Indications actualisées de l’IRM du sein : synthèse du référentiel édité par The European...

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Imagerie de la Femme (2011) 21, 154—159 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com MISE AU POINT Indications actualisées de l’IRM du sein : synthèse du référentiel édité par The European Society of Breast Cancer Specialist (EUSOMA) Magnetic resonance imaging of the breast: Recommendations from the EUSOMA working group Patrice Taourel a,, Isabelle Thomassin b , Anne Tardivon c a Service de radiologie, CHU La Peyronie, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France b Hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France c Service de radiologie, institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75248 Paris cedex 05, France MOTS CLÉS IRM ; Sein ; Dépistage ; Traitement conservateur ; Bilan d’extension ; Évaluation thérapeutique Résumé Ce référentiel est issu d’un workshop tenu à Milan les 20 et 21 octobre 2008 par The European Society of Breast Cancer Specialist (EUSOMA), workshop dont les résultats ont été publiés dans European Journal of Cancer en mars 2010 (Sardanelli et al., 2010 [1]). Cette réunion a regroupé 23 experts en sénologie incluant des épidémiologistes, des généticiens, des oncologues, des radiologues, des radiothérapeutes et des chirurgiens. Il s’appuie sur une ana- lyse de la littérature actualisée jusqu’en juin 2009, avec 223 références citées. Il analyse les indications de l’IRM dans les situations cliniques suivantes : bilan d’extension avant traitement d’un cancer du sein ; dépistage chez les patientes à haut risque ; évaluation de la réponse à la chimiothérapie néoadjuvante ; imagerie chez les patientes avec implants mammaires mis à titre esthétique ou suivi post-reconstruction mammaire ; recherche d’un cancer mammaire primitif chez une patiente présentant une maladie métastatique ; recherche de récidive après cancer du sein ; écoulement mamelonnaire ; caractérisation d’une image douteuse en imagerie conventionnelle ; cancer du sein inflammatoire ; recherche d’un cancer du sein chez l’homme. Dans chacune de ces situations, les experts ont défini des recommandations selon la métho- dologie de l’Evidence Based Medicine avec un degré de preuve classé de 1 à 5 et un degré de recommandation classé de A à D. Lorsque les recommandations n’étaient pas fondées sur des évidences scientifiques, mais sur une conviction d’expert, cela était également précisé. Enfin, un certain nombre d’items ne font pas l’objet de recommandations, mais devraient susciter selon les experts des travaux de recherche. Le document proposé ici correspond à une Sardanelli F, Boetes C, Borisch B, Decker T, Federico M, Gilbert FJ, Helbich T, Heywang-Köbrunner SH, Kaiser WA, Kerin MJ, Mansel RE, Marotti L, Martincich L, Mauriac L, Meijers-Heijboer H, Orecchia R, Panizza P, Ponti A, Purushotham AD, Regitnig P, Del Turco MR, Thibault F, Wilson R. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Taourel). 1776-9817/$ see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.femme.2011.10.010

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magerie de la Femme (2011) 21, 154—159

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ISE AU POINT

ndications actualisées de l’IRM du sein : synthèse duéférentiel édité par The European Society of Breastancer Specialist (EUSOMA)�

agnetic resonance imaging of the breast: Recommendations from the EUSOMAorking group

Patrice Taourela,∗, Isabelle Thomassinb,Anne Tardivonc

a Service de radiologie, CHU La Peyronie, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295

Montpellier cedex 5, Franceb Hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, Francec Service de radiologie, institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75248 Paris cedex 05, France

MOTS CLÉSIRM ;Sein ;Dépistage ;Traitementconservateur ;Bilan d’extension ;Évaluationthérapeutique

Résumé Ce référentiel est issu d’un workshop tenu à Milan les 20 et 21 octobre 2008 par TheEuropean Society of Breast Cancer Specialist (EUSOMA), workshop dont les résultats ont étépubliés dans European Journal of Cancer en mars 2010 (Sardanelli et al., 2010 [1]). Cetteréunion a regroupé 23 experts en sénologie incluant des épidémiologistes, des généticiens, desoncologues, des radiologues, des radiothérapeutes et des chirurgiens. Il s’appuie sur une ana-lyse de la littérature actualisée jusqu’en juin 2009, avec 223 références citées. Il analyse lesindications de l’IRM dans les situations cliniques suivantes : bilan d’extension avant traitementd’un cancer du sein ; dépistage chez les patientes à haut risque ; évaluation de la réponse àla chimiothérapie néoadjuvante ; imagerie chez les patientes avec implants mammaires misà titre esthétique ou suivi post-reconstruction mammaire ; recherche d’un cancer mammaireprimitif chez une patiente présentant une maladie métastatique ; recherche de récidive aprèscancer du sein ; écoulement mamelonnaire ; caractérisation d’une image douteuse en imagerieconventionnelle ; cancer du sein inflammatoire ; recherche d’un cancer du sein chez l’homme.Dans chacune de ces situations, les experts ont défini des recommandations selon la métho-dologie de l’Evidence Based Medicine avec un degré de preuve classé de 1 à 5 et un degréde recommandation classé de A à D. Lorsque les recommandations n’étaient pas fondées surdes évidences scientifiques, mais sur une conviction d’expert, cela était également précisé.Enfin, un certain nombre d’items ne font pas l’objet de recommandations, mais devraientsusciter selon les experts des travaux de recherche. Le document proposé ici correspond à une

� Sardanelli F, Boetes C, Borisch B, Decker T, Federico M, Gilbert FJ, Helbich T, Heywang-Köbrunner SH, Kaiser WA, Kerin MJ, Mansel RE,arotti L, Martincich L, Mauriac L, Meijers-Heijboer H, Orecchia R, Panizza P, Ponti A, Purushotham AD, Regitnig P, Del Turco MR,hibault F, Wilson R.∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (P. Taourel).

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Indications de l’IRM du sein : synthèse du référentiel EUSOM

traduction légèrement adaadjointes pour la situation

mandations émises par l’HA© 2011 Elsevier Masson SAS

KEYWORDSMRI;Breast;Screening;Breast conservativetreatment;Staging;Evaluation oftreatment response

Summary These guidelinwith The European Society oEuropean Journal of Cancerstatisticians, geneticians, oguidelines were based on a

(223 published references).tions with in addition, recocancer staging.© 2011 Elsevier Masson SAS

Bilan d’un cancer du sein diagnostiqué

Indications

Les indications d’un cancer du sein diagnostiqué sont :• cancer lobulaire invasif (niveau de preuve 2A, niveau de

recommandation B) ;• patiente à haut risque de cancer du sein (supérieur ou

égal à 20—30 %) (niveau de preuve 2B, niveau de recom-mandation B) ;

• patiente de moins de 60 ans avec une discordanced’au moins 1 cm en taille entre la mammographie etl’échographie, avec impact attendu sur la décisionthérapeutique (niveau de preuve 2B, niveau de recom-mandation B) ;

• patiente programmée pour un traitement complémen-taire par irradiation partielle sur les données de l’examenclinique et de l’imagerie conventionnelle (niveau depreuve 3B, niveau de recommandation B) ;

• patiente jeune de moins de 40 ans (recommandationHAS) ;

• dissociation radio-clinique (ex : diagnostic clinique decancer avec mammographie normale (HAS) ;

• patiente opérable pour laquelle une chimiothérapienéoadjuvante est préconisée.

Bonnes pratiques

Les bonnes pratiques dans le cadre d’un cancer du sein diag-nostiqué sont :• que l’équipe clinique utilise de facon habituelle l’IRM ou

pas dans un bilan préopératoire, les patientes avec uncancer du sein récemment diagnostiqué devraient tou-jours être informées des risques et bénéfices d’une IRMpréopératoire si celle-ci est envisagée avant le traite-ment (opinion d’expert) mais ne faut-il pas informer lespatientes pour lesquelles on aurait décidé de ne pas faired’IRM ? ;

• les résultats de l’IRM préopératoire doivent être inter-prétés en prenant en compte les résultats de l’examenclinique ainsi que celles de la mammographie et del’échographie ;

• les données de l’IRM ayant un impact sur la prise en chargethérapeutique devraient être vérifiées par une biopsiepercutanée (opinion d’expert) ;

• les lésions visibles uniquement à l’IRM nécessitent unguidage par IRM pour biopsie sous IRM avec analyse ana-tomopathologique et si nécessaire repérage chirurgical.

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des recommandations du groupe EUSOMA à laquelle ont étéue du bilan avant traitement d’un cancer du sein, les recom-

aute Autorité de santé).s droits réservés.

re written after a workshop held in October 20 and 21, 2008ast Cancer Specialist (EUSOMA), and synthesis was published in

arch 2010. This meeting included 23 breast specialists includingogists, radiologists, radiation physicians and surgeons. Theseled analysis of medical literature on breast MRI until June 2009

manuscript is an adapted synthesis of EUSOMA recommenda-ndations provided by HAS for the specific question of breast

rights reserved.

Cela implique la disponibilité d’un équipement de prélè-vements sous IRM et de personnel formé (niveau de preuve1A, niveau de recommandation A) ;

• l’allongement de la prise en chargé lié à une IRM pré-opératoire et à ses éventuelles conséquences ne doit pasdépasser un mois (opinion d’expert) ;

• les changements dans la prise en charge thérapeutiquerésultant des données d’une IRM préopératoire doiventêtre validés par une équipe multidisciplinaire incluantdes oncologues, des anatomopathologistes, des radio-thérapeutes, des radiologues et des chirurgiens (opiniond’expert).

Travaux recommandés

L’apport de l’IRM préopératoire dans certains sous-groupesavec un suivi des patientes à long terme doit être évaluépar des études de cohorte au mieux randomisées et un suiviobservationnel dans les situations suivantes :• patientes avec seins denses dans deux situations : jeune

âge de la patiente (inférieur à 40 ans), risque intermé-diaire (15—20 %) de cancers du sein ;

• tumeur non hormono-dépendante (RE-, RP-) ;• marges limites ou envahies après traitement conserva-

teur ;• lésions multifocales ou multicentriques ou bilatérales

(invasives ou in situ) sur l’imagerie conventionnelle ;• carcinome canalaire in situ pur à la macrobiopsie, unila-

téral, unifocal sur une imagerie conventionnelle ;• maladie de Paget ;• patientes pour lesquelles une mastectomie subtotale

conservant le complexe aréolo-mamelonnaire est envisa-gée ;

• patientes enceintes (pour tester de nouveaux agents decontraste ou de nouvelles techniques comme l’IRM de dif-fusion et la spectroscopie) ;

• lésions associées à un risque histologique.

Indépendamment de ces études de cohorte, deux champsde recherche doivent être supportés :• les techniques de transfert de l’information des images

IRM des consoles d’imagerie vers le bloc opératoire enprenant en compte la différence entre le procubitus de lapatiente en IRM et le décubitus en position chirurgicale ;

• l’évaluation des courbes d’apprentissage dansl’utilisation de l’IRM préopératoire par les équipesradio-chirurgicales.

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atientes à haut risque de cancer du sein

ndications

n dépistage annuel devrait être proposé chez :les patientes présentant des mutations BRCA 1, BRCA 2 ouTP 53 ;les patientes à risque d’au moins 50 % de mutations BRCA1, BRCA 2 ou TP 53, patientes présentant une apparentéedu premier degré avec des patientes à mutation prouvée ;les patientes non testées ou avec des tests non conclusifspour une mutation BRCA avec un risque relatif supérieurou égal à 20—30 %, (niveau de preuve 2, niveau de recom-mandation B) ;les patientes qui ont eu une radiothérapie du manteauavant 30 ans (par exemple maladie de Hodgkin), l’IRMdevant commencer huit ans après leur traitement (niveaude preuve 3, niveau de recommandation B).

on-indications

es facteurs de risque comme les antécédents de cancernvasif ou de CCIS ou des lésions à risque histologique (hyper-lasie épithéliale atypique, néoplasie intra-lobulaire) ou desacteurs de risque mammographique (seins denses ou hété-ogènes en mammographie) lorsqu’ils ne sont pas associés à’autres facteurs, ne justifient pas l’utilisation du dépistagear IRM (opinion d’expert).

onnes pratiques

es bonnes pratiques concernant les patientes à haut risquee cancer du sein sont :les patientes avec une histoire familiale de cancer du seindoivent avoir leur risque évalué par un généticien. Lespatientes à haut risque (supérieures ou égales à 20—30 %)doivent recevoir une information écrite sur leur risqueet les risques et bénéfices de la mammographie et del’IRM de dépistage. Si elles sont volontaires pour êtreévaluées par IRM, elles doivent être informées de la

fréquence et des lieux possibles de dépistage par IRM(opinion d’expert) ;les niveaux de risque pour décider d’inclure des patientesdans des protocoles de surveillance par IRM annuelledoivent être définis selon des bases régionales ou natio-nales prenant en compte le risque dans la populationgénérale mais également les possibilités et la faisabilitéd’un dépistage par IRM (opinion d’expert) ;les actions de dépistage par IRM doivent être menéesdans des services évalués ou comme une part d’un travailde recherche prospectif. Une évaluation périodique doitêtre mise en place pour s’assurer que les cancers du seinsont diagnostiqués avec une sensibilité suffisante, tout enconservant un taux de rappel par IRM inférieur à 10 %.Cette évaluation permettra d’évaluer le taux de détec-tion, le taux de biopsie positive par rapport aux biopsiesnégatives et le nombre de cancer dans l’intervalle (opi-nion d’expert) ;l’IRM de dépistage devrait commencer à partir de 30 ans.Néanmoins, chez certaines patientes, un dépistage parIRM peut commencer avant 30 ans : les patientes pré-sentant une mutation BRCA 1 ou BRCA 2 (début entre25 et 29 ans), les patientes présentant une mutation TP53 (dépistage commencant dès l’âge de 20 ans) (niveaude preuve 2B, niveau de recommandation B) ;

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P. Taourel et al.

il n’est pas possible de définir l’âge auquel ce dépistagepar IRM doit s’arrêter (consensus d’expert), les patientespour lesquelles est programmée une mastectomie pro-phylactique devraient avoir une IRM dans les trois moisprécédant la chirurgie pour rechercher un cancer occulte ;les mammographies de dépistage ne devraient pas êtreréalisées chez les patientes à haut risque avant 35 anscar il n’y a pas de preuve que leur bénéfice soit supé-rieur à leur risque à cet âge (consensus d’expert). Chezles patientes ayant une mutation TP 53, quel que soitleur âge, la mammographie devrait être évitée du faitdu rapport bénéfice/risque lié à l’irradiation ;une mammographie annuelle doit être recommandée chezles patientes à haut risque à partir de l’âge de 35 ans(niveau de preuve 2—3, niveau de recommandation B) ;si la mammographie annuelle est réalisée, le dépistagepar échographie ou par l’examen clinique n’est pas néces-saire car il n’y a pas de preuve d’une valeur ajoutée parrapport à l’IRM (niveau de preuve 2, niveau de recomman-dation B). En revanche, cette échographie et cet examenclinique sont recommandés chez les patientes de moins de35 ans qui ont une contre-indication à l’IRM avec injectionde produit de contraste (recommandation d’expert) ;les patientes nécessitant des examens complémentairesaprès l’IRM doivent être d’abord évaluées par del’imagerie conventionnelle (relecture de la mammogra-phie, échographie ciblée de seconde intention) (niveaude preuve 2, niveau de recommandation B). Chez lespatientes avec des lésions suspectes et des lésions visuali-sées seulement à l’IRM, une biopsie ou un repérage guidépar IRM doit être réalisé (niveau de preuve 1, niveau derecommandation A).

ravaux recommandés

es travaux recommandés concernant les patientes à hautisque de cancer du sein sont listés ci-dessous :

évaluation de modèle de risque incluant les antécédentspersonnels et familiaux et la densité mammaire en mam-mographie ;évaluation du bénéfice en termes de survie et de qualité

de vie d’un dépistage IRM annuel par les patientes à hautrisque ;analyse des cancers détectés uniquement par l’IRM entermes de pronostic ;évaluation d’IRM de dépistage chez les patientes à risqueintermédiaire ;évaluation de la double lecture dans le dépistage par IRMdu sein ;évaluation des effets potentiellement délétères del’irradiation en mammographie chez les patientes présen-tant une mutation BRCA 1, BRCA 2 ou d’autres mutationsplus rares à haut risque de cancer du sein ;évaluation de la valeur de l’IRM chez les patientes à hautrisque, de plus de 50 ans.

valuation de la réponse à lahimiothérapie néoadjuvante

ndications

es indications à la chimiothérapie néoadjuvante sont :une IRM pré-chimiothérapie néoadjuvante doit être réali-sée chez les patientes avec un cancer du sein opérabletraité par chimiothérapie néoadjuvante en vérifiant

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Indications de l’IRM du sein : synthèse du référentiel EUSOM

qu’elle ne retarde pas de facon significative la prise encharge thérapeutique (niveau de preuve 1, niveau derecommandation A) ;

• une IRM d’évaluation est recommandée à la fin de la chi-miothérapie néoadjuvante.

Non-indications

Les non-indications à la chimiothérapie néoadjuvante sont :• l’IRM n’a pas d’indication dans l’évaluation de la réponse

chez une patiente avec un cancer du sein inopérable aumoment du diagnostic (opinion d’expert) ;

• chez les patientes non répondeuses à la chimiothérapienéoadjuvante, l’IRM en général confirme le résultat de laclinique et de l’imagerie conventionnelle et donc n’estpas obligatoire (opinion d’expert).

Bonnes pratiques

Les bonnes pratiques concernant la chimiothérapie néoad-juvante sont :• l’IRM post-chimiothérapie néoadjuvante doit être au

mieux réalisée deux semaines après la dernière curede chimiothérapie et dans les deux semaines précédantla chirurgie (opinion d’expert). Le délai avant chirurgieinduit par l’IRM préopératoire et ses conséquences ne doitpas dépasser un mois ;

• les changements entre l’IRM pré- et post-thérapeutiquedoivent être analysés en disposant de l’IRM pré- etpost-thérapeutique et en les comparant, même un rehaus-sement modéré et retardé à l’endroit où siégeait latumeur doit être considéré comme un signe de maladierésiduelle (niveau de preuve 1, niveau de recommanda-tion A) ;

• l’évaluation de la maladie résiduelle après chimiothé-rapie néoadjuvante doit être réalisée en utilisant lescritères RECIST ou WHO. Les lésions multifocales ou mul-ticentriques doivent être analysées en additionnant lesdiamètres les plus importants des tumeurs visualisables(opinion d’expert) ;

• la prudence en interprétant l’IRM est redemandée chezles patientes traitées par taxane ou anti-angiogéniques ;

• comme c’est le cas dans le cadre d’une IRM préopératoire(bilan d’extension d’un cancer du sein), une preuve delésion multifocale ou multicentrique résiduelle doit êtreapportée avant toute mastectomie. La décision chirurgi-cale sera de toutes les facons fondée sur la comparaisondu volume de la tumeur résiduelle et du volume du seinet décidée par une équipe multidisciplinaire (opiniond’expert).

Travaux recommandés

Les travaux recommandés dans le cadre de la chimiothérapienéoadjuvante sont :• évaluation des techniques d’IRM fonctionnelle comme

l’imagerie de perfusion, l’imagerie de diffusion et la spec-troscopie ;

• évaluation des systèmes de mesure automatique duvolume tumoral ;

• évaluation de l’IRM dans le cadre de l’évaluation de laréponse précoce (après une cure) ou intermédiaire (à mi-chimiothérapie néoadjuvante) ;

• évaluation des stratégies intégrant un changement detraitement sur les données de l’IRM (changement de la

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chimiothérapie ou changement de la prise en charge thé-rapeutique avec chirurgie plus précoce).

Suivi après prothèses à but esthétique ouchirurgie de reconstruction

Indications

Les indications concernant le suivi après prothèses à butesthétique ou chirurgie de construction sont :• chez les patientes avec des signes cliniques compatibles

avec une rupture de prothèse (douleurs, asymétrie, modi-fication de forme), l’IRM sans injection de produit decontraste est recommandée pour confirmer ou exclureune rupture après l’image conventionnelle (niveau depreuve 1A, niveau de recommandation A) ;

• chez les patientes avec des implants et des symptômesde maladie du sein (exemple : masse) lorsque l’imagerieconventionnelle n’est pas diagnostique, l’IRM sans et avecinjection de contraste est recommandée pour exclure unerupture d’implant et pour évaluer le parenchyme mam-maire (niveau de preuve 3, niveau de recommandationC) ;

• chez les patientes symptomatiques qui ont bénéficié dechirurgie d’augmentation de volume du sein par injectiondirecte de gel, l’IRM sans et avec injection de produit decontraste est recommandée (niveau de preuve 4, niveaude recommandation C) ;

• chez les patientes symptomatiques, quand l’imagerieconventionnelle est négative ou douteuse, l’IRM sanset avec injection de produit de contraste est indiquée(niveau de preuve 2, niveau de recommandation B).

Non-indications

Les non-indications concernant le suivi après prothèses à butesthétique ou chirurgie de construction sont :• l’IRM n’est pas recommandée comme une technique de

dépistage des ruptures de prothèse chez les patientes

asymptomatiques ;

• chez les patientes asymptomatiques après chirurgieoncoplastique de reconstruction, une surveillance systé-matique n’est pas recommandée en cas de risque moyen.Seul un haut risque fait recommander une IRM de dépis-tage.

Bonnes pratiques

Les bonnes pratiques dans le cadre du suivi après prothèsesà but esthétique ou chirurgie de construction sont :• les patientes doivent être informées du type de prothèse

mise en place et/ou du type de reconstruction chirurgi-cale, mais cela est également vrai pour les radiologuesavec une information écrite afin d’adapter les séquencesIRM au type de reconstruction ;

• chez les patientes porteuses d’expandeurs, la faisabilitéde l’IRM devrait être évaluée.

Travaux recommandés

Les travaux recommandés dans le cadre du suivi après pro-thèses à but esthétique ou chirurgie de construction sont :• revue et méta-analyse fondées sur des études récentes

avec des patientes présentant de nouveaux types

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d’implants et des IRM permettant les techniques les plusrécentes ;étude prospective longitudinale évaluant l’impact sur laprise en charge de la morbidité d’un diagnostic de rupturepréclinique ;étude longitudinale évaluant le taux de rupture des nou-veaux implants mammaires.

echerche d’un cancer occulte dans leilan de métastases (en particulieranglionnaire axillaire)

ndications

’IRM est indiquée devant une maladie métastatique’origine mammaire possible ou probable (typiquement gan-lions axillaires) et un examen clinique et une imagerieonventionnelle négative (niveau de preuve IB, niveau deecommandation A).

on-indications

es non-indications concernant un cancer occulte dans leilan de métastases sont :l’IRM n’est pas indiquée lorsque la maladie métastatiqueest diffuse et/ou que le pronostic est très sévère, sil’identification du site de la tumeur primitive n’a pasd’influence sur la prise en charge thérapeutique ou lasurvie attendue (opinion d’expert) ;l’IRM n’est pas indiquée dans l’évaluation d’une éléva-tion isolée de marqueur carcinologique de cancer du sein(CA15-3).

onnes pratiques

ans le cadre d’une maladie métastatique d’origine mam-aire possible ou probable, si l’IRM du sein est négative,

e traitement chirurgical mammaire peut être évité (niveaue preuve 2B, niveau de recommandation B) et la prise en

harge thérapeutique doit être décidée de facon multidisci-linaire (opinion d’expert).

ravaux recommandés

es travaux recommandés concernent la revue et méta-nalyse des études publiées.

écidive d’un cancer du sein traité

ndications

es indications dans la récidive d’un cancer du sein traitéont listées ci-dessous :

devant des signes ne permettant pas de concluresur l’imagerie conventionnelle entre récidive et cica-trice et si la biopsie ne peut pas être réalisée pourdes raisons techniques ou ne peut pas être réali-sée de facon fiable, (niveau de preuve 1B, niveau derecommandation A) ;lorsqu’une récidive de cancer du sein a été confirmée,la place de l’IRM doit être envisagée comme vu dans lebilan d’extension préopératoire (sauf que dans la plu-part des cas, le problème de l’extension homolatérale ne

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P. Taourel et al.

se pose pas puisqu’une mastectomie sera souvent indi-quée).

on-indications

es non-indications dans la récidive d’un cancer du seinraité sont :

les antécédents de cancer du sein invasifs ou in situ trai-tés ne justifient pas l’utilisation d’une IRM de dépistageannuelle ;si l’imagerie conventionnelle montre une probabilité éle-vée de récidive et que la biopsie peut être réalisée, l’IRMne doit pas être pratiquée comme une alternative à labiopsie (opinion d’expert).

ravaux recommandés

es travaux recommandés dans la récidive d’un cancer duein traité sont :

revue et méta-analyse de la littérature publiée ;évaluation de l’IRM dans le diagnostic de récidive auniveau de la paroi thoracique après mastectomie.

coulement mammaire

ndications

ans les pays pour lesquels la galactographie est considéréeomme la technique à utiliser devant un écoulement mame-onnaire suspect c’est-à-dire uniporique, unilatéral, l’IRMans injection de produit de contraste avec des séquencesn pondération T2 et injectée pourrait être une alternative

la galactographie si celle-ci échoue pour des raisons tech-iques ou si la patiente refuse la procédure.

on-indications

ependant, de manière général, il n’y a pas d’indicationour recommander l’utilisation de l’IRM devant un écou-ement mamelonnaire considéré comme suspect (opinion

’expert).

ravaux recommandés

es travaux recommandés dans le cadre de l’ écoulementammaire sont :revue systématique et méta-analyse des études publiées ;évaluation des différentes techniques d’IRM pour l’étudedes canaux galactophores ;évaluation du rôle de l’IRM chez les patientes avecécoulement mamelonnaire suspect et galactographieconventionnelle négative.

aractérisation de signes d’imagerie neermettant pas de conclure sur l’imagerieonventionnelle

ndications

’IRM doit être envisagée chez les patientes avec imagerienormale pour laquelle la cible sur l’imagerie convention-elle ne permet pas de réaliser de facon fiable une biopsieuidée (opinion d’expert).

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Indications de l’IRM du sein : synthèse du référentiel EUSOM

Non-indications

L’IRM ne doit pas être utilisée comme une alternative à la

biopsie si celle-ci peut être réalisée (niveau de preuve 1A,niveau de recommandation A).

Cancer inflammatoire

Indications

Après traitement d’une mastite présumée, si les doutespersistent quant à la présence d’un cancer sous-jacent,(niveau de preuve 2B, niveau de recommandationC).

Non-indications

L’IRM ne doit pas être utilisée pour le diagnostic différentielentre cancer du sein inflammatoire et mastite aiguë avanttraitement (niveau de preuve 1B, niveau de recommanda-tion A).

Travaux recommandés

Étude prospective sur la valeur de l’IRM pour le diagnosticdifférentiel entre cancer du sein inflammatoire et mastiteaiguë avant et après traitement.

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Cancer du sein chez l’homme

Non-indications

L’IRM n’a pas d’indication en routine dans le diagnostic oule bilan de cancer du sein chez l’homme.

Travaux recommandés

Étude prospective comparant l’IRM sans injection de pro-duit de contraste, la mammographie, l’échographie dans lediagnostic différentiel entre gynécomastie vraie et pseudo-gynécomastie (ou lipomastie), et dans le suivi et la prise encharge thérapeutique de ces deux pathologies.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

Référence

[1] Sardanelli F, Boetes C, Borisch B, Decker T, Federico M, GilbertFJ, et al. Magnetic resonance imaging of the breast: recom-mendations from the EUSOMA working group. Eur J Cancer2010;46(8):1296—316 [Epub 2010 March].