Impakt

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Le Satanisme - Satan vers où ? La Flemme olympique - Un Tibet à l'ouest, une Chine isolée Philip K. Dick - Je suis vivant et vous êtes morts un magazine en noir et blanc N°1

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2008, journal publié à l'ICP

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Le Satanisme - Satan vers où ?

La Flemme olympique - Un Tibet à l'ouest, une Chine isolée

Philip K. Dick - Je suis vivant et vous êtes morts

un magazine en noir et blanc

N°1

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Peu importe, au fond, ce qu’il ad-viendra l’important est là. Que vou-lons-nous ?En premier lieu, face à une situa-tion qui fait problème, commentréagir ? Créer le lien : pour avancercontre l’aléatoire, pour bâtir nosidentités individuelles. Ensuite… agir ! Malgré les déséqui-libres du choix, rien de pire quel’inertie. Se faire violence dansl’éthique de conviction, dans l’éthi-que de responsabilité. Enfin, du sens. Nous l’espéronstous au BDE, garantir à chaque fas-sien la possibilité de tester in vivo, Football Cup

Calendrier des matchs à venirS105/05: FAS/PSH08/05: PSP/PSHS319/05: FAS/PSP22/05: SSS/PSHS502/06: FASS/SSS03/06: PSP/SSSListe des abréviationsPSH=Paris I St HyppolitePSP=Prépa Science PoFAS=FASSE 1FAS2=FASSE 2PHT=Philosophie/ThéologieISEP=Institut Supérieur d'Electronique de ParisSSS=Séminaire St SulpiceILCF=Institut de Langue et Culture Française

S214/05: PHP/ISEP15/05: FAS2/ILCFS426/05: PHT/ILCF29/05: FAS2/ISEPS609/06: FAS2/PHT13/06: ILCF/ISEP

Les conférences du Sens : affaire à suivre

Après Christian Balmes, Eric Emmanuel Schmitt.

Jeudi 17 avril, Christian Balmes,directeur général de Shell France,débarque à la Catho grâce à l'initia-tive conjointe de l'Institut du Senset du BDE, pour discuter de l'après-pétrole. Laissant fuser les questionset y répondant sans langue de bois,cet industriel, défenseur des éner-gies substituables, explique qu'il estavant tout un businessman qui offreau consommateur ce qu'il demande: une énergie pas chère.Mercredi 28 mai, Eric EmmanuelSchmitt prolongera, lors de sa seuleapparition de l'année, ces discutionsdu sens sur un thème tout à fait dif-férent. L'interaction entre l'interve-nant et l'auditoire sera une fois en-core privilégiée pour aborder cetteconférence placée sous le signe del'alterité. Comprendre et vivre avecnos semblables, à travers le par-cours de l'invité, tel sera l'enjeu decette rencontre inédite.

Clap your hands say yeah ! Laprochaine soirée de la FASSE seraROCK ! Rendez-vous le lundi 26 maiau Truskel ( lieu mythique pour lesconnaisseurs ! ) pour l'ultime Grand-Messe sous le règne de SUPERNOVA.

Next FASSE party

On n’oublie pas les fondamentaux les gars, onleur casse les jambes, on leur casse les bras !

Soyons fous, fêtons lafin des partiels autourd’un barbecue ! Ven-dredi 13 juin, on vafaire griller les saucis-ses ! Les cours c’estmort, chassons le mau-vais sort ! Une présen-tation de la Constitu-tion du BDE ainsi qu’unbriefing sur le mode detransmission du flam-beau au BDE de l’an-née prochaine auraégalement lieu !

BBQ à la FASSE

Le mot du président

FASSE À VOUS ( LE BDE VOUS PARLE )

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Le délai de retour des bons de commande assortis durèglement (chèque ou espèce) est fixé au 26/05.S'adresser à Camille Jemelen L1, Emmanuel AntoniniL2, Christian Arnould-Schröder L3, ou Corinne.

Sweat FASSE à découper

une idée qui pour lui a de l’avenir… Mieux vaut être clair : moins nousparlons plus nous sommes actifs. Ave fassiens ! Emmanuel Antonini

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Que vous soyez étudiant, professeur,ou animal de compagnie, sachez quevous tenez entre vos mains un objetrare. Oui, c’est bien de ce journal que jeparle. Fruit d’un labeur défiant l’imagina-tion, son titre vise à marquer vos espritsau fer rouge pour y laisser une trace fu-mante et indélébile, tandis qu’il envahiral’Institut Catholique de Paris comme unemarée noire envahirait une plage bre-tonne. Le premier journal de la FASSE.Partis de rien (pour arriver nulle part), ledéfi à relever est à la hauteur de nosambitions. Je vous laisse méditer quel-ques instants sur cette phrase à hauteportée philosophique.

Afin de faciliter le voyage d’éveil spirituel que vous êtessur le point d’entreprendre, nous avons, après une lon-gue réflexion, décidé de découper ce journal en plusieursparties.

L’actualité vous permettra de porter un regard nou-veau sur le contexte géopolitique, avec notamment cemois ci un article de fond sur la Chine, sujet très en vo-gue et plus que jamais actuel. La rubrique « éclats dumonde » essaiera, loin de toute politisation facile et ob-tuse, de bâtir différentes analyses, à partir des faits, tan-dis qu’ « à coups de marteau » sera une page plus pam-phlétaire, qui sans délaisser l’analyse, y ajoutera unsoupçon d’émotion.

Le dossier mensuel sera basé sur une thématique par-ticulière, et s’attardera ici sur le satanisme, sujet malconnu, macérant dans l’impopularité, les préjugés et ledésintérêt le plus total. Grâce a l’aimable participation demessieurs O. Bobineau et D. Leschi, il vous éclairera surle sujet et chaque mois nous nous efforcerons de trouverun sujet original et méconnu a mettre en valeur.

« À contre-culture ». Quelques critiquesmusicales, littéraires et cinématographi-ques s’efforceront de provoquer un malde crâne salutaire chez nos lecteurs ado-rés, ça leur changera de Kate Moss et dela Ligue des Champions. La encore, su-jets originaux, analyses excentriques.Une page sera pour finir réservée au

BDE, sa vie aussi chamarrée que gran-diose, ses hauts faits d’arme et son bar-becue.Cette rapide présentation étant faite,

sachez que nous sommes ouverts atoute suggestion vis-à-vis du contenu dece journal. Ces fibres végétales agglomé-rées sont les vôtres, et toute idée de vo-

tre part sera la bienvenue. Cela ne fera que participer ala cohésion estudiantine dont le BDE est l’instigateur, etqui commence à peine a se développer à la FASSE. Et sile Bureau des Etudiants est créateur de lien social, cejournal en sera le vecteur, et, loin de se faire une simplevoix docile du BDE, proposera un contenu totalement in-dépendant, tout en contribuant a son action.

Pour finir, notre action journalistique rentre complète-ment dans le cadre de l’enseignement pluri-disciplinairede l’institut catholique, de ses principes fondamentauxenseignés en sociologie à la FASSE : neutralité axiologi-que, ouverture d’esprit, renversement des points devue… Si vous n’êtes pas d’ac-cord avec nous, ça n’en seraque plus positif !

Il me semble que tout estdit, il ne me reste plus qu’am’excuser quant aux souffran-ces mentales que vous êtessur le point de vous infliger…

B.D.E. L'étudiant moyen se doit d'agiter ses savates Éclats du monde Le regard d'Impakt sur la planète Dossier Tuer les lieux communs pour mieux se construire À contre-culture Génie et échec à travers les âges À coups de marteau Impertinences et réflexions

ÉDITO

Rédacteurs en chefGuillaume Histrimont, Donald WaltherActualitéMickaël Corre,Christian Arnould-SchröderDossier Flora Clodic-Tanguy, Jeremy ChanezCulture Guillaume Histrimont,Lelia de Martharel, Victor Nouis,Donald Walther

BDE Emanuel Antonini,Camille Jemelen, Margot RaoulxRéalisationDonald Walther, Guillaume HistrimontCouverture Rafaël Bertrand-JaumeImpression Reprographie de l'ICP

Sommaire

p.2p.4p.6

p.10p.12

Une lueur d'espoir

Guillaume Histrimont

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ÉCLAT(S) DU MONDE

Fût-il ?

« Si les gens achètent du faux-fi-let on ne va pas leur vendre dessaucisses ! » disait Monsieur Balmeprésident de Shell France lors d'uneconférence tenue à la Catho de Parissur L'après-pétrole. Le filet de boeufc'était le pétrole, et les saucisses lesénergies propres. L'après-pétrole: L'arabie sahouditevendra du cochon... à 300 euros lebaril (hallal).

***Notre président, champion olym-pique de course à pied après lacroissance, indiquait il y a quelquesmois qu'il irait « chercher la crois-sance avec les dents s'il le faut ». Non au boycott des JO ! La crois-sance il faut aller la chercher là oùelle est : En Chine!

***« Pendant tout le trajet [de laflamme à Paris], des sapeurs pom-piers ont été victimes de dégrada-tions sur leurs survêtements (man-ches arrachées, taches) ». Le Mondedu dimanche 13 avril poursuit en in-diquant que les 14 survêtements quin'ont pas résisté à la journée serontremboursés. Les fringues, c'est plusce que c'était ! Il faut les envoyer enSAV... En Chine!

«Coup de froid entre la France et laChine » Titrait La Croix le jeudi 17avril. Le passage de la flamme à Paris amontré l'animosité des parisiens àl'égard de la Chine. Un sondage LCI-Opinion Way (Le Figaro, 11 avril), con-firme que 67% des français sont favora-bles au boycott de la cérémonie d'ou-verture des JO, et que 61% d'entre euxapprouvent. Observons ensemble com-ment la tension fut.Le jeudi noir

Le jeudi 7, alors que votre serviteursortait de cours, il eut la surprise detomber nez à nez avec une cohorte defringants CRS préparant l'arrivée de laflamme. Après une bonnedemi heure d'un défiléprintemps-été des forcesde l'ordre, il fallut se ren-dre à l'évidence : laflamme nous était toutbonnement passée sousle nez, dans un camionde police. Après avoir erré unmoment de manifestationen manifestation, je m'ar-rêtais et jetais un rapidecoup d'oeil autour demoi: un immense brouha-ha, un salmigondis decouleurs, de drapeaux etde bleu marine, un bric-à-brac de pancartes, de mots perdus dansla foule, un fatras d'idées, de slogans,de violences ; mais aussi de la joie, dessourires... Les gens marchaient danstous les sens. Le sens... On y vient. Ta-chons de démêler celui de cette histoire. Genèse

Les prochains jeux Olympiques quiauront lieu à Pékin, provoquent tout undébat de société en particulier enFrance, sur la question des droits del'Homme en Chine.Sur ce litige est venu se greffer l'in-cident sino-tibetain ; les exactions co-

La Flemme olympiqueUn Tibet à l'ouest, une Chine isolée

mises par la Chine, largement mediati-sées, ont su toucher au coeur l'opinionfrançaise. Enfin, le passage de la flammeolympique à Paris, qui nous intéresse di-rectement, a permis une formidablesynthèse des débats à travers mobilisa-tion et manifestations, concours d'esca-lade de la tour Eiffel, attaque de fauteuilroulant, charge à l'extincteur et autressports de rue encore non reconus au ni-veau olympique.Les conséquences de cette pagaillene se sont pas faites attendre : un petittollé politique. Un président du CIO qui parle « d'unaffront à l'esprit des jeux olympiques »(Le Monde du dimanche 13 avril). Desautorités chinoises qui enplus de corroborer ce pro-pos, insistent sur le faitque le Tibet c'est chezeux, et que l'ingérence estun vilain défaut. Les mé-dia officiels chinois en ap-pellent au boycott des en-seignes et des produitsd'origine française. La di-plomatie de cette mêmeorigine laisse planer lamenace de « bouder » lacérémonie d'ouverturedes JO : un président in-décis, soucieux de respec-ter « l'Opinion publique »avec laquelle il est enmoyens termes depuis les municipales ;et un ministre des affaires étrangèresque l'on avait pas vu aussi engagé de-puis son soutien à l'invasion Américainede L'Irak.Les analyses neutres et objectivesde nos quotidiens nationaux, nous per-mettent-elles de bien comprendre cesprises de positions ?Du symbole...

Non, car elles oublient une choseessentielle : ce rapport de forces estavant tout un jeu d'imaginaire. Sansune analyse de ces imaginaires qui fon

Le compte est bon

3C’est, en milliards, lenombre de sacs plastiquedistribués chaque jour enChine.En France, c’est 1,7 mil-liard. Par an…Allez, hop ! Droit dans lemur… !!

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de montrer aux Chinois qu'il existe autrechose que ce que le pouvoir en placeleur présente. Rap-pelons nous qu'unerévolution ou deschangements so-ciaux ne peuventsurgir que de l'inté-rieur, que des Chi-nois eux-même.Une révolution nes'impose pas, ellese suscite, se sug-gère. Gardons égale-ment à l'esprit le sijuste mot de PaulValéry: « Un Etat seul n'est jamais enbonne compagnie ». In fine

Le Tibet ne peut décement être lesymptome de notre difficulté à nousconstruire une identité française. Et sicette construction est un véritable enjeupour notre société, elle ne devrait pas,et c'est ce qu'elle va imanquablementfaire car je mesure bien la portée de cetarticle, parasiter le débat et empêcherune reflexion de fond sur ce qui seraisle mieux pour le Tibet et pour les chi-nois ; par eux et pour eux.Françaises, Français... Arrêtons leWalt Disney!

sent comme Jin Jing surnomée désor-mais « l'ange souriant en fauteuil rou-lant » qui protégeala flamme et empê-cha temporaire-ment son extinc-tion. Comme lesoulignait un jeuneétudiant chinois :« la ferveur olympi-que est utilisée parPékin pour rassem-bler la nation encritiquant les Fran-cais, les Européenset les Américains...» (La Croix, 27avril)L'Etat Chinois se retrouve une légiti-mité, et une cohésion nationale en ré-pondant aux attaques : plus il arrive àprésenter la France comme un ennemi,plus il est légitime ; et les voix qui s'élè-veront de l'intérieur pour réclamer quel-ques libertés serons plus durement mi-ses au pas. Nicolas Sarkozy indiquait le8 avril à Cahors: « c'est en fonction dela reprise du dialogue » entre Pékin etle Dalaï Lama qu'il décidera de boycot-ter ou non. Le boycott... un bel exemplede dialogue.Or c'est justement par ce dialoguequ'une pression internationale, dans la-quelle la France a une place à jouer, de-vient possible. Participer aux jeux, mul-tiplier les relations culturelles, économi-ques, et diplomatiques, nous permettra

dent les représentations sociales etsous-tendent le débat, le démêlé reste-ra sans solution. Petit panorama del'imaginaire français :La Chine n'est pas appréhendée parles français comme un pays en tant quetel, avec son histoire et sa culture, maisbeaucoup plus simplement comme l'op-presseur, le fort, le méchant d'une su-perproduction hollywoodienne... Bref levilain dragon.Le Tibet quant à lui fait figure d'op-primé, de faible, de gentil, le symbole àla fois de la veuve, de l'orphelin et de laprincesse à délivrer.La France quant à elle se réserve lebeau rôle : à cheval et Taïaut ! Le beauet téméraire chevalier blanc qui part af-fronter le dragon pour sauver le Tibet.En plein Walt Disney ! Même si cesreprésentations sont ici caricaturées, el-les conditionnent en profondeur les pri-ses de position sur ce débat.Chargez !

Quand le président du CIO parle« d'affront à l'esprit olympique », il esthors sujet. Rien compris. Les JO ont étérelégués à un simple moyen de lutte etplus largement d'expression. Un peudommage peut être mais rien d'idéolo-gique là dedans.Du coté français, la position est trèssérieusement caricaturale : boycott etrupture de la diplomatie. Et pourquoipas l'envoi de troupes et de notre sous-marin tout neuf... A l'assaut du dragon!Sus à l'oriental ! Voilà ce qui est aucoeur du combat des droits de l'Hommecontre l'obscurantisme. Une simple vi-sion orientaliste. Un Orient inférieur, unOccident missionaire. La Chine ne veutpas de nos leçons de morale, ni de nosvaleurs.Si on analyse la situation politiquede la Chine, il en ressort un régime pourle moins singulier : un système commu-niste archaïque s'acoquinant avec un li-béralisme économique sauvage. Onnage en pleine schizophrènie ! Com-ment trouver un tant soi peu de légiti-mité dans ce contexte ? La légitimité ducommunisme serait l'égalité. En Chine ?Laissez moi rire ! Et la légitimité du libé-ralisme serais la liberté... Même réac-tion.Au Tibet la situation est un peu dif-férente : le respect de la vie humaine(bien que très judéo-chrétien) vaut bienun combat. De fait, notre but est simple: permettre le respect de la vie des tibe-tains, et l'octroi d'une reconaissance po-litique et sociale. Comment ? En boycot-tant ? En stoppant toute diplomatie? Enfaisant pression sur la Chine ? Non. Laréaction du régime aux manifestationsparisiennes est claire : faire front. Leschinois se ressoudent autour d'un nou-veau nationalisme. Des héros apparais-

Dans une conférence sur l'Irantenue à la Catho de Paris (ICP),une réflexion était faites à unejeune intervenante iranienne : «Je ne comprends pas pouquoivous voulez retourner en Iranaprès vos études, n'avez vous pasplus de libertés ici ? »

Dans le shéma de représentation français on sent bien que l'Iran cen'est pas quelque chose de très complexe. Un simple mélange explosif en-tre Islam diabolisé, Shah d'Iran renversé par l'Ayatollah Khomeiny, fem-mes voilés et président antisémite collectioneur de bombe nucléaire. C'estsur que de ce point de vue on a pas forcément envie d'y mettre les pieds.

Mon envoyé spécial, l'agent Paul 3, que j'avais dépéché sur place nousrapporte : « Mikael... Vous me recevez ?... C'est extraordinaire, je suis ac-tuellement à Téhéran. Sur place il y a des hommes, des femmes (parmi lesplus belles du monde) ; ils parlent, communiquent, ils s'aiment, rigolent,chantent, pleurent aussi quelques fois lorsqu'ils voient le niveau d'incul-ture des Français ; en parlant de culture, la leur est incroyable, c'est fou !Je risque peut être de vous choquer, mais j'ai croisé ici même, à Téhéran,plus de Juifs que de bombes atomiques... » Et puis ces personnes on peutaussi avoir envie de les retrouver ou simplement de les rencontrer.

Comme l'a si bien répondu la jeune Iranienne avec un visage un peuétonné : « Mais... Parce que c'est mon pays! »

ناتسوب ای تسا تشهب ناریا هکناتسود زا دیآ کشم یوب یمه

« Que quelqu'un pense à L'Iran comme Eden ou comme Jardin, L'Odeur du musc de l'ami abonde ici bas »

Le Chat d'Iran

ÉCLAT(S) DU MONDE

Lhassa

Mickaël Corre

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DOSSIER

Cher Journal… Je m’appelle Sandra,

j’ai 15 ans et je suis fan de films d’hor-

reurs. J’ai déjà deux piercings, un ta-

touage, j’aime m’habiller en noir,

écouter du black métal et écrire des

poèmes mélancoliques sur mon

skyblog. Mais lorsque je sors dans les

rues de mon village breton, les bigotes

me traitent de sorcière et de démon, si

bien que j’en suis venue à douter…

Vais-je bientôt ressentir le besoin de

sacrifier des poulets sur l’autel de Sa-

tan ?

Chère Sandra. Tes interrogations d’adolescente sont bien

légitimes, à l’heure où ta construction identitaire est tiraillée

en tous sens, remettant en cause l’autorité parentale et ef-

frayant ton entourage en arborant fièrement des pentagram-

mes renversés et des 666 cousus sur ton blouson noir. Mais

avant de te considérer comme apôtre de Satan, il convient

tout d’abord de te rappeler les origines du phénomène sata-

niste, avant d’aborder les questionnements contemporains

qu’il soulève. A l’heure où les amalgames complexifient un

concept qui l’est déjà par sa nature contradictoire, nous allons

tenter de déterminer si la réalité correspond aux fantasmes de

certains. Avant de te jeter sur ton annuaire pour dégoter le nu-

méro d’un exorciste professionnel, lis ce qui suit…

qui peine à accepter les différences. Or,s’il est un tabou particulièrement tenaceen France, il s’agit bien des religions.Une opinion publique effrayée par lesdifférences et par les questions d’ordrereligieux ne peut donc voir que d’unmauvais œil un mouvement culturelanti-conformiste se réclamant de dé-mons.

L’amalgame est vite fait : Les gothi-ques, métalleux et tous ceux qui portentdes pentagrammes en pendentif sontdes satanistes qui n’aspirent qu’à unechose : un chaos total, des meurtres dechiots et une débauche généraliséeavant d'opter pour un suicide à vocationlibératrice.

Satan représente le mal, la division,l’adversaire. Il semble donc logi-que que des gens se réclamant de

lui soient montrés du doigt par une so-ciété aux fondements judéo-chrétiens.Cependant, loin de mettre en relief lemouvement satanique au regard de sonhistoire, l’opinion publique fonde son ju-gement sur des idées reçues qui ne ré-pondent pas aux réels enjeux posés parcette doctrine. Petit tour d'horizon...

Idées reçues

Avec leur look tout droit sorti de la fa-mille Adams ou du Bal des vampires, lesGothics attirent l’attention d’une société

Fiction postale

Dans un ouvrage datant de 2006, laMission interministérielle de vigilance etde lutte contre les dérives sectaires (MI-VILUDES) dresse un portrait des idéesreçues concernant les satanistes (enca-dré), à ceci près qu’elle les présentecomme le terreau d’un éventuel embri-gadement sectaire. Selon cet orga-nisme, il ne faut pas faire d’amalgamesentre ceux qui s’inscrivent dans une dé-marche religieuse du satanisme et ceuxqui ne font que s’inspirer culturellementde certains symboles sanatiques. Il pré-cise cependant qu’un jeune gothiquesera un terrain plus fertile pour unéventuel gourou satanique qui cherche-rait à recruter pour sa secte nos jeunes

LE SATANISME

Satan vers où ?Réel phénomène de mode ? Mouvement marginal ? Le satanismeinquiète et soulève de nombreuses questions. Sortez crucifix etgousses d’ail pour voir réellement de quoi il retourne�

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DOSSIER

lité débridée, commerce avec le diable)suffit pour se faire arrêter. En réalité, lasorcellerie s'avère être une fiction idéo-logique imprégnée d'images et de fan-tasmes liés au mal. Sa répression est lesigne de la crispation de l'Eglise catholi-que face à de nouvelles hérésies.

Mais la sorcellerie médiévale est bienloin du premier culte diabolique deGilles de Rais, condamné à mort en1440, après avoir été accusé d'enlève-ment, de torture et de sacrifice d'en-fants dans le seul but de louer les dé-mons. La première forme de messenoire, où les liturgies sont inversées(Satan remplace Dieu, et le Mal rem-place le Bien) et des nouveau-nés sacri-fiés, se tient quant à elle dans l'anti-chambre de la cour de Louis XIV. Par lasuite, plusieurs personnages incarnentles pratiques diaboliques d'un catholi-

cisme vicié : Eugène Vintras, dont lespratiques sont teintées de magie et desexualité (promotion de la régénérationspirituelle par le jeu libre des sexes) etqui ouvre la voie à d'autres déviances ;ou encore l'abbé Boullan, prêtre mystifi-cateur, pratiquant des messes noires,des rites sexuels de « réparation » ou laconsécration d'hosties à l'aide d'urine etde matières fécales...

En réalité, ce n'est qu'au XXème siè-cle que le satanisme énonce ses fonde-ments théoriques. Aleister Crowley, écri-vain et astrologue britannique, se faitsurnommer « la bête 666 » et déve-loppe à travers ses nombreux ouvragesdes théories et des pratiques qui four-nissent la colonne vertébrale de la doc-trine sataniste : Dieu n'existe pas,l'homme est son propre dieu. Dans leLivre de la loi (1904), il énonce deuxprincipes aujourd'hui credo du sata-nisme: « fais ce que tu veux sera toutela loi » et « vis pleinement ce que turessens en toi ».

A sa suite, Anton LaVey, surnommé« le pape noir », fonde en 1966 l'Eglisede Satan (Church of Satan). Fort dusuccès qu'il rencontre, il se doit de don-ner un corps théorique à son mouve-ment et publie La Bible satanique, quidéveloppe une vision du monde maté-rialiste et individualiste, puis, trois ansplus tard, Les Rituels sataniques réve-lant une dimension spiritualiste omni-présente. La forte expansion de l'Eglisede Satan dans tous les Etats-Unis, lesdissenssions internes et les dérives« satanistes » de membres de l'Egliseconduisent pourtant Aquino, son brasdroit, à faire sécession et à constituersa propre Eglise : le Temple de Set. Il

têtes blondes. Pour cela, Internet de-viendrait un nouveau danger, permet-tant de dialoguer avec n’importe qui, den’importe quoi.

Le foisonnement des blogs de jeunesse disant gothiques inquiète leurs pa-rents, qui, à travers les écrits mélancoli-ques de leurs enfants et au vu des pho-tos sombres de damnées qu’ils n’ontpas l’habitude de voir sur leur télé, lesoir en prime-time, croient y décelerune influence sataniste.

Un peu d'Histoire

Le nom de Satan apparaît d'aborddans le livre de Job et désigne à la foisl'adversaire et le serviteur de Dieu. Sonrôle principal est alors d'accuser leshommes de bonne foi et de les soumet-tre à la tentation. Le Mal n'a alorsd'existence qu'au regard du Bien qui lecontient et le transcende. Dans le Nou-veau Testament, Satan n'est plus seule-ment l'ennemi des hommes mais aussile rival direct de Dieu, qui règne sur lesenfers où sont précipitées les âmes dé-chues.

L'essor du christianisme fixe durable-ment la nature et la place du Mal. Cettereligion exposant l'opposition irréducti-ble entre le monde invisible (éternel, di-vin) et le monde visible (éphémère etcorruptible), oblige l'Eglise à prendreune position officielle sur la nature duMal à partir du XIIIème siècle.

La position de l'Eglise se radicalise aucours du Moyen-Âge: la « chasse auxsorcières », qui commence en 1494,donne lieu à des vagues d'arrestationsdans toute l'Europe et l'Inquisition faitrage. Un simple soupçon (exercice de lamédecine occulte, pratique d'une sexua-

Idées recues répertoriées par la

MIVILUDESUn changement radical dans l’apparence vestimentaire et notamment à tra-vers l’adoption du noir comme seule référence.

Des absences répétées en cours.

Une mise à distance préoccupante du cercle des intimes.

Un rejet total des religions traditionnelles allié à une fascination pour des em-blèmes païens ou des reliques militaires.

Une altération brutale du caractère de la personne avec des accès de vio-lence et de grossièreté.

Un manque manifeste de sommeil des de fréquentes sorties nocturnes.

Une tendance affirmée au repli sur soi et au secret.

La présence de tatouages, scarifications, piercings.

Une tendance excessive à la mélancolie et aux idées sombres.

Le refuge dans l’écriture de poèmes traitant de la Mort ou de Satan.

Le consommation de films d’épouvante et d’horreur.

Achat et port de symboles ésotériques.

Attrait pour les biens de consommation interdits pour les moins de 16 ans.

Anton LaVey

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de l’ordre public qu’en retenant une pul-sion de ce type.

Sur la base de ces critères, certainschercheurs chiffrent les satanistes fran-çais à une centaine d’indépendants etune dizaine d’affiliés à une église améri-caine. La MIVILUDES, quant à elle, lesdénombre dans son dernier rapport surles dérives sectaires à environ 24000.La différence est de taille. Aussi, ce der-nier chiffre s'explique par la prise encompte des satanistes mais aussi cellede personnes susceptibles de « tomber » dans la mouvance. Outre une banaleet vaine querelle de chiffres, cela posetoutefois une question importante : Y’a-t-il du prosélytisme chez les satanistes ?Tentent-ils de recruter plus d’adeptes etsous quelle forme ?

« Non », réponds Olivier Bobineau,« Il n’y a pas de prosélytisme dans lesconcerts de métal ». Il explique quelorsqu’un chanteur de hard rock ou deheavy métal se déclare sataniste, c’estla plupart du temps une forme de mar-keting. Marilyn Manson, un temps mem-bre de l’Eglise Satanique d’Anton LaVey,est désormais clairement inscrit danscette logique. Bien qu’il appelle dans denombreux titres à la rébellion ou à lamort, il assure que c’est dans un but es-sentiellement artistique (nous dironsmarketing). Mais quel est alors l’effet deces messages sur les jeunes métalleux ?

Les prennent-ils pour argent comptantou ne les voient-ils effectivement quecomme de l’art ou de la provocation ?

Bien sûr, les dérives sont toujourspossibles. Il n’est pas exclu d’un gouroumal intentionné tente de surfer sur cecourant culturel pour recruter de jeunesadeptes. Mais tout d’abord, ceci n’estpas propre au satanisme et de plus,cela dépend souvent de positionne-ments politiques ou de troubles psycho-logiques de certaines personnes. Car làest la véritable cause de la majorité destroubles publiques présentés comme« sataniques ».

Qui profane ?

Ainsi, Olivier Bobineau distingue troisorigines pour ces actes malveillantsmaladroitement attribués. Le cas politi-que, tout d’abord, où des néo-nazis pui-sent dans l’imaginaire satanique, qui re-présente l’opposant, des références aunom desquelles ils perpètrent des profa-nations. Le cas psychologique ensuite,où certains individus ayant des troublespathologiques et ne connaissant pas ladoctrine sataniste croient être possédéspar le démon. Enfin, le cas social depersonnes au climat familial et person-nel souvent tendu, qui se retrouveailleurs que dans un univers de culturesatanique.

En somme, le satanisme reste un dé-fouloir individuel ne stimulant nullementles dégradations publiques.

Au regard de ces différentes élé-ments, l’on constate que ces chercheurset la MIVILUDES tirent souvent les mê-mes conclusions et précisent qu’il nefaut pas faire d’amalgames. Certes, laposition de la MIVILUDES paraît contra-dictoire car d’un autre côté, elle signaleque l’imaginaire satanique peut con-duire au satanisme. Mais finalement, lessatanistes ne devraient que s’amuser dece règlement de compte à coups dechiffres et de rapports issus de polémi-ques si propres au climat actuel.

n'empêche, pour les deux mouvances,le culte de l'ego et l'individualisme liber-taire priment. Les bases du satanismecontemporain sont édifiées..

La réalité contemporaine

Si donc l’opinion publique s’accrocheà ses idées reçues sur le satanisme,c’est qu’elle n’a qu’une idée très flouede son Histoire à travers les âges. Or,être sataniste ne relève pas d’une con-ception floue mais précise, à travers 4critères qu’établit Olivier Bobineau, so-ciologue des religions.

Il faut avant toute chose se déclarersataniste pour ensuite, s'inscrire dans ladoctrine commune aux satanistes qu’estl’égocentrisme libertaire. Troisième cri-tère, faire partie d’un groupe informel.Enfin, le pratique de rites sataniquesprécis est de rigueur.

En quoi consistent ces critères ? Ilsdoivent tout d’abord être tous présents,il ne suffit pas de se déclarer satanistesans en suivre les caractères dogmati-ques. Un adolescent voyant dans cemouvement une manière de se rebellerpeut se déclarer sataniste et possédépar une force supérieure, mais s’il neremplit pas les trois autres critères, iln’est justement qu’un adolescent re-belle. En ce qui concerne l’égocentrismelibertaire, il s’agit de la notion mise enplace par Anton Lavey, où l’individu estson propre maître et agit uniquementdans le but d’assouvir ses propres dé-sirs. L'appartenance à un groupe depairs est elle aussi essentielle. Celle-ciest d'ailleurs grandement facilité dep-puis quelques années grace au reseauque constitue internet. Les rituels,quant à eux, son bien loin des meurtresd’animaux et autres profanations de ci-metières, car ces actes sont incompati-bles avec l’égocentrisme libertaire. Ef-fectivement, les actes illégaux sont con-damnés par Anton LaVey et cela est ai-sément compréhensible : un satanisteaurait plus à perdre en allant en prisonou en payant une amende pour trouble

DOSSIER

Flora Clodic-Tanguy / Jeremy ChanezMarilyn Manson

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F.C.-T. : D’où viennent toutes ces idées re-çues qu’on a à propos des satanistes ?

O.B. : D’une part de certains a priori issusen France d’un organisme qui lutte contreles sectes, dont je tairai le nom, et qui faitdepuis 20 ans là-dessus son chou gras,pour certains d’entre eux. D’autre part, decertains catholiques conservateurs dedroite, qui ont en font un combat du biencontre le mal, très intéressant. Par ailleurs,ils (les satanistes) en sont fiers, ils sont dansun principe aristocratique, ils sont une formed’élite, si vous voulez, élite individualiste, in-dividualisante, pratiquant l’égocentrisme etle culte de l’égo. A partir de là, ils vont êtreen porte-à-faux avec l’imaginaire chrétien etl’imaginaire social, où c’est l’altruisme quidomine. Mais, comme je le dis, ils trouventtout ça hypocrite. Parce que derrière, noussommes dans une société individualiste.

J.C. : Est ce qu’ils se réjouissent justementde ce changement de la société ou est ceque ça leur est complètement égal ?

O.B. : Mais ils s’en foutent de la société.Eux, ce qui compte, c’est leur individualité.C’est leur développement individuel. Ils veu-lent pas qu’on les fasse chier, ils veulentsurtout pas faire chier les autres. Ils font au-cun sacrifice humain, pas de meurtre debébé, pas de scarifications, dans ceux qu’ona rencontréen France. Tout ça c’est un peude la provoc, ça a été un créneau commer-cial à un moment donné et là on tombe dans

un autre domaine qui s’appelle l’occultisme.

F.C.-T. : Vous avez mis 12 ans pour écrirecette thèse, aurons-nous la chance d’avoirla prochaine avant 2020 ?

O.B. : (Rires) Là ça sort, parce que c’estdouze ans de travail, j’ai jamais eu le tempsde poser les choses avec une équipe de re-cherche et puis il faut faire vachement gaffe,je ne peux pas sortir un livre comme ça, sa-chant que l’imaginaire est contre moi, l’opi-nion médiatique est, dans un premier temps,contre moi, et que en plus dans l’Eglise Ca-tholique il y a une sorte de� fascination,méfiance absolue dès lors qu’on parle deça. Donc là, j’avais besoin d’être super clair,de montrer qu’il y a strictement aucun dan-ger.

J.C. : Dernière question. Qu’est ce qui repré-sente pour vous le plus grand danger pourla société : Le Satanisme, la cigarette ou leretour du disco ?

O.B. : (Rires) Heu� la cigarette, sans hési-tations. Ou non, les nazillons. Ces groupesnéo-nazis sont bien plus dangereux que lessatanistes.

J.C. : Les banderoles du PSG ?

O.B. : Exactement. C’est beaucoup plusdangereux. Y’a beaucoup plus de morts àcause des hooligans du PSG que dans lesatanisme.

L'EntretienOlivier BobineauSociologue et chercheur au CNRS, Olivier Bobineau vient de co-publier : Le Satanisme : Quel danger pour la société ? aux éditions Pygmalion.

DOSSIER

Mesdames, Mes-sieurs, il est temps debriser les tabous ; Au-jourd'hui, nous parlons

du DIABLE !!!

J'avais biendit que je

reviendrais !

Je vais encoreavoir des problè-mes avec l'ICP

moi...

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À CONTRE-CULTURE

Quelles solutions pour un scénariste en mal d'inspiration ?Comment saisir l'étincelle fugace dont jaillira le synopsis,

le script, le film ? Où la trouver ?Rien n'est plus simple ! Plonger son nez dans les bouquins

d'histoire de sa progéniture suffit. On y trouve pléthore de per-sonnages charismatiques pleins d'aventures et prêts à conquérirle monde. Si avec cela on n'arrive pas à pon-dre quelque chose de captivant - du moinsplus captivant que l'éprouvante biographie(trop) musicale servie par Marion Cotillarddans la Môme. Alors, il y a de quoi s'inquiéter.Si de ces folles aventures tyranniques on nepeut en effet tirer ne serait-ce qu'un film re-gardable, il faut se demander pourquoi tantde victimes innocentes ont disparu sansmême que ne leur soit rendu un hommagepotable dans une oeuvre posthume.

L'exercice est bel et bien dangereux. A titred'exemple, relater la vie d'un despote sangui-naire sans verser dans la compassion dou-teuse semble logique. Pourtant, La Chute ra-coleuse d'Oliver Hirschbiegel, en plus de nousavoir pleinement ennuyé en compagnied'Hitler dans un bunker en carton-pâte, a eule chic de nous rendre presque sympathique l'idole des années1940 - On rêve !

Dans un autre registre, celui de la reconstitution trop pim-pante, l'Alexandre d'Oliver Stone relatant les pérégrinationsorientales d'un grec à la tignasse bien trop blonde pour uneépoque sans peroxyde, n'améliorait pas le genre. D'autant queses conquêtes doublées d'une aventure amoureuse avec l'un deses sbires semblait rapidement n'en plus finir. Alexandre n'yétait ici grand que par la durée.

Ces balbutiements ratés mais pas désastreux auraient certespu laisser espérer un imminent renouveau du genre. Mais c'étaitsans compter l'hollywoodesque Zack Snyder et sa bande de 300zigomars en culotte rouge, incrustés sur fond bleu, venus enva-hir nos tranquilles salles obscures en meuglant des insanités.Graphismes affreux, batailles surfaites, dialogues ineptes. Plus

que de réconcilier le profane avec la culturespartiate, cette mixture indigeste faisait plutôtsurgir un amour urgent pour le sac à vomi. Fort heureusement, les vents divins de l'est

ont apporté la solution à ce micmac plus quevain. Sergeï Bodrov, réalisateur russe, vienttout récemment de commettre un film d'unepureté rare. D'une pureté comparable à celled'un diamant dans un carré de topinambour.Mongol, puisqu'il faut le nommer ainsi, relatel'ascension miraculeuse du grand GengisKhan. Parti d'une petite tribu ou l'on ne lenomme encore que Temudjin, ce fils dessteppes sans peur et sans cheval finira, aprèsavoir unifié non sans mal le peuple mongole,par constituer le plus grand empire que notreTerre ai porté.

Jonglant entre solitude et phratrie, amouret abandon, panthéisme et barbarie, cette production joue àmerveille de ses décors dantesques et nous entraîne dans uneépopée à la démesure de son héros. S'achevant avant mêmeque Le grand Khan n'ait jeté ses troupes sur la Chine impériale,le film peut toutefois laisser un certain goût d'inachevé. Dureste, le premier opus de cette trilogie conquérante, tourné avecélégance, présage d'une suite tout aussi envoûtante.

Après quelques bafouilles, il semblerait donc que les empe-reurs de l'histoire puissent rendre service au septième art. .

Qu'apporte Mongol ?Considérations sur les biographies pelliculaires

C’est là un album bien étrange, intriguant depuis la po-chette de l’album et son titre obscur jusqu’aux chansonsaux sonorités folk et country teintées d’influence rock. Mo-riarty est un groupe qui ne refuse ni les conventions, ni leconformisme, mais qui en joue. Preuve en est avec « Jimmy », incipit de l’album, balade

country dans sa forme la plus basique (un harmonica, uneguitare, une voix douce et entraînante), et aux paroles ab-surde qui nous font hésiter entre la vulgaire parodie etl’ironie la plus parfaite. La chanteuse susurre et hurle dansdes chansons qui s’offrent à nous comme autant d’objetsétranges, de curiosités installant une ambiance poétique etburlesque. Un album qui vogue joyeusement à la dérive ; on ne sait

pas où est-ce que l’on nous emmène, mais on y va volon-tiers.

MUSIQUE

CAROL REED - LE TROISÈME HOMMEOmbres et lumières

CINÉMA

MORIARTY - GEE WHIZ BUT THIS IS A LONESOME TOWNSe perdre pour trouver son chemin

Donald Walther

Vous avez déjà été égarés à la sortie d’une salle de ciné-ma. C’est fugace, car vite, tout reprend son sens. Plongezdans Le Troisième homme, et cédez au paradoxe fait film.Ici, la burlesque musique d’Anton Karas posée sur le noir

et blanc d’une Vienne d’après guerre anime une ville àpriori morte. Là, l’enquête menée par un écrivain raté nousconduit dans les eaux troubles d’un sordide trafic de péni-cilline dont le spectateur n'a finalement cure… On ne verseen effet de larmes que pour les trahisons et amours d'untrio infernal : Joseph Cotten, Alida Valli, et le magistral Or-son Welles, qui malgré ses quelques vingt minutes de jeuhabite le film.Ce n’est qu'au générique que l'on comprend. On a été la

poupée vaudou d'un réalisateur de génie. Carol Reed (se-condé certes par Orson Welles) a passé vos sentiments aushaker. Tout est clair, enfin : ce film est un chef-d'oeuvre.

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À CONTRE-CULTURE

Le principal problème des livres nouveaux c’est de nousempêcher de lire les anciens. Déjà qu’ils sentent le papierneuf, alors imaginez les soutenus par une méga-campagnede pub...Il n'empêche. Le premier opus de la série Millenium est

un délice. Stieg Larsson nous entraîne sur une frissonnantepetite île suédoise (-40° tout de même !) pour une étrangeenquête. Palpitante dès le début, lorsque l’auteur installeses personnages avec minutie, elle vous cloue pendant ledernier tiers du livre. Tout comme Michael, le journalistevengeur, et Salanders, fouineuse en chef, cette affaire defamille vous turlupinera des nuits entières. Imaginez alorsvotre état lorsque vous réaliserez que ce qui vous était ap-paru juste suspect se révèle diabolique… Un roman que l’on commence tranquillement et que l’on

finit comme poursuivi par une meute de loups.

LIVRE

STIEG LARSON - MILLÉNIUMÀ bout de souffle

Cambeyrac, 1944, petit village où la guerre se vit aurythme des discussions de troquet, des petits drames etdes grandes tragédies. Le tout sous le regard de Julien Sar-lat, miraculé qui, étant mort aux yeux de tous, attend sa-gement la fin du conflit bien caché dans le grenier del’école du village. Gibrat, auteur complet de l’album (du scénario à la cou-

leur), compose un récit de maître, une bande dessinée auxaccents littéraires que l’on retrouve aussi bien dans undessin réaliste de grande précision que dans l’écriture ten-dre et délicate. Aventure humaine à l’humour subtil et toujours présent,

on savoure ce récit qui laisse bouche bée, qui subjugue parson intelligence et sa finesse, poussées à leur paroxysmesur la fin du second tome où s’impose toute la puissance del'ouvrage et de son titre. Un véritable chef d’œuvre !

GIBRAT - LE SURSISIl faut bien que guerre se passe

BD

Philip K. Dick est vivant. Il sepourrait qu’il soit mort le 2

mars 1982 à Santa Ana, 56 km ausud de Los Angeles, Californie etne survive aujourd’hui guère plusque par ses écrits, et leur adapta-tion cinématographique très envogue depuis la dernière décennie(Paycheck, Minority Report, TotalRecall, Blade Runner, A ScannerDarkly…), mais ce serait faire fi dela multiplicité de notre univers, du« silence éternel de ces espacesinfinis » comme dirait Pascal.Quelque part, à coté de nous, Dick

est vivant, mais pour le voir, il faut dépasser les filtres qui nouspermettent de percevoir le monde, médiocres lentilles optiquesqui nous masquent la vraie Réalité, la remplaçant par une ab-jecte illusion.

Cette réalité illusoire, Dick en fait le thème principal de sonœuvre, et l’on goûte cette manipulation de la réalité dans tousses ouvrages. Mais l’on ne peut en apprécier la saveur amèrequ’en comprenant le contexte dans lequel cet auteur clinique-ment paranoïaque, schizophrène et gobeur d’amphétaminesévolue, c’est-à-dire le Maccarthysme, et la vague hippie des an-nées 60 californiennes.

Philip K. Dick est paranoïaque. Et en pleine chasse aux sor-cières, sa paranoïa ne fait que s'aggraver. Cet auteur décalé, enavance sur son temps se sent persécuté. Il est victime de com-plots. La CIA. Sa femme. Le KGB. La scène littéraire califor-nienne. Il s’enferme, écrit la nuit, se voue corps et âme a sonœuvre, et de la toile de son psyché angoissé surgissent les filsd’un univers sombre, oppressant. Il dépeint des futurs apocalyp-

tiques, ou l’Homme est surveillé, n’a plus de personnalité propre; de tristes futurs où la Réalité est en permanence mise endoute. Vingt ans avant les autres, Dick va inventer le cyberpunk,qui sévira sur toute la culture des 80s, mais qui n’a pas sa placedans le contexte euphorisant des 60s.

Blade Runner en est l’exemple le plus parfait, et sans aucundoute sa meilleure adaptation à l’écran. Un univers urbain sale,dégradé, violent, post-guerre nucléaire, où se débat RickDeckard, un chasseur de primes à la lugubre mission. Une at-mosphère impersonnelle, où la seule lumière provient de néonspublicitaires agrippés à des gratte-ciel cyclopéens, le quotidiende Deckard a tout du dimanche après-midi pluvieux.

Minority Report dépeint lui aussi assez bien cette fièvre para-noïde, à travers un monde où l’on est tellement surveillé quel’on prévoit ce que vous allez faire. L’angoisse est cette foistransposée dans un environnement propre, sécurisé, aux matiè-res aseptisées, et ça n’arrange pas la situation.

Philip K. Dick, un auteur a lire, a voir, a ressentir même, autravers des portes de la perception. Il est vivant. C’est nous quisommes morts.

Philip Kindred DickJe suis vivant et vous êtes morts

Guillaume Histrimont

Philip K. Dick

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Le 2 mai 2007, la France, vissée à son canapé, buvait le débat qui op-posait Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy. Débat très instructif que ce-

lui-ci car on a pu apprendre qu’ « il y a des colères très saines », que laFrance « tire 17% de son électricité de l’énergie nucléaire » et qu’ « unPrésident de la République, ça doit savoir rester calme ! ».

Eh bien gageons que M. Sarkozy devra effectivement faire preuve decalme durant ces temps difficiles. Ébranlé par les couacs de son gouverne-ment, constamment secoué par les remous d’une politique dont les résul-tats contestés – on peut le dire maintenant de façon certaine – ont conduità une sévère sanction de la part des électeurs français à l’occasion des ré-centes municipales, il regrette assurément les cieux plus cléments souslesquels s’est déroulée sa campagne. Mme Royal, quant à elle, ne sauraitmanquer ni de courage ni de patience ni de ténacité si elle convoite réelle-ment le parti socialiste. On ne prend pas la tête d’une horde d’éléphantsen claquant des doigts.

La France est aujourd’hui perplexe. Comme si elle avait besoin de vacan-ces. Pourquoi pas sur un yacht ? Wait and sea…

Sauver la planète. Préserver le système de santé. Relever les retraites. Construire une société quicorresponde pleinement aux aspirations des citoyens. Offrir à nos jeunes une formation qui leur

permette d’affronter les défis d’un monde en constante mutation. Ouvrir notre pensée aux culturesméconnues. Consolider des institutions chancelantes. Défendre notre identité culturelle. Repenser lecontrat social français.

Certains pensent – il faut les croire sincères – que l’Histoire fait les hommes. Certes, commentcomprendre le désir d’émancipation des femmes si ce n’est en considérant leur servitude passée etprésente ? Comment appréhender la quête de la laïcité en effaçant de notre mémoire les fracturescausées par les conflits religieux au sein de la société française ?

Il semble pourtant plus judicieux de renverser cette proposition. Car il n’y a rien d’écrit nulle partsur un quelconque destin du genre humain, je crois que ce sont les hommes qui font l’Histoire. Lesouvriers, les mineurs, les metallos ont gagné leur dignité à la sueur de leur front et à l’usure de leurvoix. Les minorités ont activement porté leurs doléances et leurs espoirs de reconnaissance et d’inté-gration. Les femmes se sont vaillamment libérées du joug machiste et ceci, parfois, en sacrifiant leurvie.

C’est en mémoire de ces combats fondateurs, en souvenir aussi de la lame de fond de 68 qui ba-laya la société française que tous, dans nos actes quotidiens, dans les espoirs que nous plaçons dansl’avenir, dans l’éducation des plus jeunes, dans nos relations à autrui, dans la construction euro-péenne, dans l’aide aux plus démunis, dans le regard que l’on porte sur l’étranger, nous devons mili-ter.

Militer, pas brasser de l’air. En s’engageant constamment et concrètement dans ses paroles et dans ces actes, l’Homme se

soustrait au joug du pouvoir qui opprime pour vivre en citoyen libre.De fait, il s’agit de se battre en utilisant les outils que notre régime démocratique nous offre pour

obtenir la société que nous voulons.Citoyen, sois réaliste, demande l’impossible !

Marche arrièreSégo et Sarko nous mènent en bateau

Citoyens, Soyez réalistes !Demandez l'impossible

À C O U P S D E M A R T E A U