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Master 2 M.A.A.A.V. B. MERLIER / Installation.doc 1/40 23/09/15 Installations visuelles et sonores Ilya Kabakov (artiste conceptuel russe né en 1933) déclare que la notion d’installation « inaugure une nouvelle période dans l'histoire de l'art » Sommaire : 1. Définition 2. Historique 3. Définition commentée, meilleure compréhension 4. Exemples commentés ! Installation multimédia de Candas SISMAN, KNITT 2010, Istambul

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Installations visuelles et sonores

Ilya Kabakov (artiste conceptuel russe né en 1933) déclare que la notion d’installation « inaugure une nouvelle période dans l'histoire de l'art »

Sommaire :

1. Définition

2. Historique

3. Définition commentée, meilleure compréhension

4. Exemples commentés

! Installation multimédia de Candas SISMAN, KNITT 2010, Istambul

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• 1) Définition de Wikipédia, rubrique : Installation (art), http://fr.wikipedia.org/wiki/Installation_(art).html

L'installation est un genre de l'art contemporain qui désigne une œuvre combinant différents médias en vue de modifier l'expérience que peut faire le spectateur d'un espace singulier ou de circonstances déterminées. Les installations se sont surtout développées à partir des années 1960, même si l'on peut trouver des prémisses de cette forme d'art avec les « ready-made » de Marcel Duchamp ou chez certains artistes surréalistes ou Dada (comme Kurt Schwitters et son Merzbau). ➀ Les installations mettent en scène, dans un arrangement qui a sa propre dynamique, des médias traditionnels comme les peintures, les sculptures, les photographies, mais le plus souvent des médias modernes comme les projections (films, vidéos), des sons, des éclairages. Les installations peuvent être pilotées par des programmes câblés ou informatiques. ➁ Certaines installations sont étroitement liées à un lieu particulier d'exposition (œuvres in situ); elles peuvent seulement exister dans l'espace pour lequel elles ont été créées et pour lequel l'artiste a conçu un arrangement particulier. Ainsi l'œuvre n'est pas transposable dans un autre lieu, ni même vendable. Elle prend alors la caractéristique d'un art éphémère comme dans le cas de la boutique niçoise de Ben Vautier.

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Dans la plupart des installations, l'intervention du spectateur est indispensable. Elle met à contribution tous les sens. Qu'elle constitue un espace à découvrir du regard ou bien un lieu à investir, l'installation permet de solliciter, de mêler ou encore de juxtaposer différents objets, matériaux et médiums. Autres termes utilisés: intervention, interaction, art intérieur, environnement, événement, projet. L'installation implique une forme de nomadisme artistique et philosophique. Elle apparaît comme un campement que l'on monte et démonte a sa guise. Elle n'occupe pas l'espace, mais le restructure et le réaménage. Dans ces installations circulent des individus mais aussi des pensées. ➂➃➄➅➆➇➈➉

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• 2) Éléments historiques Les premières réalisations remonteraient à une cinquantaine d’années. Ex. 2 : R. Moris Mais, tout en prenant sa source au début du XXe siècle. Ex. 1 : M. Duchamp

1910-1924 : le mouvement futuriste : Marinetti, Russolo, Lista, Giovanni Lista déclare : le futurisme signifie aussi « le remplacement de la parole par le geste, de la création par la détermination, de l’œuvre par son projet ». La notion d’œuvre comme produit achevé explose alors au profit d’un dépassement permanent. En 1917, Luciano Folgore proclame : le futurisme n’est pas une école. C’est une tendance. C’est un élan en avant. C’est l’amour intarissable du nouveau. C’est un état de sensibilité qui cherche à se prolonger dans l’inconnu de l’art pour créer de nouvelles formes. » C’est « le mouvement » (voire l’instabilité qui s’oppose à « l’état », le dynamisme qui s’oppose au statisme, le mobile qui s’oppose à l’immobile… En bafouant les règles de l’art classique, en supprimant les interdits, ils passent du concept « d’objet d’art » (statique et isolé du monde réel) à « l’art de l’objet en mouvement dans son milieu ».

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En 1915, Balla et Depero imaginent un opéra futuriste avec des ballets d’avions dans le ciel ! En 1913, avec les concerts de bruits, Russolo fait tomber l’opposition entre bruit et musique. En 1913, publication de l’Art des bruits

RUSSOLO (Luigi), L’art des bruits, Lausanne : l’âge d’homme, coll. “Avant-garde”, 1975, 164 p. Traduction de l’Italien par Nina SPARTA.

Voir : http://ntemusique.free.fr/ puis « musique & bruit » Futurisme.pdf, ContexteEac.pdf Ensuite : 1920 : dadaïstes, Duchamp 1950 : fluxus 1960 : Cage, happenings Kagel, Ben, La Monte Young, Flynt 1970 : Klein, Tinguely, Kalder (peinture -> sculpture sonore) Stockhausen, lorsqu'il élabore son projet pour l'exposition universelle d'Osaka en 1970, envisage que la « pratique du concert » soit « relayée par une forme qui correspondrait à la visite des galeries de peinture ». Xenakis : Polytopes

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Les relations entre les arts visuels et la musique

Voir : sons lumieresavecimages.pdf (annoté)

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• De l’objet à l’événement…

3 problèmes fondamentaux (avant la moitié du XXe s) : La question du support

" les objets d’art « anciens » se confondent avec leur support : tableau, photo, sculpture. La peinture, la sculpture sont des arts exclusivement de support, donc contraint à une immobilité spatiale et temporelle

La question de la temporalité et de l’espace

" Le support est fixe : c’est ce qui les rend a-temporel (figés dans le temps). La Joconde sera toujours la Joconde. " La peinture est un art spatial // La musique est un art du temps Comment introduire le temps dans les arts visuels ? Comment introduire le visuel dans le sonore ? ou le sonore dans le visuel ?

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La question de la mobilité, du mouvement, de la virtualité de l’œuvre

" Les œuvres anciennes (matérielles) sont suspendues à un clou dans un musée.

" Le support d’une œuvre numérique (bande, disque dur, écran, ondes hertziennes…) n’est pas

fixe ; L’œuvre ne peut pas être confondue avec le support.

La partition n’est pas l’œuvre, la cassette vidéo n’est pas l’œuvre…

Le recours au son, à la vidéo, aux traitements électroniques, à l’informatique…

mettent définitivement à mal le concept « d’objet d’art » (à cause de leur

immatérialité).

" les média modernes (vidéo, son, éclairages…) sont des arts du temps ; Il faut que le temps

s’écoule afin de percevoir ou d’appréhender l’œuvre.

Exemple : 1 concert, 1 séance de cinéma

" les média modernes (vidéo, son, éclairages…) ne peuvent pas être suspendus à un clou sur le

mur d’un musée…

Or : le son ne s’expose pas !

! DBTR.#2_DBTR#3 de Raoul BINOT (Musique), Thierry DEVAUX (plasticien), François CACIC (technique), Vandoeuvre les Nancy, 2003-2004, F

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multimédia = qui mélange : sons, décors, mouvements scéniques, images, gestuelle, parfums… en

toute autonomie

mixed média = « égalisation des divers ingrédients » sans hiérarchisation

Intermédia : = indépendance rigoureuse des diverses composantes

! Ambiant Works de Brian Eno 2005, USA

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La question de la « cérémonie » : comment présenter ces nouveaux arts immatériels ?

" l’idée sous-jacente est de trouver une situation pour appréhender l’art qui ne soit ni le musée, ni

le concert.

Le concert est un événement passif, extrêmement codifié. Un lieu, une heure, une durée… des œuvres formatées pour le concert (durée type, forme type…), un public assis et silencieux. Le concert rock (où le public hurle et danse) est une tentative d’interaction entre les artistes et le public. Mais le déroulement de la musique reste « figé » et l’interaction tend à détruire la prestation musicale. Le happening demande au spectateur de réagir instantanément à des stimulations qui lui sont adressées à l’intérieur d’un temps qui demeure celui de la représentation et du spectacle.

Le Musée : ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 19h, nocturne le vendredi. la déambulation est libre la visite se fait dans n’importe quel sens et à n’importe quelle vitesse. il n’y a pas de début, ni de fin ; pas d’ordre, pas de déroulement fixe. œuvres fixées et figées, souvent regroupées par thème. le musée présente une collection d’œuvres distinctes L’installation permet au spectateur de se forger son propre parcours au sein de l’œuvre d’art (sonore), dans une durée qu’il se fixe lui-même. Il lui est proposée d’être actif, tant au niveau de la perception que de la manipulation d’objets dans le lieu d’exposition.

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Pourquoi le titre de ce paragraphe : De l’objet à l’événement…

Jean Molino déclare dans un article fort éclairant : la difficulté majeure tient à ce que la tradition philosophique occidentale, depuis l’âge classique, est basée sur une ontologie des objets et non sur une ontologie des événements1. Ce qui caractérise l’ontologie des objets est qu’elle formalise le discontinu, la délimitation spatiale, la séparation et la stabilité des limites dans le champ de l’être. Les objets sont là, devant moi, et je peux alors les toucher, les regarder, les nommer. Il n’en va pas de même des sons qui, par nature, apparaissent et disparaissent, et que je ne reconnais que comme les produits de sources que je cherche à identifier. Les sons ne sont pas des substances, ils sont des événements, et le discret, en musique, n’est que l’artefact de la pensée humaine qui sépare et analyse sur fond de réalités objectales et non de réalités événementielles. Les sons ne sont pas des objets mais des processus.

! Kinetic Sculpture, BMW Museum, Munich 2008

1 Jean Molino,, « Expérience et connaissance de la musique à l'âge des neurosciences », dans Étienne Darbellay, Le temps et la forme. Pour une épistémologie de la connaissance musicale, Genève, Droz, 1998, p. 253-272.

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Il y a aussi :

- suppression des frontières entre les arts

- immersion dans l’œuvre d’art elle-même

- dissolution de la musique dans l’art ?

- mise en pratique de la notion d’écologie sonore ?

- exploration du son et du non-son, du réel et du non-réel

- émergence de nouvelle formes de communication

- nouvelle façon d’organiser le son

- donner une dimension spatiale à un art exclusivement temporel

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• Définition d’une installation sonore ou Klangkunst ou Sound Art Idée 1 : concevoir un événement artistique et non pas un objet artistique ;

l’œuvre peut être événementielle ou éphémère ; ce qui revient à dire que l’œuvre existe plus

par son concept que par sa matérialité.

Exemple : Exposition de sculptures de glace au Musée St Pierre à Lyon (durée 1 journée), en 198 ?

Idée 2 : utiliser des médias modernes (vidéo, sons, lumières, mise en scène…) ; plusieurs médias

simultanément ;

exposer le son, comme un tableau ou une sculpture ;

cela veut dire « matérialiser le son »

accompagner le son d’un support visuel, tactile…

Peter Szendy : « Dès lors que le son lui-même ne saurait s'exposer, ce que les

installations sonores donnent à voir, ce sont : les supports fixant le son, les mécanismes

produisant le son, les phénomènes physiques liés à la propagation du son. »

Idée 3 : intégrer l’environnement, le lieu et le public au sein de l’œuvre ;

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Idée 4 : accepter (voire organiser) des aléas, des interactions, des variantes…

Le spectateur peut/doit devenir acteur de l’œuvre ;

interaction entre des objets, un lieu et les visiteurs ; interaction du visuel et du sonore ;

Idée 5 : gérer la temporalité de l’événement et notamment la permanence

Idée 4bis : le spectateur (passif) devient acteur (actif)

ce qui rejoint le jeu vidéo, la réalité virtuelle, guitar hero, Beatles

abandonner les codes classiques de la représentation scénique, de l’écoulement du temps…

Un happening répond aux 4 ou 5 points, sauf qu’il possède un début et une fin (≠5).

Un concert ne répond pas aux points 2 et 3. Il a un début et une fin.

Une sculpture sonore (façon Duchamp ou Tinguely) ramène au concept d’objet et non pas d’événement.

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• Exemples

Duchamp : Urinoir (1917)

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Ready-made Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre, série Art contemporain

L'attitude du ready-made consiste à choisir un objet manufacturé et à le désigner comme œuvre d'art. Il a

donné naissance à une grande partie des démarches artistiques actuelles.

Les ready-made sont des œuvres d'art qui n'ont pas été réalisées par l'artiste, ce dernier n'intervient en

effet que pour les sélectionner et changer leur contexte. Par exemple, Porte-bouteilles (1914), objet

industriel acheté par Marcel Duchamp et exposé comme une œuvre d'art est un ready-made - le premier,

historiquement. Dans certains ready-made, l'artiste intervient parfois en modifiant le nom de l'objet,

comme l'urinoir de Marcel Duchamp intitulé Fontaine (1917). Dans le ready-made, l’œuvre originale n'est

pas forcément importante, l'idée prime sur tout le reste, et de fait certains ready-made sont totalement

virtuels. Il est d'ailleurs à noter que la plupart des premiers ready-made de Marcel Duchamp ont été perdus

par leurs propriétaires, et que les œuvres exposées dans les musées sont des répliques certifiées par

l'artiste.

Le ready-made a remis en question la notion de virtuosité et la notion de savoir-faire et a permis de

démontrer que c'est souvent l'exposition et l'acte de nommer qui fait l'œuvre autant que le contraire.

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Le design contemporain s'est aussi emparé de cette pratique en reconsidérant la fonction d'un objet usuel

et banal pour en créer un autre qui devient œuvre. Achille Castiglioni, crée, par exemple, un tabouret à

partir d'un siège de tracteur (chaise Mezzadro (1957), Zanotta). Franck Schreiner, lui, transforme un

chariot de supermarché en fauteuil de salon (fauteuil Consumer's Rest (1983), Stiletto).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ready-made

Porte-bouteilles, ou parfois Séchoir à bouteilles ou Hérisson, est une œuvre d'art de Marcel Duchamp

réalisée à Paris en 1914. Cette œuvre est considérée par l'artiste comme le premier readymade, œuvre «

déjà faite » puisqu'elle n'a pas été fabriquée par l'artiste. L'œuvre originale a disparu, mais l'artiste réalisa

des répliques dans les années 1960, aujourd'hui exposées dans les musées.

L'œuvre est composée uniquement d'un porte-bouteilles en fer galvanisé (environ 64 x 42 cm), choisi en

1914 au Bazar de l'Hôtel de Ville (BHV) de Paris, « sur la base d'une pure indifférence visuelle ». L'artiste

n'intervenant que pour choisir et intituler l'objet, celui-ci prend le nom de Porte-bouteilles et plus tard

Séchoir à bouteilles ou Hérisson.

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Duchamp : A bruit secret (1916)

« À bruit secret : tel est le titre de ce readymade aidé : une pelote de ficelle entre deux plaques de cuivre réunies par quatre longs boulons. À l'intérieur de la pelote de ficelle, Walter Arensberg ajouta secrètement un petit objet qui produit un bruit quand on le secoue. Et à ce jour je ne sais pas ce dont il s'agit, pas plus que personne d'ailleurs. » « Sur les plaques de cuivre, j'inscrivis trois courtes phrases dans lesquelles des lettres manquaient çà et là comme une enseigne au néon lorsqu'une lettre n'est pas allumée et rend le mot inintelligible.» Marcel Duchamp, DDS p.226

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Sarkis : sculpture de la fin des siècles (19 ??) Conçue pour l'exposition « L'Œil musicien » à Charleroi. Il dispose sur plusieurs milliers de briques « toute l'oeuvre de Webern en bande magnétique en silence ». Bill Viola Dans ses Hallway Nodes, il exploite l'effet hétérodyne sur des fréquences très graves pour donner à sentir (autant qu'à entendre) les points nodaux formés dans un couloir. Peter Greenaway parle au sujet d’une de ses réalisations : l'exposition-installation est devenue une sorte de « film tridimensionnel dans l'obscurité », elle suscite chez le visiteur-spectateur l'attente d'un « drame construit », qui n'est pas nécessairement « narratif » pour autant.

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Bastien Gallet déclare : « Installer des sons ne veut pas dire faire une installation plastique de sons, mais les disposer dans un lieu.

Installer des sons veut dire composer une étendue et sa rencontre avec un lieu. L'installation sonore est

musique à condition que l'on comprenne la musique autrement, non plus comme l'art des sons, mais

comme l'art des étendues (et des durées) sonores, en relation avec des lieux dont elle dispose ou qu'elle

invente. »

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Robert Morris : Box with the Sound of its Own Making (« Boîte avec le son de sa propre fabrication », 1961).

Walnut box, speaker, and three-and-one-half-hour recorded tape "The Box with the Sound of Its Own Making (1961), a nine-inch walnut cube containing a three-hour tape recording of its actual construction, was the first work by Morris to be fully involved with process. The Box literally interposed a temporal record into the viewer's experience, a kind of nonverbal version of Duchamp's notes for the Large Glass. John Cage, who had been instrumental in introducing Morris to both the artist Jasper Johns and the influential art dealer Ileana Sonnabend, was the first person in New York whom Morris invited to see the piece. 'When (Cage) came,' Morris recalled, 'I turned it on . . . and he wouldn't listen to me. He sat and listened to it for three hours and that was really impressive to me. He just sat there.' Cage's response was important to Morris, as he recognized the piece as a fully theatrical experience." — Maurice Berger, Labyrinths: Robert Morris, Minimalism, and the 1960s, New York, page 30-31 http://www.lichtensteiger.de/music_room.html

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La boite fait entendre le son d'un autre temps. Christian Marclay, à la Shedhalle de Zurich en 1989, couvre le sol de disques vinyl vierges (une fois foulés, ils pourront être rejoués).

Christian Marclay s'occupe de phonogrammes. C'est-à-dire que l'œuvre créée peut aussi bien être un phonogramme que faire appel à des phonogrammes. Il a installé pour la première fois, en 1987, des disques en vinyle sur le sol de la Tour de l'horloge

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à New York. Cinq années plus tard, il a étalé 14 000 disques compacts rutilants à l'envers sur le sol du Musée des beaux-arts de Jérusalem. Pour l'exposition Le Temps, vite, exposition présentée au Centre Pompidou à Paris en janvier 2000, Marclay a réuni quelques-unes de ses œuvres sculptées : Endless Column (1988), pile de microsillons malicieusement agencés, au contraire de l'œuvre homonyme de Constantin Brancusi ; The Beatles (1989), coussin houssé d'une bande sonore crochetée de tous les enregistrements du fabuleux quatuor ; et Mœbius Loop (1994), énorme ruban de cassettes audio assemblées en une sinueuse bande d'insupportables sons enregistrés. À Brice Curiger, il confiait dernièrement : " La musique est un matériau. La technologie l'a transformée en objet, et une grande partie de mon travail porte sur cet objet autant que sur la musique. […] On ne pense pas nécessairement à la musique en tant que réalité tangible, mais elle a des manifestations tangibles. Ce peut être aussi une illustration, un tableau, un dessin. " (Brice Curiger, Arranged and Conducted by Christian Marclay, Zurich, Kunsthaus Zürich, 1997, p. 56) Ou encore plus succintement : " Je veux que mon œuvre porte sur le sonore, mais il ne doit pas nécessairement avoir rapport à la musique. " (Brice Curiger, Arranged and Conducted by Christian Marclay, Zurich, Kunsthaus Zürich, 1997, p. 58) Californien de naissance, Marclay a grandi à Genève et y a étudié les beaux-arts. Il s'est initié à la « scène » par l'intermédiaire de John Armleder et le groupe Écart, très proche de Fluxus. De retour aux États-Unis en 1977, il explore systématiquement un espace au confluent du son et de l'image. Le temps occupe dans son œuvre une place centrale, mais c'est un temps réfléchi, remémoré, une mesure et un repère qui ne parle pas seulement de mémoire. Il travaille souvent des objets trouvés et des supports périmés dont il tire de nouvelles et insolites formes. Comme le fait observer Russell Ferguson : " L'idée de l'abandon et de recyclage est un thème puissant chez Marclay. Ses sculptures et ses collages sont souvent faits de rebuts d'audibilité enregistrée et transmise : appareils téléphoniques hors d'usage, enceintes acoustiques, cassettes, pochettes d'albums et, il va sans dire, disques récupérés au bord de l'obsolescence à laquelle la plupart des gens les ont déjà condamnés. Ses photogrammes de disques brisés et très certainement toutes ses œuvres faisant appel à ce matériau révèlent l'attention au démodé, à l'évanescent. " (Russell Furguson, " The Sound of Silence ", Christian Marclay / Amplification, Venise, Biennale di Venezia 1995 / Svizzera / Chiesa di San Stae, p. 17-18) http://www.ciac.ca/biennale2000/fr/visuels-artistes-marclay.htm

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Nam June Paik déclarant, à propos de sa Symphony for 20 Rooms : " J'expose la musique. "

Nam June Paik, pionnier de l'art vidéo, est né en 1932 à Séoul (Corée) et mort à Miami le 29 janvier 2006. Après des études de musique, d'histoire de l'art et d'esthétique à Tokyo, il rejoint l'Allemagne où il achève sa formation universitaire. En 1961, il rencontre George Maciunas, fondateur du mouvement Fluxus ; Paik s'y associe par le biais de la performance. Il fait également la connaissance de Joseph Beuys et du compositeur d'avant-garde John Cage, dont le travail exerce une influence significative sur son œuvre. Dans les années 60, Paik rencontre à New York la musicienne Charlotte Moorman avec qui il produit un ensemble important de performances. En 1964, il s'équipe d'une caméra vidéo Sony Portapak et réalise ses premières bandes. Global Groove (1973) révèle la syntaxe vidéo propre à l'artiste : proche de l'esthétique du collage et accordant une place primordiale à la musique, celle-ci est fondée sur une réappropriation du langage télévisuel, associée à des effets électroniques.

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Nam Junk Paik : 13 téléviseurs préparés (1962) « Exposition de musique et de télévision électronique », prémices de l’art vidéo.

13 magnétoscopes diffusent des fréquences électroniques -> zébrures, distorsions, accidents

visuels…

L’image ne reproduit pas le réel, tout comme la musique électroacoustique ne reproduit pas la

réalité (la « haute-fidélité »)

Sorte de synthétiseur d’images ou alors décomposition de l’image…

Participation TV, Global Groove

TV-cello : 3 TV reliées par une tige de plexiglass forme une sorte de violoncelle. Charlotte Moorman

joue de cet instrument qui le représente en train de jouer.

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TV Buddha Nam June Paik, 1974

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Harry Partch : sculptures sonores (±1950)

Instruments Baschet (±1950)

Jean Tinguely : sculptures sonores (±1960)

Paul Panhuisen Peter Vogel Hughes Davies Bill Viola Alvin Lucier

Merdith Monk Laurie Anderson Frédéric Lejunther René Bastien Robin Minard

Peter Bosch et Simone Simons

1978 : Légende d’Eeer + diatope Xénakis Commande du centre G. Pompidou (Beaubourg) (pour le « diatope » Et commande de la WDR (pour la « Légende d’Eer ») Compensation que le gouv. français a donné l’IRCAM à Boulez. Sur un texte de Platon Polytopes : poly + topos = plusieurs lieux = « multimédia »

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Somme des arts (et non synthèse des arts) anti-wagnérien, anti art total car non wagnérien 1958 : pavillon Philips Le diatope est le 5ème réalisation, l’un des plus aboutis

- musique (Légende d’Eer) - spectacle visuel - architecture - texte

Durée : 45 mn (inhabituel pour Xénakis, d’habitude 7 ou 15 mn) Musique électroacoustique = musique enregistrée + musique synthétisée. Fabriqué à la WDR (studio de Stockhausen) et au CEMAMu) Version 7 pistes + 1 piste de pilotage du spectacle Le schéma de montage comporte 20 sons / 6 mouvements, non distincts (0 / 6’34 / 19’18 /

a) sons instrumentaux : étoiles filantes du début ; guimbardes affricaines b) bruits : chocs de briques, frottements sur carton c) sons réalisés par des fonctions mathématiques

non basé sur Fourier, mais génération directe de la pression par des fcts stochastiques de mvts

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browniens création d’un espace-son (son indissociable du lieu) => construction d’un pavillon spécifique en 3D (hyperboloïdes) esthétique « dionysiaque » : bain sonore 11 haut-parleurs / 7 pistes 4 lasers (100 000 Francs l’un) dotés de miroirs + dalles lumineuses au sol + 1600 flash suspendus au plafond (figures abstraites ou figuratives, génération de galaxies) Relations son-image non-coïncidence, donc juxtaposition Un nouvel art musique pour l’oreille musique pour l’œil refus de toute coïncidence entre la vue et l’ouïe les organes sensoriels diffèrent le miracle de la synthèse se produit dans les sphères profondes de l’esprit. Platon : la République Poimandrès : Hermes Trismégiste Blaise Pascal : les deux infinis Jean-Paul Richter : Siebenkäs

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La musique n’est pas un langage. Toute pièce musicale est un rocher de forme complexe avec les stries et les dessins gravés dessus et dedans que les hommes peuvent déchiffrer de mille manières sans qu’aucune soit la meilleure ou la plus variée.

! 77 millions painting, Brian ENO, DVD, 2006

! Peter BOSCH & Simone SIMONS, Hollande

! Hiver numérique, Derrick GISCLOUX, Lyon 2011

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• Installations et technologie Les moyens électroniques et informatiques permettent de se dégager des contraintes mécaniques,

du geste instrumental et des durées liées au geste instrumental.

Il s’agit de machines et non pas d’instruments !

La finalité esthétique fini par se confondre avec les moyens technologiques mis en jeu, accumulant

des effets polysensoriels et devenant ainsi les « sons et lumières » de l’avant-garde internationale.

Trois axes : - création d’effets audio-visuels à partir de technologie existante (boucle de bande, bandes mises à

l’envers, etc.). L’œuvre est alors dépendante de la technologie (et risque vite d’être démodée).

- nouveau concept esthétique requérant le développement de nouvelles technologies. Il convient de

faire appel à un centre de recherche, d’où une dépendance matérielle et institutionnelle.

- détournement d’outils technologiques au profit d’un processus créatif (exemple : orchestre

symphonique réalisé uniquement avec des aspirateurs)

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Bertrand Merlier : Uni-Verre-Son (1993)

5. Faust d’argent à Toulouse en 1994

Cf. vidéo et site web : http://tc2.free.fr/UVS/

Bertrand Merlier : µZiclotron (2003) Commande de Trans-Media-Akademie Hellerau et de la ville de Dresde (RFA)

Cf. vidéo et site web : http://tc2.free.fr/muziclotron/

Bertrand Merlier : Face à face (2008)

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B. MERLIER / Installation.doc 34/40 23/09/15

• Sources Wikipédia, rubrique : Installation (art), http://fr.wikipedia.org/wiki/Installation_(art).html

« L'installation totale » (conférence donnée à l'Ecole des Beaux-Arts de Francfort), traduction française dans

Et tous ils changent le monde, catalogue de la seconde biennale d'art contemporain, Lyon, 1993.

BOSSEUR Jean-Yves, Musique et arts plastiques, Interactions au XXe siècle, Coll. Musique ouverte, Minerve,

2006.

DUCHAMP Marcel, Dans Duchamp du signe, Écrits, Flammarion, 1975, p. 47.

DE OLIVEIRA Nicolas, OXLEY Nicola et PETRY Michael (eds.), Installation Art, Thames and Hudson, 1994.

SZENDY Peter, Installations sonores ?, Résonance n° 12, Ircam - Centre Georges-Pompidou, septembre

1997 (Attention ! il s’agit de publicité à peine déguisée pour l’IRCAM…)

VIOLA Bill, « Statements », dans Reasons for Knocking at an Empty House. Writings 1973-1994, Thames

and Hudson, 1995, p. 151.

6.

GALLET Bastien, Composer des étendues : l'art de l'installation sonore, Ecole des beaux-arts de Genève,

2005, ISBN : 2970047454, 57 pages

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B. MERLIER / Installation.doc 35/40 23/09/15

http://www.scoop.it/t/des-arts-sonnants?page=19 http://www.lespixelsdejeremie.com/ http://www.mti.dmu.ac.uk/~xalarcon/soundingunderground/environment/sounding.html http://www.soundsurvey.org.uk/index.php/survey/waterways/

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B. MERLIER / Installation.doc 36/40 23/09/15

http://www.moca-lyon.org/vdl/sections/fr/expositions/2005-/musiques_en_scene_20

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B. MERLIER / Installation.doc 37/40 23/09/15

• From object to event ...

Definition from the french Wikipedia entry: Installation (art), http://fr.wikipedia.org/wiki/Installation_ (art). html

Installation is a kind of contemporary art that means: a work combining different media allowing to change the experience that the audience can have from some space or some circumstances.

Installations have been appearing from the 1960s, even if we can find some premises of this art form with Marcel Duchamp’s "ready-made", Dada or Surrealist artists (like Kurt Schwitters and his Merzbau).

Installations set on stage, in an arrangement that has its own dynamics, traditional media such as paintings, sculptures, photographs, but mostly modern media like projections (film, video), sound, lighting. Installations can be controlled by computer programs.

Some installations are closely linked to a particular place of exposure (works in situ), and can only exist in the place for which they were created for and for which the artist has designed a special arrangement. Thus the artwork cannot be transposed to another place, nor even sold. It then takes the characteristic of an ephemeral art as in the case of Ben Vautier Nice shop.

In most installations, the audience's response is essential, involving all the senses.

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Installations solicit, mix or juxtapose different objects, materials and mediums and can present themselves as a space to discover with the eyes or the ears or a place to invest.

Other terms used: intervention, interaction, interior art, environment, event, project. Installation involves a form of artistic and philosophical nomadism. It appears as a camp that one will mount and unmount at will. It does not occupy space, but restructure it and reorganize it.

7.

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• • Summary and definition of a sound installation or Klangkunst or Sound Art

1st idea: Develop an Arts event and not an Art object 2nd idea: Use modern media (video, sound, lights, staging...); Try to expose sound, like a painting or sculpture; ie " materialize sound" accompany sound with a visual, tactile support 3rd idea: Integrate the environment, the place and the public inside the work 4th idea: Accept (or organize) hazards, fortuities, interactions, alternative situations... Organise interaction between objects, place and visitors;

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4ath idea: The (usualy passive) audience can / should become an « actor » in the work, a performer; like in video games or virtual reality: guitar hero, beatles abandon the traditional codes of stage performances 5th idea: Manage the temporality of events, specially permanence

8. abandon the linearity of passing time ...