Impacts des modes de gestion des supports-palettes sur le ... · des supports-palettes sur le...
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* La notion de support-palette définit le support de manutention seul, et la notion de palette le support-palette portant un produit.
Impacts des modes de gestion des supports-palettes sur le Développement Durable
e support‐palette1 est un élément essentiel d'amélioration des échanges de marchandises entre les différents partenaires de la chaîne logistique. Il permet un gain de temps considérable dans la manutention de la
marchandise entre les différents intervenants de la chaîne logistique, depuis le fournisseur de matières premières jusqu'au distributeur de produits finis, en passant par le transporteur.
Le développement de son utilisation s'est accompagné de la structuration d'une filière de production, notamment la filière bois, mais également de l'émergence de nombreux prestataires, loueurs et réparateurs de supports‐palettes.
Le choix du mode de gestion des supports‐palettes, outre l'aspect économique perçu par les acteurs, est guidé par la rotation et la fréquence d'approvisionnement des marchandises transportées et/ou stockées sur les supports et donc du stock outil nécessaire à l'activité.
Des sources de dysfonctionnements peuvent apparaître entre les différents intervenants, notamment dans le mode de gestion échange.
En effet, les flux de marchandises n'étant pas équilibrés entre les régions françaises, ceci génère un déséquilibre permanent du positionnement des stocks de supports‐palettes avec, comme répercussion immédiate, le déplacement nécessaire de supports‐palettes vides pour rééquilibrer l'ensemble du réseau de distribution.
Hormis l'impact financier lié aux surcoûts de gestion et aux kilomètres supplémentaires pour les transporteurs, l'impact du transport des supports‐palettes peut être conséquent en matière d'émissions de CO2 (surcharge de poids diminuant la charge utile du camion, kilomètres parasites pour leur collecte, …).
Ce mode de gestion peut avoir aussi des impacts non négligeables d'un point de vue social (accidents du travail, pénibilité, troubles musculo‐squelettiques, temps de travail hors conduite, …).
C'est dans ce contexte que la CCI Auvergne et la DREAL Auvergne ont souhaité évaluer les impacts des principaux modes de gestion des supports‐palettes sur le Développement Durable en Auvergne et identifier des pistes d'amélioration.
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1 La notion de support‐palette définit le support de manutention seul et la notion de palette le support‐palette portant un produit.
1 Par nature, il a une durée de vie limitée à une rotation. Il est plus léger, moins solide et donc moins coûteux à produire. 2 Il est composé d’un ensemble d'utilisateurs en circuit fermé d'un ou de plusieurs modèles de supports-palettes communs multi-rotations.
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Principaux modes de gestion des supports-palettes Des quatre modes de gestion des supports‐palettes existants (perdu2, pool indépendant3, locatif et échange), le locatif et l'échange se partagent 90 % d'un marché supérieur à 300 millions de supports, essentiellement fabriqués en bois.
Process du support‐palette locatif
Fabrication ouacquisition de
supports-palettes
Réseau de dépôts du loueur,de points de collecte,
de tri et de réparation
Usines del’industriel
Plate-forme dudistributeur
Points de ventedu distributeur
Fin de vie
La simplicité de gestion a poussé bon nombre d'acteurs à basculer vers la location de support‐palette, malgré une perception d'un coût facial plus élevé qu'en mode échange. Le développement de réseaux de points de collecte et de réparation suffisamment denses a permis pour chaque loueur de rationaliser les déplacements grâce à ce maillage, tout en autorisant un process de ramasse capillaire très intéressant pour les distributeurs notamment.
Process du support‐palette échange
Fabricant desupports-palettes
normalisés
Usines del’industriel
Plate-forme dudistributeur
Points de ventedu distributeur
Fin de vie Réparateurs
Transporteur
Le process échange, bien qu'encadré par la Loi d'Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) depuis décembre 1982, exacerbe des relations déjà tendues entre chargeurs et transporteurs.
Le contrat bipartite non écrit de l'échange entre un fournisseur et son client se transforme en contrat tripartite impliquant le transporteur qui devient, malgré lui, un acteur supportant une part importante des coûts de gestion sans être rémunéré (dans 80 % des cas). En théorie, l'expéditeur remet au transporteur un nombre de palettes de qualité à livrer au destinataire, le transporteur étant en charge de les déplacer et de les livrer dans un état de qualité équivalent. Le destinataire doit alors rendre immédiatement au transporteur une quantité identique et de qualité équivalente de supports‐palettes que ce dernier est chargé de rapporter à l'expéditeur initial ou de lui rendre au moment d'un chargement.
La pratique s'avère bien différente. En effet, un transporteur ne souhaite pas ou ne peut pas toujours collecter des supports‐palettes vides à la livraison. De son côté, le destinataire ne détient pas toujours la quantité et la qualité de supports‐palettes vides à rendre. Au quotidien, un système de "bons palettes" s'est progressivement mis en place au fil des années, dans le but de déconnecter le flux physique du flux d'information. Par ricochet, le flux financier s'est également désynchronisé. Cette mécanique a abouti à une "comptabilité parallèle", plus ou moins bien gérée par les différents acteurs, mais clairement chronophage et coûteuse, avec des frais de gestion et de personnel très souvent sous‐estimés, voire ignorés par les entreprises. Au final, si la gestion des encours ne trouve pas un équilibre entre le destinataire et le transporteur, le compte supports‐palettes entre l'expéditeur et le transporteur s'apparente alors à une marge ou à une perte comptable.
Des propositions de mutualisation des parcs de supports‐palettes échange se multiplient en France. Le principe consiste à limiter les reprises partielles de supports‐palettes dans des véhicules non optimisés (générant des kms à vide) et à réduire les distances de relocalisation de ces supports. Le service proposé permet à un transporteur de ne plus s'occuper de la gestion des supports qu'il livre, en ne gérant que la part liée aux marchandises. En fonction de son besoin, il peut obtenir des supports vides de qualité à quelques kilomètres de ses bases d'exploitation ou de chez l'expéditeur. Les prestataires et/ou les réseaux de transporteurs assurent eux‐mêmes les équilibres nécessaires en faisant travailler leurs adhérents sur des tractions complètes de supports vides. Ce process s'apparente clairement au locatif actuel, à la différence près que le transporteur continue à prendre en charge volontairement une partie, certes moindre, des coûts de gestion.
2 Le support perdu est plus léger, moins solide et donc moins coûteux à produire. Sa gestion n’est pas problématique, car par nature, il a une durée de vie limitée à une rotation. 3 La gestion des supports en pool indépendant consiste en plusieurs rotations de supports‐palettes entre un ensemble d'utilisateurs en circuit fermé.
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Développement Durable et support-palette échange
Vision économique Le chargeur a tendance à voir exclusivement le coût facial direct (qu'il compare souvent à tort au tarif de location pour justifier son choix de l'échange), constitué de l'acquisition des supports et de leur amortissement, ainsi que la prise en compte d'une part de réparation liée à l'usage. Quelques rares chargeurs (20 % des volumes) acceptent de rémunérer à leur transporteur une prestation annexe de gestion.
Le destinataire doit lui aussi faire l'acquisition partielle de supports pour être en mesure d'une part d'échanger ceux qui lui sont livrés et d'autre part d’irriguer ses propres destinataires (points de vente) par capillarité. Il doit prendre à son compte une partie des réparations, mais certains n'hésitent pas à appliquer unilatéralement à leurs transporteurs un taux de freinte4 parfois rédhibitoire.
Le transporteur est également contraint de réaliser l'acquisition de supports, afin de répondre aux sollicitations de ses clients chargeurs, alors qu'il n'a pas nécessairement reçu la contre‐partie des destinataires. Dans le cadre de la comptabilité parallèle des "bons palettes" évoquée précédemment, il existe une certaine perte d'information qui se traduit par une perte financière sèche.
D'une manière générale, il est admis que les chargeurs supportent entre 29 à 35 % des coûts globaux des supports‐palettes (achat, gestion, réparation), les destinataires 18 à 22 % et les transporteurs 47 et 49 %, alors que leur rôle direct est a priori le plus limité des trois acteurs.
Répartition entre les acteurs du coût global d'un support‐palette en mode échange
Chargeur Destinataire
Transporteur
1,20 €Amortissement de la totalité
Part réparation
0,60 – 0,90 €Acquisition partielle
Réparation
1,60 – 2,00 €Acquisition partielle
RéparationGestion
Source : N. OLANO ‐ Journée technique nationale "Réutilisation des emballages industriels" ‐ Ademe ‐ 18/11/2010
Vision sociale et sociétale D'un point de vue social, les impacts les plus importants sont les troubles musculo‐squelettiques (TMS) et les blessures liés à la manutention des supports. Toutes les étapes de manutention de la chaîne sont évidemment concernées, mais la sollicitation la plus importante est à mettre à l'actif des conducteurs qui sont contraints de ranger régulièrement des supports vides, d'une masse moyenne de 30 kg à sec pour les supports les plus courants en bois (80 x 120), dans le coffre de leurs semi‐remorques et ce, dans des positions difficiles.
D'un point de vue sociétal, l'intérêt de la réutilisation de supports par la location ou l'échange implique le développement d'emplois directs et indirects, ne serait‐ce que pour les opérations de réparations, ce qui n'est pas à négliger, comparativement à des supports perdus par exemple.
Vision environnementale Quel que soit le type de matériau utilisé, le transport représente l'essentiel des impacts (à l'exception bien‐sûr de la production de déchets). La différence marquante entre les matériaux vient :
- de la consommation d'énergies fossiles, donc non renouvelables, pour le plastique, - de la consommation de biomasse pour le bois, - des transports additionnels pour le carton et le plastique du fait d'un maillage plus faible des sites de production à
l'échelle nationale.
En ce qui concerne l'effet de serre, l'analyse devient complexe au niveau de la production et de la fin de vie du bois : - la production de bois captant du carbone dans l'air, sa réutilisation évite une production de bois vierge et le captage
carbone qui est lié, - la fin de vie sous forme d'énergie dans les chaudières collectives permet d'éviter l'utilisation de ressources non
renouvelables dans ces mêmes chaudières, - les émissions potentiellement nocives dues à l'incinération du bois traité, des peintures ou des colles (plots en
aggloméré) n'ont jamais été mesurées.
La difficulté de mesurer clairement les impacts de ces facteurs incite à aborder la problématique environnementale sous l'angle exclusif des émissions de CO2 du transport.
4 Le taux de freinte correspond à l’usure normale et naturelle des supports‐palettes ; le taux couramment retenu est compris entre 5 et 7 %. 3
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Simulations comparées d'émissions de CO2
L'ORT Auvergne a développé un outil permettant de comparer les émissions de CO2 engendrées par les modes de gestion d'échange classique et de location des supports‐palettes, en prenant en compte la quantité et la masse de supports transportés.
Les données suivantes de l'ADEME ont servi de référence au calcul : - coefficient d'émission du gazole = 3,07 kg.CO2 / L (arrêté du 10 avril 2012 qui fait suite au décret du 24 octobre 2011), - écart de consommation entre véhicule plein (41,7 L / 100 km) et véhicule vide (28,03 L / 100 km), avec prise en compte
d'une variation de consommation linéaire entre ces deux extrêmes.
Deux cycles de transport spécifiques, mais néanmoins courants, ont été simulés à l'aide de l'outil et sur la base d'un tracteur routier 40 T longue distance :
- un cycle complet de chargement / déchargement / rechargement / déchargement, avec des options d'échanges distincts en fonction de la capacité résiduelle de la semi‐remorque et en utilisant le coffre de la semi‐remorque ;
- un aller à plein pour un retour à vide avec uniquement des supports vides échangés.
Tournée en véhicule complet en mode échange classique
Expéditeur DestinataireKilométrage = 400 km= 33 pleins
TransporteurAgence 2
TransporteurAgence 1
Destinataire
Kilométrage = 60 km= 30 vides
Kilométrage = 400 km= 32 pleins + 30 vides
Kilométrage = 60 km= 62 vides
Kilométrage = 40 km= 90 vides Kilométrage = 40 km
= 90 vides
Emissions CO2 = 35,82 kg.CO2ou 0,40 kg.CO2/support videConsommation = 29,2 L/100 km
Emissions CO2 = 512,37 kg.CO2ou 0,61 kg CO2/support videConsommation = 41,7 L/100 km
Equilibrage idem locationEmissions CO2 = 53,06 kg.CO2
ou 0,86 kg.CO2/support videConsommation = 28,8 L/100 km
Emissions CO2 = 52,32 kg.CO2ou 1,74 kg.CO2/support videConsommation = 28,4 L/100 km
Emissions CO2 = 512,37 kg.CO2ou 0,61 kg.CO2/support videConsommation = 41,7 L/100 km
Mise en coffrede 30 supports videsBon palettes = 3
Prise en charge de 32 palettes pleines
Bon palettes = 3230 supports au coffre
Mise en remorque de 32 supports vides
30 supports au coffre
Emissions CO2 = 35,82 kg.CO2ou 0,40 kg.CO2/support videConsommation = 29,2 L/100 km
Kilométrage = 40 km= 90 vides
Emissions CO2 = 35,82 kg.CO2ou 0,40 kg.CO2/support videConsommation = 29,2 L/100 km
0,054 kg.CO2/support vide
Dans cette simulation, la semi‐remorque charge 33 supports pleins chez l'expéditeur et parcourt 400 km à pleine charge, consommant donc 41,7 L / 100 km. Le coffre de la semi‐remorque est vide.
A réception chez le destinataire, le conducteur doit mettre au coffre 30 supports‐vides et reçoit un "bon palette" pour les 3 supports qu'il ne peut pas charger, car il doit recharger chez un nouveau client à 60 km. Il réalise donc ce trajet avec 30 supports vides, qui représentent près d'une tonne de poids mort et une consommation légèrement supérieure à celle du véhicule à vide.
Il prend en charge uniquement 32 supports pleins chez son nouveau client, car il s'agit de palettes lourdes et la prise en charge de 33 supports pleins impliquerait un dépassement du PTRA. N'ayant plus de place dans le coffre, il obtient un "bon palette" pour 32 supports vides. Il circule avec à son bord 62 supports en bois (30 vides dans le coffre et 32 pleins dans la semi‐remorque).
A destination, il reçoit en échange 32 supports vides qu'il charge dans la semi‐remorque, sachant qu'il retourne à vide vers son point de départ. Il circule alors avec 62 supports vides dans son véhicule (30 dans le coffre et 32 dans la semi‐remorque).
Le transporteur doit ensuite livrer ou rendre des supports et collecter des supports selon qu'il a livré ou enlevé de la marchandise. Ces livraisons et collectes sont établies sur une base de 40 km et de 90 supports vides. Du fait des distances impliquées, plusieurs agences du transporteur sont impliquées dans le process et un équilibrage est nécessaire (compris entre 2 et 5 %, soit une approche d'équilibrage similaire au locatif).
Le total du cycle montre une émission de CO2 de 5,07 kg.CO2 par support vide, soit 167,31 kg.CO2 liés au transport de 33 supports en bois en aller et retour.
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Tournée en véhicule complet en mode locatif
Kilométrage = 400 km= 33 pleins
Expéditeur DestinataireKilométrage = 400 km= 33 pleins
ExpéditeurDestinataire
Kilométrage = 60 km à vide
Kilométrage = 60 km à vide
Emissions CO2 = 512,37 kg.CO2ou 0,61 kg CO2/support videConsommation = 41,7 L/100 km
Emissions CO2 = 51,64 kg.CO2Consommation = 28,0 L/100 km
Emissions CO2 = 51,64 kg.CO2Consommation = 28,0 L/100 km
Emissions CO2 = 512,37 kg.CO2ou 0,61 kg.CO2/support videConsommation = 41,7 L/100 km
Centre de collecteet de tri du loueur 2
Centre de collecteet de tri du loueur 1
Equilibrage (2-5%)= 600 km= 650 vides
Emissions CO2 = 707,58 kg.CO2ou 0,054 kg.CO2/support vide (5%)Consommation = 38,4 L/100 km
Kilométrage = 50 km= 550 vides
Emissions CO2 = 56,18 kg.CO2ou 0,10 kg.CO2/support videConsommation = 36,6 L / 100 km
Kilométrage = 50 km= 650 vides
Emissions CO2 = 58,94 kg.CO2ou 0,09 kg.CO2/support videConsommation = 38,4 L / 100 km
Kilométrage = 50 km= 650 vides
Emissions CO2 = 58,94 kg.CO2ou 0,09 kg.CO2/support videConsommation = 38,4 L / 100 km
Kilométrage = 50 km= 550 vides
Emissions CO2 = 56,10 kg.CO2ou 0,10 kg.CO2/support videConsommation = 36,6L / 100 km
Cette simulation reprend les mêmes éléments de tournée qu'en mode échange classique.
La différence avec le cas précédent est dans le fait que le conducteur ne s'inquiète d'aucune reprise de supports vides.
De plus, l'ensemble des flux d'alimentation et de collecte des supports vides par le loueur auprès de l'ensemble des points de chargement ou de destination a été intégré.
Le total du cycle montre une émission de CO2 de 1,65 kg.CO2 par support vide, soit 54,45 kg.CO2 liés au transport de 33 supports en bois en aller et retour.
Aller simple avec retour à vide Ce calcul théorique est à seul but illustratif et ne reflète pas les conditions réelles d’exploitation rencontrées chez les transporteurs.
En mode échange classique, la semi‐remorque charge 33 supports pleins chez l’expéditeur et parcourt 400 km à pleine charge. Après déchargement, le conducteur reçoit en échange 33 supports vides qu’il positionne dans la semi‐remorque pour le retour vers le lieu de chargement initial.
En mode locatif, les émissions à l’aller de la semi‐remorque à plein sont évidemment similaires. En revanche, le conducteur n’a pas à se soucier de la collecte chez le destinataire, d’où des émissions de CO2 largement inférieures sur la totalité du trajet.
Tableau de synthèse des émissions comparées de CO2 relatives aux supports‐palettes vides
Trajet En mode échange classique En mode loué Ecart
Aller simple avec retour à vide sur 400 km
11,19 kg.CO2 0,85 kg.CO2 ‐ 92,4 %
Tournée en véhicule classique avec 400 km à plein et 60 km à vide pour rechargement (coffre plein)
5,07 kg.CO2 1,65 kg.CO2 ‐ 67,5 %
Les comparatifs montrent des écarts de facteur 3 à 13 en faveur du mode de location, selon la typologie de tournée simulée.
Les nouveaux modes de gestion échange mutualisé proposés actuellement par les réseaux de transporteurs et les prestataires spécialisés bénéficient évidemment de ces mêmes écarts.
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Synthèse et points-clés
Le sujet des supports‐palettes est par nature un sujet polémique dans les relations entre acteurs de la chaîne logistique. La situation peut être résumée de la manière suivante :
- Le chargeur industriel est à ce jour le seul décisionnaire du mode de gestion qu'il souhaite mettre en œuvre. Son argumentation actuelle de passage de l'un à l'autre des modes se fait quasi‐exclusivement sur des critères économiques et sur la valeur faciale du coût perçu. Ce choix peut néanmoins être dicté par un choix stratégique d'une holding à une filiale locale pour des raisons de facilité de gestion dans un périmètre extra‐national.
- Le destinataire, véritable donneur d'ordre concernant les quantités de marchandises commandées, se cantonne aujourd'hui dans une position attentiste et n'impose pas, à de très rares exceptions, un mode de gestion ou un type de support aux chargeurs avec lesquels il est en affaires. En revanche, cela ne l'empêche pas d'apporter sa propre appréciation de la qualité d'un support ou de la quantité qu'il décide unilatéralement de restituer.
- Le transporteur supporte depuis des années une situation contrainte et inique. Il n'est pas partie prenante dans la relation commerciale entre le chargeur et son destinataire, mais est littéralement "pris en otage" à chaque écart d'appréciation de l'un ou l'autre des deux autres acteurs sur la qualité et/ou la quantité des supports, ce qui a des conséquences financières dénoncées depuis des années, sans qu'il n'ait réussi à se faire entendre sur ce point.
- Des trois acteurs, le plus faible reste le transporteur : o par sa relative fragilité financière comparée aux deux autres acteurs de la chaîne, o par son ancrage commercial fort localement et sa volonté de ne pas perdre un client pour quelques supports en bois,
dont il a par ailleurs une vision analytique très limitée en ce qui concerne les coûts réels de gestion, o par sa vision individualiste dans une compétition locale acharnée et une incapacité notoire à se mettre d'accord sur
une stratégie commune à adopter.
La démarche environnementale n'a jamais été au cœur des décisions du choix du mode de gestion des supports‐palettes alors qu'elle en est un facteur‐clé.
Recommandations et plan d'actions
L'ensemble des acteurs de la chaîne a des intérêts communs au succès de la gestion des supports, ce qui implique la proposition d'un plan d'actions en plusieurs points.
Pour les chargeurs et destinataires :
- il est vital qu'ils préservent un réseau de transporteurs régionaux et locaux garantissant, grâce à leur proximité, une qualité de prestations et la flexibilité nécessaire pour répondre aux variations de flux liées à une activité industrielle, souvent confrontée à des pics saisonniers (surtout en agro‐alimentaire) ou à une activité de redistribution par nature très localisée (en moyenne 200 km autour de l'entrepôt).
- au‐delà d'une prise de conscience de leur responsabilité environnementale, ils sont et seront de plus en plus contraints par la législation de calculer leurs émissions de CO2, dans lequel est compris le transport des supports‐palettes. Le bilan carbone va devenir essentiel dans leur communication institutionnelle et doit les pousser à afficher une volonté de participer au développement durable sur la chaîne logistique, avec un souhait assumé d'accompagner les prestataires de transport dans leur démarche.
Les transporteurs ont constaté que leur argumentaire exclusivement économique conduisait à une impasse. Ils doivent remédier à un certain nombre de faiblesses mises en évidence au cours de l'étude, et notamment en :
- améliorant leur connaissance du coût global de gestion en interne, - mettant en œuvre des outils de pilotage et de reporting efficaces, - contractualisant avec leurs clients des conditions particulières adaptées au plus grand nombre et prenant en compte les
spécificités par métier.
Pour les aider dans cette démarche, les transporteurs disposent d’un outil simple d'utilisation, développé et mis à disposition par l'ORT Auvergne, pour élaborer de manière très concrète une approche environnementale des flux de supports‐palettes, adaptée à toutes les situations qu'ils sont susceptibles de rencontrer avec leurs clients. Cette démarche, beaucoup moins polémique que la vision exclusivement économique, pourra trouver un écho favorable auprès de clients soucieux d'améliorer leur empreinte carbone.
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En conclusion
Cette étude, réalisée à l'échelle régionale, a mis en exergue une fois de plus les difficultés nées de la gestion des supports‐palettes et partagées depuis longtemps au niveau national.
L'ensemble des acteurs de la chaîne logistique s'accorde sur les constats globaux, notamment sur la complexité engendrée par les biais de l'échange classique non encadré. En revanche, l'équation économique de chacun des acteurs étant posée depuis des années, la remise en cause des process actuels est difficile à réaliser sans une vision plus large et la démarche environnementale est à ce titre un déclencheur significatif et pertinent.
L'intérêt du locatif, du point de vue environnemental, a été clairement démontré dans les simulations de tournées. L'émergence du mode échange mutualisé par des réseaux de transporteurs et de nouveaux prestataires n'y est pas étrangère. Ce mode de gestion, très proche du locatif, apparaît sensé d'un point de vue purement logistique. Mais ces acteurs pourront‐ils transférer la charge financière sur les chargeurs comme ils l'entendent dans leurs argumentaires ? A défaut, ils acteront définitivement que les transporteurs prennent une part non négligeable de la charge à leur compte.
Quelques rappels pour une relation durable entre les acteurs de la chaîne sur ce sujet très sensible des supports‐palettes : - le maintien d'un réseau de transporteurs de proximité et de qualité passe par une meilleure prise en compte des
charges de gestion qui lui sont indûment affectées et non rémunérées ; - l'image durable de la gestion des supports‐palettes se construit autour d'un argumentaire environnemental ; - le business étant complexe par nature, il est indispensable de simplifier la gestion administrative et opérationnelle de
tous les acteurs et en particulier des transporteurs dont la valeur ajoutée est ailleurs ; - la contractualisation sur les conditions particulières adaptées à l'activité n'est que trop rare et doit devenir une règle.
Méthodologie
Cette étude a été commanditée par la Chambre de Commerce et d'Industrie Auvergne et la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement Auvergne. Confiée aux cabinets VB Conseil (75) et MN Conseil (63), elle s'est déroulée de décembre 2011 à juillet 2012. Elle est basée sur un état des lieux des modes de gestion des supports‐palettes, un benchmark des pratiques en Europe, un point sur la législation française relative aux supports‐palettes, une série de rendez‐vous avec des acteurs régionaux et nationaux concernés par le sujet. Une quarantaine d'entretiens a ainsi été réalisée auprès de transporteurs, de fédérations de transporteurs, d'une fédération de chargeurs, de distributeurs, d'industriels, de gestionnaires de parc locatif de supports‐palettes, de constructeurs et carrossiers, d'un manufacturier, d'un organisme de certification ISO 14001, de divers organismes (ADEME, MEDDE, SETRA, SYPAL). Le Développement Durable dans le cycle des supports‐palettes a été ensuite abordé sous ses trois angles (économique, social et environnemental). Des recommandations et des argumentaires à destination des différents acteurs de la chaîne logistique (chargeurs, transporteurs et destinataires) concluent l'étude. Synthèse de l’étude téléchargeable sur www.transport‐auvergne.com rubrique Etudes et Publications > Travaux de l'ORT
Outil de calcul des émissions de CO2 disponible sur demande auprès de l’ORT Auvergne.
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Une étude commanditée par
la CCI Auvergne et la DREAL Auvergne
et réalisée par les cabinets MN Conseil et VB Conseil.
CCI Auvergne Pôle "Observation Economique ‐ Etudes ‐ Aménagement du Territoire" Aéroport de Clermont‐Ferrand Auvergne ‐ BP 25 63510 AULNAT Tél. 04 73 60 46 62 ‐ Fax 04 73 90 89 22 [email protected] www.auvergne.cci.fr
DREAL Auvergne Service Transports, Déplacements et Sécurité ‐ Pôle Transports et Mobilité Durables 7 rue Léo Lagrange 63033 CLERMONT‐FERRAND Cedex Tél. 04 73 43 15 51 ‐ Fax 04 73 43 15 14 tmd.stds.DREAL‐Auvergne@developpement‐durable.gouv.fr www.auvergne.developpement‐durable.gouv.fr
MN Conseil Michel NICOLAS Aéroport de Clermont Auvergne 63510 AULNAT Tél. 06 07 33 22 76 michel.nicolas@mnc‐service.fr www.vbconseil‐mnc.com
VB Conseil Bruno VIALLON 8‐10 rue de l'Eglise 75015 PARIS Tél. 06 86 07 33 40 [email protected] www.vbconseil‐mnc.com
OBSERVATOIRE RÉGIONAL DES TRANSPORTS AUVERGNE 7 rue Léo Lagrange ‐ 63033 CLERMONT‐FERRAND Cedex
Tél. 04 73 43 15 51 ‐ Fax 04 73 43 15 14 tmd.stds.DREAL‐Auvergne@developpement‐durable.gouv.fr
www.transport‐auvergne.com Concep
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