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DENIS BEAUDOIN IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE EN PÉRIODE D’ÉTABLISSEMENT EN AGRICULTURE Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en économie rurale pour l’obtention du grade de Maître ès sciences (M. Sc.) Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation Université Laval Québec 2011 © Denis Beaudoin, 2011

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DENIS BEAUDOIN

IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR

LA SITUATION FINANCIÈRE EN PÉRIODE

D’ÉTABLISSEMENT EN AGRICULTURE

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval

dans le cadre du programme de maîtrise en économie rurale

pour l’obtention du grade de Maître ès sciences (M. Sc.)

Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation

Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation

Université Laval

Québec

2011

© Denis Beaudoin, 2011

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Résumé

L’établissement en agriculture demeure un parcours semé d’embûches, particulièrement sur

le plan financier, où le recours à des sources de revenus non agricoles fait partie de la

réalité. La pratique de la pluriactivité permet au ménage d’obtenir un revenu

supplémentaire, notamment par le biais d’un emploi extérieur à la ferme, ce qui a une

incidence positive sur la situation financière. Dans ce contexte, l’objectif de cette recherche

exploratoire était de mesurer l’importance financière du revenu de la pluriactivité dans

l’établissement en agriculture. Une enquête téléphonique menée auprès de 243 jeunes

récemment établis en agriculture au Québec a démontré que 62 % des ménages

échantillonnés sont pluriactifs professionnels. L’analyse statistique subséquente des

données de l’échantillon a révélé que le revenu d’emploi extérieur a un impact significatif

sur les dépenses courantes du ménage ainsi que sur les apports monétaires faits dans

l’entreprise en période d’établissement en agriculture.

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Avant-propos

Ce projet de recherche a été rendu possible grâce au soutien financier du ministère de

l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) par l’intermédiaire

du Programme de recherche technologique en bioalimentaire (volet demande sociétale). Il a

également bénéficié de l’appui soutenu du Groupe de recherche en économie et politique

agricoles (GRÉPA) de l’Université Laval. Les ressources que ces organisations ont mises à

ma disposition ont grandement contribué à la réussite de ma formation et je tiens à profiter

de cette occasion pour les remercier de m’avoir appuyé dans toutes les facettes de mon

parcours académique.

Je souhaite également remercier sincèrement mon directeur de recherche, Daniel-Mercier

Gouin, pour son encadrement hors pair et la confiance qu’il m’a témoignée afin de mener

ce mémoire à terme. J’aimerais aussi remercier ma co-directrice de recherche, Diane

Parent, pour son expertise et ses encouragements.

J’ai pu compter sur un grand soutien de mes collègues tout au long de ma formation et je

les en remercie. Je souhaite également remercier mes parents, Thérèse et Guy, qui m’ont

appris la valeur inestimable de l’éducation. Enfin, je désire remercier la femme qui a

toujours été derrière moi, ma conjointe, Valérie, pour qui je suis infiniment reconnaissant.

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« En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout. »

Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

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Table des matières

Résumé ..................................................................................................................................... i

Avant-propos ......................................................................................................................... ii

1. L’établissement en agriculture dans un cadre pluriactif ................................................ 1

1.1 Objectifs de recherche ....................................................................................... 5

2. La situation financière du ménage agricole ................................................................... 7

2.1 L’approche globale ............................................................................................ 7

2.2 La formation du revenu ................................................................................... 12

2.2.1 Le revenu provenant de l’entreprise agricole .................................... 12

2.2.2 Les revenus hors ferme et le revenu total du ménage agricole.......... 15

2.2.3 La pluriactivité du ménage ................................................................ 18

2.3 L’utilisation du revenu .................................................................................... 22

2.3.1 La consommation .............................................................................. 23

2.3.2 L’épargne ........................................................................................... 25

2.3.3 Le rôle de la richesse ......................................................................... 27

2.4 Grille d’analyse................................................................................................ 29

2.5 Les fonctions de consommation et d’épargne d’un point de vue

théorique .......................................................................................................... 32

2.5.1 La fonction de consommation selon la théorie des comptes

mentaux ............................................................................................. 33

2.5.2 La fonction d’épargne selon la théorie de l’individu

entrepreneur ....................................................................................... 34

2.6 Question de recherche ..................................................................................... 36

3. La mesure du revenu et de son utilisation : aspects méthodologiques ........................ 38

3.1 Population visée ............................................................................................... 38

3.2 Échantillonnage ............................................................................................... 38

3.3 Méthode de collecte de données ...................................................................... 39

3.4 Instrument de mesure....................................................................................... 40

3.5 Bilan de l’enquête ............................................................................................ 43

3.6 Approche d’analyse ......................................................................................... 46

4. L’importance financière du revenu de la pluriactivité : analyse de l’échantillon ....... 48

4.1 Caractéristiques de l’échantillon ..................................................................... 48

4.2 Impact du revenu d’emploi extérieur............................................................... 54

4.3 Analyse des ménages pluriactifs professionnels ............................................. 63

5. Conclusion ................................................................................................................... 72

Bibliographie ........................................................................................................................ 76

Annexe I Questionnaire d’enquête téléphonique .................................................................. 80

Annexe II Procédures d’analyse statistique .......................................................................... 98

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Liste des tableaux

Tableau 1 Taux de réponse de l’enquête ........................................................................ 44

Tableau 2 Répartition des ménages selon la présence de revenus d’emploi

extérieur en 2008 et au début de l’établissement .......................................... 45

Tableau 3 Répartition des ménages selon leur type ....................................................... 45

Tableau 4 Modes principaux d’établissement des répondants selon le type de

ménage .......................................................................................................... 48

Tableau 5 Types de productions agricoles principales des entreprises selon le

type de ménage .............................................................................................. 49

Tableau 6 Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises à la

fin de l’année 2008 selon le type de ménage ................................................ 50

Tableau 7 Revenus brut et net moyens des entreprises en 2008 et au début

l’établissement selon le type de ménage ....................................................... 51

Tableau 8 Revenus moyens des ménages au début de l’établissement selon le

type de ménage .............................................................................................. 52

Tableau 9 Revenus moyens des ménages en 2008 selon le type de ménage ................. 52

Tableau 10 Dépenses courantes moyennes des ménages en 2008 selon le type de

ménage .......................................................................................................... 55

Tableau 11 Apports monétaires moyens faits par les ménages dans l’entreprise en

2008 selon le type de ménage ....................................................................... 59

Tableau 12 Répartition des ménages pluriactifs professionnels selon le niveau du

revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement et en 2008 ............... 63

Tableau 13 Utilité accordée par les répondants des ménages pluriactifs

professionnels aux revenus hors ferme dans l’établissement ........................ 64

Tableau 14 Aspect financier favorisé par les revenus hors ferme selon les

répondants des ménages pluriactifs professionnels qui les ont jugés

essentiels ....................................................................................................... 65

Tableau 15 Présence et montant des apports monétaires médians moyens faits dans

les entreprises des ménages pluriactifs professionnels en 2008 .................... 66

Tableau 16 Mode principal d’établissement des répondants des ménages pluriactifs

professionnels ................................................................................................ 67

Tableau 17 Type de production agricole principale des entreprises des ménages

pluriactifs professionnels .............................................................................. 67

Tableau 18 Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises des

ménages pluriactifs professionnels en 2008 .................................................. 68

Tableau 19 Revenus brut et net médians moyens des entreprises des ménages

pluriactifs professionnels depuis l’établissement .......................................... 69

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vi

Tableau 20 Dépenses courantes moyennes des ménages pluriactifs professionnels

en 2008 .......................................................................................................... 69

Tableau 21 Intention des ménages pluriactifs professionnels de vivre

principalement des revenus de l’entreprise ................................................... 70

Tableau 22 Statistiques descriptives de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre

les dépenses courantes en 2008 et le type de ménage ................................... 99

Tableau 23 Test d’égalité des variances de l’ANOVA visant à évaluer la relation

entre les dépenses courantes en 2008 et le type de ménage .......................... 99

Tableau 24 Test de signification de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre les

dépenses courantes en 2008 et le type de ménage ...................................... 100

Tableau 25 Comparaisons multiples de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre

les dépenses courantes en 2008 et le type de ménage ................................. 101

Tableau 26 Statistiques descriptives de la régression visant à évaluer la relation

entre les sources de revenus et les dépenses courantes des ménages en

2008 ............................................................................................................. 102

Tableau 27 Test de signification de la régression visant à évaluer la relation entre

les sources de revenus et les dépenses courantes des ménages en 2008 ..... 102

Tableau 28 Coefficient de corrélation multiple de la régression visant à évaluer la

relation entre les sources de revenus et les dépenses courantes des

ménages en 2008 ......................................................................................... 103

Tableau 29 Coefficients standardisés et non standardisés de la régression visant à

évaluer la relation entre les sources de revenus et les dépenses

courantes des ménages en 2008 .................................................................. 104

Tableau 30 Statistiques descriptives de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre

les apports monétaires en 2008 et le type de ménage ................................. 105

Tableau 31 Test d’égalité des variances de l’ANOVA visant à évaluer la relation

entre les apports monétaires en 2008 et le type de ménage ........................ 105

Tableau 32 Test de signification de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre les

apports monétaires en 2008 et le type de ménage ....................................... 106

Tableau 33 Comparaisons multiples de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre

les apports monétaires en 2008 et le type de ménage ................................. 107

Tableau 34 Statistiques descriptives de la régression visant à évaluer la relation

entre les sources de revenus et les apports monétaires des ménages en

2008 ............................................................................................................. 108

Tableau 35 Test de signification de la régression visant à évaluer la relation entre

les sources de revenus et les apports monétaires des ménages en 2008 ..... 108

Tableau 36 Coefficient de corrélation multiple de la régression visant à évaluer la

relation entre les sources de revenus et les apports monétaires des

ménages en 2008 ......................................................................................... 109

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vii

Tableau 37 Coefficients standardisés et non standardisés de la régression visant à

évaluer la relation entre les sources de revenus et les apports

monétaires des ménages en 2008 ................................................................ 110

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Liste des figures

Figure 1. Modèle économique du ménage agricole ...................................................... 11

Figure 2. Formation du revenu total du ménage agricole ............................................. 13

Figure 3. Revenus agricoles brut et net moyens des entreprises agricoles,

Québec, 2001 à 2008 ..................................................................................... 14

Figure 4. Revenus moyens des ménages agricoles selon trois sources, Québec,

2001 à 2007 ................................................................................................... 16

Figure 5. Revenu total moyen des ménages agricoles et de tous les ménages,

Québec, 2001 à 2007 ..................................................................................... 17

Figure 6. Grille d’analyse typologique de la pluriactivité agricole .............................. 21

Figure 7. Utilisation du revenu total du ménage agricole ............................................. 22

Figure 8. Revenu disponible moyen et dépenses courantes moyennes des

ménages, Québec, 2001 à 2008 ..................................................................... 25

Figure 9. Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises

agricoles, Québec, 2001 à 2008 .................................................................... 28

Figure 10. Grille d’analyse théorique de la situation financière du ménage

agricole .......................................................................................................... 30

Figure 11. Grille d’analyse empirique de la situation financière du ménage

agricole .......................................................................................................... 41

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1. L’établissement en agriculture dans un cadre pluriactif

La fragilité financière de l’agriculture québécoise

Encore aujourd’hui, l’établissement de la relève agricole représente un défi de taille pour

l’agriculture québécoise. Au-delà des tendances sectorielles et régionales, le

renouvellement de la profession agricole n’est pas assuré. Le taux de renouvellement des

générations1 des agriculteurs québécois tournait autour de 35 % en 2006 alors qu’il était de

112 % au début des années 1990 (TRAGET Laval 2007, p. 4). En d’autres mots, les

agriculteurs étaient plus âgés en 2006. L’évolution structurelle de l’agriculture québécoise

n’est pas étrangère à la situation actuelle (Doyon et al. 2001). Les phénomènes de

spécialisation, de concentration et d’intensification de la production agricole ont concouru

au développement d’une agriculture moderne certes, mais fragilisée à bien des égards.

Ainsi, les hauts niveaux de capitalisation et d’endettement et la faible rentabilité des

entreprises agricoles caractérisent l’agriculture québécoise (Levallois 2006, p. 53).

La valeur marchande moyenne d’une ferme au Québec atteignait 1,4 M$ en 2008 et

l’endettement moyen se situait à 28 % de cette somme (Statistique Canada 2010a, p. 31).

Pour la relève agricole, qu’elle soit familiale ou non, la valeur des actifs agricoles peut

paraître prohibitive au point de devenir une barrière à l’entrée dans la profession (FRAQ et

UPA 2004, p. 31). D’ailleurs, le problème de la capitalisation était reconnu par le ministère

de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) dès 1990 : « Si l’on se fie à

la tendance passée, l’augmentation de la taille et de la valeur des entreprises agricoles à

l’avenir impliquera des mises de fonds de plus en plus considérables » (MAPAQ 1990,

p. 9). Ce phénomène s’est accompagné d’une stagnation du revenu net total des agriculteurs

québécois. En se basant sur des données de 2004, les revenus agricoles (hors subventions)

n’arrivaient pas à couvrir les dépenses de 53 % des fermes du Québec (Groupe AGÉCO

2007, p. 31). Dans ce contexte, si les jeunes souhaitant s’établir en agriculture aspirent à

vivre de leur ferme, la relève agricole est donc défavorisée.

1 Le taux de renouvellement des générations correspond au nombre d’agriculteurs ayant moins de 35 ans en

proportion de ceux de 55 ans et plus.

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Un processus long, complexe et exigeant

Pour les jeunes qui persistent, l’établissement en agriculture représente un processus

complexe et exigeant dont la durée est variable, mais pouvant s’échelonner sur plusieurs

années (Parent et al. 2004, pp. 10-11). Il comporte généralement deux phases. La première

phase, celle du pré-démarrage, consiste en quelque sorte à définir le projet et à le planifier,

sous forme de plan d’affaires ou de plan d’établissement. Cela donne lieu à des démarches

formelles, comme la consultation de conseillers et la réalisation de stages, visant à

concrétiser le projet d’établissement. Durant cette phase, c’est notamment en raison du

problème de la capitalisation que le montage financier de l’entreprise, permettant d’acquérir

les actifs agricoles, prend toute son importance (Lepage 2008). La relève doit d’ailleurs

faire appel à différentes sources de financement, dont les apports monétaires personnels et

familiaux, les subventions et les emprunts. Le montage financier peut donc avoir une

incidence sur la rentabilité de l’entreprise au cours des années subséquentes (Lepage 2008).

La seconde phase correspond au démarrage ou à la poursuite des activités de l’entreprise

selon qu’elle soit nouvelle ou reprise lors d’un transfert. Cette dernière phase est toute aussi

importante car les cinq premières années sont généralement les plus difficiles dans le cycle

de vie de l’entreprise (Parent et al. 2004, pp. 10-11). En effet, l’établissement est également

un processus d’apprentissage, à coups d’essais et d’erreurs, qui peut s’avérer onéreux pour

la relève agricole. Durant cette période, l’endettement peut peser lourd sur les finances de

l’entreprise et les revenus agricoles peuvent être plus faibles que ce qui avait été prévu

initialement. Cette situation réduit ainsi toute marge de manœuvre financière et le recours à

des revenus hors ferme peut donc s’avérer nécessaire (Brangeon et al. 1994, p. 36).

Le recours au revenu hors ferme

En matière de revenu hors ferme, la tendance des dernières années est révélatrice d’un

phénomène qui a pris de l’ampleur dans les économies industrialisées, ne serait-ce qu’à

l’échelle nord-américaine. Aux États-Unis, le revenu hors ferme comptait en moyenne pour

83 à 90 % du revenu total des ménages agricoles pour la période de 2003 à 2007 (USDA

2008, p. 34). Fait encore plus surprenant, le revenu moyen des ménages agricoles était

supérieur de 16 à 33 % au revenu moyen des ménages aux États-Unis au cours de la même

période (USDA 2008, p. 34). Au Canada, suivant la même tendance, les données de 2007

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3

indiquent que sur un revenu total moyen des ménages agricoles de 93 703 $, celui-ci était

composé à 80 % de revenu hors ferme, une proportion relativement stable depuis plusieurs

années (Statistique Canada 2010b, p. 20). De plus, ce sont majoritairement des revenus

d’emploi extérieur à la ferme dont bénéficient les ménages agricoles puisqu’ils constituent

56 % du revenu total moyen (Statistique Canada 2010b, p. 34). Au Québec plus

spécifiquement, le revenu total moyen des ménages agricoles était de 77 290 $ pour la

même année et constitué à 66 % de revenu hors ferme (Statistique Canada 2010b, p. 22).

Dans le cas des ménages agricoles québécois, les revenus d’emploi extérieur à la ferme

contribuaient à la hauteur de 44 % du revenu total moyen (Statistique Canada 2010b, p. 34).

Bien que les ménages agricoles au Québec dépendent moins du revenu hors ferme que ceux

de l’ensemble du Canada, ces statistiques confirment à quel point l’importance financière

du revenu hors ferme est devenue manifeste. Il faut toutefois noter que ces statistiques

témoignent de l’ampleur du revenu hors ferme chez les ménages agricoles en général mais

il n’en demeure pas moins important de nuancer les moyennes statistiques, notamment en

fonction des productions, des régions et des tailles d’entreprise. Les données masquent

également la réalité des jeunes agriculteurs. Il serait donc pertinent d’en savoir davantage

sur l’incidence financière du revenu hors ferme des ménages agricoles, notamment du

revenu d’emploi extérieur, à la lumière de la problématique de l’établissement.

La pratique de la pluriactivité

Le revenu d’emploi extérieur en agriculture réfère généralement à la pratique de la

pluriactivité du ménage. Or, il appert que la pratique de pluriactivité soit très répandue chez

les ménages agricoles mais demeure un phénomène largement méconnu. La pluriactivité

agricole consiste, pour au moins un des membres du ménage, à entreprendre une ou

plusieurs activités en sus de la production agricole, ce qui apporte généralement un revenu

supplémentaire au ménage. L’intérêt de ce concept réside dans le déplacement de

l’attention de l’entreprise vers le ménage comme centre de décisions (Fuller 1990). Selon

une étude exploratoire réalisée récemment au Québec, la pluriactivité était présente chez

72 % des ménages agricoles échantillonnés (Gervais 2007, p. 67). Il peut s’agir d’une

activité de diversification agricole (travail à forfait, transformation à la ferme,

agrotourisme, etc.) mais il s’agit surtout d’une activité professionnelle extérieure (emploi

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salarié) (Gervais 2007, pp. 10-11). Ainsi, la pluriactivité agricole remplit de nombreuses

fonctions qu’elles soient d’ordre économique, social, lié au style de vie ou culturel (Gervais

2007, p. 56). Et en fonction de la finalité à laquelle répond la pluriactivité agricole,

plusieurs types peuvent être rencontrés dont certains permettent de pallier le manque de

revenu dans un horizon à court ou long terme (Gervais 2007, p. 67). En fait, « les

préoccupations financières ne sont pas totalement absentes dans les décisions de

pluriactivité » (Krebs 2005, p. 96). Et pour une interprétation complète du revenu de

l’entreprise agricole, cela implique de prendre en compte le revenu total du ménage

agricole (Brangeon et al. 1994, p. 32).

Pour le moment, tout porte à croire que les ménages agricoles dont au moins un des

membres s’est établi récemment en agriculture seraient tout aussi, voire davantage,

pluriactifs que l’ensemble des ménages agricoles. Cependant, plusieurs points de vue

s’affrontent à ce sujet. Considérant les besoins financiers additionnels nécessaires à

l’établissement en agriculture, la pratique de la pluriactivité agricole est souvent perçue

comme une nécessité financière dont la finalité est un revenu cible permettant de financer

une capitalisation importante de l’entreprise agricole (Simpson et Kapitany 1983, p. 801).

Par ailleurs, il semble que la consommation et l’épargne du ménage agricole soient avant

tout financées par le revenu de la pluriactivité (Butault et al. 1999, p. 177). Toutefois, la

pluriactivité professionnelle extérieure peut également être le reflet d’un choix individuel,

en vue de la poursuite d’une carrière, où le revenu n’aurait donc rien à voir avec un

raisonnement financier de l’entreprise ou du ménage (Simpson et Kapitany 1983, p. 801).

Essentiellement, la pluriactivité du ménage agricole pourrait donc répondre à une double

logique :

« conjoncturelle, en permettant de compenser la faiblesse du revenu agricole ;

structurelle, en contribuant directement ou indirectement au financement de

l’exploitation agricole et par conséquent, à terme, à son développement ou à sa

survie » (Butault et al. 1999, p. 165).

Bien que de nombreux chercheurs et intervenants se soient attardés aux problématiques de

la relève et de l’établissement en agriculture depuis plusieurs années, il aura fallu attendre

en 2006 avant d’obtenir le tout premier portrait de la relève agricole établie au Québec

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(MAPAQ 2008). Au préalable, un recensement avait été effectué auprès de tous les

agriculteurs du Québec âgés de moins de 40 ans et possédant au moins 1 % des parts d’une

entreprise agricole au 30 novembre 2006 (MAPAQ 2008). Il en ressort qu’il y avait près de

9000 jeunes de la relève agricole établie en 2006 (MAPAQ 2008). Dans ce recensement,

ceux-ci répondaient, entres autres, à deux questions concernant le travail hors ferme et le

revenu qui y est associé (MAPAQ 2008). De manière générale, 38 % de ces jeunes ont

travaillé à l’extérieur de l’entreprise agricole au cours des douze derniers mois (MAPAQ

2008, p. 29). En moyenne, ils estiment que le revenu gagné à l’extérieur de l’entreprise

agricole équivaut à 46 % de leurs revenus totaux (MAPAQ 2008, p. 29). Avec ce

recensement, il est maintenant possible d’en savoir davantage sur les caractéristiques des

jeunes de la relève agricole établie mais encore bien peu sur la dynamique des ménages

agricoles durant l’établissement. En effet, les agriculteurs étant au centre de l’analyse, la

pluriactivité des ménages agricoles n’est pas considérée. Bien que deux études

exploratoires récentes sur la pluriactivité agricole aient permis de construire une typologie

(Gervais 2007) et de déterminer les motivations d’établissement en pluriactivité (Rivotiana

2008), le phénomène demeure largement méconnu au Québec. À notre connaissance, peu

d’attention a été accordée à l’importance financière du revenu de la pluriactivité agricole

dans l’établissement en agriculture.

1.1 Objectifs de recherche

Dans le contexte où l’établissement en agriculture se caractérise actuellement par des

obstacles financiers de plus en plus difficiles à surmonter et où l’entrée en agriculture

devient de plus en plus tributaire du revenu de l’ensemble du ménage, nous proposons une

recherche dont l’objectif général est le suivant :

Mesurer l’importance financière du revenu de la pluriactivité dans l’établissement

en agriculture.

De façon à atteindre cet objectif général, les objectifs spécifiques suivants seront

poursuivis :

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Évaluer la situation financière des ménages agricoles en période d’établissement en

agriculture;

Déterminer l’impact du revenu de la pluriactivité agricole sur la situation financière

de ces ménages.

Pour atteindre ces objectifs, le cadre conceptuel de la situation financière du ménage

agricole sera d’abord élaboré. La grille d’analyse qui en découlera permettra ensuite

d’explorer la problématique au niveau d’un échantillon de ménages agricoles en période

d’établissement, ce qui nécessitera une méthodologie adéquate. Une fois qu’aura été

effectuée la collecte de données, l’analyse des résultats sera l’étape finale de cette

recherche.

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2. La situation financière du ménage agricole

La situation financière du ménage agricole en période d’établissement en agriculture est

l’enjeu central de cette recherche puisque c’est par son évaluation qu’il sera possible

d’apprécier toute l’importance financière de la pluriactivité. Afin d’atteindre l’objectif

général, il importe donc d’élaborer un cadre conceptuel de manière à évaluer adéquatement

la situation financière des ménages agricoles qui sont à l’étude. Le but recherché par cette

étape importante de la recherche est, d’une part, de définir les concepts inhérents à la

compréhension de la situation financière et, d’autre part, d’obtenir une grille d’analyse afin

d’élaborer la méthodologie. Le cadre conceptuel sert également à prendre connaissance des

données existantes sur la situation financière des ménages agricoles au Québec et

particulièrement des ménages de la relève agricole établie.

En se basant sur la littérature, ce chapitre s’attarde d’abord à situer l’approche d’analyse qui

sera privilégiée. Il est question ensuite de construire la grille d’analyse pour une

compréhension accrue des points critiques de la situation financière tout en établissant le

portrait actuel des ménages agricoles au Québec. Pour ce faire, la formation du revenu du

ménage agricole est d’abord passée en revue en raison de la variable indépendante à

l’étude : le revenu de la pluriactivité. Ensuite, la contrepartie du revenu, soit son utilisation,

est examinée étant donné que c’est la variable dépendante de la recherche et révélatrice de

la situation financière du ménage agricole en période d’établissement en agriculture. Une

fois la grille d’analyse complétée, il s’agit alors de faire ressortir de la littérature les

théories économiques permettant d’expliquer le fondement des décisions financières du

ménage agricole, soit la relation fondamentale entre le revenu et son utilisation, ce qui

alimente une ou des questions de recherche spécifiques.

2.1 L’approche globale

Du revenu de l’entreprise agricole à la situation financière du ménage

La littérature économique a traité abondamment du revenu agricole dans l’étude de la

situation financière des familles agricoles (Boussard 1987). Historiquement, l’intérêt des

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chercheurs portait avant tout sur les problématiques entourant la formation des revenus des

entreprises agricoles (OCDE 2003). Jusqu’à récemment, il était rarement question d’autres

sources de revenus puisque les familles agricoles vivaient encore principalement du revenu

de la ferme. Depuis une trentaine d’années cependant, la quantité de travail hors ferme a

monté en flèche, ce qui suscite l’intérêt des chercheurs (Alasia et Bollman 2009). Le

ménage agricole devenant désormais le centre de l’attention, l’analyse du revenu total se

retrouve davantage dans la littérature (Jégouzo et al. 1998). Ainsi, les implications

financières de la pluriactivité du ménage sont désormais un sujet de recherche (Butault

et al. 1997; Krebs 2005). Mais encore peu de chercheurs se sont intéressés à l’analyse

globale de la situation financière. En d’autres mots, la situation financière ne se résume pas

à la seule question du revenu total des ménages agricoles (El-Osta et al. 2007). L’utilisation

qu’en font les ménages agricoles est devenue au fil du temps un sujet d’intérêt, quoique peu

étudié (USDA 2002).

D’une part, le revenu est déterminant dans l’ampleur de la consommation des ménages et

donc, du niveau de vie. D’autre part, l’impact du revenu sur l’épargne et, par voie de

conséquence, sur les différents investissements du ménage laisse entrevoir un lien évident

avec le financement de l’entreprise agricole. Le patrimoine (le niveau de richesse) des

ménages agricoles, par sa capacité d’autofinancement, joue également un rôle au niveau du

revenu et, ultimement, au niveau de la consommation. En tenant compte de l’ensemble de

ces variables, c’est un portrait beaucoup plus complet de la situation financière des

ménages agricoles qui peut être dressé. La présente recherche s’intéresse à une étape

critique du cycle de vie de l’entreprise agricole où le stress financier est potentiellement

plus élevé. Dans un contexte d’établissement en agriculture, il est donc impératif de cerner

davantage la complexité de la situation financière des ménages agricoles en privilégiant une

approche globale.

Parmi plusieurs sujets concernant la situation financière, des données statistiques et de

nombreuses recherches se sont attardées parfois au revenu, d’autres fois à la consommation

et quelquefois à l’épargne des ménages agricoles (ONU 2007). Selon les objectifs

poursuivis, l’analyse se situait sous un angle partiel. Effectivement, les études ont surtout

Page 18: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

9

touché la relation entre quelques variables de la situation financière à la fois, sans doute

pour répondre aux priorités de la recherche, mais aussi pour en simplifier l’analyse. De

plus, le peu d’études de nature plus globale s’explique par le fait que les données de haute

qualité, sur les dépenses courantes du ménage agricole notamment, sont éparses (ONU

2007; Zafiriou 2002). Ce n’est pas le cas aux États-Unis où, depuis des années, les agences

gouvernementales collectent des données financières complètes non seulement sur les

entreprises agricoles mais également sur les ménages agricoles (USDA 2002).

Les travaux du USDA

À notre connaissance, le United States Department of Agriculture (USDA) apparaît comme

la seule organisation à avoir schématisé de manière complète la situation financière des

ménages agricoles aux fins d’analyse. La figure 1 représente le modèle économique du

ménage agricole où les membres allouent leur temps entre différentes activités

économiques : la production agricole, l’emploi hors ferme, le travail autonome hors ferme,

la production domestique (tâches ménagères et loisirs) et l’éducation. Pour la plupart, ces

activités concourent directement (activités rémunératrices) et indirectement (éducation) au

revenu du ménage. Le ménage alloue ensuite ce revenu à la consommation et à l’épargne

qui à son tour sera allouée entre différents actifs financiers qu’ils soient agricoles ou non

agricoles. Ceux-ci permettront éventuellement de générer des revenus d’investissement

contribuant également au revenu du ménage. Ainsi, le bien-être économique du ménage

agricole provient du temps qu’il accorde à la production domestique, des différents biens

qu’il possède, de la consommation qu’il engendre mais également de l’intervention étatique

dont il bénéficie. En effet, les revenus fiscaux du gouvernement lui permettent d’intervenir

dans ce modèle économique par des dépenses publiques et des transferts sociaux qui

soutiennent le bien-être économique du ménage agricole.

Dans une étude relativement récente sur le bien-être économique des ménages agricoles

américains et qui est maintenant une référence importante pour tous ceux qui s’intéressent

au sujet, les chercheurs du USDA ont analysé la distribution du revenu et de la richesse

dans les ménages agricoles américains tout en établissant des liens entre l’instabilité du

revenu d’une part et la consommation et l’investissement d’autre part (USDA 2002). Les

Page 19: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

10

auteurs de cette étude ont donc fait la démonstration qu’il est erroné de percevoir le bien-

être économique des ménages agricoles uniquement sous l’angle des revenus (USDA 2002,

p. 3). Ils considèrent qu’à la fois la richesse (l’ensemble des biens que possède le ménage)

et la consommation (l’ensemble des dépenses qu’engendre le ménage) doivent être prises

en compte pour être en mesure d’évaluer explicitement le bien-être des ménages agricoles

(USDA 2002, p. 3). Cette approche globale, qui intègre tous les éléments financiers

entourant le ménage agricole, cadre tout à fait avec le premier objectif spécifique de la

recherche qui, rappelons-le, consiste à évaluer la situation financière des ménages agricoles.

Dans la poursuite de cet objectif, bien que l’approche du USDA soit tout à fait pertinente

aux fins de la présente recherche, il y a lieu de l’adapter et de la bonifier pour construire

une grille d’analyse appropriée et détaillée, notamment en ce qui concerne la pluriactivité

agricole. Dans un premier temps, il est donc primordial de définir les concepts clés de la

formation du revenu du ménage agricole et de les bonifier selon la typologie des ménages

pluriactifs de Gervais (2007). Dans un deuxième temps, une fois les ressources financières

définies, il est de mise d’élaborer davantage sur les notions d’utilisation de ces ressources

par les ménages agricoles. À ce sujet, les questions de consommation, d’épargne et de

richesse semblent tout indiquées. La relation financière entre le ménage et la ferme est

également à préciser dans la grille d’analyse en raison notamment de son importance dans

l’établissement en agriculture, que ce soit pour les retraits ou les apports monétaires.

Page 20: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

11

Figure 1. Modèle économique du ménage agricole

Source : Figure tirée de USDA (2002), p. 6.

.

Page 21: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

12

2.2 La formation du revenu

Comme il a été mentionné auparavant, les membres du ménage agricole allouent leur temps

entre différentes activités économiques. Ce sont évidemment les activités rémunératrices

qui sont intéressantes pour la présente recherche et particulièrement celles qui relèvent de la

pluriactivité agricole. Selon la définition retenue par Statistique Canada, les revenus

générés par l’ensemble des activités économiques du ménage agricole proviennent

essentiellement de deux sources : le revenu provenant de l’entreprise agricole (bénéfice net

d’exploitation) et les revenus hors ferme (Statistique Canada 2010b). La présente section a

pour but de présenter la formation du revenu total du ménage agricole en deux étapes, en

analysant d’abord le revenu provenant de l’entreprise agricole et ensuite les revenus hors

ferme.

2.2.1 Le revenu provenant de l’entreprise agricole

Le revenu provenant de l’entreprise agricole est habituellement la composante instable du

revenu total des ménages agricoles. Ce revenu est le résultat d’une série d’opérations qui

méritent d’être étayées. Comme point de départ, la figure 2 représente la formation du

revenu total du ménage agricole. La séquence d’opérations menant au revenu net et,

ultimement, aux prélèvements ou retraits monétaires2 que font les propriétaires de

l’entreprise agricole est d’abord analysée.

Dans un premier temps, la formation du revenu brut va retenir l’attention. Il y a d’abord le

revenu agricole provenant de la vente de denrées agricoles, et ce, peu importe le type de

production agricole (végétale et animale) (Statistique Canada 2010a). À cela s’ajoutent les

paiements directs, de source publique. Il s’agit généralement d’un soutien financier de

l’État qui prend souvent la forme de subventions en vue de stabiliser les revenus agricoles

ou de dédommager les agriculteurs pour des pertes provoquées par des aléas de la nature

(Statistique Canada 2010a). Dans le cadre de l’établissement en agriculture, ce soutien peut

2 Les « prélèvements » et les « retraits » monétaires sont des synonymes des revenus du ménage retirés de

l’entreprise agricole. Ce concept est similaire au « bénéfice net d’exploitation » qu’utilise Statistique Canada.

Page 22: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

13

également être constitué de subventions versées spécifiquement à la relève agricole afin de

couvrir certaines dépenses agricoles et financer des investissements dans les actifs agricoles

(FADQ 2009). À titre d’information, le concept des recettes monétaires agricoles qu’utilise

Statistique Canada est associé à la mesure du revenu brut et réfère à la somme des ventes de

productions végétales et animales et des paiements de programmes (Statistique Canada

2010a). Dans la présente recherche, le revenu brut se compose non seulement des recettes

monétaires agricoles (revenus agricoles et paiements directs) mais aussi d’autres revenus

d’entreprise, tels que les ristournes de coopérative et les revenus de location, et du revenu

provenant d’activités para-agricoles, qui fait référence à la pluriactivité de diversification

agricole, une notion qui est expliquée dans une section subséquente. Une fois formé, le

revenu brut subit dans un deuxième temps d’autres opérations avant qu’il soit possible pour

les propriétaires de retirer des revenus de l’entreprise agricole.

Figure 2. Formation du revenu total du ménage agricole

Retraits

Revenu d’activités

para-agricolesPaiements

directs

Revenu

agricole

Revenu

brut

Avoir net

agricole

Revenu

net

Actifs

agricoles

Dettes

agricoles

Autres

revenus

Revenu

total du

ménage agricole

Revenu d’emploi

extérieurAutres

revenus

Dépenses

agricoles

Du revenu brut, les dépenses agricoles (ou dépenses d’exploitation) sont soustraites, que ce

soit des dépenses variables (semences, moulée, etc.) ou des dépenses fixes (salaires,

intérêts, etc.). Cette opération comptable donne comme résultat le revenu net comptant de

Page 23: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

14

l’entreprise agricole (Statistique Canada 2010c). Le revenu net comptant représente le

montant en espèces qui provient de l’entreprise agricole et qui peut être utilisé pour le

remboursement des dettes agricoles, l’investissement dans des actifs agricoles ou les retraits

monétaires par les propriétaires (Statistique Canada 2010c). En déduisant du revenu net les

frais d’amortissement, en tant que provision pour le remplacement du capital de production

de l’entreprise agricole (actifs agricoles), il en résulte le revenu net réalisé (Statistique

Canada 2010c). Il se peut qu’il y ait ensuite une variation des stocks (inventaires à court

terme d’animaux et/ou de récoltes) contribuant positivement ou négativement au revenu

net. Le revenu net positif permet des retraits monétaires pour assurer le coût de vie du

ménage, en plus des salaires déjà versés éventuellement à certains membres du ménage

(selon le statut juridique de l’entreprise), mais il doit aussi permettre d’assurer le

remboursement du capital sur les emprunts. Bien entendu, s’il est négatif, il y a lieu de

croire que le ménage doit soutenir financièrement l’entreprise agricole. En effet, avant de

contribuer au revenu total du ménage, le revenu net devrait à tout le moins aller en priorité

au remboursement des dettes de l’entreprise agricole et si cela n’est pas suffisant les

propriétaires doivent alors y faire des apports monétaires.

Figure 3. Revenus agricoles brut et net moyens

des entreprises agricoles, Québec, 2001 à 2008

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

300 000

350 000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Revenu brut Revenu net

$ constants (2007)

Source : Statistique Canada (2004 et 2010a), enquêtes financières sur les fermes 2003 et 2008; Notre

compilation et nos calculs (2010).

Page 24: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

15

Afin d’avoir une idée de l’évolution récente des revenus agricoles brut et net moyens par

ferme, la figure 3 présente la situation qui prévalait au Québec de 2001 à 2008. Malgré la

crise économique qui perdurait en 2007 et 2008, le revenu brut moyen a augmenté

légèrement depuis 2001 pour avoisiner près de 300 000 $ en 2008 alors que le revenu net a

stagné pour se situer tout juste au-dessus de 50 000 $ en moyenne. Les dépenses agricoles

accaparent donc une partie importante des recettes, environ 83 %, avant même que

l’entreprise puisse effectuer des remboursements, des investissements ou des rémunérations

de ses propriétaires. Concernant les revenus agricoles brut et net, à notre connaissance il

n’est pas possible actuellement de connaître l’état de la situation des entreprises de la relève

agricole établie au Québec. Il est fort probable que le revenu net soit insuffisant pour

rémunérer adéquatement les jeunes agriculteurs.

2.2.2 Les revenus hors ferme et le revenu total du ménage agricole

Dans la formation du revenu du ménage agricole, bien que le revenu provenant de

l’entreprise agricole ait longtemps été le centre de l’attention des économistes, il faut

également considérer les revenus hors ferme. Selon Statistique Canada, les revenus hors

ferme du ménage sont composés du revenu d’emploi extérieur et des autres revenus

(Statistique Canada 2010b). Pour être plus précis, les revenus hors ferme sont la somme des

six sources suivantes : salaires et traitements, revenu net d’un travail indépendant non

agricole (travail autonome), revenu de placements, revenu de pensions, transferts sociaux

gouvernementaux (excluant les montants des pensions) et autres revenus hors ferme

(Statistique Canada 2010b). Le revenu d’emploi extérieur fait référence à la pluriactivité

professionnelle extérieure, une notion qui est abordée dans la section suivante.

Il existe des données sur les revenus hors ferme des ménages agricoles au Québec et qui

différencient le revenu d’emploi extérieur du revenu d’autres sources. La figure 4 permet

d’observer l’évolution de ces deux sources de revenus de 2001 à 2007 et de les comparer au

revenu provenant de l’entreprise agricole (bénéfice net d’exploitation).

Page 25: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

16

Figure 4. Revenus moyens des ménages agricoles

selon trois sources, Québec, 2001 à 2007

0

10 000

20 000

30 000

40 000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Bénéfice d'exploitation Revenu d'emploi extérieur Revenu d'autres sources

$ constants (2007)

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 002-0024; Notre compilation et nos calculs (2010).

Alors que les revenus hors ferme moyens ont nettement progressé au cours de cette période,

l’entreprise agricole a généré un revenu stagnant et variable à ses propriétaires, à l’image

du revenu net en général. Plus spécifiquement, le revenu d’emploi extérieur moyen des

ménages agricoles au Québec en 2007 atteignait près de 34 000 $ (44 % du total), le revenu

provenant de l’entreprise agricole était tout juste de 26 000 $ (34 % du total) et le revenu

d’autres sources se situait autour de 17 000 $ (22 % du total). Cette situation est le reflet de

tendances lourdes car en 2001, seulement six ans auparavant, le revenu agricole et le revenu

d’emploi extérieur étaient au coude à coude à 28 000 $ environ et représentaient chacun

40 % du revenu total du ménage agricole moyen. Une fois de plus, la situation des ménages

de la relève agricole établie à l’égard des revenus hors ferme n’est pas disponible à notre

connaissance. La seule statistique disponible provient du portrait de la relève agricole

établie au Québec qui, faut-il le rappeler, n’est pas centré sur l’analyse du ménage agricole.

Quoi qu’il en soit, on y indique qu’en moyenne 46 % des revenus totaux des jeunes

agriculteurs recensés en 2006 ont été gagnés à l’extérieur3 de l’entreprise agricole

3 Le revenu « gagné à l’extérieur » de l’entreprise agricole est interprété comme un revenu d’emploi extérieur.

Page 26: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

17

(MAPAQ 2008), une proportion similaire à celle retrouvée chez les ménages agricoles en

moyenne en 2007 (44 %).

En additionnant tous les revenus des ménages agricoles, on constate à la figure 5 que le

revenu total moyen au Québec était de 77 000 $ en 2007 et avait progressé d’environ 10 %

entre 2001 et 2007. En revanche, le revenu total moyen de tous les ménages au Québec a

peu augmenté durant la même période (3 %) pour se situer à 58 000 $ en 2007. Les

ménages agricoles semblaient donc avoir un revenu supérieur au revenu de tous les

ménages de 33 % en moyenne en 2007. Cette proportion est semblable à celle retrouvée

aux États-Unis (USDA 2002). Dans tous les cas, la différence monétaire pourrait

s’expliquer en partie par la source de revenu additionnelle pour le ménage que représente

l’entreprise agricole. Par contre, ce bénéfice net d’exploitation d’un peu plus de 25 000 $ en

moyenne, représentant en quelque sorte le revenu net de l’entreprise agricole, ne signifie

pas pour autant qu’il soit entièrement disponible au ménage. Notamment, il doit permettre

d’assurer le remboursement du capital sur les emprunts qui n’est pas pris en considération

dans le calcul du revenu net, contrairement aux intérêts qui y ont été déduits.

Figure 5. Revenu total moyen des ménages agricoles

et de tous les ménages, Québec, 2001 à 2007

45 000

50 000

55 000

60 000

65 000

70 000

75 000

80 000

85 000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Revenu total des ménages agricoles Revenu total de tous les ménages

$ constants (2007)

//

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 002-0024 et 202-0403; Notre compilation et nos

calculs (2010).

Page 27: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

18

2.2.3 La pluriactivité du ménage

En général, les revenus provenant de l’extérieur de l’entreprise agricole ont souvent été

regroupés sous le vocable de revenus non agricoles ou hors ferme. Cet amalgame de

revenus hors ferme masque toutefois une diversité de réalités vécues par les ménages

agricoles. Afin de bonifier l’analyse de la situation financière, les résultats d’une recherche

précédente sont intégrés à la présente recherche. Suivant la définition de Fuller (1990),

Gervais (2007) a construit une typologie de la pluriactivité agricole au Québec en se basant

sur l’approche de la dynamique familiale.

Pour bien ancrer la notion de dynamique familiale, il est de mise de définir ce qu’est un

ménage agricole, un concept abondamment mentionné jusqu’à maintenant sans toutefois

être défini. Selon Statistique Canada (2009a), le ménage correspond à « […] une personne

ou un groupe de personnes […] occupant un même logement […]. Il peut se composer d’un

groupe familial […], de deux familles ou plus partageant le même logement, d’un groupe

de personnes non apparentées ou d’une personne seule […] ». Évidemment, pour être

qualifié d’agricole, au moins un des membres du ménage doit être qualifié d’agriculteur.

Par ailleurs, un ménage agricole pluriactif est un ménage agricole dont au moins un des

membres est engagé dans une activité autre que la production de denrées agricoles, à

savoir : un emploi non agricole, un emploi sur une autre ferme, une activité de

transformation alimentaire à la ferme ou toute autre activité non agricole sur la ferme

comme l’agrotourisme ou utilisant un actif de la ferme comme le travail à forfait (Gervais

2007, pp. 10-11; Fuller 1990). À l’opposé, un ménage agricole monoactif est engagé

uniquement dans la production de denrées agricoles. L’étude de Gervais a révélé que 72 %

de son échantillon était composé de ménages agricoles pluriactifs.

Pour qualifier les ménages agricoles pluriactifs, Gervais a identifié deux types de

pluriactivité agricole : l’activité professionnelle extérieure ou l’activité de diversification

agricole. Il est important de mentionner que les deux sont extérieures à la production

agricole. En effet, il ne faut pas confondre la diversification agricole avec la diversification

des productions agricoles car ce sont deux notions qui n’ont pas les mêmes implications.

Pour distinguer les deux types de pluriactivité agricole, il suffit de se rappeler que l’activité

Page 28: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

19

de diversification agricole requiert l’utilisation d’un des actifs de l’entreprise alors que

l’activité professionnelle extérieure ne le nécessite pas (Gervais 2007, p. 13).

Illustrons chacun de ces deux types par un exemple. Si un membre du ménage occupe un

emploi salarié à l’extérieur de la ferme, il s’agira d’un revenu d’activité professionnelle

extérieure. Par contre, si ce même individu utilise un bâtiment de la ferme pour opérer un

atelier de transformation alimentaire, ce sera un revenu de diversification agricole. La

grande majorité des bases de données sur le revenu agricole considère le revenu de

diversification agricole au même titre que les autres revenus de l’entreprise agricole. Cela

implique d’envisager une certaine difficulté à séparer les sources de revenus dans la

comptabilité des entreprises agricoles pour en arriver à une interprétation adéquate.

Néanmoins, cette nomenclature de la pluriactivité agricole a l’avantage de permettre une

meilleure comparaison des ménages agricoles entre eux plutôt que de considérer seulement

les revenus hors ferme. Aux fins de la présente recherche, le revenu d’activités para-

agricoles et le revenu d’emploi extérieur forment le revenu de pluriactivité agricole.

La typologie développée par Gervais (cf. figure 6) rend compte des différents types de

pluriactivité selon leur fonction et leur finalité. La forme principale de pluriactivité a

d’abord été déterminée en se basant sur l’importance en termes de temps ou de revenus

d’une activité pluriactive d’un membre du ménage (Gervais 2007, p. 53). Les quatre

fonctions de la forme principale de pluriactivité sont les suivantes : sociale, économique,

culturelle et style de vie (Gervais 2007, p. 53). Ainsi, cette fonction varie selon

l’importance financière de la pluriactivité. Par exemple, lorsque la fonction de la forme

principale de pluriactivité est économique, les revenus d’activités hors ferme sont beaucoup

plus élevés que dans le cas des autres fonctions (Gervais 2007, p. 54). Les types de

pluriactivité sont au nombre de 14 au total selon leur finalité : 10 types de pluriactivité

professionnelle extérieure et 4 types de pluriactivité de diversification agricole (Gervais

2007). Les types les plus intéressants dans le cadre de la présente recherche sont ceux qui

sont susceptibles de caractériser l’établissement en agriculture dans un cadre pluriactif.

Page 29: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

20

Parmi les types de pluriactivité professionnelle remplissant une fonction économique,

mentionnons la pluriactivité résignée, la pluriactivité de transition (vers l’entrée) et la

pluriactivité professionnelle (Gervais 2007, pp. 61-62). La pluriactivité résignée est une

situation où le ménage n’a pas le choix d’aller chercher un revenu extérieur étant donné la

faiblesse relative du revenu agricole. Peu importe les intentions ou les contraintes du

ménage concernant l’entreprise agricole, le revenu de la pluriactivité devient donc une

nécessité pour assurer le niveau de vie à long terme. Durant la phase de démarrage de

l’entreprise agricole, l’endettement élevé qui prévaut à ce moment peut s’avérer excessif

pour certains ménages, ce qui motive leur entrée en pluriactivité « pour leur permettre de

faire face à leurs obligations financières sans compromettre le niveau de vie familial »

(Krebs 2005, p. 97). La pluriactivité de transition (vers l’entrée) désigne une situation où le

ménage est en mesure d’aller chercher un revenu extérieur pour soutenir le développement

de l’entreprise agricole. Dans une stratégie de croissance, ce type de pluriactivité cadre bien

dans un contexte d’établissement en agriculture où la relève agricole doit financer des actifs

agricoles à plus ou moins long terme (Krebs 2005, p. 97). Enfin, la pluriactivité

professionnelle concerne les membres du ménage souhaitant mener une carrière, et ce, en

parallèle à la situation de l’entreprise agricole. Ces trois types de pluriactivité n’auront

évidemment pas le même impact sur la situation financière du ménage durant

l’établissement en agriculture. En effet, selon la forme principale de pluriactivité pratiquée,

l’impact sur la consommation du ménage et sur le financement de l’entreprise risque d’être

différent. Mais le rôle financier joué par la pluriactivité durant le processus d’établissement

paraît indéniable.

Page 30: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

21

Figure 6. Grille d’analyse typologique de la pluriactivité agricole

Source : Figure tirée et adaptée de Gervais (2007), p. 56.

Ménage

Pluriactivité agricole Monoactivité agricole

Activité professionnelle

extérieure

Activité de

diversification agricole

Fonction économique

Pluriactivité occasionnelle

Pluriactivité de transition

(vers la sortie)

Pluriactivité résignée

Fonction sociale

Pluriactivité de support

Pluriactivité sociale

Pluriactivité de transition

(retraite sur la ferme) Fonction économique

et sociale

Pluriactivité technique

Fonction économique

Pluriactivité de

transformation

Fonction culturelle

Pluriactivité agro-

touristique

Fonction liée au style de

vie et sociale

Pluriactivité de façade Fonction sociale et

économique

Pluriactivité de transition

(vers l’entrée)

Pluriactivité professionnelle

Fonction liée au style

de vie

Pluriactivité d’occupation

Fonction culturelle et

sociale

Pluriactivité professionnelle

(tradition)

Page 31: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

22

2.3 L’utilisation du revenu

Du revenu total du ménage agricole, il faut soustraire les impôts et cotisations payés pour

en arriver au revenu disponible. Il est généralement reconnu que l’utilisation de tout revenu

dans un ménage se résume à deux activités principales : la consommation et l’épargne

(Villieu 2008). La figure 7 permet de remarquer leurs positionnements respectifs dans la

situation financière du ménage agricole.

Figure 7. Utilisation du revenu total du ménage agricole

Revenu

total du

ménage agricole

Impôts et

cotisations

Avoir net

non agricole

Consommation

Revenu

disponible du

ménage agricole

Épargne

Dettes non

agricoles

Taxes

Actifs non

agricoles

Actifs

agricoles

Dettes

agricoles

Apports

Avoir net

agricole

Richesse du

ménage agricole

Tel que mentionné auparavant, les membres du ménage peuvent effectuer des retraits

monétaires de l’entreprise, c’est-à-dire d’en retirer des revenus, ce qui contribue au revenu

total. Dans le sens inverse, il y a les apports monétaires qui peuvent être faits dans

l’entreprise par les membres du ménage et pouvant servir à deux utilisations principales :

les achats d’actifs et les remboursements d’emprunts. Ainsi, l’épargne est un aspect

financier du ménage qui peut avoir des répercussions importantes pour l’établissement en

agriculture. De plus, la richesse du ménage et son rôle régulateur ne sont pas à négliger. La

section suivante traite tour à tour de ces importantes composantes financières.

Page 32: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

23

2.3.1 La consommation

Bien que le revenu agricole soit généralement instable dans le temps, la consommation est

relativement stable considérant l’importance accordée par les ménages au maintien d’un

certain niveau de vie. Formellement, selon Statistique Canada, la consommation (courante)

est définie comme étant le total des dépenses encourues pendant l’année pour

l’alimentation, le logement (possédé ou loué), l’entretien ménager, les articles et

accessoires d’ameublement, l’habillement, le transport, les soins de santé, les soins

personnels, les loisirs, le matériel de lecture, l’éducation, les produits du tabac et les

boissons alcoolisées, les jeux de hasard, et un groupe divers d’articles (Statistique Canada

2009b). Donc, les dépenses courantes du ménage, ou ordinairement le coût de vie du

ménage, incluent non seulement les montants déboursés pour les produits et services

achetés durant l’année (et les taxes) mais aussi les remboursements effectués (capital et

intérêts) sur des emprunts à court et long termes (prêt automobile, hypothèque résidentielle,

etc.). Dans le cas du ménage agricole, ces emprunts correspondent aux dettes non agricoles.

Par ailleurs, lorsqu’il est question de niveau de vie, le revenu disponible du ménage est

généralement évoqué pour l’illustrer mais il peut également se traduire par un ensemble de

composantes dont le revenu, mais aussi la consommation et la richesse. Il ne faut

évidemment pas confondre le niveau de vie et la qualité de vie. En effet, peu importe le

niveau de vie du ménage, la qualité de vie dépasse la stricte sphère économique du ménage

car elle relève aussi de critères sociaux et environnementaux.

Même si au cours des dernières décennies le revenu disponible des ménages agricoles est

devenu comparable, voire supérieur, à celui de l’ensemble des ménages, il semble que des

différences sont observées au niveau des dépenses de consommation (USDA 2002, p. 11).

Les chercheurs du USDA ont examiné les dépenses de consommation des ménages

agricoles américains. Par exemple, les dépenses relatives au logement des ménages

agricoles sont souvent plus faibles car plusieurs de ces coûts sont considérés comme des

dépenses de la ferme. Dans la même veine, les dépenses d’alimentation peuvent être plus

faibles pour certains ménages qui consomment une partie de la production de la ferme. Par

contre, bien que certaines dépenses de transport puissent imputées à l’entreprise, plusieurs

de ces coûts sont plus élevés en raison des distances plus grandes parcourues en milieu

Page 33: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

24

rural. Somme toute, les dépenses de consommation moyennes des ménages agricoles

américains équivalaient à environ 70 % de celles des autres ménages américains en 1999, et

ce, malgré un revenu disponible relativement supérieur (USDA 2002, p. 12). Par ailleurs,

les dépenses de consommation des ménages agricoles semblent être plus élevées pour ceux

dont les membres sont des agriculteurs âgés de 35 ans et moins car elles sont plus de trois

fois celles des 65 ans et plus (USDA 2002, p. 12). Cette statistique confirme en quelque

sorte comment les jeunes agriculteurs en processus d’établissement peuvent subir des

difficultés financières. En fait, cela s’explique par les dépenses accrues pour l’éducation,

l’habillement et les articles personnels dans une période d’accumulation de biens (USDA

2002, p. 13). Ces quelques constats sur les dépenses de consommation illustrent à quel

point il peut y avoir des différences marquées selon les types de ménages agricoles.

Pour ce qui est du portrait des dépenses courantes des ménages agricoles au Canada, à notre

connaissance il n’y a pas de statistiques pour ce groupe en particulier et c’est également le

cas des ménages de la relève agricole établie. Néanmoins, les données sur les dépenses

courantes des ménages en général permettent d’avoir une idée de leur niveau et c’est ce que

présente la figure 8. Le niveau moyen des dépenses courantes des ménages au Québec a

suivi l’évolution du revenu disponible moyen de 2001 à 2008. Les dépenses courantes

moyennes étaient de 46 961 $ en 2008, une proportion de 97 % environ du revenu

disponible moyen qui s’établissait à 48 470 $. Comme il a été mentionné auparavant, par

rapport à tous les ménages, les ménages agricoles au Québec ont en moyenne un revenu

total supérieur, ce qui laisse présager un revenu disponible supérieur et ainsi, un niveau de

dépenses courantes supérieur. Par contre, comme l’ont analysé les chercheurs du USDA,

les ménages agricoles ont tendance à maintenir un niveau de consommation inférieur aux

autres ménages. Un questionnement peut également se faire sur les ménages de la relève

agricole établie qui vivent une situation particulière en raison de leurs obligations

financières accrues. Il y aurait donc avantage à obtenir un portrait complet des ménages

agricoles à ce sujet.

Page 34: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

25

Figure 8. Revenu disponible moyen et dépenses courantes

moyennes des ménages, Québec, 2001 à 2008

35 000

40 000

45 000

50 000

55 000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Revenu disponible Dépenses courantes

$ constants (2007)

//

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 202-0603 et 203-0001; Notre compilation et nos

calculs (2010).

2.3.2 L’épargne

Dans la littérature économique, l’épargne est considérée comme étant « la partie non

consommée du revenu disponible » (Villieu 2008, p. 4). Dans les études empiriques, il est

relativement plus simple d’étudier la consommation plutôt que l’épargne parce que les

ménages préfèrent une trajectoire de consommation stable dans le temps, ce qui fait varier

l’épargne en fonction du revenu (Sand 2002, p. 2). Le niveau d’épargne des ménages au

Québec est relativement faible. La figure 8 montre qu’en soustrayant les dépenses

courantes du revenu disponible du ménage, le montant résiduel est demeuré en deçà de 5 %

du revenu disponible de 2001 à 2008. Encore une fois, le portrait du niveau d’épargne des

ménages agricoles et plus spécifiquement des ménages de la relève agricole établie est

inconnu à notre connaissance. De telles données seraient fort pertinentes pour analyser

l’ampleur de l’épargne chez les ménages agricoles et les utilisations qui en sont faites.

Page 35: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

26

Au-delà de « mettre de l’argent de côté », les motivations d’épargner sont nombreuses,

mais peuvent être résumées à quatre principales (Mishra et Morehart 2002, p. 27). Il peut

d’abord s’agir de maintenir un certain niveau de vie après la retraite en retirant un revenu

d’actifs financiers (placements). L’épargne peut aussi servir à financer l’éducation des

enfants ou des activités de loisir (consommation future). Ou encore le ménage peut vouloir

se prémunir de l’incertitude entourant la variabilité du revenu (épargne de précaution).

Enfin, il peut également être question d’une somme d’argent épargnée en vue d’acheter des

biens dispendieux (actifs agricoles ou non agricoles).

Le ménage fait ainsi face à plusieurs choix d’allocation de l’épargne qui sont dans les faits

des investissements (Mishra et Morehart 2002, p. 28). Les ménages agricoles ont d’abord

un portefeuille significatif d’actifs non agricoles et parmi ceux-ci, il y a les actifs

personnels (résidence, automobile, etc.), les actifs financiers (compte d’épargne,

placements, etc.) ainsi que d’autres actifs (USDA 2002, p. 14). Du côté des actifs agricoles,

l’entreprise agricole peut autofinancer ses investissements à même le revenu net mais, tel

que le montre la figure 7, les ménages agricoles peuvent également y faire des apports

monétaires pour financer l’achat de terres, de bâtiments, de machinerie ou de quota, un

aspect non négligeable dans le cadre de l’établissement des jeunes agriculteurs. Pour le

ménage agricole, c’est le mouvement inverse des retraits monétaires. De plus, les retraits en

moins du ménage peuvent être considérés comme des apports monétaires « déguisés »

puisque cette somme demeure dans l’entreprise et masque une forme de financement.

Par ailleurs, il semble que le revenu extérieur à la ferme joue un rôle positif sur la situation

financière puisque cela permet d’accroître la capacité d’épargne et le financement interne

(autofinancement) de l’entreprise agricole par le biais des apports monétaires du ménage

(Butault et al. 1999, p. 165). De plus, il permettrait « un assouplissement des conditions

d’octroi de crédit » en agissant auprès des institutions financières comme « une garantie

supplémentaire » pour ainsi améliorer les possibilités de financement externe (endettement)

de l’entreprise agricole (Butault et al. 1999, p. 176; Krebs 2005, p. 102). Il semble aussi

que les ménages agricoles pluriactifs préfèrent financer les investissements agricoles à

même les résultats financiers de l’entreprise agricole (Krebs 2005, p. 102). Ce faisant, le

Page 36: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

27

revenu extérieur sert essentiellement à soutenir les dépenses courantes du ménage (Krebs

2005, p. 102).

2.3.3 Le rôle de la richesse

Plusieurs ménages agricoles sont en mesure d’établir leur propre filet de sécurité en

utilisant une stratégie d’épargne et d’accumulation de richesse (El-Osta et al. 2007, p. 291).

La richesse du ménage agricole est mesurée par l’équité ou l’avoir net, agricole et non

agricole, des propriétaires, c’est-à-dire la valeur marchande de tous les actifs (le

patrimoine) moins toutes les dettes, tel que représentée à la figure 7. En général, les

différentes sources de revenus des ménages agricoles contribuent à la richesse par l’épargne

investie dans les actifs (Blank et al. 2004, p. 1300). La richesse est également favorisée par

l’appréciation de la valeur des actifs et d’éventuels gains en capital (Blank et al. 2004,

p. 1300). Puisque la richesse agit comme un stock et le revenu comme un flux, l’épargne

joue un rôle direct en aidant les ménages agricoles à maintenir un niveau de vie d’année en

année puisqu’elle peut être utilisée pour maintenir la consommation durant les périodes de

déficits des revenus (Mishra et Morehart 2002, p. 27). C’est ce qu’on appelle la désépargne.

Lors des périodes de faibles revenus, les ménages agricoles sont donc en mesure de

maintenir leur niveau de vie en se finançant par des garanties d’emprunt ou en liquidant des

actifs (Jones et al. 2006, p. 3). Selon Hill, il ne fait aucun doute qu’une évaluation complète

de la position économique des agriculteurs et de leurs ménages doit prendre en compte leur

richesse (Hill 2002, p. 6). Le statut économique d’un individu, qui se retrouve dans sa

consommation potentielle de biens et services, est tiré à la fois non seulement de son revenu

courant mais aussi de sa valeur nette (Hill 2002, p. 4). Dans le secteur agricole, il y a une

combinaison de revenu agricole faible et de richesse élevée d’où l’expression consacrée :

« vivre pauvre et mourir riche »4. Ceci signifie que l’agriculteur est faiblement rémunéré

durant sa vie active mais, une fois à la retraite, son patrimoine (agricole) peut représenter

un fonds de retraite considérable. Ce vieil adage est moins vrai aujourd’hui puisque le

revenu du ménage agricole n’est plus dépendant du seul revenu agricole et les agriculteurs

4 C’est l’expression « live poor and die rich » traduite de l’anglais de MacMillan et Loyns (1969).

Page 37: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

28

vivent donc relativement moins pauvrement qu’autrefois. Des mesures basées à la fois sur

le revenu et la richesse donneraient une meilleure idée de la capacité d’un ménage à

soutenir un niveau de vie constant que des mesures du seul revenu (Jones et al. 2006, p. 1).

Selon une étude du USDA, seulement 5 % des ménages agricoles aux États-Unis avaient,

en 2003, à la fois un revenu et une richesse sous les médianes respectives des ménages

américains (Hopkins et al. 2007). Les bases de données actuelles ne permettent pas de

connaître la position relative des ménages agricoles au Québec, en termes de distribution

quant à leur revenu et à leur richesse, mais il est raisonnable de croire qu’ils présentent un

portrait semblable.

Le niveau de richesse des ménages agricoles au Québec est inconnu puisqu’il n’est pas

possible actuellement d’obtenir la valeur de leur avoir net non agricole. Les seules données

disponibles sont pour tous les ménages et proviennent de la dernière enquête sur la sécurité

financière de Statistique Canada, effectuée en 2005 et dont les données ont été compilées

par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). On y apprend que l’avoir moyen des

ménages était de 317 567 $ alors que l’endettement moyen était 37 369 $ (ISQ 2010).

Donc, l’avoir net moyen était de 280 198 $. En comparaison, l’avoir net agricole des

ménages agricoles donne un aperçu partiel de leur niveau de richesse et c’est ce que

présente la figure 9.

Figure 9. Valeur marchande moyenne et endettement moyen

des entreprises agricoles, Québec, 2001 à 2008

Page 38: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

29

0

250 000

500 000

750 000

1 000 000

1 250 000

1 500 000

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Valeur marchande Endettement

$ constants (2007)

Source : Statistique Canada (2004 et 2010a), enquêtes financières sur les fermes 2003 et 2008; Notre

compilation et nos calculs (2010).

La valeur marchande moyenne des entreprises agricoles au Québec était de l’ordre de

1,4 M$ en 2008 tandis que l’endettement moyen se situait à 400 000 $ environ, ce qui fait

un avoir net agricole moyen de 1 M$. Ainsi, les ménages agricoles ont un niveau de

richesse plus élevé que tous les ménages, ne serait-ce qu’en raison de l’entreprise agricole.

Par contre, durant la période de 2001 à 2008, la valeur marchande moyenne des entreprises

agricoles a augmenté de 14 %, surtout à cause de l’inflation de la valeur des terres et des

quotas, et l’endettement moyen de 34 %. Bien qu’en termes absolus l’avoir net se soit

apprécié pendant cette période, les agriculteurs sont donc relativement plus endettés

qu’auparavant.

2.4 Grille d’analyse

Pour évaluer la situation financière des ménages agricoles, un long détour aura été fait pour

constater la complexité des relations financières qui lient le ménage agricole et l’entreprise

agricole. La formation du revenu a d’abord été considérée avant d’analyser son utilisation

ainsi que le rôle de la richesse dans la situation financière. Afin d’atteindre le premier

objectif spécifique de cette recherche, soit d’évaluer la situation financière des ménages

agricoles, la grille d’analyse complète présentée à la figure 10 sert d’outil, à la manière

d’un « tableau de bord », pour une compréhension efficace des enjeux financiers auxquels

Page 39: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

30

font face les ménages de la relève agricole en période d’établissement d’un point de vue

théorique.

D’une part, les membres du ménage agricole participent aux activités de l’entreprise,

agricoles et para-agricoles, qui génèrent des revenus auxquels s’ajoutent les paiements

directs et les autres revenus. Le revenu net qui en découle, s’il est positif, sert à rembourser

les emprunts mais également à autofinancer les investissements dans l’entreprise et,

finalement, à permettre aux propriétaires d’en retirer des revenus pour les besoins

financiers du ménage (salaires et retraits monétaires). D’autre part, les membres du ménage

agricole ont la possibilité d’occuper des emplois extérieurs qui donnent lieu à des revenus

additionnels, tout comme les autres revenus, et qui constituent ensemble des revenus hors

ferme. Le revenu total ainsi formé sera, après impôts, consacré à deux utilisations

principales, soit les dépenses courantes et l’épargne du ménage. Celle-ci rend possible une

multitude d’investissements dont le financement de l’entreprise agricole par le biais des

apports monétaires. À terme, la richesse du ménage agricole est déterminée par la valeur

nette des actifs en leur possession, agricoles et non agricoles.

Figure 10. Grille d’analyse théorique de la situation financière du ménage agricole

Page 40: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

31

Revenu

total du

ménage agricole

Retraits

Autres

revenus

Revenu d’emploi

extérieur

Revenu d’activités

para-agricolesPaiements

directs

Revenu

agricole

Revenu

brut

Avoir net

agricole

Impôts et

cotisations

Richesse du

ménage agricole

Avoir net

non agricole

Consommation

Revenu

net

Revenu

disponible du

ménage agricole

Épargne

Actifs

agricoles

Dettes

agricoles

Dettes non

agricoles

Apports

Taxes

Autres

revenus

Actifs non

agricoles

Dépenses

agricoles

L’analyse de la situation financière du ménage agricole aura également permis d’apprécier

l’importance de points critiques qui peuvent avoir une incidence sur l’établissement en

agriculture. Premièrement, les bases de données actuelles ne permettent pas de jeter la

lumière sur la situation financière des ménages de la relève agricole établie. Néanmoins, il

est possible de dresser un portrait financier, somme toute général, des ménages agricoles au

Québec. Par contre, les niveaux de consommation et d’épargne des ménages agricoles sont

inconnus et il semble que ce sont deux aspects financiers importants pour tout ménage dont

au moins un des membres est en processus d’établissement en agriculture. Néanmoins, il

semble que le faible niveau du revenu net des entreprises des jeunes agriculteurs est

plausible et laisse présager des retraits monétaires moindres. Le revenu total de ces

ménages agricoles étant plus faible, les dépenses courantes sont affectées à la baisse et, en

fin de compte, le niveau de vie également. Dans cette situation financière délicate, hormis

une meilleure gestion des finances de l’entreprise pour générer un bénéfice net

Page 41: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

32

d’exploitation supérieur, seuls les revenus hors ferme permettent de soutenir le niveau de

vie de ces ménages agricoles et d’espérer une épargne suffisante pour que soient possibles

des apports monétaires dans l’entreprise afin de l’aider à se développer.

2.5 Les fonctions de consommation et d’épargne d’un point de vue théorique

Les hypothèses économiques tentant d’expliquer les relations entre les différents concepts

financiers étayés auparavant sont nombreuses et font toujours l’objet de vives discussions

parmi les économistes. Notamment, le long débat théorique sur la formation de la

consommation et de l’épargne oppose, depuis la grande dépression des années 1930, les

« keynésiens » et les « néoclassiques » (Villieu 2008). Ainsi, le « problème » du

consommateur, soit la prise de décisions économiques dans un contexte de ressources

limitées et de besoins illimités, a été analysé sous plusieurs angles, tant au niveau

macroéconomique que microéconomique. Quelle que soit l’école de pensée, les hypothèses

dites « dominantes » ont toutefois été contestées lorsqu’elles ont été appliquées au contexte

des ménages agricoles en raison de la spécificité économique du secteur agricole.

Cette section s’attarde surtout à tirer des enseignements de la littérature économique sur la

relation entre le revenu et deux aspects qui s’avèrent importants pour cette recherche : la

consommation et l’épargne. En effet, la consommation du ménage témoigne de son niveau

de vie alors que l’épargne offre la possibilité d’effectuer des investissements. Les

chercheurs ayant étudié les fonctions de consommation et d’épargne auprès des ménages

agricoles ont donné des résultats qui méritent d’être soulignés en raison de leur pertinence

pour la présente recherche. C’est notamment le cas de la théorie des « comptes mentaux »

où Thaler (1985) et ensuite Carriker et al. (1993) ont innové en matière de fonction de

consommation. Il en est de même pour la théorie de « l’individu entrepreneur » où Leon et

Rainelli (1976) ont renouvelé l’intérêt pour la fonction d’épargne. Les différents constats

qui de dégagent de leurs travaux permettent ultimement de formuler une ou des questions

de recherche spécifiques.

Page 42: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

33

2.5.1 La fonction de consommation selon la théorie des comptes mentaux

Pour comprendre l’organisation économique du ménage, il est primordial de s’attarder

d’abord à la relation fondamentale entre le revenu et la consommation, qui demeure sans

contredit un des intérêts principaux de la recherche économique. Cette relation est

couramment appelée la fonction de consommation et la théorie du consommateur est

devenue incontournable pour analyser les décisions du ménage en termes de

consommation. La propension à consommer, comme l’a formulé Keynes (1936), est un

déterminant fondamental de l’équilibre macroéconomique. En effet, la consommation des

ménages est la composante largement dominante de l’économie mais également sa

composante la plus stable, et donc la plus prévisible, alors que l’investissement, le

corollaire de l’épargne, est fortement volatile (Villieu 2008). De nombreux chercheurs ont

examiné la consommation des ménages agricoles en fonction du revenu total disponible en

estimant leur propension marginale à consommer (Langemeier et Patrick 1990), soit le

rapport de l’accroissement de la consommation à l’accroissement du revenu.

La littérature économique a souvent considéré que la propension marginale à consommer

un revenu était équivalente peu importe sa source (Friedman 1957). Cela implique que les

revenus de sources différentes sont des parfaits substituts ou encore, que les revenus sont

dits « fongibles » (Thaler 1985). Ce point de vue semble de plus en plus critiqué. Les

innovations dans le domaine de l’économie béhaviorale (ou comportementale) ont mis de

l’avant la question de la fongibilité des différentes sources de revenus. En effet, Thaler

(1985) présente une théorie dans laquelle les agents économiques catégorisent les sources

de revenus dans différents « comptes mentaux » où la propension marginale à consommer

le revenu de chacun des comptes peut différer. Si les revenus de sources séparées ne sont

pas des substituts parfaits, une hausse de revenu d’une source peut ne pas produire le même

changement dans la consommation qu’une hausse de revenu d’une autre source.

Le secteur agricole a produit de nombreuses preuves qui appuient cette théorie des comptes

mentaux. Carriker et al. (1993) ont remarqué que les ménages agricoles forment un

excellent groupe pour étudier cette théorie parce qu’ils ont normalement trois sources

différentes de revenu avec des degrés variés de stabilité : revenu agricole, paiements directs

Page 43: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

34

et revenus hors ferme. Ces chercheurs ont posé l’hypothèse que les ménages agricoles

traitent les paiements directs et les revenus hors ferme différemment du revenu agricole.

Suivant Thaler (1985), ils ont soutenu que les revenus provenant de sources séparées sont

consommés à des taux marginaux différents. Un revenu entièrement prévisible, tel que les

revenus hors ferme, peut être consommé à un taux plus élevé qu’un revenu davantage

incertain, soit le revenu agricole. Selon Carriker et al. (1993), cela signifie que la

propension marginale à consommer est reliée à la variabilité du revenu. En raison des

différents degrés d’incertitude entourant les sources de revenus, les ménages maintiennent

un système de « comptes mentaux » et ainsi, consomment différemment les revenus selon

les sources (Carriker et al. 1993, p. 739).

En analysant un groupe de fermes au Kansas (États-Unis) de 1977 à 1990, Carriker et al.

(1993) ont étudié les propensions marginales à consommer le revenu agricole, les

paiements directs et les revenus hors ferme. La variabilité du revenu agricole de leur

échantillon était deux fois plus élevée que les revenus hors ferme et les paiements directs.

En conséquence, la propension marginale à consommer le revenu agricole était beaucoup

moins élevée que celles des revenus hors ferme et des paiements directs.

2.5.2 La fonction d’épargne selon la théorie de l’individu entrepreneur

En théorie, il y a une croyance générale que l’épargne s’effectue dans les ménages et

l’investissement dans les firmes. De plus, au niveau du ménage, la consommation est

souvent considérée comme la fonction principale et l’épargne une activité dérivée (Keynes

1936). Or, cette conception présente des lacunes lorsqu’elle est appliquée aux ménages

agricoles où l’épargne et l’investissement sont interdépendants. D’un point de vue

keynésien, l’épargne a un caractère passif, soit la part du revenu qui reste après que les

besoins de consommation aient été satisfaits (Villieu 2008). Même un auteur néoclassique

comme Friedman (1957), qui utilisait un concept d’épargne active, développe tout de même

son analyse autour du point de vue de la fonction de consommation. Cette incohérence

semble justifiée par l’importance relative de la consommation dans l’économie. Il est donc

Page 44: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

35

rarement question dans la littérature économique de la fonction d’épargne ou de la

propension à épargner.

Leon et Rainelli (1976) ont néanmoins tenté d’examiner la fonction d’épargne auprès des

ménages agricoles. Contrairement au salarié qui peut consommer pratiquement tout son

salaire, l’agriculteur est un entrepreneur qui ne peut pas disposer à volonté du revenu net de

son entreprise. Il doit allouer une partie voire même la totalité du revenu net à d’autres

utilisations, soit au remboursement des emprunts, au remplacement des actifs amortissables

et, si possible, à l’autofinancement des investissements. Dans le cas d’un entrepreneur, il y

a fusion du ménage et de l’entreprise faisant en sorte qu’il y a compétition entre les besoins

du ménage (dépenses courantes) et les besoins de l’entreprise (maintien et croissance des

actifs agricoles). Avec des ressources financières limitées, l’agriculteur est parfois obligé de

placer les besoins de son entreprise devant ceux du ménage s’il veut augmenter son revenu

futur (Leon et Rainelli 1976). Dans les cas extrêmes, il se peut même que la consommation

du ménage devienne le résidu de l’utilisation du revenu agricole.

C’est dans ce cadre que Leon et Rainelli (1976) se sont intéressés à l’épargne des ménages

agricoles et ont formulé une théorie de « l’individu entrepreneur ». Selon ces chercheurs, le

concept d’épargne résiduelle n’est pas très réaliste. L’épargne devrait plutôt être considérée

comme le résultat d’une action délibérée de l’individu entrepreneur (Leon et Rainelli 1976).

Ce constat serait donc pertinent pour les ménages agricoles et, en général, pour les

entrepreneurs qui allouent une part importante de leur revenu à l’épargne. Pour cette raison,

le comportement financier des ménages agricoles devrait donc être examiné en fonction de

l’épargne au lieu de la consommation. Leon et Rainelli (1976) ont justifié cette approche en

raison du peu d’intérêt de la recherche envers le comportement des individus entrepreneurs.

Selon ces chercheurs, une meilleure connaissance des niveaux d’épargne et d’emprunt, et

de leurs déterminants, permettrait une meilleure compréhension du rôle de

l’autofinancement en agriculture.

Ces chercheurs ont donc analysé le comportement d’épargne des agriculteurs d’un groupe

de 337 fermes en France et en Suisse en 1969. Leurs résultats indiquent que le revenu

Page 45: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

36

disponible total du ménage agricole aurait une influence significative, surtout sur les plus

petites fermes, où les revenus hors ferme jouent un rôle important dans la formation de

l’épargne. L’âge exerce également une certaine influence sur le comportement d’épargne

car les jeunes agriculteurs seraient plus enclins à épargner (Leon et Rainelli 1976). Enfin, il

semble que l’avoir net du ménage est un facteur dans la détermination du niveau d’épargne

car à un certain niveau de revenu, les agriculteurs ayant un avoir net supérieur ont tendance

à moins épargner (Leon et Rainelli 1976).

Ainsi, ces résultats confirment en quelque sorte qu’il existe un comportement financier

spécifique aux individus entrepreneurs. La coexistence du ménage et de l’entreprise veut

dire que les besoins de consommation doivent être subordonnés à l’accumulation du

capital, qui à son tour mène à un haut niveau d’épargne. Dans cette perspective, un

agriculteur ne devrait pas être comparé à un salarié selon Leon et Rainelli (1976).

Considérer la nécessité de satisfaire les besoins financiers du ménage oblige l’agriculteur à

viser un revenu cible plutôt qu’un revenu maximal, il ne devrait donc pas être considéré

comme un entrepreneur capitaliste (Leon et Rainelli 1976).

2.6 Question de recherche

La revue de littérature qui précède a des implications importantes pour la recherche. Étant

donné l’arbitrage qui doit être fait entre la consommation et l’épargne, le revenu de la

pluriactivité aura certainement un impact financier important dans cette décision du ménage

dans un contexte d’établissement en agriculture. D’abord, il pourrait y avoir des niveaux

différents de dépenses courantes entre les ménages pluriactifs et monoactifs. En effet, la

contribution du revenu de la pluriactivité à un revenu disponible plus important, de même

que la stabilité relative du revenu d’emploi extérieur, nous permettent d’anticiper un coût

de vie plus élevé chez les ménages pluriactifs. Par ailleurs, le revenu de la pluriactivité

permet aussi d’entrevoir des implications quant au financement de l’entreprise agricole, que

ce soit de l’interne (par le revenu d’activités para-agricoles) ou de l’externe (par le revenu

d’emploi extérieur) via l’épargne du ménage sous forme d’apports monétaires faits dans

Page 46: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

37

l’entreprise. Cette utilisation est tout à fait plausible dans le cadre de l’établissement en

agriculture.

Pour les ménages pluriactifs, le revenu de la pluriactivité pourrait donc bonifier les

utilisations possibles du revenu disponible tant au niveau des dépenses courantes du

ménage que du financement de l’entreprise agricole. Suivant la littérature, les ménages

pluriactifs pourraient soit privilégier davantage les dépenses courantes ou le financement

agricole selon la finalité attribuée au revenu de la pluriactivité.

C’est ce que les deux théories présentées précédemment proposent. Selon la théorie des

comptes mentaux, le revenu de la pluriactivité pourrait correspondre à un compte mental

privilégiant le niveau de vie du ménage en raison de la relative stabilité de cette source de

revenu. Ou encore, selon la théorie de l’individu entrepreneur, le ménage pourrait dédier le

revenu de la pluriactivité à un compte mental privilégiant le financement de l’entreprise

dans une optique d’épargne active. Tout dépend de la perspective du ménage.

Alors où est l’impact du revenu de la pluriactivité et quelle est son ampleur? La littérature

qui précède nous permet donc de formuler la question de recherche suivante, à laquelle

nous tenterons de répondre :

Quel est l’impact financier du revenu de la pluriactivité sur les dépenses courantes

des ménages et sur le financement de l’entreprise agricole?

Page 47: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

3. La mesure du revenu et de son utilisation :

aspects méthodologiques

Cette recherche privilégie une approche inductive exploratoire (Creswell 2009). En ce sens,

les résultats ne sont pas une finalité en soi. Bien que l’objectif général soit de mesurer

l’importance financière de la pluriactivité, l’idée maîtresse n’est pas de tester des

hypothèses mais bien de tenter de répondre à des questions visant à avancer les

connaissances en matière d’établissement en agriculture au Québec. Toutefois, étant donné

la nature financière de la recherche, c’est davantage une analyse quantitative exploratoire

qui est effectuée. Ce chapitre est consacré à la méthodologie qui est appliquée à la présente

recherche.

3.1 Population visée

Considérant le manque flagrant de données secondaires sur la relève agricole établie

pertinentes pour analyser la problématique, la question de recherche explicitée auparavant

est étudiée empiriquement au moyen d’une collecte de données primaires visant les

ménages agricoles dont au moins un des membres s’est établi récemment en agriculture au

Québec. La population cible est constituée des agriculteurs du Québec âgés de moins de 40

ans et possédant au moins 1 % des parts d’une entreprise agricole. Ce sont les critères

utilisés par le MAPAQ dans le Recensement de la relève agricole établie qui a été effectué

en date du 30 novembre 2006. De plus, l’établissement de ces agriculteurs est récent afin

d’obtenir un juste portrait de l’incidence financière de la pluriactivité durant cette étape

critique de l’entreprise agricole. Par conséquent, les agriculteurs ciblés sont établis depuis

le 1er

janvier 2004 mais pas plus tard que le 31 mars 2007 pour que ces établissements aient

un historique significatif.

3.2 Échantillonnage

Selon les données du MAPAQ, la population d’agriculteurs au Québec correspondant aux

critères susmentionnés serait estimée à environ 1500 individus (MAPAQ 2008). Aux fins

Page 48: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

39

de l’enquête, l'échantillon utile doit être suffisamment large, environ 250 individus, pour

permettre d'atteindre les objectifs de recherche. Ainsi, en considérant un taux de réponse lié

à une enquête téléphonique d'environ 50 %, l'échantillon initial doit préférablement avoir

une taille de 500 individus. Néanmoins, pour des raisons d'exclusion de l'enquête ou autres,

il est préférable d'avoir un tirage préalable de 1000 individus.

3.3 Méthode de collecte de données

Pour pouvoir enquêter ces individus, l’approbation de la Commission d’accès à

l’information est nécessaire afin d’obtenir auprès du MAPAQ les renseignements

nominatifs de 1000 individus tirés au hasard de la base de données du Recensement de la

relève agricole établie et correspondant aux critères de la population visée. Le choix est fait

de mener une enquête de type téléphonique au moyen d’un questionnaire. L’entretien

téléphonique présente plusieurs avantages. C’est une méthode moins coûteuse que

l’entrevue semi dirigée, son taux de réponse est généralement plus élevé que l’enquête

postale et c’est une manière rapide de collecter des données en général (Jackson et Verberg

2007). L’entretien téléphonique comporte cependant quelques inconvénients. L’appel

téléphonique peut être mal perçu, l’entretien doit être de courte durée et les questions

doivent demeurer le plus simple possible (Jackson et Verberg 2007). Pour joindre les

individus échantillonnés, il suffit donc d’avoir en main leur nom et leur numéro de

téléphone obtenus préalablement du MAPAQ à la suite de l’approbation de la Commission

d’accès à l’information.

L’échantillonnage probabiliste systématique est privilégié. Cette technique permet de

choisir les observations (individus enquêtés) de l’échantillon de départ de manière aléatoire.

Ainsi, une fois les individus identifiés dans l’échantillon de départ (liste de 1000 individus),

ils sont interpellés dans une séquence constante. Plus précisément, dans cette enquête, étant

donné l’objectif d’atteindre un échantillon utile de 250 individus sur un tirage préalable de

1000 individus, il est donc souhaité que le quart de la liste ait répondu. Au lieu d’appeler

tour à tour chaque individu de la liste, le choix d’une approche aléatoire est fait et implique

que le troisième individu sur quatre est appelé (cela résulte d’un tirage au hasard d’un

Page 49: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

40

chiffre de un à quatre). Cela signifie que, sur la liste de départ de 1000 individus, le

troisième individu est appelé, ensuite le septième, le onzième et ainsi de suite. À la fin d’un

premier tour de la liste, si l’objectif de 250 répondants n’est pas atteint, la même séquence

est répétée (en commençant cette fois-ci par le quatrième individu et ainsi de suite), et ce,

jusqu’à saturation de l’échantillon utile visé.

3.4 Instrument de mesure

Afin de réaliser l’enquête téléphonique, un questionnaire est développé et cette étape est

cruciale dans l’obtention de données de qualité. Les questions sont basées sur les variables

à l’étude, soit celles dérivées de la grille d’analyse théorique expliquée auparavant. Étant

donné la difficulté à obtenir des données précises et dans un court délai lors d’un entretien

téléphonique, un choix est fait quant aux variables à privilégier tout en respectant l’objectif

général de la recherche. Ainsi, la figure 11 présente les variables retenues aux fins

d’enquête dans une grille d’analyse empirique. Par rapport à la grille initiale, les variables

qui ne sont pas mesurées apparaissent en grisé alors que celles qui pourraient être calculées

par déduction sont en pointillé. Pour ce qui est de la consommation du ménage, des taxes

qui l’accompagnent, et du remboursement des dettes non agricoles, ces variables sont

regroupées pour former les dépenses courantes.

Les actifs non agricoles du ménage, pour leur part, sont plutôt difficiles à mesurer lors d’un

entretien téléphonique notamment lorsqu’il y a plusieurs membres dans un ménage car

chacun a ses propres biens et c’est le même constat qui peut être fait pour les dettes non

agricoles. L’absence de ces deux variables explique pourquoi il n’est pas possible de

mesurer ni l’avoir net non agricole ni la richesse du ménage agricole. Les sources de

revenus de l’entreprise agricole sont multiples et sont difficilement mesurables lors d’un

entretien téléphonique. C’est particulièrement le cas du revenu d’activités para-agricoles

qui est une des deux composantes du revenu de la pluriactivité. Le choix est donc fait de

mettre l’emphase sur le revenu de la pluriactivité agricole provenant d’un emploi extérieur.

En conséquence, il est uniquement question du revenu d’emploi extérieur et de son impact

sur les dépenses courantes du ménage et le financement de l’entreprise agricole. Les

Page 50: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

41

apports permettent d’évaluer à quel niveau est financée l’entreprise par le ménage. Il n’est

par contre pas possible de connaître les destinations de ces apports monétaires dans

l’entreprise. En effet, cela exigerait de consulter des données comptables de l’entreprise.

Figure 11. Grille d’analyse empirique de la situation financière du ménage agricole

Retraits

Autres

revenus

Revenu d’emploi

extérieur

Revenu d’activités

para-agricolesPaiements

directs

Revenu

agricole

Avoir net

agricole

Impôts et

cotisations

Richesse du

ménage agricole

Avoir net

non agricole

Revenu

net

Revenu

disponible du

ménage agricole

Autres

revenus

Actifs non

agricoles

Apports

Revenu

brut

Revenu

total du

ménage agricole

Épargne

Actifs

agricoles

Dettes

agricoles

Dépenses

courantes

Dépenses

agricoles

Enfin, certaines variables pourraient être calculées sans être mesurées. Les dépenses

agricoles se calculent aisément en soustrayant le revenu net du revenu brut. C’est le même

principe qui s’applique à l’avoir net agricole qui résulte de la soustraction de la valeur des

dettes agricoles de la valeur des actifs agricoles. Il est possible d’estimer le revenu total du

ménage agricole en additionnant les trois sources possibles de revenu. Si la proportion du

revenu disponible dédié aux dépenses courantes est connue, il est alors possible d’estimer le

revenu disponible du ménage une fois que les dépenses courantes auront été mesurées, ce

Page 51: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

42

qui permet ensuite d’estimer la valeur des impôts et cotisations en soustrayant le revenu

disponible du revenu total. Le calcul du revenu disponible estimé duquel les dépenses

courantes ont été soustraites permet à son tour d’estimer l’épargne du ménage. En

soustrayant les apports monétaires de l’épargne, il est également possible d’estimer la

valeur de l’épargne dédiée aux actifs non agricoles. Il faut toutefois être extrêmement

prudent dans l’interprétation des valeurs issues de ces calculs car tout dépend du niveau de

précision des variables mesurées lors de l’enquête. En effet, l’estimation des variables, tout

en permettant d’atteindre un portrait relativement complet de la situation financière du

ménage, peut s’éloigner considérablement de leur véritable mesure. C’est pourquoi les

variables mesurées sont privilégiées dans l’analyse.

Dans l’élaboration du questionnaire, une attention particulière est portée à la formulation

des questions pour qu’elles soient dans un langage clair, précis et familier (Jackson et

Verberg 2007). Afin de faciliter le déroulement de l’entretien téléphonique, l’ordre dans

lequel apparaissent les questions est également pris en compte pour que des questions

factuelles soient posées au début de l’entrevue et que les questions sensibles, au niveau des

finances personnelles (ex. : dépenses courantes du ménage), soient réservées pour la fin de

l’entrevue (Jackson et Verberg 2007). Le questionnaire comporte des questions ouvertes et

fermées. Dans l’optique de limiter la durée de l’entretien, les questions ouvertes sont

strictement orientées vers des réponses de nature quantitative. Il en est de même pour les

questions fermées qui offrent un choix de réponses balisées. Toutefois, des choix de

réponses à des questions financières présentent des intervalles certes larges, mais

permettant tout de même d’obtenir des réponses relativement sensibles (sources et niveaux

des revenus, apports monétaires, dépenses courantes, etc.). Par contre, aux fins de l’analyse

quantitative des données, seules les valeurs médianes des catégories rapportées peuvent être

utilisées, ce qui enlève de la précision aux résultats et apporte une limite aux conclusions

pouvant en être tirées.

De plus, bien que le questionnaire vise à évaluer la situation financière du ménage en

période d’établissement en agriculture, il est difficile dans le cadre d’une enquête

téléphonique de mesurer certaines variables (revenus, apports, dépenses, etc.) tout au long

Page 52: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

43

de cette période, d’une durée variable de surcroît pour chaque ménage. Le choix est donc

fait d’évaluer la situation financière pour deux années seulement : la première année

complétée suivant l’établissement en agriculture et l’année 2008. Pour chacun des ménages,

cela permet de comparer la situation financière du début de l’établissement avec celle de

l’année 2008. Par contre, la population visée fait en sorte que les individus échantillonnés

se sont établis en 2004, 2005, 2006 ou au début de 2007. Cela implique que des ménages

ont des écarts variables de comparaison. Ainsi, bien que les ménages puissent tous être

comparés pour l’année 2008, la première année complétée suivant l’établissement diffère

entre eux et ne permet pas une telle comparaison pour tout l’échantillon. Cette limite dans

les données a des répercussions dans les méthodes d’analyse possibles, discutées plus loin.

Enfin, avant d’effectuer l’enquête, un prétest a été effectué sur un groupe de cinq individus

correspondant aux critères d’échantillonnage susmentionnés. Cette étape a pour but de

valider le questionnaire, de vérifier la durée moyenne des entretiens et de noter toute

observation permettant d’améliorer le questionnaire (Jackson et Verberg 2007). Celui-ci est

donc modifié en conséquence pour qu’il soit le plus adéquat possible afin de réaliser

l’enquête formelle. La forme finale du questionnaire se trouve à l’annexe I.

3.5 Bilan de l’enquête

L’enquête téléphonique a été effectuée entre le 11 novembre et le 22 décembre 2009. Les

appels téléphoniques ont été faits aux heures présentant un potentiel élevé de joindre les

individus ciblés : les périodes du matin entre 8h00 et 10h00, du dîner entre 11h30 et 13h30

et du soir entre 17h30 et 21h00. Le tableau 1 présente le taux de réponse de l’enquête. Sur

un échantillon de départ de précisément 999 individus, il s’est avéré que 115 n’étaient pas

admissibles à l’étude pour plusieurs raisons : entreprises en double, numéros erronés et

critères d’échantillonnage invalidés. 447 individus ont fait l’objet d’une ou deux tentatives

d’appel et, pour cette raison, ne sont donc pas considérés pour le calcul du taux de réponse

de l’enquête. Ainsi, sur un échantillon effectif de 397 individus, 49 n’ont pu être joints

malgré trois tentatives d’appel et plus, 105 ont refusé de participer à l’enquête pour des

raisons diverses dont le manque de temps et d’intérêt et 243 individus ont complété

l’entretien téléphonique bien que quelques répondants n’aient pas répondu à certaines

Page 53: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

44

questions. À la fin de la période d’enquête, il a été jugé que ce nombre de répondants était

suffisant pour atteindre l’objectif de l’échantillon utile aux fins d’analyse qui avait été fixé

à 250 individus. Au terme de l’enquête, le bilan indique que le taux de réponse est de

61,2 %, ce qui est plus que satisfaisant et bien au-delà de l’objectif qui avait été fixé, soit

50 %.

Tableau 1

Taux de réponse de l’enquête

Échantillon de départ 999

Individus non admissibles

155

Peu de tentatives d’appel

447

Échantillon effectif

397

Individus non joints

49

Refus de participer 105

Entretiens complétés 243

Taux de réponse (%) 61,2

Source : Notre compilation (2010).

Dans l’intérêt de classer les ménages des répondants selon le type de pluriactivité pratiqué,

la question concernant la présence de revenus d’emploi extérieur dans le ménage en 2008 et

la première année complétée suivant l’établissement permettait ainsi d’en savoir davantage.

Le tableau 2 présente les résultats à cette question. Dans l’ensemble de l’échantillon, 151

répondants ont indiqué la présence de revenus d’emploi extérieur dans le ménage pour ces

deux années alors que 70 n’en avaient pas. 13 ménages avaient ce type de revenu en 2008

seulement tandis que neuf ménages l’avaient uniquement la première année complétée

suivant l’établissement. Il faut toutefois noter que rien ne permet de confirmer si le revenu

d’emploi extérieur a été présent ou absent dans le ménage entre la première année

complétée suivant l’établissement et l’année 2008, ce qui représente une limite aux données

et aux conclusions pouvant en être tirées. Néanmoins, la durée de l’établissement des

individus échantillonnés étant faible, soit moins de six ans, il est possible et raisonnable de

Page 54: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

45

croire que la situation des ménages au regard du revenu d’emploi extérieur n’ait pas

changé. Ce premier classement permet donc de caractériser le type de pluriactivité pratiqué

par les ménages échantillonnés et c’est ce qu’indique le tableau 3.

Tableau 2

Répartition des ménages selon la présence

de revenus d’emploi extérieur en 2008

et au début de l’établissement

2008

Oui Non Total

Oui 151 9 160

Début1

Non 13 70 83

Total

164 79 243

1Note : L’expression « début » signifie la

première année complétée

suivant l’établissement.

Source : Notre compilation (2010).

Tableau 3

Répartition des ménages selon leur type

Type de ménage Nombre Proportion (%)

Pluriactif professionnel 151 62,1

Monoactif 70 28,8

Pluriactif de transition 9 3,7

Pluriactif récent 13 5,4

Total 243 100,0

Source : Notre compilation (2010).

Parmi les ménages échantillonnés, 151 ayant obtenu un revenu d’emploi extérieur pour ces

deux années sont donc qualifiés de pluriactifs professionnels, soit plus de 62 % de

Page 55: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

46

l’échantillon. 70 ménages n’ayant pas obtenu de revenu d’emploi extérieur pour ces deux

années sont qualifiés de monoactifs, soit près de 29 % de l’échantillon. Cependant, il faut

nuancer que ces ménages auraient pu tout aussi bien avoir obtenu un revenu d’activités

para-agricoles, ce qui indiquerait qu’ils pratiquent la pluriactivité de diversification agricole

et ferait en sorte qu’ils soient qualifiés de pluriactifs. Aux fins de la présente recherche, ils

seront désignés comme étant des monoactifs. Les ménages ayant obtenu un revenu

d’emploi extérieur au début de l’établissement uniquement sont classés comme étant des

pluriactifs de transition alors que les ménages ayant obtenu ce revenu en 2008 uniquement

sont considérés comme étant des pluriactifs récents. Somme toute, l’échantillon en présence

semble être similaire à celui de l’étude de Gervais (2007) qui avait trouvé que 64 % des

ménages échantillonnés étaient pluriactifs professionnels.

3.6 Approche d’analyse

L’analyse des données est avant tout exploratoire et favorise dans un premier temps la

présentation de statistiques descriptives (Creswell 2009). Par la suite, afin de dégager des

résultats significatifs en lien avec la problématique de recherche, la voie de l’inférence

statistique est empruntée (Creswell 2009).

Le classement des ménages selon le type de pluriactivité est déterminant dans l’analyse des

données qui va s’en suivre. En effet, il permet de comparer les types de ménages selon leur

situation financière. Bien entendu, ce sont les ménages pluriactifs et monoactifs

professionnels, clairement en plus grand nombre dans l’échantillon, qui intéressent

davantage cette recherche et qui sont privilégiés dans l’analyse des résultats. Quoique peu

nombreux dans l’échantillon, les ménages pluriactifs de transition et récents sont tout de

même d’intérêt car ils témoignent des différentes logiques financières pratiquées par les

ménages agricoles. Pour cette raison, les résultats les concernant sont tout de même

présentés afin d’avancer les connaissances en matière de pluriactivité et d’établissement en

agriculture. Ensuite, il s’agit de déterminer l’impact financier du revenu d’emploi extérieur

en analysant l’ensemble des ménages. L’échantillon est d’une assez grande taille, ce qui

signifie qu’il devrait y avoir suffisamment de variance en termes de revenu d’emploi

Page 56: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

47

extérieur pour vérifier son impact sur les dépenses courantes et le financement de

l’entreprise comme le précise la question de recherche.

L’approche d’analyse favorisée est tributaire de la qualité des données présentes et doit

tenir compte de ses limites. Ainsi, il a été mentionné auparavant que les données de la

situation financière des ménages échantillonnés étaient collectées pour deux années

seulement : l’année 2008 et la première année complétée suivant l’établissement. Il est

possible de comparer tous les ménages pour l’année 2008 uniquement. En effet, la première

année complétée suivant l’établissement, dépendant du ménage, pourrait être 2004, 2005,

2006 ou 2007, ce qui rend la comparaison de tous les ménages au début de l’établissement

complexe. Il faut se rappeler que les 243 cas d’établissement considérés dans l’échantillon

vont de deux ans et huit mois au minimum à moins de six ans au maximum. Donc,

l’approche préconisée dans l’analyse des résultats consiste à tenir compte des ces limites

quant à la comparaison des ménages au début de l’établissement.

La méthodologie appliquée a permis de produire des résultats probants qui sont analysés

dans le chapitre suivant. Les données ont d’abord été validées avant que certaines d’entre

elles subissent des transformations mathématiques. Ainsi, les variables présentant des

intervalles de valeurs monétaires se vont vu attribuer des valeurs médianes pour chacune

des catégories de réponses pour qu’elles deviennent des variables continues. Cela permet

donc de calculer les moyennes de celles-ci. Certes, cette façon de faire enlève de la

précision aux résultats et constitue une limite à leur interpréation mais permet tout de même

de jeter un regard sur les tendances des ménages échantillonnés. Par ailleurs, le traitement

des données validées a été effectué avec le logiciel SPSS (Green et Salkind 2005), qui a

rendu possible la réalisation des analyses statistiques dont les procédures complètes sont

présentées à l’annexe II. Dans l’interprétation des résultats, il faut garder en tête que

certains ménages n’ont pas répondu à certaines questions lors de l’entretien téléphonique, et

ce, pour diverses raisons : soit qu’ils n’étaient pas en mesure d’y répondre ou soit qu’ils ne

voulaient tout simplement pas y répondre. Le choix a été fait de traiter les données de tous

les ménages même si certaines variables analysées présentent une taille d’échantillon plus

faible que les 243 répondants de l’échantillon total.

Page 57: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

4. L’importance financière du revenu de la pluriactivité :

analyse de l’échantillon

L’analyse des résultats a pour but ultime de contribuer à l’atteinte de l’objectif général de

cette recherche, soit de mesurer l’importance financière du revenu de la pluriactivité dans

l’établissement en agriculture. Plus spécifiquement, les résultats qui suivent sont présentés

de manière à tenter de répondre à la question de recherche formulée auparavant qui est de

connaître l’impact financier du revenu de la pluriactivité sur les dépenses courantes des

ménages et sur le financement de l’entreprise agricole. La première section présente les

caractéristiques de l’échantillon au niveau des entreprises agricoles et des sources de

revenus du ménage. Les résultats concernant l’impact financier du revenu d’emploi

extérieur suivent dans la deuxième section. Enfin, la situation spécifique des ménages

pluriactifs est analysée dans la troisième section.

4.1 Caractéristiques de l’échantillon

En premier lieu, il convient d’avoir un portrait de l’ensemble des ménages échantillonnés.

Concernant le mode d’établissement des jeunes agriculteurs échantillonnés, le tableau 4

révèle que 62 % des répondants se sont établis en acquérant une entreprise existante alors

que 38 % l’ont fait en démarrant une nouvelle entreprise.

Tableau 4

Modes principaux d’établissement des répondants selon le type de ménage

Mode principal

d’établissement

Pluriact.

prof.

(n=151)

Monoact. (n=70)

Pluriact.

de trans.

(n=9)

Pluriact.

récent

(n=13)

Total

(n=243)

Démarrage d’une

nouvelle entreprise % 47,7 24,3 11,1 23,1 38,3

Acquisition d’une

entreprise existante % 52,3 75,7 88,9 76,9 61,7

Source : Notre compilation (2010).

Page 58: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

49

Les démarrages sont dans une proportion plus importante que prévue, ce qui reflète

probablement le relatif essor qu’a connu ce mode d’établissement ces dernières années, qui

est confirmé par le recensement effectué par le MAPAQ en 2006. En effet, les répondants

de ce recensement s’étaient établis par le démarrage dans une proportion de 27 % (MAPAQ

2008). On peut également remarquer une nette tendance pour ce qui est des répondants des

ménages pluriactifs professionnels qui ont effectué des démarrages dans une proportion de

près de 48 %. Les trois autres types de ménages sont en grande majorité associés à un

processus de transfert d’entreprise.

Le tableau 5 présente les productions agricoles des entreprises de l’échantillon catégorisées

selon les formes de soutien en agriculture. En général, les productions sous gestion de

l’offre sont les plus représentées, ensuite les productions couvertes par le programme

d’assurance stabilisation des revenus agricoles (productions dites stabilisées) et enfin, les

productions non soutenues spécifiquement par les pouvoirs publics (productions dites non

soutenues). En général, les productions sous gestion de l’offre arrivent au premier rang des

trois types de production agricole et caractérisent 45 % des entreprises échantillonnées, ce

qui est légèrement supérieur à la proportion du recensement du MAPAQ qui était de 42 %

(MAPAQ 2008). Parmi les types de ménages, les pluriactifs professionnels se démarquent,

dans une proportion de 64 %, par des entreprises orientées vers des productions exigeant

moins de capitalisation, en termes d’acquisition de quotas.

Tableau 5

Types de productions agricoles principales des entreprises selon le type de ménage

Type de

production

agricole

Pluriact.

prof.

(n=151)

Monoact.

(n=70) Pluriact.

de trans.

(n=9)

Pluriact.

récent

(n=13)

Total

(n=243)

Productions sous

gestion de l’offre % 35,8 60,0 77,8 46,2 44,9

Productions

stabilisées % 41,7 25,7 0,0 46,2 35,8

Productions

non soutenues % 22,5 14,3 22,2 7,7 19,3

Source : Notre compilation (2010).

Page 59: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

50

Pour ce qui est du niveau de capitalisation et d’endettement des entreprises, le tableau 6 en

fait le portrait. Avec une valeur marchande moyenne de 1,3 M$, les entreprises

échantillonnées sont représentatives de la ferme moyenne au Québec qui avait un actif de

1,4 M$ en 2008 (Statistique Canada 2010a). Par contre, l’endettement moyen des

entreprises échantillonnées est relativement élevé. Alors que la ferme moyenne au Québec

avait un endettement de 28 % en 2008 (Statistique Canada 2010a), les entreprises

échantillonnées se situent tout près de la barre des 50 %. Encore une fois, on remarque un

contraste important entre les ménages pluriactifs professionnels et monoactifs pour ce qui

est de l’endettement et de la valeur marchande des entreprises agricoles. Les répondants

appartenant à des ménages pluriactifs professionnels se sont établis sur des entreprises

relativement très endettées et dont la valeur marchande est moindre que les trois autres

types de ménages. Quoique peu nombreux, les pluriactifs récents ont des entreprises

relativement peu endettées.

Tableau 6

Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises

à la fin de l’année 2008 selon le type de ménage

Pluriact.

prof.

(n=144)

Monoact.

(n=66) Pluriact.

de trans.

(n=8)

Pluriact.

récent

(n=11)

Total

(n=229)

Valeur marchande $ 1 119 241 1 709 552 1 444 444 1 421 818 1 316 681

Ratio d’endettement % 55,0 40,5 45,6 36,5 49,6

Source : Notre compilation (2010).

Du coté des revenus bruts et nets, le tableau 7 indique que, dans l’ensemble, ils ont évolué

positivement entre le début de l’établissement et l’année 2008. De manière étonnante, le

revenu brut moyen en 2008 est semblable à celui retrouvé dans l’ensemble des entreprises

agricoles au Québec la même année, soit environ 300 000 $ (Statistique Canada 2010a). Par

contre, le revenu net moyen de l’échantillon en 2008 était d’un peu plus de 38 000 $, ce qui

est près de 25 % inférieur au revenu net moyen des entreprises agricoles au Québec la

même année (Statistique Canada 2010a). Cette situation pourrait s’expliquer par le niveau

d’endettement car les charges d’intérêts élevées, caractérisant l’établissement en

Page 60: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

51

agriculture, peuvent peser lourdement sur les dépenses de l’entreprise, affectant le revenu

net à la baisse.

Les ménages monoactifs tirent mieux leur épingle du jeu dans leurs entreprises que les

pluriactifs professionnels et les deux autres types de ménages. Cette situation s’explique

probablement par le fait que les agriculteurs des ménages monoactifs se sont établis dans

une plus grande proportion dans des entreprises existantes qui sont moins endettées,

notamment dans le cadre de transferts parents-enfants, et où les productions dominantes

sont sous gestion de l’offre, ce qui leur permet d’espérer des revenus supérieurs. En

contraste, les jeunes agriculteurs des ménages pluriactifs professionnels se sont établis pour

moitié en démarrant de nouvelles entreprises, donc plus endettées à l’établissement et

également de moins grande taille, et dont la rentabilité est plus difficile à obtenir dans les

premières années du cycle de vie de l’entreprise. Les pluriactifs de transition ont un revenu

brut d’entreprise qui s’est détérioré entre le début de l’établissement et l’année 2008 mais

où le revenu net s’est accru de manière importante durant cette période. Il est difficile de

comprendre cette évolution tout à fait incohérente faute de données complémentaires.

Tableau 7

Revenus brut et net moyens des entreprises en 2008

et au début l’établissement selon le type de ménage

Pluriact.

prof.

(n=146)

Monoact.

(n=67) Pluriact.

de trans.

(n=9)

Pluriact.

récent

(n=12)

Total

(n=234)

Revenu

brut

au début $ 192 347 343 934 238 889 197 917 238 083

en 2008 $ 239 796 414 706 222 222 271 875 291 155

Revenu

net

au début $ 25 171 49 067 37 500 37 500 33 120

en 2008 $ 30 308 54 291 48 611 41 667 38 462

Source : Notre compilation (2010).

Page 61: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

52

Les tableaux 8 et 9 donnent un aperçu des sources de revenus des ménages échantillonnés

depuis le début de l’établissement en agriculture : la première année complétée suivant

l’établissement et l’année 2008.

Tableau 8

Revenus moyens des ménages au début de l’établissement selon le type de ménage

Source de revenus

Pluriact.

prof.

(n=145)

Monoact.

(n=68) Pluriact.

de trans.

(n=9)

Pluriact.

récent

(n=13)

Total

(n=235)

Revenus retirés

de l’entreprise $ 13 383 22 717 15 000 18 654 16 400

% 22,3 88,7 32,0 98,0 34,8

Revenus d’emploi

extérieur $ 44 052 0 29 167 0 28 059

% 73,5 0,0 62,1 0,0 59,6

Revenus d’autres

sources $ 2 433 2 929 2 778 385 2 479

% 4,1 11,4 5,9 2,0 5,3

Revenu total

estimé

$ 59 948 25 616 46 944 19 038 47 106

% 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Notre compilation (2010).

Tableau 9

Revenus moyens des ménages en 2008 selon le type de ménage

Source de revenus

Pluriact.

prof.

(n=145)

Monoact.

(n=68) Pluriact.

de trans.

(n=9)

Pluriact.

récent

(n=13)

Total

(n=235)

Revenus retirés

de l’entreprise $ 17 017 24 638 21 389 22 692 19 668

% 25,8 89,9 77,8 43,2 37,6

Revenus d’emploi

extérieur $ 45 948 0 0 27 885 29 641

% 69,5 0,0 0,0 53,1 56,6

Revenus d’autres

sources $ 3 125 2 754 6 111 1 923 3 065

% 4,7 10,1 22,2 3,7 5,8

Revenu total

estimé

$ 66 090 27 392 27 500 52 500 52 374

% 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Notre compilation (2010).

Page 62: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

53

Les trois sources de revenus sont présentées d’une part, en valeur, et d’autre part, en

proportion du revenu total. Il faut se rappeler que les valeurs sont les moyennes des valeurs

médianes des catégories de revenus qui ont été déclarées par les répondants pour chacune

des sources de revenus du ménage. De plus, le revenu total a été estimé car il est la somme

des médianes des trois sources de revenus des ménages. Les revenus d’autres sources sont

plus élevés pour les ménages qui en ont obtenus que ce qu’indiquent les moyennes pour

tous les ménages.

En général, le revenu total des ménages échantillonnés était constitué de revenus d’emploi

extérieur dans une proportion de près de 60 % au début de l’établissement et cette

proportion a quelque peu baissé à environ 57 % en 2008. En ajoutant à cela les revenus

d’autres sources, c’est près des deux tiers du revenu total depuis l’établissement qui était

hors ferme, ce qui reflète la proportion du ménage agricole moyen au Québec qui était de

66 % en 2007 (Statistique Canada 2010b). Par contre, les revenus d’emploi extérieur

correspondaient en moyenne à 44 % du revenu total du ménage agricole au Québec

(Statistique Canada 2010b), une proportion plus faible que celle retrouvée dans

l’échantillon. Ainsi, la réalité des ménages des jeunes agriculteurs est davantage

caractérisée par les emplois extérieurs. Les revenus d’autres sources qu’ils obtiennent sont

plus faibles que les ménages agricoles au Québec et cela s’explique probablement par le

peu de revenus de placement, ou de cette nature, qu’ils ont pu obtenir en étant au début de

leur vie active.

En analysant les résultats selon les types de ménage, c’est sans surprise que les ménages

pluriactifs professionnels vont chercher la très grande majorité de leur revenu d’un emploi

extérieur dans une proportion d’environ 70 % en 2008, en légère baisse de près de 74 % au

début de l’établissement. Les ménages pluriactifs récents et de transition, selon l’année en

question, ont obtenu des revenus d’emploi extérieur du même ordre, soit autour de

28 500 $, ce qui est considérablement plus faible que les ménages pluriactifs qui ont obtenu

46 500 $ en moyenne pour les deux années à l’étude. Les revenus retirés de l’entreprise

sont moins importants dans le cas des ménages pluriactifs professionnels, ce qui reflète sans

doute le plus faible revenu net de leurs entreprises. Bien qu’ils soient plus faibles, les

Page 63: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

54

revenus retirés de l’entreprise par les pluriactifs professionnels ont progressé plus

rapidement que ceux des monoactifs entre le début de l’établissement et l’année 2008, soit

27 % contre 8 % respectivement. En valeur, les revenus retirés de l’entreprise par les

pluriactifs récents et de transition se rapprochaient de ceux des monoactifs en 2008. Ce qui

frappe le plus de ces résultats, c’est le revenu total moyen des ménages pluriactifs

professionnels qui est plus du double de celui des monoactifs pour les deux années

analysées. Culminant à 66 000 $ en 2008, le revenu total moyen des pluriactifs

professionnels demeure en deçà des 77 000 $ des ménages agricoles au Québec en 2007

(Statistique Canada 2010b).

4.2 Impact du revenu d’emploi extérieur

Après avoir parcouru les sources de revenus des ménages, la présente section s’intéresse à

déterminer l’impact financier du revenu d’emploi extérieur au niveau de deux aspects

financiers du ménage en période d’établissement en agriculture : les dépenses courantes et

les apports monétaires dans l’entreprise. Pour ce faire, les ménages sont d’abord comparés

selon leur type au moyen d’une analyse de la variance (ANOVA) pour vérifier s’il y a des

différences significatives pour chacune de ces deux variables (Field 2009). Ensuite, à l’aide

d’une régression linéaire multiple, le lien de causalité sera vérifié entre les sources de

revenus et chacune de ces deux variables (Field 2009). Pour faciliter la comparaison et

l’analyse, l’année 2008 sera le seul point de repère utilisé pour l’ensemble des données. À

cette étape-ci, il faut se rappeler que les données à l’étude sont fondamentalement des

valeurs médianes issues de catégories de réponses. Bien que ces transformations

mathématiques permettent d’obtenir des variables continues, elles ne sont pas distribuées

normalement. Ainsi, les résultats des analyses statistiques multivariées (impact d’une ou

plusieurs variables indépendantes sur une variable dépendante) retrouvés dans cette section

doivent être interprétés avec précaution car en absence de normalité de la distribution des

variables à l’étude, une des conditions préalables à la réalisation de ces analyses, cela

empêche de généraliser les résultats à la population à l’étude (Field 2009). Néanmoins, cela

n’empêche pas d’effectuer ces analyses, tout en gardant en tête cette limite, puisque la taille

Page 64: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

55

de l’échantillon est relativement importante (243 répondants) et qu’il s’agit d’une recherche

exploratoire visant à dégager des tendances et à faire avancer les connaissances sur le sujet.

Les dépenses courantes de l’échantillon sont présentées au tableau 10 en valeur et en

proportion du revenu disponible. Bien que les statistiques descriptives indiquent des

différences apparentes entre les types de ménages quant aux dépenses courantes, il est

nécessaire d’un point de vue statistique de vérifier si ces différences sont significatives

(Field 2009). Dans un premier temps, une ANOVA à un seul facteur de regroupement a été

utilisée pour évaluer la relation possible entre la valeur des dépenses courantes et le type de

ménage. La variable indépendante de l’ANOVA était le type de ménage et incluait quatre

niveaux : pluriactif professionnel, monoactif, pluriactif de transition et pluriactif récent. La

variable dépendante était constituée des dépenses courantes du ménage en 2008.

Tableau 10

Dépenses courantes moyennes des ménages en 2008 selon le type de ménage

Pluriact.

prof.

(n=149)

Monoact.

(n=68) Pluriact.

de trans.

(n=9)

Pluriact.

récent

(n=13)

Total

(n=239)

Dépenses courantes $ 34 128 18 860 18 333 27 115 28 808

Proportion du revenu

disponible % 76,9 77,8 83,9 71,9 77,1

Source : Notre compilation (2010).

Ce test s’avère significatif (F = 14,394 et p < 0,05). Puisque l’analyse de la variance

conduite s’est avérée significative, il est possible d’approfondir l’analyse en effectuant des

comparaisons multiples visant à déterminer quels types de ménages avaient les dépenses

courantes les plus significativement différentes en 2008 d’un point de vue statistique. Bien

que le test F de Levene démontre une hétérogénéité des variances pour chacun des quatre

types de ménages, cette hétérogénéité justifiait une méthode de comparaisons multiples

appropriée (Field 2009). Ainsi, en raison de cette hétérogénéité des variances, la méthode

de Tamhane a été retenue pour effectuer les comparaisons multiples (Field 2009). Les

résultats de cette analyse sont présentés au tableau 25 à l’annexe II. Un bref examen de ce

tableau permet de dire qu’il existe une différence statistiquement significative (p < 0,05)

Page 65: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

56

entre les dépenses courantes moyennes en 2008 des ménages monoactifs (18 860 $)

relativement à celles des pluriactifs professionnels (34 128 $). Aussi, une autre différence

significative est observée pour les dépenses courantes moyennes entre les ménages

pluriactifs professionnels et les pluriactifs de transition (18 333 $), qui de toute façon ont un

niveau de dépenses courantes similaire aux monoactifs en 2008. Toutefois, il semble n’y

avoir aucune différence significative pour ce qui est des autres comparaisons possibles

entre les quatre groupes en ce qui a trait aux dépenses courantes. De ce test statistique, il est

possible de retenir que les dépenses courantes moyennes en 2008 des pluriactifs

professionnels sont significativement plus élevées que celles des monoactifs, ce qui n’est

pas une surprise en toute logique considérant l’écart de revenu total observé.

Avec des dépenses courantes moyennes d’environ 19 000 $ en 2008, les monoactifs sont

donc dans une situation financière difficile par rapport aux 34 000 $ des pluriactifs

professionnels. Tel que mentionné auparavant, le ménage moyen au Québec avait un niveau

de dépenses courantes de près de 47 000 $ en 2008. Fondamentalement, selon le USDA, les

ménages agricoles semblent avoir des dépenses courantes moindres que les autres ménages.

D’un autre côté, il est plausible de croire que les ménages composés de jeunes agriculteurs

ont tendance à avoir un niveau de dépenses courantes supérieur considérant leurs plus

importantes obligations financières en début de vie active.

En termes de proportion du revenu disponible consacrée aux dépenses courantes, la

situation est toute autre car les monoactifs et les pluriactifs professionnels se situaient

autour de 77 % en moyenne, tout comme l’ensemble de l’échantillon. C’est tout de même

surprenant dans le cas des monoactifs car leur niveau moyen de dépenses courantes était

déjà faible. Cette proportion est semblable à celle de l’ensemble des ménages agricoles aux

États-Unis qui se situait à 70 % en 1999 (USDA 2002). En revanche, les ménages au

Québec ont des dépenses courantes moyennes composant 97 % du revenu disponible.

Somme toute, la situation des ménages échantillonnés semble indiquer que l’épargne est

jugée prioritaire, comparativement à l’ensemble des ménages, ce qui concorde en quelque

sorte avec les travaux de Leon et Rainelli (1976) qui avançaient que l’individu entrepreneur

a une vision active de l’épargne dans une stratégie délibérée pour investir dans son

Page 66: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

57

entreprise. Il reste à savoir si cette épargne est précisément investie dans l’entreprise via les

apports monétaires ou si elle est consacrée à des investissements à l’extérieur de la ferme.

Dans un deuxième temps, une analyse de la régression linéaire multiple, selon la méthode

des moindres carrés ordinaire, fut conduite afin d’évaluer dans quelle mesure les revenus

retirés de l’entreprise, le revenu d’emploi extérieur et les revenus d’autres sources peuvent

déterminer les dépenses courantes du ménage (Field 2009). Le modèle de régression était

spécifié comme suit :

cdv_2008i = a + b1retraits_2008i + b2emploi_2008i + b3autres_2008i (1)

cdv_2008i = Variable dépendante représentant les dépenses courantes du ménage en

2008 ;

retraits_2008i = Variable indépendante représentant les revenus du ménage retirés de

l’entreprise en 2008 ;

emploi_2008i = Variable indépendante représentant le revenu d’emploi extérieur du

ménage en 2008 ;

autres_2008i = Variable indépendante représentant les revenus d’autres sources du

ménage en 2008.

Avant même de procéder à l’estimation de cette équation, il était impératif d’émettre les

hypothèses de recherche suivantes concernant les relations attendues entre les dépenses

courantes du ménage et les trois sources de revenus considérées dans le modèle de

régression (Field 2009) :

Ha1 : β1 > 0 : Les revenus du ménage retirés de l’entreprise influencent positivement

les dépenses courantes du ménage ;

Ha2 : β2 > 0 : Le revenu d’emploi extérieur du ménage influence positivement les

dépenses courantes du ménage ;

Ha3 : β3 > 0 : Les revenus d’autres sources du ménage influencent positivement les

dépenses courantes du ménage.

Les postulats sont donc que plus les revenus retirés de l’entreprise, les revenus d’emploi

extérieur ou les revenus d’autres sources sont élevés, plus les dépenses courantes du

Page 67: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

58

ménage vont augmenter significativement (Ha1, Ha2 et Ha3). Selon les résultats de l’analyse,

la combinaison des trois sources de revenus du ménage s’est avérée significativement reliée

aux dépenses courantes du ménage (F = 52,842 et p < 0,05). Par ailleurs, le carré du

coefficient de corrélation multiple ajusté (R2 ajusté) démontre qu’environ 40 % des

variations dans les dépenses courantes du ménage sont expliquées par la combinaison des

trois sources de revenus du ménage, une valeur jugée convaincante (Field 2009).

Le tableau 29 à l’annexe II rapporte la signification des trois sources de revenus et leurs

coefficients non standardisés respectifs. Comme il avait été anticipé, plus les revenus retirés

de l’entreprise augmentent plus les dépenses courantes augmentent significativement. En

effet, pour illustrer l’importance de chaque source de revenus, chaque tranche de 1000 $ de

revenus retirés de l’entreprise supplémentaire apporte une augmentation des dépenses

courantes de 396 $ en moyenne par année, ceteris paribus. De plus, l’augmentation des

revenus d’emploi extérieur s’avère significativement positive par rapport aux dépenses

courantes. En effet, chaque tranche de 1000 $ de revenu d’emploi extérieur supplémentaire

fait en sorte d’augmenter les dépenses courantes de 395 $ en moyenne par année, ceteris

paribus. Toutefois, bien que les revenus d’autres sources s’avèrent positivement associés

avec les dépenses courantes du ménage, selon cette analyse, il semblerait qu’ils ne les

influenceraient pas significativement.

En ce qui a trait à l’impact relatif de chacune des deux sources de revenus trouvée

statistiquement significative dans l’analyse, les coefficients standardisés rapportés au

tableau 29 de l’annexe II permettent d’affirmer que les revenus d’emploi extérieur semblent

avoir l’impact le plus important sur les dépenses courantes du ménage. Les revenus retirés

de l’entreprise arrivent donc au deuxième rang. Cela n’est pas surprenant considérant

l’importance des revenus d’emploi extérieur en proportion du revenu total moyen des

ménages échantillonnés.

Constituant un aspect financier d’intérêt dans l’établissement en agriculture, les apports

monétaires des ménages échantillonnés sont présentés au tableau 11. La dernière ligne du

Page 68: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

59

tableau présente la proportion des ménages qui ont fait des apports monétaires dans

l’entreprise depuis l’établissement.

Tableau 11

Apports monétaires moyens faits par les ménages

dans l’entreprise en 2008 selon le type de ménage

Pluriact.

prof.

(n=144)

Monoact.

(n=66) Pluriact.

de trans.

(n=8)

Pluriact.

récent

(n=11)

Total

(n=229)

Apports monétaires

de tous les ménages ($) 9 709 2 571 2 222 3 654 6 996

Apports monétaires

uniquement des ménages

qui en ont faits ($) 18 900 15 000 5 000 11 875 17 526

Proportion des ménages

qui ont fait des apports

monétaires (%) 53,0 15,7 44,4 30,8 40,7

Source : Notre compilation (2010).

Comme premier constat, une majorité des ménages pluriactifs professionnels, soit 53 %,

ont fait des apports dans l’entreprise, ce qui contraste nettement avec les monoactifs, à

peine 15 %. De toute évidence, ces derniers n’ont pas de sources de revenus hors ferme

d’importance si ce n’est que la possibilité de désépargner des actifs non agricoles ou

d’obtenir une somme d’argent d’une autre source comme un don par exemple.

Premièrement, tout comme l’analyse pour les dépenses courantes, malgré les différences

apparentes entre les types de ménage, une ANOVA à un seul facteur de regroupement a été

utilisée pour évaluer la relation possible entre la valeur des apports monétaires et le type de

ménage (Field 2009). La variable indépendante de l’ANOVA était le type de ménage et

incluait quatre niveaux : pluriactif professionnel, monoactif, pluriactif de transition et

pluriactif récent. La variable dépendante était les apports monétaires du ménage dans

l’entreprise en 2008.

Ce test s’avère significatif (F = 5,261 et p < 0,05). L’étape suivante a été d’effectuer des

comparaisons multiples pour vérifier s’il y a des différences statistiquement significatives

Page 69: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

60

entre les quatre types de ménages pour ce qui est des apports monétaires en 2008 (Field

2009). Le test F de Levene démontre que pour chacun des quatre groupes il y a une

hétérogénéité des variances (Field 2009). La méthode de Tamhane a été retenue pour

effectuer les comparaisons multiples étant donnée l’hétérogénéité des variances des quatre

groupes pour les apports monétaires comme c’était le cas pour les dépenses courantes

(Field 2009). Le tableau 33 à l’annexe II présente les résultats de ces comparaisons

multiples qui indiquent qu’il y a une différence statistiquement significative (p < 0,05)

entre les apports monétaires moyens en 2008 des ménages monoactifs (2 571 $) par rapport

à ceux des pluriactifs professionnels (9 709 $). Aussi, une autre différence significative

s’observe entre les pluriactifs professionnels et les pluriactifs de transition (5 000 $).

Toutefois, il semble n’y avoir aucune différence significative pour ce qui est des autres

comparaisons possibles entre les quatre groupes pour ce qui est des apports monétaires.

Tout comme pour les dépenses courantes, les ménages pluriactifs professionnels ont un

niveau d’apports monétaires dans l’entreprise significativement plus élevé que les

monoactifs.

Ces résultats ne sont pas surprenants considérant le revenu total des pluriactifs

professionnels et les sources de revenus hors ferme à leur disposition mais il est difficile

d’apprécier la pleine mesure de l’analyse de ces résultats puisqu’il n’y a pas actuellement

de comparaisons possibles avec les bases de données disponibles. Néanmoins, ces résultats

renforcent le constat fait auparavant à propos de la théorie de l’individu entrepreneur de

Leon et Rainelli (1976) car on constate plus spécifiquement que la moitié des ménages

pluriactifs professionnels ont clairement une démarche d’épargne active et de financement

de l’entreprise agricole. Par ailleurs, il est possible que ces ménages aient consacré une

partie des revenus hors ferme à un compte mental dédié au financement de l’entreprise

agricole tel qu’envisagé par Carriker et al. (1993). L’autre moitié du groupe ne semble donc

pas considérer les apports monétaires comme une avenue possible d’utilisation de leur

revenu disponible au point de ne jamais en avoir faits dans l’entreprise depuis

l’établissement. Pour ces ménages, le compte mental des revenus hors ferme viserait alors

les dépenses courantes et l’épargne non agricole du ménage.

Page 70: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

61

Deuxièmement, à l’image de l’analyse des dépenses courantes, une régression linéaire

multiple, selon la méthode des moindres carrés ordinaire, a été réalisée afin d’évaluer dans

quelle mesure les revenus retirés de l’entreprise, le revenu d’emploi extérieur et les revenus

d’autres sources influencent les apports monétaires du ménage dans l’entreprise (Field

2009). Le modèle de régression était spécifié comme suit :

apports_2008i = a + b1retraits_2008i + b2emploi_2008i + b3autres_2008i (2)

apports_2008i = Variable dépendante représentant les apports monétaires du ménage

faits dans l’entreprise en 2008 ;

retraits_2008i = Variable indépendante représentant les revenus du ménage retirés de

l’entreprise en 2008 ;

emploi_2008i = Variable indépendante représentant le revenu d’emploi extérieur du

ménage en 2008 ;

autres_2008i = Variable indépendante représentant les revenus d’autres sources du

ménage en 2008.

La prochaine étape nécessite d’émettre les hypothèses de recherche suivantes concernant

les relations attendues entre les apports monétaires du ménage faits dans l’entreprise et les

trois sources de revenus considérées dans le modèle de régression (Field 2009) :

Ha1 : β1 < 0 : Les revenus du ménage retirés de l’entreprise influencent négativement

les apports monétaires du ménage ;

Ha2 : β2 > 0 : Le revenu d’emploi extérieur du ménage influence positivement les

apports monétaires du ménage ;

Ha3 : β3 > 0 : Les revenus d’autres sources du ménage influencent positivement les

apports monétaires du ménage.

Ainsi, plus les revenus retirés de l’entreprise sont élevés, plus les apports monétaires vont

diminuer significativement (Ha1). En effet, il devrait y avoir un lien direct inverse entre les

revenus retirés de l’entreprise et les apports monétaires comme il a été expliqué auparavant

dans le cadre conceptuel. De plus, concernant les revenus d’emploi extérieur et les revenus

d’autres sources, plus ils sont élevés, plus les apports monétaires du ménage faits dans

l’entreprise vont augmenter significativement (Ha2 et Ha3), à l’image des dépenses

Page 71: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

62

courantes. Il s’avère que la combinaison des trois sources de revenus a une relation

financière significative avec les apports monétaires, (F = 22,804 et p < 0,05). L’analyse

statistique confirme que le carré du coefficient de corrélation multiple ajusté (R2 ajusté) est

de 22 %. Cela signifie que les variations dans les apports monétaires sont expliquées par la

combinaison des trois sources de revenus. Cette valeur est moindre que celle de la

régression impliquant les dépenses courantes (40 %). En conséquence, les sources de

revenus du ménage influencent moins les variations dans les apports monétaires que les

variations dans les dépenses courantes. En d’autres mots, pour expliquer l’ampleur des

apports monétaires, il est nécessaire de chercher davantage des facteurs au-delà des revenus

du ménage. Par exemple, Leon et Rainelli (1976) mentionnent que l’âge est un facteur

déterminant de la formation de l’épargne ainsi que l’avoir net du ménage (ou la richesse).

Ainsi, plus l’avoir net sera élevé moins un ménage aura tendance à épargner. Dans le cas

des ménages pluriactifs professionnels, l’avoir net (agricole) est relativement plus faible

que celui des trois autres types de ménages, ce qui pourrait expliquer cette épargne accrue,

et ce, en plus de l’influence manifeste du revenu disponible supérieur à leur disposition.

En poursuivant l’analyse de la régression, le tableau 37 à l’annexe II présente la

signification des trois sources de revenus et leurs coefficients non standardisés respectifs.

Selon les résultats, la hausse des revenus retirés de l’entreprise a un impact négatif

significatif sur les apports monétaires. Ainsi, chaque tranche de 1000 $ de retraits de

l’entreprise supplémentaire fait en sorte de diminuer les apports monétaires de 159 $ en

moyenne par année, ceteris paribus. Cela confirme donc le lien direct inverse entre les

revenus retirés de l’entreprise et les apports monétaires. Du côté du revenu d’emploi

extérieur, l’impact est significativement positif sur les apports monétaires. Chaque tranche

de 1000 $ de revenu d’emploi extérieur supplémentaire soutient une augmentation des

apports monétaires de 193 $ en moyenne par année, ceteris paribus. Enfin, les résultats

indiquent que les revenus d’autres sources sont positivement associés avec les apports

monétaires mais n’ont pas d’influence significative sur ceux-ci. En examinant l’impact

relatif respectif des revenus retirés de l’entreprise et des revenus d’emploi extérieur, que cet

impact soit négatif ou positif, les revenus d’emploi extérieur ont définitivement l’impact le

Page 72: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

63

plus important sur les apports monétaires selon les coefficients standardisés présentés au

tableau 37 de l’annexe II.

4.3 Analyse des ménages pluriactifs professionnels

Dans la section précédente, les résultats ont fait la démonstration que l’impact du revenu

d’emploi extérieur s’avère significatif avant tout sur les dépenses courantes du ménage et

ensuite sur les apports monétaires dans l’entreprise. La section suivante porte plus

spécifiquement sur les ménages pluriactifs professionnels. En effet, il paraît intéressant

d’analyser davantage l’impact du revenu d’emploi extérieur selon ses différents niveaux au

début de l’établissement et de caractériser ces ménages et leurs entreprises.

Les catégories de revenu d’emploi extérieur formulées dans le questionnaire d’enquête

téléphonique sont rapportées au tableau 12.

Tableau 12

Répartition des ménages pluriactifs professionnels selon le niveau du revenu

d’emploi extérieur au début de l’établissement et en 2008

Catégorie de

revenu d’emploi

extérieur

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

au début en 2008

n % n %

Moins de 25 000 $ Faible 30 20,7 26 17,9

Entre 25 000 et 49 999 $ Modéré 65 44,8 67 46,2

Entre 50 000 et 74 999 $ Élevé 32 22,1 29 20,0

75 000 $ et plus Très élevé 18 12,4 23 15,9

Total 145 100,0 145 100,0

Source : Notre compilation (2010).

Chaque niveau de revenu est qualifié dans un ordre croissant de faible, modéré, élevé et très

élevé. On y constate ensuite la répartition des ménages selon ces différents niveaux de

revenu la première année complétée suivant l’établissement et l’année 2008. Somme toute,

Page 73: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

64

les proportions sont demeurées sensiblement les mêmes entre les deux années. Près des

deux tiers des ménages pluriactifs professionnels avaient un niveau de revenu d’emploi

extérieur qualifié de faible ou modéré. De plus, le groupe de ménages ayant un niveau très

élevé demeure minoritaire quoiqu’en croissance.

Des indices quant à l’importance du revenu d’emploi extérieur pour les ménages pluriactifs

professionnels sont indiqués au tableau 13. Peu importe le niveau du revenu d’emploi

extérieur au début de l’établissement, les répondants ont déclaré majoritairement, dans une

proportion de 59 %, que les revenus hors ferme5 ont été essentiels dans leur établissement.

Lorsque le niveau du revenu d’emploi extérieur augmente, les répondants sont toujours

relativement plus nombreux à juger que ces revenus ont été utiles dans leur établissement,

jusqu’à 83 % dans le cas du niveau très élevé.

Tableau 13

Utilité accordée par les répondants des ménages pluriactifs professionnels

aux revenus hors ferme dans l’établissement

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Ces revenus

n’ont rien

changé

Ces revenus

ont facilité

un peu

Ces revenus

ont été

essentiels

n % % %

Faible 30 30,0 20,0 50,0

Modéré 65 36,9 9,2 53,8

Élevé 32 25,0 9,4 65,6

Très élevé 18 11,1 5,6 83,3

Total 145 29,7 11,0 59,3

Source : Notre compilation (2010).

Le cas des répondants pour qui les revenus d’emploi extérieur du ménage ont été essentiels

dans leur établissement est examiné plus particulièrement au tableau 14. Les données

indiquent que 57 % de ces répondants ont déclaré que l’aspect financier le plus favorisé par

5 Tel que formulée dans le questionnaire, la question concernait les revenus hors ferme, ce qui inclut les

revenus d’emploi extérieur et d’autres sources.

Page 74: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

65

les revenus hors ferme dans leur établissement a été le niveau de vie du ménage. Par contre,

plus le niveau de revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement augmente, plus les

répondants indiquent que c’est plutôt le financement de l’entreprise qui a été favorisé. C’est

notamment le cas des ménages ayant des niveaux élevé et très élevé.

Tableau 14

Aspect financier favorisé par les revenus hors ferme selon les répondants

des ménages pluriactifs professionnels qui les ont jugés essentiels

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Niveau de

vie du ménage Financement de

l’entreprise NSP / NRP

n % % %

Faible 15 73,3 20,0 6,7

Modéré 35 60,0 34,3 5,7

Élevé 21 47,6 47,6 4,8

Très élevé 15 46,7 46,7 6,7

Total 86 57,0 37,2 5,8

NSP / NRP : Ne sait pas / Ne répond pas

Source : Notre compilation (2010).

Le tableau 15 montre que les apports monétaires constituent définitivement un aspect

important de l’établissement en agriculture pour ce qui est des ménages pluriactifs

professionnels, dans le même sens que la notion d’épargne active (Leon et Rainelli 1976).

La proportion des ménages ayant fait des apports monétaires dans l’entreprise depuis

l’établissement augmente sensiblement selon le niveau de revenu d’emploi extérieur au

début de l’établissement. Les ménages dont les niveaux de ce revenu étaient élevés et très

élevés ont contribué financièrement à leur entreprise dans des proportions de 72 % et 89 %

respectivement. Encore une fois, la moyenne pour la valeur des apports monétaires cache

une grande hétérogénéité. Les ménages dont les revenus d’emploi extérieur étaient très

élevés au début de l’établissement faisaient en 2008 des apports monétaires dans

l’entreprise de loin supérieurs à ceux pour qui ces revenus étaient faibles, soit près de

20 000 $ de plus.

Page 75: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

66

Tableau 15

Présence et montant des apports monétaires médians

moyens faits dans les entreprises des ménages

pluriactifs professionnels en 2008

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Proportion des

ménages totaux Apports

en 2008

n % $

Faible 13 43,3 9 792

Modéré 26 40,0 15 833

Élevé 23 71,9 19 348

Très élevé 16 88,9 29 688

Total 78 53,8 18 900

Source : Notre compilation (2010).

Tous les résultats présentés jusqu’à maintenant semblent confirmer que le revenu d’emploi

extérieur permet systématiquement de financer l’entreprise agricole lorsqu’il est situé à des

niveaux élevés et très élevés. Tel qu’analysé auparavant, plus le revenu d’emploi extérieur

du ménage augmente plus les apports monétaires augmentent aussi. Par contre, rien

n’indique pour quelles utilisations dans l’entreprise sont destinés ces apports monétaires.

De manière intuitive, la logique de financer une capitalisation importante au début de

l’établissement semble aller de soi.

Les tableaux 16, 17, 18 et 19 donnent des indications supplémentaires quant à la finalité du

revenu d’emploi extérieur des ménages pluriactifs professionnels dans un contexte

d’établissement en agriculture. Pour ce qui est du mode d’établissement (cf. tableau 16), à

première vue les ménages sont plutôt partagés entre l’acquisition et le démarrage d’une

entreprise. Cependant, ceux ayant obtenu des revenus d’emploi extérieur faibles et très

élevés au début de l’établissement sont caractérisés autrement. Les premiers ont des

répondants qui se sont établis dans une proportion de 70 % par l’acquisition d’une

entreprise existante alors que les seconds ont des répondants qui ont été impliqués dans le

démarrage d’une nouvelle entreprise dans une proportion de 72 %.

Page 76: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

67

Tableau 16

Mode principal d’établissement des répondants

des ménages pluriactifs professionnels

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Acquisition

d’une entreprise

existante

Démarrage

d’une nouvelle

entreprise

n % %

Faible 30 70,0 30,0

Modéré 65 55,4 44,6

Élevé 32 46,9 53,1

Très élevé 18 27,8 72,2

Total 145 53,1 46,9

Source : Notre compilation (2010).

Le même constat peut être fait pour les productions dans lesquelles les répondants se sont

établis, selon les formes de soutien en agriculture (cf. tableau 17).

Tableau 17

Type de production agricole principale des entreprises

des ménages pluriactifs professionnels

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Productions sous

gestion de l’offre Productions

stabilisées Productions

non soutenues

n % % %

Faible 30 50,0 40,0 10,0

Modéré 65 49,2 32,3 18,5

Élevé 32 12,5 62,5 25,0

Très élevé 18 5,6 44,4 50,0

Total 145 35,9 42,1 22,1

Source : Notre compilation (2010).

Page 77: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

68

À un niveau faible de revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement, 50 % des

répondants œuvrent dans des productions sous gestion de l’offre alors que 50 % des

répondants dont ce niveau est très élevé évoluent dans des productions qui ne bénéficient

pas de programmes de soutien spécifiques. Si ces derniers, dans une large proportion,

financent leur entreprise à même le revenu du ménage, force est de constater qu’ils le font

dans les productions qui exigent probablement le moins de capitalisation mais qui en

revanche n’offrent aucun filet de sécurité financière. En effet, les résultats confirment une

fois de plus que les ménages pluriactifs professionnels sont très différents les uns des

autres.

Ceux ayant obtenu des revenus d’emploi extérieur élevés et très élevés au début de

l’établissement sont associés à des entreprises relativement peu capitalisées (cf. tableau 18)

et moins génératrices de revenus bruts (cf. tableau 19) en 2008 comparativement à ceux

ayant obtenu des revenus faibles et modérés.

Tableau 18

Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises

des ménages pluriactifs professionnels en 2008

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Valeur

marchande Ratio

d’endettement

n $ %

Faible 30 1 229 483 80,4

Modéré 65 1 324 677 47,5

Élevé 32 662 031 57,2

Très élevé 18 577 647 46,8

Total 145 1 062 786 56,4

Source : Notre compilation (2010).

Page 78: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

69

Tableau 19

Revenus brut et net médians moyens des entreprises des ménages

pluriactifs professionnels depuis l’établissement

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Revenu brut

au début Revenu brut

en 2008 Revenu net

au début Revenu net

en 2008

n $ $ $ $

Faible 30 258 750 307 500 25 000 28 333

Modéré 65 236 310 294 841 33 532 38 294

Élevé 32 110 938 146 875 14 919 19 758

Très élevé 18 67 647 101 471 16 912 25 735

Total 145 192 606 241 021 25 621 30 585

Source : Notre compilation (2010).

L’importance première du revenu d’emploi extérieur pour les ménages en situation

d’établissement en agriculture est confirmée en quelque sorte au tableau 20.

Tableau 20

Dépenses courantes moyennes des ménages

pluriactifs professionnels en 2008

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Dépenses

courantes Proportion du

revenu disponible

n $ %

Faible 30 23 500 77,3

Modéré 65 29 531 79,3

Élevé 32 42 891 75,5

Très élevé 18 50 278 68,1

Total 145 33 837 76,6

Source : Notre compilation (2010).

Page 79: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

70

Les dépenses courantes des ménages pluriactifs professionnels en 2008 varient en moyenne

du simple au double selon que leur revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement

était faible ou très élevé. Tel qu’analysé auparavant, plus le revenu d’emploi extérieur du

ménage est élevé plus les dépenses courantes le sont aussi. La proportion du revenu

disponible consacrée aux dépenses courantes est de seulement 68 % à un niveau très élevé

de revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement. Ainsi, ceci indique que ces

ménages ont la possibilité d’épargner davantage que les autres et expliquerait sans doute

que les apports monétaires dans l’entreprise sont plus importants dans leur cas.

L’intention véritable des ménages à long terme est remarquée au tableau 21. Bien que 58 %

des répondants des ménages pluriactifs professionnels aient déclaré que c’était l’intention

de leur ménage de vivre principalement de l’agriculture, ce n’est qu’une minorité de ceux

ayant obtenu des revenus d’emploi extérieur élevés et très élevés au début de

l’établissement qui va dans ce sens. En effet, plus ce revenu est élevé, moins il semble que

l’entreprise agricole devienne un jour le gagne-pain principal. Ainsi, le revenu d’emploi

extérieur sert ici aussi bien aux dépenses courantes du ménage qu’à financer l’entreprise

agricole en période d’établissement même si l’intention n’est pas d’en vivre. Ce dernier

constat confirme l’impact indéniable du revenu d’emploi extérieur sur deux aspects

financiers importants du ménage en période d’établissement en agriculture.

Tableau 21

Intention des ménages pluriactifs professionnels de vivre

principalement des revenus de l’entreprise

Niveau du

revenu d’emploi

extérieur

Oui Non

n % %

Faible 30 90,0 10,0

Modéré 65 56,9 43,1

Élevé 32 43,8 56,3

Très élevé 18 33,3 66,7

Total 145 57,9 42,1

Page 80: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

71

Source : Notre compilation (2010).

Page 81: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

5. Conclusion

La pluriactivité du ménage est une problématique dont la réalité dans le monde agricole

actuel est manifeste. L’intérêt d’étudier plus particulièrement l’établissement en agriculture

dans ce cadre visait à comprendre davantage la situation financière du ménage durant cette

phase critique du cycle de vie de l’entreprise. La littérature consultée s’est peu intéressée

jusqu’à maintenant au rôle joué par le revenu de la pluriactivité, ou par les revenus hors

ferme, en période d’établissement en agriculture. Il était donc souhaité que cette recherche

contribue à avancer les connaissances en la matière dans une démarche exploratoire.

L’objectif général de cette recherche était donc de mesurer l’importance financière du

revenu de la pluriactivité dans l’établissement en agriculture.

Comme premier objectif spécifique, il était proposé d’évaluer la situation financière des

ménages agricoles en période d’établissement en agriculture. En documentant les

différentes approches utilisées par les économistes, il est devenu évident que l’approche

globale préconisée par le USDA était la voie à suivre pour considérer la situation financière

dans son ensemble. Le cadre conceptuel a donc servi à identifier et à définir tous les

concepts auxquels fait référence la situation financière, tant au niveau de la formation du

revenu que de son utilisation. La grille d’analyse complète qui a été élaborée permet de

comprendre les liens entre tous les aspects financiers du ménage agricole. En parallèle à

cette démarche, il a été possible de dresser un portrait évolutif, somme toute partiel, de la

situation financière du ménage agricole au Québec afin d’en apprécier les points critiques

mais également pour connaître l’état des données disponibles sur le sujet. Les données

financières sur les ménages de la relève agricole établie se sont avérées quasi inexistantes.

La méthodologie élaborée pour cette recherche a conduit à la réalisation d’une enquête

téléphonique qui a permis de recueillir des données auprès de 243 ménages au Québec dont

au moins un des membres s’est établi récemment en agriculture.

En raison de la méthodologie utilisée, soit une enquête téléphonique, il était certes possible

de mesurer le revenu d’emploi extérieur du ménage mais le revenu d’activités para-

agricoles a dû finalement être écarté de l’analyse à cause de la difficulté de déterminer son

Page 82: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

73

impact sur la situation financière du ménage. Au terme de l’enquête, il s’avère que 62 %

des ménages échantillonnés ont un revenu d’emploi extérieur et sont qualifiés de pluriactifs

professionnels. Cette proportion est sensiblement la même que celle qui avait été trouvée

dans l’échantillon de l’étude de Gervais (2007). Le revenu d’emploi extérieur des

pluriactifs professionnels était estimé en 2008 à environ 46 000 $ en moyenne, soit une

proportion de près de 70 % du revenu total du ménage qui était estimé en moyenne à

66 000 $. Les dépenses courantes atteignaient plus de 34 000 $ en moyenne et les apports

monétaires moyens faits dans l’entreprise étaient de près de 10 000 $. Pour ces deux

aspects financiers, les pluriactifs professionnels ont des valeurs significativement plus

élevées que les monoactifs. La situation financière de l’échantillon ainsi dressée permet

donc d’atteindre le premier objectif spécifique.

Pour le deuxième objectif spécifique, il était proposé de déterminer l’impact du revenu de

la pluriactivité sur la situation financière des ménages agricoles. Les théories économiques

étudiées soutiennent que, comme tous les ménages, les ménages agricoles doivent faire

l’arbitrage entre la consommation et l’épargne. La littérature a également révélé que, dans

le monde agricole, le ménage utilise différemment le revenu selon sa source et que les

revenus hors ferme sont davantage utilisés pour les dépenses courantes en raison de leur

relative stabilité (Carriker et al. 1993). De plus, le ménage agricole ne considère pas

l’épargne de la même manière puisque l’entreprise représente une priorité entrepreneuriale,

ce qui explique son souci d’y réinvestir une partie de son revenu disponible sous forme

d’apports monétaires (Leon et Rainelli 1976). La question de recherche spécifique visait

donc à savoir quel est l’impact du revenu de la pluriactivité sur chacun des deux aspects

financiers.

Avec l’analyse statistique multivariée conduite sur les données de l’ensemble de

l’échantillon, il est possible de conclure que le revenu d’emploi extérieur a un impact

significatif sur les dépenses courantes du ménage et, dans une moindre mesure, sur le

financement de l’entreprise via les apports monétaires effectués. Afin de pousser plus loin

l’analyse des ménages pluriactifs professionnels, l’impact du revenu d’emploi au début de

l’établissement selon quatre niveaux a été étudié pour caractériser ces ménages. Il en ressort

Page 83: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

74

que plus les revenus d’emploi extérieur du ménage au début de l’établissement sont élevés

plus ils sont jugés essentiels par les jeunes agriculteurs. De plus, à des niveaux élevés et

très élevés de revenu d’emploi extérieur, près de la moitié des répondants qui estimaient les

revenus hors ferme essentiels à leur établissement en agriculture ont indiqué que ceux-ci

avaient favorisé le financement de l’entreprise. D’ailleurs, les apports monétaires effectués

dans l’entreprise sont supérieurs pour les deux plus hauts niveaux de revenu d’emploi

extérieur. Cela s’explique probablement par le démarrage de nouvelles entreprises dans des

productions non soutenues spécifiquement qui nécessitent moins de capitalisation, sont

moins endettées mais génèrent moins de revenus. Pour ces ménages aux revenus d’emploi

extérieur élevés et très élevés, les dépenses courantes sont évidemment plus élevées et

l’intention de vivre de l’entreprise ne devient plus un objectif à long terme, ce qui ne les

empêche pas d’y investir des montants importants. L’analyse statistique multivariée a

mesuré l’importance financière du revenu de la pluriactivité. Pour l’illustrer, il semble que

chaque tranche de 1000 $ supplémentaire de revenu d’emploi extérieur augmente les

dépenses courantes du ménage de 395 $, ceteris paribus. Dans la même veine, chaque

tranche de 1000 $ supplémentaire de revenu d’emploi extérieur augmente les apports

monétaires faits par le ménage dans l’entreprise de 159 $, ceteris paribus. Ces résultats

répondent en quelque sorte à la question de recherche spécifique. De plus, l’impact du

revenu d’emploi extérieur du ménage sur les dépenses courantes semble être le plus

important, ce qui permet d’atteindre l’objectif général de cette recherche.

Les résultats ne doivent pas occulter les limites à cette recherche exploratoire. À ce titre, il

faut mentionner que l’entretien téléphonique est une méthode d’enquête qui ne permet pas

toujours d’obtenir un niveau de précision élevé de l’information recueillie. En conséquence,

des choix ont été faits pour faciliter l’enquête et l’analyse subséquente des données.

L’évaluation de la situation financière des ménages a été effectuée pour deux années

seulement, la première année complétée suivant l’établissement et l’année 2008, ce qui

donne seulement un aperçu de son évolution depuis l’établissement. De plus, les analyses

comparatives des ménages se résument essentiellement à l’année 2008 afin d’avoir une

même base de comparaison. Par ailleurs, plusieurs variables, dont les choix de réponses

étaient initialement des intervalles (des catégories), en raison notamment de la sensibilité de

Page 84: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

75

certaines questions, ont subi des transformations mathématiques en se voyant attribuer des

valeurs médianes. Cela enlève nécessairement de la précision aux données mais dans le seul

but d’obtenir une analyse statistique satisfaisante répondant aux objectifs de recherche. De

plus, l’absence de distribution normale des variables continues analysées limite la

généralisation des résultats. Ainsi, bien que la taille de l’échantillon soit importante en

rapport avec la population à l’étude, l’interprétation des résultats doit être considérée à la

lumière des limites étayées précédemment, ce qui fait en sorte que cette recherche est avant

tout exploratoire.

En terminant, le cadre conceptuel de cette recherche visait une meilleure compréhension de

la situation financière globale en agriculture en plaçant le ménage agricole au centre de

l’analyse. De cette manière, la pluriactivité agricole prend tout son sens et dès lors, le

revenu d’emploi extérieur tient davantage d’une véritable stratégie du ménage aux finalités

diverses que d’un simple revenu hors ferme. Au terme de cette recherche, il est clair que

l’impact du revenu d’emploi extérieur est considérable en période d’établissement en

agriculture, d’abord sur les dépenses courantes du ménage et ensuite sur les apports

monétaires faits dans l’entreprise. Les ménages pluriactifs professionnels ont des niveaux

de dépenses courantes relativement élevés et plus de la moitié d’entre eux ont fait des

apports monétaires importants dans l’entreprise alors qu’une proportion importante des

ménages ne semble pas avoir l’intention de vivre principalement de l’agriculture. De

manière nettement contrastante, la plupart des ménages monoactifs tirent l’essentiel de leur

revenu de l’entreprise agricole mais peinent à en vivre. Ces ménages peuvent-ils améliorer

leur situation financière si ce n’est que par le revenu d’un emploi extérieur? Comment ces

différents cas de figure interpellent-ils la politique agricole québécoise à l’endroit de la

relève agricole? Si, pour une part considérable des ménages, l’apport d’un revenu d’emploi

extérieur est devenu incontournable pour s’établir en agriculture, les critères d’admissibilité

des mesures qui discriminent présentement cette trajectoire d’établissement en agriculture

ne pourraient-ils pas être modifiés? Si le but est d’établir le plus grand nombre de jeunes

agriculteurs au Québec, ne faudrait-il pas reconnaître tous les types de ménages agricoles

dans le soutien à la relève?

Page 85: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

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Page 89: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

Annexe I

Questionnaire d’enquête téléphonique

Page 90: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

81

Rapport d’enquête

Nom de la personne enquêtée :

Numéros de téléphone :

Numéro d’identification :

Gestion des appels 1er

2ème

3ème

4ème

5ème

Enquêteur

Date

Heure

Pas de réponse (√)

Pas disponible (√+R-V)

Refus de répondre (√)

Non admissible (√)

Entrevue complétée (√)

Durée (min.)

Page 91: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

82

Commentaires :

Page 92: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

83

Présentation de la recherche

Demandez la personne.

Si elle n'est pas disponible, demandez à quel moment vous pouvez la

rejoindre.

Si la personne est là, présentez-vous et indiquez-lui le but de votre appel en

vous inspirant du texte suivant :

Bonjour Monsieur (ou Madame), mon nom est , de

l'Université Laval.

Je vous appelle dans le cadre d'un projet de maîtrise financé par le

MAPAQ.

Le Groupe de recherche en économie et politique agricoles de l’Université

Laval réalise une enquête sur les aspects financiers de l’établissement en

agriculture.

Je souhaiterais vous poser des questions dans un entretien téléphonique

qui prendra une dizaine de minutes environ. Acceptez-vous de participer à

notre étude?

Si la personne refuse, remerciez-la (et cochez la case appropriée du rapport

d’enquête).

Si la personne accepte, remerciez-la et engagez-vous quant à la

confidentialité des renseignements personnels en vous inspirant du texte

suivant :

Cette recherche a été approuvée par le Comité d'éthique de l’Université

Laval (numéro d’approbation : 2009-151 / 08-06-2009).

Avant de débuter, je tiens à vous mentionner que toute l’information que

vous allez me fournir va demeurer strictement confidentielle.

Page 93: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

84

A. Caractéristiques de l’établissement

1. Quelle est votre date de naissance?

Année / Mois / Jour :

Si la date est antérieure au 1er décembre 1969, un critère d’échantillonnage est invalidé. Arrêtez l’entrevue et remerciez la personne (et cochez la case appropriée du rapport d’enquête).

Je vais vous poser quelques questions sur votre établissement en

agriculture. L’établissement est le moment à partir duquel vous

possédez au moins 1 % des parts dans l’entreprise agricole actuelle.

2. Quand avez-vous acquis vos premières parts dans l’entreprise actuelle ou démarré

cette entreprise?

Année / Mois :

Si la date est antérieure au 1er janvier 2004, un critère d’échantillonnage est invalidé. Arrêtez l’entrevue et remerciez la personne (et cochez la case appropriée du rapport d’enquête).

3. Quelle proportion des parts de cette entreprise possédez-vous présentement?

%

Si le pourcentage n’est pas d’au moins 1 %, un critère d’échantillonnage est invalidé. Arrêtez l’entrevue et remerciez la personne (et cochez la case appropriée du rapport d’enquête).

4. Quelle proportion des parts de cette entreprise avez-vous acquise initialement?

%

Page 94: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

85

A. Caractéristiques de l’établissement (suite)

5. Parmi les deux (2) choix suivants, quel mode d’établissement s’applique à votre

situation?

Acquisition en totalité ou en partie d’une entreprise existante (transfert) (0)

Démarrage d’une nouvelle entreprise (1)

6. Est-ce un établissement dans un cadre familial?

Oui (0) Non (l)

7. Avez-vous bénéficié d’une subvention au démarrage (de 10 000 $) de La Financière

agricole?

Oui (0) Non (l)

8. En quelle année l’avez-vous obtenue (la première tranche)?

Année :

9. Avez-vous bénéficié d’une subvention à l’établissement de La Financière agricole?

Oui (0) Non (l)

10. Quel était le montant de cette subvention (ou le montant additionnel à la subvention

au démarrage)?

10 000 $ (0)

20 000 $ (1)

30 000 $ (2)

40 000 $ (3)

11. En quelle année l’avez-vous obtenue (la première tranche)?

Année :

Si démarrage, passez à la question 7.

Si non, passez à la question 12.

Si non, passez à la question 9.

Page 95: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

86

B. Caractéristiques de l’entreprise

Les prochaines questions concernent votre entreprise.

12. L’entreprise est située dans quelle région?

Bas-Saint-Laurent (01)

SaguenayŔLac-Saint-Jean (02)

Capitale-Nationale (03)

Mauricie (04)

Estrie (05)

Montréal (06)

Outaouais (07)

Abitibi-Témiscamingue (08)

Côte-Nord (09)

Nord-du-Québec (10)

GaspésieŔÎles-de-la-Madeleine (11)

Chaudière-Appalaches (12)

Laval (13)

Lanaudière (14)

Laurentides (15)

Montérégie (16)

Centre-du-Québec (17)

Page 96: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

87

B. Caractéristiques de l’entreprise (suite)

13. Quelles sont les activités de production agricole par ordre d’importance en termes

de revenus bruts?

1ère

2ème

3ème

Activités de production agricole

Céréales et protéagineux (1)

Pommes (2)

Autres arbres à fruits (3)

Légumes frais (4)

Légumes de transformation (5)

Pommes de terre (6)

Fourrages pour vente (7)

Cultures abritées (en serre) (8)

Pépinière ornementale (en conteneur) (9)

Pépinière ornementale (en plein champ) (10)

Gazon (11)

Arbres de Noël (12)

Acériculture (13)

Ventes de bois (14)

Petits fruits (15)

Bovins laitiers (16)

Bovins de boucherie (17)

Veaux lourds (de grain ou de lait) (18)

Porcs (19)

Ovins (lait, viande ou autre) (20)

Œufs de consommation (21)

Œufs d’incubation (22)

Poulets (de chair) (23)

Dindons (24)

Chevaux (25)

Aquiculture (26)

Chèvres (lait, viande ou autre) (27)

Cervidés (28)

Bisons (29)

Lapins (30)

Animaux à fourrure (31)

Sangliers (32)

Apiculture (33)

Autre Ŕ précisez (34) :

Autre Ŕ précisez (35) :

Autre Ŕ précisez (36) :

Page 97: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

88

B. Caractéristiques de l’entreprise (suite)

14. À combien estimez-vous la valeur marchande totale de l’entreprise à la fin de

l'année 2008 (terres, bâtiments, machineries, équipements, troupeau, quota et

autres)?

$

15. La valeur de la résidence est-elle incluse dans ce montant?

Oui (0) Non (l)

16. Selon vous, la taille de votre entreprise a évolué de quelle manière depuis votre

établissement?

Augmenté (0) Diminué (l) Stable (2)

17. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux le montant total des

investissements effectués sur l’entreprise depuis votre établissement, sans compter

l’acquisition des parts (terres, bâtiments, machineries, équipements, troupeau, quota

et autres)?

Moins de 50 000 $ (0)

Entre 50 000 et 99 999 $ (1)

Entre 100 000 $ et 249 999 $ (2)

Entre 250 000 et 499 999 $ (3)

500 000 $ et plus (4)

18. À combien estimez-vous les dettes totales de l’entreprise à la fin de l'année 2008

(emprunts à court et long termes)?

$

19. Selon vous, l’endettement de votre entreprise a évolué de quelle manière depuis

votre établissement?

Augmenté (0) Diminué (l) Stable (2)

Page 98: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

89

C. Revenus de l’entreprise

La prochaine question concerne le revenu BRUT total de l’entreprise,

soit l’ensemble des recettes monétaires provenant de la vente de

produits agricoles auxquelles s’ajoutent les subventions, les revenus

d’activités complémentaires et les autres revenus.

20. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux le revenu brut total de

l’entreprise en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère

année

complétée)?

2008 1

ère

année

Moins de 25 000 $ (0)

Entre 25 000 et 49 999 $ (1)

Entre 50 000 et 99 999 $ (2)

Entre 100 000 et 249 999 $ (3)

Entre 250 000 et 499 999 $ (4)

Entre 500 000 et 999 999 $ (5)

1 000 000 $ et plus (6)

La question suivante concerne le revenu NET de l’entreprise, qui

correspond au revenu brut total duquel on a soustrait les dépenses

avant les retraits des propriétaires, le remboursement des emprunts et

l’autofinancement des investissements.

21. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux le revenu net de l’entreprise

en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

75 000 $ et plus (0)

Entre 50 000 et 74 999 $ (1)

Entre 25 000 et 49 999 $ (2)

Entre 0 et 24 999 $ (3)

Moins de 0 $ (4)

Page 99: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

90

C. Revenus de l’entreprise (suite)

22. En 2008, y a-t-il une portion du revenu brut total de l’entreprise qui provenait

d’activités complémentaires à l’agriculture, c’est-à-dire des revenus de travail à

forfait, de transformation alimentaire, d’agrotourisme ou d’autres activités de ce

genre? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

Oui (0)

Non (1)

23. Quelles étaient ces activités en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement

(1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

Travail à forfait

Transformation alimentaire

Agrotourisme

Autres Ŕ précisez :

24. Pour l’année 2008, à combien estimez-vous la proportion du revenu brut total de

l’entreprise provenant de ces activités (en %)? ...et pour l’année suivant votre

établissement (1ère

année complétée)?

2008 : % 1ère

année : %

Si NON + NON, passez à la question 25.

Page 100: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

91

D. Caractéristiques du ménage

Je vais maintenant vous poser des questions sur votre ménage. Un

ménage fait référence à une personne ou un groupe de personnes

occupant un même logement.

25. En vous incluant, votre ménage compte combien de membres de 15 ans et plus?

personnes

26. Combien y a-t-il de personnes de moins de 15 ans?

personnes

27. Êtes-vous le seul ménage propriétaire à bénéficier des revenus de l’entreprise?

Oui (0) Non (l)

28. Le ou les autres ménages comptent combien de personnes au total?

personnes

E. Revenus du ménage

29. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des revenus

retirés de l’entreprise par votre ménage en 2008? …et dans l’année suivant votre

établissement (1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

50 000 $ et plus (0)

Entre 25 000 et 49 999 $ (1)

Entre 10 000 et 24 999 $ (2)

Moins de 10 000 $ (3)

30. Votre ménage a-t-il l’intention de vivre principalement des revenus retirés de

l’entreprise?

Si oui, passez à la question 29.

Page 101: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

92

Oui (0) Non (l)

Page 102: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

93

E. Revenus du ménage (suite)

31. En vous incluant, y a-t-il un membre de votre ménage qui occupait un emploi à

l'extérieur de la ferme ou sur une autre ferme en 2008? …et dans l’année suivant

votre établissement (1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

Oui (0)

Non (1)

32. En vous incluant, quels étaient les membres de votre ménage qui occupaient un

emploi extérieur en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère

année

complétée)? [Remplir la section gauche du tableau suivant]

33. En 2008, pour cette (chacune de ces) personne(s), considérez-vous que c’était un

emploi permanent ou temporaire? [Remplir la section droite du tableau suivant]

2008 1

ère

année Perm. Temp.

Répondant

Conjoint

Parents

Autres Ŕ précisez :

34. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des revenus de

votre ménage provenant d'un emploi extérieur en 2008? …dans l’année suivant

votre établissement (1ère

année complétée)? ...et quelles sont vos prévisions dans

cinq (5) ans?

2008 1

ère

année

dans

5 ans

75 000 $ et plus (0)

Entre 50 000 et 74 999 $ (1)

Entre 25 000 et 49 999 $ (2)

Moins de 25 000 $ (3)

0 $ (4)

Si NON + NON, passez à la question 35.

Page 103: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

94

E. Revenus du ménage (suite)

35. En 2008, y a-t-il une portion des revenus de votre ménage qui provenait d’autres

sources, c’est-à-dire des revenus de placements ou de pension, des allocations

gouvernementales ou des revenus divers? …et dans l’année suivant votre

établissement (1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

Oui (0)

Non (1)

36. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des revenus de

votre ménage provenant d’autres sources en 2008?…et dans l’année suivant votre

établissement (1ère

année complétée)?

2008 1

ère

année

Moins de 10 000 $ (0)

Entre 10 000 et 24 999 $ (1)

Entre 25 000 et 49 999 $ (2)

50 000 $ et plus (3)

37. [Selon la situation du ménage] Pour l’année 2008, quelle proportion du revenu total de votre ménage attribuez-vous

à chacune des sources de revenus suivantes (en pourcentage, pour un total de

100 %)?…et pour l’année suivant votre établissement (1ère

année complétée)?

2008 1ère

année

% % Revenus retirés de l’entreprise

% % Revenus d’emploi extérieur

% % Revenus d’autres sources

Si la personne a répondu NON + NON aux questions 31 et 35 (aucun revenu hors ferme), passez à la question 40.

Si NON + NON, passez à la question 37.

Page 104: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

95

F. Utilisation des revenus du ménage

Les questions suivantes visent à savoir comment les revenus de votre

ménage sont utilisés.

38. Selon vous, les revenus hors ferme de votre ménage ont facilité votre établissement

de quelle manière?

Ils ont été essentiels (0)

Ils ont facilité un peu (l)

Ils n’ont rien changé (2)

39. Selon vous, depuis votre établissement, les revenus hors ferme de votre ménage ont

surtout favorisé lequel des deux (2) aspects financiers suivants?

Le niveau de vie du ménage Le financement de l’entreprise

40. Depuis votre établissement, votre ménage a-t-il fait des apports monétaires

personnels dans l’entreprise pour couvrir les dépenses, rembourser les emprunts ou

financer les investissements, sans compter l’acquisition des parts?

Oui (0) Non (l)

41. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des apports

monétaires personnels faits dans l’entreprise par votre ménage en 2008? …dans

l’année suivant votre établissement (1ère

année complétée)? ... et quelles sont vos

prévisions dans cinq (5) ans?

2008 1

ère

année

dans

5 ans

50 000 $ et plus (0)

Entre 25 000 et 49 999 $ (1)

Entre 10 000 et 24 999 $ (2)

Moins de 10 000 $ (3)

0 $ (4)

Si non, passez à la question 42.

Si n’ont rien changé, passez à la question 40.

Page 105: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

96

F. Utilisation des revenus du ménage (suite)

Je termine avec des questions sur les dépenses courantes de votre

ménage. Les dépenses courantes correspondent à l’ensemble des

dépenses encourues pendant l’année par votre ménage pour

l’alimentation, le logement (loyer ou hypothèque), l’entretien ménager,

l’habillement, le transport, les soins personnels, les loisirs, l’éducation,

et tout autre article de consommation.

42. Selon vous, quelle proportion du revenu disponible de votre ménage (ou encore,

quelle proportion du revenu après impôts) était consacrée aux dépenses courantes en

2008 (en pourcentage)?

Par exemple, si vous estimez le revenu disponible de votre ménage à

50 000 $ et les dépenses courantes à 25 000 $ par année, la proportion

consacrée aux dépenses courantes sera de 50 %, le revenu excédant sera

épargné ou utilisé pour rembourser la dette. Cette proportion peut être

supérieure à 100 % si le revenu disponible n’est pas suffisant pour couvrir

les dépenses courantes.

%

43. Selon vous, les dépenses courantes de votre ménage ont évolué de quelle manière

depuis votre établissement?

Augmenté (0) Diminué (l) Stables (2)

44. Et en terminant, parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme

des dépenses courantes de votre ménage en 2008?

Moins de 15 000 $ (0)

Entre 15 000 et 24 999 $ (1)

Entre 25 000 et 49 999 $ (2)

Entre 50 000 et 74 999 $ (3)

75 000 $ et plus (4)

Page 106: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

97

Ceci complète le questionnaire. Le temps que vous nous avez

accordé est très apprécié. Merci beaucoup et au revoir.

Page 107: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

Annexe II

Procédures d’analyse statistique

Page 108: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

99

Tableau 22

Statistiques descriptives de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les dépenses

courantes en 2008 et le type de ménage Descriptives

cdv_2008 dépenses courantes en 2008

68 18860,29 11585,453 1404,943 16056,02 21664,57 7500 62500

13 27115,38 16196,905 4492,213 17327,69 36903,08 7500 62500

9 18333,33 12311,072 4103,691 8870,21 27796,46 7500 37500

149 34127,52 18705,863 1532,444 31099,22 37155,81 7500 87500

239 28807,53 17999,784 1164,309 26513,86 31101,20 7500 87500

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

Total

N Mean Std. Deviation Std. Error Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval for

Mean

Minimum Maximum

Tableau 23

Test d’égalité des variances de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les dépenses

courantes en 2008 et le type de ménage

Test of Homogeneity of Variances

cdv_2008 dépenses courantes en 2008

4,075 3 235 ,008

Levene Statistic df1 df2 Sig.

Page 109: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

100

Tableau 24

Test de signification de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les dépenses

courantes en 2008 et le type de ménage

ANOVA

cdv_2008 dépenses courantes en 2008

11970069545,1 3 3990023182 14,394 ,000

65140076898,4 235 277191816,6

77110146443,5 238

Between Groups

Within Groups

Total

Sum of Squares df Mean Square F Sig.

Page 110: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

101

Tableau 25

Comparaisons multiples de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les dépenses

courantes en 2008 et le type de ménage

Multiple Comparisons

Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008

Tamhane

-8255,090 4706,787 ,471 -22579,48 6069,30

526,961 4337,527 1,000 -13642,20 14696,12

-15267,223* 2079,002 ,000 -20793,02 -9741,43

8255,090 4706,787 ,471 -6069,30 22579,48

8782,051 6084,428 ,660 -8994,00 26558,10

-7012,132 4746,405 ,650 -21382,71 7358,44

-526,961 4337,527 1,000 -14696,12 13642,20

-8782,051 6084,428 ,660 -26558,10 8994,00

-15794,183* 4380,487 ,027 -29973,14 -1615,22

15267,223* 2079,002 ,000 9741,43 20793,02

7012,132 4746,405 ,650 -7358,44 21382,71

15794,183* 4380,487 ,027 1615,22 29973,14

(J) type type de ménage

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

0 monoactivité

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

3 pluriactivité

professionnelle

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

(I) type type de ménage

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

Mean

Difference (I-J) Std. Error Sig. Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval

The mean difference is significant at the .05 level.*.

Page 111: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

102

Tableau 26

Statistiques descriptives de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les dépenses courantes des ménages en 2008

Descriptive Statistics

28826,09 18004,493 230

19652,17 16597,558 230

30054,35 28630,920 230

3163,04 5720,047 230

cdv_2008 dépenses

courantes en 2008

retraits_2008 retraits en

2008

emploi_2008 rev.

d'emploi ext. en 2008

autres_2008 rev. d'autres

sources en 2008

Mean Std. Deviation N

Tableau 27

Test de signification de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les dépenses courantes des ménages en 2008

ANOVAb

30603405758,3 3 1,020E+010 52,842 ,000a

43629637719,9 226 193051494,3

74233043478,3 229

Regression

Residual

Total

Model

1

Sum of Squares df Mean Square F Sig.

Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en 2008, emploi_2008 rev.

d'emploi ext. en 2008, retraits_2008 retraits en 2008

a.

Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008b.

Page 112: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

103

Tableau 28

Coefficient de corrélation multiple de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les dépenses courantes des ménages en 2008

Model Summary b

,642a ,412 ,404 13894,297

Model

1

R R Square

Adjusted R

Square

Std. Error of

the Estimate

Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en

2008, emploi_2008 rev. d'emploi ext. en 2008, retraits_2008

retraits en 2008

a.

Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008b.

Page 113: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

104

Tableau 29

Coefficients standardisés et non standardisés de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les dépenses courantes des ménages en 2008

Coefficientsa

8392,277 2040,374 4,113 ,000

,396 ,057 ,365 6,912 ,000 ,931 1,074

,395 ,033 ,629 11,907 ,000 ,933 1,072

,241 ,162 ,077 1,487 ,138 ,981 1,020

(Constant)

retraits_2008 retraits en

2008

emploi_2008 rev.

d'emploi ext. en 2008

autres_2008 rev. d'autres

sources en 2008

Model

1

B Std. Error

Unstandardized

Coefficients

Beta

Standardized

Coefficients

t Sig. Tolerance VIF

Collinearity Statistics

Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008a.

Page 114: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

105

Tableau 30

Statistiques descriptives de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les apports

monétaires en 2008 et le type de ménage Descriptives

apports_2008 apports monétaires en 2008

70 2571,43 6796,358 812,320 950,89 4191,96 0 37500

13 3653,85 10338,812 2867,470 -2593,84 9901,53 0 37500

9 2222,22 2635,231 878,410 196,60 4247,84 0 5000

146 9708,90 15956,596 1320,577 7098,84 12318,97 0 62500

238 6995,80 13662,523 885,610 5251,13 8740,47 0 62500

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

Total

N Mean Std. Deviation Std. Error Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval for

Mean

Minimum Maximum

Tableau 31

Test d’égalité des variances de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les apports

monétaires en 2008 et le type de ménage

Test of Homogeneity of Variances

apports_2008 apports monétaires en 2008

12,530 3 234 ,000

Levene Statistic df1 df2 Sig.

Page 115: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

106

Tableau 32

Test de signification de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les apports

monétaires en 2008 et le type de ménage

ANOVA

apports_2008 apports monétaires en 2008

2795226653,27 3 931742217,8 5,261 ,002

41444269145,1 234 177112261,3

44239495798,3 237

Between Groups

Within Groups

Total

Sum of Squares df Mean Square F Sig.

Page 116: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

107

Tableau 33

Comparaisons multiples de l’ANOVA

visant à évaluer la relation entre les apports

monétaires en 2008 et le type de ménage

Multiple Comparisons

Dependent Variable: apports_2008 apports monétaires en 2008

Tamhane

-1082,418 2980,310 1,000 -10197,68 8032,85

349,206 1196,440 1,000 -3063,35 3761,76

-7137,476* 1550,416 ,000 -11255,17 -3019,79

1082,418 2980,310 1,000 -8032,85 10197,68

1431,624 2998,998 ,998 -7721,92 10585,17

-6055,058 3156,946 ,359 -15405,29 3295,18

-349,206 1196,440 1,000 -3761,76 3063,35

-1431,624 2998,998 ,998 -10585,17 7721,92

-7486,682* 1586,042 ,000 -11787,78 -3185,58

7137,476* 1550,416 ,000 3019,79 11255,17

6055,058 3156,946 ,359 -3295,18 15405,29

7486,682* 1586,042 ,000 3185,58 11787,78

(J) type type de ménage

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

0 monoactivité

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

3 pluriactivité

professionnelle

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

(I) type type de ménage

0 monoactivité

1 pluriactivité récente

2 pluriactivité de transition

3 pluriactivité

professionnelle

Mean

Difference (I-J) Std. Error Sig. Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval

The mean difference is significant at the .05 level.*.

Page 117: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

108

Tableau 34

Statistiques descriptives de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les apports monétaires des ménages en 2008

Descriptive Statistics

7065,22 13825,017 230

19815,22 16513,644 230

29836,96 28739,922 230

2923,91 5167,466 230

apports_2008 apports

monétaires en 2008

retraits_2008 retraits en

2008

emploi_2008 rev.

d'emploi ext. en 2008

autres_2008 rev. d'autres

sources en 2008

Mean Std. Deviation N

Tableau 35

Test de signification de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les apports monétaires des ménages en 2008

ANOVAb

10170589144,9 3 3390196382 22,804 ,000a

33598432594,2 226 148665630,9

43769021739,1 229

Regression

Residual

Total

Model

1

Sum of Squares df Mean Square F Sig.

Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en 2008, retraits_2008 retraits en

2008, emploi_2008 rev. d'emploi ext. en 2008

a.

Dependent Variable: apports_2008 apports monétaires en 2008b.

Page 118: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

109

Tableau 36

Coefficient de corrélation multiple de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les apports monétaires des ménages en 2008

Model Summary

,482a ,232 ,222 12192,852

Model

1

R R Square

Adjusted R

Square

Std. Error of

the Estimate

Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en

2008, retraits_2008 retraits en 2008, emploi_2008 rev.

d'emploi ext. en 2008

a.

Page 119: IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR LA SITUATION ...

110

Tableau 37

Coefficients standardisés et non standardisés de la régression

visant à évaluer la relation entre les sources de revenus

et les apports monétaires des ménages en 2008

Coefficientsa

4350,349 1791,879 2,428 ,016

-,159 ,050 -,189 -3,142 ,002 ,935 1,069

,193 ,029 ,401 6,640 ,000 ,931 1,074

,034 ,157 ,013 ,217 ,828 ,983 1,018

(Constant)

retraits_2008 retraits en

2008

emploi_2008 rev.

d'emploi ext. en 2008

autres_2008 rev. d'autres

sources en 2008

Model

1

B Std. Error

Unstandardized

Coefficients

Beta

Standardized

Coefficients

t Sig. Tolerance VIF

Collinearity Statistics

Dependent Variable: apports_2008 apports monétaires en 2008a.