IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui...

49
■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ? Les Imazighen, nom qui signifie «hommes libres», (ils refusent le terme de berbère d’origine étran- gère qu’ils estiment péjoratif), sont des peuples d’Afrique du Nord et d’Afrique Sahélienne. Disséminés en îlots linguistiques, ils occupent aujourd’hui les reliefs montagneux du Rif et de l’Atlas (Maroc), du Djurdjura, des Bibans, des Babors, du Chenoua et des Aurès (Algérie), de Nefousa (Libye) et le désert. On estime actuelle- ment de 15 à 20 millions le nombre de locuteurs de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés les plus importantes sont les Rifains et les Chleuhs du Maroc (qui représentent plus de la moitié de la population locale), et les Kabyles, les Chaouias et les Mozabites d’Algérie (le quart de la population). En Tunisie, il ne reste que quelques îlots berbérisants. ■ ■ Éléments d’histoire Les Imazighen d’aujourd’hui rappellent que leurs ancêtres furent des acteurs très dynami- ques de la longue histoire du Maghreb. Les grands empires berbères de l’« âge d’or » font encore la fierté des berbérophones d’au- jourd’hui : • celui des Almoravides sahariens au XI e siècle qui contrôlait les routes de l’or du Sahara occidental, • celui de la célèbre dynastie des Almohades, montagnards du Haut-Atlas marocain, qui uni- fia tout le Maghreb, du Maroc jusqu’en Tripolitaine et l’Andalousie. L’histoire de ce peuple est marquée par une tradition de résistance aux dominations étran- gères: Phénicienne, Romaine, des Vandales, de Byzance, de l’Espagnole, de l’Italie, de l’Empire ottoman et de la France, qui se sont succédé depuis le X e siècle avant J.-C. De tou- tes ces invasions, seules les invasions arabes des VII e et XI e siècles et la conquête française des XIX e et XX e siècles influencèrent profondé- ment et durablement le destin amazigh. La constance de cette volonté d’indépendance, de résistance aux incursions des représentants de pouvoirs centralisateurs, incita les conqué- rants français de l’Algérie à mettre en œuvre une politique de division ethnique et à tenter de jouer les « Berbères » contre les « Arabes » de façon à mieux asseoir leur pouvoir. Le général Bugeaud s’y employa en Algérie et c’est aussi ce qui fut fait plus tard au Maroc, par le fameux « dahir berbère » qui prétendait appliquer aux Berbères marocains une juridic- tion différente de celle des Arabophones. Depuis l’indépendance, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye utilisent des méthodes auto- ritaires, jacobines et bureaucratiques et ont mis en place une politique d’arabisation à outrance qui nie la composante amazigh de leur État. ■ ■ Informations sur la langue et la culture L’identité amazigh, l’«amazighité», bien qu’in- fluencée par une succession de conquêtes, s’est construite essentiellement autour d’une langue commune. Cette langue, appelée Tamazight, n’est pas un parler unique, elle est IMAZIGHEN Nous croyons avoir cité une série de faits qui prouvent que les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable et nombreux ; un vrai peuple comme tant d’autres dans ce monde, tel que les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains. Ibn Khaldoun Histoire des Berbères 1 Éléments d’histoire • Maxime Aït Kaki, 2004, « Les Berbères à la conquête de leur histoire », De la question berbère au dilemme kabyle à l’aube du XXI e siècle, l’Harmattan. • Salem Chaker, 2003, « La question berbère dans le Maghreb contemporain : éléments de compréhension et de prospective », in Diplomatie Magazine, 3 mai-juin 2003, p. 75-77. • Dahir Berbère, texte intégral du Dahir sultanien du 16 mai 1930 nommé « Dahir berbère ».

Transcript of IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui...

Page 1: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

Les Imazighen, nom qui signifie «hommes libres»,(ils refusent le terme de berbère d’origine étran-gère qu’ils estiment péjoratif), sont des peuplesd’Afrique du Nord et d’Afrique Sahélienne.Disséminés en îlots linguistiques, ils occupentaujourd’hui les reliefs montagneux du Rif et del’Atlas (Maroc), du Djurdjura, des Bibans, desBabors, du Chenoua et des Aurès (Algérie), deNefousa (Libye) et le désert. On estime actuelle-ment de 15 à 20 millions le nombre de locuteursde langue maternelle amazigh qui se répartissentinégalement entre les différents États du Maghreb.Les communautés les plus importantes sont lesRifains et les Chleuhs du Maroc (qui représententplus de la moitié de la population locale), et lesKabyles, les Chaouias et les Mozabites d’Algérie(le quart de la population). En Tunisie, il ne resteque quelques îlots berbérisants.

■ ■ Éléments d’histoire

Les Imazighen d’aujourd’hui rappellent queleurs ancêtres furent des acteurs très dynami-ques de la longue histoire du Maghreb.Les grands empires berbères de l’« âge d’or »font encore la fierté des berbérophones d’au-jourd’hui :• celui des Almoravides sahariens au XIe siècle quicontrôlait les routes de l’or du Sahara occidental,• celui de la célèbre dynastie des Almohades,montagnards du Haut-Atlas marocain, qui uni-fia tout le Maghreb, du Maroc jusqu’enTripolitaine et l’Andalousie.L’histoire de ce peuple est marquée par une

tradition de résistance aux dominations étran-gères : Phénicienne, Romaine, des Vandales,de Byzance, de l’Espagnole, de l’Italie, del’Empire ottoman et de la France, qui se sontsuccédé depuis le Xe siècle avant J.-C. De tou-tes ces invasions, seules les invasions arabesdes VIIe et XIe siècles et la conquête françaisedes XIXe et XXe siècles influencèrent profondé-ment et durablement le destin amazigh.

La constance de cette volonté d’indépendance,de résistance aux incursions des représentantsde pouvoirs centralisateurs, incita les conqué-rants français de l’Algérie à mettre en œuvreune politique de division ethnique et à tenterde jouer les «Berbères» contre les «Arabes»de façon à mieux asseoir leur pouvoir. Legénéral Bugeaud s’y employa en Algérie etc’est aussi ce qui fut fait plus tard au Maroc, parle fameux « dahir berbère » qui prétendaitappliquer aux Berbères marocains une juridic-tion différente de celle des Arabophones.Depuis l’indépendance, le Maroc, l’Algérie, laTunisie et la Libye utilisent des méthodes auto-ritaires, jacobines et bureaucratiques et ont misen place une politique d’arabisation à outrancequi nie la composante amazigh de leur État.

■ ■ Informations sur la langue et la culture

L’identité amazigh, l’« amazighité», bien qu’in-fluencée par une succession de conquêtes,s’est construite essentiellement autour d’unelangue commune. Cette langue, appeléeTamazight, n’est pas un parler unique, elle est

I M A Z I G H E N

Nous croyons avoir cité une série de faits qui prouventque les Berbères ont toujours été un peuple puissant,

redoutable et nombreux ; un vrai peuple commetant d’autres dans ce monde, tel que les Arabes,

les Persans, les Grecs et les Romains.

Ibn KhaldounHistoire des Berbères

1

Éléments d’histoire• Maxime Aït Kaki, 2004,«Les Berbères à laconquête de leur histoire»,De la question berbère audilemme kabyle à l’aube du XXIe siècle, l’Harmattan.• Salem Chaker, 2003,«La question berbère dansle Maghreb contemporain :éléments de compréhensionet de prospective », inDiplomatie Magazine,3 mai-juin 2003, p. 75-77.• Dahir Berbère, texteintégral du Dahir sultanien du 16 mai 1930nommé « Dahir berbère ».

Page 2: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

composée de multiples dialectes locaux, sym-boles d’une identité rebelle à l’absorption. Lesgrandes distances et les cloisonnements politi-ques qui divisent ce peuple ont donné lieu àune série de mini-cultures locales, productricesde chants, danses, musiques, poésie et poterie.L’ensemble des Imazighen ne parle pas tousexactement la même langue : plusieurs nuanceslinguistiques peuvent êtres observées selon lesrégions. Ceci est certainement dû au fait queles berbérophones ne peuplent pas un terri-toire continu. Ils habitent des zones isolées lesunes des autres, entourées, au Maghreb, depopulations arabophones. Cependant, tous lesparlers berbères forment une branche de lafamille chamito-sémitique et participent d’uneunité structurelle incontestable.

■ ■ Organisation sociale et politique

Le peuple amazigh n’est jamais parvenu à seréunir au sein d’un État-nation. Il a cependantdéveloppé des structures et des représenta-tions sociales et politiques communes. Eneffet, les Imazighen sont très attachés auxstructures démocratiques et à une idéologieégalitariste qui s’exprime par leur soutien mas-sif aux formations politiques de cette obé-dience.

■ ■ État du droit les concernant

Les différents États dans lesquels vivent lesImazighen font de l’arabe la langue unique etde l’islam la religion d’État.En Algérie, la Constitution de 1996 – bien quefaisant désormais référence dans son préam-bule, contrairement à celle de 1989, à l’amazi-ghité comme « composante fondamentale deson identité » avec « l’islam et l’arabité » –consacre encore l’islam comme religion d’Étatet l’arabe comme langue « nationale et offi-cielle ».De même, la Constitution marocaine de 1996ignore tout fondement amazigh au profitd’une civilisation arabo-islamique exclusive.Ces textes fondamentaux sont souvent com-plétés par des lois d’orientation qui confir-ment cette exclusivité, comme la loi de 1991« portant généralisation de la langue arabe »,entrée en vigueur en 1998 en Algérie ou la loisur l’interdiction des prénoms amazigh auMaroc.

■ ■ Les problèmes et les revendications

Les gouvernements coloniaux ou post-colo-niaux ont réprimé directement ou insidieuse-ment le peuple amazigh pendant des siècles.Accusée de porter atteinte à l’unité nationale,toute expression de l’amazighité fut niée parles gouvernements successifs qui usent encoreaujourd’hui d’une politique d’arabisation, defalsification de l’histoire et d’intimidation pourfaire taire et assimiler ce « séparatisme ber-bère ». Face à cette discrimination, lesImazighen revendiquent une présence auMaghreb vieille de cinq mille ans, une pré-sence qui passe tout d’abord par la reconnais-sance de la langue amazigh comme nationaleet officielle et de la culture amazigh.

■ ■ Les conflits récents

➜ ALGÉRIE ➜

Printemps berbère 1980 • Durant plusieurssemaines se succédèrent en Kabylie, manifes-tations, meeting et grèves contre la politiquerépressive du régime, en faveur d’une recon-naissance officielle de la langue et de la culturedes Imazighen. Cette revendication débouchasur l’interdiction d’une conférence sur la poé-sie kabyle ancienne de l’écrivain MouloudMammeri à l’université de Tizi Uzou.1990 et 1991 • Création des départementsde langue et culture berbères au sein des uni-versités de Tizi-Ouzou et Béjaïa en Kabylie.1991 • Imposantes manifestations pour lareconnaissance amazigh.1994-1995 • Le Mouvement CulturelBerbère (MCB) appelle au boycottage scolaireen Kabylie en vue d’appuyer la reconnaissancedu tamazight comme langue nationale et offi-cielle.22 avril 1995 • « plate-forme de consensus »signée par toutes les tendances du mouve-ment berbère demandant qu’un texte officieldu chef de l’État garantisse « le caractère légi-time de la revendication du tamazight commefondement de l’identité nationale », ainsi quesa prise en charge par les institutions de l’État.27 mai 1995 • Création d’un Haut-Commissariat à l’Amazighité (HCA) qui a pourmission « la réhabilitation et la promotion del’amazighité en tant que l’un des fondementsde l’identité nationale, l’introduction de la lan-gue amazigh dans les systèmes de l’enseigne-ment et de la communication » (art 4).

2

I M A Z I G H E N

État du droit les concernant • Constitution algériennedu 28 novembre 1996• Constitution marocainedu 4 septembre 1992

Les problèmes et les revendications• Charte d’Agadir, « relative aux droits linguistiques et culturels »,5 août 1991.• Le manifeste berbère,1er mars 2000.• Déclaration de la délégation amazigh à Genève, 2 juillet 2002.• Déclaration de la délégation amazigh à Genève, 2 juillet 2003.• Déclaration de la délégation amazighà Genève, 2 juillet 2004

• Joël Donnet, « Aprèsdeux milles ans de mépris,renaissance berbère auMaroc », in le MondeDiplomatique,janvier 1995.

Page 3: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

Juin 1998 • Explosion de colère populaire à lasuite de l’assassinat du chanteur LounèsMatoub.5 juillet 1998 • Loi de généralisation de lalangue arabe entraînant une réaction immé-diate et violente en Kabylie.21 mai 2001 • Marche noire de Tizi Ouzou,la plus grande manifestation organisée enKakylie. Une centaine de morts. Une situationde violence durable s’est installée dans larégion.11 juin 2001 • Émission d’une plate-formede revendications : la plate-forme d’El Kseur.Mai 2002 • Modification constitutionnelle quireconnaît au berbère le statut de « languenationale » en Algérie (l’arabe restant « langueofficielle et nationale »).

➜ MAROC ➜1er mai 1994 • défilé organisé par laConfédération démocratique du travail (CDT)et l’Union générale des travailleurs marocains(UGTM). Ils scandaient des slogans et des ban-deroles en français et en tamazight qui insis-taient tout particulièrement sur le statut offi-ciel du tamazight, criant : « L’hébreu est ensei-gné, pas le tamazight » ; « Tamazight à l’école » ;« Pas de démocratie sans tamazight ».3 mai 1994 • Sept enseignants de Goulmimaet d’Errachidia, membres ou sympathisants deTilelli, furent interpellés, menottés et interro-gés. Trois d’entre eux furent condamnés à laprison pour trouble à l’ordre public. Ils furentamnistiés peu de temps après par Hassan II aumême titre que 462 autres personnes.20 août 1994 • Le roi du Maroc, Hassan II,promet d’introduire la langue berbère dansl’enseignement. Il se déclare favorable « à l’en-seignement des dialectes berbères ». Letamazight sera désormais enseigné « au moinsau niveau du primaire ».24 août 1994 • La télévision présente unjournal de douze minutes, reprenant trois foisles mêmes informations avec un présentateurdifférent pour chacun des trois parlers imazi-ghen : tarifit du Rif (Nord), tamazight duCentre-Est et tachlahit du Sud.Fin 2001 • Création de l’Institut Royalpour la Culture Amazigh (IRCAM), qui apour mission, sous la protection de SaMajesté, « d’assurer la conception, la prépara-tion et le suivi du processus d’intégration del’amazigh dans le système de l’enseignement ».2002 • Le roi établi la Commission RoyaleAmazigh qui a pour fonction de « développerla culture et la langue amazigh ».

■ ■ Organisations amazigh1967 • Mohand Arav Bessaoud et MouloudMammeri fondent l’Académie Berbère(Agraw Imazighène) qui rassemble les artisteset intellectuels berbères de tous horizons. Etqui diffuse la culture berbère jusqu’en 1978.1967 • Création au Maroc de l’AssociationMarocaine de Recherche et d’ÉchangesCulturels (AMREC) qui publie des travaux surla culture amazigh du Maroc.1980 • Le Printemps berbère en Algérieentraîne la création autour de MouloudMammeri, du Mouvement Culturel Berbère.1992 • Création dans le New Jersey del’Amazih Cultural Association in America(ACAA) qui publie la revue The Amazigh Voice.1993 • L’ANCAP change de nom pour adop-ter une appellation dans laquelle l’amazighitéest plus évidente et devient TAMAYNUT1993 • Création à Paris par un groupe d’étu-diants de l’INALCO de l’association TAMEZ-GHA qui se propose de « promouvoir et dedévelopper la langue et la culture berbèresdans toute leur diversité » et publie la revueIMAZIGHEN ASS-A.1994 • À l’occasion du 17e festival deDouarnenez consacré au «peuple amazigh» desartistes et des militants berbères décident lacréation d’un «Congrès International Berbère»1995 • À Saint-Rome-de-Dolan en Lozère, 36délégations décident de la création d’unestructure permanente le Congrès MondialAmazigh dont le but est de « défendre et depromouvoir l’identité » culturelle de la nationamazigh et de soutenir son « développementdans tous les domaines, à l’intérieur et à l’ex-térieur de Tamazgha »1996 • Création dans le sud du Maroc de l’as-sociation AZAMAZIGH qui regroupe audépart des berbérophones du Sud marocain etpublie la revue Parimazigh et lance deux sitesInternet : www.azawan.com, consacré à lamusique berbère ; et www.mondeberbere.com qui informe sur l’histoire, la culture et lamouvance militante berbères.1998 • En marge du Groupe de Travail sur lesPeuples Autochtones se crée à Genève laCAIDDH : Commission Amazigh Internatio-nale pour le Développement et les Droits del’Homme, dont le siège social est à Lausanne etqui se consacre à la promotion du peuple ama-zigh en tant que peuple autochtone et vise « àporter efficacement et durablement la légiti-mité des revendications des Amazigh devantles instances et organisations internationales ».2000 • Création de la BRTV, la radio-télévi-sion berbère installée rue du Cherche-Midi.

Algérie• Texte de la plate-forme de revendications dited’El-Kseur.• Existe-t-il un projetpolitique kabyle ?, entretien avec SalemChaker.

Maroc• Quinze ans de militan-tisme amazigh au Maroc,www.arifino.com, 2005.• Texte du Dahir portantcréation de l’Institut royalde la culture amazigh.

OrganisationsAmazigh• Entretien avecBelkacem Lounès, un bilande l’action du CMA depuissa création, jeudi 7 juillet2005.

3

I M A Z I G H E N

Page 4: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

2000 • Création de l’Association des Amazighdu Sud Marocain : TAMUNT N IFFUS(MAROC), association qui a pour objectifs : depromouvoir la culture amazigh (langue,

culture et civilisation) ; de défendre les droitsde l’homme et des peuples autochtones ; devulgariser les sentiments de paix. ■

4

I M A Z I G H E N

■ ■ Sélection bibliographique

➜ ARTICLES ➜

Lacoste-Dujardin Camille, 4e trimestre 2001, « Géographie culturelle et géopolitique enKabylie, la révolte de la jeunesse kabyle pour une Algérie démocratique », in Hérodote, n° 103,p. 57 à 91, La Découverte.Chaker Salem, avril-septembre 1985, « Berbérité et émigration kabyle », in PeuplesMéditerranéens, n° 31-32, p. 217 à 225, numéro spécial Migration et Méditerranée, Paris.Aït Harmed Mohand S., 2e trimestre 1995, « Le Berbérisme, de l’unité du mouvement cultu-rel aux divisions politiques », in Hérodote, Paris.Chaker Salem, 1987, « Berbère : une identité en construction», in Revue de l’Occident musul-man et de la Méditerranée, n° 44.

➜ OUVRAGES ➜Ait Kaki Maxime, 2004, De la question Berbère au dilemme kabyle à l’aube du XXIe siècle,l’Harmattan.Camps Gabriel, 1996, Les Berbères, mémoires et identités, Encyclopédie de la MéditerranéeTunisie, ALIF-EDISUD-TOUBKAL, 80 pages.Camps Gabriel, 1980, Berbères, aux marges de l’histoire, Hespérides.Chafik Mohamed, 1989, Aperçu sur 33 siècles d’histoire des Imazigen.Chaker Salem, 1998, Berbères aujourd’hui, L’Harmattan, 221 p.Servier Jean, 1990, Les Berbères, PUF, coll. « Que sais-je ? », 127 pages.Haddadou M. A., 1994, Guide de la culture et de la langue berbère, ENAL-ENAP, Alger.Tassadit Yacine, 1987, « Identités occultées ? Identités usurpées ?», in Awal, Cahier d’étudesBerbères, Maison des Sciences de l’Homme, Paris.Grandguillaume Gilbert, 1983, Arabisation et politique linguistique au Maghreb, Maisonneuve etLarose, Paris.Ouerdane Amar, 1990, La question berbère dans le mouvement national algérien, Septentrion.Bigi Céline, 2002, L’Identité Berbère est-elle transnationale ?, Mémoire de l’Institut ÉtudesPolitique de l’Université de Droits, d’Économie et des Sciences sociales.Arezki Dalila, 2004, L’identité berbère, de la frustration berbère à la violence, la revendication enKabylie, Seguier, 191 p.Ouerdane Amar, 2003, Les Berbères et l’arabo-islamisme en Algérie, KMSA, 259 p.Encyclopédie berbère, 1992, Edisud, Aix-en-Provence.

➜ RAPPORT ➜Groupement pour les Droits des Minorités, 1992, Les Kabyles : éléments pour la compréhen-sion de l’identité berbère en Algérie.

➜ SITES INTERNET ➜www.congres-mondial-amazigh-org (CMA : Congrès Mondial Amazigh)www.kabyle.com (Berbères de Kabylie)www.tamazgha.fr (Portail Berbériste)www.mondeberbere.com/ (Monde Berbère)www.cbf.fr (Berbères de France)www.amazighworld.org (Amazigh)www.arifino.com/ (Rif et Imazighen)www.tamaynut.org/ (Tamaynut)www.reseauamazigh.org/ (Réseau Amazigh pour la citoyenneté)

Page 5: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

www.diariodecanarias.com/bienvenueTaknara.html (Berbères des Canaries)www.elguanche.net (El Guanche Canarias)www.tawalt.com/index2.cfm?lg=_fr (Tawalt Lybie)www.chawinet.com (Chaouia des Aurès)www.kabyles.com (Kabylie News)www.tasafut.org (TASAFUT : revue de l’ONG Tamaynut)www.makabylie.info (MAK Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie)

■ ■ Sélection discographique

Taos Amrouche, Chants berbères de Kabylie, ed Buda-Ades, 82506.Idir, A vava inouva, Blue Silver, 035-2.Houria Ai-chi, Chants de l’Aurès, Ethnic-auvidis, B6749.Maroc : Moyen-Atlas, musiques sacrées et profanes, Ocora-Harmonia Mundi, Ocora C559 057.Musique berbère du Haut-Atlas et de l’Anti-Atlas, Chant du Monde-Harmonia Mundi,LDX274991.

5

I M A Z I G H E N

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 6: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

I M A Z I G H E N

6

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Berbères en Afrique du Nord, in Le Monde Diplomatique.

Carte des aires dialectales berbères du Maroc, in Aménagement Linguistique.

Page 7: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

I M A Z I G H E N

7

« Plus de 20 millions de berbérophones disséminés en Afrique », in Aménagement linguistique.

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 8: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

La Guyane a des frontières communes avec leBrésil et le Surinam. C’est le plus vaste et leplus forestier des départements français :94 % de son territoire sont recouverts par laforêt équatoriale. La population de ce dépar-tement français, équivalant à peu près à lasuperficie du Portugal, est concentrée à 80 %le long des 320 km de bande côtière bordéepar l’océan Atlantique. Tout l’arrière-pays(90 % du territoire) est couvert de forêtséquatoriales denses et n’est accessible, hormisla voie aérienne, qu’en bateau grâce aux fleu-ves Maroni (qui sépare le Surinam et laGuyane), Mana, Sinnamary, Approuague etOyapok (qui sépare la Guyane et le Brésil).En 2005, la population de la Guyane françaisedépassait 187 000 habitants. On y compte plusde 25 groupes ethniques différents parlantchacun sa langue. Outre les Amérindiens, ondistingue la population d’origine africaine(métis et descendants des anciens esclaves),européenne (métropolitains ou ancienscolons), les immigrants asiatiques (du début duXXe siècle et des années soixante-dix) et desethnies d’immigration plus récente (Brésiliens,Haïtiens, Saint-Luciens, Libanais, Surinamiens,Guyanais – de la Guyana ex-britannique –,etc.).La Guyane compte plusieurs communautésamérindiennes (environ 5 % de la population,soit entre 6 000 et 9 000 personnes) considé-rées comme descendantes des plus ancienshabitants (probablement quelques milliersd’années) du pays. Les Palikour (entre 600 et1 000 locuteurs) habitent dans l’est de laGuyane à Macouria et sur les bords de l’es-tuaire du fleuve Oyapok, frontière avec leBrésil ; les Lokono (ou Arawak) (150-200 locu-teurs) et les Kalin’ia (appelés Galibi à l’époquecoloniale) (entre 2000 et 4 000 locuteurs)vivent près des zones côtières dans l’Ouest(Awala-Yalimapo, Paddock-et-Fatima, Saint-Laurent-du-Maroni) alors que les Wayana

(200-900 locuteurs) sont localisés dans le sud-ouest sur le haut Maroni, fleuve frontière avecle Surinam (Antécume-Pata, Elaé, Twenké) ;pour leur part, les Emerillon ou Teko (200-400locuteurs) vivent au centre sud et les Wayampi(400-600 locuteurs) sur le haut Oyapock ausud-est ; ces deux dernières ethnies sont loca-lisées au sud d’une ligne fictive, ouest-est,entre Maripasoula et Camopi qui délimitaitautrefois le « territoire de l’Inini » dans lequelon ne pouvait pénétrer qu’avec une autorisa-tion préfectorale. Les principales familles lin-guistiques autochtones de l’Amérique du sudamazonienne sont représentées en Guyane :tupi (Wayampi et Teko), arawak (Lokono etPalikour) et carib (Wayana, Kalinya).

■ ■ Éléments d’histoire colonialeet post-coloniale

XVIe et XVIIe siècles • Arrivée des premiersEuropéens, la Guyane compte environ 30 000Amérindiens.1637 • Fondation de la ville de Cayenne.1673 • Création de la Compagnie du Sénégalqui devait conduire des esclaves noirs auxAntilles et en Guyane.1763 • Le duc de Choiseul envoie 15 000Européens pour la colonisation officielle de laGuyane.1848 • Suppression de l’esclavage, la Guyanecompte 12 700 esclaves.1852 • Établissement des colonies péniten-tiaires (bagnes) en Guyane.1855 • Découverte de gisements aurifères.1930 • Création du territoire de l’Inini.1939 • Suppression des colonies pénitentiai-res.1946 • La Guyane devient un Départementfrançais d’Outre-Mer (DOM).1964 • Création du Centre Spatial Guyanais(CSG) à Kourou (sur un territoire kalin’ia).1970 • Un arrêté préfectoral soumet l’accèsau sud d’une ligne Camopi-Elahé, à l’obtentiond’une autorisation préfectorale.

A M É R I N D I E N S D E G U YA N E

1

Où sont-ils ?Carte, 2005, Ethniesn° 31-32, « Guyane, lerenouveau amérindien ».

Page 9: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Activités et ressources

Qu’ils se situent dans l’une ou l’autre zonegéographique, les Amérindiens ont maintenuun mode de vie basé sur les activités tradition-nelles : chasse, pêche, essartage dit agriculturesur brûlis (défrichage par le brûlis de parcellesqu’on appelle « abattis » en Guyane) et cueil-lette. Ils cultivent, entre autres, du maniocdont les fins granulés, appelés « couac » enGuyane, accompagnent la nourriture de tousles Guyanais. La pratique de l’essartage sup-pose la rotation des parcelles, donc des terri-toires assez vastes par rapport au chiffre de lapopulation. Cela pose le problème non résolude la sauvegarde et de la protection des terri-toires autochtones de Guyane qui se trouventen zones forestières, menacées par l’orpail-lage et des projets de « développement » éco-nomique mal adaptés. Mais tous les groupesautochtones sont aussi aujourd’hui dépen-dants de l’économie de marché pour se pro-curer ce qu’ils ne produisent pas (sucre, café,vêtements, etc.). Ils touchent, pour certains,des allocations familiales ou le RMI ce qui acréé des difficultés d’ajustement de leur ges-tion économique.

■ ■ Informations sur la langue et la culture

Malgré les différences d’intensité et d’ancien-neté des contacts entre les Amérindiens et lesEuropéens (les populations côtières commeles Kalin’ia et les Lokono coexistent avec,notamment, les Français depuis le XVIIe sièclealors que celles de la forêt ont été plus long-temps éloignées des envahisseurs) les culturesamérindiennes sont demeurées vivantes enGuyane. Aucune, évidemment, ne s’estconservée telle qu’elle était il y a trois ou qua-tre siècles. Être vivante pour une culture veutpartout dire bouger, changer, évoluer, s’adap-ter. Les communications entre les groupesautochtones (échanges de biens, de valeurs,de personnes) ont toujours été très importan-tes, facilitées par les nombreuses voies fluvia-les de ce vaste territoire qui n’a pas de frontiè-res naturelles entre l’embouchure del’Amazone et l’embouchure de l’Orénoque.Toutes les puissances de l’Europe de l’ouests’y sont longtemps combattues et se le sont,finalement, partagé. Toutes les sociétés amé-rindiennes en ont subi les conséquences,d’abord par une effroyable perte démographi-que (due à l’introduction des maladies et de

l’alcool, aux chasses aux esclaves, aux guerres)puis à la dislocation et la disparition de leursréseaux politiques inter-ethniques, clés devoûte de leurs structures sociales. Dans cesréseaux, les Kalin’ia semblent avoir eu uneimportance prépondérante en raison de leurdistribution dans tout le territoire guyanais, del’Orénoque à l’Oyapock, de leur situationcôtière qui les mettait en contact avec tous lesEuropéens et de leur grande mobilité. Leurlangue a servi de truchement ou de langue decommunication. C’est peut-être pour ces rai-sons qu’aujourd’hui les Kalin’ia de Guyane sonttrès actifs dans les organisations autochtones.Avec ceux des pays voisins – Surinam (2 500),Guyana (475), Brésil (100), Venezuela (5 000)– leur nombre atteindrait 10 000. LesAmérindiens côtiers sont, en général, bilingues(français et langue maternelle) et presquetous, même ceux de l’intérieur, sont scolarisésen français, du fait de la présence d’institu-teurs dans certains villages.

■ ■ État du droit les concernant

Depuis quelques années, les peuples amérin-diens de la Guyane cherchent à obtenir du gou-vernement français des droits territoriaux ainsique la reconnaissance de leurs identités comme«peuples distincts». La France ne reconnaissantpas de droits territoriaux collectifs, les territoi-res amérindiens ont été classés comme domai-nes privés appartenant à l’État (ou propriétésdites domiennes [DOM]). Pour les autoritésfrançaises, il n’existe donc pas, juridiquementparlant, de «peuples distincts» en Guyane, maisplutôt des «populations primitives» (1952) oudes «populations tribales» (1970), sinon des«Amérindiens de la Guyane française» (1984)et des «Communautés tirant traditionnelle-ment leurs moyens de subsistance de la forêt»(1987). La tradition jacobine et homogénéi-sante de la nation française récuse la notion de«peuples autochtones» telle que l’emploie ledroit international. Néanmoins, le décret fon-cier métropolitain du 14 avril 1987 accorde unecertaine protection aux Amérindiens en per-mettant au préfet de Cayenne de prévoir « laconcession de zones de parcours aux commu-nautés d’habitants tirant traditionnellement leursubsistance de la forêt».Toutefois, ce timide engagement de la métro-pole en faveur des Amérindiens irrite quelquepeu les Guyanais créoles qui craignent lesrevendications spécifiques de la part de cha-cune des nombreuses autres minorités du ter-

2

A M É R I N D I E N S D E G U YA N E

Page 10: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

ritoire. Dans leur ensemble, les Guyanes (fran-çaise, ex-hollandaise (Surinam) et ex-anglaise(Guyana) sont assez rétrogrades en ce quiconcerne les droits des Amérindiens vivant surleur sol : en effet, ces derniers sont démunisde tout pouvoir et ce même s’ils occupentl’essentiel du territoire. À défaut de structuresofficielles (même consultatives) exprimant lesintérêts autochtones, il existe des associationsamérindiennes vouées à la revendication deleurs droits, notamment l’Union des PeuplesAmérindiens de la Guyane (UPAG), l’Asso-ciation des Amérindiens de Guyane française(AAGF) et la Fédération des OrganisationsAmérindiennes de Guyane (FOAG).

■ ■ Les problèmes et les revendications

➜ ORPAILLAGE ➜

1993 • Découverte de pépites d’or à Dorlin(en amont de Maripasoula).1996 • Averti des exactions, l’État gèle l’ex-ploitation de l’or.1999 • Deux rapports de l’INSERM sur la pol-lution par le mercure.14 décembre 2000 • Publication du rapportsur l’orpaillage de la députée (apparentée PS)Christiane Taubira-Delanon (CTD).Janvier 2001 • Mise en place du Comité desuivi des recommandations du rapport CTD.Février 2001 • Dépôt par la FOAG (aux côtésdes populations wayana et émerillon (teko) desvillages amérindiens du Haut-Maroni et duTampoc) d’une plainte contre X devant ledoyen des juges d’instruction de Guyane.Février 2001 • Séminaire mercure organisépar la préfecture.18 avril 2001 • Remise d’un rapport parl’IRD (Institut de Recherche sur le Dévelop-pement à vérifier le nom exact, SDG), quiminimise la responsabilité des orpailleurs.

➜ PARC NATIONAL DE LA GUYANE ➜Juin 1930 • Création du Territoire de l’Inini(80 000 km2).17 mars 1969 • Suppression du territoire del’Inini.14 septembre 1970 • Un arrêté préfectoralsoumet l’accès au sud d’une ligne Camopi-Elaheà l’obtention d’une autorisation préfectorale.1992 • Annonce au Sommet de la Terre, à Riopar François Mitterrand (et Ségolène Royal, minis-tre de l’Environnement) de la création du Parc.Mai 1993 • Création de la Mission pour la

création du Parc de la Forêt TropicaleGuyanaise.Novembre 1994 • La DIREN publie ses« Premières propositions pour un projet deParc de la Forêt tropicale Guyanaise ».1995 • Définition des « Zones de Droitsd’Usage collectifs » (ZDU).Octobre 1995 • Rapport de Francis Hallé,professeur de botanique tropicale à l’univer-sité de Montpellier qui conteste le périmètreenvisagé et prend davantage en considérationles questions concernant la faune que celles dela protection des territoires amérindiens.1997 • Missions d’écoutes dans les villagesWayana du Haut-Maroni.1998 • Le président du Conseil Régional deGuyane (Antoine Karan) annonce l’intentiondes Guyanais de « se réapproprier le parc » etdemande une pause pour ce projet.juin 2003 • Rapport de Jean-Pierre Giran(député du Var) au Premier ministre «Lesparcs nationaux : une référence pour la France ;une chance pour ses territoires ».25 mars 2003 • Première réunion du« Comité de pilotage élargi ».

■ ■ Les conflits récents

➜ CAMPAGNE CAMBIOR CBJ-CAÏMAN➜

Il s’agit d’un projet d’exploitation de la mineCBJ-Caïman, filiale de la multinationale cana-dienne Cambior sur le territoire de la com-mune de Roura. Les implantations de lasociété Cambior ont déjà été la cause dedésastres écologiques et humains considéra-bles. Les accidents d’Omaï au Guyana (rupturede digues d’un parc à résidus) et plus récem-ment de Rosebel au Surinam rappellent les ris-ques d’une telle exploitation.Même sans accident majeur, l’arsenic, les ris-ques de pollution au cyanure et les éventuel-les fuites d’hydrocarbures pollueront demanière irrémédiable la prise d’eau deComté, les cours d’eau et rendront les zonesde pêche et de loisir inaccessibles. La Réservenaturelle de Kaw s’en trouvera égalementcontaminée.

■ ■ Organisations Amérindiennes

Décembre 1981 • Création de l’Associationdes Amérindiens de Guyane (AAGF) par lesKalinias.Décembre 1984 • L’Association des Amérindiensde Guyane Française (AAGF) organise le pre-

Les problèmes etles revendicationsOrpaillage• Tiouka Alexis,mars 2006, Effet de l’industrie aurifèreen Guyane française : la pollution par le mercuredes ressources naturellesdes peuples autochtones.

Parc national de la Guyane• Tiouka Alexis,février 2006, Droit des peuples autochtones etcréation d’aires protégées :le cas du Parc national dela Guyane.

3

A M É R I N D I E N S D E G U YA N E

ménagement?????

Page 11: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

mier rassemblement des Amérindiens deGuyane à Awala-Yalimapo qui marque symbo-liquement l’entrée des peuples amérindiensdans l’espace politique du département.1989 • Création de la commune amérin-dienne d’Awala-YalimapoAnnées 1990 • Le mouvement amérindienbénéficie d’une reconnaissance locale, natio-nale et internationale. L’AAGF suscite la créa-tion de nombreuses associations de villagesqui se réapproprient localement les revendica-tions du mouvement amérindien, en particu-lier du point de vue foncier et culturel.1992 • La FOAG (Fédération d’OrganisationsAmérindiennes de Guyane) qui remplacel’AAGF, fait désormais partie du paysage politi-que de la Guyane et a pour objectifs, outre desactions de reconnaissance des droits desAmérindiens de Guyane au niveau départe-

mental et national, de représenter ceux-ci auniveau européen, au niveau du bassin amazo-nien (COICA, acronyme espagnol de :Confédération des organisations indigènes dubassin amazonien) et au niveau international.Décembre 1993 • Premier congrès desorganisations amérindiennes de Guyane àAwala-Yamlimapo.Décembre 2001 • Organisation par les mai-res amérindiens d’Awala-Yalimapo et Camopides 1er et 2e Forums des élus autochtones deGuyane. À cette occasion l’Association« Villages de Guyane » s’est constituée à l’initia-tive de B. Wyngaarde, cheffe coutumière deBalaté, elle regroupe seize chef(fe)(s) coutu-mier(e)(s) du littoral et de la forêt.Janvier 2005 • Atelier à Twenké de formationde leaders et négociateurs autochtones. ■

4

A M É R I N D I E N S D E G U YA N E

■ ■ Sélection bibliographique

➜ OUVRAGES ➜

Collomb Gérard et Tiouka Félix, 2000, Na’na Kali’na, une histoire des Kali’na en Guyane, IbisRouge, 148 p.Chérubini Gérard, 2002, Interculturalité et créolisation en Guyane française, l’Harmattan/univer-sité de la Réunion, 267 p.Hurault Jean-marcel, Grenand Françoise et Pierre, 1998, Indiens de Guyane, Wayana etWayampi de la forêt, 198 p.Mam-Lam-Fouck Serge, 1997, L’Identité guyanaise en question. Les dynamiques interculturellesen Guyane française, Ibis Rouge, 115 p.Mam-Lam-Fouck Serge, 1996, Histoire générale de la Guyane française. Les grands problèmesguyanais : permanences et évolutions, Ibis Rouge, 245 p.Silberstein Jil, 2002, Kali’na, une famille indienne de Guyane française, coll. « Terre indienne »,Albin Michel, 489 p.

➜ REVUES ➜Cahiers des Amériques Latines, 2004, « La Guyane, une île en Amazonie », n° 43.Ethnies, juin-septembre 1985, « La question amérindienne en Guyane française », vol. 1, n° 1-2.Ethnies, printemps 2005, « Guyane : le renouveau amérindien », vol 31-32.OKA.MAG, le bimestriel des actualités amérindiennes.

➜ ARTICLES ➜Bellier Irène, Collomb Gérard, 2001, « “Nous sommes là pour parler d’égal à égal…”, entre-tien avec Alexis Tiouka, coordinateur délégué de la FOAG de décembre 1996 à avril 2001 », inRecherches Amérindiennes au Québec, vol. XXXI, n° 3, p. 19-23.Chalifoux Jean-Jacques, 1992, « Ethnicité, pouvoir et développement politique chez les Galibisde la Guyane française », in Anthropologie et sociétés, 16/3, p. 37-54.Collomb Gérard, 1999, « Entre ethnicité et national : À propos de la Guyane », in Socio-Anthropologie, n° 6.Collomb Gérard, 1997, « La question amérindienne en Guyane. Formation d’un espace politi-que », in Anthropologie du politique, p. 41-66, Armand Colin.Collomb Gérard, 2001, « De l’indien à l’indigène. L’internationalisation des luttes amérindiennesen Guyane et les enjeux de l’autochtonie », in Recherches Amérindiennes au Québec, vol. XXXI,n° 3.

Page 12: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

Collomb Gérard, 2001, « “Chassez le métissage…”, notes à partir de la Guyane », in LesParadoxes du métissages, actes du 123e congrès national des Sociétés historique et scientifiques,édition du CTHS.Dreyfus Simone, 1992, « Les réseaux politiques en Guyane occidentale et leurs transformationsaux XVIIe et XVIIIe siècles », in L’Homme n° 122-124, p. 75-98.Tiouka Félix, 1985, « Adresse au gouvernement et au peuple français, 9 décembre 1984 », in « Laquestion amérindienne en Guyane française », Ethnies, n° 1-2.Yacoub Joseph, 1998, « La région des trois Guyanes », in Les Minorités dans le monde, Decliée deBrouwer, p. 807-813.Thérèse Jocelyn Roger, 1998, « Témoignage des communautés amérindiennes », L’Accès audroit de la Guyane, Ibis Rouge, p. 101-104.

➜ RAPPORTS ➜Avenir des Peuples de la Forêt Tropicale (APFT), chapitre « Guyane », Université Libre deBruxelles, juillet 1999.

➜ ADRESSES INTERNET ➜www.solidarite-guyane.org/ (AS : Association Solidarité – Guyane)perso.wanadoo.fr/solidariteguyane/FoagP0.htm (FOAG : Fédération des OrganisationsAmérindiennes de Guyane française)http://blada.com/associations/fiche/102-Oka.Mag_.htm (OKA.MAG : Premier magazine d’actuali-tés amérindiennes en Guyane)

■ ■ Sélection filmographique

Jouve Arnaud, Gaymard Véronique, 1997, Wayana, entre deux rives, 40’.Lafaix Philippe, 2003, La loi de la jungle, chronique d’une zone de non-droit : la Guyane française,F Production, 53’.Massot Claude, 1977, Une autre vie ou chronique de quelques indiens wayana, 60’.

5

A M É R I N D I E N S D E G U YA N E

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 13: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

A M É R I N D I E N S D E G U YA N E

6

Carte, 2005, Ethnies n° 31-32, « Guyane, le renouveau amérindien ».

Page 14: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

Les Peuls, appelés Fulani par les anglophones, sedénomment eux-mêmes fulbe (sing: pullo); ilsreprésentent l’un des plus importants groupesethniques d’Afrique occidentale sahélo-souda-nienne. Le nombre de locuteurs peuls varieselon les estimations entre six et huit millions,disséminés en îlots d’importances très variables.Présents dans tous les États de l’Afrique del’Ouest ainsi qu’au Tchad, en République CentreAfricaine et au Soudan, ils n’en constituentcependant jamais le peuplement majoritaire,bien que le nord du Nigeria, la Guinée, leSénégal, le nord Cameroun et le Niger en comp-tent d’importantes communautés. Cet «archipelpeul» est divisé en un grand nombre de groupes,dont les principaux sont ceux du Fouta Djallon(les Foulbé Fouta), et ceux du Fouta Toro (valléedu fleuve Sénégal, les Alpoularhen).

■ ■ Éléments d’histoire

L’origine des Peuls reste assez controversée,mais l’hypothèse la plus plausible serait l’ori-gine saharienne, celle des Hamites de la sociétédu bœuf. Il semble que l’«ethnie» se soitconstituée au cours du haut Moyen Âge, dansla vallée du Sénégal et les régions adjacentes del’est et du nord-est puis se serait étendue versle sud et vers l’est. Ces migrations ont permisaux Peuls d’occuper dès le XVIIe siècle l’espaceactuel, mais sans imposer toutefois leur pré-éminence politique. Ce ne sont qu’avec les«guerre saintes» que les Peuls conquirent lepouvoir politique au nom de l’islam et consti-tuèrent de puissants empires au Fouta Diallon,au Macina, au Nigeria (Sokoto) et enAdamaoua. À partir de la fin du XIXe siècle, avecla colonisation française et anglaise, ces Étatsfurent vaincus et soumis mais continuèrent àinfluencer la région à des degrés divers pen-dant la période coloniale et parfois au-delà.

■ ■ Activités et ressources

Les Peuls forment généralement une mino-rité au milieu des autres populations africai-nes. Ils sont ainsi d’une grande diversité, lesuns sont pasteurs nomades, dont l’économieest basée sur l’élevage qui leur fournit desproduits laitiers mais pas de viande, car ils netuent pas et ne vendent pas leurs animaux ;les autres sont mélangés aux populationslocales, sédentarisés dans des villages, forte-ment islamisés.

■ ■ Informations sur la langue et la culture

Le fulfulde, la langue peule, a subi de nom-breux métissages qui ont donné naissance àune grande diversité de dialectes. Des travauxen cours tentent de standardiser la langue. Lefulfulde est l’une des langues les plus écrites enAfrique, en caractères arabes elle a joué unrôle important dans l’islamisation du conti-nent. Cependant en 1966, l’alphabet latin a étéretenu officiellement pour écrire le fulfulde.Le fulfulde, à la fois langue et manière de vivreet de penser, cache une réelle homogénéitéculturelle. On y trouve une valeur fondamen-tale, le pulaaku, qui enseigne le discernement(hakiilo), la résignation (munyal) et la réserve(semteende).

Les Peuls ont aussi conservé un sens esthéti-que très développé qui s’exprime à traversl’élégance corporelle, la création de parures,l’art du discours et de la musique ou dans destraditions comme le Gerewol, un concours debeauté où les jeunes Bororo, maquillés, sepavanent devant les jeunes filles.Bien que majoritairement islamisés et recon-nus comme les acteurs de l’islamisation detoute la région de l’Ouest africain, certainsPeuls, comme les Peuls Bororo du Niger, sontanimistes.

P E U L S

1

Page 15: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Organisation sociale et politique

➜ STRUCTURES SOCIALES ➜Les structures sociales présentent des variantesdans les diverses communautés. L’endogamie,essentielle chez les nomades pour conserver leplus de bétail, subit chez les sédentaires desentorses apportées par l’islam ou la nécessitéde s’adapter aux cultures voisines.

➜ INSTITUTIONS POLITIQUES ➜Foncièrement individualistes et toujours prêtsà fuir devant toute contrainte, les Peuls n’ontlongtemps connu que l’autorité politique duchef d’un fragment de lignage sur les siens.

■ ■ Statut de la femme

La femme peule autochtone est prisonnièredes us et coutumes et est défavorisée nonseulement dans son propre milieu mais aussipar rapport aux autres groupes en généralCompte tenu de leur mode de vie nomade,l’épouse et la fille peules échappent aux recen-sements des populations et, en conséquence,les programmes gouvernementaux tiennentrarement compte d’elles. Ainsi elles ne bénéfi-cient pas des droits les plus élémentaires entant que citoyennes à part entière.

■ ■ Les conflits récents

Les conflits entre éleveurs et agriculteurs semultiplient. L’installation de colons sur leurspâturages communaux et l’intensification deleurs activités agricoles et pastorales génèrentde nombreux conflits territoriaux. De plus, les

politiques officielles marginalisent leur modede vie pastoral.

■ ■ Les problèmes et les revendications

Les Peuls se sédentarisent, s’urbanisent deplus en plus, et la mémoire peule comme lalangue disparaissent dangereusement. Deplus, le déficit du fourrage dû à la sécheressedécime les troupeaux et la malnutrition faitdes ravages dans ces populations dispersées,souvent éloignées des centres de secours.Au Cameroun, MBOSCUDA demande augouvernement camerounais :– d’établir un cadre stratégique, institutionnelet législatif pour parvenir à un équilibre entreles terres pastorales et agricoles– de créer des réserves de pâturage– de mettre en œuvre un processus de réso-lution pacifique des conflits

■ ■ Quelques organisations peuls

MBOSCUDA (M’BOroro Social CUltural &Development Association), est une associationcrée en 1987. Elle a pour objectfs : le dévelop-pement économique, social et culturel desM’Bororo, en particulier des femmes, en vuede réduire la pauvreté l’amélioration du déve-loppement agro-pastoral la protection de l’en-vironnement et la bonne gestion des ressour-ces naturellesTPI (Tabital Pulaaku International) dont le nomsignifie «pérenniser la culture peule», est uneassociation crée en 2002 sous l’impulsion de l’écri-vain sénégalais Cheikh Amidou Kane. Son premierobjectif est la sauvegarde de la langue peule. ■

Statut de la femme• Hindou OumarouIbrahim, 2006, « la fille peuleautochtone du Tchad», inParoles de femmesautochtones, coll. «Questionsautochtones»,L’Harmattan, p. 25 à 31.

2

P E U L S

■ ■ Sélection bibliographique

➜ ARTICLES ➜Henri Lhote, oct-nov 1959, « l’extraordinaire aventure des Peuls », in Présence africaine, revueculturelle du monde noir, Paris, p. 48 à 57.Jean Schmitz, 1990, « Les peuls, islam, pastoralisme et fluctuations de peuplement », in Cahierdes sciences humaines, p. 499 à 504.Dupire Marguerite, 1981, « Réflexion sur l’ethnicité peule », in Itinérance en pays peul et ailleurs,Mémoire de la Société des Africanistes, p. 165-181.Guichard Martine, 1990, « L’ethnicisation de la société peule du Borgou (Bénin) », in Cahierd’Études Africaines, n° 117.Seydou Christiane, 1997, « Bibliographie générale du monde peul », in Études Nigériennes, n° 43,IRSH, Niamey.

Page 16: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

➜ OUVRAGES ➜Boubacar Hama Beïdi, 1993, Les Peuls du Dallol Bosso, coutumes et modes de vie, Sépia, 188 p.Roger Botte, Jean Boutrais, Jean Schmitz, 1999, Figures peules, Karthala, 539 p.Youssouf Diallo et Günther Schlee, 2000, L’Ethnicité peule dans des contextes nouveaux,Karthala, 255 p.Angelo Maliki, Roselyne François et Manuel Gomes, 1988, Nomades peuls, L’Harmattan70 p.Brigitte Thébaud, 1999, Gestion de l’espace et crise pastorale au Sahel ; étude comparative duNiger orientale et du Yaga burkinabé, EHESS, 473 p.Brigitte Thébaud, 2002, Foncier pastoral et gestion de l’espace au Sahel. Peuls du Niger oriental etdu Yagha burkinabé, Karthala, 318 p.Mirjam de Bruÿn, Han van Dijk, 1997, Peuls et Mandingues : dialectique des constructions iden-titaires, Karthala.Jean-Marc Durou, Sandrine Loncke, 2000, Les Peuls Bororos nomades du Sahel, Vilo, 167 p.Bocquené Henri, 1986, Moi, un Mbororo : autobiographie de Oumarou Ndoudi, Peul nomade duCameroun, Kathala, 387 p.Dupire Marguerite, 1996, Peuls nomades, étude descriptive des Wodaabe du Sahel nigérien,Karthala (Hommes et Sociétés).Collectif sous la direction d’André Bourgeot, Horizons nomades en Afrique sahélienne. Sociétés,développement et démocratie, Karthala, 488 p.Cahiers d’Études Africaines, 1994, « L’archipel peul », n° 133-135.Cahier des Sciences Humaines/IRD, 1990, «Sociétés pastorales et développement», vol. 26, n° 1-2.

■ ■ Sélection discographique

NikiProwetsky Tolia, Anthologie de la musique du Niger, OCORA, C559056.Bois Pierre, Niger, Peuls Wodaabe, Chants du Worso, INEDIT (Maisons des Cultures du Monde),W 260081.Hamidou Moussa, Les nomades du Niger, Az, LD 5886.François Roselyne, Gomes Manuel, Nomades du désert : les Peuls du Niger, Playasound, 65009.Rabih Abou Khalil, 1997, La voix des Peuls, Harmonia Mundi.Bele Ndëndi, 2005, Le chant des peuls du Sénégal.Birame N’Diaye, 2005, Maître du chant peul, AIMP, LXV/VDE 1152.Musique des Peuls, Unesco-Auvidis/Naïve

■ ■ Sélection filmographique

Brandt Henry, 1953, Nomades du Niger, 42’.Herzog Werner, 1989, Wodaabe, les bergers du soleil, 52’.Lambert Paul, 1972, Les hommes du dernier soleil, 62’.Woodhead Leslie, 1989, Les Wodaabe, nomades du Nigeria, Granada, 50’.

■ ■ Manifestations culturelles et artistiques

Festival Tabilal Pulaaku, organisé par l’Association Tabilal Pulaaku, à Bamako. Festival peul àcaractère international qui se déroule tous les deux ans. Plusieurs activités sont possibles lors dufestival : colloques, conférences-débats, ateliers de formations, expositions, etc.

3

P E U L S

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 17: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

P E U L S

4

Page 18: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

Le mot « pygmée » est utilisé dans un sensgénéral pour désigner les peuples habitant tra-ditionnellement les forêts d’Afrique centrale.Toutefois, ce mot est la plupart du temps uti-lisé de façon péjorative par d’autres groupesethniques à des fins de dévalorisation et dediscrimination. Leur nombre est estimé entre150 000 et 200 000 individus. Plusieurs grou-pes sont disséminés de la côte Atlantique auxGrands Lacs. Les principaux sont, d’ouest enest : les Bagyéli (ou Bakola) et les Medzan(Cameroun), les Baka et Bangombe(Cameroun, Gabon, Congo), les Bakola(Gabon, Congo), les BaAka et les BaMbenzele(RCA, Congo), les BaTwa, BaCwa et BaMbuti(RDC), et les BaTwa (Rwanda, Burundi,Ouganda).

■ ■ Éléments d’histoire

L’Antiquité les connaissait déjà, depuis leurdécouverte par une expédition vers les sour-ces du Nil, envoyée par un Pharaon de la VIe

dynastie. D’Égypte, la connaissance desPygmées s’est répandue chez les Anciens, ilssont nommés par Homère et par Aristote etreprésentés sur des mozaïques de Pompéi.Ensuite, les Occidentaux en firent des mons-tres infra-humains, jusqu’à ce que des explora-teurs de la fin du XIXe siècle les rencontrent.Pendant la période coloniale, toutes les pos-sessions européennes du bassin congolaisfurent soumises au régime de l’économie detraite et du pacte colonial où les paysans

furent contraints au travail forcé, aux réquisi-tion, etc. Même si les Pygmées, en raison deleur nomadisme, n’ont pas directement étévictimes du régime colonial, ils ont souffertdes dérèglements de l’économie villageoise.La nécessité de main d’œuvre pygmée sur lesplantations de rentes comerciales fit naître unsystème social autoritaire voisin du servage quise maintient encore aujourd’hui.

■ ■ Activités et ressources

Les Pygmées mènent une vie nomade au seindes écosystèmes forestiers où ils se nourris-sent des produits de la chasse et de la cueil-lette. Certains passent plusieurs mois de l’an-née près des villages et travaillent dans lespotagers. Depuis toujours, les Pygmées entre-tiennent des relations de complémentarité,s’apparentant à une relation de type maître-serviteur, avec les populations voisines d’agri-culteurs, les « grands Noirs », échangeant desproduits de la chasse, de la cueillette et parfoisdes services contre de l’outillage métallique,du sel ou des marmites. L’introduction del’économie coloniale a toutefois bouleversécette relation et instauré un clientélisme trèsproblématique aujourd’hui.

■ ■ Informations sur la langue et la culture

Les Pygmées ne possèdent pas de langue pro-pre, même si certains croient à une languecommune ancienne ou à une langue secrète. Ilsont adopté la langue de leurs voisins, le plus

P Y G M É E S

Pygmée, oui je suis pygméeNé en Afrique centrale

Aîné de l’Afrique centrale,Nain d’Afrique,

Oui je reste Pygmée.

Poème pygmée

1

Où sont-ils ?Carte de localisation.

Page 19: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

souvent Bantu. Ils considèrent la forêt commeleur mère et entretiennent avec elle une rela-tion intime par leur incomparable connaissancedes plantes mais aussi par la croyance en ungrand esprit de la forêt nommé Zengi auquel ilsfont appel quotidiennement par des chantspolyphoniques lors de la cérémonie ezengi.

■ ■ Organisation sociale et politique

Les différents groupes pygmées vivent dansdes campements comprenant trente àsoixante-dix personnes, constitués d’unedizaine de huttes hémisphériques. Ces unitéssocio-économiques n’ont traditionnellementpas de chef ou de gouvernement formelmême si trois personnalités ont une grandeinfluence : l’aîné, le maître de chasse et ledevin guérisseur. Chaque individu est indépen-dant et prend ses responsabilités. Il existecependant une grande coopération pour lachasse, la musique ou les gardes d’enfants.

■ ■ État du droit les concernant

En droit, aucune des républiques d’Afriquecentrale n’établit de distinction entre Pygméeset autres groupes ethniques. C’est ainsi que laconstitution de la République Centre Africaineindique dans son préambule : « il n’y a enCentrafrique ni sujet ni privilège de lieu et denaissance, de personne ou de famille ». Undécret de 1966 précise qu’est interdite « toutemention dans les actes officiels ou sous seingprivé, imprimés, formulaires administratifs ouprivés, de race, de tribu ou d’ethnie. La posi-tion officielle des gouvernements va mêmejusqu’à nier leur existence en tant que tels : lesPygmées s’effacent derrière les citoyens.

■ ■ Questions de genre

Chez les Pygmées, il n’y a pas de divisionsexuelle stricte du travail. La règle est lamonogamie même si la polygamie se répand.Les problèmes auxquels sont confrontées lescommunautés pygmées, en particulier le dénide leurs droits à la terre et la discriminationethnique, sont des problèmes que connaissentles hommes aussi bien que les femmes.Cependant les femmes pygmées souffrentd’une discrimination additionnelle, comme deviolences sexuelles.

■ ■ Les problèmes et les revendications

«Si la forêt meurt, nous mourrons aussi, car noussommes le peuple de la forêt », disait unBaMbuti.• Les Pygmées sont tout d’abord confrontés àla violence politique. Les Batwa du Rwanda etdu Burundi ont durement souffert du conflitethnique et du génocide entre Hutu et Tutsi.• Ils souffrent aussi de l’exploitation forestièrequi a connu, dans les états d’Afrique Centrale,un essor considérable. Les plantations indus-trielles ont également contribué à l’accroisse-ment démographique des villes secondaires etpar conséquent au déboisement.• La sédentarisation, voulue par les gouverne-ments et accentuée par la déforestation,entraîne des problèmes de santé, d’équilibredémographique et des conflits entre commu-nautés.• La création de parcs nationaux implique leurexpulsion des aires de conservation.• L’échec des politiques de scolarisation créeégalement un problème de taille puisqu’il setraduit par un fort taux d’analphabétisme.• Le racisme est le lot quotidien des Pygméesqui souffrent de discriminations dans les servi-ces publics comme les hôpitaux, la justice ou lascolarisation.

■ ■ Quelques organisations pygmées

➜ CAMEROUN ➜OAPIDE est une Organisation non gouverne-mentale d’Appui aux Initiatives deDéveloppement de d’Environnement quiapporte son appui aux communautés ruralessituées en périphérie de la réserve de Dja àtravers une aide à la gestion des ressourcesnaturelles et à la lutte contre la pauvreté.CODEBABIK est un COmité deDEveloppement des BAkola/Bagyeli desarrondissements de BIpindi et Kribi à traverslequel les Pygmées luttent pour faire entendreleur voix afin d’accéder à un statut de citoyenà part entière, d’obtenir un espace vital, de seprotéger, d’améliorer les relations avec lesBantou, d’aider les populations qui se sédenta-risent et de favoriser une prise de consciencecollective.OCAPROCE, l’Organisation Camerounaise dePROmotion de la Coopération Économiqueinternationale en faveur des Peuples autochto-nes, a pour objectif la défense des Droits

Question de genre• «La place des droits des populations autochtonesdans la législation congolaise», lettre à laPrésidente.• Dorothy Jackson, 2006,«Les femmes Twa de larégion des Grands Lacs»,p. 33-49, in Paroles de femmes autochtones,coll. «QuestionsAutochtones» n° 2,L’Harmattan.

Les problèmes et les revendications• «L’impact du conflitarmé sur les Pygmées enRDC: un aperçu», communication présentéepar Stephan IlunduBulambo à la 36e session de la CDHA/UA, décembre 2004.• «Présentation sur la situation des droits des autochtones auBurundi, Rwanda etCameroun», à la 37e sessionde la CDHP/UA, mai 2005,Forest Peoples Program.• «Présentation sur la situation des droits desautochtones au Burundi,Rwanda, Cameroun etCongo Brazzaville», à la 38e session de la CDHP/UA,décembre 2005, VitalBambanze, IPACC.• «Des communautés Bakadu Cameroun déplacées par les parcs nationaux de Lobeke et de Boumba»,par le World rainforestmovement (WRM).• «Les Pygmées et l’exploitation forestièreindustrielle: le cas desBagyeli du sud Cameroun»,Jacques Ngoun.• «Les Pygmées, grandsoubliés de la guerre commede la paix»• «Kapupu DiwaMutimanwa se fait le porte-drapeau du peuplepygmée», Michael Roy, Le Courrier, 8 et 9 août1998. www.heritiers.org• «Résumé du rapport del’OCDH sur deux missionsd’enquêtes menées sur les violations des droits des minorités pygmées auCongo Brazzaville», fait parla Commission de Droits del’Hommes des Nations Unis.

2

P Y G M É E S

Page 20: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

Humains des enfants et des femmes des popu-lations autochtones.RACOPY est un Réseau d’ACtions concertéesPygmées créé en 1996 pour promouvoir, entreautres, l’autopromotion des Baka, Bagyeli-Bakola et Bedzan (BBB) et harmoniser lesapproches des organisations de soutien, inter-venant dans la défense des intérêts des BBB.

➜ RDC ➜PIDP, créé en 1991, encadre environ 6 000Pygmées dans plus de 120 villages de troisprovinces de RDC, est le Programmed’Intégration et de Développement du peuplePygmées au Kivu, se donne pour mission d’as-surer l’intégration totale des Pygmées dans lasociété congolaise dans le plein respect de leuridentité.ACPROD, l’Action Chrétienne pour laPROmotion des Défavorisés, créée enavril 2000, est une organisation locale qui inter-vient auprès des Pygmées Batwa défavorisés etdes marginalisés pour améliorer leurs condi-tions de vie et les aider à défendre leurs droits.CAMV, Centre d’Accompagnement desautochtones pygmées et MinoritésVulnérables, créé en février 1995, a pour fina-lité d’assurer l’intégration totale du peupleautochtone pygmée dans la société moderne.LINAPYCO, la Ligne nationale des associa-tions pygmées du Congo, créée en mars 2002,se donne pour mission l’amélioration desconditions de vie des autochtonesBambuti/Batwa dans tous les secteurs de la viepolitique, sociale, économique, culturelle,environnementale et religieuse.Héritiers de la Justice, créée en 1991, est uneorganisation spécialisée dans le domaine de lapromotion et de la protection des droits del’homme dans la région des grands lacs. Elle

travaille avec plus de 60 communautés de baseactives dans les villages et villes du Kivu et dela région des Grands Lacs d’Afrique.RAPY, le Réseau des AssociationsAutochtones PYgmées de la RDC, créé enmars 2002 à Bukavu, a pour mission de déve-lopper une dynamique de solidarité et deconcertation entre les organisations autochto-nes pygmées pour des actions en faveur deleur promotion. Ils coordonnent entre autres,les organisations suivantes : l’UEFA, AAPD-MAC, CAMV, Héritiers de la Justice

➜ RWANDA ➜CAURWA, le Comité des AUtochtones duRWAnda, est une structure de coordinationcréée en 1995, entre l’ADBR, l’Associationpour le Développement global des Batwa duRwanda et l’APB, l’Association pour laPromotion des Batwa. Il vise à aider lesautochtones et particulièrement les Batwa,suite aux ravages de la guerre, à améliorerleurs conditions de vie et à participer plus acti-vement à la politique nationale.

➜ BURUNDI ➜UNIPROBA (UNIssons nous pour laPROmotion des BAtwa) est une associationorientée vers la promotion des PygméesBatwa.

➜ GABON ➜MINAPYGA, le mouvement des MINoritésAutochtones, indigènes et PYgmées duGAbon, est une ONG basée à Libreville quiœuvre pour l’émancipation et le développe-ment durable des Pygmées du Gabon.PROCED, PROmotion et valorisation desCultures En voie de Disparition, est une ONGbasée à Libreville. ■

3

P Y G M É E S

■ ■ Références bibliographiques

➜ ARTICLES ➜Michael Roy, « L‘histoire des Pygmées selon eux », Le Courrier, 8 et 9 août 1998.Serge Bahuchet, automne 1987, « Les Pygmées », in Ethnies, n° 6-7, p. 20-32.

➜ OUVRAGES ➜Frantz Thille, Au cœur de la forêt vierge, avec les Pygmées Babinga, Albin Michel, 181 p.Victor Bissengué, Contribution à l’histoire ancienne des Pygmées : l’exemple des Aka, L’Harmattan,205 p.Serge Bahuchet et Guy Philippart de Foy, 1991, Pygmées, peuple de la forêt, Planète, 119 p.Robert Brisson, 1999, Mythologie des Pygmées Baka, Peeters SELAF, 375, 210 p.Stephan Seitz, 1993, Pygmées d’Afrique centrale, Peeters SELAF 338, 253 p.

Page 21: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

Serge Bahuchet, 1985, Les Pygmées Aka et la forêt centrafricaine, SELAF CNRS 638 p.Noël Ballif, 1992, Les Pygmées de la Grande Forêt, L’Harmattan.Michel Adam, 1987, « Touaregs, Pygmées, Bushmen », Ethnies, n° 6-7, Survival InternationalFrance.Philippe Molins, 1993, Feux d’Afrique : chroniques du pays pygmée, Anako, Paris.Philippe. Molins, 1986, Kapolé, Le Petit Pygmée, L’Harmattan.Serge Bahuchet et Guy Philippart de Foy, 1991, Pygmées, Denoël.Bernard Descamps, Serge Bahuchet, 1997, Pygmées, l’esprit de la forêt.Guy Philippart de Foy, 1984, Les Pygmées d’Afrique Centrale, Parenthèses, 127 p.Henri Guillaume, 2001, Du miel au café, de l’ivoire à l’acajou, Peeters SELAF 393, 784 p.Séverin Cécile Abéga, 1998, Pygmées Baka, le droit à la différence, Inades-Formation Cameroun.Nigel Barley, L’Anthropologue en déroute, le retour de l’anthropologue, Petite Bibliothèque Payot,n° 176 et 267.Jerome Lewis, Judy Knight, 1996, Les Twa du Rwanda, WRM/IWGIA/Survival InternationalFrance, 118 p.Paul Schebesta, 1940, Les Pygmées, NRF Gallimard, 200 p.Jerome Lewis, 2001, Les Pygmées Batwa de la région des Grands Lacs, MRG, 31 p.Dr Albert K. Barume, 2005, Étude sur le cadre légal pour la projection des droits des peuples indi-gènes et tribaux au Cameroun, OIT (Organisation Internationale du Travail), 68 p.Serge Bahuchet, Pierre de Maret, Françoise et Pierre Grenand, Des Forêts et des Hommes,programme de recherche « Avenir des Peuples de la Forêt Tropicale » (APFT), Université Librede Belgique (ULB), 2001.

➜ MUSICOLOGIE ➜Medard Ntamaganya, 1997, Chants de cour à l’Inanga et chants populaires, Maison des Culturesdu Monde.Simhra Arom, Anthologie de la musique des Pygmées Aka, OCORA, C559012-13.Patrick Kersalé, Carnet de route, les Pygmées de Lobaye, Sunset/Playasound PS65175.Patrick Kersalé, Musiques et chants polyphoniques de la sylve, VDE-Gallo collection » peoples »CD776.Didier Demolin, Pygmées du Haut Zaïre et chants de l’orée de la forêt, Ponti Musicali Fmd 190 etFmd 185.

➜ CD-ROM ➜Simhra Arom, Les Pygmées, peuple et musique, Montparnasse

➜ FILMOGRAPHIE ➜Phil Agland, Baka, peuple de la forêt, canal + vidéo EDV29.Philippe Molins, Jour de miel chez les Pygmées, coll. « Mémoire de l’humanité », Anako.Radu Mihaileanu, 2002, Les Pygmées de Carlo, Aux quatre coins du monde.Raymond Adam, Jean Baronnet, Le peuple de la forêt.Thierry Knauff, 1995, Baka, 55’.Igor Barrère, Jean-Pierre Fleury, 1996, La forêt des Pygmées Baka, Cameroun, 60’.

4

P Y G M É E S

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 22: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

P Y G M É E S

5

Localisation des groupes pygmées

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 23: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

Les Touaregs, qui se nomment eux même KelTaggemoust (ceux qui portent le voile), KelTamatcheq (ceux qui parlent le Tamacheq), ouencore Imageren (hommes libres), constituentune branche très individualisée au sein du peu-ple Amazigh. Leur zone de peuplement tradi-tionnel s’étend sur près de 2,5 millions de km2

dans les zones désertiques ou semi-déserti-ques du Sahara central et des bordures de larégion sahélienne. Les frontières politiquesactuelles partagent leur territoire entre cinqÉtats : l’Algérie, la Libye, le Burkina-Faso, leMali et le Niger. Leur nombre varie, selon lesestimations, de 1 à 3 millions d’individus dontla majorité (environ 85 %) se situe au Mali(représentant 10 % de la population) et auNiger (20 % de la population).

■ ■ Éléments d’histoire

Début de l’ère chrétienne • Les Touaregssont vraisemblablement issus de populationsamazigh ayant migré vers le Sahara central dèsavant le début de l’ère chrétienne.À partir du VIIe siècle • les grands mouve-ments migratoires se sont accentués et se sontpoursuivis jusqu’au XIXe siècle.IX-XIe siècle • Les voyageurs arabes parlentpour la première fois des Touaregs. Ils lesappellent : Ahl al-Lithâm/Al-Moûlathimine, litté-ralement « les gens du voile », « les hommesvoilés ».XIVe siècle • Les Kel Tamatcheq gagnent unegrande bataille face aux Haoussa.XIV-XIXe siècle • En cinq siècles, les Touaregs rem-portent la quasi totalité des guerres qui les oppo-sent aux Songhaïs, aux Marocains et aux Peuls.XIXe siècle • Premier contact avec les mis-sionnaires et voyageurs européens.Nombreux accrochages.1827 • René Caillié, ancien forçat, entre àTombouctou.

1881 • La mission du colonel Flatters est mas-sacrée par les Touaregs.1894 • Prise de Tombouctou par Joffre.1916-1917 • Répression de grandes rébel-lions en 1916-1917, vaincus par les armes, lesTouaregs acceptent l’autorité des Français.1963-1964 • Révolte des Kel Adagh du Mali.1970-1985 • Sécheresse, migrations vers lenord (Algérie, Lybie), vers le sud et le sud-ouest.6 et 7 mai 1990 • Début de l’insurrectiontamatcheq commandée par Iyad Ag Ghali.Violente répression militaire.Fin des années 1990 • Une longue suite d’in-cidents débouche en 1990, au Niger commeau Mali, sur une insurrection généralisée.

■ ■ Activités et ressources

La base de l’économie touarègue est fondéesur le nomadisme pastoral. Étroitement lié auxconditions climatiques, l’élevage rythme la viepar l’alternance de la saison sèche et despluies, par un mouvement nord-sud-nord, à larecherche de pâturages et de points d’eaux.L’élevage extensif était souvent complété parune importante horticulture confiée aux com-munautés d’affranchis et d’esclaves et par letrafic caravanier (trafic de sel en particulier).Cet équilibre économique est actuellementremis en cause par les mutations récentes,comme la modernisation des moyens detransport. Le développement du tourismesaharien, malgré les risques de folklorisation,représente cependant une reconversion éco-nomique salutaire.

■ ■ Informations sur la langue et la culture

L’identité touarègue, temoust (ou temust), sedéfinit tout d’abord autour d’une langue, letamasheq, composante du tamazight, la langueamazigh. Le tamasheq n’est pas reconnu, ni

T O U A R E G S

1

Page 24: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

comme langue nationale, ni comme langueofficielle, dans les États du Sahel. Les Touaregssont pourtant les seuls à avoir préservé unalphabet, dérivé de l’antique alphabet libyque :le tifinagh. La culture reste cependant essen-tiellement orale, elle s’exprime aujourd’hui àl’occasion des fêtes qui rythment la vie : nais-sances, circoncisions, mariages.Bien qu’ils soient majoritairement musulmanssunnites, ayant adopté l’islam au VIIe siècle avecl’invasion arabe, les Touaregs conservent dansleurs croyances et leurs comportements l’héri-tage d’un passé plus ancien et ne revendiquentpas la religion comme critère identitaire collec-tif. La tradition orale fait descendre les Touaregsde Tin Hinan, reine et ancêtre mythique.

■ ■ Organisation sociale et politique

Traditionnellement, l’organisation politiquedes Touaregs repose sur des confédérationsdont chacune est placée sous la direction d’unchef, nommé «amenokal», choisi pour soncharisme et sa bravoure au sein de la tribu laplus noble, c’est lui qui perçoit les impôts,gère les terres de parcours et de culture etarbitre les conflits. Il existe traditionnellementneuf confédérations politiques qui s’identifientaux régions dominées : Kel Ahaggar (ceux duHoggar), Kel Ajjer, Kel Aïr, Kel Adagh, KelTadamakkat, Kel Azawagh et Oudalan. Chacunede ces confédérations est composée de plu-sieurs tribus subdivisées en plusieurs castes,constituées du haut vers le bas de nobles (ima-jaghen) qui sont avant tout guerriers, partenten conquête et assurent la sécurité enéchange d’un tribut versé par les vassaux(imghad). Viennent ensuite les religieux (inesli-men) isolés dans des campements à l’écart,que l’on vient consulter pour leurs savoirs etleurs pouvoirs de guérison. Tout en bas de lahiérarchie sociale se trouvent les esclaves(iklan) chargés des travaux manuels.

■ ■ Statut de la femme

Dans cette société, on fait beaucoup moinsd’enfants que chez les sédentaires et la mono-gamie est de règle, même si les remariagessont fréquents. Les femmes jouissent tradi-tionnellement d’un statut inégalé dans le restedu monde musulman. Par leurs origines ama-zigh, la filiation, la transmission des biens indi-vis et des droits se tracent en ligne matrili-

néaire. Les femmes sont gardiennes de la cul-ture et des traditions, ce sont elles qui trans-mettent les savoirs aux générations futures.Cependant les déséquilibres, dûs à la colonisa-tion, ont remis en cause cette situation tradi-tionnelle de la femme touarègue.

■ ■ État du droit les concernant

Les différents régimes et les institutions qui sesont succédées dans les différents étatsconcernés, ont toujours tenu les Touaregs àl’écart de la vie politique et socio-économi-que. Au nom d’un risque d’atteinte à la sécu-rité nationale, les Touaregs sont marginaliséset opprimés, traités comme des citoyens deseconde zone.

■ ■ Les conflits récents

➜ NIGER ➜

Fin 1987 • mort du général Kountché, lenouveaux Président général Ali Saïbou montreune volonté d’ouverture avec l’amnistie politi-que et l’aide à la réinsertion à tous les exilés.Les Touaregs réfugiés acceptent de revenir auNiger.Début 1990 • 18 000 Touaregs rentrent deleur exil algérien et libyen et arrivent à TchinTarabaden selon les accords signés àTamanrasset entre Niger, Algérie et le FIDA(Fond International pour le DéveloppementAgricole). Les autorités changent d’attitude,les réfugiés sont cantonnés dans des camps.Les 4 et 5 mai, plusieurs dizaines de personnessont arrêtées et interrogées à TchinTarabaden. Le 7 mai, les jeunes Touaregs,excédés, décident d’aller libérer leurs camara-des et provoquent la mort de deux policiers.Les militaires bombardent alors la ville, tuentdes dizaines de personnes, ont recours à desarrestations massives, des exécutions publi-ques. Cet épisode prend la forme d’un « net-toyage ethnique ».15 avril 1995 • Les accords de Ouagadougouentre le gouvernement de la République du Nigeret les Organisations de la Résistance Armée(ORA) sont signés mais ne calment pas les hosti-lités. Le problème des réfugiés reste présent.Fin 1997 • Nouveau programme de rapatrie-ment

➜ MALI ➜Avril 1990 • le Mali autorise le retour dans

2

T O U A R E G S

Page 25: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

l’Adrar de 300 familles exilées en Algérie. Ellessont parquées dans des camps contrôlés parl’armée qui pratique quotidiennement desexactions et des arrestations.Juin 1990 • une soixantaine de Touaregs atta-quent le commissariat malien de Ménaka pourdélivrer leurs compagnons puis prennent lemaquis. L’Adrar de Iforas et l’Azaouad s’em-brasent. Des massacres sont commis par lesautorités maliennes… plus de 100 000 réfugiésaffluent en Algérie et en Mauritanie.6 février 1991 • Signature de l’accord depaix de cessez le feu de Tamanrasset entre legouvernement malien et les rebelles. Accordqui n’est pas respecté par les autorités, guer-res et massacres de civils reprennent.11 avril 1992 • Le gouvernement malien detransition et les représentants desMouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad(MFUA) signent un pacte de paix, nommé« pacte national » dans lequel est prévue lacréation d’un statut particulier pour les troisrégions du nord (de l’Azawad), l’intégrationdes combattants des MFUA dans les différentscorps en uniforme, un programme de rapa-triement des réfugiés, une aide au développe-ment du nord… le seul résultat concret futl’intégration de 640 combattants.Mai 1994 • Les activistes du Ganda Koy, mili-taires et milices paramilitaires d’« auto-défense » recrutant leurs membres dans lapopulation songhay, accusent la MFUA de ban-ditisme et développent une propaganderaciste contre les Touaregs. À Gao, suite à uneattaque du Front Islamique Arabe de l’Azawad(FIAA), ils assassinent toute la population civiled’un campement touareg (60 à 3 000 morts).L’armée reprend ses exactions et le conflitprend l’allure d’un règlement de comptesraciste, d’une guerre interethnique.1996 • Pacification et décentralisation dugouvernement malien.

■ ■ Les problèmes et les revendications

Face à la discrimination et aux violences dontils font l’objet, à la négation de leurs traditionset de leur identité, les Touaregs ont développédes revendications telles que :

• l’établissement d’un système éducatif adaptéau mode de vie nomade ;• l’application de la discrimination positivepour l’égalité des chances ;• la reconnaissance du tamatcheq comme lan-gue officielle ;• la possibilité d’exercer en toute liberté leurvie nomade et d’élever leurs enfants dans leurpropre culture.

■ ■ Quelques organisations touaregs

Tin Hinan, association pour l’épanouissementde la femme touarègue dont le siège est àOuagadougou, a pour objectif la défense d’undéveloppement durable qui soit compatibleavec le mode de vie touareg. Principalementbasée au Burkina-Faso mais aussi active auMali et au Niger, cette ONG est confrontée audouble défi de défendre les aspirations desfemmes et celles de la minorité saharienne ;deux missions qui se renforcent mutuelle-ment.Nomades d’Afrique dont le siège est àAgadez au Niger, a pour objectif d’aider audéveloppement des communautés autochto-nes nomades qui sont marginalisées par legouvernement nigérien et ses partenaires(Banque mondiale, FMI…), d’assurer leurdéfense du point de vue du droit et pérenniserleur culture et leurs savoirs traditionnels.L’association Survie Touarègue-Temoust,basée à Lyon, a pour objectif de faire connaî-tre le peuple touareg et de favoriser les échan-ges avec celui-ci.Tunfa, basée à Agadez, a pour objectif de par-ticiper à l’amélioration de la santé, de la pro-tection sociale et à l’amélioration des condi-tions de vie des autochtones de la région(Touaregs, Toubous et Peuls Bororo).Prodecap-Sadad est une association basée àNiamey au Niger pour la Promotion duDeveloppement Agro-Pastoral.Tagazt est une association basée à Djanet enAlgérie qui a pour objectif, la protection, la sau-vegarde et la promotion de la culture touarè-gue, en particulier son patrimoine oral, sa lan-gue et son écriture en caractères tifinagh. ■

Mali• Accords deTamanrasset, 6 janvier1991• Accords deOuagadougou, 15 avril1995

Les problèmes etles revendications• « Nous Touaregs »,1990, texte écrit par ungroupe d’intellectuelsTouaregs.• Déclaration touareg àl’ONU, Genève le 25 juillet2003.• Déclaration de la délé-gation amazigh à l’ONU,Genève en juin 2005.

3

T O U A R E G S

Page 26: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Sélection bibliographique

➜ ARTICLES ➜Edmond Bernus, automne 1987, « Les Touaregs », in Ethnies, n° 6-7, p. 7 à 13.Hélène Claudot-Hawad, automne 1987, « Les Touaregs » in Ethnies, n° 6-7, p. 15 à 19.Paul Lorsignol, 1999, « Touaregs sans frontière ? », IKEWAN-ICRA, n° 41, p. 3 à 5.Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, 1996, « La question touareg », in Monde rebelle,Michalon, p. 230 à 237.Saoudata Aboubacrine, 2006, « La femme tamatcheq au XXIe siècle », in Paroles de FemmesAutochtones, collection « Questions Autochtones », L’Harmattan, p. 61 à 70.Robin Edward Poulton, novembre 1996, « Vers la réintégration des Touaregs au Mali », LeMonde diplomatique, p. 13.Julien Brachet, avril-septembre 2004, « Le négoce caravanier au Sahara central : histoire, évolu-tion des pratiques et enjeux chez les Touaregs Kel Aïr (Niger) », p. 117-136, in Les Cahiers d’ou-tre-mer, n° 226-227, 57e année, revue de géographie de Bordeaux.André Bourgeot, 1994, « L’agro-pastoralisme des Touaregs Kel Owey (Aïr) », p. 137-156, in « Aucontact Sahara-Sahel, Milieux et sociétés du Niger », Revue de géographie alpine, hors série, vol. 1,coll. « Ascendances ».

➜ OUVRAGES ➜Hélène Claudot-Hawad, 1996, Touaregs, voix solitaires sous l’horizon confisqué, Ethnies, n° 20-21, Paris, 255 p.Edmond Bernus, 1991, Touaregs, chronique de l’Azawad, Plume.Pierre Boilley, 1999, Les Touaregs Kel Adagh, dépendances et révoltes : du Soudan français au Malicontemporain, Karthala, 644 p.Hélène Claudot-Hawad, 1993, Les Touaregs, Portrait en fragments, Edisud.André Bourgeot, 1995, Les sociétés touarègues, nomadisme, identité, résistances, Karthala, 542 p.Paul Pandolfi, 1998, Les Touaregs de l’Ahaggar, Sahara algérien, Parenté et résidence chez les Dag-Ghâli, Karthala, 472 p.Hélène Claudot-Hawad, 2001, Éperonner le monde, Nomadisme, cosmos et politique chez laTouaregs, Edisud, 197 p.Dominique Casajus, 2000, Gens de parole, langage, poésie et politique en pays Touareg, LaDécouverte, 180 p.Hélène Claudot-Hawad, 2002, Touaregs, apprivoiser le désert, La Découverte Gallimard, 143 p.Jemia et J.-M. G. Le Clésio, 1997, Gens des nuages, Folio, 190 p.

■ ■ Sélection discographique

Tinariwen, octobre 2003, Amassakoul, Triban Union, 981 767-3.Tartit, Ichichila, network medien frankfurt, 36-584.

■ ■ Manifestations culturelles et artistiques

Festival au Désert, organisé par EFES, a lieu à Essakane (Tombouctou). Événement culturel quiregroupe les ethnies du Septentrion malien, particulièrement les Tamacheq et des groupes musi-caux du Mali, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique. Beaucoup d’activités sont programméestels que conférences-débats, séminaires sur l’écriture tifinar, etc. L’objectif est de promouvoir laculture Tamatcheq, la langue et l’écriture tifinar et de favoriser le rapprochement entre le Nordet le Sud à travers la dynamique de la culture et de la paix.

4

T O U A R E G S

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 27: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

T O U A R E G S

5

Localisation des Tamatcheq.

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Conflits Touareg.

Page 28: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

La Polynésie française est un pays d’outre-merfrançais (POM) situé dans le Pacifique Sud,entre la Nouvelle-Zélande et l’Amérique duSud. Ce territoire fait partie d’un ensemble plusvaste couvrant une grande partie du Pacifiqueet formant un espace géographique appelé le«triangle polynésien», dont les sommets sontHawaï au nord, l’île de Pâques au sud-est et laNouvelle-Zélande au sud-ouest.La Polynésie française est constituée d’environ118 îles réparties en 5 archipels (Archipel de laSociété composé des îles-du-Vent et Sous-le-Vent, archipel des Marquises, des Tuamotu,des Gambier et des Australes) couvrant unesuperficie émergée (incluant les lagons) de4200 km, dispersée sur 2,5 millions de km2

équivalant à la surface de l’Europe (moins laRussie).Comme groupe ethnique, les Tahitiens for-maient en 2004 environ 44 % de la popula-tion. Viennent ensuite les métis d’Européens(les Euronésiens), des Français, des Chinoishakka et des Tuamotu. Les autres groupessont numériquement beaucoup moins impor-tants.Le nom polynésien désigne seulement lesautochtones (appelés Ma’ohi) ou globalementtous les résidents, selon le contexte. LesMa’ohi, autochtones des îles de la Société,habitent principalement l’île de Tahiti, maisleur aire culturelle déborde au nord-est surl’archipel des Tuamotou, au sud-ouest et ausud sur les îles australes ; les autochtones deNouvelle-Zélande sont également des Ma’ohi.

■ ■ Éléments d’histoire colonialeet post-coloniale

300-600 ap. J-C • Premier peuplement auxîles Marquises et dans les îles de la Société enprovenance de la Polynésie occidentale.XVIe-XVIIe siècle • « Découverte » des pre-

mières îles Tuamotu et des Marquises parMagellan au début du XVIe siècle puis poursuitedes découvertes par les Européens.1767 • « Découverte » de Tahiti par le capi-taine Wallis.Début XIXe • Règne de la dynastie polyné-sienne des Pomare.1842 • Annexion des îles Marquises et pro-tectorat français sur Tahiti et dépendances.1880 • Annexion de Tahiti par la France,création des Établissements Françaisd’Océanie (EFO).1946 • Statut de territoire d’outre-mer(TOM).1949 • Pouvanaa a Oopa (le Metua, père dela Nation) devient député et création duRDPT (Rassemblement Démocratique desPopulations Tahitiennes).1957 • Les EFO deviennent Polynésie fran-çaise.1958 • Arrestation et procès de Pouvanaa aOopa, vice président du Conseil de gouverne-ment.1962 • Implantation du Centre d’Expérimen-tation du Pacifique (CEP) [essais nucléaires].1977 • Statut d’autonomie de gestion, mortde Pouvanaa a Oopa et création du Parti indé-pendantiste Tavini Huiraatira (« serviteur dupeuple » en Ma’ohi).1980 • Le reo Ma’ohi est devenu, avec le fran-çais, l’autre langue officielle de Polynésie.1884 • Statut d’autonomie interne, GastonFlosse devient président du gouvernement duterritoire.1996 • Arrêt définitif des essais nucléaires etnouveau statut d’autonomie du territoire.Signature par la France du traité de Rarotongasur la dénucléarisation du Pacifique sud.1998 • Projet de réforme constitutionnellepour un statut de Pays d’outre-mer (POM).2003 • Révision de la Constitution, laPolynésie française devient une Collectivitéd’outre-mer (COM).2004 • Nouveau statut pour un Pays d’outre-mer, Oscar Temaru devient président de laPolynésie française.

M A’ O H I

1

Où sont-ils ?• Triangle polynésien, inAménagement linguistique.

Page 29: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Activités et ressourcesLes Ma’ohi pratiquent l’horticulture et lapêche traditionnelle, trouvent des emploisdans l’aquaculture et le tourisme. Ils sont lar-gement confrontés au chômage, aggravé par lacrise de l’économie locale et l’accroissementdémographique, et ils dépendent en grandepartie de l’aide sociale.

■ ■ Informations sur la langue

Les Polynésiens parlent des langues austroné-siennes appartenant au groupe des languesmalayo-polynésiennes orientales : le tahitien, lemarquisien, le tuamotu, le mangarévien (île deMangareva dans l’archipel des Gambier), leruturu (îles Australes), le ra’ivavae (îlesAustrales), le rapa (îles Australes), le wallisien etle futunien. Toutes ces langues sont désignéespar le terme générique (reo maohi). Le tahitienn’est la langue maternelle que de 44% desPolynésiens, mais 80% d’entre eux l’utilisentcomme langue véhiculaire. Il est égalementparlé par 73% des «demis» polynésiens, 67%des Chinois et 6% des Européens locaux, àl’exception des îles Marquises où seulement35% des habitants le pratiquent. Le tahitien estdivisé en dialectes très étroitement apparentéset est couramment écrit depuis le premierquart du XIXe siècle, époque où les missionnai-res anglais l’utilisaient comme outil d’enseigne-ment et d’évangélisation. Dans la ville dePapeete, capitale de la Polynésie française, etdans plusieurs autres centres, les autochtonespolynésiens, ainsi que la minorité chinoise,emploient une forme de pidgin tahitien pourcommuniquer entre eux. Le tahitien reste fortpeu utilisé comme langue véhiculaire chez lespopulations non tahitiennes de Papeete, bienque la plupart d’entre elles le comprennent.

■ ■ Informations sur la culture et la religion

➜ CULTURE ➜La culture Ma’ohi, longtemps dénigrée au pro-fit de la seule culture occidentale, bénéficieactuellement d’un engouement qui ne cessede s’accroître. Les événements sportifs et cul-turels qui rythment chaque année le calendriertahitien – comme les fêtes du Heiva en juillet,les courses de pirogues en haute mer deHawaïki Nui en octobre – sont l’occasion degrands rassemblements festifs.

Les usages, rites et croyances les plus men-tionnés par les jeunes, représentatifs, seloneux, de la culture Ma’ohi, sont tout d’abordl’usage des langues vernaculaires (reo Ma’ohi),la technique du tatouage, la sculpture surpierre ou sur bois ; viennent ensuite les danses« traditionnelles », les sports Ma’ohi, les ritespratiqués sur les marae – en particulier lerituel de la marche sur le feu (umu ti) –, lerécit des généalogies et enfin, les voyages desgrandes pirogues polynésiennes sillonnant lePacifique.

➜ RELIGIONS ➜Avant l’arrivée des missionnaires, lesPolynésiens étaient polythéistes et possé-daient des systèmes de croyance originaux etcomplexes. Les marae (plates-formes de pier-res rectangulaires à ciel ouvert, entouréesd’un mur d’enceinte de petite taille) étaientdes lieux de culte et de cérémonie. LesPolynésiens ont été fortement soumis à lachristianisation depuis les débuts de la coloni-sation et de nos jours, les deux confessions lesplus importantes, pour des raisons histori-ques, sont les Églises protestantes (45 %) etcatholiques (34 %). Viennent ensuite lesMormons (6 %), les Adventistes du 7e jour(4,8 %), les Sanitos (3,5 %) et les témoins deJéhovah (1,5 %).

■ ■ Organisation sociale et politique

L’organisation des Ma’ohi est très complexe ethiérarchisée, elle repose sur :• L’endogamie de lignage.• La parentèle.• La transmission de la terre d’un ancêtre àtous ces descendants par le père et par lamère.• Des groupes résidentiels fondés sur laparenté et organisés selon le principe de l’an-cienneté relative.• La hiérarchisation poussée des chefferies,caractérisée par une gradation de positionset/ou de titres qui ne sont normalement trans-missibles que dans la descendance de leurdétenteur originel.

■ ■ État du droit

Pays d’outre-mer (POM) : est un terme géné-rique qui permet de distinguer la Polynésiefrançaise d’un « territoire d’outre-mer ». Il ren-

Informations sur la culture et la religion• Alexandrine BramiCelentano, 2002, « Lajeunesse à Tahiti : renou-veau identitaire et réveilculturel », in Ethnologiefrançaise, n° 2002/4.

2

M a ’ o h i

Page 30: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

voie, par ailleurs, à la notion de loi du pays,créée par l’accord de Nouméa. Les pays d’ou-tre-mer constitueraient donc une collectivitépublique à mi-chemin entre les territoiresd’outre-mer et les États associés dont lescaractéristiques seraient les suivantes :1) un statut constitutionnel complété par uneloi organique ;2) une large autonomie avec des compétencestransférées par l’État de manière définitive ounon ;3) la possibilité de devenir membre d’organi-sations internationales et de négocier desaccords internationaux dans son domaine decompétence ;4) la possibilité d’adopter des actes de naturelégislative – les lois du pays – échappant aucontrôle du juge administratif, mais soumis,avant publication, au contrôle du Conseilconstitutionnel ;5) une citoyenneté fondée sur une conditionde résidence ou l’existence de liens particu-liers avec le pays et entraînant, le cas échéant,des conséquences juridiques, différentes selonles pays d’outre-mer.

➜ LES REVENDICATIONS ➜Malgré les mélanges ethniques qui se sontopérés au cours de l’histoire, la population des118 îles de la Polynésie française se réclamed’une appartenance à la culture polynésienneet à une identité forgée sur le sentiment : • d’une origine commune,• d’appartenance à une civilisation jadis vantéepar les sociétés occidentales,• d’un attachement à une terre ; terre qui rap-pelle à l’individu à quelle communauté ilappartient,• d’un attachement à une langue ; langue quiest garante de la cohésion de la communautéet témoin de la résistance aux bouleverse-ments de l’histoire.

■ ■ Les enjeux récents

➜ TROIS ENJEUX PRINCIPAUX ➜

• l’arrêt du fonctionnement du Centre d’Expéri-mentation du Pacifique (CEP) et la reconversiondes activités économiques qui en découlent.• Les conséquences des essais nucléaires.• l’alternance politique et l’arrivée au pouvoirdu Tavini Huiraatira (le parti politique indé-pendantiste) d’Oscar Temaru.

■ ■ Organisations Autochtones

➜ DROITS DE L’HOMME ➜En 1991 a été créée la Ligue PolynésienneIndépendante des Droits de l’Homme, Te HuiTiama (organisation de défense et de promo-tion des droits des peuples autochtones dupays Ma’ohi). Après avoir pris des contactsinternationaux, la Ligue Indépendante a faitporter son effort, en 1992, sur la constitutiond’un réseau en Polynésie même et la créationde liens qui l’inséreraient dans son « bassinnaturel », le Pacifique. Ainsi est né le réseauHiti Tau qui regroupe aujourd’hui une tren-taine d’associations (ONG) de tous les archi-pels. Le réseau est partie prenante dePIANGO (Pacific Islands Association of NonGovernmental Organisations). Les deux thè-mes principaux et inséparables des objectifsde la Ligue Polynésienne Indépendantedes Droits de l’Homme et du réseau HitiTau, sont le développement durable et lesdroits des peuples autochtones, incluant ledroit à l’autodétermination du peuple Ma’ohi.PIANGO est une association des OrganisationsNon Gouvernementales des Îles du Pacifique,basée dans 22 pays et territoires. PIANGO aété créée en 1991 pour coordonner l’action col-lective des membres et renforcer l’influence etl’impact des ONG dans la région.

➜ DÉVELOPPEMENT LOCAL ➜Les ONG du réseau Hiti tau se sont enga-gées, avec le soutien financier d’organisationsétrangères, dans des actions dites de dévelop-pement durable. Il s’agit la plupart du tempsd’initiatives économiques limitées qui n’ontpas la prétention de résoudre l’ensemble desproblèmes économiques de l’après-CEP.

➜ ASSOCIATIONS DE FEMMES ➜À Moorea, l’association des femmes ParuruMoorea, a mis sur pied plusieurs activités arti-sanales. L’objectif visé est de permettre à cesjeunes de créer leur propre structure artisa-nale ou tout au moins de créer des possibilitésde revenu de complément pour les jeunesfemmes de l’île.Hiti Tau Tuahine est la coordination femmesdu réseau Hiti Tau. C’est un organisme nongouvernemental, non confessionnel et apoliti-que, voué à la coopération internationale etqui appuie ses groupes-membres-femmes,dans leur lutte pour la reconnaissance de leursdroits universels, pour le développementdurable, pour le droit à un environnementdénucléarisé.

État du droit• Article 78 de laConstitution française.

3

M a ’ o h i

Page 31: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

➜ CONSÉQUENCES

DES ESSAIS NUCLÉAIRES ➜Mururoa e Tatou est l’association desanciens travailleurs des sites nucléaires fran-çais dans le Pacifique. Ils militent pour que

soient reconnues les conséquences sanitairesdes expérimentations atomiques militaires etqu’un cadre législatif soit mis en place au pro-fit des vétérans malades. ■

4

M a ’ o h i

■ ■ Références utiles

➜ OUVRAGES ➜Chesneaux Jean (sous la direction de), 1995, Tahiti après la bombe, quel avenir pour la Polynésie ?,L’Harmattan, 184 p.Peltzer Louise, 2002, Chronologie des événements politiques, sociaux et culturels de Tahiti et desarchipels de la Polynésie française, Au Vent des Îles, 220 p.Regnault Jean-Marc, 2005, Le pouvoir confisqué en Polynésie française, l’affrontement Temaru-Flosse, Les Indes Savantes, 183 p.Regnault Jean-Marc, 2003, Pouvanaa a Oopa, victime de la raison d’État, Les Éditions de Tahiti,162 p.Durban Jean-François, 2005, Les acteurs de la tradition en Polynésie française, L’Harmattan,346 p.Bensa A. et Rivierre J.-C., 1998, Le Pacifique, un monde épars, L’Harmattan, 214 p.Al wardi Sémir, 1998, Tahiti et la France, le partage du pouvoir, L’Harmattan, 312 p.Tessier Séverine, 2005, Polynésie, les copains d’abord, Le Bord de l’Eau, 160 p.De Deckker P. et Lagayette P., 1987, État et pouvoirs dans les territoires français du Pacifique,L’Harmattan, 184 p.Saura Bruno, 1987, Pouvanas a Oopa, père de la culture politique tahitienne, Aux Vents de Îles,476 p.Saura Bruno, 1997, Des Tahitiens, des Français. Leurs représentations réciproques aujourd’hui,Christian Gleizal, 111 p.Tetiarahi Gabriel, 1983, Papeete : un exemple de croissance urbaine accélérée, CRET/CEGET,29 p.Takau-Pomaré (princesse), 1971, Mémoires de la reine Marau Taaroa, dernière reine de Tahiti,Publication de la Société des Océanistes.De Bovis Edmond, 1991, État de la société tahitienne à l’arrivée des Européens, Société des étu-des océaniennes, 74 p.Teuira Henry, 1968, Tahiti aux temps anciens, Société des Océanistes, 672 p.

Voir aussi le roman-récit de Segalen Victor, Les Immémoriaux, coll. « Terre humaine », Plon, Paris

➜ REVUES ➜Ethnies, Printemps 1989, « Renaissance du Pacifique », n° 8-9-10.Journal de la Société des Océanistes, 2004, Spécial Polynésie française, n° 119.

➜ ARTICLES ➜Tetiarahi Gabriel, 1989, « Milieu urbain et compétition socioculturelle dans le Pacifique Sud : lecas de la Polynésie française », in Ethnies, « Renaissance du pacifique », n° 8-9-10.Saura Bruno, 2004, « Dire l’autochtonie à Tahiti. Le terme Ma’ohi : représentations, controver-ses et données linguistiques », in Journal de la Société des Océanistes, n° 119, p. 119-153.Brami-Celentano Alexendrine, 2003, « La jeunesse à Tahiti : renouveau identitaire et réveil cul-turel », in « Outre-Mer : statuts, cultures, devenirs », Ethnologie française, 2002-4.

Page 32: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Adresses internetswww.tiamaraa.com/ (TAVINI HUIRAATIRA : Front de libération de Polynésie)www.assemblee.pf/ (Assemblée de Polynésie Française)www.obsarm.org (centre de l’observatoire des armes nucléaires françaises, à voir : le rapportdéfinitif de la commission d’enquête sur les conséquences des essais nucléaires aériens(1966-1974)).

■ ■ Festivals de musiques et de danses traditionnelles

Tout au long du mois de juillet, se déroulent les festivités du Heiva I Tahiti. Elles s’organisentautour de compétitions sportives (lancer de javelot et lever de pierres) et culturelles avec deschants, des danses polynésiens et la foire artisanale.

5

M a ’ o h i

Page 33: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

M a ’ o h i

6

Triangle polynésien, in Aménagement linguistique.

Page 34: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

Le Nunavik (qui signifie en inuktitut « le grandterritoire habité ») fait partie du monde circum-polaire, comprenant (d’est en ouest) leGroenland, le Labrador, le Nunavut, la régiondes Inuvialuit des Territoires du Nord-Ouest,l’Alaska et la Sibérie (en Russie).Le Nunavik est peuplé de 9 400 Inuit, quivivent dans 15 villages, répartis le long descôtes de la baie d’Ungava, du détroit et de labaie d’Hudson. Situés de 1 000 à 1 900 kilo-mètres au nord de Montréal, tous ces villages,sauf trois, comptent moins de 1 000 habitants.Les collectivités plus considérables sont cellesde Kuujjuaq, de Puvirnituq et d’Inukjuak. Lenom Inuit (Yuit en langue de Sibérie etd’Alaska) signifie « les Hommes ». Le nomEskimo, considéré par eux comme péjoratif,signifiait «mangeur de viande crue ».La population du Nunavik est jeune : les moinsde 30 ans en représentent plus de 60 %, soitle double de la proportion correspondantedans le Sud du Québec. Chez les Inuit, le tauxde croissance naturelle de la population est detrois à quatre fois supérieur à la moyenne qué-bécoise. Depuis les années 1950, l’espérancede vie s’y est largement accrue, la moyennepassant de 48 à 64 ans.Le territoire inuit du Nunavik couvre quelque505 000 km2, ce qui correspond au tiers de laprovince de Québec. Aucune route ne relieles collectivités du Nunavik entre elles, ni leNunavik au Sud de la province.

■ ■ Éléments d’histoire

Depuis plus de 4000 ans • les Inuit duQuébec nordique occupent le territoire duNunavik.À partir du XVIIIe siècle • le contact entrel’Europe et le Nunavik a surtout été assuré parles missionnaires anglicans, les marchands defourrures et la Compagnie de la baie d’Hudson.

1867 • Le territoire du Nunavik – autrefois laTerre de Rupert – a été cédé au Canada àl’époque de la Confédération.1912 • La loi sur l’extension des frontièrestransfère à la province de Québec la compé-tence sur le territoire du Nunavik, à la condi-tion de régler les revendications territorialespendantes des autochtones.1960 • Création de la Direction Générale duNouveau Québec.1975 • Signature de la Convention de la Baie-James et du Nord Québécois (CBJNQ) entreles Inuit, les Cri et les gouvernements duQuébec et du Canada.1999 • Le Québec créé la Commission duNunavik dont la mission est de proposer uneforme de gouvernement autonome pourgérer ce territoire.

■ ■ Activités et ressources

Adaptés aux rudes conditions de leur milieu, lesInuit, équipés d’arc, de kayak et de traîneaux àchien, vivaient exclusivement de chasse et depêche. Le phoque était leur aliment de base. Cemode de vie semi-nomade a disparu avec lasédentarisation des villages, dans les années 1950,qui bouleversa leur mode de vie. Cependant denombreuses personnes perpétuent un mode devie traditionnel en complément à d’autres activi-tés modernes citadines, même si le fusil a rem-placé le harpon et la motoneige le traîneau. Lemouvement coopératif joue un rôle de premierplan dans l’évolution économique du Nunavik. LaFédération des Coopératives du Nouveau-Québec et la Société Makivik sont les principauxacteurs économiques de la région.

■ ■ Informations sur la langue et la religion

Leur langue maternelle, l’inuktitut, est parlée par95% des Inuit. Elle demeure la principale langue

I N U I T D U N U N AV I K

1

Où sont-ils ?• Carte « Les communautéautochtones au Québec ».

Page 35: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

parlée car elle est riche, souple et s’adapte auxréalités contemporaines. La langue seconde de lamajorité des Inuit reste l’anglais, mais l’emploi dufrançais est en nette progression.Les croyances inuit traditionnelles sont uneforme d’animisme, selon lequel tous les objetset les êtres vivants ont une âme. Tous les phé-nomènes surviennent par l’action d’un esprit.La personne pouvant le mieux maîtriser lesesprits est le chaman que l’on consulte habi-tuellement pour guérir des maladies et résou-dre des problèmes graves. La plupart des ritescommunautaires sont concentrés sur la prépa-ration de la chasse et les mythes traitent sou-vent des relations qui existent entre les êtreshumains, les animaux et l’environnement.Dans le Canada arctique, le Groenland, leLabrador et le sud de l’Alaska, un grand nom-bre d’Inuit se sont convertis au christianisme.Les Inuit vivaient traditionnellement dans desiglous (Iglu en Inuktitut qui signifie « maison »)faits de peau ou de blocs de glace.Aujourd’hui, la majorité des Inuit vivent dansdes habitations de style occidental construitespar les gouvernements.

■ ■ Informations sur la culture

L’Inuit Qaujimajatuqangit (IQ) est le savoir tra-ditionnel inuit.Les Inuit ont un code de comportement établidepuis longtemps qui repose sur des valeurset des pratiques consacrées. Ces valeurs sontcommuniquées aux jeunes Inuit dès leur plusjeune âge par des contes, des chansons, desmodèles de comportement et des légendesqui parlent du succès associé au fait de les gar-der en mémoire.Valeurs relationnelles • Partage, généro-sité, famille, respect, amour, écoute, égalité,importance et confiance.Valeurs liées au travail • Bénévolat, res-pect, pratique, maîtrise de la situation, travaild’équipe, coopération, unité, consensus etconservation.Valeurs liées à la collaboration • Patience,endurance, improvisation, force, adaptabilité,résilience, ingéniosité, capacité à aller del’avant, vision, survie, interdépendance et hon-nêteté.Ces valeurs sont basées sur les huit principesdirecteurs du Pinasuaqtavut, ainsi :• Inuuqtigiitsiarniq : respect de l’autre, rap-ports avec l’autre et compassion envers lesautres ;• Tunnganarniq : promouvoir un bon état d’es-

prit en étant ouvert, accueillant et intégrateur• Pijitsirarniq : servir la famille et la commu-nauté ;• Aajiiqatigiingniq : discuter et développer desconsensus pour la prise de décision ;• Pilimmaksarniq/Pijariuqsarniq : le développe-ment des compétences par la pratique, l’effortet l’action ;• Piliriqatigiingniq/Ikajuqtigiinniq : travaillerensemble dans un but commun ;• Qanuqtuurniq : innovation et ingéniosité dansla recherche de solutions ;• Avatimik Kamattiarniq : respect et soin de laterre, de la faune et de l’environnement.

■ ■ Organisation sociale et politique

La famille – qui comprend le noyau familial, lesparents proches et les parents par alliance –est l’unité sociale la plus importante.La nourriture, comme le gibier et le poisson,est considérée comme la propriété de la com-munauté. La loi sociale sous-jacente est l’obli-gation d’aider son prochain. Les railleries de lacommunauté sont le moyen de contrôle socialle plus courant. Dans des cas extrêmes, aprèsd’interminables délibérations, un délinquantpeut être socialement banni ou même mis àmort. En l’absence de toute structure légalecommunautaire, faire du mal à autrui met endanger son propre groupe familial (qui esttenu responsable du délit) et une vendetta parle sang devient possible. Les manifestationsd’émotions trop vives sont fermementcondamnées. Certains groupes règlent lesconflits par des combats ou des duels de chan-sons, au cours desquels les protagonistes encolère improvisent des chansons insultantes ;le perdant peut alors être chassé de la com-munauté.Les alliances entre personnes non parentessont créées et entretenues par des cadeauxdonnés en témoignage de respect. Le chefd’une maisonnée offre même parfois la com-pagnie de la femme la plus estimée, qui peuttoutefois refuser.La vie sociale est très peu hiérarchisée et leschefs, choisis uniquement en vue d’objectifsprovisoires, ne disposent que de peu d’autorité.

■ ■ Questions de genre

Dans la culture traditionnelle les mariages, bienque parfois arrangés, sont généralement ouverts

2

I N U I T D U N U N AV I K

Informations sur la culture•Texte dans sonintégralité sur leQaujimajatuqangit (IQ)(site internet du ministèredes Ressources humaines).

Page 36: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

au choix individuel. La monogamie est d’usage,mais la polygynie et la polyandrie existent aussi.Le mariage, qui est une quasi-nécessité pour lasurvie physique, est fondé sur une division strictedu travail. Chacun des époux conserve ses pro-pres outils, ses biens domestiques et d’autrespossessions personnelles. Les hommes construi-sent les maison, chassent et pêchent, tandis queles femmes font la cuisine, préparent les peauxd’animaux et fabriquent des vêtements.

■ ■ État du droit les concernant

➜ CITOYENNETÉ ➜Citoyens canadiens, les Inuit sont assujettisaux lois fédérales et provinciales sur la taxationet la fiscalité.

➜ AUTONOMIE GOUVERNEMENTALE

DU NUNAVIK ➜En 1989 • Les Inuit créent le comité consti-tutionnel du Nunavik et lui confient le mandatd’élaborer un projet de constitution axé surles structures d’un éventuel gouvernementrégional.En 1999 • Les gouvernements du Québec etdu Canada concluent un accord politique avecles Inuit en vertu duquel le Québec crée laCommission du Nunavik, dont la mission estde proposer une forme de gouvernementautonome pour gérer ce territoire.En 2002 • Le Québec et les Inuit concluentl’Entente Sanarrutik en vue d’accélérer ledéveloppement économique et communau-taire du Nunavik.En 2003 • Les trois parties signent uneEntente cadre portant sur les négociations àentreprendre pour former ce gouvernement.En 2004 • Le gouvernement du Québec etl’administration régionale Kativik signentl’Entente Sivunirmut qui permet de regrouperune grande partie du financement provenantde plusieurs ministères et organismes en uneseule enveloppe globale.

➜ EXPLOITATIONS MINIÈRES ➜Au milieu des années 1990, l’ouverture desmines de Troilus et de Raglan, dans le nord duQuébec, a marqué le début de la participationactive des autochtones à l’industrie minière duQuébec, grâce à des accords et des alliancesavec les entreprises. L’entente Sanarrutikengage le gouvernement du Québec à faciliterla conclusion d’ententes entre les Inuit(Makivik corporation) et les sociétés minièresen ce qui concerne la remise en état desmines, les accords financiers, l’embauche d’ef-

fectifs et l’attribution de marchés de services.

➜ ENTENTES CONCLUES AVEC LES INUIT ➜Le 21 octobre 1998 • Entente cadre concer-nant la région Kativik.Le 29 juin 1999 • Entente particulièreconcernant l’enveloppe de financement pourle développement des communautés inuites.Le 5 novembre 1999 • Création de la com-mission du Nunavik.Le 5 novembre 1999 • Accord politiqueentre la partie Nunavik, le gouvernement duQuébec et le gouvernement fédéral pourl’examen d’une forme de gouvernement auNunavik par l’institution d’une Commission duNunavik.Le 9 avril 2002 • Entente de partenariat surle développement économique et communau-taire au Nunavik.Le 26 juin 2003 • Entente cadre de négocia-tion sur la fusion de certaines institutions et lacréation d’une nouvelle forme de gouverne-ment au Nunavik.Le 31 mars 2004 • Entente Sivunirmutconcernant le financement global de l’adminis-tration régionale Kativik (ARK).Le 24 novembre 2004 • Modification (n° 1)à l’Entente concernant le financement globalde l’administration régionale Kativik.Le 16 août 2005 • Modification (n° 2) àl’Entente concernant le financement global del’administration régionale Kativik.Le 31 mars 2006 • Modification (n° 3) àl’Entente concernant le financement global del’administration régionale Kativik.Le 31 mars 2006 • Entente concernant lefinancement global de l’administration régio-nale Kativik, version administrative consolidée.

■ ■ Les problèmes et les revendications

La sédentarisation a provoqué, comme pour lamajorité des Amérindiens du Québec, d’im-portants bouleversements des modes de vieet de nombreux problèmes comme le chô-mage et le suicide. Le Nunavik est gravementtouché et a connu ces dernières années uneprogression importante.Un problème écologique, celui du réchauffe-ment de la planète, alarme particulièrementles Inuit qui craignent un amincissement de lacouche de glace Ce qui les empêcherait de sedéplacer, de chasser et de pêcher.La pollution est une autre préoccupation alar-mante. En effet, le taux de BPC (Biphenyls

État du droit les concernant• Entente Sanarrutik.• Entente cadre.• Entente Sivunirmut.

3

I N U I T D U N U N AV I K

Page 37: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

4

Polychlorinés) chez les enfants inuit duNunavik est quatre fois plus élevé que celuides enfants blancs du sud du Québec. Les Inuitdu Québec peuvent ainsi revendiquer le tristetitre de population la plus contaminée dumonde.

■ ■ Organisations autochtones

À la fin du XXe siècle, les Inuit ont créé desorganismes chargés de représenter leurs inté-rêts. De tels organismes ont, par exemple,contribué à répondre aux revendications terri-toriales. L’International Inuit Circumpolar,Conférence (ICC) fondée en 1977, se réunittous les trois ans. Elle offre un forum aux Inuitdu Groenland et d’Amérique du Nord pourdiscuter des problèmes courants, faire pres-sion pour les intégrer dans les plans de déve-

loppement économique, et promouvoir laprotection de l’environnement.La Société Makivik, constituée en 1978, estle porte-parole des Inuit en ce qui concerne laprotection de leurs droits et de leurs intérêtsliés à la CBJNQ. Société sans but lucratif,appartenant aux Inuit du Nunavik, Makivik apour mission première de protéger l’intégritéde la Convention et concentre ses efforts surle développement politique, social et écono-mique du Nunavik.• Site internet : www.makivik.orgL’Institut Culturel Avataq est un organismesans but lucratif qui se consacre à la protectionet à la promotion de la langue et de la culturedes Inuit du Nunavik. L’institut offre les pro-grammes et services suivants : programme depromotion de l’inuktituk, musées du Nunaviket collection d’art inuit.• Site internet : www.avataq.qc ■

I N U I T D U N U N AV I K

■ ■ Sélection bibliographique

➜ OUVRAGES ➜Therrien Michèle, 1999, Printemps inuit. Naissance du Nunavut, Montpellier, Indigènes, 143 p.Bernard Saladin d’Anglure, 2006, Être et renaître inuit, homme, femme ou chamane, Gallimard,429 p.

➜ ARTICLES ➜Morin Françoise, Recherche amérindiennes au Québec, vol. XXXI, n° 3, p. 25-36.Morin Françoise et Saladin d’Anglure Bernard, 1995, « L’ethnicité, un outil politique pour lesautochtones de l’Arctique et de l’Amazonie », Études/Inuit/Studies, 19 (1), p. 37-68.Morin Françoise, 2001, « La construction de nouveaux espaces politiques inuit à l’heure de lamondialisation », Recherche amérindienne au Québec, vol. XXXI, n° 3, p. 25-36.Saladin d’Anglure Bernard, 1992, « La Conférence inuit circumpolaire et la protection desdroits collectifs des peuples », in H. Giordan, Les Minorités en Europe. Droits linguistiques et droitsde l’homme, Paris, Kimé.

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 38: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

L’origine du peuplement de la Nouvelle-Calédonie est mal connue. Les peuplesautochtones du Pacifique insulaire sont origi-naires d’Asie, selon certains de l’actuelleMalaisie, selon d’autres du Sud de la Chine oude Taïwan. Ces peuples se distinguent nette-ment des premiers habitants de l’Australie, lesancêtres des Aborigènes.La Nouvelle-Calédonie est un archipel duPacifique Sud de 19 103 km2 (deux fois laCorse), de 400 km de long et large de 42 km.Elle est composée, outre la Grande Terre, detrois grandes îles (dîtes de Loyauté) au largede la côte est (Ouvéa, Lifou, Maré), d’une aularge du sud-est (l’île des Pins) et de deuxarchipels de petites îles qui prolongent la terreprincipale au nord-ouest (les îles Nénémas etBélémas). La Grande Terre est très escarpée,constituée de massifs montagneux culminant àprès de 400 m.Les derniers chiffres concernant la populationde la Nouvelle-Calédonie sont très variables. Ilsoscillent entre 220000 et 235000 habitants (soit12 à 19% de plus qu’en 1996, date du dernierrecensement) se répartissant entre Kanak(42,5%), résidents de souches européennes,principalement française (37,1%), Wallisiens(8,4%), Polynésiens (3,8%) et résidents d’au-tres origines, essentiellement des Indonésiens etdes Vietnamiens (8,2%). Près de la moitié de lapopulation est âgée de moins de 25 ans.

■ ■ La dénomination du peupleautochtone

La dénomination de la population autochtonede la Nouvelle-Calédonie a varié selon lesépoques. L’évolution des pratiques n’est passans lien avec les préoccupations politiques dumoment. Le terme « kanak » a été utilisé rapi-dement. Il signifie « homme », à l’origine dansles langues polynésiennes. Il fut d’abord écrit

en français (« canaque »). Puis, considérécomme brutal ou injurieux, ce mot (qui faitpartie du riche vocabulaire d’insultes du capi-taine Haddock dans les albums de Tintin), alongtemps été remplacé par « mélanésien »,d’une tonalité jugée moins agressive, mais ausens ambigu puisque Papous ou Fidjiens sonttout autant des « Mélanésiens » que les Kanak.Puis les Kanak eux-mêmes ne virent plus dansle mot une injure, mais plutôt une affirmationde leur singularité, fière, voire provocante.Dés qu’ils l’employèrent eux-mêmes, le motfut perçu comme vaguement dangereux ; onvoulut au moins conserver l’orthographe« canaque ». Mais « kanak » l’emporta irrésisti-blement. Le débat s’est alors porté sur le pointde savoir si le mot s’accorderait en nombre(des Kanak), voire en genre (la communautékanake). Les tenants de l’accord, au moins ennombre – qui paraît grammaticalement fondé– ont semblé d’abord triompher, mais ils ontfini par céder lorsque les indépendantistes ontfait du caractère invariable du mot une vérita-ble revendication. Pour souligner le caractère« non français » du mot et donc de la popula-tion ? Parce que, s’il est invariable, le motdevient « symétrique », se disant dans les deuxsens. Toujours est-il que si les accords deMatignon de 1988 évoquent les« Mélanésiens », mais créent une « Agence deDéveloppement de la Culture kanak », l’ac-cord de Nouméa, dix ans plus tard, ne citeplus que des « Kanak ».Source : Alain Chistnacht, p. 16-17.

■ ■ Éléments d’histoire

1774 • Les Kanak découvrent James Cook depassage sur leur terre. Le capitaine britanni-que donne à l’île le nom de « Nouvelle-Calédonie ».1853 • L’amiral Febvrier-Despointes prendpossession au nom de la France de laNouvelle-Calédonie et de ses dépendances.1863 • Création du bagne de Nouméa.

K A N A K

1

Où sont-ils ?• Carte, le Mondediplomatique, janvier1996.• Carte, le Mondediplomatique, part de lapopulation mélanésiennedans les 3 provinces.

Page 39: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

1872 • Première déportation de Communards,parmi lesquels Louise Michel.1878 • Grande rébellion menée sous l’impulsiondu chef Ataï, des Kanak du centre de l’île.L’insurrection dure un an, fera 200 victimesparmi les Blancs et plus de 1000 parmi les Kanak.1917 • Seconde révolte kanak dans le Nord-est de l’île.1946 • Abolition du Code de l’Indigénat; lesKanak deviennent citoyens français à part entière.1956 • Loi cadre Deferre permettant auxKanak de participer aux affaires locales et àl’économie.1969 • Début du boom du nickel et créationdes « foulards rouges » par des étudiants kanakrevenus de métropole.1975 • Organisation du festival Mélanésia2000.1979 • Constitution du Front Indépendantiste.1984 • Le FI se dissout pour laisser place auFLNKS qui boycotte les élections territoriales.Dix militants indépendantistes sont assassinésà Hienghène.1985 • Edgar Pisani, envoyé comme média-teur, annonce ses propositions en vue d’uneIndépendance-Association avec la France. EloiMachoro et Marcel Nonaro sont abattus par leGIGN. Mise en place du nouveau statut (ditFabius-Pisani) qui permet aux indépendantis-tes kanak de prendre le contrôle de troisrégions sur quatre.1986 • La Nouvelle-Calédonie est inscrite surla liste des Nations Unies des territoires non-autonomes ayants vocation à être décolonisé.1988 • Événements d’Ouvéa. Réélection deFrançois Mitterrand. Envoi par Michel Rocard,Premier Ministre, d’une «mission du dialogue».Le 26 juin, signature des Accords de Matignon.1989 • Le 5 mai, assassinat sur l’île d’Ouvéade Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné.1990, Paul Néaoutyine est élu Président duFLNKS.1997 • Inauguration du centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa.1998 • Accords de Nouméa. l’État, le RPCR etle FLNKS négocient et s’accordent sur un statut,qui est censé amener le pays, par un processusprogressif et irréversible, à la pleine souverainetédans 15-20 ans. Par ailleurs, ce processus doitconstruire une citoyenneté propre à la Calédoniedont la base doit demeurer l’identité kanak.

■ ■ Activités et ressources

Traditionnellement, les Kanak cultivent desplantes à tubercules (ignames, taros) et cannes

à sucre, bananiers, arbres à pain, selon la tech-nique de l’essartage (mise à feu de la végéta-tion, séchage pendant la saison sèche, mise enculture puis jachère qui permet la repousse etdéplacement de la parcelle cultivée). Parendroits, la pêche joue aussi un rôle impor-tant. Avant la colonisation, qui débuta officiel-lement en 1853, les Kanak se répartissaient enpetits hameaux de taille variable dans les val-lées et sur le bord de mer. Dans la secondemoitié du XIXe siècle, l’installation de colonseuropéens sur les terres des Mélanésiens obli-gea les populations autochtones à se regrou-per sur des territoires restreints, des réservesappelées « tribus ». Ainsi, les colons européensse constituèrent des « propriétés » dans l’inté-rieur et sur le littoral. S’adonnant essentielle-ment à l’élevage extensif puis à la caféiculture,ils s’appuyèrent sur le code de l’indigénat, lesMélanésiens devant payer un impôt qui lesobligeait à travailler pour les colons. Certainss’engagèrent dans la culture du café sans pourautant abandonner leur ressource principale,l’agriculture d’autosubsistance.Source : Chronique kanak, p. 241.

■ ■ Informations sur la langue, la religion

Il existe aujourd’hui 28 langues kanak parléesen Nouvelle-Calédonie. Le nombre de locu-teurs varie de 11 338 pour le Drehu de Lifou à4 pour le Sîchë de Bourail. On peut les rassem-bler selon les huit aires linguistiques et coutu-mières, inscrites dans le droit depuis lesaccords de Matignon, cinq sur la Grande-Terreainsi que dans les trois îles Loyauté.L’intercompréhension est permise par le mul-tilinguisme et par l’usage aujourd’hui généra-lisé du français comme langue véhiculaire.La plupart des Kanak sont catholiques ou pro-testants, souvent très pratiquants, mais lacroyance en des ancêtres et des êtres nonhumains a encore une grande influence.

■ ■ Organisation sociale et politique

La terre, la parenté, la chefferie jouent un rôleimportant dans l’organisation sociale kanak.La terre est pour les Kanak un espace où lessignes abondent. Son utilisation économique estinséparable de ses significations culturelles. Ainsi,la culture des ignames et des taros est un acteidentitaire autant qu’économique. Aujourd’hui

2

K A N A K

Page 40: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

encore, les Kanak vivant en milieu urbain, mêmeles mieux intégrés dans la ville et leur métier, s’ef-forcent de revenir périodiquement sur leurs ter-res pour s’occuper de la culture de leurs ignames.Le «clan» est constitué de plusieurs famillesqui se rattachent, par les hommes, à un ancê-tre commun.Des clans, en nombre variable, se sont organi-sés en chefferies. Dans l’ensemble de clansque la colonisation dénommera «tribu», lesfonctions sociales ont été distribuées une foispour toutes selon la tradition. Ainsi, les maî-tres de la terre ont la mémoire de l’espacefoncier et donc des droits d’usage. Le chef, quijouit de grandes marques de respect – offran-des, case marquée d’attributs – est la clef devoûte du système coutumier ; il incarne la tra-dition par sa présence et ses actes symboli-ques (il mange la première igname).Les «coutumes» que l’on « fait » (« faire lacoutume ») aujourd’hui entre Européens etKanak – échange de billets de banque et depaquets de tabac rangés dans une étoffe pliée– généralement à l’occasion d’un passage dansune tribu, sont une version appauvrie, au pointd’en devenir parfois incompréhensible, des« gestes coutumiers » prescrits par les coutu-mes kanak pour certains événements sociaux.

■ ■ Questions de genre

Les relations entre hommes et femmes sontmarquées par une forte division des tâches.Les femmes jouent un rôle central dans l’en-tretien quotidien de la famille : s’occuper desenfants, aller chercher la nourriture dans leschamps, transporter le bois, puiser l’eau, fairela cuisine. Les hommes travaillent aux champsou vont pêcher, mais se consacrent aussi beau-coup à la réflexion à l’érudition nécessaire aubon fonctionnement de la vie sociale élargie.La société kanak a une nette idéologie de ladomination masculine. Notons toutefois quecertaines femmes kanak d’aujourd’hui contes-tent cette situation et aspirent à d’autres for-mes de reconnaissance sociale.Source : chronique kanak, p. 47.

■ ■ État du droit les concernant

L’accord de Nouméa, signé en mai 1998, entre legouvernement français, le FLNKS et le RPCR, aradicalement modifié le système politique etadministratif de la Nouvelle-Calédonie. Aux ter-

mes de cet accord, les parties néo-calédoniennesont opté pour une solution négociée et une auto-nomie progressive vis-à-vis de la France et nonpour un référendum immédiat sur le statut politi-que. Le transfert de compétence a commencé en2000 et doit prendre fin dans 15 à 20 ans lorsquele territoire se prononcera pour l’indépendancetotale ou pour un statut d’État associé.

■ ■ Les partis politiques

La vie politique en Nouvelle-Calédonie s’orga-nise traditionnellement autour de partis locauxqui n’ont pas tous des liens avec des partispolitiques nationaux. Historique des forma-tions indépendantistes :L’Union Calédonienne (UC) créée enmars 1956 est le plus ancien des partis politi-ques aujourd’hui présents en Nouvelle-Calédonie. Bien implantée traditionnellementdans un grand nombre de tribus, l’UC disposede ressources politiques pour jouer un rôledominant dans la coalition indépendantiste.Le Palika (Parti de Libération Kanak), créé en1975 par de jeunes intellectuels influencés par lemarxisme et résolus à remettre en cause lasuprématie de l’UC. Il est marqué par la person-nalité de Paul Néaoutyine proche de J.-M.Tjibaou et président du FLNKS de 1989 à 1995.Le LKS (Libération Kanak Socialiste) est issud’une scission du Palika en 1981. Le LKS estinséparable de la personnalité de N. Naisseline,grand chef dans l’île de Maré.Le FLNKS (Front de Libération NationaleKanak Socialiste), créé en septembre 1984 estcomposé aujourd’hui de l’UC, du Palika, del’UPM et du RDO (Rassemblement desWallisiens et Futuniens qui se sont ralliés à l’in-dépendance).

■ ■ Les organisations autochtones

CNDPA (Conseil National des Droits duPeuples Autochtones de Nouvelle-Calédonie),créé le 25 avril 1995 par les grands chefs et deschefs coutumiers représentant les huit airescoutumières du pays kanak, des représentantsdu mouvement associatif, des représentantsdes mouvements politiques et syndicaux.Agence Kanak de Développement. Elle jouele rôle d'organisation relais entre projets dedéveloppement économiques et culturels locauxet organisations non gouvernementales (étudesdes projets, aide à la gestion, recherches dessoutiens techniques et financiers, rapports). ■

Informations sur la langue, la religion• Site Internet :l’aménagementlinguistique

État du droit les concernant• Accords de Matignon,26 juin 1988.• Accords de Nouméa, 5 mai 1998.

3

K A N A K

Page 41: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

4

K A N A K

■ ■ Sélection bibliographique

➜ OUVRAGES ➜Alban Bensa, 1995, « Chronique kanak, l’ethnologie en marche », Ethnies, 349 p.Michael Spencer, Alan Ward, John Connell, 1989, Nouvelle-Calédonie, Essais sur le nationalismeet la dépendance, L’Harmattan, 304 p.Paul Néaoutyine, 2006, L’indépendance au présent, Identité kanak et destin commun, Syllepse,190 p.Alain Christnacht, 2004, La Nouvelle-Calédonie, Les études de la Documentation française,174 p.Alban Bensa, 1990, Nouvelle-Calédonie, un paradis dans la tourmente, Gallimard.Alban Bensa, 1982, Les Chemins de l’Alliance, l’organisation sociale et ses représentations enNouvelle-Calédonie, Selaf, 586 p.Didier Daeninckx, Cannibale, Verdier, 96 p.Patrick Paitel, 1985, L’enjeu kanak, France-Empire, 301 p.Claude Gadriek, Vincent Kermel, 2003, Nouvelle-Calédonie, la révolte kanake, Payot, 238 p.Alban Bensa, 1990, Nouvelle-Calédonie, Vers l’émancipation, Découverte Gallimard, 175 p.Jean-Marie Tjibaou, 1996, La présence kanak, Odile Jacob, 326 p.

➜ ARTICLES ➜Jean Guiart, automne 1985, « Les Kanak de Nouvelle-Calédonie », p. 6-14, in Ethnies, n° 3,Papous Kanak Aborigènes.J.-F. Dupon, printemps 1989, «Entretien avec André Gopea, L’éducation en Nouvelle-Calédonie»,in Ethnies, nos 8-9-10, Renaissance du Pacifique.Alban Bensa, Jean Freyss, 1994, « La société kanake est-elle soluble dans l’argent… ?», inTerrain, n° 23, Les usages de l’argent.Nicolas Guillemard, 1998, « Terre kanake et identité autochtone », in Recherches amérindiennesau Québec, vol XXVIII, n° 1, p. 81-86.Jean-Marie Tjibaou, 1981, « Être mélanésien aujourd’hui », Esprit, n° 57, p. 81-93.

➜ RAPPORTS ➜Assemblée générale des Nations Unies, mars 2005, « Comité spécial chargé d’étudier lasituation en ce qui concerne l’application de la déclaration sur l’octroie de l’indépendance auxpays et peuples coloniaux : document de travail sur la Nouvelle-Calédonie », 18 p.

■ ■ Sélection discographique

Nouvelle-Calédonie, danses et musiques kanak, VDE/ConcordJean-Michel Beaudet, Kaloonbat Tein et Lionel Weiri, 1990, Chants Kanak, cérémonies etberceuses, CD CNRS-Musée de l’Homme, Le Chant du Monde, Paris, LDX 274 909.

■ ■ Sélection filmographique

Emillo Pacull, 1998, Emma, tribu kanak aujourd’hui, La sept Arte/Gaumont Télévision, 55 min.Charles Belmont, 1997, Les Médiateurs du pacifique, MK2 prod, 1 h 55 min.Gilles Dagneau, 1998, Jean-Marie Tjibaou, La Parole assassinée, RFO, 52 min.Mehdi Lallaoui, 2000, Jean-Marie Tjibaou ou le rêve d’indépendance, La sept Arte, 1 h 04 min.Jean-Louis Comolli, 2004, Les Esprits du Koniambo, Archipel 33/Arte France, 89 min.

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 42: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

5

K A N A K

Le Monde diplomatique, janvier 1996.

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Part de la population mélanésienne dans les trois provinces, Le Monde diplomatique, janvier 1996.

Page 43: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Qui sont-ils, combien sont-ils, où sont-ils ?

Les Amérindiens du Québec sont composésde dix nations distinctes regroupées en deuxfamilles linguistiques et culturelles : algonkineet iroquoise. Ces deux familles représentent72 000 Amérindiens inscrits soit environ 1 %de la population du Québec.Les Algonkins qui regroupent huit nations (lesAbénaquis, les Algonkins, les Attikameks, lesCris, les Malécites, les Micmacs, les Innus et lesNaskapis) vivent sur des territoires qui s’éten-dent à toute la forêt boréale, d’ouest en est,depuis la baie James jusqu’à la pointe de laGaspésie.Les Iroquois qui regroupent deux nations (lesHuron-Wendat et les Mohawk) occupaient laplaine fertile du Saint-Laurent, là où se sontdéveloppés les grands centres urbains qu’ilscôtoient aujourd’hui.À ces deux familles s’ajoutent les Inuit, issusd’une vague de peuplement différent qui for-ment un groupe ethnique distinct.

■ ■ Éléments d’histoire colonialeet post-coloniale

1535-1536 • Voyages de Jacques Cartier1604 • Début de la colonisation.1608 • Champlain fonde « l’habitation deQuébec » sur le Saint-Laurent.1637 • La première réserve amérindiennecanadienne est établie à Sillery près deQuébec.1755 • Création d’un Ministère des AffairesIndiennes, pour favoriser les alliances avec lesgroupes autochtones.1763 • Signature du Traité de Paris par lequella France perd sa colonie du Canada, au profitde l’Angleterre. Le Québec compte soixantemille Indiens et soixante mille Blancs. Les pre-mières réserves sont créées et placées sous laprotection de la couronne d’Angleterre ;de 1763 à 1921, les Premières Nations céde-

ront, par traités, plus de 2 millions de kilomè-tres carrés.1867 • Naissance de la ConfédérationCanadienne.1874 • Le gouvernement du Canada crée desinternats pour les enfants dans le but d’assimi-ler les autochtones.1876 • L’Acte des Sauvages (devenu ultérieu-rement la Loi sur les Indiens) est promulgué etstipule « qu’un autochtone doit abandonnerson statut pour obtenir la citoyenneté cana-dienne », elle les dépouille ainsi de toute capa-cité juridique en même temps qu’elle leurenlève toute autonomie économique.1884 • La Loi sur les Indiens est amendéepour interdire de nombreuses coutumes tra-ditionnelles.1951 • Adoption de nouvelles modifications àla Loi sur les Indiens. qui ont pour effet d’an-nuler l’interdiction empêchant ces derniersd’accomplir des cérémonies traditionnelles.1960 • Les autochtones obtiennent le droitde vote aux élections fédérales et provinciales.1966 • Un nouveau Ministère des AffairesIndiennes est créé. Le Québec comptesoixante et onze mille Indiens et sept millionsde Blancs.1973 • Adoption d’une nouvelle politiquefédérale sur les droits ancestraux (revendica-tions territoriales globales).1975 • La Convention de la Baie Jamesaccorde à des groupes Cri et Inuit des droitsde propriété, de chasse et de piégeage et uneindemnité de 225 millions de dollars.1982 • La nouvelle Constitution canadiennereconnaît les « droits ancestraux » des« autochtones » (Indiens, Métis, Inuit), fondéssur l’occupation traditionnelle d’une terre.1983 • Reconnaissance des droits des nationsautochtones par le gouvernement du Québec :« les peuples aborigènes du Québec sont desnations distinctes qui ont droit à leur culture,leur langue, leurs coutumes et traditions ainsique le droit d’orienter elles-mêmes le déve-loppement de cette identité propre ».1998 • Ottawa propose « une approche poli-

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

1

Où sont-ils ?• Carte, Olivier Podevins.

Page 44: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

tique globale et à long terme » ; partage desrecettes de l’exploitation des ressources, par-ticipation des autochtones aux décisions tou-chant l’environnement et promesse de négo-cier l’autonomie gouvernementale. Le butavoué des autorités est de définir « les droitsdes groupes autochtones sur les terres et res-sources » et de « promouvoir leur autosuffi-sance ».

■ ■ Activités et ressources

Les dix nations amérindiennes du Québecsont différentes les unes des autres. De fait, àl’intérieur d’une nation, voire d’une commu-nauté, le mode de vie et la situation économi-que des membres peuvent varier beaucoup.Le niveau économique d’une nation ou d’unecommunauté change aussi en fonction de troisfacteurs principalement : la proximité des mar-chés, le lien avec le réseau routier et le niveaude scolarisation.Quelques exemples :Algonkin, l’activité économique graviteautour de l’exploitation forestière, du tou-risme, de l’artisanat.Cri, l’activité traditionnelle de chasse et depêche a été transformée par la Convention dela Baie James et du Nord-Québecois, signéeen 1975, entraînant la création de nombreusesentreprises et de plusieurs organismes admi-nistratifs.Innu, les communautés innu sont très diffé-rentes par leur développement socio-écono-mique : commerces et entreprises, pourvoi-ries, chasse et pêche traditionnelles et com-merciales (rivières à saumon).Micmac, la pêche au saumon fait toujourspartie de leur mode de vie.

■ ■ Quelques informations sur la langue et la culture

Une cinquantaine de langues autochtones(amérindiennes et inuit) sont encore parléesau Canada (par rapport à une soixantaine il y aune petite génération), mais beaucoup le sontpar un petit nombre de personnes générale-ment âgées. Neuf de ces langues – l’iuktitut, lecri, l’innu-montagnais, l’atikamekw, l’algonkin,le naskapi, le micmac, le mohawk et l’abénaki– sont parlées au Québec où le huron-wendatet le malécite ont disparu. Au Québec, laconnaissance des langues autochtones est plusrépandue que dans le reste du Canada, 46,5 %

des autochtones québécois (52,7 % desAmérindiens et 90,5 % des Inuit) sont de lan-gue maternelle autochtone.À Kahnawake, la « survival school », une écoleprivée ayant pour objectif d’enseigner la cul-ture et l’histoire mohawk, fonctionne presqueentièrement en mohawk.Selon la tradition religieuse des Algonkin, lesêtres et les choses sont habités par des esprits,le plus important est le Kitch Manitou. Leurcérémonie traditionnelle la plus connue estcelle de la « tente tremblante » où le chamanentre en contact avec les esprits. Dans la tra-dition iroquoise, on célébrait la fête des mortslorsqu’on déménageait le village. Ces mythessont encore très présents aujourd’hui et per-mettent aux valeurs ancestrales de se perpé-tuer.

■ ■ Organisation sociale et politique

Aujourd’hui, les Amérindiens vivent majoritai-rement dans des réserves (territoire que legouvernement fédéral réserve à l’utilisation etau profit d’une bande indienne, et qui est régipar la loi sur les Indiens), ou des établisse-ments administrés par un Conseil de Bandecomposé d’un chef et de conseillers.Une bande est un groupe d’Indiens constituantune entité administrative au sens de la Loi surles Indiens. Une bande doit être reconnue parle gouverneur. Des terres appartenant à laCouronne fédérale et des sommes d’argentssont ordinairement réservées au profit et àl’usage de la bande.Le Conseil de Bande est constituée du chef etdes conseillers élus ou nommés selon la pro-cédure de la Loi sur les Indiens ou selon lacoutume de la bande.Le Conseil Tribal désigne un organismeregroupant et représentant plusieurs bandesindiennes ou Premières Nations à des fins deservices communs ou de représentation politi-que. Le conseil tribal correspond très souventà une nation. Par exemple, la nation Cri duQuébec s’est dotée du Grand Conseil des Cri(du Québec).

■ ■ État du droit les concernant

La souveraineté de l’État canadien s’exerce àdeux niveaux : le fédéral et le provincial. LaConstitution de 1867 a attribué au niveaufédéral la compétence exclusive relativement

Éléments d’histoirecoloniale et post-colonialeBilan du siècle, relationsentre le Québec et lesautochtones.

2

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

Page 45: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

aux autochtones et aux terres qui leurs sontréservées.Avant 1982, la Constitution canadienne nepouvait être modifiée que par la GrandeBretagne.Après le rapatriement de la Constitution auCanada en 1982, des Indiens se sont adressésà la Reine (demeurée chef de l’État canadien)et aux tribunaux anglais afin d’obtenir unedéclaration selon laquelle la Grande Bretagneavait toujours une responsabilité vis-à-visd’eux. Les tribunaux ont conclu au contraireque les Indiens étaient sous l’autorité exclusivedu Canada.La Constitution de 1982 présente des évolu-tions marquantes :• Les autochtones ont des droits particuliers dufait qu’ils ont occupé le territoire canadien avantles Européens. Ce sont des droits ancestraux.• Les autochtones ont des droits découlantdes traités signés avec les Européens, qu’ils’agisse de traités anciens ou récents.Les Indiens, les Inuit et les Métis forment col-lectivement des « peuples autochtones »

■ ■ Les problèmes et les revendications (source : Secrétariat aux affaires autochtones)

Les revendications visent généralement troisbuts : obtenir plus d’autonomie, avoir des ter-ritoires plus grands et sauvegarder l’identité etla culture. Selon la politique fédérale établie en1973, il existe deux formes de revendications :les revendications territoriales globales et lesrevendications particulières. Il existe aussid’autres demandes qui n’entrent pas dans cesdeux catégories.

➜ LES REVENDICATIONS

TERRITORIALES GLOBALES ➜Ces revendications s’appuient sur le fait qu’ilexiste des droits ancestraux sur les terres etles ressources naturelles. Elles sont présen-tées dans des régions où les titres ancestrauxn’ont jamais fait l’objet de traités ou d’autresdispositions légales. Elles sont appelées « glo-bales » en raison de leur vaste portée et com-prennent des éléments comme les titres fon-ciers, les droits de pêche et de piégeage, lesmesures d’indemnisation financière ainsi quel’autonomie gouvernementale.

➜ LES REVENDICATIONS PARTICULIÈRES ➜Les revendications particulières sont celles quiportent sur l’administration des terres de

réserves et autres biens des bandes indienneset sur le respect des dispositions des traités.Habituellement, ces revendications ne sontnégociées qu’avec le gouvernement duCanada les gouvernements des provincesétant rarement touchés.

➜ L’AUTONOMIE GOUVERNEMENTALE ➜L’autonomie gouvernementale est au cœurdes discussions entre les autochtones et lesgouvernements. Elle est définie comme uneforme de gouvernement conçue, établie etadministrée par des autochtones aux termesde la Constitution canadienne, dans le cadrede négociations menées avec le gouverne-ment du Canada et, le cas échéant, avec legouvernement de la province mise en cause.

➜ LES AUTRES DEMANDES ➜Bien d’autres sujets font l’objet de revendica-tions par les autochtones. Certaines de leursrequêtes concernent le développement éco-nomique, culturel et communautaire. D’autrestouchent notamment les secteurs de la santéet des services sociaux, de la justice et del’énergie.

■ ■ La situation et les conflits récents

Les communautés amérindiennes du Québecsont les populations les plus défavorisées de laprovince :• L’espérance de vie dans l’ensemble desAmérindiens est inférieure de 7-8 ans à lamoyenne canadienne,• Le taux de suicide chez les jeunes est de 5 à6 fois supérieur à la moyenne nationale.Il y a de 3 à 6 fois plus de cas de diabète dansles communautés autochtones que dans lespopulations non-autochtones.

Chez les Innu • la vie en communauté estmarquée par un haut niveau d’alcoolisme, dedrogue chez les enfants (reniflement d’es-sence), de violences et un taux record de sui-cides. La sur anthropisation liée aux vols àbasse altitude des avions militaires bombar-diers de l’OTAN dans la région de Goose Bay,menace l’équilibre de l’écosystème.Chez les Cri • en dépit de l’accord baptisé« la Paix des Braves », entre le Grand Conseildes Cri et le gouvernement du Québec, plusde la moitié des 13 000 Cri qui ont moins de25 ans sont gravement touchés par le chô-mage.

3

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

Page 46: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

■ ■ Organisations amérindiennesdu Québec

Assemblée des Premières Nations-APN(Assembly of First Nation-AFN) est l’organisa-tion représentant les Premières Nations duCanada qui comprennent plus de 630 commu-nautés. Le mandat de l’APN est de faireconnaître l’opinion des diverses PremièresNations par l’intermédiaire de leurs dirigeantsdans divers domaines, dont les droits ances-traux ou issus des traités, le développementéconomique, l’éducation, la langue et l’alpha-bétisation, la santé, le logement, le développe-ment social, la justice, la fiscalité, les revendi-cations territoriales et l’environnement.

➜ LES CONSEILS ET GRANDS CONSEILS ➜Grand Conseil de la Nation Waban-Aki(Abenaquis)Conseil de la Nation AtikamekwGrand Conseil des Cri – Eeyou Istchee,organe politique qui représente environ14 000 Cri de la Baie James orientale et de lapartie méridionale de la Baie d’Hudson auNord Québec et dirige les relations des Criavec le monde extérieur. Le Grand Conseilcompte neuf membres élus dont un GrandChef et un Grand Chef adjoint.

Conseil Tribal de la Nation AlgonquineAnishinabegConseil Tribal Mamuitun, créé en 1992,regroupe les cinq communautés innu du bloccentral de Nitassinan.Conseil tribal Mamit Innuat, créé en 1988,regroupe les quatre communautés innu de laBasse côte nord.Nation Innu représente les habitants deDavis Inlet et de Sheshashiu au Labrador.Conseil Innu-Nitassinan, le CIN regroupe lesorganisations innu et a pour objectif d’affirmerleur représentation dans les instances interna-tionales. Le CIN a obtenu un siège au ConseilÉconomique et Social de l’ONU en juin 1997.Femmes Autochtones du Québec, fondéeen 1974, représente les femmes desPremières Nations du Québec ainsi que lesfemmes autochtones qui vivent en milieuurbain. Elle aide les femmes des PremièresNations à prendre leur place au sein de leursorganisations en participant à l’élaboration et àla modification des lois les concernant ainsiqu’en participant à la création et à la réalisa-tion de programmes qui favorisent l’égalitédes chances des femmes autochtones. FAQest membre de l’AFAC, l’Association desFemmes Autochtones du Canada. ■

4

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

■ ■ Sélection bibliographique

➜ ARTICLES ➜Pierre Trudel, « De la négation de l’autre dans les discours nationalistes des Québécois et desautochtones », Recherches Amérindiennes au Québec, vol. XXV, n° 4, 1995.Dossier spécial, 1994, « Le Québec et les Autochtones », in Recherches Amérindiennes au Québec,vol. XXIV, n° 1-2.R. Crépeau, 1995, « Entrevue avec l’anthropologue Rémi Savard, de la Nation à l’autonomiegouvernementale », Recherches Amérindiennes au Québec, vol. XXV, n° 4.IKEWAN, le journal des Peuples Premiers, n° 55 janvier février mars 2005, théma « Québecautochtone ».Louis Edmond Hamelin, 1995, « Le paradigme de l’interculturel appliqué aux relations avec lesautochtones », Revue Géographie et Culture, p. 119-136.

➜ OUVRAGES ➜Jean-Paul Lacasse, 2004, Les Innu et le territoire, Septentrion, 274 p.Colin Samson, James Wilson, Jonathan Mazower, 2000, « Un Tibet au Canada, la mort pro-grammée des Innu », Survival, Ethnies, n° 26, 100 p.Jil Silberstein, 1998, Innu, Albin Michel 457 p.Béatrice Kasbarian-Bricout, 2004, Les Amérindiens du Québec, Les héritiers de la Terre Mère,L’Harmattan.Renée Dupuis, 2001, Quel Canada pour les Autochtones ? La Fin de l’exclusion, Boréal, 174 p.Renée Dupuis, 1995, L’avenir du Québec et des peuples autochtones, Institut de Recherche enPolitique publique, choix, série Québec-Canada, vol. 1,n° 10.Renée Dupuis, 1997, Tribus, Peuples et Nations, Les nouveaux enjeux des revendications autochto-nes au Canada, Boréal, 170 p.

Page 47: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

René Boudreault, 2003, Du mépris au respect mutuel, clefs d’interprétations des enjeux autochto-nes au Québec et au Canada, Écosociété, Québec, 224 p.Alain Beaulieu, 1997, Les autochtones du Québec, des premières alliances aux revendicationscontemporaines, Fides/Musée de la Civilisation, 183 p.Michel Morin, 1997, L’usurpation de la souveraineté autochtone, Boréal, 334 p.Collectif sous la direction de Marc-Adélard Tremblay, 1976, Les facettes de l’identité amérin-dienne, Presses de l’université de Laval, 316 p.

➜ RAPPORTS OFFICIELS ➜Rapport de la Commission Royale sur les Peuples Autochtones, novembre 1996, AffairesIndiennes et du Nord Canada, www.ainc-inac.gc.ca.

■ ■ Sélection filmographique

Richard Desjardins, Robert Monderie, 1999, documentaire, L’erreur boréale, Office nationaldu film du Canada.Jo Béranger, Doris Buttignol, 2003, documentaire, Voyage en mémoires indiennes.

5

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 48: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

6

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org

Page 49: IMAZIGHEN - gitpa.org GITPA 500/gitpa500-3-IMAZIGHENfiche.pdf · de langue maternelle amazigh qui se répartissent inégalement entre les différents États du Maghreb. Les communautés

A M É R I N D I E N S D U Q U É B E C

7

3 rue de la Châtaigneraie, 92310 Sèvres

e-mail : [email protected]

Site Web : www.gitpa.org