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La coopération avec les jeunes de l’UGTT La Fondation Paix et Solidarité Serafín Aliaga, ONG de Développement créée par CCOO, a comme objectif la contribution au renfor- cement des organisations syndicales, en ren- forçant leur rôle comme agent social. Dans le cas de la coopération que nous réalisons avec l’UGTT notre appui contribue à donner plus d’espace aux jeunes (et aux femmes) au sein du syndicat et renforcer leur présence dans le secteur productif privé, qui est celui qui s’accroit le plus et dans lequel on trouve la plupart des jeunes tra- vailleurs. Dans l’intervention de coopération cofinancée entre l’AECID, la FPS et l’UGTT le travail est fait autour de trois axes : —Améliorer les compétences des responsables et dirigeants syndicaux. —- Augmenter la présence syndicale dans le secteur privé et lutter contre la précarité du travail. —Augmenter l’affiliation des jeunes et des femmes au syndicat et leur présence dans les différents niveaux de prise de décision. Cette intervention, qui est en marche depuis trois ans, comprend des ac- tions de formation syndicale pour des jeunes syndicalistes (ateliers et pu- blications), des campagnes d’information (avec des séances d’information et mobilisation) destinées à des jeunes travailleurs, ainsi que des échanges entre jeunes syndicalistes de l’UGTT et de CCOO. Au cours de la prochaine année des campagnes régionales et sectorielles seront réalisées avec des sessions de formation sur les droits syndicaux dirigées à des jeunes de différentes régions, des représentants de la Com- mission de Jeunes seront formés sur la planification stratégique pour la mobilisation, et les syndicalistes seront sensibilisés sur l’importance de renforcer la participation des jeunes dans la structure syndicale. Toutes ces actions ont étés déterminées en fonction des nouvelles priori- tés que le contexte de transition démocratique a ouvert aux aspirations de la jeunesse tunisienne organisée dans les syndicats. Jeunes, coopération, révolution et syndicat en Tunisie www.observatoriodeltrabajo.org Interview des jeunes de l’UGTT : INFO ++ Dans le cadre du projet de coopération entre la Fondation et l’UGTT, deux jeunes syndicalistes tunisiens, Rym et Belhacem, ont participé dans la XXV Ecole Confédérale de Jeunesse de Commissions Ouvrières, réalisée à Sé- ville entre le 13 et le 17 juin 2011. Cristina et Santi, jeunes syndicalistes de CCOO, parlent avec Rym et Belha- cem au sujet de la participation des jeunes de l’UGTT dans leur révolution, une révolution pour la dignité, une révolution politique et syndicale contre un régime qui maintenait la population sous l’oppression et la pauvreté. Les jeunes syndicalistes ont été en première ligne pour informer, organiser et mobiliser. Une fois le dictateur renversé ils ont transmis le message et les objectifs de la révolution à la jeunesse tunisienne: atteindre une société plus juste, démocratique et équitable.

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Page 1: INFO ++ Interview des jeunes de l’UGTT...se conformeront pas avec des changements superficiels ou une alternance dans la direction du régime, mais voudront une nouvelle société.

La coopération avec les jeunes de l’UGTT

La Fondation Paix et Solidarité Serafín Aliaga, ONG de Développement créée par CCOO, a comme objectif la contribution au renfor-cement des organisations syndicales, en ren-forçant leur rôle comme agent social. Dans le cas de la coopération que nous réalisons avec l’UGTT notre appui contribue à donner plus d’espace aux jeunes (et aux femmes) au sein du syndicat et renforcer leur présence dans le secteur productif privé, qui est celui

qui s’accroit le plus et dans lequel on trouve la plupart des jeunes tra-vailleurs.

Dans l’intervention de coopération cofinancée entre l’AECID, la FPS et l’UGTT le travail est fait autour de trois axes :

—Améliorer les compétences des responsables et dirigeants syndicaux.

—- Augmenter la présence syndicale dans le secteur privé et lutter contre la précarité du travail.

—Augmenter l’affiliation des jeunes et des femmes au syndicat et leur présence dans les différents niveaux de prise de décision.

Cette intervention, qui est en marche depuis trois ans, comprend des ac-tions de formation syndicale pour des jeunes syndicalistes (ateliers et pu-blications), des campagnes d’information (avec des séances d’information et mobilisation) destinées à des jeunes travailleurs, ainsi que des échanges entre jeunes syndicalistes de l’UGTT et de CCOO.

Au cours de la prochaine année des campagnes régionales et sectorielles seront réalisées avec des sessions de formation sur les droits syndicaux dirigées à des jeunes de différentes régions, des représentants de la Com-mission de Jeunes seront formés sur la planification stratégique pour la mobilisation, et les syndicalistes seront sensibilisés sur l’importance de renforcer la participation des jeunes dans la structure syndicale.

Toutes ces actions ont étés déterminées en fonction des nouvelles priori-tés que le contexte de transition démocratique a ouvert aux aspirations de la jeunesse tunisienne organisée dans les syndicats.

Jeunes, coopération, révolution et syndicat en Tunisie

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Interview des jeunes de l’UGTT :INFO ++Dans le cadre du projet de coopération entre la Fondation et l’UGTT, deux jeunes syndicalistes tunisiens, Rym et Belhacem, ont participé dans la XXV Ecole Confédérale de Jeunesse de Commissions Ouvrières, réalisée à Sé-ville entre le 13 et le 17 juin 2011.

Cristina et Santi, jeunes syndicalistes de CCOO, parlent avec Rym et Belha-cem au sujet de la participation des jeunes de l’UGTT dans leur révolution, une révolution pour la dignité, une révolution politique et syndicale contre un régime qui maintenait la population sous l’oppression et la pauvreté.

Les jeunes syndicalistes ont été en première ligne pour informer, organiser et mobiliser. Une fois le dictateur renversé ils ont transmis le message et les objectifs de la révolution à la jeunesse tunisienne: atteindre une société plus juste, démocratique et équitable.

Page 2: INFO ++ Interview des jeunes de l’UGTT...se conformeront pas avec des changements superficiels ou une alternance dans la direction du régime, mais voudront une nouvelle société.

Le régime de Ben Ali était un régime dictato-rial, totalitaire, policier et corrompu, au profit d’une minorité. C’est l’évolution et l’exacer-bation du régime précédent de Bourguiba, « père de la libération » du colonialisme fran-çais et président de la Tunisie indépendante jusqu’à son remplacement par Ben Ali.

Contrairement aux autres changements de régime dans la région à d’autres époques, produits par des révoltes d’élites (militaires, politiques ou écono-miques) ou par des coups d’Etat de palais, celle-ci est une révolution populaire. Il n’est pas exagéré ni partiel d’affirmer que la révolution tunisienne a été une révolu-tion dans laquelle la jeunesse et les travailleurs ont joué un rôle crucial.

La Tunisie, jusqu’à présent n’a pas connue une démocratie. Il est plus que probable que le processus de transition, mal-gré les difficultés, puisse culminer dans une démocratisa-tion de la société et la vie politique tunisienne. Il est pré-visible que les jeunes et les travailleurs et travailleuses ne se conformeront pas avec des changements superficiels ou une alternance dans la direction du régime, mais voudront une nouvelle société.

Pendant la transition, les jeunes, ainsi que l’UGTT, la princi-pale et historique centrale syndicale, ont réclamé leur rôle comme garants, en tant qu’acteurs principaux, de la révo-lution, et un rôle plus actif dans le processus de mise en place de la nouvelle République. Le changement de régime a aussi permis qu’en plus de l’UGTT, la centrale majoritaire, il y ait aussi une ouverture au pluralisme syndical et d’autres centrales syndicales, telles que la CGTT et la nouvelle UTT, soient légalisées.

Le mouvement syndical et la révolution en Tunisie

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La révolution jeune…

La jeunesse a spécialement subi la crise économique. L’accès massif aux niveaux plus élevés du système éduca-tif n’a pas été compensé par la création d’emplois quali-fiés, et les jeunes débouchent sur des emplois précaires, le chômage ou l’émigration.

Ceux qui se sont manifesté entre décembre 2010 et jan-vier 2011 n’avaient connu que le régime de Ben Ali, mais étaient bien conscients que d’autres modèles de société et de politique étaient possibles.

Les premières révoltes ont étés bien suivies et renfor-cées à travers les réseaux sociaux, dû au niveau de cen-sure et aux limitations dans les libertés de réunion et d’association, et les premiers pas, les premiers appels par ces réseaux ont étés faits par les jeunes qui ont étés présents et actifs, ainsi que protagonistes, de toutes les mobilisations.

… et travailleuse

L’Union Général Tunisienne du Travail, fondée en 1946, est clé dans la construction de l’Etat tunisien dans la pé-riode postcoloniale, à partir des années 50. L’UGTT fait face à Bourguiba, fondateur et autoritaire premier pré-

L’affiliation de l’UGTT

L’UGTT est présente, surtout, dans le secteur public, et son affiliation est com-posée en plus grande partie d’hommes adultes, même s’il y a des secteurs, hau-tement féminisés, où l’affiliation fémi-nine peut arriver jusqu’à 80 %, comme dans celui du textile. Le syndicat cher-che à renforcer sa présence dans le sec-

sident de la République tunisienne, pour affirmer son indé-pendance. Elle se situe dans cette même position pendant le régime de Ben Ali.

Sa grande implantation a garanti son indépendance. L’UGTT a 500.000 affiliés et une présence dans toutes les régions et secteurs productifs. Le syndicat, même en étant le seul re-connu dans le pays, est une organisation avec une base so-ciale réelle, à différence des associations mises en marche ou sous tutelle du régime.

L’UGTT a joué pendant les années du régime de Ben Ali un rôle de refuge des dissidents de toutes les tendances. Le régime de Ben Ali a essayé de téléguider la politique et l’activité du syndicat, qui a dû faire des équilibres délicats pour maintenir son autonomie et, en même temps ne pas donner des excuses au régime pour que celui-ci prenne des mesures qui auraient limité son indépendance.

Le rôle du syndicat dans la révolution a été crucial quand, une fois que les mobilisations ont commencé dans la base du syndicat, la centrale s’est vue obligée à permettre l’appel à des « grèves roulantes » qui ont eu lieu chaque jour dans une région du pays, et qui ont abouti sur la grande grève dans la capitale du pays le 14 janvier, date de la fuite de Ben Ali.

teur privé —vu qu’elle est plus importante dans le secteur publique— dans lequel travaillent, dans des conditions es-sentiellement précaires, des femmes et des jeunes.

Il y a peu de jeunes dans l’UGTT, et pour cette raison, ainsi que pour des raisons culturelles, ils ont peu de poids politi-que. Une des principales revendications est la modification des statuts pour leur attribuer une plus grande représen-tation dans les instances de prise de décision. Jusqu’à ce jour, la Commission de Jeunes est une structure technique sous la responsabilité du Secrétaire Général Adjoint chargé de la femme travailleuse, des jeunes travailleurs et des as-sociations.