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Initiation à la Psychologie Cours Elèves du cursus « Psychothérapeute » 1° année © C.BRIATORE - 2001

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Initiation à la Psychologie

Cours

Elèves du cursus « Psychothérapeute » 1° année

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SOMMAIRE

INTRODUCTION : Qu’est-ce que la psychologie ?

CHAPITRE I : Naissance de la psychologie

1. Les origines

1.1.De la psychologie de l’âme à la découverte de l’hypnose

1.2.La naissance de la psychologie scientifique

1.1.1. Les pionniers

1.1.2. Les influences ultérieures

A- l’étude expérimentale des processus supérieurs

B- la psychologie de la forme

C- les réactions contre l’introspection

2. La naissance d’une nouvelle discipline autonome

2.1. La psychologie en France : les premières divergences

2.1.1. L’avènement de la psychologie pathologique

2.1.2. Hypnose et hystérie à la fin du XIX° siècle

2.2. Le développement de la psychologie dans le monde

2.2.1. La russie et les travaux en psychologie expérimentale

2.2.2. L’angleterre : la psychologie animale et la psychologie différentielle

A- la psychologie animale

B- la psychologie différentielle

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CHAPITRE II : Les grands courants théoriques

1. Quelques définitions

1.1. Les différentes conceptions du psychisme

1.2.1. La conception internaliste

1.2.2. La conception externaliste

1.2.3. La conception interactionniste

1.2. Conscient et inconscient

2. Les grands courants théoriques :

2.1. La psychologie : science du comportement

2.2.1. Le béhaviorisme

2.2.2. La neuropsychologie

2.2.3. La psychométrie

2.2. La psychologie : science du psychisme : la « boite noire »

2.2.1. Les fonctions cognitives et l’intelligence

2.2.1.1.La psychologie cognitive

A- Les représentations mentales et la mémoire

B- Les activités mentales

B.2.1.1.1.1.1.1.1. La communication

2.2.1.2.La psychologie développementale

A- Les méthodes utilisées

B- Les principaux auteurs

C- Les applications

2.2.2. Les pulsions et les affects : la psychologie des profondeurs

2.2.2.1. Pierre Janet

2.2.2.2. Freud et l’invention de la psychanalyse

2.2.2.3. La psychologie clinique et la psychopathologie

2.3. La psychologie : science des communications

2.3.1. La psychologie sociale

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CHAPITRE III : L’univers de la psychothérapie

1. Définitions

2. L’objet de la consultation

2.1. La demande d’aide

2.1.1. Demande explicite et demande cachée

2.1.2. Le thérapeute et la demande

2.2. Le motif de la consultation

2.3. Finalités et niveaux d’intervention

2.4. Notion de santé et de trouble psychique

2.4.1. Fréquence et gravité des troubles psychiques

2.4.2. Facteurs de développement des troubles psychiques

3. Le processus thérapeutique

3.1. Généralités

3.2.Les facteurs venant du patient

3.3.Les facteurs venant du thérapeute

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CHAPITRE IV : Panorama des psychothérapies

1. Les thérapies de type analytique

1.1. La cure freudienne type

1 1.1.1. Conception étiologique et but thérapeutique

2 1.1.2. Moyens thérapeutiques

3 1.1.3. Attitude du thérapeute

1.2. Variantes de la cure freudienne type :

4 1.2.1. Alfred Adler

5 1.2.2. Otto Rank et le rebirthing de L. Orr

6 1.2.3. Sandor Ferenczi

7 1.2.4. Wilheim Reich et les thérapies psychocorporelles

8 A – Reich et la végétothérapie

9 B- L’analyse bioénergétique d’A. Lowen

10 C- La thérapie primale d’A. Janov

1.2.5. La thérapie psychanalytique de groupe

11 A – Conception d’une thérapie de groupe

12 B – Les psychodrames

- Le psychodrame morénien

- Le psychodrame psychanalytique

1.2.6. Les psychosomatiques

1.2.7. L’analyse jungienne

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Introduction

Qu’est-ce que la psychologie ? Quel est son propos ? :

Pourquoi aujourd’hui la psychologie intéresse-t-elle, et de manière croissante, tant de personnes ? Sans doute parce qu’elle correspond à un besoin : comprendre ce qui se passe en nous et autour de nous, et trouver des réponses à des questions comme: qu’est-ce que l’état d’équilibre ? qu’est-ce que la santé?

Il est devenu banal de dire que le monde actuel est en crise. L’épuisement, la dépression, l’agitation, le stress, sont monnaie courante. La crispation, l’hostilité, la compétition hargneuse et la recherche d’une supériorité à tout prix sont des modes de comportements devenus « normaux », mais dans lesquels nous sentons sans doute obscurément que nous nous appauvrissons, que nous nous sentons oppressés, mal à l’aise.

Ainsi, beaucoup de choses primordiales sont faussées : la sexualité, l’éducation, le climat social, les valeurs humaines… Les contacts humains se rompent, le propos social est celui de la consommation, la masse remplace l’individu conscient, responsable. Le calme, la sérénité, deviennent des objets de curiosité.

La réponse à ces maux est sans aucun doute l’équilibre, et la psychologie est une discipline qui se propose, en étudiant l’être humain sous plusieurs aspects (dans son milieu social, en communication, en fonction de sa biologie, de la manière dont il a été éduqué et dont il s’est construit dans l’enfance, etc…), de comprendre et d’expliquer quels peuvent être les points d’équilibre et de déséquilibre pour un individu. Qu’est-ce qui peut le fragiliser, et pourquoi ? Et comment l’aider quand il est en difficulté? (c’est là le propos des thérapies).

Tentons maintenant de définir la psychologie :Le terme « psychologie » vient de psyché : esprit, âme, et de logos : le

discours. Etymologiquement, cela signifie donc : le discours sur l’esprit. Il importe donc de savoir quelles sont les différentes conceptions que l’on a eues sur l’esprit, avant d’étudier plus en détail comment la psychologie les envisage au sein des grands courants théoriques qui la constituent.

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La psychologie est l’étude des phénomènes mentaux, quels qu’ils soient. Elle :1

- observe les comportements humains, intérieurs (pensées, sentiments, émotions…) et extérieurs (voix, gestes, démarche, mimiques…)

- recherche les motifs, extérieurs (famille, éducation, religion, histoire du sujet) et intérieurs , conscients ou inconscients, (fatigue, hérédité, inadaptation…) du comportement

- met en œuvre des techniques psychothérapiques adaptées à la guérison.La psychologie s’occupe donc de l’être humain dans sa globalité, qu’il

s’agisse du normal ou du pathologique. En ce sens, elle englobe la psychiatrie, qui ne considère que l’aspect pathologique d’un individu.

Le propos de ce cours est, dans un premier temps, de proposer les notions de base de la psychologie, notions sur lesquelles elle s’est construite en tant que discipline. Les concepts seront replacés dans le contexte historique de la naissance et de l’évolution des diverses branches de la psychologie. Ensuite, nous serons à même de dresser un panorama des différents courants qui la constituent, et qui pourront nous donner un aperçu de la diversité de ses objets d’étude. Enfin, la troisième partie du cours nous apportera une réflexion sur les psychothérapies : que proposent-elles ? comment agissent-elles ? Quelles sont les différentes psychothérapies, et quels sont leurs présupposés théoriques ?

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CHAPITRE I

Naissance de la Psychologie

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C’est au XVI° siècle que le mot « psychologie » apparaît pour la première fois, créé par un disciple de LUTHER, MELANCHTON. (du grec psychè : âme ; et logos : discours, science). Mais c’est seulement au XVIII° siècle qu’il a été utilisé systématiquement par un philosophe allemand (WOLFF) pour désigner l’étude des manifestations de l’âme par rapport à la « métaphysique », qui comprend l’étude des propriétés essentielles de l’âme. En effet, jusqu’à cette période, les processus psychiques (pensée, mémoire…) étaient considérés comme une émanation divine, et il n’était pas question de les disséquer (le moine Giordano BRUNO a été brûlé sur les bûchers de l’Inquisition pour avoir donné une méthode de mémoire).

Ce n’est qu’au XIX° siècle que la psychologie se constitue en tant que discours autonome sur l’homme.

1. Les origines

1.1. De la psychologie de l’âme à la découverte de l’hypnose :

Dès l’Antiquité, les philosophes se préoccupent des questions posées par l’Ame.

C’est au XVII° siècle avec DESCARTES (1596 – 1650) et la pensée mécaniste, qu’émerge la référence à la conscience. Il affirme un dualisme entre la conscience et le corps : le corps est du domaine de l’étendue, du physique et peut faire l’objet d’études empiriques, tandis que la pensée relève du domaine de l’âme.

Jusque là, la psychologie était restée tributaire de la philosophie. Elle apparaissait comme une conception de l’homme dans son essence, et cette conception était la seule qui puisse conduire à une réflexion intérieure de l’homme sur lui-même. Elle était introspective et métaphysique.

La pensée de DESCARTES a permis à la philosophie de se différencier de la pensée religieuse. Mais, jusqu’au XIX° siècle, elle reste encore très subjective. En effet, les philosophes – les premiers psychologues - édifient leur savoir

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essentiellement sur les bases de l’introspection, et il n’y a donc pas de preuves basées sur des comportements observables.

A la fin du XVIII° siècle, entre en scène un personnage pittoresque dont les activités déchaînent les passions. C’est un médecin autrichien, Franz MESMER, qui abandonne son cabinet de Vienne, où il est vu d’un mauvais œil, pour s’installer à Paris. Il affirme avoir découvert l’existence de ce qu’il appelle le « magnétisme animal ». Ce serait un fluide, qu’il dit pouvoir capter et diriger, qui aimanterait tous les êtres animés. MESMER provoque chez ses patients des crises de convulsions censées être curatives. On raconte que c’est en robe de chambre de soie lilas et pantoufles dorées qu’il dirige ses séances en s’aidant de musique. Il suscitait à la fois répulsion et fascination, constituant des groupes initiatiques de disciples auxquels il vendait son secret.

Mais bientôt, la mode du « magnétisme animal » devient une affaire d’état : La méthode est remise en question par l’Académie des sciences, et BAILLY, astronome et futur maire de Paris, élabore un rapport secret qu’il remet au roi Louis XVI en 1784. Ce texte, devenu public sous la révolution, met en avant les dangers que constituent pour les bonnes mœurs les convulsions provoquées par MESMER, comparées à un orgasme sexuel par BAILLY. Il attribue les crises collectives non pas, comme certains le pensent, à une simulation, mais plutôt à l’imagination des patients, relayée par l’imitation.

La même année, on assiste également à l’apparition d’un nouvel état : le somnambulisme, suscité expérimentalement. Le somnambulisme naturel, qui fait marcher et parler certains pendant leur sommeil, a toujours été observé et les pratiques de magie locale utilisent cet état depuis longtemps. Mais le Marquis de PUYSÉGUR, sur ses terres de Buzancy, disciple de MESMER et convaincu de ses pratiques, découvre que l’on peut susciter, grâce au magnétisme, non seulement des convulsions, mais aussi des « crises » calmes, qui s’apparentent au somnambulisme naturel. Il parle alors de somnambulisme provoqué ou artificiel.

A la suite des découvertes de PUYSÉGUR, le XIX° siècle sera peuplé d’endormeurs et de somnambules qui vont faire de leurs dons matière à soins, voyance, curiosité scientifique, spectacle, commerce…

Les magnétiseurs désignent sous le terme de « rapport » la relation qui unit l’endormeur à son sujet. Nombre de romans, comme Joseph Balsamo,

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d’Alexandre Dumas, insistent sur les passions, violentes, et parfois partagées, qui envahissent magnétiseurs et magnétisés. A travers ces textes populaires se pose la question de ce « rapport » étrange et de ses relations avec le lien d’amour ordinaire.

L’intérêt de ces pratiques, qui n’ont, à vrai dire, rien à voir avec la psychologie, c’est qu’elles vont amener leurs observateurs à se poser des questions qui, elles, se trouvent aux frontières de la psychologie.

Certains disciples de MESMER, comme L’ABBÉ DE FARIA ou le docteur Alexandre BERTRAND, se demandent, dès le début du XIX° siècle, s’il ne faut pas expliquer les phénomènes de magnétisme et de somnambulisme en termes que nous appelerions aujourd’hui psychologiques. Aucun fluide ne se transmettrait du magnétiseur à son sujet, mais tout résiderait dans l’imagination du somnambule, relayée par l’imitation.

Pour BERTRAND, par exemple, le magnétisme met en jeu des phénomènes de groupe et se propage par l’imitation entre adeptes et somnambules. L’imagination, dans ce contexte, doit être entendue au sens fort de « capacité à halluciner ». Si on adopte cette perspective, il faut expliquer pourquoi le sujet n’a pas conscience que les processus viennent de lui, comme un dormeur qui ne connaît pas les personnages de son rêve comme ses propres créations. BERTRAND est ainsi confronté à la question de processus inconscients, qu’il appelle « jugements latents ».

La théorie mesmérienne est définitivement abandonnée avec les travaux de Braid. En 1843, ce médecin anglais popularise le mot d’hypnotisme. Il est plus neutre que celui de « magnétisme animal », et désigne simplement « sommeil » en grec. Les passes, les « rapports » interhumains ne sont plus nécessaires puisque désormais, le fait de fixer un objet brillant par exemple, va déclencher un état nerveux spécifique qui sera appelé par BRAID « état hypnotique ». Donc c’est le sujet lui-même qui se place en sommeil. Cette compréhension permet de comprendre des phénomènes jusque là rattachés au magnétisme animal en termes neurologiques, dépouillés de toute connotation merveilleuse ou magique.

Presque à la même époque, on montre que le cerveau, considéré comme l’organe spécifique de la conscience, peut fonctionner sur le modèle de la moelle

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épinière, qui commande des réactions réflexes. Comme celle-ci, il est le siège d’automatismes et on parle pour les définir de « cérébration inconsciente » (CARPENTER). Pour CARPENTER, l’état hypnotique, qui est déclenché mécaniquement à la manière d’un réflexe, est un exemple privilégié d’automatisme cérébral. L’inconscient devient un terme de neurologue.

Les vues de BRAID et de CARPENTER se répandent peu à peu en France et chez les médecins français. La « psychologie de l’âme» dont il était question quelques décennies auparavant n’a plus beaucoup de place dans ce contexte neurologique pur et dur.

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1.2. La psychologie scientifique

1.2.1. Les pionniers

Parallèlement à ce mouvement sur l’hypnose et son rapprochement de la neurologie, se développent çà et là des recherches qui constituent les travaux de chercheurs originaux, physiciens pour la plupart, et qui se sont intéressés, en marge de leur discipline, à l’étude des phénomènes psychiques. Ces travaux constituent les premiers balbutiements de la psychologie.

Comme la plupart des disciplines, la psychologie a emprunté des méthodes et des concepts à des disciplines déjà constituées. Dans tout le courant du XIX° siècle, apparaît une conception positive et expérimentale de l’étude des phénomènes, et la psychologie n’échappe pas à la règle : le positivisme tend à se différencier délibérément de la philosophie métaphysique, en se centrant sur les « attributs de réalité et d’utilité de l’objet étudié » (A. Comte). Ce mouvement est appelé le positivisme, ou scientisme, et son initiateur est Auguste COMTE.

La psychologie suit l’exemple des sciences de la nature et prend les formes de la psycho-physique, de la psycho-physiologie, de la psychologie quantitative.

En 1860, un physicien et mathématicien nommé FECHNER (1801 – 1887) publie Eléments de Psychophysique. Il affirme que la conscience est diffuse partout dans l’Univers, que la terre notre mère est un être vivant, que l’âme ne meurt pas. Pour apporter une base expérimentale à ses affirmations, il s’attaque au problème consistant à rechercher une équation entre l’âme et la matière. Cette équation pourrait ainsi montrer leur équivalence, et le fait qu’elle sont identiques. Il conçoit également une loi qui a pour but de décrire la relation entre l’intensité d’une stimulation, et l’intensité de la sensation éprouvée par le sujet.

Les travaux de FECHNER ont bien entendu suscité de multiples controverses, et rien n’a survécu des prétentions métaphysiques de ces dires. Cependant, ils ont été à l’origine de l’introduction de la mesure en psychologie, et, sur le plan expérimental, ont marqué le début de l’étude des méthodes permettant de déterminer le plus petit stimulus perceptible, ou la plus petite différence perceptible entre deux stimuli pour un sujet donné.

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FECHNER a donc cherché à quantifier les phénomènes psychiques. Il est à l’origine de la mesure en psychologie.

HELMHOLTZ (1821 – 1894), physicien lui aussi, n’a pas les mêmes préoccupations métaphysiques que FECHNER. Il aborde en physicien la physiologie d’abord, puis la psychologie. Il accumule des recherches expérimentales très solides, tant qu’elles gardent encore, un siècle après, un intérêt et une valeur propres. Ses recherches portent essentiellement sur le mécanisme de la vision des couleurs (1852), et sur celui de la perception de la hauteur des sons.

On peut dire que, alors que FECHNER a montré la possibilité de la mesure en psychologie, HELMHOTZ, lui, a montré la fécondité de recherches systématiques dans le domaine de la perception.

C’est en 1879 que WUNDT (1832 – 1920), considéré comme le véritable fondateur de la psychologie expérimentale, fonde le premier laboratoire de psychologie expérimentale à l’Université de Leipzig. Il a étudié la médecine, la physique et la chimie, et s’intéresse parallèlement à la philosophie. Ses travaux portent sur les perceptions et les sensations, en particulier dans le domaine visuel, mais aussi dans ceux du toucher, du goût, de l’audition et de la perception du temps. D’autres travaux concernent l’attention, l’affectivité (avec enregistrement du pouls, de la respiration), ainsi que l’emploi de la méthode des temps de réaction : c’est une méthode qui consiste à enregistrer de façon très exacte, à une fraction de seconde près, le temps qui s’écoule entre un stimulus sensoriel (lumière, son…) et la réaction motrice convenue par convention expérimentale (par exemple, serrer une pince dès que le stimulus est perçu.)

Malgré le rôle décisif de WUNDT dans le développement de la l’expérimentation en psychologie, malgré ses intérêts de physiologiste, on a pu lui adresser trois critiques principales :

En premier lieu, sa tournure d’esprit philosophique a considérablement influencé ses écrits. Son système repose tout entier sur une dualité et un parallélisme qu’il établit entre le corps et l’esprit, alors que plus tard, la frontière apparaîtra de moins en moins nette, jusqu’à s’effacer complètement.

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En second lieu, sa psychologie a pour objet les expériences immédiates de l’individu : pour y accéder, il prône l’utilisation de l’introspection dans la méthode expérimentale, qui consiste à demander à l’individu lui même quels sont ses états subjectifs (ce qu’il sent, ce qu’il pense…). Mais elle est la négation d’une méthode objective puisque le sujet est le seul à pouvoir accéder à ses états de conscience. Aucun contrôle ne peut par conséquent être réalisé par des observateurs indépendants.

En dernier lieu, sa méthode consiste, à partir de là, à dissocier en éléments simples les processus conscients et à déterminer les lois qui régissent leur connexion. Cependant, si la méthode semble fonctionner sur un modèle stimulus-réponse, elle échoue devant les « processus supérieurs » (mémoire, intelligence…) qui interviennent dans des comportements plus complexes. En fait, l’étude de ces processus supérieurs est bannie du laboratoire.

Les faiblesses de la méthode introspective de Wundt apparurent de deux façons :

- d’une part, par comparaison avec les méthodes de la physiologie : ce n’est pas en se fondant sur des sensations rapportées par des sujets s’observant eux-mêmes que l’on a pu découvrir les mécanismes de la digestion ou de la respiration ;

- d’autre part, par les succès de la psychologie animale, qui ne peut pourtant pas faire appel à l’introspection. La psychologie animale se base sur l’étude et l’observation des réactions d’un organisme à son milieu et de son comportement.

L’importance de l’œuvre de WUNDT se marque par ses travaux eux-même, mais aussi par le fait que ceux-ci ont suscité des réactions et critiques, qui sont à l’origine des grands courants ultérieurs ayant influencé le cours de la psychologie.

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1.2.2. Les influences ultérieures

A – La psychologie de la forme

Comme on l’a vu à propos de WUNDT, l’étude expérimentale des processus supérieurs, tels que la mémoire ou l’intelligence, impliquent l’abandon de l’attitude trop simpliste consistant à décomposer le vécu du sujet en éléments simples. Il est en effet difficile de rendre compte d’un grand nombre d’adaptations complexes à partir d’un nombre limité d’éléments, dont il aurait fallu montrer comment ils s’associent.

C’est en réponse à cette approche peu satisfaisante que, dans les années 1910 – 1920, une nouvelle école est fondée à Berlin par WERTHEIMER, KOELHER, KOFFKA. Ils considèrent que les faits psychologiques (mémoire, intelligence, perceptions…) sont des unités organisées, des « Gestalten » (c’est à dire : des formes). Pour eux, une forme n’est pas une somme d’éléments. Au contraire, c’est un tout organisé et solidaire : il suffit d’un changement quelconque dans la situation pour que cette forme se modifie de façon complète. Le tout ne se résume pas à la somme des parties.

Par exemple, l’impression que l’on a d’un visage est une vue d’ensemble : on a beau tenter de décrire chaque partie distinctement, il est impossible à un interlocuteur de se le représenter : le visage lui-même est plus que la somme des éléments qui le composent.

Le gestaltisme a dominé la psychologie expérimentale jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Son influence a été profonde dans l’étude du comportement animal en particulier, même si ses limites sont apparues plus tard.

B - L’étude expérimentale des processus supérieurs

L’année même où WUNDT fondait son laboratoire de psychologie expérimentale, (1879) un brillant homme de sciences anglais, F. GALTON (1822 – 1911), avait étudié, entre autres, les processus supérieurs de la pensée, et plus spécifiquement, les « images mentales ». Il avait pour cela utilisé un questionnaire afin de recueillir les témoignages d’un grand nombre de personnes

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sur la nature (visuelle, auditive, kinesthésique) des images mentales que les mots évoquaient pour elles..

C’est cependant un philosophe allemand de culture scientifique, H. EBBINGHAUS (1850 – 1909) qui fut le premier à appliquer de façon systématique à l’étude d’un processus supérieur (qui est pour lui la mémoire), la méthode expérimentale qui avait été déjà utilisée dans les domaines de la sensation et de la perception. EBBINGHAUS découvre les œuvres de FECHNER et de WUNDT, et, outre ses travaux sur la mémoire, a proposé une méthode pour tester l’intelligence des écoliers : il leur demande de compléter un texte comprenant un certain nombre de lacunes.

Nous avons peine à comprendre aujourd’hui pourquoi il a fallu attendre la fin du XIX° siècle pour voir utiliser les procédures et schémas conceptuels des sciences expérimentales dans l’étude des phénomènes psychologiques.

Il a fallu surmonter de multiples obstacles plus idéologiques que techniques. On se faisait sans doute une trop haute idée de l’esprit et une idée trop simple de l’observation le concernant. Ce n’est que lorsque des investigations précises ont pu fournir des données et des méthodes généralisables, que des théories fécondes ont pu voir le jour ultérieurement.

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2. La naissance d’une nouvelle discipline autonome :

2. La psychologie en France : les premières divergences

2.1.1. L’avènement de la psychologie pathologique

C’est à Théodule. RIBOT (1839 – 1916), philosophe de formation, que l’on doit la création de la psychologie comme science autonome avec la publication, en 1870, de La psychologie anglaise contemporaine, dont l’introduction a un grand retentissement. Il y affirme que la psychologie doit se séparer de la métaphysique en lui laissant l’étude des « causes premières »., et qu’elle doit s’attacher à l’observation scientifique de faits plus étendus que les seules « observations intérieures », observables d’ailleurs uniquement par le sujet lui-même. Il voudrait que la psychologie soit étendue à l’étude des comportements observables, et définit ainsi sa conception de la psychologie :

« elle peut embrasser tous les phénomènes de l’esprit chez tous les animaux (les êtres animés) et, les considérant non pas seulement sous leur forme adulte, mais dans les phases successives de leur développement, elle offre un champ immense , presque sans borne, aux recherches. »

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Ainsi, devenue indépendante de la métaphysique, la psychologie ne doit pas, pour autant, se confondre avec la physiologie.

Dans son ouvrage, il explore le domaine de la psychologie pathologique. Pour disposer de « matière première », il lui faut des observations, et il prend donc les faits dont il a besoin dans les livres de médecine, traités de maladies mentales, les écrits des divers psychologues.

Il explique comment la désorganisation mentale s’installe et devient pathologique, en suivant un ordre bien établi. Il met l’accent sur la primauté de la vie affective, dans laquelle les tendances inconscientes jouent un rôle fondamental, pouvant s’extérioriser sous différentes formes : arrêt du développement affectif, qu’il appelle « infantilisme psychologique », et qui annonce ce que FREUD appellera plus tard « arriération affective » ; ou bien dissolution des acquisitions plus récentes.

En 1885, il est nommé responsable de l’enseignement de la psychologie à la Sorbonne, et reçoit en 1888 une chaire de psychologie au Collège de France. En s’inspirant de la méthode expérimentale de Claude BERNARD (1813 – 1878), physiologiste d’une extrême rigueur, et de l’évolutionnisme de DARWIN, RIBOT postule que la pathologie mentale sert de situation expérimentale spontanée permettant de connaître les fonctions sous-jacentes. Il tire son idée essentielle de « dissolution » d’un neurologue anglais, J. JACKSON, pour qui le système nerveux serait constitué de centres formant une hiérarchie : les centres inférieurs sont les plus automatiques, chaque centre contrôlant ceux qui sont inférieurs et étant sous la dépendance de ceux placés au dessus de lui. Les centres supérieurs sont les plus complexes et permettent des adaptations plus fines et plus différenciées, mais ils sont aussi les plus fragiles. Ainsi, la maladie va en premier lieu s’attaquer à eux, entraînant une disparition des aspects les plus différenciés du comportement. En « dissolvant » les fonctions normales, la maladie mentale fait apparaître les hiérarchies sous-jacentes, et amène qu’une « libération » des aspects les plus automatiques, qui étaient jusque là contrôlés.

RIBOT se sert de ce modèle neurologique en l’appliquant à la pathologie mentale. Avec cette théorie, il publie Les maladies de la mémoire (1881) ; Les maladies de la volonté (1883) ; Les maladies de la personnalité (1885).

Ainsi, RIBOT donna à la psychologie ses lettres de noblesse, comme science de l’homme libérée de la philosophie.

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2.1.2. Hypnose et hystérie à la fin du XIX° siècle

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A Paris, Jean Martin. CHARCOT, brillant neurologue de la Salpêtrière, fort des découvertes neurologiques qui l’ont rendu célèbres, se passionne pour l’hystérie. Il est nommé à la tête du services des « agitées » de la Salpêtrière : l’administration y a regroupé toutes les femmes présentant des crises ressemblant à des crises d’épilepsie. Pour CHARCOT, c’est une réelle aubaine que de disposer de ce « musée pathologique vivant », selon son expression. Fidèle à l’esprit scientiste de Claude BERNARD, il ne veut croire qu’à l’expérience clinique et s’attache à l’observation des pathologies. Comme cette expérience passe par l’œil, il s’arme d’un nouvel outil : la photographie, qui permettra d’immortaliser les crises de centaines d’hystériques. Jusqu’alors, on pensait que le Diable lui-même habitait le corps de l’hystérique, qu’elle était possédée, et on avait recours aux exorcistes. Charcot a contribué à dissocier cette pathologie des croyances religieuses d’alors, en étudiant méthodiquement les symptômes, en les décrivant et en en conservant toute trace par tous les moyens disponibles. Après la mort, il autopsiait le cerveau pour découvrir le siège des lésions.

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Ainsi, il croit découvrir une nouvelle maladie : l’hystéro-épilepsie, ou encore « grande hystérie ». Bien que le terme d’hystérie ne soit pas nouveau et date d’Hippocrate, CHARCOT pense pouvoir enfin donner à cette maladie mystérieuse un sens scientifique. Même si elle lui ressemble, cette grande hystérie se distinguerait de l’épilepsie. Le souci de classification de CHARCOT le pousse à étalonner l’hystérie selon un type général, alors que cette maladie se caractérise justement par la profusion de formes hétéroclites. CHARCOT découpe la grande attaque hystérique en quatre temps : une première phase « épileptoïforme » est suivie d’une autre, caractérisée par des mouvements illogiques où le corps se tord par exemple en arc de cercle. La troisième phase est marquée par des attitudes passionnelles (colère, extase, supplications, moqueries, terreur, lubricité…), et enfin, la crise se termine par un délire. En dehors de ces crises, la grande hystérique serait atteinte de stigmates permanents , comme des anesthésies, affectant de manière privilégiée la zone ovarienne, ou bien des contractures.

Les disciples de CHARCOT mettent en vedette une des patientes atteinte de cette grande hystérie, une certaine Augustine, dont les crises, régulières et très « plastiques » permettent de faire toute une série de photographies.

Vers 1878, CHARCOT cherche dans l’hypnose une autre preuve de sa conception de l’hystérie : à l’aide de cette pratique, qu’il transforme soudain en « outil scientifique », il croit découvrir une seconde entité pathologique qu’il appelle « grand hypnotisme ». Celui ci serait, selon CHARCOT, propre aux grands hystériques. Il comporterait des états nerveux spécifiques déclenchés, comme des réflexes, par des stimulations déterminées, que ce soit des passes (mouvements des mains), regards fixés, corps brillants, gong…

CHARCOT reprend là le thème d’un inconscient cérébral de type réflexe, chaque état induit se distinguant par des signes neurologiques spécifiques. Le grand hypnotisme se caractériserait par trois états :- la léthargie, qui est un sommeil provoqué ;- la catalepsie, dans laquelle le sujet reste figé dans ses attitudes motrices ;- le somnambulisme, qui rappelle le somnambulisme magnétique dont parlait

PUYSÉGUR.

CHARCOT obtenait ainsi, à la demande, une hystérie expérimentale, faisant apparaître les symptômes un à un. Mais CHARCOT était neurologue, non

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psychiatre, ce qui fit qu’il s’occupait de la physiologie de l’hypnotisée, et en aucun cas de sa psychologie. Son étude portait avant tout sur les mouvements et les réflexes des hystériques sous sommeil hypnotique.

Aujourd’hui, on peut s’étonner des pratiques de l’époque à la Salpêtrière : les patientes y rentraient pour être guéries de leur état insupportable, et les médecins s’ingéniaient en fait à provoquer ces états en dehors des crises survenant naturellement. CHARCOT voyait là un pas de plus « pour la science », vers la classification de la maladie, étape indispensable avant d’envisager l’aspect thérapeutique.

Cependant, les recherches de la Salpêtrière vont être publiquement remises en cause par un professeur de Clinique médicale à la Faculté de médecine de Nancy, Hippolyte BERNHEIM. Dans son service du nouvel Hôpital central à Nancy, il donne à ses élèves un enseignement plus confidentiel. BERNHEIM, professeur de faculté, a accepté de prendre au sérieux et de suivre un vieux médecin lorrain et magnétiseur, Ambroise LIÉBAULT. A l’inverse de CHARCOT, qui considère que l’état hypnotique est un état anormal qui ne concerne que les hystériques, BERNHEIM montre que l’on peut hypnotiser tout un chacun, et utiliser cet état pour soigner les gens. Il soigne par un sommeil provoqué, paysans et ouvriers nancéens, dans un vieux hangar transformé en clinique. Les consultations se déroulent à la bonne franquette, dans une ambiance familiale et bruyante. Leur manière de faire s’oppose à celle de la Salpêtrière et la visée classificatrice de CHARCOT : leur désir est avant tout de guérir leurs patients.

Dans un livre de 1884, BERNHEIM conteste que la grande hystérie et le grand hypnotisme soient d’authentiques pathologies neurologiques. Par toute une série d’expériences, il montre que la plupart des symptômes identifiés par CHARCOT seraient en réalité le résultat d’un dressage involontaire des malades par leurs médecins. Par exemple, CHARCOT croyait avoir démontré que l’on pouvait transférer d’un côté à l’autre du corps de l’hystérique un symptôme permanent telle une contracture, et ce à l’aide d’un aimant. Or, BERNHEIM montre que l’on peut produire exactement le même effet à l’aide d’un simple bout de métal, à condition que le patient soit convaincu qu’il s’agit d’un aimant.

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Il en déduit donc que la grande hystérie et le grand hypnotisme sont des phénomènes de culture qui sont produits par la suggestion du thérapeute sur son patient. Ceci donnera lieu à des débats passionnés sur l’hypnose, sur lesquels nous reviendrons dans le chapitre III.

Il existe un autre point de divergence entre les deux écoles : pour BERNHEIM, l’hypnose n’est pas l’apanage des hystériques, mais un phénomène que chacun peut présenter à condition qu’il soit « suggestible ». A la différence de CHARCOT, qui ne se réfère qu’à des cas d’hôpital, BERNHEIM se base, dans ses écrits, sur sa clientèle privée, qui va du commerçant impuissant aux femmes de ses confrères. L’hypnotisation est donc un cas particulier de suggestion, que BERNHEIM définit de façon très large : « c’est l’acte par lequel une idée est introduite dans le cerveau et acceptée par lui. »

BERNHEIM reprend donc l’hypothèse émise au début du XIX° siècle, par BERTRAND et l’abbé FARIA.

BERNHEIM affirme par ailleurs que la médecine ne doit pas se contenter de réparer le corps, mais qu’elle doit être également une « psychothérapeutique », c’est à dire une thérapie psychologique. Dans son service hospitalier, à Nancy, il reçoit des patients issus de classes populaires et développe des psychothérapies suggestives qui visent la plupart du temps à supprimer les douleurs et les divers maux. Après avoir mis le patient sous hypnose ou parfois même en état de veille, BERNHEIM ordonne au symptôme de cesser par la suggestion verbale.

La guerre est déclarée entre CHARCOT et BERNHEIM, qui se lancent dans de grandes controverses autour de l’hypnose et de ses applications.

Finalement, ce fut Joseph BABINSKY qui conclut le débat, en confirmant les vues de BERNHEIM. Pour lui, l’hypnotisme est une suggestion, renforcée par un état de non-contrôle. C’est « un état psychique, rendant le sujet qui s’y trouve capable de subir les suggestions d’autrui. » La suggestion est donc différente de la persuasion : elle ne s’adresse pas à la raison volontaire et consciente de la personne à qui elle s’adresse. Elle touche des centres nerveux inconscients.

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En définitive, nous pouvons dire que les travaux de Charcot sur l’hystérie, bien qu’il fut éminent neurologue, se sont soldés par un échec. L’aspect positif de ses expériences est qu’il a mis l’accent sur ce phénomène et qu’il a peut-être permis à ses plus brillants élèves (Freud, Janet) de dégager une leçon : l’existence de l’inconscient.

Dans le registre de la suggestion toujours, on peut évoquer maintenant un personnage qui, s’il a été décrié, a néanmoins proposé une méthode dont il nous arrive aujourd’hui de reparler. Il s’agit d’Emile COUÉ (1857-1926), qui, après avoir travaillé à Nancy avec BERNHEIM en hypnose, mit en pratique l’autosuggestion, suggestion qui vient du malade lui-même.

Quand une personne vit un conflit intrapsychique (par exemple, elle est très timide, et a beau se raisonner, se donner de bonnes raisons de n’être pas timide, etc, elle ne parvient pas à l’être moins.), le raisonnement est complètement inutile. Un psychologue sait qu’il ne sert à rien de « raisonner » une personne sur ses phobies ou sur ses obsessions. Si l’affectivité inconsciente dit « non », le raisonnement peut s’épuiser à dire « oui », c’est l’affectivité qui gagnera.

Coué l’a compris lorsqu’il a dit « Quand l’imagination et la volonté sont en lutte, c’est l’imagination qui l’emporte, sans aucune exception ». Il attribuait donc un rôle capital à ce qu’il appelait l’imagination (en fait, l’inconscient). sa méthode était très élémentaire, et c’est pour cela qu’il a été tant décrié : il demandait aux malades de remplacer une suggestion maladive (je suis malade) par une contre-suggestion saine : répéter, tous les jours, même sans y croire : « tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux ».

La méthode est rudimentaire en ce sens qu’elle n’envisage que les symptômes en bloc. Elle n’envisage que la souffrance ressentie et n’élimine que très rarement les tendances profondes.

Cependant, Emile COUÉ avait posé les bases de techniques thérapeutiques très utilisées aujourd’hui.

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Jean Martin Charcot (1825-1893)

Professeur d’anatomie pathologique à l’Université de Paris, CHARCOT est nommé, en 1862, à la Salpêtrière, où il ouvre en 1882 une clinique neurologique dont la réputation devait rapidement dépasser les frontières, attirant de nombreux étudiants étrangers, et notamment Sigmund FREUD en 1885.

Ses nombreux travaux de recherche en font l’un des fondateurs de la neurologie moderne. Il démontre la dégénérescence de la colonne dorsale dans l’ataxie locomotrice, l’importance de l’anévrisme miliaire dans l’hémorragie cérébrale et met en évidence les centres cérébraux de certaines fonctions nerveuses.

Mais son nom reste surtout associé à l’hystérie, dont il cherchera en vain à démontrer l’origine cérébrale. Ses trois plus brillants élèves, BABINSKI, JANET et FREUD, tirèrent surtout les leçons de cet échec en abandonnant l’hypothèse de l’organicité pour développer des thèses purement psychologiques.

« Ce que j’appelle la psychologie, c’est la physiologie rationnelle de l’écorce cérébrale ». Cette précision éclaire le sens de la formule restée célèbre : « L‘hystérie est une maladie psychique par excellence », qui aurait pu faire croire, à tort, que CHARCOT assimilait les symptômes hystériques à ceux de la suggestion hypnotique qu’il pratiquait lors de ses présentations de malades.

Cette distinction l’oppose précisément à l’école de Nancy, qui réduit l’hystérie à la crise hystérique, et aux aliénistes (TARDIEU, LASÈGUE), qui en font le reflet d’un pur état mental. CHARCOT s’attachera au contraire à repérer l’identité de certains phénomènes hystériques avec ceux résultant de lésions somatiques avérées. Mais ce rapprochement demeurera exclusivement statistique et sera battu en brèche par la clinique.

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1.3. Le développement de la psychologie dans le monde

1.3.1. La Russie et les travaux en psychologie expérimentale

En Russie, c’est dans le cadre de la recherche physiologique que la psychologie va se développer, avec Ivan Pétrovitch. PAVLOV. On a déjà vu, avec HELMHOLTZ et WUNDT, le rôle qu’a pu jouer la physiologie dans la constitution de la psychologie expérimentale. Mais dans les cas que nous avons vu, c’étaient surtout les sensations qui étaient étudiées, et WUNDT avait échoué dans sa compréhension des processus complexes en prônant l’introspection, et en délaissant par là même la méthode expérimentale. Néanmoins, les physiologistes ont toujours continué de croire qu’une application de leurs méthodes aux phénomènes intellectuels et aux « adaptations d’ordre supérieur » permettraient de les comprendre. Par exemple, Claude BERNARD écrivait en 1869 : « La physiologie veut expliquer les phénomènes intellectuels au même titre que tous les autres phénomènes de la vie. »

I.P. PAVLOV (1849 – 1936) se demandait également : « Quelle raison aurait-on de changer de méthode pour étudier les fonctions d’un ordre supérieur ? Tôt ou tard, la science, en s’appuyant sur les analogies des manifestations extérieures, reportera sur notre monde subjectif les données objectives obtenues, et, en éclairant brusquement et intensément notre nature si mystérieuse, élucidera le mécanisme et le sens réel de ce qui préoccupe le plus l’homme, c’est à dire sa conscience... »

Les travaux de PAVLOV se sont développés essentiellement en réaction à la subjectivité et à l’anthropomorphisme générés par la démarche introspective. Leur aboutissement ont donné à la psychologie expérimentale la précieuse notion de réflexe conditionné :

1. on donne un morceau de viande à un chien. Il salive.2. En même temps que l’on présente la viande, on fait retentir une sonnerie3. Après un certain temps, la sonnerie seule suffit à provoquer la salivation.Ensuite, Pavlov apprit au chien :

1. à saliver en entendant une sonnerie. Sonnerie = signal n° 1

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2. à répondre à un autre signal, mais ne se rapportant pas à la nourriture. L’animal ne salive donc pas à ce signal n°2.

Puis :

- On présente au chien de la nourriture en faisant retentir le signal n°2 le chien ne salive pas , alors que la nourriture devait produire la salivation.

Donc :

Signal n° 1 : excitant (émission de la salive) Signal n°2 : inhibant (arrêt de la salive malgré la nourriture)

Les expériences de PAVLOV, si elles semblent ingrates à étudier pour elles-mêmes, posent cependant question et méritent réflexion si elles sont extrapolées à l’homme.

PAVLOV marque une différence essentielle entre la psychologie humaine et la psychologie animale. Mais, selon lui, toutes deux obéissent aux mêmes lois que celles du tissu nerveux. On doit donc pouvoir parvenir à une connaissance de la psychologie humaine aussi précise, objective, scientifique, que pour la psychologie animale, malgré l’extrême différence de complexité qui les sépare.

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2.2.2. L’Angleterre : la psychologie animale et la psychologie différentielle

Le développement de la psychologie anglaise s’inscrit dans le cadre de la révolution darwinienne (l’homme n’a pas été créé tel quel par Dieu, mais descendrait du singe). Les questions ainsi posées par l’hérédité font naître deux courants :

- d’une part, la psychologie animale, qui postule l’existence d’une continuité entre l’animal et l’homme. Il s’agit d’étudier l’animal afin de comparer ses activités intellectuelles à celles de l’homme.

- d’autre part, au sein de l’espèce humaine, la psychologie différentielle, qui s’intéresse aux différences interindividuelles chez l’homme.

A – La psychologie animale

La psychologie animale a reçu deux héritages : celui, d’une part, de la zoologie, et, d’autre part, de même que la psychologie expérimentale, celui de la philosophie.

A l’origine, l’observation des animaux était faite par les chasseurs et les pêcheurs, puis plus tard, par les naturalistes, dont le « métier » est réellement l’observation des animaux dans leur milieu naturel. Tous décrivent les comportements des animaux dans leur milieu naturel, leurs adaptations aux variations des conditions du milieu. En ce sens, ils font de la « psychologie animale », mais ils expliquent souvent les comportements qu’ils observent par des buts que voudraient atteindre les animaux. Ainsi, les explications demeurent finalistes, et, une fois de plus, anthropomorphistes.

Pour savoir quelles sont les véritables causes qui déterminent les comportements, une expérimentation est nécessaire. C’est ce que va s’attacher à faire cette discipline de la psychologie animale. Ainsi, des variations artificielles de l’éclairage déclenchent chez les oiseaux des vols migrateurs hors saison ; ou bien des comportements maternels peuvent être provoqués chez les femelles en leur présentant des copies très grossières de leurs petits, comportant seulement certains attributs de ceux-ci : ces expériences permettent donc d’identifier les déclencheurs de certains comportements animaux, sans avoir besoin d’élaborer des théories sur leurs finalités.

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D’autre part, la psychologie animale a hérité, tout comme la psychologie expérimentale, de certains problèmes théoriques, étant donné ses liens encore trop étroits avec la philosophie.

Son problème essentiel est de savoir si la série des êtres vivants, c’est à dire : du micro-organisme à l’homme, constituait une chaîne continue. Ce problème trouve ses origines lointaines dans la philosophie, notamment chez DESCARTES, lorsqu’il tentait de démontrer qu’il existe une différence de nature entre l’homme et l’animal : l’homme, dit-il, est doué de conscience, ce que n’ont pas les animaux, qui ne sont finalement que l’oeuvre de la matière. Un artisan génial, disait-il, pourrait construire un animal, pas un homme.

De la même manière, la théorie darwinienne de l’évolution a posé ce problème : pour DARWIN (1809-1882) les différences entre individus d’une même espèce sont responsables de l’évolution des espèces, de leur adaptation au milieu. Il admet que ces différences sont héréditaires et que les individus les mieux dotés ont plus de chances de survivre (sélection naturelle), transmettant également leurs gènes à leurs descendants. Ainsi, entre les contraintes du milieu qui nécessitent en permanence de s’adapter et la transmission génétique des qualités, on peut assister à d’insensibles modifications d’une génération à l’autre, se faisant toutefois dans la continuité.

Mais cette continuité, dont parle DARWIN, est une continuité biologique. Pour la psychologie animale, il s’agit de savoir si elle existe d’un point de vue psychologique : la conscience, l’intelligence existent-elles tout au long de la chaîne, ou bien au contraire, selon les vues de DESCARTES, apparaissent-elles brusquement à un échelon de l’évolution, le stade humain?

Ces préoccupations apparaissent de façon plus ou moins nette à l’arrière plan des recherches effectuées au début du XX° siècle en psychologie animale. Cependant, peu à peu, au fil des expériences et des résultats, l’intérêt s’émousse à propos de ce problème assez général et trop philosophique de la continuité de la conscience dans l’évolution des espèces : en fait, on s’aperçoit que les diverses expériences menées conduisent les auteurs, d’une part, à laisser de côté le concept de conscience, et d’autre part, à donner une définition de l’intelligence, concept plus opérationnel. Ainsi, l’intelligence sera, pour les uns, la « possibilité d’initiative », pour les autres, « la faculté d’apprendre », ou encore « une

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spécialisation du système nerveux et une manifestation de discrimination, de docilité et d’initiative ».

Par exemple, THORNDIKE (1874-1949) enferme un animal à jeun dans une cage, avec de la nourriture visible à l’extérieur. Pour se libérer, l’animal doit faire jouer un mécanisme simple, par exemple, appuyer sur un levier. Au début, ce sont des essais fortuits qui entraînent le succès, et progressivement, l’apprentissage se fait , les succès sont obtenus de plus en plus rapidement : la réussite contribue à « fixer » la manoeuvre qui a permis de l’obtenir. C’est ce qu’on nomme la « loi de l’effet », dans un apprentissage « par essais et erreurs ». Ici, l’intelligence est définie comme la faculté d’apprentissage.

Avec une telle approche de la psychologie animale, il n’est plus besoin de définir la notion de conscience. On assiste à l’essor d’une psychologie du comportement, et le problème crucial initial de la conscience n’a plus lieu d’être. Il est refoulé dans le domaine purement philosophique.

L’esprit des expériences menées avec les animaux va au delà de l’intérêt pour le comportement de l’animal lui-même : le psychologue cherche en fait des résultats qui puissent avoir une portée générale, utilisables chez l’homme. C’est en effet l’expérience qui a montré que certaines adaptations animales étaient aussi vérifiables chez l’homme.

Les raisons du travail avec les animaux, et non pas directement sur l’homme, sont doubles :

- d’une part, un processus est plus simple chez l’animal, parce qu’il n’interfère pas - ou moins- avec d’autres processus, comme les acquisitions antérieures.

- D’autre part, les études sur les animaux permettent d’aborder certains problèmes à un niveau plus élémentaire que la plus simple des expériences menée avec l’homme. Par exemple, c’est le cas de l’étude de l’invention d’une stratégie chez le singe : il s’agit pour lui de transporter une caisse sous un appât inaccessible depuis le sol.

Parmi l’évolution des méthodes concernant la psychologie animale, on a pu assister, par la suite, à l’éclosion de trois courants principaux extérieurs à l’Angleterre, sur lesquels nous reviendrons au Chapitre II :

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- les travaux de THORNDIKE sur l’apprentissage ont débouché sur la psychologie du comportement : à partir des travaux sur le rat, devenu le matériel de prédilection des expérimentalistes américains, naît le béhaviorisme, avec WATSON comme précurseur.

- Les travaux de YERKES : il propose, en 1913, de ne pas limiter la psychologie comparative à la psychologie animale, et de l’appliquer à la comparaison des groupes humains entre eux (psychologie différentielle ; psychologie sociale) ; entre enfant et adulte (psychologie génétique), entre normaux et anormaux (psychologie pathologique).

- Les travaux de LORENZ, éthologue, sur la psychologie animale, qui apportent des données à la psychologie sociale. Les travaux de LORENZ rejoignent certaines notions sur lesquelles FREUD avait réfléchi, à propos de l’origine de certains troubles chez l’homme.

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B- la psychologie différentielle :

a. Définition :

La psychologie expérimentale, humaine ou animale, est essentiellement une psychologie générale : en effet, elle recherche des lois, valables pour l’espèce humaine tout entière, voire pour l’ensemble des êtres vivants.

Cependant, si l’on considère des groupes différents d’individus (les hommes/les femmes, par exemple) ou des individus différents, on s’aperçoit que ces groupes ou ces individus différents ne s’adaptent pas de manière identique à une même variation des conditions du milieu.

Ce qui a été établi par la psychologie expérimentale, la « loi », qui est vraie dans sa forme générale pour l’espèce entière, se diversifie lorsque l’on considère des individus ou des groupes différents. C’est l’étude de ces variations qui constitue l’objet de la psychologie différentielle.

b. Origines de l’étude

Dans la théorie de l’évolution, proposée par DARWIN en 1859, le rôle des différences interindividuelles est très important. Ces différences favorisent l’adaptation de l’individu à son milieu, et accroissent don ses chances de survie et ses possibilités d’engendrer des descendants présentant eux-mêmes des caractères favorables.

Un cousin de DARWIN, Sir Francis GALTON, que nous avons déjà évoqué plus haut, avait jeté les bases de la psychologie différentielle. Il avait donc inventé des tests s’inspirant de situations de laboratoire pour mesurer la variabilité interindividuelle, et profite d’une exposition sur la santé à Londres pour les faire passer à 10 000 personnes. Chaque visiteur était « mesuré » de 17 façons différentes. Ainsi, on pouvait mesurer la vitesse des réflexes, on déterminait l’acuité auditive et visuelle, etc.

Cependant, l’objet essentiel de ces tests étaient de vérifier expérimentalement l’hérédité des supériorités ou infériorités établies par les tests. C’est une méthode statistique imaginée par GALTON qui va permettre de le faire, et ce sera là sa découverte la plus féconde.

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C’est donc la psychologie différentielle qui a permis d’établir et de développer la méthode des tests mentaux ; Ces instruments, auxquels d’autres viendront s’ajouter, connaîtront une fortune remarquable au cours du XX° siècle sous le nom de « psychométrie », que nous étudierons avec les grands courants théoriques.(Chapitre II).

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CHAPITRE II

Les grands courants théoriques

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Nous avons abordé jusqu’ici les origines de la psychologie, avec les travaux sur l’hypnose, qui marquèrent le premier intérêt pour le psychisme humain, ainsi que la naissance de la psychologie en tant que discipline autonome et scientifique, tant dans le domaine expérimental que pathologique.

Ce furent là les prémisses de grands courants de pensée qui peu à peu allaient se structurer, et recouvrir des champs théoriques et d’application très divers, que nous allons étudier maintenant.

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1. Quelques définitions :

La psychologie moderne présente une telle multiplicité d’aspects qu’il est bien difficile d’en établir un inventaire systématique, et qu’il serait légitime de parler de « psychologies » au pluriel. Avant de s’aventurer dans l’étude des différents courants de pensée, il nous paraît sage de préciser quelques notions de base auxquelles nous auront souvent recours.

1.1. La notion de psychisme :

Le psychisme, terme apparu fin XIX° siècle, désigne la structure mentale de l’être humain. Il est inaccessible directement à l’observation, et l’on n’en connaît que les manifestations : comportementales, émotionnelles, symboliques. Il est à distinguer du cerveau, sans lequel pourtant il n’existerait pas.

Les diverses conceptions du psychisme ne sont que des hypothèses supportées par différents courants, apparus fin XIX° - début XX°, et que nous allons successivement étudier.

1.2. Les différentes conceptions du psychisme :

On peut distinguer trois grandes conceptions du psychisme, dans lesquelles sont regroupés les courants qui se sont développés en psychologie. Ces conceptions coexistant harmonieusement et se complétant dans la compréhension qu’elles apportent de l’homme, il est utile d’en avoir une claire notion.

A) La conception internaliste :

L’individu est ici considéré comme une entité isolable, qui a des caractéristiques propres. : les traits de personnalité, l’intelligence, les capacités de traitement de l’information, la motivation, les attitudes, l’image de soi… Toutes ces propriétés caractériseraient l’individu au même titre que des caractéristiques biologiques (tailles, poids, sexe…). Les conduites et comportements s’expliquent alors par des caractéristiques psychiques considérées comme étant relativement stables, ce qui fait que l’on peut les mesurer : intelligence, personnalité, motivation, etc…

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Cette conception internaliste s’illustre dans les théories classiques de la personnalité ou les conceptions cognitives (voir plus loin), qui considèrent que le psychisme est assimilable à un système de traitement de l’information.

Au sein de la conception internaliste, on trouve la conception substantialiste, encore davantage extrême : elle suppose que chaque structure psychologique a son correspondant matériel, c’est à dire dans le cerveau. La neuro psychologie est basée sur un tel présupposé. Par exemple, les émotions sont régies par le système limbique dans le cerveau.

B) La conception externaliste :

Ici, les réponses de l’organisme sont dépendantes des stimulations dont il est l’objet. La théorie qui illustre le mieux cette conception est la théorie béhavioriste, qui ne considère que les stimulus et les réponses, faisant abstraction de la dimension psychique de l’individu. Il est donc possible de faire l’économie du psychisme.

Une position encore plus extrême, dite « éliminationniste », considère que la conscience n’est autre qu’un épiphénomène inutile, car les états mentaux n’ont pas d’existence objective.

C) Conception interactionniste :

Dans cette conception, intermédiaire entre les deux précédentes, le psychisme est le produit d’interactions, et il ne peut donc se comprendre que par rapport à une genèse, un potentiel de départ : ainsi, le nouveau né possède un potentiel génétique dont le développement va être induit par ses rapports avec le milieu, et dans ce développement, le climat affectif sera fondamental pour entretenir les motivations et le niveau de vigilance, et permettre ainsi les acquisitions cognitives.

Cette conception, qui prend en compte l’inné et l’acquis, voit dans le sujet un être de relation, en situation et en rapport avec les autres sujets. C’est de ces relations qu’émergent le psychisme et la conscience de soi.

Les thèses de FREUD et de la psychanalyse sont fondées sur l’interactionnisme, par l’importance accordée à la relation à autrui, et à la mise en langage des expériences comme moyen d’accéder à la connaissance de soi.

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1.3. Conscience et inconscient

En psychologie, la conscience désigne un phénomène de présence, à soi et aux autres : elle implique un sujet, des représentations mentales et des mécanismes psychophysiologiques (perception, vigilance, attention, mémoire…).

La conscience n’est pas un phénomène que l’on peut voir de l’extérieur. Ce n’est que par un mécanisme autoréflexif et d’introspection que l’on peut connaître un état mental : désir, intention, connaissance, jugement, etc…et l’on postule que ce qui se passe chez soi peut se passer chez les autres. Et si les individus peuvent communiquer, c’est parce qu’ils se prêtent les uns aux autres des états mentaux.

Il existe plusieurs niveaux de conscience, déterminés par ce qui se passe dans la physiologie. En effet, dès que le système nerveux reçoit un message :

- il canalise le message vers les centres nerveux directement intéressés par ce message. Cette canalisation permet l’activation des centres nerveux intéressés. En même temps, cette excitation nerveuse permet la puissance, l’énergie exigée par l’action du moment. C’est le phénomène de dynamogénie.

- En même temps, le système nerveux bloque les centres nerveux qui n’ont rien à voir avec l’action du moment. Il provoque un arrêt de toutes les formes de comportement qui ne sont pas intéressées par l’action. C’est le phénomène d’inhibition. Cette inhibition est un blocage, donc un sommeil. Les parties du cerveau ne participant pas à l’action du moment, dorment :

Donc l’excitation de certains centres nerveux est accompagnée automatiquement du blocage des autres. Dans le cerveau, plus la zone d’excitation est réduite, plus les zones bloquées sont étendues.

Ces niveaux de conscience sont les suivants :

• La rêverie

Dans la rêverie, le cerveau n’est sollicité par aucun sujet particulier. C’est un état d’abandon pendant lequel le sujet est spectateur des sensations qui se déroulent dans son cerveau. Le rêveur n’a son attention attirée par aucun point précis. Les « messages » sont donc très nombreux. Le cerveau est donc ouvert,

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éveillé au maximum, tandis que le blocage est minimum. Il existe une forme supérieure de rêverie : la méditation.

• La méditation

La méditation est physiologiquement semblable à la rêverie. On confon souvent « concentration » et « méditation », mais c’est une erreur. La véritable méditation ne consiste pas à penser avec effort à quelque chose de précis, mais à laisser « flotter » le cerveau autour d’un thème général. L’état de méditation est passif, le cerveau reçoit le maximum de sensations. Etant donné le « flottement » du cerveau et le nombre de centres nerveux en action, les idées se déroulent facilement. La réceptivité est au maximum, le blocage est minime.

• L’attention

Faire attention signifie : faire attention à quelque chose. Ici, l’esprit se fixe sur quelque chose, un ou des points précis. L’attention est une sorte de concentration faible Les messages se diriges vers certains centres nerveux, et le blocage des autres se fait immédiatement. Il existe divers degrés d’attention : l’attention dispersée (un écolier distrait) ou l’attention fixe (une conférence qu’on écoute avec intérêt).

• La concentration

La concentration consiste à fixer sa pensée avec effort sur un point unique (un problème difficile, par exemple). La zone du cerveau en activité est alors très réduite, ce qui est normal, puisque l’attention est fixée sur un seul point. Par conséquent, les zones bloquées sont très étendues. Donc au cours d’une très forte concentration, la plus grande partie du cerveau dort. Cela explique pourquoi, quand nous sommes très concentrés, nous ne remarquons rien autour de nous : les zones bloquées de notre cerveau sont incapables de recevoir d’autres messages (bruits, radio, paroles…) Poussée jusqu’à la pathologie, la concentration se transforme en idée fixe.

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• L’idée fixe

L’idée fixe, de même que les obsessions, les ruminations mentales, est une concentration extrême, involontaire et maladive. La personne reste perpétuellement bloquée sur le même sujet. D’où une très forte excitation de quelques centres du cerveau, qui travaillent jusqu’à épuisement. Mais seule cette petite partie du cerveau, en activité exagérée, est activée. Tout le reste dort. On sait d’ailleurs que les sujets atteints d’idées fixes, ou obsessions, ne remarquent rien en dehors d’elles.

Par conséquent, une grande partie de nos actes ne sont pas accessibles à la conscience. Ceci explique que les thèses cognitivistes supposent du non conscient.

L’inconscient, lui, est un concept freudien. FREUD postule que le système psychique est scindé en 2 systèmes distincts (conscient – inconscient) en conflit, puisqu’ils n’obéissent pas aux mêmes principes (principe de plaisir pour l’inconscient / principe de réalité pour le conscient). L’inconscient ne peut être atteint que par ses manifestations (rêves, lapsus, actes manqués…)

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2. Les grands courants théoriques :

Ce second chapitre a pour but de présenter un panorama des grands courants existants en psychologie. On peut présenter ce panorama selon un schéma comprenant deux axes :

- l’un va du normal au pathologique ;

- l’autre, du social au biologique.

2.1. La psychologie : science du comportement

2.1. Le béhaviorisme :

Au début du XX° siècle, on assiste à une rupture brutale de la pensée avec la psychologie définie comme se préoccupant des faits de la conscience, ainsi qu’on la connaissait avec CHARCOT et les partisans de l’introspection (WUNDT, GALTON…)

Dans un article intitulé « La psychologie vue par les béhavioristes », WATSON, un philosophe américain, inaugure cette révolution comportementale de la psychologie. Nous avons déjà vu les critiques contre l’introspection préconisée par WUNDT. WATSON constate l’échec de l’introspection en disant l’impossibilité d’établir une psychologie qui serait la science des faits de conscience, et dit que seul le comportement observable peut constituer un objet d’étude scientifique.

Au moment de la rédaction de son article, WATSON était alors professeur en psychologie animale. On comprend bien son point de vue dans ce contexte : comment, en effet, étudier les faits de conscience d’un rat ?

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Mais les considérations de WATSON ont pris une valeur générale en s’étendant à l’espèce humaine. Du coup, c’est la psychologie entière qui s’est construite, à travers le courant béhavioriste, (de behavior : comportement) à partir des éléments observables et objectifs : les stimuli et les réponses.

On appelle d’ailleurs la psychologie béhavioriste la « psychologie S-R » (stimulus-réponse).

Si WATSON a considérablement influencé la révolution béhavioriste, il ne fut pas le seul. L’évolution de la science et de la philosophie créaient en elles-mêmes un terrain propice à cette orientation.

Nous avons vu, au chapitre I, l’influence de PAVLOV en Russie : il travaillait sur les réflexes conditionnés, et souhaitait délibérément bannir toute référence au psychisme et à la conscience. Le réflexe conditionné allait devenir un élément de base constitutif du comportement et était en grande partie susceptible de l’expliquer. WATSON a adopté ces découvertes, qui allaient pleinement dans le sens des théories comportementalistes.

Entre le stimulus et la réponse, il y a certes un organisme, mais qui doit être considéré comme la « boite noire », au contenu de laquelle on ne peut accéder. Le seul matériel accessible au psychologue est constitué des réponses de l’organisme, et le but du psychologue est de décrire les lois qui relient ces réponses aux stimuli.

L’idée principale du béhaviorisme est que le comportement s’explique par des régularités dans les renforcements (réflexes conditionnés) auxquels les individus ont été soumis dans leur environnement. En effet, lorsqu’un réflexe conditionné est entretenu régulièrement, il se renforce et produit un comportement donné. La théorie béhavioriste explique tous les processus d’apprentissage par le conditionnement ; tout le comportement humain est réflexe.

Pour les béhavioristes, la personnalité serait l’ensemble de nos habitudes réflexes, et serait donc conditionnée par les circonstances. L’homme serait donc le produit des circonstances. La pensée serait « sécrétée par le cerveau comme le foie sécrète la bile » ; la maladie mentale s’expliquerait par des contradictions entre réflexes excitants et inhibants (voir PAVLOV). D’une manière générale, l’homme serait une immense machine, un ensemble très complexe de réactions, aussi bien dans les facultés supérieures que dans les actes inférieurs.

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Il est vrai que nombre de pensées, habitudes et actions ne sont que des réactions que nous avons apprises. Elles sont des réflexes conditionnés aux circonstances sociales, géographiques, religieuses, morales, familiales… De ce point de vue, il peut être intéressant de réfléchir sur l’importance capitale de l’éducation. En effet, l’éducation première de l’enfant peut alors s’apparenter à des suggestions et des réflexes conditionnés. Si de « mauvais » réflexes, c’est-à-dire des réflexes inadaptés sont mis en place, le sujet risquera de ne pas pouvoir vivre de manière harmonieuse par rapport aux circonstances, et de toujours, inlassablement, donner les mêmes réponses, inadéquates.

Malgré les apports incontestables du béhaviorisme, il est apparu que l’approche de WATSON était sur certains points, partiale et simpliste. Ses successeurs ont élargi, rectifié et enrichi ses conceptions, ce qui a abouti au développement de plusieurs écoles béhavioristes.

Deux tendances majeures occupent aujourd’hui la place de ce béhaviorisme Watsonien : la neuropsychologie, que nous étudierons ultérieurement dans cette même partie, sur la psychologie en tant que science du comportement, et le cognitivisme, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, d’autre part, étudiée dans la partie (3) sur la psychologie en tant que science du psychisme.

En ce début de XXI° siècle, on peut dire que la boite noire des premiers béhavioristes, réputée inconnaissable, est devenue, grâce aux recherches récentes, plus transparente.

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2.2. La neuropsychologie :

Située au carrefour de la psychologie et de la physiologie, la psychophysiologie est l’étude des mécanismes physiologiques par lesquels s’accomplit le comportement de l’homme et des animaux. Elle est née et s’est développée sous l’impulsion de chercheurs provenant d’horizons scientifiques différents En particulier, le physiologiste HELMHOTZ et le psychologue WUNDT, déjà évoqués, estimaient qu’à tout comportement ou état de conscience devait correspondre un état spécifique des fonctions nerveuses centrales.

Nous nous intéresserons plus particulièrement aux découvertes faites par cette discipline sur les émotions.

Une grande partie du psychisme de l’homme, que nous pourrions appeler le « psychisme supérieur » (ce qui se fait dans le domaine du conscient et n’est pas régi par les instincts, son aspect « socialisé », la volonté, etc…) dépend de l’écorce cérébrale, ou néocortex.

Pourtant, une autre zone, située bien au dessous, dans des centres inférieurs, est très importante : c’est le thalamus (et les régions voisines : hypothalamus, corps striés…), qui est comme le « cerveau de l’inconscient ».

La région du thalamus est le centre des instincts, des émotions, de la douleur, des habitudes et de l’humeur. L’inconscient, l’ « hérédité psychique » et ce qui est refoulé est régi par cette zone. Le thalamus règle aussi la veille et le sommeil. C’est un véritable cerveau intermédiaire à lui seul, dont dépend tout le système sympathique (système nerveux neurovégétatif). Il communique ses informations à l’écorce cérébrale.

Une expérience a été faite sur un singe thalamique, c’est à dire à qui on a coupé les connexions nerveuses allant du thalamus à l’écorce cérébrale. Ce singe a continué à vivre, n’est pas devenu fou… il a sombré dans un état d’inertie et de stupeur, étant gouverné par ses centres inconscients. Chez les mammifères supérieurs, il existe donc de puissants rapports entre le thalamus et l’écorce cérébrale. C’est pour cela que notre « moral » agit sur notre physique : d’innombrables relations nerveuses existent entre l’écorce cérébrale et le thalamus, donc avec nos viscères, notre peau, notre système nerveux sympathique… Des opérations de la région thalamique laissent également

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apparaître des symptômes maniaques, avec leurs caractéristiques : euphorie, hilarité, calembours continus, plaisanteries obscènes… ou bien des symptômes dépressifs : angoisse profonde, sanglots, peur panique…ce qui montre que des perturbations de cette zone lèvent un contrôle : l’inconscient se déchaîne sans qu’un frein vienne le réguler.

L’écorce cérébrale, elle, permet l’apparition de la conscience, et est aussi le centre qui régule, harmonise, contrôle et régularise les émotions Si elle ne fonctionne pas bien, les pulsions du thalamus seront livrées à elles-mêmes, sans subir de contrôle. On peut le constater dans les cas de surmenage, de tracas prolongés, de colères…lorsque nous sommes fragilisés ou fatigués, la vie inconsciente semble prendre le relais. Nous avons donc deux cerveaux, l’un réglé par l’écorce cérébrale, l’autre, par les centres thalamiques.

Il est dès lors facile de comprendre le mécanisme de la conversion : lorsque le conflit psychologique se convertit en un symptôme organique. L’approche psychophysiologique permettent de comprendre comment le psychique et l’organique, le cerveau et le corps sont une totalité, puisqu’ils sont sans cesse en relation.

L’émotion est une réaction de l’organisme à une situation troublante, agréable ou désagréable. Elle peut retentir sur l’ensemble de l’organisme, et, si elle est très profonde, ou constante, ou répétée, elle peut même être un vecteur de maladie. Les conflits affectifs, les angoisses, les ressentiments, hostilités… sont des émotions qui peuvent, si elles ne sont pas exprimées, devenir dangereuses. Or, notre organisme tend spontanément à éliminer les situations désagréables, qui risquent de troubler son équilibre, et à rechercher les situations de joie et de bien-être

Une violente émotion s’accompagne de changements mentaux, mais aussi physiques :

- d’une part, une puissance anormale de l’influx nerveux, qui est comme « débordé », et la conscience est perturbée.

- D’autre part, une décharge d’adrénaline, qui est une substance sécrétée par les glandes surrénales et qui joue un rôle dans le stress. Elle permet la contraction des muscles comme elle peut faire en sorte que le sujet se sente « bras et jambes coupés ».

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Une émotion est faite pour pouvoir être déchargée. Si, pour des raisons d’éducation ou autres, l’individu qui l’éprouve la rentre en lui-même, la retient, elle aura des effets nocifs : par exemple, l’adrénaline va continuer de se déverser sans pouvoir être déchargée, et se trouvera en excès. Le système cardio-vasculaire peut s’emballer et se fatiguer (manque de souffle, vertiges, fatigue rapide, douleurs…). La peau, également, répond fortement aux émotions, parce qu’elle est directement en relation avec le système sympathique : ainsi, eczémas, urticaire, verrues… peuvent apparaître. Il en est de même pour les troubles gastriques, les troubles circulatoires…, facilement sujets aux perturbations émotionnelles.

L’observation de cas pathologiques a permis de préciser les localisations cérébrales des structures intervenant dans les activités verbales, par exemple. Ou encore, l’observation de sujets dont le corps calleux (neurones qui relient entre eux les hémisphères droit et gauche) a été sectionné a permis de déterminer la complémentarité de ces deux hémisphères : ainsi, le droit est spécialisé dans le traitement des informations visuelles (reconnaissance des visages, des formes, mémorisation des repères spatiaux) et auditives (mélodies, paroles) ; il est l’artiste, tandis que le cerveau gauche est plus analytique, « matheux », « scientifique ».

Ainsi, l’étude des émotions par la neuropsychologie a pu montrer notamment par quels mécanismes fins elles entraient en jeu dans la genèse des maladies psychosomatiques et dans le stress. Actuellement, les recherches mettent de plus en plus en évidence le rôle primordial du psychisme dans maintes pathologies.

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2.3. La psychométrie :

En 1879, GALTON avait déjà donné la première définition du terme de « psychométrie », et une affirmation de la nécessité des méthodes quantitatives dans les sciences de l’homme. « La psychométrie signifie l’art d’imposer aux opérations de l’esprit la mesure et le nombre…jusqu’à ce que les phénomènes d’une branche quelconque de connaissances aient été soumis à la mesure et au nombre, cette branche de connaissances ne peut assumer le statut et la dignité d'une science. »

La psychométrie est la science psychologique issue de la psychologie différentielle vue au chapitre I. Elle étudie les individus par l’intermédiaire de tests psychométriques dont, nous l’avons vu, F. Galton fut l’initiateur à la fin du XIX° siècle.

Comme le béhaviorisme, elle s’appuie sur des éléments observables et objectifs, et s’épanouit à la même époque que lui.

C’est à Binet que revient le mérite de publier en 1905 et d’utiliser le premier test mental pratique. Dans un article intitulé « La psychologie individuelle », il montre, avec Henri, que la meilleure façon de différencier les individus est de le faire sous l’angle de leurs facultés supérieures. BINET souligne avec vigueur la nécessité d’avoir une méthode d’examen d’avoir des enfants dits « anormaux », et propose, avec SIMON, son « échelle » (Echelle BINET-SIMON), composée d’un grand nombre d’épreuves courtes, variées et très éloignées des situations courantes, s’intéressant aux processus supérieurs.

Cette échelle marque le début de l’essor de la méthode des tests. Elle se révèle meilleure que les tests réalisés jusque là par GALTON, et est reprise aux Etats Unis, et adaptée par TERMAN en 1937 (Echelle de TERMAN MÉRILL). On parle d’ « âge mental » du sujet.

Par ailleurs, en 1917, les Etats Unis, ayant à reculer une armée très rapidement et à choisir des cadres, se servirent systématiquement des tests mentaux avec une extension qui eut un profond retentissement. Ceux-ci connurent alors un succès considérable dans l’industrie, l’éducation, (orientation des enfants, mise en évidence de leurs aptitudes ou inaptitudes), et plus accessoirement en médecine (évaluation des différents facteurs de personnalité,

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mesure d’une détérioration mentale dans les cas de démence…). Si les tests les plus employés portaient sur l’exploration de l’intelligence, des connaissances et des aptitudes, les tests de personnalité se développèrent aussi à partir de 1930, ainsi que des « profils psychologiques », avec un graphique qui présente de manière synthétique les supériorités et infériorités relatives d’un individu dans différents domaines.

Le champ de la psychométrie reste l’application du nombre et des méthodes quantitatives dans l’étude des conduites et des comportements, de leurs motivations et de leurs finalités. De plus, les progrès de l’informatique et les facilités offertes par le développement des méthodes de calcul électroniques ont ouvert à la psychométrie des voies nouvelles en rendant possibles le traitement de valeurs numériques et complexes ; l’exploitation de toutes les données statistiques portant sur le comportement humain fait partie intégrante de la psychométrie.

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Alfred Binet (1857-1911)

Titulaire d’une licence en Droit et d’un Doctorat en sciences naturelles, il fut tout d’abord disciple de CHARCOT et a mené des travaux sur l’hypnose et le magnétisme. D’abord Directeur adjoint de l’Ecole des Hautes Etudes, il en devient le directeur en 1896. Il se tourne alors vers la psychologie de l’enfant avec la volonté de conduire une étude scientifique expérimentale des fonctions supérieures de l’esprit (mémoire, raisonnement, etc…). Il est sensible aux différences interindividuelles et cherche à établir des typologies. C’est en procédant à des observations dans les écoles qu’il en vient à s’intéresser à la pédagogie.Il crée en 1894 l’Année psychologique, première revue française de psychologie.L’instauration d’une école publique obligatoire, par Jules FERRY en 1881-1882 ayant fait ressortir le problème des « écoliers instables », « réfractaires », « indisciplinés », « arriérés », Fernand Buisson crée la Société Française pour l’étude psychologique des enfants en 1899. BINET y joue un rôle actif et en devient le président de 1902 à sa mort en 1911.Dans le cadre d’une commission interministérielle chargée de préparer la loi du 15 avril 1909 instaurant un enseignement spécialisé pour enfants anormaux au sein de l’école, il conçoit, avec le Dr SIMON, une échelle métrique de l’intelligence destinée à déceler les enfants nécessitant un enseignement spécial.Cette échelle est constituée de petites épreuves proches de la vie courante (donner son nom de famille, classer des images, répéter des chiffres ou des phrases… faisant appel aux fonctions supérieures. L’échelle fournit une évaluation de l’âge mental, c’est à dire de l’âge qu’ont les enfants normaux fournissant habituellement les réponses données par le sujet évalué. Elle repose sur des données d’ordre statistique. Elle a connu une notoriété mondiale et connu de nombreuses adaptations. D’autres échelles en dérivent comme la Weschler, la NEMI (Nouvelle Echelle Métrique de l’Intelligence) de ZAZZO, toujours utilisées aujourd’hui. BINET décède prématurément en 1911 d’une attaque cérébrale, sans avoir connu l’enthousiasme dans lequel a été accueillie aux Etats Unis, son échelle. A sa mort, le domaine de l’intelligence déficiente devient une chasse gardée des médecins.

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2.2. La psychologie : science du psychisme

La psychologie en tant que science du psychisme est celle qui va s’intéresser à la « boîte noire » du béhaviorisme, c’est à dire aux opérations qui ont lieu entre le stimulus et la réponse.

Aussi, les phénomènes étudiés à ce niveau peuvent porter tant sur la perception (les entrées), que sur les cognitions et opérations mentales, que sur la vie psychique émotionnelle et pulsionnelle (sorties).

2.2.1. Les processus cognitifs et l’intelligence:

2.2.1.1. La psychologie cognitive

La psychologie cognitive s’est construite en grande partie, en réaction au courant béhavioriste. Elle est une réponse alternative à ces théories concernant les explications du comportement humain, car elle fait l’hypothèse qu’il est possible d’appréhender ce qu’il y a entre le stimulus et la réponse, ou le comportement, c’est à dire qu’elle étudie ce qui se trouve dans la « boîte noire ». Elle met l’accent sur les phénomènes de cognition, c’est-à-dire sur les phénomènes liés à la connaissance. Elle postule l’existence de représentations mentales de nature symbolique, et de traitements opérant sur ces représentations, généralement sur le modèle de l’ordinateur séquentiel.

Depuis les années 60, le cognitivisme se base sur la théorie de l’information. Mais au préalable, il a largement été inspiré des théories antérieures, telles que la psychologie animale (voir chapitre I) ou encore les théories de l’apprentissage développées aux Etats Unis par TOLMAN, en particulier chez le rat. Dans les années 1920, TOLMAN a critiqué le modèle trop succinct que constituait la psychologie du comportement en termes de stimulus-réponse.

Nous allons voir successivement trois domaines d’étude de la psychologie cognitive, qui recouvrent son champ d’investigation.

A – Les représentations mentales et la mémoire

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La psychologie cognitive postule l’existence de représentations mentales. Il s’agit de modèles intériorisés que le sujet a construit à partir de son environnement et de ses actions sur cet environnement.

Parmi les différents types de représentations mentales, on peut distinguer les représentations permanentes (stables, durablement implantées en mémoire à long terme) ex : la représentation d’une table, les compétences nécessaires à la conduite d’une voiture, etc…, et les représentations transitoires, qui sont des extraits de représentations permanentes « chargées » en mémoire de travail, c’est à dire que le sujet peut y avoir accès à tout moment. Par exemple : j’ai besoin de prendre en compte les informations du contexte à un moment précis pour conduire la voiture (circulation, météo, état de la voiture…)

La mémoire peut être considérée comme la pierre angulaire de la psychologie cognitive, étant donné son imbrication étroite dans les représentations mentales. Le développement de l’utilisation des ordinateurs pour coder, traiter, stocker l’information a suscité des réflexions par analogie sur la manière dont procède le cerveau humain dans le traitement de l’information. Ainsi, la mémoire est psychologiquement conçue comme les modèles de mémoires informatiques, composées de différentes mémoires.

Par exemple, le modèle d’ATKINSON ET SHIFFRIN (1968) décrit un modèle de mémoire basé sur trois systèmes :

- la mémoire sensorielle (informations sensorielles conservées en mémoire)

- la mémoire à court terme (maintien d’une information durant quelques secondes)

- la mémoire à long terme (stockage permanent des informations)

B- Les activités mentales :

Les activités mentales concernent une partie des activités cognitives. Elles se situent au delà du traitement des informations d’origine sensorielle (voir, entendre, toucher…). Dans la vie quotidienne (travail, école) ces activités mentales sont soumises à des objectifs : on dit qu’elles sont finalisées.

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On considérera ici deux types d’activités mentales, sachant qu’il en existe beaucoup d’autres :Raisonner et Résoudre des problèmes.

• Raisonner :

Il existe différents types de raisonnement, connus depuis l’Antiquité. Le terme de « raisonnement » est utilisé pour désigner à la fois l’activité intellectuelle, et le produit de cette activité. La classification des raisonnements est fondée sur la diversité des activités intellectuelles qu’ils impliquent.

Les raisonnements dits canoniques s’appuient sur des règles établies, notamment par les logiciens : la connaissance et l’application de ces règles conduit à un raisonnement sûr. C’est le cas des raisonnements inductif et déductif :

Le raisonnement déductif procède à partir de prémisses (propositions qui sont tenues pour vraies) pour en tirer de nouvelles propositions ayant valeur de vérité également : Exemple : Toutes les fleurs du jardin son blanches, toutes les fleurs blanches sont belles (prémisses). Donc toutes les fleurs du jardin sont belles (conclusion)

Le raisonnement inductif procède d’une série de propositions contingentes (les faits) pour en tirer une relation générale. L’induction expérimentale en est le prototype.

Bien que les raisonnements canoniques aient été très étudiés, la plupart des raisonnements que nous employons au quotidien sont d’une autre nature : ce sont plutôt des raisonnements incertains, qui s’appuient sur l’expérience acquise (le raisonnement du commissaire qui enquête sur un crime, ou du médecin qui fait un diagnostic). Dans ces cas, le raisonnement vient de cas connus que l’on met en relation par analogie avec le cas nouveau à traiter. Ce sont davantage la diversité des cas rencontrés et l’expérience, ainsi que la capacité à les relier, qui rendent compte de l’efficacité du raisonnement, plutôt que la logique pure.

On a également décrit, en psychologie cognitive, les biais de raisonnement, c’est à dire les facteurs qui vont influencer un raisonnement dans un sens plutôt que dans un autre : ainsi, on a les biais de confirmation : on a tendance à retenir les informations qui vont dans le sens de l’hypothèse ; les biais de représentativité : tendance à retenir les informations les plus probables…

• Résoudre des problèmes :

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C’est un autre type d’activité mentale. Résoudre un problème, c’est avant tout construire une représentation de la situation. Cette représentation va être fonction du but à atteindre, et des moyens connus pour y parvenir. Donc, la représentation du but va déterminer en grande partie la représentation de la situation. La représentation de la situation et celle du but sont très intriquées.

Pour arriver à résoudre un problème, il faut pouvoir organiser les étapes de sa résolution. C’est ce que l’on appelle la planification. Elle peut s’appuyer sur les données du problème, et on dira qu’elle est dirigée par les données : c’est la planification ascendante. Ou bien, les étapes sont déduites de la représentation de la situation : c’est la planification descendante, dirigée par les représentations.

C - La communication :

La psychologie cognitive se base sur la théorie de l’information. Mais il n’y a pas d’information sans que celle-ci soit communiquée. C’est ainsi qu’ont été modélisés les principes de la communication.

La distinction entre communication verbale et non verbale, qui était autrefois de mise, est aujourd’hui dépassée. L’accent est maintenant mis sur la multicanalité, et la pluralité des systèmes de communication.

Le modèle de communication le plus connu est celui de SHANNON et WEAVER (1948), qui décrit celle-ci comme un processus qui va d’un émetteur vers un récepteur, via un canal.

La source produit un message : c’est de l’information. Par un processus d’encodage, l’émetteur transforme le message en signaux (par exemple, les mots de la langue, composés de phonèmes), et ces signaux passent par un canal (moyen utilisé pour transporter les signaux : par exemple la voix humaine).

Le décodage consiste en une reconstruction du message par le destinataire, ou récepteur (personne à laquelle le message est transmis).

Aujourd’hui, les conceptions de la communication tendent à être de plus en plus influencées par la philosophie du langage : il s’agit de rendre compte de la manière dont les interlocuteurs se comprennent et peuvent converser.

La compréhension n’est pas simplement le décodage d’un signal ou la maîtrise d’un code. Elle nécessite aussi le partage d’expériences, de

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connaissances, de routines conversationnelles. Par exemple, deux individus qui se comprennent malgré le fait que tout ne soit pas véhiculé dans le code : - Les volets de M. Dupont sont fermés. – Téléphonons lui. – Tu as raison, ce n’est pas normal. : à partir de la fermeture des volets, les deux interlocuteurs soupçonnent quelque chose d’inhabituel.

On constate, parmi les caractéristiques de la communication, la synchronisation de l’interaction : les interlocuteurs s’ajustent l’un à l’autre sur leur débit verbal, la hauteur de la voix, les mimiques…, et la diversité des canaux utilisés : canaux vocal, visuel, olfactif, tactile, thermique…

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3.1.2. La psychologie développementale :

La psychologie développementale s’attache à rendre compte des transformations des conduites et du système psychique qui interviennent au cours de la vie, autrement dit au cours d’un développement.

A- Les méthodes utilisées :

En général, le moyen le plus simple pour déterminer l’ordre dans lequel s’effectuent les acquisitions, est d’observer les mêmes sujets pendant toute la durée de ce développement. C’est ce que l’on appelle la méthode longitudinale. Ainsi, de nombreux psychologues ont d’ailleurs observé leurs propres enfants : c’est le cas de BINET, par exemple. A la fin du siècle dernier sont apparues les premières observations longitudinales. C’est à l’aide de méthodes statistiques très simples qu’on put déterminer, pour une acquisition donnée, un âge moyen où cette acquisition est réalisée : savoir empiler des cubes, dire papa, se reconnaître dans un miroir sont des acquisitions qui ont été référencées par la psychologie du développement.

Il y a également une autre manière de procéder : par exemple, étudier tout un groupe d’enfants du même âge, afin d’évaluer une acquisition précise. C’est ce que l’on appelle la méthode transversale.

B- Les principaux auteurs :

Jean PIAGET a utilisé cette méthode avec des groupes d’enfants d’âge différent. Ainsi, il a pu étudier les modalités d’acquisition du langage, l’acquisition de la notion du nombre…

PIAGET reconnaît volontiers l’utilité de la méthode des tests psychométriques, issue de BINET, pour l’évaluation du développement individuel, mais pense qu’elle convient mal à l’étude des mécanismes de la pensée enfantine,

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car elle ne permet pas de faire s’exprimer le sujet assez librement, de manière à obtenir une réponse prenant en compte tout le contexte mental, condition nécessaire à une interprétation adéquate.

PIAGET a donc recours à un examen clinique, au cours duquel il contrôle ses hypothèses. Il considère ces entretiens comme un test qui permet de suivre le raisonnement de l’enfant, de recueillir ses réactions. Il peut poser des petites questions permettant d’éprouver ce raisonnement : Pourquoi l’eau monte t-elle dans le verre lorsqu’on y met un petit caillou ? Y a-t-il plus de pâte à modeler lorsque la boule est aplatie ? … Il recueille les réponses et les regroupe en stades, qui caractérisent, à des âges donnés des formes de plus en plus évoluées de raisonnements.

Au fil de sa carrière de chercheur, PIAGET aura étudié le jugement et le raisonnement chez l’enfant, la causalité physique, le jugement moral, les notions de nombre, de quantité, de temps, de mouvement et de vitesse, d’espace et de hasard.

Pour lui, le développement est essentiellement progressif, continu. Les stades du développement seraient comme des bornes le long de la route que l’enfant a à parcourir. L’enfant évolue, constamment stimulé par l’inadaptation de ses conduites, pour atteindre en finalité l’état d’adaptation et de l’équilibre de l’adulte.

Pour Henri WALLON, il en est autrement : A ses yeux, la succession des stades de l’enfant est essentiellement discontinue. « Le passage d’un stade à l’autre, dit-il, n’est pas une simple amplification, mais un remaniement. Entre les deux, il semble que s’ouvre une crise. Des conflits ponctuent donc la croissance, comme s’il y avait à choisir entre un ancien et un nouveau type d’activités. »

WALLON revient sans arrêt sur cette conception du développement marqué de crises, qu’il compare à de véritables révolutions au sein du développement de l’intelligence de l’enfant. Pour lui, il existe deux facteurs distincts et indissociables qui interviennent dans les crises :

- d’une part, un facteur biologique, essentiellement constitué par la maturation progressive du système nerveux qui dure les premières années de la vie, et qui ouvre peu à peu à de nouvelles possibilités physiologiques de l’enfant

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- d’autre part, un facteur social, constitué de situations nouvelles auxquelles la maturation nerveuse de l’enfant lui donne accès, et sans lesquelles ces fonctions nerveuses ne pourraient se développer.

Pour WALLON, les émotions ont un rôle très important dans le développement psychologique de l’enfant. Elles permettent le développement de la vie mentale, car l’enfant accède, par leur intermédiaire, à la conscience des événements. L’entourage verbalise souvent l’émotion éprouvée par le nourrisson (sentiment d’inconfort, de bien être) et facilite cet accès à la conscience, à la fois par les réponses données aux émotions de l’enfant, et par des sollicitations à tonalité émotionnelle.

Le désaccord sur la notion de stade est très net chez PIAGET et chez WALLON. Ce dernier pense que PIAGET ne fait que décrire le développement tout en croyant l’expliquer, et trouve que la description en continu du développement est pour le moins simpliste.

C- Les applications :

La psychologie développementale porte essentiellement sur le développement de l’enfant, et nous avons pu voir, dans la partie consacrée à la psychométrie, que ces travaux se sont souvent déroulés dans le cadre scolaire, notamment ceux de BINET. Ces examens effectués par tests sont effectués dans le courant de la scolarité à des fins d’orientation scolaire, et se sont répandus un peu partout.

Partout aussi, le psychologue s’efforce d’aider l’enfant à surmonter les difficultés qu’il peut éprouver dans son développement, et les travaux de la psychologie développementale sont une aide non négligeable en ce domaine.

En France, c’est Henri WALLON qui a décidé, à la Libération, la création de psychologues scolaires. En 1949, ceux-ci tiennent leur premier congrès. L’activité des Conseillers d’Orientation se fonde également sur la psychologie de l’enfant et de l’adolescent. Les applications pratiques de la psychologie développementale ont été très nombreuses et continuent à l’être de nos jours.

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Jean Piaget ( 1896 – 1980)

Né dans une famille universitaire suisse protestante, il s’intéresse dès l’enfance aux sciences naturelles. Il décrit les oiseaux, collectionne les coquillages. Le sérieux de son travail lui fait mériter, à 11 ans, d’être admis à participer à des travaux au Musée d’Histoire Naturelle de Neuchâtel. Il y étudie les mécanismes d’adaptation d’un petit mollusque d’eau et publie sur ce thème une quinzaine d’articles scientifiques. Toute sa vie, il s’est intéressé à la biologie et se conceptions du développement en seront profondément marquées.

Après l’obtention de son doctorat ès sciences, Piaget traverse une période d’interrogations de tous ordres : métaphysique, philosophique, politique… Mais son intérêt se concentre vite sur les problèmes de la connaissance et il s’oriente vers la psychologie. Il trouve dans le laboratoire de Th. Simon à Paris un terrain favorable pour développer ses observations auprès des enfants

En 1921, il publie dans le Journal de psychologie une étude relative à la maîtrise de la logique des classes et des relations. Jusqu’en 1955, il étudie les raisonnements en psychologie de l’enfant et en psychologie du développement. A partir de 1955, il crée en Suisse le Centre International d’Epistémologie génétique et réexamine la genèse chez l’enfant des grandes catégories de la pensée (nombre, espace, temps, vitesse, causalité…). Il propose une théorie générale de la construction des connaissances : le constructivisme.

Henri Wallon (1879-1962)

Normalien, agrégé de philosophie en 1902, Wallon fait des études de médecines afin de se consacrer à la psychologie. Sa thèse porte sur les délires chroniques. Il devient assistant dans les asiles de Bicêtre et de la Salpêtrière, et pratique en dispensaire et en libéral. En 1921, il est chargé d’enseignement à l’Institut de

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psychologie que vient de créer Piéron, et il devient Professeur au Collège de France en 1937.Il s’engage très tôt et milite chez les socialistes, puis adhère en 1942 au Parti Communiste. A la Libération, il est nommé secrétaire de l’Education nationale (actuellement : ministre) et élabore, avec Paul Langevin, une réforme de l’enseignement (loi Langevin-Wallon).Toute sa vie, il s’est intéressé à la prise en charge des enfants déficients.Ses ouvrages majeurs sont : L’enfant turbulent (1925), les origines du caractère chez l’enfant (1934), l’évolution psychologique de l’enfant (1941) De l’acte à la pensée (1942) Les origines de la pensée chez l’enfant.

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2.2.2. Les pulsions et les affects : la psychologie des profondeurs.

2.2.2.1. Pierre Janet :

Nous avons vu au chapitre I que la psychopathologie est née avec Th. RIBOT, contemporain de CHARCOT à la fin du XIX° siècle. RIBOT était très influencé par la neurophysiologie et son leitmotiv était, dans la même perspective que les béhavioristes, d’étudier les comportements observables.

Pierre JANET fut un de ses élèves, mais il s’est, l’un des premiers, distancié des travaux des béhavioristes et de la neurophysiologie, tout en affirmant lui aussi la nécessité de s’en tenir à l’observation des conduites. Les « conduites » dont il parle se situent à une autre échelle que celles des béhavioristes, qui comptent combien de fois un rat dans un labyrinthe emprunte le couloir de droite. Celles que JANET envisage sont des catégories plus larges, englobant des ensembles d’actes ayant une signification, un but car JANET cumule une formation philosophique et scientifique : il est agrégé de philosophie en même temps qu’il étudie la médecine et la neurophysiologie. Il est, comme FREUD, un élève de CHARCOT à la Salpêtrière, afin de pouvoir étudier mieux les hystériques qui le passionnent déjà. Il pratique l’hypnotisme avec acharnement et écrit une thèse sur l’Automatisme Psychologique en 1889. JANET a accumulé de nombreux volumes d’observations cliniques, sur quarante années, témoignant chaque fois d’un regard pénétrant et profondément humain. « Le rétrécissement dans les spécialités n’est jamais une bonne chose, dit-il. Si l’on s’occupe de psychologie, il a des effets déplorables. La psychologie, par sa définition même, touche absolument à tout. Elle est universelle ; il y a des faits psychologiques partout. »

Son regard de philosophe l’amène à considérer que le propre de l’homme est d’être plongé dans des situations auxquelles il doit en permanence s’adapter le mieux possible. La vie courante demande des milliers d’adaptations : circonstances imprévues, responsabilités nouvelles, coups durs, échecs, émotions… L’homme normal intègre ces circonstances, il les « digère » mentalement. Ces événements fusionnement harmonieusement dans son moi, sans heurt ni fatigue particulière. Mais l’homme « anormal » ne parvient pas à « intégrer » mentalement ces événements auxquels il lui faut s’adapter. Ils restent

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en dehors de son moi et travaillent pour leur propre compte, formant, en quelque sorte, des satellites mentaux, ne s’intégrant pas dans le réservoir général de l’affectivité. Chacun d’eux impose des tiraillements et produit des symptômes, venant rompre l’unité du moi.

JANET a étudié les actions épuisantes, c’est à dire les activités pouvant mener à la baisse de tension. Les principales sont : la fatigue émotive prolongée, le surmenage mental, toutes les émotions dépressives. Il est vrai que souvent chez les déprimés, l’action reste uniquement à l’état de désir ; la personne fait tout à moitié. Il y a des personnes épuisantes également, qui ont, d’une certaine manière, autorité sur leur entourage (autorité cachée ou manifeste). Le Moi, face à une personne épuisante, ou dans des situations épuisantes, devient divisé, dispersé, encombré de satellites.

JANET accepte volontiers la notion de réflexe conditionné issue des béhavioristes : si l’action à accomplir est déjà connue et se fait par habitude-réflexe, alors il n’y a aucune difficulté et l’adaptation se fait. Mais là où cela peut poser problème, c’est dans les situations nouvelles, ou d’apprentissage : là, l’adaptation va se faire, ou non. On peut donc considérer qu’il existe des actes de « haute tension » et d’autres, de « basse tension ». La tension demandée est en rapport direct avec la complexité de la conduite à adopter. « Il est évident que certains actes sont plus coûteux que d’autres et épuisent davantage les forces (…) il faut bien comprendre que l’accomplissement des actes élevés appartenant à la série de la réflexion, est capable bien plus encore de déterminer des dépressions. »

La sagesse est donc pour chacun, puisque nous avons tous des potentiels différents pour nous adapter aux situations nouvelles, de connaître ses limites et de ne pas les dépasser.

Considérant cela, JANET envisage la conscience comme ayant une activité de synthèse : elle doit réaliser la fusion harmonieuse au sein de la personnalité, de milliers de circonstances différentes.

Nous l’avons dit, JANET s’est également beaucoup intéressé à l’hystérie. A cette maladie curieuse, on a donné de multiples interprétations. L’hystérie apparaît toujours là où on ne l’attend pas : lorsqu’elle ne donne pas de convulsions, elle donne de violents maux de tête, puis ce sont des vomissements

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qui apparaissent, puis des paralysies. Ou encore des obsessions, idées fixes, des douleurs parfois atroces…

Au XIX° siècle, nous l’avons déjà vu avec CHARCOT, ce furent les neurophysiologistes qui se penchèrent sur cette maladie, pensant pouvoir trouver une localisation de la maladie, ou une lésion organique, mais en vain.

Au début du XX° siècle, la tendance psychosomatique de la médecine a commencé à ramener l’hystérie à de plus justes appréciations. JANET constata, à l’instar de CHARCOT, la ressemblance frappante qu’il existe entre les manifestations hypnotiques et les phénomènes hystériques. Il pensa alors que les hystériques s’étaient elles-mêmes persuadées d’être paralysées, ou aveugles, et qu’elles s’étaient donc fait une autosuggestion, devenue une idée fixe. Mais d’où venait cette idée fixe ? Comment était-elle née ?

Peu à peu, on comprit qu’il y avait derrière ces symptômes un sens caché à découvrir, une signification dont il fallait trouver les mobiles essentiels. Cette nouvelle compréhension de l’hystérie ouvrait enfin à la psychologie des profondeurs.

Elle posait la question de la conscience, telle que l’avait posée JANET : la conscience « normale » serait le fruit homogène et agréable des événements et situations nouveaux qui ont bien été assimilés, auxquels on s’est bien adapté. Les symptômes hystériques surgissent comme des satellites particulièrement gênants, venant entraver le cours normal de la conscience. Le symptôme agit, comme un langage autonome, sans l’assentiment et hors du contrôle du moi du sujet.

Ainsi, les réflexions de JANET sur les problèmes d’adaptation, et en particulier sur l’hystérie ont permis d’appréhender le rôle de la conscience chez l’être humain, et d’ouvrir la voie à la notion d’un inconscient.

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2.2.2.2. Sigmund Freud et l’invention de la psychanalyse

Afin de ne pas répéter le contenu du cours de Psychanalyse (1° année), nous tenterons de nous limiter sur la théorie, mais nous allons retracer le cheminement de la pensée de FREUD qui l’a amené à créer la Psychanalyse.

La première phase de la pensée freudienne (1882-1897) consiste en une distanciation d’avec la psychiatrie d’alors, organiciste et neurologiste. La formation de base de FREUD est faite de biologie et de médecine. Mais ces disciplines ne le satisfont pas pleinement car il juge insuffisant ce qu’elles peuvent apporter à ses patients. Il se tourne alors vers la psychologie, alors qu’il est encore étudiant. Il va découvrir l’hypnose et l’hystérie avec CHARCOT. Cette rencontre est pour lui une révélation. Même si, par la suite, il rejettera l’hypnose, les expériences de CHARCOT, suscitant au moyen de l’hypnose des états expérimentaux « sur commande » donnent à voir à FREUD des mécanismes fondamentaux que la science ignore encore. Il y voit avant tout la preuve du caractère psychique de l’hystérie (les symptômes sont suscités à volonté par la suggestion), et la force de la parole (à travers les suggestions de CHARCOT).

Après CHARCOT, FREUD rencontre également à Nancy BERNHEIM et LIÉBAULT, spécialisés, nous l’avons vu, dans la suggestion hypnotique thérapeutique (celle de CHARCOT ne l’était pas, mais plutôt, rappelons nous, expérimentale). De plus en plus précisément, il comprend l’importance de la suggestion et de la parole dans le processus de guérison. Il apprend également que les malades ne perdent pas totalement le souvenir des actes qu’ils ont accomplis en état d’hypnose, et qu’en insistant beaucoup, on peut les retrouver. Il en est de même pour les événements traumatiques, que l’on peut faire revenir en mémoire en multipliant les questions. Est alors formulée par FREUD l’idée qu’il existe toute une zone inconsciente, et qu’elle est habitée par une résistance à devenir consciente (d’où les difficultés des malades à retrouver l’origine de leurs troubles). Il se demande quelles sont les forces qui empêchent le malade de s’exprimer, et développe à partir de là ses premières théories.

Avec le cas d’Anna O., il explicite, pour la première fois, la méthode cathartique, où l'effet recherché est la décharge d'une tension engendrée par des événements pathogènes de l’enfance. Grâce à cette décharge émotionnelle, le sujet se libère de l’affect lié au souvenir de l’événement traumatisant.

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FREUD abandonne alors la méthode, trop pénible, des questions insistantes pour obtenir les souvenirs, et ce sont alors les prémisses de l’association libre, pierre angulaire de la psychanalyse, que l’on voit se dessiner. Le sujet est invité à exprimer sans discriminations toutes les idées qui lui viennent à l’esprit. Cette technique, datant de 1898, est toujours en vigueur dans les thérapies analytiques.

Dans sa seconde phase (1897-1905) la pensée freudienne est celle de la première théorisation de l’appareil psychique (1900). C’est ce qui correspond à la première topique (de topos : lieu). Ce terme permet de souligner le projet freudien de la mise en place d’une géographie du psychisme humain. La volonté de FREUD de donner une carte de l’esprit humain apparaît clairement dans le schéma qu’il propose. Il s’agit de la localisation symbolique de trois zones mentales dans l’appareil psychique :

- le conscient (CS)

- le préconscient (PCS)

- l’inconscient (ICS)

Le système du conscient, aussi appelé « Perception – Conscience », représente tout ce qui perçoit dans le mental : c’est le système perceptif qui assure la relation de l’individu avec le monde. C’est aussi le siège des processus de pensée, de réflexion et de raisonnement. FREUD le place à la périphérie du système, parce que c’est le plus superficiel, et donc le plus accessible.

Le système Préconscient se situe en position intermédiaire entre conscient et inconscient. Il ne joue pas un rôle capital, mais assure la médiation entre les pensées conscientes et inconscientes. Il est le siège de la représentation de mots, des représentations inconscientes sur le point de devenir conscientes, en d’autres termes, la « salle d’attente » des contenus mentaux.

L’inconscient, quant à lui, représente la base de l’édifice psychanalytique. Avant FREUD, les manifestations non conscientes étaient plus ou moins reconnues, mais non considérées : la supériorité de la conscience était l’idée maîtresse des

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philosophes depuis l’Antiquité. FREUD a montré combien la raison, la maîtrise de soi pouvaient vaciller sous le poids de l’inconscient.

L’inconscient se définit, par le préfixe « IN », par ce qui n’est pas conscient. Le mot exprime ainsi l’opposition avec le système conscient : il n’est pas en dessous, ou au dessus, il n’y a pas de jugement de valeur. (Pierre JANET ou certains philosophes employaient le terme de « subconscient », qui signifie « en dessous du conscient »).

Pour FREUD, l’inconscient est vivant et en mouvement. Il n’est ni inné, ni héréditaire, il se construit au fur et à mesure de l’histoire de chacun. En effet, le conscient est limité et ne saurait contenir toutes les informations emmagasinées, qui vont donc aller se loger dans des couches psychiques plus ou moins profondes et inconscientes. Pour FREUD, tout l’inconscient est constitué de contenus refoulés.

A ce stade, en 1909, FREUD illustre l’exposé de ses idées par une comparaison : dans un auditoire attentif, se serait glissée une personne perturbatrice, qui, par ses rires et ses bavardages, empêche l’écoute des autres. Quelques uns tentent de la mettre à la porte, et montent la garde pour l’empêcher de revenir. Mais ce personnage ne continue pas moins d’exister. Il est derrière la porte, et frappe, crie et proteste pour se faire entendre. Un négociateur peut aller le trouver pour qu’il entre, à condition qu’il s’engage à ne pas troubler l’assistance.

De la même manière, il peut, dans notre conscience, y avoir des idées « perturbatrices », que nous ne pouvons accepter, pour des raisons morales par exemple. Nous chassons donc ces idées de notre conscience, mais elles continuent à exister dans notre inconscient. Simplement, un barrage leur interdit l’accès à la sphère consciente : c’est lui qui correspond à la résistance. De même que le perturbateur reste derrière la porte, la pensée refoulée continue d’exister et tente de se faire entendre par des symptômes, qui en sont des manifestations déguisées, symboliques. De même que le négociateur de notre comparaison, le médecin, ou le psychanalyste, est celui qui ira retrouver le perturbateur à l’extérieur de la sphère consciente, pour le ramener à l’intérieur. Et si l’idée perturbe de nouveau, il appartiendra au patient de reconnaître qu’il a eu tort de la refouler, et qu’il doit l’accepter, la transformer en une idée acceptable, ou bien la sublimer.

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Pour trouver les idées refoulées, le médecin devra vaincre la résistance qui veille à la porte du conscient, en écoutant ce que dit le malade au moment où il formule librement toutes ses pensées, et en interprétant aussi ses rêves ou ses actes manqués.

La troisième phase (1905 -1915)freudienne constitue un tournant décisif pour l’histoire de la psychanalyse. Avec les Trois Essais sur la théorie de la Sexualité, FREUD développe l’importance de la sexualité infantile. Là, on le voit encore très habité par ses études en neurologie : il a une approche assez « organique » des fonctions psychologiques : ainsi par exemple, le « principe d’inertie », selon lequel les neurones tendent à vouloir éliminer complètement la quantité d’excitation qu’ils reçoivent, principe repris par la suite dans la théorie des pulsions. La pulsion est une poussée qui a sa source dans une excitation corporelle localisée. Son but est l’apaisement de la tension qu’elle suscite (par exemple, par un comportement visant à la décharger) : c’est le principe de constance.

La sexualité infantile a été développé dans le cours de Psychanalyse, aussi, nous ne ferons qu’en mentionner les étapes. Elle a été formalisée par FREUD par des stades, évoluant avec l’âge de l’enfant, stades auxquels correspondent des zones érogènes différentes (sources somatiques d’excitation libidinales).

Ainsi, on a :

- le stade oral dont la zone érogène correspondante est la bouche ;

- le stade anal, dont la zone érogène est la musculature sphinctérienne ;

- le stade phallique, dont la zone érogène est la zone génitale. C’est à partir de ce stade que FREUD élaborera sa théorie du Complexe d’Œdipe.

La quatrième phase de la pensée freudienne (1915 – 1923) commence à introduire des distinctions entre les types de pulsion : dans un premier temps, FREUD différencie les pulsions du Moi et les pulsions sexuelles, et dans un second temps, les pulsions de vie et les pulsions de mort.

- Pulsions du Moi / Pulsions sexuelles :

FREUD appelle aussi les pulsions du Moi « pulsions de conservation » : elles correspondent en fait aux instincts et poussent l’individu à satisfaire ses besoins

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vitaux (se nourrir, se reproduire, etc…). Elles assurent la survie de l’homme et incarnent ainsi une dimension très primaire et très archaïque de l’individu, détachée des notions de désir et de plaisir.

Il existe d’ailleurs des pulsions obéissant à ces deux notions : ce sont les pulsions sexuelles, correspondant aux désirs et à la recherche de plaisir. Elles ne visent plus à la satisfaction de besoins vitaux, mais se rattachent aux notions de bien-être, de jouissance, de bonheur. Elles sont également appelées « libido » ou « Eros ». Par rapport aux pulsions du Moi, elles traduisent une évolution de l’énergie psychique, puisqu’il ne s’agit plus seulement de la survie, mais d’agrémenter son existence.

- Pulsions de vie / Pulsions de mort :

Plus tard, vers 1920, FREUD remarque, lors de son expérience clinique, l’existence de la compulsion de répétition (tendance à répéter les événements traumatisants ou désagréables). En raison de son caractère pénible et négatif, il suppose que le fonctionnement psychique n’est pas exclusivement dominé par la tendance au plaisir, ainsi qu’il le pensait précédemment. Il émet l’hypothèse que coexiste à côté de cette tendance, une tendance à la destruction, en continuité avec la tendance de la matière animée à retourner à l’inanimé, et qu’il appelle « pulsion de mort ».

Cette pulsion de mort est aisément repérable dans la tendance qu’ont les enfants ou les adultes à reproduire des événements désagréables, mais aussi dans les guerres, l’agressivité… bref, la violence inhérente aux êtres humains. Plus particulièrement, c’est à travers le sadisme t le masochisme, attitudes incarnant la pulsion de mort, que FREUD étaye sa théorie.

En définitive, les pulsions du moi et les pulsions sexuelles constituent la pulsion de vie, et s’opposent à la pulsion de mort.

Dans la complexité humaine, il y a intrication des deux. Par exemple, le fait de fumer est une recherche de plaisir (pulsion sexuelle) associé à un processus morbide (nocivité, relation aliénante à la cigarette… relevant de la pulsion de mort). On retrouve ce schéma dans l’alcoolisme, les sports à haut risque, etc…

La cinquième phase (1923 – 1939) est celle de la seconde topique : Ca – Moi – Surmoi. Ces trois nouvelles instances ne sauraient venir se superposer à celles de la première topique (Inconscient – Conscient – Préconscient). Par

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exemple, tout ce qui est attribué au Moi n’est pas forcément conscient : c’est le cas des mécanismes de défense.

Nous passerons rapidement en revue les trois instances, considérant qu’elles ont déjà été abordées plus en détail dans le cours de Psychanalyse.

Les instances ne sont pas constituées dès l’origine. FREUD considère que le Ca existe seul au commencement de la vie, et que, rapidement, avec les premières frustrations, le moi commence à se construire. La mise en place du surmoi survient plus tardivement : elle est le résultat de la résolution du complexe d’Œdipe.

Le Ca correspond au réservoir pulsionnel, dans lequel sont contenus les instincts, les besoins vitaux, les tendances agressives et les désirs. Il est l’ensemble des pulsions de vie et de mort.

FREUD dégage trois points fondamentaux du Ca :

- il est le réservoir pulsionnel

- il existe dès les origines de la vie

- il est inconscient, mais n’est pas l’inconscient : l’inconscient contient aussi une partie du Moi et le Surmoi.

Le Moi s’ébauche dès la première frustration, et se construit sur elle, sur l’épreuve de la réalité. La solidité du Moi sera indispensable à l’équilibre psychique. Celui-ci sera conditionné par la capacité de l’individu à prendre conscience des réalités, et donc à supporter les désillusions et la frustration. Le Moi se construit progressivement chez l’individu. Il est au début relativement faible : le moi de l’enfant ne gère que partiellement la réalité. Les caprices sont des exemples des difficultés qu’il peut avoir à accepter les frustrations. Puis le Moi se fortifie au cours de la vie.

Cependant, les frustrations et les souffrances ne cessent jamais, et, plus le Moi est fort, plus l’individu sera capable de les gérer, de s’adapter positivement en société, de tolérer les différences, etc… A l’inverse, un moi faible aura tendance à prendre ses désirs pour des réalités en cherchant à obtenir coûte que coûte ce qu’il souhaite. Il vivra dans l’illusion de sa toute puissance.

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Le surmoi est en quelque sorte la conscience morale, les interdits, le système éducatif intériorisé. En d’autres termes, la représentation du permis et du défendu. Il s’établit tardivement (vers 6 ans), à la sortie du complexe d’Œdipe, en relation avec les interdits fondamentaux qui sont intériorisés à cette période : l’interdit de l’inceste et l’interdit de tuer.

La découverte des principes généraux de la psychologie des profondeurs est facilement assimilable à Sigmund FREUD. Même s’il y eut des précurseurs, il fut le premier à formaliser l’appareil psychique avec autant de précision, et ses découvertes n’ont pas été démenties jusqu’à aujourd’hui.

Il a inventé la méthode de la libre association, démontré l’existence d’un esprit inconscient, dont il a montré la dynamique de fonctionnement, formulé les mécanismes essentiels impliqués dans les causes de maints désordres émotionnels (névroses, psychoses), découvert la sexualité infantile, et développé les principes essentiels de l’intervention thérapeutique, en inventant la méthode de la libre association.

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2.2.2.3. L’approche clinique et psychopathologique :

A- Définitions :

Nous avons vu, avec Th RIBOT, que l’approche psychopathologique était née, à la fin du siècle dernier, avec l’idée que les fonctions psychiques normales peuvent être éclairées par une approche des pathologies mentales. La psychologie clinique, quant à elle, est une discipline plus récente, qui se veut un pont entre psychanalyse et psychologie expérimentale. Elle a été introduite en France par Daniel LAGACHE en 1949.

Ces deux approches, distinctes dans leur définition et dans leur appellation, se rejoignent en fait dans la pratique et sont très souvent citées simultanément.

Rappelons ce qu’est la psychopathologie : c’est une réflexion théorique sur la psychiatrie, et son champ d’expériences et d’études est la maladie mentale. Elle fait appel à tout un champ de connaissances et de disciplines : la psychiatrie et la psychologie, mais aussi la psychanalyse, la sociologie, l’anthropologie, la linguistique, la psychopharmacologie, la biologie, et d’autres disciplines encore. A cause de cette diversité des apports, et aussi en raison du courant théorique au sein même de la psychologie dans lequel elle va se situer (cognitivisme, béhaviorisme, interactionnisme…) la manière dont elle peut être envisagée est très diversifiée. Par exemple, la psychopathologie d’inspiration analytique se conçoit dans un espace relationnel où un sujet écoute un autre sujet, ou bien un groupe, parler de ses souffrances. Alors que la psychopathologie d’inspiration comportementale considère le comportement pathologique comme étant inadapté, et vise à lui en substituer un autre, plus approprié au contexte.

La psychologie clinique, quant à elle, recouvre un domaine plus vaste que la psychopathologie : elle s’applique en effet aux conduites humaines pathologiques mais aussi normales. La définition que donne D. LAGACHE, en 1949, de la psychologie clinique est la suivante : « On entend essentiellement par psychologie clinique une discipline psychologique basée sur l’étude approfondie des cas individuels. En termes plus précis, la psychologie clinique a pour objet l’étude de la conduite humaine individuelle et de ses conditions psychologiques

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(hérédité, maturation, conditions psychologiques et pathologiques, histoire de vie), en un mot, l’étude de la personne totale « en situation ».

L’existence de ces approches pose la question de la frontière entre le normal et le pathologique, le normal étant envisagé en fonction des normes et des pratiques sociales, et non pas d’un être humain abstrait et éternel.

B- Les différents types de causalité en psychologie clinique :

La psychologie clinique et la psychopathologie supposent la recherche des causes liées à l’état donné d’un individu. La multiplicité de leurs modèles explicatifs fait qu’elles se différencient par les types de déterminants qu’elles mettent en avant : ainsi, elles peuvent rechercher des causes avant tout organiques, sociologiques, psychologiques, ou encore, multicausales.

Regardons de plus près ces modèles de causalité :

Le modèle organogénétique :

C’est le modèle selon lequel on va assigner une cause organique ou génétique à une pathologie mentale. Cette thèse est la plus ancienne dans le champ de la psychiatrie et trouve ses fondements dans les découvertes neurologiques du début du XIX° (par ex : Korsakov qui mit en évidence que la polynévrite est à l’origine de maladies mentales. Cette perspective réduit les maladies mentales au seul dysfonctionnement d’un « organe » : le système nerveux.

Parmi les auteurs modernes, un des tenants de cette approche est H. Ey (1900 – 1977), avec sa théorie de l’organo-dynamisme, qui articule les données somatiques et psychologiques pour expliquer la genèse de toutes les maladies mentales. Pour lui, le point de départ est toujours organique, avec des « variations physiogènes anormales », et qui ont pour conséquence les dysfonctionnements mentaux.

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Le modèle sociogénétique

Ici, la causalité est d’ordre social. On peut différencier les approches qui caractérisent ce modèle à partir du niveau de l’organisation sociale qu’elles mettent en cause : famille, groupe ethnique, groupe socio-culturel…

Dans le champ de l’ethno-psychiatrie, un certain nombre de travaux montrent comment l’opposition du « fou » et de l’homme normal peut prendre des formes différentes selon les cultures. (travaux de Tobie NATHAN)

D’autres recherches ont mis en évidence des corrélations entre les formes socio-culturelles des groupes ethniques et les particularités des formes morbides : ainsi, il y a en occident beaucoup de névroses obsessionnelles, alors qu’il n’y en a pratiquement pas dans certaines populations africaines ou asiatiques.

Le modèle psychogénétique:

Cette approche s’étaye sur une conception purement psychique des maladies mentales et a été inaugurée surtout par les travaux de CHARCOT à la Salpêtrière, qui a montré dans le cas des hystériques la possibilité de l’émergence de maladies mentales sans support organique.

La plupart des modèles de la psychologie génétique mettent l’accent sur l’importance de la psychogenèse pour expliquer le développement de l’enfant. PIAGET et WALLON, que nous avons déjà évoqués par ailleurs, sont les deux auteurs principaux de cette approche, et proposent chacun une théorie des stades du développement qui met l’accent sur l’activité mentale du sujet.

Aujourd’hui, on admet que chacun de ces modèles explicatifs ne soit pas en soi suffisant. Dans le champ de la psychopathologie s’est imposé un modèle qui domine aujourd’hui, et vise à l’intégration de ces différents modèles.

Par exemple, pour la schizophrénie, il est aujourd’hui établi qu’elle est le résultat de l’interaction de plusieurs facteurs : il y a un risque plus élevé d’apparition du trouble parmi les membres d’une même famille par rapport à la population générale, ou encore chez des jumeaux homozygotes, même élevées dans des familles différentes, ce qui étaye l’hypothèse génétique.

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D’autres travaux permettent d’avancer l’hypothèse d’un dysfonctionnement cérébral (dans le système dopaminergique notamment, c’est à dire qui sécrète la dopamine, neurotransmetteur du système nerveux central.), hypothèse organogénétique, donc.

A ces travaux s’ajoute l’hypothèse de perturbations psychologiques survenues pendant l’enfance avec la mère, et celle d’interactions familiales pathogènes.(théorie de la double contrainte)

De plus en plus, on s’oriente vers l’hypothèse d’une prédisposition génétique qui , dans un milieu nocif, se déploierait d’autant plus aisément.

C- Spécificités des approches clinique et psychopathologique :

- La dimension thérapeutique est spécifique de ces approches : les diverses techniques utilisées ont pour fonction d’agir sur les troubles par des moyens psychologiques, que ce soit par la parole, le corps, etc. Les références théoriques utilisées ont comme unique finalité la mise en œuvre de pratiques thérapeutiques visant le mieux être des individus. Ces pratiques relèvent d’indications précises et nécessitent une formation spécifique de la part du praticien.

- L’approche se fait à partir de la relation entre le sujet et le praticien. D’une part, chez le patient, il y a la souffrance, sa plainte et sa demande. Chez le praticien, il y a le soutien qu’il offre, par sa présence et sa technique. La relation elle-même est faite du transfert et du contre-transfert.

Le patient :

La souffrance d’une personne ne renvoie pas toujours aux causes que l’on peut supposer. Par exemple, il n’est pas rare qu’une personne « qui a tout pour être heureuse » soit en état de souffrance, lequel est, en général, déterminé par l’histoire de la personne.

La plainte est ce qui émerge lorsque la souffrance est adressée à quelqu’un. On peut adresser une plainte à maintes personnes : un ami, un médecin, des membres de la famille… Les réponses à cette plainte vont bien sûr dépendre de la personne à qui elle a été adressée.

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Une personne qui souhaite être débarrassée de sa souffrance s’adresse à un thérapeute pour lui demander de l’aide. Le clinicien doit considérer la relation que le sujet entretient avec sa souffrance : par exemple, il existe souvent un paradoxe dans cette relation : à la fois, on a envie de se débarrasser de cette souffrance puisqu’elle nous fait souffrir, et à la fois on y tient parce qu’elle procure des bénéfices dits « secondaires », qu’il appartient au clinicien de cerner. De ce fait, se borner à adresser sa plainte à un thérapeute ne suffit pas pour mettre en œuvre le processus de changement. La personne doit se poser la question du sens à donner à ce qui lui arrive, pouvoir se remettre en question et être déterminée à changer quelque chose à sa situation. Donc, un « véritable demande » n’est pas juste une demande de guérison, car ce serait remettre le changement entièrement aux mains du thérapeute. C’est aussi avoir le désir de comprendre ce qui arrive, et reconnaître sa part de responsabilité.

Le clinicien :

Il met en place et garantit, quoi qu’il arrive, un dispositif dans lequel la personne va pouvoir prendre sa place : elle va mesurer ses choix, s’interroger sur ce qui lui arrive… Le travail clinique va permettre au patient d’accepter sa souffrance, en mettant des mots sur elle. Cela suppose donc que le clinicien ne s’érige pas en détenteur d’un savoir, mais bien plutôt qu’il laisse à la personne l’espace et le temps nécessaire pour qu’elle puisse trouver ses réponses. Le rôle du clinicien est de veiller à ce que la personne aille toujours dans le sens d’un questionnement sur elle-même, c’est à dire qu’elle n’impute pas la cause de son trouble à quelqu’un d’autre.

Son attitude doit être celle, définie à la base par FREUD, de la « neutralité bienveillante ». Il est neutre, dans la mesure où il refuse de prendre parti dans le conflit du patient, où il renonce à tout jugement de valeur ou référence à ses propres convictions morales, et à toute suggestion. Il est bienveillant, dans le sens où il est là pour favoriser l’émergence de la parole.

La relation entre le patient et le clinicien est marquée par ce que l’on appelle le transfert et le contre-transfert. Le transfert prend racine dans le fait que le patient attribue au praticien un savoir en ce qui concerne son symptôme. Il pense qu’il sait pourquoi il en est ainsi. C’est en fait un ensemble de projections de prototypes infantiles qui se manifestent dans le présent. Le contre-transfert,

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quant à lui, est l’ensemble des réactions affectives, conscientes et inconscientes, du clinicien à l’égard de son patient. L’approche clinique et psychopathologique nécessite une analyse approfondie, par le clinicien, de cette relation qui existe entre lui et son patient. L’analyse du transfert est traditionnellement considérée comme le levier de la thérapie. On ne saurait parler d’approche clinique sans ce travail.

Ainsi, nous avons pu voir que les approches clinique et psychopathologique peuvent être très variées, tant au niveau de la recherche des causes, que des techniques employées. On peut concevoir cette diversité autant comme une faiblesse, liée à l’absence de consensus, que comme une richesse, par la multiplicité des outils et des techniques qu’elle propose.

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3.3. La psychologie : science des communications :

Avec le développement du secteur tertiaire, au XX° siècle, le rôle de la communication et l’importance qu’on lui attribue sont apparus au sein des sciences humaines. L’utilisation de machines logistiques ou audiovisuelles, le développement de la cybernétique et de l’informatique ainsi que l’importance accrue des média ont contribué au succès des explications en termes de communication.

3.3.1. La psychologie sociale :

La psychologie sociale a pour objectif de mettre en relation différents aspects du psychisme humain (cognitions, motivations, émotions…) avec l’insertion sociale des individus, que ce soit au sein de relations interindividuelles, de groupes, ou d’institutions… L’expression « psychologie sociale » est employée dès la fin du siècle dernier aux Etats Unis.

En psychologie sociale, on a trois conceptions :

- D’abord, l’idée que les caractéristiques psychologiques individuelles qui expliquent les fonctionnements sociaux, les institutions… Le groupe social serait le reflet de tel ou tel caractère des individus qui le composent.

- Ensuite, l’idée que les conditions sociales qui influencent les comportements individuels. Cette conception explique entièrement le fonctionnement de l’individu par la société. Elle a été illustrée notamment par l’étude de peuples primitifs dont les cultures étaient très différentes, et très différentes de la notre, ce qui s’associait indéniablement à des différences dans le psychisme individuel. Par exemple, un concept psychanalytique comme celui du « complexe d’Œdipe » ne se retrouve pas dans les sociétés où le rôle du chef de famille n’est pas dévolu au père.

- Enfin, la conception interactionniste, qui prend en compte les influences réciproques de l’individu et de son milieu.

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On peut dire que longtemps, les méthodes utilisées en psychologie sociale n’ont été que des systèmes de pensée ou des théories très générales. C’est, par exemple, le cas de TARDE, qui, au début du XX° siècle, pensait que la vie sociale reposait à la fois sur l’invention, suscitant renouvellement et progrès, et sur l’imitation, qui assure la continuité et la stabilité des sociétés. Ce type de système n’était pas vraiment destiné à établir des faits précis par l’observation, et, sans ce souci d’exactitude et de vérification, peut avoir tendance à juger. Ainsi par exemple, G. LE BON, au début du siècle, disant que l’individu inclus dans la foule régresse à l’état primitif et retrouve la férocité de la horde.

Plus tard, le souci d’une plus grande efficacité a fait évoluer la psychologie sociale qui a développé des méthodes d’investigation particulières : enquêtes, par entretiens ou questionnaires, échelles d’attitude, d’opinion, analyse de contenu. Ces méthodes rigoureuses ont permis d’établir des comparaisons entre les groupes sociaux.

L’approche psychosociale peut faire appel à l’observation de groupes naturels (par exemple : les conducteurs de voiture, les mères de famille, les consommateurs, etc…), ou bien être expérimentale. Cette dernière approche préconise de travailler en laboratoire. Le chercheur monte alors des expériences pour induire des attitudes, recueillir des opinions ou des conduites spécifiques.

Les domaines qui font l’objet d’une approche psychosociologique sont très nombreux. En voici quelques uns :

- l’influence sociale et la persuasion (conformité, obéissance à l’autorité, effets des messages persuasifs…)

- les normes sociales, les représentations sociales, croyances, jugements, stéréotypes, pensée et mémoire sociale.

- Les groupes, les rapports entre groupes et au sein du groupe (travail de groupe, conflits, négociations)

- La communication, les relations interpersonnelles, les interactions langagières, ;

- La santé et le stress

- La socialisation (en particulier chez l’enfant)

- Les influences de l’environnement matériel sur le psychisme : qualité de l’espace physique, densité sociale…

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- Le soi (évaluation de soi, comparaison soi-autrui)

A titre d’exemple, citons une expérience de psychologie sociale expérimentale élaborée afin de connaître comment le jugement de nos partenaires influence nos choix expérimentaux : (d’après EPSTEIN ET B. MORLING)

On demande aux personnes interrogées :

« Vous êtes invité(e) à une soirée. Vous y rencontrez cinq personnes assez séduisantes. Grâce à un don spécial, vous êtes en mesure de lire dans leurs pensées :

- l’une vous juge exactement comme vous vous jugez vous même ;

- une autre vous juge un peu mieux que vous ne le faites

- une troisième vous juge beaucoup mieux

- une quatrième vous juge un peu moins bien

- une cinquième, enfin, vous juge beaucoup moins bien que vous ne vous jugez vous même.

Après avoir pris connaissance de leurs opinions sur vous, envers laquelle de ces personnes allez-vous ressentir le plus d’attirance pour un flirt ? Et avec laquelle aimeriez vous construire une liaison durable ? »

Cette expérience, qui a été conduite auprès de 300 sujets, a en définitive montré que l’attraction immédiate (pour un flirt) était corrélée à la vision positive émanant du partenaire imaginaire : autrement dit, plus on nous apprécie, plus cela nous fait plaisir et plus nous avons envie de passer du temps avec cette personne. Mais l’attraction différée (pour une liaison durablerévèle une préférence pour les évaluations légèrement positives, alors que les évaluations trop positives étaient jugées moins attirantes à long terme. Autrement dit, on choisit ses éventuels conjoints sur des critères différents de ceux utilisés pour des liaisons : pour une relation éphémère, on cherche à se valoriser ; pour une relation durable, on recherche quelqu’un qui ait une vision plus juste, mais légèrement « améliorée » !

L’approche systémique en psychologie sociale:

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Un autre type d’approche est très utilisé dans le domaine de la psychologie sociale : c’est l’approche systémique, qui est l’étude des systèmes organisés (les groupes sociaux en sont), et qui part du principe que le tout n’est pas réductible à la somme des parties. Son champ d’étude est très large, et peut aller de l’homme à son travail jusqu’au malade mental, à l’alcoolique,…en fait, chaque fois que la complexité des problèmes envisagés impose de prendre en considération l’ensemble des systèmes et sous-systèmes dans lequel est impliqué l’objet considéré. Cependant, c’est à l’étude des relations et de la communication au sein des familles que le terme d’approche « systémique » reste le plus attaché.

C’est Kurt LEWIN (1890-1947) le premier qui a expliqué les conduites comme résultant d’interactions complexes qui définissent un « champ dynamique » : sa théorie de la dynamique des groupes considère que dans un groupe, on a un système de forces en équilibre dont les principaux éléments sont les membres du groupe, leurs besoins, leurs buts, leurs ressources, l’organisation et les normes du groupe, etc…Ces éléments, envisagés dans leur dimension cognitive et affective, (c’est à dire les représentations, les affects et les émotions des individus), interviennent dans l’équilibre du système.

Le groupe est considéré comme un système de forces ayant pour finalité le changement social. C’est un tout dynamique dont les éléments sont interdépendants les uns des autres, et le changement de l’un affecte tout l’ensemble.

Etudier la dynamique d’un groupe, c’est repérer les forces en jeu, les interactions entre elles et les processus qui en résultent.

Ce que l’on appelle « dynamique de groupe » est un processus de formation, qui permet à chacun de faire l’expérience du groupe et de se sensibiliser aux phénomènes qui s’y produisent. C’est ce que l’on appelle les Training Group, ou T-Group, centrés sur eux-mêmes dans un but de compréhension du groupe. Nous détaillerons cette pratique dans le chapitre III sur les thérapies.

Plus récemment, a été élaborée par Gregory BATESON (1904-1980) la célèbre théorie de la double contrainte, ou « double-bind » :souvent observée au sein de la famille, elle évoque une situation relationnelle sans issue, souvent au grand désarroi du membre concerné. Cette « victime » du système relationnel joue un

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rôle de bouc émissaire et se « sacrifie » afin que le groupe puisse conserver son équilibre. C’est en étudiant les patients schizophrènes au sein de leur famille que Gregory BATESON a observé ce phénomène : les expressions verbales, les gestes, les mimiques montrent l’existence de messages paradoxaux : par exemple, inciter à faire quelque chose (non sur un plan verbal, mais par les attitudes) et punir ensuite pour ce qui est fait ; ou bien menacer et inciter en même temps à ne pas tenir compte des menaces. Le tout est chargé d’affects négatifs et véhicule une confusion, angoissante pour chacun des membres. Par exemple, la mère d’un patient schizophrène pourrait communiquer simultanément de manière contradictoire avec son enfant sur les deux niveaux, verbal et non verbal : au niveau digital (verbal), elle dirait : « Viens m’embrasser, mon chéri », et au niveau analogique (non verbal), elle raidirait son corps et montrerait un visage anxieux et fermé.

A partir de ces définitions, certaines psychothérapies vont considérer la mauvaise communication comme cause préférentielle des troubles. Nous les étudierons au chapitre III. (CF. Communication dic. Psy.)

• La sociométrie :sociogramme, sociodrame et psychodrame :

La sociométrie est née avec Jacob Lévy MORÉNO, psychiatre et philosophe hongrois. Pour MORÉNO, Dieu est essentiellement créativité et spontanéité, et l’être humain ne se réalise que dans la mesure où il accède à ce plan créateur. Il lui est par conséquent nécessaire de connaître les obstacles qui empêchent la spontanéité créatrice humaine de se libérer. Parmi ces obstacles, on rencontre les forces qui nous rapprochent ou qui nous repoussent des autres individus avec lesquels nous sommes en contact. Le sociogramme est une technique qui va permettre le jeu de ses forces : on pose à chaque individu du groupe une série de questions visant à préciser les sympathies et antipathies de chacun. Par exemple : Avec qui voudriez-vous cohabiter ? Effectuer tel travail ? Qui choisiriez vous comme chef ? Qui refuseriez-vous dans votre équipe ? Les réponses sont ensuite représentées sous forme d’un diagramme représentant le réseau des interrelations dans le groupe.

Le psychodrame et le sociodrame, inventés aussi par MORÉNO, sont, quant à eux, des méthodes de psychothérapie visant à faire prendre conscience aux participants des aspects de la situation sociale qui ont une influence sur eux, afin

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de s’en libérer et d’atteindre cette spontanéité créatrice. Nous les détaillerons dans le chapitre sur les psychothérapies.

• Les applications de la psychologie sociale :

- La psychologie du travail et l’ergonomie :

La psychologie dite industrielle ou des organisations, porte sur les problèmes de groupe, ou les problèmes d’individus au sein d’une entreprise : ainsi, les problèmes de sélection, de hiérarchie… Là, les objectifs de la psychologie sont très pragmatiques et visent à l’adaptation de l’homme à son travail, ou d’une tâche donnée à l’homme,, souvent dans le but d’une rentabilité et d’une efficacité maximale. Dans ce domaine, une des questions que doit traiter la psychologie est la gestion de plusieurs tâches en même temps. C’est le cas par exemple de la conduite automobile qui se fait tout en téléphonant sur son portable. Par exemple, les opérateurs étudient la gêne occasionnée par le fait de composer un numéro sur un portable, soit sur un simulateur de conduite, soit sur une portion d’autoroute en dehors des heures de pointe. On demande au conducteur de composer son numéro avec le pouce de la main droite, et on mesure divers indicateurs : la variation de vitesse, les variations de la rotation du volant… Les résultats indiquent que les variations de la position du pied sur l’accélérateur augmentent de 28 %, les oscillations du volant, de 38 %, la variation de vitesse faisant quant à elle plus que doubler (114%).

Ces résultats montrent que, d’une manière générale, deux tâches simultanées interfèrent entre elles si bien que la performance s’en trouve réduite. Cela est dû au fait que la plupart des activités requièrent des systèmes communs de traitement de l’information dans notre cerveau (attention, traitement du langage, utilisation de la mémoire…)

- Les relations humaines dans l’entreprise :

L’étude des relations humaines dans le monde du travail constituent également un domaine privilégié de la psychologie sociale appliquée .

Dans le monde du travail ont surgi des problèmes qui naissaient des interrelations entre les ouvriers et les cadres. L’influence des travaux de FREUD et des psychanalystes, d’une part, et de LEWIN et MORÉNO, d’autre part, a orienté les recherches vers les techniques actuelles appelées « relations humaines ».

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Le développement de cette orientation doit beaucoup aux travaux menés par un groupe industriel très important des environs de Chicago pendant les années 1920 : les Ateliers Hawthorne. Ils employaient 29000 employés à la fabrication de matériel téléphonique et conçurent une enquête qui dura 12 ans, de 1927 à 1939.

Cinq jeunes ouvrières ont d’abord été étudiées pendant 5 ans, dans un atelier expérimental. On a déterminé les conditions matérielles du travail (espace, disposition, éclairage…) et l’organisation (le nombre de pauses en particulier) pouvant assurer le meilleur rendement. Puis on constate que, même revenant aux conditions matérielles et à l’organisation primitives, le rendement restait le même. Ce changement paraissait avoir été suscité par le climat qui s’est instauré dans l’atelier, entre les ouvrières et le contremaître : en effet, celui-ci a été amené à s’intéresser personnellement à chacune, afin de connaître ses réactions sur les modifications de l’organisation et de l’environnement. De cette manière, il a cessé d’être un chef et est devenu quelqu’un qui écoute les difficultés, à qui l’on peut parler.

Dès 1928, afin de connaître la valeur des cadres au sein des Ateliers, on interroge les ouvriers : cette mise en œuvre a les mêmes répercussions que la première expérience. Le fait même d’être interrogés et d’être écoutés améliore le climat général Les dirigeants sont amenés à reconnaître l’importance de la participation directe des ouvriers à la vie de l’usine, de la constitution spontanée de petits groupes, de l’information du personnel.

C’est ainsi que se dégagent peu à peu les principes des « relations humaines » : intérêt centré sur l’ouvrier et sur ce qu’il est au niveau de sa personne, importance de la disponibilité et de l’écoute des cadres, nécessité pour l’ouvrier de pouvoir s’exprimer librement devant un conseil, indépendant de la hiérarchie de l’équipe, et vis à vis duquel il sera sûr que rien de ce qui est confié ne sera répété, et enfin, amélioration de la communication et de l’information. Ainsi, on peut dire que le monde de l’entreprise est sensibilisé à une demande de « mieux être » de la part de ses employés, et les Directions des Relations Humaines emploient aujourd’hui beaucoup d’énergie pour répondre à cette demande.

Les T. Groups, issus de la théorie de la dynamique des groupes de Lewin, mais aussi l’Analyse Transactionnelle et la PNL, techniques que nous détaillerons au chapitre III, se sont développées dans l’entreprise. Egalement, les

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« cercles de qualité », d’origine japonaise, moins onéreux que les techniques de développement personnel ci-dessus. Ce sont des groupes de réflexion où la créativité, l’imagination et l’utilisation des connaissances de chacun, à tous niveaux de la hiérarchie, apportent des solutions aux problèmes pratiques de travail. Ils contribuent également à créer une ambiance propice à créer des liens et à revaloriser les tâches les plus humbles.

Des groupes d’expression ont même été instaurés en France par un texte de loi (la loi Auroux) et ont pour but de permettre aux salariés de s’exprimer sur leurs conditions de vie et de travail, au moins une fois par an. Ils sont censés avoir un effet cathartique, au delà des tentatives de solution qui peuvent être trouvées.

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Gregory BATESON (1904 – 1980)

Né en Angleterre en 1904, G. BATESON mena la plus grande partie de ses travaux aux Etats Unis. Il commença ses recherches en ethnologie avec sa femme, Margaret MEAD, anthropologue. En 1936, il publia la Cérémonie du Naven, analyse d’une cérémonie rituelle à partir de méthodes de lecture différentes et complémentaires.

Puis il s’intéressa à la méthodologie des sciences, introduisant les principes de la cybernétique, de la logique mathématique, de la théorie des systèmes et des types logiques dans leur application aux phénomènes sociaux, surtout dans l’alcoolisme et la psychiatrie. C’est ainsi qu’il donna une explication du succès remporté par les Alcooliques Anonymes.

Il participa à la fondation de l’école de PALO ALTO, en Californie. Il énonça certains principes relatifs à la communication, notamment la communication paradoxale, présente dans les familles de schizophrènes.

BATESON décéda en 1980, achevant cet intéressant parcours dans des domaines aussi divers que la psychiatrie, l’ethnologie, la biologie, la communication et la théorie de l’apprentissage, avec des applications surtout en psychothérapie, en ce qui concerne la pathologie des relations (alcoolisme, schizophrénie).

Jacob Lévy MORÉNO (1892 – 1974)

Né en 1892 à Bucarest dans une famille juive, MORÉNO fit ses études de médecine à Vienne. Passionné de théâtre, il crée en 1921 un théâtre d’amateurs basé sur l’improvisation. C’est à partir de cette expérience qu’il inventera le psychodrame, ou théâtre cathartique, en mettant l’accent sur la spontanéité créative, la catharsis, l’ici et maintenant, et la notion de « rôle ». Emigré en 1925 aux USA, il ouvrira en 1932 une clinique où seront pratiquées ces psychothérapies de groupe fondées sur le jeu théâtral.En 1937, il crée la revue Sociometry, du nom de la technique qu’il a inventée pour quantifier et mesurer les relations humaines. Il enseignera dans les Universités de Columbia et New York, où il créera l’institut MORÉNO.

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CHAPITRE 3

L’univers de la psychothérapie

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Nous avons jusqu’ici tenté de dresser un panorama, aussi complet que possible, des diverses orientations de la psychologie. Chacun de ces courants théoriques a pu donner lieu à des applications pratiques. Ainsi que nous l’avons vu, pour certains, il ne s’agit pas de thérapies, mais bien plutôt d’adaptations de la psychologie dans la vie courante : adapter les conditions de travail à l’homme avec la psychologie du travail, permettre d’orienter des individus et définir leurs aptitudes avec la psychométrie…

D’autres courants, entre eux très différents, ont donné naissance à des psychothérapies. C’est le cas, entre autres, de la psychologie clinique et pathologique, du béhaviorisme, de la psychanalyse, terme qui désigne à la fois une théorie et une pratique thérapeutique…

Cependant, certaines psychothérapies ne peuvent pas être considérées comme étant le fruit d’un courant théorique ou de recherches expérimentales. Elles sont plutôt le résultat de la vision originale d’un auteur qui a proposé une technique thérapeutique. C’est le cas de l’hypnose éricksonnienne avec une conception nouvelle de l’hypnose par Milton Erickson, ou de la bioénergie avec Alexander Lowen…

Dans ce chapitre, nous réfléchirons, dans un premier temps, à la notion de « trouble psychique », fait pour lequel est souvent entreprise une psychothérapie, et également aux causes pouvant amener une personne à consulter. Nous nous interrogerons également sur le processus de la thérapie et sur la personne du thérapeute.

Enfin, nous tenterons de situer les psychothérapies par rapport à leur origine historique (courant ou auteur), afin de permettre à l’étudiant de mieux comprendre leurs fondements théoriques. Ainsi, celui-ci pourra se constituer des repères dans ce vaste domaine. Lors de l’étude de chaque psychothérapie, nous tenterons également de circonscrire quel(s) type(s) de trouble(s) elle est susceptible d’améliorer, c’est à dire que nous tenterons de définir son domaine d’application préférentiel.

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1. Définitions :

Depuis longtemps, des hommes de tous horizons, qu’ils soient chamans, médecins, prêtres, philosophes ou poètes, ont réfléchi aux troubles psychiques et aux moyens de les apaiser ou de les guérir. La sagesse populaire également a ses remèdes, sous forme de conseils ou de prescriptions tels que : se reposer, respirer profondément, avoir un hygiène de vie saine, cultiver des relations amicales ou avoir une vie spirituelle. Par exemple, GOETHE1 disait : « En dehors des troubles organiques qui nous créent des obstacles insurmontables, je trouve que les moyens pour guérir la folie sont très simples : ce sont précisément les mêmes que l’on applique aux individus sains pour les empêcher de devenir fous. Que l’on stimule leur activité personnelle, qu’on les habitue à l’ordre, qu’on les amène à comprendre que leur état et leur sort sont communs à beaucoup d’autres, que le talent exceptionnel, le plus grand bonheur et le plus grand malheur ne sont que de légères déviations du cours ordinaire des choses : et alors la folie ne trouvera pas où s’installer, ou si elle existe, elle cédera peu à peu.(…) Je ne cherche pas trop à entretenir le vieillard de ses étranges scrupules, mais une vie active fait naître tant d’événements qu’il sentira bientôt que seule une activité réelle parvient à lever toute espèce de doute. Rien ne nous conduit plus près de la folie que nous singulariser par rapport aux autres, et rien ne maintient plus sûrement le sens commun que de vivre avec la foule selon la conception commune de la vie. »

Les principes de GOETHE relèvent-ils déjà de la psychothérapie ?

Il est nécessaire d’envisager deux points pour répondre à cette question :

- d’une part, on peut différencier sagesse de vie appliquée et psychothérapie lorsque l’on considère le fait que les fondateurs de la psychothérapie moderne, essentiellement FREUD et JANET, ont édifié leurs idées et leur doctrine de façon systématique en référence à des expériences empiriquement et scientifiquement fondées, concernant les origines et le développement des troubles psychiques observés dans la pratique médicale. C’est ce qui les distingue des philosophes – psychologues, tels que GOETHE, ou encore SCHOPENHAUER ou NIETZCHE.

1 GOETHE J.W. Les années d’apprentissage de Wilheim Meister, trad. Française de B. Briod – Ed. Gallimard.

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- D’autre part, une autre différence apparaît si l’on considère que l’aide psychologique thérapeutique se donne dans un cadre professionnel, et sous certaines conditions, régies par un code déontologique. Ainsi, le thérapeute s’engage dans une relation de service avec le patient, ce qui différencie cette relation thérapeute/patient, d’une relation personnelle, intime ou amicale, et qui exclut également toute relation sexuelle. Par ailleurs, le psychothérapeute doit à ses patients, non pas une aide quelconque, mais la meilleure aide possible. Dans ce domaine, la jurisprudence demande que l’aide proposée corresponde à l’état actuel de la science.

D’une façon générale, la psychothérapie peut être définie comme étant une action professionnelle scientifiquement fondée, et empiriquement contrôlée, ayant pour but le développement ou la réhabilitation de la personne, ou encore la prévention ou le traitement de troubles. Ce traitement psychologique a lieu dans le cadre d’une relation entre un patient et un thérapeute. L’aspect thérapeutique réside dans les effets de la relation entre les deux.

Une psychothérapie se caractérise par sa technique, plus que par son objet. En effet, elle n’est pas exclusivement réservée au traitement des maladies mentales : elle peut s’appliquer à certains troubles corporels (affections sans supports organiques, troubles psychosomatiques…) ou à des difficultés d’adaptation (familiale, scolaire, conjugale…) qui n’ont pas de statut psychopathologique défini. D’autre part, toutes les maladies mentales référencées par la psychopathologie ne sont pas accessibles à la psychothérapie.

Considérer cela nous aide à circonscrire l’objet des psychothérapies : il apparaît en fait que les états qui peuvent tirer un bénéfice de la psychothérapie ont pour trait commun des conflits psychiques, transitoires ou permanents, que le sujet entretient avec lui même ou avec son entourage. C’est cette dimension conflictuelle qui est susceptible de définir le mieux l’objet de la psychothérapie, et que D. LAGACHE définit comme une « perturbation de la communication de la personnalité avec les autres et avec elle-même ».

C’est ainsi que l’on peut différencier la psychothérapie d’autres interventions psychologiques destinées à aider autrui. En voici quelques unes :

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- L’intervention psychologique proprement dite est ponctuelle, et vise la prévention de maladies, ou l’amélioration de l’état physique et psychique. Elle se fait grâce à des mesures plus ou moins limitées, comme le conseil, des informations, une restructuration cognitive permettant d’envisager un problème différemment, la relatation, l’autocontrôle… L’intervenant doit avoir une connaissance approfondie des facteurs médicaux et/ou psychologiques qui déterminent le problème. Parfois, ces interventions ponctuelles peuvent déboucher sur une psychothérapie.

- Le conseil psychologique, est aussi relativement limité : il s’agit d’aider une personne à voir plus clair sur un problème, et de tenter de le résoudre. Parfois également, les problèmes qui, à première vue, paraissent ^relever du conseil psychologique peuvent, dans certains cas, se révéler plus complexes et suggérer l’opportunité de faire un travail plus long et approfondi

- L’intervention de crise vise la résolution d’un problème intense qui dépasse les capacités d’adaptation de la personne : par exemple, les moments critiques d’une maladie, des événements graves comme des accidents, décès de proches, divorce… Egalement, elle a pour but de prévenir des conséquences négatives psychologiques, médicales et sociales de la situation critique. Elles est, comme le conseil, très ponctuelle, mais elle s’en distingue par l’intensité et l’urgence du problème soulevé.

- L’accompagnement psychologique, lors de maladies organiques, par exemple, est proche du soutien psychologique et a une composante psychothérapeutique certaine. Cet accompagnement se révèle nécessaire, par exemple lorsque le sujet doit trouver une nouvelle image de lui-même après une amputation ou une opération chirurgicale, ou qu’il doit changer ses habitudes de vie après une maladie grave. L’accompagnement psychologique survient lorsqu’on ne peut pas mieux aider une personne, et consiste à l’aider, la réconforter et la conseiller. Il ne s’agit donc pas du traitement d’une difficulté de vie qui aborderait les racines d’une souffrance psychique ou qui opérerait un changement de structure de personnalité, comme en psychothérapie.

L’objectif de la psychothérapie est donc plus large et plus complexe, puisqu’elle vise une restructuration plus ou moins profonde de la personnalité.

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Cela nécessite par conséquent, de la part du sujet, une implication personnelle et une remise en question de soi-même.

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2. La consultation psychothérapeutique:

Si l’on souhaite bien comprendre les tenants et les aboutissants de la psychothérapie, il importe de cerner l’ensemble du domaine dans lequel son aide est nécessaire.

2.1. La demande d’aide

Il est souvent difficile de demander de l’aide. A ce moment où l’on ressent ce malaise intérieur qui pousse à la consultation, des sentiments contradictoires peuvent apparaître : envie, et besoin de se référer à un professionnel, d’être écouté et compris, mais aussi méfiance, hésitations, honte de ses symptômes qui poussent la personne à penser qu’elle devrait s’en sortir seule.

Souvent, et malgré l’importance croissante que prend la psychologie dans notre quotidien, on assiste à une grande méconnaissance de la vie émotive, la vie intérieure étant souvent ignorée. Le modèle auquel on tente de correspondre est celui de la personne qui réussit, qui « va bien », toujours de bonne humeur et en pleine possession de ses moyens. Or, la réalité est qu’il est difficile d’échapper à des difficultés émotives.

2.1.1. Demande explicite et demande cachée :

Il est couramment admis qu’à toute demande de changement, correspond une demande implicite qui va dans le sens du non changement. Cette notion est très voisine de celle de résistance, élaborée par Freud. Ce dernier présente la résistance comme étant un mécanisme de défense devant l’inconscient. En effet, l’inconscient s’oppose par nature à sa découverte et est « protégé », en quelque sorte, par les couches supérieures de la vie psychique, qui constituent le Moi. C’est pour cela que toute démarche, toute demande consciente de changement, s’accompagne d’une résistance au changement, dont le thérapeute ne peut faire l’économie.

Cette résistance tient beaucoup au fait que le patient a des bénéfices –inconscients- à conserver sa maladie ou son symptôme. La psychanalyse pense

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que la maladie est un moyen d’obtenir des bénéfices pulsionnels par des voies détournées : ainsi, on peut, par exemple, jouir de sa souffrance et y tenir

Egalement, le sujet peut avoir avantage à conserver son symptôme, parce qu’il lui évite certains conflits qui deviennent, de par la fonction de celui-ci, inconscients.

2.1.3. Le thérapeute et la demande :

Le thérapeute peut poser, d’emblée, certaines questions au patient afin qu’il précise sa demande. Ces questions vont également permettre de préciser un cadre thérapeutique, et de faire émerger chez le patient des représentations relatives à ses attentes vis à vis de la thérapie et du thérapeute.

Les questions du thérapeute peuvent être de l’ordre suivant 1:

- Qu’attendez vous de moi ? Cette question pose d’emblée la relation thérapeutique comme étant un échange entre deux interlocuteurs, qui donnent et reçoivent chacun des informations, et qui constituent eux mêmes, par leur interaction, la matrice du processus thérapeutique.

- Qu’avez-vous fait jusqu’à présent pour tenter de résoudre le symptôme pour lequel vous consultez ? ou Qu’avez vous appris avec les thérapeutes que vous avez déjà rencontrés ? Cette question permet de désamorcer d’emblée toute mise en rivalité, par le patient, des thérapeutes auxquels il est confronté, et lui permet au contraire de mettre l’accent sur la notion d’apprentissage, sur le fait que chaque thérapeute est différent et qu’il peut apporter des éléments différents à ses patients.

- Combien de temps me donnez vous pour vous aider ? Cette question permet de préciser le cadre temporel de la thérapie, qui doit être rapidement abordée, puisque la thérapie est un service qui se monnaye. Souvent, les patients arrivent en ayant, en eux-mêmes, fixé un délai au thérapeute.

- Quel sera pour vous le premier changement pertinent ? Cette question permet au patient de définir ses critères de pertinence par rapport au changement : quel sera le signe que la thérapie est positive pour moi ? Elle lui permet aussi

1 Ces questions sont proposées par J.A. MALAREWICZ « Comment la thérapie vient au thérapeute ? »p 15-16 -Ed. ESF

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de préciser ses attentes, de ne pas rester dans le vague d’une demande du type : « je veux être heureux ».

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2.2. Le motif de la consultation

La façon dont le dysfonctionnement psychique est vécu s’exprime généralement par une plainte du patient. En 1948, JASPERS référençait les différentes plaintes auxquelles un psychothérapeute pouvait se trouver confronté, et donnait ainsi un tableau de ce que peut être la vie psychique morbide. Les troubles peuvent apparaître parmi :

1. la conscience d’objets : par exemple, leur perception et leur représentation est anormale.

2. l’expérience vécue du temps et de l’espace : par exemple, la perte de conscience du temps.

3. La conscience du corps : par exemple, des hallucinations sensorielles, le sentiment d’avoir un double qui commente et juge tout ce que l’on fait.

4. La conscience de la réalité, des idées délirantes : par exemple, des vécus d’aliénation, des idées et pensées délirantes.

5. Les sentiments et les états affectifs : dépression, euphorie anormale…

6. La pulsion, la volonté : on peut se sentir impuissant, sa volonté inhibée, ou au contraire, être trop dans l’acte, trop impulsif.

7. La conscience du Moi : il peut y avoir des troubles de l’unité, de l’identité du Moi, de la conscience que l’individu a de sa personnalité.

Il est à noter que beaucoup de ces phénomènes évoqués par JASPERS peuvent être éprouvés par des personnes « normales » lorsqu’elles se trouvent dans des circonstances particulières et se trouvent fragilisées : endormissement, fatigue, fièvre…

On peut consulter en psychothérapie pour des troubles très spécifiques et bien localisés : par exemple, une phobie des araignées.

Mais souvent, la nature des troubles ressentis au niveau de l’expérience vécue, et qui amène la personne à consulter, se caractérise par la sensation d’un manque essentiel et central pour lequel aucune solution n’a pu être trouvée, et qui fait souffrir la personne. Même si le trouble semble en apparence anodin, il est

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souvent vécu par la personne comme handicapant et gênant pour l’épanouissement de sa personnalité. Les patients peuvent dire : « quelque chose ne va pas », « quelque chose ne tourne pas rond », « ma vie manque de sens », etc. Ce sentiment de manque est souvent associé à celui de ne plus mener sa vie soi-même, mais de flotter à la dérive, d’avoir perdu le contrôle de soi et de ne plus pouvoir décider.

Pour M. JOLICOEUR et F. SAUVÉ1, c’est avant tout la peur qui pousse les personnes à consulter : peur de ce qui se passe en elles et de ce sentiment de perte de contrôle. L’anxiété, les sentiments dépressifs, les malaises physiques (perte de sommeil, de l’appétit, de la libido…) prennent de plus en plus de place dans leur vie et elles deviennent inquiètes. S’il n’y a pas un tel état de crise, ce qui pousse les sujets à demander de l’aide est ce sentiment d’incomplétude et d’insatisfaction.

2.3.Finalités et niveaux d’intervention :

En matière de psychothérapie, il est possible de distinguer plusieurs finalités différentes pour lesquelles une intervention est demandée.

- l’épanouissement de la personnalité, et la promotion de la santé physique et psychique

- la prévention de troubles éventuels.

- le traitement de troubles déjà manifestés ;

- la réhabilitation, c’est à dire ce qui vise à empêcher ou à diminuer les conséquences d’une maladie déjà manifeste.

Pour accéder à ces différentes finalités, les interventions psychothérapeutiques peuvent intervenir en différents « lieux » de la personnalité, déterminés par les différents objets d’études de la psychologie.

Par exemple, dans le système intrapersonnel, on peut distinguer la mémoire, la pensée, l’apprentissage…, et des interventions peuvent être faites à ce niveau

1 Marie Jolicoeur – François Sauvé – Mieux comprendre la psychothérapie – Ed. Stanké

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(entraînement de la mémoire, transmission de stratégies d’apprentissage…). Il y a également le domaine de la personnalité, avec les syndromes psychopathologiques classiques (névroses, psychoses, perversions), et les interventions viseront par exemple la gestion du stress, la thérapie des dépressions, les programmes de traitement des alcooliques…

Dans le système interpersonnel, on peut également distinguer plusieurs niveaux de complexité : le couple, la famille, la communauté. Une intervention visera un de ces niveaux, avec pour objectif la modification de son fonctionnement ou de sa structure.

Ainsi, les cibles du changement peuvent être très différentes : les psychothérapies peuvent être centrées sur les symptômes, les comportements, les interactions entre personnes ou groupes sociaux, l’ensemble de la personnalité… Elles seront donc globales et viseront la personne dans sa totalité, pour des demandes de type : je voudrais prendre plus d’assurance dans la vie, avoir plus confiance en moi… » (par exemple la psychanalyse), ou bien ponctuelles et ne viser que la disparition du symptôme : « je voudrais être capable de prendre le métro sans avoir une crise de panique » (par exemple, les thérapies cognitivo-comportementales).

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2.4. Notions de santé et de trouble psychique :

La notion de trouble psychique est liée à celle de maladie : quelque chose vient troubler la santé, la normalité. Le concept de maladie se définit par une expérience subjective de malaise, d’indisposition et de handicap, avec une modification de l’expérience corporelle de bien-être et de performance.

La notion opposée à celle de maladie est la notion de santé, qui désigne un état de bien-être corporel, psychique et social ; l’absence de maladie, c’est-à-dire l’absence de déviations biologiques au niveau du corps ; et l’état de capacité et de performance optimale de l’individu.

Le tableau de la page suivante donne des repères sur les états de santé et de maladie à différents niveaux de la personnalité.

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Domaine des

indicateurs

Signes de maladie

Maladie corporelle Maladie

psychique

Signes de santé

Santé corporelle Santé psychique

Dispositions

émotionnelles

Douleur physique,

malaise physique

Etats émotionnels négatifs

(anxiété, dépressivité,

irritabilité, culpabilité…)

Bien être physique Bien-être psychique, fréquence

de sentiments positifs, rareté

des sentiments négatifs

Energie et élan Perte d’énergie,

faiblesse, fatigue

Manque d’élan ou

troubles de l’élan vital

Abondance d’énergie,

vitalité, force physique

Activité, intérêt, plaisir

d’entreprendre des choses.

Retrait /

expansivité

Attitude de

protection de soi

Mécanismes de défense

pathologiques ou

extrêmes, tendance à

l’évitement.

Défense physique Affirmation de soi,

expressivité, spontanéité,

réalisation de soi

Efficacité,

productivité

Troubles de

systèmes d’organes

déterminés ou de

fonctions physiques.

Troubles de fonctions

psychiques (perception,

pensée, mémoire,

sentiments…)

Fonctions physiques

optimales, performance

physique élevée.

Fonctions psychiques

optimales, comportement

compétent, contact avec la

réalité, force de volonté,

autocontrôle, créativité.

Centration sur

soi /

transcendance

de soi

Attention accrue au

corps propre

Attention accrue à la

personne propre

(comportement,

expérience vécue, valeurs,

questions sur le sens des

choses…)

Attention faible au corps

propre

Attention faible à la personne

propre ; intérêt accru pour

l’entourage, engagement dans

des « projets », capacité

d’amour.

Recherche

d’aide /

autonomie

Impression de

dépendance et

recherche d’aide

médicale

Impression de dépendance

et recherche d’aide

psychologique – vécu de

contrôle diminué,

impuissance

Pas besoin d’aide

médicale

Pas besoin d’aide

psychologique – Contrôle

interne, autonomie

Sentiment de sa

valeur

personnelle

Impression de

« déficience

d’organes », rejet du

corps propre

Impression de dépendance

et recherche d’aide

psychologique. Estime de

soi diminuée, autocritique

Acceptation du corps

propre, « fierté »

concernant sa forme

physique

Acceptation de la personne

propre (caractère…) Estime de

soi accrue, confiance en soi.

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accrue

Indicateurs des états de santé et de maladie (BECKER et MINSEL, 1986)

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2.4.1. Fréquence et gravité des troubles psychiques :

Une étude intéressante a été menée à ce propos par SCHEPANK en 19871 sur un échantillon représentatif, tiré au hasard, de la population « bien portante ». Le but était de cerner l’évolution dans le temps, d’éventuels symptômes psychiques et les facteurs qui les influencent.

Les résultats de l’étude sont les suivants :

1. Environ la moitié de la population est largement bien portante, et de manière stable ; ces personnes auront peut-être besoin d’un soutien lors de l’un ou l’autre moment de leur vie, mais dans l’ensemble, elles ne rentrent pas en compte dans la planification de soins de santé.

2. L’autre moitié de la population montre des symptômes psychogènes nets, de type névrotiques, ou troubles de la personnalité. Parmi eux, la moitié ne présente que des troubles légers, mais la moitié constitue une population à risque, ayant besoin d’un accompagnement et étant soignée par voie médicamenteuse. Parmi ces personnes à risque, environ la moitié a besoin d’une psychothérapie individuelle ou de groupe, en milieu ambulatoire. Un sixième ne peut envisager un traitement réussi que dans le cadre d’une psychothérapie spécialisée en clinique ou à l’hôpital, et environ un tiers ne peut être considéré comme « curable » par la psychothérapie, vu l’impossibilité de les motiver, la chronicité des troubles, l’aménagement de leur vie.

1 Etude citée par W. HUBER – « Les psychothérapies : quelle thérapie pour quel patient ? » pp.27 à 33

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2.4.2. Facteurs de développement des troubles psychiques :

On peut décrire les troubles psychiques comme étant l’interaction de plusieurs facteurs : des facteurs prédisposants, des facteurs déclenchants et des facteurs contribuant à la stabilisation du trouble.

Les facteurs prédisposants sont présents avant le début de la maladie. Ils sont constitutifs du terrain et n’entraînent pas nécessairement la maladie si la personne ne subit pas d’autres influences qui la déstabilisent. Ce sont les facteurs héréditaires, certaines conditions périnatales (avant / après la naissance) et certaines conditions défavorables de la petite enfance.

Les facteurs déclenchants sont les conditions et événements, réels ou psychiques, qui précèdent plus ou moins directement la survenue du trouble. Les événements qui surviennent dépassent la capacité d’adaptation de la personne, qui ne peut plus faire face à ce qui lui arrive. Ce sont les stress, physique et psychique, les maladies, les deuils, les séparations et autres changements critiques de la vie.

Enfin, les facteurs de stabilisation constituent tout ce qui peut empêcher la rémission spontanée du trouble et contribuer à sa généralisation à d’autres domaines de la vie ou à sa chronicisation. Ce sont principalement les bénéfices secondaires que la personne trouve à son trouble, consciemment ou non (attention accrue des autres par exemple), ou les réactions de l’entourage qui l’entretiennent.

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3. Le processus thérapeutique :.

3.1. Généralités

Réfléchir à la question du processus thérapeutique revient à se demander en quoi consiste une thérapie : qu’est-ce qui change ? Comment cela change?

Se demander ce qui change renvoie à la fois aux finalités visées par le patient, et à sa demande (exprimée et cachée). Nous avons en grande partie répondu à cette question sur ce qui change dans la partie 2) sur la consultation thérapeutique, où nous avons pu envisager les différentes finalités d’une intervention, les questions relatives à la demande, et la notion de trouble psychique.

Cette même question renvoie aussi à ce qu’offre la psychothérapie en tant que technique : par exemple, la thérapie de type analytique va proposer de travailler sur un développement contrarié subi depuis la petite enfance ; la thérapie comportementale, sur les apprentissages inadéquats engendrant des réponses inadaptées face à une situation ; la thérapie familiale, sur les mauvaises interactions au sein de la famille.

Répondre à la seconde question (comment s’opère le changement) renvoie à une notion de temporalité. Ce processus s'organise dans le temps, et est par conséquent conditionné par le délai que l’on s’octroie pour qu’arrive le changement. Ainsi, par exemple, les jungiens définissent la « petite psychothérapie », visant seulement à la guérison d’un symptôme, et qui sera d’une durée relativement courte. La « grande psychothérapie » est par contre un processus de longue haleine qui vise à la transformation de la personnalité.

Pour certains thérapeutes, une des conditions du changement sera la « mise en crise » du sujet qui, lorsqu’elle est dépassée, elle permet l’intégration de nouveaux points de vue dans la vie quotidienne.

D’une manière générale, le processus de changement engendré par la plupart des psychothérapies ne se déroule pas de manière linéaire, mais selon des réaménagements successifs. Par exemple, souvent en début de thérapie, le

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changement peut être brutal et le patient peut avoir le sentiment que « c’est une révélation », que « ça va beaucoup mieux », et cette euphorie du début est souvent suivie de périodes ultérieures de crises, ou d’une impression de lassitude.

Egalement, la question du « comment ça change », en quoi consiste le processus thérapeutique, renvoie aux mécanismes intimes du changement. Elle renvoie aussi à de multiples sous questions, comme : Que se passe t-il pendant une séance, d’un point de vue verbal et non-verbal ? Que disent le thérapeute et le patient, comment le disent-ils ? Quels sont leurs sentiments, leurs pensées, leurs fantasmes ? Comment peut on analyser ces phénomènes ? Que se passe t-il lors des séances successives ? Qu’est-ce qui se répète et qu’est-ce qui change ? Le patient, le thérapeute pensent-ils aux séances passées ? futures ?

Nous ne pouvons pas ici présenter de manière exhaustive toutes les réponses qui ont été présentées à ces questions, et qui obéissent à une partie de la recherche expérimentale : la recherche en psychothérapie. Aussi, nous limiterons-nous à quelques points importants participant au processus thérapeutique1.

Dans la thérapie, certaines variables dépendent du patient, et d’autres du thérapeute. Nous envisagerons les deux, successivement.

3.2. Les facteurs venant du patient :

Il apparaît que les patients ont des représentations de ce que devrait être un patient idéal. Ainsi, les caractéristiques idéales pour entreprendre un travail thérapeutique de longue haleine, de type psychanalyse, seraient celles d’un patient jeune, attrayant, verbalement doué et qui réussit. Ces qualités permettraient plus facilement au patient d’être « accepté » en cure par le thérapeute. Les recherches montrent que non seulement, les thérapeutes ont des représentations concernant le patient idéal et celui qu’ils aimeraient prendre ou ne pas prendre en thérapie, mais aussi que ces représentations ont une influence

dans le fait qu’ils acceptent un patient ou qu’ils l’envoient ailleurs. Pour eux, le patient acceptable en psychothérapie serait plus intelligent que la moyenne,

1 D’après HUBER, W. Les psychothérapies, quelles thérapie pour quel patient ? – Ed. Nathan

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pourvu de bonnes aptitudes verbales, capable d’introspection, et ayant un Moi fort.

Il se trouve qu’une intelligence élevée n’est pas une condition nécessaire pour réussir une thérapie, bien qu’elle puisse parfois jouer un rôle. Mais elle ne reste qu’un facteur parmi d’autres influençant la thérapie, certains étant plus importants.

Un facteur qui apparaît capital est la motivation pour la thérapie. Elle est étroitement liée aux attentes du patient, et donc à la manière dont il se représente la thérapie, et ce qu’il en espère. D’après les études, des différences ont pu être établies entre les patients qui abandonnent une thérapie, et ceux qui persistent. Les premiers auraient une tendance à la collaboration passive, c’est à dire qu’ils sont dans l’attente que le thérapeute leur donne quelque chose : médicaments, informations diagnostiques… Egalement, ils s’attendent souvent à obtenir un conseil précis lors de la première entrevue, et on remarque aussi que la distinction qu’ils font entre psychothérapeute (ou psychiatre, psychologue…) et un médecin, par exemple, n’est pas établie clairement. Les seconds, en revanche, collaborent plus activement, attendant des conseils pour changer l’état des choses. Ils s’attendent en général à une attitude permissive de la part du thérapeute.

Un autre facteur important s’avère être le contact avec soi-même : on a trouvé une corrélation entre la résistance du patient (défensivité, manque de réceptivité, difficultés d’introspection…) et l’engagement dans la thérapie.

Enfin, ce qui joue aussi de manière significative est la nature et la gravité du trouble. En règle générale, on peut dire que les chances de guérison en thérapie sont d’autant plus grandes que le trouble a aussi une chance de rémission spontanée. Ainsi, le pronostic des névroses est plus favorable que celui des psychoses, notamment la schizophrénie. Bien entendu, le pronostic dépend aussi de la technique utilisée.

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3.3. Les facteurs venant du thérapeute :

L’expérience clinique du thérapeute se juge essentiellement en fonction du nombre et de la variété des cas qu’il a eu à traiter. PARLOFF et al (1978) et BEUTLER et al (1986)1 ont montré que c’est un facteur qui a certes son importance, mais peut-être pas autant qu’on aurait tendance à le penser : elle favoriserait surtout les processus de traitement, c’est à dire la procédure, la marche à suivre, mais ces effets seraient difficilement évaluables sur le plan des résultats thérapeutiques. En fait, elle serait surtout significative de ce point de vue pour les troubles graves, chez des patients difficiles, et l’attitude du thérapeute expérimenté contribuerait à limiter les abandons de thérapie. Egalement, elle faciliterait une attitude plus tolérante et ouverte du thérapeute vis à vis de patients irrités ou coléreux.

Un autre facteur est celui de l’expérience psychothérapeutique personnelle du thérapeute : cela lui permet de savoir dans quelle mesure son comportement, ses problèmes personnels et ses pensées affectent le patient. En effet, le stress et les troubles psychiques peuvent avoir un effet négatif sur le travail thérapeutique avec le patient.

L’efficacité d’un thérapeute est également déterminée par sa santé psychologique propre , c’est à dire l’absence de problèmes émotionnels interférant avec la thérapie. Parmi les facteurs qui déterminent l’efficacité du thérapeute, on peut dire que jouent beaucoup sa personnalité, et particulièrement sa capacité à créer une relation chaleureuse et de soutien. Cette capacité du thérapeute à déterminer une « alliance thérapeutique » est peut-être le plus grand déterminant de son efficacité.

Du point de vue de la technique de traitement, il s’est avéré que, quelle que soit cette technique, la pureté avec laquelle elle est appliquée (c’est à dire : sans mélange avec d’autres) est associée à des résultats meilleurs.

Bien entendu, les facteurs dépendant du patient et ceux qui dépendent du thérapeute n’agissent pas isolément, mais sont en constante interaction. Ainsi, l’alliance de travail, la résonnance empathique et l’affirmation de chacun, contribuent positivement à la réussite thérapeutique. Ce doit être une relation

1 cités par W. HUBER, op. cit.

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dans laquelle on se fait confiance, où l’on se sent compris, et où l’on sent l’intérêt et la volonté de collaboration conduisent au succès.

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Nous avons tenté d’aborder, dans ce chapitre, les questions relatives à l’univers de la psychothérapie : qui consulte, et pour quelle raison ? Qu’est-ce qu’un trouble psychique et qu’est-ce que la santé psychologique ? Comment opère une psychothérapie, et quels sont les facteurs qui jouent dans le processus de changement ?

Connaître comment opère une thérapie, quels sont les mécanismes de la guérison, est un savoir qui ne saurait s’enseigner au travers d’un cours tel que celui-ci. Si la psychologie a pu se constituer comme une science, la psychothérapie, qui est l’application des connaissances de la psychologie à des fins thérapeutiques, ne saurait être considérée comme une science. Son succès relève, nous l’avons vu, de beaucoup de facteurs intriqués les uns aux autres : des représentations, mêlées à des affects, en plus d’une technique, plus ou moins judicieusement appliquée.

La psychothérapie est un savoir particulier, en ce sens qu’elle représente certes un savoir, c’est à dire : une technique, d’une part, mais aussi, le savoir de ce qui doit se dire ou se taire à chaque moment…Et ce savoir est étrange, parce qu’il n’est pas constitué, pas réductible à ce qui peut être enseigné. Ainsi, le thérapeute qui a fait des études de psychologie ou de psychothérapie, devra se préparer à emprunter des chemins par lesquels les écoles ne l’auront pas fait passer, et se constituer seul son savoir propre à la thérapie.

A défaut de pouvoir davantage formaliser ce qu’est une thérapie et en quoi consistent ses processus, nous allons, dans la partie qui suit, aborder l’aspect « palpable » des psychothérapies : il s’agira de dresser un panorama des différentes techniques et des idéologies auxquelles elles se rattachent.

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CHAPITRE IV

Panorama des psychothérapies

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Introduction :

Présenter un panorama des différentes psychothérapies implique une classification de celles-ci dans un certain ordre. Or, il n’existe pas encore aujourd’hui, de classification unitaire des formes de psychothérapie.

Il est possible, de proposer, par exemple, une classification selon des critères formels : thérapie brève ou thérapie au long cours / en fonction du nombre de personnes en interaction pendant la séance : thérapie individuelle, de couple, familiale, de groupe… ; ou bien une classification selon les buts de la thérapie : thérapie centrée sur la personne, sur le symptôme ou le conflit, orientée vers l’insight, la modification du comportement… Enfin, on peut présenter les psychothérapies selon leur orientation théorique : psychanalytique, non directive, comportementale…

C’est cette dernière classification que nous avons choisi de présenter, afin que l’étudiant puisse se repérer plus facilement et faire des liens avec la première partie du cours sur la naissance de la psychologie et les grands courants théoriques.

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1. Les thérapies de type analytique :

1.1. La cure freudienne type :

1.1.1. Conception étiologique et but thérapeutique :

La psychanalyse considère que les conflits pulsionnels de l’enfance, refoulés et inconscients, sont déterminés surtout par des facteurs intrapsychiques. Chaque événement psychologique est considéré comme étant à la fois le résultat et la cause d’autres événements. Par conséquent, une compréhension totale du comportement actuel du sujet nécessite une étude de son passé, et en particulier de la sexualité de la prime enfance.

Le but de la cure est la résolution des conflits pulsionnels inconscients par leur prise de conscience.

1.1.2. Moyens thérapeutiques

La méthode de l’association libre est ce qui permet d’accéder au refoulé inconscient. La méthode consiste à « exprimer sans discrimination toutes les pensées qui viennent à l’esprit, soit à partir d’un élément donné (mot, nombre, image d’un rêve, représentation quelconque), soit de façon spontanée1. » Elle a pour but d’éliminer la sélection consciente et volontaire des pensées pour ainsi donner libre cours à une expression moins contrôlée.

Ainsi, une idée qui vient renvoie toujours à d’autres éléments, qu’il faut laisser émerger. Dans le psychisme, il existe des séries associatives, qui s’enchevêtrent en réseaux, qui correspondent à l’organisation complexe de la mémoire et à ses différents modes de classement.

Le discours qui émerge lors d’associations libres va correspondre au conflit défensif de l’individu : par exemple, certaines associations sont groupées, d’autres, isolées, d’autres encore ne réussissent pas à arriver à la conscience. La

1 Laplanche et Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, 1967, p.228

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résistance qui apparaît ainsi est l’obstacle à la progression de la cure : elle se heurte à la volonté de guérison du patient et du thérapeute.

C’est alors qu’apparaît le transfert, pilier du traitement psychanalytique : on peut le définir comme étant le processus par lequel les désirs inconscient du patient s’actualisent dans la relation entre le patient et l’analyste, c’est à dire que des désirs et attitudes d’origine infantile sont revécus au moment de la cure, sans que le sujet ait conscience qu’il s’agit de résidus infantiles. Il pense que ce qu’il éprouve est réellement dirigé vers son analyste. Ce transfert va se traduire par des attitudes émotionnelles inconscientes, amicales, hostiles ou ambivalentes, qui ont été établies dans l’enfance du patient, au contact des personnes de son entourage (parents ou autres). C’est ainsi que le passé se révèle dans le transfert.

Le transfert est donc un outil thérapeutique privilégié pour l’analyste, qui ne doit pas rentrer dans le jeu de son contre-transfert, c’est à dire de ses propres sentiments et réactions vis à vis du patient. Il ne doit à aucun moment répondre à ses attentes, car il reproduirait les expériences antérieures de celui-ci. C’est justement en jouant sur l’échec des provocations du patient, et donc sur la frustration, que la répétition de ces expériences, la prise de conscience des attentes et des désirs inconscients pourront voir le jour et être reconnus comme tels.

Ce qui ressort de la technique de l’association libre, ce « matériel », est désormais à interpréter. Par interprétation, on entend l’idée qu’il y a un sens latent à dégager : les associations superficielles cachent en fait des liens inconscients entre des pensées, qui ne sont parfois que la déformation de représentations refoulées. L’interprétation met à jour le conflit défensif et sa source première. L’interprétation devra être livrée au patient à un moment choisi : « En règle générale, nous attendons pour lui communiquer notre construction, nos explications, que le patient soit lui-même si près de les saisir qu’il ne lui reste plus qu’un pas à faire, celui de la synthèse décisive. Si nous procédions autrement, si nous lui jetions à la tête notre interprétation avant qu’il n’y ait été préparé, elle resterait inefficace ou provoquerait une violente explosion de résistance qui gênerait, ou même compromettrait la continuation du travail. »1

1 FREUD, Abrégé de psychanalyse, 1938

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L’interprétation est le fondement de la cure psychanalytique. L’analyste interprète le discours du patient, mais aussi ses rêves, ses lapsus et actes manqués, ses symptômes, ses désirs, et aussi, son transfert.

1.1.3. Attitude du thérapeute

Le thérapeute peut être lui-même sujet au contre-transfert, c’est à dire réagir au transfert du patient en éprouvant certains affects à son égard. D’un point de vue psychologique, c’est un processus identique à ce qui se passe chez le patient lors du transfert. Mais l’idéal est que ce contre-transfert induise un minimum de réactions chez le patient, de manière à ce que le psychanalyste reste une surface de projection suffisamment neutre pour le patient. C’est la raison pour laquelle en psychanalyse, on exige que le thérapeute commence par subir lui-même une analyse et qu’il continue à l’approfondir tout le temps qu’il a des patients en traitement.

L’analyste se doit de pratiquer une attention flottante dans l’écoute du patient : il doit faire abstraction de ses propres préjugés et ne pas sélectionner –du moins, le moins possible – ce qui lui vient à l’esprit alors qu’il écoute le patient. Il doit, en quelque sorte, se laisser pénétrer, dans une attitude d’ouverture, de toutes les sensations, images, émotions du patient afin d’accéder à l’inconscient de ce dernier. Il est ainsi dans un état de réceptivité maximale.

Ces attitudes, de devoir prêter attention à son contre-transfert, et d’attention flottante, nous amènent à la notion de neutralité. L’analyste doit se garder de faire interférer au sein de la cure des jugements sur les valeurs morales ou religieuses du patient : il doit avoir comme un réflexe systématique de non-jugement. Egalement, l’analyse de son propre contre-transfert est pour lui un moyen de rester neutre, de même que l’attention flottante, qui est une attention non sélective et qui par conséquent ne passe pas par les filtres habituels de l’analyste.

Cette notion de neutralité est associée, dans l’attitude de l’analyste, à un grand détachement à l’égard du patient. FREUD1 conseille aux analystes de prendre 1 FREUD, Conseil aux médecins, 1912.

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comme modèle le chirurgien, qui laisse de côté toute réaction affective et toute sympathie humaine, en ayant pour but que celui de mener à bien son opération. C’est parce que cela est le seul souci de l’analyste que cette neutralité, pourtant froide, a été qualifiée de bienveillante.

De cette règle de neutralité bienveillante découle la règle d’abstinence : Réfléchir, interpréter, neutralité bienveillante. Le psychanalyste doit veiller à ne pas satisfaire certaines demandes du patient. FREUD2 dit « qu’il faut laisser subsister chez le malade besoins et désirs, , parce que ce sont là des forces motrices favorisant le travail et le changement. Il n’est pas souhaitable que ces forces se trouvent diminuées par des succédanés de satisfaction ».

Enfin, on peut qualifier l’attitude du thérapeute de non directive. FREUD avait voulu rompre avec le modèle médical, et également avec celui de l’hypnose, deux formes de thérapie dans lesquelles le thérapeute est celui qui sait, et qui, par conséquent, dirige la thérapie.

Là, le thérapeute n’induit rien, il reste neutre et réservé afin que le patient puisse prendre toute la place dans l’espace thérapeutique. La consigne qui lui est donnée est de dire « tout ce qui lui passe par la tête ».

2 FREUD, Observations sur l’amour de transfert, 1915

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1.2.Thérapies issues de la cure freudienne traditionnelle :

Les variantes de la cure freudienne type sont extrêmement nombreuses : en effet, déjà, du vivant de FREUD, de nombreuses divergences apparurent chez ses disciples, et aujourd’hui aussi, ce sont des écoles de diverses tendances qui existent dans différents pays, toutes ayant contribué à approfondir et diversifier les recherches freudiennes.

Ne pouvant pas aborder tous les courants issus de la psychanalyse, nous allons tout d’abord faire un tour d’horizon pour tenter de donner un aperçu des mouvements auxquels certains grands noms se rattachent. Il s’agit d’ailleurs souvent plus de « courants » psychanalytiques différents, c’est à dire, bénéficiant de l’apport original d’un auteur, d’une manière de concevoir l’être humain, ou le traumatisme, différente, qu’à proprement parler de différents types de psychanalyse. Dans un second temps, nous nous pencherons plus spécifiquement sur quatre de ces courants, dont l’apport nous a semblé particulièrement significatif, et qui correspondent bien aujourd’hui à des pratiques psychothérapeutiques différentes.

1.2.1. Alfred Adler :

Parmi les contemporains proches de FREUD, il convient de citer quelques noms de dissidents qui ont apporté chacun des éléments supplémentaires à la pensée psychanalytique.

Ainsi, ADLER, qui voit en la névrose la recherche d’une complétude chez l’homme qui se sent inférieur ou inadapté : elle est un mode de compensation à l’insécurité et à l’angoisse. Tandis que la logique de FREUD est déterministe (le passé détermine le présent), celle D’ADLER est finaliste (il recherche quelle est la raison d’être de la névrose). L’objectif de l’être humain est d’assurer sa survie sociale et de se réaliser. A la différence de la théorie freudienne, les processus conscients et inconscients ne sont pas conflictuels, mais représentent deux aspects d’un même système tendant vers un même objectif. Les problèmes que rencontrent les êtres humains viennent plus du fait qu’ils n’ont pas conscience de

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la manière dont ils doivent se réaliser, que du fait qu’ils sont les pions des forces de leur inconscient, comme dans la théorie freudienne.

Dans l’analyse adlérienne, le thérapeute a un rôle actif, sur lequel ADLER a beaucoup insisté. Celui-ci interprète la société pour le patient, il analyse son mode de vie et ses objectifs , lui suggère certaines modifications, lui donne encouragement et espoir, restaure sa confiance en lui, et l’aide ainsi à se réaliser. ADLER considérait que le thérapeute se devait d’être chaleureux, honnête et digne de confiance, et que la compréhension qu’il pouvait avoir du patient était essentielle à la réussite de la cure.

1.2.2. Otto Rank

Otto RANK était également un disciple de FREUD, dont la pensée représente une scission importante par rapport à la psychanalyse freudienne classique. Ce qui caractérise la pensée de RANK est l’importance qu’il accordait au traumatisme de la naissance, comparé à celle qu’il accordait à la dynamique sexuelle. Il refusait le rôle déterminant que FREUD accordait au complexe d’Œdipe, et concevait le moi comme un représentant autonome de la volonté, et non comme une entité esclave du Ca.

En ce qui concerne la technique psychanalytique, il apporta des modifications radicales, comme sur le plan théorique. Ainsi, il pensait que l’approche verbale en psychothérapie n’était pas suffisante, et qu’il était indispensable que le patient revive au cours de sa thérapie le traumatisme de la naissance, sans quoi le traitement ne serait pas complet.

L’expérience de la séparation était pour lui la plus pénible et la plus traumatisante, et toute frustration ultérieure ne serait qu’un dérivé de ce traumatisme initial. Le conflit humain central est celui qui oppose le désir de retourner dans le ventre maternel, et la peur qui est engendrée par ce désir.

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1.2.3. Karl Gustav Jung et la Psychologie analytique :

Le cours du CERFPA de 1° année intitulé « Psychanalyse » fournit une étude très détaillée de la pensée jungienne, que par conséquent nous ne reprendrons pas ici. Cependant, nous allons tenter de synthétiser les points cruciaux qui le séparent de la pensée freudienne et font font une psychothérapie à part.

Carl Gustav JUNG, était l’ami et le disciple de FREUD, mais il fut aussi l’élève de JANET. Lorsqu’il rencontre FREUD, il a déjà une conception du psychisme et de l’inconscient, et se trouve en désaccord avec la théorie freudienne de la sexualité infantile, du complexe d’Œdipe et de la libido. En revanche, il adhère aux hypothèses de FREUD sur les idées fixes inconscientes, sur les complexes, et s'enthousiasme pour la technique des associations verbales.

Le monde intérieur de JUNG est fait de rêves, d’introspection, il a le goût pour les choses occultes , et c’est avant tout l’aspect spirituel de la psychanalyse qui l’intéresse. Il se penche sur le cas des fous, des marginaux, des excentriques.

Une des divergences centrales entre JUNG et FREUD portait sur un concept-pilier en psychanalyse : celui de libido. FREUD la considérait comme une force biologique visant une décharge mécanique, alors que JUNG voyait en elle une force créative de la nature, comparable à l’élan vital.

Les conceptions de JUNG différaient également de celles de FREUD en ce qui concerne l’interprétation de la religion et de la spiritualité. Pour FREUD, on pouvait comprendre ces processus irrationnels (par exemple, la foi) d’une manière rationnelle : le phénomène religieux était interprété comme le résultat de conflits infantiles irrésolus. JUNG , contrairement à FREUD, était disposé à accepter l’irrationnel et le mystère. Ce furent certainement les nombreuses expériences religieuses qu’il connut dans sa propre vie qui le convainquirent de la réalité de la dimension spirituelle. Pour lui, cet élément spirituel était partie intégrante de la psyché humaine, un aspect de l’inconscient collectif indépendant des conditionnements de l’enfance et du contexte culturel et éducatif.

Il accorda une grande importance à l’inconscient, mais d’une manière différente de FREUD. Ce dernier le considérait comme une « décharge » des tendances instinctives refoulés, de souvenirs réprimés, d’interdits assimilés par le

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surmoi. Pour JUNG, l’inconscient est un principe actif et intelligent, qui relie l’homme au reste de l’humanité et au Cosmos.

Cet inconscient est collectif : il découvrit, dans ses rêves et ceux de ses patients, dans les fantasmes et les délires des psychotiques, des images ou fragments d’histoires rencontrés à l’autre bout de la planète et en des temps reculés. Il en conclut alors que l’inconscient a certes, une partie individuelle, mais qu’une autre partie est partagée par toute l’humanité qu’elle contient en quelque sorte la mémoire du monde.

Cette notion d’inconscient collectif nous renvoie à la conception du mythe, très différente chez JUNG et chez FREUD. Pour FREUD, le mythe est à comprendre comme un reflet de l’expérience humaine retraduisant des conflits universels communs à tous les hommes et caractéristiques de l’enfance. JUNG réfuta cette explication. Pour lui, si des éléments universels de mythes se reproduisaient au travers de rêves chez des personnes n’en ayant pas la moindre connaissance, c’est qu’il existait dans l’inconscient collectif des éléments susceptibles de les générer : ainsi, les rêves peuvent être compris comme des éléments de cet inconscient collectif se manifestant à un niveau individuel, et les mythes seraient comme des rêves collectifs.

La thérapeutique de la « psychologie analytique » jungienne consiste à redonner au patient l’accès à l’inconscient collectif par le moyen de ses rêves, qui sont interprétés à deux niveaux différents : l’un, individuel, et l’autre, prenant en compte les images et les symboles de l’inconscient collectif.

Dans l’analyse jungienne, le processus recherché est celui de l’individuation : le Soi est le modèle intérieur de la personnalité idéale que nous sommes censés devenir, et le processus d’individuation est ce cheminement pour réaliser le Soi. Il s’agit donc de rapprocher ce qui est vécu dans la sphère personnelle, individuelle, de l’ineffable, de ce qui dépasse la personne. L’individuation est en fait l’atteinte d’une forme de sagesse. JUNG souligne à ce propos l’importance de la maturation : les âges avancés sont le couronnement du processus d’individuation, et méritent pour cela une importance particulière.

On voit comme les traumatismes, les éléments vécus durant la petite enfance, le refoulement et l'inconscient personnel sont ici en retrait par rapport à la théorisation freudienne. Egalement, si JUNG considère que le thérapeute doit

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établir avec son patient un lien affectif solide et qui les unit, il pense néanmoins qu’il faut éviter d’établir une véritable « névrose de transfert », car alors le patient risquerait de ne pas rêver, ou ses rêves seraient contaminés par les interférences de son inconscient individuel, et ceci empêcherait l’exploration de l’inconscient collectif.

Le cadre diffère également de celui de l’analyse classique : la position est celle du face à face ; il n’y a pas de divan chez les jungiens. Les séances ont lieu une à deux fois par semaine et la psychothérapie dure au moins une année. Entre le thérapeute et le patient, il s’agit surtout d’un dialogue.

En Suisse et dans les pays anglo-saxons, la pensée de JUNG est aussi prégnante que celle de FREUD, alors que la France demeure très freudienne.

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1.2.4. L’analyse reichienne.

L’analyse reichienne est une démarche spécifique qui s’inscrit dans les variantes de la psychanalyse. Il est important de préciser que l’on peut aussi rattacher au nom de W. Reich un certain nombre de psychothérapies, qui ont toutes en commun l’importance qu’elles attachent au corps dans la constitution des troubles, et que l’on appelle les thérapies psycho-corporelles. Etant issues des apports de W. Reich, nous aurions pu les classer dans cette partie sur les variantes de la psychanalyse classique, mais il se trouve que, sur un plan pratique, elles s’en éloignent beaucoup, et qu’elles sont habituellement classées sous la bannière des thérapies existentielles et humanistes que nous étudierons plus loin.

W. REICH (1897-1957), psychiatre viennois, fut également un dissident du mouvement psychanalytique freudien : il adhéra à la thèse principale de FREUD concernant l’énorme importance des facteurs sexuels, mais en modifia les concepts. Son propos fut d’insister sur l’équilibre entre la charge et la décharge d’énergie, entre l’excitation et la libération sexuelle. Pour lui, c’est la suppression des sentiments sexuels qui constituent la véritable névrose, et ils sont réprimés par ce qu’il appelle la « cuirasse caractérielle » : la cuirasse a pour fonction de protéger l’individu contre les expériences douloureuses et menaçantes, et se caractérise par des tensions musculaires chroniques.

L’origine des névroses se trouve pour REICH dans l’influence répressive de la société. Un individu névrotique préserve son équilibre en puisant son énergie dans ses tensions musculaires, ce qui limite par ailleurs son excitation sexuelle, alors qu’un individu sain ne connaît pas de limitation car son énergie n’est pas emprisonnée dans une armure musculaire et peut alors s’exprimer librement.

A cette cuirasse caractérielle, correspond une cuirasse musculaire. Cette rigidité physique »représente, en réalité, la partie essentielle du processus de refoulement ». Pour REICH, en effet, « toute rigidité musculaire contient l’histoire et la signification de son origine. Sa dissolution non seulement libère l’énergie, mais aussi, ramène à la mémoire la situation où le refoulement a eu lieu. »

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La cuirasse musculaire est constituée de sept anneaux : oculaire, oral, cou, thorax, diaphragme, abdomen, pelvis.

L’apport de REICH à l’univers de la psychothérapie est très important. Son insatisfaction à l’égard de la psychanalyse le conduisit à développer ce qu’il appela l’analyse caractérielle, ou la végétothérapie. Celle-ci différait considérablement de la psychanalyse, dans le sens où des éléments physiques étaient pris en compte pour mobiliser les énergies réprimées et pour supprimer les blocages. Afin d’éliminer les blocages physiques et psychiques, le thérapeute conduit le patient à dissoudre les sept anneaux de la cuirasse musculaire, de haut en bas. Il s’agit de s’abandonner totalement aux mouvements spontanés et involontaires de son corps, généralement associés à la fonction respiratoire. Lorsque, au cours du processus, le corps manifeste un mouvement ondulatoire que REICH appelait « réflexe d’orgasme », les patients seraient alors capables de s’abandonner à la situation sexuelle et d’accéder à l’épanouissement. Car l’orgasme, pour REICH, décharge l’excédent d’énergie de l’organisme et contribue à la disparition des symptômes.

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1.2.5. L’analyse lacanienne :

De la même manière que l’analyse freudienne, la psychanalyse lacanienne a pour but de cerner l’origine des névroses grâce à la parole et au décodage de l’inconscient. Les mots suscitent des images, réveillent la mémoire et attirent peu à peu vers la conscience le souvenir des événements passés.

Tous les lacaniens se réclament de Freud, mais le contraire n’est pas vrai. Le point de divergence principal entre les deux est que la pratique lacanienne propose des séances à durée variable, en général brèves, et qui s’opposent à la pratique freudienne, avec ses séances de trois quarts d’heure.

Jacques Marie Lacan (1901 – 1981) a, sur des bases freudiennes, puisé dans la théologie, l’ethnologie, la linguistique et les mathématiques pour enrichir la psychanalyse. Il a introduit de nouveaux concepts psychanalytiques, comme celui de « stade du miroir », en 1936 (c’est en se regardant dans le miroir pour la première fois en compagnie d’un adulte qui lui explique que cet enfant de la glace, c’est lui-même, que l’enfant acquiert la conscience d’avoir un moi).

En général, toute psychanalyse débute par des « entretiens préliminaires », afin de cerner la problématique du patient et de tester son désir d’entreprendre une analyse. Chez les lacaniens, ces entretiens peuvent durer plusieurs semaines. Ensuite, le patient est invité à s’allonger sur le divan, mais seulement lorsqu’il n’a plus besoin de support visuel pour parler, et une fois que l’analyste est sûr que le transfert est installé.

Les analystes freudiens tiennent beaucoup à ce que le cadre proposé au patient soit immuable, c’est à dire que l’analyste doit demeurer égal à lui même dans sa « neutralité bienveillante », que la durée des séances ne varie pas… Au contraire, les lacaniens privilégient l’effet de surprise : l’analyste peut être tour à tour muet, de mauvaise humeur, ou bien chaleureux et plein d’humour, il peut lire son journal ou boire son thé en séance, tout cela afin que le transfert puisse émerger d’autant mieux : en se questionnant sur le désir de son analyste (mais que veut-il ?), en émettant des hypothèses, le patient révèle ses affects et ses fantasmes qui vont pouvoir être analysés.

La séance se termine lorsque le patient a énoncé un mot ou une idée venant éclairer sa problématique, et ce, même si elle a débuté depuis cinq minutes.

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L’interruption soudaine permet de faire comprendre au patient qu’il vient de faire surgir un élément important dans la compréhension de lui-même.

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1.2.6. La psychanalyse avec les enfants :

La psychanalyse avec les enfants peut être considérée comme une approche à part entière au sein du mouvement psychanalytique, bien qu’elle ne soit pas très éloignée de la psychanalyse des adultes.

Si FREUD n’a jamais cliniquement observé d’enfants, on peut dire que pour lui, l’enfant est le père de l’adulte, et que le devenir de la personnalité est mis en place très tôt, entre 5 et 7 ans. Cette importance accordée à l’enfant fera avancer le domaine de l’exploration psychanalytique

Les pionnières et initiatrices de la psychanalyse de l'enfant sont Anna FREUD à Vienne, et Melanie KLEIN à Budapest et Berlin. La naissance de la psychanalyse des enfants se fera, dès 1922, dans une violente confrontation entre deux tendances, représentées par ce qu'on pourrait appeler « l'école d'Anna FREUD » et « l'école de Melanie KLEIN. Ainsi, se sont opposées une psychanalyse de l'enfant qui se voulait une application des principes de la psychanalyse à l'environnement et à l'éducation de l'enfant (c'est la tendance d'Anna FREUD), et une psychanalyse d'enfant qui défend l'idée d'un transfert par l'enfant sur le psychanalyste, transfert qui est alors analysable(c'est la conviction de Melanie KLEIN)

Melanie KLEIN a mis au point la technique de la psychanalyse par le jeu. Elle défend d'emblée l'idée d'un transfert au sens complet du terme et analyse les aspects négatifs du transfert toujours présents dès le début de la cure et qu'il faut savoir reconnaître et interpréter pour abaisser le seuil d'angoisse. Ce fait suppose de considérer l'existence précoce d'un Surmoi sévère chez l'enfant.

Anna FREUD concevra, comme elle le définira, « quelque chose entre une crèche et un jardin d'enfants » qui prodigue aux enfants les plus pauvres des soins physiques et psychologiques. Elle créera en 1940, les Hampstead War Nurseries à Londres. Ces crèches de guerre s'enrichiront d'une fondation, The Hampstead Child Therapy Course and Clinic, où se pratique et s'enseigne la psychanalyse des enfants. Cette influence a enrichi la conception, au sein de l'institution, de la rencontre psychanalytique avec l'enfant. Anna FREUD a apporté une contribution irremplaçable à la psychanalyse d'enfant par ses travaux sur le moi et ses mécanismes de défenses..

D. W. WINNICOTT, pédiatre et psychanalyste a travaillé toute sa vie avec les enfants. Ses travaux, issus de ceux de Melanie KLEIN s'en éloigneront et

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reconnaîtront l'influence de l'environnement primaire. Il insistera sur le « tenir » du bébé par la mère avec les notions de holding et de handling. Il développera la conception d'un espace de création, l'espace transitionnel, qui se situe comme intermédiaire dans le champ de la relation précoce et est à la base de la culture. La mère est le premier miroir de l'enfant, et la représentation du vécu corporel de l'enfant passe par l'image du corps de la mère. Pour D. W. WINNICOTT, le jeu deviendra le lieu de l'expérience de la réalité, l'espace où se déroulent les contacts, les transitions entre l'intérieur et l'extérieur.

Aspects pratiques : En psychanalyse de l’enfant, la capacité de jouer ou de dessiner qu’il a

fournit ainsi un texte aussi analysable que les associations libres de l'adulte. Ces productions vont permettre de préciser le cadre de la cure psychanalytique de l'enfant et celui des psychothérapies psychanalytiques adaptées en fonction des troubles.

Le jeu : En introduisant le jouet et le matériel du jeu avec l'enfant, M. KLEIN va à la rencontre des fantasmes sous-jacents comme s'il s'agissait d'un récit de rêve. Elle découvre ainsi que l'enfant est dans une activité constante de personnification et donc qu'on peut considérer son activité de jeu comme assimilable aux associations libres. Cette personnification ouvre au théâtre du monde interne et à ses espaces complexes. Toute la vie psychique apparaît dominée par le jeu des fantasmes inconscients et les défenses qui y sont liées. L'analyste devient le lieu de projection des fantasmes inconscients les plus archaïques du patient. Le fantasme inconscient est l'expression psychique des pulsions. En France, l'une de ces techniques de jeu prendra un essor considérable: il s'agit du psychodrame psychanalytique dont les conditions seront définies pour être adaptées aux enfants.

- Le dessin. : Avec le petit Hans, étudié par FREUD, qui dessine le « fait-pipi » de la girafe, nous avons la première expression psychanalytique par le dessin du questionnement psychique chez un enfant. Le dessin en séance d'analyse est interprété comme l'expression du fantasme inconscient avec sa référence corporelle. Le dessin peut être aussi utilisé comme un rêve qui permet que des associations libres s'expriment.

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- Le Cadre : L'aménagement de la thérapie psychanalytique d'un enfant se fait avec l'aide des parents. Cependant, le secret est une règle qui s'applique autant en psychanalyse d'enfant qu'en psychanalyse d'adulte. C’est à cette condition qu’il est possible de créer un espace où la règle de libre association adaptée à l'enfant peut se déployer. C'est à partir de cette conception du cadre comme enveloppe et du processus comme contenu que s'expriment les aspects négatifs du transfert si importants en psychanalyse de l'enfant. Le cadre est en effet le contenant de représentations excitantes pour le moi. Dans certains cas difficiles, des indications particulières sont possibles. Il s'agit autant des thérapies psychanalytiques mère-nourrisson que des thérapies familiales psychanalytiques qui requièrent des techniques propres.

- L'analyste et la famille : Une particularité de l'analyse d'enfant réside dans le fait que l'analyste est l'interlocuteur d'un enfant et donc de ses parents. C'est une pression non négligeable pour l'analyste que l'attente des parents à son égard alors qu'il est l'analyste de l'enfant. Cette pression concerne tout autant des attentes conscientes - exigences de résultats éducatifs ou scolaires - qu'inconscientes en ce que l'analyste devient un objet de transfert pour les parents eux-mêmes dans leur part infantile. L'analyste d'enfant doit s'attendre à représenter une figure parentale pour les parents de l'enfant dont il assure la cure. Ceci n'est pas une donnée mineure pour le contre-transfert.

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1.2.7. Les psychothérapies psychanalytiques de groupe :

A- Conception d’une thérapie de groupe :

C’est à partir de la conception psychanalytique de ce qu’est la « dynamique de groupe » qu’est née la thérapie psychanalytique de groupe.

Pour FREUD, la cohésion d’un groupe provient de l’identification de chacun de ses membres au même « idéal du moi ». Partant de là, des applications cliniques se sont fait jour, permettant l’éclosion des pratiques thérapeutiques de groupe. Ce qui les sous tend est la découverte suivante : les participants vivent des choses apparemment profondes, puissantes et importantes pour eux-mêmes au sein d’un groupe, justement quand ce sont les relations à l’intérieur de ce groupe qui constituent l’essentiel de la rencontre, à l’exclusion de toute autre tâche.

La naissance des groupes thérapeutiques correspond également à une idéologie : comme l’explique N. SINELNIKOFF1, celle-ci est « apparentée à une contre-culture : il serait nécessaire, pour un individu ayant de lui-même une image trop dépersonnalisée et vivant dans une société vaste et surpeuplée qui accorde une trop grande place à la technologie et à l’informatique, de retrouver ses désirs d’interaction intime, d’amour et de réalisation personnelle. Il s’agit d’une révolte contre la culture dominante de la société ».

Dans la plupart des groupes thérapeutiques se défendent d’ailleurs de pratiquer la psychothérapie, mais proposent plutôt une « évolution personnelle ». On y trouve souvent des personnes assez peu perturbées, qui ont pour objectif, plus que de restaurer une santé psychique défaillante, d’améliorer son rapport à soi-même et aux autres. C’est pourquoi une personne qui se sentirait véritablement en état de détresse psychologique ne devrait pas se tourner vers un groupe de rencontre, mais plutôt envisager un traitement psychothérapique individuel.

La pratique psychanalytique de groupe vise par exemple, à montrer au patient les différentes stratégies dont il fait usage afin d’éviter l’angoisse2, ou pour la diminuer. Les réactions d’angoisse vis-à-vis du groupe sont interprétées

1 SINELNIKOFF, N. Les psychothérapies, dictionnaire critique – Ed. ESF2 selon l’approche de H. S. SULLIVAN

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comme venant de la petite enfance, dans un contexte humain où des interactions avec des personnes proches de lui ne se sont pas déroulées de manière satisfaisante. Le thérapeute explore alors avec le patient ses insatisfactions, insécurités, blocages que lui renvoie la situation groupale, et ce, avec l’assistance des membres du groupe. Le patient peut alors se rendre compte de ses projections et réaliser que l’angoisse vécue n’est que la transposition d’une situation passée sur la situation actuelle. Il peut alors effectuer des corrections dans son système de perception.

B – L’inconscient groupal et les thérapies familiales analytiques

La plupart des thérapies dites familiales pratiquées aujourd’hui sont de type systémique, et appartiennent à un autre cadre théorique. Nous y reviendrons plus loin. Toutefois, certains psychanalystes (W. BION, M. BALINT, D. ANZIEU, R. KAËS) ont étudié l’inconscient groupal, ce qui a débouché sur des applications thérapeutiques avec la famille.

Selon ces auteurs, les conflits qui se nouent et se dénouent dans un groupe thérapeutique - non familial - sont transférés à partir du premier groupe constitué chez l’individu, c’est à dire sa famille.

Dans une famille, existerait une « sphère psychique indifférenciée », commune à tous les membres, de nature onirique et archaïque. L’objectif du thérapeute sera non pas de traiter les psychismes des individus particuliers, ni même leurs interactions (c’est ce que fait la thérapie systémique), mais bien de traiter l’appareil psychique familial lui-même. Ce dernier est considéré comme le contenant des appareils psychiques individuels de chacun des membres. Le thérapeute s’appuyant sur les concepts théoriques de la psychanalyse, les participants pourront repérer et élaborer leurs conflits inconscients.

Il existe aujourd’hui une cure type familiale, de même qu’il existe une cure-type individuelle. Son cadre est très proche de celui de la cure individuelle, avec trois règles fondamentales qui y sont appliquées :

- l’association libre de groupe ;

- l’abstinence (le thérapeute ne conseille pas)

- une présence sur deux générations au moins

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Le thérapeute a une fonction d’écoute et d’interprétation ; écoute neutre et sans intervention proposant des solutions, avec une attention flottante, sollicitée par tout ce qui surgit comme matériel verbal. Son objet d’observation est le langage du groupe, avec le déchiffrement du contenu commun et des fantasmes inconscients partagés. Comme dans l’analyse individuelle, les résistances et les transferts groupaux sont interprétés.

En pratique, le thérapeute fonctionne le plus souvent en co-thérapie : un thérapeute principal, et un autre, notant, autant que faire se peut, les propos du groupe, afin que l’écoute soit la plus exhaustive possible. La prise en charge est assez lourde, puisqu’il s’agit, comme en analyse d’un engagement sur plusieurs années.

C – Les psychodrames :

C.1. Le psychodrame morénien :

Enfin, lorsqu’on aborde la pratique psychanalytique de groupe, on se doit d’aborder la pratique du psychodrame. Nous l’avons abordé succinctement dans le Chapitre II/ Les grands courants théoriques, lorsqu’il a été question de la psychologie sociale. Rappelons-nous que c’est à l’origine à MORÉNO que nous devons cette approche par le jeu, au sein d’un groupe. Le psychodrame morénien ne peut pas être directement considéré comme psychanalytique, mais si nous le mettons ici sous l’enseigne des thérapies dérivées de la psychanalyse, c’est parce que nombreux ont été les psychanalystes à s’en inspirer, notamment en France. Voyons dans un premier temps quelle était la pratique de Moréno, et ensuite, quelle est la conception des psychanalystes qui ont repris cette technique.

MORÉNO considérait qu’il était nécessaire de soigner non seulement l’individu à titre individuel, mais aussi, les rapports sociaux et interpersonnels du sujet, et que pour cela, il était bon de l’inclure au sein du processus thérapeutique lui-même. Au cours de notre vie, nous avons à jouer une multitude de rôles qui nous ont été imposés par la pression sociale : l’enfant, l’ami, le parent, le client, le patron, etc. Pour MORÉNO, le moi se forme à partir de ces rôles qu’il nous est demandé de jouer. Tenir différents rôles à la fois peut créer des conflits dans lesquels le Moi se trouve tiraillé : par exemple, un jeune homme dont la mère a

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une image de héros et le père, une image de raté: le résultat ne peut être que conflictuel pour le garçon.

La thérapie propose de faire rejouer la scène conflictuelle, afin de prendre mieux conscience du conflit, et de s’en libérer en trouvant des solutions alternatives. Par le jeu, il y a une distance plus grande avec la situation conflictuelle vécue, une spontanéité nouvelle que pour MORÉNO il s’agit de redécouvrir dans la vie réelle, et des voies nouvelles peuvent être trouvées avec l'aide et le soutien du groupe. Ainsi, le jeune homme évoqué ci-dessus pourra alternativement, avec deux participants différents, jouer ces situations, qui révèlent deux aspects conflictuels de sa personne.

Le thérapeute est celui qui va planifier les scénarios à jouer, les échanges de rôles… A tout moment, le protagoniste (c’est-à-dire le patient) peut amener un élément de ses réflexions ou de son histoire qui lui paraît significatif, et dont le thérapeute tiendra compte.

Les membres se consacrent tour à tour à la difficulté de chacun et pour chaque difficulté, c’est le groupe entier qui est mobilisé, créant une petite société bienveillante autour du projet thérapeutique. Certains membres vont avoir le rôle des interlocuteurs du protagoniste, et d’autres seront les « ego auxiliaires », pouvant aider le protagoniste à trouver des solutions alors qu’il n’arrive pas à se sortir d’un conflit.

C.2. Le psychodrame psychanalytique :

Le psychodrame morénien a été repris par des psychanalystes et eu des applications pratiques. Au départ, le psychodrame, pour MORÉNO, s’opposait en tous points à la psychanalyse. Il en contestait à la fois la méthode, qu’il jugeait individualiste et réductrice, et la théorie. Il opposait la création libre et spontanée à la recherche du passé, la réalisation par l’action à l’introspection, le rôle

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actualisé dans le jeu, au fantasme intérieur. Mais, lors de son introduction en France, la pratique du psychodrame a été jugée comme tout à fait compatible avec la pratique analytique par les psychanalystes, pour peu que l’on ne suive pas les constructions théoriques de MORÉNO.

Pour eux, les contenus des thèmes, les particularités du jeu, peuvent être interprétés au sein de la cure au même titre que des attitudes que le patient aurait au sein de la cure, ou que des rêves, car ce sont des productions de l’inconscient. Plus tard, MORÉNO a reconnu que cette pratique était une variante technique parmi d’autres du psychodrame.

La pratique psychanalytique du psychodrame est différente de celle telle que la concevait MORÉNO : au lieu d’être directif et de planifier les scénarios, le thérapeute laisse le patient ou le groupe choisir son thème et le jouer à sa guise. Le thérapeute interprète ensuite en termes de désir, de conflits, de défenses, les significations inconscientes du thème et du jeu.

Au sein des psychanalystes s’intéressant au psychodrame, on assiste à des différences de conceptions. Pour les uns, le psychodrame est simplement un moyen d’expression, qui en soi n’ajoute rien au processus analytique classique. Pour les autres au contraire, l’improvisation par le jeu s’ajoute aux processus analytiques habituels.

Du point de vue de ses applications thérapeutiques, le psychodrame est utilisé chez les adultes, mais plus largement encore chez les enfants et les adolescents. Entre treize et seize ans, le psychodrame semble être une indication privilégiée : en effet, les adolescents, qui au niveau verbal peuvent avoir tendance à s’exprimer par des rationnalisations et des abstractions, trouvent au moyen du jeu dramatique un moyen de rentrer en contact avec des rôles concrets et des affects éprouvés. Il peut être appliqué à des organisations psychopathologiques diverses : pour les psychotiques, dont la personnalité est souvent coupée du monde et atteinte en profondeur, il offre de nouvelles possibilités d’expression et permet ainsi à ces personnes de rompre leur isolement et de s’insérer dans un groupe. Pour d’autres troubles sévères, mais compatibles avec une relative adaptation en société, on utilise beaucoup le psychodrame psychanalytique individuel. Enfin, pour les cas les plus légers, comme les situations de crise passagère (familiale, scolaire, de développement), on utilise volontiers le psychodrame de type morénien.

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Parmi les analystes français s’étant intéressés au psychodrame, on trouve l’école de Serge LEBOVICI, René DIATKINE et E. KESTENBERG, orientée particulièrement vers le psychodrame individuel des psychotiques, et le psychodrame de Didier ANZIEU.

D – La somatanalyse :

La somatanalyse est une psychothérapie qui vise à intégrer le corps dans le travail thérapeutique. Elle se pratique en groupe et est directement issue de la psychanalyse : elle tente d’intégrer les techniques corporelles à l’analyse freudienne. Par conséquent, elle se distingue des autres techniques de psychothérapie qui passent par le corps, comme par exemple la bioénergie, puisque, basée sur les concepts freudiens, elle s’abstient de toute directivité.

Le patient qui est suivi dans les groupes de somatanalyse l’est aussi individuellement. Les séances de groupe durent en général trois à quatre heures, et se structurent en quatre cadres successifs :

- dans un premier temps, ce qu’on appelle le « grand groupe inaugural verbal » donne la priorité à la parole.

- Ensuite, le « grand groupe rapproché verbal » rapproche les participants physiquement les uns des autres, les mains et les épaules se touchent. L’émotion peut s’installer, et on entame un travail vocal qui peut se prolonger jusqu’aux cris.

- Dans le « groupe éclaté primal », les participants vont quitter le cercle, seuls ou deux par deux, pour vivre leurs émotions dans les cris, les larmes ou le silence. Ils sont accompagnés par le thérapeute.

- Enfin, les participants se réunissent à nouveau dans le « groupe retrouvé convivial » après avoir vécu et vu disparaître l’émotion. Chacun pourra mettre des mots sur ce qu’il vient de vivre.

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Ainsi, nous pouvons voir que la somatanalyse, de même que la psychanalyse, ne propose pas au patient de fixer un but thérapeutique précis et c’est aussi en cela qu’elle se différencie des autres thérapeutiques corporelles. Dans un esprit non directif, elle propose un espace où le corps peut parler, sans être nié ni méprisé, et c’est au même titre que la psychanalyse qu’elle permet de relancer le développement de la personne à tous ses niveaux de fonctionnement . Elle s’adresse tout particulièrement aux personnes qui ne se sentent pas à l’aise avec la seule parole.

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1.2.8. La psychothérapie institutionnelle et l’antipsychiatrie

La psychothérapie institutionnelle, dont le terme date de 1952, a été initiée par l’expérience d’un homme d’une personnalité exceptionnelle, F. TOSQUELLES, thérapeute et psychanalyste, lors de la dernière guerre. Lorsqu’il arriva dans un hôpital perdu de Lozère, à Saint-Alban, une famine sévissait, qui engendra l’extermination douce de 40 000 malades mentaux sous le régime de Vichy. TOSQUELLES montra qu’en laissant sortir les malades et en ouvrant l’hôpital à la population rurale, toute une série d’échanges mutuels pouvait mettre en échec la sous alimentation, et valorisait les malades en les rendant actifs et partie prenante du milieu dans lequel ils vivaient. Non seulement ils ne mouraient plus, mais ils se transformaient également profondément de par les responsabilités qu’ils prenaient collectivement au sein de l’institution de l’hôpital.

C’est au début des années 1950 que la psychothérapie institutionnelle se structura comme telle : son nom lui fut donné en 1952 par G. DAUMEZON et P. KOECHLIN, et en 1953, la Clinique de la Borde devint, avec Félix GUATTARI et Jean OURY, le champ d’expériences cliniques et d’élaborations théoriques de ce mouvement. L’œuvre de LACAN était des plus étudiées, surtout concernant le champ de la psychose ; on assiste à une remise en question permanente de la clinique en tant que lieu de soins, on veille à son ouverture sur l’extérieur, et avant tout, à ce qu’elle s’adapte aux patients, et non l’inverse. Ainsi, par exemple, un Club des patients, indépendant administrativement de l’hôpital, pouvait gérer le parc de voitures ou le standard, et prendre des décisions en toute autonomie face à l’administration hospitalière.

Le modèle sur lequel se base la psychothérapie institutionnelle repose sur la définition de l’aliénation sociale qui vient surcharger et aggraver l’aliénation mentale.

L’antipsychiatrie peut être considéré comme l’aboutissement logique de la psychothérapie institutionnelle. Le terme a été inventé par D. Cooper pour désigner un mouvement de contestation du savoir psychiatrique. La psychothérapie institutionnelle visait à réformer l’asile et à créer une ouverture plus large au monde de la folie. L’antipsychiatrie, elle, était plus radicale et voulait supprimer l’asile et la notion même de maladie mentale. Parmi ses

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initiateurs, on peut compter dans ce mouvement D. COOPER et R. LAING en Grande Bretagne, F. BASAGLIA en Italie et G. BATESON aux Etats-Unis.

D. COOPER voyait en la maladie mentale, et plus particulièrement en la schizophrénie, une expérience, un voyage, un passage, « une stratégie inventée par le sujet pour vivre une histoire invivable » (LAING). A l’origine, sa théorie se base sur l’expérience vécue par une infirmière, Mary Barnes, reconnue schizophrène incurable, qui entra à l’hôpital où on la laissa régresser pendant cinq années. Au bout de cette descente aux enfers, une sorte de mort symbolique où elle put finalement renaître à la vie, devenir peintre et écrire son « voyage ».

Dans le service où il exerçait, COOPER décida de laisser s’accumuler dans les couloirs et les chambres les détritus en tous genres déposés par les patients, afin de les laisser régresser à un état archaïque autant de temps que nécessaire, tripoter leurs excréments, puis remonter enfin vers le monde des vivants. Il suggéra aussi que d’anciens malades deviennent les infirmiers, et également que les internés aient droit à la sexualité. En finalité, l’expérience put se révéler concluante et monter que, sous certaines conditions, la schizophrénie, réputée incurable, pouvait guérir.

L’antipsychiatrie, malgré certains résultats thérapeutiques, fut un mouvement fulgurant qui mourut aussi rapidement, non sans avoir laissé un impact considérable dans le monde entier. C’était surtout une révolte et l’utopie de la transformation possible de la folie en un mode de vie différent, poétique.

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2. Les thérapies de type existentielle et humaniste

La psychanalyse et le béhaviorisme étaient au milieu du XX° siècle les deux théories principales du comportement humain, et un nombre croissant de cliniciens ou de théoriciens éprouvaient une insatisfaction à l’égard de ces deux systèmes déterministes. C’est dans ce contexte que se développèrent, tout naturellement, la psychologie humaniste et la psychologie existentielle, qui, à l’inverse des deux courants précédents, insistaient toutes deux beaucoup sur l’importance de la liberté.

2.1. Conception philosophique et but thérapeutique

Ces deux courants, existentiel et humaniste, expliquent les troubles psychiques de l’être humain par l’aliénation de l’expérience et le manque de congruence entre l’expérience et le Soi.

La psychothérapie existentielle plonge ses racines dans la philosophie de Sören KIRKEGAARD, philosophe suédois, et dans la phénoménologie de HUSSERL. Chaque individu est un être unique, que l’on ne peut réduire à une quelconque explication, qu’elle soit scientifique ou philosophique. C’est la liberté de choix qui caractérise chaque être humain, et qui par conséquent rend son avenir imprévisible et angoissant. En fait, l’angoisse et le malaise humains sont existentiels, car les hommes se trouvent dans un monde hostile au sein duquel ils tentent d’atteindre désespérément des objectifs, qui de toutes façons, seront impitoyablement anéantis par la mort. Ce qui évitent d’y penser vivent d’une manière superficielle et conventionnelle, et ne vivent donc pas de manière authentique. Ceux qui sont honnêtes avec eux mêmes ne peuvent par contre pas faire l’économie d’être conscients à tout moment de leur mort prochaine.

Les psychothérapies humanistes se fondent quant à elles sur l’hypothèse que l’humanité d’aujourd’hui est trop intellectuelle, et par conséquent, coupée de ses sentiments et de ses émotions. Les approches thérapeutiques humanistes ont pour but la croissance personnelle et la promotion de l’authenticité et de la spontanéité.

Un changement important qu’offrent ces conceptions par rapport à la conception psychanalytique, est le déplacement de l’orientation purement

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« intrapsychique » des conflits, vers la reconnaissance du rôle des relations interpersonnelles, familiales et sociales.

2.2. Les différents courants de l’approche existentielle et humaniste :

Dans cette approche, la relation entre le thérapeute et le patient se doit d’être « naturelle » : on préférera toujours l’empathie à l’interprétation, et l’éprouvé à l’expliqué. C’est seulement lorsque le thérapeute est naturel que le patient pourra découvrir ce qui est naturel en lui-même.

Cette approche va se centrer sur la volonté et le pouvoir de décision du patient : en aucun cas, la thérapie ne doit entraîner une attitude passive chez le patient. Egalement, l’objectif sera l’unité de la personne et son intégration : le thérapeute devra donc se garder de « fragmenter » son patient avec des explications ou des interprétations. Enfin, la personne sera toujours prise en compte par rapport à son devenir.

D’une manière générale, les méthodes existentielles et humanistes mettent les techniques au second plan et privilégient la « qualité d’être » du thérapeute.

Il est difficile de circonscrire le champ des méthodes existentielles et humanistes, pour deux raisons :

- d’une part, toute thérapie est tôt ou tard amenée à considérer, dans sa démarche, ce que vit la personne dans sa singularité, et en ce sens, elle est existentielle.

- D’autre part, les thérapies humanistes et existentielles d’aujourd’hui ont souvent une filiation avec les disciples de Freud, et restent par conséquent liées à la psychanalyse, même si c’est de manière lointaine.

Nous allons maintenant présenter, d’une manière non exhaustive, les thérapies existentielles et humanistes.

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2.2.1. La Daseinanalyse de L. BINSWANGER

Le psychiatre suisse Ludwig BINSWANGER (1881 – 1966), psychanalyste freudien à la base, a élaboré sa propre méthode thérapeutique, la Daseinanalyse (analyse existentielle). Pour lui, FREUD a mis en relief les déterminismes psychologiques de l’être humain, et c’est un bon pas dans la connaissance. Mais le tout est de savoir ce que l’homme en fait, et dans quelle mesure il est libre. Ainsi, il ne considère pas la psychanalyse comme une méthode de traitement qui s’opposerait à l’analyse existentielle : elle constitue au contraire un premier pas dans la découverte de soi.

L’analyse existentielle conçoit la thérapie davantage en termes de projet et de potentialités, se tournant ainsi vers l’avenir, qu’en termes d’inconscient et de refoulement, trop axés sur le déterminisme et le passé.

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2.2.2. Abraham Maslow

Abraham MASLOW n’a pas élaboré de psychothérapie spécifique, mais nous avons jugé bon de mentionner son existence et de retracer sa pensée dans les grandes lignes, parce qu’il est une des figures de proue de la psychologie humaniste. Sa critique de la psychanalyse et du béhaviorisme donna sa force au mouvement humaniste. Il rejeta la vision sombre de FREUD d’une humanité dominée par ses instincts fondamentaux, où les phénomènes tels que l’amour, la beauté, le sens de la justice ne seraient que des sublimations de bas instincts ou des formations réactionnelles contre eux, où toutes les formes supérieures de comportement sont considérées comme imposées à l’individu, et non comme inhérentes à sa nature. MASLOW marqua aussi son désaccord vis à vis de la démarche freudienne, qui se concentre exclusivement sur les névroses et les psychoses : se concentrer sur ce que l’humanité a de pire, disait-il, donne une image déformée de la nature humaine.

La critique de MASLOW à propos du béhaviorisme portait sur le fait que ce courant considérait les humains comme des animaux répondant aveuglément à des stimuli de l’environnement. L’intérêt des béhavioristes pour les expériences animales ne présente, selon lui, qu’un intérêt limité, car ces expériences fournissent des informations sur ce que l’être humain partage avec d’autres espèces, mais n’apporte rien sur ce que l’humain a de spécifique. En s’intéressant exclusivement aux animaux, on néglige les éléments particuliers aux êtres humains, qui sont : la conscience, la culpabilité, l’idéalisme, la spiritualité, l’art, la science…

Le béhaviorisme se fondait presque exclusivement sur les expériences externes auxquelles est soumis l’être humain, et la psychanalyse, sur ce que fournit l’introspection. MASLOW, quant à lui, défendait une psychologie qui aurait associé les deux : des données objectives et l’introspection.

Pour illuster sa critique de la psychanalyse, il démontra, avec une étude détaillée de sujets ayant vécu des expériences mystiques, que ces expériences doivent être comprises comme des phénomènes supra-normaux, et non comme pathologiques, et qu’ils sont associés, chez l’homme, à une tendance à se réaliser.

Une autre de ses contributions fut d’élaborer les concepts de « métavaleurs » et de « métamotivations » : MASLOW croyait en effet, et contrairement à FREUD, que les êtres humains possèdent spontanément une

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hiérarchie de valeurs et de besoins supérieurs, avec les tendances correspondantes à les suivre, que les besoins supérieurs représentent un aspect authentique et important de la structure de la personnalité, et ne peuvent être considérés comme des dérivés des instincts fondamentaux. Ces besoins et ces motivations sont même très importants pour l’hygiène mentale.

Les idées de MASLOW influencèrent profondément le développement de la psychologie humaniste. Il accorda une valeur importante à la notion de liberté personnelle, et à la capacité qu’a l’individu à contrôler le cours de sa vie.

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2.2.3. Carl Rogers

De même que MASLOW, Carl ROGERS est un des noms les plus représentatifs de la psychologie humaniste. ROGERS a fondé plusieurs concepts que nous allons étudier, notamment ceux d’entretien « non directif » ou « centré sur le client », ou de « counseling ».

Né en 1902 à Chicago, Carl ROGERS mène une double activité de clinicien et de chercheur en psychologie. Il définit la méthode du counseling, ou pédagogie non directive. Le concept de « non directivité » indissociable du nom de ROGERS, a exercé une influence très profonde sur le mouvement de psychologie humaniste. La caractéristique de cette notion est de mettre en avant davantage l’attitude du thérapeute que sa technique ou ses théorisations.

Nous allons tenter de donner une introduction à la pensée rogérienne, en donnant les attitudes et les principes de l’attitude qu’il préconise.

Le but de l’entretien rogérien est de rendre possible à l’interviewé de restaurer l’unité entre ce que dit la personne, et ce qu’elle est. Le thérapeute rogérien n’a d’autre but que celui-là. Il considère en effet que l’être humain a la capacité de se comprendre lui-même et de résoudre ses problèmes. Pour cela, il est nécessaire que le thérapeute adopte une attitude d’empathie, de congruence et de considération positive vis à vis de son client.

En effet, on a découvert que le changement de la personne se trouvait facilité lorsque le psychothérapeute est authentique, sans masque ni façade dans ses rapports avec son client. C’est ce que ROGERS a nommé la « congruence », et qui pour lui est un facteur décisif de changement. Un exemple de non congruence peut être trouvé dans les publicités télévisuelles ou radiophoniques : le ton de la voix de la personne qui parle sonne faux, on sent clairement qu’elle fait semblant. A l’inverse, il y a des personnes en qui l’on fait instantanément confiance, parce que nous sentons qu’elles sont authentiques, et c’est cela, la congruence.

La deuxième condition facilitatrice du changement préconisée par ROGERS, est l’attitude chaleureuse, positive et réceptive du thérapeute à l’égard de son patient. Il a appelé cette attitude la « considération positive inconditionnelle » : quoi que vive le patient et quel que soit son comportement, le thérapeute accepte le patient avec bienveillance.

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La troisième condition est celle d’une compréhension empathique. On pourrait la définir comme le ressenti, par le thérapeute, du monde intérieur du client. Le thérapeute, par son empathie, parvient à ressentir le monde du client « comme si » c’était son monde à lui, mais sans jamais perdre la qualité du « comme si » : il ne fusionne pas. Lorsque le thérapeute parvient à saisir , instant après instant, ce que le client éprouve, sans que sa propre identité se dissolve dans ce processus empathique, , alors un changement peut s'opérer.

Au nom de Carl ROGERS est également associé le concept d’entretien non directif. Le rôle du thérapeute est en effet, pour lui, d’accompagner et non de guider. Il ne doit viser ni à rassurer, ni à juger, ni à interroger le client, ni à explorer sa vie ou à interpréter ce qu’il vit. Simplement, il vise à participer à l’expérience immédiate du patient, et les réponses doivent épouser naturellement la pensée de ce dernier. Pour ce faire, il s’agira de la reprendre, sous une forme équivalente. C’est ce que l’on appelle la « réponse reflet ».

Par exemple, une personne qui dit : « je suis complètement découragé, je n’en peux plus ». La réponse du thérapeute ne devra pas viser à convaincre son patient qu’il y a une solution, ou bien que son problème n’existe pas. La réponse de type reflet sera « vous vous sentez à bout ». Une telle réponse crée les conditions pour permettre au patient de percevoir mieux ses vues du problème, et éventuellement, de les corriger. « Refléter » consiste en somme à paraphraser, et donc à accentuer ce que communique le client, ce qui a un effet salutaire, à la fois soulageant et stimulant, puisque le patient a souvent l’habitude d’être critiqué ou contredit dans sa plainte. Ainsi, le reflet représente le moyen par excellence de faciliter la prise de conscience de l’expérience vécue.

La réponse en reflet selon Carl ROGERS peut se présenter en plusieurs modalités, que nous ne pouvons détailler ici. Pour approfondir la pratique de l’entretien non directif, nous vous invitons à lire les ouvrages citées en bas de page.1

1 ROGERS, Carl, La relation d’aide et la psychothérapie, Ed. ESF, 1989MUCHIELLI, Roger, L’entretien de face à face dans la relation d’aide, Ed. ESF, 1995

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2.2.4. Les thérapies psychocorporelles :

A - L’analyse bioénergétique d’A. LOWEN :

Alexander LOWEN fut l’élève et le patient de W. REICH. Il fonda la bioénergie, ou analyse bioénergétique, en 1956 à New York.

Il reprit les principaux concepts de REICH : celui d’unité psychosomatique, de cuirasse musculaire, ainsi que son orientation thérapeutique : le travail sur les tensions, les zones de blocage, la respiration…

Son hypothèse est que l’énergie qui se manifeste dans le corps humain se manifeste sous la forme de phénomènes à la fois psychiques et somatiques. Il nomme cette énergie fondamentale la « bioénergie ». Ce qui réunit le psychisme et le corps est le caractère : celui-ci a été mis en place dès la petite enfance pour éviter la souffrance. Il est en fait constitué de résistances.

LOWEN a établi, en fonction des types de cuirasses musculaires et des types de caractères, une véritable typologie caractérielle constituée de cinq types, qui correspond chez l’individu à une structuration défensive :

- le caractère schizoïde est celui qui se constitue le plus précocément dans l’enfance (donc le plus défensif) ; il correspond à une fragmentation du corps qui ne semble pas avoir d’unité, ni éprouver de sensations, de sentiments et d’émotions. La personne est comme coupée de la réalité, dans un monde imaginaire. On peut retrouver cette structuration en psychopathologie dans les psychoses et les états limites (voir cours 2° année).

- Le caractère oral se constituerait un peu plus tardivement, mais correspondrait à un manque affectif précoce, laissant un sentiment de vide affectif avec un grand besoin des autres. Le corps est en général asthénique, longiligne et étroit, la respiration, étriquée. Les comportements tournent souvent au niveau d’une problématique orale : personnes très bavardes, boulimiques ou anorexiques.

- Le caractère psychopathe est celui d’un sujet manipulateur, enfant d’une mère elle-même manipulatrice et séductrice, et d’un père qui n’a jamais vraiment exercé sa fonction séparatrice entre la mère et l’enfant. Le corps est

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disproportionné : le haut est hypertrophié, tandis que les jambes et le bassin sont maigres et peu développés. C’est comme si l’énergie s’était coupée des besoins corporels pour s’investir dans une image du Moi hypertrophiée, avec un besoin de contrôle et de domination pouvant se manifester par des comportements de séduction.

- Le caractère masochiste se constitue plus tard, vers deux - trois ans, en réaction à une mère qui multiplie les interdits et à un père faible. Ces personnes ont une forte quantité d’énergie, justement parce qu’en périphérie, l’énergie ne peut se décharger : ainsi, le corps est souvent peu développé aux extrémités, les extenseurs moins développés que les fléchisseurs. La structure corporelle semble constituée pour « encaisser », avec de fortes tensions apparaissant au niveau du cou et de la taille. Le comportement peut être provocateur, le tempérament, entêté, irritable.

- Le caractère rigide se construit vers 5 ans. Le corps est harmonieux, bien structuré et développé, mais relativement rigide, de même que la pensée et l’expression émotionnelle. Les muscles sont tendus et expriment le besoin de contrôler, de résister, pour éviter la blessure du rejet. Souvent, il y a évitement de l’embrasement amoureux.

Chaque personne ne correspond pas à un type caractériel « pur » et est plutôt constituée d’un mélange, mais a un type dominant. Définir la structure caractérielle par la lecture du corps permet un diagnostic, et également une orientation du travail thérapeutique. LOWEN tient compte du transfert du patient, et s’en sert pour établir, en fonction de la manière dont il se manifeste dans la relation thérapeutique, le diagnostic caractériel.

Le thérapeute écoute le patient et l’observe, afin de tirer des informations de son discours verbal et corporel, et il utilise le corps pour permettre au patient d’intégrer de nouvelles expériences d’un point de vue somatique (par exemple, exprimer une colère en frappant sur un objet extérieur). Les contacts physiques sont également utilisés pour mettre davantage en évidence le transfert et le contre-transfert. Le travail thérapeutique comporte également des exercices corporels spécifiques, destinés à faire émerger les blocages d’énergie, les tensions musculaires et les armures qui empêchent l’énergie de s’écouler librement à travers l’organisme.

L’analyse bioénergétique est surtout indiquée aux pathologies psychosomatiques et aux personnes hypertendues dans leur corps. Egalement,

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elle peut être bénéfique aux patients « états-limites » (entre névrose et psychose, voir cours 2° année) de par le face à face très en contact qu’elle offre. Par contre, elle n’est pas indiquée dans les cas de psychoses, où les sujets ne sont pas suffisamment en contact avec leur corps pour être traités par cette approche.

B – La thérapie primale d’A. JANOV :

La thérapie primale, qui peut aussi se rattacher aux thérapies issues des apports de W. REICH, a été élaborée par A. JANOV dans les années soixante en Californie. Les origines de cette thérapie ont été strictement empiriques, inspirées de diverses observations accidentelles de personnes se laissant aller à émettre un cri primordial inarticulé, qui fut chaque fois suivi d’un soulagement spectaculaire et de modifications de comportement. Pour JANOV, la souffrance ressentie par le petit enfant lorsque ses besoins physiologiques et affectifs ne sont pas satisfaits pendant trop de temps, des perturbations psychiques ultérieures vont se faire jour. Ainsi, la névrose est un comportement qui représente une défense contre la douleur excessive des traumatismes de l’enfance. Les « douleurs primales » sont reliées à des événements survenus très tôt dans la vie de l’individu et n’ont pas pu être intégrées. Au contraire, ce qui a été emmagasiné (émotions, sensations) s’est transformé en tensions ou en défenses, et se traduiront par des pensées ou des activités compulsives, codées dans toutes les fibres du corps. Et, de même qu’O. RANK ou L. ORR, JANOV a reconnu, outre différents niveaux de douleur primale (chacune étant liée à une période précise de l’enfance), le rôle de la douleur ancrée dans une naissance traumatique.

Les douleurs primales sont coupées de la conscience. En avoir conscience entraînerait chez la personne des souffrances insupportables. Ces douleurs, bien qu’inconscientes, n’interfèrent pas moins avec l’authenticité de notre propre vie et nous empêchent de devenir des « personnes réelles ».

Le but thérapeutique est de vaincre les défenses, et de revivre les douleurs primales en retrouvant le souvenir des événements qui les ont engendrées. En les ré-expérimentant ainsi, la personne peut les assimiler davantage. Elles seront libérées par le « cri primal », qui est un son involontaire, profond, archaïque, qui exprime les douleurs passées. Pour JANOV, la répétition de ce cri au fur et à

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mesure que les douleurs sont conscientisées et assimilées permet d’éliminer progressivement les couches de douleur en allant de plus en plus profondément vers le passé. Le patient retrouvera peu à peu son unité en connectant les besoins du corps avec les souvenirs traumatiques emmagasinés dans son inconscient, et son système « irréel », c’est à dire ce qui le pousse à boire, fumer, se droguer ou adopter des comportements compulsifs, sera peu à peu dissipé.

La psychothérapie primale se fait dans un premier temps en trois semaines de psychothérapie individuelle intensive, pendant laquelle le patient est vu aussi souvent que nécessaire. Il lui est demandé pendant cette période, de ne pas faire appel à ses exutoires habituels qui lui servent à se « défouler » : pas de sport, pas de tabac, d’alcool, de tranquillisants. Durant ces séances, le patient est allongé sur un divan et revit les événements douloureux de son enfance, exprime ses angoisses et ses émotions. Ensuite, durant vingt-quatre heures, il est isolé : pas de lecture, de télévision, ni de téléphone : le patient est « seul face à lui-même », parfois même, il est privé de sommeil pour que les défenses soient affaiblies. Ensuite, lors d’une troisième phase, il pourra assister à des séances de groupe se déroulant en huis clos durant plusieurs jours, lors desquelles on fait tomber les défenses des patients, ce qui suscite le « cri primal ».

JANOV fit des déclarations sans doute extrêmes sur l’efficacité de sa méthode, mais qui ont été mises en doute. Dans son premier livre, « Thérapie primale : la guérison des névroses », il prétendait recueillir 100% de réussites. Il prétendait que l’amélioration spectaculaire des patients s’accompagnait de modifications corporelles, comme par exemple, le développement des seins chez les femmes à la poitrine plate, l’apparition de cheveux chez les hommes chauves, ou encore, une amélioration de la circulation sanguine. La thérapie primale a un certain succès, bien que les résultats obtenus soient clairement en deçà des prétentions annoncées initialement par JANOV.

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C – L. ORR et le rebirth

La technique du Rebirthing est issue directement de l’œuvre d’Otto RANK et du concept de traumatisme de la naissance.

Elle a été mise au point dans les années 1970, aux Etats-Unis, par Léonard ORR, qui a d’abord expérimenté la technique sur lui-même. Pour ORR, « souffrir, c’est se cramponner à une vision négative de la vie, et par là, se mettre en conflit avec les forces vitales essentielles » Pour lui, il n’y a pas de fatalité : ces forces négatives peuvent s’inverser . Elles auraient pour origine le traumatisme de la naissance . Celui-ci est rejoué dans le rebirthing, où il est accueilli par le thérapeute.

D’un point de vue technique, le rebirthing est une technique respiratoire particulière d’hyperventilation, qui est obtenue en amplifiant la respiration, en l’accélérant et en l’approfondissant. Inspir et expir sont liés, sans pauses entre les deux. Une séance dure quarante minutes, et se pratique en position allongée dans un endroit calme. A début de la séance, l’amplification de la respiration est volontaire, puis au bout d’une dizaine de minutes, elle devient automatique. C’est alors que peut survenir une modification de l’état de conscience permettant une focalisation de l’activité psychique sur les perceptions, sensations, émotions, représentations oubliées. Ces contenus inconscients sont ensuite élaborés dans des séances ultérieures par la verbalisation, complémentaire du travail de respiration, et qui permettra au patient d’intégrer le matériel recueilli.

Le rebirthing se pratique soit en séances de groupes, soit en individuel, souvent en accompagnement d’une autre psychothérapie ou en cours de psychanalyse.

Le rôle du thérapeute est d’accompagner le cheminement de son patient en sollicitant le dialogue, lui faisant de cette manière revivre, exprimer et intégrer ses expériences antérieures.

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2.2.5. L’analyse psycho-organique de Paul Boyesen

L’analyse psycho-organique se trouve à la croisée des chemins entre la psychanalyse et les thérapies psychocorporelles, parce tantôt, elle se met à l’écoute de l’inconscient du patient, tantôt, à celle de son vécu organique.

Elle est considérée comme un des principaux prolongements de la psychologie biodynamique, créée dans les années 1950 par Gerda BOYESEN. Celle-ci avait remarqué que masser et toucher des patients atteints de névroses chronique et souffrant de troubles psychosomatiques, permettait à leur corps de retrouver leur faculté naturelle de se régénérer. Son fils, Paul, psychothérapeute et psychanalyste lacanien, élargit ses travaux en les intégrant aux grands courants psychanalytiques et psychothérapeutiques.

Son objectif est que l’individu puisse se réapproprier simultanément son corps et sa psyché. Pour y parvenir, on privilégie trois axes d’intervention :

- La verbalisation : par le biais d’entretiens menés en face à face avec le thérapeute, ou allongé sur un divan, le patient est amené à exprimer affects, sentiments et émotions.

- La prise de conscience du corps et de l’énergie qui y circule, grâce à la respiration, la relaxation, des mouvements ou des massages. L’objectif est que le patient renoue avec ses sensations et son « unité organique ».

- L’investigation psychanalytique, afin que le patient puisse avoir accès à la signification et aux origines de ses difficultés, avec l’utilisation traditionnelle des matériaux de l’inconscient : rêves, images et symboles.

Lors d’un premier entretien, le thérapeute fait émerger la demande du patient par ses questions, et c’est seulement après cette séance que la thérapie peut véritablement commencer. Celle-ci débute, en général, par une période où l’individu est invité, dans une situation de face à face avec le praticien, à raconter ses difficultés. Si le fait de parler est déjà thérapeutique pour le patient, ces séances donnent aussi l’occasion au thérapeute de l’observer afin de lui proposer, ultérieurement, un axe de travail adapté à sa problématique. Le principe de base est que lorsqu’une pensée est inhibée, elle s’enkyste en laissant une trace à la fois physique (par exemple, une raideur musculaire), et psychique (attitude

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agressive…). L’analyse psycho-organique prend donc autant en considération les phénomènes corporels que langagiers.

Par exemple, avec une personne qui a tendance à être coupée de son corps, le thérapeute va engager un travail psychocorporel. Il pourra lui demander de s’allonger en fermant les yeux et de dire ce qu’elle voit. Souvent, elle dira « je ne vois rien », ou « je vois du noir ». Le thérapeute va alors tenter de donner de la consistance à ce rien ou ce noir, et lui demander comment il est, ce qui le caractérise, comment il le ressent, etc. Ainsi, le patient peut commencer à visualiser des images qui lui permettent de prendre conscience de son espace intérieur. Inversement, le thérapeute peut sentir qu’il est préférable de partir de la parole pour aller vers le corps.

C’est dans le sens où elle travaille sur l’articulation entre le cœur, le corps et la conscience et qu’elle permet de rassembler ces différentes instances pour faire l’expérience d’une certaine totalité, que l’analyse psycho-organique fait partie des thérapies humanistes et existentielles.

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2.2.6. La psychosynthèse de Roberto Assagioli

La psychosynthèse a été élaborée par le psychiatre italien Roberto ASSAGIOLI. Né à Venise en 1888, dans une famille juive aisée et cultivée, il fut d’une insatiable curiosité intellectuelle, et s’intéressa à l’histoire des religions, à la philosophie, à l’anthroposophie, à la parapsychologie… Il rencontra des mystiques orientaux, C.G.JUNG, et, passionné par la psychanalyse, il correspondit avec S. FREUD. Devenu psychiatre, il introduit la psychanalyse en Italie pour, finalement, se démarquer de la théorie freudienne. En effet, à partir de son expérience clinique, ASSAGIOLI conclut qu’il manque à la psychanalyse une dimension spirituelle, un Soi supérieur. Ce Soi permettrait, à la différence du surmoi freudien, la restructuration de la personnalité et son développement.

ASSAGIOLI fonde son institut à Rome en 1926, à partir de sa propre démarche psychologique, qui s’écarte définitivement de la psychanalyse, et notamment par la participation active du praticien au sein de la cure. Son objectif est d’ouvrir le champ de la psychologie aux personnes saines, qui souhaitent améliorer leur vie. C’est à force de demeurer à l’écoute des pionniers matière et d’intégrer à son travail de nouvelles techniques, qu’ASSAGIOLI finit par élaborer une synthèse des connaissances et des pratiques thérapeutiques.

Un des concepts clés de la psychosynthèse est qu’il existe en l’être humain des personnalités secondaires qui parfois sont contradictoires et empêchent notre moi profond de s’exprimer. Cela provoque des conflits intérieurs et la sensation de vivre en porte-à-faux. La méthode a pour objectif d’identifier les parties fragmentées de la psyché du patient, et de lui permettre de retrouver son vrai moi pour amorcer ensuite une transformation intérieure.

La psychosynthèse se veut être davantage qu’une méthode, mais une véritable école de psychologie, avec ses propres principes théoriques. C’est en fait une « conception intégrale de l’être humain », comme la définissait ASSAGIOLI.

Pour lui, le psychisme est constitué d’une âme, fondamentale et éternelle, et d’une personnalité, essentielle, mais superficielle et changeante. Cette personnalité est composée de trois parties : la conscience de soi, le je, le Soi supérieur. ASSAGIOLI considère que la plupart des êtres humains se contentent de vivre dans un champ de conscience restreint, qui est celui de la réalité quotidienne, sans communiquer avec les autres parties de leur psyché.

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Les personnalités secondaires, elles, ont leur existence propre en l’homme, sans correspondre forcément avec ses aspirations profondes. Le travail thérapeutique consiste à restructurer le « moi idéal », à harmoniser les différentes facettes de la personnalité et à activer la volonté de l’homme, comme on le ferait avec un chef d’orchestre. Ainsi, le moi serait le chef coordonnant le jeu des différents instruments, et en son absence, chaque musicien s’ingénie à jouer plus fort que les autres de son instrument, si bien que cela débouche sur une véritable cacophonie.

Le moi, lui, est au centre d’une étoile à six branches, dont les rayons sont les désirs, les sensations, les émotions, l’imagination, l’intuition et la pensée. Ces six fonctions sont les instruments d’expression du moi. Les déséquilibres apparaissent lorsque l’homme n’utilise qu’une ou deux de ces fonctions.

La psychosynthèse se pratique seule ou en groupe.

- En séances individuelles : C’est une thérapie de face à face, mais, si le patient éprouve une difficulté

ou un bloquage dans sa verbalisation, le praticien peut mettre à sa disposition des outils de médiation, tels que le dessin, l’écriture, la visualisation, le modelage, des exercices sensoriels ou du rêve éveillé. Chaque thérapeute travaille avec ses propres techniques, qui se mettent au service de la psychosynthèse. Par exemple, un praticien musicien ou mélomane pourra aider un patient à exprimer une émotion en lui faisant écouter un morceau de musique ; un amateur d’arts plastiques peut proposer un modelage enterre, etc.

L’exercice fondamental de la méthode est la « désidentification » : pour se trouver soi-même, il faut éliminer toutes les identifications partielles qui empêchent d’avoir la pleine conscience de soi. Par exemple, on peut se laisser prendre par un rôle (la mère de famille…) ou une caractéristique (l’intellectuel, l’intuitif…). Pour se désidentifier, le moyen est de s’observer soi-même en distinguant ce que l’on a (des pensées, des émotions, un corps…) de ce que l’on est.

- En groupe :

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Le travail en groupe (sept à quinze personnes) relève plus du développement personnel que d’une véritable psychothérapie : chaque journée de formation s’organise autour d’un thème : « Qui suis-je ? » « Les crises », etc. Assagioli insistait beaucoup sur l’aspect sensoriel, et de nombreux exercices collectifs mettent en jeu les cinq sens.

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2.2.7. La Gestalt-thérapie de Fritz PERLS

Cette méthode a été diffusée dans les années soixante, depuis l’institut d’Esalen, en Californie, par Fritz PERLS. Né à la fin du siècle dernier à Berlin, il fait des études de médecine et de neuropsychiatrie. Il entreprend également plusieurs psychanalyses, et notamment avec Wilhelm REICH. En 1946, il émigre définitivement aux Etats Unis, ayant fui le nazisme. Malgré une rencontre avec Freud en 1936, il se sépare de la psychanalyse et met au point sa propre méthode thérapeutique, la Gestalt-thérapie.

Cette méthode est le résultat d’une synthèse de trois courants : celui de la Gestalt-théorie (théorie de la forme), que nous avons étudié au chapitre II / Les grands courants théoriques, qui dit que la personne est une totalité, qui dépasse la somme de ses fonctions et des mécanismes qui la composent. La seconde influence est directement issue de la pensée de W. REICH, qui refuse la dualité corps / esprit, et la troisième est celle de la psychologie humaniste : PERLS introduit l’importance du maintenant, de l’expérience vécue.

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3. Les thérapies comportementales et cognitives :

3.1. Bases théoriques et conception étiologique de la maladie :

Les thérapies comportementales et cognitives, aussi appelées « TCC », mettent l’accent sur des troubles qui ne sont en général pas traités par la psychanalyse, ni par des médicaments. Les deux termes, de « cognitive » et de « comportementale » sont, dans la pratique de la thérapie, indissociables.

La thérapie comportementale est, pourrait-on dire, la jeune ancêtre des TCC. Elle n’a pas à proprement parler de « père fondateur », si ce n’est PAVLOV et les réflexes conditionnés, WATSON et SKINNER et le béhaviorisme. Ainsi que l’a montré PAVLOV sur les animaux, nous fonctionnons par conditionnement simple, ou bien par conditionnement opérant (SKINNER). Rappelons brièvement, avec des exemples humains, ce que sont ces notions :

- Le conditionnement classique :

Dès leur naissance, les êtres humains tirent parti de leurs expériences en faisant des associations entre leurs actes et les feed-backs qu’ils reçoivent du milieu en retour. C’est ce qu’explique le conditionnement pavlovien – les réflexes conditionnés -. L’exemple de la claustrophobie (phobie des espaces clos) peut aider à prendre conscience de l’importance du conditionnement classique : ce symptôme peut débuter avec une seule expérience négative dans un espace clos, par exemple, un ascenseur où le sujet a été pris de panique. En soi, l’ascenseur est neutre et ne doit pas générer de panique, mais s’il a été associé à la perception d’un danger de mort par exemple, il peut servir de stimulus déclencheur pour un niveau d’anxiété très élevé. Par association, la personne pourra avoir peur des espaces clos tels que les tunnels, les placards, etc.

- Le conditionnement opérant :

C’est celui par lequel l’être humain se rend compte que son comportement a un effet sur l’environnement et qu’en retour, cet effet va augmenter ou diminuer la fréquence de ce comportement. Si l’on prend l’exemple de la claustrophobie, il est probable que le sujet qui en est atteint, évite les lieux où il peut être confronté à cette angoisse. Eviter ces situations apaise certes sa peur, mais ne fait

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qu’aggraver le problème. C’est un comportement appris, qui est inadapté et qui empêche le déconditionnement des sentiments négatifs.

Les thérapies cognitives, elles, sont plus récentes, et elles travaillent sur les pensées, les opinions et les croyances (cognitions), souvent erronées et négatives, que le sujet a sur lui-même et sur son entourage. Ces thérapies ont été développées à partir des années 60, surtout par deux psychiatres américains, Aaron BECK et Albert ELLIS, s’inspirant des théories de la psychologie cognitive.

ELLIS a appelé sa thérapie la « thérapie rationnelle émotive ». Il part du principe que le comportement névrotique est un comportement stupide mis en place par une personne intelligente. Selon lui, le problème central est l’idée grandiose que les sujets se croient obligés d’avoir d’eux-mêmes, construite sur des « je dois » et des « je devrais ». Ces obligations imaginaires représentent un fardeau émotionnel. Le but de la thérapie est, pour ELLIS, l’acceptation inconditionnelle de soi-même : le sujet ne doit plus se juger dans son essence, mais considérer en relativisant les accidents de son existence. La thérapie rationnelle émotive a été critiquée en raison de ses prémisses, délibérément philosophiques, et pour la méthode de traitement thérapeutique très directive utilisée par ELLIS personnellement.

La « thérapie cognitive » s’est développée à partir de travaux effectués par BECK à partir de 1959. BECK travailla essentiellement sur les dépressions. Dans son étude, il testa un certain nombre d’hypothèses psychanalytiques, et constata que, contrairement à ce que décrit FREUD, les rêves des patients traduiraient ce qu’ils vivent à l’état de veille (alors que FREUD pense que le vécu subjectif est retourné en son contraire dans le rêve). A partir de là, les cognitivistes proposèrent un modèle de l’inconscient fait de schémas traitant les informations venant de l’extérieur. Le schéma psychanalytique, au contraire, est fait d’un inconscient depuis lequel des pulsions refoulées font pression pour trouver une issue vers l’extérieur et créent ainsi l’anxiété, les névroses, etc. BECK a axé sa recherche dans le sens de l’efficacité et du bien-être du patient. Le thérapeute collabore activement avec le patient pour l’aider à repérer le fonctionnement de ses cognitions, et lui apprendre à les modifier et à les tester selon le bénéfice ou, au contraire, le préjudice qu’il en a tiré.

Un des postulats des thérapies cognitives est que les pensées négatives et les processus cognitifs erronés ne sont pas seulement les conséquences des

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troubles psychologiques, mais sont souvent aussi leurs causes. Toujours dans l’exemple de la claustrophobie, la personne a mal compris la situation, liée à un ascenseur bloqué en croyant qu’il y avait un danger catastrophique. Ces pensées peuvent aussi refléter des processus cognitifs de base déformés , expliquant la tendance du patient à se voir lui-même comme vulnérable, ou à percevoir la vie comme dangereuse.

Dans ces thérapies, la synthèse entre cognitif et comportemental s’est faite d’elle-même dans la pratique des thérapeutes, l’aller-retour fréquent du travail sur les cognitions et les comportements s’avérant le plus efficace.

3.2. Indications et contre indications

Les TCC s’adressent à un trouble précis et très ciblé : elles corrigent une peur, une phobie, un comportement inadapté, une obsession. Les phobies et les troubles obsessionnels, ainsi que les phobies sociales, qui peuvent revêtir différentes formes (trac, tremblements, sueurs) sont les troubles les plus répandus dans le champ des thérapies comportementales.

Lorsqu’elles sont associées aux thérapies cognitives, les thérapies comportementales agissent également sur l’anorexie et la boulimie, le tabagisme, l’alcoolisme, les anxiétés, dépressions, insomnies, les troubles sexuels et les échecs scolaires.

La gestion du stress devient un domaine privilégié des thérapies cognitives. Par exemple, ces méthodes sont utilisées dans le cadre de la formation en entreprises. Plus proche de la médecine, une autre part de ces thérapies aborde le rôle des cognitions dans la douleur (gestion de la douleur).

En revanche, les troubles maniaco-dépressifs, les dépressions graves demandant une prise en charge médicamenteuse sont des contre-indications de ces thérapies. Elles conviennent en effet à un trouble précis et non pas à un mal-être indéfini, à un travail de structuration de l’identité, ni même à un besoin de parler ou d’être écouté.

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3.3. L’abord des schémas cognitifs en thérapie:

L’abord des schémas comporte deux temps : l’identification et la modification. Ce travail sur les schémas peut cependant présenter un certain nombre de difficultés, étant donné qu’ils représentent l’ensemble des repères d’un individu sur lui-même et sur le monde, sur la manière dont il pense qu’il est juste et adéquat d’organiser les interactions entre le monde et lui. C’est pourquoi l’adhésion d’un sujet à ses cognitions est le plus souvent profonde et sans faille, et il est par conséquent difficile de les modifier.

D’autre part, ces schémas reposent sur une certaine logique interne, et l’aspect problématique vient simplement du fait qu’elle est appliquée avec trop de rigidité. Il ne convient pas de nier cette logique, mais de la respecter, car elle comprend un bon nombre d’avantages adaptatifs : il s’agira donc de l’assouplir.

Pour ce faire, il faut tout d’abord identifier les schémas cognitifs : le thérapeute pointera systématiquement les expressions du type « je dois » ou « il faut », les familles de cognitions qui reviennent souvent et qui ont trait à l’approbation par les autres, au perfectionnisme… Egalement, il peut poursuivre un questionnement sur la logique cachée derrière les cognitions du patient avec des « pourquoi », posés avec tact et gentillesse, comme le montre l’exemple suivant :

- « Je n’aurais pas dû répondre comme cela à mon collègue

- Pourquoi cela vous touche à ce point ?

- Parce que j’ai été injuste

- Imaginons qu’il soit vrai que vous ayez été injuste, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

- J’ai dû lui faire mal et le faire souffrir

- Et quel problème précis cela vous pose t-il ?

- Je n’ai pas le droit de faire souffrir les autres

- Pourquoi est-ce si important pour vous ?

- Sinon, tout le monde se détournera de moi et je serai mis à l’écart. »

On voit que dans cette séquence, le thérapeute met à jour la nécessité impérieuse d’approbation par autrui, du type : si je provoque des désagréments à

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autrui en les critiquant ou en m’opposant à elles, je serai rejeté par mon entourage ».

Après avoir identifié de la sorte les schémas cognitifs du patient, il appartiendra au thérapeute simplement de les assouplir, puisque la dimension pathologique vient du fait de leur rigidité et de leur généralisation excessive. En effet, ces schémas reposent souvent sur une base légitime, comme on le voit dans l’exemple ci-dessus : être apprécié par les autres, réussir ce que l’on entreprend… Parmi les techniques que le thérapeute peut utiliser pour moduler les schémas, en voici quelques unes, données à titre indicatif :

- Faire peser les avantages et les désavantages de cette croyance au patient : par exemple : « quels avantages vous apporte votre croyance qu’il ne faut déplaire à personne ? pour quels inconvénients ? » L’objectif est de faire prendre conscience que pour certains avantages (être apprécié pour sa serviabilité, pour le fait de n’être pas contrariant, etc.) il existe aussi un bon nombre d’inconvénients (être dépendant, quêter l’approbation, s’interdire un avis personnel, etc.). Cette prise de conscience peut permettre au patient de ne pas laisser s’appliquer le schéma automatiquement et en toutes circonstances, mais simplement dans certains cas.

- Oser désobéir au schéma représente aussi une autre façon de l’assouplir : le patient est encouragé à faire quelque chose allant à l’opposé de son schéma : par exemple, dire qu’il n’est pas d’accord avec quelqu’un, puis à observer si ses craintes se vérifient ou non (la personne sera-t-elle vexée ? Se détournera-t-elle ?).

- Evaluer l’intérêt à court et à long terme : le schéma peut se justifier sur le court terme, mais pas à long terme : par exemple : « Nous avons vu que votre perfectionnisme vous aidait à obtenir de bons résultats à votre travail dans un premier temps, mais avec le recul, les efforts dépensés vous apparaissent-ils toujours valables et reconnus ? Les efforts investis pour un résultat parfait ne pourraient-ils pas l’être ailleurs, par exemple, à nouer de meilleures relations avec vos collègues ? »

- Renégocier son contrat : le schéma représente finalement une sorte de contrat passé par le patient avec lui-même à un moment de son existence (la thérapie aborde souvent la mise en place des schémas dans l’histoire

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personnelle du sujet), et auquel des assouplissements doivent être apportés. Par exemple : « ce contrat passé avec vous-même dans votre enfance, de réussir coûte que coûte pour être aimé, est-il toujours indispensable aujourd’hui, dans votre vie d’adulte ? Ne faudrait-il pas ajouter une clause au contrat, comme « je préfère être aimé et ferai des efforts pour cela, mais pas à n’importe quel prix ? »

- Le travail personnel du patient : celui-ci est encouragé à adopter un certain style de pensée au travers de questions sur ses attitudes et convictions, en s’interrogeant :

N’ai-je pas des objectifs personnels trop difficiles à atteindre, des critères d’appréciation de ce que je devrais faire, trop élevés ?

N’ai-je pas une vision trop rigide de ce que les autres devraient faire ou être ?

N’aurais-je pas intérêt à chercher à m’adapter aux événements, au lieu de me tourmenter s’ils ne correspondent pas à ce qui me semble juste ?

Les schémas cognitifs repérés en cours de thérapie feront ensuite l’objet de toute l’attention du sujet : « je sais que je suis trop sensible à l’indifférence d’autrui que je prends pour du mépris ; dans ces situations, je devrai être particulièrement attentif à surveiller mes cognitions, à la façon dont elles vont me pousser à ne voir qu’un aspect des choses qui confirment mes pires doutes… »

3.4. Déroulement d’une séance :

Les séances durent environ 45 minutes. Leur contenu dépend bien évidemment du trouble du patient, mais chaque séance est différente de la précédente, puisqu’il s’agit chaque fois de progresser un peu.

Le première séance est consacrée à l’écoute libre du problème du patient. Dans les cas d’anxiété ou de dépression, le thérapeute va au moins consacrer une autre séance à la description des cognitions et des comportements qui lui sont associés, et ce , dans les moindres détails : à quoi pense le sujet lorsqu’il se réveille ? A-t-il de l’appétit ? Il peut demander au patient de décrire sa journée

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du réveil au coucher, avec les cognitions, les états d’esprit, associés à ces différents moments, avec une liste des moments qui l’angoissent le plus.

A partir de la troisième séance, le thérapeute et le patient élaborent ensemble un contrat de tâches à accomplir, en relation avec un planning, dans le but de modifier progressivement le comportement. Contrairement aux thérapies de type analytique, les TCC ne recherchent pas les causes du trouble, ne s’intéressent pas à l’histoire du sujet ni à son enfance. Elles se donnent un objectif précis : par exemple, dans six mois, le patient sera capable de sortir dans la rue, de téléphoner pour chercher un emploi, etc. Il doit y avoir un accord préalable entre le thérapeute et le patient sur les tâches thérapeutiques qui seront fixées. Si elles paraissent difficiles au patient, il vaut mieux aller moins vite, car le principal est de réussir, quitte à avoir des objectifs plus modestes.

Le thérapeute a un rôle actif : il pose des questions, fait des remarques, conseille, fait référence au "« contrat ». Il répond également aux questions du patient et lui fournit tous les éclaircissements qui peuvent l’aider à comprendre son trouble et trouver des solutions pour s’en sortir. A chaque séance, patient et thérapeute discutent des difficultés à effectuer les tâches prescrites et les réajustent. En ce qui concerne les angoisses ou les phobies relevant de l’urgence (par exemple, qui empêchent le patient de se rendre à son travail), on pratique parfois la seule thérapie comportementale : relaxation, pour parvenir à se désensibiliser de l’objet de la peur , et ensuite, le patient est confronté à la situation stressante, soit directement dans la réalité, soit en imagination, en la visualisant. On s'adresse à ce qui est conscient chez la personne, à son pouvoir de discernement et de raisonnement, sans chercher à la mettre dans un état différent état modifié de conscience par exemple).

3.5. Caractéristiques des thérapies cognitives et comportementales :

Parmi les différents types de psychothérapies, les thérapies cognitives et comportementales occupent une place particulière, due à certaines de leurs caractéristiques que nous allons tenter de décrire.

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- Les TCC sont des thérapies à court terme : on compte en général de quinze à vingt-cinq séances pour des états dépressifs ou anxieux d’apparition récente, davantage pour des difficultés plus anciennes ou pour des troubles de la personnalité. Même si leur durée se prolonge au delà de vingt-cinq séances, leur terme reste défini dans le temps. En général, le thérapeute propose au patient une limite de temps à l’issue de laquelle les résultats sont évalués par le patient et le thérapeute. Le but de cette démarche est d’éviter l’enlisement de la thérapie : le fait de fixer une échéance va souvent avoir un effet mobilisateur, ta,t pour le thérapeute que pour le patient.

- Les TCC sont des thérapies dites « stratégiques » : elles peuvent être ainsi qualifiées puisqu’elles s’attachent tout particulièrement à une définition d’objectifs, de moyens, et que la procédure thérapeutique est planifiée dans le temps. Elle est organisée selon un plan de marche, une sorte de programme thérapeutique assez souple pour permettre de l’adapter à chaque patient, mais assez structuré pour éviter un glissement vers une thérapie informelle, comme le serait une thérapie de soutien.

- Les TCC sont centrées sur l’ici et maintenant : elles n’ignorent pas le poids du passé dans nos difficultés psychologiques, mais le considèrent volontiers sous l’angle de l’apprentissage (le patient a acquis par conditionnement un certain nombre de réponses comportementales ou cognitives inadaptées), et postulent que la simple prise de conscience de ces conditionnements est insuffisante pour générer le changement. Par ailleurs, ces thérapies n’utilisent pas le matériel théorique psychanalytique classique (pulsuions inconscientes, mécanismes de défense…). Si le passé est abordé et travaillé, c’est davantage comme un moyen de comprendre le présent et de le modifier, que comme une fin en soi, ou comme la recherche d’une abréaction (l’évocation du passé qui a un effet libérateur).

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4. Les thérapies découlant des théories systémiques et de la communication :

4.1. Historique et bases théoriques :

La thérapie systémique date des années cinquante et est rattachée à l’Ecole de Palo Alto. Cette école a été créée par un groupe, constitué autour de G. BATESON, comportant des chercheurs et des cliniciens d’origines diverses, dont les premiers travaux portaient sur la communication générale (des dauphins aux schizophrènes).

Lorsqu’on parle de « thérapie systémique », il s’agit de la thérapie de groupe, conçu comme un système d’interactions, mais plus spécifiquement celui de la famille. Les principaux concepts qui ont été élaborés par ces chercheurs, directement issus de la clinique, portent sur l’étude de la communication au sein des familles (nous avons déjà, dans la partie sur la psychologie sociale, étudiée la communication paradoxale, ou double contrainte, au sein des familles de schizophrènes). En fait, la thérapie systémique a été élaborée en réaction contre la psychanalyse, que les chercheurs du groupe de Palo Alto jugeaient inopérante dans les thérapies familiales : ils considéraient que, pour un symptôme présenté par un individu au sein de sa famille, il était nécessaire que soit pris en compte tout le groupe familial, plutôt que cet individu isolément, considéré par rapport à son histoire.

Le premier groupe de Palo Alto, composé de Gregory BATESON, Paul WATZLAWICK, D. JACKSON et Jay HALEY, a beaucoup étudié les modalités de la communication et la notion d’information. C’est à ce moment que BATESON a élaboré sa théorie de la double contrainte, ou double lien, que l’on peut trouver dans les familles schizophrènes, mais aussi dans toutes les relations humaines. Egalement, ces chercheurs ont puisé dans les apports de la cybernétique, avec les notions de feed-back et de rétroaction. En cybernétique, la circulation des informations doit former une boucle fermée, dans laquelle la machine va pouvoir évaluer les effets de ces actions et corriger son comportement futur en utilisant les informations passées. leurs travaux se sont appuyés sur les données fournies par la théorie générale des systèmes : cette notion, mathématique au départ, a été développée par VON BERTALANFFY, qui parle de lois générales, valables pour

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tous les systèmes. Cette théorie tente de décrire les échanges qui se font entre des systèmes différents ou bien au sein d’un même système. Le système, quel qu’il soit (la famille en est un) est défini comme « un ensemble d’objets et les relations entre ces objets et leurs attributs » : c’est avant tout la relation entre les individus de ce système et ses caractéristiques en tant que système spécifique qui est étudié, et non pas le contenu de ce qui est dit par les individus. Cette approche de la famille en tant que système permet ainsi au thérapeute une meilleure attention aux problèmes de l’environnement de la famille.

Voici un aperçu de ce qui résume les conceptions de l’Ecole de Palo Alto1 :

1. La réalité n’existe pas : c’est notre esprit qui la construit, car en dehors d’un observateur pour la construire, le monde n’existe pas. Il y a deux niveaux de réalité : l’une, de premier ordre, faite de ce que nous percevons avec nos cinq sens, et l’autre, de second ordre, faites de la signification que nous donnons à ce que nous captons avec nos sens. Selon cette approche, le thérapeute aide le patient à remplacer une construction qu’il s’est faite de la réalité, et qui est source de souffrances, par une autre, moins perturbante.

2. Pour un message, deux sens : dans la communication, tout message comporte deux sens : d’une part, il transmet une information des faits et des sentiments : c’est le contenu du message ; d’autre part, il exprime quelque chose sur le rapport entre les interlocuteurs : c’est la relation. Souvent, dans notre relation avec les autres, la relation elle-même est plus importante que le contenu. Un jeune homme qui demande l’heure à sa voisine dans un bus demande, certes, une information, mais ce message peut également traduire le désir de faire connaissance. Le thérapeute va déterminer quel niveau de sens est utilisé le plus souvent par les différents membres de la famille : le contenu, qui comporte en général un discours clair et explicite, ou la relation, souvent chargée de sous entendus.

1 Voir : P. WATZLAWICK – Une logique de la communicationP. WATZLAWICK – Le langage du changementG. BATESON – Vers une écologie de l’esprit, tome 2JAY HALEY – Nouvelles stratégies en thérapie familiale

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3. Deux codes différents pour communiquer : Nous utilisons des signaux comme les mots, les mimiques, les gestes, etc. L’école de Palo Alto les a classé en deux catégories en se référant aux termes de l’électronique : la première catégorie est celle des codes digitaux, c’est à dire portant sur une communication cérébrale, organique, analytique, qui explique et interprète. La seconde porte sur les codes analogiques, qui sont affectifs et imagés, utilisant symboles et métaphores. La communication digitale ne peut passer qu’entre les personnes qui connaissent les codes (les mots d’une langue par exemple), tandis que la communication analogique est comprise de tous. Par exemple, si on vous dit « je t’aime » en finlandais, vous ne comprendrez pas forcément, alors que vous lirez sur le visage l’émotion de la personne qui vous le dit.

4. Une bonne thérapie est brève : pour l’Ecole de Palo Alto, les thérapies longues sont inutiles, car si un problème psychologique persiste, c’est qu’il est maintenu par un certain comportement. Il s’agira donc de le changer de façon adéquate, ce qui permettra de résoudre ou de faire disparaître le problème. Une « thérapie brève » ne s’attaque pas directement au problème, mais au comportement qui l’entretient. Le thérapeute s’attachera, pour ce faire, à comprendre le contexte familial, social ou professionnel du patient.

5. Une famille est un système complexe comportant, entre autres, des pouvoirs, des conflits, des coalitions, différents types de communication : « le tout est supérieur à la somme des parties ». L’Ecole de Palo Alto a fondé la thérapie familiale systémique en se focalisant sur cette complexité. Le thérapeute, qui n’est ni passif, ni neutre, qui cherche à mettre à jour les échanges et les communications pathologiques entre les membres d'une famille, pour trouver les moyens concrets de modifier l'ensemble et de l'assainir.

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4.2. Les thérapies familiales systémiques 1

Afin de permettre de comprendre ce que sont les thérapies familiales systémiques, nous avons pensé qu’il serait plus facile et plus vivant de commencer à l’illustrer par un exemple.

Sur les conseils de leur médecin de famille, Monsieur, Madame N et leurs trois enfants de 18, 16 et 11 ans, ont pris rendez-vous pour une consultation. Le motif de la demande porte sur les accès de violence du père. Ils entrent en file indienne dans le bureau, avec, en tête, le père, grand et vif, maigre et musclé, qui s’assoit sur la chaise la plus éloignée du thérapeute. La mère s’assoit près de lui, et les enfants se placent en rang à côté d’elle, à l’opposé du père. « Nous avons des problèmes de discipline », lance-t-il, le regard perçant, visiblement très rigide.

Le thérapeute interroge : « Qui est le shérif dans la famille ?

- Je suppose que c’est moi, répond le père.

- Etes vous un shérif compétent ou incompétent ?

- Si j’étais compétent, nous ne serions pas là !

- Et vous, madame, êtes vous le shérif adjoint ou l’avocat de la défense ?

- Avocate de la défense, dit elle, attristée.

- Compétente, ou incompétente ?

- Malheureusement très compétente. »

La mère est institutrice, et elle apparaît irréprochable. Elle protège ses enfants et répond systématiquement à leur place. L’isolement du père est de plus en plus tangible. Il souffre sans l’exprimer.

Pensant que le rôle d’un père est d’assurer le confort matériel de sa famille, il a confié la charge éducative de ses enfants en bas âge à son épouse, et une distance s’est installée entre lui et sa famille. Le fils aîné relate un incident traumatisant : « un soir, je bavardais avec ma sœur, et mon père est entré dans la chambre, un paquet de cigarettes à la main. Il me les a jetées au visage, m’a

1 M. ELKAÏM – Panorama des thérapies familiales – Ed. Seuil, 1995M. ANDOLFI – La thérapie avec la famille – Ed. ESF, 1986S. MINUCHIN – La guérison familiale – Ed. ESF, 1986M. SELVINI – Paradoxe et contre paradoxe – ESF, 1980

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attrapé par le cou et m’a poussé contre le mur en hurlant ». Le père s’explique : « j’avais une cartouche neuve dans mon armoire. Il y manquait un paquet. J’étais furieux et vexé qu’on ait cru que je ne m’en apercevrais pas ». « Non, rétorque le thérapeute, ce que vous n’avez pas supporté, c’est de voir deux de vos enfants parler ensemble ». En effet, chaque fois que le père remarquait une complicité entre deux de ses enfants, ou entre la mère et ses enfants, son sentiment d’exclusion se ravivait, ainsi que son sentiment de colère. La violence de monsieur N, irrationnelle au départ, est en fait le symptôme d’un dysfonctionnement de toute la famille.

La psychothérapie s’est d’abord intéressée à l’individu dit « à problèmes ». Puis, en explorant ses relations avec ses proches, en observant leurs interactions, en repérant les alliances, pouvoirs, conflits, coalitions, etc., elle a mis en évidence qu’une famille fonctionne comme un système. L’un de ses membres peut être « désigné » inconsciemment par les autres, pour porter la trace de la pathologie affectant tout le groupe. Une telle famille est alors définie comme dysfonctionnelle. L’expression de soi et l’épanouissement y sont impossibles ; la communication est en général pathologique.

Les thérapies familiales systémiques sont très ancrées dans le présent, et pragmatiques, car elles étudient les actions et réactions de chacun des membres de la famille pendant les séances. Elles cherchent ainsi à mettre à jour les échanges « malades » et à rétablir ceux qui favorisent une communication claire et saine. Elles se fixent également un objectif précis qui fera naître de nouveaux objectifs relationnels. Dans cette approche, même si le problème a en général ses sources dans des événements passés, c’est le présent qui détient la solution.

En cela, les thérapies familiales systémiques diffèrent des thérapies familiales analytiques, qui explorent l’histoire transgénérationnelle pour reconstruire le passé refoulé. Elles utilisent, comme en psychanalyse individuelle, les rêves et les fantasmes de chacun des membres, le transfert et le contre-transfert.

Le déroulement de la thérapie :

Le premier entretien est en général consacré aux modalités pratiques, c’est-à-dire au contrat thérapeutique : on y fixe le rythme des séances, leur durée et leur coût, et les participants à la thérapie. L’ensemble de la famille nucléaire,

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c’est-à-dire les parents et les enfants, est toujours concerné, et parfois, les grands parents, ou d’autres personnes sont conviées. Souvent, les thérapeutes travaillent à deux : l’un mène l’entretien, tandis que l’autre observe et supervise derrière une glace sans tain, la famille en étant informée.

Les différents modèles :

Il existe plusieurs approches de thérapie familiales systémiques, que nous ne pouvons pas détailler ici, mais que nous nommerons, à titre indicatif.

On peut distinguer deux types de modèles utilisés par le thérapeute1 :

- les thérapies prédictives : leur effet est prédéterminé par le thérapeute, inclus dans le projet thérapeutique.

- Les thérapies non prédictives, au cours desquelles le thérapeute recherche un changement, mais dont il ne connaît pas lui-même à l’avance la nature.

Les thérapies prédictives se basent sur deux modèles :

1. le modèle causal linéaire : Le thérapeute considère qu’à un problème, on peut remonter à une cause et essayer de l’isoler : Cause (A) Problème (B). Si on supprime A, B s’annule aussi du même coup.

Par exemple : une femme est déprimée parce que son mari se comporte de telle ou telle façon : il faut donc soigner son mari pour la soigner.Un enfant va mal parce que ses parents se comportent de façon anormale ou maladroite : il faudrait donc changer leurs attitudes éducatives.Ce modèle méconnaît le temps : en effet, le patient est malade, c’est un état qui est réversible si on parvient à traiter la cause, comme si le temps n’existait pas. L’idéal du thérapeute est d’identifier la cause d’un état pour le supprimer : c’est essentiellement le modèle psychanalytique. D’une manière générale, les thérapies familiales ont essayé de se dégager de ce modèle linéaire.

1 Ainsi que le remarque R. NEUBURGER – Le mythe familial, p.20-27- Ed. ESF

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2. Le modèle causal circulaire : c’est le fruit de la cybernétique, qui permet une prise en compte du temps :

Le thérapeute a une vision issue de ce modèle : il ne va plus voir les personnes, mais leurs interactions, leurs communications. Chacun fait pour le mieux, mais annule ce que fait le précédent, et les problèmes deviennent chroniques :

Exemple : un adolescent va mal : sa mère est très inquiète et s’occupe beaucoup de lui. Le père ne se sent plus reconnu et s’éloigne. Le couple va mal. L’adolescent est inquiet et va mal : sa mère…etc.

Les thérapies non prédictives également peuvent avoir recours à des modèles différents :

1. le modèle systémique : il a été élaboré à partir des apports de VON BERTALANFFY sur la théorie générale des systèmes, dont nous avons parlé précédemment. L’évolution d’un système ne peut se faire d’une manière linéaire. Elle procède par crises, qui ne sont pas prédictibles quant à leurs effets.

C’est Mara SELVINI PALAZZOLI qui a repris ce modèle et l’a développé à Milan, en thérapie familiale. Par analogie, la famille est assimilée à un système qui évolue dans le temps, et la pathologie est interprétée comme une tentative du groupe pour bloquer le temps ; elle revient à une tentative familiale pour éviter les crises naturelles qui surviendraient (entrée dans l’adolescence, perte d’un emploi, déménagement…), et par conséquent, apparaît au sein du groupe une pathologie chez un « patient désigné ». L’approche de Mara SELVINI consiste à provoquer les crises, redoutées par le système, pour que disparaisse le besoin inconscient d’avoir recours à un « patient désigné ».

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Par exemple : une famille présente une jeune fille anorexique. La famille a habité chez les grands parents paternels, et lorsque ce thème est évoqué, la mère pleure, alors qu’elle ne pleure pas lorsqu’on évoque les 33 kg de sa fille ! Les troubles de cette fille ont commencé après que son fiancé se soit déculotté un soir dans un café, ce qui l’avait conduit à un emprisonnement. A cette occasion, toute la famille avait fait pression pour qu’elle ne revoie plus son fiancé. Cette jeune fille est clairement en situation d’opposition et de vengeance. Mara SELVINI interprète la situation ainsi : « il est souhaitable qu’elle ne mange pas, parce que sinon, elle aurait des seins et des fesses, et si elle en avait, elle aurait envie de revoir son fiancé, et sa grand-mère mourrait de chagrin.

2. Le modèle constructiviste : Dans cette vision, la pathologie serait, pour un système familial, le fait d’être aliéné dans une lecture unique du monde, qui ne permet plus de disposer de choix d’autres lectures. Le but thérapeutique sera donc d’éclairer les familles sur des lectures qu’elles méconnaissent, qu’elles ont oublié ou bien qui leur sont interdites, en fonction de leur système de valeurs. Si l’on fait valoir une nouvelle lecture, c’est une nouvelle famille qui surgit.

Ces différents modèles sont complémentaires, et chacun pourra être utilisé avec bonheur selon telle ou telle problématique. Par exemple, certaines familles peuvent fonctionner exclusivement sur le modèle linéaire, à la recherche de causes, mais ne pouvant pas véritablement changer, puisqu’elles sont aliénées dans ce mode de fonctionnement. Le rôle du thérapeute sera alors de proposer un mode de fonctionnement systémique, par exemple, en provoquant la crise qui va inciter au changement, et, en même temps, permettre à la famille de sortir du modèle dans lequel elle est emprisonnée. La thérapie revient en fait à apprendre au groupe un langage qu’il n’utilisait plus.

Les différents outils :

La thérapie systémique familiale utilise des outils spécifiques, dont nous mentionnons ici quelques uns.

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- Le génogramme1 : c’est une enquête, sur trois générations minimum, qui recense des informations diverses : noms, prénoms, dates de naissance et de mort, de mariages, séparations et divorces, métiers, lieux, causes des décès… Ces informations permettent de mettre à jour les processus psychiques intergénérationnels qui se transmettent de génération en génération et peuvent créer des déterminismes.

- La sculpturation familiale : c’est un « tableau vivant » de la famille : un des membres joue le rôle du metteur en scène, et va laisser parler l’inconscient, en demandant aux autres d’adopter des postures : cet exercice permet de repérer la position des uns par rapport aux autres : meneurs, soumis, exclus… Par exemple, un père va se retrouver couché auprès de sa femme, et leurs rapports dominant / dominé vont pouvoir apparaître aux yeux de tous.

- La mythologie familiale : on va rechercher des principes implicites qui circulent dans la famille, et qui ont été érigés en règles : « sois courageux », « un homme ne pleure pas », « ne te plains jamais »…, et les croyances non dites mais partagées par tous. Par exemple, si dans une famille circule la croyance que « les jolies filles sont malheureuses », il peut y avoir un refus de la féminité de l’adolescente, un refus de s’arranger et un comportement de « garçon manqué ».

- Le « commérage » : il s’agit là de faire parler une personne sur un membre de sa famille, en sa présence: par exemple, un adolescent va décrire sa mère comme intrusive et inquiète, alors que celle-ci se croyait seulement attentionnée.

- Le recadrage, ou réétiquetage2, où l’on demande à un membre de la famille de raconter en détail un événement (comment il a été vécu, perçu) pour l’aider à le voir avec plus de distance et d’objectivité, ou sous un autre angle.

Les indications :

1 Voir : Anne Ancelin Schutzenberger, Aïe, mes Aïeux ! Ed. Epi/ Desclée de Brouwer2 très étudiées par Jay Haley, Nouvelles stratégies en thérapie familiale, Ed. Universitaires, Paris, 1979..

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On peut considérer d’une manière générale que la répétition d’un comportement symptomatique constitue une indication, dans un contexte d’interactions conflictuelles.

Par exemple, dans la prise en compte de troubles émotionnels graves, comme la schizophrénie, où le patient paraît difficile à atteindre et que le contexte dans lequel il vit est lourdement remis en question. Souvent, les psychotiques se retrouvent pris dans une dynamique familiale pathologisante où toute tentative d’individuation est mise en échec.

On obtient aussi des résultats positifs avec des symptomatologies comme l’anorexie, la boulimie, la toxicomanie ou l’alcoolisme.

Le principal écueil est que la disponibilité de toute la famille pour entreprendre une thérapie est rarement acquise.

Thérapies systémiques

Intérêt pour “l’ici et maintenant” avec réunion de la famille permettant une lecture rapide des conflits existants dans les interactions familiales. L’absence de demande n’est pas un frein a la thérapie qui est du coup particulièrement efficace en situation de crise et pour le travail en urgence.

La position du thérapeute se définit par l’interventionnisme : il utilise des stratégies précises provoquant des changements a

Thérapie Psychanalytique

Intérêt pour le passé, l’histoire vécue par le sujet qui vient la raconter en entretien individuel parce qu’il a une demande. Cette demande découle de la souffrance qui est ressentie par le sujet et que le thérapeute va recevoir et considérer dans sa dimension consciente et surtout inconsciente.

La position du thérapeute est passive : il fait partie d’un cadre qui est le lieu des projections inconscientes du sujet (transfert). Par le biais d’interprétations ou autres techniques

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l’intérieur du système qui va fournir des efforts pour trouver un nouvel équilibre dont le patient désigné ne sera plus le garant. C’est un travail de redéfinition (de la part du thérapeute) des interactions familiales actuelles, qui dure environ dix séances.

(reformulations…), il indique au sujet la voie d’acceptation de son manque, de son désir, de son existence. Le sujet y adviendra parce qu’il aura trouve le sens de sa souffrance. C’est un travail de restructuration en profondeur (de la part du sujet : “c’est lui qui sait”), qui peut durer plusieurs années.

4.3. La P.N.L. 1

4.3.1. Historique et fondements théoriques :

La programmation neuro-linguistique est un ensemble de techniques de communication qui s’intéresse davantage aux réactions qu’à l’origine, aux causes des comportements. Elle privilégie le comment au pourquoi et propose une grille d’observation afin d’améliorer la perception que nous avons de nous-mêmes et des autres, elle permet de fixer des objectifs et de les réaliser. On peut la comparer à une boite à outils dont la clé résiderait dans le langage et l’utilisation que l’homme fait de ses cinq sens. Son but est de reproduire et de reprogrammer les modèles de réussite de l’individu.

Les termes de « programmation neuro-linguistique » s’expliquent comme suit :

Programmation : l’individu se programme en mettant en place des façons de penser, de ressentir et de se comporter (ce sont des apprentissages), et il utilise ces programme dans les diverses situations de sa vie.

Neuro : ces apprentissages reposent sur les cinq sens et sur la physiologie1 R. BANDLER Un cerveau pour changer. La PNL – InterEditions, Paris, 1990A. CAYROL, J. de St PAUL Derrière la magie, La PNL, InterEditions, Paris, 1984R. BANDLER, J. GRINDER, Les secrets de la communication, Le Jour, Montréal, 1982.R. de LASSUS, Efficace et épanoui par la PNL, Marabout, 1996

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Linguistique : C’est au travers du langage, verbal et non verbal, que nos apprentissages s’expriment.

La PNL a été mise au point par Richard BANDLER, mathématicien et psychothérapeute, et John GRINDER, professeur de linguistique, en 1972. Ils avaient décidé d’étudier les excellents résultats obtenus par certains professionnels de la psychothérapie et de la communication, se demandant ce qui fait qu’ils obtiennent des résultats exceptionnels, rapides et durables. Pour cela, ils passèrent au crible leur manière de procéder, en filmant des centaines d’heures de bande vidéo des thérapeutes exceptionnels comme Milton ERICKSON (hypnose), Virginia SATIR (thérapie systémique) ou encore Fritz PERLS (Gestalt-thérapie).Leurs équipes de chercheurs décortiquèrent de manière très fine leurs moindres mots, gestes, regards, les moindres variations dans la pigmentation de la peau, les mouvements de leurs yeux… Ainsi, ils décidèrent de modéliser les attitudes de ces thérapeutes à partir de l’analyse et de l’observation des micro-comportements qu’ils utilisent.

Rapidement, ils découvrent que les découvertes effectuées sur des psychothérapeutes (ERICKSON, SATIR, PERLS) sont également applicables à des vendeurs, des conférenciers, des présentateurs…et à tous les aspects de la vie où l’on parle de « réussite optimale ».

BANDLER et GRINDER ont puisé dans une multitude de disciplines pour élaborer les fondements théoriques de la PNL, dont nous avons déjà parlé pour la plupart :

FREUD et la psychanalysePAVLOV et les béhavioristesMASLOW et sa théorie des besoins humainsC. ROGERS et la notion d’empathieF. PERLS et la Gestalt therapyV. SATIR et les thérapies familialesM. ERICKSON et l’hypnose éricksonnienneE. BERNE et l’Analyse TransactionnelleL’Ecole de Palo AltoLes systèmes de perception et de représentation en neurologieLa notion d’ancrageLa linguistique de N. CHOMSKY et la sémantique générale de KORZYBSKI

La cybernétique

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L’informatiqueLa méthode COUÉ

Les philosophies orientales

Les présupposés de la PNL : La PNL se base sur un certain nombre de présupposés. Un présupposé est

une hypothèse au départ, confortée par l’expérience.- Chacun de nous a dans la tête non pas la réalité, mais une lecture de la

réalité. C’est la « carte du monde » de chacun. Les informations du réel sont traitées par notre système sensoriel, et passent donc par un filtre. C’est en fonction des représentations que nous avons sur la réalité que nous agissons.

- On ne peut pas ne pas communiquer : tout est communication, et, même lorsqu’il y a silence, il a une signification.

- Tout comportement a une fonction positive : chaque fois qu’un comportement est engagé, c’est qu’il a été jugé comme le meilleur choix possible. Parfois, la personne n’avait que ce choix là. Plus une personne a de choix, plus elle aura de chances d’avoir une vie harmonieuse.

- Chacun possède en lui les ressources pour effectuer les changements qu’il souhaite. Il suffit de les faire émerger.

- L’inconscient est conçu comme un immense réservoir de ressources.- C’est de notre manière de communiquer que dépend le fait de nous faire

comprendre. Si l’interlocuteur résiste, c’est que nous ne nous faisons pas bien comprendre, et c’est une indication pour changer notre manière de communiquer.

- Les problème sont plus faciles à gérer si on les fractionne.- Il n’y a pas d’échecs, seulement des résultats : ce que l’on qualifie

d’échec est en fait une mauvaise utilisation des ressources, mais pas un manque de ressources.

- Ce qu’une personne peut faire, c’est un apprentissage, et chacun peut apprendre à le faire en reproduisant ses stratégies.

4.3.2. Déroulement d’une séance :

La PNL fait partie des thérapies brèves. En général, lors d’un entretien préalable, le patient est invité à déterminer ses motivations pour le changement,

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et à se fixer un objectif à atteindre au cours des séances. Pendant ce temps, le thérapeute observe le patient afin de savoir quel système sensoriel il privilégie : en effet, chacun de nous est soit visuel, soit auditif, soit kinesthésique, c’est à dire qu’il perçoit l’environnement principalement par sa vue, son ouïe ou ses émotions. Le thérapeute va alors s’adapter au mode de communication du patient, afin de le guider efficacement dans l’exploration de ses comportements et de lui permettre de les reproduire consciemment, ou bien, si nécessaire, de les modifier.

La PNL propose de mobiliser les ressources de l’inconscient. Celles-ci sont faites d’expériences, de connaissances oubliées, de dons inexploités ne demandant qu’à s’exprimer. Il s’agit pour le patient de mieux connaître, de « modéliser » les comportements avec lesquels il se sent efficace, c’est à dire de les décortiquer, afin de les rendre reproductibles dans d’autres situations.

Prenons comme exemple une patiente qui se trouve trop grosse : l’objectif qu’elle devra se fixer sera formulé en termes positifs, comme : « je veux retrouver ma vitalité et ma forme ». Elle définira ce qu’elle cherche à travers cet objectif : se sentir mieux dans son corps, porter d’autres vêtements, être plus jolie… Elle devra décrire avec précision les critères qui lui indiqueront si elle a ou non atteint son but : le poids sur la balance, son reflet dans la glace, pouvoir mettre un vêtement dont elle rêvait depuis longtemps… Ainsi, par une série de questions, la PNL va aider le patient à affiner un désir initial pour s’assurer qu’il correspond bien à un objectif qui mérite d’être poursuivi. Si tel est le cas, le thérapeute va aider à la définition d’objectifs intermédiaires, afin qu’une amélioration continue se manifeste dans la vie quotidienne.

Quelques outils : Afin de donner une idée de la pratique de la PNL, voici quelques outils

qu’elle utilise :- l’ancrage de ressources : cette technique consiste à associer un

stimulus (sensoriel ou verbal) à une situation déterminée. Le thérapeute demande au patient de se remémorer une situation où ses ressources, qui lui font actuellement défaut, étaient à sa disposition. Puis il va « ancrer » ces ressources dans la situation actuelle du patient, par exemple par une pression au niveau de l’épaule au moment où celui-ci imagine la situation alors qu’il est en pleine possession de ses moyens. La technique de l’ancrage est directement issue de la théorie des réflexes

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conditionnés : chaque fois qu’il en aura besoin, le patient pourra lui-même exercer la même pression au niveau de son épaule afin de faire ré-émerger les ressources telles qu’elles lui étaient apparues durant la séance de thérapie.

- la négociation entre parties :cette technique est utilisée lorsqu’une personne vit un conflit au sein de sa propre personne, qu’elle est tiraillée entre deux directions. Il s’agira pour le patient, et avec l’aide du praticien, d’identifier les deux parties, en leur donnant des noms si besoin. Ensuite pourra s’entamer un dialogue entre les deux parties, qui pourra prendre la forme d’un jeu de rôle : pour la partie A, le patient choisit un siège, un autre pour la partie B, et il peut aussi en utiliser un troisième pour le Négociateur, la partie neutre, dont le rôle est de trouver les points d’accords entre les deux parties. Chaque partie devra exposer ses intentions positives et expliquer ce qui l’empêche d’agir. En finalité, il est rare que les parties ne trouvent pas un point d’accord et que de nouvelles réalités ne se créent pas dans l’esprit du sujet.

- le switch : Cette intervention convient pour traiter les problèmes d’image négative d’une personne pour elle-même, souvent générateurs d’angoisse, de tristesse ou d’impuissance. Le praticien demande à la personne de bien définir la situation qu’elle voudrait changer, et lui demande d’en projeter l’image sur un écran imaginaire. Ensuite, il lui demande de créer une autre image de lui même, en pleine possession de ses moyens, c’est-à-dire lorsqu’il aura effectué les changements souhaités, et dans un contexte neutre. Le patient est alors invité à fermer les yeux et à se représenter la première image sur l’écran, avec, dans le coin inférieur gauche, la seconde image, positive, en petit format. Au moyen d’une souris imaginaire, il devra agrandir l’image afin qu’elle prenne tout l’écran. L’opération pourra être renouvelée plusieurs fois mentalement, l’image devenant chaque fois plus brillante et éclatante.

Les différents types d’interventions : En PNL, le rôle du praticien sera d’identifier les causes des difficultés

psychologiques dans les termes que cette discipline a elle-même définis, et l’intervention se fera en fonction du niveau de causalité déterminé.

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Schématiquement, on peut déterminer quatre types de causes, et donc quatre types d’interventions.

- une première catégorie de difficultés peuvent être dues à une limitation dans le champ d’expériences ou de connaissance du patient. Par conséquent, l’intervention consistera à proposer un élargissement de la « carte du monde ».

- Une autre catégorie de difficultés relève de l’incapacité à savoir tirer des enseignements des expériences vécues comme pénibles ou ratées. La technique d’intervention adéquate est alors celle du recadrage.

- D’autres difficultés relèvent de l’absence d’un type d’expérience ou de connaissance. Il s’agira alors pour le patient d’apprendre de nouveaux comportements, de nouvelles stratégies, de nouveaux savoir-faire.

- Enfin, des expériences psychologiques douloureuses concernent les conduites, croyances, sentiments limitants, générant des conflits internes et une mauvaise image de soi. Le thérapeute pourra alors proposer un « changement d’histoire de vie », qui permet à la personne de modifier l’empreinte laissée sur elle par les expériences négatives, en s’aidant également de la technique des « dissociations », qui permet de prendre le recul nécessaire à l’analyse des situations vécues, sans être submergé par les émotions.

4.3.3. Les indications :

La PNL est particulièrement efficace pour résoudre des problèmes ponctuels : préparer un examen, résoudre un blocage précis, sortir d’une problématique d’échecs, prendre la parole en public… Elle permet aussi de régler certains problèmes de somatisation, de régler certains problèmes d’identité ou de manque de confiance en soi.

En fait, ces indications sont proches de celles des thérapies cognitives et comportementales. Mais également, son champ d’application déborde celui de la thérapie : elle s’adresse également aux professionnels de la communication, aux pédagogues, aux formateurs… en fait, à tous les professionnels pour qui la relation et la communication jouent un rôle important.

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5. Les psychothérapies issues des traditions orientales

5.1. La psychologie transpersonnelle :

Les traditions orientales sont habituellement associées à la spiritualité. Actuellement en Occident, une partie de la psychologie considère que la spiritualité fait partie intégrante de l’être humain. C’est le courant de la psychologie transpersonnelle. Celle-ci a été définie par A. SUTICH1, dans le journal américain de Psychologie Transpersonnelle, comme suit :

« La psychologie transpersonnelle est le titre donné à une force émergente dans le domaine de la psychologie par un groupe de psychologues et aussi d’autres professionnels, qui tous sont intéressés par les capacités humaines ultimes, et les potentialités qui n’ont pas une place systématique dans la théorie positiviste ou béhavioriste, ni dans la théorie psychanalytique classique ou dans la psychologie humaniste. La psychologie transpersonnelle est spécifiquement concernée par et responsable de la mise en œuvre de découvertes au niveau du devenir de l’homme, des méta-besoins de l’individu et de l’espèce, des valeurs ultimes, de l’unification de la conscience, des expériences extrêmes, de l’extase, des expériences mystiques, de l’actualisation de soi, de l’essence, de la béatitude, de l’émerveillement (…) »

Ce domaine de la psychologie transpersonnelle resta discret jusque vers la fin des années soixante, jusqu’à ce que certains scientifiques (comme Rémy CHAUVIN ou Costa de BEAUREGARD) eurent le courage d’exposer leurs idées au risque de voir leur réputation compromise, ou que des philosophes comme K.G. DURKHEIM importent une pratique spirituelle issue de l’orient (le za-zen pour DURKHEIM). En marge des mouvements psychothérapeutiques conventionnels ou académiques furent accueillis en Europe les mouvements américains comme celui issu de S. GROF et la thérapie holotropique, ou encore les vues transpersonnelles de certains thérapeutes humanistes, comme A. MASLOW ou R. ASSAGIOLI.

Pour certains, il s’est avéré, durant le développement de la psychologie humaniste, que la place laissée au sein du mouvement aux besoins

1 Anthony SUTICH, Journal of Transpersonal Psychology

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transcendantaux et spirituels, était devenue trop étroite. Cette tendance, au départ isolée, fut cristallisée par la pensée de MASLOW et D’ASSAGIOLI, qui peuvent se réclamer à la fois de la psychologie humaniste et de la psychologie transpersonnelle. Egalement, on peut rattacher à la psychologie transpersonnelle la pensée de Carl Gustav JUNG, que nous avons déjà abordé dans les thérapies de type analytique.

Le mouvement de psychologie transpersonnelle est indissociable du nom D’ESALEN, en Californie. Cet institut fut fondé en 1962 à l’initiative de Richard PRICE et Michaël MURPHY, passionné d’hindouïsme. L’institut était le lieu où se déroulaient des séminaires, surtout théoriques au départ, et regroupait des chercheurs de tous bords. ESALEN devint bientôt le creuset d’expérimentation des « thérapies nouvelles », avec comme leitmotiv le « libre développement de la personnalité » et une orientation mystique croissante.

Il faut mentionner que la mouvance du transpersonnel a pu donner lieu à quelques abus dans le domaine de la thérapie, où par exemple on a pu proposer des consultations médiumniques à des clients, consultations se prétendant de nature spirituelle où le thérapeute est connecté, par le phénomène du « Channeling », à une entité cosmique.

Suite à la constitution du mouvement de Psychologie Transpersonnelle, davantage de contacts s’établirent avec les traditions spirituelles orientales, et la méditation devint de plus en plus populaire en Occident. L’association d’une pratique répandue, celle de la « méditation transcendantale », a pu proposer les résultats d’une grande quantité de recherches sur les conséquences psychosomatiques de la méditation. Une conséquence pratique de cette évolution est qu’en Suisse et en Hollande, les personnes pouvant prouver qu’elles pratiquent la méditation régulièrement ont des réductions de cotisations d’assurance maladie.

Egalement, le psychiatre français Jacques VIGNE1, qui vit en Inde depuis de nombreuses années, a contribué à élaborer des idées à propos d’une psychologie spirituelle et de psychothérapeutes spécialisés.

1 Le Maître et le thérapeute, Albin Michel, 1992Eléments de psychologie spirituelle, Albin Michel (1993)Méditation et psychologie, Albin Michel (1996)

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Plus récemment, une Association Internationale de Psychiatrie Spirituelle a été créée, ainsi que de nombreux séminaires et congrès organisés, sous l’impulsion de Jean Marc MANTEL.

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5.2. Les thérapies faisant appel aux états modifiés de conscience :

Les techniques thérapeutiques issues des traditions orientales sont souvent des techniques de relaxation, mais aussi d’ouverture et d’approfondissement du champ de conscience.

Nous n’aborderons pas ici les techniques telles que le yoga ou la méditation, qui ne sauraient être considérés comme thérapeutiques, mais nous étudierons l’hypnose, la sophrologie, et le training autogène de SHULTZ.

5.2.1. Le training autogène de Shultz

Le training autogène a été mis au point en Allemagne, dans les années 30, par Johannes Heinrich SHULTZ, et a ensuite été introduit aux Etats-Unis. La technique consiste en des exercices mentaux de concentration passive sur des stimuli verbaux qui doivent provoquer un changement vers un état psycho-physiologique particulier. C’est à partir d’une étude des manifestations psychophysiologiques générées par l’hypnose que SCHULTZ a mis au point sa méthode. L’objectif de SCHULTZ, qui tout d’abord s’était enthousiasmé pour l’analyse, est de proposer une thérapeutique moins longue et plus simple que cette dernière, et qui n’entraîne pas de risque de dépendance entre le patient et le thérapeute.

Schultz postulait que « le corps peut agir sur l’esprit » et que la décontraction pouvait représenter l’élément essentiel d’une thérapie. La technique se présente comme une série d’exercices d’auto-induction, permettant aux individus de se conditionner.

Le protocole de la méthode est extrêmement rigoureux, et consiste à répéter des phrases suggestives très codifiées, du type « je suis très relaxé », ou « mon cœur bat de façon régulière ». Cela conduit progressivement, si c’est pratiqué régulièrement, à un conditionnement permettant à la personne de parvenir lorsqu’elle le souhaite à la maîtrise de ses émotions.

Déroulement d’une séance :

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La première consigne est celle de l’induction au calme. La personne est confortablement installée, allongée ou assise, les yeux fermés, et on procède à un relâchement musculaire progressif en faisant répéter la phrase « je suis tout à fait calme ». Une fois que la personne est véritablement calme, le thérapeute peut enchaîner sur les deux exercices fondamentaux et les quatre exercices complémentaires.

Le processus débute avec un premier objectif, qui est le rééquilibrage énergétique. Deux formules sont utilisées pour cela : « mon corps est lourd », et « mon corps est tout chaud ». Pour chaque induction, on procède progressivement, avec chaque partie du corps : « mon bras droit est lourd », etc., chaque phrase étant répétée cinq ou six fois. Le but de ces deux phrases est d’obtenir un relâchement musculaire et une augmentation de la température du corps.

Les quatre exercices complémentaires sont en fait quatre formules venant parfaire la relaxation déjà obtenue avec les deux premiers exercices.

La première : « mon cœur bat calme et fort », vise à supprimer l’état d’excitation en agissant sur le rythme cardiaque, et se prononce en posant la main sur la poitrine.

La seconde : « je suis toute respiration », incite la personne à se concentrer sur son souffle, et à trouver un rythme respiratoire proche de celui qu’elle a en dormant. Il se peut que la personne vive des « décharges autogènes », c’est-à-dire des sortes de secousses (frissons, bouffées de chaleur, tremblements), qui signalent qu’elle se libère des tensions.

La troisième formule, « mon plexus solaire est tout chaud », est enchaînée directement de la quatrième : « mon front est agréablement frais ». Le patient place sa main sur son plexus et tente de ressentir les ondes de chaleur qui y circulent, et c’est pour éviter les vertiges ou les céphalées, qu’il dit la seconde formule.

Le retour du patient à son état habituel de tonicité demande une vigilance particulière : si la transition se fait mal, il peut y avoir des engourdissements, des maux de tête, des fourmillements… La reprise s’amorce donc par des mouvements de flexion des avant-bras, une respiration profonde et la réouverture des yeux.

Indications :

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Le training autogène est utilisé pour lutter contre le stress et la fatigue, et agit également pour développer la mémoire et développer l’introspection et la concentration. Il est aussi préconisé dans des cas d’affections psychosomatiques, telles que l’hypertension artérielle, les problèmes circulatoires…

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5.2.2. L’hypnose :

A – Historique et définition :

Le phénomène hypnotique a été rencontré depuis des temps anciens dans les techniques orientales de yoga et de méditation. En Europe, c’est beaucoup plus tard qu’elle apparaît, vers la fin du XVIII° siècle. Nous avons déjà évoqué, dans la première partie de ce cours, la naissance de l’utilisation d’une hypnose thérapeutique, et pu retenir les noms de Messmer, Puységur, Braid, et la querelle qui opposa Charcot et Bernheim.

C’est avec l’essor de la psychanalyse que l’hypnose tomba peu à peu en désuétude. Freud, qui est parti d’elle, l’abandonna pour la catharsis (le fait de revivre les événements pathogènes permet de se libérer de leur emprise.) Freud n’aimait pas l’hypnose, qu’il considérait comme une technique barbare qui enlevait à l’homme malade sa volonté et sa parole. Avec la psychanalyse, il les lui restituait, sans qu’il ait besoin de se livrer à un sommeil artificiel.

Si Freud a contribué grandement à libérer le malade de l’hypnotisme et de la suggestion, la pratique de l’hypnose ne disparut pas pour autant. On soigna les névroses de guerre après 1918 en la pratiquant. Egalement, Pavlov et son école continuèrent d’en étudier les phénomènes.

C’est cependant à Milton Erickson que l’on doit l’intérêt actuel porté à l’hypnose : suite à ses cinquante années de pratique, cette technique a pu être redécouverte et envisagée avec un autre regard. L’état hypnotique a fait l’objet de théorisations diverses, tant et si bien qu’il devient difficile d’en donner une définition univoque. De nombreuses définitions ont été données par différents auteurs sans qu’aucune n’englobe vraiment tous les éléments de l’hypnose.

Hypnose vient du grec « hupnos », qui signifie sommeil, ce qui a engendré maintes fausses interprétations et définitions.

La représentation sociale actuelle de l’hypnose demeure étriquée et fausse, par bien des aspects, et a été induite par l’utilisation de l’hypnose de théâtre, qui tend à faire penser que l’hypnotiseur a un pouvoir exceptionnel lui permettant de soumettre totalement quiconque à sa volonté. L’hypnose est perçue comme un état de sommeil pendant lequel le sujet, forcément faible et vulnérable, perd toute conscience et toute volonté, soumis à l’hypnotiseur, qui est une sorte de magicien qui disposerait de pouvoirs exceptionnels.

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Il s’avère en fait que l’hypnose n’est pas un sommeil, et que la personne ne perd pas contact avec la réalité extérieure, comme en témoigne la pratique de l’autohypnose. De même, la personne ne perd pas toute volonté : il est en effet difficile de faire faire à une personne une chose qui soit contraire à son éthique. Quant aux caractéristiques de faiblesse et de vulnérabilité qui sont prêtées au sujet, il a été démontré que les meilleurs résultats ont été obtenus avec des personnes très intelligentes.

L’hypnose peut être définie comme « un mode de fonctionnement psychologique dans lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité environnante tout en restant en relation avec l’accompagnateur. Ce débranchement, qui suppose un certain lâcher prise, équivaut à une façon originale de fonctionner, qui fait apparaître des possibilités nouvelles : par exemple, des possibilités supplémentaires d’action de l’esprit sur le corps, ou de travail psychologique à un niveau inconscient ».1

Nous ne nous étendrons pas davantage sur l’hypnose en général, mais allons maintenant développer l’hypnose éricksonnienne, puisque c’est d’elle dont il est le plus souvent question en matière de thérapeutique aujourd’hui.

B – L’hypnose éricksonnienne :

Milton Erickson en est venu à rénover l’hypnose traditionnelle, au départ pour soulager ses propres souffrances. Au départ daltonien et dyslexique, il eut, à l’âge de 18 ans, une poliomyélite qui le cloua sur un fauteuil de paraplégique : il ne pouvait plus bouger que les lèvres et les yeux. Il mit à profit cet état pour développer un sens de l’observation très pointu et une grande inventivité au service de sa guérison.

Principes :On peut même aujourd’hui opposer l’hypnose éricksonnienne à l’hypnose

classique. Cette dernière introduit des suggestions et des modes de comportements extérieurs au sujet, qui n'entrent pas dans son "répertoire de vie " habituel, et peut alors entrainer des conflits intra-psychiques graves : le sujet ne reconnaît pas dans cette suggestion extérieure à lui-même le produit de ses propres capacités.

1 Jean Godin, Encyclopédie médico-chirurgicale, Psychiatrie, 1991.

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L'hypnose ericksonienne, en revanche, est fondamentalement différente: la suggestion directe en est exclue. Le patient, pendant son travail en hypnose, est accompagné par le thérapeute, qui au cours d'une simple conversation, lui permet d'accéder, aux ressources de son inconscient : le sujet est totalement respecté dans sa structure psychique, et trouve, lui-même, la réponse à son problème, dans la gamme de ses capacités personnelles. L'Hypnose ericksonienne est totalement respectueuse de l'intégralité du patient, elle est compatible avec ses propres valeurs : elle respecte totalement l'écologie du sujet. En fait, l'état hypnotique est un état banal dans lequel nous entrons et évoluons plusieurs fois par jour spontanément. Il peut s'agir d'un état de rêverie : lecture passionnante, émission de télévision, voyage dans un train, film…Ce phénomène est très utile, il permet au thérapeute d'utiliser chez le patient cette faculté spontanée à entrer en Hypnose . C'est cette modification de l'état de conscience que l'on appelle "état hypnotique, qui est un phénomène physiologique spontané et normal. Le thérapeute cultive et entretient ce phénomène naturel, à la demande du patient, dans un but thérapeutique. C'est ce qui rend cette nouvelle hypnose tout à fait éthique.

Indications :De multiples expériences en laboratoire de physiologie ont montré que de très nombreuses fonctions étaient modifiées dans le sens de la régulation lors d'une séance d'Hypnose : rythme respiratoire et cardiaque, tension artérielle, spasmes bronchiques, tonus sympathique et parasympathique, tonus musculaire, sécrétion acide gastrique, sensibilité viscérale digestive, vasodilatation, vasoconstriction. Il a même été constaté de façon régulière une diminution du temps de saignement, et les médecins et chirurgiens qui utilisent l'analgésie hypnotique, sont toujours impressionnés par l'absence de saignement du champ opératoire.Les indications de l'Hypnose en pratique quotidienne: - En obstétrique , on utilise l'effet analgésique sur les douleurs de l'accouchement, ainsi que sur le rythme des contractions utérines.- En stomatologie et chirurgie dentaire, elle facilite les soins dentaires en permettant un meilleur contrôle de la douleur, du saignement, de la salivation et permet de mieux lutter contre l'anxiété, les réflexes nauséeux, le bruxisme...- Pour les brûlés , la suggestion de froid, au début, va bloquer les réactions réflexes associées, permettre une analgésie pendant les soins, et éviter de nombreuses anesthésies générales.

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- En Dermatologie: eczéma, psoriasis, verrues, prurit et toutes les affections psychosomatiques.- En Sexologie : tous les dysfonctionnements sexuels.- En O.R.L. : acouphènes, vertiges, dysphonies, laryngospasme.- En Neurologie : migraines, insomnies, tics, stress, anxiété, peur, phobies, agressivité, le traitement de la douleur.- En Psychiatrie, toutes les névroses, les troubles du comportement : alimentaire, anorexie, boulimie, alcoolisme, toxicomanie, phobies sociales, dépressions, névrose post-traumatique.- En Psychothérapie : manque de confiance, timidité, préparations aux examens et concours, problèmes scolaires, professionnels, problèmes relationnels de couple mais aussi de la famille.

Déroulement d’une séanceLe traitement se déroule ainsi dans un cadre thérapeutique et éthique bien défini, mettant le sujet dans une sécurité et une confiance qui lui permettent d'obtenir le résultat souhaité, et défini par lui seul. Il s'agit, sans suggestion intrusive, et en respectant intégralement son écologie psychique, d'aider un sujet à trouver des solutions à un niveau inconscient, et d'accéder à ses ressources profondes. Ce faisant, il peut alors résoudre le ou les problèmes qui le bloquent.Ce travail peut se faire pendant une session, au cours de laquelle, par le biais d'une conversation banale, ou l'évocation d'un souvenir agréable, le sujet peut accéder à cet état hypnotique. Au cours de ce travail, il se fait un réaménagement psychique qui permet au patient de trouver une solution à son problème.

La sophrologie