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L’éco n°78 / du 16 au 30 novembre 2013 Dossier DOSSIER 33 Bimensuel de l’économie et de la finance La page bLanche Industrie du livre en Algérie L e marché du livre en Algérie demeure très étroit. Avec seulement 300 publications par an, le marché souffre et le lectorat s’amenuise. Les librairies sont converties en magasins et les bibliothèques se font tellement pauvres et ce n’est pas faute d’essayer de bien faire. La politique nationale du livre stagne encore au seuil du vœu pieux et les professionnels gron- dent tellement le préjudice est grand quant à l’état régressif de la culture de lire. Les belles lettres perdent de leur éclat devant l’invasion du livre étranger de qualité douteuse et dont le prix donne souvent le tour- nis. Le livre devient accessoire et le dictionnaire un luxe que l’on se permet que si on est contraint de l’ac- quérir. L’Eco s’est fait l’invité de cet espace de la culture universelle pour revenir avec le constat que tout reste à faire dans un domaine ou la connaissance et le savoir sont loin d’être gagnés d’office. Mais, que rien, n’est perdu d’office non plus : les éditeurs nationaux ne manquent ni de compétences ni de volontarisme pour développer l’industrie du livre, comme, ils ne manquent pas d’idées non plus pour peu, qu’ils soient consultés en tant que partenaires- connaisseurs du domaine. La balle est le camp des pouvoirs publics sommés de trouver les solutions pour démocratiser le livre et promouvoir l’industrie du livre en accordant à l’entreprise d’édition un meilleur intérêt devant lui permet- tre de coucher sur cette feuille encore blanche qu’est le marché du livre, le génie algérien n L’Eco

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33Bimensuel de l’économie et de la finance

La page bLanche

Industrie du livre en Algérie

Le marché du livre en Algérie demeure très étroit. Avec seulement 300 publications par an,

le marché souffre et le lectorat s’amenuise. Les librairies sont converties en magasins et les

bibliothèques se font tellement pauvres et ce n’est pas faute d’essayer de bien faire. La

politique nationale du livre stagne encore au seuil du vœu pieux et les professionnels gron-

dent tellement le préjudice est grand quant à l’état régressif de la culture de lire. Les belles lettres perdent

de leur éclat devant l’invasion du livre étranger de qualité douteuse et dont le prix donne souvent le tour-

nis. Le livre devient accessoire et le dictionnaire un luxe que l’on se permet que si on est contraint de l’ac-

quérir.

L’Eco s’est fait l’invité de cet espace de la culture universelle pour revenir avec le constat que tout reste

à faire dans un domaine ou la connaissance et le savoir sont loin d’être gagnés d’office. Mais, que rien,

n’est perdu d’office non plus : les éditeurs nationaux ne manquent ni de compétences ni de volontarisme

pour développer l’industrie du livre, comme, ils ne manquent pas d’idées non plus pour peu, qu’ils soient

consultés en tant que partenaires- connaisseurs du domaine.

La balle est le camp des pouvoirs publics sommés de trouver les solutions pour démocratiser le livre et

promouvoir l’industrie du livre en accordant à l’entreprise d’édition un meilleur intérêt devant lui permet-

tre de coucher sur cette feuille encore blanche qu’est le marché du livre, le génie algérien n

L’Eco

L’éditeur, le distributeur et le libraire bénéficient de 90% du prix

Seulement 10% pour l’auteur

La responsable de la maisond’édition El kalima, NaîmaBeldjoudi énumère une série de

facteurs à prendre en compte dans leprocessus de fabrication du livre.Selon cette éditrice, « chaque étape defabrication a un coût.  » mais ce coût,explique-t-elle, diffère d’une œuvre àune autre. Parmi, les étapes impor-tantes, on citera la saisie sur ordinateurdu texte et la correction de l’ouvrage,la mis en page, la création de la cou-verture et la maquette. Une fois cettephase terminé, Il y’a ensuite la phasede l’impression. Le coût de l’impres-sion également n’est une partie fixedes dépenses. Le cout de l’impression,selon Naima Beldjoudi, dépend de plu-sieurs facteurs. Selon MohamedMadani, imprimeurs et éditeur, la fac-ture de l’impression est déterminée parles choix de l’éditeur. Il y’a notam-ment la qualité du papier et ses carac-téristiques. Il y’a plusieurs genres depapier qu’utilisent les imprimeurs.Chaque genre a son prix. Donc, l’im-

pression du livre est une grosse incon-nue mais coûteuse pour l’éditeur quiprend en charge tous les frais cumulésde deux phases. La conception de

l’œuvre et l’impression. « Le prix dupapier ne cesse de progresser sur lemarché national et international. Ondonne difficilement du crédit aux édi-teurs. L’impression devient de plus enplus cher  », assure Mohamed Madaniqui précisera, toutefois, que lorsqu’uncrédit est octroyé, il se fait sur unepériode raisonnable. C'est-à-dire 2 à 3mois. « Il faut avoir des réserves finan-cières très importantes pour accorderdes crédits aux éditeurs », regrette-t-il.D’autres frais viennent corser la factu-re déjà bien élevée. Il s’agit du trans-port et du stockage. Selon le représen-tant de la maison d’édition Dar ElHikma, le prix de revient du livre est lasommes de tous les frais engagésdepuis la premier lecture du projet delivre, jusqu'à son édition », souligne lereprésentant de cette maison d’édition.« Après avoir calculé le coût de fabri-cation du livre, l’éditeur avec l’auteurfixent ensuite le prix de vente dulivre  », révèle ce même responsable.Du prix de vente, l’éditeur empoche40%. Après avoir déduit tous les frais,il gagne à peu près 10%, selon NaîmaBeldjoudi de la maison d’édition Elkalima. La part de l’auteur est de 10%également. Mais payable après lavente. C'est-à-dire, l’auteur d’unouvrage perçoit son argent après lavente de son livre. Mais, le plus grosbénéficière de la vente d’ouvrages estle libraire. Puisqu’il gagne environ30% du prix affiché sur les étales.Lorsque, il réalise une vente, il déduitses 30% et remet la différence au dis-tributeur. Ce dernier gagne, pour sapart, 20% du montant de la vente. Ensommes, dans le prix du livre, l’éditeurgagne 40% avec tous les frais inclus,le distributeur empoche 20%, le librai-re 30%, et enfin, l’auteur perçoit seu-lement 10%. Après le calcul de réparti-tion des parts, on comprend mieuxmaintenant lorsqu’on dit, en Algérie,que le livre ne nourrit pas son auteur n

M. C.

Par Mahmoud Chaal Le coût du livre est unevariable à plusieursinconnues. Avec deséditeurs, Nous avons

tenté, approximation, lecout de revient du livredepuis sa conception

jusqu'à son impressionmais, ce n’est guère une

chose aisée. Plusieursfacteurs interviennent dansla détermination du coût

du livre.

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Le libraire gagne environ 30% du prix affiché sur les étales

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Brahim Djelmami-Hani, Directeur Général des Editions Alpha

L’achat des droits d’expLoitation

et La coédition : La soLution idoine

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Créées en janvier 2006, les EditionsAlpha, filiale de Alpha Design, comptentaujourd’hui plusieurs grosses pointures de lalittérature algérienne, elle est actuellementl’une des plus importantes maisonsd’éditions en Algérie de par sonprofessionnalisme aussi bien en termes de

qualité des ouvrages qu’en termes du nombrede livres édités. Brahim Djelmami-Hani,DG de la boite, revient dans cet entretiensur le pourquoi des contre-performances del’industrie du livre en Algérie mais, faitaussi des propositions à même de permettreà cette industrie de prendre son envol.

Brahim Djelmami-Hani

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L’Eco : Pouvez-vous nous donner unaperçu des problèmes auxquels estconfrontée actuellement l’industrie dulivre en Algérie ?Brahim Djelmami-Hani : Pour éditer un

livre, les maisons d’édition disposent de plu-sieurs possibilités. Cela se fait à partir d’uncontrat signé directement avec l’auteur, à par-tir d’une acquisition des droits des livres ou,par une coédition. Nous nous intéressons deplus près aux deux dernières possibilités qui,à mon sens se heurtent à de sérieuses entravesbien qu’elles soient la solution idoine pour laredynamisation du secteur.

Je m’explique  : l’achat des droits deslivres permet à une maison de rééditer leslivres déjà édités par une autre maison d’édi-tion. Le concept est très important, lorsqu’ils’agit d’un livre paru à l’étranger. Ces achatsse font généralement durant la foire du Livrede Francfort qui reste jusqu’à présent la pre-mière place internationale d'échanges dedroits d'exploitation des livres. Tout se fait àla négocie. Nous pouvons acheter autant quenous voulons de droits afin de les rééditerlocalement. Mais malheureusement, cettealternative bute sur un obstacle majeur qui estd’ordre bancaire. La Banque d’Algérie clas-se l’achat de droits d'exploitation des livresdans la catégorie services. Donc, noussommes soumis à toute la législation qui régitl’importation des services. Nous devons, nonseulement payer 3% du montant pour procé-der au transfert de l'argent, mais aussi faire aupréalable une demande à la banque et attendreson accord favorable. Souvent, cela prend dutemps allant jusqu’à trois mois voir plus, orl'usage veut qu’une fois le contrat signé avecun éditeur étranger en ce qui concerne l’achatde droit, nous sommes contraints de respecterles clauses contractuelles, notamment lesdélais de paiement. Nous souhaitons, à cetégard, des souplesses pour les maisons d’édi-tion, car le procédé va permettre à notre paysde relancer son industrie du livre tout en frei-nant les importations dans le domaine. Mais sices obstacles persistent, il serait mieux des’orienter vers l’importation.

Pour ce qui est de la coédition, la situationest encore moins réjouissante. Les restrictionssur le transfert d’argent vers l’étranger restentle goulet d'étranglement de la coopérationentre éditeurs locaux et étrangers. Je m’ex-plique, lorsqu’un ouvrage est édité en coédi-tion, les deux éditeurs partagent donc lesbénéfices.

A la fin de l’année, l’éditeur algérien doitenvoyer la part des bénéfices à l’éditeur étran-ger. Mais, comme les bénéfices sontvariables, le montant à transférer est fixé sui-vant le nombre d’exemplaires vendus, or les

banques n’acceptent que les contrats dont lemontant est ferme et non révisable. Le rapa-triement des montants financiers relatif auxbénéfices réalisés dans le cadre de la coédi-tion est assimilé à un autre concept dont lecadre juridique n’est pas encore mis en place.Il s’agit de la franchise qui est elle-même assi-milée à l’importation. Toutes ces entravesfont que le bénéfice de l’éditeur étranger restebloqué. Donc, cette alternative est pour lemoment exclue en Algérie. Elle pénalise l’in-dustrie du livre de manière générale et le lec-teur algérien en particulier, pourtant nouspouvons, à travers la coédition, baisser demanière considérable le coût du livre et fairetravailler toute la chaine graphique nationale.C’est dommage.

Qu'en est-il du matériel d’impression etdes intrants nécessaires dans lafabrication des livres ? Du côté de l’imprimerie, l’obstacle princi-

pal réside dans l’interdiction qui frappe l’im-portation du matériel d’occasion. Lesmachines d’imprimerie ont une longue duréede vie, mais la loi nous oblige à acheter quedu neuf, ce qui n’est pas toujours pas dans lacapacité des entreprises d’éditions de par lecoût de ces machines neuves et même si, nousdisposons de la manne financière nécessairepour l’acquisition d’un tel matériel, celui-cine sera jamais rentable et les coûts de revientseront foncièrement très lourds à supporter.

Car, il ne faut pas oublier qu’en Algérie, lemeilleur tirage n’excède pas les 5 000 exem-plaires. Nous avons, donc, juste besoins d’unemachine qui roule et non pas, d’un matériel dehaut de gamme qui coûte extrêmement cher etqui rendrait en fin de compte le prix du livreencore plus inabordable.

Je lance d’ailleurs un appel aux pouvoirspublics de desserrer l’étau sur l’importationdes machines d’imprimerie. Il y a, certes, desbrebis galeuses, mais, il ne faut pas pourautant pénaliser les gens sérieux qui veulentvraiment travailler et faire travailler d’autres.

Pour ce qui est de la partie intrants, je doispréciser que les pouvoirs publics ont pris,durant un peu plus d’une décennie, une pano-plie de mesures qui visent à soutenir les mai-sons d’éditions en termes d’intrants compo-sant le livre. Ainsi, il a été décidé d’exonérerde la TVA le papier d’édition. Cette décisionfiscale a entrainé une baisse de 7 à 8% du coûtde fabrication des ouvrages. C’est un coup depouce très intéressant pour l’édition quis’ajoute à l’exonération des droits d’auteursde l’IRG. Ces décisions audacieuses ontconsidérablement contribué à diminuer lecoût de la fabrication. Je dirai, donc, à l’ex-ception de la partie mécanique, il n’y a aucunsouci en termes d’intrants.

Le livre fabriqué localement supporte destaxes dont le livre importé est exonéré,quel est votre avis?

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Réalisé par Hamid Mohandi Brahim Djelmami-Hani

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Il est vrai qu’un livre importé bénéficied’un taux de TVA de 7%, tandis que lesintrants sont taxés à 17%, mais à mon sens,cette imposition n’influe pas de manièreconsidérable sur le coût du livre, com-parativement aux coûtsq u ’ e n t r a i n el’achat desdroits. S’il y aeu une aidefinancière entermes d’achatde droits, le coûtdu livre sera fon-cièrement réduit.Un livre importé,avec toutes les taxesdouanières et fiscalesprélevés coûterait 2000 dinars mais si, unemaison d’édition rachèteles droits de ce mêmelivre, son prix ne pourraexcéder 1500 dinars. Alpha en a déjà fait l’ex-périence.

Certains éditeurs justifient la faiblesse del’industrie algérienne du livre par ladéficience des réseaux de diffusion. Quelest votre commentaire ? Effectivement, la diffusion en Algérie est

un véritable boulet pour le développement del’industrie du livre en Algérie. C’est son talond’Achille. Nous avons essayé de nous fairediffuser par des confrères, mais nous étionsconfrontés à l’absence de la remontée de l’in-formation. Nous publions

un livre, nous lui faisons la promotion, nouslui assurons la vente dédicace et le passagedans les médias, mais en fin de compte le

livre est mal diffusé. C’est unénorme problème. Nousavons alors, décidé d’investirdans ce créneau pour distri-buer nous-mêmes nosouvrages. Mais il faut l’ad-

mettre que la diffusionest une industrie enelle-même. Ellerequiert d’énormesmoyens financiers etmatériels que l’édi-teur ne devrait pas às’en occuper.L’activité nousétait extrêmement

compliquée. Nousavons travaillé à perte. Les

charges étaient énormes. Car nous n’avonspas pu aller au-delà de la diffusion de notrecatalogue, ce qui a rendu notre investissementinfructueux.

L’autre problème que nous avons malheu-reusement constaté de part notre expérienceréside dans la concentration du lectorat uni-quement dans certaines régions. A Alpha,nous nous sommes fixés le défi d’aller partouten Algérie afin de respecter notre engagementde diffuser le savoir et la culture à travers leterritoire national  : mission possible. Lesendroits où le livre fait recette en ce momentsont très rares. Le lectorat est en nette régres-s i o n .

Nous trouvons d’énormes difficultés à écou-ler les livres et comme vous le savez, sans lelectorat, les maisons d’éditions disparaitront.En résumé, l’industrie du livre peine à décol-ler en raison de la déficience de la diffusionqui est, à son tour, confrontée à la rareté deslecteurs. Nous sommes, bel et bien, dans uncercle vicieux.

Que préconisez-vous pour rendre le livreplus accessible aux algériens ? Afin que le livre ait la place qui lui revient

dans notre pays, la politique nationale du livreactuelle devrait être poursuivie et renforcée.Le soutien accordé jusque-là par les pouvoirsconstitue une bouffée d’oxygène pour l’édi-tion. Ces moyens budgétaires octroyés auxéditeurs devront matérialiser cette volontépolitique de relancer le secteur. Les éditeursdoivent profiter de cette manne financièrepour investir et aller encore plus loin pouratteindre l’exportation, du moment où il y aune forte demande sur les ouvrages d’écri-vains algériens à l’étranger.

Aujourd’hui, grâce à l’aide à l’édition quis’effectue sous forme d’achat d’exemplairesau prix public, nous assistons à une multipli-cation du nombre de maisons d’édition. Cenombre exponentiel d’éditeurs devrait s’orga-niser derrière un seul syndicat qui pourraitêtre le vis-à-vis des pouvoirs publics dans laréflexion sur le développement de l’industriedu livre.

Parmi les propositions, devant permettrela réduction du prix du livre, je situerais entête de liste les facilitations de l’accès àl’achat des droits d’exploitation et le dévelop-pement de la coédition. Le livre coûtera unquart moins chère que le livre importé. Cettesolution permettra ainsi, non seulement deréduire le prix de vente, mais aussi réduire lesimportations et créer en conséquence de nou-veaux postes d’emploi.

A cet effet, je lance un appel aux pouvoirspublics de doter les maisons d’édition d’unstatut privilégié afin qu’elles ne soient paspénalisées par les restrictions exercées sur letransfert des devises à l’étranger et de ne pasconsidérer l’achat des droits des livres commeétant un service imposant aux éditeurs destaxes et impôts, à l’instar d’une entreprisepurement économique. Nous demandons untraitement spécifique à travers l’ouvertured’un guichet spécial au niveau des banquespour les facilitations administratives. Nousespérons que la nouvelle loi sur le livre inclu-ra des mesures qui aillent dans ce sens. Il esttemps aussi d’ouvrir le marché du livre sco-laire et lever le monopole pour permettre uneconcurrence saine. Seule la compétition entreindustriels permette de redynamiser le sec-teur et gagner en performance aussi bien entermes de quantité qu’en qualité n H. M.

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La diffusion en

Algérie est le talon

d’Achille de

l’industrie du livre.

En Algérie, le meilleur tirage n’excède pas les 5 000

exemplaires.

Coût fiscal du livre

Les éditeurs appeLLent à La suppression

de La taxe sur Les intrants

Les droits et les taxes exigibles surl’activité d’une maison d’éditionsont les même que celles appliquées

sur les autres activités réglementées, enAlgérie. Convaincus que le livre est unmoyen d’éducation et un pont culturelimportant, rapprochant les différentes civili-sations du monde entier, les éditeurs de livresalgériens, ne conçoivent pas l’utilité des dif-férentes charges fiscales que leur imposel’Etat. Un avis partagé par la plupart des édi-teurs rencontrés durant le Salon Internationaldu Livre d’Alger. D’après eux, les droits etles taxes sont davantage enclins à les faireréagir à chaque occasion qui leur permetd’exprimer et d’exposer leur opinion sur lafiscalité qui handicape leur activité. C’est

l’une des raisons pour laquelle les éditeurs sesont concertés pour trouver les solutionsconcrètes concernant leur demande de larévision du coût fiscal relatif à l’industrie dulivre. C’est dans cette optique que le prési-dent du syndicat national des éditeurs etmembre du bureau de l’union des éditeursarabes et directeur des éditions Dar El HikmaM. Madi, a expliqué la nécessité d’encoura-ger les éditeurs à investir davantage dans lelivre national afin de limiter les importations.Il a, toutefois, reconnu les efforts quel’Algérie a engagé pour soutenir l’industriedu livre, notamment, depuis 2003, à ce jour.«  La fabrication d’un livre passe par plu-sieurs étapes, allant de l’achat des intrantsjusqu’à sa conception finale. Si nous voulonsencourager le livre national, il faut revoir cer-tains paramètres. Il faut supprimer la taxe sur

les intrants car elle n’existe nulle parailleurs ». Il prend l’exemple, sur nos voisinsles tunisiens, les marocains et les autres paysou cette taxe n’existe pas. Selon lui, Il fautmettre à la disposition des éditeurs de livresles moyens nécessaires et établir «  une loiqui protégera le monde de l’édition».Déplorant, par ailleurs, le fait que l’Algérieest l’unique pays au monde qui impose unetaxe de 33% sur la matière première du livre,jugée prohibitive par tous les éditeurs delivres. L’éditeur s’estime lésé par ces dispo-sitions, par exemple  : si un livre coûte 200Dinars avec le prélèvement des droits dedouane et de la TVA, il sera revendu à 170dinars. Sans oublier la marge à payer pour lesdiffuseurs et libraires. Dans ce cas de figure,« je parle d’un produit réalisé en Algérie carle coût fiscal du livre importé bénéficied’une exonération à 7%. Ce qui n’est paslogique» explique M. Madi. Pour sa part, legérant de la maison d’édition Zyriab, M.Nourredine Bekouche, il considère que l’en-treprise sombre dans l’incapacité face àl’ignorance du coût fiscal qui est assez lourd.« Alors que les autres pays bénéficient deplusieurs avantages, nous payons toutes lesdifférentes taxes à savoir, le droit d’enregis-trement à 5% calculé sur le prix déclaré chezle notaire, les 25% sur le bénéfice annuel del’entreprise, sans oublier la taxe sur la valeurajoutée à 17%.

Sachant que les bénéfices réalisés sontsoumis à l’impôt sur le revenu global confor-mément au barème prévu par l’article 104 ducode des impôts directs et taxes assimilées,Bekouche. « Il faut réagir à tout cela» n

S. B.

Par Samira Bourbia

Le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie et les pays du Golf, offrent moult avantages fiscaux à leurséditeurs afin de leur faciliter la fabrication et la commercialisation du livre. Contrairement à

l’éditeur algérien qui se heurte à plusieurs obstacles d’ordre fiscal. Selon les professionnels du livre,l’Etat doit engager plus d’actions pour libérer l’éditeur de cette complexité fiscale handicapante.Ainsi, il faut prioriser cette industrie et lui accorder plus d’intérêt ; à commencer par la révisiondu droit fiscal et l’abrogation de la taxe des 33% imposée sur les intrants, jugé « prohibitif ».

L’Algérie est l’unique pays au monde qui imposeune taxe de 33% sur la matière première du livre

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Pratiques illégales dans le monde de l’édition et de la distribution

Les professionneLs dénoncent

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«Un appel d’offre a été lancé parune institution pour l’acquisi-tion d’une quantité importante

de livre. Alors les maisons d’éditions, bienévidement, intéressées par ce marché ontformulé des offres. Cet égyptien a fait uneoffre comme tout le monde. Mais, il a réussià prendre le marché. Comment ? Dans sonoffre, il a mis un délais de livraison 48heures», nous confie Mustafa Guerfi qui sepose plusieurs questions et émet une série desuppositions quant à la célérité avec laquellece type de transaction devra être traité.D’une part, il est «impossible de livrer autantde livre en 48 heures.  Tous les profession-nels sont d’accord sur ce point. Le délai rai-sonnable pour satisfaire cette demande estde « 3 mois au minimum.» Si cette marchan-dise a été livrée en 48 heures, cela supposeque le listing des ouvrages est déjà en stockemballé et prêts à la livraison. « Pour réaliser

Les professionnels s’insurgent contredes pratiques de revendeurs étrangers

cette prouesse, ce commerçant, au comporte-ment douteux, a au préalable entre les mainsla liste des livres consignés dans l’appeld’offre. Puis il a procédé à leurs importa-tion », explique le responsable de la Maisond’édition Chihab. Mais comment, cet étran-ger, «  qui n’a aucune relation avec le livre etle monde de l’édition, a fait son beurre ici enAlgérie ? «Il a lancé son busness en impor-tant des livres d’Egypte. Des livres qu’ilpayait à 1 dollars et qu’il revendait entre à 1500 à 2 000 DA, en Algérie. Il y’a de celaune dizaine d’années», nous fait savoir unéditeur de l’est du pays, représentant de deuxmaisons françaises connues et spécialiséesnotamment dans le livre universitaire etscientifique. « Je me demande comment ilfait pour prendre tous les marchés. Il trans-gresse toutes les lois du commerce. « Je nesuis pas contre le fait qu’un étranger ait puréussir dans ses affaires ici en Algérie. Maisje suis révolté par sa méthode de travailler »,

s’indigne cet éditeur qui veut protéger contrela faillite les entreprises d’édition algé-riennes menacées par les agissement de cetimportateur qui ne cesse de clamer haut etfort qu’il est «le représentant officiel etexclusif des éditions Hachette», pourimpressionner les éditeurs algériens et lesinstitutions publiques. «Ce revendeur delivres n’a aucune exclusivité des produitsHachette. Il utilise ce subterfuge pour sedonner une notoriété. Tous les éditeurs algé-riens, libraires et maison d’édition peuventaller acheter chez Hachette. Cet éditeur fran-çais, ne donne à personne à travers le monded’exclusivité», précise le fondateur de laMaison d’édition Omega qui est l’un desgros et premiers partenaires algériens de laMaison Hachette. « Moi, j’ai aucune relationavec cet importateur. J’espère ne pas leretrouver sur mon chemin», prévient le par-ton d’Omega qui est aussi distributeurexclusif du dictionnaire Larousse n M. C.

Le Salon International duLivre est aussi cette autreopportunité pour laconcertation et l’échanged’information entre éditeurs.Cette année, le problème de laconcurrence illégale a occupéles esprits des professionnelsqui s’insurgent contre despratiques de revendeursétrangers ayant investit lemarché du livre occasionnantun préjudice tant économiqueque moral. Le mis en cause,un opérateur égyptienreprésentant de la MaisonInternational du Livre.

Par Mahmoud Chaal

Mohamed-Tahar Guerfi, Dg des Editions Thala

«La poLitique aLgérienne du Livreest à L’état embryonnaire»

L’Eco : Existe-t-il aujourd’hui uneindustrie du livre en Algérie ?Mohamed-Tahar Guerfi  : D’après

mon expérience et en tant que éditeurayant des rapports et relations profes-sionnelles très étroites avec les impri-meurs, on ne peut pas affirmer qu’il ya, actuellement en Algérie, une indus-trie de livre. Car pour avoir une telleindustrie, il faut instaurer, au préalable,

une politique dans ce domaine, or la

politique algérienne du livre est encore

à l’état embryonnaire. Celle-ci, mal-

heureusement, n’existe pour l’instant

qu’en théorie. Et là, j’attire l’attention,

que la politique du livre veut dire, don-

ner des opportunités de travailler aux

professionnels du livre, non seulement

pour les éditeurs, mais aussi pour les

imprimeurs, les diffuseurs et les

libraires.

On ne peut pas aussi dire qu’il y a

une industrie du livre du moment où la

plus part des imprimeurs s’occupe seu-

lement de ce qu’on appelle communé-

ment le travail de labeur et relèguent

ainsi le livre au second plan. Car il faut

préciser qu’en ce moment les impri-

meurs qui fabriquent le livre selon des

normes internationales se comptent sur

les bouts des doits d’une main. Ils sont

très peu.

C’est pourquoi, lorsqu’un éditeur

exige d’un imprimeur d’inclure cer-

Par Hamid Mohandi

Le nombre de titre publiéannuellement en Algérie n’excède pas300 titres, tandis que l’éditeuralgérien ne produit en moyenne que1000 exemplaires par titre. Cettecapacité infime d’édition est cause del’absence d’une industrie proprementdite du livre et de l’inexorableproblème de la diffusion qui, n’est,en réalité, que le reflet de la déficiencede la politique algérienne du livre.C’est du moins ce qui ressort de cetentretien avec Mohamed-TaharGuerfi, directeur général desEditions Thala, ancien président duSyndicat national des éditeurs dulivre et ex-président de l'Unionmaghrébine des éditeurs de livres.

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Mohamed-Tahar Guerfi

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taines caractéristiques techniques etesthétiques dans la fabrication d’unlivre, l’imprimeur répond sans aucunehésitation qu’investir dans le domainedu livre est une gageure.

D’ailleurs, aujourd’hui, ils sontrares les imprimeurs qui réalisent deslivres d’art. C’est un créneau qui n’estpas du tout une chose aisée. Car, celaimplique des moyens de productiontrès importants qui nécessitent dutemps pour qu’ils soient rentables, cequi entrainerait des coûts très lourds àsupporter.

Qu’est-ce qui explique cettesituation ? A mon avis, cette situation est favo-

risée par le fait que les éditeurs algé-riens n’impriment pas des quantitésénormes. L’éditeur moyen produit,aujourd’hui en Algérie, que 100 exem-plaires par titre et le nombre des titresn’est pas faramineux. On ne dépassepas 300 titres par an. Ce qui est en deçàde ce qui se passe ailleurs.

Ces résultats chiffrés insignifiantsont pour raison les difficultés qui necessent de se greffer sur les industrielsdu livre, si l’industriel existe bien évi-dement. Les problèmes administratifs,les matières premières qui composentle livre et le coût des moyens de pro-duction…sont autant de motifs quidécouragent en fin de compte l’indus-triel.

Certes en 2007, il y a eu une certai-ne embellie dans ce domaine, lors de lamanifestation «  Alger Capitale arabede la Culture ». Mais, c’était conjonc-turel. En 2010, l’Office national desPublications scolaires (ONPS) qui esten faite la cheville ouvrière de la pro-duction du livre, a lancé un appel àl’intention des éditeurs privés pour réa-liser le manuel scolaire. C’était pourune énorme quantité afin de répondre àla demande croissante du nombre deplaces pédagogiques et en conséquencela disponibilité du manuel scolaire nes’est pas du tout posé durant cetteannée.

C’est avec de telles initiatives que lachaîne des métiers du livre qui com-prend les auteurs, les éditeurs, impri-meurs, diffuseurs et libraires devraitêtre encouragée. Je suis convaincu quela relance de l’industrie du livre devraitpasser par de telle coopération. Mais il

est essentiel de faire sortir, en premierlieu, le manuel scolaire de l’imprimeriede l’Onps qui reste sur le plan qualitéen deçà des normes internationales quece soit en termes de papier, de la cou-verture ou encore en termes de l’illus-tration. Car un livre destiné aux jeunesdoit être inéluctablement attrayantcontenu et contenant.

Pourquoi la grande majoritéd’éditeurs algériens n’ont pas leurspropres imprimeries ? Vous savez que l’édition est un

métier, l’impression est un autre métierà l’instar de la diffusion et de la librai-rie. Tous ces métiers ne sont pas liéssys témat iquement ,chacun est auto-nome par rap-port à l’autre.Donc, il n’estpas obligatoi-re que l’édi-teur soitaussi impri-meur ouvice-versa. EnEurope, parexemple, iln’existe pasd’éditeur qui faitaussi l’impres-sion et la diffusion en parallèle. Leseuropéens respectent cette chaîne gra-phique où chaque métier est autonomede l’autre, mais qui se complète en findu compte. Donc, on ne peut pas forcé-ment être éditeur et imprimeur à la fois.Cela est faisable dans le cas où lesmoyens existent et même la réglemen-tation ne l’interdit pas. Mais respectantmon métier, moi, je préfère rester édi-teur afin de maintenir le rapprochementavec les auteurs et le lectorat.

Selon vous, quelle est le maillon decette chaîne de métiers qui fait quele prix du livre en Algérie resteinabordable ?Avant de répondre à votre question,

je dois rappeler que cette chaîne com-mence tout d’abord par l’auteur. Sansce dernier aucun des maillions de cettechaîne n’existerai. Donc, une fois lemanuscrit est achevé, il sera soumis àun comité de lecture. Celui-ci s’ildonne son avis favorable, le métier del’éditeur commence, c’est-à-dire, la

saisie, la mise en page, la conceptionde la couverture, la correction et éven-tuellement la traduction. Pour revenir àla question, le prix du livre est détermi-né, en premier lieu, par la quantité.Autrement dit, selon la qualité et levolume des intrants. Je tiens à préciserdans ce cadre que le livre avant qu’ilsoit tel, il est quantifié sur le planfinancier. Toutes les opérations qu’ilsubira durant le processus de laconception au niveau de l’édition sontévaluées pour déterminer un prix debase. Le livre passe par la suite à l’im-pression. A ce niveau, pour avoir unprix raisonnable, il faut jouer sur laquantité. Autant que le tirage est impor-

tant, autant que le prix sera moinsélevé. Mais ilne faut pas seleurrer, l’édi-

teur algérienréalise enm o y e n n e1000 exem-plaire et cepour tout le

territoire algé-rien. C’est unegoute dans

l’océan compara-tivement au

nombre de lecteurs etpar rapport à la superficie de notrepays. Donc, pour rendre le livre acces-sible aux lecteurs, il faut qu’il ait de laquantité.

Qu’est-ce qui empêche l’éditiond’une quantité beaucoup plusimportante ?Cette quantité d’édition limitée

s’explique par la persistance du problè-me de la diffusion. Le livre est mal dif-fusé en Algérie. Une donne qui dissua-de, car sans une véritable diffusion, onne peut pas travailler et ni d’enrichir lescatalogues. La quantité et la diffusionsont très importantes dans la détermi-nation du prix du livre. La nouvelle loisur le livre pourrait résoudre ce problè-me de diffusion à travers la création deplusieurs nouvelles librairies (spécia-listes du livre) un peu partout. Caractuellement, il y a des villes une quine dispose que d’une seule librairie, cequi est amplement insuffisant et regret-table d’où le problème immuable etdissuasif de la diffusion n H. M.

Aujourd’hui, ils sontrares les imprimeurs quiréalisent des livres d’art.

Editions de livres pour enfants

C’est faCile et très rentable La livre pour enfant édité en Algérie est, rare ou de mauvaise qualité. Les éditeurssouhaitent une meilleure organisation. A l’occasion du salon du livre, nous sommes

rapprochés de certains d’entre eux pour avoir une idée

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Abd Elhalim Salhi, gérant des éditions Bibliothèque verte

«Le prix du livre pour enfant ne doit pas excéder les 1 000 DA»

«Le problème de prix estsouvent soulevé surtoutquant il s’agit d’un livre pour

enfant relevant de la culture générale.Son prix ne devrait pas dépasser les 1000 Da, indique son gérant AbdElhalim Salhi. Un cout fixé selonl’offre et la demande du marché.Nous visons la classe moyenne et nousessayons de faire un compromis entrela qualité et le prix. Le prix du livrevarie entre 25 DA et 800 DA »,souligne M qui s’emble accorderbeaucoup d’intérêt pour ce type delivre d’où la prise en compte decertaines conditions comme le choix dupapier utilisé, le choix du dessein, lamaquette et bien autres facteurs. «Nous prenons en considération le cotééconomique, psychologique et cotésécurité minimale sur le choix dumanuel envisagé», tient-il à justifier.Tout ceci, a un coût. L’entreprised’édition est soumise à des chargesfiscales comme toutes les entreprises,exception de la TVA au taux réduit de7%. Nous bénéficions aussi d’unesubvention dédiée spécialement pourles maisons d’éditions. La margebénéficiaire reste malgré tout minime.Dans le monde entier, la TVA varieentre 0 à 5,5%, ce qui devrait êtreappliqué en Algérie, au moins pourpermettre des prix plus au moinsaccessibles. Si le livre est subventionnésur le plan fiscal et commercial, il auraplus de chance d’être lu. Le papier estacheté à un prix qui varie entre 120 à140 Da le kilogramme. Le prix diffèreselon le grammage et la qualitéd’origine. Ajouter à cela, les 21% de

TVA taxé sur l’achat du papier et les7% sur la vente du livre. « Notre gainest vraiment minime. Le livre n’est pasencore personnalisé en Algérie. Le faitest que ce type de livre est considérécomme un simple produit deconsommation comme n’importe quelproduit, s’il était considéré autrement,comme étant un produit stratégique àcourt et à long termes, il aura méritédes reflétions à tous les niveaux »,regrette cet éditeur. Auparavant,confirme M. Salhi, le livre électroniquefaisait partie des préoccupations

stratégiques de la bibliothèque verte.Faute de problèmes techniquesauxquelles fait face le livre en Algérie,l’idée a été écartée.  « Le livreélectronique est confronté à un videjuridique. Le système de protection,notamment en matière de piratage,demeure faible en Algérie. Nous nepouvons pas nous lancer dans undomaine ou, la loi n’est pas claire ».Depuis dix ans d’existence, les éditionsBibliothèque verte ont produit environs600 titres dont le nombre de tiragevarie entre 3 000 à 4 000 par titre n

Par Lynda Mellak

Nous visons la classe moyenne et nous essayons de faire

un compromis entre la qualité et le prix.

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Bimensuel de l’économie et de la finance

Fares El Djahmani, DG des Editions Atfalouna

«5 000 à 10 000 DA de marge bénéficiaire par titre»

Agée de près de 5 ans, la maisonassure l’édition de collections deBD pour enfant dans la langue

française et arabe. Cette maisond’Edition a vu le jour grâce au créditAnsej, aujourd’hui, sa gamme estvariée allant du préscolaire (éducatifset loisirs) au coloriage pour les touspetits. Le prix du livre édité oscilleentre 50 à 100 DA. Selon sonresponsable, Nassim Drissi, la maisonréalise en moyenne un tirage annueld’environs 3000 titres différents spécialenfants. El Hidaya dispose de sapropre imprimerie et, son propredessinateur. Ce dernier s’occupe de lapartie création, dessein et colorationdes manuels édités. Elle a commeobjectif principal, de se lancer dansun projet d’édition de la nouvelle. « Lanouvelle pour enfant est un projet encours d’étude qui sera réalisé dansmoins de deux ans», souhaite M.Drissi. C’est au niveau de la phasetechnique, que les frais sont engagésmaquette, montage, correction et miseen page coutent à l’éditeur environs30 000 à 40 000 DA. La deuxièmephase concerne les frais de l’édition àcommencer par le prix du papierjusqu’au coût du matériel utilisé pourla diffusion. «  Le prix du papiervarie selon sa qualité. Soit 85 DA lecarton et 120 DA le kilogramme de

l’extra blanc. L’impression est estimée à700 DA les mille feuilles en couleur.Quant à la diffusion, sa charge se limiteaux frais de déplacements qui se fixentselon la destination engagée », expliquenotre interlocuteur. Pour cette entreprise,la seule imposition est le G50. Selon lui,et étant bénéficiaire d’un dossier Ansej, ilest soumis aux frais de la G50 et les

factures des ventes et d’achats. El Hidayaédition a profité, également, dans lecadre de sa création, des facilités depayements pour l’achat de son matériel.Le pourcentage exigé par l’auteur estestimé généralement à partir de 10% n

L. M.

Spécialisée dans l’édition decontes pour enfants dans troislangues : arabe, français et

tamazight. La gamme de titres estd’environs 350 et dont les auteurssont de nationalité algérienne etétrangère. Le comité technique reçoitle manuscrit, vérifie la langue, lecontenu et le domaine. Ce dernierdécide de son habilitation à l’édition.Le service technique s’occupe, enfin,du format et de l’illustration avantd’entamer la partie impression.Chacun de ces services perçoit unecommission en contre partie du travailréalisé. La marge bénéficiaire dédiéepour chaque tâche est fixée, précise t-il, en fonction de nombre de page dumanuscrit. Elle varie, estime ceresponsable, entre 5000 à 10 000 Dale conte. La maison reçoit

annuellement près de 200 manuscrits.Les auteurs sont sélectionnés par cettedernière après étude de contenu. Ilest question, confirme notreinterlocuteur, de vérifier l’utilité dutexte de façon à ce qu’il soitpédagogique et convienne à l’enfant.La marge bénéficiaire de l’auteur estcomptabilisée à partir du prix duconte, soit un pourcentage de 20%partagé avec l’auteur. Le grossisteprend 20% et le diffuseur 30%.Selon cet éditeur, le prix du livre,estimé entre 30 DA et 200DA, estvalorisé, en fonction du grammage dupapier, de sa dimension, et dunombre de page. La maison d’édition,explique cet éditeur, est soumise à desimpôts comme n’importe quelleentreprise commerciale. Et, d’ajouter,la maison ne bénéficie d’aucune

facilitation particulière. Pour renforcerson passage vers le livre numérique,El Djahmani se prépare pour uneformation en cette matière avec lafoire de Frankfort qui aura lieu, mi-octobre en cours, en Jordanie sur lelivre numérique. Il aura lieu, indique t-il, d’étudier le coût et les modalitésnécessaires pour assurer le bonfonctionnement de la procédure.Selon ce responsable, le livre pourenfant a bénéficié ces trois dernièresannées d’un engouement particulierde la part des familles. Selon cetéditeur, Adrar figure en tête de listedes willayas ou l’on enregistre unnombre très important de ventes delivre édités en langue arabe. Lalecture en langue française, est plusvisible à l’ouest du pays n L. M.

Nassim Drissi, gérant des éditions et imprimerie El Hidaya

«3000 titres dédiés annuellement aux enfants»

El Hidaya dispose de sa propre imprimerie et son propre

dessinateur.

Nora Adjal, directrice de Athèna culture (ex-Nounou)

«La distribution est un véritabLe gouLot d’étrangLement»

Du ludique au fantastique, la collection de Nora s’enrichit chaque jouret gagne en maturité des textes et en qualité du produit. Ancienne

journaliste, ce bout de femme choisi les titres avec le scrupule d’une mèrequi veut le meilleur pour ses enfants.

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Nora Adjal

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«La distribution est un véritabLe gouLot d’étrangLement»

Bimensuel de l’économie et de la finance

L’Eco : Athéna éditions, a débutéavec des ouvrages spéciaux enfants.Que lui offrez-vous de spécifique? Nora Adjal  : j’ai lancé ma maison

d’édition avec deux années de salaire dejournaliste. Au début, c’était une petitemaison d’édition pour enfant dénomméeNounou. Notre spécialité, le conte pourenfant, avec le temps, nous avons élargila gamme aux travaux de recherchespour le compte d’institutions diverses.En 1992, j’ai édité une bande dessinéepour enfant en langue française. En2001, j’ai élargi mon activité. Athénaédition s’est spécialiséedans l’édition à lacarte au profit desinstitutions, sur labase de commandesque nous recevonsde ces dernières.La contrainte àlaquelle noussommes confron-tés est le retardrécurrent de paye-ments du coté desdistributeurs.

Notre maisoncible un public pluslarge et je tiens à superviser moi-mêmetoutes les étapes de la fabrication. J’écriset j’édite de grandes quantités d’ou-vrages. Le tirage de mes ouvrages peutatteindre 10 000 exemplaires pour untitre et que, je distribue gratuitement augrand public lors des événements cultu-rels dans les espaces de loisir pourenfants. Nous distribuons aussi nos pro-duits en manuels, contes et chansons enmanuscrits et en audio.

Qu’en est-il de la publicationspéciale auteurs et comment estsélectionné l’auteur, c'est-à-dire surquelle base vous acceptez le texte?Les auteurs me connaissent, donc ils

me sollicitent directement. Etant journa-

liste de formation, j’ai tissé un réseaurelationnel assez important et qui me sertde support dans le monde de la presse.J’ai aidé et encouragé des jeunes, etmême d’anciens collègues journalistes àsortir leurs livres sauf que pour ce typede publication, ca ne dépasse pas généra-lement un tirage de 1 000 exemplairespar titre. Il est vrai aussi, que je m’ensorts pas vraiment, la distribution s’avèreêtre un véritable goulot d’étranglementpour mon entreprise.. Je reçois parailleurs, environs quatre à cinq manus-crits par mois. Plusieurs manuscritsatterrissent parfois en même temps dansmes bureaux.

Le manuscrit reçu est soumis àune certai-ne procé-dure dev é r i f i c a -tion et deconfirma-tion avecle comité

de lecture.Une fois lec o n t e n uvalidé et le

contrat signé,on décide d’un

commun accordde la marge bénéfi-

ciaire. Généralement, je cède 10 à 15%du bénéfice à l’auteur. Le distributeur a,une marge bénéficiaire d’environs 45 à50%. Un pourcentage que je trouveexorbitant mais, c’est une moyenne quinous est imposée par le marché d’ailleursc’est ce facteur qui impacte le plus sur lecout de revient du livre d’où la cherté dulivre. Je cite à titre d’exemple la dernièrepublication de Yasmina Khadra édité parCasbah édition, facturée à 1 000 DA. Unprix que je trouve cher pour un livremonochrome. Son prix élevé est dueessentiellement à la marge prise par ledistributeur.

Personnellement je ne fais pas le livrepour gagner de l’argent. Jamais. Si jeveux avoir de l’argent je le négocie avec

les institutions. Par contre le livre pour

enfant, je le fais par conviction. Je veux

encourager la lecture infantile et je j’aide

les auteurs qui veulent écrire et qui n’ar-

rivent pas à trouver éditeurs.

A l’exception de quelques éditeurs

qui travaillent avec des auteurs très

connus et qui parviennent à négocier

leurs marges, ni l’éditeur, ni l’auteur ne

gagnent sur le livre. Nous subissons au

même titre que d’autres entreprises les

charges fiscales. Il est question de préci-

ser que la maison paie ses taxes et décla-

re ses revenus aux impôts. On est sou-

mis parfois à des révisions et des

contrôles inopinés des services des

impôts.

Quelle est votre temps fort dans

l’année?

Je participe depuis 4 ans à tous les

Sitev. Je suis présente également aux

SILA. Je m’occupe des éditions de

manuels et dépliants réservés aux

enfants. J’ai commencé à sortir des

guides touristiques sur Alger, la région

centre et enfin sur toute l’Algérie. Par la

suite, un guide touristique englobant

l’Algérie dans son intégralité fut édité

périodiquement sur un intervalle de deux

années. J’édite pour l’office national de

tourisme, (onat), les assurances, les

hôtels et beaucoup d’autres institutions.

Je continue en parallèle à éditer des

contes et des revues pour enfants.

A l’occasion de la 18ème édition du

salon international du livre j’ai édité des

recueils d’Ammar Mariache, dans les

deux langues, arabe et français. J’ai éga-

lement édité Lynda Graba, Abd Elkacem

Rouach, Ammar Metref, Ahmed

Benalem et d’autres auteurs, lesquels

auteurs, étaient tous pratiquement, jour-

nalistes ou professeurs de français. Pour

répondre à votre question, ce sont tous

des moments forts que j’apprécie à

chaque fois qu’un livre portant mention

Athéna culture sort sur les étals n

L. M.

Par Lynda Mellak

A l’exception de quelqueséditeurs qui travaillent avec

des auteurs très connus et quiparviennent à négocier leurs

marges, ni l’éditeur, ni l’auteurne gagnent sur le livre.

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Le livre arabe en force au Sila

L’aLgérie,Chaque année, les maisons d’éditionsarabes reviennent au salon du livreavec le même engouement pourproposer leurs produits réalisés à uncoût presque insignifiant. Il faut

souligner que l’Egypte à L’Arabiesaoudite en passant par la Syrie et leLiban la même politique d’aide et desoutien au livre est suivie. Outre laTAP et la taxe sur le bénéfice

un marché de dupe

Wael El-Mulla, représentant d’éditions égyptiennes

Le livre égyptien soutenu à l’exportation

L’Etat égyptien subvient auxbesoins de leurs éditeurs enaccordant bien des avantages

et facilitations fiscales visant àpromouvoir la fabrication et lacommercialisation du livre tant à laconsommation nationale qu’àl’exportation. Aujourd’hui, l’Egyptecompte plus de 600 éditeurs agrées,d’après les dernières statistiques del’union nationale des éditeurségyptiens, et près de 200 nouveauxéditeurs qui activent, timidement, surle marché du livre destiné à lajeunesse. La première initiative qui aété entreprise concerne lasuppression de toutes les taxes surles intrants (le papier, la colle,l’encre…) ainsi que tous droitsfiscaux sur les prix de vente, nousapprend Wael El-Mulla, représentantde trois éditions égyptiennes auxSILA. N’existent toutefois que deuxtaxes : la TAP, au taux de 5%calculé en fonction de la massesalariale brute et une taxe sur lebénéfice de l’entreprise de 20%.Outre les exonérations, fiscales,l’éditeur profite d’une aideparticulière instaurée par l’Etat en

vue d’encourager les jeunes éditeurset même les auteurs. L’Etat égyptiena crée une commission nationale deséditeurs qui, acquiert auprès deséditeurs près de 7000 exemplairesqu’elle revende aux libraires et auxlecteurs, avec des réductions allantjusqu’à 20% sur le prix de vente,souligne t-il. Le soutien de l’Etat estaccordé par ailleurs à l’exportationdu livre, pour permettre aux éditeurségyptiens de faire connaitre la

culture égyptienne au-delà desfrontières. L’Egypte totalise plus de50 000 titres par ans, d’où l’intérêtpour la Sila pour vendre. En effet,nous avons constaté que les prixproposés sur les ouvrages spécialisésen économie, sociologie etcommunication, fluctuent entre 300 et3000 dinars. L’exposant a droit à300 titres, selon la réglementation dela Sila n

S. B.

Par Samira Bourbia

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Wael El-Mulla

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un marché de dupedéclaré, les taxes sur la productiondu livre arabe n’existent pas. Lesrotatives fonctionnent dans ces pays àplein régime surtout pour le livresacré. La plaque peut être réutilisée

pendant six mois pour être revenduen Algérie au tiers du Smig parfois.Nous avons rencontré certainséditeurs arabes, pour le moinsheureux d’y participer.

Bimensuel de l’économie et de la finance

Walid Kachmar, représentant des éditions libanaises El Waraq

Le prix de vente calculé en fonction du dollar

Paradoxalement, lereprésentant des éditionslibanaises El Waraq,

Walid Kachmar, ne considèrepas les exonérations fiscales deson pays sur les intrants ou surle prix de vente comme desprivilèges pour les éditeurs.Selon, lui, l’Etat ne participepas à l’amélioration desconditions de travail deséditeurs et n’œuvre,aucunement, pour récompenserleurs efforts. «Bien que, leLiban figure parmi les paysarabes les plus actifs en matièred’édition, les contributionsétatiques font défaut» a t-ildéploré, considérant que lesautres charges fiscales exigiblessur le bénéfice annuel et la TAPrestent importantes. Les auteursne sont pas tous fortunés pour

éditer leurs livres. «Ce qui faitque l’éditeur édite le livrepour l’auteur à son compte,tout en s’appropriant sesdroits» explique Walid. Quantà l’exportation du livre, la taxeselon notre interlocuteur nepeut dépasser les 10%. Al’occasion du Sila, l’éditeurlibanais, pratique le même prixde vente de la même façonqu’au Liban, c'est-à-dire enfonction du cours du dollar :«Nous décidons du prix enfonction de la parité du dollar,à titre d’exemple, un livred’histoire de 200 pages estproposé à 11 dollars,l’équivalent de 960 Livreslibanais. Le prix proposé durantle salon bénéficie d’uneréduction de 20% donc iltombe à 750 dinar algérien nS. B.

Walid Kachmar

Ahmed Aboualhol, représentant de la maison d’édition syrienne Gwthania

Le livre sacré, cédé entre3 000 et 5 000 dinaRs

Le livre islamique a enregistré une forte affluence durantle SILA, notamment, le Coran destiné, également, à lavente bien que sa fabrication, au su de tout le monde,

ne coûte rien à son éditeur. Le texte sacré est vendu à desprix onéreux, variant entre 3 000 dinars et 5 000 dinars,tandis que les autres livres religieux sont proposés à 1000 et2 000 dinars. L’éditeur de ce type d’ouvrage qui participeavec aucune charge, peut repartir avec un gain certain.Avec un prix de 3 000 dinars le prix de l’ouvrage et 100titres, l’éditeur peut tirer jusqu’à 30 000 dinars de bénéficenet d’impôts. Nous avons posé la question à AhmedAboualhol, représentant de la maison d’édition syrienneGwthania, spécialisée uniquement dans la fabrication dulivre islamique qui, d’abord explique cela par : « Le livrereligieux renforce la foi du lecteur » pour expliquer ensuitequ’en Syrie, il n’existe aucune imposition fiscale, « tout est ànotre avantage. Aucune imposition sur les intrants ou lesprix n’est instaurée par l’Etat. Alors pourquoi ne pas enprofiter pour diffuser notre culture ». Concernant lafabrication du livre religieux, le principe est simple, « nousutilisons la même plaque durant 6 mois ou plus et le produitne consomme pas beaucoup d’intrant contrairement auxautres livres » explique Ahmed, avec un grand sourire. Pourcet éditeur, l’unique entrave est le transfert des recettes deventes vers son pays. Il est obligé d’ouvrir un comptebancaire en Algérie avant de transférer les sommes gagnéesvers son compte. « Je ne comprends pas l’utilité de cetteprocédure. Elle existe uniquement en Algérie. « Qu’est cequ’on gagne avec la vente de 130 titres » rétorqua t-il n

S. B.

Le parascolaire édité en Chine

«Rien ne nousimpose de déclarernotre bénéfice»

Les livres parascolaires occupent une placeassez importante au Salon international dulivre. Les stands qui les abritent sont cette

année plus nombreux que les précédenteséditions, tant ils suscitent l’engouement desélèves de tous les niveaux, et notamment ceuxen classe d’examen. Jusque-là rien d’anormal.Toutefois, notre attention a été attirée parcertains d’entre eux et sur lesquels on peut lirequ’ils sont édités en Chine, en quantitéindustrielle. Et il s’agit des programmesélaborés par le ministère algérien del’Education. Nous interpellons un représentantd’une maison d’édition sise à Ouled Fayet pournous enquérir de ce fait pour le moins insolite.« Il n’y a rien d’extraordinaire à ce que ce soitles Chinois qui éditent nos livres », nous diraM. Hamoudi. Et de renchérir : « Le coût de lamain-d’œuvre chinoise est dérisoire. Du coup lelivre nous revient moins cher. C’est pour celaque nous l’importons pour le SILA vu que nousne payons aucune taxe. A la question desavoir si l’argent engrangé est déclaré auximpôts, notre interlocuteur nous répliquepresqu’ironiquement. « Vous plaisantez,personne ne nous demande quoi que ce soitpuisque c’est une manifestation culturelle et larèglementation algérienne ne nous impose pasde déclarer notre bénéfice aux impôts etencore moins notre chiffre d’affaires. » Il nousprécisera également que l’argent gagné estéchangé et rapatrié de l’autre côte desfrontières, quand bien même la maisond’édition est algérienne. C’est dire si le SILAreste une occasion pour beaucoup d’éditeursde s’enrichir, en ne déboursant presque rien, sice n’est le prix de la location du stand qui estau demeurant dérisoire, 3000 DA pour lesexposants nationaux n

Faouzia Ababsa

Ahmed Aboualhol

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Mohammed Mouloudi, Editeur et importateurs du livre

«Le CredoC a struCturé

Le marChé de L’importation»

L’Eco : Selon certains observateurs,l’importation du livre est une activitétrès rentable. Partagez-vous ceconstat ? Mohammed Mouloudi  : C’est une

activité, en effet, très rentable pour cer-tains et moins bénéfique pour d’autres.Elle est efflorescente pour les opportu-nistes et les affairistes. Les chasseursd’opportunités s’en sortent beaucoupmieux. Car un jour, il importe le livre decuisine, un jour le livre religieux, un jourle livre universitaire pour satisfaire unbon de commande etc. Pour ce gens decommerçants, je dirai l’activité est trèslucrative. Pour les importateurs spéciali-sés dans un genre livresque, la rentabilitén’est pas immédiate car la vente est lour-de et échelonnée dans le temps.

Selon certains importateurs,l’introduction du crédit documentairepose énormément de problème pourvotre profession. Quel est votre avissur ce point ? Cela dépend de quel côté on est. Je ne

partage pas tout à fait cet avis. Le crédit documentaire, en effet, retar-

de les importations. Nous mettons plu-sieurs mois pour concrétiser une opéra-tion d’importation. En plus des duréelongues pour concrétiser, nous sommesobligés de déposer de grosses sommesd’argent pour procéder ensuite à uneimportation. D’ailleurs cette procédure apoussé des centaines d’entreprises à ces-ser l’activité d’importation du livre. Surla place d’Alger, les importateurs du livrese comptent sur le bout des doigts. En soitc’est une bonne chose. Car, seuls les vrais

professionnels restent actifs. Les impor-tateurs saisonniers, les affairistes n’ontplus de place dans cette activité. Tantmieux, si le secteur des importateurs dulivre est assainie.

Donc selon vous, les importations dulivre ont beaucoup diminué ? A mon avis, les importations du livre

n’ont pas décru. Mais, elles se sont mieuxstructurées. Maintenant qu’il reste uni-quement les vrais professionnels, les gensse sont spécialisés. Il y’a des opérateursspécialisés dans le livre littéraire, philo-sophie, le livre scientifique, le dictionnai-re, le livre religieux etc.…. Pour les pro-fessionnels, cette structuration donne unemeilleure visibilité sur les besoins réelsdes lecteurs algériens. A la faveur decette lisibilité, les opérateurs importent

mieux. L’anarchie d’autre fois n’existe

plus.

Donc, les importations demeurenttrès importantes. Elles sont soutenuespar la faiblesse de productionnationale. Comment peut-on remédierà cette situation ? Il ne faut pas perdre de vue que l’édi-

tion du livre reste cher. L’éditeur prend

tous les frais en charge. L’éditeur fait un

gros investissement pour sortir un livre.

Le retour sur l’investissement se fait sur

le long terme. La vente du livre est un

processus long. Ce n’est pas comme

n’importe qu’elle marchandise. Pour

booster l’édition du livre, il faut que

l’Etat subvention le livre. Ce n’est pas un

tort à l’économie national. Dans tous les

pays du monde, la culture est subvention-

née. Ce qui n’est pas le cas en Algérie.

Nous estimons nécessaire la suppression

des taxes, notamment la TVA, dans les

différents métiers que constituent la chaî-

ne du livre. Il y’a d’autres aspects sur les-

quels les éditeurs doivent travailler et

réfléchir, pour réduire le prix du livre à la

vente. Je veux parler notamment de la

coédition. Nous devons trouver des méca-

nismes pour la coédition en Algérie.

C’est l’un des moyens efficaces pour

relancer l’édition en Algérie. Ce modèle

de coopération avec des éditeurs étran-

gers impulsera l’édition du livre dans

notre pays. Sur le plan économique, on

réduire les importations puisque les livres

seront édités et diffusé en Algérie.

Avec ce moyen on pourra même deve-

nir exportateurs. Non seulement on ne

touchera pas aux devises de l’Etat mais,

les caisses seront refoulées avec l’argent

des exportations n M. C.

Par Mahmoud Chaal

Mohammed Mouloud est un éditeur connu sur la place d’Alger. Il est également importateur dulivre depuis 2006. Dans cet entretien, il nous parle de l’avantage du crédit documentaire que tout

le monde a décrié. Pour relancer la production nationale du livre, il préconise, entre autre, lacoédition avec des partenaires étrangers…..

Mohammed Mouloudi

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Bimensuel de l’économie et de la finance

Importations de livres

60 millions de dollars par an

Selon les données des douanesalgériennes, l’Irlande vient entête des fournisseurs de l’Algérie,

durant cette période suivie par laFrance. Pour les neuf mois écoulés,l’Irlande et la France ont vendu respec-tivement pour une valeur de 2,85 et2,80 millions de dollars de livres.Cependant, La France s’af-fiche en premier rang pour cequi concerne la vente desdictionnaires et encyclopé-dies. Elle a vendu à l’Algérie pour unevaleur de 794 484 de dollars, suivie parle Liban pour 467 439 de dollars.L’Egypte figure également parmi lesprincipaux fournisseurs de livres del’Algérie.

Malgré l’exonération de la TVA de7% et les droits de douane de 5%, lesprix des livres importés de l’étrangerrestent inaccessibles notamment leslivres scientifiques qui sont les pluschers. Une évidence pour certainsimportateurs qui expliquent cette haus-se par le fait que l’Etat ne subventionnepas le prix et qu’ils sont soumis au tauxde change et à la dévaluation du dinar.Ils ont mis même à l’index, le Crédoc.

Pour d’autres, ils jugent que lesimportations découragent l’industrie dulivre dans le pays. Ils pensent que l'in-dustrie du livre comme produit cultureln'est pas seulement le problème de

Par Nassima Benarab

Malgré l’exonération de la TVA de 7% et les droits de douane de5%, les prix des livres importés de l’étranger restent inaccessibles

L'auteur ou de la maison d'édition, maisconcerne plutôt une série de secteur. Ilsappellent d’ailleurs, à renforcer davan-tage le contrôle de ces importations.

Pour eux, la moindre défection d'undes maillons de la chaîne enrayerait leprocessus de production avec des réper-cussions négatives sur le prix du livre.Dans le but de contrôler le marché du

livre, et à travers le projet de loi relatif

aux activités et marché du livre, qui

vient d’être adopté par le conseil des

ministres du gouvernement, le ministè-

re concerné veut soumettre à autorisa-

tion l’importation de livres par les orga-

nismes étrangers, les représentations

diplomatiques, les centres culturels et

les organisations internationales et des-

tinés à être lus par le public.

Le ministère propose également que

l’importation et l’exportation de livres

soient sous la loupe du Centre national

du livre.Actuellement, le marché de

livre est détenu à 80% par des privés.

Alors que l’Entreprise nationale des

arts graphiques (Enag), l’Agence natio-

nale de l’édition et de la publicité

(Anep) et l’Office des publications uni-

versitaires (OPU) relevant du secteur

public ne couvrent que 20% du marché

national n N. B.

Les importations de livres, sur tous types de support physique,représentent en moyenne 60 millions de dollars annuellement.Durant les neuf mois de l’année en cours ces achats ont atteintplus 45,3 millions de dollars, a-t-on appris du CentreNational de l'Informatique et des Statistiques (CNIS). Lafacture de livres pour l’année 2013 devrait connaitre la mêmetendance que l’année 2012, durant laquelle, ces importationsont couté à l’Algérie plus de 60,7 millions de dollars.

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Selon les douanes algériennes

On impOrte aussi les calendriers

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Bimensuel de l’économie et de la finance

Le temps des importations du toutet n’importe quoi n’est pas enco-re fini, comme le montrent les

détails des importations fournis par lesdouanes algériennes. Ce qui contredittotalement les arguments donnés parpremier ministre Abdelmalek Sellal lorsde la dernière tripartite, sur les effetspositifs du Crédoc imposé depuis 4 ans.Il a avait dit qu’« il sera maintenu pourun meilleur contrôle des importationsdu pays ». Alors que les experts sont, enrevanche, unanimes à dirent qu’il n’apas eu l’effet escompté non seulementsur le volume et rythme des importa-tions, mais aussi sur leur coût, sanscompter les effets pervers en termes deglissement de la valeur du dinar.  

L’Algérie continue en effet, a impor-té des produits de moindre importance.Mis à part le couscous importé de laChine et la France, l’Algérie achète éga-lement des calendriers auprès de 21pays. Selon les chiffres avancés par leCentre National de l'Informatique et desStatistiques (CNIS), ces importations

La Chine a exporté vers notrepays pour plus de 3 millionsde dollars, durant les neufmois de l’année 2013 dont90 000 dollars rien que pourles albums photos. Desdépenses énormes et souventinutiles pour un pays endéveloppement, dont la facturedes importations est déjàlourde de conséquence tant surles ressources du pays que surproduction locale.

Par Nassima Benarab Publicité d’une société chinoiseexportatrice de calendriers et d’agendas

ont attient 171  439 dollars (13,5 mil-lions de dinars) durant les neuf mois del’année en cours. La Chine trouve dumarché algérien une bonne destinationpour ses produits. Ce pays vient en tèteet dépasse largement les autres paysavec plus de 127 000 dollars. Le deuxiè-me pays est l’Allemagne avec plus de11 445 dollars suivie par le Japon avec6,7 mille de dollars.

En outre, la structure des importa-tions algériennes révèlent que 3,9 mil-lions dollars est la facture payée pourles imprimes publicitaires, brochures etcatalogues. La chine premier fournis-seur de l’Algérie, a exporté vers notrepays plus de 3 millions de dollars,durant les neuf mois de l’année 2013.Les albums et livres d’images ont égale-ment couté plus de 400 000 dollars. Etbien sur la Chine en premier rang qui avendu à l’Algérie 90  000 dollars d’al-bums. Des dépenses énormes et souventinutiles pour un pays en développe-ment, qui entrain d’encourager autant

les importations au détriment de la pro-duction locale.

Selon les prévisions, les importationsdevraient atteindre le seuil inédit de 60milliards de dollars à fin 2013, soient ledouble des importations enregistrées en2008. C'est-à-dire avant l’introductionde l’obligation du recours au créditdocumentaire pour les transactions decommerce extérieur et la taxe sur lesvéhicules exigée dans la loi de financescomplémentaire 2009. Malgré tous cesefforts entrepris les importations ontcontinué à augmenter et représenteaujourd’hui un ratio de deux mille dol-lars par habitant. A ce niveau le paysdevrait connaître un taux de croissanceà deux chiffres. Dernièrement, labanque d’Algérie a procédé à la déva-luation de la monnaie nationale. Uneautre tentative prise dans le but d’équi-librer la balance des paiements en boos-tant les exportations et en réduisant lesimportations n

N. B.

Projet de loi sur le livre

Les éditeurs exigent La suppressiondes demandes d’autorisation

D’emblée, le président dusyndicat national des édi-teurs du livre (Snel)

Ahmed Madi remet en question l’utili-té du projet auquel les parties concer-nées n’ont pas été associées dans sonélaboration. Pour lui, «  c’est uneexclusion et une négligence qui a pro-fondément lésé les professionnels del’édition. Un sentiment qui semblaitpartagé, puisque les éditeurs que nousavons tenté d’interpeller lors de laSila, se sont abstenus de répondreconsidérant qu’ils qu’il n’y a pas

matière à expliquer ce qui n’existe pas. Sur les 62 articles composant le

projet de loi, trois sont consacrés auxprocédures à suivre tout au long duprocessus de production et de commer-

cialisation du livre. L’éditeur est sou-mis à autorisation préalable du minis-tère de la culture pour l’importation dulivre, exception faite du secteur public.A ce propos, le gérant de l’éditionZyriab, considère que ledit projetcomme est une « aberration».

Même les facilitationsoffertes aux éditeurs sontconsidérées «limitées» voir

insuffisantes, les éditeurs privées seconsidèrent moins privilégiés par rap-port à leurs confrères du public. Leprésident du Snel, déplore «  la négli-gence des droits de l’éditeur par lelégislateur algérien » estimant que cela« laisse à penser que ce projet ne parti-cipe pas au développement de l’indus-trie du livre en Algérie ». Il dénoncepar ailleurs, « la démesure des déclara-tions et des autorisations auprès duministère de la culture à chaque opéra-tion qu’entreprend un éditeur  ».Expliquant, que «  les éditeurs n’ontpas besoin d’autorisation pour exercerleur métier. Il émet toutefois, le sou-hait de trouver dans la loi, des mesuresà même de faciliter l’activité, à com-mencer par la suppression des autori-sations et la réduction des taxes et lesmoyens d’encourager la création. Cestrois points, selon notre interlocuteursont les priorités à prendre en compteau lieu de se focaliser sur la partieinterdictions n

S. B.

Par Samira Bourbia Le projet de loi sur le marché du livre fait déjàpolémique. Le syndicat national des éditeurs de livres

sont convaincus que le projet est voué à l’échec, enraison de l’absence de prise en compte des véritablespréoccupations des professionnels. Ils revendiquent

notamment la levée des autorisations exigées.

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Les facilitations offertes aux éditeurs

sont considérées «limitées»