avancé par T. Darnaud « la

maladie d’Alzheimer n’est ni l’affaire d’une personne, ni celle de deux, mais bien celle de

tout un système familial» (34) (Caire, 2015).

1.7.2 Le processus de changement

La crise engendrée par la maladie et les remaniements qu’elle opère, provoquent un

besoin de changement. La nouvelle réalité que représente la Maladie d’Alzheimer doit être

intégrée par tous. C’est la capacité de transformation (33) du système qui rend ce travail

d’intégration possible.

« Le système est soumis à des forces contraires : l’homéostasie cherche à conserver

un équilibre, la morphogenèse apporte un changement pour trouver un meilleur équilibre »

(31). Le concept d’homéostasie est issu de la biologie. Il renvoi à la tendance du système à

résister aux perturbations, notamment par le biais de phénomènes adaptatifs (33) et à

maintenir un état d’équilibre.

Dans le cadre de l’ESA ce travail de rééquilibration peut être de nature diverse (aides à la

communication, information, amélioration des stratégies de coping). Il est soutenu par

l’ergothérapeute et « permis par le processus de changement des différents acteurs » (31).

D’après C.J Dubouloz (2014), l’ergothérapie est « transformationnelle » (35), car elle

est étroitement liée à l’accompagnement du processus de transformation des patients,

composé des 3 phases que sont l’amorce, le changement et le résultat.

Le psychosociologue K. Lewin a développé la notion de changement, en tant que

processus dynamique passant par 3 phases. Tout d’abord vient la décristallisation, qui consiste

en « l’abandon des comportements et des attitudes habituelles » (36). Puis l’étape du

déplacement; au cours de laquelle de nouveaux fonctionnements sont expérimentés, dans la

volonté de restructurer le quotidien de la personne. Enfin, la dernière phase est celle de la

recristallisation, où la personne tend à stabiliser son nouvel équilibre. JM Caire déclare

d’ailleurs que l’entourage peut « remettre en question le fonctionnement familial qui

cristallise la situation » (37). Il apparaît ainsi que la famille a un rôle d’importance à jouer

dans l’évaluation de la crise et la construction d’un processus de réponse.

Applicable dans le monde de l’entreprise, la théorie du changement est également

adaptée à la sphère personnelle.

Page 22: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

17

Elle nous aide à comprendre comment suite à la maladie, les personnes vont s’engager dans

un processus de changement pour tendre vers un nouvel équilibre.

1.7.3 Les compétences des familles

Cette capacité des personnes à surmonter une épreuve par le changement, peut être

rattachée aux travaux du théoricien systémique G. Ausloos (1995). D’après lui « les familles

ont les compétences nécessaires pour effectuer les changements dont elles ont besoin, à

condition qu'on leur laisse expérimenter leurs auto-solutions et qu'on active le processus qui

les autorise » (38).

Tout au long de son ouvrage (17), M Graff nous rappelle d’ailleurs que l’aidant, par sa

connaissance du patient est un expert, qui sait évoluer et s’adapter à la maladie. Selon cette

vision, l’entourage possède des capacités d’adaptation qui lui sont propres. Son cheminement

personnel reste toutefois nécessaire pour apprivoiser ces compétences. Il apparaît ainsi, du

devoir du thérapeute, de laisser une marge de manœuvre suffisante aux personnes, afin

qu’elles puissent se confronter et s’essayer à leur propre potentiel.

C’est pourquoi, le processus thérapeutique doit permettre d’impulser et d’étayer la démarche

de réflexion de l’entourage.

L’ergothérapeute est alors à la fois détenteur d’une certaine connaissance clinique mais doit

aussi être celui qui active « le processus de circulation de l’information » (34) essentiel à la

prise de conscience et donc de pouvoir de l’entourage.

De plus G. Ausloos considère que la personne accompagnée est également « compétente pour

son problème »(38). Ce qui signifie qu’elle peut ainsi prendre part à la démarche de résolution

de problème et être actrice véritable de sa prise en soins.

Il apparaît alors que l’ergothérapeute en ESA, est un pilier du processus de

changement de la personne accompagnée et de son entourage. Leur introspection agit comme

"un moteur pour transformer les valeurs, convictions, connaissances et sentiments"(35). Il

favorise l’émergence du changement et structure son développement, en aidant chaque acteur

à découvrir et mobiliser ses propres compétences. L’ergothérapeute peut ainsi être perçu

comme « enabler » (17), rendant capable les individus. Il aide la personne accompagnée à se

réengager dans ses activités et son entourage à organiser son potentiel d’aide. Il existe

d’ailleurs un outil centré sur le sentiment de compétence des aidants, le Sense of Competence

Questionnaire (annexe 9).

Page 23: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

18

1.7.4 Le sentiment d’auto-efficacité

Pour soutenir le processus de changement des personnes, le sentiment d’auto-efficacité

ou de compétence est un élément d’importance. Selon l’enseignant-chercheur J. Heutte (39),

le sentiment de compétence fait d’ailleurs partie des besoins fondamentaux de l’individu, avec

l’autonomie et la proximité sociale.

Issu de la théorie socio-cognitive, le concept d’auto-efficacité a été développé par A.

Bandura (40). Il désigne «les croyances des individus quant à leurs capacités à réaliser des

performances particulières »(41) (Rondier et Bandura, 2004). Ce sentiment est alimenté par

différentes sources :

- l’expérience active de maîtrise : « plus l’individu vivra un succès lors de l’expérimentation

d’un comportement donnée, plus il sera amené à croire en ses capacités » (41). Et à l’inverse,

le sentiment d’échec réduit le sentiment d’efficacité.

- l’expérience vicariante ou indirecte : apprentissage reposant sur « le phénomène des

comparaisons sociales, c’est-à-dire sur l’observation » (41). Voir des personnes réussir dans

une situation problématique peut augmenter le sentiment d’efficacité. Au contraire, regarder

des semblables expérimenter un échec peut amenuir ce sentiment.

- la persuasion verbale : faite des « suggestions, des avertissements, des conseils et des

interrogations » (41) peut augmenter les croyances de l’individu quant à son potentiel. Le

sentiment d’efficacité généré reste cependant assez faible car il ne s’accompagne pas d’une

véritable expérience. La portée de cette persuasion dépend de la personne la formule.

- les états physiologiques et émotionnels : influencent également le sentiment d’efficacité

personnelle. C’est pourquoi il convient d’éviter tout « état émotionnel aversif tel que

l’anxiété »(41).

D’après Bandura, l’homme est un agent actif, en capacité de contrôler ses actions et de les

anticiper. Cette agentivité (41) en tant que faculté à agir, participe au processus de

changement. L’auto-efficacité conditionne ainsi les choix et réactions comportementales de

chacun.

Ce concept fait l’objet de nombreuses recherches, notamment dans le cas des maladies

chroniques. Au début des années 2000, son rôle dans le contexte de la Maladie d’Alzheimer a

commencé à être étudié. La première volonté a d’abord été de mesurer l’auto-efficacité des

aidants familiaux en créant et ajustant des outils spécifiques (42,43).

Page 24: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

19

L’influence de l’auto-efficacité a par la suite été explorée. Une évaluation subjective du

fardeau (44) a fait apparaître un bas niveau d’auto-efficacité comme un de ses prédicteurs. A

l’inverse, une haute auto-efficacité contribue à diminuer l’expérience du fardeau. Ces

éléments renforcent l’idée que l’auto-efficacité peut en partie expliquer la variabilité des

expériences d’aides et de ressenti du fardeau. Il représente de ce fait un facteur clef de

l’accompagnement sur lequel l’ergothérapeute peut agir. L’auto-efficacité est d’ailleurs

considérée comme un attribut au pouvoir protecteur, qui préserverait les aidants du fardeau et

de la dépression. En effet, une autre étude (45) a démontré que les hauts niveaux d’auto-

efficacité étant associés à un fardeau réduit.

Enfin, l’auto-efficacité apparaît comme une véritable ressource, permettant

d’envisager l’expérience d’aide de manière plus positive. D’après une étude (46), la vision

des aspects positifs contribue à protéger l’entourage des conséquences négatives de l’aide,

qu’elles soient psychologiques ou physiques. En tant que « construction psychologique,

potentiellement modifiable, souple et pouvant changer »(46) (Semiatin et O’Connor, 2012),

l’auto-efficacité offre une marge de manoeuvre thérapeutique. D’ailleurs selon les

problématiques rencontrées, l’action thérapeutique passera par « un changement dans les

habitudes, un développement du sentiment d’efficacité personnelle ou un développement des

habiletés »(31). Ce sont autant d’activités soutenues par les ergothérapeutes en ESA.

Je me suis alors demandé si le concept d’auto-efficacité pouvait permettre de révéler

les compétences de l’entourage ? Or cette hypothèse induit une situation de causalité, ce qui

ne permet pas de la définir comme objet de recherche final. De plus, le nombre de répondants

possibles (ergothérapeutes en ESA utilisant le concept d’auto-efficacité) est trop restreint,

d’où l’obligation de s’orienter vers une méthode exploratoire.

Ainsi, la volonté est d’abord de connaître la pratique des ergothérapeutes et quel est leur avis

à propos du concept d’auto-efficacité. Que pensent-ils de ce concept et de sa possible

utilisation dans leur pratique ? J’ai alors défini mon objet de recherche final :

En quoi la pratique de l’ergothérapie soutien le processus de changement des

familles accompagnées par l’ESA et quelle représentation de l’auto-efficacité ont les

ergothérapeutes?

Page 25: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

20

2. MATÉRIEL ET MÉTHODE

2.1 Le choix de la méthode

L’objectif de ce travail est de découvrir la pratique d’ergothérapeutes travaillant en

ESA et leur opinion quant au concept d’auto-efficacité. La méthode exploratoire de la

clinique s’impose comme le moyen de recueillir des éléments subjectifs. Nous nous

intéressons au ressenti des personnes, à leur « dynamique identitaire » (47) (Eymard, 2004)

en lien avec notre problématique.

En clinique l’enjeu est de se saisir des éléments recueillis pour les rendre intelligibles

et permettre la production de certains savoirs. Comme le rappelle Eymard (47) la volonté est

de s’intéresser au « récit singulier du sujet » et non de chercher à généraliser ses propos.

2.2. La population En amont de la construction de l’outil de recueil de données, la population cible est

définie. Elle présente des caractéristiques communes permettant son identification.

Critères d’inclusion :

- être ergothérapeute diplômé d’état.

- travailler en ESA.

- intervenir auprès de personnes atteintes de démences et de leur entourage.

Critères d’exclusion :

- ne pas être ergothérapeute diplômé d’état.

- ne pas prendre en soins l’entourage des personnes.

- ne pas travailler en ESA.

En méthode clinique le nombre de personnes interrogées est restreint. On parle ici

d’un échantillon probabiliste. Cet ensemble de personnes est considéré comme représentatif

de la population. Par la suite, il peut être envisagé d’extrapoler les propriétés de l’échantillon

sur la population toute entière.

2.3 Le choix et la construction de l’outil théorisé de recueil des données Afin d’obtenir des éléments qualitativement riches pour mieux comprendre notre objet

de recherche, l’outil de recueil de données choisi est l’entretien. Ce dernier est de type semi-

directif ; structuré autour de certains axes de travail.

Page 26: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

21

L’échange doit s’inscrire dans un entretien compréhensif afin d’être au plus près des

personnes interrogées. L’objectif est ainsi de faire émerger leur réflexion et de provoquer

l’imprévu, notamment par des questions ouvertes.

L’entretien en méthode clinique n’est pas « une simple rencontre aux mains nues »

(47) mais nécessite d’être solidement construit. Pour ce faire, des idées majeures appelées

variables sont retenues. Leurs différentes composantes ; les critères, sont dégagées. Plusieurs

modalités sont alors possibles ; l’indicateur correspond à une mesure attendue, la preuve à une

mesure réelle.

La réalisation de grilles d’analyses appelées matrices théoriques, permet de ne pas

omettre d’éléments. Les voici :

Modèle systémique Variable Critère Indicateurs

E. Morin Interaction

entre les

composantes

du système.

à notion

d’homéostasie,

état d’équilibre.

- bien-être et qualité de vie

ressentis comme satisfaisants.

- échanges et communication

ressentis comme satisfaisants.

- capacités d’adaptation,

souplesse.

- volonté d’améliorer la

situation, de maintenir un

équilibre.

Matrice 1 : Le modèle systémique

Processus de

changement

Variables Critères Indicateurs

K. Lewin Décristallisation

à abandon des

comportements et

attitudes

habituelles.

- difficultés fonctionnelles et/ou

relationnelles.

- malaise, situation perçue

comme anxiogène.

- état de crise, de doute.

- besoin de renouveau.

- envie de changement.

Page 27: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

22

Déplacement

à instauration

d’une nouvelle

dynamique,

expérimentation

d’autres modes de

fonctionnement.

- recherche de nouvelles

stratégies (dont techniques de

coping), organisations et

références.

- essais de nouvelles solutions ;

élimination de certaines et

sélection d’autres.

- réorganisation du système.

Recristallisation

à Consolidation

des nouveaux

modes de

fonctionnement et

façons de faire.

Stabilisation de la

nouvelle

dynamique.

- intégration des solutions

retenues dans la vie quotidienne.

- automatisation des nouvelles

stratégies.

- émergence de nouvelles

habitudes de vie.

- continuité du changement.

Matrice 2 : Le processus de changement

Compétence des

familles

Variables Critères Indicateurs

G. Ausloos Potentiel de

l’entourage

à Connaissance

de la situation et

de ses propres

capacités.

- connaissance de la personne.

- connaissance de la maladie et

de ses conséquences.

- capacité d’introspection.

- volonté/disponibilité.

- système de références

personnelles (valeurs,

sentiments).

Page 28: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

23

Rôle de

l’ergothérapeute

à Fonction

d’enabler,

activateur du

processus.

- entourage considéré comme

expert.

- marge de manœuvre laissée à

l’entourage.

- écoute et conseils à

l’entourage.

- réassurance de l’entourage.

Matrice 3 : Le concept de compétence des familles

Auto-efficacité Variables Critères Indicateurs

A. Bandura • Gestion et

maîtrise

personnelle

• Expérience

vicariante ou

indirecte

• Persuasion par

autrui

à croyance en

ses propres

aptitudes

à rôle du

succès

à rôle du

sentiment

d’échec

à capacité

d’observation

des pairs

à expériences

des pairs

à feed back de

l’entourage, de

l’équipe

médicale/param

édicale, de la

personne

accompagnée

- crédibilité

- sentiment de compétence

ressenti.

- effet moteur du succès.

- effet paralysant de l’échec.

- expériences de pairs jugées

satisfaisantes.

- expériences de pairs jugées

insatisfaisantes.

- feed back perçu comme

encourageant ; croyance en les

capacités du sujet.

- feed-back considéré comme

décevant, négatif.

- émetteurs considérés comme

Page 29: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

24

• État

physiologique

et émotionnel

perçue des

émetteurs de

feed-back par le

sujet

à impact de

l’anxiété, des

affects négatifs

à impact de la

fatigue physique

légitimes/fiables.

- émetteurs considérés comme

partiaux/inadaptés.

- reconnaître/considérer ses

difficultés psychiques ou

physiques.

- prendre du temps pour soi,

s’accorder du répit.

- sous-estimer l’importance du

repos.

- culpabilisation face au répit.

Matrice 4 : Le concept d’auto-efficacité

La grille d’entretien de l’outil de recueil de données (annexe 10) est construite à partir

de ces matrices. L’entretien est structuré selon une démarche progressive. Chaque thème fait

l’objet d’une question ou de plusieurs questions, mais également d’une question de relance

permettant de redynamiser l’entretien si nécessaire ou d’affiner la réponse donnée. Il faut

aussi veiller à ne pas influencer ou orienter les réponses ; la structure et la terminologie de

l’entretien ne devant pas comporter de biais.

La spécificité de cet entretien est sa partie explicative, visant à s’assurer de la bonne

compréhension du concept d’auto-efficacité par les personnes interrogées.

2.4 Le déroulement de l’enquête

Il est important de s’entraîner à l’entretien et de tester l’outil de recueil de données,

idéalement en réalisant un pré-test auprès de personnes issues de la population cible mais ne

faisant pas partie de l’échantillon à interroger. Cet exercice permet de parfaire sa maîtrise de

l’outil de recueil de données et d’améliorer sa connaissance des techniques d’entretien

évoquées par C. Eymard (47). Un pré-test a donc été réalisé.

Pour chaque entretien, il convient d’amorcer une relation de confiance, dès la première prise

de contact, ce qui aura pour but de faciliter l’expression des personnes interrogées.

Page 30: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

25

De type explicitatif, les entretiens visent à recueillir l’opinion des professionnels quant à leur

pratique et sur un concept particulier.

La population interrogée se compose de 4 ergothérapeutes. Pour des raisons

logistiques les entretiens n’ont pu se faire en face à face et l’échantillon a donc été interrogé

par téléphone, chaque interlocuteur se trouvant dans un lieu calme pour un contexte favorable.

Dès le début de l’entretien le contexte de la recherche est expliqué, tout comme le but de

l’entretien et son cadre. Il est ensuite demandé à la personne s’il est possible de l’enregistrer à

des fins de retranscription, en précisant son anonymat. Le guide d’entretien est utilisé comme

support. Les entretiens durent en moyenne 35 à 45 minutes.

2.5 Choix des outils de traitement de données

En 2013, Bardin affirme qu’il existe une « correspondance entre les structures

sémantiques ou linguistiques et les structures psychologiques ou sociologiques »(48). Le

discours est ainsi une source d’informations foisonnante devant faire l’objet d’une analyse

fine. En premier lieu, il convient de retranscrire l’intégralité des entretiens sur un logiciel de

traitement de texte, ici Microsoft Word.

Par la suite, le traitement des données obtenues est rendu possible par l’analyse de

contenu, dédiée aux éléments qualitatifs.

Deux types d’analyse s’offrent alors à nous : l’analyse lexicale et l’analyse thématique. La

première s’intéresse à la récurrence des mots, mise en lumière par le comptage. La seconde

fait ressortir les principaux thèmes du discours grâce à un système de tableau. Toutes deux

permettent de mettre en évidence les représentations des membres de l’échantillon.

Page 31: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

26

3. RÉSULTATS

Par souci d’anonymat, les noms des 4 ergothérapeutes interrogés sont remplacés par

les lettres A, B, C et D, tout comme leurs entretiens respectifs. Les entretiens retranscrits dans

leur intégralité, constituent le verbatim de ce travail de recherche et sont disponibles en

annexes 11, 12, 13 et 14. Pour un repérage plus aisé, chaque entretien a sa propre couleur.

3.1 Présentation des données Ici sans volonté d’interprétation, un résumé global des entretiens est proposé. Il

reprend l’ensemble des questions posées et se présente sous la forme d’un tableau pour

faciliter sa lecture.

Thèmes explorés Présentation des résultats

Thèmes général :

Interaction

Thème ciblé :

Répercussion sur

la structure

familiale

A : «répercussion sur toute la famille», «récréer un nouvel

équilibre», «réorganisation des rôles», «inquiétude par rapport au

côté héréditaire», «rôle d’aidant qui va se dégager».

B : «la structure globale famille est impactée par la maladie. Les

aidants proches (…), ceux un peu plus éloignés géographiquement».

C : «lien super direct», «tout est une question d’adaptation en fait»,

«ça demande une adaptation à l’entourage, en permanence…», «être

accompagnant mais sans trop que la personne le perçoive», «ce

regard par rapport à ce qu’elle pouvait faire avant», «inversement des

rôles», «inversion des tâches», «au niveau de la famille (…) les

enfants, les rôles sont inversés (…) eux qui deviennent protecteurs

(…) qui reprennent d’autorité».

D : «grande souffrance auprès de la famille, tant que la situation n’a

pas été acceptée», «ça entraîne (…) un épuisement», «changement

des rôles de chacun», «dépendance de la personne atteinte vis à vis

des autres membres de la famille».

Thème général :

Processus de

changement

Thème ciblé :

A : «la crise elle est plus ou moins visible (…) c’est la capacité du

système à s’adapter», «assez souple, l’équilibre va se transformer

(…) un bon coping, on va changer les façons de faire», «la crise c’est

pas forcément négatif», «dans le système un peu plus rigide, il y en a

qui ne vont pas arriver à se transformer».

Page 32: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

27

Décristallisation ;

équilibre et rupture

B : «les éléments qui témoignent d’un état d’équilibre (…)

l’acceptation de la maladie», «l’état d’épuisement de l’aidant (…) va

avoir un impact sur l’équilibre de la situation. Dans les situations de

déséquilibre, on voit des états de crise (…) l’aidant qui ne gère plus

du tout, enfin qui ne peut plus», «les conflits familiaux, qui se

surajoutent à tout ça et peuvent créer du déséquilibre».

C : «l’état d’équilibre, si on laisse la personne dans une belle

harmonie», «la personne (…) est accompagnée et toujours prise en

tant que personne», «plus de risques d’agressivité, de troubles du

sommeil aussi, d’hallucinations», «quand on laisse (…) cette position

ou cette impression de décider (…) des choses de sa vie (…) ça passe

quand même beaucoup mieux».

D : «l’équilibre c’est déjà quand la personne sait son diagnostic», «ce

qui peut mettre à mal la famille c’est l’aggravation de la

dépendance», «ça arrive souvent que les enfants soient en désaccord,

ou qu’il y en ait un qui préfère le placement, alors que la personne a

encore les capacités pour dire : non je veux rester chez moi (…) ce

projet de vie là n’est pas respecté».

Thème ciblé :

Décristallisation et

réactions de

l’entourage

A : « il y a ceux qui sont prêts à s’adapter au changement, à

transformer les rôles (…), à dire voilà ; je suis plus l’enfant qui est

protégé par mon parent, il faut que ce soit moi qui aide mon parent»,

«Il y en a qui ont beaucoup de difficultés, alors certains peuvent être

aussi dans le déni», «soit d’intégrer, soit de rejeter les difficultés, soit

de surprotéger la personne aussi».

B : « Il y a de tout (…) du déni, il y a de l’acception, il y a du positif,

du négatif ! En général (…) il y a déjà un processus qui est

enclenché (…) une volonté de savoir et de vouloir faire quelque

chose», «Si l’aidant ne s’implique pas, c’est très compliqué», «On

peut avoir une partie des aidants qui est ouverte, à l’écoute et (…)

une autre partie (…) encore dans le déni, dans une phase de deuil».

C : «l’entourage qui est complètement dans le déni», «tout le passé

affectif, relationnel», «le bouleversement c’est (…) aussi un rôle

d’aidant qui prend beaucoup du quotidien… c’est pas de la

Page 33: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

28

malveillance, mais plutôt de l’impatience, les aidants peuvent être

facilement épuisés, aussi bien physiquement que

psychologiquement», «l’entourage (…) parfois a tendance à

s’éloigner».

D : «plusieurs sortes de réactions», «ceux du coup qui ne veulent pas

affronter et qui créent une rupture familiale», «de l’incompréhension,

où l’on ne comprend pas pourquoi il y a de l’énervement ou de

l’agressivité», «la personne aidante qui va compenser toutes les

difficultés de la personne atteinte», «toujours faire à la place de…».

Thème ciblé :

Déplacement et

recristallisation ;

accompagnement

ergothérapique

A : «en les écoutant, en partageant eux les représentations qu’ils ont

de la maladie», «être dans un échange sur les attitudes», «faire un

entretien individuel avec l’aidant», «voir comment ils se situent eux

dans le rôle de l’aidant» , «apporter un autre regard à la personne»,

«valoriser ce qu’elle fait, de mesurer aussi ce qu’elle fait, de voir ses

besoins propres», «ça déclenche quelque chose», «Ils ont vraiment

besoin d’être reconnus (…) comme des experts».

B : «écoute par rapport à l’aidant», «montrer une empathie», «de

l’accompagnement et de l’information sur ce qui peut exister par

rapport aux aides, tant financières qu’humaines, (…) l’aménagement

architectural ou des aides techniques pour faciliter la situation (…)

prise en charge globale de la personne et de son entourage».

C : «par notre présence», «remontrer (…) les capacités qui avaient

été complètement occultées», «favoriser la personne et (…) recréer

une relation. Créer un lien, ça c’est quelque chose qui, est facilité par

quelqu’un de l’extérieur…», «expliquer (…) que parfois le mime ou

le faire avec, peut simplifier (…), réveiller des envies de partage».

D : «je prends vraiment en compte les attentes de l’aidant, autant que

celles de la personne à aider», «essayer de répondre à ces besoins, en

prenant à la fois l’aidant et la personne aidée, et on va donner toutes

les informations dont l’aidant aura besoin pour avoir un

comportement adapté face à la personne, pour bien se positionner»,

«L’aider à connaître ses droits (…) et savoir aussi quand mettre les

aides», «les accompagner dans la mise en place de ces aides».

Page 34: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

29

Thème général :

Compétence des

familles

Thème ciblé :

Capacité

d’accompagnement

de l’entourage

A : «ce sont ceux qui les connaissent le mieux, donc c’est très

précieux toutes les informations qu’ils nous donnent», «on va être

important par rapport à ce rôle (…) d’enabler, celui qui rend

capable», «faut leur demander à eux», «On est là vraiment pour

dynamiser, réactiver le système… ça fait vraiment penser à la

systémie».

B : «fonction de chaque situation», «quelque soit l’intervenant,

l’entourage doit guider», «travail de partenariat aidant/ergo», «la

stratégie c’est vraiment d’induire toute une dynamique (…) avec une

écoute, avec une orientation de l’aidant, vers ce qu’il peut faire et ce

à quoi il peut prétendre», «valorisation de certains aidants», «montrer

à l’aidant aussi ce que la personne malade est capable de faire»,

«image plus positive, et montrer que le faire faire plutôt que faire à la

place peut avoir un impact dans la vie quotidienne, (…) favoriser les

relations», «très variables, elles (les capacités d’accompagnement)

dépendent de chaque personne, de chaque vécu».

C : «très variable (…) ça dépend beaucoup des histoires de vie», «des

personnes qui restent encore très très fusionnelles et pour qui c’est

compliqué de déléguer à des professionnels», «le côté maternant

chez la femme», «culturellement aussi, par rapport aux enfants», «les

capacités (…) c’est de la patience, être attentif (…) aux moments

présents», «je mets en garde desfois quand il y a des inversions du

rythme jour/nuit».

D : «les aidants sont indispensables», «on est pas aidant mais on le

devient… desfois par obligation», «d’apprendre à se positionner et

d’être en accord aussi avec le projet de vie», «savoir accepter les

aides pour ne pas aller à l’épuisement et savoir garder sa place au

sein du foyer».

Thème ciblé :

Actes et postures

de

l’ergothérapeute

A : «aider à enclencher le processus !», «ça revient l’idée de proposer

des solutions mais c’est mieux que ce soit vraiment eux qui trouvent,

même si des fois il faut un peu améliorer !», «pas partir sur une

solution qui n’est pas la leur, car (…) elle marchera moins bien».

B : «l’attitude c’est la valorisation de ce que chacun peut faire»,

Page 35: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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«l’aidant qui s’est senti écouté va s’impliquer plus», «de

l’information et de l’explication par rapport à des situations

concrètes», «voir pourquoi cette réaction (…) les possibilités et les

solutions à apporter», «démêler certaines choses ça permet aussi à

l’aidant de, d’avancer sur le chemin de la réflexion lui-même».

C : «Toutes les fonctions de l’ergo ; adaptations, aménagement et

sécurité (…) instaurer un dialogue, de valoriser aussi la famille, en

les accompagnant dans leur propre décision», «rassurer et valoriser».

D : «si on dit aux aidants il faut faire comme ça, déjà ça ne marche

pas», «les accompagner dans leur décision», «que l’idée vienne

d’eux et pas de nous», «faire mûrir leur réflexion, accepter aussi les

aides, rencontrer d’autres personnes, d’être formé, de lâcher prise».

Thème général :

Sentiment de

compétence

Thème ciblé :

Sentiment de

compétence et

entourage

A : «des ressentis très différents», «plus ils se sentent compétents

moins ils sont stressés… donc on a vraiment tout intérêt à renforcer

ce sentiment de compétence».

B : «pour certains c’est naturel», «pour d’autres, c’est une situation

d’aidant qu’ils ont été obligés de prendre», «l’aidant s’est impliqué et

finalement la relation d’aide s’est augmentée, sans qu’il s’en rende

compte», «prendre la casquette de soignant», «parfois, à la limite du

gérable (…) on arrive à des situations d’épuisement», «plus ils se

sentent compétents plus ils ont la volonté de s’impliquer dans la

situation. Plus ils se sentent compétents plus ils vont être valorisés

par rapport à leur rôle et la situation en général va être plus positive».

C : «il y a cette acceptation. Après desfois, c’est carrément un

sacerdoce», «tout dépend un petit peu du milieu aussi, du passé, de

l’affectif», «ils se sentent pas desfois valorisés ou entendus», «faire

attention à ne pas être dans le jugement», «une remise en question,

qui peut les faire se sentir moins compétents».

D : «Il y a un peu de tout en fait… Il y a des gens qui arrivent très

bien à se positionner», «d’autres pour qui c’est un devoir et une

obligation, donc c’est difficile», «d’autres chez qui ça peut créer des

tensions au niveau du couple, du système familial», «des gens qui ont

déjà vécu sous ce système d’aide», «qui se sentent vraiment capables

Page 36: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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d’aider leur proche (…) sinon ils ne le feraient pas».

Auto-efficacité Les ergothérapeutes A, B, C et D ne connaissent pas ce concept.

Thème ciblé :

Application

possible du

concept d’auto-

efficacité en ESA

A : «l’expérience active, ça peut être que l’on voit la personne en

train de s’occuper de son proche», «la comparaison sociale, ça

pourrait être quand les gens sont dans des groupes d’aidants», «La

persuasion verbale, c’est vrai qu’on le fait ça. On a tendance à

informer sur des pratiques, des techniques et puis affiner», «les états

physiologiques et émotionnels, ce que les gens ressentent... (…) j’ai

vu une dame qui m’expliquait ce qu’elle avait ressenti quand son

mari l’avait chassée de la salle de bain (…) elle a été mal pendant

deux jours, que ça l’a fait douter d’elle», «c’est un truc qu’on

pourrait développer», «je pense que les états (…) c’est un bon point

de repère pour l’ergo aussi… C’est un bon baromètre».

B : «ce concept, il est déjà présent on va dire implicitement»,

«l’expérience active, en général ils l’ont déjà appliquée, (…)

expérimentée», «l’expérience indirecte (…) quand les aidants sont

présents au moment des séances de pouvoir voir que, la personne

quand on l’accompagne de telle ou telle manière, elle va pouvoir être

efficace dans l’activité», «La persuasion verbale, là… c’est tout le

côté des informations que l’on peut donner et puis les orientations»,

«l’état psychologique et physiologique, là c’est le côté, côté

épuisement de l’aidant à limiter au maximum», «le formaliser et le

mettre en forme ce concept, (…) il est, déjà en application avant

même d’avoir été formalisé finalement».

C : «c’est vrai qu’on l’utilise un peu… pour analyse», «On pourrait

un peu évaluer certains comportements je pense chez l’aidant», «ça

place des mots sur des choses», «poser les choses, ça permet (…) une

continuité, et puis de pouvoir se réajuster nous-même (…) permettre

d’être plus attentif».

D : «oui, ça peut être appliqué», «plus au moment de l’entretien du

coup, par rapport aux éléments recueillis ; on pourrait les classer en

différentes catégories par rapport à ce concept», «tous les aspects de

votre concept, on les évalue entre guillemets de manière pas

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forcément formelle», «plutôt une fois qu’on est rentré au bureau,

l’intérêt de dire : bhein voilà je reprends mon concept», «essayer de

classer pour voir nos axes de travail», «ce serait utile pour moi».

Thème ciblé :

Impact possible de

l’auto-efficacité

sur l’entourage

A : «se rendre compte qu’il y a plusieurs façons d’agir», «ce que je

trouve intéressant c’est le côté des états émotionnels (…) si on est

attentif à ça, ça permet d’accéder à quelque chose de comment la

personne vit la maladie», «le tiers va lui permettre de se sentir plus

compétente, par ce qu’il va dire» (à propos de la persuasion verbale).

B : «ça dépend de quelle manière il pourrait éventuellement être

appliqué», «il pourrait déjà être appliqué auprès des professionnels

pour justement les sensibiliser (…) pour qu’ensuite l’aidant en lui-

même puisse en avoir notion», «Par rapport à la reconnaissance de la

situation d’aide», «c’est intéressant pour alléger l’entourage, pour

qu’ils se sentent mieux au quotidien».

C : «ça peut organiser les choses», «Il y a quand même 4 grands

critères, et je pense que, ça permet de les avoir vraiment en tête (…)

de bien les pratiquer les 4, de savoir lequel va plus fonctionner»,

«avoir une méthodologie», «ça crée peut être une plus grande rigueur

et ça peut aider», «le mot (…) auto-efficacité, ça pourrait être sorti»,

«prendre conscience de toutes les tâches que l’on fait», «je parle

desfois d’autosatisfaction», «des choses qui peuvent être très

valorisantes pour l’aidant et ça peut faire basculer leur vision».

D : «peut être s’il y a une restitution… de comprendre son

positionnement et du coup de voir s’il est correct ou non, d’où ça

provient et peut être d’aider à visualiser la problématique… et

justement à l’inverse ; si tout va bien de le valoriser lui-aussi», «les

aidants à valoriser», «ça va les aider s’il y a des choses qui sont plus

difficiles», «les accompagner sur ces petites choses, ils vont se sentir

valorisés et efficaces», «ça peut améliorer leur qualité de vie, car ils

se sentiraient plus confiants».

Page 38: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

33

3.2 Analyse des données

Comportant différentes dimensions, l’analyse des données textuelles (49) est une

première étape avant de réaliser une interprétation des données.

3.2.1 Analyse quantitative

L’utilisation du logiciel d’analyse linguistique Tropes permet de décortiquer de

manière quantitative les 4 entretiens composant notre corpus. Ainsi, il apparaît que le style

général du verbatim est argumentatif. L’analyse des occurrences sur l’ensemble des matériaux

recueillis permet d’obtenir des listes de mots, de fréquence décroissante.

Les 10 premiers univers de référence, renseignant le contexte général sont : gens,

communication, cognition, santé, environnement, famille, quantité, sentiment, temps, état.

Les 10 premières classes de références sont : gens, environnement, chose, situation,

maladie, concept, aide, famille, accord et capacité.

Au niveau de la construction du discours, les 10 verbes les plus utilisés dans le corpus

sont : être, avoir, pouvoir, faire, aller, aider, penser, dire, voir, accompagner.

Les 10 substantifs les plus utilisés sont : personne, entourage, situation, maladie, aide,

accord, famille, concept, capacité, chose.

Enfin, les 5 adjectifs les plus employés sont : différent, certain, familial, compétent, bon.

3.2.2 Analyse qualitative

La catégorisation est un processus de hiérarchisation thématique. Grâce celle-ci, des

thèmes émergent du verbatim. Il est intéressant de se détacher des thèmes de la grille

d’entretien et d’effectuer une réelle analyse transversale du corpus. Chaque lecture pouvant

prendre un sens différent, il convient de réaliser plusieurs lectures flottantes.

Pour réaliser cette analyse thématique, le logiciel NVivo est utilisé dans sa version de

démonstration. Il permet d’organiser le corpus en « nœuds », consistant en différents thèmes

et sous-thèmes, grâce à un encodage manuel. Les principaux thèmes du corpus sont :

ACCOMPAGNEMENTERG

OTHÉRAPIQUE

AUTO

-EFFICAC

ITÉ

DYNAMIQUEFAMILIALE

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Ces thèmes sont découpés en sous-thèmes :

La présentation des unités d’enregistrement, encodées par thèmes et sous-thèmes, se fait sous

forme de tableaux dans les pages suivantes.

DYNAMIQUE FAMILIALE

Manifestations Entretien A - 4 références encodées [Couverture 2,31%] Réf. 1 -répercussion sur toute la famille, Réf. 2 - Les manifestations c’est, soit d’intégrer, soit de rejeter les difficultés, soit de surprotéger la personne aussi, Réf. 3 - des remaniements, Réf. 4 - plus les gens sont compétents, enfin plus ils se sentent compétents moins ils sont stressés

Entretien B - 9 références encodées [Couverture 2,32%] Réf. 1 – La structure globale famille est impactée par la maladie, Réf. 2- l’acceptation de la maladie, Réf. 3 - l’état d’épuisement de l’aidant, Réf. 4 – déni, Réf. 5 – acception, Réf. 6 - phase de deuil, Réf. 7 - non acceptation des aides, Réf. 8 - situations d’épuisement, Réf. 9 - plus ils se sentent compétents plus ils ont la volonté de s’impliquer dans la situation

Entretien C - 4 références encodées [Couverture 1,75%] Réf. 1- l’entourage qui est complètement dans le déni, Réf. 2 - les aidants peuvent être facilement épuisés, aussi bien physiquement que psychologiquement, Réf. 3 - l’entourage aussi qui parfois a tendance à s’éloigner, Réf. 4 - acceptation

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Entretien D - 8 références encodées [Couverture 5,06%] Réf. 1 - grande souffrance auprès de la famille, tant que la situation n’a pas été acceptée, Réf. 2 – deuil, Réf. 3 - un épuisement, Réf. 4 - Alors, il y a plusieurs sortes de réactions. Il y a ceux du coup qui ne veulent pas affronter et qui créent une rupture familiale, c’est à dire qu’il n’y a plus de contact ; ça arrive assez souvent, Réf. 5 - de l’incompréhension, Réf. 6 - l’inverse… où du coup la personne aidante va compenser toutes les difficultés de la personne atteinte, Réf. 7 - des gens qui arrivent très bien à se positionner, Réf. 8 -d’autres pour qui c’est un devoir et une obligation, donc c’est difficile

Adaptations Entretien A - 7 références encodées [Couverture 1,60%] Réf. 1 - récréer un nouvel équilibre, par étapes, Réf. 2 - c’est un processus, Réf. 3 - la capacité du système à s’adapter, Réf. 4 – coping, Réf. 5 - changer les façons de faire, Réf. 6 - faire les choses autrement, Réf. 7 s’adapter au changement

Entretien B - 1 référence encodée [Couverture 0,25%] Réf. 1 - un processus qui est enclenché

Entretien C - 9 références encodées [Couverture 3,56%] Réf. 1 - tout est une question d’adaptation, Réf. 2- ça demande une adaptation à l’entourage, en permanence, Réf. 3 - presque de s’adapter en fait, à la minute, aux réactions de la personne, Réf. 4 - faut accepter, Réf. 5 - côté maternant chez la femme, Réf. 6 - Culturellement aussi, par rapport aux enfants, il y a desfois la présence des enfants dans la prise en charge des parents, Réf. 7 – patience, Réf. 8 - être attentif aussi aux moments, Réf 9 - je pense qu’il y a vraiment comme compétence l’adaptation

Entretien D - 4 références encodées [Couverture 2,14%] Réf. 1 - il y a un juste milieu à faire, c’est trouver ce juste milieu là, Réf. 2 - apprendre à se positionner et d’être en accord aussi avec le projet de vie, Réf. 3 - accepter les aides, Réf. 4 une capacité, des gens qui se sentent vraiment capables d’aider leur proche

Représentations Entretien A - 7 références encodées [Couverture 3,87%] Réf. 1 - ils peuvent aussi se sentir menacés, il y a pas mal d’inquiétude par rapport au côté héréditaire, Réf. 2 comment ils voient la maladie, est-ce qu’elle leur fait peur ou pas, comment ils l’intègrent, Réf. 3 - en partageant eux les représentations qu’ils ont de la maladie, Réf. 4 - et nous les nôtres, Réf. 5 voir comment ils se situent eux dans le rôle de l’aidant, Réf. 6 - apporter un autre regard à la personne, Réf. 7 le tiers va lui permettre de se sentir plus compétente, par ce qu’il va dire.

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Entretien B - 4 références encodées [Couverture 1,23%] Réf. 1 - volonté de savoir et de vouloir faire quelque chose, Réf. 2 -Une image plus positive, Réf. 3 - Ils ne se sentent pas suffisamment, Réf. 4 sentiment de compétence et d’implication

Entretien C - 4 références encodées [Couverture 1,96%] Réf. 1 - toujours ce regard par rapport à ce qu’elle pouvait faire avant et ce qu’elle peut faire maintenant, Réf. 2 - ça signe vraiment la maladie, Réf. 3 - une remise en question, qui peut les faire se sentir moins compétents, Réf. 4 - faire basculer leur vision des choses

Entretien D - 1 référence encodée [Couverture 2,21%] Réf. 1 - il y a des gens qui ont déjà vécu sous ce système d’aide, enfin je pense à un cas…là on a une patiente ; euh c’est la fille qui est aidante et qui a toujours vu sa maman s’occuper des anciennes générations on va dire, donc oui elle se sent capable…

Rôles Entretien A - 9 références encodées [Couverture 3,33%] Réf. 1 - transformation un petit peu des places, Réf. 2 - des rôles, Réf. 3 - Réorganisation des rôles à terme, Réf. 4 - il va ressortir de ça la notion d’un rôle d’aidant qui va se dégager de cette réorganisation familiale, Réf. 5 - rôle de tampon, Réf. 6 - transformer les rôles, Réf. 7 - je suis plus l’enfant qui est protégé par mon parent, il faut que ce soit moi qui aide mon parent, Réf. 8 - rendre des responsabilités face à un parent, Réf. 9 - le rôle qu’ils ont

Entretien B - 5 références encodées [Couverture 2,33%] Réf. 1 - ceux qui vont s’impliquer concrètement par rapport à la pathologie et par rapport au projet de maintien à domicile, Réf. 2 - quelque soit l’intervenant, l’entourage doit guider, Réf. 3 – naturel, Réf. 4 - pour d’autres, c’est une situation d’aidant qu’ils ont été obligés de prendre, Réf. 5 - valorisés par rapport à leur rôle

Entretien C - 6 références encodées [Couverture 2,62%] Réf. 1 - il y a un inversement des rôles, suivant qui faisait quoi, Réf. 2 - une inversion des tâches, Réf. 3 - les enfants, les rôles sont inversés un petit peu, c’est eux qui deviennent protecteurs, Réf. 4 - même desfois un peu qui reprennent d’autorité, et c’est pas toujours facile de prendre ce rôle là, Réf. 5 - que chacun garde aussi son rôle, Réf. 6 - un rôle d’aidant

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Entretien D - 6 références encodées [Couverture 2,16%] Réf. 1 - changement des rôles de chacun, Réf. 2 - changement des rôles dans la famille, Réf. 3 - les aidants sont indispensables, Réf. 4 - on est pas aidant mais on le devient, Réf. 5 - savoir garder sa place au sein du foyer, Réf. 6 - il prend la place de soignant et il en perd son rôle d’époux

Il transparaît du discours des ergothérapeutes interrogés que leur pratique est en lien

direct avec les mouvements du système familial. La maladie d'Alzheimer impacte directement

la cellule familiale, causant de multiples réactions.

Les principales manifestations de l'entourage s'organisent en deux versants. Le versant positif

regroupe l'acceptation de la maladie, de ses troubles et des aides nécessaires, ainsi qu'un

certain sentiment de compétence. Le versant négatif quant à lui, comprend les attitudes de

déni de la maladie et de non acceptation des aides ou à l'inverse une attitude surprotectrice à

l'égard de la personne. Enfin, l'épuisement physique et psychologique constitue la

manifestation la plus redoutée.

Les capacités d'adaptation de l'entourage sont largement décrites par les professionnels

qui constatent de véritables "processus". Le système apprend de nouvelles façons de faire et

se positionne différemment, pour accompagner au mieux le proche notamment par le

"coping". Il ressort également des capacités d'adaptation particulières telles que l'attitude

maternante des femmes ou encore la prise de position des enfants.

Les représentations de l'entourage liées à la maladie et à leur situation sont importantes

car conditionnant leurs réactions. La question de l'hérédité est évoquée, tout comme l'image

du rôle d'aidant. Les ergothérapeutes expliquent l'importance de ne pas diminuer le sentiment

de compétence de l'entourage mais au contraire de le considérer et le renforcer.

Finalement, le discours des ergothérapeutes révèle que les rôles familiaux sont bel et

bien modifiés par la maladie, voire parfois inversés. L'émergence du rôle d'aidant est citée.

L'entourage participe alors au "projet de maintien à domicile", les enfants peuvent remplir une

mission protectrice à l'égard de leur parent, au risque de parfois prendre la place de soignant.

Page 43: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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ACCOMPAGNEMENT ERGOTHÉRAPIQUE

Écoute Entretien A - 5 références encodées [Couverture 1,61%] Réf. 1 - en les écoutant, Réf. 2 - en partageant eux les représentations qu’ils ont de la maladie, Réf. 3 - faire un entretien individuel avec l’aidant, Réf. 4 - liberté de parole, Réf. 5 - ils ont vraiment besoin d’être reconnus

Entretien B - 6 références encodées [Couverture 1,35%] Réf. 1 - Les stratégies bhein c’est déjà de l’écoute, Réf. 2 - montrer une empathie, Réf. 3 - une écoute, Réf. 4 - côté empathique, Réf. 5 - l’aidant qui s’est senti écouté va s’impliquer plus aussi, Réf. 6 - se sentir écouté

Entretien C - 2 références encodées [Couverture 0,39%] Réf. 1 - d’instaurer un dialogue, Réf. 2 - Écouter les familles

Entretien D - 2 références encodées [Couverture 2,92%] Réf. 1 - je prends vraiment en compte les attentes de l’aidant, autant que celles de la personne à aider, Réf. 2 - On tient vraiment compte des besoins des deux et des attentes des deux personnes et des remarques qu’ils peuvent faire, voilà sur les difficultés qu’ils peuvent rencontrer et sur ce qu’ils aimeraient qu’on leur apporte

Communication Entretien A - 8 références encodées [Couverture 2,72%] Réf. 1 - et nous les nôtres, Réf. 2 - échange sur les attitudes qui nous semblent être nous les meilleures, Réf. 3 - renvoyer une certaine réalité, Réf. 4 - faut leur demander à eux, Réf. 5 - on fait circuler l’information, Réf. 6 - on fait circuler toutes les connaissances que les personnes ont, Réf. 7 - informer sur des pratiques, des techniques, Réf. 8 - on donne des explications

Entretien B - 8 références encodées [Couverture 5,35%] Réf. 1 - tout est histoire de communication et d’explications, Réf. 2 -de l’information sur ce qui peut exister par rapport aux aides, tant financières qu’humaines, et éventuellement bhein tant qu’à faire l’aménagement architectural ou des aides techniques pour faciliter la situation, Réf. 3 - une orientation de l’aidant, vers ce qu’il peut faire et ce à quoi il peut prétendre, Réf. 4 - montrer que le faire faire plutôt que faire à la place peut avoir un impact dans la vie quotidienne, Réf. 5 - de l’information et de l’explication par rapport à des situations concrètes, Réf. 6 - reprendre parfois en séance ou en entretien téléphonique, Réf. 7 – explication, Réf. 8 - des informations que l’on peut donner et puis les orientations

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Entretien C - 4 références encodées [Couverture 1,76%] Réf. 1 - montrer un petit peu les capacités qui avaient été complètement occultées, Réf. 2 – expliquer, Réf. 3 – d’expliquer que parfois le mime ou le faire avec, peut simplifier et qu’il faut continuer à le faire, Réf. 4 - d’instaurer un dialogue

Entretien D - 3 références encodées [Couverture 1,32%] Réf. 1 - donner toutes les informations dont l’aidant aura besoin pour avoir un comportement adapté, Réf. 2 - l’aider à connaître ses droits aussi, Réf. 3 - les informer

Relation Entretien A - 1 référence encodée [Couverture 0,08%] Réf. 1 - des liens

Entretien B - 5 références encodées [Couverture 2,07%] Réf. 1 - Mais également même ceux qui sont plus éloignés et qui peuvent se sentir moins utiles, mais, comment dire… qui peuvent être plutôt un soutien pour les plus proches, Réf. 2 - les conflits familiaux, Réf. 3 - c’est de l’accompagnement, Réf. 4 - favoriser les relations, Réf. 5 - la relation d’aide

Entretien C - 11 références encodées [Couverture 3,50%] Réf. 1 - nous, les professionnels c’est là qu’il faut instaurer rapidement, réinstaurer ce lien affectif, Réf. 2 - tout le passé affectif, relationnel… un peu type conjugopathie, Réf. 3 - par notre présence, Réf. 4 - favoriser la personne et pour beaucoup, de recréer une relation, Réf. 5 - créer un lien, Réf. 6 – affect, Réf. 7 - restaurer cette relation, Réf. 8 - réveiller des envies de partage, Réf. 9 - des personnes qui restent encore très très fusionnelles, Réf. 10 - d’instaurer un dialogue, Réf. 11 - l’affectif

Entretien D - 3 références encodées [Couverture 1,51%] Réf. 1 - des familles qui sont déjà très soudées, Réf. 2 - ça arrive souvent que les enfants soient en désaccord, Réf. 3 - ça peut créer des tensions au niveau du couple, du système familial

Valorisation Entretien A - 5 références encodées [Couverture 2,55%] Réf. 1 - valoriser ce qu’elle fait, Réf. 2 - ils ont vraiment besoin d’être reconnus, Réf. 3 - d’être pris en compte comme des gens qui connaissent bien la situation, et comme…comme des experts, Réf. 4 - intérêt à renforcer ce sentiment de compétence, Réf. 5 - le tiers va lui permettre de se sentir plus compétente, par ce qu’il va dire.

Page 45: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

40

Entretien B - 7 références encodées [Couverture 3,09%] Réf. 1 - toute une valorisation de certains aidants, Réf. 2 - travail de valorisation, Réf. 3 - de montrer à l’aidant aussi ce que la personne malade est capable de faire, Réf. 4 - une image plus positive, Réf. 5 -la valorisation de ce que chacun peut faire, Réf. 6 - Plus ils se sentent compétents plus ils vont être valorisés, Réf. 7 - l’aidant comme l’aidé va pouvoir ressentir une revalorisation et montrer l’un à l’autre qu’il y a des possibilités

Entretien C - 6 références encodées [Couverture 2,36%] Réf. 1 - remontrer un petit peu les capacités qui avaient été complètement occultées, Réf. 2 - valoriser aussi la famille, Réf. 3 -rassurer et valoriser par rapport à leurs actions, Réf. 4 - ils se sentent pas desfois valorisés ou entendus, Réf. 5 - valoriser l’aidant, Réf. 6 - des choses qui peuvent être très valorisantes pour l’aidant

Entretien D - 3 références encodées [Couverture 1,96%] Réf. 1 – Car on parle de la valorisation de l’aidé mais il y a aussi les aidants à valoriser et leur montrer que ce qu’ils font c’est positif, ça leur apporte vraiment, Réf. 2 - les valoriser, Réf. 3 - ils vont se sentir valorisés et efficaces

Posture

ergothérapique Entretien A - 4 références encodées [Couverture 2,18%] Réf. 1 - « enabler », celui qui rend capable, Réf. 2 - repérer les, comment dire… là où il y a une problématique euh… orienter la recherche de solutions, la tester puis après la faire évoluer si besoin, Réf. 3 - dynamiser, réactiver le système, Réf. 4 - aider à enclencher le processus

Entretien B - 4 références encodées [Couverture 1,78%] Réf. 1 - induire toute une dynamique, Réf. 2 - En tant qu’ergo je suis dans le bilan, dans le suivi, dans l’accompagnement, Réf. 3 - ça permet aussi à l’aidant de, d’avancer sur le chemin de la réflexion lui-même, Réf. 4 - travail d’accompagnement de l’aidant

Entretien C - 5 références encodées [Couverture 3,12%] Réf. 1 - l’adaptation au niveau du logement. On vise toujours la sécurité salle de bain, déambulation aussi pour éviter les chutes. Toutes les fonctions de l’ergo ; adaptations, aménagement et sécurité, Réf. 2 - en les accompagnant dans leur propre décision, Réf. 3 – accompagner, Réf. 4 – accompagnement, Réf. 5 - action sur la personne et ce qu’ils peuvent en voir du coup les aidants, ou directement avec l’aidant

Page 46: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

41

Entretien D - 5 références encodées [Couverture 3,82%] Réf. 1 - dans la prise en charge on va essayer de répondre à ces besoins, Réf. 2 - c’est les accompagner dans la mise en place de ces aides là à temps et de comprendre leur utilité, Réf. 3 - c’est de les accompagner dans leur décision en fait, dans les bonnes décisions et que l’idée vienne d’eux et pas de nous, Réf. 4 - faire mûrir leur réflexion, accepter aussi les aides, rencontrer d’autres personnes, d’être formé, de lâcher prise, Réf. 5 - les accompagner

Concernant leur pratique, les ergothérapeutes interrogés ont dépeint l'accompagnement

qu’ils réalisent en ESA et comment ils soutiennent le changement.

L'écoute est un incontournable de cette prise en soins. Elle peut être optimisée par la

mise en place d'un "entretien individuel avec l'aidant". L'écoute empathique permet de

recueillir les "attentes" de chaque membre du système familial afin d'orienter au mieux les

actions menées.

La communication est le corollaire de cette écoute. Les ergothérapeutes rapportent

qu’ils donnent des explications diverses et variées (aides, stratégies d'accompagnement) à

l'entourage et font "circuler l'information". Ils échangent également sur la réalité qu'ils

observent en tant que professionnels.

De nombreux éléments relationnels transparaissent du discours des ergothérapeutes.

Leur intervention intègre les complexités du domaine "affectif". Ils doivent parfois faire avec

des "conflits familiaux". Dans l'ensemble, les ergothérapeutes révèlent qu'il leur incombe

d'accompagner les personnes, recréant du lien entre elles pour "favoriser les relations".

Le travail de valorisation est un axe d'intervention majeur. En effet, les

ergothérapeutes expliquent combien il est important de "rassurer et valoriser" les personnes

de l'entourage afin qu'elles se sentent "efficaces" et "compétentes". La volonté de valoriser la

personne atteinte de la maladie d'Alzheimer est également palpable, pour témoigner de ses

capacités préservées et donner "une image plus positive".

Enfin, une certaine posture ergothérapique émerge des entretiens. Tel un "enabler",

l'ergothérapeute est celui qui induit et/ou participe à la dynamique du changement. Du bilan

au suivi, il accompagne l'entourage dans la mise en place des différentes aides et stratégies

mais également dans son processus de réflexion.

Page 47: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

42

AUTO-EFFICACITÉ

En pratique Entretien A - 4 références encodées [Couverture 5,21%] Réf. 1 - l’expérience active, ça peut être que l’on voit la personne en train de s’occuper de son proche, Réf. 2 - la comparaison sociale, ça pourrait être quand les gens sont dans des groupes d’aidants, Réf. 3 - la persuasion verbale, c’est vrai qu’on le fait ça. On a tendance à informer sur des pratiques, des techniques et puis affiner, Réf. 4 - les états physiologiques et émotionnels, ce que les gens ressentent... Tout à l’heure j’ai vu une dame qui m’expliquait ce qu’elle avait ressenti quand son mari l’avait chassée de la salle de bain, bhein… elle m’a dit qu’elle a été mal pendant deux jours, que ça l’a fait douter d’elle

Entretien B - 6 références encodées [Couverture 5,93%] Réf. 1 - il est déjà présent on va dire implicitement, Réf. 2 - l’expérience active, en général ils l’ont déjà appliquée, enfin ils l’ont déjà expérimentée, Réf. 3 - L’expérience indirecte, euh, je mettrais ça plus dans le cadre de, quand les aidants sont présents au moment des séances de pouvoir voir que, la personne quand on l’accompagne de telle ou telle manière, elle va pouvoir être efficace dans l’activité proposée, avec une activité bien sûr adaptée à ses capacités, Réf. 4 - la persuasion verbale, là… c’est tout le côté des informations que l’on peut donner et puis les orientations, Réf. 5 - l’état psychologique et physiologique, là c’est le côté, côté épuisement de l’aidant à limiter au maximum, Réf. 6 -il est, déjà en application avant même d’avoir été formalisé finalement

Entretien C - 2 références encodées [Couverture 0,54%] Réf. 1 - sous la forme d’un auto-bilan, Réf. 2 - on l’utilise un peu… pour analyse

Entretien D - 2 références encodées [Couverture 2,55%] Réf. 1 - Je pense que ce sera plus au moment de l’entretien du coup, par rapport aux éléments recueillis ; on pourrait les classer en différentes catégories par rapport à ce concept, Réf. 2 - tous les aspects de votre concept, on les évalue entre guillemets de manière pas forcément formelle

Fonctions Entretien A - 5 références encodées [Couverture 4,02%] Réf. 1 - les états physiologiques et tout ça, c’est un bon point de repère pour l’ergo, Réf. 2 - un bon baromètre, Réf. 3 - se rendre compte qu’il y a plusieurs façons d’agir déjà, Réf. 4 - le côté des états émotionnels parce que, enfin si on est attentif à ça, ça permet d’accéder à quelque chose de comment la personne vit la maladie aussi et … quelque chose d’assez, peut-être brut mais, à une certaine vérité sur la maladie, Réf. 5 - le tiers va lui permettre de se sentir plus compétente, par ce qu’il va dire.

Page 48: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

43

Entretien B - 2 références encodées [Couverture 2,20%] Réf. 1 - je pense qu’il pourrait déjà être appliqué auprès des professionnels pour justement les sensibiliser par rapport à tout ça, pour qu’ensuite l’aidant en lui-même puisse en avoir notion, Réf. 2 - c’est intéressant pour alléger l’entourage, pour qu’ils se sentent mieux au quotidien

Entretien C - 11 références encodées [Couverture 8,32%] Réf. 1 - on l’utilise un peu… pour analyse, Réf. 2 - On pourrait un peu évaluer certains comportements je pense chez l’aidant, Réf. 3 - ça place des mots sur des choses, Réf. 4 - et puis c’est vrai que quelques fois de poser les choses, ça permet justement d’avoir plus une continuité, et puis de pouvoir se réajuster nous-même, ça peut être aussi quelques fois de permettre d’être plus attentif, Réf. 5 - ça peut organiser les choses, Réf. 6 - 4 grands critères, Réf. 7 - bien les pratiquer les 4, de savoir lequel va plus fonctionner parce que peut être que pour certains on va plus être dans l’indirect que dans l’action, et oui je pense que ça permet d’avoir une méthodologie, Réf. 8 - de pas passer à côté de certaines choses, Réf. 9 - même le mot peut être ; auto-efficacité, ça pourrait être sorti, Réf. 10 - il devient plus efficace aussi quand il voit que ça a percuté, Réf. 11 - le sentiment d’auto-efficacité si on le prend du côté positif, il y a certainement des choses qui peuvent être très valorisantes pour l’aidant et ça peut faire basculer leur vision des choses, ça peut être important, et les aider.

Entretien D - 5 références encodées [Couverture 4,56%] Réf. 1 - ce serait plutôt une fois qu’on est rentré au bureau, l’intérêt de dire «bhein voilà je reprends mon concept », Réf. 2 - essayer de classer pour voir nos axes de travail, Réf. 3 - ce serait utile pour moi, Réf. 4 - comprendre son positionnement et du coup de voir s’il est correct ou non, d’où ça provient et peut être d’aider à visualiser la problématique… et justement à l’inverse ; si tout va bien de le valoriser lui-aussi, Réf. 5 -Et globalement, ça peut améliorer leur qualité de vie, car ils se sentiraient plus confiants oui.

Les ergothérapeutes ont établi des liens entre le concept d'auto-efficacité, ses

composantes et leur pratique. L'expérience active a été identifiée comme l'aide apportée par

l'entourage. L'expérience indirecte a été reliée aux groupes d'aidants et au fait que l'entourage

assiste aux séances de réhabilitation. La persuasion verbale est assimilée aux différentes

informations et paroles de réassurance adressées par les ergothérapeutes.

Enfin, les états émotionnels et physiologiques sont perçus comme des marqueurs

d'importance. Il ressort des remarques des ergothérapeutes qu’ils utilisent "implicitement"

l'auto-efficacité, de manière informelle.

Page 49: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

44

De possibles fonctions de l'auto-efficacité ont également été envisagées. Les "4 grands

critères" peuvent servir de "points de repère". Le concept pourrait ainsi être appliqué auprès

des professionnels. Il serait un outil "utile" à l'ergothérapeute lui permettant de structurer sa

pratique et garantissant une certaine "méthodologie". Utilisée auprès des familles, l'auto-

efficacité aurait la faculté d'améliorer le quotidien de l'entourage et notamment sa vision des

choses.

Synthèse des résultats :

Les entretiens menés révèlent l’importance de l’accompagnement des familles par

l’ergothérapeute, qui est au plus près des réactions de l’entourage. L’ergothérapeute participe

à la dynamique familiale et soutien son processus de changement et d’adaptation face à la

maladie.

L’accompagnement ergothérapique se compose d’actes classiques comme la

stimulation des fonctions cognitives, l’entrainement aux activités de la vie quotidienne ou

encore l’aménagement de l’environnement mais aussi d’activités spécifiques, en lien avec le

contexte d’intervention en ESA. Il transparaît des entretiens que l’écoute active et la

communication occupent une grande partie des séances. L’ergothérapeute essaye également

de recréer du lien, lorsqu’il repère un déficit relationnel au sein du système familial. Enfin, il

effectue un travail de valorisation et participe à la mise en place de la dynamique de

changement.

Une fois le concept d’auto-efficacité présenté, les ergothérapeutes interrogés ont pu

établir de nombreux liens entre leur pratique et ses différentes composantes. Ils envisagent ce

concept comme un outil possible auprès des professionnels, comme des familles pouvant

permettre une plus grande rigueur dans l’intervention et améliorer le ressenti de l’entourage.

Page 50: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

45

4. DISCUSSION

Dans cette partie, le lien sera fait entre résultats obtenus, question de recherche,

éléments issus de la revue de littérature et notions théoriques. Le travail réalisé sera ensuite

analysé et considéré dans ses limites, ses apports et ses ouvertures possibles.

4.1 Interprétation des données selon la revue de littérature et le cadre théorique

L’interprétation des thèmes et sous-thèmes obtenus par analyse de contenu, a pour

finalité de rendre les résultats significatifs.

4.1.1 Interprétation en lien avec la revue de littérature

La recherche a apporté une image de l’intervention en ESA et des phénomènes

rencontrés par les ergothérapeutes.

Il ressort notamment du discours des personnes interrogées, l’importance d’agir sur les

problèmes relationnels au sein de la famille afin d’apaiser ses membres et de ne pas favoriser

la survenue des symptômes psycho-comportementaux, présents dans le cadre de la maladie

d’Alzheimer. Ces «conflits familiaux» sont d’ailleurs considérés par l’ergothérapeute B

comme des sources de «déséquilibre».

Les répercussions sur la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, constatées lors

de la revue de littérature, réapparaissent également lors des entretiens. L’ergothérapeute D

évoque ainsi la «dépendance de la personne vis à vis des autres membres de la famille», liée à

l’installation du handicap fonctionnel et psychique. Pour palier les déficits, des stratégies

compensatoires sont donc installées, comme le rappelle l’ergothérapeute A avec la «mise en

place des aides».

Les retentissements sur l’entourage, relevés grâce à la recherche dans la littérature

existante, sont également palpables dans le discours des ergothérapeutes. L’émergence du rôle

d’aidant est indéniable et bien que non évoqué en tant que tel, le fardeau fait l’objet d’une

certaine description de la part des interrogés. En effet, l’ergothérapeute C évoque «un

sacerdoce» et l’ergothérapeute D «une grande souffrance», voire un «épuisement» de

l’entourage aidant.

De la même manière, la modification des relations et des rôles de chacun est soulignée par

l’ensemble des ergothérapeutes, ce qui confirme bien l’impact de la maladie sur les liens

intrafamiliaux comme avancé par M. Myslinski.

Page 51: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

46

Concernant la définition du travail en ESA faite par les ergothérapeutes interrogés,

celle-ci est assez conforme aux directives du cahier des charges. L’ergothérapeute B évoque

une «prise en charge globale de la personne et de son entourage». L’ensemble de

l’échantillon souligne l’importance du recueil d’informations lors de l’évaluation et de

l’écoute, pour une prise en compte des besoins et attentes des aidants comme des aidés,

comme l’explique l’ergothérapeute D (lignes 50 à 57).

En revanche, si les ergothérapeutes témoignent d’une pratique similaire à celle attendue,

l’ergothérapeute B estime ne pas pouvoir faire de «l’éducation thérapeutique de l’aidant» du

fait de son court temps d’intervention. Ce moyen est pourtant envisagé par la HAS comme

une mission de l’ergothérapeute, au même titre que l’aménagement et la sécurisation de

l’environnement par exemple.

De manière générale, il émerge de l’ensemble des entretiens la mise en place d’un

processus réactionnel de changement, comme annoncé par M. Ylieff.

4.1.2 Interprétation en lien avec le modèle systémique

Lors des entretiens, il a été souligné par les ergothérapeutes que l’impact de la maladie

d’Alzheimer est tel que l’organisation des activités et rôles de l’ensemble du système familial

est bouleversée. L’ergothérapeute A parle d’ailleurs d’une «répercussion sur toute la famille»

et l’ergothérapeute C évoque un «inversement des rôles» et d’une «inversion des tâches».

Face au contexte particulier de l’intervention en ESA, le modèle systémique semble

ainsi être un outil solide pour mieux comprendre les interactions au sein du système et

appréhender ses problématiques. Les témoignages recueillis confirment la nécessité de

l’approche systémique et sa connaissance par les professionnels ; l’ergothérapeute A lui fait

d’ailleurs directement référence à la ligne 77. Les ergothérapeutes interrogés semblent être en

accord avec les principes de la systémie et les appliquer dans leur pratique. Par le travail de

préservation du lien effectué, l’ergothérapie en ESA se rapproche même de la démarche de

thérapie familiale, évoquée en partie théorique.

4.1.3 Interprétation en lien avec le processus de changement

Le processus de changement lié à la maladie d’Alzheimer repose sur la capacité des

personnes à se transformer.

Page 52: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

47

L’ergothérapeute A fait d’ailleurs le lien entre l’état du système et sa capacité d’adaptation

(lignes 30 à 31).

Selon K. Lewin, pour s’activer le processus de changement doit passer par un temps de

décristallisation, souvent synonyme de rupture. L’ergothérapeute A semble en accord avec

cette idée et évoque l’aspect positif, car transformateur, de la crise (lignes 33 à 34).

L’ensemble de l’échantillon rapporte d’ailleurs différents éléments marqueurs de

décristallisation, comme les difficultés fonctionnelles et relationnelles.

La théorie nous a rappelé que le système était soumis à des forces contraires, et lors des

entretiens la diversité des réactions les plus fréquemment rencontrées a bien été illustrée.

Parmi ces manifestations, l’état de crise est largement constaté par les ergothérapeutes, tout

comme des phénomènes plus ou moins adaptatifs émanant de l’entourage. L’ensemble des

ergothérapeutes explique avoir rencontré des personnes en situation de déni.

La notion de processus apparaît dans les discours (entretien A : lignes 13 et 80,

entretien B : ligne 29), ce qui démontre une certaine connaissance du processus de

changement par les ergothérapeutes.

Enfin, le rôle structurant de l’ergothérapeute, déjà évoqué en théorie, a pu être mis en

lumière. Il est celui qui écoute, qui informe, qui échange ses représentations. Il accompagne

l’entourage à travers les différentes étapes du déplacement, en assistant aux essais de

nouvelles stratégies de coping, de nouvelles façons de faire. Il conseille et encadre la

réorganisation des familles, intégrant la maladie.

Il joue également un rôle lors de l’étape de recristallisation, assurant la continuité du

changement. Enfin, l’ergothérapeute recrée du lien si nécessaire. Le travail de valorisation

qu’il effectue consolide le changement des familles, et vient rassurer l’entourage sur ses

démarches et attitudes, renforçant aussi son sentiment de compétence. Cette propension de

l’ergothérapeute à accompagner les personnes dans leur cheminement personnel, tel un

enabler, s’articule avec la notion de compétence des familles, mise en lumière ci-dessous.

4.1.4 Interprétation en lien avec le concept de compétence des familles

D’après G. Ausloos, les personnes disposent de capacités qui leur sont propres pour

faire face aux évènements. Cette hypothèse semble se confirmer car les ergothérapeutes

reconnaissent des capacités d’accompagnement chez l’entourage, témoignant d’une véritable

ressource des familles. Parmi ces capacités, ils relèvent particulièrement l’adaptation et la

patience. Ces qualités permettent à l’entourage de s’essayer à un certain coping. Les membres

Page 53: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

48

de l’entourage sont même reconnus comme des «experts» par l’ergothérapeute A, faisant

alors écho à la vision de M. Graff. L’entourage doit également «guider» pour l’ergothérapeute

B.

Il ressort également des discours, que la posture de l’ergothérapeute doit permettre à

l’entourage de se saisir de ses propres solutions et ressources, en favorisant son introspection.

Pour l’ergothérapeute D, il faut «faire mûrir leur réflexion» ; un avis partagé par les autres

professionnels interrogés. Tous se positionnent comme des tuteurs, soutenant et induisant une

dynamique. En qualité d’«enabler», ils accompagnent l’organisation du potentiel d’aide de

l’entourage. Les ergothérapeutes laissent ainsi une marge de manœuvre aux familles, afin

qu’elles puissent «expérimenter leur auto-solutions», comme souhaité par G. Ausloos.

4.1.5 Interprétation en lien avec le concept d’auto-efficacité

Nous avons pu voir que le concept d’auto-efficacité, initialement développé par A.

Bandura était de plus en plus utilisé dans le milieu médical et dans le cadre des affections

chroniques. Détaillé en partie théorique, l’auto-efficacité concerne les «croyances des

individus quant à leurs capacités à réaliser des performances particulières»(41).

Pour amener les ergothérapeutes sur la voie de l’auto-efficacité, ces derniers ont

d’abord été interrogés sur la notion de sentiment de compétence, envisagée comme un moyen

de transition efficace.

Le sentiment de compétence fait sens pour les ergothérapeutes, il a d’ailleurs été amené par

l’ergothérapeute A avant même la question dédiée (question de relance 7). De plus,

l’ergothérapeute B explique comment plus les proches «se sentent compétents plus ils ont la

volonté de s’impliquer». L’ergothérapeute C de son côté, rappelle qu’il faut veiller à ne pas

heurter ce sentiment (lignes 102 à 105) et l’ergothérapeute A, combien il importe de le

renforcer. Toutefois, il convient de noter que les ergothérapeutes B et D semblent ne pas

connaître le terme de sentiment de compétence mais l’identifient tout de même chez

l’entourage.

En ce qui concerne l’auto-efficacité ; aucun des ergothérapeutes interrogés ne

connaissait ce concept, ce qui dénote une méconnaissance de cette théorie socio-cognitive.

Tous ont donc reçu une présentation similaire de l’auto-efficacité, organisée en plusieurs

points. Le but étant alors de susciter leur réflexion sur ce concept et envisager sa possible

intégration à leur pratique.

Page 54: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

49

Nous pouvons remarquer que les quatre ergothérapeutes interrogés ont spontanément

fait le lien entre les composantes de l’auto-efficacité et le quotidien en ESA.

De manière intuitive, ils ont établi des connexions entre les grands «critères» évoqués

(expérience active, expérience indirecte, persuasion verbale, états physiologiques et

émotionnels) et des exemples concrets de situations rencontrées. Les ergothérapeutes A et B

ont par exemple reconnu leur implication dans la persuasion verbale (entretien A : lignes 110

à 112, entretien B : lignes 131 à 132). Il apparaît que les états psychologiques et

physiologiques ont beaucoup intéressés les ergothérapeutes A, les considérant comme «un

bon baromètre» et B, expliquant combien il fallait y être attentif pour limiter «l’épuisement de

l’aidant».

Il est ainsi apparu que l’auto-efficacité, bien qu’inconnu en tant que tel, était pourtant

utilisé implicitement et de manière informelle. Ceci semble soutenir le fait que le concept

d’auto-efficacité peut être pertinent pour les ergothérapeutes. Les interviewés ont d’ailleurs

attribué à l’auto-efficacité la fonction d’outil. Ce concept peut soutenir l’analyse des

ergothérapeutes, permettant «d’évaluer certains comportements» (entretien C) des personnes

accompagnées mais aussi de «réajuster» (entre C) leur propre intervention ergothérapique.

Enfin, l’ergothérapeute D a largement appuyé l’utilité du concept comme moyen de

hiérarchiser et d’organiser les informations recueillies.

Finalement, les ergothérapeutes ont été interrogés sur le possible impact de l’auto-

efficacité sur l’entourage. La volonté était de voir si les professionnels interrogés

envisageaient ce concept comme une alternative au fardeau de l’entourage.

L’ergothérapeute A a fait le lien avec le sentiment de compétence de l’entourage,

l’ergothérapeute C a appuyé sur l’aspect valorisation de l’aidant, tandis que l’ergothérapeute

D a fait la synthèse en regroupant valorisation et efficacité. L’ergothérapeute B de son côté, a

fait ressortir la notion de «reconnaissance de la situation d’aide». L’auto-efficacité semble

être perçu comme un moyen d’améliorer le quotidien de l’entourage, car pouvant influencer

ses choix et réactions. Ce concept peut ainsi être envisagé comme une possible clef de

l’accompagnement en ESA ; néanmoins, ses modalités d’application restent à définir.

Page 55: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

50

4.2 Réponse à l’objet de recherche

Les recherches menées, ainsi que la réalisation des entretiens et leur analyse apportent

certains éléments de réponse à notre question de recherche : En quoi la pratique de

l’ergothérapie soutien le processus de changement des familles accompagnées par l’ESA et

quelle représentation de l’auto-efficacité ont les ergothérapeutes?

Après avoir fait la description de leur contexte d’intervention, les ergothérapeutes

nous ont expliqué comment ils accompagnaient les familles à travers les différentes étapes de

leur processus de changement et par quels moyens ils structuraient leur transformation.

Par la suite, ils se sont exprimés sur l’auto-efficacité. Il apparaît que ce concept, dont le nom

leur était pourtant inconnu, leur est en réalité familier. En effet, preuve en sont les nombreux

parallèles dressés par les ergothérapeutes entre les composantes de l’auto-efficacité et leur

quotidien en ESA, suggérant une utilisation implicite de ce concept.

Les ergothérapeutes interrogés semblent considérer l’auto-efficacité comme un

possible outil à développer, cet outil étant double. En effet, il permet d’une part de structurer

la pratique des professionnels en les sensibilisant à certains points et en les aidant à acquérir

une méthodologie, et d’autre part, de disposer d’une ressource supplémentaire pour

accompagner l’entourage et notamment d’accentuer leur valorisation.

L’auto-efficacité pourrait alors être un facteur protégeant l’entourage et améliorant leur vision

de la situation d’aide.

De ce fait, l’auto-efficacité semble être considéré pour les ergothérapeutes interrogés

comme une théorie digne d’intérêt, car représentant un possible moyen d’enrichir leur

pratique professionnelle et d’améliorer le quotidienne des familles.

Page 56: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

51

4.3 Discussion des résultats

4.3.1 Critique du dispositif de recherche

La critique du dispositif de recherche permet d’apporter un éclairage sur les actions

mises en place, leur pertinence et leurs limites, mais aussi les améliorations possibles.

• L’échantillon

Tout d’abord il convient de noter que le nombre d’individus composant l’échantillon

de cette étude est restreint, avec seulement 4 ergothérapeutes interrogés. Ce faible échantillon

fait que les résultats obtenus ne peuvent être généralisés à l’ensemble de la population des

ergothérapeutes exerçant en ESA.

De plus, cet échantillon se compose uniquement d’individus de sexe féminin, ce qui pourrait

induire un biais dans d’autres domaines d’exercice mais qui est ici représentatif de la pratique.

En effet, l’ergothérapie demeure une profession féminine à 90%, comme le rappelle la lettre

de l’observatoire de la fondation Médéric Alzheimer(50), notre échantillon est donc fidèle à la

réalité sur ce point.

• La passation des entretiens

Le fait que l’ensemble des entretiens se soit déroulé par téléphone est également à

prendre en considération, car nous avons ainsi été privé de la possibilité d’observer les

réactions non verbales des interviewés. Néanmoins, le fait d’avoir contacté les

ergothérapeutes interrogés plusieurs semaines avant les entretiens, afin de s’assurer de leur

disponibilité, a permis d’amorcer une certaine relation de confiance, garante de leur libre

expression.

L’entretien est un outil de recueil de données qui induit une certaine implication du

chercheur, ce qui fait que mon propre positionnement a pu occasionner certains biais dans les

réponses des interrogés. De plus, mon manque d’expérience en tant qu’interviewer est un

frein possible au bon déroulement de cette recherche, c’est pourquoi j’ai essayé de minimiser

ce risque en m’entraînant, notamment avec le pré-test.

Enfin, en ce qui concerne la méthode retenue, ici la méthode clinique, il est important

de rappeler que le discours n’est autre que la «mise en scène libre de ce que la personne

a vécu, ressenti, pensé à propos de quelque chose»(48). Ainsi, la possibilité d’un écart entre

les dires des ergothérapeutes et leur pratique réelle, reste à envisager.

Page 57: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

52

Il convient aussi de ne pas oublier que la manipulation des résultats doit se faire avec

prudence et parcimonie, ces derniers étant construits d’après le discours.

La recherche clinique n’a pas pour finalité la généralisation de ses résultats, mais

l’exploration véritable de pratiques particulières.

Et nous pouvons constater que les entretiens se sont avérés riches, les ergothérapeutes ayant

apportés des points de vue nouveaux, parfois en dehors de la grille d’entretien. Nous avons pu

aller au contact de la singularité et des représentations de chacun.

• Propositions d’amélioration du dispositif de recherche Afin d’améliorer cette ce travail de recherche et la démarche exploratoire entreprise, il

faudrait interroger un plus grand nombre d’individus afin de tendre vers une certaine

généralisation des résultats.

Aussi, il serait intéressant que de futurs travaux de recherche explore davantage l’application

du concept d’auto-efficacité en ESA et s’attachent à définir ses modalités d’utilisation

possibles. Cela permettrait d’approfondir notre question de recherche et d’amorcer la

transition entre théorie et application pratique.

Enfin, il serait souhaitable de mener les entretiens en face à face pour recueillir un maximum

d’informations verbales et non-verbales.

De plus, une fois le concept d’auto-efficacité approfondi auprès des ergothérapeutes, il

serait dans un second temps judicieux de recueillir l’opinion de l’entourage des personnes

atteintes de la maladie d’Alzheimer. Cela aurait pour but de l’impliquer et l’intégrer dans ce

processus de réflexion sur l’auto-efficacité. En effet, l’entourage se trouve au cœur de la

problématique en ESA. Il est ainsi directement concerné et donc à même de recevoir des

informations sur ce concept pour se l’approprier et y réfléchir.

4.3.2 Propositions et transférabilité pour la pratique professionnelle

Certains éléments développés lors des entretiens, laissent envisager de possibles clefs

pour la pratique de l’ergothérapie en ESA.

Les ergothérapeutes nous ont détaillé les différentes facettes de leur pratique et les

façons dont ils accompagnent les familles au quotidien. Leur posture d’enabler et leurs

Page 58: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

53

moyens d’intervention, venant soutenir et étayer le processus de changement familial.

Le nom d’auto-efficacité leur été jusqu’alors inconnu, mais a largement suscité leur

réflexion et les a intéressé. En effet, l’ensemble de l’échantillon a pu établir de nombreux

liens entre les composantes du concept (à savoir l’expérience active, l’expérience indirecte, la

persuasion verbale et les états physiologiques et émotionnels) et leur intervention. Les

éléments liés à l’auto-efficacité ont ainsi fait écho à leur propre pratique, ce qui laisse

supposer une utilisation implicite de l’auto-efficacité. Les ergothérapeutes considèrent ce

concept comme un outil potentiellement utilisable auprès des professionnels comme des

familles. Cela témoigne du double intérêt de l’utilisation du concept d’auto-efficacité dans le

cadre de l’ESA. D’une part, cet outil est envisagé comme structurant la pratique des

professionnels ; les sensibilisant et les rendant plus attentifs à l’entourage, faisant ainsi preuve

de davantage de méthodologie dans leur intervention. D’une autre part, l’application de ce

concept alimente le processus de valorisation de l’entourage, et agit sur les composantes de

son sentiment d’auto-efficacité pour le renforcer.

Nous pouvons ainsi faire l’hypothèse que l’application du concept d’auto-efficacité est

pertinente en ESA et pourrait enrichir la pratique, à condition que celle-ci soit réalisée dans

des conditions d’utilisation réfléchies. La création d’un protocole intégrant l’auto-efficacité

dans la pratique des ergothérapeutes intervenant en ESA pourrait être envisagée.

L’auto-efficacité peut ainsi être envisagée comme une ressource possible des

ergothérapeutes exerçant en ESA et s’ajouter à leur palette d’outils d’intervention.

De plus, au delà de l’exercice en ESA, la connaissance de l’auto-efficacité et la

maitrise de ses principes, peut être une richesse pour l’ensemble des ergothérapeutes.

4.4 Apports, intérêts et limites des résultats Ce dispositif de recherche a été l’occasion d’une réflexion des ergothérapeutes sur leur

propre pratique et sur les possibles moyens de l’enrichir.

La structure de l’entretien les a amenés à évoquer et détailler leur pratique actuelle, ce

qui a pu mettre en lumière différents aspects de leur intervention auprès des familles et

l’importance de l’action ergothérapique dans la mise en œuvre du changement.

Les résultats obtenus nous ont donné une idée plus précise des problématiques rencontrées par

l’entourage des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Page 59: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

54

Par la suite, le concept d’auto-efficacité a été présenté aux ergothérapeutes qui ont alors pu

découvrir un nouvel outil théorique. Ces derniers ont semblé intéressés par cet outil,

notamment par leur intonation.

En les interrogeant sur la possible application de ce concept en ESA, les professionnels ont pu

établir de nombreux parallèles entre les composantes de l’auto-efficacité et leur propre

approche ergothérapiques.

Ils ont également été sensibilisés aux facteurs d’auto-efficacité, à savoir l’expérience active,

l’expérience indirecte, la persuasion verbale et les états physiologiques et émotionnels. Ces

sources déterminant l’état de l’entourage, ses choix et son investissement, mais également sa

représentation de la situation et de son potentiel d’aide. Les ergothérapeutes ont aussi

envisagé les apports possibles de ce concept. D’après eux, avoir connaissance des différents

facteurs influant sur l’auto-efficacité et y être attentif, permettrait d’ajuster au mieux

l’intervention. Il est par ailleurs ressorti de leur réflexion, que ce concept pouvait aider les

professionnels dont ils font partie à structurer leur intervention et être plus rigoureux, grâce à

l’apport d’une certaine méthodologie.

Enfin, l’auto-efficacité représenterait une réelle ressource à utiliser auprès de l’entourage des

personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. En effet, le concept agirait comme un outil de

valorisation et son application permettrait d’alléger le quotidien des familles, notamment en

améliorer la représentation de l’entourage.

Cette recherche est une ébauche, constituant la première étape d’un travail de

théorisation de l’utilisation du concept d’auto-efficacité en ESA. Les témoignages recueillis

ouvrent des perspectives de recherche et soulignent l’intérêt du concept d’auto-efficacité dans

l’accompagnement de l’entourage des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Ce travail de recherche démontre également la nécessité de continuer à s’informer et

se former, tout au long de sa vie professionnelle pour étoffer sa pratique.

En tant que future ergothérapeute, j’aimerai inclure le concept d’auto-efficacité à ma

pratique. Je pense que cet outil peut améliorer le quotidien des personnes en leur faisant

prendre conscience de leur propre sentiment d’auto-efficacité et des clefs pour agir dessus.

Cela aiderait à préserver l’entourage aidant, ce qui est aujourd’hui une priorité.

Page 60: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

55

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Page 64: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

59

GLOSSAIRE

ESA : Équipe Spécialisée Alzheimer

HAS : Haute Autorité de Santé

INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

PMND : Plan Maladies NeuroDégénératives

SPDC : Symptômes Psychologiques et Comportementaux de la Démence

SIAD : Services de Soins Infirmiers À Domicile

SPASAD : Servies Polyvalents d’Aide et de Soins À Domicile

IDEC : Infirmière coordinatrice Diplômée d’État

ASG : Assistante de Soins en Gérontologie

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TABLE DES ANNEXES

Annexe 1 : Échelle globale de détérioration ........................................................................... 1

Annexe 2 : Échelle de Zarit ...................................................................................................... 3

Annexe 3 : Questionnaire de pré-enquête exploratoire ......................................................... 4

Annexe 4 : Questionnaire de pré-enquête n°1 ........................................................................ 5

Annexe 5 : Questionnaire de pré-enquête n°2 ........................................................................ 6

Annexe 6 : Questionnaire de pré-enquête n°3 ........................................................................ 7

Annexe 7 : Questionnaire de pré-enquête n°4 ........................................................................ 8

Annexe 8 : Tableau d’aide à la préparation du questionnaire de pré-enquête ................... 9

Annexe 9 : Sense of Competence Questionnaire .................................................................. 10

Annexe 10 : Outil de recueil de données ............................................................................... 12

Annexe 11 : Entretien A avec l’ergothérapeute A ............................................................... 15

Annexe 12 : Entretien B avec l’ergothérapeute B ............................................................... 20

Annexe 13 : Entretien C avec l’ergothérapeute C ............................................................... 25

Annexe 14 : Entretien D avec l’ergothérapeute D ............................................................... 30

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1

Annexe 1 : Échelle globale de détérioration

Evaluation mnésique Global Deterioration Scale 1/2

Degré de Stade Caractéristiques cliniquesdétérioration clinique

Normal Pas de plaintes subjectives

cognitif Pas de déficit évident lors de l'interrogatoire

Léger Plaintes subjectives de troubles de la mémoire

très léger déficit particulièrement fréquents dans les domaines suivants :

a) oubli de la place des objets familiers

b) oubli de noms propres auparavant bien connus

Pas de troubles objectifs lors de l'interrogatoire

Pas de modifications de la vie sociale et professionnelle

Troubles de Premiers signes déficitaires apparents. Manifestations dans

léger la mémoire au moins 2 des domaines suivants :

évidents, a) le patient peut s'être perdu quand il se déplace dans un

baisse de endroit inconnu

l'attention et b) les collègues de travail s'aperçoivent d'une baisse de l'efficacité

professionnelle

c) la difficulté à trouver des mots et des noms devient évidente pour l'entourage

d) le patient peut lire un chapitre sur un livre mais n'en retient que peu de choses

e) le patient a moins de facilité à retenir les noms des personnes qui lui sont

présentées pour la première fois

f) le patient peut perdre ou mal ranger un objet de valeur

g)les difficultés de concentration sont évidentes à l'examen clinique

par un entretien poussé réalisé avec des épreuves psychométriques. Diminution

des performances dans les situations professionnelles ou sociales difficiles.

La négation du trouble par le patient devient manifeste. Une anxiété légère

ou modérée accompagne les symptômes.

Déficit Déficit net lors d'un interrogatoire soigneux qui se manifeste dans les domaines

modéré prononcé suivants :

des trois a) le malade est moins au courant de l'actualité

items b) peut manifester des lacunes dans le souvenir de son propre passé

ci-dessus c) trouble de la concentration évident sur le test des soustractions en série

d) diminution de la capacité de voyager, gérer son budget

Habituellement pas de déficit dans les domaines suivants :

a) orientation dans le temps et vis-à-vis des personnes

b) reconnaissance des visages et des personnes familières

c) capacité de se déplacer dans des endroits connus

Incapacité à réaliser des tâches complexes. La négation des troubles ou

et évitement des situations de concurrence

Echelle globale de détérioration (Global Deterioration Scale-GDS)

pour la maladie d'Alzheimer et les désordres cognitifs liés à l'âge

1. Pas de déficit

2. Déficit cognitif

mnésique

3. Déclin cognitif

de la concen-

tration

La mise en évidence d'un déficit mnésique "objectif" ne peut s'obtenir que

4. Déficit cognitif

leur non-conscience est fréquemment rencontrée. Emoussement de l'activité

Page 67: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

2

Evaluation mnésique Global Deterioration Scale 2/2

Démence Le patient ne peut pas survivre sans aide. Il est incapable lors de l'entretien

modérément débutante de rappeler une caractéristique importante de sa vie courante (par ex. :

sévère adresse, numéro de téléphone datant de plusieurs années, nom des membres

proches de sa famille comme les petits-enfants, nom du lycée ou de l'université

où il a suivi ses études

pourra avoir des difficultés à compter de 4 en 4 à l'envers à partir de 40

ou de 2 en 2 à partir de 20

Les personnes à ce stade gardent la notion des faits majeurs qui les intéressent

ou intéressent les autres. Elles connaissent toujours bien leur propre nom et

généralement le nom de leurs enfants. Elles n'ont pas pas besoin d'aide pour se

laver ou manger mais elles peuvent avoir quelques difficultés à choisir leurs vête-

la chaussure droite au pied gauche…)

Démence Le patient peut occasionnellement oublier le nom de son conjoint (dont il dépend

sévère avancée entièrement pour sa survie). Il est totalement inconscient de tous les événements

et expériences récents de sa vie. Il retient quelques éléments de son passé mais

de façon très imprécise

En général, il ignore son environnement (année, saison). Il peut avoir des difficultés

compter de 10 à 1 et parfois même de 1 à 10. Il a besoin d'aide pour les activités

de la vie quotidienne (par ex. : il peut devenir incontinent). Il a besoin d'aide pour

se déplacer mais quelquefois il se montre capable d'aller dans des lieux familiers.

de son propre nom. Habituellement, il reste capable de distinguer les familiers des

étrangers dans son entourage. A ce stade, surviennent des modifications de la

personnalité et de l'émotivité. Elles sont très variables et associent :

b) des manifestations obsessionnelles (par ex. le malade peut répéter continuel-

ment des gestes de nettoyage)

c) des signes d'anxiété, une agitation et même un comportement violent, jusque-là

inconnu, peuvent survenir

d) une aboulie cognitive c'est-à-dire une perte de la volonté car l'individu ne peut pas

poursuivre une pensée suffisamment longtemps pour dégager une ligne de conduite

déterminée

Démence Toutes les capacités verbales sont perdues et fréquemment il n'y a pas de langage

très sévère avancée du tout, seulement des grognements. Incontinence urinaire. Le patient a besoin d'aide

pour la toilette et le repas. Apparaissent des déficits psychomoteurs fondamentaux

touchant par ex. : la marche. Le cerveau paraît ne plus être capable de signifier

au corps que faire. Toutes les fonctions corticales sont touchées

5. Déficit cognitif

Fréquemment il existe une désorientation temporo-spatiale. Une personne cultivée

ments et occasionnellement s'habiller de manière inadéquate (par ex. : mettre

6. Déficit cognitif

Le rythme nycthéméral est fréquemment perturbé. Il se souvient presque toujours

a) des hallucinations (par ex. : le patient peut accuser son conjoint d'être un impos-

teur il peut parler à des personnages imaginaires ou à sa propre image dans un miroir

7. Déficit cognitif

D'après B. Reisberg. S.H. Ferris et T. Crook

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3

Annexe 2 : Échelle de Zarit

Échelle de Zarit ou Inventaire du Fardeau. Le score total qui est la somme des scores obtenus à chacun de 22 items, varie de 0 à 88. Un score inférieur ouégal à 20 indique une charge faible ou nulle ; un score entre 21 et 40 indique une charge légère ; un score entre 41 et 60 indique une charge modérée ; un score supérieur à 60 indique une charge sévère.

Voici une liste d’énoncés qui reflètent comment les gens se sentent parfois quand ils prennent soin d’autres personnes.Pour chaque énoncé, indiquer à quelle fréquence il vous arrive de vous sentir ainsi : jamais, rarement, quelquefois,assez souvent, presque toujours. Il n’y a ni bonne, ni mauvaise réponse.

Cotation :0 = jamais1 = rarement2 = quelquefois3 = assez souvent4 = presque toujours

À quelle fréquence vous arrive-t-il de…

Sentir que votre parent vous demande plus d’aide qu’il n’en a besoin ? 0 1 2 3 4Sentir que le temps consacré à votre parent ne vous en laisse pas assez pour vous ? 0 1 2 3 4Vous sentir tiraillé entre les soins à votre parent et vos autres responsabilités(familiales ou de travail) ? 0 1 2 3 4Vous sentir embarrassé par les comportements de votre parent ? 0 1 2 3 4

Vous sentir en colère quand vous êtes en présence de votre parent ? 0 1 2 3 4Sentir que votre parent nuit à vos relations avec d’autres membres de la famille ou des amis ? 0 1 2 3 4Avoir peur de ce que l’avenir réserve à votre parent ? 0 1 2 3 4Sentir que votre parent est dépendant de vous ? 0 1 2 3 4

Vous sentir tendu en présence de votre parent ? 0 1 2 3 4 Sentir que votre santé s’est détériorée à cause de votre implication auprès de votre parent ? 0 1 2 3 4Sentir que vous n’avez pas autant d’intimité que vous aimeriez à cause de votre parent ? 0 1 2 3 4Sentir que votre vie sociale s’est détériorée du fait que vous prenez soin de votre parent ? 0 1 2 3 4Vous sentir mal à l’aise de recevoir des amis à cause de votre parent ? 0 1 2 3 4

Sentir que votre parent semble s’attendre à ce que vous preniez soin de lui comme si vous étiez la seule personne sur qui il puisse compter ? 0 1 2 3 4Sentir que vous n’avez pas assez d’argent pour prendre soin de votre parent encore longtemps compte tenu de vos autres dépenses ? 0 1 2 3 4Sentir que vous ne serez plus capable de prendre soin de votre parent encore bien longtemps ? 0 1 2 3 4Sentir que vous avez perdu le contrôle de votre vie depuis la maladie de votre parent ? 0 1 2 3 4

Souhaiter pouvoir laisser le soin de votre parent à quelqu’un d’autre ? 0 1 2 3 4Sentir que vous ne savez pas trop quoi faire pour votre parent ? 0 1 2 3 4Sentir que vous devriez en faire plus pour votre parent ? 0 1 2 3 4Sentir que vous pourriez donner de meilleurs soins à votre parent ? 0 1 2 3 4En fin de compte, à quelle fréquence vous arrive-t-il de sentir que les soins à votre parent sont une charge, un fardeau ? 0 1 2 3 4

La revue du Gériatrie, Tome 26, N°4 AVRIL 2001

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4

Annexe 3 : Questionnaire de pré-enquête exploratoire

QUESTIONNAIREDEPRÉ-ENQUÊTEEXPLORATOIRECibleèergothérapeutestravaillantenESAEn dernière année d’ergothérapie, je m’intéresse à la prise en soin effectuée auprès dumalade d’Alzheimer et de son entourage, et tout particulièrement au processus dechangementliéàlamaladie.Je suis à la recherche d’avis d’ergothérapeutes travaillant en ESA, afin d’enrichir monquestionnement.Ce formulaire nécessite peu de temps etme sera d’une grande aide pour la suite de cetravaildemémoire.Envousremerciantd’avancedevotrecontribution.

1. Quellessontvosinterventionsauprèsdupatient?

2. Quellessontvosinterventionsauprèsdel’entouragedupatient?

3. Quepensez-vousdel’approchesystémique?

4. Quelssontlesobstaclesàlapriseensoinlesplusfréquemmentrencontrés?

5. Quellesdemandesémanantdel’entouragedumaladerecevez-vousleplus?6. Pouvez-vousme parler de votre pratique concernant l’identité de la personne

malade?Merci!

Page 70: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

5

Annexe 4 : Questionnaire de pré-enquête n°1

1 Quelles sont vos interventions auprès du patient ? J’effectue les premiers entretiens avec l’infirmière coordinatrice, puis un bilan d’entrée au cours duquel sont

explorées les fonctions cognitives, motrices et sensorielles ainsi que leur impact sur la vie quotidienne. Suite à ce

bilan, nous faisons un point en équipe sur les possibilités de prises en charge et le projet de soins à mettre en

place. Je présente l’assistante de soins en gérontologie en faisant un retour du bilan et en présentant le projet de

soins que nous réajustons selon les remarques du patient et de son entourage. Les ASG m’interpelle tout au long

de la prise en soin pour adapter les aides à mettre en place. Parfois une VAD de ma part pour mettre en place des

aides techniques spécifiques.

2 Quelles sont vos interventions auprès de l’entourage du patient ? L’impact des troubles sur les AVQ est essentiellement réalisé par un entretien avec l’entourage. Parfois c’est

l’occasion aussi de donner quelques conseils ou stratégie. Je peux aussi les orienter sur un relais pour les aidants

ou des formations.

3 Que pensez-vous de l’approche systémique ?

Très utile dans les prises en soins pour analyser les relations familiales parfois complexes et permet certainement

d’être plus efficace dans la mise en place de relais.

4 Quels sont les obstacles à la prise en soin les plus fréquemment rencontrés ?

Le refus des patients eux-mêmes qui est un obstacle lorsque les patients vivent seul.

5 Quelles demandes émanant de l’entourage du malade recevez-vous le plus ?

Le besoin de répit par des personnes formées qui pourraient s’occuper du patient à son domicile.

6 Pouvez-vous me parler de votre pratique concernant l’identité de la personne malade ?

Lors du bilan j’essaie de retracer avec la personne les éléments importants de son histoire de vie ainsi que les

habitudes de vie qu’elle avait (loisirs, et AVQ). Lors de la visite du logement, les personnes agrémentent les

éléments déjà évoqués lorsque je les interpelle sur mes observations (photos, déco,…)

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Annexe 5 : Questionnaire de pré-enquête n°2

1. Quelles sont vos interventions auprès du patient ?

- Stimulation cognitive au sens large. - Trouver une activité significative à la personne. - Sécurisation du logement. - Stimulation dans les activités de la vie quotidienne. - Réadaptation (mise en place de moyen de compensation pour permettre à la personne de gagner en

autonomie et de lui faciliter ses interactions avec son environnement). - Revalorisation, maintien de son rôle dans la famille. - Favoriser ou faciliter la communication.

2. Quelles sont vos interventions auprès de l’entourage du patient ?

- Sensibilisation. - Accompagnement dans la mise en place de relais. - Soulagement de l’aidant. - Prise en compte de ses difficultés et accompagnement dans la recherche de solutions.

3. Que pensez-vous de l’approche systémique ?

L’approche systémique est très intéressante car elle permet d’offrir une prise en charge globale, en incluent tous

les intervenants et l’environnement de la personne afin d’apporter l’aide correspondant aux besoins ciblés.

4. Quels sont les obstacles à la prise en soin les plus fréquemment rencontrés ?

- Le déni de la personne. - L’avancement de la maladie. - Le rôle surprotecteur de l’aidant (refus de l’aide). - Le côté financier.

5. Quelles demandes émanant de l’entourage du malade recevez-vous le plus ?

- Besoin d’être soulager. - Stimulation cognitive.

6. Pouvez-vous me parler de votre pratique concernant l’identité de la personne malade ?

Le travail concernant l’identité de la personne consiste à lui redonner une place dans le cercle familial, à

préserver son intégrité, à lui redonner confiance en elle. Pour cela, il est aussi intéressant d’inciter les

intervenants à identifier la personne avec son nom et non avec un surnom familier par exemple, à la faire

participer et à l’impliquer dans sa prise en charge.

Page 72: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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Annexe 6 : Questionnaire de pré-enquête n°3

1. Quelles sont vos interventions auprès du patient ?

Tout travail s'inscrivant dans le sens du désir de la personne concernée ainsi que dans le plaisir, enfin toutes

activités pouvant s'inscrire dans le cadre de la vie quotidienne [cuisine, repas partagé, couture,...]

2. Quelles sont vos interventions auprès de l’entourage du patient ?

En ce qui concerne l'entourage, nous sommes souvent sollicités pour renseigner et informer. Bien souvent, je les

adresse vers des Associations d'Aide aux Aidants.

3. Que pensez-vous de l’approche systémique ?

Il me semble que considérer l'individu dans sa globalité et apprécier son fonctionnement familial propre est une

première assise fondamentale à la compréhension ainsi qu'à l'accompagnement adapté à cette personne.

4. Quels sont les obstacles à la prise en soin les plus fréquemment rencontrés ?

Nos plus fréquents obstacles sont le refus, l'opposition, l'incompréhension, le déni mais aussi parfois

l'hospitalisation & rarement mais parfois l'entourage lui-même.

5. Quelles demandes émanant de l’entourage du malade recevez-vous le plus ?

Des questions sur les aides existantes, des astuces pour aider au quotidien, comment solutionner des

déplacements pour se rendre parfois à l'accueil de jour (impossible si non véhiculé par l'Institution, & surtout un

professionnel disponible palliant aux manque de repères). Enfin et surtout, un grand besoin d'écoute est

nécessaire et un étayage pour ces aidants du quotidien.

6. Pouvez-vous me parler de votre pratique concernant l’identité de la personne malade ?

Nous œuvrons le plus possible pour maintenir et préserver cette identité parfois égratignée par une famille ou un

proche à bout de souffle! Nôtre rôle, là encore, offrir un oreille attentive et respectueuse des propos recueillis...

lui redonner une place.

Page 73: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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Annexe 7 : Questionnaire de pré-enquête n°4

1 Quelles sont vos interventions auprès du patient ?

- Recueil de données sur l’histoire de vie, les difficultés au quotidien, les attentes de notre intervention - Évaluation des troubles cognitifs et de leurs répercussions dans leur autonomie - Mise en places des objectifs de réadaptation, avec son accord - Conseils/ essais d’aides techniques et d’aménagements.

2 Quelles sont vos interventions auprès de l’entourage du patient ?

- Recueil de données : histoire de vie, situation actuelle, pathologie, attentes… - Évaluation des ressources et des besoins. - Accompagnement en fonction des besoins : compréhension des troubles dus à la maladie, acceptation

des aides à domicile et aide dans leur mise en place, écoute empathique en cas d’épuisement, « éducation » dans leur rôle d’aidant.

- Conseils sur les répits possibles (groupes de paroles, formation des aidants…)

3 Que pensez-vous de l’approche systémique ?

Elle permet de comprendre les interactions positives et négatives qui se jouent au sein d’une famille. Ceci peut

nous aider à déceler les causes des situations de crise, ou les blocages de la part des aidants, et ainsi mieux

orienter notre accompagnement auprès d’eux.

4 Quels sont les obstacles à la prise en soin les plus fréquemment rencontrés ?

- de la part du patient : déni ou anosognosie+++, stade trop avancé, troubles du comportement trop importants (agressivité, opposition)

- de la part des aidants : absence, incompréhension ou non-adhérence à notre intervention (système paradoxal), épuisement des ressources.

5 Quelles demandes émanant de l’entourage du malade recevez-vous le plus ?

- Stimulation afin de limiter l’apathie - Revalorisation du malade - Conseils sur la communication, les activités encore réalisables - Informations sur la maladie

6 Pouvez-vous me parler de votre pratique concernant l’identité de la personne malade ?

- Nécessité d’avoir une bonne connaissance de la personne et de son histoire de vie, afin de mieux orienter la Pec par des activités signifiantes (concept MOH)

- Favoriser la participation sociale et au quotidien - Maintenir la mémoire autobiographique

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Annexe 8 : Tableau d’aide à la préparation du questionnaire de pré-enquête

THEME et sources liées OBJECTIF QUESTION

Intervention auprès du malade

(recommandations HAS, COTID, cahier

des charges des ESA, fiche soins

gérontologie : l’ESA)

Connaître les priorités/actions les

plus courantes menées.

Quelles sont vos interventions auprès

du patient ?

Intervention auprès de l’aidant

(COTID : entretien ethnographique auprès

de l’aidant, cahier des charges des ESA)

Connaître les priorités/actions les

plus courantes menées.

Quelles sont vos interventions auprès

de l’entourage du patient ?

Approche systémique

(Cantegreil-Kallen I., Rigaud AS. La

thérapie familiale systémique dans le

cadre de la MA,

Thomas P., Hazif-Thomas C. Maladie

d’Alzheimer et fragilité du système

familial)

En savoir plus sur la

connaissance/l’utilisation de cette

approche par les professionnels

travaillant en ESA.

Que pensez vous de l’approche

systémique ?

Difficultés et complications

(Kerhervé H., Gay MC. ,Virginaud P.

Santé psychique et fardeau des aidants

familiaux de personnes atteintes de la

maladie d’Alzheimer ou de troubles

apparentés, Blanc A Les aidants

familiaux)

Mieux connaître et prendre en

considération les possibles

obstacles à la prise en soin.

Quels sont les obstacles à la prise en

soin fréquemment rencontrés ?

Attentes de l’entourage

(Hein C et all. Enjeux et moyens du suivi

des malades souffrant de la maladie

d’Alzheimer)

Savoir quel type d’attente

exprime l’entourage (problème de

communication, apathie, manque

de connaissance quant à la

maladie)

Quelles demandes émanant de

l’entourage du malade recevez-vous

le plus ?

Identité et maladie d’Alzheimer

(Collaud T. Alzheimer une personne

quoiqu’il arrive, Trouvé E. Ergothérapie

en gériatrie : approches cliniques)

Etre éclairée par l’expérience des

professionnels sur les questions

liées à la perte identitaire dans le

cadre de la Maladie d’Alzheimer.

Pouvez-vous me parler de votre

pratique concernant l’identité de la

personne malade ?

Page 75: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

10

Annexe 9 : Sense of Competence Questionnaire

The Sense of Competence Questionnaire

Consequences of involvement in care for the personal life of the caregiver

1 I feel that my present situation with my…. doesn’t allow me as much privacy as I’d like

(Zarit)

2 Because of my involvement with my …., I don’t have enough time for myself (Zarit)

3 I feel that my social life has suffered because of my involvement with my…. (Zarit)

4 I feel that I cannot leave my ….alone, he/she needs me continuously.

5 I feel stressed between trying to give to my…. as well as to other family responsibilities, job

etc. (Zarit)

6 I feel that my health has suffered because of my involvement with my …. (Zarit)

7 I worry all the time about my….

8 I feel that my …………seems to expect me to take care of him/her as if I were only one s/he

could depend on (Zarit)

Satisfaction with one’s own performance as a caregiver

9 *I feel pleased about my interactions with my …. (Zarit)

10 I don’t feel capable to care for my ….

11 I wish that my …. and I had a better relationship. (Zarit)

12 I feel guilty about my interactions with my…. (Zarit)

13 I feel strained in my interaction with my…. (Zarit)

14 I feel that in the past, I haven’t done as much for my …. as I could have or should have (Zarit)

15 It is not clear to me how much care I should give to my…. (Bengtson and Kuypers)

16 I feel that my…. doesn’t benefit from what I do for him/her (Bengtson and Kuypers)

17 I feel nervous or depressed about my interactions with my …. (Zarit)

18 I feel angry about my interactions with my …. (Zarit)

19 I feel that I don’t do as much for my ….as I should do

20 *I feel useful in my interactions with my…. (Zarit)

Satisfaction with the demented person as a recipient of care

21 I feel that my…. behaves the way s/he does to have her/his own way ( Bengtson and Kuypers)

22 I feel that my…. behaves the way s/he does to annoy me ( Bengtson and Kuypers

23 I feel that my…. tries to manipulate me (Zarit)

24 My …. appreciates my constant care less than the care others give him/her

Page 76: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

11

25 I feel that my …. makes requests which I perceive to be over and above what s/he needs

(Zarit)

26 I feel resentful about my interactions with my…. (Zarit)

27 I feel embarrassed over my…. Behaviour (Zarit)

*Items need to be recoded in the opposite direction

Answer categories: agree very strongly, agree strongly, neutral, disagree, disagree very strongly.

Original version: calculations on dichotomized scores. Sum up the disagree scores and strongly

disagree scores. A higher score indicates a higher sense of competence.

Suggestions:

The sequence of the items can be adapted. The preferred sequence is those in which the least

emotional questions are asked first. This is the sequence presented here.

Some authors preferred not to use dichotomized scores.

The face- to- face interview is the preferred strategy to get the information. The carers appreciate to

have an opportunity to talk about caregiving. Telephone interviews are second best. The SCQ was also

used as part of a written questionnaire.

References: • Vernooij-Dassen MJFJ. Dementie en thuiszorg. Een onderzoek naar de determinanten van het

competentiegevoel van centrale verzorgers en het effect van professionele interventie. Lisse: Swets en Zeitlinger, 1993.

• Vernooij-Dassen M, Huygen F, Felling A, Persoon J. Home care for dementia patients. J Am Geriatr Soc 1995;43:456-7.

• Vernooij-Dassen MJFJ, Felling AJA, Persoon JMG. Predictors of sense of competence in primary caregivers of demented persons. Soc Sci Med 1996;43:41-9.

• Vernooij-Dassen M, Felling A, Persoon J. Predictors of change and continuity in home care for dementia patients. Int J Geriat Psychiatry 1997;12:671-77.

• Vernooij-Dassen MJFJ, Lamers C, Bor J, Felling AJA, Grol RPTM. Prognostic Factors of Effectiveness of a Support Program for Caregivers of Dementia Patients. Int J Aging Hum Dev 2000;51:259-74.

• Vernooij-Dassen M, Kurz X, Scuvée-Moreau J, Dresse A. La mesure du sentiment de compétence chez les aidants de patients déments. Rev Epidemiol Santé Publique 2003;51:227-35.

• Moniz-Cook E, Vernooij-Dassen M, Woods R, Verhey F, Chattat R, De Vugt M, Mountain G, O'Connell M, Harrison J, Vasse E, Dröes RM, Orrell M; INTERDEM group. A European consensus on outcome measures for psychosocial intervention research in dementia care

Aging Ment Health. 2008 Jan;12(1):14-29.

Page 77: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

12

Annexe 10 : Outil de recueil de données

Introduction : Dans le cadre de ma recherche, je m’intéresse au processus de changement lié à

la maladie d’Alzheimer. Mon objectif est de découvrir les différentes manières dont

l’ergothérapeute peut accompagner la personne atteinte de cette maladie vivant toujours à

domicile, ainsi que son entourage.

Thèmes Questions principales Questions de relance Objectifs des questions

Interactions au sein du système

Quels liens pouvez-

vous faire entre la

maladie et ses

répercussions sur la

structure familiale ?

Quels sont les effets de

la maladie sur le

système familial ?

Voir la nécessité de

l’approche systémique

dans la prise en soins.

Système et processus de

changement

(décristallisation)

Quels éléments

témoignent d’un état

d’équilibre du système

et lesquels au

contraire, signent une

rupture ?

Quels sont les possibles

marqueurs

d’homéostasie et ceux

de crise ?

Découvrir les signes

relatifs à une qualité de

vie satisfaisante ou

insatisfaisante.

Processus de changement

(décristallisation)

Comment l’entourage

réagit aux différents

bouleversements de la

maladie ?

Quelles sont les

manifestations de

l’entourage face aux

difficultés ?

Comprendre comment

l’état de rupture

expérimenté par

l’entourage se

manifeste.

Processus de changement

(déplacement et

recristallisation)

Comment pouvez-vous

accompagner

l’entourage dans cette

période de

transition ?

Quelles stratégies

pouvez-vous travailler

avec l’entourage, pour

l’aider à surmonter ses

difficultés ?

Repérer l’importance

de l’ergothérapeute et

son rôle structurant,

dans l’instauration

d’une nouvelle

dynamique pérenne.

Compétence des

familles

Que pensez-vous des

capacités

d’accompagnement de

l’entourage ?

L’entourage possède

t’il des compétences

qui lui sont propres,

composant un potentiel

Découvrir la diversité

des possibilités d’aide

(moyens, stratégies).

Découvrir à travers le

Page 78: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

13

d’aide ? discours le

cheminement et le

processus de

changement de

l’entourage.

Compétence des

familles (rôle de

l’ergothérapeute)

Quels sont vos actes

et postures face à ces

capacités ?

Quelle attitude

adoptez-

vous concernant ces

capacités ?

Voir le rôle de

l’ergothérapeute

concernant la

compétence des

familles.

Introduction du concept d’auto-

efficacité par le sentiment de

compétence

Que pensez-vous du

vécu de l’entourage,

de son ressenti face à

cette situation

d’aide ?

Connaissez-vous la

notion de sentiment de

compétence ?

Obtenir des éléments

témoignant de

l’importance du

sentiment de

compétence de

l’entourage.

Concept d’auto-

efficacité

Connaissez-vous le

concept d’auto-

efficacité ? Si c’est le

cas, qu’en pensez-

vous ?

Si difficulté, définition

du concept donné ci-

dessous.

Découvrir à travers le

discours, l’opinion des

interrogés sur le

concept d’auto-

efficacité.

Définition du concept d’auto-efficacité :

Le sentiment d’auto-efficacité désigne la croyance d’un individu quant à sa capacité à réaliser

une performance particulière. Ce sentiment se construit et se modifie à partir de différentes

sources. Ces sources sont : 1) l’expérience active, 2) l’expérience indirecte basée sur la

comparaison sociale, 3) la persuasion verbale faite des réflexions et autres conseils reçus par

la personne, et enfin 4) dernière source : les états physiologiques et émotionnels de la

personne… Est-ce que vous voulez que je répète ?

Concept d’auto-efficacité en

pratique

Que pensez-vous de la

possible application

de ce concept en

ESA ?

Comment pourriez-

vous utiliser le concept

d’auto-efficacité avec

l’entourage, par

quelles modalités ?

Recueillir des éléments

de réflexion sur une

pratique incluant l’auto-

efficacité, en tant que

ressource concrète

Page 79: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

14

auprès de l’entourage.

Concept d’auto-

efficacité et entourage

Quel impact ce

concept pourrait avoir

sur la représentation

de la situation d’aide

qu’a l’entourage ?

Quels effets

l’utilisation de ce

concept pourrait avoir

sur la vision et la

qualité de vie de

l’entourage ?

Connaître la vision des

interrogés sur l’auto-

efficacité comme

alternative au fardeau

de l’entourage.

Page 80: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

15

Annexe 11 : Entretien A avec l’ergothérapeute A

Dans le cadre de ma recherche, je m’intéresse au processus de changement lié à la maladie 1

d’Alzheimer. Mon objectif est de découvrir les différentes manières dont l’ergothérapeute 2

peut accompagner la personne atteinte de cette maladie vivant toujours à domicile, ainsi que 3

son entourage. 4

D’accord, très bien… 5

Q1 : Voici ma première question : quels liens pouvez-vous faire entre la maladie et ses 6

répercussions sur la structure familiale ? 7

R1 : euh… La durée des réponses, vous attendez quoi ? 8

Tout à fait ce que vous voulez, ce qui vous vient à l’esprit. 9

C’est qu’il y a une répercussion sur toute la famille, pas uniquement la personne qui a la 10

maladie ; donc c’est assez global. Cela nécessite de récréer un nouvel équilibre, par étapes… 11

Une transformation un petit peu des places, des rôles, des liens, tout ça. Au fil du temps hein, 12

c’est un processus, c’est pas immédiat… C’était quoi la question ? 13

Q1 relance : Les effets de la maladie sur le système familial. 14

R1 suite : Réorganisation des rôles à terme, euh… il y a aussi la maladie en elle-même vue 15

par les autres membres de la famille, qui se disent qu’ils peuvent être touchés eux aussi par la 16

maladie. Ils peuvent aussi se sentir menacés, il y a pas mal d’inquiétude par rapport au côté 17

héréditaire. 18

Oui la transmission… 19

Oui, comment ils voient la maladie, est-ce qu’elle leur fait peur ou pas, comment ils 20

l’intègrent. 21

Mmm. D’accord, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ? 22

Bhein… Bon après, il va ressortir de ça la notion d’un rôle d’aidant qui va se dégager de cette 23

réorganisation familiale. Il y a souvent une personne, qui est l’aidant désigné, qui va être celui 24

le plus présent, notre interlocuteur. Il a un peu un rôle de tampon, comment dire…de celui qui 25

absorbe un peu les chocs pour permettre à la famille de continuer à tourner, sans trop de 26

heurts. 27

Q2 : D’accord. Et quels éléments témoignent d’un état d’équilibre du système et lesquels au 28

contraire, signent son état de rupture ? 29

R2 : Bhein, la crise elle est plus ou moins visible. En fait c’est la capacité du système à 30

s’adapter. Il y en a qui vont être quand même assez souple, l’équilibre va se transformer avec 31

pas mal de facilités, un bon coping, on va changer les façons de faire, faire les choses 32

Page 81: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

16

autrement. C’est vrai que le système se transforme grâce à des crises, la crise c’est pas 33

forcément négatif. Et puis dans le système un peu plus rigide, il y en a qui ne vont pas arriver 34

à se transformer, ils ne vont pas… pas trouver, douter de leurs compétences en fait. Il y a des 35

familles qui ont beaucoup de mal à faire face, mais bon c’est quand même assez rare. 36

Q3 : Du coup, comment l’entourage réagit aux différents bouleversements de la maladie ? 37

R3 : Ouais… Alors, voilà ils y a ceux qui sont prêts à s’adapter au changement, à transformer 38

les rôles, à dire voilà ; je suis plus l’enfant qui est protégé par mon parent, il faut que ce soit 39

moi qui aide mon parent. Il est vrai qu’à un moment donné l’enfant, doit quand même prendre 40

des responsabilités face à un parent… qui a des déficiences quoi. Il y en a qui ont beaucoup 41

de difficultés, alors certains peuvent être aussi dans le déni. Souvent, ça m’est arrivé de parler 42

à des enfants qui avaient du mal à rentrer dans ce rôle là… 43

Q3 relance : Les manifestations de l’entourage face aux difficultés ? 44

R3 suite : Les manifestations c’est, soit d’intégrer, soit de rejeter les difficultés, soit de 45

surprotéger la personne aussi…c’est une réaction qu’on voit assez souvent. Pas être dans le 46

bon timing par rapport à la mise en place des aides, voilà ce n’est pas évident. 47

Q4 : Comment pouvez-vous accompagner l’entourage dans cette période de transition ? 48

R4 : Ouais… Alors, déjà en les écoutant, en partageant eux les représentations qu’ils ont de la 49

maladie et nous les nôtres… C’est quand même une rencontre à la base, la plupart du temps 50

on arrive à être dans un échange sur les attitudes qui nous semblent être nous les meilleures, et 51

on explique pourquoi. Euh, voilà… 52

Q4 relance : Au niveau de vos stratégies avec l’entourage ? 53

Q4 suite : Maintenant on essaye de faire un entretien individuel avec l’aidant, ou de le 54

proposer systématiquement, d’ouvrir cette porte. Il y a quand même une liberté de parole plus 55

importante quand la personne n’est pas là. C’est quand même important de voir comment ils 56

se situent eux dans le rôle de l’aidant. Voilà… euh le fait de leur envoyer un compte-rendu 57

qui est assez complet par exemple, ça renvoi une image de la réalité, qui… va venir un peu, 58

apporter un autre regard à la personne. Je pense que ça peut l’aider dans le sens de valoriser 59

ce qu’elle fait, de mesurer aussi ce qu’elle fait, de voir ses besoins propres. De se mettre un 60

peu en position au dessus quoi… 61

Prendre un peu de distance ? 62

Oui. Et je pense que ça déclenche quelque chose… forcément. Moi ce que j’ai remarqué dans 63

tous les cas c’est qu’une fois qu’on intervient, il se passe quelque chose (rires). Voilà, il y a 64

des remaniements, après ça passe parfois par des petits moments douloureux. C’est notre 65

travail aussi de renvoyer une certaine réalité, mais après il faut arriver à le faire avec les bons 66

Page 82: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

17

mots. Voilà…Après vraiment prendre le temps de la rencontre au début. Ils ont vraiment 67

besoin d’être reconnus dans le rôle qu’ils ont, vraiment d’être pris en compte comme des gens 68

qui connaissent bien la situation, et comme…comme des experts quoi. 69

Q5 : Justement, que pensez-vous des capacités d’accompagnement de l’entourage ? 70

R5 : Oui, souvent, évidemment, ce sont ceux qui les connaissent le mieux, donc c’est très 71

précieux toutes les informations qu’ils nous donnent. Euh... après nous on va être important 72

par rapport à ce rôle de, euh je sais pas comment on traduit ça « enabler », celui qui rend 73

capable. Finalement faut leur demander à eux. On a une façon de repérer les, comment dire… 74

là où il y a une problématique euh… orienter la recherche de solutions, la tester puis après la 75

faire évoluer si besoin. On est là vraiment pour dynamiser, réactiver le système… ça fait 76

vraiment penser à la systémie, où on fait circuler l’information… bhein là on fait circuler 77

toutes les connaissances que les personnes ont, mais n’ont pas conscience d’avoir en fait. 78

Q6 : Quels sont vos actes et postures face à ces capacités ? 79

Q6: Hum…je dirai un peu aider à enclencher le processus ! Mais il faut vraiment faire 80

attention euh… de temps en temps ça revient l’idée de proposer des solutions mais c’est 81

mieux que ce soit vraiment eux qui trouvent, même si des fois il faut un peu améliorer ! Mais 82

pas partir sur une solution qui n’est pas la leur, car forcément elle marchera moins bien. 83

Q7 : Oui, une solution qui vient d’eux… Et que pensez-vous du vécu de l’entourage, de son 84

ressenti face à cette situation d’aide ? 85

R7 : C’est très variable ça, il y a vraiment des ressentis très différents hein. Puis encore… le 86

ressenti peut-être qu’on l’a peut être pas toujours. En tous cas plus les gens sont compétents, 87

enfin plus ils se sentent compétents moins ils sont stressés… donc on a vraiment tout intérêt à 88

renforcer ce sentiment de compétence quoi. Après il y en a qui sont compétents naturellement, 89

et d’autres très maladroits qui vont, euh... créer des troubles en plus quoi. 90

Q8 : D’accord… Justement vous m’avez parlé de ce qui était lié au sentiment de compétence 91

et est-ce que vous connaissez le concept d’auto-efficacité ? 92

R8 : Non. Non, vous allez m’apprendre quelque chose ! (rires) 93

Voilà, donc j’ai une petite définition… Alors ; le sentiment d’auto-efficacité désigne la 94

croyance d’un individu quant à sa capacité à réaliser une performance particulière. Ce 95

sentiment se construit et se modifie à partir de différentes sources. Ces sources sont : 1) 96

l’expérience active, 2) l’expérience indirecte basée sur la comparaison sociale, 3) la 97

persuasion verbale faite des réflexions et autres conseils reçus par la personne, et enfin en 4) 98

la dernière source : les états physiologiques et émotionnels de la personne... Est-ce que vous 99

voulez que je répète ? 100

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Les états physiologiques et émotionnels. D’accord… Mais qu’est-ce que je vais faire de ça ? 101

Q9 : Que pensez-vous de la possible application de ce concept en ESA ? 102

Euh… 103

Q9 relance : En fait, que pouvez-vous retirer ou utiliser de ce concept avec l’entourage ? 104

R9 : Juste pour l’entourage là, pas avec la personne ? 105

En se concentrant sur l’entourage oui. 106

Alors…mmm… En ESA qu’est-ce qu’on a : on a l’expérience active, ça peut être que l’on 107

voit la personne en train de s’occuper de son proche…Là on la voit à l’œuvre. Après la 108

comparaison sociale, ça pourrait être quand les gens sont dans des groupes d’aidants non ? et 109

qu’ils échangent sur leur pratique. Après… la persuasion verbale, c’est vrai qu’on le fait ça. 110

On a tendance à informer sur des pratiques, des techniques et puis affiner… Régulièrement 111

oui, on donne des explications sur la validation, des choses comme ça. Et puis les états 112

physiologiques et émotionnels, ce que les gens ressentent... Tout à l’heure j’ai vu une dame 113

qui m’expliquait ce qu’elle avait ressenti quand son mari l’avait chassée de la salle de bain, 114

bhein… elle m’a dit qu’elle a été mal pendant deux jours, que ça l’a fait douter d’elle. Donc 115

oui, il y a un peu de tout ça dans ce que le travail qu’on fait, mais la comparaison sociale 116

peut-être un peu moins… C’est ça, ça serait que les gens se comparent entre eux, les aidants ? 117

Il n’y a pas de vrai ou de faux, c’est juste une réflexion à vous sur ce concept, comment on 118

pourrait l’inclure dans la prise en soins… 119

Ouais, qu’est-ce qu’on fait de ces idées là c’est ça... c’est un truc qu’on pourrait développer. 120

En tous cas, je pense que les états physiologiques et tout ça, c’est un bon point de repère pour 121

l’ergo aussi… C’est un bon baromètre. Par exemple je vois la dame, quand elle me dit qu’elle 122

a été remuée, c’est peut-être qu’à un moment donné elle a une attitude qui ne va pas, car 123

quand c’est notre collègue qui fait la toilette, ça se passe bien, oui. 124

Q10 : Du coup, quel impact ce concept pourrait avoir sur la représentation de la situation 125

d’aide qu’a l’entourage ? 126

R10 : Je sais pas… se rendre compte qu’il y a plusieurs façons d’agir déjà… Je ne comprends 127

pas bien la question. 128

Q10 relance : Quels effets l’utilisation de ce concept pourrait avoir sur la vision et la qualité 129

de vie de l’entourage ? 130

Euh…En tous cas, ce que je trouve intéressant c’est le côté des états émotionnels parce que, 131

enfin si on est attentif à ça, ça permet d’accéder à quelque chose de comment la personne vit 132

la maladie aussi et … quelque chose d’assez, peut-être brut mais, à une certaine vérité sur la 133

maladie. Après, parler de ses états émotionnels, il faut vraiment être en confiance… Après le 134

Page 84: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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côté persuasion verbale, j’avoue que le mot persuasion me gêne un peu, car j’ai l’impression 135

que c’est l’idée un peu d’aller forcer. 136

Persuasion c’est vraiment le mot du concept, euh… C’est l’idée que la personne va recevoir 137

des éléments de différentes personnes, et ces éléments vont la persuader en elle-même qu’elle 138

est en capacité, qu’elle est efficace pour la tâche en question. 139

Ouais, donc plus dans le sens que le tiers va lui permettre de se sentir plus compétente, par ce 140

qu’il va dire. 141

Voilà ! 142

Oui oui, je comprends. D’accord. Non mais c’est sûr que c’est tout un ensemble de choses qui 143

va permettre à la personne de se sentir plus compétente. C’est vraiment oui, toute une 144

architecture. 145

Et bien voilà, c’était ma dernière question. 146

C’était intéressant, merci. 147

Merci à vous148

Page 85: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

Annexe 12 : Entretien B avec l’ergothérapeute B

Dans le cadre de ma recherche, je m’intéresse au processus de changement lié à la maladie 1

d’Alzheimer. Mon objectif est de découvrir les différentes manières dont l’ergothérapeute 2

peut accompagner la personne atteinte de cette maladie vivant toujours à domicile, ainsi que 3

son entourage. 4

Okay. 5

Q1 : Alors… Quels liens pouvez-vous faire entre la maladie et ses répercussions sur la 6

structure famille ? 7

R1 : Sacré question ! (rires) Forcément la structure globale famille est impactée par la 8

maladie. Les aidants proches déjà et aussi, ceux un peu plus éloignés géographiquement 9

seront concernés. Davantage forcément ceux qui vont s’impliquer concrètement par rapport à 10

la pathologie et par rapport au projet de maintien à domicile quand il y en a un. Mais 11

également même ceux qui sont plus éloignés et qui peuvent se sentir moins utiles, mais, 12

comment dire… qui peuvent être plutôt un soutien pour les plus proches. 13

Q2 : D’après-vous quels sont les éléments qui témoignent d’un état d’équilibre du système et 14

lesquels au contraire, signent une rupture ? 15

R2 : Alors, les éléments qui témoignent d’un état d’équilibre…déjà l’acceptation de la 16

maladie. En général les aidants, et les personnes qui ont accepté leur propre maladie ça va être 17

moins compliqué et permettre d’accéder plus facilement à un état d’équilibre. Euh. Ensuite, 18

c’est l’état d’épuisement de l’aidant qui souvent va avoir un impact sur l’équilibre de la 19

situation. Dans les situations de déséquilibre, on voit des états de crise, soit la pathologie qui 20

avance très vite pour x raison, soit la maladie en elle-même ou d’autres facteurs qui peuvent 21

augmenter les troubles, les troubles du comportement… et puis l’aidant qui ne gère plus du 22

tout, enfin qui ne peut plus, physiquement et moralement gérer la situation… ce qui peut 23

d’ailleurs impacter sur l’état de santé de l’aidant et l’état général de l’aidant, ce qui forcément 24

a un impact sur le maintien à domicile. Plus les conflits familiaux, qui se surajoutent à tout ça 25

et peuvent créer du déséquilibre. 26

Q3 : D’accord, et comment l’entourage réagit aux différents bouleversements de la maladie ? 27

R3 : Il y a de tout en fait. Il y a…il y a du déni, il y a de l’acception, il y a du positif, du 28

négatif ! En général les personnes qui nous ont appelé c’est qu’il y a déjà un processus qui est 29

enclenché par rapport à la connaissance, ou en tous cas une volonté de savoir et de vouloir 30

faire quelque chose pour que la situation, soit se maintienne, soit s’améliore ou en tous cas 31

pouvoir accompagner la personne. Voilà, donc la personne fait la démarche… C’est 32

extrêmement rare que ça soit uniquement parce que le médecin l’a dit. Si l’aidant ne 33

Page 86: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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s’implique pas, c’est très compliqué. Donc euh, par rapport aux réactions de l’aidant, il faut 34

qu’effectivement il y ait un intérêt. Après effectivement on peut avoir une partie des aidants 35

qui est ouverte, à l’écoute et il peut y avoir une autre partie des aidants de la même situation 36

qui est encore dans le déni, dans une phase de deuil qui est juste commencée, dans…dans la 37

non acceptation des aides. Après, tout est histoire de communication et d’explications, ça 38

c’est un travail très important. Après il faut voir si c’est le côté positif qui va prendre le dessus 39

ou si c’est le côté négatif. 40

Q4 : D’accord, donc… comment pouvez-vous accompagnez l’entourage dans cette période de 41

transition ? 42

R4 : Alors, euh… Les stratégies bhein c’est déjà de l’écoute par rapport à l’aidant, mais ça, ça 43

découle du premier entretien en général. Voilà, montrer une empathie qui est tout à fait 44

nécessaire par rapport à la situation. Ensuite, c’est de l’accompagnement et de l’information 45

sur ce qui peut exister par rapport aux aides, tant financières qu’humaines, et éventuellement 46

bhein tant qu’à faire l’aménagement architectural ou des aides techniques pour faciliter la 47

situation. Donc voilà c’est une prise en charge globale de la personne et de son entourage, on 48

ne peut pas dissocier l’un de l’autre. 49

Q5 : Justement, que pensez-vous des capacités d’accompagnement de l’entourage ? 50

R5 : C’est fonction de chaque situation… Je sais pas forcément comment le dire. Mais 51

quelque soit l’intervenant, l’entourage doit guider. Enfin il y a tout un travail de partenariat 52

aidant/ergo. En plus de tous les partenaires, en ESA on peut pas travailler seul… on a des 53

plateformes de répit, il y a les MAIA, ça peut être les accueils de jour, ça peut être les aides à 54

domicile. Donc la stratégie c’est vraiment d’induire toute une dynamique avec des 55

partenariats, avec une écoute, avec une orientation de l’aidant, vers ce qu’il peut faire et ce à 56

quoi il peut prétendre. Et puis il y a aussi toute une valorisation de certains aidants qui ont 57

l’impression de ne plus savoir gérer ou pouvoir gérer, ou qui se dévalorisent en disant bhein 58

« ouais mais moi je faisais pas comme ça, donc j’ai peut être fais des erreurs, c’est peut être 59

moi qui ai fait avancer la maladie ». Donc il y a tout un travail de valorisation, et puis de 60

montrer à l’aidant aussi ce que la personne malade est capable de faire. Une image plus 61

positive, et montrer que le faire faire plutôt que faire à la place peut avoir un impact dans la 62

vie quotidienne, et finalement favoriser les relations. 63

Q5 relance : Justement, vous m’avez parlé de ce qu’il est possible du côté des aidants, est-ce 64

qu’il y a des compétences qui leur sont propres ? 65

R5 suite : Elles sont très variables ! (rires) Elles sont très variables, je pense qu’elles 66

dépendent de chaque personne, de chaque vécu. Ça peut aller du tout jusqu’au rien, en passant 67

Page 87: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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par toutes les étapes entre deux. En fait, on a des situations où…où on a des familles où il y a 68

quatre enfants, mais, bhein il y en qu’un ou deux qui vont s’impliquer et les autres sont, sont 69

en incapacité, peut être morale ou psychique de le faire ; d’accompagner leur proche. Ils ne se 70

sentent pas suffisamment, ou ils ne veulent pas ou ne peuvent pas accompagner plus. 71

Q6 : Ok. Du coup, quels sont vos actes et postures face à ces capacités ? 72

R6 : Hum… C’est à dire ? 73

Q6 relance : Bhein justement, il y a donc dans certains cas des capacités… et quelle attitude 74

vous allez adopter ? 75

R6 suite : Bhein l’attitude c’est la valorisation de ce que chacun peut faire. Euh… je vais me 76

répéter mais il y a voilà le côté empathique, mais l’aidant qui s’est senti écouté va s’impliquer 77

plus aussi. Il y a des situations où quand on arrive on est les premiers professionnels à 78

intervenir, et de se sentir écouté finalement euh, éventuellement un conseil ou deux mais sans 79

rentrer dans les détails, la fois suivante on y retourne et il y a eu pleins de choses de faites, 80

alors qu’on a même pas commencé ou fini le bilan, et pas encore déterminé des axes, des 81

objectifs de travail… Après, je peux pas dire qu’on fait de l’éducation thérapeutique de 82

l’aidant. En tant qu’ergo je suis dans le bilan, dans le suivi, dans l’accompagnement mais 83

c’est pas moi qui y vais toutes les semaines. Par contre, c’est de l’information et de 84

l’explication par rapport à des situations concrètes, parce que souvent l’aidant peut être 85

complètement dépassé ou déstabilisé par rapport à une réaction de son proche. Alors on 86

essaye de reprendre parfois en séance ou en entretien téléphonique, pour voir pourquoi cette 87

réaction, et quelles seraient éventuellement les possibilités et les solutions à apporter, même si 88

on pas toujours de solution hein… d’explication non plus. Mais au moins déjà de se poser, 89

d’essayer de comprendre euh, et de démêler certaines choses ça permet aussi à l’aidant de, 90

d’avancer sur le chemin de la réflexion lui-même. 91

Q7 : Très bien. Et que pensez-vous du vécu de l’entourage, de son ressenti face à cette 92

situation d’aide ? 93

R7 : Alors pour certains c’est naturel et ils ne pourraient pas faire autrement. Et pour d’autres, 94

c’est une situation d’aidant qu’ils ont été obligés de prendre parce que, parce qu’il y avait pas 95

d’autre choix. Après, il y a certaines personnes qui peuvent ressentir une certaine injustice. 96

Après leur ressenti bhein… il y a parfois des situations où euh, l’aidant s’est impliqué et 97

finalement la relation d’aide s’est augmentée, sans qu’il s’en rende compte. Plongé dans le 98

bain finalement il va, petit à petit augmenter ; augmenter son temps de présence, son aide 99

physique… puis au fur et à mesure ça va augmenter, ça va devenir de la gestion d’aidant 100

professionnel, donc coordinateur, il va prendre la casquette de soignant parce que bhein, les 101

Page 88: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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capacités de la personne vont diminuer… Et c’est parfois, à la limite du gérable finalement et 102

c’est là qu’on arrive à des situations d’épuisement… même on a rencontré quelques personnes 103

qui ont divorcé, voilà il y a plusieurs situations comme ça qui ne sont pas évidentes. 104

Q7 relance : Et est-ce que vous connaissez la notion de sentiment de compétence ? 105

Q7 suite : Euh, le terme en lui-même… Oui, heureusement qu’il y a des aidants qui ont, qui 106

ont un sentiment de compétence et d’implication. En général, plus ils se sentent compétents, 107

enfin moi c’est mon analyse, mais plus ils se sentent compétents plus ils ont la volonté de 108

s’impliquer dans la situation. Plus ils se sentent compétents plus ils vont être valorisés par 109

rapport à leur rôle et la situation en général va être plus positive. 110

Q8 : D’accord. Et connaissez-vous le concept d’auto-efficacité ? 111

Le concept de ? 112

D’auto-efficacité. 113

R8 : D’auto-efficacité, non ; je le connais pas. 114

D’accord, alors j’ai une définition. La voici : le sentiment d’auto-efficacité désigne la 115

croyance d’un individu quant à sa capacité à réaliser une performance particulière. Ce 116

sentiment se construit et se modifie à partir de différentes sources. Ces sources sont : 1) 117

l’expérience active, 2) l’expérience indirecte basée sur la comparaison sociale, 3) la 118

persuasion verbale faite des réflexions et autres conseils reçus par la personne, et enfin en 4) 119

la dernière source : les états physiologiques et émotionnels de la personne... Est-ce que vous 120

voulez que je répète ? 121

Non c’est bon merci. 122

Q9 : D’accord. Du coup, que pensez de la possible application de ce concept en ESA ? 123

R9 : Euh… Bhein je pense qu’il est déjà, ce concept, il est déjà présent on va dire 124

implicitement… Voilà parce qu’effectivement, l’expérience active, en général ils l’ont déjà 125

appliquée, enfin ils l’ont déjà expérimentée, donc pour moi ça rentre dans de l’expérience 126

active. L’expérience indirecte, euh, je mettrais ça plus dans le cadre de, quand les aidants sont 127

présents au moment des séances de pouvoir voir que, la personne quand on l’accompagne de 128

telle ou telle manière, elle va pouvoir être efficace dans l’activité proposée, avec une activité 129

bien sûr adaptée à ses capacités. Et que au final, l’aidant comme l’aidé va pouvoir ressentir 130

une revalorisation et montrer l’un à l’autre qu’il y a des possibilités. La persuasion verbale, 131

là… c’est tout le côté des informations que l’on peut donner et puis les orientations. Et puis 132

l’état psychologique et physiologique, là c’est le côté, côté épuisement de l’aidant à limiter au 133

maximum. Et quand une personne est justement en état d’épuisement, le psychologique et le 134

physique en général sont impactés. Et puis souvent il y a des pathologies, car la moitié des 135

Page 89: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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personnes qu’ont rencontre sont des conjoints donc des personnes âgées… donc là, c’est tout 136

le travail d’accompagnement de l’aidant, pour qu’il puisse accepter des situations de répit. 137

D’accord, donc ce concept…? 138

Il pourrait être utilisé ! Après c’est le formaliser et le mettre en forme ce concept, mais euh il 139

est, déjà en application avant même d’avoir été formalisé finalement. 140

Q10 : Et du coup, quel impact ce concept pourrait avoir sur la représentation de la situation 141

d’aide qu’a l’entourage ? 142

R10 : Après ça dépend de quelle manière il pourrait éventuellement être appliqué. Euh, je 143

pense qu’il pourrait déjà être appliqué auprès des professionnels pour justement les 144

sensibiliser par rapport à tout ça, pour qu’ensuite l’aidant en lui-même puisse en avoir notion, 145

enfin être informé de ce concept et pouvoir en prendre son parti. Après ça dépend de 146

comment ça pourrait être mis en place. 147

Oui…et sur l’entourage ? 148

Humhum. C’est vrai que ça c’est dans l’air du temps. Par rapport à la reconnaissance de la 149

situation d’aide, et à la prise en compte aussi… il y a une certaine volonté politique, ou en 150

tous cas c’est ce qui est annoncé. Après, effectivement c’est intéressant pour alléger 151

l’entourage, pour qu’ils se sentent mieux au quotidien. 152

Très bien, c’est donc fini, je vous remercie et vous souhaite une bonne journée. 153

Merci154

Page 90: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

Annexe 13 : Entretien C avec l’ergothérapeute C

Dans le cadre de ma recherche, je m’intéresse au processus de changement lié à la maladie 1

d’Alzheimer. Mon objectif est de découvrir les différentes manières dont l’ergothérapeute 2

peut accompagner la personne atteinte de cette maladie vivant toujours à domicile, ainsi que 3

son entourage. 4

D’accord. 5

Q1 : Quels liens pouvez-vous faire entre la maladie et ses répercussions sur la structure 6

familiale ? 7

R1 : Bhein…ça a un lien super direct tout ça ! Après, je dirai que tout est une question 8

d’adaptation en fait. Je trouve que ça demande une adaptation à l’entourage, en permanence… 9

Presque de s’adapter en fait, à la minute, aux réactions de la personne. C’est vrai, que dans la 10

mesure du possible on dit toujours : ne pas mettre en échec, être dans une ambiance positive 11

pour qu’il n’y ait pas d’agressivité qui apparaisse ou autre… mais pour les aidants, pour la 12

famille, ça demande sans cesse d’être sur le qui-vive. Euh, de savoir leurs réactions parce que, 13

suivant s’il y a beaucoup d’apraxie, de difficultés d’organisation, il va falloir être 14

accompagnant mais sans trop que la personne le perçoive aussi, donc ça leur demande, un 15

self-control je vais dire. Après, tout dépend aussi du degré de la maladie mais c’est vrai qu’il 16

y a toujours ce regard par rapport à ce qu’elle pouvait faire avant et ce qu’elle peut faire 17

maintenant… Desfois il y a un inversement des rôles, suivant qui faisait quoi, souvent dans 18

un couple par exemple il y a souvent celui qui s’occupe plus des papiers, ou celui qui 19

s’occupe plus de la cuisine. Et suivant qui va être touché, desfois il y a un peu une inversion 20

des tâches en fait et ça c’est desfois un petit peu, un petit peu complexe. A partir de quel 21

moment on va prendre le relais ou pas… on le voit aussi bien pour les papiers que pour la 22

conduite automobile. Il y a des étapes comme ça qui peuvent être très compliquées pour la 23

personne et la famille, parce que ça signe vraiment la maladie aussi. Humm… Après au 24

niveau de la famille en général, c’est vrai aussi que les enfants, les rôles sont inversés un petit 25

peu, c’est eux qui deviennent protecteurs… et puis même desfois un peu qui reprennent 26

d’autorité, et c’est pas toujours facile de prendre ce rôle là. Nous, les professionnels c’est là 27

qu’il faut instaurer rapidement, réinstaurer ce lien affectif. C’est important que chacun garde 28

aussi son rôle, donc ça il faut que ce soit accepté. 29

Q2 : Justement, quels éléments témoignent d’un état d’équilibre du système et lesquels au 30

contraire, signent une rupture ? 31

Page 91: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

26

R2 : Oui…Bhein l’état d’équilibre, si on laisse la personne dans une belle harmonie, c’est vrai 32

qu’on est rentré dans des familles où on perçoit cette belle harmonie. Où la personne est, c’est 33

pas que c’est caché, mais bon elle est accompagnée, accompagnée et toujours prise en tant 34

que personne. On va pas parler à sa place mais la laisser aussi évoquer les choses, même s’il 35

faut reprendre un petit peu après, euh voilà, ça je pense que ça permet un équilibre. Et 36

vraiment on le perçoit quand c’est pas le cas… Il y a beaucoup plus de risques d’agressivité, 37

de troubles du sommeil aussi, d’hallucinations qui apparaissent. Voilà, c’est quand on laisse 38

quand même la personne avec euh, cette position ou cette impression de décider quand même 39

des choses de sa vie, sans que ce soit trop forcé, ça passe quand même beaucoup mieux, 40

beaucoup mieux oui... Après c’est pas forcément non plus de proposer trop d’exercices ou de 41

choses, faut savoir accepter aussi les difficultés et puis si c’est la volonté peut-être aussi de 42

rester plus longtemps sur le fauteuil, il faut accepter ça. 43

Q3 : D’accord. Et comment l’entourage réagit aux différents bouleversements de la maladie ? 44

R3 : Hum… Alors il y a soit, l’entourage qui est complètement dans le déni, qui, qui refuse et 45

qui juge que c’est desfois la personne qui fait exprès d’être dans certains troubles. Nous on 46

arrive à un moment T de la maladie, et c’est vrai qu’il y a quand même tout le passé affectif, 47

relationnel… un peu type conjugopathie, où il y avait déjà un petit peu de difficulté déjà avant 48

dans le couple. Et puis, le bouleversement c’est qu’il peut y avoir, aussi un rôle d’aidant qui 49

prend beaucoup du quotidien… c’est pas de la malveillance, mais plutôt de l’impatience, les 50

aidants peuvent être facilement épuisés, aussi bien physiquement que psychologiquement. 51

Voilà. Et l’entourage aussi qui parfois a tendance à s’éloigner. 52

Q4 : D’accord. Et du coup, comment pouvez-vous accompagnez l’entourage dans cette 53

période de transition ? 54

R4 : Alors, nous on essaye de vraiment de… je pense rien que par notre présence, déjà qu’ils 55

nous acceptent, parce que desfois c’est pas toujours facile. Euh, le fait de nous voir, remontrer 56

un petit peu les capacités qui avaient été complètement occultées, en fait parce que comme ils 57

sont beaucoup dans le quotidien, finalement, ils en oublient tout le reste. Là c’est de favoriser 58

la personne et pour beaucoup, de recréer une relation. Créer un lien, ça c’est quelque chose 59

qui, est facilité par quelqu’un de l’extérieur… je trouve que les personnes de la famille, il y a 60

trop d’affect qui entre en jeux, et le fait que nous l’on soit complètement à l’extérieur, desfois 61

bhein ça rassure les uns et les autres du coup, et on est quand même beaucoup plus neutres. 62

Donc instaurer cette relation. Et expliquer, expliquer que oui il y a des apraxies, oui il y a des 63

difficultés d’organisation, et puis d’expliquer que parfois le mime ou le faire avec, peut 64

Page 92: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

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simplifier et qu’il faut continuer à le faire…même juste faire un gâteau ou autre, ça permet 65

desfois de réveiller des envies de partage. Voilà. 66

Q5 : D’accord. Et qu’est-ce que pensez-vous des capacités d’accompagnement de 67

l’entourage ? 68

R5 : Humhum. Les capacités d’accompagnement… C’est très variable, c’est vrai que ça 69

dépend beaucoup des histoires de vie, de ce qu’ils ont vécu aussi. Il y a des personnes qui 70

restent encore très très fusionnelles et pour qui c’est compliqué de déléguer à des 71

professionnels. Euh, les capacités de ? 72

Q5 relance : D’accompagnement. Est-ce qu’il y a des compétence qui sont propres à 73

l’entourage ? 74

R5 suite : Oui, oui. Après je pense qu’il y a le côté maternant chez la femme, qu’on retrouve 75

pas forcément quand c’est un homme. Culturellement aussi, par rapport aux enfants, il y a 76

desfois la présence des enfants dans la prise en charge des parents. Après, les capacités c’est 77

vrai que c’est de la patience, être attentif aussi aux moments, aux moments présents. Après, 78

où je mets en garde desfois quand il y a des inversions du rythme jour/nuit, où ça demande 79

vraiment beaucoup pour les aidants. Et d’ailleurs, certains préféreraient presque qu’il y ait un 80

accueil de nuit en fait ! Dès qu’il y a des réveils la nuit ça devient très très compliqué, 81

l’entourage arrive même plus à pouvoir se reposer, à pouvoir récupérer de la journée. Oui. 82

Q6 : Ok. Et du coup quels sont vos actes et vos postures face à ces capacités de l’entourage ? 83

R6 : Il y a quand même de l’ergo pur hein, par rapport à l’adaptation au niveau du logement. 84

On vise toujours la sécurité salle de bain, déambulation aussi pour éviter les chutes. Toutes les 85

fonctions de l’ergo ; adaptations, aménagement et sécurité. Et après, c’est vraiment 86

d’instaurer un dialogue, de valoriser aussi la famille, en les accompagnant dans leur propre 87

décision. C’est pas imposé, c’est accompagner… c’est plus dans l’accompagnement. Écouter 88

les familles, car elles sont là 24h sur 24, et, elles entendent rarement ce genre de choses. 89

D’accord, donc vraiment une attitude à rassurer quelque part… 90

Oui, rassurer et valoriser par rapport à leurs actions. 91

Q7 : Très bien… Et que pensez-vous du vécu de l’entourage, de son ressenti face à cette 92

situation d’aide ? 93

R7 : Le ressenti…Alors c’est vrai qu’il y a cette acceptation. Après desfois, c’est carrément 94

un sacerdoce hein, ils laissent tout pour la personne. Tout dépend un petit peu du milieu aussi, 95

du passé, de l’affectif… Je reviens dessus mais je pense qu’il y a vraiment comme 96

compétence l’adaptation. 97

Page 93: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

28

Q7 relance : Oui, c’est déjà une compétence. Et tout ce qui est du ressenti par rapport au 98

sentiment de compétence ? 99

Q7 suite : Ce qu’il y a c’est qu’ils se sentent pas desfois valorisés ou entendus, par rapport à 100

des membres de la famille qui eux ne perçoivent pas la charge. Donc on leur en demande 101

beaucoup. Et en plus il faut vraiment faire attention à ne pas être dans le jugement car chaque 102

chose que l’on peut proposer peut être vécue comme euh… « ah bhein j’ai mal fais jusqu’à 103

maintenant », ou enfin une remise en question, qui peut les faire se sentir moins compétents 104

et, on est pas là pour ça non plus. Notre prise en charge c’est vraiment par notre action sur la 105

personne et ce qu’ils peuvent en voir du coup les aidants, ou directement avec l’aidant, ça 106

compte pour beaucoup. 107

Q8 : D’accord. Est-ce que vous connaissez le concept d’auto-efficacité ? 108

R8 : Non. 109

Alors du coup, j’avais prévu une petite définition… Le sentiment d’auto-efficacité désigne la 110

croyance d’un individu quant à sa capacité à réaliser une performance particulière. Ce 111

sentiment se construit et se modifie à partir de différentes sources. Ces sources sont : 1) 112

l’expérience active, 2) l’expérience indirecte basée sur la comparaison sociale, 3) la 113

persuasion verbale faite des réflexions et autres conseils reçus par la personne, et enfin en 4) 114

la dernière source : les états physiologiques et émotionnels de la personne… Est-ce que vous 115

voulez que je répète ? 116

R8 suite : Non, euh c’est très riche tout ça. C’est, c’est sous la forme d’un auto-bilan ? 117

Q9 : En fait de manière générale… Que pensez-vous de la possible application de ce concept 118

en ESA ? 119

R9 : Bhein en fait, c’est vrai qu’on l’utilise un peu… pour analyse. On pourrait un peu évaluer 120

certains comportements je pense chez l’aidant. Oui ça peut, il y a tout. Alors c’est dit avec des 121

mots, ça place des mots sur des choses qui sont dans ma tête. Alors, quand on va au domicile, 122

c’est vrai qu’on va percevoir, alors peut-être pas les premières fois, mais oui je pense qu’il y 123

en a… Et puis c’est vrai que quelques fois de poser les choses, ça permet justement d’avoir 124

plus une continuité, et puis de pouvoir se réajuster nous-même, ça peut être aussi quelques 125

fois de permettre d’être plus attentif. 126

Q10 : Et du coup, quel impact ce concept pourrait avoir sur la représentation de la situation 127

d’aide qu’a l’entourage ? 128

R10 : Là par rapport à ce que j’ai entendu, moi je pense que ça peut organiser les choses… De 129

doser. Il y a quand même 4 grands critères, et je pense que, ça permet de les avoir vraiment en 130

tête. Oui je pense qu’on les avait pas forcément avec ces mots, mais de les avoir en tête ça 131

Page 94: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

29

permet de bien les pratiquer les 4, de savoir lequel va plus fonctionner parce que peut être que 132

pour certains on va plus être dans l’indirect que dans l’action, et oui je pense que ça permet 133

d’avoir une méthodologie. 134

Oui ? 135

Oui c’est ça. D’avoir une certaine méthodologie, ça permet quand même de ne pas passer à 136

côté de certaines choses parce que c’est un peu flou. Je pense que ça crée peut être une plus 137

grande rigueur et ça peut aider oui. 138

D’accord, donc un outil peut-être ? 139

Oui c’est ça ! 140

Q10 relance : Et est-ce que cette auto-efficacité pourrait avoir un effet sur la vision de 141

l’entourage et sa qualité de vie ? 142

Q10 suite : Oui. Même le mot peut être ; auto-efficacité, ça pourrait être sorti. En fait des fois 143

il suffit de prendre conscience de toutes les tâches que l’on fait. Moi je parle desfois 144

d’autosatisfaction et quand je disais de valoriser l’aidant, ça fait partie de ça aussi. Il devient 145

plus efficace aussi quand il voit que ça a percuté. Je pense que c’est dans la nature humaine 146

aussi, pour beaucoup d’être en recherche de reconnaissance et c’est vrai que là, ce n’est 147

malheureusement pas la personne Alzheimer qui va lui dire merci. Donc oui, ce sentiment 148

d’auto-efficacité si on le prend du côté positif, il y a certainement des choses qui peuvent être 149

très valorisantes pour l’aidant et ça peut faire basculer leur vision des choses, ça peut être 150

important, et les aider. 151

Ok, c’était donc ma dernière question. Merci beaucoup ! 152

Ah bien merci 153

Page 95: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

Annexe 14 : Entretien D avec l’ergothérapeute D

Dans le cadre de ma recherche, je m’intéresse au processus de changement lié à la maladie 1

d’Alzheimer. Mon objectif est de découvrir les différentes manières dont l’ergothérapeute 2

peut accompagner la personne atteinte de cette maladie vivant toujours à domicile, ainsi que 3

son entourage. 4

Ah oui, d’accord, c’est intéressant. 5

Q1 : Merci… Alors première question pour commencer ; quels liens pouvez-vous faire entre 6

la maladie et ses répercussions sur la structure familiale ? 7

Euh, sur la famille ? 8

Hum, hum. 9

R1 : Bhein, ça crée quand même une grande souffrance auprès de la famille, tant que la 10

situation n’a pas été acceptée. Donc il y a un premier deuil qui va être fait petit à petit par la 11

famille, par rapport au fait que la personne change. Et ça entraîne aussi souvent, si les aides ne 12

sont pas mises en place à temps, un épuisement. 13

Q1 relance : Donc les répercussions sur tout ce qui système familial… ? 14

Q1 suite : Bhein c’est aussi un changement des rôles de chacun, puisque desfois, par exemple 15

si c’était la femme qui faisait tout avant, ça se retrouve à être le mari, ou les enfants, qui se 16

retrouvent à gérer la préparation des repas, des courses, ces choses là… Donc il y a un 17

changement des rôles dans la famille, avec cette dépendance de la personne atteinte vis à vis 18

des autres membres de la famille. Voilà, c’est tout ça. 19

Q2 : D’accord. Du coup, quels éléments témoignent d’un état d’équilibre du système et 20

lesquels au contraire, signent une rupture ? 21

R2 : Souvent, moi je trouve que ce qui crée l’équilibre c’est déjà quand la personne sait son 22

diagnostic. Souvent nous, on est face à des gens qui ne connaissent pas le diagnostic, c’est à 23

dire la famille elle, sait le diagnostic, mais la personne aidée ne le sait pas clairement. Du 24

coup ça crée des tensions, parce qu’on essaye de mettre en place des aides qui pour elles n’ont 25

pas lieu, puisque tout va bien… Ça, ça peut mettre à mal le système. Aussi, ce qui peut mettre 26

à mal la famille c’est l’aggravation de la dépendance, si les aides ne sont pas mises en place… 27

Et il y a une dernière chose je dirai, c’est, euh… parfois on intervient sur des familles qui sont 28

déjà très soudées et qui veulent respecter tous ensemble le projet de vie de la personne 29

atteinte. Et desfois, c’est pas du tout le cas, on a des familles notamment quand il n’y a plus le 30

conjoint, où c’est les enfants qui prennent les décisions et ça arrive souvent que les enfants 31

soient en désaccord, ou qu’il y en ait un qui préfère le placement, alors que la personne a 32

Page 96: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

31

encore les capacités pour dire « non je veux rester chez moi ». Et donc ce projet de vie là n’est 33

pas respecté… Voilà. 34

Q3 : D’accord et d’après vous, comment l’entourage réagit aux différents bouleversements de 35

la maladie ? 36

R3 : Alors, il y a plusieurs sortes de réactions. Il y a ceux du coup qui ne veulent pas affronter 37

et qui créent une rupture familiale, c’est à dire qu’il n’y a plus de contact ; ça arrive assez 38

souvent. Euh… Il y a desfois de l’incompréhension, où l’on ne comprend pas pourquoi il y a 39

de l’énervement ou de l’agressivité, on le voit au niveau de la façon dont on va répondre à la 40

personne atteinte, ou ça va être plus froid etc… On voit aussi l’inverse… où du coup la 41

personne aidante va compenser toutes les difficultés de la personne atteinte mais c’est pas 42

forcément bien parce que du coup ça va aggraver sa dépendance à l’aidant. C’est de faire, 43

toujours faire à la place de…mais du coup ce n’est pas positif dans cette maladie là, puisque si 44

la personne ne fait plus rien et que l’on compense les moindres de ses difficultés, bhein elle 45

perd toute son autonomie, donc c’est pas très bien... Il y a un juste milieu à faire, c’est trouver 46

ce juste milieu là. 47

Q4 : D’accord. Et comment pouvez-vous accompagnez l’entourage dans cette période de 48

transition ? 49

R4 : Alors, nous ce qu’on fait c’est que… Déjà moi, sur la première visite, je prends vraiment 50

en compte les attentes de l’aidant, autant que celles de la personne à aider. Après, donc pareil, 51

dans l’évaluation : lors du premier entretien d’évaluation on tient vraiment compte des 52

besoins des deux et des attentes des deux personnes et des remarques qu’ils peuvent faire, 53

voilà sur les difficultés qu’ils peuvent rencontrer et sur ce qu’ils aimeraient qu’on leur 54

apporte. Et après dans la prise en charge on va essayer de répondre à ces besoins, en prenant à 55

la fois l’aidant et la personne aidée, et on va donner toutes les informations dont l’aidant aura 56

besoin pour avoir un comportement adapté face à la personne, pour bien se positionner. 57

L’aider à connaître ses droits aussi, etc, etc… et savoir aussi quand mettre les aides, et les 58

informer, même si c’est pas toujours l’heure… en amont dire « voilà un jour vous serez 59

amené à avoir telle aide supplémentaire au niveau du domicile pour vous aider. Pour 60

permettre de vous soulager et aider votre proche à garder un peu autonomie et d’indépendance 61

sur certaines choses ». C’est les accompagner dans la mise en place de ces aides là à temps et 62

de comprendre leur utilité. 63

Q5 : Et que pensez-vous des capacités d’accompagnement de l’entourage ? 64

R5 : Euh… je dirai que de toutes façons les aidants sont indispensables, plus la maladie va 65

évoluer, plus ils vont être indispensables pour notamment le maintien à domicile. Après la 66

Page 97: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

32

capacité, je pense qu’on est pas aidant mais on le devient… desfois par obligation hein 67

justement dans ces pathologies là… Mais après c’est, d’apprendre à se positionner et d’être en 68

accord aussi avec le projet de vie, comme on disait tout à l’heure, de la personne à aider. Et 69

savoir accepter les aides pour ne pas aller à l’épuisement et savoir garder sa place au sein du 70

foyer. C’est à dire que hum…un compagnon, un époux ne doit pas faire certaines choses, par 71

exemple la toilette. Nous on conseille toujours que ce soit fait par des aidants professionnels 72

et pas forcément que ce soit l’époux, car alors il prend la place de soignant et il en perd son 73

rôle d’époux. 74

Q6 : D’accord, et quels sont vos actes et postures face à ces capacités de l’entourage ? 75

R6 : Alors… par expérience en fait, si on dit aux aidants « il faut faire comme ça », déjà ça ne 76

marche pas. C’est de les accompagner dans leur décision en fait, dans les bonnes décisions et 77

que l’idée vienne d’eux et pas de nous. Donc c’est faire mûrir leur réflexion, accepter aussi les 78

aides, rencontrer d’autres personnes, d’être formé, de lâcher prise, enfin voilà, toutes ces 79

petites choses là… 80

Q7 : Et que pensez-vous du vécu de l’entourage, de son ressenti face à cette situation d’aide ? 81

R7 : Bhein, il y a un peu de tout en fait… Il y a des gens qui arrivent très bien à se positionner 82

et du coup qui vivent très bien, entre guillemets la situation d’aide, et du coup ça ne va pas les 83

empêcher d’avoir une vie sociale à côté et d’être épanoui. Et il y en a d’autres pour qui c’est 84

un devoir et une obligation, donc c’est difficile… Et après, il y en a encore d’autres chez qui 85

ça peut créer des tensions au niveau du couple, du système familial, ça peut être compliqué à 86

gérer. 87

Q7 relance : Et connaissez-vous la notion de sentiment de compétence de l’entourage ? 88

R7 suite : Hum…on ne l’exprime pas sous cette forme là, mais oui il y en a… Il y a des gens 89

qui ont déjà vécu sous ce système d’aide, enfin je pense à un cas…là on a une patiente ; euh 90

c’est la fille qui est aidante et qui a toujours vu sa maman s’occuper des anciennes générations 91

on va dire, donc oui elle se sent capable… dans ces situations là on a, oui une capacité, des 92

gens qui se sentent vraiment capables d’aider leur proche. De toutes façons, la plupart des 93

aidants se sentent capables d’aider leur proche, sinon ils ne le feraient pas. Après, on a aussi 94

l’autre versant où, ces gens qui se sentent capables souvent on déjà mis en place les aides par 95

eux-mêmes et après on a, on va dire l’inverse où les gens sont dans la méconnaissance du 96

système et du coup il y a aucune aide mise en place et eux sont aussi dans la remise en 97

question de l’aide apportée. C’est vraiment différent. 98

Q8 : D’accord… Connaissez-vous le concept d’auto-efficacité ? 99

R8 : Euh…non. 100

Page 98: Institut de Formation D’Ergothérapie d’Aix-Marseille ...

33

Du coup, j’ai une définition, donc je vais essayer d’être claire et précise. Le sentiment d’auto-101

efficacité désigne la croyance d’un individu quant à sa capacité à réaliser une performance 102

particulière. Ce sentiment se construit et se modifie à partir de différentes sources. Ces 103

sources sont : 1) l’expérience active, 2) l’expérience indirecte basée sur la comparaison 104

sociale, 3) la persuasion verbale faite des réflexions et autres conseils reçus par la personne, 105

et enfin en 4) la dernière source : les états physiologiques et émotionnels de la personne… 106

Est-ce que vous voulez que je répète ? 107

Non non c’est bon, j’ai compris dans sa globalité. 108

Q9 : Très bien. Donc…que pensez-vous de la possible application de ce concept en ESA ? 109

R9 : Euh… Oui ça peut être appliqué, après euh… Je pense que ce sera plus au moment de 110

l’entretien du coup, par rapport aux éléments recueillis ; on pourrait les classer en différentes 111

catégories par rapport à ce concept. Au moment de la rencontre je pense… Oui, puis tous les 112

aspects de votre concept, on les évalue entre guillemets de manière pas forcément formelle 113

mais… Le premier entretien moi par habitude, c’est vraiment une discussion ouverte... Bon, il 114

y a des bases de structuration mais après ça peut déborder d’une famille à l’autre, plus sur un 115

aspect qu’un autre, donc c’est pour ça que ce serait plutôt une fois qu’on est rentré au bureau, 116

l’intérêt de dire « bhein voilà je reprends mon concept ». Et essayer de classer pour voir nos 117

axes de travail et même voir, est-ce qu’il y a des choses sur l’évaluation que je peux rajouter, 118

modifier, supprimer ? Donc voilà, c’est plutôt dans ce sens là que ce serait utile pour moi. 119

Q10 : Ok ! Et quel impact ce concept pourrait avoir sur la représentation de la situation 120

d’aide qu’a l’entourage ? 121

R10 : Euh… peut être s’il y a une restitution… de comprendre son positionnement et du coup 122

de voir s’il est correct ou non, d’où ça provient et peut être d’aider à visualiser la 123

problématique… et justement à l’inverse ; si tout va bien de le valoriser lui-aussi. Car on parle 124

de la valorisation de l’aidé mais il y a aussi les aidants à valoriser et leur montrer que ce qu’ils 125

font c’est positif, ça leur apporte vraiment. 126

Q10 relance : Oui, et du coup est-ce que ça pourrait influer sur la vision qu’ils ont de leur 127

situation, sur leur qualité de vie ? 128

R10 suite : Oui, parce que si tout se passe bien ça va les valoriser et à l’inverse, ça va les aider 129

s’il y a des choses qui sont plus difficiles, du coup de les aider, les accompagner sur ces 130

petites choses, ils vont se sentir valorisés et efficaces. Voilà, je pense que ça se rejoint. Et 131

globalement, ça peut améliorer leur qualité de vie, car ils se sentiraient plus confiants oui. 132

D’accord, très bien. Merci beaucoup ! 133

Et bien de rien, j’espère que j’ai pu vous aider. 134

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RÉSUMÉ ET MOTS CLEFS

Résumé : Ce travail de recherche clinique s’intéresse à l’accompagnement ergothérapique au

processus de changement de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer et de son

entourage, dans le cadre de l’ESA.

Un état des lieux fait la lumière sur les problématiques rencontrées et leurs moyens de

prise en soins. Des apports théoriques font ensuite apparaître le concept d’auto-efficacité

comme un outil possible de l’ergothérapeute. Face au besoin d’interroger les professionnels,

l’opinion d’ergothérapeutes exerçant en ESA est recueillie grâce à des entretiens. Ces derniers

révèlent les possibles intérêts de l’utilisation de l’auto-efficacité, auprès des professionnels

comme des familles.

La mise en lien des résultats obtenus avec la théorie fait ainsi émerger des pistes de

réflexion et de recherche supplémentaires, autant d’étapes nécessaires pour envisager une

application du concept d’auto-efficacité à la pratique des ergothérapeutes en ESA.

Mots-clefs : - Maladie d’Alzheimer - Ergothérapie - Entourage

- Processus de changement - Auto-efficacité - Systémie

Summary :

This clinical research deals with the practice of occupational therapy in specialized

Alzheimer’s squad and how it supports the patient with Alzheimer disease and his relatives to

go through their changing process.

In a first place, a literature review highlights the problematics found and the

therapeutic means. Then with theorical inputs, the concept of self-efficacy appears as a

possible tool for the therapist. Facing the need of interviewing professionals, points of view of

occupational therapists working in ESA were collected. These interviews revealed the

interests of using self-efficacy with professionnals as well as families.

After connecting results with theory, additionnal reflection and research tracks

emerged. There are many necessary steps to consider the application of self-efficacy to the

practice of occupational therapists in ESA.

Key words : - Alzheimer’s disease - Occupationnal therapy - Relatives

- Changing process - Systemic approach - Self-efficacy