INEGALITE DE REVENU A MADAGASCAR

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté des Droit, Gestion, Sociologie et Economie Département : ECONOMIE Option : Macro-économie et Modélisation Mémoire pour l’obtention du diplôme MASTER I Impétrante : RAJAONARISON Aina Tojonirina Encadreur pédagogique : Pr. RAZAFINDRAVONONA Jean Date de soutenance : 20 Mai 2015 Année Universitaire : 2013-2014 INEGALITE DE REVENU A MADAGASCAR

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté des Droit, Gestion, Sociologie et Economie

Département : ECONOMIE

Option : Macro-économie et Modélisation

Mémoire pour l’obtention du diplôme

MASTER I

Impétrante : RAJAONARISON Aina Tojonirina

Encadreur pédagogique : Pr. RAZAFINDRAVONONA Jean

Date de soutenance : 20 Mai 2015

Année Universitaire : 2013-2014

INEGALITE DE REVENU A

MADAGASCAR

i

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire n’aura jamais pu être achevé sans la grâce du Seigneur tout puissant. En

outre, j’adresse mes sincères remerciements pour les personnes qui m’ont appuyé dans chaque

étape de mes travaux :

- le Doyen de la Faculté DEGS et le chef de département ECONOMIE qui tiennent de

lourdes responsabilités pour le bon fonctionnement de la faculté et du département.

- Monsieur RAZAFINDRAVONONA Jean et Monsieur RANDIMBIARISOA Oliva

qui m’ont accordé leurs précieux temps et conseils lors de l’élaboration de ce

mémoire.

Et enfin, je n’oublie surtout pas ma famille, mes proches ainsi que mes collègues de classe

pour les soutiens moral et matériel ainsi que pour les échanges d’idées enrichissantes.

ii

LISTE DES ACRONYMES

Ar: Ariary

BM: Banque Mondiale

CSB : Centre de Soins de Base

CSP : Catégorie Socio-professionnelle

CCED : Commission de Conciliation et d’Expertise Douanière

DD : Droits de Douane

EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages

FMI : Fonds Monétaire International

GSM : Groupe Socio-économique du chef de Ménage

HHG : Hôpitaux Haut de Gamme

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

IDE : Investissement Direct Etranger

IDH : Impôt Direct sur les Hydrocarbures

INSTAT : Institut National de la Statistique

IPVI : Impôts sur la Plus-Value Immobilière

IRCM : Impôt sur le Revenu des Capitaux Mobiliers

IRNS : Impôts sur les Revenus Non Salariaux

IR : Impôts sur les Revenus

IRSA : Impôt sur les Revenus Salariaux et Assimilés

IST Infection Sexuellement Transmissible

IPF : Investissement en portefeuille

ONG : Organisme Non Gouvernementale

PAS : Programme d’Ajustement structurel

iii

PIB : Produit Intérieur Brut

PME: Petites et Moyennes entreprises

PPJ: Prélèvements sur les produits des Jeux

REF: Rapport Economique et Financier

TBE: Tableau de Bord Economique

TVA : Taxe sur la Valeur Ajouté

UNICEF : United Nation’s Children Fund (Fonds des Nations Unis pour l’Enfance)

Table des matières

INTRODUCTION................................................................................................................................... 0

PARTIE I : LES CONCEPTS THEORIQUES AUTOUR DE L’INEGALITE DE REVENU.............. 3

CHAPITRE I : Généralités sur l’inégalité de revenu .......................................................................... 4

Section 1. Les concepts affiliés à l’inégalité ................................................................................... 4

Section 2. Les concepts liés à l’inégalité de revenu ........................................................................ 6

Section 3. La revue de la littérature................................................................................................. 8

CHAPITRE II. Les inégalités de revenu dans les pays en développement ....................................... 22

Section 1. La formation de l’inégalité de revenu........................................................................... 22

Section 2. La persistance des inégalités de revenu ........................................................................ 28

PARTIE II : LE CAS DE MADAGASCAR ......................................................................................... 38

CHAPITRE II. Les aspects des inégalités de revenu à Madagascar ................................................. 39

Section 1. Les points d’impacts de l’inégalité de revenu à Madagascar ....................................... 39

Section 2. Les facteurs principaux de l’inégalité de revenu à Madagascar ................................... 45

CHAPITRE II. La lutte pour la réduction des inégalités de revenu à Madagascar ........................... 50

Section 1. Les politiques de l’Etat ................................................................................................. 50

Section 2. Les organisations sociales ............................................................................................ 53

Section 3. Vers des résolutions définitives de l’inégalité de revenu à Madagascar ...................... 55

CONCLUSION ..................................................................................................................................... 61

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE ............................................................................................ 63

1

INTRODUCTION

En général, traiter le sujet des inégalités est une opération tout autant sérieuse que prudente.

Certes, depuis bien des années, elles suscitent une assez vive attention et parfois même de

violentes réactions de la part des plus exaltés. En effet, l’Homme est particulièrement sensible

à certains sujets spécifiques dont les injustices ou encore les inégalités, et souvent cela donne

naissance à de grands mouvements sociaux et des révolutions qui ne ratent pas de laisser leurs

marques dans l’Histoire. Toutefois, malgré le caractère délicat de ce sujet, il est plus que

nécessaire de faire le tour de la question pour mieux cerner et espérer résoudre les problèmes

qui y sont affiliés. Cependant, le terme « inégalités » englobe un domaine assez vaste ; de ce

fait, le choix du thème s’est réduit à son aspect le plus représentatif à savoir « les inégalités de

revenu » ou plus précisément « les inégalités de revenu à Madagascar. Ce choix est d’autant

plus confort en raison qu’actuellement Madagascar fait partie des pays les plus inégalitaires

au monde (selon la Banque mondiale, l’indice de Gini de Madagascar atteint 40,6 en 2010

pour un score allant de 0 à 100, 100 indiquant l’inégalité absolue)1 .

La question des inégalités, incluant ainsi celle des inégalités de revenu, n’a attiré l’attention

des auteurs et des chercheurs en sciences économiques qu’au début de l’ère industrielle, c’est-

à-dire au XIXème siècle. La sonnette d’alarme était alors la paupérisation manifeste d’une

majorité de la population, l’apparition pour la première fois des ménages extrêmement

pauvres et l’émergence des sans abris. La situation était des plus choquante pour les gens de

l’époque, surtout lorsque d’un autre côté on voyait une minorité qui s’enrichissait à vue d’œil

en ayant su profiter au maximum du vent bénéfique de la révolution industrielle. A partir

d’une brève déduction, il est indubitable que l’industrialisation a contribué à enrichir les pays

occidentaux mais à des coûts sociaux sévères. On dira même aujourd’hui que sans une

stratégie bien rôdée basée sur les conquêtes et les colonisations, le vieux continent ne se serait

jamais sorti de cette situation critique, mais cela concerne un tout autre domaine d’étude et de

débat.

Depuis cette époque, les idées concernant les inégalités de revenu ont fait bien du chemin.

Actuellement, il est désormais possible d’évaluer les inégalités de revenu à partir des

1 « Inégalité de revenu », fr.m.wikipedia.org

2

différentes méthodes de mesure et diverses politiques sont mises à disposition des dirigeants

dans le but de les maitriser. Toutefois, malgré des avancées aussi considérables, la persistance

des inégalités, surtout dans les pays en développement comme Madagascar, est sujette à la

curiosité.

En effet, l’insuffisance de ressources dans ces pays facilite le creusement des inégalités

incluant celle des revenus. Or, la stimulation de la croissance économique peut aussi, dans le

cas des pays européens d’antan, creuser des formes d’inégalités. La question qui se pose est

alors celle-ci : comment soutenir la croissance économique tout en réduisant les inégalités de

revenu à Madagascar ? Ce questionnement suppose de trouver une politique afin que la

stratégie de lutte pour la réduction de l’inégalité de revenu soit composite du processus de

croissance

L’étude suivante aura alors comme objectif de donner des réponses aux intrigues que peuvent

avoir les intellectuels, les dirigeants politiques ou encore les simples citoyens. Pour ce faire,

elle propose une analyse à deux étapes dont la première se penche sur les concepts théoriques

autour de l’inégalité de revenu dans lesquels sont développées quelques généralités et aussi

les rouages du mécanisme de sa formation. La deuxième partie concerne surtout le cas

spécifique de Madagascar en vue de trouver d’éventuelles issues possibles en partant de

l’identification des problèmes.

3

PARTIE I : LES CONCEPTS THEORIQUES AUTOUR DE

L’INEGALITE DE REVENU

4

Cela fait plusieurs années déjà que la réduction des inégalités de revenu s’affiche dans les

programmes de développement préconisés les organismes internationaux. Cela montre

l’importance accordée désormais à ce fait social qui handicape l’accroissement du bien-être

global de la population. Naturellement, ces politiques et stratégies se basent sur des études

sérieuses qu’ont mené des chercheurs pendant des ans. Ce sont justement les idées conçues à

partir de ces études qui sont rapportées et résumées dans cette première partie de l’analyse.

Cela permettra d’avoir des références solides pour la suite de la recherche. Cette première

partie se divise donc en deux volets dont la première traite des généralités concernant les

inégalités de revenu tandis que la deuxième se penche sur le mécanisme de la formation de

ces inégalités.

CHAPITRE I : Généralités sur l’inégalité de revenu

Afin de mieux cerner « les inégalités de revenu », il est nécessaire d’expliciter en premier

lieux le signifiant du terme « inégalité » via les approches contradictoires qui sont « l’égalité,

l’équité, et la justice », puis en second lieux éclaircir les notions affiliées aux inégalités de

revenu elles-mêmes.

Section 1. Les concepts affiliés à l’inégalité

Dans sa signification première, l’ « inégalité » désigne une absence d’égalité. Cette définition

quasiment simple est à élargir dans le sens où l’égalité en question peut se confondre avec l’

« équité » ou encore « la justice ». En effet, ces concepts sont liés mais comportent toutefois

des nuances qu’il est indispensable d’éclaircir.

1. La justice

La justice est décrite comme une vertu voulant restituer à chacun les droits qui lui sont dû.

Ces droits sont à caractère universel et octroient la liberté indispensable à la population pour

développer son bien-être. Ex : le droit d’expression, le droit de vote, le droit à l’éducation etc.

5

« La liberté est l’ensemble des droits qu’aucune société régulière ne peut ravir à ses

membres sans violer la justice et la raison.» (Michel Audiard)

En ce sens, parler d’injustice désigne une entrave au droit d’autrui. Par conséquent, considérer

l’inégalité comme une forme d’injustice sous-entend l’existence d’un responsable dont les

comportements ont mené à cette situation inégalitaire. Cette approche de l’inégalité sous

l’angle de l’injustice n’est pas unanime à tous les auteurs économiques : ainsi dans d’autres

courants on considère plutôt l’inégalité comme le fruit du mécanisme économique seulement.

En tout cas, ils sont davantage d’accord sur le fait que la justice est une finalité des politiques

sociales et que les moyens pour y parvenir sont l’égalité et l’équité.

1. L’égalité

L’égalité est la première voie envisagée pour faire régner la justice au sein de la société. On

entend plus précisément par égalité la notion d’ « égalité des droits ». Il s’agira alors pour

l’Etat d’assurer l’égalité des droits sans discrimination afin de garantir le bien-être global de

la population. Cela vaut à fortiori pour les pays qui se prononcent comme étant

démocratiques.

« Il ne peut y avoir ni vraie liberté ni vraie justice dans une société si l’égalité n’est pas

réelle.» (Condorcet)

2. L’équité

Il a été constaté que l’application des droits universels et égalitaires ne suffit pas toujours à

développer le bien-être de la population. L’explication réside certainement dans le fait qu’il

existe des inégalités naturelles et sociales au sein de la société et par conséquent la capacité de

jouir pleinement des droits n’est pas la même d’une couche sociale à une autre ou d’un

ménage à un autre.

La notion d’équité aspire donc à corriger d’abord ces inégalités naturelles et sociales pour

mieux mettre en application le concept de l’ « égalité des droits ». Elle promeut alors l’égalité

des chances et doit, pour cela, tenir compte des situations particulières de chaque couche

sociale.

6

« L’égalité ne peut régner qu’en nivelant les libertés inégales de leur nature.» (Honoré de

Balzac)

L’équité, l’égalité et la justice forment par conséquent des étapes complémentaires entrant

dans un processus qui progresse vers le développement réel du bien-être. D’après ce

processus « équité-égalité-justice », on peut dire que l’inégalité de revenu est une notion qui

se rapproche plus de l’absence d’équité dans la mesure où elle reflète une forme d’inégalité de

moyens et donc de chances.

Section 2. Les concepts liés à l’inégalité de revenu

L’inégalité de revenu est définie comme une situation représentant un écart significatif entre

une minorité détenant une ample part du revenu global et une majorité qui survit avec le reste

de la richesse constituant une part très réduite.

Cette section-ci passe en revue les inégalités de revenu selon leurs échelons et donne aussi

une définition plus précise du revenu afin de situer le type d’inégalité de revenu dont fait

l’objet la présente étude.

1. Les échelons de l’inégalité de revenu

Plusieurs formes sont dissimulées derrière le terme « inégalités de revenus » selon l’étendue

de la population (inégalité mondiale, inégalité internationale, inégalité intra nationale) ou

selon les classes puissantes-vulnérables mise en opposition.

Selon la taille de la population, on distingue :

L’inégalité mondiale : définit l’inégale répartition de la totalité des revenus au sein de toute la

population mondiale sans distinction des pays ou des frontières. Ainsi en 2006, on peut

apprécier les données2 suivantes : 20% de la population mondiale considérée comme les plus

vulnérables se partage seulement 1,5% de la richesse mondiale, 40% de l’ensemble de la

2 PNUD, 2006, fr.m.wikipedia.org/wiki/Inegalite_de_revenu

7

population possède 5 % de la totalité des revenus, et 500 personnes détiennent 100 milliards

de dollars en termes de revenu soit l’équivalent de 416 millions de personnes aux revenus les

plus faibles.

L’inégalité internationale : l’inégalité internationale se veut être plus précise en donnant la

répartition de la richesse mondiale selon les pays pour mieux apprécier les écarts existant

entre eux. La notion d’inégalités internationales permet de diriger et de cibler les actions de

lutte contre la pauvreté vers les pays qui en ont le plus besoin. Son évaluation se fait via la

comparaison des PIB et des PIB/ habitants des pays considérés, corrigé par la parité du

pouvoir d’achat c’est-à-dire la valeur en terme réelle du dollar dans chaque pays.

D’après L’Observatoire des Inégalités3, le 7 juin 2013 : « le niveau de vie par habitant des

pays de l’OCDE est trois fois plus élevé que la moyenne mondiale. Un habitant des Etats-

Unis vit en moyenne avec 42000 dollars par an, tandis qu’un Ethiopien vit avec 9890 dollars

par an ».

L’inégalité intra nationale : ce dernier type d’inégalité fait l’objet principal de cette étude.

L’inégalité intra nationale met en exergue les écarts de revenus existant entre des groupes

puissants et des groupes plus vulnérables au sein d’une population d’un même pays.

L’inégalité au sein du ménage : l’inégalité au sein du ménage met en évidence les écarts de

revenu entre les individus qui constituent le ménage. Cette notion peut aussi constituer l’objet

d’étude des chercheurs pour améliorer les stratégies de développement.

Outre ces définitions, d’autres termes existent aussi selon la précision des classes que les

inégalités mettent en opposition, on peut par exemple noter : l’inégalité riches-pauvres,

l’inégalité rurale-urbaine, l’inégalité jeunes-vieux ou encore l’inégalité homme-femme.

2. Les types de revenu

3L’observatoire des inégalités est un organisme indépendant qui se penche spécialement sur les inégalitéswww.inegalite.fr/spip.php?page=article&id_article=13

8

Le revenu déterminé dans le terme « inégalité de revenu » désigne la rémunération des

facteurs de production c’est-à-dire le capital, le patrimoine dont essentiellement la terre, et le

travail humain. Il constitue, pour les ménages, un moyen de satisfaire les besoins courants ou

durables. Ainsi, on distingue les types de revenu suivant selon les types de facteurs de

production:

Le salaire : c’est la rémunération attribuée aux employés des entreprises et des firmes en

échange de leur travail.

Les dividendes : c’est la rémunération des capitaux mobilisés en financement des entreprises;

les dividendes sont déterminées en fonction des pourcentages que représentent les parts

respectifs des capitaux dans l’entreprise par rapport au volume du bénéfice crée par celle-ci.

La rente : c’est la rémunération des patrimoines, en particulier la terre, obtenue à partir de la

location d’une propriété foncière.

Le revenu marchand : c’est la rémunération issue des activités marchandes et indépendantes.

L’existence de différents types de revenu amène à la déduction qu’une économie produit

normalement une inégalité de revenu puisque les sources créatrices de revenus sont elles-

mêmes variées. Et pourtant la réalité est tout autre, les inégalités de revenus sont

insupportable pour la population et interpellent experts et autorités politiques.

Section 3. La revue de la littérature

Les auteurs économiques n’étaient pas indifférents vis-à-vis des inégalités notamment

concernant les inégalités de revenu. De ce fait, beaucoup d’entre eux ont élaboré des théories

pouvant l’expliquer ainsi que des outils de mesures permettant de l’évaluer.

1. Les idées développées autour de l’inégalité de revenu

L’inégalité de revenu peut être analysée selon différentes approches selon les courants

principaux de pensées économiques. Ces idées peuvent se ressembler sur certains points et

9

diverger sur d’autres. Ainsi, le principal point de controverse tourne presque toujours sur le

rapport entre les inégalités de revenus, la pauvreté et la croissance.

a) Approches marxistes

Il faut dire que la question des inégalités est l’apanage préféré des auteurs à penchant

socialistes et marxistes. Elle constitue même l’un de leurs fondements théoriques de base dans

la mesure où leurs idées tournent presque toujours autour de l’existence des différentes classes

au niveau de la société ainsi que de la lutte permanente qui s’établit entre elles. Ces classes

sociales à savoir la classe capitaliste 4(la classe dominante), la classe ouvrière (le prolétariat),

et la classe des propriétaires fonciers5 sont mues chacune par une envie prédatrice visant une

ascension sociale et économique.

Quoique cette envie touche l’ensemble de la population, il est clair que les marxistes accusent

plus fortement la classe capitaliste puisque d’après eux c’est le système capitaliste, sous cette

pulsion prédatrice d’accroissement de la richesse, qui produit assurément les inégalités de

revenu. En effet, ce mode de production qui se base essentiellement sur l’accumulation du

capital, engendre une répartition du revenu qui ne profite qu’à la classe capitaliste. D’après

toujours les auteurs marxistes, les capitalistes tirent bénéfices de l’activité de leurs entreprises

en exploitant une classe ouvrière dont le salaire ne suffit qu’à satisfaire des besoins

fondamentaux et, par conséquent, ne permet pas d’aspirer à une éventuelle indépendance

économique. De ce fait, un écart palpable des revenus se creuse de plus en plus engendrant

d’un côté un enrichissement croissant d’une minorité appartenant à la classe capitaliste et d’un

autre côté un sévère appauvrissement de la majorité de la population dont le phénomène est

alors nommé « paupérisation ».

Ainsi pour Thomas PIKETTY, un économiste à fort penchant communiste et qui s’est penché

profondément sur la question des inégalités, la société moderne est caractérisée par une

inégalité marquante des revenus due à une appropriation privée de la richesse par une

minorité capitaliste , à la concentration des ressources aux mains de cette faible minorité, et à

l’accroissement démographique doublé par un rendement décroissant du capital rendant

insuffisant la production globale destinée à être redistribuée. Toujours d’après les études de

4 La classe capitaliste : c’est la classe qui possède les moyens de production, autrement dit le capital nécessairepour le bon fonctionnement de l’activité de l’entreprise5 La classe des propriétaires fonciers : ceux qui détiennent les terres pour les louer

10

PIKETTY, l’histoire montre que seuls des chocs extérieurs (les grandes guerres, la grande

dépression des années 1930 ou encore les explosions sociales) ont pu atténuer le creusement

de ces inégalités produites par le système capitaliste. Exceptions faites de ces moments de

crises, le mode de production capitaliste a toujours engendré des inégalités grandissantes. Il

avance parallèlement que l’extension du modèle capitaliste, par l’intermédiaire de la

mondialisation de l’économie, a ramené le problème des inégalités de revenus à l’échelle

mondiale en créant un rapport de force Nord-Sud profondément inégalitaire.

Pour toutes ces raisons, la création d’un Etat social est plus que nécessaire pour freiner ce

creusement incessant des inégalités de revenus. La concrétisation de cet Etat social se fait à

travers la mise en place de l’impôt progressif 6 ou carrément par la nationalisation des

patrimoines et des moyens de production pour une redistribution directe dirigée par l’Etat.

En somme, les marxistes associent indéniablement les inégalités de revenu à une injustice

sociale qu’il faudra remédier par une intervention de l’Etat. Leur conception est certes mue

par un souci éthique.

b) Approches libérales

Les approches libérales combattent toute idée d’injustice concernant les inégalités de revenu.

Elles se classent en deux catégories : l’approche radicale et l’approche intermédiaire.

i- Une approche radicale

Les théories libérales concernant les inégalités de revenus sont surtout développées en

réponse aux reproches faites par les auteurs du courant marxiste leur tenant responsable de

l’accroissement des inégalités de revenus et des inégalités en générale.

Pour les libéraux, il ne s’agira surtout pas de confondre inégalités et les injustices. Les

injustices connotent, pour eux, une idée de vol que ferait la catégorie riche à la classe démunie

afin de s’enrichir, ce qui n’est certainement pas le cas dans le fonctionnement du marché.

Toujours d’après eux, il est tout à fait normal que les revenus soient inégaux en fonction des

aptitudes et des efforts investis par les agents économiques dans leurs activités respectives.

6 Impôt progressif : c’est une politique d’imposition qui consiste à taxer plus les riches que les pauvres, c’est-à-dire que le pourcentage de revenu remis à l’Etat sera d’autant plus grand que le revenu est élevé.

11

Puisque chacun est doté de droit libre 7de s’adonner à telle ou telle activité afin de satisfaire

les besoins individuels, il ne doit aucunement parler d’injustice lorsque ces activités se font

dans un cadre qui respecte les lois régissant la société.

Ils ajoutent que les véritables injustices existent lorsque certaines catégories de personnes

peuvent, par le seul pouvoir de leur statut ou encore de leur position sociale et économique, se

permettre de passer outre les règles et les lois pour s’enrichir d’une manière illégale en toute

impunité. Dans ce cas, il est juste de parler de véritables « inégalités injustes ». Cette

conception libérale ira encore plus loin en désignant les politiques de redistribution de revenus

comme les vrais systèmes engendrant les inégalités surtout dans le cas d’une imposition

progressive du revenu ( comme le préconise Thomas PIKETTY) : cela est considérée comme

une forme masquée de vol fait aux honnêtes travailleurs par l’appropriation des fruits de leurs

travails durement gagnés.

« Il y a toute les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les

rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n’est

qu’une nouvelle forme de servitude » Friedrich HAYEK, Vrai et faux individualisme

Par conséquent, plutôt que d’essayer en vain de résoudre les inégalités de revenus, qui sont au

fait des inégalités de résultats, les libéraux proposent de résoudre les problèmes des inégalités

de droits qui pour eux restent la seule source de toutes les inégalités.

ii- Une approche intermédiaire

A côté de la première approche, il existe aussi une approche plus souple et intermédiaire qui

ne s’éloigne pas tellement de la conception libérale mais qui, toutefois, accepte quelque part

le lien entre le mode de fonctionnement du capitalisme et les inégalités de revenu.

Léon WALRAS8 et la question des inégalités de patrimoine :

Célèbre par le développement du « modèle d’économie générale » dans lequel il applique les

lois de la mathématique pure à ses théories économiques marginalistes, Léon WALRAS

reconnaissait que l’appropriation privée du patrimoine, en particulier la terre, est une réelle

source d’inégalités des revenus. Dans ce cas, il faudrait soutenir une socialisation

7 Common law : loi sur les droits des propriétés8 Léon WALRAS (1834-1910) : économiste français du courant néoclassique

12

(nationalisation) des terres pour réduire ces inégalités. Cette approche est qualifiée très proche

de la vision des socialistes en ce qui concernent la redistribution des moyens de production.

Cependant, Léon WALRAS garde les mêmes points de vue néoclassiques libéraux concernant

une auto régulation du marché qui serait le seul instrument pouvant assurer la redistribution

des revenus. Il continue donc de promouvoir la libre concurrence des agents économique et

une libre-activité sans besoins d’une intervention étouffante de l’Etat qui peut mener jusqu’à

la stagnation voire la récession économique.

Simon KUZNETS9 et le cycle de la croissance :

Simon KUZNETS reconnait que des inégalités de revenu découlent du mécanisme de

production de la richesse par la voie capitaliste. Toutefois, il considère que c’est un passage

obligé mais momentané dans le cycle de la croissance. Cet économiste de renom a, en effet,

fait des études approfondies concernant la croissance et ses cycles pour une période remontant

de 1869 jusque dans les années 1970. Sa conclusion est claire : la croissance constitue des

fluctuations permanentes dont la courbe forme une cloche. La phase ascendante de cette

cloche indique un accroissement de la richesse (et donc du revenu), qui s’accompagne d’après

ses théories par des inégalités de revenu accrues dans un premier temps mais qui tendra à se

réduire par l’augmentation d’emplois qui s’ensuivra par la suite. Les inégalités de revenu

constituent donc une phase naturelle et normale pour toute ascension économique. Il est alors

inutile de blâmer le capitalisme qui est lui-même facteur de croissance.

9 Simon KUZNETS (1901-1985) : économiste américain d’origine russe, il a contribué à développer les principesfondamentaux de la comptabilité nationale.

13

Courbe de KUZNETS

iii- La conception hétérodoxe orientée vers l’économie du développement

Outre la théorie développée concernant la croissance et sa relation avec les inégalités de

revenu, KUZNETS a aussi apporté une ouverture aux nouvelles idées dites hétérodoxes, en

affirmant le caractère multidimensionnel des facteurs de croissance, de la pauvreté et des

inégalités de revenu. Cette idée sera reprise ensuite par le courant de pensées hétérodoxes

représenté par Amartya SEN.

Si l’on reprend les idées d’Amartya SEN10, il confirme cette idée de la spécificité des cas pour

chaque pays ou région concernant la pauvreté, la croissance ou encore les inégalités. Le

traitement des problèmes telles les inégalités de revenu nécessitent donc des études préalables

et des solutions adaptées selon les spécificités. Par conséquent, la solution unique et

généralisée n’existe pas. Toutefois, des indications sont quand même prescrites pour diriger

les stratégies de lutte contre les inégalités et la pauvreté. Ces indications reposent sur les

théories de la justice et l’égalité des chances avancées par John RAWLS. L’idée de SEN part

alors du fait que pour agir sur le revenu il faut d’abord agir sur la capacité à engendrer des

revenus. Il faut non seulement penser à attribuer des droits garantissant l’égalité des membres

10 Amartya SEN : économiste indien née en 1932, prix Nobel d’économie en 1998

14

de la société, mais surtout assurer qu’ils puissent convertir ces droits en des résultats. Pour

faire simple, le but est de rendre chaque individu de la population capable d’améliorer de

façon indépendante son niveau de vie en lui octroyant les instruments nécessaires à cet effet

c’est-à-dire le droit en premier lieu, puis les moyens indispensables à la concrétisation de ces

droits comme la santé ou encore le savoir. C’est ce qu’Amartya SEN nomme « le

renforcement de la capabilité ».

Evidemment, la mise en pratique de cette théorie passe par la nécessité d’un accroissement de

la richesse globale mais aussi par une politique de transferts efficace, outre les aides que

peuvent apporter les entités étrangères. Ainsi, ni l’Etat, ni le marché ne doit être écarté pour

assurer la réussite de cette stratégie de développement car ce sont deux institutions

complémentaires mais non en contradiction.

2. Les méthodes de mesure de l’inégalité de revenu

Afin de mener à bien les politiques de réduction des inégalités de revenu et en évaluer ainsi

l’efficacité, des chercheurs ont élaboré des moyens pour mesurer l’ampleur qu’elles peuvent

prendre. Ainsi plusieurs instruments ont été crées et sont utilisés de nos jours de manière

simultanée ou selon un choix qui dépend de l’utilisateur.

Il existe deux moyens connus pour mesurer l’inégalité de revenu : l’étude de la fonction de

répartition de revenu ou bien les indicateurs synthétiques.

Pour chaque méthode de mesure présentée, ci-dessous les significations des notations

utilisées :

X : variable aléatoire désignant le revenu

X : valeur ponctuelle de X

P : la fonction de probabilité( ) : la fonction de densité de la variable aléatoire X( ) : la fonction de répartition de la variable aléatoire XX : le revenu moyen de la population

15

xi : le revenu de l’individu i

a) Etude de la fonction de répartition de revenu

i- La fonction de répartition :

Soit X une variable aléatoire continue strictement positif désignant le revenu.

La fonction de répartition est la loi qui associe à chaque valeur ponctuelle de X notée x, la

probabilité p telle que la probabilité de X inférieure à x soit égale à p :

p = P (X≤ x)

C’est-à-dire : ∀ ∈ [0,+∞], = ( ≤ ) = ( ) = ∫ ( )∞

La fonction de répartition permet d’évaluer la part de la population qui vit en dessous d’un

certain seuil de revenu qui définit le revenu minimum pour avoir une vie convenable. De la

même manière, elle peut aussi être utilisée pour déterminer la portion de la population qui vit

au-delà d’un niveau de revenu considéré comme déjà assez commode.

ii- L’indice de Hoover

L’indice de Hoover est une mesure particulière qui, à partir de la fonction de répartition, sert à

estimer la portion de revenu cumulé au-delà de la moyenne. Quoique très simple à utiliser,

elle ne permet cependant pas d’évaluer les inégalités existant au sein d’une même classe de

revenu.

iii- Les quantiles

Plutôt que d’utiliser la fonction de répartition, il est plus courant d’utiliser le quantile qui est

la fonction inverse de la fonction de répartition. Elle est plus pratique pour définir directement

avec quel revenu une part déterminée de la population vit-elle et apprécier plus facilement les

écarts de richesse entre les classes sociales.

On appelle alors quantile ou fractile d’ordre α de la variable aléatoire X tout réel υα tel que :

16

F (υα) = α

α=P (X≤ υα)

α=∫ ( )Avec

α : la fractile de la population

υα : le niveau de revenu à déterminé

Les types de quantile les plus fréquemment utilisés dans la mesure des inégalités sont

les quintiles et les déciles.

Les quintiles : s’obtiennent en départageant la population cumulée en cinq groupes de taille

égale et qui représentent chacun 20% de l’ensemble de la population.

Les déciles : suivent les mêmes principes que les quintiles mais en départageant cette fois-ci

la population en 10 groupes représentant chacun 10% de la population.

Il suffit ensuite de déterminer les parts de revenus de chacun des ces groupes, en particulier

celles du groupe le plus faible et celles du groupe le plus riches.

iv- Le rapport inter quantiles et le QSR (S80/S20)

Le rapport inter quantiles est l’utilisation encore plus régulière, et plus pratique d’ailleurs, des

notions de fractiles ou quantiles dans les mesures habituelles des inégalités. Elle s’obtient de

la manière suivante :

= ≤ 0,5: quantile d’ordre α

17

PS : Le Quintile Share ration (QSR ou S80/S20) est une variante du rapport inter quantiles en

prenant α = 0,2

v- La courbe de Lorenz

La courbe de Lorenz est une représentation graphique créée par le chercheur du même nom,

Max O. Lorenz, pour aider à analyser l’ampleur de l’inégalité de revenu entre les plus pauvres

et les plus riches dans une même population. Sa construction se fait à partir de la fonction

quantile définie auparavant. Ainsi, pour une portion donnée de population α à revenus les plus

faibles (déjà déterminé par la fonction quantile), on détermine la fonction de la courbe de

Lorenz ℒ(α) comme suit :

ℒ( ) =ℒ( ) = ∫ ( )( )∫ ( )∞ = 1 ( )

ℒ( ) : la fonction de la courbe de Lorenz

α : la fractile de la population

18

Courbe de Lorenz

Courbe de Lorenz

b) Les indicateurs synthétiques de l’inégalité de revenu

Les indicateurs synthétiques de l’inégalité de revenu sont des outils de mesure

spécifiquement construits pour donner une estimation numérique plus explicite du niveau de

l’inégalité de revenu. Aussi, ces indicateurs sont conçus pour répondre à un souci de

précision et de facilité de compréhension au niveau des informations obtenues.

Les plus utilisés parmi ces indicateurs sont alors : l’indice de Gini, les indices d’entropie

généralisée, l’indice de Hoover, l’indice d’Atkinson, l’indice de Zenga, et le coefficient de

variation.

19

i- L’indice de Gini :

L’indice de Gini est surement l’indicateur d’inégalité de revenu le plus utilisé dans le monde.

Sa création remonte en 1912 par le statisticien italien Corrado Gini. Il est étroitement lié à la

courbe de Lorenz vue plus tôt. En effet, la formule de l’indice de Gini correspond au rapport

de l’aire de concentration entre la courbe de Lorenz et la droite d’égalité absolue avec l’aire

totale en dessous de cette même droite.

= ′é é

L’expression numérique de cette formule donne :

Pour une population finie N : = ∑ ( )∈ −= 12 ⎸ − ⎸∈∈

Avec

G : l’indice ou coefficient de Gini

U : une population finie

N : taille de la population

Pour un cas continu : = 1 − 2∫ ( )Avec

G : l’indice de GiniL(α) : la fonction de la courbe de Lorenz

α : la portion de la population la plus pauvre

20

ii- Les indices d’entropie généralisée

Les indices d’entropie est une méthode de mesure qui considère tout particulièrement la

sensibilité des évolutions des inégalités de revenus par rapport aux changements des revenus

(que ce soit les revenus de la classe vulnérable ou encore ceux de la classe plus puissante).

Leur forme généralisée est la suivante :

=⎩⎪⎪⎨⎪⎪⎧ 1( − 1) 1 − 1∈ ≠ 0, ≠ 11 log∈ = 0

log∈ = 1Avec

: le paramètre de sensibilité de l’indice, plus t est grand, plus l

N : la taille de la population

PS : l’indice généralisée de paramètre =1 s’appelle l’indice d’entropie de Theil.

iii- L’indice d’Atkinson

L’indice d’Atkinson, quant à elle, prend en compte l’aversion aux inégalités de la population

étudiée. Sa forme est la suivante :

⎩⎪⎨⎪⎧1 − 1 ∈ ≥ 0, ≠ 1

1 − ∏ ∈ = 1Avec

t : paramètre d’aversion aux inégalité, plus t est grand plus l’indice est sensible aux inégalités

N : la taille de la population

21

iv- L’indice de Zenga

L’indice de Zenga est aussi très lié à la courbe de Lorenz, elle a été conçue très récemment

(en 2007) et prend la forme suivante :

= 1 − ( ) . 1 −1 − ( )v- Coefficient de variation

Le coefficient de variation est un rapport régulièrement utilisé en statistique pour apprécier les

écarts des valeurs prises par une variable aléatoire par rapport à la moyenne. Il est donc très

approprié pour mesurer les inégalités de revenu par rapport à la moyenne de revenu de

l’ensemble de la population=Avec

x : écart-typeX : le revenu moyen de la population

PS: la variance et l’écart-type joue aussi dans ce sens.

22

CHAPITRE II. Les inégalités de revenu dans les pays en développement

Comme il est dit précédemment, l’inégalité de revenu est une situation économique qui met

en opposition, dans une même situation, l’appauvrissement grandissant d’une majorité de la

population et l’enrichissement d’une élite minoritaire. L’évolution contrastée des conditions

de vie dans la même société amène les membres à se comparer entre eux. Un tel

comportement engendre alors un sentiment de frustration surtout de la part des plus pauvres.

A la base de ces frustrations se pose alors la question suivante : « comment ils font pour

s’enrichir alors que le reste du monde sombre dans la précarité ? ». Toutefois, le comment du

mécanisme de la formation des inégalités de revenu ne constitue pas seulement une curiosité

pour les simples citoyens. Effectivement, il constitue aussi un objet d’étude sérieux pour

beaucoup d’économistes.

Section 1. La formation de l’inégalité de revenu

L’inégalité de revenu est le résultat d’un dysfonctionnement de l’économie et suit un

processus de causes à effets formant un mécanisme plus ou moins auto entretenu. Dans les

pays en développement, trois facteurs principaux connus sont à l’origine de ces inégalités de

revenu: les caractéristiques propres de la société et l’adaptation difficile à la libéralisation

économique.

1. Les caractéristiques démographiques, culturelles, et structurelles

La démographie, la culture et la répartition des infrastructures sont des caractéristiques

sociales qui peuvent dissimuler des failles facilitant l’apparition des différentes formes

d’inégalité de revenu au niveau de la population.

a) Les inégalités naturelles

Les inégalités naturelles désignent les écarts de compétences et d’aptitudes physiques

engendrant une différence de productivité ainsi que de revenu au niveau de la population. Au

23

fait, les défaillances physique ou intellectuelle constituent des blocages dans l’exercice des

activités économiques sauf dans des cas exceptionnels où les défaillants bénéficient de

formation particulière. Et même dans ce cas-ci, ils ne peuvent que travailler à leur compte et

de façon indépendante puisque le marché du travail dénote presque toujours une préférence

pour les personnes dites valides et les évince par voie de conséquence. Or, la réussite d’une

activité indépendante reste toujours un défi énorme que ce soit pour les individus à pleine

capacité physique et mentale, ou bien, et surtout pour cette catégorie de personnes à difficulté.

Ils sont alors plus susceptibles de faire partie de la classe vulnérable de la société. Ce sont : les

personnes âgées (et les jeunes dans les pays en développement), les handicapés physiques ou

mentaux.

Certes, cette catégorie d’individus « inaptes » ne constitue qu’une faible proportion de la

classe vulnérable. Cependant, pour atteindre un développement véritable, défini comme

l’augmentation du bien-être globale, il faut considérer le bien-être de l’ensemble de la

population sans exception et il est presque condamnable de négliger cette portion de

population naturellement invalide. Il relève donc de la responsabilité du gouvernement de les

introduire dans sa politique sociale. Une fois de plus, c’est aussi une question d’éthique.

b) Inégalité à fond culturel

La culture et le mode de pensée peuvent devenir des facteurs à l’origine de l’apparition des

inégalités de revenu dans certains cas. Presque toujours, il s’agit de la place accordée aux

femmes dans le monde du travail. Aujourd’hui, les positions mondiales concernant ce sujet

ont indéniablement évoluées quoique des efforts soient encore à faire notamment concernant

les embauches et les salaires qui discriminent les femmes pour des motifs variés comme : le

supposé manque de compétence des femmes par rapport aux hommes, ou encore une

responsabilité plus lourde des hommes au niveau du ménage qui leur doivent d’être mieux

payés.

Le cas est encore plus critique dans les pays en développement car, outre ces discriminations

« universelles » faites aux femmes dans le monde du travail, c’est parfois la liberté même

d’aller travailler qui est entravée à cause de la culture. En effet, pour des cultures qui sont,

pour la plupart strictement patriarcales, le travail des femmes est presque chose tabou. Cela

s’explique en raison d’une division de travail bien ancrée au niveau du ménage depuis des

24

années successives : le foyer idéal est alors représenté d’un côté par la femme ayant la tâche

exclusive de s’occuper de l’entretien de la maison et de la famille, et d’un autre côté l’homme

possédant la responsabilité unique de subvenir aux besoins de ce foyer. Permettre à la femme

de travailler revient à dire que l’homme a failli à sa tâche, voilà une idée presque

insupportable pour un père de famille.

c) Les inégalités structurelles

Les inégalités structurelles sont sûrement l’un des facteurs qui influent le plus sur l’inégalité

de revenu dans les pays pauvres. La défaillance de l’Etat ainsi que le faible niveau du revenu

global dans ces pays en développement contraignent la population à vivre avec une offre

insuffisante de biens et services publics comme l’éducation, les soins, le transport et les tâches

régaliennes11. Si l’offre de ces biens et services publics devraient normalement améliorer les

conditions de vie des plus démunis pour assurer l’égalité des chances, au lieu de cela ils

amplifient de plus belles les différences entre les classes sociales. Les deux raisons suivantes

expliquent ce fait :

L’insuffisance de l’offre de biens et services : avec une insuffisance de

l’accroissement de la richesse globale, et par voie de conséquence celle du

financement public, les offres de biens et services publics ne peuvent pas recouvrir la

totalité des besoins de la population ni en terme de quantité ni en terme de qualité. Il

en résulte que seule une proportion minoritaire de la population peut jouir de ces

offres publiques au détriment du reste de la population : leur avantage réside dans la

concentration de ces offres à proximité de leurs lieux d’habitat mais aussi par une

possession de moyens permettant d’exercer le monopole sur ces ressources publics en

empruntant des voies qui ne sont pas toujours légales (exemple : corruption lors des

concours d’admission dans les universités publiques, trafic d’influence dans les

résolutions des conflits au niveau de la justice…).

Le recours des riches aux offres privés :

11 Les tâches régaliennes sont les tâches liées à la violence légitime et légale (policier et autres) et aux servicesde consultation et de jugement des conflits (la justice)

25

Avec l’existence du secteur privé qui offre, eux aussi, des produits qui relèvent autrefois

exclusivement de l’affaire du secteur public, les plus riches trouvent des opportunités de jouir

d’un offre de biens et services de type public mais avec de meilleures qualités quitte à payer

plus chère. Cela accroit leur capacité à améliorer un niveau de vie déjà commode ; par contre,

les pauvres qui n’ont pas les moyens de recourir à ces offres de biens et services privés

doivent se contenter des offres publics insuffisants et parfois de mauvaise qualité. Ce

phénomène est particulièrement observé dans le domaine de la santé et de l’éducation ou

même dans la distribution d’eau potable.

L’impact des inégalités structurelles sur les écarts de revenu entre les différentes couches

sociales est indiscutable : avec bien plus de moyens, les plus riches auront toujours plus de

résultats se ressentant sur l’évolution de leur vie, alors que parallèlement les pauvres verront

la leur se dégrader avec le risque en plus de transférer cette pauvreté à sa descendance. De

plus, les inégalités de revenus découlant des inégalités structurels comportent un risque de

devenir un phénomène auto-entretenu décrit par le schéma suivant :

Inégalités structurelles => inégalités de revenu accru => processus vulnérabilisassions

d’une majorité de la population => dégradation de la production du revenu =>

insuffisance de revenu global => amplification des inégalités structurelles déjà

existantes

2. Une adaptation difficile à la libéralisation économique dans les pays en

développement

Dans les années 1990, le PAS ou Programme d’Ajustement Structurel est une stratégie

préconisée par le Fonds Monétaire internationale (FMI) et la Banque Mondiale pour résoudre

les profondes crises économiques des pays pauvres. Il consiste à apporter des aides

financières pour résoudre les problèmes conjoncturels que subissent ces pays à condition

d’apporter des réformes au niveau de la structure même de leur économie. Ces réformes

visent principalement la libéralisation économique et prennent la forme : d’un retrait au

maximum de l’Etat de la scène économique et d’une ouverture des frontières économiques

aux libres échanges. L’un autant que l’autre ont tous les deux été des moteurs créant des

inégalités dans les pays en développement.

26

a) Le retrait de l’Etat de la scène économique

Le retrait de l’Etat de la scène économique se manifeste par la privatisation de certaines

entreprises publiques ou encore par l’assouplissement des règles régissant l’entreprenariat afin

de promouvoir la création d’emplois et la production de richesse.

La privatisation des entreprises : la privatisation des entreprises sous-entend la mise en

place de tarif sur la consommation des biens ou services autrefois publics. Cela crée

une barrière empêchant les catégories de personnes en défaut de moyens d’accéder

aux ressources fondamentales à une vie convenable et engendre ainsi un processus

élargissant encore plus les écarts entre les riches et les pauvres.

L’assouplissement des règles régissant le fonctionnement des entreprises : la

modération des règles régissant les entreprises profitent plus aux chefs d’entreprises

classés généralement parmi la population aisée, plutôt qu’à une majorité qui

nécessitent plus de protection. On note entre autres les dispositifs conférant plus de

liberté dans les embauches et les licenciements afin que les entreprises puissent

adapter à leur besoin le personnel qui travaille pour elles : un assouplissement du

genre aggrave le chômage tant bien pour les personnes non qualifiées que pour les

personnes qualifiées, surtout si elle est doublée de la corruption de proximité qui

consiste à recruter les postulants par le seul critère de leur proximité avec les

dirigeants.

Les allègements d’impôts : La pratique des allègements d’impôts, toujours dans le

cadre de la promotion de l’entreprenariat, entrave le mécanisme de la redistribution de

revenu. En effet, cette politique risque d’affaiblir la recette publique nécessaire aux

transferts visant à protéger la portion de population vulnérable.

Le fait est que l’Etat doit hypothétiquement être le garant du bien-être global de la population

sans distinction. Or de leur côté, les producteurs privés, devenus les seuls acteurs dominant

sur le marché, sont mus par une recherche de profit maximal avec un minimum de coût, quitte

à ne pas considérer les intérêts de l’ensemble de la population. Le retrait de l’Etat de la scène

économique menace alors de creuser d’avantage les écarts d’opportunités entre la classe aisée

et la classe pauvre, une inégalité d’opportunités débouchant par la suite par une inégalité des

revenus.

27

b) Le libre échange

L’ouverture des frontières économiques consiste à appliquer la liberté des échanges avec

l’extérieur au niveau des marchés de biens et services ainsi que des capitaux.

Sur le marché des biens et services : la libre circulation des produits permet d’offrir

des produits variés, en quantité suffisante, avec plusieurs choix de qualités, et à des

prix compétitifs à la population. De plus, c’est aussi un moyen non coûteux pour

réaliser des échanges techniques et technologiques bénéficiant aux entreprises locales.

Toutefois les avantages ne se concrétisent pas toujours d’une manière systématique.

Alors au lieu de jouer en faveur de la majorité de la population, la liberté des échanges

de biens et services peut, au contraire, contribuer à la dégradation de la balance

commerciale et à l’altération des termes d’échanges faute d’accroissement significatif

des exportations par rapport aux importations. De ce fait, l’inflation survient et étouffe

la classe la plus pauvre qui voit leur situation s’empirer. Alors que d’un côté une

minorité d’élites possède les moyens pour s’approprier à leur avantage des techniques

et des technologies venues de l’étranger, outre leur position bien placée et dominante

dans le secteur de l’import-export.

Sur le marché des capitaux : En ce qui concerne la libre circulation des capitaux, que

ça soit des IDE (Investissement Direct Etranger), des IPF (Investissement en

Portefeuille) ou des prêts, cela permet de développer le pays avec des moyens de

financement plus faciles et moins contraignants.

Dans le cas des IPF, plus une économie attire des capitaux plus son besoin de

financement est comblé : les Etats pratiquent alors des intérêts élevés pour attirer les

placements des résidents étrangers. Cela entraine des répercussions au niveau des

intérêts pratiqués par les banques et autres institutions financières, déjà que leur

technique consiste à établir un taux assez haut pour éviter le risque de faillite. Avec un

tel niveau de taux d’intérêts, la majorité de la population ne peut se permettre

d’accourir à des moyens de financement pour leurs activités courantes ou pérennes.

Dans ce cas, elle ne peut envisager une amélioration de son revenu. C’est là que réside

28

le risque de la création des inégalités des revenus par la libéralisation du marché des

capitaux.

Dans le cas des IDE, l’objectif de l’investissement peut être la satisfaction des besoins

locaux ou bien orienté vers l’exportation. Dans le cas d’une production orientée vers

l’exportation, l’IDE peut devenir source d’inégalités de revenu. En premier lieu, les

salariés locaux coûtent bien moins chers rapport à ce qu’aurait coûté un personnel

résidant dans le pays d’origine de l’investissement. Survient alors un creusement de

l’inégalité de revenu international. Dans un second constat, les produits d’exportation

s’échangent selon le prix établis sur le marché international alors que le salaire des

employés sont établis le plus bas possible par les investisseurs. Les dividendes issues

des IDE sont donc énormes, alors que les salaires du personnel local est moindre.

Voilà une situation qui crée aussi une inégalité de revenu.

Section 2. La persistance des inégalités de revenu

Les inégalités de revenu constituent aujourd’hui un défi de plus pour les stratégies diverses en

matière de développement. C’est même un défi de taille de par son caractère tenace et

persistant dont les causes puisent leur formation dans les comportements des agents

économiques et par un défaut dans les stratégies de redistribution des revenus.

1. Appauvrissement du monde rural et exode des paysans

L’une des facteurs qui renforce les inégalités de revenu est la précarisation des conditions de

vie de la population rurale. Dans un premier temps elle engendre une inégalité intra nationale

entre les citadins et les ruraux via l’appauvrissement de la campagne. Dans un second temps,

cette inégalité rural-urbain engendrera elle-même une inégalité urbaine à cause de l’exode

rural.

a) L’inégalité rurale

L’appauvrissement du monde rural se résume par une monétarisation qui enrichit une

minorité mais engendre par la suite une insuffisance des ressources.

29

Enrichissement de la minorité puissante par la monétarisation du monde rural :

La campagne se caractérise par un modèle économique basée sur la solidarité et

l’autoconsommation. Lorsque ce modèle se transforme petit à petit en un modèle monétarisé,

le processus peut renforcer les inégalités déjà existantes. On comprendra par « modèle

monétarisé » un modèle économique où la monnaie prend une position centrale dans le

déroulement des activités. Avec la saturation du marché urbain, les industries et les

entreprises cherchent de nouveaux marchés pour y écouler leurs produits. Et justement, le

milieu rural constitue un marché encore dotée d’une considérable potentialité surtout en

matière de débouchés. Les offres créeront alors leurs demandes, comme le dirait si bien Jean

Baptiste SAY, auprès de cette population rurale. Ainsi, une nette partie de la production rurale

sera désormais convertie en monnaie pour satisfaire ses besoins nouveaux et pour accroitre

encore plus le chiffre d’affaire de ces entreprises. Le résultat sera en premier l’enrichissement

des différents chefs d’entreprises catégorisés comme étant déjà riches.

Appauvrissement de la population rurale :

La population rurale est déjà qualifiée de vulnérable par rapport à la population citadine. Cela

est due aux inégalités de patrimoines et surtout de la répartition des ressources publiques

auxquelles les paysans ne peuvent accéder du à sa concentration dans les milieux urbains.

Cette pauvreté structurelle sera doublée ensuite par la pauvreté monétaire créée elle-même par

le phénomène de monétarisation. Si auparavant, la totalité de la production est orientée vers

l’autoconsommation et les activités de solidarité en tout genre, désormais s’ajoutent à la liste

des besoins de nouvelles utilités qui nécessitent de la monnaie. Or avec les insuffisances

technique et matérielle, la production ne connait pas un accroissement suffisant à adapter à

l’augmentation des besoins. La situation de la population rurale évolue alors vers un net

appauvrissement représenté entre autres par la sous alimentation et la mal nutrition.

b) De l’appauvrissement rural à l’inégalité de revenu urbaine

Due à l’appauvrissement insoutenable subit par les paysans, ceux-ci sont de plus en plus

tentés de fuir le milieu rural pour trouver plus d’opportunités dans le milieu urbain : emplois à

revenus plus élevés, des services publics ou privés plus satisfaisants en particulier dans le

domaine de l’éducation, de l’information et de la santé. La conséquence est sans appel : la

30

surpopulation en ville est aujourd’hui due en majeure partie par le phénomène d’exode rural.

Mais le mal ne s’arrête pas là, un processus de renforcement des inégalités de revenu se crée

par la même occasion. Cette vague d’immigrés, souvent non qualifiés constituent une main

d’œuvre bon marché pour les entreprises et engendrent donc un surplus de bénéfices. En

d’autres termes, cet excès de population crée un surplus de revenu à une catégorie de

population ayant un niveau de vie élevé.

Cependant, tout cet excès de population ne peut être absorbé par le marché de l’emploi

formel. Il n’y a pas assez d’emplois pour tous et les postes vacantes exigent un minimum de

qualification dans le domaine considéré. De ce fait, les immigrés s’abritent sous l’aile du

secteur informel via des activités indépendante. Or le secteur informel ne peut que procurer un

revenu moindre, en général, et n’assure aucune protection sociale.

C’est ainsi que se crée « les inégalités urbaines ». Celles-ci comportent de grands risques de

prendre des formes violentes du fait qu’elles s’établissent dans un espace restreint de manière

à faciliter les comparaisons entre cohabitant. Ces inégalités s’attaquent d’abord aux revenus

pour s’en prendre par la suite à la vie sociale urbaine. Ainsi, les formes d’exclusions se

manifestent de manière flagrante notamment par la délimitation des territoires en zone pour

pauvre (quartiers pauvres, bidons villes, favelas 12 …) et zone pour riche (banlieue chic,

quartier résidentiels...). Les écarts se ressentent aussi à travers la rupture des liens entre les

deux catégories opposées riches-pauvres c’est-à-dire qu’il y a un refus délibéré de se

mélanger ou d’établir des relations tant bien de la part des pauvres que de la part des riches.

Par conséquent, un malaise peut résulter de tout cela amenant à des explosions sociales.

c) Comportements des agents économiques

La monétarisation du monde rural et l’exode des paysans, étudiés dans le volet précédent,

peuvent être considérés comme des comportements des agents économiques. Mais ce sont

aussi le fruit d’un long processus comportant différentes étapes, voilà pourquoi leur cas est

étudié à part. Dans la section suivante, il s’agira de se pencher sur les autres comportements

d’agents économiques qui animent au quotidien le fonctionnement de l’économie et qui

peuvent aussi aggraver les inégalités de revenu. Ce sont : les réactions de survies des pauvres,

le mimétisme et le monopole des riches, et la corruption.

12 Bidons villes, quartiers pauvres du Brésil

31

i. Les réactions de survie des pauvres

Lorsque les conditions de vie s’altèrent de plus en plus, les ménages pauvres s’organisent

pour mettre en place des stratégies de survie. Ces stratégies n’ont pas de portées à long terme

et sont en général basées sur la restriction des dépenses et des consommations. Cela prend les

formes suivantes :

La priorisation des besoins : reconsidérer les listes des besoins et assurer la satisfaction des

plus fondamentaux (Pyramide de MASLOW13)

La restriction de la consommation : la réduction en quantité et en qualité des produits

fondamentaux à consommer.

La rupture des liens sociaux : par l’allègement des charges divers envers la société (les

cotisations sociales, les aides au nom de la solidarité…) ou même par l’isolement par rapport

aux groupes sociaux (famille, groupes religieux..).

D’une certaine manière, ces stratégies de survie sont efficaces dans la mesure où ces ménages

arrivent certainement à survivre en allouant des ressources maigres à leurs besoins quotidiens.

Cependant, le coût de cette survie est le sacrifice des opportunités futures d’améliorer leur

situation. Ainsi, la priorisation des besoins, la réduction de la consommation et la rupture des

liens sociaux négligent fortement l’éducation, la santé et le capital social qui sont les moyens

de lutte principaux contre la « vulnérabilité » c’est-à-dire cette incapacité à résister et à

prévoir les chocs.

ii. Les comportements des riches

Les riches aussi peuvent se comporter de façon à creuser les écarts entre les revenus. On

distingue en principe : le monopole économique et le mimétisme par rapport à l’Occident.

Le monopole économique :

Les classiques définissent un agent rationnel comme un agent maximisateur et utilitariste.

Dans ce cas, l’Homme est mu par un égoïsme naturel et des désirs insatiables de poursuivre

13 La pyramide de Maslow est un représentation de la hiérarchie des besoins de l’Homme.

32

des intérêts personnels. La théorie des institutions qualifierait ce comportement de

« prédateur ». Evidemment, la vie en société a quelque peu atténué ces pulsions prédatrices en

contraignant les individus à toujours considérer l’ « autre » avant d’agir. Mais en tant

qu’attitude naturelle, elles ne peuvent êtres éradiquées définitivement. Ainsi, riches comme

pauvres peuvent être égoïstes chacun à leur manière, la différence est seulement dans le

moyen de le concrétiser. Cette possession de moyens donne donc plus de liberté aux riches de

réaliser leur sentiment égoïste sous forme de monopole des ressources. De cette manière, ils

assurent un enrichissement toujours accru au détriment des autres classes.

Suivant les types de ressources existants, le monopole économique peut avoir les traits

suivants :

Le monopole des patrimoines : comme l’appropriation des terres.

Le monopole du marché : c’est la concentration de la part majoritaire du marché entre les

mains d’un unique acteur.

Le monopole des moyens de production : c’est la concentration des facteurs de production

principaux engendrant des revenus encore plus élevés.

Le monopole de capital social : par la formation de cercles fermés et difficile d’adhésion de

familles riches et de connaissances « utiles ». Ces associations de personnes influentes

peuvent même construire des alliances solides notamment à l’aide de l’institution du mariage.

La pratique du monopole des ressources entre donc dans un procédé de renforcement de la

« résilience » des riches : c’est-à-dire cette capacité à mobiliser les ressources pour leurs

besoins quotidiens, de long terme ou encore pour les périodes de crises momentanées.

Le mimétisme par rapport à l’Occident (surtout pour les ex pays colonisés) :

L’envie « naturelle » de monopoliser les ressources économiques est d’ailleurs renforcée par

le mimétisme par rapport à l’Occident dans les pays ex colonisés. Le contact avec le monde

occidental résultant des grandes conquêtes, des traites d’esclaves, de la colonisation ou encore

de la mondialisation crée, de la part des autochtones, un désir d’avoir les mêmes revenus et

les mêmes avoirs que les occidentaux. Le phénomène est ainsi nommé « mimétisme ». Les

riches sont plus concernés par ce mimétisme parce qu’ils sont mieux informés de ce qui se

33

passe à l’étranger et détiennent aussi les moyens financiers de reproduire le mode de vie

étranger, les pauvres étant plus préoccupés à leur survie.

iii. La corruption

La corruption est une forme d’offre de service mais accompagné d’un traitement de faveur.

Concrètement, cette pratique se présente sous forme de détournement mineur ou majeur des

réglementations et des lois pour avantager un « client ». Selon la contrepartie du traitement de

faveur on distingue : la corruption marchande et la corruption de proximité :

La corruption marchande : dans le cas de la corruption marchande, l’échange de service se

fait en contrepartie de « cadeaux », pouvant être de l’argent, des services, ou des

contreparties de forme non monétaire.

La corruption de proximité : est une obligation morale due à la proximité avec le

bénéficiant de la corruption (liens de parentés, entourage) ou en réponse à un service rendu

auparavant.

Dans un système fragile, la pratique corruptive peut se généraliser et émerger au niveau de

chaque échelon d’activités économiques. Si des mesures ne sont pas prises au plus tôt, la

corruption risque de se propager et de se mêler aux habitudes de la population tant elle sera

vue comme désormais normale. La pratique de la corruption à différentes échelles renforce les

inégalités au niveau de la société car seuls ceux qui possèdent des moyens financiers et un

capital social suffisant peuvent bénéficier d’une plus grande liberté d’activités économiques

(formelles, informelles ou illégales) et donc d’une facilité de génération de revenu, ce qui

n’est pas le cas de ceux qui n’ont pas cette capacité faute de ressources. Par conséquent, parler

de réduction des inégalités de revenu rime aussi avec la lutte contre la corruption. Cela semble

pourtant être une véritable gageure car « les hommes font librement leur histoire, ils la font

dans des conditions qui ne sont pas librement déterminés par eux» (Pauvreté et inégalité dans

le Tiers Monde).

34

d) Des lacunes en matière de stratégies et de politiques de lutte pour la réduction des

inégalités de revenu

Dans un souci de développement rapide, les politiques priorisent souvent la stimulation de la

croissance économique en espérant que la redistribution de la richesse globale sera

systématique. Mais la réalité ne se déroule pas toujours comme prévu et parfois malgré la

croissance l’inégalité persiste. On a parlé auparavant des comportements des pauvres et des

riches qui contribuent à cette persistance, mais la responsabilité de l’Etat est aussi un facteur à

ne pas écarter dans la mesure où les politiques manquent ou ne sont pas performantes.

i. La contre performance du système impôt-transfert

Le système d’impôt-transfert est une politique traditionnelle pour lutter contre les inégalités.

Elle fonctionne selon deux procédés : le premier est la récolte des divers impôts et taxes, le

second est l’allocation de la recette fiscale aux dépenses de transferts bénéficiant aux plus

vulnérables. La contre performance de ce système se manifeste alors au niveau de la collecte

des impôts mais aussi au niveau des transferts.

Insuffisance des impôts collectés:

Un transfert réussi nécessite une recette fiscale suffisante. Deux facteurs peuvent entraver la

collecte et affaiblir la récolte: les fraudes fiscales et le nombre réduit des contribuables

Les fraudes fiscales : les riches contribuent fortement à la recette fiscale de l’Etat grâce aux

impôts et taxes qu’ils paient sur leurs revenus, leurs patrimoines, et les diverses activités de

leurs entreprises. Cela n’est pourtant pas suffisant car le manque de suivies et de surveillances

strictes de la part des autorités, surtout dans les pays pauvres où l’Etat est gravement

défaillant, entrainent un niveau de fraudes qui réduisent énormément les impôts collectés,

sans parler de la pratique de la corruption au niveau des fonctionnaires.

Le nombre réduit des contribuables : si le contexte dans lequel vit la population est déjà bien

marqué par les inégalités, le nombre de contribuables est fortement réduit à une part

minoritaire de la population appartenant, pour la grande partie, à la catégorie riche ou

moyenne. La majorité pauvre de la population ne peut pas remplir son devoir auprès de l’Etat

35

faute de moyens. De plus, cette majorité connait aussi une régression considérable de leur

sens civique à cause d’une perte de crédibilité de l’Etat. En effet, la population pauvre

n’arrive pas à ressentir les avantages engendrés par la redevance des impôts. Cet incivisme est

d’autant plus grand que les inégalités sont grandes, car il est dans ce cas aggravé par un

sentiment d’injustice. Dans ce cas, les interventions des forces de l’ordre pour contenir la

colère et d’éventuelles explosions sociales ne font qu’empirer ce sentiment d’injustice

amenant à la perte de la légitimité du paiement d’impôts.

Des transferts à caractère sélectif

Le transfert consiste à rectifier les conditions de vie des plus vulnérables via les recettes

collectées. Il existe deux sortes de transferts : le transfert non monétaire et le transfert

monétaire. Surtout à cause d’une insuffisance de la recette fiscale, les transferts peuvent

comporter un caractère sélectif dans l’espace et aussi parmi les classes sociales.

Le transfert non monétaire : consiste à offrir des ressources publiques fondamentales à

l’assurance d’un niveau de vie convenable pour tous et d’une égalité des chances. Il s’agira

des financements de la création d’infrastructures ainsi que du bon fonctionnement des

services publiques (la création d’écoles publiques ou encore de centre de santé, le paiement

des salaires des fonctionnaires, le règlement des factures des fournisseurs…). Pour des causes

historiques ou budgétaire, ces transferts se concentrent beaucoup en milieux urbains, les

avantages ne sont donc pas perceptibles par une majorité de population située dans les

périphériques.

Le transfert monétaire : prend la forme de somme d’argent en appui aux classes les plus

vulnérables. Il peut s’agir de : retraites, indemnités de chômage, bourses d’études, allocations

de logement, ou allocation familiale. Toutefois, la plupart de ces formes de transfert

monétaire est quasi-inexistante dans les pays en développement alors que la pauvreté y est la

plus sévère. Et lorsqu’il existe, il fonctionne plus comme pour une assurance que pour une

protection sociale (ex : retraite, allocations etc.). De ce fait, les individus n’ayant pas

d’activités économiques formelles ne peuvent en bénéficier alors que le secteur informel

regroupe le plus de personnes vulnérables. Aucune protection ne leur est donc planifiée, sans

parler des personnes qui vivent bien loin au dessous du seuil de pauvreté.

36

ii. Un manque de politiques de l’emploi

Le système impôt-transfert, décrit auparavant, ne suffit pas à résoudre les problèmes profonds

des inégalités de revenu. L’idéal serait de protéger les individus et les ménages les plus

vulnérables tout en les guidant à devenir économiquement indépendants. Ces politiques de

transferts doivent donc être accompagnées d’une politique d’emploi ayant un impact à longue

portée. On distingue en principe deux types de politiques de l’emploi : les mesures de

protection et l’incitation à la création d’emplois.

Les mesures de protection: on entend par mesure de protection, les mesures qui

consistent à protéger les salariés, notamment en établissant un niveau de revenu minimum

assurant les besoins fondamentaux des catégories de personnes à bas revenu. Cette politique

est le plus souvent appliquée dans les pays en développement.

Pour le secteur agricole, la fixation des prix agricoles est un moyen indirect de valoriser les

productions et ainsi de hausser les revenus des agriculteurs considérés comme une majorité

vulnérable.

Pour les emplois formels, il est plus facile de fixer directement un salaire minimum afin

d’éviter un rapport de force exploitants-exploités entre les dirigeants des entreprises et les

personnels qu’ils emploient.

Bien souvent le champ d’application de ces mesures est très réduit et ne concerne qu’une

faible part seulement de la population active. Dans le cas de la plupart des travailleurs et

employés, souvent informels, la mise en place d’une politique d’accompagnement reste

compliquée alors qu’ils constituent la majorité des actifs dans les pays en développement.

L’encouragement de l’emploi par la stimulation de la demande effective : si les

mesures de protection existe tant bien que mal dans les pays en développement, les politiques

d’incitation à la création d’emplois sont, par contre, quasi-inexistantes. Elles dépendent bien

souvent de l’initiative personnelle des agents économiques ou encore de l’attraction des

investisseurs étrangers. En ce qui concerne le développement des activités et du dynamisme

local, il y a encore de grands efforts à investir de la part de tous mais surtout de l’Etat. De

plus, pour assurer une politique de création de l’emploi efficace, il faudrait en premier lieu

protéger les activités locales par la limitation des entrées de produits importés. Cela est

toutefois un gros risque au niveau économique avec la probabilité d’une insuffisance de

37

produits en termes de qualité et de quantité, mais aussi au niveau diplomatique, vu que dans

une économie fortement mondialisée, une telle décision revient à reconsidérer tous les liens

commerciaux et autres reliant le pays avec tous les autres pays « partenaires ». Voilà des

risques que les Etats pauvres ne veulent aucunement courir.

Conclusion

L’inégalité de revenu dans son sens stricte indique des écarts existant entre le revenu de

différentes couches sociales. On entend alors par « revenu », la rémunération des facteurs de

production comme le capital, le travail et le patrimoine. Vues les différences au niveau des

choix d’activités économiques, des aptitudes physiques et intellectuelles ainsi que de bien

d’autres critères, une situation caractérisée par la coexistence de revenus élevé, moyen et

faible peut être considérée comme normale. Cependant, cette situation devient alarmante

lorsque le revenu des classes faibles ne peut plus satisfaire les besoins les plus fondamentaux.

Ainsi des politiques et des stratégies doivent être mises en place, non pas pour supprimer cet

écart, ce qui relève non seulement de l’impossible mais aussi d’une autre forme d’injustice

pénalisant ceux qui s’investissent plus que d’autres dans leurs activités, mais il s’agit de

réduire ces écarts afin d’éviter les malaises économiques que sociales. Par conséquent, des

études profondes ont été lancées pour cerner la question de l’inégalité de revenu, de ses divers

modes d’évaluation ainsi que de son mécanisme dans le but de la maitriser. D’une manière

générale, cette première partie a permis de constater que l’inégalité de revenu est issue de la

faiblesse de la richesse globale mais aussi du modèle de production capitaliste habituellement

choisi pour accroître rapidement cette richesse. Puis elle est renforcée par des comportements

inadéquats des agents économiques. Or les politiques et stratégies de lutte contre cette

inégalité de revenu manquent ou sont souvent mal cadrés sous contraintes économique,

technique ou encore diplomatique.

38

PARTIE II : LE CAS DE MADAGASCAR

39

Cette deuxième partie de l’étude consiste à expliciter les théories développées dans la

première partie en considérant le cas spécifique d’une économie qui est ici celle de

Madagascar. Pour ce faire, le procédé se déroule sous forme d’analyse descriptive des

données empiriques pour en déduire les aspects de l’inégalité de revenu dans le pays. La

finalité de cette démarche empirique est de comprendre, à partir des résultats obtenus, les

politiques adoptées par l’Etat et aussi de concevoir des recommandations adéquates et

réalisables pour freiner l’augmentation des écarts de revenu voire sa réduction définitive.

CHAPITRE II. Les aspects des inégalités de revenu à Madagascar

Madagascar n’échappe pas aux problèmes d’inégalité de revenu. Certains diront que le pays

fait partie des pays modérément inégalitaires pour souligner le fait que l’inégalité y est belle et

bien ressentie mais que les indicateurs ne décrivent pas encore des cas critique comme en

Afrique du Sud ou encore au Brésil. Toutefois, comme pour les autres pays en

développement, cette inégalité de revenu contribue fortement au ralentissement de la

croissance du fait qu’elle décourage les investissements des ménages en majorité à faible

revenu. Afin de déterminer les actions à entreprendre pour réduire ces écarts de revenu, il est

primordial de revoir les aspects qu’ils prennent.

Section 1. Les points d’impacts de l’inégalité de revenu à Madagascar

L’ « Enquête Périodique auprès des Ménages » publiée par l’INSTAT donne des précisions

chiffrées selon lesquelles en 2010 le niveau de l’inégalité mesurée à partir du coefficient de

Gini atteint 0,403 (0 indiquant l’égalité absolue et 1 désignant l’inégalité absolue). Cet indice

traduit un niveau de consommation 5,4 fois plus élevée pour les 10% de la population les plus

riches par rapport au 10 % les plus faibles (voir tableau 1 en Annexe). Cette section concerne

donc la dissection de cette mesure selon des caractéristiques précises de la société (la

répartition des activités économiques, la démographie, l’éducation et l’espace afin de

déterminer les points d’impacts de l’inégalité de revenu sur différentes facettes de la vie de la

40

population. Par conséquent Les démarches de l’étude empirique qui va suivre, se résument

surtout par des analyses descriptives des données statistiques afin d’en dégager au final les

formes des inégalités de revenu à Madagascar. Pour ce faire, les outils majeurs sont les

indicateurs synthétiques d’inégalité de revenu, dont à priori l’indice de Gini, la distribution de

la consommation au niveau de la population ou encore la distribution du revenu.

N.B : la distribution de la consommation est une autre lecture de la distribution de revenu

comme le décrit le graphique ci-dessous :

Graphique 1 : Distribution de la masse de consommation par quintile en 2010

1. La répartition inégale du revenu global dans l’espace

Il s‘agit d’analyser les inégalités de revenu selon les régions et les milieux qui délimitent le

territoire malagasy. La valeur de Gini 0,403 peut donc être retenue comme une valeur

moyenne car en réalité l’inégalité de revenu peut avoir une intensité variée selon ces zones

délimitées. Dans cette présente étude, le tout est de différencier les inégalités intra-régions et

intra-milieux des inégalités inter-régions et inter-milieux ainsi que leurs interprétations.

Les inégalités intra-milieux et intra-régions

41

Les « milieux » désignés dans « intra-milieux » sont le milieu rural et le milieu urbain. On

entend alors par « inégalités intra-milieux », les inégalités de revenu qui s’établissent au

niveau d’une même population habitant à la campagne ou bien en ville.

D’après le tableau 3 de l’annexe, en 2010 le milieu urbain est nettement plus inégalitaire que

le milieu rural avec respectivement les coefficients de Gini suivants : 0,41841 et 0,37026.

Cela n’a pas toujours été le cas : encore en 2004 le milieu rural présente une inégalité

légèrement plus forte avec un coefficient de Gini de 0.412 tandis que celui du milieu urbain

est de 0.405. Le tableau ci-dessous montre un basculement qui s’est fait en 2005 : ainsi la

tendance affichant une inégalité plus élevée en milieux urbain s’est maintenu du moins

jusqu’en 2010.

Tableau 1 : Indice de Gini par milieu en 2004 et 2005

2004 2005

National

Indice de Gini0,423 0,365

Milieu

Urbain0,405 0,405

Rural0,412 0,335

Source : INSTAT/DSM/EPM2005

D’une autre part, les inégalités intra-régions désignent des inégalités de distribution du revenu

à l’intérieure des zones régionales. Dans le tableau 3 de l’annexe sont données les valeurs de

ces inégalités intra-régions pour l’année 2010 : il affiche que la région Atsimo Andrefana est

42

la plus inégalitaire avec un coefficient de Gini de 0,43742 contre 0,29798 pour la région

Atsimo Atsinanana.

Il faut remarquer que ces indices de Gini intra-zones n’indiquent que les disparités de revenu

au niveau des habitants d’une même zone géographique, elles ne peuvent pas traduire leurs

niveaux de vulnérabilité respectifs ni servir d’outils de comparaison sur ce domaine. Voici un

cas simple (extraite du tableau 3 en annexe) qui décrit mieux cette situation :

Tableau 2 : comparaison des niveaux d’inégalité de revenu entre les trois régions Atsimo

Andrefana, Analamanga et Atsimo Atsinanana

Région

Coefficient de Gini 0,43742 0,40762 0,29798

Ratio de pauvreté 82 ,1 54,5 94,5

Quelques déductions rapides peuvent être conclues de ce tableau :

- Les deux régions Atsimo Atsinana et Atsimo Andrefana font parties des régions les

plus pauvres du pays avec respectivement des ratios de pauvreté de 94,5 et de 82,1.

Pourtant la région d’Atsimo Andrefana est largement inégalitaire par rapport à la

région Atsimo Atsinanana.

- Tandis que la région Analamanga constitue l’une des régions les moins pauvres de

l’île avec un ratio de pauvreté de 54,5, alors que son coefficient de Gini 0,40762

avoisine aussi celui de la région Atsimo Andrefana de 0,43742.

Ce qui confirme la thèse avancée antérieurement selon laquelle le niveau de l’inégalité de

revenu ne détermine pas le niveau de vulnérabilité d’une zone considérée, et inversement.

Les inégalités inter-milieux et inter-régions

Les inégalités inter-milieux et inter-régions permettent de comparer la disparité de revenu

moyen entre des populations habitants des zones territoriales différentes. Elles se mesurent

par la comparaison du niveau moyen de consommation.

43

- Concernant l’inégalité de revenu inter-milieux, la comparaison du niveau de

consommation moyen de la population urbaine par rapport à la population rurale indique que

cette dernière consomme bien moins que ses voisins urbains. La tendance a toujours été telle

depuis l’existence de la délimitation du territoire en zone urbaine et rurale. Spécialement en

2010, la consommation moyenne de l’ensemble de la population urbaine est de 606100Ar,

soit 1, 72 fois plus grande que celle de la population rurale qui est d’environ 352000 Ar (voir

tableau 5 en annexe) et les parts respectifs de l’alimentation dans la consommation sont de

51,6 et 71,6 (voir tableau 6 en annexe). Cela peut indiquer deux faits à la fois : premièrement,

la population rurale éprouve moins de besoins que la population urbaine et deuxièmement la

population rurale n’a pas le revenu nécessaire pour consommer plus en quantité et en produits

diversifiés. Ces deux faits indiquent une inégalité de revenu et de chance pour les deux

milieux étudiés et montrent avec certitude la vulnérabilité du monde rural.

- Quant à l’inégalité de revenu inter-régions, la région la plus riche de l’île est la région

Analamanga avec une consommation moyenne annuelle par tête de 686100Ar soit presque 4

fois plus élevée que celle de la région Androy qui est la région la plus pauvre avec une

consommation moyenne annuelle par tête de seulement 180900 Ar (tableau 5 en annexe). Et

leurs parts respectifs de l’alimentation dans la consommation est de 48,8 pour Analamanga et

59,6 pour la région Androy.

2. L’inégalité de revenu selon la démographie de la population

L’inégalité de revenu se manifeste aussi au niveau de la démographie de la population. En

particulier, on distingue : l’inégalité des genres et l’inégalité selon les âges.

L’inégalité des genres : l’inégalité des genres est l’écart de revenu entre les hommes et les

femmes. A Madagascar, l’écart de revenu pénalise surtout les femmes, qui comme dans le cas

de beaucoup de pays développés ou non, reçoivent un revenu bien souvent moindre par

rapport aux hommes : « Le salaire moyen des femmes est inférieur à celui des hommes, mais

l’écart s’est réduit de façon significative par rapport aux résultats de 2005. Les premières

doivent se contenter de 1 235 000 Ar., soit 84% de ce que les seconds touchent (1 471 000

Ar.). Le rapport était de 65% en 2005. Cette faiblesse du salaire féminin est avérée quels que

soient la branche, le niveau de qualification, et le statut considérés.» (EPM 2010, INSTAT).

44

L’inégalité de revenu selon les âges : la population malagasy est une population jeune et cela

se ressent à travers la structure de la population active. Celle-ci possède un âge moyen de 32,1

ans, les tranches d’âges les plus actives étant celles entre 15-24 ans et celles de 25-64 ans

représentant chacune 27,4% et 59,6% de cette population active (voir tableau 7 en annexe).

Toutefois, cette jeunesse active ne gagne qu’un revenu moindre due notamment à un manque

de capacité physique, d’expérience et de niveau d’instruction. De plus, dans le cas où le jeune

en question est un enfant, la situation illégale du travail donne une certaine liberté dans la

rémunération du travailleur qui va parfois bien au-dessous du salaire minimum. Ainsi en

2010, la tranche d’âge la plus jeune de 5-17 ans ne gagne en moyenne que 340000Ar par an

en terme de revenu salarial, soit 4 fois moins que le revenu salarial moyen qui va jusqu’à

1388000 Ar.

Tableau 3 : Rémunération annuelle moyenne des enfants selon la tranche d’âges

Unité : en milliers d’Ar.

Groupe d’âgesMontant

5-975

10-14249

15-17407

Ensemble340

Source : INSTAT/DSM/EPM 2010

3. L’inégalité selon les sources de revenu

Dans une économie où les secteurs d’activités sont profondément déséquilibrés, les inégalités

de revenu émergent facilement. Tel est le cas de Madagascar. En effet, en 2010 l’agriculture

primaire réunit à elle seule 80% des activités économiques dans le pays (voir tableau 8 en

annexe), c’est une situation qui n’a presque pas évoluée depuis des années. De ce fait, il y a

45

un excès de producteurs agricoles dans le pays. Or d’après une théorie économique toute

simple : plus il y a de producteurs moins il ya de revenu par producteur C’est justement ce

qui arrive dans la réalité des agriculteurs; de plus, le manque de performance technique

aggrave cette dégradation du revenu. Ainsi, en 2010 les personnes actives qui travaillent dans

le secteur agricole ne perçoivent en moyenne que 674000Ar par an, soit 2,5 fois moins que

ceux qui travaillent dans l’industrie alimentaire (voir tableau 9 en annexe). Il faut toutefois

remarquer que ces chiffres ne représentent que les différences de revenus sous forme de

salaire. Par conséquent, il est préférable d’utiliser les chiffres concernant la consommation

moyenne du ménage selon le groupe socio-professionnel du chef de ménage (GSM). En

considérant la distribution de la consommation selon les différentes catégories

professionnelles (CSP) du chef de ménage, non seulement on intègre l’impact des autres

formes de revenu (autre que les salaires) dans l’étude de l’inégalité de revenu mais aussi on

pourra constater que l’écart est bien plus grand encore. En effet, en comparant la

consommation annuelle par tête selon les CSP on constate que la consommation par tête d’un

ménage dirigé par un petit agriculteur est seulement de 303000 Ar par an ce qui représente

environ 4 fois moins que la consommation annuelle par tête d’un ménage ayant un cadre

supérieur comme chef (voir tableau 10 en annexe).

Section 2. Les facteurs principaux de l’inégalité de revenu à Madagascar

L’étude précédente concernant les points d’impacts de l’inégalité de revenu en 2010 montre

des résultats qui ne diffèrent pas trop des ceux des années précédentes. Depuis toujours ou

presque, les inégalités de revenu pénalisent les classes suivantes : la jeunesse active, les

femmes, les agriculteurs primaires et la population rurale. Ces résultats ramènent à deux

causes communes et principales qui sont : le manque de ressource et une allocation non-

optimale des ressources existantes.

46

1. Une richesse globale insuffisante

Le manque de ressource est un premier facteur qui fait que les inégalités de revenu existent et

persistent à Madagascar. Avec un taux de croissance économique 14 qui augmente plus

lentement que le taux d’accroissement démographique, la richesse globale n’atteint pas un

niveau suffisant pour profiter à tout le monde et produire assez d’infrastructures

indispensables pour le développement du bien-être de tous.

Evolution de l'accroissement démographique et de la croissance économique entre

2009-2013

14 Les taux de croissance économique utilisés dans cette figure ont été extraits des « Rapport Economique etFinancier » publié par l’INSTAT pour les années d’exercice 2009-2010, 2010-2011, 2011-2012 et 2012-2013.Tandis que les taux d’accroissement démographiques ont été calculés à partir des données sur l’effectif de lapopulation figurant en Annexe.

-5,00%

-4,00%

-3,00%

-2,00%

-1,00%

0,00%

1,00%

2,00%

3,00%

4,00%

2009 2010 2011 2012 2013taux d'accroissementdémographique

croissance économique

47

Dans certain cas, l’accroissement de la population peut devenir un facteur de croissance

économique s’il permet l’augmentation du capital humain favorisant l’accroissement de la

production globale. Mais dans le cas de Madagascar, l’accroissement démographique entraine

une augmentation des charges du chef de famille surtout en cas de famille nombreuse ; le

poids de ces charges est évalué par le ratio de dépendance. Par conséquent, plus la taille d’un

ménage est large, plus le ménage est pauvre.

Tableau 4 : Caractéristiques des ménages suivant le quintile de consommation

Unité : %

Quintile de consommation

Plus

pauvre

s

Q2 Q3 Q4Plus

richesEnsemble

Taille moyenne du ménage (Nombre

d’individus)6,3 5,7 5,2 4,5 3,5 4,8

Nombre de personnes dépendants

(<16 ans ou >65 ans)3,8 3,2 2,7 2,2 1,3 2,5

Nombre de personnes en âge de travailler

(17 à 65 ans) 2,3 2,3 2,2 2,1 2,0 2,1

Taux d’alphabétisation du chef de ménage

(%)47 64 68 76 87

71

Source : INSTAT/DSM/EPM 2010

2. Une allocation non-optimale des ressources

Un autre facteur de l’inégalité de revenu à Madagascar est l’allocation non-optimale des

ressources existantes. Il faut dire que l’insuffisance de ressources, développée plus tôt,

entraîne des contraintes qui ne permettent pas la satisfaction de tous les besoins. Ainsi, l’Etat

a tendance à prioriser les dépenses courantes de fonctionnement sans trop pouvoir investir

dans des secteurs productifs dont notamment l’éducation et la santé.

48

a) L’éducation

L’éducation est la meilleure arme contre l’inégalité de revenu par deux raisons : amélioration

de la productivité globale et la réduction des asymétries d’information.

- Amélioration de la productivité globale : en effet, l’éducation est le chemin par lequel

les savoirs faire circulent facilement ; en plus, elle permet de dompter facilement les

techniques nouvelles de production quelque soit le secteur d’activité concerné.

- Réduction des asymétries d’information : un niveau suffisamment élevé d’éducation

réduit fortement les asymétries d’information sources notamment du développement

de la corruption et aussi de l’extension du monopole.

Ainsi, les conditions de vie d’un ménage dépend fortement du niveau d’instruction du chef de

ménage : le niveau de consommation par tête du ménage en 2010 passe de 277000Ar pour un

ménage dirigé par un chef n’ayant pas d’instruction à carrément quatre fois plus pour un

ménage dont le chef est diplômé d l’enseignement supérieur. Or, cette dernière catégorie ne

représente même pas 5% des ménages.

Tableau 5 : Répartition des ménages selon le niveau d’instruction du chef de ménage

(CM)

Unité : %

Niveau d’instruction du chef de ménage

Sans instruction 32,1

Primaire 49,0

Secondaire 14,7

Supérieur 4,2

Total 100,0

Source : INSTAT/DSM/EPM 2010

49

Tableau 6 : Niveau de consommation annuelle par tête, par milieu, selon le niveau

d’instruction du chef de ménage (CM)

Unité : millier d’Ar.

Niveau d’instruction

du CM

Urbain Rural Ensemble

Sans instruction 343 267 277

Primaire 539 352 389

Secondaire 718 481 551

Supérieur 1 229 1 079 1 166

Source : INSTAT/DSM/EPM 2010

b) La santé

Tout comme l’éducation, la santé constitue aussi un facteur important de l’amélioration de la

productivité. En effet, le paramètre « santé » agit considérablement dans la capacité physique

à travailler mais aussi dans le pouvoir de concentration. Or, à Madagascar la santé reste

encore bien négligée à cause principalement de la pauvreté profonde. Outre l’insuffisance de

centre de soins de base ou hospitaliers et du personnel médical, il est aussi observé que la

population fréquente rarement ces centres faute de moyen et à cause d’un manque

information. Ainsi en 2012, le taux de consultation des CSB ne représente que 28,2% des

malades (voir tableau 12 en annexe).

50

CHAPITRE II. La lutte pour la réduction des inégalités de revenu à Madagascar

D’après les conceptions orthodoxes, les inégalités de revenu ne sont que passagères dans le

cycle de la croissance et peuvent même être un moteur de dynamisme économique. Or il est

vu que pour le cas de l’économie malagasy, les inégalités de revenu sont surtout le fruit de la

faiblesse de la croissance économique et constituent en retour un facteur de blocage à cette

croissance. Outre un problème économique, les inégalités de revenu sont aussi à la source de

différents dégâts sociaux comme les exclusions, les insécurités voire les explosions sociales.

Toutes ces raisons montrent la nécessité de la mise en place de politiques en vue de la

réduction de ces inégalités de revenu.

Section 1. Les politiques de l’Etat

Les politiques de lutte contre les inégalités de revenu reposent sur une idée de redistribution

de la richesse. Cela consiste à prélever une partie du revenu pour l’affecter à des

investissements et autres dépenses visant le bien-être global. L’Etat est alors l’entité garant du

bon fonctionnement de ce mécanisme basé sur le système d’impôts-transfert.

1. La politique fiscale à Madagascar

C’est à travers des recettes fiscales que se concrétisent la politique de redistribution de revenu.

A Madagascar, on distingue trois types de recettes fiscales :

- Les impôts sur le commerce extérieur : les droits de douanes en l’occurrence.

- Les taxes indirectes : inclues dans les prix des marchandises, ce sont au fait les

consommateurs finaux qui paient ce type d’impôt. Ex : TVA, accise

- Les impôts directs : sur le revenu, sur les bénéfices, sur les activités de commerce

(patentes, etc.), sur les propriétés.

La politique fiscale de Madagascar est établie, en générale, en vue d’une imposition

progressive : c’est-à-dire que le taux de pression fiscale diminue en fonction du niveau de

revenu de chacun. Ces taux sont révisés chaque année de façon à établir des taux

51

d’imposition qui n’étouffe pas les ménages, mais qui pourrait en même temps soutenir

l’économie nationale. Ces révisions considèrent alors plusieurs paramètres tels que : la

croissance économique, l’environnement sociopolitique, les activités à soutenir ou à

décourager (les activités à fortes externalités négatives : comme les entreprises

productrices de boissons alcooliques, de tabac ou encore les produits de jeu). Par la suite,

ces révisions entrent dans le cadre d’une loi de finance qui s’applique pendant toute

l’année. En 2012 :

« Les mesures prises concernent :

- la préparation et la réalisation des élections ;

- le renforcement de la sécurité des biens et des personnes ;

- le soutien à la production agricole ;

- le renforcement de la sécurité alimentaire ;

- le développement de l’accès aux services de santé et d’éducation ;

- le renforcement du secteur énergie ;

- la relance du secteur tourisme ;

- l’assurance du bon fonctionnement de l’Administration.

Les mesures fiscales prévues dans la loi de finances 2012 visaient la relance économique tout

en préservant les recettes de l’Etat.

En ce qui concerne les impôts, il s’agissait de :

- la réduction progressive du taux des impôts sur les revenus et assimilés (IR, IDH, IRSA,

IRCM, IPVI) ;

- la simplification du système fiscal par la suppression de certaines taxations spécifiques telle

que le

Prélèvement sur les produits des jeux (PPJ) ;

- l’instauration, en matière d’Impôt sur les Revenus (IR), de la réduction d’impôt pour les

investissements relatifs à la production d’énergies renouvelables ;

- la déductibilité de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) grevant les achats de carburants

utilisés dans le transport terrestre, des hydrocarbures et des marchandises pour réduire l’effet

de rémanence de la hausse du cours mondial du pétrole ;

- le paiement de TVA par voie bancaire afin d’assurer une meilleure traçabilité des opérations.

Pour les recettes extérieures, les mesures prises concernent l’amélioration du code des

douanes et du tarif des douanes :

52

- Mise en place de dispositions facilitant la législation et le fonctionnement de l’organe de

recours douanier, Commission de Conciliation et d’Expertise Douanière ou CCED ;

- Mise en place de dispositions facilitant la législation et le fonctionnement de l’organe de

recours douanier, Commission de Conciliation et d’Expertise Douanière ou CCED ;

- Amélioration des dispositions sur l’avitaillement des navires pour l’utilisation des

combustibles végétaux non polluants dans les transports maritimes internationaux ;

- Mise en place d’un intérêt de retard sur la non-réexportation des marchandises admises

temporairement ;

- Harmonisation du droit des douanes (DD) relatif aux moyens de transport et aux pneus ;

13

- Révision à la baisse du taux du droit des douanes sur certaines matières premières (méteil

pour la fabrication de farine DD réduit de 5% à 0%, additif pour la fabrication d’huile moteur

DD réduit de 10% à 5%) ;

- Alignement tarifaire sur les consommables médicaux en vue d’appuyer les efforts effectués

dans le secteur de la santé publique. » (Rapport Economique et Financier 2012-2013,

INSTAT).

2. Le système de protection sociale

Madagascar fait partie des pays où les inégalités de revenus sont d’une ampleur considérable.

Malgré cela, il n’y existe quasiment pas de politique de protection sociale pour protéger les

plus vulnérables, comme c’est le cas dans les autres pays. Cela est due certainement à la

faiblesse de la recette fiscale : en effet, si l’on prend l’année 2012, les recettes fiscales vont

juste de 2397,8 milliards d’Ariary (Rapport économique et financier 2012-2013, INSTAT)

soit seulement 11% du PIB qui est de 21 774 milliards d’Ariary (Tableau de Bord

économique Janvier 2015, INSTAT).

Ainsi la redistribution de revenu prend la forme de services publics rendus dans le domaine de

l’éducation, de la santé, de la justice, de la sécurité nationale ou encore des infrastructures

publiques communes (les toilettes, les bornes fontaines, les bassins, les routes…). Ce sont des

services à caractère universel qui permettent librement à tous d’y accéder qu’il soit pauvre ou

aisé. Par conséquent, il n’existe pas de vraie politique de protection sociale ciblée vers les plus

vulnérables. On entend par là : les indemnités de chômage, les allocations familiales etc.

53

N.B : Les prévoyances sociales, les indemnités, les prises en charge des familles des

fonctionnaires sont surtout considérées comme des droits spécifiques aux fonctionnaires et

aux employés privés que comme une forme de protection sociale en vue d’alléger le poids des

inégalités de revenu.

Ce n’est qu’en 2014, qu’un atelier visant la mise en place d’un système de protection sociale

s’est effectué sous l’initiative du Ministère de la Population, de la Protection sociale et de la

Promotion de la Femme avec l’appui de la Banque Mondiale et de l’UNICEF. « Le cadre

politique malgache en matière de protection sociale comporte des lacunes importantes.

Madagascar n’a pas encore une politique coordonnée de protection sociale. Des

programmes sont fragmentés à petite et sont insuffisants au regard des besoins. Face à la

pauvreté et à la situation de vulnérabilité des ménages qui persistent, il est temps maintenant

de mettre en place cette politique afin de contribuer à la réduction de l’extrême pauvreté et

renforcer la résilience des pauvres aux chocs naturels et socio-économiques.» (Eléonore

JOHASY, ministre de la population, 2014)15. Toutefois, la mise en exécution des fruits de cet

atelier requiert du temps et du financement ; ainsi, jusqu’à l’heure actuelle un système de

protection sociale n’est pas encore établie.

Section 2. Les organisations sociales

A défaut de politique de protection sociale, des organisations se créent au niveau même de la

population pour lutter contre les inégalités de revenu. Ce sont en l’occurrence des

organisations de solidarité, des actions à la base des ONG, ou encore des actes de

philanthropies de la part de la couche aisée de la population.

1. La solidarité

En général, les actions de solidarité sont des formes d’entraides ou d’organisations sociales

qui permettent de dépanner dans des moments ponctuels mais ne comportent pas d’objectifs

de long terme comme l’amélioration soutenue de la situation précaire des plus vulnérables.

15« Madagascar élabore sa première politique nationale de protection sociale », www.orange.mg/actualite

54

a) La famille-providence

La première forme de solidarité se crée au niveau des personnes et ménages proches comme :

les personnes de la même famille, des voisins, des collègues de travail, des membres du même

groupe religieux etc. Il existe alors deux formes sous laquelle se présente cette solidarité : la

première consiste à s’organiser de façon à constituer une caisse de trésorerie pour prévoir les

imprévus pouvant toucher les membres. Ex : association familiale, association de tontine,

association religieuse etc. Dans le second cas, l’organisation préalable n’existe pas ; à la

place, le seul lien de confiance suffit pour que les entraides émergent au niveau de la famille

providence.

b) Les œuvres caritatives

Les œuvres caritatives sont des actions des associations de personnes issues d’une couche

sociale aisée vers celles issues de la couche vulnérable. Elles peuvent être à caractère

ponctuel ou continu, à consommation de court terme ou de long terme : tout dépend de la

taille des moyens que possède l’offreur. Dans tous les cas, ces œuvres s’effectuent sous

l’unique initiative de l’offreur sans contrepartie de la part du bénéficiaire ni d’entente

préalable entre les deux. C’est pourquoi, certains auteurs qualifient ces actes caritatifs de

« caritatifs thérapeutiques »,dans la mesure où ils permettent aux offreurs de soulager leur

conscience morale d’être « trop riche » par rapport aux autres. A Madagascar, les plus actifs

dans ces domaines sont les personnalités célèbres et souvent politiques ou encore les

associations comme le Lion’s Club ou encore le Rotary Club, et les organismes religieux.

2. Les actions ciblées des organismes sociaux

Les organismes sociaux se veulent avoir des objectifs qui visent surtout le long terme. C’est-

à-dire qu’ils œuvrent dans l’amélioration des capacités des plus vulnérables à fin que ces

derniers puissent devenir un jour économiquement indépendants. Ce sont les ONG, les

groupuscules issues des organismes internationaux, voire des organismes religieux aussi (les

organismes religieux constituent une entité très influente et très engagée à Madagascar

quoique l’Etat soit laïque). De ce fait, plutôt que de faire des dons ponctuels, ils ciblent et

55

agissent au niveau d’un domaine productif particulier en vue d’améliorer les conditions de vie

et éventuellement les revenus des plus pauvres :

- l’appui aux paysans ou aux petits artisans : compensation en formation

professionnelle, dons de matériaux, recherche de débouchés

- Offre de facilité de financement et aide aux projets de PME

- La protection des droits contre les éventuels abus faits aux plus vulnérables

En ce sens, les organismes sociaux se substituent presque à l’Etat à cause de la défaillance de

celui-ci. Toutefois, de par leur taille, leurs actions sont sélectives : certes elles favorisent les

couches sociales les plus démunies mais seulement pour un nombre limité de localités. Cela

veut dire que ces actions ciblées sont indispensables mais une politique de protection sociale à

l’initiative de l’Etat reste quand même l’issue la plus sûre pour réduire les inégalités de revenu

à l’échelle nationale.

Section 3. Vers des résolutions définitives de l’inégalité de revenu à Madagascar

Dans le cas de Madagascar, les écarts entre les revenus sont assez considérables. De ce fait, il

est quasiment impossible de réduire ces inégalités sans l’intervention d’une entité assez

puissante, en l’occurrence l’Etat. Pour ce faire, quelques recommandations sont données dans

cette dernière section de l’étude. Ces recommandations visent en même temps une résolution

sur le court terme mais aussi sur le long terme. L’objectif est alors de réduire les inégalités de

revenu tout en encourageant la croissance : « le principal enjeu auquel les pouvoirs publics

sont confrontés aujourd’hui est de mettre en œuvre des réformes qui relancent la croissance,

remettent les individus au travail et réduisent l’écart grandissant entre les revenus » M. Pier

carlo Padoan, chef économiste de l’OCDE, 2012).16

16 « Il est possible de réduire les inégalités, tout en stimulant la croissance économique selon l’OCDE »,www.ocde.org/fr/presse

56

1. La mise en place d’une politique de protection sociale

A Madagascar, en 2013 la Banque Mondiale publie que 92% des malagasy 17 vivent en

dessous du seuil de pauvreté de moins de 2$ par jour. Une infime partie seulement peut

bénéficier d’une protection sociale via essentiellement l’assurance retraite, l’assurance santé,

etc. Or, ces bénéficiaires sont rarement des personnes dont la vulnérabilité est critique, car

elles appartiennent souvent à la catégorie ayant des emplois stables, ce qui n’est pas le cas de

la majorité de la population. Ainsi, la mise en place d’une politique de protection sociale est

nécessaire pour renforcer la résilience des plus vulnérables sans exceptions. Cette politique

doit se faire en deux étapes : la première consiste à cibler des bénéficiaires de la protection

sociale, et la seconde à établir les conditionnements de ces protections.

a) Les bénéficiaires

L’Etat doit mener une enquête au préalable pour cibler les individus et les ménages les plus

vulnérables. Cela évitera les gaspillages de ressources dans la concrétisation du programme.

Cette enquête doit partir des plus petites circonscriptions comme les « fokontany »18. Par la

suite, il faudra prioriser les catégories sociales suivantes : les handicapés, les ménages à plus

bas revenus, les sans abris, les travailleurs du secteur informel et les femmes, c’est-à-dire tous

ceux qui n’ont pas les moyens nécessaires pour satisfaire les besoins fondamentaux

(alimentation, habillement, logement…).

b) Les conditionnements des transferts sociaux

La protection sociale prend la forme de transferts sociaux directs comme des sommes d’argent

ou encore des transferts en natures (nourriture, habillement). Le risque qu’il faudrait éviter

c’est le « parasitisme », c’est-à-dire ce comportement volontaire de dépendre d’autrui

induisant par la suite une paresse vis-à-vis des activités économiques. Des conditionnements

doivent donc cadrer les hypothétiques protections sociales pour qu’elles ne favorisent pas ce

type de comportement. Ainsi, les transferts doivent être temporaires : la durée des transferts

doit être assez long pour assurer la sortie de la précarité mais pas trop longue pour éviter le

17 « Madagascar : 92% de la population sous le seuil de pauvreté » www.agenceecofin.com18 Fokontany : c’est la plus petite circonscription territoriale à Madagascar, équivalent des départements enFrance.

57

parasitisme et la paresse. En outre, il est nécessaire de soutenir les bénéficiaires en vue de leur

faciliter l’accès à l’emploi pour une efficacité certaine de la politique de protection sociale.

2. Les résolutions de long terme

Pour réduire définitivement les inégalités de revenu, il n’existe pas de solution miracle, il faut

apporter des réformes importantes au niveau de l’emploi et améliorer le capital humain.

a) La mise en place d’une politique de l’emploi

A Madagascar, le taux d’activité est des plus élevé allant de 63,7% de la population en 2010

(Enquête périodique auprès des ménages 2010, INSTAT). Le niveau de ce taux s’explique par

le travail précoce des enfants. Toutefois, cela ne reflète pas un environnement rassurant

concernant l’emploi et le travail. En effet, la majorité de ces activités font, pour la plupart,

partie du secteur informel agricole ou non agricole. En d’autres termes, ce sont des activités

économiques à faible rendement faute de savoirs faire, de techniques de travail ainsi que de

techniques commerciales. Effectivement, la grande majorité de ces activités ne sont pas issues

d’études du marché ou autres car ceux qui les pratiquent s’y adonnent surtout pour avoir une

activité qui leur permettrait de survivre. Il est clair que le caractère informel de ces activités

fait qu’aucune redevance de leur part n’est versé dans la caisse publique.

Après la constatation de la taille conséquente du secteur informel, la politique de l’emploi

devrait s’orienter dans ce domaine : il faudra donc penser à amener progressivement les

travailleurs et employés informels dans le cadre légal pour améliorer leur situation ainsi que la

santé de la recette fiscale. Par conséquent, cette politique vise principalement à encourager

les initiatives individuelles de création d’emploi et s’exécute suivant deux programmes

principaux :

- Le premier programme vise à soutenir et à promouvoir un secteur d’activité bien

déterminé afin d’alléger d’autres secteurs déjà bien saturés. Pour ce faire, l’Etat peut

agir via des exemptions d’impôts, des subventions, ou encore des appuis directs (dons

de matériaux, atelier de formation). Ce type de programme permet d’encourager la

création d’emplois, d’améliorer les revenus par l’attribution indirecte d’une plus

58

grande étendue de débouchés aux nouveaux producteurs, et d’offrir un choix plus

diversifié de produits sur le marché.

- Le second programme, qui complète le premier, consiste à améliorer le mode de

production des activités existantes, de les rendre formelles et les guider petit à petit

vers un statut de PME. A Madagascar, des esquisses d’une telle politique peuvent déjà

être constatées surtout au niveau du secteur agricole ; il faudra tout de même accentuer

de plus belles ces efforts surtout au niveau du secteur informel non agricole

notamment le commerce qui s’est beaucoup développé à la suite de la crise déclenchée

en 2009. Le tout est alors d’améliorer la productivité mais aussi d’intervenir pour

mettre en relation les producteurs avec les débouchés (grandes entreprises et

particuliers) en poussant à la création de contrat entre les deux entités.

b) L’amélioration du capital humain

Bien souvent, la quête aveugle de la croissance obstrue le passage à toutes les autres

initiatives d’investissement dans le secteur productif de long terme tel que celui en capital

humain. Or, la question de l’amélioration du capital humain ne doit pas être mise en arrière

plan même pour un pays pauvre pour Madagascar. Les deux politiques doivent donc aller de

paire, et le développement de l’Humain doit être composite même de la politique de

croissance. Il s’agira alors de faciliter l’accès à la santé et à l’éducation pour tous.

i- La santé :

La santé est un critère indispensable à l’amélioration de la productivité et par voie de

conséquence le revenu de la population. A Madagascar, la Santé globale de la population est

encore précaire si l’on ne considère que le fait qu’il y existe encore des maladies comme la

tuberculose ou encore la peste qui sont des maladies déjà longtemps éradiquées dans les pays

développés. Or, l’accès aux services de soins est encore difficile pour la majorité de la

population à cause de la rareté des centres de soins mais aussi à cause du coût des soins qui

sont lourds. Ainsi, l’Etat s’est engagé à augmenter le nombre de centre de soins de base et

hospitalier en 2012. C’est lors de cette période que s’est fait la construction des différents

« Hopitaly manaram-penitra » (Hôpital Haut de Gamme ou HHG) ex : le premier décembre

59

2012, l’inauguration du HHG d’Antsiranana (Rapport économique et financier 2012-2013,

INSTAT).

Toutefois beaucoup d’efforts restent encore à faire dans l’augmentation du nombre de ces

centres de soins mais surtout dans l’augmentation des personnels médicaux ainsi que dans

la gratuité des soins offerts en vue d’une véritable santé pour tous.

ii- L’éducation

L’éducation permet, en premier lieu, de pourvoir les individus de connaissances mais aussi

d’une plus grande souplesse à acquérir les savoirs faire et les techniques innovatrice quelque

soit le secteur de production. Promouvoir l’éducation pour tous est donc équivalent à

promouvoir une croissance soutenue dans le temps et aussi la réduction des inégalités des

chances qui constitue une des principales causes de l’inégalité de revenu. Or, comme il est vu

plutôt, le niveau d’éducation à Madagascar reste faible : à peine la moitié de la population ont

connu l’école primaire pour un ensemble de la population de plus de 4 ans en 2010 (EPM

2010, INSTAT). A l’exemple du cas sud-coréen, il faut développer le capital humain

parallèlement à la croissance économique pour pouvoir réduire de façon soutenue les

inégalités de revenu : l’idée est donc d’affecter une part proportionnelle du fruit de la

croissance à l’éducation.

La mise en place d’une telle politique n’est pas mince affaire non seulement au niveau de la

nécessité de bonne volonté et d’ingéniosité de la part des dirigeants mais aussi parce qu’il est

constaté qu’à Madagascar la possession de diplôme ne débouche pas toujours vers un accès

facile au monde du travail.

Tableau 7 : Taux de chômage selon le genre, et selon le niveau d'instruction

Unité:%

MasculinFéminin Ensemble

Sans instruction1,6 3,9 2,9

60

Primaire3,1 4,6 3,8

Secondaire4,6 7,0 5,7

Supérieur4,8 12,5 8,0

Ensemble2,9 4,8 3,8

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

On constate alors que plus l’actif est diplômé, plus la probabilité de chômage est importante.

Cela s’explique surement du fait que le marché du travail à Madagascar n’offre pas une

grande diversité de choix possibles en matière d’activité économique. Du coup, les diplômés

doivent se rabattre souvent dans des activités qui ne constituent pas leur spécialité. La

politique de l’éducation nationale ne doit pas être dissociée de la politique de l’emploi pour

que les deux soient efficaces.

Conclusion :

Madagascar est un pays inégalitaire et les principales victimes sont : la population rurale, les

femmes et les jeunes. Les écarts profonds entre les revenus pénalisent la croissance

économique et ralentissent le développement du bien-être global sans parler bien sur de

l’environnement tendu qui se crée au niveau de la population et qui risque à tout moment de

virer à une vraie explosion sociale. Pour toutes ces raisons, il est plus qu’indispensable de

réduire ces inégalités en adoptant une politique de protection sociale cadrée pour les plus

vulnérables et en améliorant simultanément les facteurs suivants qui sont : la croissance

économique, l’emploi et l’éducation.

61

CONCLUSION

L’inégalité de revenu désigne une situation représentant un écart significatif entre une

minorité détenant une ample part du revenu global et une majorité qui survit avec le reste de

la richesse représentant une part très réduite. Elle amène alors à une absence d’égalité des

chances de jouir pleinement des droits attribués à tous, en d’autres termes il est question de

manque d’équité. Il faut remarquer que l’économie est naturellement inégalitaire en matière

de revenu, mais lorsque cela évolue de manière à créer d’une part une infime partie de la

population extrêmement riche et d’une autre part une couche sociale rassemblant des

individus vivant dans l’extrême pauvreté, les attentions se réveillent pour étudier la question.

Ainsi, beaucoup d’auteurs issus de courants d’idées différents se sont intéressés sur ce mal

touchant à la fois le domaine économique mais aussi social. Les théories affluent, se

ressemblent sur certains points et divergent sur d’autres : le principal point de controverse est

alors le rapport entre les inégalités de revenu, la croissance et la pauvreté. En outre, ces idées

apportent aussi des suggestions d’issues possibles pour réduire ces écarts de revenus. Ainsi

dans le cadre de la lutte contre les inégalités de revenu, divers méthodes de mesures ont été

élaborées pour pouvoir apprécier l’ampleur des inégalités au niveau d’une population donnée,

de procéder à des analyses et aussi à des comparaisons. Dans le cas des pays en

développement, les principales sources engendrant les inégalités de revenu sont les

caractéristiques démographique, culturelle et structurelle ainsi qu’une adaptation difficile à la

libéralisation économique. Par la suite, cela est renforcée par l’appauvrissement du monde

rural, par les comportements même des agents économiques comme des méthodes de survie à

la précarité entravant encore plus la résilience des individus vulnérables, le monopole des

ressources, ainsi que les lacunes en matière de stratégies et de politiques de lutte pour la

réduction des inégalités de revenu. Pour le cas spécifique de Madagascar, la faiblesse de la

croissance économique et celui du niveau d’éducation dans le pays constituent aujourd’hui les

facteurs principaux qui créent les inégalités de revenu mais aussi les rendent persistantes pour

pénaliser la population rurale, les femmes et les jeunes en plus de créer un environnement

délabré et à sécurité dégradée dans le pays. Or, l’Etat manque gravement de politiques que ce

soit concernant la protection sociale ou encore la réduction soutenue de l’inégalité dans le

temps.

A cet effet, des mouvements de solidarité se créent au niveau même de la société ; ils peuvent

prendre la forme de simples entraides organisées ou non entre proches, d’œuvres caritatives

62

de la part de la catégorie d’individus aisés ou encore d’actions à la base menées par des ONG.

Toutefois ces formes de solidarité ont leurs limites du fait qu’ils ne peuvent pas résoudre les

problèmes des inégalités à l’échelle globale. De ce fait, l’intervention de l’Etat est fortement

souhaitée pour agir sur le court terme et aussi le long terme. Dans le court terme, la mise en

place d’une politique de protection sociale bien cadrée est de rigueur pour renforcer la

résilience des plus vulnérables et les amener progressivement à devenir économiquement

indépendant. Concernant les hypothétiques politiques de long terme, l’objectif principal est

de promouvoir la croissance économique tout en réduisant les inégalités. Ce n’est pas une

tâche facile à concrétiser vue que les inégalités de revenu s’accentuent parfois suite à une

augmentation de la richesse globale. Toutefois, si à chaque évolution positive de la croissance

économique, l’Etat affecte une part proportionnelle du fruit de la croissance immédiatement,

et sans attendre une accumulation conséquente, dans l’éducation et la promotion de l’emploi

pour tous, augmenter la richesse globale tout en réduisant les écarts profonds de revenu est

tout à fait possible. Cela dépend en premier lieu d’une initiative forte et d’une volonté tenace

des dirigeants ainsi que de la patience de la population.

63

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

Ouvrages

- Pierre SALAMA et Jacques VALIER, « Pauvreté et inégalité dans le Tiers Monde »,

édition LA DECOUVERTE 9bis, rue abel-hovelacque PARIS XIIIème 1994

- Gérard WINTER (coordinateur) avec Jean-Pierre Chauveau, Georges Courade, Jean

Coussy, Marc Le Pape et Marc Levy, « Inégalité et politiques publiques en Afrique :

pluralité et jeux d’acteurs », éditions KARTHALA 22-24, bld Arago 75013 Paris et

IRD 213, rue La Fayette 75010 Paris, 2001.

- Ernest MANDEL, « Traité d’économie marxiste » tome I, Union générale d’éditions 8,

Rue Garancière-PARIS, 1962

- « Crises religieuses sectes et politiques », Adolphe RAMAHEFY-RAMAROLAHY,

Sophie BLANCHY, Malanjaona M.RAKOTOMALALA, Institut national des langues

et civilisations orientales 2, rue de Lille-75343 PARIS- CEDEX 07

- « Antananarivo 2002, visages de l’exclusion », Anne-Marie COQUELIN, Sarah

RAFETISON , Faniry RAKOTOMALALA, Marie BRILLET, Anne BRUNEL, place

Minault, 55 Rue DR RASETA ANTANIMENA-ANTANANARIVO, Mai 2004

- Simon Kuznets, « Croissance économique des nations », Calman-Levy, Paris 1971

- Presse Canadienne, « L'écart entre les riches et les pauvres s'accroît », 1 mai 2008

Articles

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- « La relation salaire-emploi chez les classiques, les néoclassiques et chez Keynes »,

www.ac-grenoble.fr

- « Egalité des chances » www.imf.org

- « Des mesures pour mesurer » www.imf.org

- « L’inégalité des revenus mondiaux »

www.inegalite.fr/spip.php?page=article&id_article=13

- « L’inégalité mondiale » www.unicef.org

- « l’inégalité de revenu et pauvreté » www.ocde.org

- « repenser l’inégalité » Amartya SEN www.alternatives-economiques.fr

64

- « Piketty, un marxisme de sous préfecture », mobile.lepoint.fr

- « Réflexions sur Thomas Piketty et l’inégalité comme destin manifeste »

www.ccr4.org

- « Léon Walras (économiste français du XIX siècle), était f avorable à la

nationalisation des terres, www.agter.org

- « Les inégalités croissantes dans le monde ont un effet désastreux, selon le PNUD »,

www.un.org

- « Marché du travail, capital humain et inégalités » www.ocde.org/fr/social/travail/

- « Réduction de la pauvreté et développement local » www.ocde.org/fr/social/pauvreté

- « Analyse d’inégalité, L’indice de Gini », www.fao.org

- « Mesurer les inégalités de revenu », Matti Langel, Université de Neuchâtel, workshop

sur la mesure des inégalités de revenu, 15 juin 2012, www2.unine.ch

- « Economie des inégalités » eternautes.free.fr

- « Friedrich Hayek et le génie du libéralisme », Robert Nadeau, www.er.uqam.ca

I

Table des annexes

Tableau 1 : Rapport entre différents déciles de consommation par tête.................................................. II

Tableau 2 : répartition de la population par quintile de consommation .................................................. II

Tableau 3 : Indices d’inégalité, selon le milieu, et selon les régions ..................................................... III

Tableau 4 : Précision des ratios de pauvreté de la population, selon le milieu, par région ..................... V

Tableau 5 : Consommation moyenne annuelle par tête, selon la région et le milieu ............................ VII

Tableau 6 : Part de l’alimentation dans la consommation totale, selon le milieu,et la région.............. VIII

Tableau 7 : Age moyen et répartition de la population active par tranche d'âges, selonla région.......... IX

Tableau 8 : Structure des emplois par branche d'activité, selon le milieu de résidence .......................... X

Tableau 9 : Revenus salariaux annuels moyen selon la CSP, et selon la branche d’activités ................ XI

Tableau 10 : Niveau de consommation moyenne, par tête, par groupe socio-économique du chef de

ménage, par milieu ................................................................................................................................ XII

Tableau 11 : effectif de la population malagasy................................................................................... XIII

Tableau 12 : indicateurs de performance en matière de santé .............................................................. XIV

II

Tableau 1 : Rapport entre différents déciles de consommation par tête

Groupes p90/p10 p90/p50 p10/p50 p75/p25 p75/p50 p25/p50

Rapportdeconsommation

5,418 2,463 0,455 2,283 1,536 0,673

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

Tableau 2 : répartition de la population par quintile de consommation

Quintile Consommation par tête comprise entre1er quintile=Les plus pauvres moins de179 000 Ar.2ème quintile. entre 179 000 Ar. et 257 000 Ar3ème quintile entre 257 000 Ar. et 347 000 Ar.4ème quintile. entre 347 000 Ar. et 511 000 Ar5ème quintile=Les plus riches supérieure à 511 000 Ar.Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

III

Tableau 3 : Indices d’inégalité, selon le milieu, et selon les régions

Indices GE (-1) GE (0) GE (1) GE (2) GiniPart depopulation

Part deconsommation

Ensemble0,34305 0,27668 0,34162 0,91978 0,40266 100,0% 100,0%

Urbain0,38656 0,30019 0,33986 0,83064 0,41841 20,3% 30,5%

Rural0,29143 0,23751 0,30079 0,83681 0,37026 79,7% 69,5%

Analamanga0,30867 0,27787 0,35348 0,82949 0,40762 11,6% 18,0%

Vakinankaratra0,23935 0,23850 0,32140 0,69608 0,37683 8,3% 9,1%

Itasy0,15473 0,15220 0,17756 0,27200 0,30611 3,7% 3,5%

Bongolava0,17253 0,17929 0,23231 0,42156 0,32767 2,1% 2,2%

Matsiatra Ambony0,27204 0,25321 0,31533 0,59760 0,38972 6,0% 4,9%

Amoron'i Mania0,16925 0,17151 0,20921 0,33810 0,32411 3,4% 2,9%

VatovavyFitovinany 0,18615 0,17233 0,19661 0,29792 0,32141 6,9% 4,8%

Ihorombe0,19185 0,17824 0,19963 0,29425 0,33043 1,2% 1,0%

Atsimo Atsinanana0,15198 0,14691 0,17168 0,27715 0,29798 4,4% 2,7%

Atsinanana0,30031 0,26357 0,30948 0,57824 0,39753 6,0% 5,1%

Analanjirofo0,27919 0,25729 0,33945 1,08907 0,39141 4,6% 3,9%

Alaotra Mangoro0,26593 0,25539 0,36760 1,30152 0,38575 4,6% 5,6%

Boeny0,29517 0,26010 0,33137 0,82367 0,39029 3,4% 4,3%

Sofia0,18963 0,17900 0,21200 0,34845 0,32794 5,6% 6,1%

Betsiboka0,18992 0,18388 0,23495 0,49462 0,32935 1,9% 1,6%

Melaky0,17045 0,16883 0,20288 0,32711 0,32141 1,4% 1,2%

Atsimo Andrefana0,45957 0,34403 0,46391 3,47352 0,43742 6,6% 5,5%

Androy0,57564 0,30618 0,2971 0,39014 0,41557 4,0% 2,0%

IV

Anosy0,25892 0,23956 0,28297 0,47452 0,38239 3,1% 2,4%

Menabe0,29157 0,24301 0,26116 0,36984 0,38238 3,0% 3,8%

DIANA0,29471 0,24661 0,27307 0,44492 0,38179 2,8% 3,9%

SAVA0,23128 0,22373 0,32304 1,20122 0,36245 5,6% 5,5%

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

V

Tableau 4 : Précision des ratios de pauvreté de la population, selon le milieu, par région

Unités: %, nombre réel pour l'effet de sondage

Intervalle deconfiance à 95%

Milieu ProportionErreur

standardBorne

inférieureBorne

supérieureEffet desondage

UrbainRural

54,282,2

1,87770,8379

50,542080,5338

57,917883,8252

3,59474,7596

Région

Analamanga 54,5 3,5824 47,4508 61,5229 7,4652

Vakinankaratra 75,8 3,0996 69,7511 81,9269 5,4297

Itasy 79,9 3,1563 73,6987 86,0969 2,8284

Bongolava 76,8 3,4493 69,9822 83,5315 1,7279

Matsiatra Ambony 84,7 1,8097 81,1498 88,2584 1,8941

Amoron'i Mania 85,2 2,2049 80,8749 89,5360 1,6279

VatovavyFitovinany

90,0 2,0234 85,9845 93,9326 3,8947

Ihorombe 80,7 4,0008 72,8203 88,5359 1,5009

Atsimo Atsinanana 94,5 1,2440 92,0829 96,9693 1,6470

Atsinanana 82,1 2,7956 76,5867 87,5681 3,9714

Analanjirofo 83,5 3,1485 77,2868 89,6544 4,1254

Alaotra Mangoro 68,2 3,7681 60,8188 75,6203 3,7352

Boeny 62,6 3,5594 55,5619 69,5439 2,2731

Sofia 71,5 3,9389 63,7689 79,2416 5,3138

Betsiboka 82,2 3,7591 74,8171 89,5832 2,2549

Melaky 80,2 3,5570 73,2530 87,2251 1,3502

Atsimo Andrefana 82,1 3,0294 76,1438 88,0439 5,1484

VI

Androy 94,4 2,0993 90,2332 98,4796 4,1479

Anosy 83,5 3,2593 9 77,1165 89,9195 2,943Menabe 64,2 5,5226 53,3256 75,0191 5,0019

DIANA 54,4 4,3063 45,9371 62,8527 2,5815

SAVA 74,9 3,1357 68,7638 81,0813 3,6401

Ensemble 76,5 0,7813 74,9678 78,0368 4,2305

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

VII

Tableau 5 : Consommation moyenne annuelle par tête, selon la région et le milieu

Unité : Millier d’Ar.Région Urbain Rural Ensemble

Analamanga686,1 587,0 627,8

Vakinankaratra583,7 406,9 443,2

Itasy469,4 373,3 382,6

Bongolava599,7 390,4 418,4

Matsiatra Ambony640,0 258,4 327,2

Amoron'i Mania545,6 321,5 346,5

Vatovavy Fitovinany426,9 256,4 278,5

Ihorombe402,2 335,0 347,4

Atsimo Atsinanana481,3 222,2 244,8

Atsinanana525,6 288,2 343,3

Analanjirofo596,3 276,7 337,4

Alaotra Mangoro697,9 458,0 496,6

Boeny730,0 430,8 519,9

Sofia646,0 414,8 440,1

Betsiboka465,5 333,9 351,6

Melaky535,4 323,7 370,5

Atsimo Andrefana501,1 282,3 336,1

Androy180,9 201,6 198,0

Anosy592,9 282,5 321,6

Menabe785,3 417,5 508,6

DIANA777,6 419,0 560,7

SAVA700,2 365,7 397,5

Ensemble606,1 352,0 403,6

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

VIII

Tableau 6 : Part de l’alimentation dans la consommation totale, selon le milieu,et la

région

Unité : %Région Urbain Rural Ensemble

Analamanga48,8 54,7 52,1

Vakinankaratra54,0 70,2 65,8

Itasy44,5 73,6 70,1

Bongolava56,0 72,1 69,0

Matsiatra Ambony46,1 75,3 65,0

Amoron'i Mania47,9 74,8 70,1

Vatovavy Fitovinany55,9 79,8 75,0

Ihorombe55,4 73,9 69,9

Atsimo Atsinanana57,3 77,8 74,3

Atsinanana53,7 78,2 69,5

Analanjirofo37,4 77,3 63,9

Alaotra Mangoro49,8 74,4 68,9

Boeny54,1 76,5 67,1

Sofia52,2 71,5 68,4

Betsiboka59,7 76,8 73,8

Melaky61,8 77,5 72,5

Atsimo Andrefana64,4 71,1 68,7

Androy59,6 75,3 72,8

Anosy48,5 76,9 70,3

Menabe54,7 74,5 67,0

DIANA49,1 73,2 60,0

SAVA53,1 73,0 69,6

Ensemble51,6 71,6 65,5

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

IX

Tableau 7 : Age moyen et répartition de la population active par tranche d'âges, selonla

région

Unité: %

Proportion selon la tranched’âge (%)

RégionAge

moyen(ans)

5-9 10-14 15-24 25-6465 etplus

Total

Analamanga33,2 2,4 6,4 24,6 63,7 2,9 100,0

Vakinankaratra31,4 3,6 11,4 26,1 55,9 3,1 100,0

Itasy31,7 2,0 8,3 28,0 59,5 2,2 100,0

Bongolava31,2 5,0 8,2 27,3 56,0 3,5 100,0

MatsiatraAmbony 33,4 1,0 5,5 27,9 62,7 3,0 100,0

Amoron'i Mania33,7 0,6 4,4 28,2 64,3 2,4 100,0

VatovavyFitovinany 33,4 0,7 6,6 29,5 60,8 2,4 100,0

Ihorombe31,5 0,5 3,7 23,8 70,4 1,6 100,0

AtsimoAtsinanana 31,3 1,1 8,4 31,3 56,6 2,6 100,0

Atsinanana34,4 0,9 4,5 26,6 65,0 3,1 100,0

Analanjirofo33,2 0,5 3,0 28,0 65,2 3,3 100,0

Alaotra Mangoro33,3 1,3 3,6 27,8 65,1 2,2 100,0

Boeny29,6 7,8 11,3 27,3 50,0 3,6 100,0

Sofia31,7 3,3 7,3 29,8 55,3 4,3 100,0

Betsiboka30,8 2,5 7,2 31,2 57,4 1,7 100,0

Melaky30,6 3,7 9,1 28,4 56,2 2,6 100,0

Atsimo Andrefana30,3 5,2 8,6 25,6 58,1 2,5 100,0

Androy28,1 6,7 14,3 31,3 44,6 3,1 100,0

Anosy28,5 9,7 9,9 29,2 47,7 3,6 100,0

X

Menabe29,8 4,6 6,4 29,6 58,0 1,4 100,0

DIANA34,9 1,0 2,7 21,8 70,6 3,9 100,0

SAVA34,7 2,1 3,6 24,7 65,0 4,6 100,0

Ensemble32,1 2,9 7,2 27,4 59,6 3,0 100,0

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

Tableau 8 : Structure des emplois par branche d'activité, selon le milieu de résidence

Unité:%

Branche d’activitéUrbain Rural Ensemble

Agriculture/primaire54,7 86,5 80,5

Industrie alimentaire0,8 0,2 0,3

Textile2,9 0,7 1,1

BTP/HIMO2,8 0,8 1,2

Autres industries3,2 1,7 2,0

Commerce17,7 4,3 6,9

Transport2,7 0,6 1,0

Santé privée0,5 0,1 0,2

Enseignement privé1,0 0,3 0,5

Administrationspubliques 5,6 1,7 2,4

Autres servicesprivés 8,2 3,2 4,1

Total100,0 100,0 100,0

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

XI

Tableau 9 : Revenus salariaux annuels moyen selon la CSP, et selon la branche

d’activités

Unité: en millier d'Ar.

Branche d’activité Cadre supérieurou moyen

Ouvrier ousalarié qualifié

Ouvrier nonqualifié Ensemble

Agriculture/primaire1 363 1 233 514 674

Industriealimentaire 1 983 1 982 1 273 1 676

Textile1 391 1 208 887 1 069

BTP/HIMO3 515 1 828 839 1 314

Autres industries2 583 1 934 698 1 205

Commerce3 089 1 680 785 1 284

Transport5 176 1 834 863 1 427

Santé privée3 339 1 177 616 1 269

Enseignement privé2 067 1 420 449 1 497

Administrationspubliques 3 023 2 093 739 2 360

Autres servicesprivés 3 380 1 871 463 836

Ensemble2 870 1 789 630 1 388

Source: INSTAT/DSM/EPM 2010

XII

Tableau 10 : Niveau de consommation moyenne, par tête, par groupe socio-économique

du chef de ménage, par milieu

Unité : millier d’Ar.Groupe Socio-économique Urbain Rural Ensemble

Cadre supérieur1 434 1 107 1 227

Cadre moyen ouagent demaîtrise

1 097 743 912

Ouvrier ousalarié qualifié

813585 698

Ouvrier ousalarié non

qualifié633 377 486

Manoeuvre490 339 386

Stagiairerémunéré 549 328 396

Indépendant742 438 549

Chômeur781 359 561

Inactif801 536 652

Petit exploitantagricole 367 294 303

Moyenexploitantagricole

414 338 347

Grandexploitantagricole

527 534 533

Pêcheur445 281 312

Autres425 247 301

Ensemble606 352 404

Source: INSTAT/DSM/EPM2010.

XIII

Tableau 11 : effectif de la population malagasy

Région District 2008 2009 2010 2011 2012 2013

ALAOTRA MANGORO 974390,849 921722,4643 947162,036 973216,027 999894,404 1027110,32

AMORON'I MANIA 770679,787 641660,6638 659370,52 677508,107 696080,362 715026,824

ANALAMANGA 2704250,08 3005187,511 3088130,79 3173077,32 3260059,61 3348794,47

ANALANJIROFO 955576,897 928920,8429 954559,09 980816,555 1007703,28 1035131,74

ANDROY 527206,95 658627,3356 676805,473 695422,65 714485,99 733933,431

ANOSY 602208,632 602873,5562 619512,887 636554,093 654003,693 671804,879

ATSIMO ANDREFANA 1127183,99 1181648,437 1214261,97 1247663,2 1281864,88 1316755,69ATSIMOATSINANANA 690918,506 806489,5109 828748,649 851545,392 874888,462 898701,863

ATSINANANA 1239782,9 1140300,763 1171773,1 1204005,57 1237010,48 1270680,41

BETSIBOKA 261914,241 263404,5655 270674,541 278120,101 285744,095 293521,702

BOENY 601889,928 717623,1899 737429,615 757714,406 778485,325 799674,75

BONGOLAVA 361435,947 410439,3946 421767,536 433369,276 445249,053 457368,191

DIANA 537196,626 628194,0867 645532,265 663289,197 681471,675 700020,507

HAUTE MATSIATRA 1255260,96 1076139,838 1105841,34 1136260,18 1167408,03 1199183,45

IHOROMBE 210550,195 280262,7942 287998,057 295920,143 304032,082 312307,466

ITASY 711522,49 657641,0642 675791,981 694381,279 713416,072 732834,391

MELAKY 194471,024 259880,1645 267052,866 274398,803 281920,787 289594,328

MENABE 432548,787 531358,1323 546023,635 561043,34 576422,995 592112,528

SAVA 890533,879 880170,0575 904462,782 929342,225 954817,908 980806,892

SOFIA 1042271,67 1119083,308 1149970,05 1181602,76 1213993,56 1247036,99

VAKINANKARATRA 1759320,67 1618276,841 1662941,34 1708684,58 1755524,05 1803307,29VATOVAVYFITOVINANY 5030668,52 5066409,568 5206242,65 5349452,99 5496095,38 5645692,42

ENSEMBLE 22883791,5 23398323,09 24042053,2 24705399,2 25382584,2 26071400,5

Source : www.instat.mg

XIV

Tableau 12 : indicateurs de performance en matière de santé

TATABLEA2012Réalisations2012

INDICATEURSREALISATIONS

2011OBJECTIFS 2012

REALISATIONS2012

Taux de consultationexterne des CSB 32,8% 40% 28,2%

Taux deConsultation

Prénatale62,5% 80% 57,8%

Tauxd’accouchement auniveau CSB et CHD

36,6% 35% 20,1%

Taux de césarienne1,41% 3% 0,84%

Taux de couvertureen DTCHépBHib3

(Enfants <1an)87% 90% 86,59%

Taux de couvertureen Vaccin anti-

rougeoleux84% >80% 85,02%

Taux d’insuffisancepondérale des

enfants <5ans vus enconsultation

externe des CSB

11,8%10% 6,2%

Taux de couverturecontraceptive 27,1% 26% 26,56%

Taux de disponibilitédes médicamentstraceurs au niveau

CSB95,1% >95% 97%

Taux de satisfactiondes ordonnances

prescrites70,1% >80% 67%

Taux d’occupationmoyenne des lits 43,5% >40% 41,1%

Proportion deFemmes enceintesVIH+ vues en CPN

0,03% <1% 0,03%

XV

Taux de mortalité dupaludisme en milieu

hospitalier5,8% 5% 6,53%

Taux de guérison dela tuberculose

bacillifère82,4% 83% 83,12%

Taux de létalité parla peste 18 % 11% 16,28%

Source : Rapport mensuel des activités 2012 des CSB et Rapport annuel 2012 des

programmes

Nom : RAJAONARISON

Prénoms : Aina Tojonirina

Nombre de pages : 63

Tableaux : 7

Figures : 4

Résumé

L’inégalité de revenu est un problème des temps modernes qui touche à la fois les domaines

social et économique. Son origine est complexe car il peut naître tant bien de la pauvreté que

de la croissance économique. En tout cas, son impact négatif est sans appel sur les conditions

de vie de la population ; on entend principalement par là l’extrêmisassions de la pauvreté pour

une grande partie de la population et l’installation d’un environnement tendu au niveau de la

société. A tout moment, de tels malaises sociaux risquent d’engendrer des crises qui

fragilisent la stabilité macro-économique du pays concerné. Par conséquent, l’inégalité de

revenu constitue un blocage majeur au processus de développement et il relève du devoir

politique mais aussi morale de la réduire absolument. « L’indigence et l’inégalité criante sont

des fléaux si épouvantables de notre époque…qu’elles ont leur place aux côté de l’esclavage

et de l’apartheid. » (Nelson Mandela)

Mots-clés : inégalités, revenu, équité, injustice, justice, pauvreté.

Encadreur : Pr RAZAFINDRAVONONA Jean

Adresse de l’auteur : [email protected]