influence de la variete d'agrumes sur la sensibilite du porte-greffe a ...

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INFLUENCE DE LA VARIETE D'AGRUMES SUR LA SENSIBILITE DU PORTE-GREFFE A LA GOMMOSE A PHYTOPHTHORA VANDERWEYEN A. lntroduction La principale méthode des agnrmes consiste à greffes résistants. Au Maroc, le bi-uaradier, très généralement employé, présente une résistance suffisante, dans la plupart des cas, pour autanÇ bie4 entendu, que Ies méthodes de culture ne facilitent pas la pénétration du parasite, par exemple en enterrant le point de greffe, lors de la plantation. C'est la menace d,e la tristeza qui nous amène à rechercher d'autres sujets qui soient à la fois tolérants à cette virose et au moins aussi résistants à la gommose que le bigaraciier. La détermination de la sensibilité d'une varieté d'agrumes à la gommose et à Ia pourriture du pied se fait au moyen d'inoculations artificielles, au cours desquelles on place le parasite sous l'écorce du tronc des jeunes arbres. On évarue. au bout d'un certain temps, la surface d'écorce nécrosée (VnuornwnYn'N, 1974). I-r- test étant de lutte contre la gommose à Phytophthora éviter l'infection, en utilisant des port:: Al-Awamia 60, avril 1980, pp. 67 à 80'

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INFLUENCE DE LA VARIETE D'AGRUMES

SUR LA SENSIBILITE DU PORTE-GREFFE

A LA GOMMOSE A PHYTOPHTHORA

VANDERWEYEN A.

lntroduction

La principale méthodedes agnrmes consiste àgreffes résistants.

Au Maroc, le bi-uaradier, très généralement employé, présente

une résistance suffisante, dans la plupart des cas, pour autanÇ bie4

entendu, que Ies méthodes de culture ne facilitent pas la pénétration

du parasite, par exemple en enterrant le point de greffe, lors de laplantation.

C'est la menace d,e la tristeza qui nous amène à rechercher

d'autres sujets qui soient à la fois tolérants à cette virose et au

moins aussi résistants à la gommose que le bigaraciier.

La détermination de la sensibil i té d'une varieté d'agrumes à la

gommose et à Ia pourriture du pied se fait au moyen d'inoculations

artificielles, au cours desquelles on place le parasite sous l'écorce

du tronc des jeunes arbres. On évarue. au bout d'un certain temps,

la surface d'écorce nécrosée (VnuornwnYn'N, 1974). I-r- test étant

de lutte contre la gommose à Phytophthora

éviter l'infection, en utilisant des port::

Al-Awamia 60, avril 1980, pp. 67 à 80'

66 VA}TDERWEYEN A.

réalisé sur de jeunes arbres francs de pied, la valeur obtenuefotrrnit une expression de la sensibilité d'une variété déterminée, àla souche de champignon inoculée, dans les conditions de la pratique.

Cependant, les agrumes cultivés étant des arbres composés d'unsujet et d'un scion, on peut penser que ra sève élaborée, provenantdu feuillage et circulant dans l'écorce, vraisemblablement différentede celle que fournirait le feuillage d'un arbre non greffé, pourraitmodifier la sensibilité du porte-greffe.

C'est pourquoi, à côté d'essais dans lesquels le sujet reste nongefré et où l'on mesure sa résistance propre, il convient de répéterles mêmes eryrériences, sur des arbres greffés avec les principâlesvariétés d'agrumes cultivées.

De telles études ont été réalisées, notamment par Krorz, Brrrrns,Dswor-rB et GARBER (1968). Mais ces expériences restent souventpartielles, car elles n'utilisent qu'une ou deux variétés cultivées.

Nous avons mis sur pied une expérience portant sur 10 variétésgpeftées sur 10 sujets différents. Les variétés ont été choisies parmicelles qui sont couramment cultivées au Maroc, mais aussi parmicelles qui sont connues comme très sensibles ou très résistantes à lamaladie, indépendamment de leur valeur en tant que productionfruitière, ceci afin d'infiuencer au maximum, dans I'un ou I'autres€ns, la sensibilité du porte-greffe.

La présente étude complète donc, sans y mettre un point final.cellc qui a été présentée au terme d'un essai d'inoculation sur sujetsnon greffés (VlNoenwrvrN, 1974).

Matériel et méthodes

L'expérience a été réalisée sur les terrains de la Station Expéri-mentale de Sidi Bouknadel, située entre Rabat et Kénitra, à faiblddistance de la bordure Ouest de la forêt de la Mamora. Le sol estconstitué d'un sable décarcifié appartenant au système dunaire etreposant sur un grès calcaire peu siliceux.

Les arbres utilisés représentent toutes les combinaisons possiblesentre 10 variétés de porte-greffes et 10 variétés de greffons. Ces der-niers ont été choisis parmi les variétés habituellement cultivées auMaroc, en 1965. ainsi que parmi des variétés non cultivées pour lefruit, mais dont la sensibilité, vis-à-vis de la gommose, présente un

SENSIBILNITÉ, A LA GOMMOSE A PIIYTOPIITHORT 61

intérêt spécial. Le but de l'exffrience est, mppelonsle, de mettreen évidence la manière dont la frondaison influs sur la résistance dusujet à la gommose.

Les variétés utilisées sont les suivantes:

- porte-greffe : bigaradier (Citrus aurantium L.)citrange 'Canizo' (Poncirus triloliata (L.) Rafinesque x Citussinensis (L.) Osbeck),citrange'Troyer' (idem)Citrus nacroph,vlla WesterCitrus volkameriana Pasqualelime 'Rangpur' (Crilrus limonia Osbeck)mandarinier 'Cléopâtre' (Citrus reshni Hort. ex Tanaka)oranger 'Hamlin' (Citrus sinensis Osbeck)Poncirus triioliata (L.) Rafinesquerough lemon (Citus lambhiri Lushington).

-scion :

bigaradier (Citrus aurantium L.)citronnier 'Eur€ka' (Citrus lirnon (L.) Burm.f.)clémentinier (Cûrus clementina Hort. ex Tanaka)mandarinier 'Wilking' (Citrus nobilis Loureiro x Citrus deli-crosa 'fenore),

oranger 'Hamlin' (Citrus sinensis Osbeck)oranger'Sanguinelli ' (idem).oranger'Valencia' (idem).oranger 'Washington (Citrus oblonga Hort. ex. Y. Tanaka)grapefruit'Shambar' (Citrus paradisi Macfadyen)rough lemon (Citrws jambhiri Lushington)

Le citronnier et les orangers, sauf 'Sanguinelli', sont des clonesissus de séiection nucellaire.

Dans le but d'obtenir 10 arbres homogènes, au momett desinoculations. rl a, été planté 14 arbres de chaque combinaison, ce quiconduit, p<rur les 100 combinaisons, à un total de 1400 arbres. Al'écartement de 6 m entre les lignes et de 4 m dans la ligxe, cesarbres occupent une superficie de 3,36 ha.

Tenant compte de cette étendue, et de la nécessité de ne pascompliquer le plan, afin d'éviter les erreurs, lors de la mise en placc,il n'a pas été possible d'envisager des repétitions, ni de diviser lesgroup€s de 14 arbres. Les résultats des inoculations artificielles seront

68 VANDERWEYEN A.

do.nc présentés sur .la base de leur intervalle de confiance. On essaieranégqgpo145 de mettre en évidence une éventuelle corrélatiorr entrele développement des arbres et leur sensibilité à la gommose.

Toutes les combinaisons n'ont malheureusement pas atteint lemême état de développement en même temps. Tenant compte de ladisponibiiité du matériel végétal, il n'a pas été possible de réaliserdes- plantatiôns;'échelonnée'S. La mise en place a eu lieu en janvier1 968.

En automne 1972, les arbres greffés sur trois sujets ont étéjugés en état de subir I'inoculation. Il s'agissait du Citrus mncropkylln,du Cit'rus volkameriana et du citrange << Carrizo >.

P"afui les 30 combinaisons (10 variétés sur 3 sujets), on n'a puen traiter que 27 'car l'oranger << Sanguinelli > s'est révélé atteintd'exocortis et de déclin du point de greffe et s'est, en général, trèspauvrement développé. L'exocortis s'est extériorisé plus rapidementsur Ia iime << Rangpur > que sur le Poncirus triloliata et les citrangeset le déclin du point de greffe est surtout visible sur rough lemon.

Par ailleurs nous ne . pourrons tenir compte des résultats de lacombinaisorl ciémentinier sur C. macrophylln, certaines inoculationsn ayqnt pas reussr.

Parmi les groupes de 1.4 arbres de chaque combinaison, on achoisi les 1O arbres les plus homogènes. Un onzième arbre a étéblessé sans inoculation, à titre de témoin.

L'inoculation s'est effectuée en plaçant, sous l'écorce du sujet,ùà disque de gélose prélevé dans une culture en boîte de Pétri, surfarine de mais. On a utilisé la souche C 913 de Phytophthora citro-phthora (R.E. Surrn & E.H. Srralrn) Leonian provenant de la régiondE Rabat.

Les inoculations ont eu lieu en fin octobre, début novembre1972 et les relevés en avrii 1973. Toutefois, quatre groupes n'ontpu être traités en même temps que les autres et I'on en tiendracompte, lors de la ciiscussion des résultats.

Résullats

LEs relevés ont cônsisté en la mesure de la circonférence destroncs, à la hauteur de l'inoculation et en la mesure de Ia largeureC de la longueur de la nécrose produite par le champignon à laface interne de l'écorce. Le produit de ces deux dernières valeurs

sBNsrsIUrÉ A LA GoMMosE A PTTYToPHTHoRA , 69

est considéré comme représentant la superficie de la lésion, laquelleest généralement de forme grossièrement rectangulaire. Dans tous lescas. le témoin est resté absolument sain.

Les mesures effectuées sur les 10 arbres inoculés onf permis decalculer une valeur moyenne, pour chaque combinaison. Comme dansnos essais sur arbres francs de pied (V,cNDsnwrYEN, 'J.974), nous avonsdéterminé les limites inférieure et supérieure de l'intervalle de con-fiance, de la moyenne.

En outre, il a semblé utile de mettre en relation I'importancede la lésion avec le développement de I'arbre, en établissant le rappoftentre la surface de la lésion et la circonférence du tronc, pour'chaquêarbre. Les valeurs obtenues ont permis de calculer une nouvellemoyenne et son intervalle de confiance. Dans une deuxième étapci,ttous avons déterminé Ie coefficient de corrélation et l'équation de ladrolte de régression entre les mêmes données (surface de lésion, cir-conférence du tronc), pour chaque combinaison. Dans chaque cas,on a établi si le coefficient de régression était significâtivement diffé-rent de 0 ou non.

Ces deux types de calcul ont été effectués pour les arbres gref-fés sur C. macrophyllc. Nous n'avons pas jugé utile ensuite d'étendreces opérations aux autres porte-greffes. Toutefois, nous avons détet'miné le coefficient de corrélation et I'équation de la droite de régres-sion pour l'ensemble des combinaisons de chaque porte-greffe: ' '

Le tableau 1 concerne les arbres greffés sur C. macrophylla. I\renferme les superficies mcyennes des lésions avec leur intervalle deconfiance et les rapports de cette dimension avec la circonféreucedu tronc, également affectés de leur intervalle de confiance.

Pour Ie même porte-greffe, le tableau 2 donne les valeurs ducoefficient de corrélation, l'équation de la droite do régression Y :

a * b X et Ie degré de significatioq du coefficient de régrêssion b.

Au bas du tableau 2 figurent les résultats obtenus si l?on prendcomme valeurs individuelles les superficies moyennes des lésions surles 10 arbres inoculés pour chacune des 8 variétés greffées sur C.macrophylla

Les tableaux 3 et 4 rassemblent les résultats concernant res-pectivement Cltrus volkameriww et le citrange'Canizo'.

Une r'eprésentation graphique de la superficie nécrosée pourchaque. combinaison est' dorurée dans les, figures .l.et 2. -

7A VANDËRWEYEN A.

Tenlnlu I

Porte-greffe Citrus macrophylla.

Superficie rr-oyenne de lalésion et limites de l'in-

Va.riété cultivée tervalle de confiance(cm2)

Rapport moyen de ICireonférence superflce des lésions sumoyenne (cm) la cirnconférence du tron

et Iimites de I'intervall.de conliance

. lYashington '

. Stumbar '

. Yalencia '. WilkinS '. Eigaradier ,. Eureka '. I{arnlin ,

rough lernon

1,18 - 2,06

1,10 - 2,49

2,00 - 2,62

3,93 - 15,03

3,63 - 18,79

9,13 - 40,?4

35,50 - 55,86

40,16 - 62,68

0 , 6 2 - 0 , 9 9 - r , 3 6

0 , 4 8 - 1 , 0 3 - r , 5 8

0 , 7 9 - 1 , 0 0 - l , 2 l

1 , 8 6 - 6 , 4 0 - 1 0 , 9 4

1 , 0 2 - 6 , 2 4 - 1 1 , 4 6

3 , 2 3 - 1 2 , 1 0 - 2 0 , 9 71 1 , 1 3 - 2 0 , 6 0 - 2 9 , 8 7

1 2 , 0 4 - 1 9 , 7 0 - 2 7 , 3 6

- 2,94- 3,88- 3,24- 26,13-- 33,95- 72,35-76,22

- 85,20

21

21

2522

3l

3429

33

Trnrreu 2

Porte-greffe Ciirr.s macrophylla.

Coellicient de Equation de la droite tle Rapport entrecorrélation entre Ia régression entre la sur- la variation du

Variété cultivée surface des lésions face des lésions et la coefiicient deet la circonférence cilconférence du tronc régression et la

du tronc variation dûe àI'erreur (n.s. :non signiflcatif)

. Washington '

. Shambar '

. Valencia '

. lVilking '

biSarsdier. Eureka ,

. Ilsnlin '

rough len:on

ensemble desvariétés* 0,7E

0,3?3

0,0590,251

0,505

0,2380,r40

0.641

Y : - 0,446 + 0,12r X 1,29 n.s.

Y : f ,498 + 0,041 X 0,03 n.s.

Y : 1,420 + 0,048 X 0,47 n.s.

Y - - 5 2 , 0 0 + 2 , 9 7 X 2 , 4 0 n . s .

Y : 90,35 - 2,33 X 0,4E n.s.

Y : - 1 0 , 9 0 + 1 , 5 3 X 0 , 1 2 n . s .

Y : 174,60 - 4,11 X 4,E9 n.s.Y : 265,02 - 6,15 X 4,84 n.s.

Y : - 8 3 , 6 0 + 3 , 9 5 X 9 , 3 8(signiflcatif auseuil de 57o )

(*) La moyenne pour chaque variété étant prise corune valeur individuelle.

SÉNSTSITITÉ A LA GOMMOSE A PT{YTOPHTHORA

Tlsreeu 3

Porle-greffe Citrus volkameriana

7 l

Variété cultivée Superlicieet limites de

lésron Circonférenceconfi.ance moyenne du tronc

(cm)

moyenne de lal'intervalle de

(cm2)

clémentinier

. Valencia '

. Washington ,

bigaradier

. Wilking '

. FIamIin '

. Shambar '

. Eureka

rough lemon

45,39 - 54,02

62,13 - 87,59

75,62 - 99,63

102,16 - 146,78

109,31 - 133,65

118,78 - 149,02

120,35 - 142,52

133,29 - 168,10

193,81 - 277,49

36,76

36,6751,6137,5482,9?88,54

98,18

98,48

1 10 .13

27

26

2832

3034

30

37

36

Coefficient de corrélation entre la superficie des lésions et la circonférence

du tronc : 0,85.

Equation cle la droite de régression : Y : - 189 + 9,5 X.

F : 18,?4**. Une tendance linéaire se dégage donc entre la circonférence

du tronc et la supertcie des lésions.

'laer-s^Au 4

Porte-greffe citrange ., Carrizo t

Variété cultivée Superiicieet l imi tes de

moyenne deI'intervalle

(crn2)

Iade

Iésion Circonférenceconfiance moyenne du tronc

(cm;

. Washington '

. Valencia '

. Shambar ,

rough lemon

bigaradi€r

. Wilking '

. Hamlin '

clémentinier

. Eureka ,

0,31

0,47

1,00

0, r6

1,68

1,?22, t2

2,r82.40

22

22

28

32

272429

2429

0,44 - 0,5?

0,82 - l ,r7

1,77 - 2,54

2,61 - 5,06

3,01 - 4,34

3,0r - 430

3,34 - 4,56

3,49 - 4,80

4,54 - 6,68

Coefficient de corrélation entre la superficie moyenne des lésions et lacirconférence du tronc : 0,54.

Equation de la droite de régression Y : - 2,9? + 0,21 X.

F : 2,95, non signilicatif au seuil de ïVo.

On ne peut donc admettre l'existence d'une Iiaison linéaire entre lacirconférenee du tronc et la superficie de Ia lésion.

72 VANDERWEYBN A,

trl

l+l

'Woshington'

'Shombor'

'VoLencio'

'WiLking '

Bigorodier

Porte - greffe

C-qrs mggghyLLo

'Eureko'

'HomLir/

rough Lemon

I

lll

jI+

|'#

r-{.|

t'*t

l-ft

rfl

H

'Woshington

'VoLencio'

'Shombor'

rough Lemon

Bigorodier'witking'

'HomLinr

CLémentinier'Eureko'

7 5cm' d'écorce nêcrosée

Porte - greffe

c i t ronge'corr izo '

15

Fig:'l

20 cnf d'écorce nêcrosée

Etendue moyenne des Lêsions et intervoLLede confionce pour choqr.re combino'son surCitrr:_mægf@lg èt citron ge,corrizd

SNT.ISISTTTTÉ A LA GOMMOSE A PHYTOPHTHORA

Porte-greffe Citrus voLkomeriono

l+ CLémentinier'VoLencio'

'Woshington'

Bigorodier'WiLking'

'HomLin'

'Shombor '

'Eureko'

rough Lemon

Fig,Z

cm'd'#ôFce nêcrosée

Etendue moyenne des Lésions et intervoLLede_conf ionce, pour chogue combinoisonsu r çI!ru5J-Q-Lk o_m e!i-g_qq

Discussion

Dans le cas du C. macrophyl/a, nous avonS obtenu des résultats,pour 8 combinaisons, figurant dans les tableaux I et 2, ainsi que sur

le graphique de la figure 1.

L'examen du tableau 1 montre qu'il n'y a pas gfand interêtà établir, pour chaque arbre, le rapport de la suporficie de lalésion à la circonférence de I'arbre, et à eftectuer le calcul sur cettebase. Que I'on utilise cette méthode, ou que I'on tienne comptesimplement de la superficie des lésions, on peut, dans les deux cas,grouper les variétés en deux ensembles. Le premier comprend 3variétés : << Washington >>, << Shambar > et << Valencia >, lesquellesont permis I'expression du caractère de résistance que nous avionsdécelé chez Ie C. maarophylla fuanc de pied (VlNornwnvnN, 1974).Le deuxième ensemble comprend les variétés et espèces : < Wilking >,

bigaradier, << Eureka >>, <, Hamlin > et rougùr lemon, ayant fournides réponses qui tendent à faire considérer le C. mncrophylla commetrès sensible.

74 VANDER1VEYEN A.

En outre, nous avons cherché à établir s'il y avait relation entrela vigueur de l'arbre, exprimée par la circonférence du tronc, etl'étendue des lésions. Pour chaque combinaison, nous avons calculéle coefficient de corrélation et l'équation de la droite de régressionentre ces valeurs (T.lsr. 2). Le rapport des variances nous indiqueque le coefficient de régression n'est, en aucun sas, différent de O,c'est-à-dire qu'a l'intérieur de chaque combinaison, il ne semblepas exister de liaison linéaire entre la superficie des lésions et lacirconférence du tronc, ce qui nous conduit à ne pas choisir lerapport de ces deux valeurs, comme mesure de la sensibilité dechaque arbre.

Par contre, si I'on prend comme base la superficie moyenne dechaque combinaison et qu'on fasse le calcul pour I'ensemble desvariétés sur C. macrophylla,le coefficient de régression devient signi-ficatif, ce qui indique un lien entre la vigueur moyenne des combi-naisons et Ia sensibilité du porte-greffe à la gommose.

En ce qui concerne le C. volkameriana (Tlsr. 3), une consta-tation s'impose : les cornbinaisons les moins sensibles ont lésions d'unedimension semblable à celle des combinaisons les plus sensibles surC. mærophylla. I-e manque de résistance du C. volkoneriand con-firme ce que nous avions trouvé sur cette espèce, non greffée, avecla souche C 670' (VnxornweyEN, 1974).

Nous avons calculé le coefficient de corrélation et la droite derégression pour I'ensemble des combinaisons sur ce porte-greffe. Lecoefficient de régression est hautement significatif. Plus les combinaisonssur C. volkoneriæta sont vigoureuses, plus on peut s'attendre à uneforte sensibilité vis-à-vis de P. citophthora.

Dans certaines combinaisons, le parasite a eu la possibilité de sedévelopper à une vitesse qui lui a permis d'atteindre le point degreffe. Lorsqu'il a renaontré une variété sensible, il s'y est propagéplus rapidement que sur le sujet. Au niveau de la grefte, il s'estétendu latéralement plus vite que sur le sujet et il est parfois redes-cendu sur celui-ci en élargissant la partie atteinte. Ce fait s'est pro-duit fréquemment dans la combinaison < Eureka > sur C. volkarne-riana, à un degré moindre chez rough lemon et gapefruit < Shambar >sur C. volkamerinna, et encore moins chez rough lemon et citronnier< Eureka > sur C. macrophylla. Les orangers < Valencia ,, u Washin-gton , et < Hamlin > sur C. volkqmertana ont été atteints par lechampignon, mais ce dernier ne s'y est pas développé plus rapidement

SENSIBILTTÉ A LA GOMMOSE A PIryTOPHTHORA 75

que chez le sujet, et n'est donc pas repassé par les bordures de lalésion.

Cette observation nous redémontre I'intérêt d'une greffe haute,sur un porte-greffe résistant, afin doaugmentsr au maximum le tempsnécessaire au champignon pour atteindre la variété sensible. Les

Iésions limitées qu'il induit sur un sujet suffisamment résistant peu-

vent être facilement excisées, sans nuire à la vigueur de farbre. I1n'en est plus de même si, par manque de résistance du sujet et par ungreffage trop bas, on permet au parasite d'être rapidement en contactavec une variété sensible.

Le tableau 3 montre que ce sont les varétés réputées sensiblesà Ia gommose : rough lemon, < Eureka > et < Shambar >, qui ontpermis I'extériorisation des plus graves symptômes sur C. volkamerianaToutefois, même si I'on grelfe sur ce sujet, une vafiêtê aussi résis-tante que le bigaradier, il ne faut pas s'attendre à améliorer forte-ment son comportement vis-à-vis du Phytophth.ora. Cette expérience nefait qtre confirmer nos résultats d'inoculation sur arbres non greftés(VrNornwevrN, 1974) et notre opinion selon laquelle le C. volkatne-riaVa dont nous disposons ne doit pas être utilisé comme porte-grefteau Maroc.

Le citrange < Carrizo > (T,ur. 4) s'est montré hautement résis-tant à la maladie, quelle que soit la variétê greffée. Il n'y a pas debien grande différence, en e{fet, que la frondaison soit constituée decitronnier < Eureka > ou de bigaradier.

Le coefficient de régression, non significativement différent de 0,nous indique que la lésion ne varie pas en fonction de la circonfé-rence du tronc du sujet.

Malheureusement, dans le cas du citrange <. Carrizo ), quatreséries d'inoculations n'ont pu être réalisées en même temps que lesautrtes. Pour des raisons indépendantes de notre volonté, les combi-naiS-ons < Washin-eton >, < Valencia >, < Shambar > et rough lemonsur < Carrizo > ont été inoculées avec un mois de retard, et leslésions produites sont sensiblement plus limitées, bien que la duréede l'essai ait été prolongée, pour ces variétés, de deux semaines, parle report de la date des relevés. II est toutefois probable que le man-que de développement des lésions soit dû aux facteurs climatiques,I'inoculation ayant étê effectuée au moment du ralentissement hiver-nal du transit de la sève.

Rossnrr & BITANcoURT (1951) ont signalé en effet, f influence

76 VANDERWEYEN A.

de la poussée de sève sur l'étendue des lésions de gommose, dans lecas de variétés sensibles. Travaillant sur arbres non greffés, ils ontmontré entre autre, que I'état de végétation, apprécié par la forma-tion de jeunes pousses n'a pas d'effet sur Ia sensibilité de Ia variétérésistante 'Pera', mais bien sur celle de la variété sensible 'Hamlin'.

Pour des sélections de Poncirus trifoliata (parent des citranges),Klorz, Dnworrn et BATNEs (1969) ne constatent aucun effet de lavitesse de croissance et de I'activité physiologique d'un arbre sur saréaction au Phytophthora. Ici aussi, il s'agit d'un groupe de porte-greffes généralement résistants.

De même dans notre essai, I'influence de la variété greffée surla dimension des lésions paraît liée à une différence de vigueur descombinaisons dans le cas des porte-greffes sensibles seulement.

Si nous établissons un tableau gênêral des résultats (Tlsr. 5),nous observons que les orangers 'Washington' et 'Valencia' influencentde façon favorable le comportement des porte-greffes les plus sensi-bles. Leur influence sur le citrange 'Carrizn' ne peut être déterminéeavec certitnde, par suite d'une inoculation tardive. Il est néanmoinsprobable qu'elle s'exerce dans le même sens. La tendance est inver,seavec l'oranger 'Hamlin', lequel, sur les trois sujets, fournit des com-binaisons plus vigoureuses que les deux autres variétés.

Le clémentinier semble avoir diminué la sensibilité du C. volka-meriana, mais pas celle du citrange 'Carrizo'.

Le grapefruit 'Shambar' a eu une influence variable selon leporte-grefle.

Le mandarinier 'Wilking' et le bigaradier se classent, pour chaqueporte-grefïe, dans la moyenne, alors que leur sensibilité à la gommoseaurait pu les séparer.

Le citronnier 'Eureka' se classe parmi les variétés qui permet-tent une forte extériorisation des symptômes, même sur la citrange'Carrrzo'. I1 est à remarquer que, pour les trois porte-greffes, la com-binaison avec le citronnier 'Eureka' est une des plus vigoureuses. Aumoment de l'inoculation, les arbres étaient en place depuis 5 ans etaucun symptôme d'incompatibilité entre le citronnier 'Eureka' et lecitrange'Carcrzd n'était visible.

C'est le rough lemon qui a permis les plus fortes lésions surC. macrophylla et C. volkamertana. Sur citrange < Carrizo >, il occu-

SENSIBILITÉ A LA GOMMOSE'A PTIYTOPHTHORA 77

perait -vraisemblablement la même place, si I'inoculation avait puavoir lieu en même temps que sur les autres porte-greffes' Remar-quons qu'il :r fourni les lésions les plus étendues parmi les 4 vatiétésinoculées en retard.

Tasrnau 5.

classemenl des variétés par ordre de sensibilité croissante du suiei

Citrusmacrophglla

CitrusoolkamerLano

Citrange. Carrizo '

. Washington '

" Valencia ,

clémentinier*

. Shamber '

. Wilking '

bigaradier

. Eureka ,

. Hamlin ,

lough lemon

clémentinier

" Valencia ,

. Washington '

bigaradier

. Wilking '

. Harnlin '

. Shambar ,

. Eureka '

rough lemon

. Washington ,

. Vatrencia '

. Shambar '

rough lemon

bigaradier

. Wilking '

. Hamlin ,

clémentinier

" Eureka '

(*) A titr,e indicatif seulement, Ies quelques résultats obtenus n'étant pasinterprétables statistiquement.

Conclusion.

Les variétés gre{1ées exercent une influence sur la sensibilité deleur sujet à ia gommose à Pltytophtltora. Cette influence ne va ce-pendant pas jusqu'à rendre résistant un porte-greffe très sensible com-me le Ciirus volkamcriana.

Le Cilrus mucrophylla, que nos inoculations sur arbres nongreffés avaient classé comme relativement résistant, a montré qu'ilpeut être très sensible, lorsqu'il porte certaines variétés et il estassez net qne, dans son cas, les combinaisons les plus vigoureusessotrt les plus atteintes.

Quant au citrange < Carûzo >, quelle que soit la variété greffée,l'évolution cies lésions reste très lente et permettra toujours un traite-ment curatif, au filoment opportun.

Parmi les variétés de porte-greffes sensibles, l'influence du scions'exerce corrélativement à la vigueur de la combinaison. Cæ faitpourrait venir à l'appui des observations de Rossettr & BruNcounr(1951) qui ont mis en évidence une influence de la masse foliaire surI'intensité de la gommose. Cette masse foliaire est en relation avec

? 8 VANDÊRWEYÈN A.

Ia vigueur de I'arbre et a une influence sur le flux de sève. Certainesdes substances nécessaires au développement actif des jeunes pousseset circulant dans la sève seraient favorables au parasite.

Cependant, si cette hypothèse peut être admise dans le cas dessujets sensibles, elle n'est pas appticable au cas des porte-greffes résis-tants, chez lesquels un facteur de résistance semble ,exercer son actionde manière indépendante de la nature de la frondaison et de l,étal.végétatif de la combinaison.

Il faudrait entreprendre des études plus détaillées pour clarifierle problème, mais, dans l'état actuel des connaissances, il nous paraîtdéjà intéressant de mesurer I'influence du greffon sur son porte-gleffe, lors de I'infection par Uh parasite trèi répandu et dont lesdégâts peuvent être considérables. Ces essais sc poursuivent sur plu-sieurs autres combinaisons. Nos résultats conduiront peut-être le pra-ticion à éviter I'emploi de certains porte-greffes s€nsibles, mais ausside certaines combinaisons, qui se révèlent sensibles, alors que le sujetest généralement considéré cornme résistant.

L'expérience a été réalisée grâce à Ia participation de MM. MohamedOuammou, adjont technique, et Lahcen Essafi, préparateur. eu'ils solentvivement r,emerciés de leur efficace collaboration.

Les calculs ont été vériflés par la Section de biométrie et de calculautomatique de la Direction de la Recherche Agronornique.

VI. BTBLIOGRAPHIE

KLarz, L.J., lry.P. BlrtERs, T.A. Ds Worrs et M.J. GenrEn, -1968. Some Factors in Resistance of Citrus to Phyophthoraspp. - Plant Disease Reporter 52 r(12), pp. 952-955.

Ktorz, L.J., T.A. De WorFr et R.C. BArNss - 1969. Resistance ofTrifoliate Orange Stocks to Gummosis. The CaliforniaCitrograph 54 (6), pp. 259-26O.

Rosstrtr, V. et A.A. BluNcounr - 195 1. Estudos sôbre a < Gc-mose de Ph,ttophthora > dos citrus.

II. Influencia do estado de vegetaçâo do hospedeiro nas lesôesexpermentais. - Arquivos do Instituto Biologico, Sâo Pauio2O (art .7), pp. 73-94.

VlNnnnwnyEN, A. - 1974. La gommose à Phytophthora des agru-mes au Maroc. - Al Awamia,5l , pp. 83 - 127.

Reçu pour publication en janvier 19?6

seNsrsntrÉ A LA coMMosE A PI{YToPHTHoRA

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Phytophthora e<;ilr Clril - ;hlJÈ i-itS a-\*,- I \:'-i: LÀli;^

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RÉstmÉ

Au moyen d,inoculations artificielles, on a tenté d'évaluer I'in-fluence d'unà dizaine de variétés d'agrumes sur la sensibilité de troisporte-greffes à la gommose à Phytophthora'

Les résultats confirment d'abord la forte sensibilité du Citrus vol-

karneriana et Ia résistance élevée du citrange < Cartizo >' Le Citrus

macrophylla semble intermédiaire, ofirant des résultats très variables

selon la variêté greffée. Ceci indique qu'il existe une influence du

greffon 3ur le sufet. chez les porte-greffes sensibles, elle paqaîI plus

irarquée que chèz les résistants. En outre, elle semble aussi liée,

toujours chez les porte-greffes sensibles, à la vigueur de la combi-

naiion. Celle-ci pourrait- agir sur le développement de la maladie,

en déterminant un flux de sève plus ou moins abondant, contenant

éventuellement des substances actives sur le parasite'

Quoiqu,il en soit, les sérles d'inoculations artificielles seront pour-

suivies, dJ manière à détermïner le degré de résistance des diverses

combinaisons, dans les conditlons de la pratique'

RBsuurx

Por medio de inoculaciones artificiales hemos tentado estimaf

79

80 VANDER1VEYEN A.

la influencia de unas diez variedades de âgrios sobre la sensibilidada la gomosis a phytophthora de tres porta-injertos.

Los resultados confirrran la fuerte sensibilidad del Citrus vol-kamerlatw y la alta resistencia del citranja < Calrno >. La sensi-bilidad del citus mærophylla parece intermediaria: se obtienenresultados muy variables segrin la variedad injertada. Esto indicaIa existencia de una influencia del injerto sobre eI porta-injerto.Dicha influencia es mâs fuerte sobre los porta-injertos sensibles quesobre los resistentes, y también parece ser en relaci6n con el vigorde Ia combinacidn. Esta riltima puede influir sobre el desarronode Ia enfermedad determinando un flujo de savia mâs o menosabundante y conteniendo algunas veces substancias activas sobreel parâsito.

Continuaremos las inoculaciones para poder estimar el gradode resistencia de las diferentes combinaciones en las condiciones delterreno.

Sumamv

The susceptibility to Phytophrhora gummosis of three rootstockvarieties, grafted with ten different scion varieties, was measured byinoculating the rootstock and evaluating the extension of the necro-sis.

The high susceptibility of Citrus volkwneriann to Phytophthoracitrophthora was confirmed as well as the high resistance of <Carrizo,>citrange. Citrus macrophylla was intermediate in its resistance. C.macrophylla and C. volkqrneriana showed a variable extent ofnecrosis depending on the nature of the grafted variety, indicatingan influence of the scion on the rootstock performance. This in-fluence seemed to be stronger in non-resistant rqotstocks, in whichit was also affected by the vigor of the combination. This last factormay determine a more or less abundant flow of sap, eventually con-taining some kind of substance, physiologically active on the para-site.

Furthér inoculations âre planned, in order to get a better com-prehension of this action, and to determine- the resistance of variousrootstock-scion combinations in field conditions.